LE FIGARO DIMANCHE 22 DECEMBRE 1918
cédé dans divers points de l'Empire et
qui donnent des renseignements pré-
cieux sur l'état des partis.
Dans le duché d'Anhalt, sur 159,000
votants, on compte 92,000 voix socia-
listes, 54,000 démocrates et 12,500 conser-
vatrices. La représentation sera compo-
sée de 22 socialistes, 12 démocrates et
2 conservateurs.
Dans le Mecklembourg-Strelitz à
18 députés nationaux-libéraux s'oppo-
senk2 candidats de la classe moyenne,
1 paysan, 12 socialistes majoritaires.
Dans le Brunswick, 22,000 suffrages se
sont portés sur les socialistes révolu-
tionnaires, 18,000 sur. les démocrates,
16,000 sur les majoritaires, 14,000 sur
les pangermanistes.
•' Ces résultats indiquent assez que le
bolchévisme n'est pas triomphant. C'est
en janvier qu'il sera procédé aux élec-
tions en Bavière et dans le grand-duché
de Bade.
La Deutsche Tages Zeïtunrj publie un
discours de Scheidemann contre le bol-
chévisme et les dangers « de gauche ».
Scheidemann a dit notamment
Je n'ai jamais eu grande confiance en l'Em-
pereur, mais je me refuse à l'insulter au-
jourd'hui. Nous ne croyons pas d'ailleurs
qu'il méconnaisse assez la situation poli-
tique actuelle pour tenter de revenir.
Le danger d'une restauration est à peu
près nul une seule chose menace de livrer
notre malheureux pays à la guerre civile
c'est le danger venu de gauche.
<
On télégraphie d'Essen que la Société
des usines Krupp ne distribuera aucun
dividende cette année.
On apprend, d'autre part, que les
grèves des mineurs du bassin de la
Ruhr ont complètement cessé, grâce au
concours des Conseils d'ouvriers et de
soldats.
EN RUSSIE
La Terreur bolchevique^ à Odessa
Le Lokal Anzeiger donne les détails sui-
vants d'après un journal de Riga
Dans ces derniers jours, près de 500 personnes
auraient été emprisonnées à Odessa par les boj-
chevistes sur l'accusation de favoriserles menées
contre-révolutionnaires. Tous les accusés au-
raient été condamnés à mort. Ils auraient été ré-
partis en différents groupes les condamnés ap-
partenant à chaque groupe devaient creuser
jux-tuèmes/leurs tombes avant d'être fusillés.
En outre, les bolchevistes ont arrête toutes les
personnes qui, durant l'occupation allemande,
avaient rempli une fonction publique. Ces per-
sonnes n'ont pas encore été exécutées mais ellos
ont été emmenées à l'intérieur du pays.
Cependant, les bolchevistes donnent quel-,
ques signes d'inquiétude ou, du moins, deux
tendances commencent à se manifester parmi
rax tandis qu'à Pctrograd, des partisans de
ïrotzky et de Zinovieff restent pour les luttes
outrance contre tout ce qui n'est pas maxi-
,-naliste pur, à Moscou se groupent autour
ûe' Lénine des gens, plus prudents qui sont
urôts à des concessions.
C'est sous l'influence de Moscou qu'une
tentative de rapprochement vient d'être faite
avec les menclicvistes et même des socia-
listes révolutionnaires qui, jusqu'ici, étaient
honnis et traques comme do simples bour-
geois. On a relâché quelques notables. Deux
journaux quotidiens de l'opposition ont pu
reparaître. Des représentants des menche-
vistes entreraient dans les conseils.
**•
La polémique continue entre Berlin et
Moscou à propos des fonds que Barthe et
Haase nient avoir reçus. Ioffe affirme, en
outre, que M. Oscar Cohen, actuellement se-
crétaire d'Etat allemand à la justice, a reçu
10' millions de roubles « pour mener à bien
la révolution ».
M. Coheû avait été chargé, sous le gouver-
nement impérial, de négociations ayant trait
à la question des prisonniers de guerre et
fut par la suite envoyé à Moscou.
EN ROUMANIE
Le nouveau cabinet
̃ « •"
Le cabinet Bratiano est ainsi constitué
MM. Bratiano, présidence et affaires étran-
gères Michel Phcrikide, ministre sans por-
tefeuille; Alexandre Constantinesco, indus-
trie et commerce J. Duca, instruction publi-
que Georges Marzesoc, intérieur; Foiin
Enesco, agriculture; Inoculetz et docteur
Ciugureno, ministres sans portefeuille gé-
néral Vaitciano, guerre. Anghel Saliquy,
travaux publics; Buzdugan, justice; Oscar
luriaeesoc, finances*
LE CABINET YOUGOSLAVE
Le nouveau cabinet yougo-slave vient de
se constituer. Il sera présidé par M. Protitch
(Serbe) avec M- Korosee (Slovène), comme
vice-président, et M. Croumbitch (Croate) aux
affaires étrangères.
M. Pachitch, ancien président du Conseil
serbe, sera le président des délégués yougo-
slaves au Congrès de la paix.
Amérique Latine
La générosité uruguayenne
Dùn de trois millions aux blessés. Les
fêtes de charité données par la haute société
de Montevideo pendant le mois de novembre,
au bénéfice de. la Croix-Rouge française ont,
réuni la magnifique somme de 3,000,000
de francs.
Autres dons ci la Croix-Rouge. M. Louis
Supervielle, dont la haute situation à Mon-
tevideo est bien connue, a remis récemment
;i M. Lcfaivre, ancien ministre de France on
Uruguay, au moment où ce dernier quittait
l'Amérique Latine, la somme de 25,000 francs
qu'il offrait aux œuvres do la Croix-Rouge.
M. Lefaivre s'est acquitté avec joie de dette
mission et a exprimé au généreux donateur
,a reconnaissance française. Si l'on ajoute
cotte nouvelle libéralité à celles que M. Louis
Supervielle et sa famille do Paris ont déjà
effectuées en faveur de nos blessés, l'entsem-,
ble des dons qu'ils ont offerts se monte a
•275,000 francs. C'est un éloquent témoignage
de l'amitié uruguayenne envers la France
it dont M. Lefaivre a su encore resserrer les
iiens pendant son séjour à Montevideo.
Au Brésil
Rio-de-Janeiro, 20 décembre.
domination. M. Lauro Muller, ancien
:hanc/jlier des Etats-Unis du Brésil, a été
nommé préfet de Rio.
La récolte (lu colon. Ou évalue la récolte
du coton dans les Etats du nord du Brésil à
100,000 tonne^ celles de Saô-Paulo, à 50,000
tonnes celles de Minas, de 25 à 30,000
tonnes, en 1919;
II y a dans les fabriques de tissus au Bré-
sil 1,500,000 broches qui consomment près
de 60 kilos par broche, ce qui représente
i pour toutes les fabriques brésiliennes une
consommation maxima de 90,000 tonnes.
Il y aura, par conséquent, en 1919, un ex-
cédent considérable de la production sur la
consommation intérieure aussi les produc-
teurs sont-ils alarmés par la mesure du gou-
vernement qui a prohibé l'exportation de
cette matière première pour enrayer la
hausse.
Cette mesure, qui n'a plus de raison d'être
en raison de la surproduction par rapport à
la consommation intérieure, entraînerait une
spéculation à la baisse très préjudiciable
aux producteurs, notamment aux planteurs
de Saô-Paulo, qui comptent trouver dans le
développement de leur production coton-
nière, évaluée de 150,000 à 200,000 contos
pour 1919, une compensation aux pertes
considérables causées aux plantationô~~de
café par les gelées anormales de juin dernier.
En Bolivie
La Paz, 20 décembre.
Le nouveau ministère. Le nouveau ini-
nistère est constitué de la manière sui-
vante
Intérieur M. Julio Gutierrez;
Affaires étrangères M. Alberto Gutier-
rez >
Finances M. Dario Gutierrez
Industries M. Ricardo Martiuez
Instruction publique M. Daniel Sanchez.
Le Conflit du Pacifique
(De notre correspondant particulier)
Lima, 21 décembre.
Le Président Wilson a adressé aux Présidents
du Pérou et du Chili le télégramme suivant:
Le Président des Etats-Unis désire infor-
mer Votre Excellence que les divers inci-
dents qui conduisirent à la rupture des rela-
tions consulaires entre le Chili et le Pérou
ont été considérés avec grand soin par le
gouvernement des Etats-Unis, qui juge dé-
sastreuse une agitation quelconque qui di-
minuerait les espérances d'une paix perma-
nente dans le monde entier, spécialement à
la veille de la Conférence de Paris où l'on
espère en toute confiance adopter des me-
sures qui ouvriront une ère de paix durable
entre tous les peuples.
Ceux qui auraient provoqué une telle si-
tuation encourraient devant le monde une
grave responsabilité.
Le Président des Etats-Unis croit de son
devoir d'attirer l'attention des gouverne-
ments du Pérou et du Chili sur la gravité
présente de la situation, et d'indiquer à ces
gouvernements l'obligation qu'ils ont envers
le reste du monde et l'humanité en général.
Il dépendra dés mesures Immédiatement
prises de restreindre l'agitation populaire, et
de rétablir les rapports pacifiques entre les
deux pays. Sans aucun doute on peut arriver
à une solution pacifique satisfaisante du dif-
férend et le gouvernement des Etats-Unis,
seul ou uni aux autres pays américains, est
disposé à prêter toute l'assistance possible
pour arriver à une solution équitable du
problème.
La réponse du président Pardo n'a pas été
encore publiée, mais on sait qu'il télégraphia
ses remerciements en acceptant les bpns offices
offerts par le président Wilson.
-Au Pérou
'• Lima, 18 décembre.
Constitution du ministère.- Le nouveau
cabinet est ainsi constitué
Intérieur M. German Arenas;
Affaires étrangères M. Arthur Garcia;
Guerre M. le général Zuloaga
Finances M. Hector Escardo
Justice M. Angel Cornerjo ̃̃
Industries M. Manuel Vinelli,
La situation économique du Pérou
Lima, 15 novembre 1918.
Monsieur. Eugenio Garzon,
A la clôture de l'année universitaire de
1915, un des plus distingués professeurs de
l'Université de San-Marcos, de Lima, disait
dans un discours qui fut très applaudi
« Nous savons tous que de 1899 à 1903, la
vie économique du Pérou a suivi une évolu-
tion ascensionnelle, laquelle a abouti à une
véritable éclosion de prospérité durant la
période 1904-1908; on atteignit alors le do-
maine des forces vives de l'Etat et l'on posa
pour la première fois les bases d'une poli-
tique économique visant à la réalisation de
bénéfices.» »
Le docteur José Pardo, qui avait exercé la
présidence de la République durant la période
1904-1908 et avait été par conséquent le pre-
mier à « poser les bases d'une politique vi-
sant à la réalisation de bénéfices », a pu dé-
clarer neuf ans plus tard, durant sa seconde
période présidentielle, devant le corps légis-
latif de 1917 « Notre commerce extérieur a
atteint, durant le dernier exercice annuel. le
chiffre le plus élevé qu'ait enregisté l'histoire
nationale £ 25,226,213 2.79, chiffre qui se
décompose comme suit
Importations .(. £ 8.685.1502.55
Exportations K 10.541 .063 0.24
Et, d'après le message présenté par le
même docteur Pardo au Congrès de 1918, ces
sommes se sont considérablement accrues
dans le courant de ces douze mois. Les im-
portations atteignent £ 13,502,851 2.17 et les
exportations £ 18,643,414 9.42: ce qui accuse
une différence de £ 6,922,052 8.80 en faveur
de l'exercice 1917 et l'orme un total de
£ 32,146,266 1.59.
Lorsque les douanes du Pérou enregistrè-
rent un mouvement d'importations et d'ex-
portations atteignant une valeur de 10 mil-
lions de livres or il n'y a pas encore
vingt-cinq ans de cela on crut à bon droit
avoir remporté le succès économique le plus
important.
Que dire alors d'un progrès qui triple la
puissance de la République en importations
et exportations ? `?
Les donnée^ ci-dessus acquièrent d'autant
plus d'importance si on les compare â celles
que publia le distingué économiste Charles
Gide dans son « Cours d'économie politi-
que » peu de mois avant la guerre. Du-
rant trente années, à partir de 1880, le dé-
veloppement du commerce international dans
cinq des pays qui se distinguaient le plus
par leurs énergies, est représenté ,par le ta-
bleau suivant, inséré dans l'ouvrage du pro-
fesseur à la Sorbonne
EN MILLIONS DE FRANCS
France ftnglaterrs Etats-Unis Bslgiqua Jtaagna
1880. 8,500 17,600 7.500 2,898 .7,100
1910. 13,400 30.576 16,87!) 7,671 20,317
Accnisse-
mut.. 57 0/0 74 0/0 125 0/0 165 0/0 174 0/0
L'Allemagne elle-même qui se vantait tant
de ses conquêtes dans le domaine industriel
et commercial ne put obtenir en trente an-
nées le résultat atteint par le Pérou en moins
de vingt-cinq ans tripler le montant de ses
importations et exportations..
Or, on connais le principe élémentaire d'é-
conomie politique suivant lequel le chiffre du
commerce international n'est qu'un simple
exposant de l'état général de l'organisme
économique et financier national, et l'on sait
de reste que des phénomènes de cette nature
nesauraientsepresenterisolément. C'est ainsi
que les recettes du Trésor public, qui, on 1894,
s'élevaient à sept millions de soles, atteigni-
rent en 1917, vingt-trois ans plus tard,
près de quarante-cinq millions de soles,
c'est-à-dire furent sextuplées.
ATAHUALPA.
Dépêches & Nouvelles
Le mauvais temps. Ou signale d'abon-
dantes chutes do neige dans le Lyonnais et
les Cévennes.
Dans la région de Saint-Etienne, la neige
a déjà atteint cinquante centimètres dans
certains endroits.
A Nevers, la pluie ne cesse de tomber de-
puis plusieurs jours.
en première ligne sous un bombardement
intense. Amputé du bras droit.)
NOMINA, NUMINA
Les noms sont des divinités
M. P.-L. Rivière, le distingué avocat à la Cour
d'appel, qui, capitaine de chasseurs alpins, fut
grièvement blessé en 1917, nous adresse ce
poème que nous sommes heureux de publier r
Noms de France, noms de villes et de villages,
D'eaux vives,et d'étangs, de forêts et de monts,
Evocateurs de bien des lieux, de bien des âges,
Aujourd'hui, plus qu'hier encor, nous vous aimons.
Noms celtes et gaulois, dont la gangue, plus dure
A fatigue les ajis, comme un granit rugueux,
Noms latins qui, polis, montrez la lente usure
D'avoir été refits par des milliers d'aïeux;
Enfants de notre sol qui, nés avec les choses,
Venez à nous des profondeurs de l'autrefois
Et restez imprégnés, dans vos métamorphoses,
Des reflets de nos ciels, des frissons de nos bois;
Vieux noms flamands, dont les syllabes qui s'élancent
S'entre-choquent dans un écho de carillon;
Noms picards, et vous, beaux noms de l'Ile-de-France,
Noms lumineux dont chaque lettre est un rayon;
Vocables champenois dont les consonnes traïnent
Ou pétillent soudain comme un vin des bons crus
Noms stridents et guerriers qui chantez en Lorraine
Fiers comme vos cités et,clairs comme vos rus;
0 vous qu'avaientjadis forgés des hommes libres,
Vous qui voliez de bouche en bouche, ailés, actifs,
Symboles de clartés, de force et d'équilibre,
Pendant quatre ans et plus vous fûtes des captifs.
Pendant plus de quatre ans les hordes étrangères
Vous mirent au cachot de leur communiqué
Et vos antennes d'or et vos ailes légères
Par des gosiers teutons se virent confisquer.
Noms qui sortez plus beaux, plus grands, de votre
Pour illustrer enfin nos bulletins à nous, [geôle,
Soyez les bienvenus, ô nom de notre Gaule
Qu'il faudrait proférer mains jointes, à genoux;
Car, des champs de la Somme aux collines de l'Aisne,
Vous ne couvrez souvent que tombe et que bûcher,
Et le passant dont le regard fouille la plaine
Cherche en vain un vestige auquel vous attacher.
Mais, si vous n'appelez aujourd'hui qué des ombres,
Quand vous n'évoqueriez qu'un mort dans un fossé,
Restez la vie un jour sortira des décombres
Et vous lui transmettrez le flambeau du passé.
Marquez les Goigothas de nos saintes victimes;
Perpétuez Verdun, Reims et Gerbevillers,
Car c'est en prononçant vos syllabes sublimes
Que nous ferons surgir du sol ces mutilés.
Vous resterez le Verbe élu des races fortes;
Les dieux qui sont en'vous recréeront nos cités,
Et c'est par vous qu'ayant pleuré nos pierres mortes,
Nous fêterons demain nos murs ressuscités!
P.-Louis Rivière*
Le Saint-Siège
et le désarmement
Au cours d'une lettre pastorale consa-
crée à l'encyclique de Benoit XV du
1er décembre 1918, Mgr Touchet, l'émi-
nent évêque d'Orléans, cite cette phrase
d'un récent discours de Lloyd Georges
« S'il faut que la paix règne sur la terre,
il ne faut plus que nous ayons dans
l'avenir ces grandes armées de conscrip-
tion en Europe »; et il revendique pour
le Souverain Pontife régnant la priorité
d'expression de « cette idée coura-
geuse ».
On la trouve, en effet, dans un article
de l'Osservatore Romano, du 27 octo-
bre 1917, résumant les idées du Pape
sur les conditions de la paix, ainsi que
dans une lettre du même mois du car-
dinal Gasparri à Mgr Chesnelong, ar-
chevêque de Sens.
On la trouve, surtout, je veux dire
plus développée et avec la réponse aux
objections qu'elle soulève naturellement,
dans la partie de la brochure de Mgr
d'Orléans la Paix pontificale, où Sa
Grandeur relate des déclarations fort
intéressantes, vraiment, qu'il eut l'hon-
ne.ur de recevoir du secrétaire du Saint-
Siège.
« L'article premier du traité de paix,
disait notamment Son Eminence, de-
vrait être celui-ci « A partir du jour de
» la signature de ce traité, la conscrip-
» tion militaire est abolie dans tous les
» Etats signataires.
» Art.}.. Chaque Etat ne conserve
» que les troupes indispensables à sa
» sécurité intérieure. » Etc.
Mgr Touchet faisait observer dans sa
brochure, et il le répète dans sa lettre
pastorale, que le système du Saint-Père
dont il relevait par ailleurs tous les
traits de ressemblance avec le pro-
gramme de M. Wilson- est « pour sûr
extrêmement audacieux et extrêmement
moderne ».
Ce n'est pas dire trop. Reste à savoir
dans quelle mesure on le peut juger
immédiatement pratique. Reste à savoir,
en d'autres termes, comment il se conci-
lierait avec la nécessité vitale qui s'im-
pose à toutes les nations civilisées de se
défier pratiquement de l'Allemagne,
aussi longtemps que celle-ci ne sera pas
guérie, certainement et définitivement,
de ses ambitions malsaines, par la grâce
d'une défaite enfin acceptée comme un
juste jugement de Dieu.
Et l'Allemagne n'en est pas là. Voire,
elle hésite encore à se reconnaître bat-
tue. Et trop peu nombreuses sont les
voix allemandes balbutiant des aveux
qui, même s'ils avaient un caractère
national, ne pourraient avoir pour effet
d'éteindre l'action de la justice, mais
commenceraient du moins de transfor-
mer en expiation rédemptrice le châti-
ment.
En attendant, caveanl consules!
Julien de Narfon.
A L'HOTELJDE VILLE
CONSEIL GÉNÉRAL
Les transports en commun. La discus-
sion du rapport de M. Duval-Arnould sur les
transports en commun a continué hier. Elle
nous a fourni l'occasion d'entendre MAI.
Henri Rousselle et Emile Desvanx, par une
proposition préjudicielle demander que
préalablement au relèvement des tarifs, on
.présentât un projet de réorganisation géné-
rale des transports; d'entendre M. liellin dé-
fendre ce relèvement, « dans l'intérêt du
public » et déclarer que si l'augmentation
était refusée, les Compagnies refuseraient <<$
payer l'indemnité de vie chère de 5 francs,
qu'il y aurait grève du personnel et réquisi-
tion par l'Etat des transports en commun
d'entendre, enfin, M. Henri Sellier déposer
une proposition invitant l'administration à
apporter, avant le 13 juin 1920, un projet
d'exploitation ou régie des services de trans-
ports.
La discussion ne s'est pas poursuivie plus
longtemps elle continuera samedi prochain.
LE BUDGET DE PARIS
M. Louis Dausset, rapporteur" général du
budget depuis dix ans, vient de terminer son
premier fascicule sur le projet du budget de
la Ville de Paris pour 1919. C'est une œuvre
considérable dont tous les chapitres présen-
tent un vif intérêt.
Après une critique du rôle assumé actuel-
lement par le comité du. budget, M. Dausset
fait ressortir que les finances de la Ville ont
été lourdement obérées au cours de la guerre,
par les allocations militaires, par les secours
de toute nature, les approvisionnements gé-
néraux, et, enfin, après la victoire, par des
t'êtes. Le budget de 1919 est donc chargé d'une
lourde dette flottante. Pour le couvrir, M. «
Dausset, d'accord avec M. Autrancl, préfet de
la Seine, et avec M. Klotz, ministre des
finances, estime qu'il faut avoir recours à
un emprunt à long terme, à lots, dont un lot
do un million.
Cet emprunt, de quinze cents millions,
pourrait être gagé par les 60 centimes addi-
tionnels votés en décembre 1911, les 40 cen-
times additionnels votés en juillet dernier,
leur produit s'élevant à 92,072,000 francs.
L'emprunt assurerait à la trésorerie munici-'
pale une réelle élasticité.
Quant à la proposition Poiry, tendant au
remboursement de l'indemnité de 200 mil-
lions à réclamer aux Allemands, M. Dausset
se contente de l'indiquer, sans en faire état
immédiatement elle pourrait éventuelle-
ment servir à gager des emprunts nécessités
par les grands travaux.
A L'INSTITUT
Académie des sciences morales
ÉLECTION DE M. MILLERAND
M. Alexandre Millerand a été élu
hier membre de l'Académie des sciences
morales et politiques, au second tour de
scrutin, par 19 voix, contre 6 à M. Henri
Berthélemy, 3 à M. Charles Dupuis et
1 à M. Joseph Barthélémy.
Le public français sera tenté de croire
que les portes de l'Institut se sont ou-
vertes devant l'homme politique qui
joint à l'éclat du talent un patriotisme
des plus actifs. Il n'oubliera pas que
l'ancien ministre de la guerre, d'avant
guerre, s'efforça, dès 1912, d'éveiller dans
l'âme populaire la foi patriotique as-
soupie, et qu'il fut au ministère de la
guerre, dont il accepta la terrible charge
après Charleroi, le collaborateur de la
victoire de la Marne.
Si grands que soient de tels mérites, ce
ne sont pas pourtant les titres qui justi-
tiaient la candidature de M. Millerand.
M. Morizot-Thibault, rapporteur, n'avait
eu bpsoin dénumérer que des travaux
législatifs et juridiques.
Avocat à la Cour, membre duConseil
de l'Ordre, député de Paris, ancien mi-
nistre du commerce, des travaux pu-
blics et de la guerre, président de la
Société d'études législatives, du Conseil
d'administration du Conservatoire na-
tional des arts et métiers, de la Li-
gue maritime française, de l'Associa-
tion nationale pour la protection légale
des travailleurs, M. Alexandre Mille-
rand était présenté par la section do
législation, droit public et jurispru-
dence, en remplacement du regretté
bâtonnier Bétolaud, et au double titre
de la jurisprudence et de la législation.
L'Académie a ensuite élu à l'unani-
mité vice-président, pour 1919, M. Pierre
de La Gorce; membres de la commis-
sion administrative, MM. Ribot et Col-
son.
Elle a entendu diverses présentations
d'ouvrages et la fin de la lecture de
M. Flach sur la Campagne du Dauphin
Louis et la revendication de l'Alsace.
•
A l'Académie des beaux-arts, M. Théo-
dore Dubois a donné, au nom de la sec-
tion de musique, lecture d'un rapport
sur les titres des candidats au fauteuil
de M. Widor, devenu secrétaire perpé-
tuel.
Les candidats sont ainsi classés dans
l'ordre des préférences de la section
MM. Henri Rabaud, Maréchal, André
Messager et Georges Hue.
La Compagnie a accepté de Mme de
Fourcaud une bourse de voyage en
France (première fondation de 10,000
francs) pour l'élève le plus méritant de
l'Ecole des beaux-arts.
•*»
Après-demain mardi partent, pour
aller prendre part au Noël messin
MM. Denys Cochin, de l'Académie fran-
çaise Paul Girard et Diehl, des inscrip-
tions; Lallemand, Bigourdan, Schlœsing
fils et Deslandres, des sciences; Allar
et Girault, des beaux-arts; Welschinger
et Lévy-Bruhl, des sciences morales.
Ch, Dauzats.
LA VIE ARTISTIQUE
l
L'EXPOSITION INTERNATIONALE. C'est sa
trente-troisième exposition. Elle a beaucoup
changé, beaucoup évolué depuis sa fondation.
Telle est la loi de nature. De très grands ar-
tistes contribuèrent à son prestige. On y vit
Carrière, Besnard un jour Rodin et Monet,
encore combattus, y firent une apparition
« historique maintenant.
L'aspect actuel ne rappelle que peu ces
jours légendaires beaucoup de talent sans
aucun doute; mais peut-être un peu trop de
sacrifices au pur agrément, au besoin de
plaire. Mais voilà; la meilleure manière de
plaire, en art, n'est pas toujours de s'efforcer
à charmer. Il ne faut point forcer son talent.
M. Lapparra, entre autres, nous avait habitués
à un art plus profond et plus robuste. M.
Paul-Albert Laurens s'attarde aussi à de
mièvres élégances, lui si poète à ses débuts.
On cite encore d'autres exemples. Un des
exposants les plus heureusement inspirés,
demeure M. Henri Foreau. Sans varier beau-
coup sa note, il demeure maître de sa lumière.
MM. Chappel, G. Roux, Bompai'd, F. Bou-
chor, Zo, Morisset, Lauth, Guillonnet sont à
citer entre divers.
La vigueur harmonieuse de M. Lachmann
et la délicatesse de M. Edwin Scott sont à
remarquer particulièrement.
Enfin des sculptures de MM.' Landowski,
Sicard, Samuel, font bieu dans l'ensemble. On
a eu l'idée d'exposer un excellent portrait de
Marcel Dcpre\, œuvre déjà ancienne de
M. Cormon, et qui a pris une bonne patine.
Exposition MAURICE Denis. Voilà un
poète, un penseur, et un peintre. Je crois
qu'il aurait fallu commencer par le dernier
terme, bien que le premier nous soit cher.
Après tant de beaux spectacles, do nobles
travaux, Maurice Denis nous présente en
gerbe toute une suite de visions émouvantes
comme ses impressions de guerre, délicieuse»
comme ses paraphases pieuses, caressantes
comme ses rêveries païennes. Il est inutile de
s'étendre sur cette exposition de chez Druet;
il ne suffit pas de la signaler, et il n'y a qu'à
constater que Maurice Denis n'a jamais été
en possession d'une pensée plus-haute et plus
claire, et d'un métier plus suave et plus fort.
Arsène Alexandre,
D RNIERE. MF 11~~
1 • ̃"
A. COBLENCE
(PAR dépêche),
Coblence, 21 décembre.
Musique en tète, les troupes françaises ont
dans les rues de Coblence.
Ces troupes no vouaient point pour occu-
per la ville, déjà tenue par l'armée améri-
caine, mais passaient dans Coblence, avant
de se rendre sur la rive droite du fleuve,
pour occuper le secteur qui leur était
attribué et comprenant notamment la ville
d'Ems, rendue tristement célèbre en 1870,
par la fameuse dépêche de Bismarck.
A onze heures du matin, trois grands ba-
teaux de la navigation fluviale du Rhin ar-
rivent devant Coblence, venant de Mayence
et de Bingen.
Le débarquement s'effectue daus un ordre
parfait, tandis que la population affecte de
ne rien voir.
A deux heures de l'après-midi, sur la
grande place du château, les troupes fran-
çaises se sont massées pour la revue passée
par le général Dickmann, commandant la
8e armée américaine, aux côtés duquel se
.trouvent le général Mangin, commandant la
10" armée; le général Féraud, .commandant
le corps de cavalerie, et le général Schuhler,
commandant la 48e division.
Après la revue passée par le général Dick-
mann, les troupes, présentées par le général
de Susbielle, dôlllent superbement derrière
les deux drapeaux du 1er zouaves et du 13°
tirailleurs.
Pendant toute la durée de cette impres-
sionnante cérémonie militaire, les fenêtres
de tous les immeubles qui bordent l'im-
mense esplanade restent hermétiquement
closes.
La Prusse et les élections polonaises
Le ministre prussien del'intérieur a enjoint
aux autorités de ne pas permettre pour le
moment les opérations électorales prescrites
par legouvernementpolonaia, lesquelles sont,
dit-il, contraires aux conditions de l'armis-
tice.
Le ministre dé la justice a, de son côté,
déclaré que toute participation à ces élec-
tions tomberait sous le coup de la loi
comme crime de haute trahison.
Et pendant qu'ils interdisent aux Polonais
de voter en Pologne, les Allemands préten-
dent voter en Alsace-Lorraine.
-aoo-
L'EFFORT AÉRIEN DE L'ALLEMAGNE
Londres, 21 décembre.
Le correspondant spécial du Daily Express
à Copenhague, télégraphie
J'ai reçu des renseignements particuliers, de
source autorisée, selon lesquels l'Allemagne fait
des préparatifs secrets énormes en vue d'obte-
nir la maitrise des airs après la guerre.
Le premier pas sera de relier les principaux
centres allemands avec Berlin, et ensuite Berlin
sera relié avec le monde extérieur, y compris
Paris, Londres, et mémo New-York.
Les types des appareils comprendront depuis
les avions de dpux cents chevaux jusqu'aux
géants de milliers de chevaux. Je viens de voir
des documents originaux montrant des appareils
qui couleront deux mille à cinq mille livres ster-
ling chacun.
Chaque manufacture ou groupe de .manufac-
tures se spécialisera dans la construction spé-
ciale d'un avion. Le projet entier est basé sur
les conclusions dos plus habiles hommes d'af-
faires allemands. Tout comme von Tirpitz pen-
sait que l'avenir de l'Allemagne était sur mer,
ils croient qu'il est dans les airs.
Ils croient que la Grande-Bretagne et les Etats-
Unis, avec leurs, énormes problèmes de démpbj-
lisation, ne seront pas prêts à transformer les
avions do guerre en avions d'affaires, pendant
quelque temps au moins. Maigre la révolution,
tout bat son plein, car les hommes d'alïaires
allemands croient (jue l'établissement d'un g-ou-
vernement stable n est plus qu'une question do
temps. =MOC--
TTKT ACOMPTE
Bruxelles, 20 décembre.
Dans la nuit du 19 au 20 décembre il est
arrivé à Bruxelles dans le train venant de
Cologne un wagon contenant une somme de
380,000,000 de marks, accompagnés par des dé.-
légués allemands qui en ont fait la remise
aux représentants des Alliés.
Les fonds ont été transportés à la Banque
nationale.
Le pantalon rouge
Nous recevons la lettre 'suivante
Mon cher ami,
Je reçois d'un éminent général du cadre de
réserve une lettre des plus intéressantes et, à
;.ion sens, tout à fait décisive au sujet de
cette question de l'uniforme que vous avez
si heureusement posée devant l'opinion.
« Laissez-moi, m'écrit-il, appuyer votre
opinion de mes observations plus que cente-
naires, puisque je puis invoquer les souve-
nirs de mon père, vétéran des guerres du
premier Empire, et y joindre les miens qui
datent de 1856.
» Le pantalon rouge et le képi rouge doi-
vent être a tout jamais proscrits.
» On a prétendu à plusieurs reprises, que
le pantalon rouge était le pantalon na-
tional c'est absolument faux. Le pantalon
rouge est un pantalon électoral.
» Il fut mis en service en 1828 pour favo-
riser la culture de la garance dans les dépar-
tements du Midi. Quand on en affubla l'in-
fanterie, ce fut un tolle général. Les ofticiers
étaient indignés ils retardèrent le plus qu'il
leur fût possible sa mise en service.
» Avant 1828, le pantalon de l'infanterie
était bleu. Nous étions les Bleus nous l'a-
vions toujours été bien que plusieurs corps
de garde portassent les culottes blanches en
grande tenue.
» Sous le second Empire, quand la Garde
fut constituée, elle eut d'abord le pantalon
bleu aux voltigeurs, où je servais, nous
avions le pantalon bleu avec liséré jaune,
habit bleu avec plastron bleu ou blanc,
c'était très élégant. »
Le pantalon rouge ne fut définitivement
substitué au bleu qu'en 1858. C'était faire de
nos soldats des cibles vivantes. Les coiffures
rouges (chéchias et képis) accroissaient la
désastreuse visibilité. « Comme des fleurs de
pourpre en l'épaisseur des blés », avait dit
Hugo. Mon correspondant me cite un Jfait
dont il fut personnellement le témoin, le
1" septembre 1870, à Sedan
« Le ler zouaves et le 45e occupaient une
position à l'est de la ville sur des coteaux en
pente douce allant jusqu'à Divonne. En co-
lonnes serrées de bataillons Vers 7 ou 8 heu-
res du matin, 34 pièces d'artillerie allemande,
à 2,500 ou 3,000 mètres sur la rive gauche de
la Divonne, ouvrirent le feu sur nous. On ne
voyait pas un Allemand, sauf quelques offi-
ciers à cheval. Nous formions avec nos ché-
chias rouges et nos képis (j'étais an lerzoua-
ves) un immense champ de coquelicots. Pas
un obus ne no s' manquait. Pendant une
heure, sans avoir eu la satisfaction de tuer
un seul ennemi, nous fûmes un but de pre-
mier choix et nos pertes furent énormes. »
Mon correspondant pense, comme moi,
qu'il convient de différencier de l'infanterie,
mais seulement par des signes distinctifs,
l'esprit de corps étant un des facteurs de
la victoire, les zouaves, tirailleurs et chas-
seurs. Aussi bien faudra-t-il renoncer au
pantalon rouge bouffant des zouaves, trop
lourd à porter, et qui n'apparaissait d'ail-
leurs, en Afrique, qu'aux revues.
Toutefois « le bleu horizon est trop salis-
La Russie et les Alliés
«I*
Omsk, 10 décembre.
A la date du 10 décembre, 4e gouvernement
d'Omsk a prié les représentants de la Russie
dans les pays alliés do faire en son nom aux
gouvernements do l'Entente une déclaration,
dont voici les principaux passages
Lo sort n'a pas permis à la Russie, épui-
sée par le poids excessif d'une longue lutte,
de continuer à combattre dans les rangs des
Alliés jusqu'à l'heureux jour de la victoire,
mais elle célèbre cette victoire avec les Al-
liés et en attend les résultats bienfaisants
pour tout -l'univers et pour le peuple russe
accablé de souffrance. i
La Russie constate avec une profonde sa-
tisfaction que ses suprêmes efforts pour le
but commun ainsi que ses innombrables et
sanglants sacrifices n'ont pas été oubliés.
Les puissances alliées ont' forcé l'Allemagne
à renoncer au traité de Brest-Litovsk elles
l'ont obligée à évacuer les territoires russes
et à mettre fin à la dilapidation des biens
nationaux de la Russie.
Le gouvernement russe est heureux de té-
moigner les chaleureux sentiments de recon-
naissance que cet acte généreux des Alliés
fait naître dans le cœur du peuple russe. La
Russie, qui aspire à la réunion de ses terri-
toires séparés de la mère patrie, entrevoit,
dans cet acte, l'espérance de pouvoir faire
entendre sa voix aux pourparlers de paix et
d'apporter sa part de collaboration dans l'or-
ganisation de la vie des peuples sur les bases
nouvelles et immuables d'une étroite et hon-
nête amitié. Los fondements de la reconsti-
tution de la Russie sont déjà posés. '̃ v
Le gouvernement russe sait que les puis-
sances alliées sont guidées dans leurs actes
par les hautes idées d'équité et de solidarité
internationales et il acceptera avec recon-
naissance leur concours dans ses travaux
pour la régénération de la Russie.
EN ROUMANIE
Bucarest, 20 décembre.
Un décret du' cabinet du général Coauda,
contresigné par le Roi, met en vigueur la
réforme agraire et l'introduction du suffrage
universel, votées par la Constituante en 1917.
Les grandes propriétés vont donc être ra-
chetées par l'Etat et vendues en petits lots
aux paysans.
--=oC>
LE PRÉSIDENT WILSON A ROME
Rome, 20 décembre.
(Retardée en transmission^.
Selon la presse italienne, le président Wii-
son arriverait à Rome le 3 janvier.
--<:>oe>
LES SOLDATS BRITANNIQUES LABOUREURS
1 ̃!̃
Londres, 21 décembre.
Le ministre de la guerre annonce, conjoin-
tement avec le comité agricole de lord Har-
court, que les armées britanniques en France
continuent, grâce à leurs organismes agri-
coles, à labourer et à cultiver les régions
abandonnées situées derrière le front.
Dans la zone dévastée, les prisonniers al-
lemands, sous la surveillance de l'armée bri-
tannique, s'occupent à combler les tranchées
et les trous d'obus, et ensuite à niveler la
terre, en vue do rendre celle-ci au peuple
français dans un état propre à son exploita-
tion ultérieure. '•
--=oc-
UN ACCIDENT
Cherbourg, 19 décembre.
Le lieutenant de vaisseau de La Rochefou-»
cauld, aide de camp du vice-amiral Rouyer,
préfet maritime à Cherbourg, revenait en
automobile de Rennes, où il avait été rem-
plir une mission.
La voiture capota et se' brisa, projetant M.
de La Rochefoucauld et son chauffeur dans
le fossé de la route.
Une voiture de l'aviation maritime fut en-
voyée au secours de l'officier, blessé au vi-
sage, mais qui put rentrer dans la soirée à
Cherbourg, où il reçut des soins.
L'état de santé de M. de La Rochefoucauld
n'inspire plus aucune inquiétude.
sant » la visibilité en est trop grande dans
la nuit où il paraît presque blanc. « La vraie
couleur nationale, ce serait le gros bleu, le
bleu de roi, le bleu des chasseurs à pied ou
des coloniaux ».
Voulez-vous verser ce témoignage qui
vient de très haut, à votre dossier ?
Bien à vous.
Joseph REINACH.
Le Procès Cavallini
Rome, 20 décembre.
Après une interruption de deux jours, le
procès Cavallini a repris ce matin par l'inter-
rogatoire des inculpés. Cavallini a été le pre-
mier à répondre aux questions du président,
le colonel Gandini.
Cavallini proteste d'abord contre la réduc-
tion de la liste de ses témoins. Puis il
entre dans le vif de sa défense, déclarant
avoir été arrêté par les autorités françaises
pour des faits que le Code italien ne range
pas parmi les délits. Il se plaint de la dispa-
rition de nombreux documents saisis chez
lui, et il regrette que le magistat instructeur,
au cours de son enquête à Paris, ait surtout
recueilli des calomnies, sur lesquelles l'accu-
sation est basée.
L'inculpé défend ensuite son passé, rappe-
lant quelle a été son action dans le conflit
survenu il y a quelques années entre le Ve-
nezuela, la France et l'Angleterre. Il déclare
n'avoir jamais fait le commerce des armes,
mais qu'il contribua au contraire à faire dé-»
couvrir, en France, des Italiens qui faisaient
cette contrebande de guerre que Brunicardi
a démasquée en Italie.
Cavallini poursuit en parlant de ses rela-
tions avec Bolo. Il explique comment, en-
voyé à Constantinople par Bolo qui ne pou-,
vait s'y rendre en raison de l'état de guerre
avec la Turquie, il entra en relations avec
l'ex-khédive qui le pria de s'entremettre
en vue de tenter un rapprochement avec
l'Angleterre. Cavallini se défend d'avoir
participé aux entretiens de Bolo et de Saadik
pacha a Rome, à Genève ou à Paris, « où"
dit-il, tous deux s'entendirent pour faire
jouer à l'ex-khédive un rôle de pantin entre
la France et l'Allemagne et me compromet-
tre ». C'est après le retour de Saadik de Ber-*
lin que Bolo engagea l'ex-khédive à se dé-i,1
barrasser du premier et entra en relations
directes avec l'Allemagne.
Au sujet des actions d'un « journal pari-
sien (il s'agit du Figaro), le Khédive le
chargea d'acheter des actions pour une somme
de 200,000 francs, somme qui, dit-il, ne pou-
vait pas faire changer la direction politique
de ce journal.
Cavallini soutient l'innocence de Hanau,
dont la campagne de presse tendait à amé-i
liorer les relations entre le Khédive et l'An-1
gleterre.
Au sujet de la tentative d'achat du Mes-
saggero et du Secolo, dont Re Ricardi fut
chargé, Cavallini dit qu'il s'agissait d'une
affaire industrielle de presse. D'ailleurs, on
avait décidé de conserver les directions poli-
tiques de ces journaux.
(Le Khédive était donc un simple marchand
de journaux ?j
cédé dans divers points de l'Empire et
qui donnent des renseignements pré-
cieux sur l'état des partis.
Dans le duché d'Anhalt, sur 159,000
votants, on compte 92,000 voix socia-
listes, 54,000 démocrates et 12,500 conser-
vatrices. La représentation sera compo-
sée de 22 socialistes, 12 démocrates et
2 conservateurs.
Dans le Mecklembourg-Strelitz à
18 députés nationaux-libéraux s'oppo-
senk2 candidats de la classe moyenne,
1 paysan, 12 socialistes majoritaires.
Dans le Brunswick, 22,000 suffrages se
sont portés sur les socialistes révolu-
tionnaires, 18,000 sur. les démocrates,
16,000 sur les majoritaires, 14,000 sur
les pangermanistes.
•' Ces résultats indiquent assez que le
bolchévisme n'est pas triomphant. C'est
en janvier qu'il sera procédé aux élec-
tions en Bavière et dans le grand-duché
de Bade.
La Deutsche Tages Zeïtunrj publie un
discours de Scheidemann contre le bol-
chévisme et les dangers « de gauche ».
Scheidemann a dit notamment
Je n'ai jamais eu grande confiance en l'Em-
pereur, mais je me refuse à l'insulter au-
jourd'hui. Nous ne croyons pas d'ailleurs
qu'il méconnaisse assez la situation poli-
tique actuelle pour tenter de revenir.
Le danger d'une restauration est à peu
près nul une seule chose menace de livrer
notre malheureux pays à la guerre civile
c'est le danger venu de gauche.
<
On télégraphie d'Essen que la Société
des usines Krupp ne distribuera aucun
dividende cette année.
On apprend, d'autre part, que les
grèves des mineurs du bassin de la
Ruhr ont complètement cessé, grâce au
concours des Conseils d'ouvriers et de
soldats.
EN RUSSIE
La Terreur bolchevique^ à Odessa
Le Lokal Anzeiger donne les détails sui-
vants d'après un journal de Riga
Dans ces derniers jours, près de 500 personnes
auraient été emprisonnées à Odessa par les boj-
chevistes sur l'accusation de favoriserles menées
contre-révolutionnaires. Tous les accusés au-
raient été condamnés à mort. Ils auraient été ré-
partis en différents groupes les condamnés ap-
partenant à chaque groupe devaient creuser
jux-tuèmes/leurs tombes avant d'être fusillés.
En outre, les bolchevistes ont arrête toutes les
personnes qui, durant l'occupation allemande,
avaient rempli une fonction publique. Ces per-
sonnes n'ont pas encore été exécutées mais ellos
ont été emmenées à l'intérieur du pays.
Cependant, les bolchevistes donnent quel-,
ques signes d'inquiétude ou, du moins, deux
tendances commencent à se manifester parmi
rax tandis qu'à Pctrograd, des partisans de
ïrotzky et de Zinovieff restent pour les luttes
outrance contre tout ce qui n'est pas maxi-
,-naliste pur, à Moscou se groupent autour
ûe' Lénine des gens, plus prudents qui sont
urôts à des concessions.
C'est sous l'influence de Moscou qu'une
tentative de rapprochement vient d'être faite
avec les menclicvistes et même des socia-
listes révolutionnaires qui, jusqu'ici, étaient
honnis et traques comme do simples bour-
geois. On a relâché quelques notables. Deux
journaux quotidiens de l'opposition ont pu
reparaître. Des représentants des menche-
vistes entreraient dans les conseils.
**•
La polémique continue entre Berlin et
Moscou à propos des fonds que Barthe et
Haase nient avoir reçus. Ioffe affirme, en
outre, que M. Oscar Cohen, actuellement se-
crétaire d'Etat allemand à la justice, a reçu
10' millions de roubles « pour mener à bien
la révolution ».
M. Coheû avait été chargé, sous le gouver-
nement impérial, de négociations ayant trait
à la question des prisonniers de guerre et
fut par la suite envoyé à Moscou.
EN ROUMANIE
Le nouveau cabinet
̃ « •"
Le cabinet Bratiano est ainsi constitué
MM. Bratiano, présidence et affaires étran-
gères Michel Phcrikide, ministre sans por-
tefeuille; Alexandre Constantinesco, indus-
trie et commerce J. Duca, instruction publi-
que Georges Marzesoc, intérieur; Foiin
Enesco, agriculture; Inoculetz et docteur
Ciugureno, ministres sans portefeuille gé-
néral Vaitciano, guerre. Anghel Saliquy,
travaux publics; Buzdugan, justice; Oscar
luriaeesoc, finances*
LE CABINET YOUGOSLAVE
Le nouveau cabinet yougo-slave vient de
se constituer. Il sera présidé par M. Protitch
(Serbe) avec M- Korosee (Slovène), comme
vice-président, et M. Croumbitch (Croate) aux
affaires étrangères.
M. Pachitch, ancien président du Conseil
serbe, sera le président des délégués yougo-
slaves au Congrès de la paix.
Amérique Latine
La générosité uruguayenne
Dùn de trois millions aux blessés. Les
fêtes de charité données par la haute société
de Montevideo pendant le mois de novembre,
au bénéfice de. la Croix-Rouge française ont,
réuni la magnifique somme de 3,000,000
de francs.
Autres dons ci la Croix-Rouge. M. Louis
Supervielle, dont la haute situation à Mon-
tevideo est bien connue, a remis récemment
;i M. Lcfaivre, ancien ministre de France on
Uruguay, au moment où ce dernier quittait
l'Amérique Latine, la somme de 25,000 francs
qu'il offrait aux œuvres do la Croix-Rouge.
M. Lefaivre s'est acquitté avec joie de dette
mission et a exprimé au généreux donateur
,a reconnaissance française. Si l'on ajoute
cotte nouvelle libéralité à celles que M. Louis
Supervielle et sa famille do Paris ont déjà
effectuées en faveur de nos blessés, l'entsem-,
ble des dons qu'ils ont offerts se monte a
•275,000 francs. C'est un éloquent témoignage
de l'amitié uruguayenne envers la France
it dont M. Lefaivre a su encore resserrer les
iiens pendant son séjour à Montevideo.
Au Brésil
Rio-de-Janeiro, 20 décembre.
domination. M. Lauro Muller, ancien
:hanc/jlier des Etats-Unis du Brésil, a été
nommé préfet de Rio.
La récolte (lu colon. Ou évalue la récolte
du coton dans les Etats du nord du Brésil à
100,000 tonne^ celles de Saô-Paulo, à 50,000
tonnes celles de Minas, de 25 à 30,000
tonnes, en 1919;
II y a dans les fabriques de tissus au Bré-
sil 1,500,000 broches qui consomment près
de 60 kilos par broche, ce qui représente
i pour toutes les fabriques brésiliennes une
consommation maxima de 90,000 tonnes.
Il y aura, par conséquent, en 1919, un ex-
cédent considérable de la production sur la
consommation intérieure aussi les produc-
teurs sont-ils alarmés par la mesure du gou-
vernement qui a prohibé l'exportation de
cette matière première pour enrayer la
hausse.
Cette mesure, qui n'a plus de raison d'être
en raison de la surproduction par rapport à
la consommation intérieure, entraînerait une
spéculation à la baisse très préjudiciable
aux producteurs, notamment aux planteurs
de Saô-Paulo, qui comptent trouver dans le
développement de leur production coton-
nière, évaluée de 150,000 à 200,000 contos
pour 1919, une compensation aux pertes
considérables causées aux plantationô~~de
café par les gelées anormales de juin dernier.
En Bolivie
La Paz, 20 décembre.
Le nouveau ministère. Le nouveau ini-
nistère est constitué de la manière sui-
vante
Intérieur M. Julio Gutierrez;
Affaires étrangères M. Alberto Gutier-
rez >
Finances M. Dario Gutierrez
Industries M. Ricardo Martiuez
Instruction publique M. Daniel Sanchez.
Le Conflit du Pacifique
(De notre correspondant particulier)
Lima, 21 décembre.
Le Président Wilson a adressé aux Présidents
du Pérou et du Chili le télégramme suivant:
Le Président des Etats-Unis désire infor-
mer Votre Excellence que les divers inci-
dents qui conduisirent à la rupture des rela-
tions consulaires entre le Chili et le Pérou
ont été considérés avec grand soin par le
gouvernement des Etats-Unis, qui juge dé-
sastreuse une agitation quelconque qui di-
minuerait les espérances d'une paix perma-
nente dans le monde entier, spécialement à
la veille de la Conférence de Paris où l'on
espère en toute confiance adopter des me-
sures qui ouvriront une ère de paix durable
entre tous les peuples.
Ceux qui auraient provoqué une telle si-
tuation encourraient devant le monde une
grave responsabilité.
Le Président des Etats-Unis croit de son
devoir d'attirer l'attention des gouverne-
ments du Pérou et du Chili sur la gravité
présente de la situation, et d'indiquer à ces
gouvernements l'obligation qu'ils ont envers
le reste du monde et l'humanité en général.
Il dépendra dés mesures Immédiatement
prises de restreindre l'agitation populaire, et
de rétablir les rapports pacifiques entre les
deux pays. Sans aucun doute on peut arriver
à une solution pacifique satisfaisante du dif-
férend et le gouvernement des Etats-Unis,
seul ou uni aux autres pays américains, est
disposé à prêter toute l'assistance possible
pour arriver à une solution équitable du
problème.
La réponse du président Pardo n'a pas été
encore publiée, mais on sait qu'il télégraphia
ses remerciements en acceptant les bpns offices
offerts par le président Wilson.
-Au Pérou
'• Lima, 18 décembre.
Constitution du ministère.- Le nouveau
cabinet est ainsi constitué
Intérieur M. German Arenas;
Affaires étrangères M. Arthur Garcia;
Guerre M. le général Zuloaga
Finances M. Hector Escardo
Justice M. Angel Cornerjo ̃̃
Industries M. Manuel Vinelli,
La situation économique du Pérou
Lima, 15 novembre 1918.
Monsieur. Eugenio Garzon,
A la clôture de l'année universitaire de
1915, un des plus distingués professeurs de
l'Université de San-Marcos, de Lima, disait
dans un discours qui fut très applaudi
« Nous savons tous que de 1899 à 1903, la
vie économique du Pérou a suivi une évolu-
tion ascensionnelle, laquelle a abouti à une
véritable éclosion de prospérité durant la
période 1904-1908; on atteignit alors le do-
maine des forces vives de l'Etat et l'on posa
pour la première fois les bases d'une poli-
tique économique visant à la réalisation de
bénéfices.» »
Le docteur José Pardo, qui avait exercé la
présidence de la République durant la période
1904-1908 et avait été par conséquent le pre-
mier à « poser les bases d'une politique vi-
sant à la réalisation de bénéfices », a pu dé-
clarer neuf ans plus tard, durant sa seconde
période présidentielle, devant le corps légis-
latif de 1917 « Notre commerce extérieur a
atteint, durant le dernier exercice annuel. le
chiffre le plus élevé qu'ait enregisté l'histoire
nationale £ 25,226,213 2.79, chiffre qui se
décompose comme suit
Importations .(. £ 8.685.1502.55
Exportations K 10.541 .063 0.24
Et, d'après le message présenté par le
même docteur Pardo au Congrès de 1918, ces
sommes se sont considérablement accrues
dans le courant de ces douze mois. Les im-
portations atteignent £ 13,502,851 2.17 et les
exportations £ 18,643,414 9.42: ce qui accuse
une différence de £ 6,922,052 8.80 en faveur
de l'exercice 1917 et l'orme un total de
£ 32,146,266 1.59.
Lorsque les douanes du Pérou enregistrè-
rent un mouvement d'importations et d'ex-
portations atteignant une valeur de 10 mil-
lions de livres or il n'y a pas encore
vingt-cinq ans de cela on crut à bon droit
avoir remporté le succès économique le plus
important.
Que dire alors d'un progrès qui triple la
puissance de la République en importations
et exportations ? `?
Les donnée^ ci-dessus acquièrent d'autant
plus d'importance si on les compare â celles
que publia le distingué économiste Charles
Gide dans son « Cours d'économie politi-
que » peu de mois avant la guerre. Du-
rant trente années, à partir de 1880, le dé-
veloppement du commerce international dans
cinq des pays qui se distinguaient le plus
par leurs énergies, est représenté ,par le ta-
bleau suivant, inséré dans l'ouvrage du pro-
fesseur à la Sorbonne
EN MILLIONS DE FRANCS
France ftnglaterrs Etats-Unis Bslgiqua Jtaagna
1880. 8,500 17,600 7.500 2,898 .7,100
1910. 13,400 30.576 16,87!) 7,671 20,317
Accnisse-
mut.. 57 0/0 74 0/0 125 0/0 165 0/0 174 0/0
L'Allemagne elle-même qui se vantait tant
de ses conquêtes dans le domaine industriel
et commercial ne put obtenir en trente an-
nées le résultat atteint par le Pérou en moins
de vingt-cinq ans tripler le montant de ses
importations et exportations..
Or, on connais le principe élémentaire d'é-
conomie politique suivant lequel le chiffre du
commerce international n'est qu'un simple
exposant de l'état général de l'organisme
économique et financier national, et l'on sait
de reste que des phénomènes de cette nature
nesauraientsepresenterisolément. C'est ainsi
que les recettes du Trésor public, qui, on 1894,
s'élevaient à sept millions de soles, atteigni-
rent en 1917, vingt-trois ans plus tard,
près de quarante-cinq millions de soles,
c'est-à-dire furent sextuplées.
ATAHUALPA.
Dépêches & Nouvelles
Le mauvais temps. Ou signale d'abon-
dantes chutes do neige dans le Lyonnais et
les Cévennes.
Dans la région de Saint-Etienne, la neige
a déjà atteint cinquante centimètres dans
certains endroits.
A Nevers, la pluie ne cesse de tomber de-
puis plusieurs jours.
en première ligne sous un bombardement
intense. Amputé du bras droit.)
NOMINA, NUMINA
Les noms sont des divinités
M. P.-L. Rivière, le distingué avocat à la Cour
d'appel, qui, capitaine de chasseurs alpins, fut
grièvement blessé en 1917, nous adresse ce
poème que nous sommes heureux de publier r
Noms de France, noms de villes et de villages,
D'eaux vives,et d'étangs, de forêts et de monts,
Evocateurs de bien des lieux, de bien des âges,
Aujourd'hui, plus qu'hier encor, nous vous aimons.
Noms celtes et gaulois, dont la gangue, plus dure
A fatigue les ajis, comme un granit rugueux,
Noms latins qui, polis, montrez la lente usure
D'avoir été refits par des milliers d'aïeux;
Enfants de notre sol qui, nés avec les choses,
Venez à nous des profondeurs de l'autrefois
Et restez imprégnés, dans vos métamorphoses,
Des reflets de nos ciels, des frissons de nos bois;
Vieux noms flamands, dont les syllabes qui s'élancent
S'entre-choquent dans un écho de carillon;
Noms picards, et vous, beaux noms de l'Ile-de-France,
Noms lumineux dont chaque lettre est un rayon;
Vocables champenois dont les consonnes traïnent
Ou pétillent soudain comme un vin des bons crus
Noms stridents et guerriers qui chantez en Lorraine
Fiers comme vos cités et,clairs comme vos rus;
0 vous qu'avaientjadis forgés des hommes libres,
Vous qui voliez de bouche en bouche, ailés, actifs,
Symboles de clartés, de force et d'équilibre,
Pendant quatre ans et plus vous fûtes des captifs.
Pendant plus de quatre ans les hordes étrangères
Vous mirent au cachot de leur communiqué
Et vos antennes d'or et vos ailes légères
Par des gosiers teutons se virent confisquer.
Noms qui sortez plus beaux, plus grands, de votre
Pour illustrer enfin nos bulletins à nous, [geôle,
Soyez les bienvenus, ô nom de notre Gaule
Qu'il faudrait proférer mains jointes, à genoux;
Car, des champs de la Somme aux collines de l'Aisne,
Vous ne couvrez souvent que tombe et que bûcher,
Et le passant dont le regard fouille la plaine
Cherche en vain un vestige auquel vous attacher.
Mais, si vous n'appelez aujourd'hui qué des ombres,
Quand vous n'évoqueriez qu'un mort dans un fossé,
Restez la vie un jour sortira des décombres
Et vous lui transmettrez le flambeau du passé.
Marquez les Goigothas de nos saintes victimes;
Perpétuez Verdun, Reims et Gerbevillers,
Car c'est en prononçant vos syllabes sublimes
Que nous ferons surgir du sol ces mutilés.
Vous resterez le Verbe élu des races fortes;
Les dieux qui sont en'vous recréeront nos cités,
Et c'est par vous qu'ayant pleuré nos pierres mortes,
Nous fêterons demain nos murs ressuscités!
P.-Louis Rivière*
Le Saint-Siège
et le désarmement
Au cours d'une lettre pastorale consa-
crée à l'encyclique de Benoit XV du
1er décembre 1918, Mgr Touchet, l'émi-
nent évêque d'Orléans, cite cette phrase
d'un récent discours de Lloyd Georges
« S'il faut que la paix règne sur la terre,
il ne faut plus que nous ayons dans
l'avenir ces grandes armées de conscrip-
tion en Europe »; et il revendique pour
le Souverain Pontife régnant la priorité
d'expression de « cette idée coura-
geuse ».
On la trouve, en effet, dans un article
de l'Osservatore Romano, du 27 octo-
bre 1917, résumant les idées du Pape
sur les conditions de la paix, ainsi que
dans une lettre du même mois du car-
dinal Gasparri à Mgr Chesnelong, ar-
chevêque de Sens.
On la trouve, surtout, je veux dire
plus développée et avec la réponse aux
objections qu'elle soulève naturellement,
dans la partie de la brochure de Mgr
d'Orléans la Paix pontificale, où Sa
Grandeur relate des déclarations fort
intéressantes, vraiment, qu'il eut l'hon-
ne.ur de recevoir du secrétaire du Saint-
Siège.
« L'article premier du traité de paix,
disait notamment Son Eminence, de-
vrait être celui-ci « A partir du jour de
» la signature de ce traité, la conscrip-
» tion militaire est abolie dans tous les
» Etats signataires.
» Art.}.. Chaque Etat ne conserve
» que les troupes indispensables à sa
» sécurité intérieure. » Etc.
Mgr Touchet faisait observer dans sa
brochure, et il le répète dans sa lettre
pastorale, que le système du Saint-Père
dont il relevait par ailleurs tous les
traits de ressemblance avec le pro-
gramme de M. Wilson- est « pour sûr
extrêmement audacieux et extrêmement
moderne ».
Ce n'est pas dire trop. Reste à savoir
dans quelle mesure on le peut juger
immédiatement pratique. Reste à savoir,
en d'autres termes, comment il se conci-
lierait avec la nécessité vitale qui s'im-
pose à toutes les nations civilisées de se
défier pratiquement de l'Allemagne,
aussi longtemps que celle-ci ne sera pas
guérie, certainement et définitivement,
de ses ambitions malsaines, par la grâce
d'une défaite enfin acceptée comme un
juste jugement de Dieu.
Et l'Allemagne n'en est pas là. Voire,
elle hésite encore à se reconnaître bat-
tue. Et trop peu nombreuses sont les
voix allemandes balbutiant des aveux
qui, même s'ils avaient un caractère
national, ne pourraient avoir pour effet
d'éteindre l'action de la justice, mais
commenceraient du moins de transfor-
mer en expiation rédemptrice le châti-
ment.
En attendant, caveanl consules!
Julien de Narfon.
A L'HOTELJDE VILLE
CONSEIL GÉNÉRAL
Les transports en commun. La discus-
sion du rapport de M. Duval-Arnould sur les
transports en commun a continué hier. Elle
nous a fourni l'occasion d'entendre MAI.
Henri Rousselle et Emile Desvanx, par une
proposition préjudicielle demander que
préalablement au relèvement des tarifs, on
.présentât un projet de réorganisation géné-
rale des transports; d'entendre M. liellin dé-
fendre ce relèvement, « dans l'intérêt du
public » et déclarer que si l'augmentation
était refusée, les Compagnies refuseraient <<$
payer l'indemnité de vie chère de 5 francs,
qu'il y aurait grève du personnel et réquisi-
tion par l'Etat des transports en commun
d'entendre, enfin, M. Henri Sellier déposer
une proposition invitant l'administration à
apporter, avant le 13 juin 1920, un projet
d'exploitation ou régie des services de trans-
ports.
La discussion ne s'est pas poursuivie plus
longtemps elle continuera samedi prochain.
LE BUDGET DE PARIS
M. Louis Dausset, rapporteur" général du
budget depuis dix ans, vient de terminer son
premier fascicule sur le projet du budget de
la Ville de Paris pour 1919. C'est une œuvre
considérable dont tous les chapitres présen-
tent un vif intérêt.
Après une critique du rôle assumé actuel-
lement par le comité du. budget, M. Dausset
fait ressortir que les finances de la Ville ont
été lourdement obérées au cours de la guerre,
par les allocations militaires, par les secours
de toute nature, les approvisionnements gé-
néraux, et, enfin, après la victoire, par des
t'êtes. Le budget de 1919 est donc chargé d'une
lourde dette flottante. Pour le couvrir, M. «
Dausset, d'accord avec M. Autrancl, préfet de
la Seine, et avec M. Klotz, ministre des
finances, estime qu'il faut avoir recours à
un emprunt à long terme, à lots, dont un lot
do un million.
Cet emprunt, de quinze cents millions,
pourrait être gagé par les 60 centimes addi-
tionnels votés en décembre 1911, les 40 cen-
times additionnels votés en juillet dernier,
leur produit s'élevant à 92,072,000 francs.
L'emprunt assurerait à la trésorerie munici-'
pale une réelle élasticité.
Quant à la proposition Poiry, tendant au
remboursement de l'indemnité de 200 mil-
lions à réclamer aux Allemands, M. Dausset
se contente de l'indiquer, sans en faire état
immédiatement elle pourrait éventuelle-
ment servir à gager des emprunts nécessités
par les grands travaux.
A L'INSTITUT
Académie des sciences morales
ÉLECTION DE M. MILLERAND
M. Alexandre Millerand a été élu
hier membre de l'Académie des sciences
morales et politiques, au second tour de
scrutin, par 19 voix, contre 6 à M. Henri
Berthélemy, 3 à M. Charles Dupuis et
1 à M. Joseph Barthélémy.
Le public français sera tenté de croire
que les portes de l'Institut se sont ou-
vertes devant l'homme politique qui
joint à l'éclat du talent un patriotisme
des plus actifs. Il n'oubliera pas que
l'ancien ministre de la guerre, d'avant
guerre, s'efforça, dès 1912, d'éveiller dans
l'âme populaire la foi patriotique as-
soupie, et qu'il fut au ministère de la
guerre, dont il accepta la terrible charge
après Charleroi, le collaborateur de la
victoire de la Marne.
Si grands que soient de tels mérites, ce
ne sont pas pourtant les titres qui justi-
tiaient la candidature de M. Millerand.
M. Morizot-Thibault, rapporteur, n'avait
eu bpsoin dénumérer que des travaux
législatifs et juridiques.
Avocat à la Cour, membre duConseil
de l'Ordre, député de Paris, ancien mi-
nistre du commerce, des travaux pu-
blics et de la guerre, président de la
Société d'études législatives, du Conseil
d'administration du Conservatoire na-
tional des arts et métiers, de la Li-
gue maritime française, de l'Associa-
tion nationale pour la protection légale
des travailleurs, M. Alexandre Mille-
rand était présenté par la section do
législation, droit public et jurispru-
dence, en remplacement du regretté
bâtonnier Bétolaud, et au double titre
de la jurisprudence et de la législation.
L'Académie a ensuite élu à l'unani-
mité vice-président, pour 1919, M. Pierre
de La Gorce; membres de la commis-
sion administrative, MM. Ribot et Col-
son.
Elle a entendu diverses présentations
d'ouvrages et la fin de la lecture de
M. Flach sur la Campagne du Dauphin
Louis et la revendication de l'Alsace.
•
A l'Académie des beaux-arts, M. Théo-
dore Dubois a donné, au nom de la sec-
tion de musique, lecture d'un rapport
sur les titres des candidats au fauteuil
de M. Widor, devenu secrétaire perpé-
tuel.
Les candidats sont ainsi classés dans
l'ordre des préférences de la section
MM. Henri Rabaud, Maréchal, André
Messager et Georges Hue.
La Compagnie a accepté de Mme de
Fourcaud une bourse de voyage en
France (première fondation de 10,000
francs) pour l'élève le plus méritant de
l'Ecole des beaux-arts.
•*»
Après-demain mardi partent, pour
aller prendre part au Noël messin
MM. Denys Cochin, de l'Académie fran-
çaise Paul Girard et Diehl, des inscrip-
tions; Lallemand, Bigourdan, Schlœsing
fils et Deslandres, des sciences; Allar
et Girault, des beaux-arts; Welschinger
et Lévy-Bruhl, des sciences morales.
Ch, Dauzats.
LA VIE ARTISTIQUE
l
L'EXPOSITION INTERNATIONALE. C'est sa
trente-troisième exposition. Elle a beaucoup
changé, beaucoup évolué depuis sa fondation.
Telle est la loi de nature. De très grands ar-
tistes contribuèrent à son prestige. On y vit
Carrière, Besnard un jour Rodin et Monet,
encore combattus, y firent une apparition
« historique maintenant.
L'aspect actuel ne rappelle que peu ces
jours légendaires beaucoup de talent sans
aucun doute; mais peut-être un peu trop de
sacrifices au pur agrément, au besoin de
plaire. Mais voilà; la meilleure manière de
plaire, en art, n'est pas toujours de s'efforcer
à charmer. Il ne faut point forcer son talent.
M. Lapparra, entre autres, nous avait habitués
à un art plus profond et plus robuste. M.
Paul-Albert Laurens s'attarde aussi à de
mièvres élégances, lui si poète à ses débuts.
On cite encore d'autres exemples. Un des
exposants les plus heureusement inspirés,
demeure M. Henri Foreau. Sans varier beau-
coup sa note, il demeure maître de sa lumière.
MM. Chappel, G. Roux, Bompai'd, F. Bou-
chor, Zo, Morisset, Lauth, Guillonnet sont à
citer entre divers.
La vigueur harmonieuse de M. Lachmann
et la délicatesse de M. Edwin Scott sont à
remarquer particulièrement.
Enfin des sculptures de MM.' Landowski,
Sicard, Samuel, font bieu dans l'ensemble. On
a eu l'idée d'exposer un excellent portrait de
Marcel Dcpre\, œuvre déjà ancienne de
M. Cormon, et qui a pris une bonne patine.
Exposition MAURICE Denis. Voilà un
poète, un penseur, et un peintre. Je crois
qu'il aurait fallu commencer par le dernier
terme, bien que le premier nous soit cher.
Après tant de beaux spectacles, do nobles
travaux, Maurice Denis nous présente en
gerbe toute une suite de visions émouvantes
comme ses impressions de guerre, délicieuse»
comme ses paraphases pieuses, caressantes
comme ses rêveries païennes. Il est inutile de
s'étendre sur cette exposition de chez Druet;
il ne suffit pas de la signaler, et il n'y a qu'à
constater que Maurice Denis n'a jamais été
en possession d'une pensée plus-haute et plus
claire, et d'un métier plus suave et plus fort.
Arsène Alexandre,
D RNIERE. MF 11~~
1 • ̃"
A. COBLENCE
(PAR dépêche),
Coblence, 21 décembre.
Musique en tète, les troupes françaises ont
dans les rues de Coblence.
Ces troupes no vouaient point pour occu-
per la ville, déjà tenue par l'armée améri-
caine, mais passaient dans Coblence, avant
de se rendre sur la rive droite du fleuve,
pour occuper le secteur qui leur était
attribué et comprenant notamment la ville
d'Ems, rendue tristement célèbre en 1870,
par la fameuse dépêche de Bismarck.
A onze heures du matin, trois grands ba-
teaux de la navigation fluviale du Rhin ar-
rivent devant Coblence, venant de Mayence
et de Bingen.
Le débarquement s'effectue daus un ordre
parfait, tandis que la population affecte de
ne rien voir.
A deux heures de l'après-midi, sur la
grande place du château, les troupes fran-
çaises se sont massées pour la revue passée
par le général Dickmann, commandant la
8e armée américaine, aux côtés duquel se
.trouvent le général Mangin, commandant la
10" armée; le général Féraud, .commandant
le corps de cavalerie, et le général Schuhler,
commandant la 48e division.
Après la revue passée par le général Dick-
mann, les troupes, présentées par le général
de Susbielle, dôlllent superbement derrière
les deux drapeaux du 1er zouaves et du 13°
tirailleurs.
Pendant toute la durée de cette impres-
sionnante cérémonie militaire, les fenêtres
de tous les immeubles qui bordent l'im-
mense esplanade restent hermétiquement
closes.
La Prusse et les élections polonaises
Le ministre prussien del'intérieur a enjoint
aux autorités de ne pas permettre pour le
moment les opérations électorales prescrites
par legouvernementpolonaia, lesquelles sont,
dit-il, contraires aux conditions de l'armis-
tice.
Le ministre dé la justice a, de son côté,
déclaré que toute participation à ces élec-
tions tomberait sous le coup de la loi
comme crime de haute trahison.
Et pendant qu'ils interdisent aux Polonais
de voter en Pologne, les Allemands préten-
dent voter en Alsace-Lorraine.
-aoo-
L'EFFORT AÉRIEN DE L'ALLEMAGNE
Londres, 21 décembre.
Le correspondant spécial du Daily Express
à Copenhague, télégraphie
J'ai reçu des renseignements particuliers, de
source autorisée, selon lesquels l'Allemagne fait
des préparatifs secrets énormes en vue d'obte-
nir la maitrise des airs après la guerre.
Le premier pas sera de relier les principaux
centres allemands avec Berlin, et ensuite Berlin
sera relié avec le monde extérieur, y compris
Paris, Londres, et mémo New-York.
Les types des appareils comprendront depuis
les avions de dpux cents chevaux jusqu'aux
géants de milliers de chevaux. Je viens de voir
des documents originaux montrant des appareils
qui couleront deux mille à cinq mille livres ster-
ling chacun.
Chaque manufacture ou groupe de .manufac-
tures se spécialisera dans la construction spé-
ciale d'un avion. Le projet entier est basé sur
les conclusions dos plus habiles hommes d'af-
faires allemands. Tout comme von Tirpitz pen-
sait que l'avenir de l'Allemagne était sur mer,
ils croient qu'il est dans les airs.
Ils croient que la Grande-Bretagne et les Etats-
Unis, avec leurs, énormes problèmes de démpbj-
lisation, ne seront pas prêts à transformer les
avions do guerre en avions d'affaires, pendant
quelque temps au moins. Maigre la révolution,
tout bat son plein, car les hommes d'alïaires
allemands croient (jue l'établissement d'un g-ou-
vernement stable n est plus qu'une question do
temps. =MOC--
TTKT ACOMPTE
Bruxelles, 20 décembre.
Dans la nuit du 19 au 20 décembre il est
arrivé à Bruxelles dans le train venant de
Cologne un wagon contenant une somme de
380,000,000 de marks, accompagnés par des dé.-
légués allemands qui en ont fait la remise
aux représentants des Alliés.
Les fonds ont été transportés à la Banque
nationale.
Le pantalon rouge
Nous recevons la lettre 'suivante
Mon cher ami,
Je reçois d'un éminent général du cadre de
réserve une lettre des plus intéressantes et, à
;.ion sens, tout à fait décisive au sujet de
cette question de l'uniforme que vous avez
si heureusement posée devant l'opinion.
« Laissez-moi, m'écrit-il, appuyer votre
opinion de mes observations plus que cente-
naires, puisque je puis invoquer les souve-
nirs de mon père, vétéran des guerres du
premier Empire, et y joindre les miens qui
datent de 1856.
» Le pantalon rouge et le képi rouge doi-
vent être a tout jamais proscrits.
» On a prétendu à plusieurs reprises, que
le pantalon rouge était le pantalon na-
tional c'est absolument faux. Le pantalon
rouge est un pantalon électoral.
» Il fut mis en service en 1828 pour favo-
riser la culture de la garance dans les dépar-
tements du Midi. Quand on en affubla l'in-
fanterie, ce fut un tolle général. Les ofticiers
étaient indignés ils retardèrent le plus qu'il
leur fût possible sa mise en service.
» Avant 1828, le pantalon de l'infanterie
était bleu. Nous étions les Bleus nous l'a-
vions toujours été bien que plusieurs corps
de garde portassent les culottes blanches en
grande tenue.
» Sous le second Empire, quand la Garde
fut constituée, elle eut d'abord le pantalon
bleu aux voltigeurs, où je servais, nous
avions le pantalon bleu avec liséré jaune,
habit bleu avec plastron bleu ou blanc,
c'était très élégant. »
Le pantalon rouge ne fut définitivement
substitué au bleu qu'en 1858. C'était faire de
nos soldats des cibles vivantes. Les coiffures
rouges (chéchias et képis) accroissaient la
désastreuse visibilité. « Comme des fleurs de
pourpre en l'épaisseur des blés », avait dit
Hugo. Mon correspondant me cite un Jfait
dont il fut personnellement le témoin, le
1" septembre 1870, à Sedan
« Le ler zouaves et le 45e occupaient une
position à l'est de la ville sur des coteaux en
pente douce allant jusqu'à Divonne. En co-
lonnes serrées de bataillons Vers 7 ou 8 heu-
res du matin, 34 pièces d'artillerie allemande,
à 2,500 ou 3,000 mètres sur la rive gauche de
la Divonne, ouvrirent le feu sur nous. On ne
voyait pas un Allemand, sauf quelques offi-
ciers à cheval. Nous formions avec nos ché-
chias rouges et nos képis (j'étais an lerzoua-
ves) un immense champ de coquelicots. Pas
un obus ne no s' manquait. Pendant une
heure, sans avoir eu la satisfaction de tuer
un seul ennemi, nous fûmes un but de pre-
mier choix et nos pertes furent énormes. »
Mon correspondant pense, comme moi,
qu'il convient de différencier de l'infanterie,
mais seulement par des signes distinctifs,
l'esprit de corps étant un des facteurs de
la victoire, les zouaves, tirailleurs et chas-
seurs. Aussi bien faudra-t-il renoncer au
pantalon rouge bouffant des zouaves, trop
lourd à porter, et qui n'apparaissait d'ail-
leurs, en Afrique, qu'aux revues.
Toutefois « le bleu horizon est trop salis-
La Russie et les Alliés
«I*
Omsk, 10 décembre.
A la date du 10 décembre, 4e gouvernement
d'Omsk a prié les représentants de la Russie
dans les pays alliés do faire en son nom aux
gouvernements do l'Entente une déclaration,
dont voici les principaux passages
Lo sort n'a pas permis à la Russie, épui-
sée par le poids excessif d'une longue lutte,
de continuer à combattre dans les rangs des
Alliés jusqu'à l'heureux jour de la victoire,
mais elle célèbre cette victoire avec les Al-
liés et en attend les résultats bienfaisants
pour tout -l'univers et pour le peuple russe
accablé de souffrance. i
La Russie constate avec une profonde sa-
tisfaction que ses suprêmes efforts pour le
but commun ainsi que ses innombrables et
sanglants sacrifices n'ont pas été oubliés.
Les puissances alliées ont' forcé l'Allemagne
à renoncer au traité de Brest-Litovsk elles
l'ont obligée à évacuer les territoires russes
et à mettre fin à la dilapidation des biens
nationaux de la Russie.
Le gouvernement russe est heureux de té-
moigner les chaleureux sentiments de recon-
naissance que cet acte généreux des Alliés
fait naître dans le cœur du peuple russe. La
Russie, qui aspire à la réunion de ses terri-
toires séparés de la mère patrie, entrevoit,
dans cet acte, l'espérance de pouvoir faire
entendre sa voix aux pourparlers de paix et
d'apporter sa part de collaboration dans l'or-
ganisation de la vie des peuples sur les bases
nouvelles et immuables d'une étroite et hon-
nête amitié. Los fondements de la reconsti-
tution de la Russie sont déjà posés. '̃ v
Le gouvernement russe sait que les puis-
sances alliées sont guidées dans leurs actes
par les hautes idées d'équité et de solidarité
internationales et il acceptera avec recon-
naissance leur concours dans ses travaux
pour la régénération de la Russie.
EN ROUMANIE
Bucarest, 20 décembre.
Un décret du' cabinet du général Coauda,
contresigné par le Roi, met en vigueur la
réforme agraire et l'introduction du suffrage
universel, votées par la Constituante en 1917.
Les grandes propriétés vont donc être ra-
chetées par l'Etat et vendues en petits lots
aux paysans.
--=oC>
LE PRÉSIDENT WILSON A ROME
Rome, 20 décembre.
(Retardée en transmission^.
Selon la presse italienne, le président Wii-
son arriverait à Rome le 3 janvier.
--<:>oe>
LES SOLDATS BRITANNIQUES LABOUREURS
1 ̃!̃
Londres, 21 décembre.
Le ministre de la guerre annonce, conjoin-
tement avec le comité agricole de lord Har-
court, que les armées britanniques en France
continuent, grâce à leurs organismes agri-
coles, à labourer et à cultiver les régions
abandonnées situées derrière le front.
Dans la zone dévastée, les prisonniers al-
lemands, sous la surveillance de l'armée bri-
tannique, s'occupent à combler les tranchées
et les trous d'obus, et ensuite à niveler la
terre, en vue do rendre celle-ci au peuple
français dans un état propre à son exploita-
tion ultérieure. '•
--=oc-
UN ACCIDENT
Cherbourg, 19 décembre.
Le lieutenant de vaisseau de La Rochefou-»
cauld, aide de camp du vice-amiral Rouyer,
préfet maritime à Cherbourg, revenait en
automobile de Rennes, où il avait été rem-
plir une mission.
La voiture capota et se' brisa, projetant M.
de La Rochefoucauld et son chauffeur dans
le fossé de la route.
Une voiture de l'aviation maritime fut en-
voyée au secours de l'officier, blessé au vi-
sage, mais qui put rentrer dans la soirée à
Cherbourg, où il reçut des soins.
L'état de santé de M. de La Rochefoucauld
n'inspire plus aucune inquiétude.
sant » la visibilité en est trop grande dans
la nuit où il paraît presque blanc. « La vraie
couleur nationale, ce serait le gros bleu, le
bleu de roi, le bleu des chasseurs à pied ou
des coloniaux ».
Voulez-vous verser ce témoignage qui
vient de très haut, à votre dossier ?
Bien à vous.
Joseph REINACH.
Le Procès Cavallini
Rome, 20 décembre.
Après une interruption de deux jours, le
procès Cavallini a repris ce matin par l'inter-
rogatoire des inculpés. Cavallini a été le pre-
mier à répondre aux questions du président,
le colonel Gandini.
Cavallini proteste d'abord contre la réduc-
tion de la liste de ses témoins. Puis il
entre dans le vif de sa défense, déclarant
avoir été arrêté par les autorités françaises
pour des faits que le Code italien ne range
pas parmi les délits. Il se plaint de la dispa-
rition de nombreux documents saisis chez
lui, et il regrette que le magistat instructeur,
au cours de son enquête à Paris, ait surtout
recueilli des calomnies, sur lesquelles l'accu-
sation est basée.
L'inculpé défend ensuite son passé, rappe-
lant quelle a été son action dans le conflit
survenu il y a quelques années entre le Ve-
nezuela, la France et l'Angleterre. Il déclare
n'avoir jamais fait le commerce des armes,
mais qu'il contribua au contraire à faire dé-»
couvrir, en France, des Italiens qui faisaient
cette contrebande de guerre que Brunicardi
a démasquée en Italie.
Cavallini poursuit en parlant de ses rela-
tions avec Bolo. Il explique comment, en-
voyé à Constantinople par Bolo qui ne pou-,
vait s'y rendre en raison de l'état de guerre
avec la Turquie, il entra en relations avec
l'ex-khédive qui le pria de s'entremettre
en vue de tenter un rapprochement avec
l'Angleterre. Cavallini se défend d'avoir
participé aux entretiens de Bolo et de Saadik
pacha a Rome, à Genève ou à Paris, « où"
dit-il, tous deux s'entendirent pour faire
jouer à l'ex-khédive un rôle de pantin entre
la France et l'Allemagne et me compromet-
tre ». C'est après le retour de Saadik de Ber-*
lin que Bolo engagea l'ex-khédive à se dé-i,1
barrasser du premier et entra en relations
directes avec l'Allemagne.
Au sujet des actions d'un « journal pari-
sien (il s'agit du Figaro), le Khédive le
chargea d'acheter des actions pour une somme
de 200,000 francs, somme qui, dit-il, ne pou-
vait pas faire changer la direction politique
de ce journal.
Cavallini soutient l'innocence de Hanau,
dont la campagne de presse tendait à amé-i
liorer les relations entre le Khédive et l'An-1
gleterre.
Au sujet de la tentative d'achat du Mes-
saggero et du Secolo, dont Re Ricardi fut
chargé, Cavallini dit qu'il s'agissait d'une
affaire industrielle de presse. D'ailleurs, on
avait décidé de conserver les directions poli-
tiques de ces journaux.
(Le Khédive était donc un simple marchand
de journaux ?j
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