Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1910-11-03
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 novembre 1910 03 novembre 1910
Description : 1910/11/03 (Numéro 307). 1910/11/03 (Numéro 307).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k289020g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
JLe Numéro quotidien 10 CENTIMES dans toute la France Etranger 20 CENTIMES
56° Année 3e Série H° 307
Jeudi 3 Novemfejce iS^c
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
Gaston CALMETTE
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de France et d'Algérie.
fc loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâté
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)
S O MMÂIRB
te métier HENRI Lavedan.
L'heure présente Vous ou MOI.
Crise ministérielle Démission du cabinet
Briand. Le nouveau Cabinet solution
prochaine.
A l'ftranger La santé d'Abdul-Hamid.
L'entrevue de Polsdam. La tranqnil-
lité en Espagne.
M. Ratchkowski SERGIER.
Une réunion interdite MAXIME GIRARD.
Nouvelles diverses Mutinerie de marins à
Marseille. Les gagnants de la loterie.
Courrier de la Bourse ARMAND Yvel.
Gazette des tribunaux Les papiers du maré-
chal Lannes GEORGES CLARETIE.
Les obsèques de M. Robert Gangnat André
NÈDE.
Feuilleton. Les Pâques véronaiscs:P. Gaulot.
LE MÉTIER
M. Henri Lavedan, de l'Académie fran-
çaise, vient d'écrire pour la nouvelle et tou-
jours si intéressante et utile série des An-
nales du Théâtre, de notre distingué confrère
M. Edmond Stoulig, qui va prochainement
paraître à la librairie Ollendortf, une préface
dont il veut bien nous communiquer les
bonnes feuilles.
L'éminent auteur du Nouveau Jeu et du
Marquis de Priola y traite, avec une haute et
admirable compétence, la question du métier,
qu'il définit le « complément obligatoire et
serviteur nécessaire de l'art, sans lequel le
plus souvent ce dernier ne peut rien et n'est
qu'un pur esprit incapable de souffler même
où il veut ». Il faut, dit-il, « réhabiliter cette
Eminence grise M
Jamais, quitte a faire écumer quelques
incorrigibles, on ne saurait assez répé-
ter que la vie et l'art sont deux choses
'tout à fait opposées et différentes. La
vie n'est pas forcement l'art, pas plus
que l'art n'est forcément la vie ils peu-
vent chacun l'être, par exception, ou
pjutôt le devenir, mais sous certaines
réserves et conditions que l'on indiquera
tout à l'heure.
Pour atteindre à l'art, il faut sans
doute observer la vie et se servir d'elle,
mais ne pas la copier en esclave, j'allais
dire. les yeux fermés. C'est en s'en ins-
pirant et en la transformant; sans ce-
pendant la changer dans son ensemble
et dans son sens, que l'oii fera véritable
œuvre d'artiste, et d'artiste nourri, do-
cumenté, dirigé par la vie.
Elle fait bien de l'art, cette vie, mais
d'une certaine façon à elle, comme le
sol fait le diamant, à l'état brut et caché,
disséminé, mêlé à la gangue. Le rôle
-de fart sera de savoir, extraire, des im-
jpires ou inutiles matières qui l'embar-
rassent, ië\ précieux métal, et de ne le
révéler qis%n le simplifiant et le puri-
fiant.
Pour expliquer comment il me semble
qu'en matière théâtrale doit être com-
pris ce mécanisme de la vie et de la réa-
lité observée, puis déformée et modifiée,
sans que l'on y enlève rien cependant,
pour en obtenir de l'art, je vais prendre
un exemple que je crois clair.
Voilà un auteur en voyage. Un soir,
le hasard le rend malgré lui le témoin
d'une très dramatique explication con-
jugale qui a lieu dans la chambre conti-
guë à la sienne; les cloisons sont minces
et on ne se gêne pas pour parler haut et
fort, il entend tout, le trou de la serrure
attire son regard, il cède à la tentation
et il voit tout, comme s'il y était.
La scène à laquelle il assiste est prodi-
gieuse etpalpitanted'émotion. Lafemme,
accusée et convaincue d'adultère par le
mari, use pour se défendre de toutes les
ressources de son esprit, de son cœur
et de son sexe, emploie successivement
toutes les ruses; et il y a la phase de l'in-
dignation, celle de l'étonnement, celle
de la douleur, celle de la colère, celle, du
sarcasme, celle de l'attendrissement,
celle de la reprise sensuelle, celle des
larmes, celle du désespoir, etc.; et pa-
reillement, le mari a lui aussi la marche
de ses pensées et l'explosion de ses mou-
vements, il a les minutes de la fureur,
celles des reproches tristes où restent
des accents de tendresse aussitôt chas-
sée, il a les instants de retour sur le
passé, les menaces, les lueurs de la folie
.sanglante, les brutalités qui sont sur le
point d'aboutir, les éclairs de faiblesse
et d'amollissement. les velléités de
pardon. il a tout cela et bien d'autres
choses encore, et le mélange, le choc,
l'en.trelacement de ses paroles, de ses
cris, de ses questions, de ses griefs, de
ses violences et de ses dernières dou-
ceurs avec les autres propos, les autres
cris, les autres reproches, les autres
griefs, les réponses et les ripostes de la
malheureuse forment un ensemble in-
croyable et magnifique, dont notre au-
teur haletant boit le terrible flot, en ne
pouvant s'empêcher de se répéter tout
bas « Quelle scène quelle scène for-
midable et toute faite! Voilà la vie qui
saigne et qui hurle Voilà la vérité sans
mensonges Cette scène au théâtre Si
on pouvait la retenir, la transcrire, telle
quelle, sans en changer un mot, sans y
verser de la littérature. de quel irré-
sistible et puissant effet ne serait^lle
pas sur le spectateur? Elle emporterait
tout par son accent' de vérité que rien
n'égale, n'imite et ne dépasse !.» Et là-
sus, notre auteur, doué d'une mémoire
exercée et par-dessus le marché sténo-
graphe-émérite, fixe toute chaude sur le
papier, sans en retrancher une syllabe,
et sans y rien ajouter, la scène mer-
veilleuse qui bouleversera les hommes.
A peine a-t-il terminé et la plume lui
tombe-t-elle des mains, qu'il est ravi
'et soulagé. La chose est acquise et 1
ne "peut plus s'envoler. Nulle puissance
au monde n'est capable de lui retirer;le
chef-d'œuvre qu'il tient là, prisonnier
dans ces feuilles.
Le lendemain, la chambre voisine est
vide, les époux tragiques sont partis.
Peu importe, l'auteur n'a rien de plus
pressé que de s'enfermer et de relire
les pages tracées sous la dictée de la
vie, aux accents impérieux et fidèles
de la passion. Mais voilà une étrange
affaire Au fur et à mesure qu'il relit
ce dialogue de flamme, il lui semble qu'il
est moins brûlant, qu'il traîne et languit;
non, vraiment, ce n'est plus du tout la
même scène ardente et chaude. et si en-
traînante de la veille Çà et là, quelques
mots, quelques, accents lui redonnent
bien la secousse, mais tout le reste n'est
que froideur, langueur, banalité, ennui.
Notre auteur n'en revient pas de sa dé-
sillusion. Comment donc a-t-il pu se
tromper à ce point? Voulant en avoir le
cœur net, il se met à réfléchir et à serrer
de près la question.
Pourquoi la scène, vraie et vécue,
qui était si émouvante et m'a boule-
versé hier, ne porte-t-elle plus au-
jourd'hui à la lecture, et pourquoi de-
main, transcrite pourtant mot pour mot
et jouée avec autant de puissance que
dans la réalité, plus peut-être. ne ren-
drait-elle rien au théâtre ? La première
raison est celle-ci Quand j'étais hier le
témoin fortuit et caché, un peu coupa-
ble, de l'explication terrible, je savaisen
l'écoutant que c'était pour de bon, que
les êtres qui souffraient n'étaient pas
des personnages de comédie, je savais
que j'étais dans la vie et non au théâtre,
voilà la première et la supérieure cause
de mon intérêt et du genre d'intérêt que
j'ai pris au drame, sans me soucier le
moins du monde des règles théâtrales.
Si ce même drame est donné ensuite sur
un théâtre, il doit toujours me captiver
pour des raisons de vie sans doute, puis-
que le théâtre est une représentation de
la vie (j'ai dit une représentation et non
la représentation), mais il doit en plus
et surtout me prendre pour des motifs
théâtre, puisque c'est sa principale rai-
son d'être et sa condition même. En ef-
fet, si je ne veux que de la vie toute nue, je
n'ai pas besoin de m'enfermer dans une
salle de spectacle, je n'ai qu'à regarder
autour de moi, dehors, du matin au soir,
ou à passer mon. après-midi au Palais
de Justice. Mais si j entre exprès et en
payant dans un lieu clos où sont des dé-
cors et où on joue la comédie, c'est pour
y considérer un certain aspect de la vie
et sous l'optique théâtrale. C'est le bon
sens.
peu de lumière se fait donc et je
commence à comprendre* maintenant,
pourquoi ma scène étel, si belle quand ça n'était pas du
théâtre, devient terne et froide quand
« ça en est ». C'est parce que, telle quelle
et que l'a faite la vie, elle n'est pas pos-
sible au théâtre. En effet, elle dure, lue
dans la fièvre, une heure trois quarts.
Or, connaissez-vous une scène qui ait
ces dimensions-là? Moi, je n'en connais
pas et je ne crois pas qu'il en existe
et qu'il en puisse exister jamais. Dix
à douze minutes, c'est tout ce qui
est accordé, en moyenne, au drama-
turge pour développer et mener une
scène maîtresse, capitale. On peut,
avec beaucoup de talent, tirer la corde
jusqu'à vingt et vingt-cinq minutes.
une demi-heure, et puis c'est tout, on
n'ira pas au delà parce qu'on ne sera plus
suivi par le public. Ainsi, une scène de
la vie est trop longue de plus de moitié
pour le théâtre. Une scène de la vie est
ensuite pleine de répétitions; les gens
y ont dit et ressasse dix fois la même
chose il est possible et même nécessaire
de rabâcher dans la vie, au théâtre c'est
dangereux, et dire une chose deux fois
de suite sur les planches, c'est presque
déjà trop. Est-ce tout? Non. Les per-
sonnages de ma scène vraie et vécue ont
parlé au hasard, sans ordre, sans com-
position, sans règle, ils n'ont pas fait de
plan bien entendu, les pauvres, et ne se
sont pas souciés d'être courts ou intempé-
rants, d'amuser ou d'ennuyer, puisqu'ils
vivaient et qu'il ne s'agissait pour eux
que d'eux-mêmes, mari et femme, et non
de douze cents personnes difficiles qu'il
fallait agiter ils avaient donc le droit de
dire tout ce qui leur passait par la tête
et de faire tout ce qu'ils voulaientet ils ne
s'en sont pas privés; il en est résulté dans
leurs propos, dans l'enchaînement de
leurs discours, mille incohérences et
fautes de toutes sortes, qui pour eux
n'avaient aucune espèce d'importance,
mais qui en assument tout à coup une
immense et redoutable dès qu'il s'agit
de théâtre, par conséquent d'un art as-
sujetti à des nécessités, à des lois.
Et cependant l'art, sous peine de n'être
que jolie et vaine fumée, doit respecter
la vie, ne pas la trahir et ne procéder
que d'elle.
Alors? Comment donc faire?
Notre auteur ne se troublera pas; il
reviendra doucement au manuscrit de sa
scène vraie et vécue, il l'étalera sur la ta-
ble, comme si c'était les planches du
théâtre, et l'examinant avec attention
dans son ensemble et dans ses détails,
il verra qu'elle a tout ce qu'il faut pour
produire une admirable scène. drama-
tique, mais que rien n'y est à sa place;
les arguments y sont jetés sans ordre,
avec une maladresse navrante et une en-
fantinegaucherie, les faibles venant après
les forts tout raisonnement, tout mouve-
ment est à chaque seconde interrompu,
coupé, brisé, ne se suit pas, il y a tantôt
trop de verbiage et tantôt trop de si-
lence. la discussion, enfin, après d'inter-
nables chemins, ne fait pas une enjambée
et revient à son point de départ de telle
sorte que cela aurait pu, sans aucun
inconvénient, durer deux heures de
plus. Il s'agit à présent de combiner
d'une autre manière tous ces matériaux
excellents, étant donné le peu de temps
dont on dispose, le point d'où l'on
s'élance et celui que l'on veut attein-
dre, de ne faire dire à chacun que
l'essentiel et dans la progression de
force nécessaire à la courbe de là scène
qui doit avoir un commencement, un.
milieu, un point culminant et une fin, et
qui n'a pas le droit de foncer au hasard,
n'importe où. S'il y a des mots qui,
même archivrais, sont périlleux et inop-
portuns, il faut les rayer sans hésita-
tion. car ils risquent de jeter tout par
terre. La vie peut, en pleine situation
dramatique, s'offrir le luxe de commet-
tre une grosse bévue et de lâcher une
sottise. Le théâtre n'en a pas les
moyens. Si dans la vie, quand le sang
coule pour de bon', il se produit un inci-
dent ridicule, il ne fait pas rire, et si par
.hasard on rit, il n'en résulte rien de
fâcheux pour personne, tandis qu'au
théâtre on rit tout de suite et la pièce est
blessée- à mort.
Ainsi donc ayant opéré, sans la défor-
mer, cette transformation de la..vie, par
les moyens que je n'ai fait qu'indiquer
rapidement, ce' dramaturge a eu recours
au métier, au délicat, respectueux, diffi-
cile et noble métier sans lequel il n'au-
rait pas pu aboutir à l'oeuvre d'art et
d'art théâtral. Qu'il fasse maintenant
représenter la nouvelle scène animée,
éclairée, construite et ordonnée, c'est
celle-là qui sera la vie à la place de
la précédente, celle-là qui arrachera les
cris, l'émotion, l'angoisse, les pleurs,
tout bonnement je le répète une der-
nière fois parce que le Métier y a « souf-
flé l'Art.
Henri Lavedan.
1. y
Echos
La Température
Les mauvaises journées se succèdent hier,
encore, sous un ciel très sombre, le vent et la,
pluie ont fait rage et la température s'est no-
tablement refroidie, sous l'influence d'une
vaste zone cyclonique qui couvre en ce mo-
ment une grande partie de la France.
Dans la matinée, à Paris, le thermomètre,
marquait hier 50 au-dessus de zéro et 7° seu-
lement à cinq heures du soir. La pression ba-
rométrique accusait, à midi, 748m«>2.
Le vent est très violent du nord-ouest sur
nos côtes de la Manche et de l'Océan, où la
mer est démontée. La tempête s'est étendue
à la Méditerranée. La mer est grosse à Tou-
lon, furieuse à Livourne..
Les pluies ont été abondantes sur l'ouest et
le nord de l'Europe en France, elles ont été
à peu près générales.
La température a baissé sur l'ouest du
continent.
Départements, le matin. Au-dessus de \êro
2° à Besançon, 30 à Charleville, à Nancy et a
Belfort, 50 à Limoges, 7° à Dunkerque, à
Boulogne et à Lyon, 8° à Lorientet à Nantes;
90 à Cherbourg, à Brest et à Clermont, io° à
l'île d'Aix, ii° à Ouessant, à Rqchefort, à
Bordeaux et à Toulouse, 13° à 'Cette, 140 à
Biarritz et à Cap Béarn, 150 à Marseille et à
Oran, 160 à Perpignan, 170 à Alger.
En France, un temps à éclaircies et à aver-
ses est probable avec température un peu
basse.
(La température du.2 2 novembre 1909 était,
à Paris: 6° au-dessus -de zéro le matin et
ii° l'après-midi. Baromètre: 765™°; grande
pluie.) ̃
Les Courses
Aujourd'hui, à i heure 30, Courses à
Auteuil. Gagnants du Figaro
Prix de la Vallée Vœ Victis; Fiat.
Prix Lotus Henri IV.
Prix Varaville Hopper; Renteria.
Prix Vme»»e:PétropolisIII; Astre Royal.
Prix de Lodi Langue de Chat; Primat.
Prix des Etangs Val d'Amour; Lauzuna.
UN CABINET HOMOGÈNE
^>j. En apportant hier matin à l'Elysée,
<*T au lendemain de son grand suc-
cès, sa démission de président du
Conseil et par conséquent la démission
du cabinet tout entier, M. Briand a fait
un acte politique de la plus haute portée.
Il estimait que les tentatives de ré-
volte qui ont accompagné les dernières
grèves et que les tumultueux incidents
de la Chambre qui ont suivi leur répres-
sion rendaient nécessaire un programme
de défense sociale plus énergique, et
qu'à une situation nouvelle il fallait des
hommes nouveaux.
M. Fallières après avoir consulté
M. Antonin Dubost et M. Brisson,a par-
tagé ces mêmes sentiments et a chargé
aussitôt M. Briand de la formation du
nouveau.cabinet. Nous n'avons donc que
quelques heures à attendre pour pou-
voir juger la portée de cet évenement et
ses conséquences.
En tout cas,- les questions de person-
nes nous laissant pleinement indiffé-
rents, nous n'avons qu'à souhaiter à M.
Briand de ne s'adresser exclusivement,
pour la formation de son cabinet, qu'à
des hommes politiques dont la pensée,
la méthode, le programme et le .carac-
tère soient en accord parfait avec lui.
Il faut un ministère homogène capa-
ble de conquérir, de réunir et surtout de
conserver une majorité homogène elle
aussi, une majorité sincère, résolue,
fidèle, forte par la cohésion des senti-
ments beaucoup plus que par le nombre
des suffrages.
Le nombre ne fait pas la puissance
des majorités.
Le désaccord marqué par la plupart
des radicaux-socialistes depuis les ten-
tatives de grève générale a prouvé en effet
qu'un gouvernement d'ordre ne pouvait
plus compter sur l'appui de ce groupe,
et que, dans cette Chambre longtemps
hésitante, un classement nouveau se
produisait, à l'appel de M. Briand dont
le prestige grandit avec le courage,
et se dégageait enfin des oppositions
violentes, haineuses ou stériles que le
pays condamne définitivement..
La voie .du ministère de demain sem-
ble donc toute tracée pour l'œuvre d'as-
sainissement et d'apaisement qu'il faut
entreprendre.
Bien coupables seraient ceux qui, dans
la République, feraient échec aux hom-
mes d'énergie qui s'efforcent de conjurer
le péril révolutionnaire, car il n'y a plus
une heure à perdre pour éviter à notre
pays les pires catastrophes. Gaston
CALMETTE.
--ooo--
-A Travers Paris
Le sergent Hoff.' ̃
Les anniversaires dëy 70, sont évoqués
cette année, sem.bï.e-t-H, avec une piété
particulière. Il ,y, a, quarante ans! Ne
laissons donc pas passer.. ce début de
novembre sans -saluer- la mémoire d'un
des plus modestes héros de cette guerre,
que son extraordinaire et si pittoresque
bravoure avait, en 70, rendu célèbre
dans l'armée.
Le sergent Hoff appartenait au 7" de
marche, cantonné sur la Marne à l'épo-
que où les troupes allemandes vinrent
assiéger Paris. Hoff était un tireur d'une e
prodigieuse adresse; il avait pris pour
cibles tantôt les sentinelles avancées,
tantôt les colonnes en reconnaissance,
et chacune de ses balles était mortelle.
Il excellait dans l'embuscade, accompa-
gné de quelques hommes seulement, et
souvent seul. Un de ses coups les plus
hardis et les plus tragiques, pourrait-on
dire, il l'accomplit il y a juste aujour-
d'hui quarante ans, dans la nuit du
3 novembre.
Le temps était glacial; la nuit était
noire. ,Une sentinelle avancée se tenait
au bord de l'eau, à hauteur de l'île des
Moulins. Hoff se laisse glisser silencieu-
sement dans la Marne qu'il traverse à la
nage, une baïonnette à la ceinture,
aborde, en rampant, la sentinelle qui
tombe sans un cri, mortellement frap-
pée, puis il se jette à l'eau pour la se-
conde fois, et rejoint ses camarades au
cantonnement.
Le sergent Hoff, après la guerre, avait
obtenu du gouvernement la plus glo-
rieuse et la plus paisible des sinécures
il était gardien de l'Arc de triomphe. Et
c'est à ce poste d'honneur qu'il mourut,
il y a quelques années.
Une primeur littéraire.
Une délicieuse œuvre inédite d'Ed-
mond Rostand vient de paraître, qui
ajoute un nouveau succès aux triomphes
de l'illustre auteur de Chantecler.
C'est le prochain numéro des Lec-
tures pour tous, celui qui paraît au
mois de novembre, qui offrira à ses
lecteurs la précieuse primeur de ce
merveilleux poème. $•
PETITES CURIOSITÉS
C'est le moment où l'on va voir les pytho-
nisses.
L'année est morte avec le dernier rayon de
soleil. En vain le calendrier prétend qu'elle
ne finira que dans deux mois. Nous savons
bien à quoi nous en tenir. Déjà nous avons
reçu le nouvel almanach, l'almanach de 191 1.
Et igio est loin de nous.
Alors nous voudrions bien savoir ce que
nous réserve l'année commençante. Voici
donc, pour les mages et les devineresses
le moment où ils n'osent pas sortir de chez
eux. Dés neuf heures du matin, des gens
anxieux tirent la sonnette, tendent leur main,
pour qu'on y lise leur destinée, réclament le
grand Jeu, et penchent un visage angoissé
..sur la tasse de marc de café. Tirera-t-on leur
horoscope ? Ils sont nés sous le signe ambigu
des Gémeaux, heureusement contrarié par le
signe de Jupiter. La bonne aventure, ô gué
Tous auront une année heureuse.
Tous. Faites observer les lignes de votre
paume, consultez « l'esprit de 'Julia », ou in-
terrogez les astres. Vous obtiendrez une ré-
ponse favorable. On ne sait pas pourquoi les
pythonisses sont si peu décourageantes. Peut-
être ont-elles constaté que leurs clients n'atta-
chent de créance qu'aux prédictions heu-
reuses. Peut-être aussi leur philosophie pra-
tique leur a démontré que donner de l'espoir
c'est aussi donner du succès. Quoi qu'il en
soit, elles ne sauraient désespérer personne.
On ne voit sortir de chez elles que des gens
hilares et rassurés. C'est pourquoi, en vérité,
il ne faut pas mépriser les sciences occultes.
Les antichambres dés pythonisses sont fort
encombrées. Tant mieux. L'heure est bonne
pour faire sa petite provision d'optimisme.
-0-<><:>-<>
Le nouveau livre du docteur Paul Can-
tonnet Notions de médecine, d'hygiène
et de soins aux malades, vient son
heure à cette époque de l'année où sé-
vissent le plus grand nombre de mala-
dies. Ecrit avec la collaboration de nom-
breux spécialistes, anciens internes ou
chefs de clinique des hôpitaux, ce pré-
cieux volume ne se propose pas de rem-
placer le médecin, mais de l'aider en ins-
truisant l'entourage du malade de ce qui
doit être fait ou évité dans chaque cas
particulier il sera, à ce titre, d'un ines-
timable secours.
De quelques syndicats.
Les ouvreuses des théâtres, tout ré-
cemment, se syndiquèrent. Elles ont,
paraît-il, des intérêts corporatifs à dé-
fendre.
On sourit à la nouvelle. Un syndicat
d'ouvreuses! La chose fut jugée plai-
sante.
Il existe cependant nombre de syndi-
cats au moins aussi singuliers, dont
l'existence est officielle puisqu'ils figu-
rent à l'annuaire de la'Bourse du travail.
Celui des chiffonniers est célèbre,
ainsi que celui des marchands des
quatre-saisons. On connaît moins ceux
des laveurs de voitures, des palefreniers,
des artificiers, des boucheurs à l'émeri,
du personnel des boucheries hippopha-
giques, des fabricants de cannes à pêche
ou de plumeaux, des frotteurs rivaux
irréconciliables des encaustiqueurs
des. replànisseurs de parquets.
Sîais les deux plus curieux-sont assu-
içément le syndicat des tourneursen'pro-
cédés pour queues de billard et le syn-
dicat des cuiseurs de cachets pharma-
ceutiques. ̃ Ji
Les vaudevillistes, il y a quelque vingt t
ans, aimaient à railler les. Français -sur-
la facilité avec laquelle ils fondaient une
association. Trois Français se trouvaient-
ils réunis? Ils nommaient un président,
un secrétaire, un trésorier.
Ils font mieux aujourd'hui que s'asso-
cier ils se syndiquent..
-o->c-<>
La Société de la gravure originale en
couleurs, que préside avec tant d'auto-
rité le maître J.-P. Raffaëlli, a fait de son
salon qui s'ouvre aujourd'hui aux gale-
ries Georges Petit, une des plus belles
manifestations d'art qu'il nous aura été
donné de voir en 191O.Une extraordinaire
émulation règne parmi les artistes qui
se sont épris de cette délicieuse expres-
sion du cuivre polychromé, et chacun
arrive avec des planches dont le tirage
limité sera certainement enlevé sous
peu de jours.
Parmi ces planches que l'on va se dis-
puter, il faut citer plus spécialement
celles de Raffaëlli, de Henri Jourdain, de
Luigini, de Ch. Houdard, de G. de Late-
nay, de Luigi-Loir, de Georges Plasse,
de Fr. Charlet, de H. Cassiers, de Cha-
banian, de Alf.-M. Le Petit, de Pierre
Gatier, de S. Hugard, de G. Français, de
Cam. Fonce, de H. Detouche, de Eug.
Delâtre, de T.-Fr. Simon, de A. Jallot,
etc.; il y a, parmi ces estampes, de véri-
tables chefs-d'œuvre, et l'on devine
quelle valeur prendront plus tard ces
feuilles tirées sur papiers précieux et
enrichies de remarques tout à fait ori-
ginales.
L'exposition sera ouverte tout le mois
de novembre, les dimanches compris.
On rentre, on est rentré, et le Tout-
Paris qui s'amuse, fidèle à ses chères
habitudes, se retrouve chaque nuit chez
Lajunie, au restaurant Tabarin, dont les
soupers ont une renommée mondiale.
C'est dans les merveilleux salons de cet
établissement que tous les étrangers
viennent prendre contact avec tout ce
que Paris compte de viveurs et de jolies
femmes. Tabarin est et sera toujours le
centre de la gaieté.
Hors Paris
Pièces à conviction.
De New- York:
« On a amené, hier, au moyen de
poulies et d'un palan, dans le prétoire
de la Cour suprême des Etats-Unis,
comme pièces à conviction, une auto-
mobile de 60 chevaux toute bosselée et
le train disloqué d'un cabriolet; on dut
préalablement enlever les portés de la
salle d'audience.
» Ces pièces sont nécessaires pour ju-
ger l'affaire du millionnaire Rosenhei-
mer. Celui-ci, en conduisant une auto-
mobile à une vitesse exagérée, avait t
renversé le cabriolet, tué une jeune
femme qui s'y trouvait, s'était enfui,
puis caché pour échapper aux re-
cherches. »
Nouvelles à Za Main
Sport
La crise ministérielle a été ouverte
à il h. 15, le nouveau chef du gouver-
nement était désigné à 3 h. 35.
Tous les records sont battus.
On s'occupe activement du recru-
tement de notre armée noire.
On sera paré pour la prochaine
grève de chauffeurs.
Le Masque de Fer.
UHeure présente
Le problème de la sécurité des rues n'a
pas l'air d'avancer beaucoup. On avait
adopté la formule « Désarmer les apa-
ches et armer les honnêtes gens. » Mais à
l'exécution que d'obstacles
Ce désarmement, par la force, de cin-
quante mille malandrins exigerait la mo-
bilisation de toute une armée. Et, d'autre
part,il n'y a guère à espérer que ces mes-
sieurs viennent d'eux-mêmes, dans un
magnifique élan, déposer leurs « rigolos »
sur l'autel de la patrie.
Quant à la qualification des personnes
reconnues dignes du revolver, elle ne
rencontre pas moins de difficultés. Pour
les désigner, une enquête individuelle
sera nécessaire. Et au train dont notre ad-
ministration opère les recherches, avant
d'obtenir son permis de browning, on aura
dix fois le temps d'être chouriné.
Aussi, en vue d'activer les choses, M.
Honnorat, le distingué fonctionnaire de
la Préfecture, vient-il de proposer pour
la dispense d'enquête plusieurs catégories
de contribuables. Auraient d'office le
droit de s'armer les employés de l'Etat,
les dignitaires de la Légion d'honneur et
du Mérite agricole et enfin les personnes
décorées des palmes académiques.
Voilà qui est déjà plus rassurant. Rien
qu'avec les citoyens possédant les palmes,
on constituerait facilement. pour la dé-
fense de nos rues un corps formidable, et
je dirai même unique, puisqu'il serait ex-
clusivement composé d'officiers.
Mais hélas là encore la nature aura
mis le mal à-côté du remède. On voit en
effet la foule innombrable des candidats
au ruban violet et les coupes sombres
qu'il fallait y pratiquer pour arriver aux
deux promotions bisannuelles. Jusqu'ici
les prétextes ne manquaient pas. On évin-
çait ceux-ci pour insuffisance de titres,
ceux-là pour insuffisance d'âge, la majo-
rité pour insuffisance de .recommanda-
tions.
Mais lorsque les officiers d'académie
auront-acquis le 4roit aux armas défensi-
ves, comment avoir raison de la nuée des
aspirants ? Que pourrait-on répondre à
un candidat qui demandera les palmes,.
en déclarant que c'est pour lui une ques-
tion de vie oude mort ? yons ou.Moi. `
Vous on. Moi.
GRISE MINISTÉRIELLE
DÉMISSION DU CABINET BRIAND
'Le premier ministère Briand, consti.
tué au mois de juillet 1909, a vécu.
A l'issue du Conseil de cabinet d'hier
matin, M. le président du Conseil s'est
rendu à l'Elysée pour remettre au Prési-
dent de la République sa démission et
celle de ses collègues. A trois heures de
l'après-midi,. M. Fallières, après avoir
conféré avec les présidents de la Cham-
bre et du Sénat, faisait appeler M. Briand
et lui demandait de constituer un nou-
veau ministère. M. Briand acceptait im-
médiatement cette mission. Il s'est mis.
à l'œuvre et il est sur le point d'aboutir. •
PROCÉDURE NÉCESSAIRE
Avant d'exposer les motifs politiques
de la crise ainsi ouverte, il est néces-
saire d'expliquer la procédure suivie
par le président du Conseil et de donner
les raisons .de cette sorte de démission
de forme, que le droit constitutionnel et
parlementaire imposait à M. Briand.
Une crise ministérielle est, en effet,
presque toujours, le résultat d'un conflit
survenu entre une majorité parlemen-
taire et ceux qui gouvernent. Si l'on se
rapporte à l'histoire des quarante-huit
chutes de ministère qui, depuis septem-
bre 70, ont jalonné le cours de notre vie
politique, on constate que la plupart se
sont produites de cette façon sur un
vote où s'affirmait le désaccord d'un
ministère et d'une majorité.
Or, ce désaccord n'existait pas, puis-
qu'il y a cinqjours une majorité où figu-
rent près des trois cinquièmes de l'effec-
tif parlementaire a donné .sa formelle'
adhésion aux déclarations du. président
du Conseil.
Il est vrai que si le ministère et la ma-
jorité s'étaient dimanche trouvés d'ac-
cord, il était possible que les ministres
entre eux ne le fussent point: et c'est la
question qu'un grand nombre de per-
sonnes se posaient dans la journée
d'hier. Ces sortes de conflits « de coulis-
ses » ne sont pas rares dans notre his-
toire parlementaire. C'est sur un désac-
cord entre ministres qu'on a vu se dislo-
quer en 1880, le cabinet Freycinet; en
1883, les cabinets Duclerc et Fallières;
on 1898, le cabinet Charles Dupuy.
Ce n'était pas, quoi qu'on en ait dit, le
cas du ministère d'hier.
On s'est donc demandé c'était une
troisième supposition si cette démis-
sion du cabinet signifiait que M. Briand
renonçât temporairement au pouvoir '?
A supposer, en effet, que M. Briand
voulût s'en aller, la. démission du mi-
nistère tout entier s'imposait. C!est la
règle constitutionnelle.
Les ministres sont, en quelque sorte,
les lieutenants du président du Conseil;
c'est lui qui les choisit et, le cas échéant,
« répond » pour eux. Ne tenant que de
lui leurs pouvoirs, il est tout naturel
qu'à l'instant où le chef disparaît, ils dis-
paraissent. En 1902, la démission de M.
Waldek-Rousseau entraîna celle du ca-
binet tout entier; de même, en 190(1,
celle de M. Sarrien, dont plusieurs col-
laborateurs allaient se retrouver autour
de M. Clemenceau, son collègue de la
veille et son successeur.
M. Briand n'a jamais eu, lui, le dé-
sir de se retirer. 11 l'avait si peu qu'à
l'instant même où était annoncée la nou-
velle de sa démission, nous étions infor-
més que M. le Président de la Républi-
que confiait à M Briand la mission de
constituer un cabinet nouveau et quo
celui-ci l'acceptait.
II était ainsi libre de choisir pour le
second cabinet Briand des collabora-
teurs pris dans l'ancien, ou nouveaux.
De là cette crise d'un, genre inédit.
LES DEUX TENDANCES'
Cette crise n'a pas surpris outre me-
sure les milieux politiques. Elle était
dans l'air. Nous avons indiqué au jour
le jour les difficultés auxquelles se heur-
tait M. Briand, difficultés que les graves
incidents survenus à la Chambre au
cours de la dernière interpellation sur
la grève des chemins de fer n'avaient
fait qu'accentuer.
Les résistances qu'il rencontrait dans
le cabinet et qui devaient motiver la re-
traite de M. Viviani, ministre du travail,
rendaient sa situation particulièrement
délicate.
Dans le premier moment, le président
du Conseil avait pensé qu'un simple re-
maniement ne portant que sur les porte-
feuilles de l'agriculture et du travail,
suffirait à aplanir les difficultés., Mais
en réalité, si pour le passé l'accord avait
pu se faire au sein du cabinet et si tous
les ministres s'étaient solidarisés avec
lui pour prendre la responsabilité des
actes accomplis, il ne trouvait pas pour
l'avenir les mêmes adhésions.
C'est alors que M. Briand commença
à envisager la nécessité de procéder à
un remaniement beaucoup plus étendu.
Il ne voulut rien faire jusqu'au jour où
la Chambre, approuvant ses décla-
rations et ses actes, lui donnerait l'au-
torité nécessaire pour reconstituer un
cabinet dont les membres seraient
dès le premier jour pleinement d'accord
sur le programme de défense sociale. Ce
blanc-seing donné au président du Con-
seil par le Parlement lui a permis d'a-
gir, et c'est après y avoir mûrement ré-
fléchi, après avoir consulté ses amis et,
les personnages politiques les plus qua-
lifiés qu'il a pris la décision de remettre
entre lés mains du Président de la Ré-
publique la démission du cabinet.
LE DERNIER CONSEIL
Voici en quels termes M. Briand, >.
,d'après une note comniuaiqjiiée par île
56° Année 3e Série H° 307
Jeudi 3 Novemfejce iS^c
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
REDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9e Arr1)
ffiÉPHONE, Trois lignes H°s 102.46 102.47 102.49
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Trois mois Sis mois Un ail
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Étranger Union postale. 18 50 36 » 70
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Chez MM. LAGRANGE, CERF & C'J
S, place de la Bourse
Ost s'abonne dans tous les Bureaux de Poste
de France et d'Algérie.
fc loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâté
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)
S O MMÂIRB
te métier HENRI Lavedan.
L'heure présente Vous ou MOI.
Crise ministérielle Démission du cabinet
Briand. Le nouveau Cabinet solution
prochaine.
A l'ftranger La santé d'Abdul-Hamid.
L'entrevue de Polsdam. La tranqnil-
lité en Espagne.
M. Ratchkowski SERGIER.
Une réunion interdite MAXIME GIRARD.
Nouvelles diverses Mutinerie de marins à
Marseille. Les gagnants de la loterie.
Courrier de la Bourse ARMAND Yvel.
Gazette des tribunaux Les papiers du maré-
chal Lannes GEORGES CLARETIE.
Les obsèques de M. Robert Gangnat André
NÈDE.
Feuilleton. Les Pâques véronaiscs:P. Gaulot.
LE MÉTIER
M. Henri Lavedan, de l'Académie fran-
çaise, vient d'écrire pour la nouvelle et tou-
jours si intéressante et utile série des An-
nales du Théâtre, de notre distingué confrère
M. Edmond Stoulig, qui va prochainement
paraître à la librairie Ollendortf, une préface
dont il veut bien nous communiquer les
bonnes feuilles.
L'éminent auteur du Nouveau Jeu et du
Marquis de Priola y traite, avec une haute et
admirable compétence, la question du métier,
qu'il définit le « complément obligatoire et
serviteur nécessaire de l'art, sans lequel le
plus souvent ce dernier ne peut rien et n'est
qu'un pur esprit incapable de souffler même
où il veut ». Il faut, dit-il, « réhabiliter cette
Eminence grise M
Jamais, quitte a faire écumer quelques
incorrigibles, on ne saurait assez répé-
ter que la vie et l'art sont deux choses
'tout à fait opposées et différentes. La
vie n'est pas forcement l'art, pas plus
que l'art n'est forcément la vie ils peu-
vent chacun l'être, par exception, ou
pjutôt le devenir, mais sous certaines
réserves et conditions que l'on indiquera
tout à l'heure.
Pour atteindre à l'art, il faut sans
doute observer la vie et se servir d'elle,
mais ne pas la copier en esclave, j'allais
dire. les yeux fermés. C'est en s'en ins-
pirant et en la transformant; sans ce-
pendant la changer dans son ensemble
et dans son sens, que l'oii fera véritable
œuvre d'artiste, et d'artiste nourri, do-
cumenté, dirigé par la vie.
Elle fait bien de l'art, cette vie, mais
d'une certaine façon à elle, comme le
sol fait le diamant, à l'état brut et caché,
disséminé, mêlé à la gangue. Le rôle
-de fart sera de savoir, extraire, des im-
jpires ou inutiles matières qui l'embar-
rassent, ië\ précieux métal, et de ne le
révéler qis%n le simplifiant et le puri-
fiant.
Pour expliquer comment il me semble
qu'en matière théâtrale doit être com-
pris ce mécanisme de la vie et de la réa-
lité observée, puis déformée et modifiée,
sans que l'on y enlève rien cependant,
pour en obtenir de l'art, je vais prendre
un exemple que je crois clair.
Voilà un auteur en voyage. Un soir,
le hasard le rend malgré lui le témoin
d'une très dramatique explication con-
jugale qui a lieu dans la chambre conti-
guë à la sienne; les cloisons sont minces
et on ne se gêne pas pour parler haut et
fort, il entend tout, le trou de la serrure
attire son regard, il cède à la tentation
et il voit tout, comme s'il y était.
La scène à laquelle il assiste est prodi-
gieuse etpalpitanted'émotion. Lafemme,
accusée et convaincue d'adultère par le
mari, use pour se défendre de toutes les
ressources de son esprit, de son cœur
et de son sexe, emploie successivement
toutes les ruses; et il y a la phase de l'in-
dignation, celle de l'étonnement, celle
de la douleur, celle de la colère, celle, du
sarcasme, celle de l'attendrissement,
celle de la reprise sensuelle, celle des
larmes, celle du désespoir, etc.; et pa-
reillement, le mari a lui aussi la marche
de ses pensées et l'explosion de ses mou-
vements, il a les minutes de la fureur,
celles des reproches tristes où restent
des accents de tendresse aussitôt chas-
sée, il a les instants de retour sur le
passé, les menaces, les lueurs de la folie
.sanglante, les brutalités qui sont sur le
point d'aboutir, les éclairs de faiblesse
et d'amollissement. les velléités de
pardon. il a tout cela et bien d'autres
choses encore, et le mélange, le choc,
l'en.trelacement de ses paroles, de ses
cris, de ses questions, de ses griefs, de
ses violences et de ses dernières dou-
ceurs avec les autres propos, les autres
cris, les autres reproches, les autres
griefs, les réponses et les ripostes de la
malheureuse forment un ensemble in-
croyable et magnifique, dont notre au-
teur haletant boit le terrible flot, en ne
pouvant s'empêcher de se répéter tout
bas « Quelle scène quelle scène for-
midable et toute faite! Voilà la vie qui
saigne et qui hurle Voilà la vérité sans
mensonges Cette scène au théâtre Si
on pouvait la retenir, la transcrire, telle
quelle, sans en changer un mot, sans y
verser de la littérature. de quel irré-
sistible et puissant effet ne serait^lle
pas sur le spectateur? Elle emporterait
tout par son accent' de vérité que rien
n'égale, n'imite et ne dépasse !.» Et là-
sus, notre auteur, doué d'une mémoire
exercée et par-dessus le marché sténo-
graphe-émérite, fixe toute chaude sur le
papier, sans en retrancher une syllabe,
et sans y rien ajouter, la scène mer-
veilleuse qui bouleversera les hommes.
A peine a-t-il terminé et la plume lui
tombe-t-elle des mains, qu'il est ravi
'et soulagé. La chose est acquise et 1
ne "peut plus s'envoler. Nulle puissance
au monde n'est capable de lui retirer;le
chef-d'œuvre qu'il tient là, prisonnier
dans ces feuilles.
Le lendemain, la chambre voisine est
vide, les époux tragiques sont partis.
Peu importe, l'auteur n'a rien de plus
pressé que de s'enfermer et de relire
les pages tracées sous la dictée de la
vie, aux accents impérieux et fidèles
de la passion. Mais voilà une étrange
affaire Au fur et à mesure qu'il relit
ce dialogue de flamme, il lui semble qu'il
est moins brûlant, qu'il traîne et languit;
non, vraiment, ce n'est plus du tout la
même scène ardente et chaude. et si en-
traînante de la veille Çà et là, quelques
mots, quelques, accents lui redonnent
bien la secousse, mais tout le reste n'est
que froideur, langueur, banalité, ennui.
Notre auteur n'en revient pas de sa dé-
sillusion. Comment donc a-t-il pu se
tromper à ce point? Voulant en avoir le
cœur net, il se met à réfléchir et à serrer
de près la question.
Pourquoi la scène, vraie et vécue,
qui était si émouvante et m'a boule-
versé hier, ne porte-t-elle plus au-
jourd'hui à la lecture, et pourquoi de-
main, transcrite pourtant mot pour mot
et jouée avec autant de puissance que
dans la réalité, plus peut-être. ne ren-
drait-elle rien au théâtre ? La première
raison est celle-ci Quand j'étais hier le
témoin fortuit et caché, un peu coupa-
ble, de l'explication terrible, je savaisen
l'écoutant que c'était pour de bon, que
les êtres qui souffraient n'étaient pas
des personnages de comédie, je savais
que j'étais dans la vie et non au théâtre,
voilà la première et la supérieure cause
de mon intérêt et du genre d'intérêt que
j'ai pris au drame, sans me soucier le
moins du monde des règles théâtrales.
Si ce même drame est donné ensuite sur
un théâtre, il doit toujours me captiver
pour des raisons de vie sans doute, puis-
que le théâtre est une représentation de
la vie (j'ai dit une représentation et non
la représentation), mais il doit en plus
et surtout me prendre pour des motifs
théâtre, puisque c'est sa principale rai-
son d'être et sa condition même. En ef-
fet, si je ne veux que de la vie toute nue, je
n'ai pas besoin de m'enfermer dans une
salle de spectacle, je n'ai qu'à regarder
autour de moi, dehors, du matin au soir,
ou à passer mon. après-midi au Palais
de Justice. Mais si j entre exprès et en
payant dans un lieu clos où sont des dé-
cors et où on joue la comédie, c'est pour
y considérer un certain aspect de la vie
et sous l'optique théâtrale. C'est le bon
sens.
peu de lumière se fait donc et je
commence à comprendre* maintenant,
pourquoi ma scène étel, si belle quand ça n'était pas du
théâtre, devient terne et froide quand
« ça en est ». C'est parce que, telle quelle
et que l'a faite la vie, elle n'est pas pos-
sible au théâtre. En effet, elle dure, lue
dans la fièvre, une heure trois quarts.
Or, connaissez-vous une scène qui ait
ces dimensions-là? Moi, je n'en connais
pas et je ne crois pas qu'il en existe
et qu'il en puisse exister jamais. Dix
à douze minutes, c'est tout ce qui
est accordé, en moyenne, au drama-
turge pour développer et mener une
scène maîtresse, capitale. On peut,
avec beaucoup de talent, tirer la corde
jusqu'à vingt et vingt-cinq minutes.
une demi-heure, et puis c'est tout, on
n'ira pas au delà parce qu'on ne sera plus
suivi par le public. Ainsi, une scène de
la vie est trop longue de plus de moitié
pour le théâtre. Une scène de la vie est
ensuite pleine de répétitions; les gens
y ont dit et ressasse dix fois la même
chose il est possible et même nécessaire
de rabâcher dans la vie, au théâtre c'est
dangereux, et dire une chose deux fois
de suite sur les planches, c'est presque
déjà trop. Est-ce tout? Non. Les per-
sonnages de ma scène vraie et vécue ont
parlé au hasard, sans ordre, sans com-
position, sans règle, ils n'ont pas fait de
plan bien entendu, les pauvres, et ne se
sont pas souciés d'être courts ou intempé-
rants, d'amuser ou d'ennuyer, puisqu'ils
vivaient et qu'il ne s'agissait pour eux
que d'eux-mêmes, mari et femme, et non
de douze cents personnes difficiles qu'il
fallait agiter ils avaient donc le droit de
dire tout ce qui leur passait par la tête
et de faire tout ce qu'ils voulaientet ils ne
s'en sont pas privés; il en est résulté dans
leurs propos, dans l'enchaînement de
leurs discours, mille incohérences et
fautes de toutes sortes, qui pour eux
n'avaient aucune espèce d'importance,
mais qui en assument tout à coup une
immense et redoutable dès qu'il s'agit
de théâtre, par conséquent d'un art as-
sujetti à des nécessités, à des lois.
Et cependant l'art, sous peine de n'être
que jolie et vaine fumée, doit respecter
la vie, ne pas la trahir et ne procéder
que d'elle.
Alors? Comment donc faire?
Notre auteur ne se troublera pas; il
reviendra doucement au manuscrit de sa
scène vraie et vécue, il l'étalera sur la ta-
ble, comme si c'était les planches du
théâtre, et l'examinant avec attention
dans son ensemble et dans ses détails,
il verra qu'elle a tout ce qu'il faut pour
produire une admirable scène. drama-
tique, mais que rien n'y est à sa place;
les arguments y sont jetés sans ordre,
avec une maladresse navrante et une en-
fantinegaucherie, les faibles venant après
les forts tout raisonnement, tout mouve-
ment est à chaque seconde interrompu,
coupé, brisé, ne se suit pas, il y a tantôt
trop de verbiage et tantôt trop de si-
lence. la discussion, enfin, après d'inter-
nables chemins, ne fait pas une enjambée
et revient à son point de départ de telle
sorte que cela aurait pu, sans aucun
inconvénient, durer deux heures de
plus. Il s'agit à présent de combiner
d'une autre manière tous ces matériaux
excellents, étant donné le peu de temps
dont on dispose, le point d'où l'on
s'élance et celui que l'on veut attein-
dre, de ne faire dire à chacun que
l'essentiel et dans la progression de
force nécessaire à la courbe de là scène
qui doit avoir un commencement, un.
milieu, un point culminant et une fin, et
qui n'a pas le droit de foncer au hasard,
n'importe où. S'il y a des mots qui,
même archivrais, sont périlleux et inop-
portuns, il faut les rayer sans hésita-
tion. car ils risquent de jeter tout par
terre. La vie peut, en pleine situation
dramatique, s'offrir le luxe de commet-
tre une grosse bévue et de lâcher une
sottise. Le théâtre n'en a pas les
moyens. Si dans la vie, quand le sang
coule pour de bon', il se produit un inci-
dent ridicule, il ne fait pas rire, et si par
.hasard on rit, il n'en résulte rien de
fâcheux pour personne, tandis qu'au
théâtre on rit tout de suite et la pièce est
blessée- à mort.
Ainsi donc ayant opéré, sans la défor-
mer, cette transformation de la..vie, par
les moyens que je n'ai fait qu'indiquer
rapidement, ce' dramaturge a eu recours
au métier, au délicat, respectueux, diffi-
cile et noble métier sans lequel il n'au-
rait pas pu aboutir à l'oeuvre d'art et
d'art théâtral. Qu'il fasse maintenant
représenter la nouvelle scène animée,
éclairée, construite et ordonnée, c'est
celle-là qui sera la vie à la place de
la précédente, celle-là qui arrachera les
cris, l'émotion, l'angoisse, les pleurs,
tout bonnement je le répète une der-
nière fois parce que le Métier y a « souf-
flé l'Art.
Henri Lavedan.
1. y
Echos
La Température
Les mauvaises journées se succèdent hier,
encore, sous un ciel très sombre, le vent et la,
pluie ont fait rage et la température s'est no-
tablement refroidie, sous l'influence d'une
vaste zone cyclonique qui couvre en ce mo-
ment une grande partie de la France.
Dans la matinée, à Paris, le thermomètre,
marquait hier 50 au-dessus de zéro et 7° seu-
lement à cinq heures du soir. La pression ba-
rométrique accusait, à midi, 748m«>2.
Le vent est très violent du nord-ouest sur
nos côtes de la Manche et de l'Océan, où la
mer est démontée. La tempête s'est étendue
à la Méditerranée. La mer est grosse à Tou-
lon, furieuse à Livourne..
Les pluies ont été abondantes sur l'ouest et
le nord de l'Europe en France, elles ont été
à peu près générales.
La température a baissé sur l'ouest du
continent.
Départements, le matin. Au-dessus de \êro
2° à Besançon, 30 à Charleville, à Nancy et a
Belfort, 50 à Limoges, 7° à Dunkerque, à
Boulogne et à Lyon, 8° à Lorientet à Nantes;
90 à Cherbourg, à Brest et à Clermont, io° à
l'île d'Aix, ii° à Ouessant, à Rqchefort, à
Bordeaux et à Toulouse, 13° à 'Cette, 140 à
Biarritz et à Cap Béarn, 150 à Marseille et à
Oran, 160 à Perpignan, 170 à Alger.
En France, un temps à éclaircies et à aver-
ses est probable avec température un peu
basse.
(La température du.2 2 novembre 1909 était,
à Paris: 6° au-dessus -de zéro le matin et
ii° l'après-midi. Baromètre: 765™°; grande
pluie.) ̃
Les Courses
Aujourd'hui, à i heure 30, Courses à
Auteuil. Gagnants du Figaro
Prix de la Vallée Vœ Victis; Fiat.
Prix Lotus Henri IV.
Prix Varaville Hopper; Renteria.
Prix Vme»»e:PétropolisIII; Astre Royal.
Prix de Lodi Langue de Chat; Primat.
Prix des Etangs Val d'Amour; Lauzuna.
UN CABINET HOMOGÈNE
^>j. En apportant hier matin à l'Elysée,
<*T au lendemain de son grand suc-
cès, sa démission de président du
Conseil et par conséquent la démission
du cabinet tout entier, M. Briand a fait
un acte politique de la plus haute portée.
Il estimait que les tentatives de ré-
volte qui ont accompagné les dernières
grèves et que les tumultueux incidents
de la Chambre qui ont suivi leur répres-
sion rendaient nécessaire un programme
de défense sociale plus énergique, et
qu'à une situation nouvelle il fallait des
hommes nouveaux.
M. Fallières après avoir consulté
M. Antonin Dubost et M. Brisson,a par-
tagé ces mêmes sentiments et a chargé
aussitôt M. Briand de la formation du
nouveau.cabinet. Nous n'avons donc que
quelques heures à attendre pour pou-
voir juger la portée de cet évenement et
ses conséquences.
En tout cas,- les questions de person-
nes nous laissant pleinement indiffé-
rents, nous n'avons qu'à souhaiter à M.
Briand de ne s'adresser exclusivement,
pour la formation de son cabinet, qu'à
des hommes politiques dont la pensée,
la méthode, le programme et le .carac-
tère soient en accord parfait avec lui.
Il faut un ministère homogène capa-
ble de conquérir, de réunir et surtout de
conserver une majorité homogène elle
aussi, une majorité sincère, résolue,
fidèle, forte par la cohésion des senti-
ments beaucoup plus que par le nombre
des suffrages.
Le nombre ne fait pas la puissance
des majorités.
Le désaccord marqué par la plupart
des radicaux-socialistes depuis les ten-
tatives de grève générale a prouvé en effet
qu'un gouvernement d'ordre ne pouvait
plus compter sur l'appui de ce groupe,
et que, dans cette Chambre longtemps
hésitante, un classement nouveau se
produisait, à l'appel de M. Briand dont
le prestige grandit avec le courage,
et se dégageait enfin des oppositions
violentes, haineuses ou stériles que le
pays condamne définitivement..
La voie .du ministère de demain sem-
ble donc toute tracée pour l'œuvre d'as-
sainissement et d'apaisement qu'il faut
entreprendre.
Bien coupables seraient ceux qui, dans
la République, feraient échec aux hom-
mes d'énergie qui s'efforcent de conjurer
le péril révolutionnaire, car il n'y a plus
une heure à perdre pour éviter à notre
pays les pires catastrophes. Gaston
CALMETTE.
--ooo--
-A Travers Paris
Le sergent Hoff.' ̃
Les anniversaires dëy 70, sont évoqués
cette année, sem.bï.e-t-H, avec une piété
particulière. Il ,y, a, quarante ans! Ne
laissons donc pas passer.. ce début de
novembre sans -saluer- la mémoire d'un
des plus modestes héros de cette guerre,
que son extraordinaire et si pittoresque
bravoure avait, en 70, rendu célèbre
dans l'armée.
Le sergent Hoff appartenait au 7" de
marche, cantonné sur la Marne à l'épo-
que où les troupes allemandes vinrent
assiéger Paris. Hoff était un tireur d'une e
prodigieuse adresse; il avait pris pour
cibles tantôt les sentinelles avancées,
tantôt les colonnes en reconnaissance,
et chacune de ses balles était mortelle.
Il excellait dans l'embuscade, accompa-
gné de quelques hommes seulement, et
souvent seul. Un de ses coups les plus
hardis et les plus tragiques, pourrait-on
dire, il l'accomplit il y a juste aujour-
d'hui quarante ans, dans la nuit du
3 novembre.
Le temps était glacial; la nuit était
noire. ,Une sentinelle avancée se tenait
au bord de l'eau, à hauteur de l'île des
Moulins. Hoff se laisse glisser silencieu-
sement dans la Marne qu'il traverse à la
nage, une baïonnette à la ceinture,
aborde, en rampant, la sentinelle qui
tombe sans un cri, mortellement frap-
pée, puis il se jette à l'eau pour la se-
conde fois, et rejoint ses camarades au
cantonnement.
Le sergent Hoff, après la guerre, avait
obtenu du gouvernement la plus glo-
rieuse et la plus paisible des sinécures
il était gardien de l'Arc de triomphe. Et
c'est à ce poste d'honneur qu'il mourut,
il y a quelques années.
Une primeur littéraire.
Une délicieuse œuvre inédite d'Ed-
mond Rostand vient de paraître, qui
ajoute un nouveau succès aux triomphes
de l'illustre auteur de Chantecler.
C'est le prochain numéro des Lec-
tures pour tous, celui qui paraît au
mois de novembre, qui offrira à ses
lecteurs la précieuse primeur de ce
merveilleux poème. $•
PETITES CURIOSITÉS
C'est le moment où l'on va voir les pytho-
nisses.
L'année est morte avec le dernier rayon de
soleil. En vain le calendrier prétend qu'elle
ne finira que dans deux mois. Nous savons
bien à quoi nous en tenir. Déjà nous avons
reçu le nouvel almanach, l'almanach de 191 1.
Et igio est loin de nous.
Alors nous voudrions bien savoir ce que
nous réserve l'année commençante. Voici
donc, pour les mages et les devineresses
le moment où ils n'osent pas sortir de chez
eux. Dés neuf heures du matin, des gens
anxieux tirent la sonnette, tendent leur main,
pour qu'on y lise leur destinée, réclament le
grand Jeu, et penchent un visage angoissé
..sur la tasse de marc de café. Tirera-t-on leur
horoscope ? Ils sont nés sous le signe ambigu
des Gémeaux, heureusement contrarié par le
signe de Jupiter. La bonne aventure, ô gué
Tous auront une année heureuse.
Tous. Faites observer les lignes de votre
paume, consultez « l'esprit de 'Julia », ou in-
terrogez les astres. Vous obtiendrez une ré-
ponse favorable. On ne sait pas pourquoi les
pythonisses sont si peu décourageantes. Peut-
être ont-elles constaté que leurs clients n'atta-
chent de créance qu'aux prédictions heu-
reuses. Peut-être aussi leur philosophie pra-
tique leur a démontré que donner de l'espoir
c'est aussi donner du succès. Quoi qu'il en
soit, elles ne sauraient désespérer personne.
On ne voit sortir de chez elles que des gens
hilares et rassurés. C'est pourquoi, en vérité,
il ne faut pas mépriser les sciences occultes.
Les antichambres dés pythonisses sont fort
encombrées. Tant mieux. L'heure est bonne
pour faire sa petite provision d'optimisme.
-0-<><:>-<>
Le nouveau livre du docteur Paul Can-
tonnet Notions de médecine, d'hygiène
et de soins aux malades, vient son
heure à cette époque de l'année où sé-
vissent le plus grand nombre de mala-
dies. Ecrit avec la collaboration de nom-
breux spécialistes, anciens internes ou
chefs de clinique des hôpitaux, ce pré-
cieux volume ne se propose pas de rem-
placer le médecin, mais de l'aider en ins-
truisant l'entourage du malade de ce qui
doit être fait ou évité dans chaque cas
particulier il sera, à ce titre, d'un ines-
timable secours.
De quelques syndicats.
Les ouvreuses des théâtres, tout ré-
cemment, se syndiquèrent. Elles ont,
paraît-il, des intérêts corporatifs à dé-
fendre.
On sourit à la nouvelle. Un syndicat
d'ouvreuses! La chose fut jugée plai-
sante.
Il existe cependant nombre de syndi-
cats au moins aussi singuliers, dont
l'existence est officielle puisqu'ils figu-
rent à l'annuaire de la'Bourse du travail.
Celui des chiffonniers est célèbre,
ainsi que celui des marchands des
quatre-saisons. On connaît moins ceux
des laveurs de voitures, des palefreniers,
des artificiers, des boucheurs à l'émeri,
du personnel des boucheries hippopha-
giques, des fabricants de cannes à pêche
ou de plumeaux, des frotteurs rivaux
irréconciliables des encaustiqueurs
des. replànisseurs de parquets.
Sîais les deux plus curieux-sont assu-
içément le syndicat des tourneursen'pro-
cédés pour queues de billard et le syn-
dicat des cuiseurs de cachets pharma-
ceutiques. ̃ Ji
Les vaudevillistes, il y a quelque vingt t
ans, aimaient à railler les. Français -sur-
la facilité avec laquelle ils fondaient une
association. Trois Français se trouvaient-
ils réunis? Ils nommaient un président,
un secrétaire, un trésorier.
Ils font mieux aujourd'hui que s'asso-
cier ils se syndiquent..
-o->c-<>
La Société de la gravure originale en
couleurs, que préside avec tant d'auto-
rité le maître J.-P. Raffaëlli, a fait de son
salon qui s'ouvre aujourd'hui aux gale-
ries Georges Petit, une des plus belles
manifestations d'art qu'il nous aura été
donné de voir en 191O.Une extraordinaire
émulation règne parmi les artistes qui
se sont épris de cette délicieuse expres-
sion du cuivre polychromé, et chacun
arrive avec des planches dont le tirage
limité sera certainement enlevé sous
peu de jours.
Parmi ces planches que l'on va se dis-
puter, il faut citer plus spécialement
celles de Raffaëlli, de Henri Jourdain, de
Luigini, de Ch. Houdard, de G. de Late-
nay, de Luigi-Loir, de Georges Plasse,
de Fr. Charlet, de H. Cassiers, de Cha-
banian, de Alf.-M. Le Petit, de Pierre
Gatier, de S. Hugard, de G. Français, de
Cam. Fonce, de H. Detouche, de Eug.
Delâtre, de T.-Fr. Simon, de A. Jallot,
etc.; il y a, parmi ces estampes, de véri-
tables chefs-d'œuvre, et l'on devine
quelle valeur prendront plus tard ces
feuilles tirées sur papiers précieux et
enrichies de remarques tout à fait ori-
ginales.
L'exposition sera ouverte tout le mois
de novembre, les dimanches compris.
On rentre, on est rentré, et le Tout-
Paris qui s'amuse, fidèle à ses chères
habitudes, se retrouve chaque nuit chez
Lajunie, au restaurant Tabarin, dont les
soupers ont une renommée mondiale.
C'est dans les merveilleux salons de cet
établissement que tous les étrangers
viennent prendre contact avec tout ce
que Paris compte de viveurs et de jolies
femmes. Tabarin est et sera toujours le
centre de la gaieté.
Hors Paris
Pièces à conviction.
De New- York:
« On a amené, hier, au moyen de
poulies et d'un palan, dans le prétoire
de la Cour suprême des Etats-Unis,
comme pièces à conviction, une auto-
mobile de 60 chevaux toute bosselée et
le train disloqué d'un cabriolet; on dut
préalablement enlever les portés de la
salle d'audience.
» Ces pièces sont nécessaires pour ju-
ger l'affaire du millionnaire Rosenhei-
mer. Celui-ci, en conduisant une auto-
mobile à une vitesse exagérée, avait t
renversé le cabriolet, tué une jeune
femme qui s'y trouvait, s'était enfui,
puis caché pour échapper aux re-
cherches. »
Nouvelles à Za Main
Sport
La crise ministérielle a été ouverte
à il h. 15, le nouveau chef du gouver-
nement était désigné à 3 h. 35.
Tous les records sont battus.
On s'occupe activement du recru-
tement de notre armée noire.
On sera paré pour la prochaine
grève de chauffeurs.
Le Masque de Fer.
UHeure présente
Le problème de la sécurité des rues n'a
pas l'air d'avancer beaucoup. On avait
adopté la formule « Désarmer les apa-
ches et armer les honnêtes gens. » Mais à
l'exécution que d'obstacles
Ce désarmement, par la force, de cin-
quante mille malandrins exigerait la mo-
bilisation de toute une armée. Et, d'autre
part,il n'y a guère à espérer que ces mes-
sieurs viennent d'eux-mêmes, dans un
magnifique élan, déposer leurs « rigolos »
sur l'autel de la patrie.
Quant à la qualification des personnes
reconnues dignes du revolver, elle ne
rencontre pas moins de difficultés. Pour
les désigner, une enquête individuelle
sera nécessaire. Et au train dont notre ad-
ministration opère les recherches, avant
d'obtenir son permis de browning, on aura
dix fois le temps d'être chouriné.
Aussi, en vue d'activer les choses, M.
Honnorat, le distingué fonctionnaire de
la Préfecture, vient-il de proposer pour
la dispense d'enquête plusieurs catégories
de contribuables. Auraient d'office le
droit de s'armer les employés de l'Etat,
les dignitaires de la Légion d'honneur et
du Mérite agricole et enfin les personnes
décorées des palmes académiques.
Voilà qui est déjà plus rassurant. Rien
qu'avec les citoyens possédant les palmes,
on constituerait facilement. pour la dé-
fense de nos rues un corps formidable, et
je dirai même unique, puisqu'il serait ex-
clusivement composé d'officiers.
Mais hélas là encore la nature aura
mis le mal à-côté du remède. On voit en
effet la foule innombrable des candidats
au ruban violet et les coupes sombres
qu'il fallait y pratiquer pour arriver aux
deux promotions bisannuelles. Jusqu'ici
les prétextes ne manquaient pas. On évin-
çait ceux-ci pour insuffisance de titres,
ceux-là pour insuffisance d'âge, la majo-
rité pour insuffisance de .recommanda-
tions.
Mais lorsque les officiers d'académie
auront-acquis le 4roit aux armas défensi-
ves, comment avoir raison de la nuée des
aspirants ? Que pourrait-on répondre à
un candidat qui demandera les palmes,.
en déclarant que c'est pour lui une ques-
tion de vie oude mort ? yons ou.Moi. `
Vous on. Moi.
GRISE MINISTÉRIELLE
DÉMISSION DU CABINET BRIAND
'Le premier ministère Briand, consti.
tué au mois de juillet 1909, a vécu.
A l'issue du Conseil de cabinet d'hier
matin, M. le président du Conseil s'est
rendu à l'Elysée pour remettre au Prési-
dent de la République sa démission et
celle de ses collègues. A trois heures de
l'après-midi,. M. Fallières, après avoir
conféré avec les présidents de la Cham-
bre et du Sénat, faisait appeler M. Briand
et lui demandait de constituer un nou-
veau ministère. M. Briand acceptait im-
médiatement cette mission. Il s'est mis.
à l'œuvre et il est sur le point d'aboutir. •
PROCÉDURE NÉCESSAIRE
Avant d'exposer les motifs politiques
de la crise ainsi ouverte, il est néces-
saire d'expliquer la procédure suivie
par le président du Conseil et de donner
les raisons .de cette sorte de démission
de forme, que le droit constitutionnel et
parlementaire imposait à M. Briand.
Une crise ministérielle est, en effet,
presque toujours, le résultat d'un conflit
survenu entre une majorité parlemen-
taire et ceux qui gouvernent. Si l'on se
rapporte à l'histoire des quarante-huit
chutes de ministère qui, depuis septem-
bre 70, ont jalonné le cours de notre vie
politique, on constate que la plupart se
sont produites de cette façon sur un
vote où s'affirmait le désaccord d'un
ministère et d'une majorité.
Or, ce désaccord n'existait pas, puis-
qu'il y a cinqjours une majorité où figu-
rent près des trois cinquièmes de l'effec-
tif parlementaire a donné .sa formelle'
adhésion aux déclarations du. président
du Conseil.
Il est vrai que si le ministère et la ma-
jorité s'étaient dimanche trouvés d'ac-
cord, il était possible que les ministres
entre eux ne le fussent point: et c'est la
question qu'un grand nombre de per-
sonnes se posaient dans la journée
d'hier. Ces sortes de conflits « de coulis-
ses » ne sont pas rares dans notre his-
toire parlementaire. C'est sur un désac-
cord entre ministres qu'on a vu se dislo-
quer en 1880, le cabinet Freycinet; en
1883, les cabinets Duclerc et Fallières;
on 1898, le cabinet Charles Dupuy.
Ce n'était pas, quoi qu'on en ait dit, le
cas du ministère d'hier.
On s'est donc demandé c'était une
troisième supposition si cette démis-
sion du cabinet signifiait que M. Briand
renonçât temporairement au pouvoir '?
A supposer, en effet, que M. Briand
voulût s'en aller, la. démission du mi-
nistère tout entier s'imposait. C!est la
règle constitutionnelle.
Les ministres sont, en quelque sorte,
les lieutenants du président du Conseil;
c'est lui qui les choisit et, le cas échéant,
« répond » pour eux. Ne tenant que de
lui leurs pouvoirs, il est tout naturel
qu'à l'instant où le chef disparaît, ils dis-
paraissent. En 1902, la démission de M.
Waldek-Rousseau entraîna celle du ca-
binet tout entier; de même, en 190(1,
celle de M. Sarrien, dont plusieurs col-
laborateurs allaient se retrouver autour
de M. Clemenceau, son collègue de la
veille et son successeur.
M. Briand n'a jamais eu, lui, le dé-
sir de se retirer. 11 l'avait si peu qu'à
l'instant même où était annoncée la nou-
velle de sa démission, nous étions infor-
més que M. le Président de la Républi-
que confiait à M Briand la mission de
constituer un cabinet nouveau et quo
celui-ci l'acceptait.
II était ainsi libre de choisir pour le
second cabinet Briand des collabora-
teurs pris dans l'ancien, ou nouveaux.
De là cette crise d'un, genre inédit.
LES DEUX TENDANCES'
Cette crise n'a pas surpris outre me-
sure les milieux politiques. Elle était
dans l'air. Nous avons indiqué au jour
le jour les difficultés auxquelles se heur-
tait M. Briand, difficultés que les graves
incidents survenus à la Chambre au
cours de la dernière interpellation sur
la grève des chemins de fer n'avaient
fait qu'accentuer.
Les résistances qu'il rencontrait dans
le cabinet et qui devaient motiver la re-
traite de M. Viviani, ministre du travail,
rendaient sa situation particulièrement
délicate.
Dans le premier moment, le président
du Conseil avait pensé qu'un simple re-
maniement ne portant que sur les porte-
feuilles de l'agriculture et du travail,
suffirait à aplanir les difficultés., Mais
en réalité, si pour le passé l'accord avait
pu se faire au sein du cabinet et si tous
les ministres s'étaient solidarisés avec
lui pour prendre la responsabilité des
actes accomplis, il ne trouvait pas pour
l'avenir les mêmes adhésions.
C'est alors que M. Briand commença
à envisager la nécessité de procéder à
un remaniement beaucoup plus étendu.
Il ne voulut rien faire jusqu'au jour où
la Chambre, approuvant ses décla-
rations et ses actes, lui donnerait l'au-
torité nécessaire pour reconstituer un
cabinet dont les membres seraient
dès le premier jour pleinement d'accord
sur le programme de défense sociale. Ce
blanc-seing donné au président du Con-
seil par le Parlement lui a permis d'a-
gir, et c'est après y avoir mûrement ré-
fléchi, après avoir consulté ses amis et,
les personnages politiques les plus qua-
lifiés qu'il a pris la décision de remettre
entre lés mains du Président de la Ré-
publique la démission du cabinet.
LE DERNIER CONSEIL
Voici en quels termes M. Briand, >.
,d'après une note comniuaiqjiiée par île
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