Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1915-10-30
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 octobre 1915 30 octobre 1915
Description : 1915/10/30 (Numéro 303). 1915/10/30 (Numéro 303).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2908459
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
61me Année - 3me Série - N' 303
Lô Numéro quotidien : DIX CENTIMES en France et en'Belgique - Etranger s VINGT CENTIMES
Samedi 30 Octobre 1915
* Gaston CALMETTE
Directeur (1902 -1914)
RÉDACTION - ADMINISTRATION
26, Bue Drouot, Paris (9® An")
, . . ? . , ( M. ALFRED CAPUS
Rédaction en Chef j M ROBERT DE FIERS
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LE FIGARO
Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant lés méchants, je me presse
de.rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer. 2» (BEAUMARCHAIS.)
H. DE VILLEMESSANT
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On s'abonne'daps tous les bureaux de poste,
de France et d'Algérie ;
Le Nouveau Ministère
Devant un fait aussi important que
l'apparition, dans, les circonstances
présentes, d'un nouveau ministère, un
citoyen français n'a qu'une attitude à
prendre: c'est le ralliement loyal et
l'ardent souhait que la gouvernement
de demain soit ferme, uni, inaccessible
aux préoccupations de mesquine poli-
tique , et qu'il sache tendre vers la vic-
toire, tous les ressorts de la France.
Ne soyons pas injustes envers le gou-
vernement d'hier, celui de M. Viviani.
Il a été souvent à la hauteur de sa re-
doutable tâche et.il n'a péri que parce
qu'il s'est lui-même déchiré de ses pro-
pres mains.'Là encore la politique des
petites, ambitions et des groupes avait
glissé sesmortels ferments.
-Que réclame l'opinion unanime du
pays, avec l'accent d'une sommation
qui ne pardonnerait p/§ d'être mal écou-
tée? Elle réclame d'abord l'action, au.
sQp? le plus'général et le plys complot
du mot ; et elle l'espère de la sou pile et
vive intelligence de M. Briand qui, eh
se! trempant pour ainsi dire dans les
événements, saura se faire énergie.
Les conseils de l'expérience ne man-
queront pas au nouveau cabinet, avec
M. de Freycinet, M. Méline, M. Léon
Bourgeois. Un membre éminent de la
droite, M. Denys Cochin, est appelé à
neutraliser M- Combes. Nous espérons
qu'on lui permettra.de faire autre chose
et qu'on le laissera utiliser sa haute
culture,' soa; libéralisme, sa largeur de
vues?'... . ? ??
Mais le conseil n'est pas l'action. Il
appartiendra.au chef du gouvernement
et, à son illustre collaborateur, M. Jules
(Jambon, de l'en dégager, de lui donner
un corps, de l'imposer. Qu'un Louis
Barthou eût'été précieux encore dans
une combinaison pareille, et à cette date!
Mais ce n'est pas en sa faveur que des
délégations parlementaires font d'impé-
ratives et menaçantes démarches !
.Le.général Galliéni.succède à M. Mil-
lerand. 11 ne fallait pas moins qu'un des
pius grands noms et dés plus populaires
Uf5 l'armée française pour que l'opinion
pyt accepter le remplacement du minis-
tre de la guerre. "
Depuis plus d'un $n, M. Millerand a
manié ce formidable organisme de là dé-
fense, nationale avec line, force, une pré-
cision; un dévouement dont tous les pa-
triotes lui sauront éternellement gré. Il
a'dii réparer-les rouages, fout refaire
par endroits, ailleurs créer. Rencontrant
les fautes et les erreurs passées, l'accu-
mulation des préjugés-et des routines,:ii
lui a.,fallu, les dissocier et les vaincre.
Quand on l'a attaqué, il. ne s'est mis au
travail que d'un élan plus farouche, d'un
coeur plus fier. Il a dédaigné l'intrigue
qui' tournoyait ? autour de lui.: il y a
opposé la sérénité voir. Et dans les couloirs de la Cham-
bre, hier, "toutes les mains s'offraient à"
lui. C'est qu'il s'était mis, sans effort,
spar le jeu naturel de son caractère, au-
dessus dés'partis et qu'il profitait du
contraste. M. Millerand est une dès ré-
servés de fa patrie.
Le gouvernement n'a plus désormais
qu'à regarder droit devant lui. Qu'il
s'applique à effacer la trace des combi-
naisons politiques où il a pris naissance
et qu'il se.mette tout de suite .de plain-
peid avec-la nation ! Nous comptons
pour cela sur les admirables qualités
de M. Briand et sur la bonne fortuné
de la France.
Alfred Capus,
do l'Académie française.
LE CABINET BRIAND
.Le cabinet Briand, qui succède au ca:
bijjet Viviani, est constitué. Les décrets
nommant les nouveaux ministres pa-
raîtront ce matin au Journal officiel.
Voici-la composition du nouveau mi-,
nistère : ' '
présidénee du Cotvscil, MM-
Affaires.étrangères. Aristide BRIAND
Ministres d'Etat.. JDE FREYCINET, Léon
BOURGEOIS, Emile
OoMBEà, Jules
. GUESDE, DENYS CO-
CHIN.
Justifie - René VIVIANI
Guerre .............. Général GALLIÉNI
Mâriné .,\4. R.V, » . . . . Conf-amiral LACAZ'E
Finances « RIBOT .
intérieur . . MALVY
Instruction publif/ue et .-" >
ùwentio.ns in té r es- , . ' . -1
? surit la défense na-
tionale .' PAIN-LEVÉ
Commerce CLÉMENTEL
Agriculture.......... MÉLINE
Travaux publics SEMB.VÏ
Iravàrl : MÉTIN
Çoldnies......... DOUMERGUE
Sous-secrétaires d'Etat à la Guerre :? MM.
Albert THOMAS (Munitions); J.- THIERRY
(Ravitaillement) ; J.'GODAHX (Santé) ; René
ÉESNARD (Aviation). A'la Marine, M. NAIL.
Alix Beaux-Arts, M. DALIMIER.
M." Julës CAMBON, ancien ambassadeur de
.France en Allemagne, est nommé secré-
taire général du ministère des affaires
étrangères.
***
Le. cabinet ainsi constitué compte
quatre nouveaux ministres d'Etat : MM.
deFreycinet, Léon Bourgeois, E-_Combes,
sénateurs, et.Denys.Gochin, député. M.
Jiies Guesde ..appartenai t déjà avec le
titre de ministre sans portefeuille à l'an-
cien ministère. Où" remarquera qu'un
nouveau protocolevient d'être établi; li-
ne s'agit plus, eneffet,.de ministres sans
portefeuilles, ?mais bien dè : ministres
d'Etat qai, dans l'ordre dès préséances,
figurent dàhs la liste des ministres après
le président du Conseil et avant le garde
des .sceaux, -M- Viv.ani, ministre de. la
justice, vice-président du Conseil.
Le ministère comprend six nouveaux
ministres le général- Galliéni, qui suc-
cède à M. Millerand, au ministère de la
guerre; le contre-amiral Lacaze, qui
succède à la marine à M. Augagneur,
M. Painlevé, qui succède à M. Sarraut, à
l'instruction publique ; M. Méline, séna-
teur, qui succède à l'agriculture à M.
Fernand David ; M. Clémentel, qui suc-
cède au commerce à M. Thomson, et
M. Métin, qui prend, au travail, la place
de M. Bienvenu-Martin.
Les autres membres du cabinet Vi-
| viani, à l'exception di' M. Viviani, qùi
[abandonne la présidence 'du Conseil
pour la justice, gardent les portefeuilles
dont ils étaient titulaires". - '
Quant à M. Briand, le garde des
s sceaux, il devient président du Conseil
! et succède à M. Delcassé au ministère
des affaires étrangères.
.
C'est à la suite d'un dernier-Conseil de
cabinet tenu hier matin, au ministère
des affaires étrangères, que la crise offi-
cieusement ouverte depuis quelques
jours a été officiellement déclarée.
Au cours.de cette réunion, M. Viviani
a informé ses collègues de sa résolution
de sé démettre de ses fonctions et leur
a fait connaître les motifs de sa déter-
mination. Ceux-ci ont immédiatement
donné leur démission, que M. Viviani
est allé transmettre au Président de \a
République, avec la sienne. ,
Voici le texte de la lettre de démis-
sion que M.. Viviani, président- du
Conseil,. a remise au Président de la
République : .
Paris, 29 octobre 1915.
Monsieur le Président de la République,
Lors de la dernière interpellation à laquelle
j'ai répondu, j'ai dû constater, d'une part,
que malgré mes effort-, une minorité impor-
tanie s'était groupée sur la formation du co-
mité secret que j'avais formellement re-
poussé ; d'autre part, que plus de cent cin-
quante députés s'étaient refusés par leur
abstention au vote de confiance que j'avais
nettement réclamé. Je juge, et j ai exposé,
cet avis à. ipes collègues du cabinet, que plus
que jamais il est nécessaire de réformer au-
tour d'un gouvernement l'unanimité qui "ne
nous avait jamais fait défaut jusqu'ici au seiu
d'un Parlement qui a discute, comme c'était
soïi devoir et son droit, les affaires publiques,
d'ailleurs âvec une discrétion - dont il faut lé
louer, et qui a toujours donne l'exemple ,d6
la'discipliné et: de l'union. Je pense qu'une
autre personnalité politique pourra- reformer
et cimenter cette union qui est le voeu de
tous et. c'est pour le permettre que je remets
entre vos mains en même temps que ma dé-
mission, celle de mes collègues.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, les
assurances de mon respectueux dévouement.
René VIVIANI.
Le président do ' la République a
accepte la démission du cabinet et a ap-
pelé immédiatement M.Aristide Briand,
auquel il a offert la mission de consti-
tuer un-ministère!
M. Briand a accepté, et il a aussitôt
réuni au ministère de la justice quel-
ques-uns des membres du Parlement
dont il s'était assuré la collaboration :
MM. Méline, Combes, Léon Bourgeois,
Ribot, sénateurs ; Jules Guesde, Sem-
bat, Denys Cochin, Clémentel et Pain-
levé.
Après une conférence assez longue,
M. Briand a reçu M. Jules Cambon, an-
cien ambassadeur de France à Berlin,
dont il s'était assuré le concours pour le
secrétariat général du ministère des af-
faires étrangères.
A ce moment - vers midi - le cabi-
net était à peu près constitué- Il y avait
encore, cependant quelques petites diffi-
cultés à régler pour 1 attribution dés
portefeuilles. C'est à cette tâche que M.
Briand g. consacré une partie de son
après-midi et", à six heures, tout étant
aplani, il pouvait officiellement annon-
cer au Président de la République la
constitution du nouveau ministère.
%
*
Au point de vue politique; le minis-
tère que va présider M. Briand diffère
de celui de M. Viviani, en ce sens qu'il
élargit sensiblement les bases sur les-
quelles reposait l'ancien cabinet.
Déjà M. Viviani avait fait effort pour
réaliser l'union sacrée, en appelant, au
mois d'août 1914, MM. Briand, Ribot,
Millerand, Delcassé, Jules Guesde et
Sembat à collaborer avec lui.
Il avait, par la suite, élargi sa combi-
naison en offrant à M. Joseph Thierry, j
représentant des groupes modérés de la
Chambre, un sous-secrétariat d'Etat.
Aujourd'hui, M. Briand étend en quel-
que sorte la conception de. M. Viviani
en introduisant dans son cabinet, aux
côtés de MM. de Freycinet, Léon Bour-
g pis et Emile Combes, qui appartien-
nent à la gauche démocratique du S nat,
M. Méline, qui appartient à l'Union dé-
mocratique , de la Haute Assemblée et .
qui préside la Fédération progressiste,
dans laquelle figurent tous les républi-'
cains ayant constitué à la Chambre le
groupe progressiste, et il accentue son-
programme de large union nationale en
appelant dans les conseils du gouverne-,
ment M. Denys Cochin, qui siège au Pa-
lais-Bourbon à la droite de l'Assemblée.
D'autre part, il maintient dans son ca-
binet lés'éléments socialistes qui. figu-
raient dans le précédent, et dans l'attri-
bution des portefeuilles, il remplace |
quelques-uns de ses anciens collègues
des groupes radicaux et radicaux socia-
listes par des membres de ces mêmes j
groupes.
Enfin, il confie la Guerre et la Marine !
à un général et à un marin,.reprenant
ainsi une des conceptions qui lui étaient
chères, puisque dans un des premiers
cabinets qu'il constitua, il: rompait avec ?
?la formule des ministres civils en appe- j'
lant à..la guerre le général Bran et à la :
mariné l'amiral Boué de Lapeyrère.
Tout semble donc, politiquement -
car la politique ne peut, hélas! s'exclure
des combinaisons ministérielles s'é- ,
quilibrer. Je dis semble, car, pour être
logique jusqu'au bout; et pour réaliser
l'union totale, absolue, idéale, celle que,
pour notre part, nous aurions désirée,
M. Briand aurait du faire appel au con-
cours d'un homme qui rend.t à son
pays, à la veille de la guerre, l'inappré-
ciable service de faire voter à la Cham-
bre la loi de trois ans, et qui eut le grand
honneur de se faire renverser en soute-
nant l'immunité de' la Rente dans un
grand emprunt national : j'ai nommé
M. Louis Barthou. ' 1 .'
M. Briand, je le sais, a tenté de le
faire : il s'est heurté à une exclusive.
? Tant pis pour ceux qui l'ont formulée,
j Quoi qu'il en soit, lecabinet est main-
tenant constitué ; et - le Parlement et le
pays sortent heureusement et assez vite
d'une crise douloureuse. Ne parlons
donc plus politique.
Il y a a France a défendre, l'Allema-
gne à abattre. ;
?Notre pensée s'arrête là-
- ' i . : aj . * ' ' '' '
; i , , .* . ;; .,
La Chambre et le Sénat n'ont tenu
hier qu'une séance de pure forme. _
Les deux assemblées doivent se réunir
aujourd'hui ; mais comme le ministère,
à peine constitué, ne pourra fournir au
Parlement aucune indication, il parait
certain qu'elles s'ajourneront à la se-
maine prochaine.
La déclaration ministérielle sera éla-
borée dans les conseils du gouverne-
ment qui se tiendront ces jours-ci et 11e
sera lue aux- Chambres que mercredi
prochain.'
Auguste Avril.
? : . ÎT '
Les nouveaux ministres
M. DE FREYCINET
Président de ia commission sénatoriale de
l'armée, M. de Freycinet est né le 14 no-
vembre 1828, à Foix (Ariège). Ancien élève
de- l'Ecole polytechnique, il alla en 184S se
mettre avec quelques-uns de ses jeunes ca-
marades à la idisposition do Lamartine qui
en fit ses officiers d'ordonnance. M, de Frey-
cinet fut délégué au gouvernement de Tours
en 1870, ministre des travaux publics de
1877 à 1879;; ministre des affaires é ran-
gères de 1879 à 1880 ; président du Conseil,
dos ministres en 1880, 1882, 1885, 1886, 1890,.
1891 et 1893 ; il ^awdonna » <59 moment Ips
affaires publiquespoôîl.se consacrer à l'exer-
cice dç. soù mandat dçi sénateur et-à l'étude
dos questions militaires. . . .:
,- V'On se souvient-que sous le ministère Cle-
menceau, M. déFreycinet,comme président
'de la commission de .l'armée, s'opposa à la
^réduction des périodes d'exercices dans là
réserve et la territoriale.
-> M. de Freycinet est membre de l'Acadé-
!. mie française.
I. |
MM. LÉON BOURGEOIS
ET EMILE COMBES
; . On connaît la carrière de MM. Léon Bour-
geois et -Emile Combes, dont le rôle poli-
tique est plus .récent que celui qu'a joué
M. de Freycinet. Ils sont cependant parmi
les doyens de la République radicale. L'un,
M. Léon -Bourgeois, plu* libéral, et qui,
dans maintes' circonstances, extérieures a
montré un sens exact des nécessités perma-
nentes de la politique.française, l'autre qui
ne marqua son passage aux affaires que par
l'anticléricalisme le pTus violent.
M. Bourgeois est- né à Paris le. 29 mai
1851, M. Combes est né à Roquecourbe
(Tarn), le 6'septembre 1835.
M. JULES MÉLINE
M; Méline, né à Remiremont (Vosges), le
20 mai 1838, fut sous-secrétaire d'Etat à la
ju tice en 1876, ministre de l'agriculture de
.1883 à 1885, président de la Chambre des dé-
putés de 1888 à 1889, élu au bénéfice de l'âge
contre M. Clemenceau ; ministre de l'agricul-
ture et président du Conseil de 1896 à 1898.
C'est à cette époque que M. Méline im-
prima à la politique républicaine-une orien-
tation nouvelle, largement libérale. j, ;
M. DENYS COCHIN
Député de" Paris, né à Paris en 1851, M.
Denys Cochin a fait la campagne 'dè 1870
comme maréchal des logis au 8° cuiras siers,
et porte-fanion du générai Bourbaki, dans la
campagne de l'Est.
Eiu en 1893 député .du huitième arrondis-
sement, il a toujours représenté cette cir-
conscription à la Chambre.
M. Denys Cochin appartient à la droite ;.il
s'est spécialisé dans les questions de poli-
tique extérieure et son autorité en ces ma-r
tières n'est point discutée au Parlement.
Curieux ae science et de philosophie, M.
Denys Cochin a publié plusieurs ouvrages
dont un des plus récents est consacré à la
philosophie de Descartes.
Il était dernièrement rapporteur delà ques-
tion des poudres, et son rapport a produit'
sur les membres de la commission du bud-
got la plus vive impression.
M. Denys Cochin est membre de l'Acadé-
mie française.
M. PAINLEVÉ
Né à Paris ïè 5" décembre 1863. Ancien;
élève de l'Ecole normale, docteur ès scien-
ces, .membre de l'Institut, est député de
Paris depuis 1910. 1
Il appartient au groupé des républicains^
socialistes, dont il est 'membre du comité
directeur.
" ." - ."'i i,.- .;
George V victime d'un léger accident
Londres, 29 octobre.
Tandis que le roi George passait une
revue de, ses troupes, hier matin, soij
cheval, excité par les cris .enthousiastes
de la foule, se cabra, jetant par terre le
Roi qui fut relevé sérieusement contu-
sionné.
Le roi George devra garder le lit pen-
dant plusieurs jours. On annonce que
Sa Majesté a passé une assez bonne
nuit. Sa température-est de 39°, avec
75 pulsations à la minute. L'état géné-
ral du souverain n'inspire aucune in-
quiétude. Ce matin, on constatait qu'if
s'était même amélioré-et ne laissait
craindre aucune complication.
La Guerre
4S3° jour de guerre
Communiqués officiels
3 heures.
JOURNÉE DU 28 OCTOBRE
Dans la soirée d'hier, des combats à
coups de bombes et, de torpilles parti-
culièrement violents ont eu lieu au nord
de l'Aisne dans les secteurs de Puisa-
leine et de Quennevières.
En Champagne, le bombardement ré-
ciproque, précédemment signalé, s'est
poursuivi au cours de la nuit dans les
mêmes régions de Tahure et de Mai-
sons de Champagne, ainsi que vers
l'ouvrage de la Courtine.
Rien à signaler sur le reste du .front.
Il heures soir.
JOURNÉE DU 29 OCTOBRE
Au cours des combats incessants qui
cV puirsuivent éiï Champagne pour îa
possession des portions de l'ouvrage de
« La Courtine » encore occupées par les
Allemands, nous avons réalisé aujour-
d'hui un très sensible progrès en enle-
vant; à l'ennemi, sur un front de cent
cinquante mètres environ, plusieurs
tranchées ' qu'il a défendues jusqu'au
dernier moment avec le plus extrême
acharnement. :
Nous avons fait deux cents prison-
niers valides dont un commandant de
compagnie et deux officiers. . - .v
Les Allemands oiit perdu, en outre,
près de quatre cents hommes tués où
blessés.
Sur le front de Lorraine, un bom-
bardement allemand particulièrement
violent est signalé entre la forêt de Par-
roy et la Vezouse.-Notre artillerie y a
répondu par des tirs efficaces sur les
batteries et ouvrages ennemis. Elle, a
atteint un train militaire en gare de
Burthécourt. ^ ?
J ; Communiqué belge
'] ; Quelques bombardements de peu de
durée devant Rykenhock, Pervyse, Mai-
son de Burg, Saint-Jacques-Cappelle et
jïla maison du Passeur.
Avis aux bavards
Le ministre de la guerre vient d'a^
dresser aux généraux gouverneurs mili-
taires de Paris' et de Lyon et les généraux
Commandant les régions la circulaire
suivante :
J'ai décidé de l'aire apposer à profusion
dans toutes les voitures servant au trans-
port en commun des placardsz de 38 centi-
mètres de haut sur 38 centimètres de largeur
environ, ainsi libellés :
« Taisez-vous! »
~ «Méfiez-vous!»
« Les oreilles ennemies vous écoutent!»
Un, envoi de 10,000 exemplaires vous sera
fait incessamment.
Vous voudrez bien en offrir les quantités
nécessaires à toutes les compagnies de trans-
port (sauf les chemins de fer qui en sont
pourvus directement par mes soins), notam-
ment aux Compagnies de tramways, en les
invitant à.les faire apposer" daua les véhi-
cules, salles d'attente, etc.; etc. .
Si la quantité allouée ci-dessus est insuf-
fisante, je vous prie de me demander d'ur-
gence celle qui vous semblé nécessaire.
' MILLERAND.
Le Tsar sur le front sud
Une dépêche de Pétrograd datée d'hier
annonce que le Tsar est parti le 24 oc-
tobre, avec le grand-duc héritier, du
quartier général pour le front sud. Parce
que l'on télégraphie cette nouvelle au
bout de cinq jours, alors que les déplace-
ments du Tsar sur les différents points
du front ne doivent très probablement
pas être régulièrement notifiés à l'étran-
ger, c'est évidemment que l'on y attache
de. l'importance, et il est aisé de com-
prendre pourquoi : le--front sud russe,
c'est là Galicie, la Bukovine, la Bessa-
rabie.
Le Tsar se rapproche, donc de la ré-
gion dans laquelle s'effectue'én ce mo-
ment la concentration de l'armée russe
qui va intervenir dans lés Balkans pour
apporter aux Serbes un sécours rédemp-
teur, et pour châtier la méprisable tra-
hison des faux Slaves de Sofia qui se
sont, avec le'Cobourg, vendus à l'Alle-
magne.
On verra alors à Sofia que le mani-
feste impérial, dénonçant et flétrissant
la.félonie bulgare, n'était "pas une vaine
menace et que le bombardement de
Varna n'a été qu'un premier avertisse-
ment. Il semble que l'on cherche déjà,
chez les Austro-Allemands, à se prému-
nir contre le danger menaçant. Mac-
kensen ne parait guère se hâter d'aller
embrasser le Grand-Turc à Constanti-
nople. Il a l'air de prolonger, plus
que 11e le rendrait nécessaire la ré-
sistance - serbe, le séjour de' son armée
dans le voisinage de la frontière hon-
groise. On dirait qu'il lui suffit pour
l'instant de pouvoir assurer à dés cha- 1
lands là traversée du Danube- jusqu'à-
Routschouk pour envoyer - aux Turcs les
; munitions qu'ils .attendent depuis si
; longtemps ét que lëà Roumains s'obsti-
nent à ne pas" laisser passer.
"C'est que la marche, en force, des
Russes, pour secourir lés Serbes, doit
nécessairenient déterminer une autre
intervention, celle des Roumains, qui,
le jour où une armée russe paraîtra sur
leur frontière, n'auront plus aucune rai-
son pour ajourner.encore l'exécution
des engagements pris par eux, enga-
gements formels, bien qu'ils ne stipu- i
lent aucune date. Et le jour où une
armée russe., appuyée par l'armée
roumaine qu'elle entraînera avec elle, pa-
? raîtra sur le Danube, en même temps que
l'armée serbe, appuyée par les contin-
gents français et lès contingents an-
' glais, marchera au canon du sud au
, nord, le rêve oriental des Allemands
1 s'évanouira, s'ils ont même le temps de
repasser le Danube, laissan Ferdinand
et les complices de s§ trahison régler,
leurs, comptes avec les Alliés et avec les
vrais Bulgares qu'ils n'auront pa,s eu le
temps de faire tous fusiller.
; !Et qe jour-là peut-être aussi qu'il no
sera plus question à. Athènes d'aller de-
mander à Berlin comment doit s'inter-
préter le traité gréco-serbe.
, roi; t.À-
' - - ? -? ± - '
Ch. Bouchard
t '-i' . . ' > '.
C'est un .des maîtres de la médecine
contemporaine qùi vient de disparaître,
et dont le -Figaro, hier, a annoncé la
mort.
_ Elève de Chàrcof, il commença par
étudier, comme son illustre maître, les
maladies du cerveau, de la moelle et des
ner.fsv Puis bientôt il abandonna la pa-
', thologie nèrvèuse.pourse consacrer tout
. entier à l'histoire'des maladies infec-
tieuses et'à la pathologie de la nutri-
tion.
On sait que, par le génie de Pasteur,
de 1S68 à 1888, toute la vieille médecine
êut bouleversée de fond en comblé. Ré-
volution si profonde, qu'il y à peu
d'exemples d'une antique science, si vite
> et si complètement transformée. En
. vingt ans, tout fut renversé. Si les des-
; criptions cliniques des vieux maîtres
restaient intangibles et intactes, leurs
'théories n'étaient plus qu'un verbiage
? Inutile. II fallut alors refaire une nou-
. 'yelle- médçchie,- et comprendre: que la
médecine b'liniqué, à éllé toute seule,
était impuissante»et qu'elle avait besoin
: d'être appuyée* sur. 1 l'expérimentation.
1 Bernard, dès iilàgis*'
, 1 iradéme'tit' dérûô'iitV'é' cette nécessité." ';
! Bouchard, dès le débùt, sut diriger,
. lui aussi, la médecine, dans cette voie. A
; côte-'dé. l'hôpital il institua le labora-
toire. Pour lui, la. pathologie générale se
confondit $vee la pathologie expérimen-
taie, ou plutôt;il se servait de l'expéri-
meptation pour édifier, parallèlement à
l'observation clinique, les principes de
la, médecine scientifique-
.Et d'abord.il vit nettement, un des
premiers, que, si le microbe détermine
la mort, c'est par les poisons qu'il sé-
; crête. Son élève, Charrin, fit, en 1888,f
dans son laboratoire,' une expérience
mémorable, qui en même temps que
l'expérience de Roux et de Yersin sur la
' diphtérie, établit nettement la toxicité
! des produits solubles microbiens, ce
qui devait conduire un jour à cette autre
magnifique conquête médicale, dérivant
directement des travaux de Pasteur : la
vaccination par les bouillons de cultu-
res, microbiennes stérilisées.
Dans les recherches scientifiques, une
découverte en amène d'autres : ce sont
les anneaux d'une chaîne sans fin. Après
avjoir analysé lès effets des poisons mi-
crobiens, Bouchard étudia les poisons
sécrétés,par les ce Iules vivantes; et il
fut amené à cette conception neuve et
hardie déspar auto-intoxica-
tions. L'organisme vivant fabrique sàhs
cesse des poisons, qui, s'ils ne sont pas
éliminés incessamment par les reins,
l'intestin ou les; poumons, produisent
des maladies et ralentissent la nutrition.
L'insuffisance fonctionnelle du foie et
celle dû rein ont pour conséquence la
non-élimination des poisons ; ce qui en-
traîne l'empoisonnement, c'est-à-dire la
maladie. :
Dans les beaux livres de pathologie
générale qu'il publia de 1882 à 1902, il a
eu le rare mérite de synthétiser les faits
ép'ars, soit cliniques, soit physiologiques,
de critiquer les doctrines imparfaites,
d'en établ r de nouvelles, et d'en déduire
des lois. Aussi est-il juste de dire qu'il
fut. un des principaux créateurs de la
pathologie, générale renouvelée.
Et puis, il ne faudrait pas juger son
oeuvre uniquement par les mémoires
scientifiques qu'il a publiés. Il l'ut un
chef décole, groupant autour de lui avec
sérénité, et autorité des disciples zélés,
laborieux» actifs, auxquels il communi-
quait son enthousiasme pour la recher-
che scientifique,
II avait/surtout un esprit clair, mètho;
dique, tout à fait français. Il savait, dans
une question complexe, démêler ce qui
est accessoire et ce qui est essentiel- Il a
imaginé des travaux de premier ordre. Il
a inspiré d'innombrables travailleurs.
Bref, il laisse une oeuvre puissante et
Sp,ine, et son nom, cher à ceux qu'il ai-
mait avec toute, l'ardeur d'un coeur gé-
néreux, sera toujours cité pour la grande
gloire de la médecine française, dans la
patrie de Claude Bernard et de Pasteur.
Charles Richet,
» de l'Académie des sciences.
J M. de Billow malade
Rome, 29 octobre.
La Gazelle de Vos s annonce que l'ex-chan-
celier allemand, prince de Biilow, a été
frappé d'une attaque d'apoplexie à Cologne.
Il a été transporte à Baden-Baden dans un
état grave. (Agence Four nier).
Bu cap Hellès à Salonique
16 octobre j91j.
Notre excellent collaborateur M. Robert de
Malgane a quitté les tranchées de Gallipoli
d'où il nous adressait dés lettres si pittores-
ques-et renseignées. ' De Grèce, i! nous-en-
voie cet intéressant réeit :
Tout arrive. Nous, renforcions nos
guitouns, nous remplacions les talus en
1,terre par des murs en pierre sèche, les
paillassons par des bâches ou des toits
en tôle en prévision des premières pluies
d'automne, et voici que l'ordre du départ
est arrivé, un soir, brusquement. Il faut
plier bagages, préparer tout : hommes,
voitures, chevaux, pour que notre divi-
sion soit prêté à quitter la presqu'île de
Gallipoli dans les quarante-huit heures'.
Les notes officielles sont muettes sur
, la destination, les bruits les plus fantai-
sistes circulent; avec des airs mysté-
rieux, on so chuchote à l'oreille le der-
nier tuyau. Mais si personne n'avoue la,
destination véritable, beaucoup s'en. .
j doutent. .
| : Les, dernières nouvelles reçues: des
| Balkans, en dévoilant le jeu misérable
j du gouvernement bulgare, permettaient
d'envisager quelles étaient les décisions
I qui allaient s'imposer aux puissances do,
j l'Entente. Et si personne, au milieu des
préparatifs fiévreux de départ de Seddul-
Bahr, ne parlait de Salonique, presque
tous y pensaient.
Le pont du Bon-Voyage accosté au
River Clydc est rapidement garni d'offi-
ciers; des serrements de mains, des sou-
haits sont échangés entre ceux qui res-
tent et ceux qui partent. Un peu d'émo-
tion nous étreint; il y a cinq mois',
exactement, nous débarquions sur- ce
même ponton ; nous songeons aux ca-
marades qui y sont passés nombreux et
qui sont restés sur ce sol ingrat de la
presqu'île.
Des tombes sont là sur le rivage. Un
des premiers qui posèrent le pied sur le
sol turc et qui tombèrent sur le rivage,
hier, en faisant une nouvelle tournéeTdu
côté des cyprès et des cimetières, je me
découvrais devant ces modestes croix de
bois dont les files bien alignées se sont
tant augmentées ! - j'ai prié en silence
pour tous ces braves gens qui dorment
prématurément, si loin de la mère pa-
trie, en ce coin de terre, devenu terre
française par le sang généreux qu'ils y
i ont répandu, leur dernier sommeil face
ià cet Orient, si* beau' par sa lumièveV'si
j gfaïid par.son passé, quî Semble les érf-
Lveiôppèr d'une auréole dé soleil et de
gloire l !
; Ces petites croix, je ne les oublierai
pas, et elles semblaient me dire : « Tu
pars, mais quand tu rentreras dans no-
tre pays, qué tu reverras nos familles,
i nos amis, dis-leur ce que tu as vu, disr
i leùr ce que nous avons souffert, dis-leur
j que nos dernières pensées ont été pour
eux et que la mort nous a paru douce
puisque c'est pour la France que nous
sommes bravement tombés! »
Et je leur ai juré que la France recon-
naissante les honorerait toujours et les
vengerait!
Au large, la mer est calme, bleue déli-
cieusement.comme le ciel sans nuage;
le Château d'Europe, la plage, si souvent
et une dernière fois encore sérieusement
marmitée pour saluer notre départ,
s'effacent dans le lointain et ne font
plus qu'une tache grise dans le miroite-
ment de l'horizon. Le cap Hellès, où
nous vécûmes, je puis le dire en le quit-
tant, des heures tragiques, retient long-
temps nos regards, et quand nous le
perdons de vue, c'est pour découvrir
l'admirable pic de Samothrace auquel
les rayons du soleil couchant donnent
un incomparable relief.
Il est là, majestueux, tout droit au-
dessus de la mer, découpé et lumineux
pointant vers le ciel; invisible, l'immor-
telle Victoire paraît pourtant, nimbée
d'or, tendre vers nous ses ailes déployées.
Et cette vision qui nous attire invinci-
blement, nous accompagne jusqu'à là
rade magnifique de Mudros où stationne
une des plus importantes flottes -
cuirassés, transports et croiseurs, sous-
marins et torpilleurs - qui se puisse
rencontrer.
Nous y passons quelques heures, assez
pour emporter de cette base "anglo-fran-
çaise l'impression profonde de la force
des deux grandes nations alliées, du
l'effort considérable, gigantesque qu'el-
les ont réalisé dans ce coin de terre
grecque admirablement doté par la na-
ture, de la détermination bien arrêtée
qu'il démontre de poursuivre-jusqu'au
bout cette entreprise d'Orient qui est la
cîél'de la question européenne.
Le lendemain, escorté de torpilleurs,
de plus de dix transports bondés de trou-
pes, nous quittons l'île où les Alliés, suc-
cesseurs d'HéphaïstôS, forgent de formi-
dables engins de guerre.Le pointde direc-
tion es t toujours inconnu ; mais au soleil
couchant - rouge comme si, dans cette
année de carnage, refluait .vers lui le
sang de tant de victimes immolées - la
masse sombre, imposante de rAthos,ùn
instant apparue à notre droite, nous in-
dique que nous longeons les pointes
?extrêmes de 1a. Chalcidique, et le matin,
de très bonne heure, la rade, le port, la
ville de Salonique s'illuminent.aux pre-
miers rayons d'un soleil qui se lève un
peu pâle et timidement.
Notre vapeur, nos torpilleurs, suivis de
tous nos transports, avancent lentement.
Quelques cuirassés anglais et français,
d autres transports qui nous'ont précé-
dés sont là. Des vapeurs grecs chargés
de réservistes, qu'a touchés l'ordre de
mobilisation générale récemment lancé
par la Grèce pour répondre à la mobili-
sation bulgare, passent également à dis-
tance. On se devine, on se regarde; doi t-
on s'acclamerV-0n ne sàittrop, il semble
qu'une certaine gêne, qu'une anxiété
planent. Des' bruits divers, denuis deux
Lô Numéro quotidien : DIX CENTIMES en France et en'Belgique - Etranger s VINGT CENTIMES
Samedi 30 Octobre 1915
* Gaston CALMETTE
Directeur (1902 -1914)
RÉDACTION - ADMINISTRATION
26, Bue Drouot, Paris (9® An")
, . . ? . , ( M. ALFRED CAPUS
Rédaction en Chef j M ROBERT DE FIERS
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Les Annonces et Réclames, sont également reçues
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LE FIGARO
Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant lés méchants, je me presse
de.rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer. 2» (BEAUMARCHAIS.)
H. DE VILLEMESSANT
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et Colonies françaises J 8 , ^ 11 34. »
Étranger - Union postale... 18 50 36 » 70 *.
On s'abonne'daps tous les bureaux de poste,
de France et d'Algérie ;
Le Nouveau Ministère
Devant un fait aussi important que
l'apparition, dans, les circonstances
présentes, d'un nouveau ministère, un
citoyen français n'a qu'une attitude à
prendre: c'est le ralliement loyal et
l'ardent souhait que la gouvernement
de demain soit ferme, uni, inaccessible
aux préoccupations de mesquine poli-
tique , et qu'il sache tendre vers la vic-
toire, tous les ressorts de la France.
Ne soyons pas injustes envers le gou-
vernement d'hier, celui de M. Viviani.
Il a été souvent à la hauteur de sa re-
doutable tâche et.il n'a péri que parce
qu'il s'est lui-même déchiré de ses pro-
pres mains.'Là encore la politique des
petites, ambitions et des groupes avait
glissé sesmortels ferments.
-Que réclame l'opinion unanime du
pays, avec l'accent d'une sommation
qui ne pardonnerait p/§ d'être mal écou-
tée? Elle réclame d'abord l'action, au.
sQp? le plus'général et le plys complot
du mot ; et elle l'espère de la sou pile et
vive intelligence de M. Briand qui, eh
se! trempant pour ainsi dire dans les
événements, saura se faire énergie.
Les conseils de l'expérience ne man-
queront pas au nouveau cabinet, avec
M. de Freycinet, M. Méline, M. Léon
Bourgeois. Un membre éminent de la
droite, M. Denys Cochin, est appelé à
neutraliser M- Combes. Nous espérons
qu'on lui permettra.de faire autre chose
et qu'on le laissera utiliser sa haute
culture,' soa; libéralisme, sa largeur de
vues?'... . ? ??
Mais le conseil n'est pas l'action. Il
appartiendra.au chef du gouvernement
et, à son illustre collaborateur, M. Jules
(Jambon, de l'en dégager, de lui donner
un corps, de l'imposer. Qu'un Louis
Barthou eût'été précieux encore dans
une combinaison pareille, et à cette date!
Mais ce n'est pas en sa faveur que des
délégations parlementaires font d'impé-
ratives et menaçantes démarches !
.Le.général Galliéni.succède à M. Mil-
lerand. 11 ne fallait pas moins qu'un des
pius grands noms et dés plus populaires
Uf5 l'armée française pour que l'opinion
pyt accepter le remplacement du minis-
tre de la guerre. "
Depuis plus d'un $n, M. Millerand a
manié ce formidable organisme de là dé-
fense, nationale avec line, force, une pré-
cision; un dévouement dont tous les pa-
triotes lui sauront éternellement gré. Il
a'dii réparer-les rouages, fout refaire
par endroits, ailleurs créer. Rencontrant
les fautes et les erreurs passées, l'accu-
mulation des préjugés-et des routines,:ii
lui a.,fallu, les dissocier et les vaincre.
Quand on l'a attaqué, il. ne s'est mis au
travail que d'un élan plus farouche, d'un
coeur plus fier. Il a dédaigné l'intrigue
qui' tournoyait ? autour de lui.: il y a
opposé la sérénité
bre, hier, "toutes les mains s'offraient à"
lui. C'est qu'il s'était mis, sans effort,
spar le jeu naturel de son caractère, au-
dessus dés'partis et qu'il profitait du
contraste. M. Millerand est une dès ré-
servés de fa patrie.
Le gouvernement n'a plus désormais
qu'à regarder droit devant lui. Qu'il
s'applique à effacer la trace des combi-
naisons politiques où il a pris naissance
et qu'il se.mette tout de suite .de plain-
peid avec-la nation ! Nous comptons
pour cela sur les admirables qualités
de M. Briand et sur la bonne fortuné
de la France.
Alfred Capus,
do l'Académie française.
LE CABINET BRIAND
.Le cabinet Briand, qui succède au ca:
bijjet Viviani, est constitué. Les décrets
nommant les nouveaux ministres pa-
raîtront ce matin au Journal officiel.
Voici-la composition du nouveau mi-,
nistère : ' '
présidénee du Cotvscil, MM-
Affaires.étrangères. Aristide BRIAND
Ministres d'Etat.. JDE FREYCINET, Léon
BOURGEOIS, Emile
OoMBEà, Jules
. GUESDE, DENYS CO-
CHIN.
Justifie - René VIVIANI
Guerre .............. Général GALLIÉNI
Mâriné .,\4. R.V, » . . . . Conf-amiral LACAZ'E
Finances « RIBOT .
intérieur . . MALVY
Instruction publif/ue et .-" >
ùwentio.ns in té r es- , . ' . -1
? surit la défense na-
tionale .' PAIN-LEVÉ
Commerce CLÉMENTEL
Agriculture.......... MÉLINE
Travaux publics SEMB.VÏ
Iravàrl : MÉTIN
Çoldnies......... DOUMERGUE
Sous-secrétaires d'Etat à la Guerre :? MM.
Albert THOMAS (Munitions); J.- THIERRY
(Ravitaillement) ; J.'GODAHX (Santé) ; René
ÉESNARD (Aviation). A'la Marine, M. NAIL.
Alix Beaux-Arts, M. DALIMIER.
M." Julës CAMBON, ancien ambassadeur de
.France en Allemagne, est nommé secré-
taire général du ministère des affaires
étrangères.
***
Le. cabinet ainsi constitué compte
quatre nouveaux ministres d'Etat : MM.
deFreycinet, Léon Bourgeois, E-_Combes,
sénateurs, et.Denys.Gochin, député. M.
Jiies Guesde ..appartenai t déjà avec le
titre de ministre sans portefeuille à l'an-
cien ministère. Où" remarquera qu'un
nouveau protocolevient d'être établi; li-
ne s'agit plus, eneffet,.de ministres sans
portefeuilles, ?mais bien dè : ministres
d'Etat qai, dans l'ordre dès préséances,
figurent dàhs la liste des ministres après
le président du Conseil et avant le garde
des .sceaux, -M- Viv.ani, ministre de. la
justice, vice-président du Conseil.
Le ministère comprend six nouveaux
ministres le général- Galliéni, qui suc-
cède à M. Millerand, au ministère de la
guerre; le contre-amiral Lacaze, qui
succède à la marine à M. Augagneur,
M. Painlevé, qui succède à M. Sarraut, à
l'instruction publique ; M. Méline, séna-
teur, qui succède à l'agriculture à M.
Fernand David ; M. Clémentel, qui suc-
cède au commerce à M. Thomson, et
M. Métin, qui prend, au travail, la place
de M. Bienvenu-Martin.
Les autres membres du cabinet Vi-
| viani, à l'exception di' M. Viviani, qùi
[abandonne la présidence 'du Conseil
pour la justice, gardent les portefeuilles
dont ils étaient titulaires". - '
Quant à M. Briand, le garde des
s sceaux, il devient président du Conseil
! et succède à M. Delcassé au ministère
des affaires étrangères.
.
C'est à la suite d'un dernier-Conseil de
cabinet tenu hier matin, au ministère
des affaires étrangères, que la crise offi-
cieusement ouverte depuis quelques
jours a été officiellement déclarée.
Au cours.de cette réunion, M. Viviani
a informé ses collègues de sa résolution
de sé démettre de ses fonctions et leur
a fait connaître les motifs de sa déter-
mination. Ceux-ci ont immédiatement
donné leur démission, que M. Viviani
est allé transmettre au Président de \a
République, avec la sienne. ,
Voici le texte de la lettre de démis-
sion que M.. Viviani, président- du
Conseil,. a remise au Président de la
République : .
Paris, 29 octobre 1915.
Monsieur le Président de la République,
Lors de la dernière interpellation à laquelle
j'ai répondu, j'ai dû constater, d'une part,
que malgré mes effort-, une minorité impor-
tanie s'était groupée sur la formation du co-
mité secret que j'avais formellement re-
poussé ; d'autre part, que plus de cent cin-
quante députés s'étaient refusés par leur
abstention au vote de confiance que j'avais
nettement réclamé. Je juge, et j ai exposé,
cet avis à. ipes collègues du cabinet, que plus
que jamais il est nécessaire de réformer au-
tour d'un gouvernement l'unanimité qui "ne
nous avait jamais fait défaut jusqu'ici au seiu
d'un Parlement qui a discute, comme c'était
soïi devoir et son droit, les affaires publiques,
d'ailleurs âvec une discrétion - dont il faut lé
louer, et qui a toujours donne l'exemple ,d6
la'discipliné et: de l'union. Je pense qu'une
autre personnalité politique pourra- reformer
et cimenter cette union qui est le voeu de
tous et. c'est pour le permettre que je remets
entre vos mains en même temps que ma dé-
mission, celle de mes collègues.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, les
assurances de mon respectueux dévouement.
René VIVIANI.
Le président do ' la République a
accepte la démission du cabinet et a ap-
pelé immédiatement M.Aristide Briand,
auquel il a offert la mission de consti-
tuer un-ministère!
M. Briand a accepté, et il a aussitôt
réuni au ministère de la justice quel-
ques-uns des membres du Parlement
dont il s'était assuré la collaboration :
MM. Méline, Combes, Léon Bourgeois,
Ribot, sénateurs ; Jules Guesde, Sem-
bat, Denys Cochin, Clémentel et Pain-
levé.
Après une conférence assez longue,
M. Briand a reçu M. Jules Cambon, an-
cien ambassadeur de France à Berlin,
dont il s'était assuré le concours pour le
secrétariat général du ministère des af-
faires étrangères.
A ce moment - vers midi - le cabi-
net était à peu près constitué- Il y avait
encore, cependant quelques petites diffi-
cultés à régler pour 1 attribution dés
portefeuilles. C'est à cette tâche que M.
Briand g. consacré une partie de son
après-midi et", à six heures, tout étant
aplani, il pouvait officiellement annon-
cer au Président de la République la
constitution du nouveau ministère.
%
*
Au point de vue politique; le minis-
tère que va présider M. Briand diffère
de celui de M. Viviani, en ce sens qu'il
élargit sensiblement les bases sur les-
quelles reposait l'ancien cabinet.
Déjà M. Viviani avait fait effort pour
réaliser l'union sacrée, en appelant, au
mois d'août 1914, MM. Briand, Ribot,
Millerand, Delcassé, Jules Guesde et
Sembat à collaborer avec lui.
Il avait, par la suite, élargi sa combi-
naison en offrant à M. Joseph Thierry, j
représentant des groupes modérés de la
Chambre, un sous-secrétariat d'Etat.
Aujourd'hui, M. Briand étend en quel-
que sorte la conception de. M. Viviani
en introduisant dans son cabinet, aux
côtés de MM. de Freycinet, Léon Bour-
g pis et Emile Combes, qui appartien-
nent à la gauche démocratique du S nat,
M. Méline, qui appartient à l'Union dé-
mocratique , de la Haute Assemblée et .
qui préside la Fédération progressiste,
dans laquelle figurent tous les républi-'
cains ayant constitué à la Chambre le
groupe progressiste, et il accentue son-
programme de large union nationale en
appelant dans les conseils du gouverne-,
ment M. Denys Cochin, qui siège au Pa-
lais-Bourbon à la droite de l'Assemblée.
D'autre part, il maintient dans son ca-
binet lés'éléments socialistes qui. figu-
raient dans le précédent, et dans l'attri-
bution des portefeuilles, il remplace |
quelques-uns de ses anciens collègues
des groupes radicaux et radicaux socia-
listes par des membres de ces mêmes j
groupes.
Enfin, il confie la Guerre et la Marine !
à un général et à un marin,.reprenant
ainsi une des conceptions qui lui étaient
chères, puisque dans un des premiers
cabinets qu'il constitua, il: rompait avec ?
?la formule des ministres civils en appe- j'
lant à..la guerre le général Bran et à la :
mariné l'amiral Boué de Lapeyrère.
Tout semble donc, politiquement -
car la politique ne peut, hélas! s'exclure
des combinaisons ministérielles s'é- ,
quilibrer. Je dis semble, car, pour être
logique jusqu'au bout; et pour réaliser
l'union totale, absolue, idéale, celle que,
pour notre part, nous aurions désirée,
M. Briand aurait du faire appel au con-
cours d'un homme qui rend.t à son
pays, à la veille de la guerre, l'inappré-
ciable service de faire voter à la Cham-
bre la loi de trois ans, et qui eut le grand
honneur de se faire renverser en soute-
nant l'immunité de' la Rente dans un
grand emprunt national : j'ai nommé
M. Louis Barthou. ' 1 .'
M. Briand, je le sais, a tenté de le
faire : il s'est heurté à une exclusive.
? Tant pis pour ceux qui l'ont formulée,
j Quoi qu'il en soit, lecabinet est main-
tenant constitué ; et - le Parlement et le
pays sortent heureusement et assez vite
d'une crise douloureuse. Ne parlons
donc plus politique.
Il y a a France a défendre, l'Allema-
gne à abattre. ;
?Notre pensée s'arrête là-
- ' i . : aj . * ' ' '' '
; i , , .* . ;; .,
La Chambre et le Sénat n'ont tenu
hier qu'une séance de pure forme. _
Les deux assemblées doivent se réunir
aujourd'hui ; mais comme le ministère,
à peine constitué, ne pourra fournir au
Parlement aucune indication, il parait
certain qu'elles s'ajourneront à la se-
maine prochaine.
La déclaration ministérielle sera éla-
borée dans les conseils du gouverne-
ment qui se tiendront ces jours-ci et 11e
sera lue aux- Chambres que mercredi
prochain.'
Auguste Avril.
? : . ÎT '
Les nouveaux ministres
M. DE FREYCINET
Président de ia commission sénatoriale de
l'armée, M. de Freycinet est né le 14 no-
vembre 1828, à Foix (Ariège). Ancien élève
de- l'Ecole polytechnique, il alla en 184S se
mettre avec quelques-uns de ses jeunes ca-
marades à la idisposition do Lamartine qui
en fit ses officiers d'ordonnance. M, de Frey-
cinet fut délégué au gouvernement de Tours
en 1870, ministre des travaux publics de
1877 à 1879;; ministre des affaires é ran-
gères de 1879 à 1880 ; président du Conseil,
dos ministres en 1880, 1882, 1885, 1886, 1890,.
1891 et 1893 ; il ^awdonna » <59 moment Ips
affaires publiquespoôîl.se consacrer à l'exer-
cice dç. soù mandat dçi sénateur et-à l'étude
dos questions militaires. . . .:
,- V'On se souvient-que sous le ministère Cle-
menceau, M. déFreycinet,comme président
'de la commission de .l'armée, s'opposa à la
^réduction des périodes d'exercices dans là
réserve et la territoriale.
-> M. de Freycinet est membre de l'Acadé-
!. mie française.
I. |
MM. LÉON BOURGEOIS
ET EMILE COMBES
; . On connaît la carrière de MM. Léon Bour-
geois et -Emile Combes, dont le rôle poli-
tique est plus .récent que celui qu'a joué
M. de Freycinet. Ils sont cependant parmi
les doyens de la République radicale. L'un,
M. Léon -Bourgeois, plu* libéral, et qui,
dans maintes' circonstances, extérieures a
montré un sens exact des nécessités perma-
nentes de la politique.française, l'autre qui
ne marqua son passage aux affaires que par
l'anticléricalisme le pTus violent.
M. Bourgeois est- né à Paris le. 29 mai
1851, M. Combes est né à Roquecourbe
(Tarn), le 6'septembre 1835.
M. JULES MÉLINE
M; Méline, né à Remiremont (Vosges), le
20 mai 1838, fut sous-secrétaire d'Etat à la
ju tice en 1876, ministre de l'agriculture de
.1883 à 1885, président de la Chambre des dé-
putés de 1888 à 1889, élu au bénéfice de l'âge
contre M. Clemenceau ; ministre de l'agricul-
ture et président du Conseil de 1896 à 1898.
C'est à cette époque que M. Méline im-
prima à la politique républicaine-une orien-
tation nouvelle, largement libérale. j, ;
M. DENYS COCHIN
Député de" Paris, né à Paris en 1851, M.
Denys Cochin a fait la campagne 'dè 1870
comme maréchal des logis au 8° cuiras siers,
et porte-fanion du générai Bourbaki, dans la
campagne de l'Est.
Eiu en 1893 député .du huitième arrondis-
sement, il a toujours représenté cette cir-
conscription à la Chambre.
M. Denys Cochin appartient à la droite ;.il
s'est spécialisé dans les questions de poli-
tique extérieure et son autorité en ces ma-r
tières n'est point discutée au Parlement.
Curieux ae science et de philosophie, M.
Denys Cochin a publié plusieurs ouvrages
dont un des plus récents est consacré à la
philosophie de Descartes.
Il était dernièrement rapporteur delà ques-
tion des poudres, et son rapport a produit'
sur les membres de la commission du bud-
got la plus vive impression.
M. Denys Cochin est membre de l'Acadé-
mie française.
M. PAINLEVÉ
Né à Paris ïè 5" décembre 1863. Ancien;
élève de l'Ecole normale, docteur ès scien-
ces, .membre de l'Institut, est député de
Paris depuis 1910. 1
Il appartient au groupé des républicains^
socialistes, dont il est 'membre du comité
directeur.
" ." - ."'i i,.- .;
George V victime d'un léger accident
Londres, 29 octobre.
Tandis que le roi George passait une
revue de, ses troupes, hier matin, soij
cheval, excité par les cris .enthousiastes
de la foule, se cabra, jetant par terre le
Roi qui fut relevé sérieusement contu-
sionné.
Le roi George devra garder le lit pen-
dant plusieurs jours. On annonce que
Sa Majesté a passé une assez bonne
nuit. Sa température-est de 39°, avec
75 pulsations à la minute. L'état géné-
ral du souverain n'inspire aucune in-
quiétude. Ce matin, on constatait qu'if
s'était même amélioré-et ne laissait
craindre aucune complication.
La Guerre
4S3° jour de guerre
Communiqués officiels
3 heures.
JOURNÉE DU 28 OCTOBRE
Dans la soirée d'hier, des combats à
coups de bombes et, de torpilles parti-
culièrement violents ont eu lieu au nord
de l'Aisne dans les secteurs de Puisa-
leine et de Quennevières.
En Champagne, le bombardement ré-
ciproque, précédemment signalé, s'est
poursuivi au cours de la nuit dans les
mêmes régions de Tahure et de Mai-
sons de Champagne, ainsi que vers
l'ouvrage de la Courtine.
Rien à signaler sur le reste du .front.
Il heures soir.
JOURNÉE DU 29 OCTOBRE
Au cours des combats incessants qui
cV puirsuivent éiï Champagne pour îa
possession des portions de l'ouvrage de
« La Courtine » encore occupées par les
Allemands, nous avons réalisé aujour-
d'hui un très sensible progrès en enle-
vant; à l'ennemi, sur un front de cent
cinquante mètres environ, plusieurs
tranchées ' qu'il a défendues jusqu'au
dernier moment avec le plus extrême
acharnement. :
Nous avons fait deux cents prison-
niers valides dont un commandant de
compagnie et deux officiers. . - .v
Les Allemands oiit perdu, en outre,
près de quatre cents hommes tués où
blessés.
Sur le front de Lorraine, un bom-
bardement allemand particulièrement
violent est signalé entre la forêt de Par-
roy et la Vezouse.-Notre artillerie y a
répondu par des tirs efficaces sur les
batteries et ouvrages ennemis. Elle, a
atteint un train militaire en gare de
Burthécourt. ^ ?
J ; Communiqué belge
'] ; Quelques bombardements de peu de
durée devant Rykenhock, Pervyse, Mai-
son de Burg, Saint-Jacques-Cappelle et
jïla maison du Passeur.
Avis aux bavards
Le ministre de la guerre vient d'a^
dresser aux généraux gouverneurs mili-
taires de Paris' et de Lyon et les généraux
Commandant les régions la circulaire
suivante :
J'ai décidé de l'aire apposer à profusion
dans toutes les voitures servant au trans-
port en commun des placardsz de 38 centi-
mètres de haut sur 38 centimètres de largeur
environ, ainsi libellés :
« Taisez-vous! »
~ «Méfiez-vous!»
« Les oreilles ennemies vous écoutent!»
Un, envoi de 10,000 exemplaires vous sera
fait incessamment.
Vous voudrez bien en offrir les quantités
nécessaires à toutes les compagnies de trans-
port (sauf les chemins de fer qui en sont
pourvus directement par mes soins), notam-
ment aux Compagnies de tramways, en les
invitant à.les faire apposer" daua les véhi-
cules, salles d'attente, etc.; etc. .
Si la quantité allouée ci-dessus est insuf-
fisante, je vous prie de me demander d'ur-
gence celle qui vous semblé nécessaire.
' MILLERAND.
Le Tsar sur le front sud
Une dépêche de Pétrograd datée d'hier
annonce que le Tsar est parti le 24 oc-
tobre, avec le grand-duc héritier, du
quartier général pour le front sud. Parce
que l'on télégraphie cette nouvelle au
bout de cinq jours, alors que les déplace-
ments du Tsar sur les différents points
du front ne doivent très probablement
pas être régulièrement notifiés à l'étran-
ger, c'est évidemment que l'on y attache
de. l'importance, et il est aisé de com-
prendre pourquoi : le--front sud russe,
c'est là Galicie, la Bukovine, la Bessa-
rabie.
Le Tsar se rapproche, donc de la ré-
gion dans laquelle s'effectue'én ce mo-
ment la concentration de l'armée russe
qui va intervenir dans lés Balkans pour
apporter aux Serbes un sécours rédemp-
teur, et pour châtier la méprisable tra-
hison des faux Slaves de Sofia qui se
sont, avec le'Cobourg, vendus à l'Alle-
magne.
On verra alors à Sofia que le mani-
feste impérial, dénonçant et flétrissant
la.félonie bulgare, n'était "pas une vaine
menace et que le bombardement de
Varna n'a été qu'un premier avertisse-
ment. Il semble que l'on cherche déjà,
chez les Austro-Allemands, à se prému-
nir contre le danger menaçant. Mac-
kensen ne parait guère se hâter d'aller
embrasser le Grand-Turc à Constanti-
nople. Il a l'air de prolonger, plus
que 11e le rendrait nécessaire la ré-
sistance - serbe, le séjour de' son armée
dans le voisinage de la frontière hon-
groise. On dirait qu'il lui suffit pour
l'instant de pouvoir assurer à dés cha- 1
lands là traversée du Danube- jusqu'à-
Routschouk pour envoyer - aux Turcs les
; munitions qu'ils .attendent depuis si
; longtemps ét que lëà Roumains s'obsti-
nent à ne pas" laisser passer.
"C'est que la marche, en force, des
Russes, pour secourir lés Serbes, doit
nécessairenient déterminer une autre
intervention, celle des Roumains, qui,
le jour où une armée russe paraîtra sur
leur frontière, n'auront plus aucune rai-
son pour ajourner.encore l'exécution
des engagements pris par eux, enga-
gements formels, bien qu'ils ne stipu- i
lent aucune date. Et le jour où une
armée russe., appuyée par l'armée
roumaine qu'elle entraînera avec elle, pa-
? raîtra sur le Danube, en même temps que
l'armée serbe, appuyée par les contin-
gents français et lès contingents an-
' glais, marchera au canon du sud au
, nord, le rêve oriental des Allemands
1 s'évanouira, s'ils ont même le temps de
repasser le Danube, laissan Ferdinand
et les complices de s§ trahison régler,
leurs, comptes avec les Alliés et avec les
vrais Bulgares qu'ils n'auront pa,s eu le
temps de faire tous fusiller.
; !Et qe jour-là peut-être aussi qu'il no
sera plus question à. Athènes d'aller de-
mander à Berlin comment doit s'inter-
préter le traité gréco-serbe.
, roi; t.À-
' - - ? -? ± - '
Ch. Bouchard
t '-i' . . ' > '.
C'est un .des maîtres de la médecine
contemporaine qùi vient de disparaître,
et dont le -Figaro, hier, a annoncé la
mort.
_ Elève de Chàrcof, il commença par
étudier, comme son illustre maître, les
maladies du cerveau, de la moelle et des
ner.fsv Puis bientôt il abandonna la pa-
', thologie nèrvèuse.pourse consacrer tout
. entier à l'histoire'des maladies infec-
tieuses et'à la pathologie de la nutri-
tion.
On sait que, par le génie de Pasteur,
de 1S68 à 1888, toute la vieille médecine
êut bouleversée de fond en comblé. Ré-
volution si profonde, qu'il y à peu
d'exemples d'une antique science, si vite
> et si complètement transformée. En
. vingt ans, tout fut renversé. Si les des-
; criptions cliniques des vieux maîtres
restaient intangibles et intactes, leurs
'théories n'étaient plus qu'un verbiage
? Inutile. II fallut alors refaire une nou-
. 'yelle- médçchie,- et comprendre: que la
médecine b'liniqué, à éllé toute seule,
était impuissante»et qu'elle avait besoin
: d'être appuyée* sur. 1 l'expérimentation.
1 Bernard, dès iilàgis*'
, 1 iradéme'tit' dérûô'iitV'é' cette nécessité." ';
! Bouchard, dès le débùt, sut diriger,
. lui aussi, la médecine, dans cette voie. A
; côte-'dé. l'hôpital il institua le labora-
toire. Pour lui, la. pathologie générale se
confondit $vee la pathologie expérimen-
taie, ou plutôt;il se servait de l'expéri-
meptation pour édifier, parallèlement à
l'observation clinique, les principes de
la, médecine scientifique-
.Et d'abord.il vit nettement, un des
premiers, que, si le microbe détermine
la mort, c'est par les poisons qu'il sé-
; crête. Son élève, Charrin, fit, en 1888,f
dans son laboratoire,' une expérience
mémorable, qui en même temps que
l'expérience de Roux et de Yersin sur la
' diphtérie, établit nettement la toxicité
! des produits solubles microbiens, ce
qui devait conduire un jour à cette autre
magnifique conquête médicale, dérivant
directement des travaux de Pasteur : la
vaccination par les bouillons de cultu-
res, microbiennes stérilisées.
Dans les recherches scientifiques, une
découverte en amène d'autres : ce sont
les anneaux d'une chaîne sans fin. Après
avjoir analysé lès effets des poisons mi-
crobiens, Bouchard étudia les poisons
sécrétés,par les ce Iules vivantes; et il
fut amené à cette conception neuve et
hardie déspar auto-intoxica-
tions. L'organisme vivant fabrique sàhs
cesse des poisons, qui, s'ils ne sont pas
éliminés incessamment par les reins,
l'intestin ou les; poumons, produisent
des maladies et ralentissent la nutrition.
L'insuffisance fonctionnelle du foie et
celle dû rein ont pour conséquence la
non-élimination des poisons ; ce qui en-
traîne l'empoisonnement, c'est-à-dire la
maladie. :
Dans les beaux livres de pathologie
générale qu'il publia de 1882 à 1902, il a
eu le rare mérite de synthétiser les faits
ép'ars, soit cliniques, soit physiologiques,
de critiquer les doctrines imparfaites,
d'en établ r de nouvelles, et d'en déduire
des lois. Aussi est-il juste de dire qu'il
fut. un des principaux créateurs de la
pathologie, générale renouvelée.
Et puis, il ne faudrait pas juger son
oeuvre uniquement par les mémoires
scientifiques qu'il a publiés. Il l'ut un
chef décole, groupant autour de lui avec
sérénité, et autorité des disciples zélés,
laborieux» actifs, auxquels il communi-
quait son enthousiasme pour la recher-
che scientifique,
II avait/surtout un esprit clair, mètho;
dique, tout à fait français. Il savait, dans
une question complexe, démêler ce qui
est accessoire et ce qui est essentiel- Il a
imaginé des travaux de premier ordre. Il
a inspiré d'innombrables travailleurs.
Bref, il laisse une oeuvre puissante et
Sp,ine, et son nom, cher à ceux qu'il ai-
mait avec toute, l'ardeur d'un coeur gé-
néreux, sera toujours cité pour la grande
gloire de la médecine française, dans la
patrie de Claude Bernard et de Pasteur.
Charles Richet,
» de l'Académie des sciences.
J M. de Billow malade
Rome, 29 octobre.
La Gazelle de Vos s annonce que l'ex-chan-
celier allemand, prince de Biilow, a été
frappé d'une attaque d'apoplexie à Cologne.
Il a été transporte à Baden-Baden dans un
état grave. (Agence Four nier).
Bu cap Hellès à Salonique
16 octobre j91j.
Notre excellent collaborateur M. Robert de
Malgane a quitté les tranchées de Gallipoli
d'où il nous adressait dés lettres si pittores-
ques-et renseignées. ' De Grèce, i! nous-en-
voie cet intéressant réeit :
Tout arrive. Nous, renforcions nos
guitouns, nous remplacions les talus en
1,terre par des murs en pierre sèche, les
paillassons par des bâches ou des toits
en tôle en prévision des premières pluies
d'automne, et voici que l'ordre du départ
est arrivé, un soir, brusquement. Il faut
plier bagages, préparer tout : hommes,
voitures, chevaux, pour que notre divi-
sion soit prêté à quitter la presqu'île de
Gallipoli dans les quarante-huit heures'.
Les notes officielles sont muettes sur
, la destination, les bruits les plus fantai-
sistes circulent; avec des airs mysté-
rieux, on so chuchote à l'oreille le der-
nier tuyau. Mais si personne n'avoue la,
destination véritable, beaucoup s'en. .
j doutent. .
| : Les, dernières nouvelles reçues: des
| Balkans, en dévoilant le jeu misérable
j du gouvernement bulgare, permettaient
d'envisager quelles étaient les décisions
I qui allaient s'imposer aux puissances do,
j l'Entente. Et si personne, au milieu des
préparatifs fiévreux de départ de Seddul-
Bahr, ne parlait de Salonique, presque
tous y pensaient.
Le pont du Bon-Voyage accosté au
River Clydc est rapidement garni d'offi-
ciers; des serrements de mains, des sou-
haits sont échangés entre ceux qui res-
tent et ceux qui partent. Un peu d'émo-
tion nous étreint; il y a cinq mois',
exactement, nous débarquions sur- ce
même ponton ; nous songeons aux ca-
marades qui y sont passés nombreux et
qui sont restés sur ce sol ingrat de la
presqu'île.
Des tombes sont là sur le rivage. Un
des premiers qui posèrent le pied sur le
sol turc et qui tombèrent sur le rivage,
hier, en faisant une nouvelle tournéeTdu
côté des cyprès et des cimetières, je me
découvrais devant ces modestes croix de
bois dont les files bien alignées se sont
tant augmentées ! - j'ai prié en silence
pour tous ces braves gens qui dorment
prématurément, si loin de la mère pa-
trie, en ce coin de terre, devenu terre
française par le sang généreux qu'ils y
i ont répandu, leur dernier sommeil face
ià cet Orient, si* beau' par sa lumièveV'si
j gfaïid par.son passé, quî Semble les érf-
Lveiôppèr d'une auréole dé soleil et de
gloire l !
; Ces petites croix, je ne les oublierai
pas, et elles semblaient me dire : « Tu
pars, mais quand tu rentreras dans no-
tre pays, qué tu reverras nos familles,
i nos amis, dis-leur ce que tu as vu, disr
i leùr ce que nous avons souffert, dis-leur
j que nos dernières pensées ont été pour
eux et que la mort nous a paru douce
puisque c'est pour la France que nous
sommes bravement tombés! »
Et je leur ai juré que la France recon-
naissante les honorerait toujours et les
vengerait!
Au large, la mer est calme, bleue déli-
cieusement.comme le ciel sans nuage;
le Château d'Europe, la plage, si souvent
et une dernière fois encore sérieusement
marmitée pour saluer notre départ,
s'effacent dans le lointain et ne font
plus qu'une tache grise dans le miroite-
ment de l'horizon. Le cap Hellès, où
nous vécûmes, je puis le dire en le quit-
tant, des heures tragiques, retient long-
temps nos regards, et quand nous le
perdons de vue, c'est pour découvrir
l'admirable pic de Samothrace auquel
les rayons du soleil couchant donnent
un incomparable relief.
Il est là, majestueux, tout droit au-
dessus de la mer, découpé et lumineux
pointant vers le ciel; invisible, l'immor-
telle Victoire paraît pourtant, nimbée
d'or, tendre vers nous ses ailes déployées.
Et cette vision qui nous attire invinci-
blement, nous accompagne jusqu'à là
rade magnifique de Mudros où stationne
une des plus importantes flottes -
cuirassés, transports et croiseurs, sous-
marins et torpilleurs - qui se puisse
rencontrer.
Nous y passons quelques heures, assez
pour emporter de cette base "anglo-fran-
çaise l'impression profonde de la force
des deux grandes nations alliées, du
l'effort considérable, gigantesque qu'el-
les ont réalisé dans ce coin de terre
grecque admirablement doté par la na-
ture, de la détermination bien arrêtée
qu'il démontre de poursuivre-jusqu'au
bout cette entreprise d'Orient qui est la
cîél'de la question européenne.
Le lendemain, escorté de torpilleurs,
de plus de dix transports bondés de trou-
pes, nous quittons l'île où les Alliés, suc-
cesseurs d'HéphaïstôS, forgent de formi-
dables engins de guerre.Le pointde direc-
tion es t toujours inconnu ; mais au soleil
couchant - rouge comme si, dans cette
année de carnage, refluait .vers lui le
sang de tant de victimes immolées - la
masse sombre, imposante de rAthos,ùn
instant apparue à notre droite, nous in-
dique que nous longeons les pointes
?extrêmes de 1a. Chalcidique, et le matin,
de très bonne heure, la rade, le port, la
ville de Salonique s'illuminent.aux pre-
miers rayons d'un soleil qui se lève un
peu pâle et timidement.
Notre vapeur, nos torpilleurs, suivis de
tous nos transports, avancent lentement.
Quelques cuirassés anglais et français,
d autres transports qui nous'ont précé-
dés sont là. Des vapeurs grecs chargés
de réservistes, qu'a touchés l'ordre de
mobilisation générale récemment lancé
par la Grèce pour répondre à la mobili-
sation bulgare, passent également à dis-
tance. On se devine, on se regarde; doi t-
on s'acclamerV-0n ne sàittrop, il semble
qu'une certaine gêne, qu'une anxiété
planent. Des' bruits divers, denuis deux
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