Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-01-07
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 janvier 1906 07 janvier 1906
Description : 1906/01/07 (Numéro 7). 1906/01/07 (Numéro 7).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287219m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
52e Année 3e Série N° 7
ta Numéro quotidien ps. SEINE & SElNE-ET-OiSE s 15 centimes et DEPARTEMENTS s 20 centimes
Dimanohe 7 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
RÉDACTION ADMINISTRATION
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de France et d'Algérie.
c Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte'
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumabchaio.)
S O T>/L 3VC .A. I IRE
Le commandement Vicomte DE Montfort,
sénateur.
La Vie de Paris Les Rois GEORGES Hel-
LOUIN.
La Conférence d'Algésiras La mission fran-
çaise.
Gabrielle Krauss Véga.
A l'Etranger La presse allemande Eugène
LAUTIER.
Une page d'histoire américaine A. Fitz-Mau-
RICE.
La Banque de France: G. Davenay.
Doux pays Le jour de l'an à l'hôpital
FORAIN,
Journaux et Revues André BEAUNIER.
Les Thé~tres Théktre Trianon "Une Bonne
Affairé": EMMANUEL ARÈNE.
Le Commandement
(PREMIER ARTICLE)
• La paix doit être,pour
les armées, une école, et la
guerre une pratique. »
(VÉGÈCE.)
La direction suprême. Les pouvoirs
publics en cas de guerre.
Préparation et direction, voilà toute la
guerre, et surtout celle de demain.
Nulle question n'est plus haute; car,
en réalité, ce qui est en cause, c'est la
préparation de la défense du pays, la
conduite de ses armées, la victoire ou la
défaite, et nous récolterons sûrement,
dans les sanglants sillons du champ de
bataille, ce que nous aurons semé dans
les travaux de la paix.
Dans le duel grandiose de deux na-
tions, dont l'une devra périr, les batail-
lons et les bouches à feu se compteront
peut-être, mais les facteurs impondé-
rables, qui sont de tous les temps, le
cœur et le moral du soldat, pourront,
seuls, avec l'aide de Dieu, nous donner
la victoire, et il faut que les chefs choisis
pour conduire à l'ennemi nos forces na-
tionales puissent dire, avec orgueil et
confiance, comme Nelson à Trafalgar:
« La patrie compte que chaque homme
fera son devoir. »
Une chose nous manque, de toute évi-
dence, une seule, mais elle est capitale
c'est la stabilité, la permanence, et par-
dessus tout, la préparation du comman-
dement supérieur.
Mais qui donc y songe? dans un pays
où tout le monde se croit le droit de par-
ler de la guerre sans l'avoir jamais faite,
qui donc prend la peine de réfléchir aux
re instables problèmes qu'elle va soule-
ver à chaque pas?
Pour certains stratèges du Parlement,
le service obligatoire n'est que l'applica-
tion permanente de la levée en masse;
les théoriciens de l'école moderne ayant
mis définitivement la bataille en for-
mules et la charge en équations, nul
d'entre eux ne parait comprendre à quel
point la difficulté sera grande insur-
montable peut-être d'encadrer, de
faire vivre et surtout de mettre en œuvre,
au jourde l'épreuve, ces forcesimmenses,
produit des efforts patriotiques de la na-
tion. ·
Bien peu se demandent, dans leur
présomptueuse inexpérience, comment
pourront être commandées et dirigées,
en face de l'ennemi, ces grandes forma-
tions de la guerre moderne, si le com-
mandement n'en est pas assuré et minu-
tieusement préparé longtemps à l'a-
vance. ZD
J'en parlerai un autre jour, mais je
veux seulement, aujourd'hui, examiner,
sans passion d'aucune sorte, un autre
grave problème qui se pose devant nous,
à l'heure actuelle, plus menaçant que
jamais, celui de l'organisation des
pouvoirs publics en temps de guerre.
#*#
Et d'abord une constatation doulou-
reuse s'impose qu'il ne servirait de
rien de dissimuler, car nos ennemis
sont parfaitement fixés,- croyez-le bien,
à cet égard, c'est qu'aujourd'hui, en
France, après trente-six ans bientôt de
paix armée, alors qu'à plusieurs repri-
ses, nous avons eu l'impression aiguë de
la guerre imminente, personne ne pour-
rait dire, avec la moindre certitude,
comment serait organisé, demain, le
fonctionnement des pouvoirs publics, si
la guerre éclatait brusquement, et en
quelles mains' serait remise, à cette
heure de suprême angoisse, la direc-
tion supérieure de notre défense na-
tionale. Non personne au monde ne
pourrait le dire, parce que personne n'en
sait rien c'est inconcevable, direz-vous;
oui, sans doute, mais le fait n'en est pas
moins hors de toute contestation.
Nul ne peut, en effet, raisonnablement
prévoir comment, et dans quelles condi-
tions, notre système de parlementarisme
irresponsable, tumultueux et bavard
l'antithèse bien évidemment de toute
résolution énergique et rapide pour-
rait faire place, du jour au lendemain, à
un régime d'autorité et de décision, in-
dispensable cependant.
Tout ce qu'il est possible d'affirmer
et ce n'est guère, vous en conviendrez!
c'est que le cas n'est prévu nulle part
dans la loi constitutionnelle, et que ja-
mais aucune mesure n'a été prise, en
vue de cette redoutable éventualité, par
aucun des gouvernements qui se sont
succédé en France, depuis 1870.
Divers projets, dus à l'initiative parle-
mentaire, ont bien été, à plusieurs re-
prises, formulés à cet égard, et défendus
dans la presse avec autant d'énergie que
de talent, mais aucun, je le répète, n'a eu,
jusqu'ici, la bonne fortune d'être seule-
mentpris en considération par la moindre
Commission parlementaire. Que voulez-
vous ? MM. les députés ont depuis long-
temps bien d'autres préoccupations plus
importantes, paraît-il, et la chasse au
curé ou à la bonne Sœur, a absorbé
toute leur attention; demandez plutôt à
M. Combes.
Et cependant, un jour, le ministre de
la guerre de ce cabinet de malheur, de
ce gouvernement de « péril national »
comme l'a dit M. Doumer, le général
André, qui, dans sa coutumière extrava-
gance, avait au moins, de loin en loin,
des lueurs de bon sens, et même de
courts réveils du sentiment militaire-ne
l'a pas caché au Parlement il s'en expli-
quait en ces termes, le 3 décembre 1901,
devant le Sénat qui, je suis bien obligé
de le constater, ne parut pas émotionné
outre mesure,par d'aussi graves déclara-
tions « Dans l'organisation de notre ar-
mée, disait le ministre, un point impor-
tant a été laissé de côté, l'organisation
du commandement supérieur et le rôle
du gouvernement en cas de mobilisation.
Cette grave question, personne n'a osé
l'aborder. »
Il faut convenir que ce ministre de la
guerre, d'habitude beaucoup plus politi-
cien que soldat, et presque toujours in-
conscient, pour ne rien dire de plus,
avait, cette fois au moins, grandement
raison.
On peut dire en effet, sans crainte de
rien exagérer, que notre situation est, à
ce point de vue, sans précédent à aucune
époque et chez aucun autre peuple, puis-
qu'en réalité, à l'heure actuelle, on ne
saurait trop le répéter, nul ne sait, ni ne
peut savoir,ce qui se passerait en France,
je ne dirai pas au lendemain de la décla-
ration de guerre c'est là, parait-il, un
ancien procédé de loyauté internationale
que nous ne reverrons plus,- mais à
l'heure même où le premier coup de
canon sera tiré à la frontière.
Qu'adviendra-t-il à ce moment cri-
tique ? Les deux Chambres seront-elles
immédiatement dissoutes? mais par qui
donc alors? et par quoi remplacées? Sans
doute par un pouvoir exécutif de circons-
tance, une espèce de gouvernement pro-
visoire composé de politiciens dViven-
ture-le Comité Mascuraud peut-être?
ou même, comme l'avait laissé en-
tendre jadis le très regretté Président
Félix Faure, par une sorte de triumvirat
consulaire, composé du Président de la
République en exercice, flanqué des deux
ministres militaires, guerre et marine,
-de telle sorte qu'hier encore, le cas
échéant, les destinées du pays eussent
été remises entre les mains d'André et
de Pelletan? Jolie perspective! peu ras-
surante, n'est-il pas vrai?
Que ce soit cela ou toute autre chose,
ou peut-être bien pire encore, personne
au monde n'en sait assurément le premier
mot; ce sera l'inconnu, l'aventure
bouffonne ou tragique, le bas Empire ou
Gerolstein au gré des événements ou
même des incidents!
r
Il faut convenir d'ailleurs que
chose étrange bien peu de gens ont
l'air de se préoccuper de cette si grave
question, absolument comme s'ij s'agis-
sait du Congo ou de la Sénégambie.
On discutait même très sérieusement
ces jours derniers -vous en souvient-il?
defaçontoute doctrinale– et à grand ren-
fort de textes aussi législatifs que consti-
tutionnels, le point de savoir si' légale-
ment,- légalement, vous entendez bien
-il serait possible de mobiliser l'armée,
sans l'approbation préalable du Parle-
ment même ajoutait-on avec une par-
faite sérénité « si notre frontière était
envahie »
M. le général Mercier, nationaliste, très
carré comme à. son habitude, déclarait
nettement que, pour son compte, il n'eût
pas, comme ministre de la guerre, hésité
un seul instant mais M. le général Lan-
glois, progressiste, qui sera peut-être
ministre demain, paraissait peu disposé
à accepter, le cas échéant, pour sa part,
une aussi grave responsabilité.
Et voilà cependant où nous en som-
mes aujourd'hui encore, alors que M.
Jaurès déclarait hier-lui qui doit être
bien renseigné, j'imagine que le jour
même d'une mobilisation de guerre la
révolution éclaterait, sinistre et violente,
en dépit de la légalité, dans toutes les
grandes villes de France.
N'est-ce pas à faire frémir?
Et pourtant il y a, je le répète, trente-
six ans que cela dure, et que le Parle-
ment comme, hélas! l'opinion publi-
que ferme volontairement les yeux.
**#
Mais enfin, pour tout dire et voir enfin
les choses comme elles sont, d'où vient
donc cet aveuglement singulier, inexpli-
cable, en présence d'un péril qui éclate à
tous les yeux? Tout simplement et il
est facile de s'en rendre compte en regar-
dant autour de soi de l'abaissement
progressif et lamentable du niveau intel-
lectuel et moral de notre personnel par-
lementaire, qui descend visiblement de
plusieurs degrés à chaque légistature
nouvelle.
Qu'est-il,. en effet, raisonnablement
possible d'espérer de tous ces politiciens
d'aventure ou de profession, qui savent
à merveille que la guerre a été immi-
nente, il y a quelques mois à peine; qui
ne peuvent ignorer à quel point la puis-
sance de nos armées de terre et de mer a
été compromise parcesdésorganisateurs
cyniques de toute force morale, André et
Pelletan, et qui pourtant n'ont d'autre
politique, aujourd'hui comme hier, que
la persécution religieuse, d'autre préoc-
cupation que celle d'être réélus, grâce à
la pression administrative des préfets du
Bloc, en récompense de leur servilité ?
Pauvre pays, en vérité, de droiture et
d'honnêteté natives cependant, qui mé-
riterait, à coup sûr, d'être mieux gou-
verné 1
Vicomte de Montfort,
sénatour.
LA VIE DE PARIS
Les Rois
C'était hier l'Epiphanie, ou, pour mieux dire,
« le jour des Rois », et c'est encore là une fête
à laquelle il n'y a pas de séparation de l'Eglise
et de l'Etat qui puisse porter atteinte. Malgré
la néfaste loi de M. Combes, on a mangé hier,
dans toutes les familles, le traditionnel gâteau
où la royauté vous échoit sous la forme d'une
fève ou d'un petit bonhomme en porcelaine.
C'est le petit hommage que vous fait chaque
année le boulanger, comme le facteur vous
apporte son almanach au premier de l'an.
Quelle est donc l'origine de cette fête popu-
laire, et que sont donc' ces Rois que l'on cé-
lèbre ainsi, même en République? Il ne s'agit
d'aucun de ceux qui sont venus dernièrement
nous visiter, ni d'aucun même qui règne ac-
tuellement dans le monde. Ils portent des
noms que l'on ne trouve point dans le Gotha,
et leur règne remonte à près de deux mille
ans. Ce sont, en un mot, les trois rois mages,
Balthazar, Gaspard et Melchior, dont parle
saint Mathieu en ses versets « Jésus étant
né à Bethléem de Juda, au temps du roi Hé-
rode, des mages vinrent d'Orient à Jérusalem,
demandant « Où est le roi des Juifs nouvelle-
» ment né? Nous avons vu son étoile en
» Orient, et nous sommes venus l'adorer. Et
ayant appris que c'était dans la petite ville de
Bethléem de Juda que l'enfant était né, ils
suivirent l'étoile qui les y conduisit, et s'arrêta
au-dessus d'une humble demeure de bien pau-
vre apparence. Entrant dans la maison, les
mages y trouvèrent l'enfant avec Marie, sa
mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent puis,
ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des
présents,, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. a
Telle est la mémorable évocation du jour des
Rois. On comprend donc qu'à l'origine l'Epi-
phanie se soit confondue avec la Noël, et
qu'en Orient, tout au moins, on ait célébré lés
deux fêtes le même jour. En Occident, cepen-
dant, elles furent toujours distinctes. C'est la
Noël seule qui est la fête de la Nativité, tan-
dis quelejourde l'Epiphanie l'Eglise célèbre"
à la fois l'adoration des mages, le baptême de
Jésus, et les noces de Cana qui n'ont pourtant
aucun lien avec les deux autres événements,
mais qui expliquent sans doute que cette fête
soit une de celles que l'on honore le plus vo-
lontiers par des repas de famille.
Il n'y a pas de demeure où l'on ne < tire» ce
jour-là, le gâteau des Rois, et le cri le Roi
boit qui salue le gagnant de la fève retentit
joyeusement à toutes les tables. Cette cou-
tume remonte bien haut, et dès les plus loin-
taines origines de notre histoire on voit le
jour des Rois fêté non seulement par le peuple,
mais par les grands seigneurs et les rois eux-
mêmes. Avec le temps, cependant, le mode de
célébration de la fête s'est peu à peu trans-
formé. Jadis, une touchante coutume consis-
à « faire un roi » d'un enfant pauvre dont on
payait ensuite les frais d'école. Mais, plus
communément, on se livrait à de grandes ré-
jouissances, à de bruyants divertissements
qui dégénéraient parfois en désordres et en
batailles.
Les historiens nous content même qu'en
1521 François 1er, célébrant la fête des Rois,
reçut une blessure grave qui faillit lui coûter
la vie. On en trouve le récit dans Du Bellay
« Le Roy, dit-il, était à Romorantin, voir
la feste des Rois. Le Roy, sachant que M. de
Saint-Pol avait faict un roy de la febvre en son
logis, délibéra avec ses supposts d'envoyer
défier ledit roy de mondit seigneur de Saint-
Pol, ce qui fut faict et, parce qu'il faisait
grandes neiges, mondit seigneur de Saint-Pol
fit grandes munitions de pelottes de neige, de
pommes et d'oeufs pour soutenir l'effort. Etant
enfin toutes armes faillées pour la défense de
ceux du dedans, ceux du dehors forçant la
porte, quelque malavisé jeta un tison de bois
par la fenestre, et tomba ledit tison sur la
teste du Roy, de quoi il fut fort blessé, de
manière qu'il fut quelques jours que les chi-
rurgiens ne pouvaient assurer de sa santé. n
De tels accidents ne sont plus à craindre à
notre époque où les distractions sont moins
héroïques. La seule chose à éviter est de ne
pas avaler la fève, et surtout de ne pas se
casser une dent avec le petit bonhomme en
porcelaine. Le plus sage pour cela est d'ex-
plorer, préalablement, de fond en comble,
son morceau de. gâteau. Mais je donne là des
conseils bien superflus, car la vigilance des
mères s'emploie ce jour-là pour les enfants,-
les vrais rois, au fond, de cette fête.
Georges Hellouin.
Echos
La Température
Une nouvelle dépression s'est avancée par
le nord-ouest de l'Europe, et son centre se
trouvait hier matin sur l'Angleterre, 74Omn>. A
Paris, à midi, on notait hier 751mm g.
La baisse barométrique atteint 15 mm depuis
vendredi soir dans le nord-ouest de la France.
Une violente tempête du sud-ouest sévit sur la
Manche où la mer est grosse.
Des pluies sont tombées dans le nord et
l'ouest de l'Europe. En France, elles ont été à
peu prés générales.
La température reste élevée sur nos régions.
Hier, à sept heures du matin, le thermomètre
marquait à Paris 110 au-dessus de zéro et res-
tait sans variation jusqu'au soir. Pendant la
journée, plusieurs grosses averses.
Départements, le matin
Au-dessus de $èro 50 à Perpignan. et à
Cette, 6° à Clermont, à Marseille et à Nice,
70 à Belfort et à Clermont, 8" à Charleville,
90 à Boulogne, à Cherbourg, à Bordeaux, à
Toulouse et à Oran, 100 àOuessant, à Nantes
et à Nancy, 110 à Dunkerque et à l'île d'Aix,
130 a Alger, 160 à Biarritz.
En France, des pluies sont probables avec
temps doux. Le soir, le baromètre était à
75o«"n.
(La température du 6 janvier 1905 était
en France, très grosses pluies dans toutes les
régions. A Paris thermomètre, 40 au-dessus
de zéro le matin, ioo l'après-midi; baromètre,
753mm dans la matinée, 7521011 le soir).
Du New York Herald:
A. New-York Temps beau. Température
maxima, 505 minima, 1°. Vent de l'ouest,
plutôt fort. Baromètre, hausse lente.
A Londres Temps couvert. Température:
maxima, 11°; minima, 905. Vent du sud-ouest,
tempête. Baromètre, 744mm en baisse.
A Berlin Temps pluvieux. Température
6° à midi.
C.OO::CCl
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Marseille. Gagnants du Figaro
PrixduChâ"teaud'If:Rol\mgRoà;Ch.i\pèric.
Prixdela Valentine:E"e Lieux; Benihassam.
Prix Massilia Oms; Andréo.
Prix du Prado Ecurie Lieux; Bérenger II.
A TravErs Par~s
éis lidVëlk) AoJAfl.
L-a princesse Henri de Battenberg et
sa, tille la princesse Victoria-Eugénie,
venant de Londres avec le colonel lord
William Cecil, contrôleur et trésorier de
la princesse, et miss Minnie Cochrane,
dame du palais, arriveront à Paris, gare
du Nord, demain, par le train de six
heures quarante du soir.
Par le même train arrivera S. M. l'im-
pératrice Eugénie, marraine de la future
fiancée du roi d'Espagne.
La princesse et sa fille comptent rester
une semaine à Paris et descendront avec
leur suite à l'hôtel Saint-James et d'Al-
bany.
Nous croyons savoir que Leurs Altes-
ses royales, en quittant Paris, se ren-
dront à Biarritz pour passer quelques
jours chez S. A. R. là princesse Frede-
rica de Hanovre.
• Le Président de la République est allé
chasser hier à Marly avec quelques
amis.
Malgré deux ou trois averses, la jour-
née a été assez favorable et les battues.
dirigées par le colonel Lamy, ont donné
un fort-joli tableau. Le gibier est d'ail-
leurs encore assez nombreux à Marly, et
M. Loubet compte y chasser une fois de
plus avant la clôture qui est fixée au di-
ïîïiiK-eh(v 28 janvier..
Une dernière chasse aura lieu aussi à
Rambouillet avant la clôture.
Les appelés et les élus.
Rappelons que c'est aujourd'hui qu'ont
lieu les élections en vue du renouvelle-
ment de la série B du Sénat, qui com-
prend les départements de la Haute-
Garonne à l'Oise, inclusivement. le dé-
partement de Constantine et la colonie
de la Martinique.
En outre, il y aura lieu à scrutin dans
les départements des Rouches-du-Rhône,
de la Charente-Inférieure et des Basses-
Pyrénées pour désigner les titulaires des
trois sièges devenus vacants par suite
des décès de MM. Bayol, Gurnier et Bnr-
doly. Au total, trente et un départe-
ments convoqués, et!03sénaleursà élire.
On sait qu'un certain nombre de séna-
teurs sortants, dont quelques-uns ont
marqué dans la politique, renoncent à
solliciter le renouvellement de leur man-
dat. Nous citerons, notamment, dans la
Haute -Garonne, M. Constans, ancien
président du Conseil, ambassadeur de
France à Constantinople, et, dans le J ura,
M. le général Grévy, frère de l'ancien
Président de la République, et M. Le-
lièvre qui fut sous-secrétaire d'Etat sous
le ministère Gambetla.
D'une façon générale, la lutte est ex-
trêmement vive. Il y a des départements,
comme le Nord, la Loire et la Nièvre, où
il n'y a pas moins de trois ou quatre lis-
tes en présence, et d'antres, comme le
Gers, Loir-et-Cher, la M meh où l'on
trouve jusqu'à quatorze ou quinze con-
currents pour deux ou trois sièges. En
revanche, il se rencontre des départe- j
ments privilégiés, tels que le Morbihan et
Indre-et-Loire, où il n'y a pas de lutte et
où les sénateurs sortants seront réélus
sans concurrents.
Au total, près de trois cent cinquante
appelés, et il n'y aura, nous l'avons dit,
que cent trois élus. C'est une jolie pro-
portion
Intrépide voyageuse.
Nous parlions hier, à propos des croix
des explorateurs, de celle qui va être
attribuée à Mme Isabelle Massieu, et
nous faisions ressortir l'énergie avec la-
quelle cette vaillante femme a accompli
ses différentes expéditions.
On peut vraiment dire que toute son
existence s'est passée en voyages. Après
une excursion en Egypte et au Liban,
elle parcourait, en 1894-1895, Java, Cey-
lan, les Indes anglaises, le Ça cheraire,
puis le Thibet, la lamaserie d'Himis,
visitant les cols de Chang-Za (5,700 mè-
tres), la passe de Bara-Bhogat, vivant
ainsi seule quatre mois dans les monta-
gnes du Thibet et de l'Himalaya.
En 1897, une mission du ministère de
l'instruction publique la conduisait en
Codiinchine, dans le Cambodge, le
Siam, la Birmanie; elle traversait les
Etats shans, de l'Iraouaddy au Mékong,
suivant un itinéraire qui, sur certains
points, n'avait jamais été parcouru par
un Européen. Puis, visitant le Haut-Laos,
elle descendait le Mékong jusqu'à Luang-
Prabang, suivait la voie de terre de
Luang-Prabangà Vien-Brang, reprenait
le Mékong et gagnait Hué à travers la
chaine annamitique par le col d'Hï-Lao.
On voit que la décoration si justement
attribuée à Mme Isabelle Massieu n'est
pas seulement destinée à briller dans les
salons parisiens. Il est même probable |
qu'on ne l'y verra guère. En revanche,
l'éminente exploratrice, qui n'est pas au
bout de ses pérégrinations, lui fera voir,
comme on dit, du chemin.
Il y a, depuis hier soir, quelqu'un qui
s'intéresse'encore plus que personne à
l'élection du Président de la République:
c'est un citoyen pour lequel le résultat du
Congrès a plus d'importance que pour
les candidats et que pour l'élu même
c'est Félix Boulay, le meurtrier de l'agent
Besse, que le jury de la Seine a con-
damné à la peine de mort.
Que l'hôte futur de l'Elysée soit de la
droite, du centre ou de la gauche, qu'il
soit un Président de combat ou de conci-
liation, ce n'est pas cela qui inquiète Félix
Boulay. Mais dès hier soir, sans doute,
il a questionné ses gardiens sur les opi-
nions de MM. Doumer, Fallières, Bour-
geois, etc., en matière de criminalité. La
question est, pour lui, capitale.
Les vœux qu'il fera en faveur de son
protégé rie s'inspirerontévidemment pas
de l'unique souci du bien y public. Mais
est-il le seul dans ̃ ce Tr cas
–~LAL.
La
La peur du plébiscitèv-;
Le président Magnaud, par l'intermé-
diaire de YAç/ence Bavas, a cru devoir
faire savoir au pays qu' « il n'est candi-
dat à aucun siège sénatorial «.C'est là,
on en conviendra, une étrange commu-
nication. D'habitude, on ne s'adresse aux
agences ou aux journaux que pour faire
connaitre, au contraire, qu'on est candi-
dat dans tel ou tel département. Et en-
core n'est-ce qu'aux journaux du dépar-
tement visé qu'on envoie ces sortes de
communiqués.
Mais M. Magnaud n'a aucune préfé-
férence, et pour cause. Il n'a été sollicité
nulle part. Il lui est donc bien difficile
de dire qu'il accepte ici où là. Mieux vaut
donc déclarer en bloc qu'il refuse noble-
ment toutes les candidatures qui ne lui
ont pas été offertes. Le public, en lisant
la note Bavas, peut se figurer qu'il
n'aurait tenu qu'à M. Magnaud de se
faire plébisciter dans toute la France.
C'était d'aqtant plus tentant que, dans
quelques jours, on doit nommer le
Président de la République. Mais M.
Magnaud dédaigne les grandeurs, et il
entend demeurer fidèle- à son Tribunal
de Château-Thierry. De tels exemples de
désintéressement sont trop rares. On en
a vu cependant. Et il y en a un, particu-
lièrement célèbre qui a été chanté par
Nadaud:
La Garonne n'a pas voulu,
Lanturlu
Quitter le pays de Gascogne.
Une excellente initiative de M. Dujar-
din-Beau-iietz.
Le château de Torign y-sur-Vire (arron-
dissement de Saint-Lô), qui est l'ancien
palais des Matignon et qui devint la pro-
priété des princes de Monaco, loge à
présent la mairie de Torigny. Or il con-
tient une admirable galerie de tableaux;
plusieurs sont de Claude Vignon, de
Philippe de Champaigne, Mignard, Ri-
gaud, Boaubrun, -et il faut que l'on
veille à leur préservation.
M. Dujardin-BeaumCtz s'en est juste-
ment inquiété. Il vient de décider' que
ces toiles illustres seraient classées
comme le château lui-même et que le
budget des beaux-arts contribuerait à
leur entretien.
La Société d'archéologie de la Manche
a fait reproduire par la phototypie ces
portraits, avec le généreux concours du
prince régnant de Monaco.
Albert Glatigny, le héros de la pièce de
M. Catulle Mendès que l'on répète en ce
moment à l'Odéon, fut le plus incorri-
gible des bohèmes en même temps que
le plus habile 'dos rimeurs.
Au cours de son aventureuse exis-
tence, il fit un peu tous les métiers et
entreprit notamment une tournée de
« rimes ». Il s'exhibait dans les concerts
et déclamait sur commande des vers
dont les rimes lui étaient dictées par les
spectateurs.
Mais il ne s'enrichissait pas à ce métier,
et un jour qu'à Privas la vie lui parais-
sait plus triste que jamais, il envoyait
à l'un de ses amis parisiens une longue
épitre de deux cent cinquante vers qui
commençait ainsi
Dans ce pays de l'Ardéche,
Dont la capitale est Privas,
Je nage dans une dèche
Dont pour jamais tu te privas,
et qui se terminait par un emprunt d'un
louis.
Glatigny, qui n'avait pour tailleur et
pour chapelier que ceux de ses amis,
disait un jour à un camarade dont il visi-
tait la garde-robe
Je ne te connais que deux défauts
tu as une trop grosse tête et de trop pe-
tits pieds.
La représentation qui devait être don-
née, l'année dernière, pour le monument
d'Edouard Pailleron, et que diverses cir-
constances avaient fait différer, est main-
tenant fixée au samedi 27.janvier une
matinée, à l'Opéra-Comique, avec le con-
cours gracieux des artistes de la Comé-
die-Française, de l'Opéra, de l'Opéra-
Comique et d'autres théâtres. Nous en
publierons, d'ici peu, le programme.
Déjà s'apprêtent les fêtes de l'été l
La Ligue française de l'enseigne-
ment nous informe qu'elle donnera le
3 juin prochain sa grande fête annuelle
des Ecoles. Cette fête précédera deux au-
tres cérémonies organisées par le gou-
vernement à l'occasion du vingt-cin-
quième anniversaire de la fondation des
Ecoles normales de Saint-Cloud et de
F'ontenay-aux-Roses, qui sont destinées,
comme on sait, à former les professeurs
des écoles normales d'instituteurs et
d'institutrices et des écoles primaires
supérieures de garçons et de filles.
Ces cérémonies seront célébrées, l'une
le 4 juin à Fontenay-aux-Roses et à
Saint-Cloud, l'autre en Sorbonne le len-
demain.
Voilà qui est parfait. Mais il n'y a pas
en France que des écoles primaires: il
y a des lycées, et qu'on oublie. Eux aussi
voudraient bien avoir leur fête. Elle leur
avait même été promise il y a deux ans,
quand fut supprimé le Concours général.
La distribution des prix du Concours gé-
néral était la plus belle de nos fêtes uni-
versitaires. On consola de sa disparition
les nombreuses familles qui la regret-
taient, en leur annonçant que désormais
une grande fête de l'Université, célébrée
soit au début soit à la fin de l'année sco-
laire, remplacerait celle-là.
Cette promesse n'a pas été tenue. Pour-
quoi ?
"11111
C'est une bien agréable surprise pour
les abonnés du Courrier français illustré
que de recevoir une caisse de quatre
bouteilles de cet excellent vin mousseux
Ed. Godot, offertes à titre de prime à tout
abonné d'un an, ainsi qu'un très joli ra-
lendrier colorié et cartonné, « le Calen-
drier des Buveurs pour 1906 », dont il a
fallu faire un second tirage pour pouvoir
répondre aux demandes, et il n'est pas
sans intérêt de noter que le prix de l'a-
bonnement d'un an au Courrier français
illustré, le plus ancien (23e année) et le
plus artistique des hebdomadaires illus-
trés, est seulement de vingt-cinq francs.
Une nouvelle qui intéressera vivement
le monde de l'Automobile Aujourd'hui
paraît et est mis en vente dans tous les
kiosques et chez tous les libraires, au
prix de cinquante centimes, le premier
numéro d'Omnia, revue pratique de lo-
comotion ce numéro contient une amu-
sante aquarelle de René Vincent. Le
directeur et rédacteur en chef d'Omnia
est M. Baudry de Saunier, dont' le nom
fait depuis longtemps autorité dans les
milieux sportifs, et est le plus sûr garant
du grand succès que rencontrera Omnia.
Hors Paris
De notre correspondant de Nice
« Nous croyons savoir qu'un commu-
niqué de caractère presque officiel sera
adressé aux journaux pour démentir la
nouvelle, tout imaginaire, d'un prétendu
mariage du roi des Belges avec la ba-
ronne de Vaughan. Nous tenons d'une
source autorisée l'assurance que le ma-
riage, annoncé par plusieurs journaux,
n'apas eu lieu; la baronne de Vaughan
est mariée et non divorcée, comme on
l'a dit. »
Nouvelles à la Main
Sur le boulevard, entre flâneurs
Après le Livre jaune français, on
nous annonce le Livre blanc allemand.
Les diplomates veulent nous en
faire voir de toutes les couleurs!
Dans un salon, un monsieur d'une
hauteur démesurée raconte qu'il est en-
rhumé du cerveau.
Ça m'a pris subitement tout à
l'heure, dit-il, je n'y comprends rien.
Vous aurez sans doute attrapé froid
aux pieds. l'année dernière 1
Le Masque de Fer.
Bet^W
/•^P^rjCIfr
La Conférence d'Akésiras
LA MISSION FRANÇAISE
M. Revoil, ambassadeur de France,
plénipotentiaire français à la conférence
d'Algésiras, partira mardi par le Sud-
Express pour Madrid, avec M. Recrnault,
consul général, qui fut, en ces derniers
temps, chargé de l'organisation du con-
trôle des douanes au Maroc.
M. Revoil et M.Regnault, qui vont faire
oeuvre commune à Algésiras. ont déjà
intimement collaboré, il y a quelques
années, lorsque le premier était chef et
le second chef adjoint du cabinet de
M. Hanotaux au ministère des affaires
étrangères.
M. de Billy, l'aimable secrétaire d'am-
bassade, attaché au cabinet du ministre,
qui fera fonction de secrétaire de la mis-
sion, partira dès aujourd'hui pour Ma-
drid. Les autres membres de la mission,
M. Aynard, directeur du cabinet du gou-
verneur général de l'Algérie, le com-
mandant Fariau, chef de la mission fran-
çaise au Maroc, et le commandant Codet,
secrétaire particulier de M. Revoil, se
rendront directement à Algésiras.
La mission italienne
Rome, 6 janvier.
Le marquis Visconti-Venosta, partira.
mercredi avec son secrétaire pour Algé-
siras où il va représenter l'Italie, non
pas seulement comme on aurait pu le
craindre avec M. Silvestrelli, pour faire
marcher dans le sillage les plénipoten-
tiaires allemands, mais pour faire enten-
dre la voix d'une puissance méditerra-
néenne qui a des intérêts à défendre et
des devoirs à remplir.
Ces devoirs on les connaît; ils sont
antérieurs aux dernières conventions re-
latives au Maroc, cause de l'incident qui
a déterminé la convocation de la confé-
rence ils résultent de l'accord franco-
italien par leauel l'Italie avait reconnu, la.
ta Numéro quotidien ps. SEINE & SElNE-ET-OiSE s 15 centimes et DEPARTEMENTS s 20 centimes
Dimanohe 7 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
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de France et d'Algérie.
c Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte'
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumabchaio.)
S O T>/L 3VC .A. I IRE
Le commandement Vicomte DE Montfort,
sénateur.
La Vie de Paris Les Rois GEORGES Hel-
LOUIN.
La Conférence d'Algésiras La mission fran-
çaise.
Gabrielle Krauss Véga.
A l'Etranger La presse allemande Eugène
LAUTIER.
Une page d'histoire américaine A. Fitz-Mau-
RICE.
La Banque de France: G. Davenay.
Doux pays Le jour de l'an à l'hôpital
FORAIN,
Journaux et Revues André BEAUNIER.
Les Thé~tres Théktre Trianon "Une Bonne
Affairé": EMMANUEL ARÈNE.
Le Commandement
(PREMIER ARTICLE)
• La paix doit être,pour
les armées, une école, et la
guerre une pratique. »
(VÉGÈCE.)
La direction suprême. Les pouvoirs
publics en cas de guerre.
Préparation et direction, voilà toute la
guerre, et surtout celle de demain.
Nulle question n'est plus haute; car,
en réalité, ce qui est en cause, c'est la
préparation de la défense du pays, la
conduite de ses armées, la victoire ou la
défaite, et nous récolterons sûrement,
dans les sanglants sillons du champ de
bataille, ce que nous aurons semé dans
les travaux de la paix.
Dans le duel grandiose de deux na-
tions, dont l'une devra périr, les batail-
lons et les bouches à feu se compteront
peut-être, mais les facteurs impondé-
rables, qui sont de tous les temps, le
cœur et le moral du soldat, pourront,
seuls, avec l'aide de Dieu, nous donner
la victoire, et il faut que les chefs choisis
pour conduire à l'ennemi nos forces na-
tionales puissent dire, avec orgueil et
confiance, comme Nelson à Trafalgar:
« La patrie compte que chaque homme
fera son devoir. »
Une chose nous manque, de toute évi-
dence, une seule, mais elle est capitale
c'est la stabilité, la permanence, et par-
dessus tout, la préparation du comman-
dement supérieur.
Mais qui donc y songe? dans un pays
où tout le monde se croit le droit de par-
ler de la guerre sans l'avoir jamais faite,
qui donc prend la peine de réfléchir aux
re instables problèmes qu'elle va soule-
ver à chaque pas?
Pour certains stratèges du Parlement,
le service obligatoire n'est que l'applica-
tion permanente de la levée en masse;
les théoriciens de l'école moderne ayant
mis définitivement la bataille en for-
mules et la charge en équations, nul
d'entre eux ne parait comprendre à quel
point la difficulté sera grande insur-
montable peut-être d'encadrer, de
faire vivre et surtout de mettre en œuvre,
au jourde l'épreuve, ces forcesimmenses,
produit des efforts patriotiques de la na-
tion. ·
Bien peu se demandent, dans leur
présomptueuse inexpérience, comment
pourront être commandées et dirigées,
en face de l'ennemi, ces grandes forma-
tions de la guerre moderne, si le com-
mandement n'en est pas assuré et minu-
tieusement préparé longtemps à l'a-
vance. ZD
J'en parlerai un autre jour, mais je
veux seulement, aujourd'hui, examiner,
sans passion d'aucune sorte, un autre
grave problème qui se pose devant nous,
à l'heure actuelle, plus menaçant que
jamais, celui de l'organisation des
pouvoirs publics en temps de guerre.
#*#
Et d'abord une constatation doulou-
reuse s'impose qu'il ne servirait de
rien de dissimuler, car nos ennemis
sont parfaitement fixés,- croyez-le bien,
à cet égard, c'est qu'aujourd'hui, en
France, après trente-six ans bientôt de
paix armée, alors qu'à plusieurs repri-
ses, nous avons eu l'impression aiguë de
la guerre imminente, personne ne pour-
rait dire, avec la moindre certitude,
comment serait organisé, demain, le
fonctionnement des pouvoirs publics, si
la guerre éclatait brusquement, et en
quelles mains' serait remise, à cette
heure de suprême angoisse, la direc-
tion supérieure de notre défense na-
tionale. Non personne au monde ne
pourrait le dire, parce que personne n'en
sait rien c'est inconcevable, direz-vous;
oui, sans doute, mais le fait n'en est pas
moins hors de toute contestation.
Nul ne peut, en effet, raisonnablement
prévoir comment, et dans quelles condi-
tions, notre système de parlementarisme
irresponsable, tumultueux et bavard
l'antithèse bien évidemment de toute
résolution énergique et rapide pour-
rait faire place, du jour au lendemain, à
un régime d'autorité et de décision, in-
dispensable cependant.
Tout ce qu'il est possible d'affirmer
et ce n'est guère, vous en conviendrez!
c'est que le cas n'est prévu nulle part
dans la loi constitutionnelle, et que ja-
mais aucune mesure n'a été prise, en
vue de cette redoutable éventualité, par
aucun des gouvernements qui se sont
succédé en France, depuis 1870.
Divers projets, dus à l'initiative parle-
mentaire, ont bien été, à plusieurs re-
prises, formulés à cet égard, et défendus
dans la presse avec autant d'énergie que
de talent, mais aucun, je le répète, n'a eu,
jusqu'ici, la bonne fortune d'être seule-
mentpris en considération par la moindre
Commission parlementaire. Que voulez-
vous ? MM. les députés ont depuis long-
temps bien d'autres préoccupations plus
importantes, paraît-il, et la chasse au
curé ou à la bonne Sœur, a absorbé
toute leur attention; demandez plutôt à
M. Combes.
Et cependant, un jour, le ministre de
la guerre de ce cabinet de malheur, de
ce gouvernement de « péril national »
comme l'a dit M. Doumer, le général
André, qui, dans sa coutumière extrava-
gance, avait au moins, de loin en loin,
des lueurs de bon sens, et même de
courts réveils du sentiment militaire-ne
l'a pas caché au Parlement il s'en expli-
quait en ces termes, le 3 décembre 1901,
devant le Sénat qui, je suis bien obligé
de le constater, ne parut pas émotionné
outre mesure,par d'aussi graves déclara-
tions « Dans l'organisation de notre ar-
mée, disait le ministre, un point impor-
tant a été laissé de côté, l'organisation
du commandement supérieur et le rôle
du gouvernement en cas de mobilisation.
Cette grave question, personne n'a osé
l'aborder. »
Il faut convenir que ce ministre de la
guerre, d'habitude beaucoup plus politi-
cien que soldat, et presque toujours in-
conscient, pour ne rien dire de plus,
avait, cette fois au moins, grandement
raison.
On peut dire en effet, sans crainte de
rien exagérer, que notre situation est, à
ce point de vue, sans précédent à aucune
époque et chez aucun autre peuple, puis-
qu'en réalité, à l'heure actuelle, on ne
saurait trop le répéter, nul ne sait, ni ne
peut savoir,ce qui se passerait en France,
je ne dirai pas au lendemain de la décla-
ration de guerre c'est là, parait-il, un
ancien procédé de loyauté internationale
que nous ne reverrons plus,- mais à
l'heure même où le premier coup de
canon sera tiré à la frontière.
Qu'adviendra-t-il à ce moment cri-
tique ? Les deux Chambres seront-elles
immédiatement dissoutes? mais par qui
donc alors? et par quoi remplacées? Sans
doute par un pouvoir exécutif de circons-
tance, une espèce de gouvernement pro-
visoire composé de politiciens dViven-
ture-le Comité Mascuraud peut-être?
ou même, comme l'avait laissé en-
tendre jadis le très regretté Président
Félix Faure, par une sorte de triumvirat
consulaire, composé du Président de la
République en exercice, flanqué des deux
ministres militaires, guerre et marine,
-de telle sorte qu'hier encore, le cas
échéant, les destinées du pays eussent
été remises entre les mains d'André et
de Pelletan? Jolie perspective! peu ras-
surante, n'est-il pas vrai?
Que ce soit cela ou toute autre chose,
ou peut-être bien pire encore, personne
au monde n'en sait assurément le premier
mot; ce sera l'inconnu, l'aventure
bouffonne ou tragique, le bas Empire ou
Gerolstein au gré des événements ou
même des incidents!
r
Il faut convenir d'ailleurs que
chose étrange bien peu de gens ont
l'air de se préoccuper de cette si grave
question, absolument comme s'ij s'agis-
sait du Congo ou de la Sénégambie.
On discutait même très sérieusement
ces jours derniers -vous en souvient-il?
defaçontoute doctrinale– et à grand ren-
fort de textes aussi législatifs que consti-
tutionnels, le point de savoir si' légale-
ment,- légalement, vous entendez bien
-il serait possible de mobiliser l'armée,
sans l'approbation préalable du Parle-
ment même ajoutait-on avec une par-
faite sérénité « si notre frontière était
envahie »
M. le général Mercier, nationaliste, très
carré comme à. son habitude, déclarait
nettement que, pour son compte, il n'eût
pas, comme ministre de la guerre, hésité
un seul instant mais M. le général Lan-
glois, progressiste, qui sera peut-être
ministre demain, paraissait peu disposé
à accepter, le cas échéant, pour sa part,
une aussi grave responsabilité.
Et voilà cependant où nous en som-
mes aujourd'hui encore, alors que M.
Jaurès déclarait hier-lui qui doit être
bien renseigné, j'imagine que le jour
même d'une mobilisation de guerre la
révolution éclaterait, sinistre et violente,
en dépit de la légalité, dans toutes les
grandes villes de France.
N'est-ce pas à faire frémir?
Et pourtant il y a, je le répète, trente-
six ans que cela dure, et que le Parle-
ment comme, hélas! l'opinion publi-
que ferme volontairement les yeux.
**#
Mais enfin, pour tout dire et voir enfin
les choses comme elles sont, d'où vient
donc cet aveuglement singulier, inexpli-
cable, en présence d'un péril qui éclate à
tous les yeux? Tout simplement et il
est facile de s'en rendre compte en regar-
dant autour de soi de l'abaissement
progressif et lamentable du niveau intel-
lectuel et moral de notre personnel par-
lementaire, qui descend visiblement de
plusieurs degrés à chaque légistature
nouvelle.
Qu'est-il,. en effet, raisonnablement
possible d'espérer de tous ces politiciens
d'aventure ou de profession, qui savent
à merveille que la guerre a été immi-
nente, il y a quelques mois à peine; qui
ne peuvent ignorer à quel point la puis-
sance de nos armées de terre et de mer a
été compromise parcesdésorganisateurs
cyniques de toute force morale, André et
Pelletan, et qui pourtant n'ont d'autre
politique, aujourd'hui comme hier, que
la persécution religieuse, d'autre préoc-
cupation que celle d'être réélus, grâce à
la pression administrative des préfets du
Bloc, en récompense de leur servilité ?
Pauvre pays, en vérité, de droiture et
d'honnêteté natives cependant, qui mé-
riterait, à coup sûr, d'être mieux gou-
verné 1
Vicomte de Montfort,
sénatour.
LA VIE DE PARIS
Les Rois
C'était hier l'Epiphanie, ou, pour mieux dire,
« le jour des Rois », et c'est encore là une fête
à laquelle il n'y a pas de séparation de l'Eglise
et de l'Etat qui puisse porter atteinte. Malgré
la néfaste loi de M. Combes, on a mangé hier,
dans toutes les familles, le traditionnel gâteau
où la royauté vous échoit sous la forme d'une
fève ou d'un petit bonhomme en porcelaine.
C'est le petit hommage que vous fait chaque
année le boulanger, comme le facteur vous
apporte son almanach au premier de l'an.
Quelle est donc l'origine de cette fête popu-
laire, et que sont donc' ces Rois que l'on cé-
lèbre ainsi, même en République? Il ne s'agit
d'aucun de ceux qui sont venus dernièrement
nous visiter, ni d'aucun même qui règne ac-
tuellement dans le monde. Ils portent des
noms que l'on ne trouve point dans le Gotha,
et leur règne remonte à près de deux mille
ans. Ce sont, en un mot, les trois rois mages,
Balthazar, Gaspard et Melchior, dont parle
saint Mathieu en ses versets « Jésus étant
né à Bethléem de Juda, au temps du roi Hé-
rode, des mages vinrent d'Orient à Jérusalem,
demandant « Où est le roi des Juifs nouvelle-
» ment né? Nous avons vu son étoile en
» Orient, et nous sommes venus l'adorer. Et
ayant appris que c'était dans la petite ville de
Bethléem de Juda que l'enfant était né, ils
suivirent l'étoile qui les y conduisit, et s'arrêta
au-dessus d'une humble demeure de bien pau-
vre apparence. Entrant dans la maison, les
mages y trouvèrent l'enfant avec Marie, sa
mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent puis,
ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent des
présents,, de l'or, de l'encens et de la myrrhe. a
Telle est la mémorable évocation du jour des
Rois. On comprend donc qu'à l'origine l'Epi-
phanie se soit confondue avec la Noël, et
qu'en Orient, tout au moins, on ait célébré lés
deux fêtes le même jour. En Occident, cepen-
dant, elles furent toujours distinctes. C'est la
Noël seule qui est la fête de la Nativité, tan-
dis quelejourde l'Epiphanie l'Eglise célèbre"
à la fois l'adoration des mages, le baptême de
Jésus, et les noces de Cana qui n'ont pourtant
aucun lien avec les deux autres événements,
mais qui expliquent sans doute que cette fête
soit une de celles que l'on honore le plus vo-
lontiers par des repas de famille.
Il n'y a pas de demeure où l'on ne < tire» ce
jour-là, le gâteau des Rois, et le cri le Roi
boit qui salue le gagnant de la fève retentit
joyeusement à toutes les tables. Cette cou-
tume remonte bien haut, et dès les plus loin-
taines origines de notre histoire on voit le
jour des Rois fêté non seulement par le peuple,
mais par les grands seigneurs et les rois eux-
mêmes. Avec le temps, cependant, le mode de
célébration de la fête s'est peu à peu trans-
formé. Jadis, une touchante coutume consis-
à « faire un roi » d'un enfant pauvre dont on
payait ensuite les frais d'école. Mais, plus
communément, on se livrait à de grandes ré-
jouissances, à de bruyants divertissements
qui dégénéraient parfois en désordres et en
batailles.
Les historiens nous content même qu'en
1521 François 1er, célébrant la fête des Rois,
reçut une blessure grave qui faillit lui coûter
la vie. On en trouve le récit dans Du Bellay
« Le Roy, dit-il, était à Romorantin, voir
la feste des Rois. Le Roy, sachant que M. de
Saint-Pol avait faict un roy de la febvre en son
logis, délibéra avec ses supposts d'envoyer
défier ledit roy de mondit seigneur de Saint-
Pol, ce qui fut faict et, parce qu'il faisait
grandes neiges, mondit seigneur de Saint-Pol
fit grandes munitions de pelottes de neige, de
pommes et d'oeufs pour soutenir l'effort. Etant
enfin toutes armes faillées pour la défense de
ceux du dedans, ceux du dehors forçant la
porte, quelque malavisé jeta un tison de bois
par la fenestre, et tomba ledit tison sur la
teste du Roy, de quoi il fut fort blessé, de
manière qu'il fut quelques jours que les chi-
rurgiens ne pouvaient assurer de sa santé. n
De tels accidents ne sont plus à craindre à
notre époque où les distractions sont moins
héroïques. La seule chose à éviter est de ne
pas avaler la fève, et surtout de ne pas se
casser une dent avec le petit bonhomme en
porcelaine. Le plus sage pour cela est d'ex-
plorer, préalablement, de fond en comble,
son morceau de. gâteau. Mais je donne là des
conseils bien superflus, car la vigilance des
mères s'emploie ce jour-là pour les enfants,-
les vrais rois, au fond, de cette fête.
Georges Hellouin.
Echos
La Température
Une nouvelle dépression s'est avancée par
le nord-ouest de l'Europe, et son centre se
trouvait hier matin sur l'Angleterre, 74Omn>. A
Paris, à midi, on notait hier 751mm g.
La baisse barométrique atteint 15 mm depuis
vendredi soir dans le nord-ouest de la France.
Une violente tempête du sud-ouest sévit sur la
Manche où la mer est grosse.
Des pluies sont tombées dans le nord et
l'ouest de l'Europe. En France, elles ont été à
peu prés générales.
La température reste élevée sur nos régions.
Hier, à sept heures du matin, le thermomètre
marquait à Paris 110 au-dessus de zéro et res-
tait sans variation jusqu'au soir. Pendant la
journée, plusieurs grosses averses.
Départements, le matin
Au-dessus de $èro 50 à Perpignan. et à
Cette, 6° à Clermont, à Marseille et à Nice,
70 à Belfort et à Clermont, 8" à Charleville,
90 à Boulogne, à Cherbourg, à Bordeaux, à
Toulouse et à Oran, 100 àOuessant, à Nantes
et à Nancy, 110 à Dunkerque et à l'île d'Aix,
130 a Alger, 160 à Biarritz.
En France, des pluies sont probables avec
temps doux. Le soir, le baromètre était à
75o«"n.
(La température du 6 janvier 1905 était
en France, très grosses pluies dans toutes les
régions. A Paris thermomètre, 40 au-dessus
de zéro le matin, ioo l'après-midi; baromètre,
753mm dans la matinée, 7521011 le soir).
Du New York Herald:
A. New-York Temps beau. Température
maxima, 505 minima, 1°. Vent de l'ouest,
plutôt fort. Baromètre, hausse lente.
A Londres Temps couvert. Température:
maxima, 11°; minima, 905. Vent du sud-ouest,
tempête. Baromètre, 744mm en baisse.
A Berlin Temps pluvieux. Température
6° à midi.
C.OO::CCl
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Marseille. Gagnants du Figaro
PrixduChâ"teaud'If:Rol\mgRoà;Ch.i\pèric.
Prixdela Valentine:E"e Lieux; Benihassam.
Prix Massilia Oms; Andréo.
Prix du Prado Ecurie Lieux; Bérenger II.
A TravErs Par~s
éis lidVëlk) AoJAfl.
L-a princesse Henri de Battenberg et
sa, tille la princesse Victoria-Eugénie,
venant de Londres avec le colonel lord
William Cecil, contrôleur et trésorier de
la princesse, et miss Minnie Cochrane,
dame du palais, arriveront à Paris, gare
du Nord, demain, par le train de six
heures quarante du soir.
Par le même train arrivera S. M. l'im-
pératrice Eugénie, marraine de la future
fiancée du roi d'Espagne.
La princesse et sa fille comptent rester
une semaine à Paris et descendront avec
leur suite à l'hôtel Saint-James et d'Al-
bany.
Nous croyons savoir que Leurs Altes-
ses royales, en quittant Paris, se ren-
dront à Biarritz pour passer quelques
jours chez S. A. R. là princesse Frede-
rica de Hanovre.
• Le Président de la République est allé
chasser hier à Marly avec quelques
amis.
Malgré deux ou trois averses, la jour-
née a été assez favorable et les battues.
dirigées par le colonel Lamy, ont donné
un fort-joli tableau. Le gibier est d'ail-
leurs encore assez nombreux à Marly, et
M. Loubet compte y chasser une fois de
plus avant la clôture qui est fixée au di-
ïîïiiK-eh(v 28 janvier..
Une dernière chasse aura lieu aussi à
Rambouillet avant la clôture.
Les appelés et les élus.
Rappelons que c'est aujourd'hui qu'ont
lieu les élections en vue du renouvelle-
ment de la série B du Sénat, qui com-
prend les départements de la Haute-
Garonne à l'Oise, inclusivement. le dé-
partement de Constantine et la colonie
de la Martinique.
En outre, il y aura lieu à scrutin dans
les départements des Rouches-du-Rhône,
de la Charente-Inférieure et des Basses-
Pyrénées pour désigner les titulaires des
trois sièges devenus vacants par suite
des décès de MM. Bayol, Gurnier et Bnr-
doly. Au total, trente et un départe-
ments convoqués, et!03sénaleursà élire.
On sait qu'un certain nombre de séna-
teurs sortants, dont quelques-uns ont
marqué dans la politique, renoncent à
solliciter le renouvellement de leur man-
dat. Nous citerons, notamment, dans la
Haute -Garonne, M. Constans, ancien
président du Conseil, ambassadeur de
France à Constantinople, et, dans le J ura,
M. le général Grévy, frère de l'ancien
Président de la République, et M. Le-
lièvre qui fut sous-secrétaire d'Etat sous
le ministère Gambetla.
D'une façon générale, la lutte est ex-
trêmement vive. Il y a des départements,
comme le Nord, la Loire et la Nièvre, où
il n'y a pas moins de trois ou quatre lis-
tes en présence, et d'antres, comme le
Gers, Loir-et-Cher, la M meh où l'on
trouve jusqu'à quatorze ou quinze con-
currents pour deux ou trois sièges. En
revanche, il se rencontre des départe- j
ments privilégiés, tels que le Morbihan et
Indre-et-Loire, où il n'y a pas de lutte et
où les sénateurs sortants seront réélus
sans concurrents.
Au total, près de trois cent cinquante
appelés, et il n'y aura, nous l'avons dit,
que cent trois élus. C'est une jolie pro-
portion
Intrépide voyageuse.
Nous parlions hier, à propos des croix
des explorateurs, de celle qui va être
attribuée à Mme Isabelle Massieu, et
nous faisions ressortir l'énergie avec la-
quelle cette vaillante femme a accompli
ses différentes expéditions.
On peut vraiment dire que toute son
existence s'est passée en voyages. Après
une excursion en Egypte et au Liban,
elle parcourait, en 1894-1895, Java, Cey-
lan, les Indes anglaises, le Ça cheraire,
puis le Thibet, la lamaserie d'Himis,
visitant les cols de Chang-Za (5,700 mè-
tres), la passe de Bara-Bhogat, vivant
ainsi seule quatre mois dans les monta-
gnes du Thibet et de l'Himalaya.
En 1897, une mission du ministère de
l'instruction publique la conduisait en
Codiinchine, dans le Cambodge, le
Siam, la Birmanie; elle traversait les
Etats shans, de l'Iraouaddy au Mékong,
suivant un itinéraire qui, sur certains
points, n'avait jamais été parcouru par
un Européen. Puis, visitant le Haut-Laos,
elle descendait le Mékong jusqu'à Luang-
Prabang, suivait la voie de terre de
Luang-Prabangà Vien-Brang, reprenait
le Mékong et gagnait Hué à travers la
chaine annamitique par le col d'Hï-Lao.
On voit que la décoration si justement
attribuée à Mme Isabelle Massieu n'est
pas seulement destinée à briller dans les
salons parisiens. Il est même probable |
qu'on ne l'y verra guère. En revanche,
l'éminente exploratrice, qui n'est pas au
bout de ses pérégrinations, lui fera voir,
comme on dit, du chemin.
Il y a, depuis hier soir, quelqu'un qui
s'intéresse'encore plus que personne à
l'élection du Président de la République:
c'est un citoyen pour lequel le résultat du
Congrès a plus d'importance que pour
les candidats et que pour l'élu même
c'est Félix Boulay, le meurtrier de l'agent
Besse, que le jury de la Seine a con-
damné à la peine de mort.
Que l'hôte futur de l'Elysée soit de la
droite, du centre ou de la gauche, qu'il
soit un Président de combat ou de conci-
liation, ce n'est pas cela qui inquiète Félix
Boulay. Mais dès hier soir, sans doute,
il a questionné ses gardiens sur les opi-
nions de MM. Doumer, Fallières, Bour-
geois, etc., en matière de criminalité. La
question est, pour lui, capitale.
Les vœux qu'il fera en faveur de son
protégé rie s'inspirerontévidemment pas
de l'unique souci du bien y public. Mais
est-il le seul dans ̃ ce Tr cas
–~LAL.
La
La peur du plébiscitèv-;
Le président Magnaud, par l'intermé-
diaire de YAç/ence Bavas, a cru devoir
faire savoir au pays qu' « il n'est candi-
dat à aucun siège sénatorial «.C'est là,
on en conviendra, une étrange commu-
nication. D'habitude, on ne s'adresse aux
agences ou aux journaux que pour faire
connaitre, au contraire, qu'on est candi-
dat dans tel ou tel département. Et en-
core n'est-ce qu'aux journaux du dépar-
tement visé qu'on envoie ces sortes de
communiqués.
Mais M. Magnaud n'a aucune préfé-
férence, et pour cause. Il n'a été sollicité
nulle part. Il lui est donc bien difficile
de dire qu'il accepte ici où là. Mieux vaut
donc déclarer en bloc qu'il refuse noble-
ment toutes les candidatures qui ne lui
ont pas été offertes. Le public, en lisant
la note Bavas, peut se figurer qu'il
n'aurait tenu qu'à M. Magnaud de se
faire plébisciter dans toute la France.
C'était d'aqtant plus tentant que, dans
quelques jours, on doit nommer le
Président de la République. Mais M.
Magnaud dédaigne les grandeurs, et il
entend demeurer fidèle- à son Tribunal
de Château-Thierry. De tels exemples de
désintéressement sont trop rares. On en
a vu cependant. Et il y en a un, particu-
lièrement célèbre qui a été chanté par
Nadaud:
La Garonne n'a pas voulu,
Lanturlu
Quitter le pays de Gascogne.
Une excellente initiative de M. Dujar-
din-Beau-iietz.
Le château de Torign y-sur-Vire (arron-
dissement de Saint-Lô), qui est l'ancien
palais des Matignon et qui devint la pro-
priété des princes de Monaco, loge à
présent la mairie de Torigny. Or il con-
tient une admirable galerie de tableaux;
plusieurs sont de Claude Vignon, de
Philippe de Champaigne, Mignard, Ri-
gaud, Boaubrun, -et il faut que l'on
veille à leur préservation.
M. Dujardin-BeaumCtz s'en est juste-
ment inquiété. Il vient de décider' que
ces toiles illustres seraient classées
comme le château lui-même et que le
budget des beaux-arts contribuerait à
leur entretien.
La Société d'archéologie de la Manche
a fait reproduire par la phototypie ces
portraits, avec le généreux concours du
prince régnant de Monaco.
Albert Glatigny, le héros de la pièce de
M. Catulle Mendès que l'on répète en ce
moment à l'Odéon, fut le plus incorri-
gible des bohèmes en même temps que
le plus habile 'dos rimeurs.
Au cours de son aventureuse exis-
tence, il fit un peu tous les métiers et
entreprit notamment une tournée de
« rimes ». Il s'exhibait dans les concerts
et déclamait sur commande des vers
dont les rimes lui étaient dictées par les
spectateurs.
Mais il ne s'enrichissait pas à ce métier,
et un jour qu'à Privas la vie lui parais-
sait plus triste que jamais, il envoyait
à l'un de ses amis parisiens une longue
épitre de deux cent cinquante vers qui
commençait ainsi
Dans ce pays de l'Ardéche,
Dont la capitale est Privas,
Je nage dans une dèche
Dont pour jamais tu te privas,
et qui se terminait par un emprunt d'un
louis.
Glatigny, qui n'avait pour tailleur et
pour chapelier que ceux de ses amis,
disait un jour à un camarade dont il visi-
tait la garde-robe
Je ne te connais que deux défauts
tu as une trop grosse tête et de trop pe-
tits pieds.
La représentation qui devait être don-
née, l'année dernière, pour le monument
d'Edouard Pailleron, et que diverses cir-
constances avaient fait différer, est main-
tenant fixée au samedi 27.janvier une
matinée, à l'Opéra-Comique, avec le con-
cours gracieux des artistes de la Comé-
die-Française, de l'Opéra, de l'Opéra-
Comique et d'autres théâtres. Nous en
publierons, d'ici peu, le programme.
Déjà s'apprêtent les fêtes de l'été l
La Ligue française de l'enseigne-
ment nous informe qu'elle donnera le
3 juin prochain sa grande fête annuelle
des Ecoles. Cette fête précédera deux au-
tres cérémonies organisées par le gou-
vernement à l'occasion du vingt-cin-
quième anniversaire de la fondation des
Ecoles normales de Saint-Cloud et de
F'ontenay-aux-Roses, qui sont destinées,
comme on sait, à former les professeurs
des écoles normales d'instituteurs et
d'institutrices et des écoles primaires
supérieures de garçons et de filles.
Ces cérémonies seront célébrées, l'une
le 4 juin à Fontenay-aux-Roses et à
Saint-Cloud, l'autre en Sorbonne le len-
demain.
Voilà qui est parfait. Mais il n'y a pas
en France que des écoles primaires: il
y a des lycées, et qu'on oublie. Eux aussi
voudraient bien avoir leur fête. Elle leur
avait même été promise il y a deux ans,
quand fut supprimé le Concours général.
La distribution des prix du Concours gé-
néral était la plus belle de nos fêtes uni-
versitaires. On consola de sa disparition
les nombreuses familles qui la regret-
taient, en leur annonçant que désormais
une grande fête de l'Université, célébrée
soit au début soit à la fin de l'année sco-
laire, remplacerait celle-là.
Cette promesse n'a pas été tenue. Pour-
quoi ?
"11111
C'est une bien agréable surprise pour
les abonnés du Courrier français illustré
que de recevoir une caisse de quatre
bouteilles de cet excellent vin mousseux
Ed. Godot, offertes à titre de prime à tout
abonné d'un an, ainsi qu'un très joli ra-
lendrier colorié et cartonné, « le Calen-
drier des Buveurs pour 1906 », dont il a
fallu faire un second tirage pour pouvoir
répondre aux demandes, et il n'est pas
sans intérêt de noter que le prix de l'a-
bonnement d'un an au Courrier français
illustré, le plus ancien (23e année) et le
plus artistique des hebdomadaires illus-
trés, est seulement de vingt-cinq francs.
Une nouvelle qui intéressera vivement
le monde de l'Automobile Aujourd'hui
paraît et est mis en vente dans tous les
kiosques et chez tous les libraires, au
prix de cinquante centimes, le premier
numéro d'Omnia, revue pratique de lo-
comotion ce numéro contient une amu-
sante aquarelle de René Vincent. Le
directeur et rédacteur en chef d'Omnia
est M. Baudry de Saunier, dont' le nom
fait depuis longtemps autorité dans les
milieux sportifs, et est le plus sûr garant
du grand succès que rencontrera Omnia.
Hors Paris
De notre correspondant de Nice
« Nous croyons savoir qu'un commu-
niqué de caractère presque officiel sera
adressé aux journaux pour démentir la
nouvelle, tout imaginaire, d'un prétendu
mariage du roi des Belges avec la ba-
ronne de Vaughan. Nous tenons d'une
source autorisée l'assurance que le ma-
riage, annoncé par plusieurs journaux,
n'apas eu lieu; la baronne de Vaughan
est mariée et non divorcée, comme on
l'a dit. »
Nouvelles à la Main
Sur le boulevard, entre flâneurs
Après le Livre jaune français, on
nous annonce le Livre blanc allemand.
Les diplomates veulent nous en
faire voir de toutes les couleurs!
Dans un salon, un monsieur d'une
hauteur démesurée raconte qu'il est en-
rhumé du cerveau.
Ça m'a pris subitement tout à
l'heure, dit-il, je n'y comprends rien.
Vous aurez sans doute attrapé froid
aux pieds. l'année dernière 1
Le Masque de Fer.
Bet^W
/•^P^rjCIfr
La Conférence d'Akésiras
LA MISSION FRANÇAISE
M. Revoil, ambassadeur de France,
plénipotentiaire français à la conférence
d'Algésiras, partira mardi par le Sud-
Express pour Madrid, avec M. Recrnault,
consul général, qui fut, en ces derniers
temps, chargé de l'organisation du con-
trôle des douanes au Maroc.
M. Revoil et M.Regnault, qui vont faire
oeuvre commune à Algésiras. ont déjà
intimement collaboré, il y a quelques
années, lorsque le premier était chef et
le second chef adjoint du cabinet de
M. Hanotaux au ministère des affaires
étrangères.
M. de Billy, l'aimable secrétaire d'am-
bassade, attaché au cabinet du ministre,
qui fera fonction de secrétaire de la mis-
sion, partira dès aujourd'hui pour Ma-
drid. Les autres membres de la mission,
M. Aynard, directeur du cabinet du gou-
verneur général de l'Algérie, le com-
mandant Fariau, chef de la mission fran-
çaise au Maroc, et le commandant Codet,
secrétaire particulier de M. Revoil, se
rendront directement à Algésiras.
La mission italienne
Rome, 6 janvier.
Le marquis Visconti-Venosta, partira.
mercredi avec son secrétaire pour Algé-
siras où il va représenter l'Italie, non
pas seulement comme on aurait pu le
craindre avec M. Silvestrelli, pour faire
marcher dans le sillage les plénipoten-
tiaires allemands, mais pour faire enten-
dre la voix d'une puissance méditerra-
néenne qui a des intérêts à défendre et
des devoirs à remplir.
Ces devoirs on les connaît; ils sont
antérieurs aux dernières conventions re-
latives au Maroc, cause de l'incident qui
a déterminé la convocation de la confé-
rence ils résultent de l'accord franco-
italien par leauel l'Italie avait reconnu, la.
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