Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1910-04-20
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 20 avril 1910 20 avril 1910
Description : 1910/04/20 (Numéro 110). 1910/04/20 (Numéro 110).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k288809d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO MERCREDI 20 AVRIL 191G
La vie prolongée
Néanmoins, la livraison du Samaritain aura
lieu seulement à l'issue de la saison de monte
del9iÛ.
Eugemo Garzon.
I&eÀffaire de Faux Tableaux
( .i~
 mesure que l'information chemine;
l'affaire même des faux tableaux pâlit;
mais la biographie du comte d'Aulby de
Gàtigny prend de l'intérêt la discré-
tion du comte, sur l'exactitude de son
état civil a obligé les gens à chercher,
et l'on est arrivé à cette certitude que
ledit d'Aulby, n'est ni comte, ni prince,
ni Lusïgnan, ni • Borghetto, ni Monte-
Campaeri, mais seulement chevalier
d'industrie.'
Le personnage prend une certaine
ampleur. Cet escroc a joué son rôle de
gentilhomme avec assez de talent et de
suite, pour conquérir l'amitié ou tout au
mains la confiance de ses dupes; il s'est
assuré les sympathies d'une ville où l'on
se pique avec raison de se connaître en
respectabilité; il s'est offert en spectacle
comme homme de foyer et descendant
des .croisades, à Tours; à Londres,
comme compositeur entraîné par une
irrésistible vocation, au point de dissi-
muler sous un nom roturier les titres
et, les quartiers de noblesse de ses aïeux;
iln'y a que sur les paquebots qu'il rede-
venait. l'oiseau de proie, guettant les na-
tures confiantes et les esbrouffant par
son:genre, si adroitement imité du bon
genre.
Et voyez comme il était servi par les
circonstances: M. Hamilton Paine, avec
qûiîtVétait lié sur le paquebot, et à qui.
il s'était imposé au point que, sans dis-
cussion, la collection s'était un matin
trouvée- accrochée dans l'hôtel- de l'ave-
nue du Bois, M. Hamilton Paine ne s'é-
tait pas abstenu de faire visiter sa de-
meuré à des amis et même à des ama-
teurs curieux d'approcher le riche Amé-
ricain; et on lui avait fait l'éloge de ces
tableaux truqués, au sujet desquels le
d'Aulby^n'avait pas craint d'articuler les
bourdes les plus inacceptables.
Mais. le châtelain de la Tour n'a pas su
se borner: il avaitpu fournir des tableaux;
il ne sut pas ne pas toucher le prix d'une
commiinde de vin qu'il ne pouvait livrer,
et cela le perdit, concurremment avec
une expertise qui concluait à la non-
valeur de la collection depuis deux ans
admjrce par tant de gens.
'Oh dit; que le prince comte et cheva-
lier voulut un moment fournir du beurre
et'des œufs à ses bons amis américains
en- cela, on prétend qu'il se souvenait.
Car il aurait servi dans son jeune âge
chezfurï marchand de beurre et œufs.
Toujours est-il que le juge instructeur
n'axas accordé hier la mise en liberté
sous caution que réclamait le couple ar-
rêté/Les indécisions volontaires de l'état
civilifourni par le pseudo-comte tour-
nent les regards du magistrat vers les
répertoires de l'anthropométrie; et il
faut s'attendre, en dépit de la défense du
Gatigny, à d'imprévues surprises. 1
Il serait curieux, enfin, que la musique
d4j;ç§gi;ofen#oîftJ.p.a^i)|ua4^M,q|ie son
•-68'fleii si iBq 9avï?w*u)".>is~:1 lad i'O(. I.
'~?$~1T31~ $(¡j'uD ?aptq J;.c ;?. ~o
Corrège et son Murillo n'élaient de Mu-
rillo ni du Corrège.
André Nède.
Dernier 'e. heure. En dernière heure,
on nous ̃télégraphie- de Tours que le
Parquet a saisi de nombreux tableaux
signés Ténicrs, Hamilton, Van den Wey-
den, Largillière, etc., que d'Aulby aire- |
connu' être faux.
Interrogé dans l'après-midi, l'inculpé
a avoué s'appeler Daulby sans particule,
être né à' Londres et être fils d'un tail-
leur; il a ajoute qu'il avait été naturalise
italien, et que les tableaux-provenaient
de son oncle.
LE FROID DANS LA MARINE
Les immenses bienfaits que peut ré-
pandre, dans une foule de domaines, le
« Froid industriel», ont attiré, ces der-
nières années surtout, l'attention géné-
rale- et l'intérêt qu'ils suscitent va gran-
dissant de jour en jour. Ce n'est pas le
lieu de rappeler ici les applications mul-
tiples commerciales et industrielles qu'on
peut en faire. Malheureusement beau-
coup de personnes ignorent en France
les services inappréciables que sait- ren-
dre le froid employé à"- la fabrication de
la glace, à la conservation des denrées
périssables, dans les services de trans-
ports, dans les armées, etc., dans l'in-
dustrie enfin où son utilisation est in-
nombrable et diverse.
Nulle part il n'est plus précieux que
dans la marine de guerre, car on peut
dire que là son emploi. est vital. Tandis
que toutes les grandes Puissances avaient
depuis longtemps muni leurs navires
d'installations réfrigérantes, la France,
au mois d'octobre 1909, ne possédait en-
core aucun navire rationnellement réfri-
gère. Cette lamentable lacune est au-
jourd'hui comblée. Le Desaix, le Kléber,
le Dupleix vont partir pour l'Extrême-
Orient et -l'on apprendra avec satisfac-
tion que dans ces trois croiseurs les
soutes à munitions sont frigorifiées, ren-
dant ainsi impossible le retour de catas-
trophes. M.Chéron se propose même
de faire installer sur tous nos cuirassés
des appareils permettant de donner à
volonté -de la glace hygiénique ù nos
.matelots.
Ces installations ont été bien entendu
confiées à la Société du Froid Industriel
qui, sous l'active et intelligente direction
'de son fondateur-administrateur, M. H.
de Werbrouck, a pris rang parmi les
plus grandes entreprises industrielles
de l'Europe. La Société du Froid Indus-
triel réalise en effet les grandes installa-
tions modernes comme celle deThôpital
maritime de Toulon;1 l'importance de
tels travaux montre quel magnifique
essor elle a pris et quel brillant avenir
lui est réservé.' Grâce à la persévérance
inlassable, a la ténacité de son.éminent
directeur, cette industrie française de-
vient mailresse du Froid industriel en
Europe et étend son action' jusqu'en
Amérique. en Ire mille l'adm.i-
Un exemple entre mille atteste l'admi-
r, '̃ "ihfiî si si'mièï «!>̃ insmulof.çl* tnsicib^qn
\j ,aawJ
la création de cet appareil nommé « Lilli-
put » qui comble la lacune des petites
installations frigorifiques pour châteaux,
villas, yachts, etc.
Pour terminerai fautrappelerun motde
M. H. deWérbrouck dans une de ses der-
nières conférences « Le froid est un en-
fant prodige, en même temps qu'il est
prodigue de bienfaits; c'est un des outils
les plus merveilleux que l'homme se soit
créés ». G. D:
̃ ̃ ̃• G. D.
VIENT DE PARAITRE
00-
Le nouveau prix de la Vie Heureuse
destiné au meifleur ouvrage d'érudition
vient d'être décerné à la Via de Frédéric
Nietzsche, l'étude si curieuse de Daniel
Halévy. (Calmann-Liéyy.)
Dans les Impressions d'Afrique, de Ray-
mond Roussel, on voit un éden resplen-
dissant dans lequel Ghîriz et Neddon,
étendus à l'ombre d'une sorte d'anémone
géante, sont éveillés par l'arrivée du nè-
gre Stingo.
LA RELIGION ET L'ART
Sous ce titre général < Les Grandes Figu-
Soûs ce titre général e Les Grandesrigu
res de l'art religieux», M. l'abbé Sertillanges,
professeur à l'Institut catholique de Paris,
donne en ce moment, à la Salle de géogra-
phie, des conférences dont le caractère spé-
cial mérite bien qu'on en souligne ici l'écla-
tant succès. La première fut consacrée au
Titien," dont l'éminent conférencier nous dit
en véritable artiste, avec une très remar-
quable compétence, un enthousiasme pas-
sionné et de jolies hardiesses d'expression, le
génie, de portraitiste, de paysagiste, de peintre
de genre, de peintre d'histoire et de peintre
religieux
«Titien fut un inventeur d'harmonies, un
virtuose de vibrations colbrées, et ne voulût-
on point parler de' ses autres dons, celui-là
suffirait à l'immortaliser au milieu des hom-
mes. Pour que le déluge de laideurs et de ba-
nalités ne menace plus la terre, il suffirait de
son arc-en-ciel. »
Et de quel accent, avec quelles couleurs,
pourrais-je dire, l'abbé Sertillanges évoqua-t-
il à l'esprit .et. aux yeux de ses auditeurs la
mort du Titien centenaire, la scène grandiose
de ses funérailles à Venise, à l'heure où la
peste désolait la ville « qui baigne dans un
double azur », et dont les gondoles, que notre
pensée associe plus volontiers à des représen-
tations de,vie insouciante et joyeuse, étaient
réquisitionnées pour, le long cortège des
morts 1
Il y avait dans l'auditoire beaucoup de
prêtres et beaucoup d'artistes attirés à la fois
par.la personnalité du conférencier et par le
sujet de la conférence. La haute société pari-
sienne y était représentée par une élite intel-
lectuelle. 'Tous, prêtres, artistes et gens du
monde, ont été conquis au charme de cette
parole -éloquente et, plus encore, à l'attrait
de cette aine de prêtre que l'on sent si noble-
ment éprise de beauté. Mais je ne sais si dans
l'admiration unanime qui alla ainsi à l'abbé
9effâMa3»i2Ses«il 'n?ent5ait$Sâ'un-i'Cér*aiA jétôn*
3 1 .go-ïtéirufrt 43b ,'î9-no,t nb liiovi^v-tc) .g-wik
q¡ 1 °~C~Ya Ii 9lia~6~ %Mb .74ür't `~i~ '[b1 i'
nement, comme si l'on admirait surtout que
les belles choses que l'on venait d'entendre
eussent été dites par un homme d'église.
Il faut, certes, convenir qu'il n'y a pas un
très grand nombre d'ecclésiastiques capables
de les dire en effet. Et cela tient sans doute à
ce'que l'éducation esthétique est forcément
un peu négligée dans les séminaires. C'est
d'ailleurs grand dommage, attendu qu'il
n'existe aucune incompatibilité entre la théo-
logie et le culte du beau. On peut dire, au
contraire,que celui-ci est impliqué dans celle-là.
Sur les rapports de l'art avec Dieu, le P. Mon-
sabré a exprimé naguère, dans le sanctuaire
de Pont-de-l'Arche, dédié à Notre-Dame des
Arts, des idées qui sont certainement fami-
lières à l'abbé Sertillanges.
« Partant de l'existence créée, la raison
monte à Dieu comme à la cause première
partant de l'ordre, de la proportion, de l'har-
monie des êtres, le sens artistique monte à
lui comme la première beauté. Il est l'idéal
qui plane au-dessus des imperfections de la
nature et attire à lui l'âme désireuse de voir
plus beau qu'on ne voit'en ce monde. C'est
son idée qu'il a exprimée dans la perfection
de la nature. Le monde est une manifestation
de cette idée en laquelle chaque créature est
belle'de la beauté de Dieu. J'aime cette noble
définition de Kant « Le beau, c'est un reflet
» de l'infini sur le fini, c'est Dieu entrevu. ».
0 nature, tes beautés ne nous charment que
parce que nous y voyons le rayonnement de
l'infinie beauté de Dieu. Le beau, c'est le di-
vin dans la création. »
Et, d'autre part, la tradition évangélique
ne nous dit-elle pas que le Christ est « le plus
beau des enfants des hommes ? » Le P. Gaffre
a écrit sur ce thème un livre merveilleux les
Portraits dia Christ, dont l'examen fut com-
mis précisément au. P. Sertillanges quand
tous deux appartenaient à l'ordre des Domi-
nicains, ainsi que le P. Monsabré, qui lui, du
moins, a pu mourir dans sa bure immaculée
de fils de Saint-Dominique. « Le Christ, lit-
on dans la préface du livre du P. Gaffre, est
le plus beau des enfants des hommes, et les
malades abondent que la vision splendide
peut guérir. »
N'est-ce pas cette vision splendide qui
convertit, c'est-à-dire qui guérit l'âme de
Huysmans ? « Durtal n'avait que cela pour
lui, mais il l'avait au moins, l'amour pas-
sionné de la mystique et de la liturgie, du
plain-chant et des cathédrales Sans mentir,
et sans se leurrer aussi, il pouvait, en toute
sécurité, s'écrier « Seigneur, j'ai aimé la
beauté de votre maison et le lieu où habite
votre gloire. »
Qu'il s'agisse de sculpture, de peinture ou
de musique, de danse même pourquoi pas?
le saint roi David a bien dansé devant l'arche
l'art, même profane, n'est point étranger à
la religion, puisqu'il exprime toujours de la
beauté, et que son culte nous rapproche donc
de la source éternelle de l'être, du vrai, du
bien et du beau.
J'en conclus que l'abbé Sertillanges ne fait
pas seulement œuvre d'artiste en nous con-
viant à étudier avec lui tour à tour les gran-
des figures de l'art religieux Titien, Rubens,
Van Dyck, Rembrandt, Vélasquez, Murillo,
mais aussi œuvré religieuse, œuvre d'apolo-
giste et d'apôtre. Je rappelle que ses quatre
dernières conférences auront lieu à quatre
heures et demie, les 23 et 30 avril, 7 et 14 mai.
Julien de. Narfon.
• ?(H.ô .w-^Wii -\itnco ne p^upûsdo asJ
-i^vS'yB') si? îno ..nom ai i'jswnns khovg sik
LA CONQUÊTE DE L'AIR,
Le Meeting de Nice
Une chute dans le Var
(PAR- DÉPÊCHE ̃ DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Nice, 19 avril.
Samedi dernier, Rawlinson inaugura
la série des chutes en mer. Dimanche,
Ch.ayez l'imita. La chute du jour. c'est
aujourd'hui celle de l'Allemand Grade.
Elle n'eut pas le pathétique de la chute de
Rougier. Mais peu s'en fallût qu'elle ne
fût beaucoup plus grave et ne prît les
proportions d'une catastrophe..
Grade, qui volait depuis dix minutes
en pilotant un monoplan de sa construc-
tion,. manœuvrait pour atterrir. Au mo-
ment de prendre le contact-avec le sol,
il s'aperçut que la place devant les tri-
bunes était défectueuse. Il veut repren-
dre son vol. Il s'enlève en effet. Mais le
moteur faiblit et voici que le biplan,
presque en dérive, est lancé vers la jetée
qui endigue le Var.
Grade a vu le danger. Il agite déses-
pérément l'élévateur, passe au-dessus
du public, évite les tribunes, franchit le
môle comme s'il le sautait. Mais de l'au-
tre côté, à bout de forces, le monoplan
piquait du nez et plongeait dans le 'Var
dont les eaux coulent abondantes et tor-
rentueuses.
L'accident passa presque inaperçu. Le
rempart de pierres en avait caché les
péripéties au public. Et Grade eut une
chance inouïe. Il tomba, dans une eau
morte. Si sa chute s'était produite trois
mètres plus loin, il était perdu, tout se-
cours eût été inutile. Les tourbillons du
fleuve, dont l'a violence est actuellement
inouïe, auraient roulé l'homme et l'oi-
seau, noyé l'un et brisé l'autre.
Grade put se dégager tout seul. On
était d'ailleurs bien empêché de l'aider.
L'aile droite, la queue et l'hélice du mo-
noplan étaient cassées et l'hélice ficiiée
dans le sol. Le courageux aviateur aile-
mand prit l'aventure en riant,. puis, éner-
giquement, songea à se tirer du mauvais
nas où il se trouvait.
La scène- ne manqua ni de pittoresque
ni d'émotion. Seul, au milieu du lit du
fleuve, Grade, barbottant dans l'eau,
s'efforce, sous les yeux de deux cents
personnes impuissantes, de traîner son
oiseau sur un banc de galets. 11 y par-
vient. Mais partout l'eau bouillonnante
l'enveloppe. De terre, on fait signe à,
l'équipage des torpilleurs de service
d'envoyer un canot au secours de l'avia-
teur. Les marins ont beau souquer sur
les avirons, ils ne peuvent remonter le 1
courant. '•
Mais voici que des pêcheurs de ïa cote
accourent avec une petite barque au
ventre rebondi.Ils la mettent à. l'eau. Un
robuste gaillard, la peau dorée par le
soleil, les cheveux ardents, saute dans
l'esquif, s'empoigne avec le torrent, fran-
chit le bras, envase sa barque, court vers
l'aviateur qui' ne veut pas abandonner
son monoplan. Entre l'homme du Nord,
calme, froid, fit l'homme du,. Midi qui-
'7cq~ yifbn~O -) ~3b x.uc9nncq ?.M. 1"Q .~j:o.'
->jt i vtiwH W-M wr, muoh-> *i> i/iod v^iai fi-
Par Abe! FAIVRE
parle avec une volubilité insistante et une
grande abondance de gestes, c'est un
débat prolongé. Enfln le sauveteur, déli-
bérément, prend sous son bras celui de
l'Allemand. 11 l'entraîne, le force a.slas-
seoir dans sa barque et le ramène, au
rivage où sa femme Grade s'est' marie
il y a huit jours se jette en pleurant à
son cou.
Le monoplan de Grade a été sauve.
Pour le rapporter il terre, on a dû cons-
truire un radeau. Jeudi il sera répare,
car sa chute ne l'a pas trop éprouve.
A terre, ce monoplan paraU un peu
grêle dans sa construction. Il semble un.
peu trop une solution empirique, une
réalisation de fortune, rappelant en plus
grand la Demoiselle de Santos-Dumonî.
On dirait presque un fauteuil roulant
qui aurait des ailes, de ces fauteuils-
pour malades qu'on roule dans les'expo-
sitions. L'aviateur, en effet, est assis
f sous les ailes dans un'c sorte d'escarpo-
lette de cuir qui, portée par des ressorts
et des câbles, aide l'aviateur en se dépla-
çant à maintenir l'équilibre. Un seul
levier, manœuvrant d'avant en arrière,
et de gauche à droite, suffit à comniMi-
der la montée, la descente et la direc-
tion. L'appareil est entraîné par un mo-
teur en V, à quatre cylindres, de l'inven-
tion et de la fabrication de Grade. Il ac-
tionne une hélice placée, comme dans les
Blériot et les Antoinette, à l'avant.- Dans
l'air, le monoplan ne manque ni de grâee,
ni de beauté. Il paraît fort stable, vire
bien mais vire large et ne semble pas
très rapide. C'est un intéressant instru-
ment de sport qui débuta brillamment a.
Héliopolis et qui, aujourd'hui, avait plu.
Il faisait d'ailleurs un de ces temps ra-
dieux qui embellissent tout. La lumière
ruisselait tiède et magnifique, de. l'azur
du ciel sur l'azur de la mer. Elle noyait
de clarté les monts, enflammait les vit-
las blanches et roses, faisait flamboyer `
les cimes neigeuses de l'Esterel.. ••
Excitée dans sa curiosité par les açci-
dents des jours précédents, par celui de
Rougier surtout, la foule. était accourue
en groupes épars, et dans les tribun.es
circulait une assistance éblouissante de ;̃
femmes ravissantes en toilettes eçîa-
tantes de fraîcheur et de chic. >̃: ̃>
Le spectacle fut digne du décor. ;Le
meeting de Reims ne compta guère ;âe,'
plus belle journée. Ce fut vraiment -dna t-
réunion triomphale, dont les hérps: fu-
rent tour à tour Latham, Rolls, EfimofT,
Van den Bbrn, Olieslagers; Grade et;Dtl-
ray que nous eûmes la joie émerveiltefe.
d'avoir vu, un long moment, .volàntiên
même temps dans le ciel, qu'ils'peu-
plaient de leurs ailes victorieuses.
L'enthousiasme fut cette fois '• de- la
fête. C'était tellement beau Sur, leur-s
monoplans aux ailes si joliment, éten-
dues, libellules ou papillons d'or, 'Lu-;
tham, Olieslagers, Grade, planaient haut..
Au-dessous d'eux, Rolis, Van den'Barn,
Duray, Efimoff, évoluaient, bourdon-
nant, virant court ou large, se passant1
les uns et les autres, ceux d'en".hàut.et.
ceux d'en bas ronde aérienne d'une-
splendeur incomparable. ̃Il y eut entre quelques-uns des tfiaieUi?*.
sensationnels., des; virages,audaci.e>j5..o
̃' si s-'i'ved .noifld .•jrf'.tiJûdiJ eîiW • i* ?ml£ ,£cvyd
4 -om* A fmM 19_.II ;,CQ,,¡j)Q]1 at. '<')/
La vie prolongée
Néanmoins, la livraison du Samaritain aura
lieu seulement à l'issue de la saison de monte
del9iÛ.
Eugemo Garzon.
I&eÀffaire de Faux Tableaux
( .i~
 mesure que l'information chemine;
l'affaire même des faux tableaux pâlit;
mais la biographie du comte d'Aulby de
Gàtigny prend de l'intérêt la discré-
tion du comte, sur l'exactitude de son
état civil a obligé les gens à chercher,
et l'on est arrivé à cette certitude que
ledit d'Aulby, n'est ni comte, ni prince,
ni Lusïgnan, ni • Borghetto, ni Monte-
Campaeri, mais seulement chevalier
d'industrie.'
Le personnage prend une certaine
ampleur. Cet escroc a joué son rôle de
gentilhomme avec assez de talent et de
suite, pour conquérir l'amitié ou tout au
mains la confiance de ses dupes; il s'est
assuré les sympathies d'une ville où l'on
se pique avec raison de se connaître en
respectabilité; il s'est offert en spectacle
comme homme de foyer et descendant
des .croisades, à Tours; à Londres,
comme compositeur entraîné par une
irrésistible vocation, au point de dissi-
muler sous un nom roturier les titres
et, les quartiers de noblesse de ses aïeux;
iln'y a que sur les paquebots qu'il rede-
venait. l'oiseau de proie, guettant les na-
tures confiantes et les esbrouffant par
son:genre, si adroitement imité du bon
genre.
Et voyez comme il était servi par les
circonstances: M. Hamilton Paine, avec
qûiîtVétait lié sur le paquebot, et à qui.
il s'était imposé au point que, sans dis-
cussion, la collection s'était un matin
trouvée- accrochée dans l'hôtel- de l'ave-
nue du Bois, M. Hamilton Paine ne s'é-
tait pas abstenu de faire visiter sa de-
meuré à des amis et même à des ama-
teurs curieux d'approcher le riche Amé-
ricain; et on lui avait fait l'éloge de ces
tableaux truqués, au sujet desquels le
d'Aulby^n'avait pas craint d'articuler les
bourdes les plus inacceptables.
Mais. le châtelain de la Tour n'a pas su
se borner: il avaitpu fournir des tableaux;
il ne sut pas ne pas toucher le prix d'une
commiinde de vin qu'il ne pouvait livrer,
et cela le perdit, concurremment avec
une expertise qui concluait à la non-
valeur de la collection depuis deux ans
admjrce par tant de gens.
'Oh dit; que le prince comte et cheva-
lier voulut un moment fournir du beurre
et'des œufs à ses bons amis américains
en- cela, on prétend qu'il se souvenait.
Car il aurait servi dans son jeune âge
chezfurï marchand de beurre et œufs.
Toujours est-il que le juge instructeur
n'axas accordé hier la mise en liberté
sous caution que réclamait le couple ar-
rêté/Les indécisions volontaires de l'état
civilifourni par le pseudo-comte tour-
nent les regards du magistrat vers les
répertoires de l'anthropométrie; et il
faut s'attendre, en dépit de la défense du
Gatigny, à d'imprévues surprises. 1
Il serait curieux, enfin, que la musique
d4j;ç§gi;ofen#oîftJ.p.a^i)|ua4^M,q|ie son
•-68'fleii si iBq 9avï?w*u)".>is~:1 lad i'O(. I.
'~?$~1T31~ $(¡j'uD ?aptq J;.c ;?. ~o
Corrège et son Murillo n'élaient de Mu-
rillo ni du Corrège.
André Nède.
Dernier 'e. heure. En dernière heure,
on nous ̃télégraphie- de Tours que le
Parquet a saisi de nombreux tableaux
signés Ténicrs, Hamilton, Van den Wey-
den, Largillière, etc., que d'Aulby aire- |
connu' être faux.
Interrogé dans l'après-midi, l'inculpé
a avoué s'appeler Daulby sans particule,
être né à' Londres et être fils d'un tail-
leur; il a ajoute qu'il avait été naturalise
italien, et que les tableaux-provenaient
de son oncle.
LE FROID DANS LA MARINE
Les immenses bienfaits que peut ré-
pandre, dans une foule de domaines, le
« Froid industriel», ont attiré, ces der-
nières années surtout, l'attention géné-
rale- et l'intérêt qu'ils suscitent va gran-
dissant de jour en jour. Ce n'est pas le
lieu de rappeler ici les applications mul-
tiples commerciales et industrielles qu'on
peut en faire. Malheureusement beau-
coup de personnes ignorent en France
les services inappréciables que sait- ren-
dre le froid employé à"- la fabrication de
la glace, à la conservation des denrées
périssables, dans les services de trans-
ports, dans les armées, etc., dans l'in-
dustrie enfin où son utilisation est in-
nombrable et diverse.
Nulle part il n'est plus précieux que
dans la marine de guerre, car on peut
dire que là son emploi. est vital. Tandis
que toutes les grandes Puissances avaient
depuis longtemps muni leurs navires
d'installations réfrigérantes, la France,
au mois d'octobre 1909, ne possédait en-
core aucun navire rationnellement réfri-
gère. Cette lamentable lacune est au-
jourd'hui comblée. Le Desaix, le Kléber,
le Dupleix vont partir pour l'Extrême-
Orient et -l'on apprendra avec satisfac-
tion que dans ces trois croiseurs les
soutes à munitions sont frigorifiées, ren-
dant ainsi impossible le retour de catas-
trophes. M.Chéron se propose même
de faire installer sur tous nos cuirassés
des appareils permettant de donner à
volonté -de la glace hygiénique ù nos
.matelots.
Ces installations ont été bien entendu
confiées à la Société du Froid Industriel
qui, sous l'active et intelligente direction
'de son fondateur-administrateur, M. H.
de Werbrouck, a pris rang parmi les
plus grandes entreprises industrielles
de l'Europe. La Société du Froid Indus-
triel réalise en effet les grandes installa-
tions modernes comme celle deThôpital
maritime de Toulon;1 l'importance de
tels travaux montre quel magnifique
essor elle a pris et quel brillant avenir
lui est réservé.' Grâce à la persévérance
inlassable, a la ténacité de son.éminent
directeur, cette industrie française de-
vient mailresse du Froid industriel en
Europe et étend son action' jusqu'en
Amérique. en Ire mille l'adm.i-
Un exemple entre mille atteste l'admi-
r, '̃ "ihfiî si si'mièï «!>̃ insmulof.çl* tnsicib^qn
\j ,aawJ
la création de cet appareil nommé « Lilli-
put » qui comble la lacune des petites
installations frigorifiques pour châteaux,
villas, yachts, etc.
Pour terminerai fautrappelerun motde
M. H. deWérbrouck dans une de ses der-
nières conférences « Le froid est un en-
fant prodige, en même temps qu'il est
prodigue de bienfaits; c'est un des outils
les plus merveilleux que l'homme se soit
créés ». G. D:
̃ ̃ ̃• G. D.
VIENT DE PARAITRE
00-
Le nouveau prix de la Vie Heureuse
destiné au meifleur ouvrage d'érudition
vient d'être décerné à la Via de Frédéric
Nietzsche, l'étude si curieuse de Daniel
Halévy. (Calmann-Liéyy.)
Dans les Impressions d'Afrique, de Ray-
mond Roussel, on voit un éden resplen-
dissant dans lequel Ghîriz et Neddon,
étendus à l'ombre d'une sorte d'anémone
géante, sont éveillés par l'arrivée du nè-
gre Stingo.
LA RELIGION ET L'ART
Sous ce titre général < Les Grandes Figu-
Soûs ce titre général e Les Grandesrigu
res de l'art religieux», M. l'abbé Sertillanges,
professeur à l'Institut catholique de Paris,
donne en ce moment, à la Salle de géogra-
phie, des conférences dont le caractère spé-
cial mérite bien qu'on en souligne ici l'écla-
tant succès. La première fut consacrée au
Titien," dont l'éminent conférencier nous dit
en véritable artiste, avec une très remar-
quable compétence, un enthousiasme pas-
sionné et de jolies hardiesses d'expression, le
génie, de portraitiste, de paysagiste, de peintre
de genre, de peintre d'histoire et de peintre
religieux
«Titien fut un inventeur d'harmonies, un
virtuose de vibrations colbrées, et ne voulût-
on point parler de' ses autres dons, celui-là
suffirait à l'immortaliser au milieu des hom-
mes. Pour que le déluge de laideurs et de ba-
nalités ne menace plus la terre, il suffirait de
son arc-en-ciel. »
Et de quel accent, avec quelles couleurs,
pourrais-je dire, l'abbé Sertillanges évoqua-t-
il à l'esprit .et. aux yeux de ses auditeurs la
mort du Titien centenaire, la scène grandiose
de ses funérailles à Venise, à l'heure où la
peste désolait la ville « qui baigne dans un
double azur », et dont les gondoles, que notre
pensée associe plus volontiers à des représen-
tations de,vie insouciante et joyeuse, étaient
réquisitionnées pour, le long cortège des
morts 1
Il y avait dans l'auditoire beaucoup de
prêtres et beaucoup d'artistes attirés à la fois
par.la personnalité du conférencier et par le
sujet de la conférence. La haute société pari-
sienne y était représentée par une élite intel-
lectuelle. 'Tous, prêtres, artistes et gens du
monde, ont été conquis au charme de cette
parole -éloquente et, plus encore, à l'attrait
de cette aine de prêtre que l'on sent si noble-
ment éprise de beauté. Mais je ne sais si dans
l'admiration unanime qui alla ainsi à l'abbé
9effâMa3»i2Ses«il 'n?ent5ait$Sâ'un-i'Cér*aiA jétôn*
3 1 .go-ïtéirufrt 43b ,'î9-no,t nb liiovi^v-tc) .g-wik
q¡ 1 °~C~Ya Ii 9lia~6~ %Mb .74ür't `~i~ '[b1 i'
nement, comme si l'on admirait surtout que
les belles choses que l'on venait d'entendre
eussent été dites par un homme d'église.
Il faut, certes, convenir qu'il n'y a pas un
très grand nombre d'ecclésiastiques capables
de les dire en effet. Et cela tient sans doute à
ce'que l'éducation esthétique est forcément
un peu négligée dans les séminaires. C'est
d'ailleurs grand dommage, attendu qu'il
n'existe aucune incompatibilité entre la théo-
logie et le culte du beau. On peut dire, au
contraire,que celui-ci est impliqué dans celle-là.
Sur les rapports de l'art avec Dieu, le P. Mon-
sabré a exprimé naguère, dans le sanctuaire
de Pont-de-l'Arche, dédié à Notre-Dame des
Arts, des idées qui sont certainement fami-
lières à l'abbé Sertillanges.
« Partant de l'existence créée, la raison
monte à Dieu comme à la cause première
partant de l'ordre, de la proportion, de l'har-
monie des êtres, le sens artistique monte à
lui comme la première beauté. Il est l'idéal
qui plane au-dessus des imperfections de la
nature et attire à lui l'âme désireuse de voir
plus beau qu'on ne voit'en ce monde. C'est
son idée qu'il a exprimée dans la perfection
de la nature. Le monde est une manifestation
de cette idée en laquelle chaque créature est
belle'de la beauté de Dieu. J'aime cette noble
définition de Kant « Le beau, c'est un reflet
» de l'infini sur le fini, c'est Dieu entrevu. ».
0 nature, tes beautés ne nous charment que
parce que nous y voyons le rayonnement de
l'infinie beauté de Dieu. Le beau, c'est le di-
vin dans la création. »
Et, d'autre part, la tradition évangélique
ne nous dit-elle pas que le Christ est « le plus
beau des enfants des hommes ? » Le P. Gaffre
a écrit sur ce thème un livre merveilleux les
Portraits dia Christ, dont l'examen fut com-
mis précisément au. P. Sertillanges quand
tous deux appartenaient à l'ordre des Domi-
nicains, ainsi que le P. Monsabré, qui lui, du
moins, a pu mourir dans sa bure immaculée
de fils de Saint-Dominique. « Le Christ, lit-
on dans la préface du livre du P. Gaffre, est
le plus beau des enfants des hommes, et les
malades abondent que la vision splendide
peut guérir. »
N'est-ce pas cette vision splendide qui
convertit, c'est-à-dire qui guérit l'âme de
Huysmans ? « Durtal n'avait que cela pour
lui, mais il l'avait au moins, l'amour pas-
sionné de la mystique et de la liturgie, du
plain-chant et des cathédrales Sans mentir,
et sans se leurrer aussi, il pouvait, en toute
sécurité, s'écrier « Seigneur, j'ai aimé la
beauté de votre maison et le lieu où habite
votre gloire. »
Qu'il s'agisse de sculpture, de peinture ou
de musique, de danse même pourquoi pas?
le saint roi David a bien dansé devant l'arche
l'art, même profane, n'est point étranger à
la religion, puisqu'il exprime toujours de la
beauté, et que son culte nous rapproche donc
de la source éternelle de l'être, du vrai, du
bien et du beau.
J'en conclus que l'abbé Sertillanges ne fait
pas seulement œuvre d'artiste en nous con-
viant à étudier avec lui tour à tour les gran-
des figures de l'art religieux Titien, Rubens,
Van Dyck, Rembrandt, Vélasquez, Murillo,
mais aussi œuvré religieuse, œuvre d'apolo-
giste et d'apôtre. Je rappelle que ses quatre
dernières conférences auront lieu à quatre
heures et demie, les 23 et 30 avril, 7 et 14 mai.
Julien de. Narfon.
• ?(H.ô .w-^Wii -\itnco ne p^upûsdo asJ
-i^vS'yB') si? îno ..nom ai i'jswnns khovg sik
LA CONQUÊTE DE L'AIR,
Le Meeting de Nice
Une chute dans le Var
(PAR- DÉPÊCHE ̃ DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Nice, 19 avril.
Samedi dernier, Rawlinson inaugura
la série des chutes en mer. Dimanche,
Ch.ayez l'imita. La chute du jour. c'est
aujourd'hui celle de l'Allemand Grade.
Elle n'eut pas le pathétique de la chute de
Rougier. Mais peu s'en fallût qu'elle ne
fût beaucoup plus grave et ne prît les
proportions d'une catastrophe..
Grade, qui volait depuis dix minutes
en pilotant un monoplan de sa construc-
tion,. manœuvrait pour atterrir. Au mo-
ment de prendre le contact-avec le sol,
il s'aperçut que la place devant les tri-
bunes était défectueuse. Il veut repren-
dre son vol. Il s'enlève en effet. Mais le
moteur faiblit et voici que le biplan,
presque en dérive, est lancé vers la jetée
qui endigue le Var.
Grade a vu le danger. Il agite déses-
pérément l'élévateur, passe au-dessus
du public, évite les tribunes, franchit le
môle comme s'il le sautait. Mais de l'au-
tre côté, à bout de forces, le monoplan
piquait du nez et plongeait dans le 'Var
dont les eaux coulent abondantes et tor-
rentueuses.
L'accident passa presque inaperçu. Le
rempart de pierres en avait caché les
péripéties au public. Et Grade eut une
chance inouïe. Il tomba, dans une eau
morte. Si sa chute s'était produite trois
mètres plus loin, il était perdu, tout se-
cours eût été inutile. Les tourbillons du
fleuve, dont l'a violence est actuellement
inouïe, auraient roulé l'homme et l'oi-
seau, noyé l'un et brisé l'autre.
Grade put se dégager tout seul. On
était d'ailleurs bien empêché de l'aider.
L'aile droite, la queue et l'hélice du mo-
noplan étaient cassées et l'hélice ficiiée
dans le sol. Le courageux aviateur aile-
mand prit l'aventure en riant,. puis, éner-
giquement, songea à se tirer du mauvais
nas où il se trouvait.
La scène- ne manqua ni de pittoresque
ni d'émotion. Seul, au milieu du lit du
fleuve, Grade, barbottant dans l'eau,
s'efforce, sous les yeux de deux cents
personnes impuissantes, de traîner son
oiseau sur un banc de galets. 11 y par-
vient. Mais partout l'eau bouillonnante
l'enveloppe. De terre, on fait signe à,
l'équipage des torpilleurs de service
d'envoyer un canot au secours de l'avia-
teur. Les marins ont beau souquer sur
les avirons, ils ne peuvent remonter le 1
courant. '•
Mais voici que des pêcheurs de ïa cote
accourent avec une petite barque au
ventre rebondi.Ils la mettent à. l'eau. Un
robuste gaillard, la peau dorée par le
soleil, les cheveux ardents, saute dans
l'esquif, s'empoigne avec le torrent, fran-
chit le bras, envase sa barque, court vers
l'aviateur qui' ne veut pas abandonner
son monoplan. Entre l'homme du Nord,
calme, froid, fit l'homme du,. Midi qui-
'7cq~ yifbn~O -) ~3b x.uc9nncq ?.M. 1"Q .~j:o.'
->jt i vtiwH W-M wr, muoh-> *i> i/iod v^iai fi-
Par Abe! FAIVRE
parle avec une volubilité insistante et une
grande abondance de gestes, c'est un
débat prolongé. Enfln le sauveteur, déli-
bérément, prend sous son bras celui de
l'Allemand. 11 l'entraîne, le force a.slas-
seoir dans sa barque et le ramène, au
rivage où sa femme Grade s'est' marie
il y a huit jours se jette en pleurant à
son cou.
Le monoplan de Grade a été sauve.
Pour le rapporter il terre, on a dû cons-
truire un radeau. Jeudi il sera répare,
car sa chute ne l'a pas trop éprouve.
A terre, ce monoplan paraU un peu
grêle dans sa construction. Il semble un.
peu trop une solution empirique, une
réalisation de fortune, rappelant en plus
grand la Demoiselle de Santos-Dumonî.
On dirait presque un fauteuil roulant
qui aurait des ailes, de ces fauteuils-
pour malades qu'on roule dans les'expo-
sitions. L'aviateur, en effet, est assis
f sous les ailes dans un'c sorte d'escarpo-
lette de cuir qui, portée par des ressorts
et des câbles, aide l'aviateur en se dépla-
çant à maintenir l'équilibre. Un seul
levier, manœuvrant d'avant en arrière,
et de gauche à droite, suffit à comniMi-
der la montée, la descente et la direc-
tion. L'appareil est entraîné par un mo-
teur en V, à quatre cylindres, de l'inven-
tion et de la fabrication de Grade. Il ac-
tionne une hélice placée, comme dans les
Blériot et les Antoinette, à l'avant.- Dans
l'air, le monoplan ne manque ni de grâee,
ni de beauté. Il paraît fort stable, vire
bien mais vire large et ne semble pas
très rapide. C'est un intéressant instru-
ment de sport qui débuta brillamment a.
Héliopolis et qui, aujourd'hui, avait plu.
Il faisait d'ailleurs un de ces temps ra-
dieux qui embellissent tout. La lumière
ruisselait tiède et magnifique, de. l'azur
du ciel sur l'azur de la mer. Elle noyait
de clarté les monts, enflammait les vit-
las blanches et roses, faisait flamboyer `
les cimes neigeuses de l'Esterel.. ••
Excitée dans sa curiosité par les açci-
dents des jours précédents, par celui de
Rougier surtout, la foule. était accourue
en groupes épars, et dans les tribun.es
circulait une assistance éblouissante de ;̃
femmes ravissantes en toilettes eçîa-
tantes de fraîcheur et de chic. >̃: ̃>
Le spectacle fut digne du décor. ;Le
meeting de Reims ne compta guère ;âe,'
plus belle journée. Ce fut vraiment -dna t-
réunion triomphale, dont les hérps: fu-
rent tour à tour Latham, Rolls, EfimofT,
Van den Bbrn, Olieslagers; Grade et;Dtl-
ray que nous eûmes la joie émerveiltefe.
d'avoir vu, un long moment, .volàntiên
même temps dans le ciel, qu'ils'peu-
plaient de leurs ailes victorieuses.
L'enthousiasme fut cette fois '• de- la
fête. C'était tellement beau Sur, leur-s
monoplans aux ailes si joliment, éten-
dues, libellules ou papillons d'or, 'Lu-;
tham, Olieslagers, Grade, planaient haut..
Au-dessous d'eux, Rolis, Van den'Barn,
Duray, Efimoff, évoluaient, bourdon-
nant, virant court ou large, se passant1
les uns et les autres, ceux d'en".hàut.et.
ceux d'en bas ronde aérienne d'une-
splendeur incomparable. ̃
sensationnels., des; virages,audaci.e>j5..o
̃' si s-'i'ved .noifld .•jrf'.tiJûdiJ eîiW • i* ?ml£ ,£cvyd
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