Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-10-16
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 octobre 1906 16 octobre 1906
Description : 1906/10/16 (Numéro 289). 1906/10/16 (Numéro 289).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE PIGABO –MARDI 16 OCTOBRE 1906
tes à prendre, et le 12 décembre sera l'avène-
ment d'un régime de liberté. Nous serons
tous, tant au Conseil des ministres que dans
«s rangs de nos amis, d'accord sur ce qu'il y
a à faire- ̃
Je n'ai pas à dire ce qui sera fait. Je ne
suis qu'un membre du gouvernement, mais
l'auditoire peut être tranquille, mon excellent
ami Briand saura le faire connaître quand
le moment sera venu. La loi sera appliquée à
tout le monde, on peut être tranquille. Et si
la force manquait au gouvernement, les sé-
nateurs et les députés sauraient la lui don-
ner, non dans un esprit de violence et de per-
sécution, mais dans un esprit de justice et de
liberté.
Sur la question sociale, l'orateur a ré-
pété, en terminant, à peu près ce qu'il
avait dit la veille à Draguignan. Son dis-
cours, en somme, a obtenu, de l'auditoire
très avancé auquel il s'adressait, le suc-
cès qu'il était aisé de prévoir.
Peu après, M. Clemenceau se remet-
tait en route, se rendant cette fois à la
Garde-Freinet. Mais à peine avait-on
roulé trois ou quatre kilomètres qu'une
nouvelle panne se produisit. L'accident
était malaisément réparable et le minis-
tre dut, une fois de plus, changer de véhi-
cule.
M. Clemenceau s'arrêta encore a la
Garde-Freinet, à Vidaùban où on lui
offrit, dans un café, l'apéritif d'hon-
neur, aux Arcs enfin, d'où il revint à
Draguignan à sept heures passées, ayant
couvert au moins ses deux cents kilo-
mètres au prix de tant d'automobiles
mises à mal ayant beaucoup parlé,
distribué des poignées de main à n'en
plus finir, le tout sous les rafales glacées
de ce vilain jour d'octobre.
Et aujourd'hui, il doit recommencer!
i On ne saurait reprocher à M. Clemenceau
de jouir paresseusement de ses derniers
• jours de vacances
André Nède.
LES DÉCORATIONS
s v DE
SaM-Lilsjt He Liège
COMMANDEUR
M. CHEYSSON, membre de l'Institut
Cette cravate de commandeur est allée,
'bien tardivement, à un vétéran des exposi-
tions. Qui dira combien M. Cheysson a orga-
nisé, présidé, « rapporté d'expositions d'é-
conomie sociale? Etait déjà le bras droit de
Le Play pn 1867. A ensuite dirigé Le Creusot,
puis, reprenant la filière administrative, est
devenu directeur au ministère,, des travaux
publics et inspecteur général des ponts et
chaussées. En retraite depuis quelques mois,
s'occupera avec plus de passion encore de ce
qui l'a fait connaître et aimer les études d'é-
conomie sociale et les œuvres bienfaisantes.
Est, en somme, le vrai successeur de Jules
Simon. Tout- à tous, d'une activité débordante,
ingénieux dans le dévouement. Un saint laï-
que, disent ceux qui voient de près se dérou-
ler cette belle vie. Un incorrigible optimiste
en tout cas, qui aura semé quelques nobles
idées.
̃ ̃; ̃“̃:̃̃
OFFICIERS
M. Louis-Antoine LUMIÈRE
'Un des noms les plus universellement connus
de'la promotion car qui ne fait aujourd'hui
de la photographie, ou qui, en faisant, n'a pas
recouru aux produits du grand industriel lyon-
nais au nom prédestiné ? Industriel, et considé-
rable par cette vaste et appréciée production.
Mais aussi, et surtout, artiste et savant de
premier ordre, à qui non seulement la science
mais encore l'art photographique sont rede-
vables d'inventions superbes. Le créateur du
cinématographe, l'inventeur d'un merveilleux
procédé de photographie en couleurs qui a
déjà été admiré à Paris, mais réserve encore
de prochaines et plus vives surprises. Tout
cela dénote une activité d'esprit hors de pair,
un savoir profond, qui correspondent, chez
l'homme privé, à une bonté charmante. Mais
ce n.'est pas tout encore Louis-Antoine Lu-
mière est un excellent artiste, dans le sens
absolu du mot, et comme peintre, a fait aux
Salons annuels les plus brillantes preuves.
Cette année encore il exposait deux morceaux
pleins de vie et d'expression, et du plus sa-
voureux métier le Portrait de Claude Ter-
rasse et celui de M. de Lanessan. Cet homme,
si remarquable à tous égards, a eu dans ses
deux fils de précieux collaborateurs qui se-
condent et continuent son effort avec une belle
activité.
M. Théodore RIVIÈRE
Théodore Rivière est un des statuaires et
modeleurs de figurines les plus spirituels et
les plus délicats. Il s'est, comme on sait,
adonné pendant assez longtemps à rendre la
vie et les types de l'Orient en maintes sta-
tuettes d'une verve et d'une grâce délicieuses,
en faisant fréquemment appel aux plus pré-
cieuses matières, l'or, l'ivoire, les pierres
rares, pour exécuter ses observations de la
vie ou ses évocations de légendes. Egalem,ent
Feuilleton du FIGARO du 16 Octobre
1 = (28)
AU FOND DU CŒUR
XIII
SOTTK
Et, la voix décidée, Mme. de Montain
conclut
Non. Laissons à la Foulineau ses
hypothèses, qui ne nous sont pas confir-
mées de façon certaine. Un seul fait nous
est prouvé, c'est qu'Alberte voulait em-
pêcher le mariage de Renée. Ce fait suf-
fit à expliquer tout, sans égarer encore
les esprits vers d'autres suppositions
Paul, d'ailleurs, aussi bien que Renée
pourront compléter notre pensée, selon
ce qu'eux-mêmes auront pu noter de
leur côté. Et quant à Alberte, il est à'
croire qu'elle-même, devant l'écroule-
ment de son plan, jugera que sa pré-
sence ici n'est plus possible.
Lucile approuva d'un signe lent de la
tête. Oui, il était préférable que la sug-
gestion entreprise sur elle demeurât
dans l'ombre, fût oubliée, abolie, comme
s'abolissaient en elle les troubles an-
ciens. Et une douceur secrète lui venait
de croire que Mme de Montain ne l'eût
jamais soupçonnée. Son réveil par là
s'achevait sa force en était confirmée.
Elle se sentait reprendre définitivement
toute sa pureté, retrouver son âme lim-
pide d'autrefois, comme un miroir, un
moment embué, reprend peu à peu de
lui-même tout son éclat.
Alors, demanda Lucile, vous allez
dire à Paul?.
Mme de Montain réfléchissait. Le di-
lemme redoutable persistait toujours. Le
pardon de Paul déterminerait la foi de
"ïraiittetica et reprodactioa interdites,
fin appréciateur de ses contemporains, il a
modelé d'après eux des « statues d'étagères >
d'une vie et d'une vérité surprenantes l'Ar-
mand Silvestre est demeuré un chef-d'œuvre
du genre. Mais outre ces travaux, petits par
les dimensions, mais révélant un très grand
art, M. Théodore Rivière a aussi produit des
morceaux très importants et empreints d'une
noble poésie tel son groupe de deux femmes
en deuil, maintenant au Luxembourg. Théo-
dore Rivière est un laborieux et un modeste,
considéré par les artistes comme un excellent
camarade.
̃.̃̃• XXX.
LE TAMPONNEMENT D'EPERNON
Les premières nouvelles que nous
avons données hier de l'accident d'Eper-
non n'étaient point, hélas, exagérées.
Nous annoncions neuf morts et trente
blessés. Le nombre des morts est de dix,
à présent, et parmi les blessés il en est
dont l'état est fort alarmant encore. Pour
quelques-uns, on a perdu tout espoir.
Voici la liste des morts
Le docteur Floquet, médecin du Palais de
justice de Paris.
M. Prunier, cousin du docteur Floquet.
M. Georges Laurent, 20, rue J.-J .-Rous-
seau, à Paris.
Mme Deschamps, 38, rue de Paris, à Meu-
don, son petit garçon et sa petite-fille, âgée
de huit mois.
M. Gaston Mongeot, 30, rue de Picardie, à
Paris;
M. Alfred Brisard, artiste peintre, au Mage
(Orne), de Mortagne.
Mlle Jeanne Moreau, 30, rue de Terel, à
Paris.
Une jeune femme dont on n'a pu établir
l'identité on a trouvé sur elle un billet d'aller
et retour de Connerré à Versailles (Chantiers)
et une carte de visite au nom de M. Léon
Bruley, 11, rue Serpente, à Chartres.
Enfin M. Devienne, de Luxeuil, est mort
pendant son transport à l'hôpital de Chartres.
Nous avons donné hier les noms des
blessés qu'on a pu ramener à Paris dans
la soirée. Voici les noms des autres vic-
times
M. Daude, soldat à la 24e section d'inflr-
miers, blessé au genou, conduit dans sa fa-
mille, 100, avenue Parmentier; M. Janet,
député, 87, boulevard Saint-Michel, commo-"
tion violente, contusions multiples Mme et
.Mlle de La Salle, 90, boulevard Pereire, con-
tusions, rentrées chez elles; Mine Madeleine
Christen, 39, rue Caumartin, soixante-cinq
ans, contusions aux jambes M. Tastemain,
conducteur de bestiaux, près Bretoncelles
(Orne), contusions diverses; le jeune Lar-
cier fils, quatre ans, 27, rue de Choiseul,
oreille coupée Mme Juliette Soyer, chez M.
Robillard, aux Essarts-le-Roi, blessures à la
face et aux jambes.
Mme Marie Binac, 76, rue de Sèvres, restée
à Epernon M. et Mme Gallon et leurs deux
enfants, transportés chez eux, à Epernon
Mlle Deschamps, demeurant à Meudon,
38, rue de Paris, jambe cassée, soignée à
Necker Mme veuve Alaunza, 68 ans, ren-
tière, 24, rue de l'Etang, à Saint-Gratien,
soignée à Epernon; M. Henri Alaunza,
28 ans, rentier, même adresse; M. Lebreton,
chauffeur, 90, rue Vercingétorix, luxation de
l'épaule gauche réduite au cabinet médical de
la gare M. Voilereau, négociant, 2, rue Guy-
de-la-Brosse, à Paris, contusions multiples
Mme Marie Vignat, 39 ans, domestique, rue
de Sèvres, 47, à Paris; M. Louis Roy, serru-
rier, 10, rue Caffarelli;
M. Jean, peintre, rue de la Butte-aux-
Cailles, à Paris; M. Dizet (deux jambes cou-
pons M. Brenard, de Nanterre, 47 ans
(contusions aux bras et à la tête) M. Vé-
riac de l'orphelinat Saint-Louis, 67, rue de
Sèvres; M. Bathy, meunier à Jouy; M. Bis-
seuil, sous-inspecteur de l'enregistrement à
Chartres (jambes broyées amputation pro-
bable) M. Pillard, d'Orcenne; Mme Bau-
don, cinquante-trois ans, demeurant 61, rue
du Ranelagh.
Nous avons fait prendre hier soir des
nouvelles de la plupart des blessés ra-
menés à Paris. Nous nous sommes ren-
dus d'abord chez M. Vimont, directeur
de la fabrique de flanelles et tissus, Vi-
mont et Linzeler, 3 rue des Deux-Boules.
M. Vimont revenait dimanche de Bre-
tagne avec sa femme, son fils René, âgé
de quatorze ans, sa fille Madeleine, âgée
de dix-sept ans, et sa fille Alice, âgée de
douze ans. Tous ont été blessés.
A son domicile particulier, 158, rue de
Rivoli, on nous présente le bulletin mé-
dical suivant
M. Vimont, Mlle Madeleine et M. René.ont
une fracture de la jambe. Mme Vimont et
Mlle Alice ont une foulure au pied. Tous ont
des contusions.
La nuit a été assez, calme et 1 état est aussi
satisfaisant que possible.
M. Larcier, 29, rue de Choiseul, rame-
nait de nourrice son fils, âgé de quatre
ans. Il a la tête couverte d'ecchymoses
et souffre des reins et de la jambe gau-
che. Quant à l'enfant, il a fallu le porter
à l'hôpital des Enfants-Malades, rue de
Sèvres. Il porte un trou au crâne, la
Renée. Mais Paul ne s'obstinerait-il pas
aussi longtemps que la jeune fille par
son silence continuerait de donner un
aliment à ses doutes?
Non, dit-elle enfin; à Renée d'abord 1
/•: '̃ XIV
Malade, non, Renée ne l'était pas.
Lasse seulement, brisée même par l'in-
cessant tourment de son cœur et de sa
pensée, elle se réfugiait derrière ses
rideaux clos; dans du silence et de l'om-
bre. Elle se dérobait ainsi à la sollicitude
de sa mère, aux questions toujours sus-
pendues sur elle et qu'elle redoutait cha-
que minute davantage, à la difficulté de
son rôle vis-à-vis de Lucile, aux insinua-
tions d'Alberte.
Elle aurait voulu s'endormir dans une
torpeur, laisser les événements se nouer
et se dénouer sans qu'elle fût obligée
d'y prendre part, ne s'éveiller, ne repa-
raître à la vie que lorsque la solution,
quelle qu'elle fût, serait intervenue.
Tous ne savaient-ils pas aussi bien
qu'elle d'ailleurs ? Pourquoi les torturer?
Elle regardait par delà dans l'avenir,
quand tout cela serait très loin derrière
elle, quand elle serait retirée enfin dans
la paix du cloître où rien ne la trouble-
rait plus.
A l'entrée de Mme de Montain dans sa
chambre, Renée ferma les yeux, se pré-
parant à décourager sa mère par son
attitude épuisée et par l'apparence du
repos. Mais Mme de Montain écartait les
rideaux des fenêtres. Du jour entra qui
l'éblouissait même à travers ses paupiè-
res, et la voix de sa mère la surprit tout
à coup par son timbre qui révélait une
joie contenue, impatiente de se livrer.
Tu dors, Renée?
Et le baiser surtout, qui enlaçait en
même temps la jeune fille, lui semblait
tout rempli d'une tendresse heureuse.
Allons, Renée, réveille-toi Ce sont
de bonnes nouvelles que je t'apporte 1 •
figure est en lambeaux et l'oreille gau-
che arrachée. Son état est très grave.
M. Miguet, âgé de vingt-six ans, ren-
tré dimanche à Paris, employé de com-
merce, 24, boulevard de l'Hôpital, a reçu
à la tête de. profondes blessures. Le mé-
decin qui le soigne déclare que bien que
grave l'état ne présente aucun danger
immédiat. Après une nuit très agitée, le
blessé était hier beaucoup plus calme,
Mme Bleynie, femme de l'ingénieur
en chef de la Compagnie du Midi et
sa fille, 12, rue Pelouze, n'ont que des
contusions à la tête et aux reins. Leur
état n'inspire pas d'inquiétude et la gué-
rison ne demandera que quelques jours
de soins et de repos.
Mme Augustine Deschamps, vingt-
deux ans, ex-infirmière, 38, rue de Paris,
à Meudon, avait profité du dimanche
pour aller passer la journée à Chartres,
chez des parents, avec son mari, son
enfant et sa belle-mère. Les noms des
trois derniers figurent parmi les morts
de l'accident.
Voilà pour les blessés parisiens les
plus grièvement atteints. Les autres sont
en voie de guérison.
A l'hôpital de Chartres, notre corres-
pondant est allé rendre hier soir visite
aux victimes. Voici les nouvelles qu'il
nous télégraphie
Chartres, 15 octobre, 10 h. soir.
Mme .Mille, à Lhermitière, près Le Theil.
Etat satisfaisant.
Mme Baudou, institutrice, 61, rue du Rane-
lagh, à Passy, qui porte des contusions à la
tête, est dans un état grave.
De M. Gorgu, 37, rue du Luxembourg, l'état
est presque désespéré. L'amputation des deux
jambes a été jugée nécessaire et a été faite ce
matin.
M. Paul-Isidore Pathy, ouvrier meunier,
âgé de vingt-cinq ans, 75, route d'Orléans, au
Grand-Montrouge enfoncement du crâne.
Etat désespéré.
M. Léon-Louis Pillard, âgé de vingt-deux
ans; à Oisème, commune de GasviHe broie-
ment du coude gauche, fracture probable du
bassin. Etat grave. 1
Une dame dont l'identité n'a pu être éta-
blie encore, son état étant trop grave frac-
ture du crâne et contusion cérébrale. Etat
désespéré.
Accompagné de M. de Larminat, directeur
de la Compagnie de l'Ouest, M. Barthou est
venu cette nuit à l'hôpital de Chartres visi-
ter les blessés. Il est reparti à cinq heures
vingt ce matin. Les blessés ont reçu aussi la
visite de M. Fessard, sénateur et maire de
Chartres, et de Mgr Bousquet.
Les morts, dont les corps n'ont point
été réclamés par les familles, ont été en-
terrés à Epernon:
A cinq heures, les cercueils contenant les
restes sanglants et informes d'un voyageur
non réclamé par sa famille et celui de la
voyageuse non identifiée ont, nous dit notre
correspondant, été conduits au cimetière et
déposés dans le caveau provisoire: Les habi-
tants d'Epernon ont vu défiler ce triste cor-
tège précédé d'un garde champêtre et suivi
du maire d'Epernon, M. Vernot, de MM. Mau-
duit, adjoint, Ourry, chef de gare et un ins-
pecteur de l'Ouest.
Une petite fille de quelques mois a été re-
trouvée lors du déblayement sous les décom-
bres sans une égratignure. Mais sa mère n'a
pu être retrouvée. Ne serait-ce pas la voya-;
geuse non identifiée de Connerré-Beille?
Les corps de six des victimes habitant
Paris sont arrivés hier soir, à six heures,
à la gare Montparnasse. Ils y étaient at-
tendus par les représentants du Prési-
dent de la République, du ministre des
travaux publics et par le directeur de la
Compagnie, M. de Larminat.
Les six cercueils ramenés contenaient'
les restes de Mlle Moreau; du docteur
Floquet, de M. Prunier (ces deux cer-
cueils ont été déposés dans un caveau
provisoire au cimetière de Montrouge-
Ceinture de M. Mongeot (le corps a
été transporté à huit heures et demie à
son domicile) de Mme Deschamps, de
sa petite-fille et de son petit-fils (les deux
cercueils seront conservés jusqu'à de-
main mercredi dans un bureau du
service médical, à la gare Montpar-
nasse).
Voici le signalement de l'inconnue Trente-
cinq à quarante-cinq ans. Taille 1^52. Forte
corpulence. Cheveux et sourcils châtains et
grisonnants. Chemise en grosse toile, mar-
quée aux initiales M. G. Jaquette en drap
noir venant de chez Couillard, confection-
neur, à Bonnétable (Sarthe). Corsage noir,
garni de dentelle noire; jupe en reps noir;
corsage de dessous en indienne à raies; cha-
peau de crêpe noir; bottines en bon état;
bague alliance sans inscription à l'annulaire
de la main droite. Avait sur elle un billet de
retour, 1" classe, de Versailles à Thommery,'
par la Grande-Ceinture.
L'enquête judiciaire ouverte sur ce
terrible accident n'a point encore déter-
miné très exactement les causes de la
catastrophe. Le ministre, M. Barthou, a
surveillé cette nuit les premières consta-
Un sourire furtif de Renée démentit
que jamais une bonne nouvelle pût lui
arriver. Mais ses yeux achevèrent de
s'ouvrir tout à fait lorsque Mme de Mon-
tain eut repris •
D'abord, rassure-toi je ne viens
pas te demander l'aveu qui a tant de
peine à sortir de tes lèvres; je n'en ai
plus besoin maintenant nous savons.
Soit légitime curiosité soit besoin de
retarder un peu la confusion qui la me-
naçait, Renée interrompit:
Qui? vous? Paul?.
Non, Lucile! Paul, reprit-elle, n'a
rien à voir avec cela. Lui, c'est unique-
ment ton refus d'épouser André qui l'a
rendu fou Oh mon enfant, je com-
prends que tu aies hésité, que tu aies
éprouvé une grosse difficulté à nous dire
tout Et cependant tu as eu tort, tu n'a-
vais pas à rougir, car de plus forts que
toi aussi, parfois, se sont laissé entraî-
ner au jeu terrible où tu t'es laissé
prendre!
-Queveux-tu dire? balbutia Renée.
Que tu as été dupe de la Foulineau,
simplement! 1
La Foulineau ?
Oui
Mme de Montain, quelques secondes,
garda Renée sous son regard souriant.
Puis
Aveline, pendant sa maladie, a
écouté, entendu! elle l'a dit à André 1
Elle a dit quoi?
Tout!
Les cils de Renée battirent. Elle n'osait
plus interroger. Et Mme de Montain re-
prit enfin
J'ai -fait appeler la Foulineau Elle
vient d'avouer à Lucile et à moi qu'elle
te trompait!
Renée, qui avait baissé les yeux, les re-
leva avec vivacité:
-Mais pourquoi? dans quel but ? l'a-
t-elle avoué aussi ?
Mme de Montain de son regard sou-
riant pénétra Renée
tations, et hier, au ministère des tra-
vaux publics, voici l'explication qui était ]
donnée de l'accident
Il résulte des déclarations des té- j
moins et des constatations faites par les (
ingénieurs que le départ de la machine i
isolée avait été annoncé au chef de gare j
d'Epernon, mais sous une forme telle <
que celui-ci avait cru au départ d'une 1
partie d'un train dédoublé. Quand il ap-
prit que ce train se réduisait à une ma- j
chine, il décida de faire partir, avant
qu'elle arrivât à Epernon, le train 510. J
En conséquence, l'express 514 passé, (
on ouvrit la voie de garage pour per-
mettre au train 510 de regagner la voie <
principale. L'ouverture de la voie de ga-
rage devait faire mouvoir automatique-
ment un disque situé à 2,500 mètres en
arrière et fermer ainsi la voie à la ma-
chine arrivant haut le pied.
Le mécanicien de cette locomotive ne
remarqua-t-il pas que le disque lui fer-
mait la voie? ou passa-t-il outre? Ou
bien encore le disque ne fonctionna-t-il
pas? On ne sait encore.. En fout cas,
c'est là qu'il faut chercher là cause de la
catastrophe.
Cette cause n'est pas encore judiciai-
rement établie.
M. Sée, juge d'instruction, a interrogé
hier sommairement le mécanician Lou-
vet, inculpé d'homicide par imprudence,
et le facteur-garde Lecocheur. Il s'agit de
savoir si la voie que ce dernier devait
fermer était libre quand Louvet s'y est
engagé. Des témoins ont été entendus,
notamment le chef de gare d'Epernon, le
mécanicien du train tamponné, l'aiguil-
leur et plusieurs employés de la gare.
Un des voyageurs revenu indemne fai-
sait remarquerhier quel'accidentn'aurait
pas eu lieu, si l'on avait pris il y a quel-
ques années en considération le projet
de M. Metzger, ancien directeur des Che-
mms de fer de l'Etat et consistant à créer
une ligne de Chartres à Paris par Gal-
lardon. La ligne de Paris à Chartres est
la plus chargée de toutes et lors du pro-
jet Metzger, l'Ouest avait offert son con-
cours au Chemin de fer de l'Etat. Au-
jourd'hui l'Etat construit à ses seuls
frais une ligne qui ne sera point avant
longtemps en exploitation.'
Une des victimes, un blessé, M. Voile-
reau qui se trouvait avec un de ses amis,
M. Mongeot dont le nom figure sur la
liste des morts a fait au Temps ce récit
de l'accident
Le train quittait enfin la gare, à notre
grande satisfaction. Songez que nous avions
une heure de retard et que nous venions de
faire une longue station sur la voie de ga-
rage. Mon ami Mongeot, assis sur la ban-
quette en face de moi, nous rappelait à M.
Miguet, mon comptable et moi, un incident
de la journée lorsque, tout d'un coup, le
wagon se disloquant avec un grand fracas,
nous fûmes projetés parmi des débris.
Je me suis retrouvé' sur le ballast, la poi-
trine comprimée par la toiture d'un wagon.
impossible de me dégager. De tous les côtés
s'élevaient des cris déchirants. Il n'aurait servi
de rien qu'à mon tour j'appelasse à l'aide.
J'attendis sans trop d'anxiété parce que je
m'étais bien rendu compte que je n'avais
aucun membre brisé.
Enfin, on m'aida à me tirer de la fâcheuse
posture dans laquelle je me trouvais. Mais
dès qu'on vit que je pouvais me tenir sur
mes jambes, on ne prit plus aucun souci de
moi. D'ailleurs je ne songeais guère à réela-
,mer des soins. Je venais d'apercevoir M.
'Miguet qui se débattait, perdant son sang
par une large plaie qu'il avait reçue au front
et mon ami Mongeot qui poussait des cris
affreux. Le malheureux était méconnaissa-
ble. Il avait eu l'oreille emportée, la mâ-
choire fracassée.
La fin du malheureux a été horrible.
Il s'est débattu pendant des heures sur
les coussins où on l'avait étendu.
G. Davenay.
Papis au joap le joup
LA JOURNÉE
Conseil de cabinet Au ministère de la jus-
tice, sous la présidence de M. Sarrien.
La rentrée Aujourd'hui, 16 octobre, ren-
trée des Cours et Tribunaux, Cour des comp-
tes, Conseil d'Etat, etc.
Mariages Vicomte Guy de Kersaint avec
Mlle Marie Vagliano (Saint-Pierre de Chail-
lot). M. Etienne Gautier avec Mlle Four-
nicr-Sarlovèze.
Obsèques Docteur Merklen (midi, Saint-
Augustin on se réunira à la maison anor-
tuaire, 19, rue do Téhéran; inhumation au
Père-Lachaise).
A Saint-Denis de La Chapelle Les naundorf-
fistes feront célébrer aujourd'hui, en la pa-
roisse de Saint-Denis de La Chapelle, 96, rue
de La Chapelle, une messe anniversaire de la
mort de la reine Marie-Antoinette (dix heu-
res du matin).
Tu savais donc, dit-elle, que tu
avais été trompée ? 1
Et redevenue grave pour répondre à la I
question de la jeune fille 1
Oui, cela aussi, elle l'a avoué. La
Foulineau n'était qu'un instrument,
Un instrument?. de qui?.
D' Alberte
D'Alberte? répéta Renée.
Oui.
Et, après un court silence
Rappelle-toi N'as-tu pas trouvé
déjà Alberte entre toi et André? n'a-
t-elle pas jadis soulevé devant ta pensée
Mme du Ternay?
Le souvenir en effet frappa Renée.
Mais ce n'était pas seulement Mme du
Ternay à qui elle songeait. Les insinua-
tions d'Alberte visaient Lucile. Alberte,
en même temps la décourageait, s'effor-
çait, dès le début, de la détourner d'An-
dré.
Aux yeux de la jeune fille, pourtant,
les événements mêmes n'avaient-ils pas
justifié Alberte? Alberte n'avait-elle pas
raison de l'écarter d'André ? Ne voulait-
elle pas lui épargner une désillusion, une
douleur, cette profonde douleur où elle
était tombée?
Mme de Montain, cependant, poursui-
vait
Tu dois connaître, de ton côté, des
points que j'ignore. Tu te souviens cer-
tainement que c'est au moment où, l'élec-
tion faite, André, libéré enfin comme
nous-mêmes de tout souci, se rapprochait
de toi, au moment de l'accident d'Ave-
line, que tu as changé brusquement.
C'est de cette époque, par conséquent,
que date cette infamie dont nous avons
tant souffert. Alberte, jusque-là sans
doute, la tenait en réserve. Mais la cer-
titude où elle fut alors que tu allais épou-
ser André, que rien ne pouvait s'opposer
à votre mariage, l'a affolée. Elle n'avait
que ce moyen, elle l'a jrisqué.
C'est vrai avoua Renée mais pour-
quoi? ̃̃
Le lord-maire à Paris Une heure et demie,
visite au musée Carnavalet; trois heures,
aux abattoirs de La Villette quatre heures et
demie, à la caserne des pompiers de la rue
Carpeaux sept heures trente, banquet du
commerce et de l'industrie. (Dans la matinée,
à onze heures et demie, un déjeuner sera of-
fert au lord-maire par le Comité français des
expositions à l'étranger, Galerie des Champs-
Elysées.)
Les bibliothèques publiques A partir d'au-
jourd'hui, la Bibliothèque nationale fermera
ses portes à cinq heures, au lieu de cinq heu-
res et demie; la bibliothèque Mazàrine, à
quatre heures au lieu de cinq heures.
Conférences A la Société de géographie
commerciale, M. Eugène Gallois « Une croi-
sière française au Spitzberg, le pays, l'expé-
dition polaire Wellman », avec projections
(huit heures et demie du soir, 184, boulevard
Saint-Germain). M. lé chanoine Leynaux,
curé de Sousse « les Fouilles des grandes
catacombes d'Hadrumète » (trois heures, rue
du Luxembourg, 18).
M. Clemenceau dans le Var Deux ban-
quets et deux discours, à Saint-Maximin et
à Brignoles.
INFORMATIONS
Le budget de 1907. La commission
a définitivement réglé hier les diverses ques-
tions, généralement d'ordre secondaire, qui
restaient encore en suspens dans les budgets
de la guerre, des colonies, de l'agriculture et
des finances.
A propos de ce budget des finances est re-
venue la question de la diminution de la
taxe sur les bicyclettes. On avait proposé
d'accorder des subventions aux communes à
l'eflet de combler les vides que cette diminu-
tion de taxe créera dans les budgets commu-
naux. Mais la commission n'a pas admis cette
solution elle préfère que les communes
soient laissées maîtresses de se tirer d'affaire
soit en s'imposant soit en créant, sur les bi-
cyclettes dégrevées par l'Etat, des taxes lo-
cales qui ne pourront pas toutefois dépasser
1 fr.50 par bicyclette.
Notons encore que la commission a aug-
menté de 1,080,000 francs les prévisions de
recettes de l'exploitation du réseau d'Etat
en raison de 1 augmentation constante du
trafic.
M. Sarrien, qui devait être entendu hier,
s'est fait excuser, étant retenu par les céré-
monies en l'honneur du lord-maire.
Une interpellation nouvelle sera déposée
à la Chambre visant l'exécution du pro-
gramme naval. C'est l'amiral Bienaimé qui
compte adresser à M. Thomson cette inter-
pellation sur «l'état d'avancement des tra-
vaux relatifs aux six cuirassés que l'article
6 de la loi de finances de 1906 avait autorisé
le ministre à mettre en chantier, sous la
condition que leur construction serait pous-
sée de manière à les faire entrer en service
dans le courant de l'année 1910. »
Question de pavillon. On dit qu'un
mot devient générique quand, ayant servi à
désigner un objet particulier, il arrive à être
appliqué par l'usage à tous les objets de
même nature; ainsi: cognac, champagne, etc.
Le mot «Bec Auer» est actuellement dans
ce cas et c'est un pavillon qui couvre souvent
une marchandise de contrebande.
Consommateurs, méfiez-vous, et exigez par-
tout la marque « S. j?. Auer ».
AFFAIRES MILITAIRES 1
Le lieutenant Lacroix. On se souvient
de la disparition momentanée et encore inex-
pliquée du lieutenant Lacroix, du 137e d'in-
fanterie, pendant une mission topographique
dont il avait été chargé hors de sa garnison.
On mande de Fontenay-le-Comte, où est
stationné le 137», que sur l'ordre du général
Peloux, commandant le 11» corps d'armée, le
lieutenant Lacroix a été arrête à la caserne
du 137o et emprisonné en attendant sa pro-
chaine comparution devant le Conseil de
guerre de Nantes. Il sera inculpé de déser-
tion à l'intérieur en temps de paix.
Cet officier sera défendu par Mo Servat, du
barreau de Nantes.
Le ministre de la guerre à Evreux.
Des opérations de ravitaillement ont été ef-
fectuées hier, à Evreux-, en présence de M.
Etienne, ministre de la guerre. Il s'agissait
de reconnaitre, de livrer et d'embarquer 350
quintaux de blé, 270 quintaux d'avoine et
150 quintaux de farine.
Accompagné de son chef de cabinet, M.
Moulin, et du commandant Jouinot-Gam-
betta, le ministre a visité la caserne Amey.
M. Etienne a offert ensuite un déjeuner
aux autorités civiles et militaires et a assisté
à la critique des opérations, qui ont été fai-
tes par l'intendant général Toumazou, en
présence des présidents des différents centres
de ravitaillement.
L'intendant général a résumé ces comptes
rendus en exprimant la satisfaction d'avoir
eu à constater partout un dévouement absolu,
une régularité parfaite et, de la part des
fournisseurs, une grande conscience dans les
livraisons.
Il a remercié les différentes commissions
qui avaient d'autant mieux fonctionné qu'elles
avaient été merveilleusement préparees par
les agents de la préfecture -de l'Eure.
M. Etienne a confirmé les appréciations de
Un intérêt, après la surprise, s'éveillait
en elle de plus en plus. Elle semblait re-
venir à la vie et, en achevant cette ques-
tion, elle se tourna tout à fait vers sa
mère.
Qui sait, répondit Mme de Mon-
tain, si Alberte n'espérait pas épouser
André?
Oh douta Renée, comment suppo-
ser ?. c'est impossible
Je n'affirme rien je suis sûre seu-
lement d'une chose, c'est qu'Alberte
seule a tout préparé, tout fait Tu con-
nais son œuvre vis-à-vis de toi; tu
ignores que c'est elle aussi qui a pro-
voqué la déplorable scène de l'autre jour.
Lucile, tu te rappelles, était souffrante.
André partait, s'éloignait de nous après
t'avoir fait ses adieux. Alberte est venue.
C'est elle qui l'a conduit près de Lucile.
Et c'est elle aussi sans doute qui, ayant
éveillé déjà des soupçons dans le cœur
de Paul, l'a poussé vers eux, si aveuglé,
si fou!
Pouquoi ? interrompit Renée.
Mais, pour amener un éclat qui te
séparât à jamais d'André. Toi, d'abord,
tu pouvais croire. puis Paul, que ton
refus d'épouser André.
Cependant, interrompit encore Re-
née, puisque j'avais refusé, puisque An-
dré partait, que pouvait crai ndre Alberte?
Alberte est trop intelligente pour
n'avoir pas su qu'un jour ou l'autre son
absurde calomnie tomberait de soi-
même. André, forcément, devait'revenir
aux Cloyes, ramené par son amour pour
toi, rappelé par nous.
Une roseur légère, peu à peu, revenait
aux joues pâlies de Renée.
Tu sais bien, reprit Mme de Mon-
tain, avec quel dédain Alberte a refusé
autrefois d'épouser Maurice Desombe,
avec quelle obstination (cette obstination
que nous prenions pour du dévouement)
elle a persisté à demeurer à Ambleuse?
Te rappelles-tu aussi comment elle, si
âpre et si dure à tous, a toujours toléré
l'intendant général et a adressé à.tous ses
plus chaleureuses félicitations. C
Une grave affaire de fraude. M. Dur
coudré, juge d'instruction, chargé de l'en-
quête sur l'affaire de détournements de sub-
sistance de Châlons, a fait procéder hier à
l'arrestation de deux sergents libérés de la
dernière classe et qui travaillaient comme
boulangers chez leurs parents.
Les aveux des prévenus font de plus en
plus ressortir que le principal 'inculpé, Os-
car Cadet, opérait des prélèvements sur toutes
les fournitures de denrées.
Le total des détournements se monterait à
un chiffre considérable, mais de nombreux
vols seront atteints par la prescription, l'ins-
truction ne pouvant remonter au delà de trois
années.
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Nouvelles Diverses
ENCORE UNE AFFAIRE DE BIJOUX
Mme Anna Olsson, âgée de trente ans,
avait fondé, 22, rue des Capucines, un insti-
tut de massage suédois, soins du visage,
gymnastique, etc. Malheureusement les clien-
tes étaient rares et la masseuse, ne sachant
comment vivre et faire vivre son mari qui
l'aidait, s'adressa à des bijoutiers qui lui re.,
mirent des bijoux à condition, avec un tant
pour cent sur ceux qu'elle pourrait vendre.
Quelques petites affaires lui permirent dé
vivre et d'assurer son crédit. On lui confia
des marchandises plus importantes. Ne trou-
vant pas à les vendre, elle les mit au Mont-
de-Piété.
Sur la plainte des bijoutiers, elle a été ar-
rêtée ainsi que son mari. On estime à 100,000'
francs le montant des bijoux engagés.
LE CRIME DE MONTFERMEIL
L'enquête a établi, hier, que l'individu
trouvé étranglé au pied d'un arbre dans le
bois de Montfermeil, avait été aperçu mer-
credi dernier dans une auberge des environs,,
en compagnie d'une femme brune en che-
veux et tenant dans ses mains un foulard
rouge.
Le couple fut aperçu de nouveau jeudi,
mangeant de la charcuterie à trente mètres
du lieu où fut commis le crime.
Enfin, un jardinier a affirmé avoir ren-
contre l'inconnu vendredi dans le bois de
Montfermeil en compagnie de deux jeunes
filles.
Le crime aurait donc été commis par deux
femmes.
TENTATIVE- D'ASSASSINAT RUE SAINT-PLACIDE
Une tentative d'assassinat a été commise
hier, à cinq heures de l'après-midi, rue Saint-
Placide, sur la personne de Mme Albron, cin-
quante-neuf ans, stoppeuse, par deux indiyi.
dus qui ont pris la fuite.
Les deux inconnus se sont présentés chez
Mme Albron, à qui ils ont demandé d'exa-
miner divers travaux qu'ils voulaient lui
«onfier. Comme la stoppeuse se penchait vers
eux, l'un des malfaiteurs la bâillonna avec
un foulard, tandis que l'autre cherchait à lui
ligoter les bras.
Mme Albron réussit à se dégager et brisa a
un des carreaux de sa fenêtre. A ce bruit, les
voisins accoururent mais les bandits, en-
tendant les éclats des vitres tomber dans la
cour, prirent la fuite.
M. Hamard, chef de la Sûreté, a ouvert une
enquête.
MANIFESTATION D'OUVRIERS COIFFEURS
Un groupe de deux cents ouvriers coiffeurs
a manifesté hier, à midi, devant plusieurs
salons de coiffure, boulevard Magenta, rue
des Marais. Rue de Chabrol, ils ont jeté des
pierres contre une boutique et brisé la glace
de la devanture. Ils ont été dispersés par les
agents. Une dizaine d'arrestations ont été
opérées aucune n'a été maintenue.
Jean de Paris.
Mémento. On a arrêté hier, rue Montmar-
tre, deux sujets allemands Albert Flakenstein et
Emile Baber, inculpés d'émission de fausse mon-
naie.
Maison Bazau, 101, rue des Petits-Champs, au
coin de la rue de la Paix, grand choix de mo-
dèles de robes, manteaux et blouses; prix très
modérés.
Une fillette de deux ans, Germaine Pierre,
dont les parents demeurent 58, rue de Buzenval,
a mis hier matin le feu à ses vêtements en jouant
avec des allumettes.
A demi carbonisée, elle est morte quelques
instants après.
Racahout des Arabes Delangrenier, le meilleur
aliment des enfants, des malades et des vieillards»
On a arrêté hier, un jeune homme de dix-
sept ans, Louis Cadot, qui, l'avant-dernière nuit
cependant les empiétements de la Fouli-
nean, comment elle a insisté enfin, d'a-
bord pour que cette femme soignât An-
dré au temps de sa blessure, ensuite,
pour que l'on acceptât son concours au
moment des élections?
C'est vrai dit Renée.
-Il y avait donc longtemps qu'elle
préparait son projet; elle avait besoin de,
cette femme pour le réaliser.
Renée, maintenant, écoutait à peine,
toute sa pensée reprise par André. Elle
demanda .̃
Mais alors, Paul '?
-Paul attend que tu épouses André.
Il n'y a pas autre chose pour lui, tout le
mal est venu de ton refus!
Ma tète se perd murmura Renée.
Ses idées, en effet, et ses sentiments"
se mêlaient dans une confusion inexpri-
mable. Elle se souvenait qu'Alberte,
avant même que la calomnie visant Mme
d'Athis eût été formulée, avait paru de-
viner, savoir; or, comment le pouvait-
elle puisque jamais pareille pensée n'es-
tait venue à l'esprit de personne?
Mais Renée déjà cessait de réfléchir; •-
de discuter. La moindre raison, l'appa-
rence même d'une raison lui suffisait.
Tout lui paraissait possible, simple, na-
turel, même l'infamie d'Alberte, ̃tout,
plutôt que la trahison d'André. ̃ •
Oui, André l'aimait! Elle revoyait ïa~
tendresse profonde de ses regards, en-
tendait la douceur de ses paroles. Et à
elle-même son amour, au fond du cœur,
palpitait comme un oiseau blessé dont
les ailes se soulèvent, près de se rouvrir
toutes grandes.
Un songe affreux se dissipait enfin, ne
lui laissant qu'une honte d'avoir pu se
laisser allerà concevoir tant de mal.
Elle cacha son visage dans les bras de
mère.
Oh soupira-t-ellé, si tu savais si
tu savais
(A. suivre.} • r • r Jean Beibrach,
(\ 'J. (. ¡ r "'f
tes à prendre, et le 12 décembre sera l'avène-
ment d'un régime de liberté. Nous serons
tous, tant au Conseil des ministres que dans
«s rangs de nos amis, d'accord sur ce qu'il y
a à faire- ̃
Je n'ai pas à dire ce qui sera fait. Je ne
suis qu'un membre du gouvernement, mais
l'auditoire peut être tranquille, mon excellent
ami Briand saura le faire connaître quand
le moment sera venu. La loi sera appliquée à
tout le monde, on peut être tranquille. Et si
la force manquait au gouvernement, les sé-
nateurs et les députés sauraient la lui don-
ner, non dans un esprit de violence et de per-
sécution, mais dans un esprit de justice et de
liberté.
Sur la question sociale, l'orateur a ré-
pété, en terminant, à peu près ce qu'il
avait dit la veille à Draguignan. Son dis-
cours, en somme, a obtenu, de l'auditoire
très avancé auquel il s'adressait, le suc-
cès qu'il était aisé de prévoir.
Peu après, M. Clemenceau se remet-
tait en route, se rendant cette fois à la
Garde-Freinet. Mais à peine avait-on
roulé trois ou quatre kilomètres qu'une
nouvelle panne se produisit. L'accident
était malaisément réparable et le minis-
tre dut, une fois de plus, changer de véhi-
cule.
M. Clemenceau s'arrêta encore a la
Garde-Freinet, à Vidaùban où on lui
offrit, dans un café, l'apéritif d'hon-
neur, aux Arcs enfin, d'où il revint à
Draguignan à sept heures passées, ayant
couvert au moins ses deux cents kilo-
mètres au prix de tant d'automobiles
mises à mal ayant beaucoup parlé,
distribué des poignées de main à n'en
plus finir, le tout sous les rafales glacées
de ce vilain jour d'octobre.
Et aujourd'hui, il doit recommencer!
i On ne saurait reprocher à M. Clemenceau
de jouir paresseusement de ses derniers
• jours de vacances
André Nède.
LES DÉCORATIONS
s v DE
SaM-Lilsjt He Liège
COMMANDEUR
M. CHEYSSON, membre de l'Institut
Cette cravate de commandeur est allée,
'bien tardivement, à un vétéran des exposi-
tions. Qui dira combien M. Cheysson a orga-
nisé, présidé, « rapporté d'expositions d'é-
conomie sociale? Etait déjà le bras droit de
Le Play pn 1867. A ensuite dirigé Le Creusot,
puis, reprenant la filière administrative, est
devenu directeur au ministère,, des travaux
publics et inspecteur général des ponts et
chaussées. En retraite depuis quelques mois,
s'occupera avec plus de passion encore de ce
qui l'a fait connaître et aimer les études d'é-
conomie sociale et les œuvres bienfaisantes.
Est, en somme, le vrai successeur de Jules
Simon. Tout- à tous, d'une activité débordante,
ingénieux dans le dévouement. Un saint laï-
que, disent ceux qui voient de près se dérou-
ler cette belle vie. Un incorrigible optimiste
en tout cas, qui aura semé quelques nobles
idées.
̃ ̃; ̃“̃:̃̃
OFFICIERS
M. Louis-Antoine LUMIÈRE
'Un des noms les plus universellement connus
de'la promotion car qui ne fait aujourd'hui
de la photographie, ou qui, en faisant, n'a pas
recouru aux produits du grand industriel lyon-
nais au nom prédestiné ? Industriel, et considé-
rable par cette vaste et appréciée production.
Mais aussi, et surtout, artiste et savant de
premier ordre, à qui non seulement la science
mais encore l'art photographique sont rede-
vables d'inventions superbes. Le créateur du
cinématographe, l'inventeur d'un merveilleux
procédé de photographie en couleurs qui a
déjà été admiré à Paris, mais réserve encore
de prochaines et plus vives surprises. Tout
cela dénote une activité d'esprit hors de pair,
un savoir profond, qui correspondent, chez
l'homme privé, à une bonté charmante. Mais
ce n.'est pas tout encore Louis-Antoine Lu-
mière est un excellent artiste, dans le sens
absolu du mot, et comme peintre, a fait aux
Salons annuels les plus brillantes preuves.
Cette année encore il exposait deux morceaux
pleins de vie et d'expression, et du plus sa-
voureux métier le Portrait de Claude Ter-
rasse et celui de M. de Lanessan. Cet homme,
si remarquable à tous égards, a eu dans ses
deux fils de précieux collaborateurs qui se-
condent et continuent son effort avec une belle
activité.
M. Théodore RIVIÈRE
Théodore Rivière est un des statuaires et
modeleurs de figurines les plus spirituels et
les plus délicats. Il s'est, comme on sait,
adonné pendant assez longtemps à rendre la
vie et les types de l'Orient en maintes sta-
tuettes d'une verve et d'une grâce délicieuses,
en faisant fréquemment appel aux plus pré-
cieuses matières, l'or, l'ivoire, les pierres
rares, pour exécuter ses observations de la
vie ou ses évocations de légendes. Egalem,ent
Feuilleton du FIGARO du 16 Octobre
1 = (28)
AU FOND DU CŒUR
XIII
SOTTK
Et, la voix décidée, Mme. de Montain
conclut
Non. Laissons à la Foulineau ses
hypothèses, qui ne nous sont pas confir-
mées de façon certaine. Un seul fait nous
est prouvé, c'est qu'Alberte voulait em-
pêcher le mariage de Renée. Ce fait suf-
fit à expliquer tout, sans égarer encore
les esprits vers d'autres suppositions
Paul, d'ailleurs, aussi bien que Renée
pourront compléter notre pensée, selon
ce qu'eux-mêmes auront pu noter de
leur côté. Et quant à Alberte, il est à'
croire qu'elle-même, devant l'écroule-
ment de son plan, jugera que sa pré-
sence ici n'est plus possible.
Lucile approuva d'un signe lent de la
tête. Oui, il était préférable que la sug-
gestion entreprise sur elle demeurât
dans l'ombre, fût oubliée, abolie, comme
s'abolissaient en elle les troubles an-
ciens. Et une douceur secrète lui venait
de croire que Mme de Montain ne l'eût
jamais soupçonnée. Son réveil par là
s'achevait sa force en était confirmée.
Elle se sentait reprendre définitivement
toute sa pureté, retrouver son âme lim-
pide d'autrefois, comme un miroir, un
moment embué, reprend peu à peu de
lui-même tout son éclat.
Alors, demanda Lucile, vous allez
dire à Paul?.
Mme de Montain réfléchissait. Le di-
lemme redoutable persistait toujours. Le
pardon de Paul déterminerait la foi de
"ïraiittetica et reprodactioa interdites,
fin appréciateur de ses contemporains, il a
modelé d'après eux des « statues d'étagères >
d'une vie et d'une vérité surprenantes l'Ar-
mand Silvestre est demeuré un chef-d'œuvre
du genre. Mais outre ces travaux, petits par
les dimensions, mais révélant un très grand
art, M. Théodore Rivière a aussi produit des
morceaux très importants et empreints d'une
noble poésie tel son groupe de deux femmes
en deuil, maintenant au Luxembourg. Théo-
dore Rivière est un laborieux et un modeste,
considéré par les artistes comme un excellent
camarade.
̃.̃̃• XXX.
LE TAMPONNEMENT D'EPERNON
Les premières nouvelles que nous
avons données hier de l'accident d'Eper-
non n'étaient point, hélas, exagérées.
Nous annoncions neuf morts et trente
blessés. Le nombre des morts est de dix,
à présent, et parmi les blessés il en est
dont l'état est fort alarmant encore. Pour
quelques-uns, on a perdu tout espoir.
Voici la liste des morts
Le docteur Floquet, médecin du Palais de
justice de Paris.
M. Prunier, cousin du docteur Floquet.
M. Georges Laurent, 20, rue J.-J .-Rous-
seau, à Paris.
Mme Deschamps, 38, rue de Paris, à Meu-
don, son petit garçon et sa petite-fille, âgée
de huit mois.
M. Gaston Mongeot, 30, rue de Picardie, à
Paris;
M. Alfred Brisard, artiste peintre, au Mage
(Orne), de Mortagne.
Mlle Jeanne Moreau, 30, rue de Terel, à
Paris.
Une jeune femme dont on n'a pu établir
l'identité on a trouvé sur elle un billet d'aller
et retour de Connerré à Versailles (Chantiers)
et une carte de visite au nom de M. Léon
Bruley, 11, rue Serpente, à Chartres.
Enfin M. Devienne, de Luxeuil, est mort
pendant son transport à l'hôpital de Chartres.
Nous avons donné hier les noms des
blessés qu'on a pu ramener à Paris dans
la soirée. Voici les noms des autres vic-
times
M. Daude, soldat à la 24e section d'inflr-
miers, blessé au genou, conduit dans sa fa-
mille, 100, avenue Parmentier; M. Janet,
député, 87, boulevard Saint-Michel, commo-"
tion violente, contusions multiples Mme et
.Mlle de La Salle, 90, boulevard Pereire, con-
tusions, rentrées chez elles; Mine Madeleine
Christen, 39, rue Caumartin, soixante-cinq
ans, contusions aux jambes M. Tastemain,
conducteur de bestiaux, près Bretoncelles
(Orne), contusions diverses; le jeune Lar-
cier fils, quatre ans, 27, rue de Choiseul,
oreille coupée Mme Juliette Soyer, chez M.
Robillard, aux Essarts-le-Roi, blessures à la
face et aux jambes.
Mme Marie Binac, 76, rue de Sèvres, restée
à Epernon M. et Mme Gallon et leurs deux
enfants, transportés chez eux, à Epernon
Mlle Deschamps, demeurant à Meudon,
38, rue de Paris, jambe cassée, soignée à
Necker Mme veuve Alaunza, 68 ans, ren-
tière, 24, rue de l'Etang, à Saint-Gratien,
soignée à Epernon; M. Henri Alaunza,
28 ans, rentier, même adresse; M. Lebreton,
chauffeur, 90, rue Vercingétorix, luxation de
l'épaule gauche réduite au cabinet médical de
la gare M. Voilereau, négociant, 2, rue Guy-
de-la-Brosse, à Paris, contusions multiples
Mme Marie Vignat, 39 ans, domestique, rue
de Sèvres, 47, à Paris; M. Louis Roy, serru-
rier, 10, rue Caffarelli;
M. Jean, peintre, rue de la Butte-aux-
Cailles, à Paris; M. Dizet (deux jambes cou-
pons M. Brenard, de Nanterre, 47 ans
(contusions aux bras et à la tête) M. Vé-
riac de l'orphelinat Saint-Louis, 67, rue de
Sèvres; M. Bathy, meunier à Jouy; M. Bis-
seuil, sous-inspecteur de l'enregistrement à
Chartres (jambes broyées amputation pro-
bable) M. Pillard, d'Orcenne; Mme Bau-
don, cinquante-trois ans, demeurant 61, rue
du Ranelagh.
Nous avons fait prendre hier soir des
nouvelles de la plupart des blessés ra-
menés à Paris. Nous nous sommes ren-
dus d'abord chez M. Vimont, directeur
de la fabrique de flanelles et tissus, Vi-
mont et Linzeler, 3 rue des Deux-Boules.
M. Vimont revenait dimanche de Bre-
tagne avec sa femme, son fils René, âgé
de quatorze ans, sa fille Madeleine, âgée
de dix-sept ans, et sa fille Alice, âgée de
douze ans. Tous ont été blessés.
A son domicile particulier, 158, rue de
Rivoli, on nous présente le bulletin mé-
dical suivant
M. Vimont, Mlle Madeleine et M. René.ont
une fracture de la jambe. Mme Vimont et
Mlle Alice ont une foulure au pied. Tous ont
des contusions.
La nuit a été assez, calme et 1 état est aussi
satisfaisant que possible.
M. Larcier, 29, rue de Choiseul, rame-
nait de nourrice son fils, âgé de quatre
ans. Il a la tête couverte d'ecchymoses
et souffre des reins et de la jambe gau-
che. Quant à l'enfant, il a fallu le porter
à l'hôpital des Enfants-Malades, rue de
Sèvres. Il porte un trou au crâne, la
Renée. Mais Paul ne s'obstinerait-il pas
aussi longtemps que la jeune fille par
son silence continuerait de donner un
aliment à ses doutes?
Non, dit-elle enfin; à Renée d'abord 1
/•: '̃ XIV
Malade, non, Renée ne l'était pas.
Lasse seulement, brisée même par l'in-
cessant tourment de son cœur et de sa
pensée, elle se réfugiait derrière ses
rideaux clos; dans du silence et de l'om-
bre. Elle se dérobait ainsi à la sollicitude
de sa mère, aux questions toujours sus-
pendues sur elle et qu'elle redoutait cha-
que minute davantage, à la difficulté de
son rôle vis-à-vis de Lucile, aux insinua-
tions d'Alberte.
Elle aurait voulu s'endormir dans une
torpeur, laisser les événements se nouer
et se dénouer sans qu'elle fût obligée
d'y prendre part, ne s'éveiller, ne repa-
raître à la vie que lorsque la solution,
quelle qu'elle fût, serait intervenue.
Tous ne savaient-ils pas aussi bien
qu'elle d'ailleurs ? Pourquoi les torturer?
Elle regardait par delà dans l'avenir,
quand tout cela serait très loin derrière
elle, quand elle serait retirée enfin dans
la paix du cloître où rien ne la trouble-
rait plus.
A l'entrée de Mme de Montain dans sa
chambre, Renée ferma les yeux, se pré-
parant à décourager sa mère par son
attitude épuisée et par l'apparence du
repos. Mais Mme de Montain écartait les
rideaux des fenêtres. Du jour entra qui
l'éblouissait même à travers ses paupiè-
res, et la voix de sa mère la surprit tout
à coup par son timbre qui révélait une
joie contenue, impatiente de se livrer.
Tu dors, Renée?
Et le baiser surtout, qui enlaçait en
même temps la jeune fille, lui semblait
tout rempli d'une tendresse heureuse.
Allons, Renée, réveille-toi Ce sont
de bonnes nouvelles que je t'apporte 1 •
figure est en lambeaux et l'oreille gau-
che arrachée. Son état est très grave.
M. Miguet, âgé de vingt-six ans, ren-
tré dimanche à Paris, employé de com-
merce, 24, boulevard de l'Hôpital, a reçu
à la tête de. profondes blessures. Le mé-
decin qui le soigne déclare que bien que
grave l'état ne présente aucun danger
immédiat. Après une nuit très agitée, le
blessé était hier beaucoup plus calme,
Mme Bleynie, femme de l'ingénieur
en chef de la Compagnie du Midi et
sa fille, 12, rue Pelouze, n'ont que des
contusions à la tête et aux reins. Leur
état n'inspire pas d'inquiétude et la gué-
rison ne demandera que quelques jours
de soins et de repos.
Mme Augustine Deschamps, vingt-
deux ans, ex-infirmière, 38, rue de Paris,
à Meudon, avait profité du dimanche
pour aller passer la journée à Chartres,
chez des parents, avec son mari, son
enfant et sa belle-mère. Les noms des
trois derniers figurent parmi les morts
de l'accident.
Voilà pour les blessés parisiens les
plus grièvement atteints. Les autres sont
en voie de guérison.
A l'hôpital de Chartres, notre corres-
pondant est allé rendre hier soir visite
aux victimes. Voici les nouvelles qu'il
nous télégraphie
Chartres, 15 octobre, 10 h. soir.
Mme .Mille, à Lhermitière, près Le Theil.
Etat satisfaisant.
Mme Baudou, institutrice, 61, rue du Rane-
lagh, à Passy, qui porte des contusions à la
tête, est dans un état grave.
De M. Gorgu, 37, rue du Luxembourg, l'état
est presque désespéré. L'amputation des deux
jambes a été jugée nécessaire et a été faite ce
matin.
M. Paul-Isidore Pathy, ouvrier meunier,
âgé de vingt-cinq ans, 75, route d'Orléans, au
Grand-Montrouge enfoncement du crâne.
Etat désespéré.
M. Léon-Louis Pillard, âgé de vingt-deux
ans; à Oisème, commune de GasviHe broie-
ment du coude gauche, fracture probable du
bassin. Etat grave. 1
Une dame dont l'identité n'a pu être éta-
blie encore, son état étant trop grave frac-
ture du crâne et contusion cérébrale. Etat
désespéré.
Accompagné de M. de Larminat, directeur
de la Compagnie de l'Ouest, M. Barthou est
venu cette nuit à l'hôpital de Chartres visi-
ter les blessés. Il est reparti à cinq heures
vingt ce matin. Les blessés ont reçu aussi la
visite de M. Fessard, sénateur et maire de
Chartres, et de Mgr Bousquet.
Les morts, dont les corps n'ont point
été réclamés par les familles, ont été en-
terrés à Epernon:
A cinq heures, les cercueils contenant les
restes sanglants et informes d'un voyageur
non réclamé par sa famille et celui de la
voyageuse non identifiée ont, nous dit notre
correspondant, été conduits au cimetière et
déposés dans le caveau provisoire: Les habi-
tants d'Epernon ont vu défiler ce triste cor-
tège précédé d'un garde champêtre et suivi
du maire d'Epernon, M. Vernot, de MM. Mau-
duit, adjoint, Ourry, chef de gare et un ins-
pecteur de l'Ouest.
Une petite fille de quelques mois a été re-
trouvée lors du déblayement sous les décom-
bres sans une égratignure. Mais sa mère n'a
pu être retrouvée. Ne serait-ce pas la voya-;
geuse non identifiée de Connerré-Beille?
Les corps de six des victimes habitant
Paris sont arrivés hier soir, à six heures,
à la gare Montparnasse. Ils y étaient at-
tendus par les représentants du Prési-
dent de la République, du ministre des
travaux publics et par le directeur de la
Compagnie, M. de Larminat.
Les six cercueils ramenés contenaient'
les restes de Mlle Moreau; du docteur
Floquet, de M. Prunier (ces deux cer-
cueils ont été déposés dans un caveau
provisoire au cimetière de Montrouge-
Ceinture de M. Mongeot (le corps a
été transporté à huit heures et demie à
son domicile) de Mme Deschamps, de
sa petite-fille et de son petit-fils (les deux
cercueils seront conservés jusqu'à de-
main mercredi dans un bureau du
service médical, à la gare Montpar-
nasse).
Voici le signalement de l'inconnue Trente-
cinq à quarante-cinq ans. Taille 1^52. Forte
corpulence. Cheveux et sourcils châtains et
grisonnants. Chemise en grosse toile, mar-
quée aux initiales M. G. Jaquette en drap
noir venant de chez Couillard, confection-
neur, à Bonnétable (Sarthe). Corsage noir,
garni de dentelle noire; jupe en reps noir;
corsage de dessous en indienne à raies; cha-
peau de crêpe noir; bottines en bon état;
bague alliance sans inscription à l'annulaire
de la main droite. Avait sur elle un billet de
retour, 1" classe, de Versailles à Thommery,'
par la Grande-Ceinture.
L'enquête judiciaire ouverte sur ce
terrible accident n'a point encore déter-
miné très exactement les causes de la
catastrophe. Le ministre, M. Barthou, a
surveillé cette nuit les premières consta-
Un sourire furtif de Renée démentit
que jamais une bonne nouvelle pût lui
arriver. Mais ses yeux achevèrent de
s'ouvrir tout à fait lorsque Mme de Mon-
tain eut repris •
D'abord, rassure-toi je ne viens
pas te demander l'aveu qui a tant de
peine à sortir de tes lèvres; je n'en ai
plus besoin maintenant nous savons.
Soit légitime curiosité soit besoin de
retarder un peu la confusion qui la me-
naçait, Renée interrompit:
Qui? vous? Paul?.
Non, Lucile! Paul, reprit-elle, n'a
rien à voir avec cela. Lui, c'est unique-
ment ton refus d'épouser André qui l'a
rendu fou Oh mon enfant, je com-
prends que tu aies hésité, que tu aies
éprouvé une grosse difficulté à nous dire
tout Et cependant tu as eu tort, tu n'a-
vais pas à rougir, car de plus forts que
toi aussi, parfois, se sont laissé entraî-
ner au jeu terrible où tu t'es laissé
prendre!
-Queveux-tu dire? balbutia Renée.
Que tu as été dupe de la Foulineau,
simplement! 1
La Foulineau ?
Oui
Mme de Montain, quelques secondes,
garda Renée sous son regard souriant.
Puis
Aveline, pendant sa maladie, a
écouté, entendu! elle l'a dit à André 1
Elle a dit quoi?
Tout!
Les cils de Renée battirent. Elle n'osait
plus interroger. Et Mme de Montain re-
prit enfin
J'ai -fait appeler la Foulineau Elle
vient d'avouer à Lucile et à moi qu'elle
te trompait!
Renée, qui avait baissé les yeux, les re-
leva avec vivacité:
-Mais pourquoi? dans quel but ? l'a-
t-elle avoué aussi ?
Mme de Montain de son regard sou-
riant pénétra Renée
tations, et hier, au ministère des tra-
vaux publics, voici l'explication qui était ]
donnée de l'accident
Il résulte des déclarations des té- j
moins et des constatations faites par les (
ingénieurs que le départ de la machine i
isolée avait été annoncé au chef de gare j
d'Epernon, mais sous une forme telle <
que celui-ci avait cru au départ d'une 1
partie d'un train dédoublé. Quand il ap-
prit que ce train se réduisait à une ma- j
chine, il décida de faire partir, avant
qu'elle arrivât à Epernon, le train 510. J
En conséquence, l'express 514 passé, (
on ouvrit la voie de garage pour per-
mettre au train 510 de regagner la voie <
principale. L'ouverture de la voie de ga-
rage devait faire mouvoir automatique-
ment un disque situé à 2,500 mètres en
arrière et fermer ainsi la voie à la ma-
chine arrivant haut le pied.
Le mécanicien de cette locomotive ne
remarqua-t-il pas que le disque lui fer-
mait la voie? ou passa-t-il outre? Ou
bien encore le disque ne fonctionna-t-il
pas? On ne sait encore.. En fout cas,
c'est là qu'il faut chercher là cause de la
catastrophe.
Cette cause n'est pas encore judiciai-
rement établie.
M. Sée, juge d'instruction, a interrogé
hier sommairement le mécanician Lou-
vet, inculpé d'homicide par imprudence,
et le facteur-garde Lecocheur. Il s'agit de
savoir si la voie que ce dernier devait
fermer était libre quand Louvet s'y est
engagé. Des témoins ont été entendus,
notamment le chef de gare d'Epernon, le
mécanicien du train tamponné, l'aiguil-
leur et plusieurs employés de la gare.
Un des voyageurs revenu indemne fai-
sait remarquerhier quel'accidentn'aurait
pas eu lieu, si l'on avait pris il y a quel-
ques années en considération le projet
de M. Metzger, ancien directeur des Che-
mms de fer de l'Etat et consistant à créer
une ligne de Chartres à Paris par Gal-
lardon. La ligne de Paris à Chartres est
la plus chargée de toutes et lors du pro-
jet Metzger, l'Ouest avait offert son con-
cours au Chemin de fer de l'Etat. Au-
jourd'hui l'Etat construit à ses seuls
frais une ligne qui ne sera point avant
longtemps en exploitation.'
Une des victimes, un blessé, M. Voile-
reau qui se trouvait avec un de ses amis,
M. Mongeot dont le nom figure sur la
liste des morts a fait au Temps ce récit
de l'accident
Le train quittait enfin la gare, à notre
grande satisfaction. Songez que nous avions
une heure de retard et que nous venions de
faire une longue station sur la voie de ga-
rage. Mon ami Mongeot, assis sur la ban-
quette en face de moi, nous rappelait à M.
Miguet, mon comptable et moi, un incident
de la journée lorsque, tout d'un coup, le
wagon se disloquant avec un grand fracas,
nous fûmes projetés parmi des débris.
Je me suis retrouvé' sur le ballast, la poi-
trine comprimée par la toiture d'un wagon.
impossible de me dégager. De tous les côtés
s'élevaient des cris déchirants. Il n'aurait servi
de rien qu'à mon tour j'appelasse à l'aide.
J'attendis sans trop d'anxiété parce que je
m'étais bien rendu compte que je n'avais
aucun membre brisé.
Enfin, on m'aida à me tirer de la fâcheuse
posture dans laquelle je me trouvais. Mais
dès qu'on vit que je pouvais me tenir sur
mes jambes, on ne prit plus aucun souci de
moi. D'ailleurs je ne songeais guère à réela-
,mer des soins. Je venais d'apercevoir M.
'Miguet qui se débattait, perdant son sang
par une large plaie qu'il avait reçue au front
et mon ami Mongeot qui poussait des cris
affreux. Le malheureux était méconnaissa-
ble. Il avait eu l'oreille emportée, la mâ-
choire fracassée.
La fin du malheureux a été horrible.
Il s'est débattu pendant des heures sur
les coussins où on l'avait étendu.
G. Davenay.
Papis au joap le joup
LA JOURNÉE
Conseil de cabinet Au ministère de la jus-
tice, sous la présidence de M. Sarrien.
La rentrée Aujourd'hui, 16 octobre, ren-
trée des Cours et Tribunaux, Cour des comp-
tes, Conseil d'Etat, etc.
Mariages Vicomte Guy de Kersaint avec
Mlle Marie Vagliano (Saint-Pierre de Chail-
lot). M. Etienne Gautier avec Mlle Four-
nicr-Sarlovèze.
Obsèques Docteur Merklen (midi, Saint-
Augustin on se réunira à la maison anor-
tuaire, 19, rue do Téhéran; inhumation au
Père-Lachaise).
A Saint-Denis de La Chapelle Les naundorf-
fistes feront célébrer aujourd'hui, en la pa-
roisse de Saint-Denis de La Chapelle, 96, rue
de La Chapelle, une messe anniversaire de la
mort de la reine Marie-Antoinette (dix heu-
res du matin).
Tu savais donc, dit-elle, que tu
avais été trompée ? 1
Et redevenue grave pour répondre à la I
question de la jeune fille 1
Oui, cela aussi, elle l'a avoué. La
Foulineau n'était qu'un instrument,
Un instrument?. de qui?.
D' Alberte
D'Alberte? répéta Renée.
Oui.
Et, après un court silence
Rappelle-toi N'as-tu pas trouvé
déjà Alberte entre toi et André? n'a-
t-elle pas jadis soulevé devant ta pensée
Mme du Ternay?
Le souvenir en effet frappa Renée.
Mais ce n'était pas seulement Mme du
Ternay à qui elle songeait. Les insinua-
tions d'Alberte visaient Lucile. Alberte,
en même temps la décourageait, s'effor-
çait, dès le début, de la détourner d'An-
dré.
Aux yeux de la jeune fille, pourtant,
les événements mêmes n'avaient-ils pas
justifié Alberte? Alberte n'avait-elle pas
raison de l'écarter d'André ? Ne voulait-
elle pas lui épargner une désillusion, une
douleur, cette profonde douleur où elle
était tombée?
Mme de Montain, cependant, poursui-
vait
Tu dois connaître, de ton côté, des
points que j'ignore. Tu te souviens cer-
tainement que c'est au moment où, l'élec-
tion faite, André, libéré enfin comme
nous-mêmes de tout souci, se rapprochait
de toi, au moment de l'accident d'Ave-
line, que tu as changé brusquement.
C'est de cette époque, par conséquent,
que date cette infamie dont nous avons
tant souffert. Alberte, jusque-là sans
doute, la tenait en réserve. Mais la cer-
titude où elle fut alors que tu allais épou-
ser André, que rien ne pouvait s'opposer
à votre mariage, l'a affolée. Elle n'avait
que ce moyen, elle l'a jrisqué.
C'est vrai avoua Renée mais pour-
quoi? ̃̃
Le lord-maire à Paris Une heure et demie,
visite au musée Carnavalet; trois heures,
aux abattoirs de La Villette quatre heures et
demie, à la caserne des pompiers de la rue
Carpeaux sept heures trente, banquet du
commerce et de l'industrie. (Dans la matinée,
à onze heures et demie, un déjeuner sera of-
fert au lord-maire par le Comité français des
expositions à l'étranger, Galerie des Champs-
Elysées.)
Les bibliothèques publiques A partir d'au-
jourd'hui, la Bibliothèque nationale fermera
ses portes à cinq heures, au lieu de cinq heu-
res et demie; la bibliothèque Mazàrine, à
quatre heures au lieu de cinq heures.
Conférences A la Société de géographie
commerciale, M. Eugène Gallois « Une croi-
sière française au Spitzberg, le pays, l'expé-
dition polaire Wellman », avec projections
(huit heures et demie du soir, 184, boulevard
Saint-Germain). M. lé chanoine Leynaux,
curé de Sousse « les Fouilles des grandes
catacombes d'Hadrumète » (trois heures, rue
du Luxembourg, 18).
M. Clemenceau dans le Var Deux ban-
quets et deux discours, à Saint-Maximin et
à Brignoles.
INFORMATIONS
Le budget de 1907. La commission
a définitivement réglé hier les diverses ques-
tions, généralement d'ordre secondaire, qui
restaient encore en suspens dans les budgets
de la guerre, des colonies, de l'agriculture et
des finances.
A propos de ce budget des finances est re-
venue la question de la diminution de la
taxe sur les bicyclettes. On avait proposé
d'accorder des subventions aux communes à
l'eflet de combler les vides que cette diminu-
tion de taxe créera dans les budgets commu-
naux. Mais la commission n'a pas admis cette
solution elle préfère que les communes
soient laissées maîtresses de se tirer d'affaire
soit en s'imposant soit en créant, sur les bi-
cyclettes dégrevées par l'Etat, des taxes lo-
cales qui ne pourront pas toutefois dépasser
1 fr.50 par bicyclette.
Notons encore que la commission a aug-
menté de 1,080,000 francs les prévisions de
recettes de l'exploitation du réseau d'Etat
en raison de 1 augmentation constante du
trafic.
M. Sarrien, qui devait être entendu hier,
s'est fait excuser, étant retenu par les céré-
monies en l'honneur du lord-maire.
Une interpellation nouvelle sera déposée
à la Chambre visant l'exécution du pro-
gramme naval. C'est l'amiral Bienaimé qui
compte adresser à M. Thomson cette inter-
pellation sur «l'état d'avancement des tra-
vaux relatifs aux six cuirassés que l'article
6 de la loi de finances de 1906 avait autorisé
le ministre à mettre en chantier, sous la
condition que leur construction serait pous-
sée de manière à les faire entrer en service
dans le courant de l'année 1910. »
Question de pavillon. On dit qu'un
mot devient générique quand, ayant servi à
désigner un objet particulier, il arrive à être
appliqué par l'usage à tous les objets de
même nature; ainsi: cognac, champagne, etc.
Le mot «Bec Auer» est actuellement dans
ce cas et c'est un pavillon qui couvre souvent
une marchandise de contrebande.
Consommateurs, méfiez-vous, et exigez par-
tout la marque « S. j?. Auer ».
AFFAIRES MILITAIRES 1
Le lieutenant Lacroix. On se souvient
de la disparition momentanée et encore inex-
pliquée du lieutenant Lacroix, du 137e d'in-
fanterie, pendant une mission topographique
dont il avait été chargé hors de sa garnison.
On mande de Fontenay-le-Comte, où est
stationné le 137», que sur l'ordre du général
Peloux, commandant le 11» corps d'armée, le
lieutenant Lacroix a été arrête à la caserne
du 137o et emprisonné en attendant sa pro-
chaine comparution devant le Conseil de
guerre de Nantes. Il sera inculpé de déser-
tion à l'intérieur en temps de paix.
Cet officier sera défendu par Mo Servat, du
barreau de Nantes.
Le ministre de la guerre à Evreux.
Des opérations de ravitaillement ont été ef-
fectuées hier, à Evreux-, en présence de M.
Etienne, ministre de la guerre. Il s'agissait
de reconnaitre, de livrer et d'embarquer 350
quintaux de blé, 270 quintaux d'avoine et
150 quintaux de farine.
Accompagné de son chef de cabinet, M.
Moulin, et du commandant Jouinot-Gam-
betta, le ministre a visité la caserne Amey.
M. Etienne a offert ensuite un déjeuner
aux autorités civiles et militaires et a assisté
à la critique des opérations, qui ont été fai-
tes par l'intendant général Toumazou, en
présence des présidents des différents centres
de ravitaillement.
L'intendant général a résumé ces comptes
rendus en exprimant la satisfaction d'avoir
eu à constater partout un dévouement absolu,
une régularité parfaite et, de la part des
fournisseurs, une grande conscience dans les
livraisons.
Il a remercié les différentes commissions
qui avaient d'autant mieux fonctionné qu'elles
avaient été merveilleusement préparees par
les agents de la préfecture -de l'Eure.
M. Etienne a confirmé les appréciations de
Un intérêt, après la surprise, s'éveillait
en elle de plus en plus. Elle semblait re-
venir à la vie et, en achevant cette ques-
tion, elle se tourna tout à fait vers sa
mère.
Qui sait, répondit Mme de Mon-
tain, si Alberte n'espérait pas épouser
André?
Oh douta Renée, comment suppo-
ser ?. c'est impossible
Je n'affirme rien je suis sûre seu-
lement d'une chose, c'est qu'Alberte
seule a tout préparé, tout fait Tu con-
nais son œuvre vis-à-vis de toi; tu
ignores que c'est elle aussi qui a pro-
voqué la déplorable scène de l'autre jour.
Lucile, tu te rappelles, était souffrante.
André partait, s'éloignait de nous après
t'avoir fait ses adieux. Alberte est venue.
C'est elle qui l'a conduit près de Lucile.
Et c'est elle aussi sans doute qui, ayant
éveillé déjà des soupçons dans le cœur
de Paul, l'a poussé vers eux, si aveuglé,
si fou!
Pouquoi ? interrompit Renée.
Mais, pour amener un éclat qui te
séparât à jamais d'André. Toi, d'abord,
tu pouvais croire. puis Paul, que ton
refus d'épouser André.
Cependant, interrompit encore Re-
née, puisque j'avais refusé, puisque An-
dré partait, que pouvait crai ndre Alberte?
Alberte est trop intelligente pour
n'avoir pas su qu'un jour ou l'autre son
absurde calomnie tomberait de soi-
même. André, forcément, devait'revenir
aux Cloyes, ramené par son amour pour
toi, rappelé par nous.
Une roseur légère, peu à peu, revenait
aux joues pâlies de Renée.
Tu sais bien, reprit Mme de Mon-
tain, avec quel dédain Alberte a refusé
autrefois d'épouser Maurice Desombe,
avec quelle obstination (cette obstination
que nous prenions pour du dévouement)
elle a persisté à demeurer à Ambleuse?
Te rappelles-tu aussi comment elle, si
âpre et si dure à tous, a toujours toléré
l'intendant général et a adressé à.tous ses
plus chaleureuses félicitations. C
Une grave affaire de fraude. M. Dur
coudré, juge d'instruction, chargé de l'en-
quête sur l'affaire de détournements de sub-
sistance de Châlons, a fait procéder hier à
l'arrestation de deux sergents libérés de la
dernière classe et qui travaillaient comme
boulangers chez leurs parents.
Les aveux des prévenus font de plus en
plus ressortir que le principal 'inculpé, Os-
car Cadet, opérait des prélèvements sur toutes
les fournitures de denrées.
Le total des détournements se monterait à
un chiffre considérable, mais de nombreux
vols seront atteints par la prescription, l'ins-
truction ne pouvant remonter au delà de trois
années.
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Nouvelles Diverses
ENCORE UNE AFFAIRE DE BIJOUX
Mme Anna Olsson, âgée de trente ans,
avait fondé, 22, rue des Capucines, un insti-
tut de massage suédois, soins du visage,
gymnastique, etc. Malheureusement les clien-
tes étaient rares et la masseuse, ne sachant
comment vivre et faire vivre son mari qui
l'aidait, s'adressa à des bijoutiers qui lui re.,
mirent des bijoux à condition, avec un tant
pour cent sur ceux qu'elle pourrait vendre.
Quelques petites affaires lui permirent dé
vivre et d'assurer son crédit. On lui confia
des marchandises plus importantes. Ne trou-
vant pas à les vendre, elle les mit au Mont-
de-Piété.
Sur la plainte des bijoutiers, elle a été ar-
rêtée ainsi que son mari. On estime à 100,000'
francs le montant des bijoux engagés.
LE CRIME DE MONTFERMEIL
L'enquête a établi, hier, que l'individu
trouvé étranglé au pied d'un arbre dans le
bois de Montfermeil, avait été aperçu mer-
credi dernier dans une auberge des environs,,
en compagnie d'une femme brune en che-
veux et tenant dans ses mains un foulard
rouge.
Le couple fut aperçu de nouveau jeudi,
mangeant de la charcuterie à trente mètres
du lieu où fut commis le crime.
Enfin, un jardinier a affirmé avoir ren-
contre l'inconnu vendredi dans le bois de
Montfermeil en compagnie de deux jeunes
filles.
Le crime aurait donc été commis par deux
femmes.
TENTATIVE- D'ASSASSINAT RUE SAINT-PLACIDE
Une tentative d'assassinat a été commise
hier, à cinq heures de l'après-midi, rue Saint-
Placide, sur la personne de Mme Albron, cin-
quante-neuf ans, stoppeuse, par deux indiyi.
dus qui ont pris la fuite.
Les deux inconnus se sont présentés chez
Mme Albron, à qui ils ont demandé d'exa-
miner divers travaux qu'ils voulaient lui
«onfier. Comme la stoppeuse se penchait vers
eux, l'un des malfaiteurs la bâillonna avec
un foulard, tandis que l'autre cherchait à lui
ligoter les bras.
Mme Albron réussit à se dégager et brisa a
un des carreaux de sa fenêtre. A ce bruit, les
voisins accoururent mais les bandits, en-
tendant les éclats des vitres tomber dans la
cour, prirent la fuite.
M. Hamard, chef de la Sûreté, a ouvert une
enquête.
MANIFESTATION D'OUVRIERS COIFFEURS
Un groupe de deux cents ouvriers coiffeurs
a manifesté hier, à midi, devant plusieurs
salons de coiffure, boulevard Magenta, rue
des Marais. Rue de Chabrol, ils ont jeté des
pierres contre une boutique et brisé la glace
de la devanture. Ils ont été dispersés par les
agents. Une dizaine d'arrestations ont été
opérées aucune n'a été maintenue.
Jean de Paris.
Mémento. On a arrêté hier, rue Montmar-
tre, deux sujets allemands Albert Flakenstein et
Emile Baber, inculpés d'émission de fausse mon-
naie.
Maison Bazau, 101, rue des Petits-Champs, au
coin de la rue de la Paix, grand choix de mo-
dèles de robes, manteaux et blouses; prix très
modérés.
Une fillette de deux ans, Germaine Pierre,
dont les parents demeurent 58, rue de Buzenval,
a mis hier matin le feu à ses vêtements en jouant
avec des allumettes.
A demi carbonisée, elle est morte quelques
instants après.
Racahout des Arabes Delangrenier, le meilleur
aliment des enfants, des malades et des vieillards»
On a arrêté hier, un jeune homme de dix-
sept ans, Louis Cadot, qui, l'avant-dernière nuit
cependant les empiétements de la Fouli-
nean, comment elle a insisté enfin, d'a-
bord pour que cette femme soignât An-
dré au temps de sa blessure, ensuite,
pour que l'on acceptât son concours au
moment des élections?
C'est vrai dit Renée.
-Il y avait donc longtemps qu'elle
préparait son projet; elle avait besoin de,
cette femme pour le réaliser.
Renée, maintenant, écoutait à peine,
toute sa pensée reprise par André. Elle
demanda .̃
Mais alors, Paul '?
-Paul attend que tu épouses André.
Il n'y a pas autre chose pour lui, tout le
mal est venu de ton refus!
Ma tète se perd murmura Renée.
Ses idées, en effet, et ses sentiments"
se mêlaient dans une confusion inexpri-
mable. Elle se souvenait qu'Alberte,
avant même que la calomnie visant Mme
d'Athis eût été formulée, avait paru de-
viner, savoir; or, comment le pouvait-
elle puisque jamais pareille pensée n'es-
tait venue à l'esprit de personne?
Mais Renée déjà cessait de réfléchir; •-
de discuter. La moindre raison, l'appa-
rence même d'une raison lui suffisait.
Tout lui paraissait possible, simple, na-
turel, même l'infamie d'Alberte, ̃tout,
plutôt que la trahison d'André. ̃ •
Oui, André l'aimait! Elle revoyait ïa~
tendresse profonde de ses regards, en-
tendait la douceur de ses paroles. Et à
elle-même son amour, au fond du cœur,
palpitait comme un oiseau blessé dont
les ailes se soulèvent, près de se rouvrir
toutes grandes.
Un songe affreux se dissipait enfin, ne
lui laissant qu'une honte d'avoir pu se
laisser allerà concevoir tant de mal.
Elle cacha son visage dans les bras de
mère.
Oh soupira-t-ellé, si tu savais si
tu savais
(A. suivre.} • r • r Jean Beibrach,
(\ 'J. (. ¡ r "'f
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