Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1907-08-30
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 août 1907 30 août 1907
Description : 1907/08/30 (Numéro 242). 1907/08/30 (Numéro 242).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287829t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
53e Année - 3» Série - H® 242
Le Numéro quotidien = SEINE â SEINE-eT-OISE : 15 centimes =~ DEPARTEMENTS i 20 centimes
Vendredi 30 Août 1907
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
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« Loué par ceux-ci,; blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
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de France et d'Algérie.
SOMMAIRE
DE NOTRE
Supplément Littéraire
OC DEMAIN
IVAN STRANNIK ........ Le bouvier et la lune
' Nouvelle
XAVIER Roux Variété s
gastronomiques
G. DUPONT-FERRIER. ... Villégiatures
d'autrefois
La Vie aux Eaux
HENRI REGNAULT Lettres inédites
PAUL GINISTY ........ Petits papiers
MAURICE DUMOULIN.... L'aérostation
militaire pendant
la Révolution
ANDRÉ BEAUNIER A travers les Revues
STANISLAS RZEWUSKI .. Casimir Zalewski
La vie littéraire
à l'étranger
ERNEST BLUM Le boulevard
du Crime
Souvenirs d'un
vaudevilliste
G. LABADIE-LAGRAVE. . Pantalons et culottes
courtes
Lectures étrangères
P. CHAVANNES. Pamphlets
d'autrefois
Page musicale
EDOUARD SCHUTT Romance pour piano
La Fin
d'une légende
La question du Masque de fer pas-
sionna nos pères ; elle ne fait plus couler
beaucoup d'encre; les personnes qui ai-
ment le roman dans l'histoire se sont
rejëtées sur la question Louis XVII. On
sait que les « survivantistes », groupés
souç la bannière de MM. Sardou' et Le-
notre, sont nombreux, ingénieux, et
qu'ils ont réponse à toutes les objec-
tions. - Un problème du môme ordre
occupe en Russie quelques amis du mer-
veilleux : Est-il vrai, est-il possible que
l'empereur Alexandre 1er, officiellement
mort à Taganrog en 1825 et enterré peu
après à Pétersbourg, ait survécu de lon-
gues années, incognito, dans un ermitage
sibérien, qu'il y ait fait pénitence, sous
le déguisement d'un pieux ascète, durant
tout 1@ règne de son frère Nicolas Ier, et
plus tard encore, jusqu'en 1864?
Un des petits-neveux d'Alexandre a
voulu répondre une fois pour toutes à ce
point; d'Interrogation. Le grand-duc Ni-
colas' Michaïlovitch s'adonne aux études
historiques avec, une application intelli-
gente ; sa collaboration est précieuse à
nos historiens, lorsqu'ils ont besoin de
recourir aux sources russes pour l'épo-
que. napoléonienne ; mes confrères Al-
bert Vandal et Frédéric Masson font
grand état de ses travaux. Ce n'est pas
de l'amusement de prince, c'est de la
bonne besogne d'ouvrier. Le mémoire
que le grand-duc vient de publier sous
ce titre : la Légende d'Alexandre 1er en
Sibérie, est un modèle d'enquête scru-
puleuse et de discussion serrée. Je forme
le voeu qu'il soit traduit en français, pour
le divertissement des curieux, pour l'ap-
provisionnement des dramaturges qui
n'en accepteraient pas les conclusions
négatives.
#**
Au cours de l'année 1866, un mar-
chand de Tomsk, du nom de chromof,
vint à Pétersbourg. Il désirait faire cer-
taines révélations d'importance au tsar
Alexandre II et lui remettre les papiers
d'un vieillard mystérieux, Fédor Kos-
mitch, mort à Tomsk en odeur de sain-
teté deux ans auparavant. Chromof
trouva au Palais d'Hiver l'accueil plutôt
froid que Martin de Gâllardon avait reçu
aux Tuileries, lorsqu'il était venu annon-
cer à Louis XVIII qu'il ne fallait plus
pleurer Louis XVII. On assure que le
Sibérien aurait tâté de la forteresse,
avant d'être renvoyé à Tomsk, avec re-
commandation d'y bien tenir,sa langue ;
mais celte affaire n'a laissé aucune trace
dans les dossiers de la troisième section.
Chromof ne se découragea pas : vingt
ans après, sous le règne d'Alexandre III,
il revint à Pétersbourg et renouvela sa
demande d'audience, avec une photo-
graphie du saint homme à l'appui de la
requête. Il fut éconduit comme la pre-
mière fois. Cependant un membre du
Conseil de l'empire, M. Galkine-Vrasky,
de passage à Tomsk, fit édifier une cha-
pelle funéraire sur la tombe de Fédor
Kosmitch. Des personnages de marque
vinrent la visiter ; en première ligne le
prince héritier, tsar actuellement ré-
gnant, lorsqu'il traversa la Sibérie au re-
tour de son voyage au Japon.
Ces visites tirent jaser. Deux anciens
serviteurs de la Cour furent bannis, dit-
on, parce qu'ils avaient cru reconnaître
l'empereur Alexandre Ier sous les espè-
ces de Fédor Kosmitch. D'autres faits de
même nature donnèrent naissance à
une.littérature clandestine, brochures et
livrets qui propagèrent en Russie la
croyance du peuple sibérien. On en cau-
sait daps le bas clergé, et même dans le
haut. Des archevêques, des métropolites
laissaient échapper en confidence des
propos troublants. Une circulaire de Po-
biédonostzef les rappela sévèrement à la
discrétion. Les plus obstinés n'en gardè-
rent jpas moins, pieusement caché dans
une malle, un portrait de Fédor Kos-
mitch.
Qui était ce sosie d'un illustre défunt?
On ne le saura jamais : une enquête mi-
nutieuse, poursuivie sur place par les
soins du grand-duc Nicolas, n'a fait jail-
lir aucune lumière. Le pénitent qui se
dénommait Fédor Kosmitch était apparu
pour la première fois en Sibérie dans
l'année 1837. Nul ne savait d'où' il venait.
Recueilli par la famille Ghromof, il avait
vécu d'abord à Tomsk, puis dans une
cellule, sur la propriété des Chromof,
aux environs de la ville. Il y était mort
en 1864, objet de la. vénération popu-
laire. Sa photographie impressionnante
nous montre un ascète au visage éma-
cié, à la longue barbe blanche, vieillard
sans âge appréciable qui semble découpé
dans la peinture hiératique d'une an-
cienne icône. Ils ne sont pas rares dans
la sainte Russie, ces anachorètes vaga-
bonds ou habitants de quelque farouche
solitude, qui se consument dans les aus-
térités entre les murs de leur cellule et
n'en atteignent pas moins les extrêmes
limites de la vie humaine. Taciturnes à
l'ordinaire, ils n'ouvrent la bouche que
pour murmurer leurs prières et dispen-
ser de brèves sentences morales au peu-
ple qui vient les vénérer.
Les enfants Chromof disaient avoir
surpris de vagues propos, murmurés par
Fédor, et qui faisaient allusion à une
existence antérieure bien différente de
celle qu'il menait chez eux. Il ne laissa
à ses hôtes que le bagage habituel des
gens de son état, un cafetan de bure, une
ceinture.à boucle de fer, un bâton, une
vieille image de la Vierge. Mais l'initiale
A était gravée sur cette icône ; on
trouva en outre dans sa cellule une ban-
delette de papier chargée de caractères
manuscrits, mots sans liaison apparente
et signes énigmatiques. Ce document,
appelé le Secret de Fédor Kosmitch, a
été photographié par le grand-duc et
soumis à de patientes investigations :
nul n'a pu découvrir la clef de l'inintelli-
gible grimoire. L'écriture n'offre pas de
ressemblances avec celle d'Alexandre Ier.
Voilà, semble-t-il, de pauvres indices
et de faibles supports pour une légende
très accréditée. Elle n'a pu s'incarner
dans la personne de l'ermite sibérien
qu'à là faveur d'un doute persistant de-
puis trois quarts de siècle. Aiguillonnée
par ce doute, l'imagination populaire n'a
jamais cessé de se perdre en conjectu-
res sur la fin problématique de l'empe-
reur que ses contemporains surnommè-
rent « lé Sphinx ».
#**
Ame plus indéchiffrable que les hiéro-
; glyphes de Fédor Kosmitch ! Quel histo-
rien pourra jamais se flatter de la péné-
trer ? Fils de ce dément Paul Iur, petit-
fils du tragique Pierre III qui n'était
guère plus sain d'esprit le futur auto-
crate est élevé dans les sentiments répu-
blicains. par des révolutionnaires fran-
çais. Il devient ensuite la proie succes-
sive de tous les mystiques, Spéransky,
Mme de Krudener, les théosophes, les
martinistes, les illuminés qui foisonnent
dans son entourage. La destinée impose
à ce rêveur un rôle accablant, elle fait de
lui l'adversaire et le vainqueur de Napo-
léon, l'arbitre adulé d'une Europe qu'il
doit reconstruire. Dans son empire, les
conspirations libérales sapent déjà le
trône; il s'abandonne au dur Arakt-
chéief qui les réprime avec une énergie
impitoyable, et il s'écrie : « Et pourtant,
on a beau dire ce qu'on veut de moi, j'ai
vécu et je mourrai républicain ! » Son
mysticisme,-manifeste dans la concep-
tion de la Sainte-Alliance, ne fait que
s'accroître durant les dernières années.
Quelle est la part du remords dans les
angoisses de cet Hamletbyzantin ?Peut-il
oublier le drame du palais Michel, re-
gorgement d'un père qu'il n'a pas vengé?
Eut-il connaissance du forfait que tra-
maient ses amis, en fut-il le complice
tacite avant d'en . être le bénéficiaire?
Encore un problème qui ne sera jamais
éclairci. - y
Un point est hors de doute : l'infinie
lassitude du pouvoir et le désir de ren-
trer dans la vie privée qui tourmentèrent
Alexandre aux derniers temps de son
règne. Il s'en ouvrait à qui voulait l'en-
tendre : nous en avons maints témoi-
gnages dans les souvenirs de ses proches,
dans les papiers de sa belle-soeur la
grande-duchesse Nicolas, dans les dires
de ses parents à la Cour de Prusse. En
1823, après l'accident de voiture où il
faillit périr en revenant du' congrès de
Vérone, son humeur mélancolique s'ac-
centua. Ce fut alors qu'il remit au mé-
tropolite de Moscou l'ukase dévolutif de
la succession impériale ; par cet acte, il
instituait héritier du trône son plus
jeûne frère, Nicolas, à l'exclusion de
Constantin qui déclinait le fardeau, lui
aussi.
A l'automne de 1825, la santé de l'Im-
pératrice fut le motif ou le prétexte invo-
qué par Alexandre pour quitter Péters-
bourg et aller s'établir à Taganrog. Dans
la nuit qui précéda son départ, il fit célé-
brer son propre service funèbre au mo-
nastère de Saint-Alexandre-Nevsky : le
métropolite protesta vainement contre
cette bizarre exigence ; l'empereur se
rendit seul à la cérémonie et réclama
l'assistance de tout le clergé en orne-
ments de grand deuil. On lui amena en-
suite un vieil anachorète que les moines
tenaient en haute estime, parce qu'il
vivait presque sans manger et se macé-
rait, delà plus cruelle façon dans une
cellule de leur couvent. Ce maigre saint
était à tous égards.un prototype clu Fédor
Kosmitch qui devait édifier la Sibérie.
L'Empereur eut un long entretien avec
Alexis le Solitaire. Comme il s'étonnait
de ne pas voir de lit dans la logette, l'er-
mite tira un rideau noir, montra un cer-
cueil ouvert entre des cierges allumés :
« Voici mon lit, dit-il ; cette couche en
vaut une autre ; elle n'appartient pas à
moi seul, mais à tous les hommes ;
nous y dormirons tpus, éternellement. »
Alexandre parut vivement impressionné
par ce colloque. « Cet ermite est-un pro-
phète », répétait-il à l'abbé; et il sortit
tout songeur. , t
Quelques heures après,sa voiture fran-
chissait les barrières de Pétersbourg; il
se retourna, se dressa debout dans la
calèche, contempla longtemps sa capitale,
comme pour lui adresser un suprême
adieu. Dès qu'il eut installé l'Impératrice
à Taganrog, Alexandre alla parcourir la
côte de Crimée, avec l'arrière-pensée de
chercher dans ce paradis terrestre une
résidence où il pourrait trouver le calme,
jouir des beautés de la nature à l'écart
des hommes. Il en rapporta le mal -
une fièvre maligne, dirent les médecins
- qui le terrassa en quelques jours,
dans la petite maison de Taganrog, le
19 novembre du vieux style. Peu nom-
breuse était la suite qui l'avait accom-
pagné; il s'éteignit entre' Volkonsky,
Diébitch et ses médecins.
Notre auteur reproduit les témoignages
qui peuvent authentiquer les circons-
tances de la mort : lettres et journal de
l'impératrice Elisabeth, récit d'un ano-
nyme, habitant de Taganrog. Il précise
et discute le fait sur quoi s'appuyèrent
tout d'abord les « survivantistes » pour
supposer une simulation de cadavre. Un
courrier impérial, Maskof, s'était blessé
en tombant de voiture sous les yeux de
l'Empereur, qui fut vivement frappé par
'cet accident. Malgré les soins qu'on lui,
prodigua, Maskof expira durant la ma-
ladie de son maître. Ses descendants,
tous disparus aujourd'hui, gardèrent et
divulguèrent la conviction qu'il avait été
enseveli au lieu et place du souverain.
D'autres voulaient que le mort substitué
fût un soldat de la garde, portrait vivant
d'Alexandre.
Le grand-duc Nicolas réfute ces diver-
ses allégations en accumulant les dépo-
sitions des grands officiers de la couL
ronne qui s'assurèrent à plusieurs re-
prises . de l'état du corps, tandis qu'on
ramenait lentement la dépouille impé-
riale à Pétersbourg ; elle ne fut déposée
dans les. caveaux de SaintrPierre-et-
Saint-Paul qu'à la fin de mars 1826. La
dernière ouverture de la bière eut lieu
près de Tsarskoé-Selo, en-présence de
l'Impératrice mère qui s'écria : « Oui.
c'est mon cher fils Alexandre; ah!
comme il a maigri ! » Un autre témoin
aurait pu, naguère encore, éclairer notre
religion : c'était le prince Guillaume de
Prusse, compagnon d'Alexandre pen-
dant la campagne de France, délégué à
ses obsèques, et qui devait être un jour
l'empereur Guillaume I 01" d'Allemagne.
***
Il ne resterait qu'à s'incliner devant.les '
faisceau de preuves fortement lié par
l'habile rédacteur de ce mémoire, si lui-
même ne nous indiquait loyalement une
contradiction qu'il ne s'explique pas.
Tous les Russes'sont d'accord pour pla-
cer au premier rang' des historiens
contemporains le regretté Childer, au-
teur d'une histoire définitive d'Alexan-
dre Ier; oeuvre d'information irrépro-
chable et de judicieuse critique, qui fait
autorité dans le monde averti. Or, Ghil-
der consacre tout un .chapitre du tome
quatrième à la tradition de la survi-
vance, et ses conclusions ne sont rien
moins que catégoriques ; avec les réti-
cences, les phrases évasives qui convien-
nent en pays de censure, le sérieux his-
torien insinue dans l'esprit de ses lec-
teurs un doute qu'il n'a pu chasser du
sien. Le grand-duc Nicolas proclame son
admiration déférente pour Childer ; il
rapporte les entretiens où il s'efforça de
l'amener à sa propre conviction ; il avoue
n'y,avoir jamais pleinement réussi : son
interlocuteur se dérobait toujours.
L'écrivain était-il dupe de son imagi-
nation, du secret désir que nous aurions^
tous de pouvoir croire à une si mirifique
aventure? Songez donc : ce serait si
beau, si shakspearien, cela dépasserait,}
de si loin les plus prodigieuses inven-
tions de cette inépuisable romancière,
l'histoire universelle ! La retraite de
Charles-Quint au monastère de Yuste ne
fut qu'un geste théâtral, et de courte du-
rée. Mais Alexandre- de Russie, plus
puissant que Charles-Quint, debout et
triomphant en face de Napoléon abattu,
vraiment maître de l'Europe et de l'Asie
après 1814 et 1815, - imaginez ce sur-
homme, « l'Ange céleste », comme on
l'appelait, disparaissant volontairement
de la scène du monde où il occupait la
première place, allant s'évanouir dans
l'anonymat d'une vie pénitente, prolon-
gée durant quarante années, sous la
robe d'.urt moine mendiant!... Ce serait
trop beau. Rendons-nous à l'argumenta-
tion irréfutable de son petit-neveu. - Et
pourtant, les réserves de l'honnête et sa-
vant Childer !... Peut-être voulait-il lais-
ser quelque marge aux Alexandre Du-
mas et aux Victorien Sardou qui naîtront
un jour dans cette fabuleuse Russie, tou-
jours crédule aux imposteurs, depuis le
faux Démétrius, toujours sceptique sur
la disparition naturelle de ses souve-
rains.
E. M. de Vogué.
Échos
La Température
A Paris, orage très violent, l'avant-dernière
nuit, à trois heures, venant du sud. Les éclairs
étaient intenses et très nombreux. La pluie a
duré jusqu'à sept heures du matin. Elle a
fourni 14mm d'eau à l'observatoire de la tour
Saint-Jacques. La foudre est tombée sur plu-
sieurs points.
Le thermomètre marquait hier : le matin,
170; dans l'après-midi, 24°. Baromètre : 762mm.
Temps couvert.
A trois heures de l'après-midi, un orage
aussi violent que celui de la nuit précédente a
éclaté sur Paris. Forts coups de tonnerre. La
foudre est tombée trois ou quatre fois. Pluie
abondante jusqu'à quatre heures.
Vent faible sur la Manche et la Bretagne ;
I de l'ouest en Gascogne, de l'est en Provence.
Une dépression s'avance sur le sud-ouest de
-l'Europe. Fortes pressions sur le centre du
continent.
'À 'Départements, le matin.-Au-dessus de \èro :
12° à Brest, 130 à Ouessant, 140 à Lorient, i5°à
Cherbourg, 160 à Nantes, 170 à Limoges,
â-Clermont et à Besançon ; 180 à Toulouse, à
Bordeaux, à Lyon et à Cette, 190 à Nice, 20° à
Perpignan et à Marseille, 250 à Oran, 26° à
Alger.
, En France, ondées orageuses probables,
avec temps châùd.
(Le thermomètre marquait à Paris, le 29
août 1906 : le matin, 12°; à trois heures, 270,
Baromètre, 769mm. Belle journée.)
, Dieppe (à 2 h. 43 de Paris). -. Temps
beau. Mer belle. Thermomètre, 220.
Du New York Herald :
Londres : Très beau; maxima, 240; mi-
nima n°. Vent sud-ouest. Baromètre: 762mm.
New-York : Beau ; maxima,250; minimà, 17°.
Vent nord-ouest.
Berlin : Nuageux, 140.
A Travers Paris
M. Jules Cambon, notre ambassadeur
à,-.Berlin, avait, au cours de ses entre-
tiens avec le prince de Bùlow, pris des
nouvelles de l'impératrice d'Allemagne
.et exprimé- ses voeux pour le prompt
-rétablissement de la souveraine.
Le chargé d'affaires d'Allemagne à
Paris a, d'ordre de son gouvernement,
"remercié M. Pichon, ministre des affaires
étrangères, de cette courtoise démarche.
-
S. M. le roi de Grèce, qui a reçu hier
son courrier à Paris, a passé une partie
de la journée dans ses appartements.
Il a déjeuné et dîné avec S. A. R. le
prince Georges et les personnes de sa
suite.
Georges IOR compte partir demain ou
après-demain pour Copenhague.
Monseigneur le duc d'Orléans, qui
s'embarquait, il y a quelques semaines,
à Vardoe, port avancé au nord de la Nor-
vège, fait route .actuellement à travers
les mers et les glaces du Spitzberg.
' . C'est encore à bord de la Belgica, le bâ-
timent sur lequel il fit l'an dernier son ex-
ploration dans le Groenland, que voyage
I lé,prince, en compagnie du "docteur ' Ré-
câmiér; " : '. ,
' Il compte rapporter de cette nouvelle
l 'expédition les éléments d'une étude sur
j la l'aune et sur l'océanographie de '.ces
! régions, - étude qui lui permettra de
compléter ses connaissances déjà si éten-
dues sur les sites polaires.
| Le prince se distrait d'ailleurs de ses
observations scientifiques en se livrant
à la chasse, et $es côllêctions si curieuses
d'animaux de toute espèce des régions
! arctiques vont s'enrichir de quelques
pièces naturalisées qui leur manquaient.
Le dïic d'Orléans sera de retour en oc-
tobre en Angleterre, où le rejoindra Ma-
dame la duchesse d'Orléans, qui, depuis
son départ, s'est retirée dans sa famille,
à Alcsuth.
Les absents.
On a vu qu'au Conseil de cabinet tenu
avant-hier sous la présidence de M. Cle-
menceau, deux ministres, MM. Guyot-
Dessaigne et Briand, et un sous-secré-
taire d'Etat, M. Dujardin-Beaumetz,
étaient absents. Tout porte à croire que
deux d'entre-eux, tout au moins, auront
réintégré, pour le Conseil de demain, le
giron ministériel.
En effet, le ministre de la justice,
qu'une assez sérieuse indisposition avait
empêché de rentrer à Paris, paraît aller
beaucoup mieux. M. Guyot-Dessaigne,
qui était déjà un peu fatigué en se ren-
dant à Clermont-Ferrand pour les tra-
vaux du Conseil général, y a été victime
d'un surmenage causé aussi bien par la
session elle-même que par la tempéra-
ture, très chaude à ce moment-là. Quel-
ques jours de repos dans sa propriété de
Marranf,- aux portes de Clermont-Fer-
rand, l'ont bien .vite remis, et, bien que
son retour n'ait été annoncé, à la Chan-
cellerie, que pour les premiers jours de
.la semaine prochaine, il ne serait pas
impossible qu'il rentrât ce soir même
à Paris.
M. Dujardin-Beaumetz y est rentré ce
I matin, après une courte villégiature dans
le département de l'Aude. Seule, donc, la
présence de M. Briand au Conseil des
ministres de demain demeure probléma-
tique. M. Briand est parti pour un petit
voyage d'excursions, et il a pensé, non
sans raison, que le meilleur moyen de
passer de tranquilles vacances était de
11e pas indiquer son itinéraire aux indis-
crets. On sait seulement qu'affranchi,
comme il sied en été, de toute préoccu-
pation politique, il se dirige au gré de
son caprice, uniquement désireux d'ad-
mirer les beautés de notre pays, et
voyageant ainsi beaucoup moins en mi-
nistre de l'instruction publique ou des
cultes que des beaux-arts...
Toujours les sondages.
Ces vacances, décidément, n'auront pas
été bonnes pour le projet d'impôt sur le
revenu. Nous avons signalé déjà tous les
mécomptes occasionnés par les fameux
sondages. Chaque jour, au nord ou au
sud, à l'est ou à l'ouest, se produit quel-
que mésaventure du même genre.
A Belleville, canton de Pont-à-Mous-
son, un inspecteur des finances a voulu
procéder avant-hier aux essais prescrits
par le ministre. Le maire et les réparti-
teurs, jugeant insurmontables les diffi-
cultés qu'ils .rencontraient pour établir
une base sérieuse de la fortune mobi-
lière de chacun, ont rédigé une protesta-
tion constatant « l'impossibilité de four-
nir les renseignements demandés ».
L'inspecteur n'a pu que recevoir cette
protestation et se retirer.
A Pollestres, dans les Pyrénées-Orien-
tales, les répartiteurs,, après avoir donné
sans hésitation sur leurs compatriotes
les renseignements qui étaient en quel-
que sorte de notoriété publique et dont
la divulgation ne pouvait gêner per-
I sonne, ont refusé de préciser les béné-
fices commerciaux.ou industriels de telle
ou telle personne, les revenus apparents
ou les dettes de quelques-uns. « Ce serait
là, ont-ils dit, faire oeuvre inquisitoriale
et vexatoire. ».
La série promet de se continuer long-
temps ainsi. On paraît s'en rendre compte
au ministère des finances, car M. Cail-
laux a déclaré à notre confrère Messidor
que son projet n'était pas intangible, et
que les expériences entreprises avaient
précisément pour but de montrer les
modifications qu'il conviendrait de lui
apporter. C'est déjà là une bonne parole,
et il faut espérer que, de modification en
modification, l'enfant, s'il vit encore,
sera, tout au moins, méconnaissable...
*
La défense patronale.
Elle s'organise lentement... mais elle
s'organise. Ainsi quatre patrons de la
.région de Bonneville viennent de pren-
dre une initiative très courageuse et
dont on ne saurait trop les louer.
Ces patrons sont fabricants d'horloge-
rie. Leurs ouvriers étaient en grève de-
puis cinq semaines ; enfin l'accord s'é-
tait fait et il était entendu que les ateliers
seraient réintégrés lundi.
Ils ne l'ont pas été, paraît-il, et quel-
ques meneurs ont réussi à recommen-
cer l'agitation qu'on croyait finie.
Les patrons, cette fois, ont renoncé à
discuter, et pris le parti le plus simple :
ils ont fermé leurs fabriques et informé
leurs ouvriers'qu'ils allaient s'installer
ailleurs... Nul doute que cette résolution
ne fasse quelqu'e effet dans le pays ; son
seul inconvénient sera de coûter un peu
cher aux braves gens qui l'ont osé
prendre.
* *
A féliciter aussi, les patrons d'Anvers.
Ils sortent vainqueurs de cette grève des
dockers qui menaçait de ruiner le com-
merce local, - et cela grâce au solide
fonctionnement d'une « Fédération ma-
ritime » qui, dès le début de la grève,
assura la discipline dans leurs rangs et
leur fournit les moyens de faire face à la
grève.
' Grâce à la-Fédération, des ouvriers du
dehors purent etre recrutés à grands
frais,' et aussi nombreux qu'il le fallut;
et-voilà le travail réorganisé'et la paix
assurée dans Anvers.
' Cette tactique a donné de si heureux
résultats que les Anversois ont été invi-
tés à en propager les principes : ils vont
donç ouvrir chez eux* en octobre, un
congrès international où séront repré-
| sentéés les ^ fédérations . maritimes des.
grands ports d'Europe, et examinés, les
moyens de fournir, en cas de grève,d'un
port à l'autre -ou môme'-d'un pays à
l'autre, -. de là main-d'oeuvre à ceux qui
en manquent et qui en cherchent.
. Louable solidarité, . et dont il serait
souhaitable que notre patronat français
suivît l'exemple. : .
M. de Valence, secrétaire général de
la Société de secours aux blessés mili-
taires, vient d'arriver à Tanger, où il
doit préparer les installations de l'hôpi-
tal militaire mis à la disposition du gé-
néral Drude par cette société.
Mme'Fortoul, directrice des dames in-
firmières de la Croix-Rouge qui se sont
l'ait, inscrire dans les services de cet-
hôpital, ayant dû se rendre à Constanti-
nople auprès'de son fils, enseigne de
vaisseau, a chargé l'administration de la
Société de secours aux blessés militai-
res de l'aviser par télégramme de l'appel
que pourrait lui adresser M. de Valence.
Elle rentrera aussitôt en France pour
s'embarquer, avec Mme la comtesse de
Boisboissel et leurs compagnes, à desti-
nation du Maroc.
La mobilisation des dames infirmières
de la Croix-Rouge est imminente. Tou-
tes sont prêtes à partir.
' -
' C'est à M. Emile Loubet que le comité
français des expositions à l'étranger vient
d'offrir le haut patronage du comité or-
ganisateur de la .section française de la
grande exposition franco-britannique qui
doit s'ouvrir l'année prochaine à Lon-
dres. ,
On sait que cette exposition s'organise
sous les auspices de S. M. Edouard VII,
et que son président d'honneur est Sa
Grâce le duc d'Argyll, beau-frère du roi
d'Angleterre.
Toutes nos manufactures nationales
doivent y envoyer leurs productions :
Sèvres et les Gobelins achèvent actuelle-
ment les pièces de grand art destinées à
cette exposition, dont on a commencé
l'installation à Shepherd's Bush, au nord-
ouest d'Hyde Park.
On trouvait, hier, au Journal officiel,
le texte d'un discours prononcé à l'ouver-
ture de la session du Conseil général de
l'Isère. Il est sans exemple, croyons-nous,
que cette publication ait ouvert ainsi ses
colonnes, même dans sa partie non offi-
cielle, au discours d'un simple conseiller
général. Mais ce conseiller général n'est
autre, cette fois, que M. Àntonin Du-
bost, président du Sénat.
Le deuxième magistrat de la Républi-
que, comme disait Brunetière, a fait
l'éloge de la décentralisation.
Les assemblées locales, a-t-il dit en-
suite, sont la véritable école politique
d'un peuple libre. C'est là seulement
qu'il peut acquérir la familiarité des ma-
tières fiscales, apprendre qu'on ne peut
accomplir les réformes tes plus néces-
saires qu'au prix d'une longue patience
et d'un sérieux apprentissage ; c'est là 1
qu'on peut le mieux juger ce qu'auraient
de téméraire et d'impraticable certains «
engagements ou certaines promesses qui 1
deviendraient .un danger pour'la pros- :
péri té du pays.
Voilà de « certains engagements » et 1
de « certaines promesses » qui sont d'un
style bien académique. Gageons pour- 1
tant que M. Caillaux, s'il a lu VOfficiel
d'hier, ne s'y est pas trompé.
Kako et Liza, les deux hippopotames
du Jardin des plantes, s'ennuyaient fort
dans leur rotonde, dont les visiteurs
n'ont d'égards que pour les éléphants.
Mais ils sont philosophes et, pour se
distraire, ils viennent de se créer une
petite famille.
Liza, en effet, mettait au monde l'au-
tre jour un minuscule hippopotame mâle,
qui est tout le portrait de son père.
On a donné au nouveau-né le nom de
Marius et on l'élève comme un prince,
le moindre hippopotame ayant une va-
leur marchande d'une dizaine de mille
francs.
Marius est plein de santé : on a mis à
sa disposition comme nourrices huit
chèvres qui lui fournissent chaque jour
douze litres de lait.
Il est au demeurant d'humeur assez
folâtre, ce qui paraît aux savants du
Muséum du meilleur augure.
Ceux-ci espèrent qu'il grandira à la
ménagerie. Marius sera, en ce cas, le
premier hippopotame né à Paris qu'on
aura pu élever au Jardin des plantes.
Nouvelles à la Main
On parle des vandales qui mutilent les
tableaux dans nos musées.
- Mais comment l'empêcher?... de-
mande quelqu'un.
Et Calino, péremptoire:
- Oh! c'est bien simple: les gens qui
veulent faire ça, il n'y a qu'à ne pas les
laisser entrer !...
Au café.
- Moi je parie que Soleilland ne sera
pas exécuté...
- Et moi qu'il le sera !
- Qu'est-ce que tu paries?
- Sa tête !
. Les sondages du ministre des finan-
ces :
- Drôles de sondages, dit un vieux
maire : on ne peut pas arriver à trouver
les fonds !
*
Le papa de Toto lùi demande :
- As-tu écrit à ton .professeur ?
- Oui.
- Et qu'est-ce que tu lui as dit?
- Je lui ai dit de bien travailler !
. histôire 4?- chassë
. Deux marseillais reviennent d'une bat-
tue, le carnièr vidé, harassés, traînant la
jambe... 1 ' ' : :
-r- Ouf! fait l'un; je ne puis plus
marcher : - je crois que j'ai . un oeil-de-
perdrix... .
Et l'autre, armant subitement son
fusil : '. v:; . -
- Un oeil de perdrix? Où est-il?' où
est-il?
Le Masque de Fer.
AU MAROC
La Vraie situation
»
A CASABLANCA
(Par dépèche de notre envoyé spécial)
Casablanca, 28 août !réexpédiée de Tanger
le 29 août,-à 10 heures du matin).
Il y a quelques jours, dans un exposé
rapide et que je crois fidèle de la situa-
tion^ Casablanca, j'essayais- de mettre
en garde le public français contre l'opti-
misme des notes officielles qui présen-
taient la région comme tout à fait calme
et tendant à faire croire que tout y allait
le mieux du monde. J'ai dû lui affirmer
et démontrer que les auteurs de ces no-
tes se trompaient et que la détente que
l'on vantait n'exprimait aucune réalité.
Une autre tâche me sollicite aujourd'hui,
et c'est le devoir inverse. Je crois utile
et nécessaire, dans l'intérêt de la vérité
et pour la quiétude de tant de familles
anxieuses du sort de ceux des leurs qui
luttent ici, derectifier une fois pour toutes
des récits où l'imagination a plus de part
que l'observation. Celui-ci n'entend à Ca-
sablanca que le.fracas du canon et le sif-
flement des balles; celui-là montre un
camp en alarme constante du matin au
soir, harcelé.et menacé par des nuées
d'ennemis; cet autre vit dans la. bataille
et ne voit que marches, contre-marches
et stratégies multiples ; il ne dort pas, se
déshabille-à peine, son oreille aguerrie
perçoit le plus lointain coup de feu, et
tout aussitôt le voilà debout, il saisit un
fusil, court au camp, se précipite à tra-
vers.les campagnes, s'établit sur la ligne
des avant-postes et, pour un peu, il nous
dirait qu'il a fallu le retenir de. s'engager
plus avant ; il a des cartouches, il a pisté
héroïquement, avec sang-froid, méthode
ét sans répit, les intrépides cavaliers en-
nemis que sa'bravoure fait reculer- car
vous savez que le général Drude a be-
soin de renforts, - et il prend à peine lé
temps, c'est lui qui le dit, de poser par-
fois son fusil pour prendre un crayon et
noter une phase dramatique de la ba-
taille.
Le correspondant .d'une agencé évite,
lui, de nous conter ses hauts faits; mais,
tacticien brillant, il invehte à votre in-
tention les. péripéties sensationnelles
d'une bataille, et -pour décrire l'échàuf-
fôurée du 18, il vous montre des niasses
de cavaliers se ruant en désespérés sur
nos soldats, un caïd rougê qui les com-
mande et nous défie.de loin, et nos trou-
pes valeureuses, fermes sous ,1a grêle
des balles et l'assaut des chevaux/
Il ne faut pas que le public français se
laisse prendre à ces fantasmagories ; et
Le Numéro quotidien = SEINE â SEINE-eT-OISE : 15 centimes =~ DEPARTEMENTS i 20 centimes
Vendredi 30 Août 1907
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
ftÉDACTION - ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9» Arr')
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
A L'HOTEL DU « FIGARO >
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« Loué par ceux-ci,; blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer. » (BEAUMARCHAIS.)
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
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de France et d'Algérie.
SOMMAIRE
DE NOTRE
Supplément Littéraire
OC DEMAIN
IVAN STRANNIK ........ Le bouvier et la lune
' Nouvelle
XAVIER Roux Variété s
gastronomiques
G. DUPONT-FERRIER. ... Villégiatures
d'autrefois
La Vie aux Eaux
HENRI REGNAULT Lettres inédites
PAUL GINISTY ........ Petits papiers
MAURICE DUMOULIN.... L'aérostation
militaire pendant
la Révolution
ANDRÉ BEAUNIER A travers les Revues
STANISLAS RZEWUSKI .. Casimir Zalewski
La vie littéraire
à l'étranger
ERNEST BLUM Le boulevard
du Crime
Souvenirs d'un
vaudevilliste
G. LABADIE-LAGRAVE. . Pantalons et culottes
courtes
Lectures étrangères
P. CHAVANNES. Pamphlets
d'autrefois
Page musicale
EDOUARD SCHUTT Romance pour piano
La Fin
d'une légende
La question du Masque de fer pas-
sionna nos pères ; elle ne fait plus couler
beaucoup d'encre; les personnes qui ai-
ment le roman dans l'histoire se sont
rejëtées sur la question Louis XVII. On
sait que les « survivantistes », groupés
souç la bannière de MM. Sardou' et Le-
notre, sont nombreux, ingénieux, et
qu'ils ont réponse à toutes les objec-
tions. - Un problème du môme ordre
occupe en Russie quelques amis du mer-
veilleux : Est-il vrai, est-il possible que
l'empereur Alexandre 1er, officiellement
mort à Taganrog en 1825 et enterré peu
après à Pétersbourg, ait survécu de lon-
gues années, incognito, dans un ermitage
sibérien, qu'il y ait fait pénitence, sous
le déguisement d'un pieux ascète, durant
tout 1@ règne de son frère Nicolas Ier, et
plus tard encore, jusqu'en 1864?
Un des petits-neveux d'Alexandre a
voulu répondre une fois pour toutes à ce
point; d'Interrogation. Le grand-duc Ni-
colas' Michaïlovitch s'adonne aux études
historiques avec, une application intelli-
gente ; sa collaboration est précieuse à
nos historiens, lorsqu'ils ont besoin de
recourir aux sources russes pour l'épo-
que. napoléonienne ; mes confrères Al-
bert Vandal et Frédéric Masson font
grand état de ses travaux. Ce n'est pas
de l'amusement de prince, c'est de la
bonne besogne d'ouvrier. Le mémoire
que le grand-duc vient de publier sous
ce titre : la Légende d'Alexandre 1er en
Sibérie, est un modèle d'enquête scru-
puleuse et de discussion serrée. Je forme
le voeu qu'il soit traduit en français, pour
le divertissement des curieux, pour l'ap-
provisionnement des dramaturges qui
n'en accepteraient pas les conclusions
négatives.
#**
Au cours de l'année 1866, un mar-
chand de Tomsk, du nom de chromof,
vint à Pétersbourg. Il désirait faire cer-
taines révélations d'importance au tsar
Alexandre II et lui remettre les papiers
d'un vieillard mystérieux, Fédor Kos-
mitch, mort à Tomsk en odeur de sain-
teté deux ans auparavant. Chromof
trouva au Palais d'Hiver l'accueil plutôt
froid que Martin de Gâllardon avait reçu
aux Tuileries, lorsqu'il était venu annon-
cer à Louis XVIII qu'il ne fallait plus
pleurer Louis XVII. On assure que le
Sibérien aurait tâté de la forteresse,
avant d'être renvoyé à Tomsk, avec re-
commandation d'y bien tenir,sa langue ;
mais celte affaire n'a laissé aucune trace
dans les dossiers de la troisième section.
Chromof ne se découragea pas : vingt
ans après, sous le règne d'Alexandre III,
il revint à Pétersbourg et renouvela sa
demande d'audience, avec une photo-
graphie du saint homme à l'appui de la
requête. Il fut éconduit comme la pre-
mière fois. Cependant un membre du
Conseil de l'empire, M. Galkine-Vrasky,
de passage à Tomsk, fit édifier une cha-
pelle funéraire sur la tombe de Fédor
Kosmitch. Des personnages de marque
vinrent la visiter ; en première ligne le
prince héritier, tsar actuellement ré-
gnant, lorsqu'il traversa la Sibérie au re-
tour de son voyage au Japon.
Ces visites tirent jaser. Deux anciens
serviteurs de la Cour furent bannis, dit-
on, parce qu'ils avaient cru reconnaître
l'empereur Alexandre Ier sous les espè-
ces de Fédor Kosmitch. D'autres faits de
même nature donnèrent naissance à
une.littérature clandestine, brochures et
livrets qui propagèrent en Russie la
croyance du peuple sibérien. On en cau-
sait daps le bas clergé, et même dans le
haut. Des archevêques, des métropolites
laissaient échapper en confidence des
propos troublants. Une circulaire de Po-
biédonostzef les rappela sévèrement à la
discrétion. Les plus obstinés n'en gardè-
rent jpas moins, pieusement caché dans
une malle, un portrait de Fédor Kos-
mitch.
Qui était ce sosie d'un illustre défunt?
On ne le saura jamais : une enquête mi-
nutieuse, poursuivie sur place par les
soins du grand-duc Nicolas, n'a fait jail-
lir aucune lumière. Le pénitent qui se
dénommait Fédor Kosmitch était apparu
pour la première fois en Sibérie dans
l'année 1837. Nul ne savait d'où' il venait.
Recueilli par la famille Ghromof, il avait
vécu d'abord à Tomsk, puis dans une
cellule, sur la propriété des Chromof,
aux environs de la ville. Il y était mort
en 1864, objet de la. vénération popu-
laire. Sa photographie impressionnante
nous montre un ascète au visage éma-
cié, à la longue barbe blanche, vieillard
sans âge appréciable qui semble découpé
dans la peinture hiératique d'une an-
cienne icône. Ils ne sont pas rares dans
la sainte Russie, ces anachorètes vaga-
bonds ou habitants de quelque farouche
solitude, qui se consument dans les aus-
térités entre les murs de leur cellule et
n'en atteignent pas moins les extrêmes
limites de la vie humaine. Taciturnes à
l'ordinaire, ils n'ouvrent la bouche que
pour murmurer leurs prières et dispen-
ser de brèves sentences morales au peu-
ple qui vient les vénérer.
Les enfants Chromof disaient avoir
surpris de vagues propos, murmurés par
Fédor, et qui faisaient allusion à une
existence antérieure bien différente de
celle qu'il menait chez eux. Il ne laissa
à ses hôtes que le bagage habituel des
gens de son état, un cafetan de bure, une
ceinture.à boucle de fer, un bâton, une
vieille image de la Vierge. Mais l'initiale
A était gravée sur cette icône ; on
trouva en outre dans sa cellule une ban-
delette de papier chargée de caractères
manuscrits, mots sans liaison apparente
et signes énigmatiques. Ce document,
appelé le Secret de Fédor Kosmitch, a
été photographié par le grand-duc et
soumis à de patientes investigations :
nul n'a pu découvrir la clef de l'inintelli-
gible grimoire. L'écriture n'offre pas de
ressemblances avec celle d'Alexandre Ier.
Voilà, semble-t-il, de pauvres indices
et de faibles supports pour une légende
très accréditée. Elle n'a pu s'incarner
dans la personne de l'ermite sibérien
qu'à là faveur d'un doute persistant de-
puis trois quarts de siècle. Aiguillonnée
par ce doute, l'imagination populaire n'a
jamais cessé de se perdre en conjectu-
res sur la fin problématique de l'empe-
reur que ses contemporains surnommè-
rent « lé Sphinx ».
#**
Ame plus indéchiffrable que les hiéro-
; glyphes de Fédor Kosmitch ! Quel histo-
rien pourra jamais se flatter de la péné-
trer ? Fils de ce dément Paul Iur, petit-
fils du tragique Pierre III qui n'était
guère plus sain d'esprit le futur auto-
crate est élevé dans les sentiments répu-
blicains. par des révolutionnaires fran-
çais. Il devient ensuite la proie succes-
sive de tous les mystiques, Spéransky,
Mme de Krudener, les théosophes, les
martinistes, les illuminés qui foisonnent
dans son entourage. La destinée impose
à ce rêveur un rôle accablant, elle fait de
lui l'adversaire et le vainqueur de Napo-
léon, l'arbitre adulé d'une Europe qu'il
doit reconstruire. Dans son empire, les
conspirations libérales sapent déjà le
trône; il s'abandonne au dur Arakt-
chéief qui les réprime avec une énergie
impitoyable, et il s'écrie : « Et pourtant,
on a beau dire ce qu'on veut de moi, j'ai
vécu et je mourrai républicain ! » Son
mysticisme,-manifeste dans la concep-
tion de la Sainte-Alliance, ne fait que
s'accroître durant les dernières années.
Quelle est la part du remords dans les
angoisses de cet Hamletbyzantin ?Peut-il
oublier le drame du palais Michel, re-
gorgement d'un père qu'il n'a pas vengé?
Eut-il connaissance du forfait que tra-
maient ses amis, en fut-il le complice
tacite avant d'en . être le bénéficiaire?
Encore un problème qui ne sera jamais
éclairci. - y
Un point est hors de doute : l'infinie
lassitude du pouvoir et le désir de ren-
trer dans la vie privée qui tourmentèrent
Alexandre aux derniers temps de son
règne. Il s'en ouvrait à qui voulait l'en-
tendre : nous en avons maints témoi-
gnages dans les souvenirs de ses proches,
dans les papiers de sa belle-soeur la
grande-duchesse Nicolas, dans les dires
de ses parents à la Cour de Prusse. En
1823, après l'accident de voiture où il
faillit périr en revenant du' congrès de
Vérone, son humeur mélancolique s'ac-
centua. Ce fut alors qu'il remit au mé-
tropolite de Moscou l'ukase dévolutif de
la succession impériale ; par cet acte, il
instituait héritier du trône son plus
jeûne frère, Nicolas, à l'exclusion de
Constantin qui déclinait le fardeau, lui
aussi.
A l'automne de 1825, la santé de l'Im-
pératrice fut le motif ou le prétexte invo-
qué par Alexandre pour quitter Péters-
bourg et aller s'établir à Taganrog. Dans
la nuit qui précéda son départ, il fit célé-
brer son propre service funèbre au mo-
nastère de Saint-Alexandre-Nevsky : le
métropolite protesta vainement contre
cette bizarre exigence ; l'empereur se
rendit seul à la cérémonie et réclama
l'assistance de tout le clergé en orne-
ments de grand deuil. On lui amena en-
suite un vieil anachorète que les moines
tenaient en haute estime, parce qu'il
vivait presque sans manger et se macé-
rait, delà plus cruelle façon dans une
cellule de leur couvent. Ce maigre saint
était à tous égards.un prototype clu Fédor
Kosmitch qui devait édifier la Sibérie.
L'Empereur eut un long entretien avec
Alexis le Solitaire. Comme il s'étonnait
de ne pas voir de lit dans la logette, l'er-
mite tira un rideau noir, montra un cer-
cueil ouvert entre des cierges allumés :
« Voici mon lit, dit-il ; cette couche en
vaut une autre ; elle n'appartient pas à
moi seul, mais à tous les hommes ;
nous y dormirons tpus, éternellement. »
Alexandre parut vivement impressionné
par ce colloque. « Cet ermite est-un pro-
phète », répétait-il à l'abbé; et il sortit
tout songeur. , t
Quelques heures après,sa voiture fran-
chissait les barrières de Pétersbourg; il
se retourna, se dressa debout dans la
calèche, contempla longtemps sa capitale,
comme pour lui adresser un suprême
adieu. Dès qu'il eut installé l'Impératrice
à Taganrog, Alexandre alla parcourir la
côte de Crimée, avec l'arrière-pensée de
chercher dans ce paradis terrestre une
résidence où il pourrait trouver le calme,
jouir des beautés de la nature à l'écart
des hommes. Il en rapporta le mal -
une fièvre maligne, dirent les médecins
- qui le terrassa en quelques jours,
dans la petite maison de Taganrog, le
19 novembre du vieux style. Peu nom-
breuse était la suite qui l'avait accom-
pagné; il s'éteignit entre' Volkonsky,
Diébitch et ses médecins.
Notre auteur reproduit les témoignages
qui peuvent authentiquer les circons-
tances de la mort : lettres et journal de
l'impératrice Elisabeth, récit d'un ano-
nyme, habitant de Taganrog. Il précise
et discute le fait sur quoi s'appuyèrent
tout d'abord les « survivantistes » pour
supposer une simulation de cadavre. Un
courrier impérial, Maskof, s'était blessé
en tombant de voiture sous les yeux de
l'Empereur, qui fut vivement frappé par
'cet accident. Malgré les soins qu'on lui,
prodigua, Maskof expira durant la ma-
ladie de son maître. Ses descendants,
tous disparus aujourd'hui, gardèrent et
divulguèrent la conviction qu'il avait été
enseveli au lieu et place du souverain.
D'autres voulaient que le mort substitué
fût un soldat de la garde, portrait vivant
d'Alexandre.
Le grand-duc Nicolas réfute ces diver-
ses allégations en accumulant les dépo-
sitions des grands officiers de la couL
ronne qui s'assurèrent à plusieurs re-
prises . de l'état du corps, tandis qu'on
ramenait lentement la dépouille impé-
riale à Pétersbourg ; elle ne fut déposée
dans les. caveaux de SaintrPierre-et-
Saint-Paul qu'à la fin de mars 1826. La
dernière ouverture de la bière eut lieu
près de Tsarskoé-Selo, en-présence de
l'Impératrice mère qui s'écria : « Oui.
c'est mon cher fils Alexandre; ah!
comme il a maigri ! » Un autre témoin
aurait pu, naguère encore, éclairer notre
religion : c'était le prince Guillaume de
Prusse, compagnon d'Alexandre pen-
dant la campagne de France, délégué à
ses obsèques, et qui devait être un jour
l'empereur Guillaume I 01" d'Allemagne.
***
Il ne resterait qu'à s'incliner devant.les '
faisceau de preuves fortement lié par
l'habile rédacteur de ce mémoire, si lui-
même ne nous indiquait loyalement une
contradiction qu'il ne s'explique pas.
Tous les Russes'sont d'accord pour pla-
cer au premier rang' des historiens
contemporains le regretté Childer, au-
teur d'une histoire définitive d'Alexan-
dre Ier; oeuvre d'information irrépro-
chable et de judicieuse critique, qui fait
autorité dans le monde averti. Or, Ghil-
der consacre tout un .chapitre du tome
quatrième à la tradition de la survi-
vance, et ses conclusions ne sont rien
moins que catégoriques ; avec les réti-
cences, les phrases évasives qui convien-
nent en pays de censure, le sérieux his-
torien insinue dans l'esprit de ses lec-
teurs un doute qu'il n'a pu chasser du
sien. Le grand-duc Nicolas proclame son
admiration déférente pour Childer ; il
rapporte les entretiens où il s'efforça de
l'amener à sa propre conviction ; il avoue
n'y,avoir jamais pleinement réussi : son
interlocuteur se dérobait toujours.
L'écrivain était-il dupe de son imagi-
nation, du secret désir que nous aurions^
tous de pouvoir croire à une si mirifique
aventure? Songez donc : ce serait si
beau, si shakspearien, cela dépasserait,}
de si loin les plus prodigieuses inven-
tions de cette inépuisable romancière,
l'histoire universelle ! La retraite de
Charles-Quint au monastère de Yuste ne
fut qu'un geste théâtral, et de courte du-
rée. Mais Alexandre- de Russie, plus
puissant que Charles-Quint, debout et
triomphant en face de Napoléon abattu,
vraiment maître de l'Europe et de l'Asie
après 1814 et 1815, - imaginez ce sur-
homme, « l'Ange céleste », comme on
l'appelait, disparaissant volontairement
de la scène du monde où il occupait la
première place, allant s'évanouir dans
l'anonymat d'une vie pénitente, prolon-
gée durant quarante années, sous la
robe d'.urt moine mendiant!... Ce serait
trop beau. Rendons-nous à l'argumenta-
tion irréfutable de son petit-neveu. - Et
pourtant, les réserves de l'honnête et sa-
vant Childer !... Peut-être voulait-il lais-
ser quelque marge aux Alexandre Du-
mas et aux Victorien Sardou qui naîtront
un jour dans cette fabuleuse Russie, tou-
jours crédule aux imposteurs, depuis le
faux Démétrius, toujours sceptique sur
la disparition naturelle de ses souve-
rains.
E. M. de Vogué.
Échos
La Température
A Paris, orage très violent, l'avant-dernière
nuit, à trois heures, venant du sud. Les éclairs
étaient intenses et très nombreux. La pluie a
duré jusqu'à sept heures du matin. Elle a
fourni 14mm d'eau à l'observatoire de la tour
Saint-Jacques. La foudre est tombée sur plu-
sieurs points.
Le thermomètre marquait hier : le matin,
170; dans l'après-midi, 24°. Baromètre : 762mm.
Temps couvert.
A trois heures de l'après-midi, un orage
aussi violent que celui de la nuit précédente a
éclaté sur Paris. Forts coups de tonnerre. La
foudre est tombée trois ou quatre fois. Pluie
abondante jusqu'à quatre heures.
Vent faible sur la Manche et la Bretagne ;
I de l'ouest en Gascogne, de l'est en Provence.
Une dépression s'avance sur le sud-ouest de
-l'Europe. Fortes pressions sur le centre du
continent.
'À 'Départements, le matin.-Au-dessus de \èro :
12° à Brest, 130 à Ouessant, 140 à Lorient, i5°à
Cherbourg, 160 à Nantes, 170 à Limoges,
â-Clermont et à Besançon ; 180 à Toulouse, à
Bordeaux, à Lyon et à Cette, 190 à Nice, 20° à
Perpignan et à Marseille, 250 à Oran, 26° à
Alger.
, En France, ondées orageuses probables,
avec temps châùd.
(Le thermomètre marquait à Paris, le 29
août 1906 : le matin, 12°; à trois heures, 270,
Baromètre, 769mm. Belle journée.)
, Dieppe (à 2 h. 43 de Paris). -. Temps
beau. Mer belle. Thermomètre, 220.
Du New York Herald :
Londres : Très beau; maxima, 240; mi-
nima n°. Vent sud-ouest. Baromètre: 762mm.
New-York : Beau ; maxima,250; minimà, 17°.
Vent nord-ouest.
Berlin : Nuageux, 140.
A Travers Paris
M. Jules Cambon, notre ambassadeur
à,-.Berlin, avait, au cours de ses entre-
tiens avec le prince de Bùlow, pris des
nouvelles de l'impératrice d'Allemagne
.et exprimé- ses voeux pour le prompt
-rétablissement de la souveraine.
Le chargé d'affaires d'Allemagne à
Paris a, d'ordre de son gouvernement,
"remercié M. Pichon, ministre des affaires
étrangères, de cette courtoise démarche.
-
S. M. le roi de Grèce, qui a reçu hier
son courrier à Paris, a passé une partie
de la journée dans ses appartements.
Il a déjeuné et dîné avec S. A. R. le
prince Georges et les personnes de sa
suite.
Georges IOR compte partir demain ou
après-demain pour Copenhague.
Monseigneur le duc d'Orléans, qui
s'embarquait, il y a quelques semaines,
à Vardoe, port avancé au nord de la Nor-
vège, fait route .actuellement à travers
les mers et les glaces du Spitzberg.
' . C'est encore à bord de la Belgica, le bâ-
timent sur lequel il fit l'an dernier son ex-
ploration dans le Groenland, que voyage
I lé,prince, en compagnie du "docteur ' Ré-
câmiér; " : '. ,
' Il compte rapporter de cette nouvelle
l 'expédition les éléments d'une étude sur
j la l'aune et sur l'océanographie de '.ces
! régions, - étude qui lui permettra de
compléter ses connaissances déjà si éten-
dues sur les sites polaires.
| Le prince se distrait d'ailleurs de ses
observations scientifiques en se livrant
à la chasse, et $es côllêctions si curieuses
d'animaux de toute espèce des régions
! arctiques vont s'enrichir de quelques
pièces naturalisées qui leur manquaient.
Le dïic d'Orléans sera de retour en oc-
tobre en Angleterre, où le rejoindra Ma-
dame la duchesse d'Orléans, qui, depuis
son départ, s'est retirée dans sa famille,
à Alcsuth.
Les absents.
On a vu qu'au Conseil de cabinet tenu
avant-hier sous la présidence de M. Cle-
menceau, deux ministres, MM. Guyot-
Dessaigne et Briand, et un sous-secré-
taire d'Etat, M. Dujardin-Beaumetz,
étaient absents. Tout porte à croire que
deux d'entre-eux, tout au moins, auront
réintégré, pour le Conseil de demain, le
giron ministériel.
En effet, le ministre de la justice,
qu'une assez sérieuse indisposition avait
empêché de rentrer à Paris, paraît aller
beaucoup mieux. M. Guyot-Dessaigne,
qui était déjà un peu fatigué en se ren-
dant à Clermont-Ferrand pour les tra-
vaux du Conseil général, y a été victime
d'un surmenage causé aussi bien par la
session elle-même que par la tempéra-
ture, très chaude à ce moment-là. Quel-
ques jours de repos dans sa propriété de
Marranf,- aux portes de Clermont-Fer-
rand, l'ont bien .vite remis, et, bien que
son retour n'ait été annoncé, à la Chan-
cellerie, que pour les premiers jours de
.la semaine prochaine, il ne serait pas
impossible qu'il rentrât ce soir même
à Paris.
M. Dujardin-Beaumetz y est rentré ce
I matin, après une courte villégiature dans
le département de l'Aude. Seule, donc, la
présence de M. Briand au Conseil des
ministres de demain demeure probléma-
tique. M. Briand est parti pour un petit
voyage d'excursions, et il a pensé, non
sans raison, que le meilleur moyen de
passer de tranquilles vacances était de
11e pas indiquer son itinéraire aux indis-
crets. On sait seulement qu'affranchi,
comme il sied en été, de toute préoccu-
pation politique, il se dirige au gré de
son caprice, uniquement désireux d'ad-
mirer les beautés de notre pays, et
voyageant ainsi beaucoup moins en mi-
nistre de l'instruction publique ou des
cultes que des beaux-arts...
Toujours les sondages.
Ces vacances, décidément, n'auront pas
été bonnes pour le projet d'impôt sur le
revenu. Nous avons signalé déjà tous les
mécomptes occasionnés par les fameux
sondages. Chaque jour, au nord ou au
sud, à l'est ou à l'ouest, se produit quel-
que mésaventure du même genre.
A Belleville, canton de Pont-à-Mous-
son, un inspecteur des finances a voulu
procéder avant-hier aux essais prescrits
par le ministre. Le maire et les réparti-
teurs, jugeant insurmontables les diffi-
cultés qu'ils .rencontraient pour établir
une base sérieuse de la fortune mobi-
lière de chacun, ont rédigé une protesta-
tion constatant « l'impossibilité de four-
nir les renseignements demandés ».
L'inspecteur n'a pu que recevoir cette
protestation et se retirer.
A Pollestres, dans les Pyrénées-Orien-
tales, les répartiteurs,, après avoir donné
sans hésitation sur leurs compatriotes
les renseignements qui étaient en quel-
que sorte de notoriété publique et dont
la divulgation ne pouvait gêner per-
I sonne, ont refusé de préciser les béné-
fices commerciaux.ou industriels de telle
ou telle personne, les revenus apparents
ou les dettes de quelques-uns. « Ce serait
là, ont-ils dit, faire oeuvre inquisitoriale
et vexatoire. ».
La série promet de se continuer long-
temps ainsi. On paraît s'en rendre compte
au ministère des finances, car M. Cail-
laux a déclaré à notre confrère Messidor
que son projet n'était pas intangible, et
que les expériences entreprises avaient
précisément pour but de montrer les
modifications qu'il conviendrait de lui
apporter. C'est déjà là une bonne parole,
et il faut espérer que, de modification en
modification, l'enfant, s'il vit encore,
sera, tout au moins, méconnaissable...
*
La défense patronale.
Elle s'organise lentement... mais elle
s'organise. Ainsi quatre patrons de la
.région de Bonneville viennent de pren-
dre une initiative très courageuse et
dont on ne saurait trop les louer.
Ces patrons sont fabricants d'horloge-
rie. Leurs ouvriers étaient en grève de-
puis cinq semaines ; enfin l'accord s'é-
tait fait et il était entendu que les ateliers
seraient réintégrés lundi.
Ils ne l'ont pas été, paraît-il, et quel-
ques meneurs ont réussi à recommen-
cer l'agitation qu'on croyait finie.
Les patrons, cette fois, ont renoncé à
discuter, et pris le parti le plus simple :
ils ont fermé leurs fabriques et informé
leurs ouvriers'qu'ils allaient s'installer
ailleurs... Nul doute que cette résolution
ne fasse quelqu'e effet dans le pays ; son
seul inconvénient sera de coûter un peu
cher aux braves gens qui l'ont osé
prendre.
* *
A féliciter aussi, les patrons d'Anvers.
Ils sortent vainqueurs de cette grève des
dockers qui menaçait de ruiner le com-
merce local, - et cela grâce au solide
fonctionnement d'une « Fédération ma-
ritime » qui, dès le début de la grève,
assura la discipline dans leurs rangs et
leur fournit les moyens de faire face à la
grève.
' Grâce à la-Fédération, des ouvriers du
dehors purent etre recrutés à grands
frais,' et aussi nombreux qu'il le fallut;
et-voilà le travail réorganisé'et la paix
assurée dans Anvers.
' Cette tactique a donné de si heureux
résultats que les Anversois ont été invi-
tés à en propager les principes : ils vont
donç ouvrir chez eux* en octobre, un
congrès international où séront repré-
| sentéés les ^ fédérations . maritimes des.
grands ports d'Europe, et examinés, les
moyens de fournir, en cas de grève,d'un
port à l'autre -ou môme'-d'un pays à
l'autre, -. de là main-d'oeuvre à ceux qui
en manquent et qui en cherchent.
. Louable solidarité, . et dont il serait
souhaitable que notre patronat français
suivît l'exemple. : .
M. de Valence, secrétaire général de
la Société de secours aux blessés mili-
taires, vient d'arriver à Tanger, où il
doit préparer les installations de l'hôpi-
tal militaire mis à la disposition du gé-
néral Drude par cette société.
Mme'Fortoul, directrice des dames in-
firmières de la Croix-Rouge qui se sont
l'ait, inscrire dans les services de cet-
hôpital, ayant dû se rendre à Constanti-
nople auprès'de son fils, enseigne de
vaisseau, a chargé l'administration de la
Société de secours aux blessés militai-
res de l'aviser par télégramme de l'appel
que pourrait lui adresser M. de Valence.
Elle rentrera aussitôt en France pour
s'embarquer, avec Mme la comtesse de
Boisboissel et leurs compagnes, à desti-
nation du Maroc.
La mobilisation des dames infirmières
de la Croix-Rouge est imminente. Tou-
tes sont prêtes à partir.
' -
' C'est à M. Emile Loubet que le comité
français des expositions à l'étranger vient
d'offrir le haut patronage du comité or-
ganisateur de la .section française de la
grande exposition franco-britannique qui
doit s'ouvrir l'année prochaine à Lon-
dres. ,
On sait que cette exposition s'organise
sous les auspices de S. M. Edouard VII,
et que son président d'honneur est Sa
Grâce le duc d'Argyll, beau-frère du roi
d'Angleterre.
Toutes nos manufactures nationales
doivent y envoyer leurs productions :
Sèvres et les Gobelins achèvent actuelle-
ment les pièces de grand art destinées à
cette exposition, dont on a commencé
l'installation à Shepherd's Bush, au nord-
ouest d'Hyde Park.
On trouvait, hier, au Journal officiel,
le texte d'un discours prononcé à l'ouver-
ture de la session du Conseil général de
l'Isère. Il est sans exemple, croyons-nous,
que cette publication ait ouvert ainsi ses
colonnes, même dans sa partie non offi-
cielle, au discours d'un simple conseiller
général. Mais ce conseiller général n'est
autre, cette fois, que M. Àntonin Du-
bost, président du Sénat.
Le deuxième magistrat de la Républi-
que, comme disait Brunetière, a fait
l'éloge de la décentralisation.
Les assemblées locales, a-t-il dit en-
suite, sont la véritable école politique
d'un peuple libre. C'est là seulement
qu'il peut acquérir la familiarité des ma-
tières fiscales, apprendre qu'on ne peut
accomplir les réformes tes plus néces-
saires qu'au prix d'une longue patience
et d'un sérieux apprentissage ; c'est là 1
qu'on peut le mieux juger ce qu'auraient
de téméraire et d'impraticable certains «
engagements ou certaines promesses qui 1
deviendraient .un danger pour'la pros- :
péri té du pays.
Voilà de « certains engagements » et 1
de « certaines promesses » qui sont d'un
style bien académique. Gageons pour- 1
tant que M. Caillaux, s'il a lu VOfficiel
d'hier, ne s'y est pas trompé.
Kako et Liza, les deux hippopotames
du Jardin des plantes, s'ennuyaient fort
dans leur rotonde, dont les visiteurs
n'ont d'égards que pour les éléphants.
Mais ils sont philosophes et, pour se
distraire, ils viennent de se créer une
petite famille.
Liza, en effet, mettait au monde l'au-
tre jour un minuscule hippopotame mâle,
qui est tout le portrait de son père.
On a donné au nouveau-né le nom de
Marius et on l'élève comme un prince,
le moindre hippopotame ayant une va-
leur marchande d'une dizaine de mille
francs.
Marius est plein de santé : on a mis à
sa disposition comme nourrices huit
chèvres qui lui fournissent chaque jour
douze litres de lait.
Il est au demeurant d'humeur assez
folâtre, ce qui paraît aux savants du
Muséum du meilleur augure.
Ceux-ci espèrent qu'il grandira à la
ménagerie. Marius sera, en ce cas, le
premier hippopotame né à Paris qu'on
aura pu élever au Jardin des plantes.
Nouvelles à la Main
On parle des vandales qui mutilent les
tableaux dans nos musées.
- Mais comment l'empêcher?... de-
mande quelqu'un.
Et Calino, péremptoire:
- Oh! c'est bien simple: les gens qui
veulent faire ça, il n'y a qu'à ne pas les
laisser entrer !...
Au café.
- Moi je parie que Soleilland ne sera
pas exécuté...
- Et moi qu'il le sera !
- Qu'est-ce que tu paries?
- Sa tête !
. Les sondages du ministre des finan-
ces :
- Drôles de sondages, dit un vieux
maire : on ne peut pas arriver à trouver
les fonds !
*
Le papa de Toto lùi demande :
- As-tu écrit à ton .professeur ?
- Oui.
- Et qu'est-ce que tu lui as dit?
- Je lui ai dit de bien travailler !
. histôire 4?- chassë
. Deux marseillais reviennent d'une bat-
tue, le carnièr vidé, harassés, traînant la
jambe... 1 ' ' : :
-r- Ouf! fait l'un; je ne puis plus
marcher : - je crois que j'ai . un oeil-de-
perdrix... .
Et l'autre, armant subitement son
fusil : '. v:; . -
- Un oeil de perdrix? Où est-il?' où
est-il?
Le Masque de Fer.
AU MAROC
La Vraie situation
»
A CASABLANCA
(Par dépèche de notre envoyé spécial)
Casablanca, 28 août !réexpédiée de Tanger
le 29 août,-à 10 heures du matin).
Il y a quelques jours, dans un exposé
rapide et que je crois fidèle de la situa-
tion^ Casablanca, j'essayais- de mettre
en garde le public français contre l'opti-
misme des notes officielles qui présen-
taient la région comme tout à fait calme
et tendant à faire croire que tout y allait
le mieux du monde. J'ai dû lui affirmer
et démontrer que les auteurs de ces no-
tes se trompaient et que la détente que
l'on vantait n'exprimait aucune réalité.
Une autre tâche me sollicite aujourd'hui,
et c'est le devoir inverse. Je crois utile
et nécessaire, dans l'intérêt de la vérité
et pour la quiétude de tant de familles
anxieuses du sort de ceux des leurs qui
luttent ici, derectifier une fois pour toutes
des récits où l'imagination a plus de part
que l'observation. Celui-ci n'entend à Ca-
sablanca que le.fracas du canon et le sif-
flement des balles; celui-là montre un
camp en alarme constante du matin au
soir, harcelé.et menacé par des nuées
d'ennemis; cet autre vit dans la. bataille
et ne voit que marches, contre-marches
et stratégies multiples ; il ne dort pas, se
déshabille-à peine, son oreille aguerrie
perçoit le plus lointain coup de feu, et
tout aussitôt le voilà debout, il saisit un
fusil, court au camp, se précipite à tra-
vers.les campagnes, s'établit sur la ligne
des avant-postes et, pour un peu, il nous
dirait qu'il a fallu le retenir de. s'engager
plus avant ; il a des cartouches, il a pisté
héroïquement, avec sang-froid, méthode
ét sans répit, les intrépides cavaliers en-
nemis que sa'bravoure fait reculer- car
vous savez que le général Drude a be-
soin de renforts, - et il prend à peine lé
temps, c'est lui qui le dit, de poser par-
fois son fusil pour prendre un crayon et
noter une phase dramatique de la ba-
taille.
Le correspondant .d'une agencé évite,
lui, de nous conter ses hauts faits; mais,
tacticien brillant, il invehte à votre in-
tention les. péripéties sensationnelles
d'une bataille, et -pour décrire l'échàuf-
fôurée du 18, il vous montre des niasses
de cavaliers se ruant en désespérés sur
nos soldats, un caïd rougê qui les com-
mande et nous défie.de loin, et nos trou-
pes valeureuses, fermes sous ,1a grêle
des balles et l'assaut des chevaux/
Il ne faut pas que le public français se
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