Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-01-04
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 janvier 1906 04 janvier 1906
Description : 1906/01/04 (Numéro 4). 1906/01/04 (Numéro 4).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287216g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
te Numéro quotidien^ SEINE & SEINE-ET-01SE 15 centimes =s DEPARTEMENTS 20 centimes1
52e Année 3e Série H° 4
Jeudi 4 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
H. DB VILLEMESSANT
` Fondateur
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de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
S O HA 3VE .A. I K.B
La politique des Romanoff Jules Roche.
Les mœurs du temps JACQUES Rigaotv
Sur la C6te d'Azur G. DE Montis.
Les événements de Russie Les Français à
MOSCOU PIERRE GIFFARD.
A l'Etranger • La conférence d'Algésiras.
Le Pôle en ballon GEORGES HELLOUIN.
Les élections sénatoriales Louis Ghevreuse.
Une circulaire de M. Chaumié GEORGES
> Paramé.
Allemands et Anglais MARC Landry.
Quelques conseils pour vivre vieux Docteur
Maurice DE Fleury.
Journaux et Revues: André Beaunier.
Gazette des Tribunaux: H.. V.
Notes de voyage Las Palmas et Gibraltar
GASTON DONNET.
Mouvement médical: Horace Bianghon.
Feuilleton L'Incendie EDOUARD Rod..
La politique
des Romanoff
Les nouvelles reçues de Russie depuis
quelques jours permettent de considérer
comme prochaine l'époque où le pro-
gramme des réformes tracé par le Tsar
le 17 octobre dernier. etconfirmé si éner-
giquement par sa déclaration du i4 dé-
cembre, commencera d'entrer en appli-
cation. Le rétablissement de l'ordre n'est
plus en question, théoriquement; le
résultat définitif est certain à bref délai;
quand il sera devenu « fait accompli»,
le gouvernement pourra procéder aux
mesures nécessaires pour l'exécution
méthodique des réformes. Jusque-là, en
effet, il ne saurait s'adonner à une autre
œuvre qu'à celle qui absorbe tous ses
instants.
Est-il permi's, en attendant, de regar-
der comme possibles l'abandon des ré-
formes et le maintien pur et simple de
['autocratie absolue?
La parole du tsar Nicolas Il-suffît pour
qu'on réponse négativement. Laquestion
est ainsi tratïchée définitivement, et l'on
pourrait tenir toute discussion pour oi-
seuse. Il n'est pas inutile cependant'de se
rendre compte combien est chimérique
et impossible en soi l'hypothèse du statu
quo. '̃̃̃'
Loin d'être. une Il révolution », la poli-
tique affirmée par Nicolas II n'est pas
autre chose en effet que la suite, venant
à son heure, des principes anciens de sa
d\ uastie. Nous sommes trop portés à
oublier que les phénomènes de la vie des
pruples sont infiniment plus complexes
et, se déroulent moins vite que ceux de la
vie des individus. Ils exigent parfois des
siècles.
La situation actuelle de la Russie est
une conséquence de son histoire, et son
histoire se caractérise par deux traits es-
sentiels, dans la politique extérieure et
dans la politique intérieure; ils se mon-
trent dès l'origine et n'ont jamais varié,
parce qu'ils sont l'expression de la na-
ture des choses.
On paraît trop, en général, rattacher à
Pierre le Grand la politique étrangère de
la Russie. Le «grand» est insuffisant;
on devrait dire le « gigantesque »; car il
ne le fut pas moins au figuré qu'au pro-
pre. Son génie fut surhumain comme sa
taille. On voit aisément celle-ci dans la
fameuse vitrine de l'Ermitage où il appa-
rait pour ainsi dire vivant, aux regards
du visiteur étonné. Il faut un long effort
de l'esprit pour comprendre les prodi-
gieusesfacultés dont la nature l'avait doué
et l'œuvre formidable qu'il accomplit.
Cependant on se tromperait en lui décer-
nant la paternité exclusive de la politique
étrangère exposée dans le fameux « Tes-
tament » qu'on lui attribue. Cette poli-
tique d'extension aux limites naturelles,
nécessaires à la pleine vie'nationale du
grand peuple qui sépare l'Europe occi-
dentale de l'Asie est bien antérieure au
vainqueur de Pultava. Elleest née avec
la Russie elle-même. Il ne peut y avoir
de Russie sans elle. C'est à la grande
tsarine Olga elle-même qu'on peut la
faire remonter, et son fils et successeur,
l'intrépide tsar Sviastoslav, en donnait
déjà là formule, avant la fin du dixième
siècle, lorsqu'il répondit à l'envoyé de
l'empereur d'Orient Dites à votre maî-
tre que « je veux aller chez vous et
prendre votre ville !» »
Ce j our-là se posai t la question d'Orient,
que l'arrivée ultérieure de Mahomet II
dans la ville de Jean Tzimiscès ne fit
que rendre plus complexe. En réalité
tous les Livres jaunes, blancs, bleus,
verts qu'on publie sur ce sujet aujour-
d'hui tous les protocoles que les chan-
celleries rédigent sont incomplets il
faut, pour bien comprendre, remonter à
la Chronique de Nestor, à l'Histoire by-
zantine de Léon le Diacre et, mieux en-
core, savoir lire ce qui est écrit, de la
mer Blanche à la mer Noire, dans le
grand livre de la Terre.
Les questions de politique intérieure
agitées à l'heure présente dans l'empire
de Nicolas II ne sont pas moins solidai-
res du passé. Les partis qui les discutent
ne les ont point inventées. Socialistes
révolutionnaires à la Babeuf, socialistes-
démocrates à la Bebel, radicaux, consti-
tutionnels-démocrates, libres penseurs,
progressistes, parti du commerce et de
l'industrie, Union du 17 octobre, monar-
chistes constitutionnels, parti de la lé-
galité, etc., etc., ne font que reprendre
des conceptions vingt fois apparues et
disparues, les unes chimériques, régres-
sives, funestes malgré les prétentions de
leurs partisans, les autres plus ou moins
justes, possibles, utiles, ou non, suivant
les circonstances, les lieux, les races, les
temps.
La Russie est bien placée pour savoir
ce que valent certaines de ces théories,
si brillantes sous la parure des mots il
lui suffit de regarder en Pologne. Elle y
verra que l'élection n'est point remède à
tous les maux; que des assemblées, non
moins que des rois, peuvent perdre les
peuples; que l'anarchie n'est pas moins
funeste (l'est plus encore) que le des-
potisme. Il fut un temps où le royaume
des Jagellons était le plus puissant, le
plus brillant du nord et de l'est de
l'Europe, où il s'imposait par la force
aux tsars moscovites eux-mêmes. L'anar-
chie, peu à peu, perdit les dominateurs;
l'ordre, peu à peu, l'ordre souvent impi-
toyable (soit) sauva pourtant, affranchit
les vaincus, les transforma à leur tour
en vainqueurs, en maîtres, agrandit,
affermit, assura leur empire sur une
étendue telle que jamais les hommes, à
aucun moment de leur histoire, n'en pu-
reqt contempler de si vaste. Les admi-
rables qualités de leur race ne purent
préserver les Polonais de la ruine que
portait en elle l'anarchie des Pacta con-
venta. La force d'une volonté perma-
nente, plus durable que l'individu, tou-
jours tendue vers un unique but su-
prême fit la grandeur de la Russie.
A travers quelles épreuves! Sans
doute. Mais croit-on que ces épreuves
furent absentes en Pologne ?
Enfin le grand œuvre commencé il y
aura bientôt mille ans a marché le
jour est venu pour les tsars de renon-
cer au bâton ferré d'Ivan le Terrible et
d'établir dans, leur empire ces institu-
tions politiques devenues à notre époque
non moins indispensables à la vie mo-
rale des nations que certains outillages
industriels le sont à leur vie écono-
mique.
Il serait impossible à un peuple, au-
jourd'hui, de compter dans le monde,
sans écoles, sans laboratoires, sans che-
mins de fer, sans télégraphes; il n'est
pas moins impossible à un gouverne-
ment civilisé de refuser à la population
certains droits, certaines garanties indivi-
duelles de justice, de liberté, conséquen-
ces nécessaires de la dignité d'homme.
C'est là ce que Nicolas II a pleine-
ment compris. C'est l'œuvre qu'il veut
entreprendre, « reprendre » pour mieux
dire, car elle est celle des fondateurs de
sa dynastie ¡
Le premier, soin, en effet, .de..son il-
lustre aïeul Michel Romanofï, après avoir
été élevé au trône, en 1613, par l'appel
unanime de la grande assemblée de tous
les représentants du pays clergé, no-
bles, marchands, artisans, officiers, etc.,
fut non seulement d'achever le réta-
blissement de l'ordre intérieur et l'ex-
pulsion des Polonais, mais encore d'ins-
tituer un gouvernement pour aissi dire
« parlementaire » (si le mot n'était pas
imprégné aujourd'hui, chez nous et par
notre faute, de significations si désas-
trGuscs V\
En tout cas, guidé par son admirable
'père, le patriarche Philarète, dontle sens
politique, l'esprit de justice, la générosité
de caractère font un homme d'ordre ab-
solument supérieur, le jeune tsar de
seize ans s'empressa de mettre fin à
l'oppression que les boyards avaient fait
peser si longtemps et si lourdement sur
le peuple, en même temps que sur la
,couronne quand le prince qui la portait
était trop faible.
Il ne se contenta point de bien faire,
il voulut faire bien ce qu'il faisait, c'est-
à-dire associer les représentants de son
peuple à ses décisions, abandonner la
forme exclusivement personnelle et au-
tocratique du gouvernement pour consul-
ter l'assemblée des élus, ce qu'on pour-
rait appeler, par analogie avec nos
propres institutions, les états géné-
raux de l'empire. Autant leur rôle
avait été nul auparavant, autant il de-
vint actif sous le premier des Ro-
manoff, qui peut justement' passer
dans l'histoire de la Russie comme un
des plus justes, des plus doux, des plus
bienfaisants et le plus libéral de ses
princes. Nicolas Il, on le voit, est un
fidèle exécuteur testamentaire. Les tra-
ditions de Michel Romanoff, interrom-
pues par le tumulte des événements, les
séditions intérieures, les guerres, pen-
dant tant d'an n ées, sont renouées parson
héritier avec une netteté et urie résolu-
tion du meilleur augure. On ne saurait
plus concevoir d'obstacle à leur réalisa-
tion. Autant on aurait pu reprocher au
gouvernement russe de refuser désor-
mais les « libertés nécessaires », autant
les partis politiques seraient coupables
de compromettre par leurs exigences
outrancières, par leur intransigeance et
leur esprit de système, les réformes pro-
mises.
L'alliance que l'envoyé de Louis XIII
avait proposée, en 1620, au tsar Michel,
et que les circonstances empêchèrent
d'aboutir, est aujourd'hui conclue entre
les deux nations. La Russie n'a pas de
meilleure, de plus fidèle amie que la
France. Un des plus utiles services que
nous puissions rendre à nos alliés c'est
de les conjurer de ne pas nous imiter
sans esprit critique ni libre examen.
L'organisation de la liberté, de la jus-
tice, de la sécurité individuelle est un
bienfait inestimable les moyens de l'é-
tablir varient suivant les conditions des
peuples. Le nécessaire est d'obtenir le
résultat. Là est l'essentiel: que les Russes
en soient bien persuadés et ne lâchent
point la proie pour l'ombre.
Nous leur prouvons illustrement que
la forme républicaine et le suffrage uni-
versel ne suffisent, pas à empêcher le>
tsarisme collectif le plus absolu, 'et les
Norvégiens, gens subtils et pratiques,
viennent de leur montrer que ces insti-
tutions ne sont pas nécessairement,
pour des.hommes qui veulent être libres,
objets d'importation. ~~QS Roche:
Jules Roche.
Échos
La Température
Un régime de vents du sud avec pression
basse, temps pluvieux et doux,règne sur l'ouest
de l'Europe; le minimum barométrique per-
siste près de l'Irlande 742mm. La pression
reste élevée dans l'est du continent; hier, à
Paris, on notait vers midi 754mm.
Des pluies sont tombées sur la France et les
îles Britanniques; sur nos côtes la mer est
grosse en Provence, très houleuse en Bre-
tagne.
La température s'est encore relevée sur nos
régions; elle reste très basse sur l'Europe
centrale. Hier matin, à Paris, le thermomètre
marquait 50 au-dessus de zéro et 80 l'après-
midi. Très mauvaise journée, ciel nuageux et
pluie.
Départements, le matin
Au-dessous de zéro 4° à Belfort et à
Nancy.
Au-dessus de \éro o°i à Besançon, 20 à
Dunkerque, 30 à Nice,40 à Boulogne et à Lyon,
70 au Mans, 80 à Cherbourg; à Limoges, à
Bordeaux et à Clermont, go à Nantes, à Tou-
louse et au cap Béarn, 100 à Brest, à Lorient,
à Rochefort, à Perpignan, à Cette et à Mar-
seille, 110 à Ouessant et à Biarritz, 170 à
Oran et à Alger.
En France, le temps va rester doux et plu-
vieux.
(La température du 3 janvier 1905 était
En France, averse de neige. Baromètre, p$™™.
Température basse.)
Du New York Herald:
A Londres Temps couvert. Température
maxima, 1005; minima, 30. Vent du sud, léger.
Baromètre, 752"
A New-York: Temps couvert le matin, plu-
vieux l'après-midi. Température maxima, 2°
minima, 30. Vent du nord-est, frais. Baro-
mètre en baisse.
A Berlin go à midi.
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Marseille. Gagnants du Figaro
Prix dit Frioul: Rolling Rod; Alexandra III.
Prix de la Pointe-Rouge Kan; Burlats.
Prix dit Pharo Ecurie Lieux; La Plata.
Prix de la Société des Steeple-Choses de
Erance Mont Joie; D'Acier.
LES FRAUDES ÉLECTORALES
,k II y a des gens qui considèrent le
baccara comme un jeu d'adresse.
A Toulouse, on prend volontiers les opé-
rations électorales pour un exercice de
prestidigitation. La fraude est une spé-
cialité du pays, comme le cassoulet et
les voix de baryton. Des procès retentis-
sants, que l'on n'a pas oubliés; ont révélé
le point de perfection où était parvenue,
voilà quelques années, cette branche po-
litique de l'industrie locale.
Elle est demeurée très florissante, si
l'on en croit M. Ebelot, candidat répu-
blicain, dont le concurrent radical-socia-
liste, dimanche dernier, a été proclamé
élu. M. Ebelot affirme et offre de prouver
que les listes électorales ont été subrep-
ticement et indûment remaniées dans de
larges proportions; que de nombreux
électeurs étrangers à la circonscription
ont été admis à voter; que certains élec-
teurs ubiquistes ont voté dans plusieurs
sections, ce qui est une façon par trop
fantaisiste d'introduire chez nous le suf-
frage plural que des paquets de bulle-
tins ont été fourrés dans les urnes par
certains présidents de bureaux de vote;
que plusieurs -procès -verbaux ont été
falsifiés dans un sens défavorable au
candidat républicain progressiste, etc.
Bref, le radical-socialiste aurait été pro-
clamé contre tout droit et ne serait pas
valablement élu.
Il n'est pas douteux que les précédents
rendent les accusations de M. Ebelot fort
vraisemblables. Dans ces conditions, en
présence d'articulations aussi catégori-
ques, une enquête scrupuleuse s'impose.
Et si les griefs du plaignant sont recon-
nus exacts, il faut que ces actes scanda-
leux soient sévèrement réprimés.
L'année où nous entrons sera éminem-
ment électorale. A la veille des élections
sénatoriales et des élections législatives,
il est urgent de donner aux fraudeurs et
à ceux qui pourraient être tentés de les
imiter un avertissement décisif. Ces his-
toires de tripatouillages de listes, d'esca^-
motages de bulletins, de morts ou d'ab-
sents qui votent- et qui votent toujours
bien, c'est-à-dire pour le candidat offi-
ciel, tout cela peut paraître très drôle,
raconté dans les cafés des bords de la
Garonne, entre deux apéritifs. Mais,
sousun régime où tout dépend, sans res-
triction et sans contrepoids, du suffrage
universel, c'est bien le moins que les
scrutins qui décideront des grands inté-
rêts nationaux soient sérieux et régu-
liers. ooto^-
A Travers Paris
Encore un effet de la séparation.
S. Em. le cardinal Richard a reçu,
comme tous les ans à pareille époque, le
clergé du diocèse de Paris, mais cette
réception a emprunté, cette année, aux
circonstances une solennité toute parti-
culière. Dans les allocutions qui ont été
échangées, on a fait naturellement allu-
sion au nouveau régime qui vient d'être
imposé à l'Eglise de France, et c'est avec
infiniment d'élévation et de dignité que
le cardinal Richard a abordé ce doulou-
reux sujet « II est possible, a-t-il dit,
que nous ayons à subir un temps de
persécution et d'épreuve nous nous sou-
viendrons alors de la vaillance de nos
devanciers, et nous aurons confiance
dans le secours du ciel. »
Le vépérable prélat pouvait, à bon
droit, s'exprimer ainsi. En effet, jamais,
à l'occasion du jour de l'an, l'affluence
n'avait été aussi grande que cette année
à l'archevêché. Les cartes de visite ont
abondé, les registres se sont couverts de
signatures, et, d'après ce que nous signa-
lent nos correspondants de province, il
en a été partout ainsi dans les archevê-
chés et évêchés des départements. Des
gens, même, qui ne pratiquent guère,
d'ordinaire, et qui manifestent encore
moins, ont saisi cette occasion de pro-
tester contre la détestable* loi de sépara-
tion.
En ce pays de France, si passionné-
ment épris de tolérance et de liberté,
c'est un des habituels effets de la persé-
cution de soulever, toujours, autour de
ceux qui en sont victimes un mouvement
de révolte et de sympathie.
Une première sensationnelle.
Il paraît que toutes les cartes d'entrée
ont déjà été distribuées pour le Congrès
de Versailles. On se les est littéralement
arrachées, et il n'en reste plus une seule
à cette heure. C'est du moins ce qu'af-
firme M. Pierre, le secrétaire général de
la Chambre, qui est, avec M. Dupré, se-
crétaire général du Sénat, le Pingard de
cette solennité.
Il est certain qu'un Congrès est plus
rare qu'une première représentation et
même qu'une réception à l'Académie.
Mais il est cependant assez bizarre que
toutes les entrées aient pu être déjà dis-
tribuées pour une séance qui n'est pas
encore fixée, et pour une assemblée qui,
virtuellement, n'existe pas encore. Peut-
être eût-il mieux valu, pour la bonne
règle, attendre que le Congrès eût été
officiellement convoqué.
En tout cas, il n'est pas possible que
toutes les places aient déjà été données
pour ce jour-là. Il doit en rester au moins
une à prendre, celle de Président de la
République. Nous voulons croire que la
questure l'a réservée.
INSTANTANÉ
M. Vincent PALMAROLI
M. Vincent Palmaroli est ce diplomate que
le gouvernement du roi Alphonse a chargé de
préparer à Algésiras la réunion de la confé-
rence. Depuis plusieurs semaines il est la-
bas, faisant nettoyer des tentures, poser des
tapis et monter des tables, disposant des salles
de réception, agençant des cabinets de tra-
vail, modernisant le très antique hôtel de ville
de la vieille cité, conférant avec les hôteliers.
Ce n'est pas là l'emploi habituel des qualités
diplomatiques dont M. Palmaroli sut faire un
remarquable usage dans des postes difficiles;
mais quoi, l'Espagne voulait que l'Europe-
fût bien reçue chez elle, et l'on ne s'éton-
nera point qu'elle ait confié le soin de la re-
cevoir à l'un de ses plus distingués fonction-
naires.
M. Palmaroli mérite ce nom qu'on lui a
donné du « plus Parisien des diplomates espa-
gnols ». Fils du peintre fameux qui, après une
longue carrière à Paris, dirigea à Rome l'école
des beaux-arts espagnols et mourut directeur
du musée de Madrid, M. Palmaroli a fait
toutes ses études au collège Rollin, et il parle
notre langue avec une telle pureté que M.
Neuville, notre consul à Gibraltar, ne voulant
pas croire qu'il fût Espagnol, lui offrait, ces
jours-ci, ses services d'interprète
Il fut consul notamment à Cardiff età à Riga,
et il était récemment, au moment du voyage
de M. Loubet à Madrid, chef du cabinet du
ministre des affaires étrangères. Il fut, à cette
occasion, promu officier de la Légion d'hon-
neur. Il est artiste; il a du goût et 'du tact.
Soyez sûrs qu'il aura tout prévu à Algésiras,
y compris les choses les plus imprévisibles.
Si les Allemands ne souffrent pas trop du
séjour, c'est presque à un Français qu'ils le
devront.
::1 'Z Do.
Visites du jour de l'an.
Nous disions hier que l'usage, assez
fastidieux, des visites du jour de l'an
tend, de plus en plus, à disparaître. Mais
dans certaines régions on y est encore
fidèle. C'est ainsi qu'à ce que nous ap-
prennent les astronomes la terre a
passé hier à deux, pas du soleil Les
deux astres ne sont pas allés jusqu'à se
toucher, ce qui nous eût valu une trop
chaleureuse elTusion, mais ils ont échangé
une poignée de rayons, ce qui est la seule
manière de se souhaiter la bonne année
au firmament.
La chose s'est faite, avec une grande
discrétion, et la matinée était, d'ailleurs,
trop brumeuse pour que cette cordiale
manifestation pût être remarquée des
simples promeneurs. Mais elle n'en a
pas moins été enregistrée par les savants,
et nous devons nous réjouir que la con-
corde règne ainsi au-dessus de nous. Il
est même à espérer que nous voudrons
nous laisser influencer par un exemple
venu de si haut.
Tout passe l'art robuste
Seul a l'éternité
Le buste
Survit à la cité 1
Ces vers de Théophile Gautier reçoi-
vent chaque jour un démenti. Après Ca-
mille Desmoulins qui, dès le lendemain
de l'inauguration de sa statue, quitta le
Palais-Royal pouf aller se dégourdir un
peu les jambes, voici George Sand qui
abandonne, à son tour, le jardin du
Luxembourg où on lui avait, l'an passé,
érigé un monument. On avait supposé
jusqu'ici un peu plus de fixité aux sta-
tues il faut croire que la contagion les
a gagnées; et qu.'elles sont entraînées,
elles aussi. dans l'instabilité générale.
On donne, il est vrai, une autre expli-
cation de ces allées et venues. Pour
Desmoulins, c'était le sculpteur qui avait
besoin de f^ire quelques retouches. Pour
George Sand, c'est bien pis encore. Sa
statue n'était, paraît-il, que provisoire.
C'était un simple moulage en plâtre qu'il
a fallu enlever parce qu'il n'aurait d'abord
pas pu résister aux intempéries, et puis
aussi parce que le statuaire était désireux
de l'exposer au Salon.
Le groupe en marbre ne sera terminé
que dans deux mois, et c'est à ce mo-
ment-là seulement qu'on pourra le met-
tre en place. C'est fort bien, mais pour-
quoi n'avoir pas attendu cette même date
pour procéder à l'inauguration? Ce va-
et-vient de marbres et de bronzes a quel-
que chose d'assez irrévérencieux, et si
on l'envisage même au point de vue phi.
losophique, il serait assez décent de lais-
ser, après leur mort, à nos gloires natio-
nales un peu de ce repos qu'elles n'ont
jamais connu de leur vivant.
LE MONSIEUR
QUI CONNAIT LES CHOCOLATS
Son règne va finir; il a occupé pendant près
de deux semaines une situation privilégiée. Il
ne fait rien, il n'a jamais rien fait; il s'y est ré-
signé très jeune, avec beaucoup d'élégance et
de courage. Il voulut naguère se trouver une
voix de ténor mondain il y échoua; il essaya
d'être < homme de cheval» plusieurs chutes
notoires le forcèrent d'y Venoncéï. Enfin, ne
pouvant se faire aucune\de ces spécialités
inutiles et considérées qui ia%-surent à d'autres
une estime infiniment particulière, il se con-
tenta d'une toute minime compétence il est
< le monsieur qui connaît les chocolats ».
D'un coup d'ceil il reconnaît, avec une in-
faillible promptitude, si celui-ci est à la crème
ou praliné, si celui-là cache sous sa sombre
robe une pistache ou une amande grillée.
Aussi rend-il, pendant les temps onéreux de la
trêve des confiseurs, les services les plus si-
gnalés. Il épargne à une foule de gentilles
femmes la petite expérience frauduleuse qui
consiste à piquer d'un coup d'épingle le bon-
bon et à s'assurer ainsi de sa qualité. Son
prodigieux diagnostic dédaigne ces grossières
expériences. Un rien, le moindre indice, la
plus infime particularité lui suffit. Il rend son
verdict que de jolies dents confirment aussitôt.
Aussi est-il fort recherché pendant la dernière
semaine de l'année et pendant la première se-
maine de l'année suivante. Après quoi il dis-
parait, on ne le voit plus, on n'entend plus
parler de lui; il rentre dans le néant, d'où il
ne sortira que onze mois plus tard. Ainsi,
ahuri, falot, circonspect, délicat, frivole et très
grave, apparaît « le monsieur qui connaît les
chocolats ». D'ailleurs, personnellement, il les
déteste.
e QI D
Cela devient une manie. On annonçait
avant-hier, de-; environs de Marseille,
qu'un fou, après avoir commis divers
dégâts dans une église et malmené l'of-
ficiant. s'était réfugié chpz lui et barri-
cadé, menaçant de son revolver la gen-
darmerie. C'était la « scie » d u fort Chabrol
qui recommençait. Elle n'aura pas, cette
fois, trop duré. Après quarante-huit
heures demmurement volontaire, le fou
s'est rendu. C'est fort bien. Mais si le
fou ne s'était pas rendu ?
Il y a soixante-quatorze ans. et. demi,
un soldat nous donna, là-dessus la plus
spirituelle des leçons. En mai 1831, une
émeute s'étant produite aux environs de
la place Vendôme, le général Lobau fut
chargé de la disperser. Le général Lobau
n'aimait point les discours, et il lui
déplaisait d'employer ses soldats à fu-
siller une bande sans armes. Il fit ame-
ner des pompes à incendie et, froide-
ment, c'est le cas de le dire, aspergea de
si belle façon les braillards qu'au bout
de cinq minutes la révolution ruisselante
était en fuite. Deux mois après, Louis-
Philippe nommait le général Lobau ma-
réchal.
On s'étonne qu'un si ingénieux exem-
ple n'ait pas tenté les gouvernements
qui ont succédé à celui de Louis-Phi-
lippe. Il n'y a pas eu chez nous, depuis
trois quarts de siècle, que des forts Cha-
brol à démolir; il y a eu des émeutes à
mater, et d'assez graves. et il y a eu
quelquefois du sang répandu. Que n'a-
t-on jamais pensé et que ne pense-t-on
encore aujourd'hui aux pompes du gé-
néral Lobau ? L'expérience enseigne qu'il
n'y a point d'énergie humaine capable
de résister à l'action d'un jet d'eau
froide, et qu'unémeutier rendu dan-
gereux par le choc ou le frottement
cesse d'être à craindre dès qu'il est
mouillé. C'est comme la poudre.
Le Figaro a déjà indiqué combien la
désertion sévissait dans les corps alle-
mands voisins de la frontière. Chaque
jour quatre ou cinq hommes se présen-
tent à nos bureaux de recrutement entre
Longwy et Belfort, souvent avec armes
et bagages, quelques-uns même avec
leur cheval, pour demander à s'engager
dans notre légion étrangère.
Au cours de la dernière année, plus de
huit cents soldats allemands ont ainsi été
incorporés dans notre armée. On évalue
à plus de douze cents hommes les pertes
éprouvées, du fait de la désertion, par
les corps d'armée de Metz et de Stras-
bourg.
Tous ceux qui ne sont pas venus s'en-
gager chez nous ont passé en Suisse et
en Belgique afin de gagner l'Amérique.
Il est consolant de constater que, mal-
gré les théories d'Hervé et des antimili-
taristes, rien de tel ne se passe dans no-
tre armée où la désertion est au contraire
extrêmement rare.
Nous avons reçu de M. Maurice Le-
comte cent francs pour les familles des
victimes d'Hennebont; nous les leur fai-
sons parvenir sans retard. M. Maurice
Lecomte avait joint à son envoi un beau
poème que la terrible catastrophe lui.a.
̃ inspiré.
.Soudain un craquement de fers, d'aciers croules
Eclata. puis. dans liir, passa comme une bombe;
Et.* sur 'in ràlemoni de cris rauques, la trombe
Ferma, comme un linceul, tous les murs éboulés.
Comme l'indignation faisait les vers
du poète ancien, la pitié a fait ceux-là;
elle lès a suscités et elle les, anime.de.
généreux émoi.
Le Comité Daubigny, que préside le
peintre Antoine Guillemet, vient de se
réunir et de confier au sculpteur Fagel
l'exécution du monument qui consacrera
la mémoire du grand paysagiste.
La souscription grâce à un dona-
teur, entre autres, qui désire garder
l'anonymat, et grâce au dévoué concours
dû sous-secrétaire d'Etat aux beaux-arts
est sur le point d'être close. L'inaugu-
ration du monument aura lieu, sans
doute, vers la fin du mois de mai.
L'Empereur Link est un bien amusant
personnage. Si son jeu de physionomie
porte à rire, il n'en est pas moins un
petit bonhomme bien élevé, au courant
de tous les usages et d'une politesse
exquise. A l'Olympia, il soulève les bra-
vos, et par son tact et par sa gentillesse
et par son travail quoique chimpanzé,
Link, en effet, est artiste.
Avec le nouveau programme, M. P.
Ruez nous a causé quelques surprises
plusieurs de ses numéros sont surpre-
nants. « La Bouillotte d'abondance », no-
tamment, fera rêver bien des gens c'est
un truc nouveau et réellement stupé-
fiant sous peu on ne parlera que de
cela. ̃̃'
Un écho caractéristique delà discus-
sion qu'a instituée le Sénat belge au su-
jet de l'absinthe:
Alors que l'honorable assemblée, par-
tagée en deux camps contradictoires, ne
savait à qui entendre, un sénateur s'est
écrié «Mais que nous importent vos
dissertations et prohibitions doctrinales?
11 nous restera toujours l'« Oxygénée
Cusenier », bien préférable à toutes les
absinthes M
C'est le raisonnement d'un connais-
seur.
Hors Paris
Un prodigue vient de mourir de mi-
sère, à Franklin, en Pensylvanie, après
avoir absorbé en sept mois une fortune
de quinze millions, c'est-à-dire- après
avoir dépensé soixante et onze mille
quatre cent vingt-huit francs cinquante
centimes par jour!
Ce fou se nommait John Steel. Au
temps de son opulence, on le vit se pro-
mener à travers les Etats-Unis vêtu de
billets de banque, et ceci n'est pas une
métaphore. M. Steel s'était fait coller;
des bank-notes de tous les pays et du
toutes les couleurs sur ses habits et sur t~
son chapeau. Il jetait .littéralement l'ar-
gent par les fenètres, donnait vingt-cinq
francs au décrotteur qui lui cirait ses
chaussures, cinquante francs au com-
missionnaire qui allait lui mettre u.ie
lettre à la poste, cinquante francs au bar-
bier qui le rasait. Il acheta un hôtel et
en fit cadeau au clerc de notaire qui lui
porta l'acte de vente. La ruine arriva
vite,. à ce. métier; alors,, pour précipiter
la catastrophe, il abandonna tout ce qui
lui restait à un chansonnier qui avait'
célébré ses prodigalités.
Nouvelles à la Main
Le jeune Tnto a entendu dire que les
livres de classe peuvent contenir certain
microbe.
Alors, gentiment, pour rassurer son
père
Sois tranquille je ne les ouvre
pas!
On parle de cet avocat qu'un juge mar-
seillais a fait arrèter
Il a dû y avoir là, dit quelqu'un,
une regrettable confusion.
Oui, entre le barreau et les bar-
reaux
Il y a d'heureuses gens que les plus
graves événements politiques laissent
indifférents.
Deux joueurs de piquet parlent de
choses et d'autres en faisant leur partie
Ah! dit l'un d'eux, ce 16 janvier,
une rude journée, tout de même
Eh oui répond mélancoliquement
son partenaire c'est le lendemain du
terme
Le Masque de Fer.
Les Mœurs du temps
Féconde en conflits tragiques, mena-
çants pour la paix du monde, l'année qui
vientde finir aura été marquée aussi par
des catastrophes financières qui ont eu
dans- la société parisienne des répercus-
sions douloureuses. Il est impossible,
j quand on y regarde de près, de ne pas cons-
tater que plus nous allous plus ces catas-
trophes se multiplient, présentant toutes
la même physionomie, c'est-à-dire égale-
ment révélatrices de l'âpreté sans eesse
i accrue de la lutte pour la vie, de cette soif f
de s'enrichir rapidement qui caractérise
notre temps, et surtout de l'insatiabilité
qui en est en réalité la cause.
On peut remarquer en etfet que c'est
presque toujours pour n'avoir pas su
modérer leurs convoitises que les grands
joueurs à qui incombe la responsabilité
de ces sinistres viennent à t'improviste
se briser contre des difficultés qu'ils n'a-
vaient pas prévues. Non contents des fa-
veurs que leur prodiguaiHa fortune, ils
ont voulu la violenter pour obtenir davan-
tage. Elle s'est lassée de leurs- exigences;
elle les a trahis, et ils ne peuvent uccuser
qu'eux-mêmes de leur dégringolade dont,
en bonne justice, ils devraient être les
seules victimes. Cependant il eu est
d'autres, et bien autrement à plaindre
qu'ils ne le sont. A celles-là plus encore
qu'à eux est due notre pitié, car leur
unique tort fat d'avoir mal placé leur
confiance.
Purmi ces victimes innocentes de t'une
des catastrophes qui ont ému Paris en
ces derniers temps, il en est une dont la
malheur a dépassé toute mesure. Du som-
met social où l'avait placée son opu-
lence, elle s'est trouvée précipitée tout à
coup dans un abîme de misère. Je veux
parler d'une femme que je désignerai
sous le nom de Mme Roger Devarenne,
ayant surtout à cceur de ne pas aggra-
ver son infortuné en livrant à la publi-
52e Année 3e Série H° 4
Jeudi 4 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
H. DB VILLEMESSANT
` Fondateur
RÉDACTION ADMINISTRATION
11 86, rue Drouot, Paris (9° Axr»)
TÛÉPHOKE, Trois lignes Nos 102.46 102.47 -'102.49
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POUR LA PUBLICITÉ j
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
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ET POTJR LES ANNONCES ET KÉCLAMES
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de France et d'Algérie.
« Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sot;, bravant les méchants, je me Mte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
S O HA 3VE .A. I K.B
La politique des Romanoff Jules Roche.
Les mœurs du temps JACQUES Rigaotv
Sur la C6te d'Azur G. DE Montis.
Les événements de Russie Les Français à
MOSCOU PIERRE GIFFARD.
A l'Etranger • La conférence d'Algésiras.
Le Pôle en ballon GEORGES HELLOUIN.
Les élections sénatoriales Louis Ghevreuse.
Une circulaire de M. Chaumié GEORGES
> Paramé.
Allemands et Anglais MARC Landry.
Quelques conseils pour vivre vieux Docteur
Maurice DE Fleury.
Journaux et Revues: André Beaunier.
Gazette des Tribunaux: H.. V.
Notes de voyage Las Palmas et Gibraltar
GASTON DONNET.
Mouvement médical: Horace Bianghon.
Feuilleton L'Incendie EDOUARD Rod..
La politique
des Romanoff
Les nouvelles reçues de Russie depuis
quelques jours permettent de considérer
comme prochaine l'époque où le pro-
gramme des réformes tracé par le Tsar
le 17 octobre dernier. etconfirmé si éner-
giquement par sa déclaration du i4 dé-
cembre, commencera d'entrer en appli-
cation. Le rétablissement de l'ordre n'est
plus en question, théoriquement; le
résultat définitif est certain à bref délai;
quand il sera devenu « fait accompli»,
le gouvernement pourra procéder aux
mesures nécessaires pour l'exécution
méthodique des réformes. Jusque-là, en
effet, il ne saurait s'adonner à une autre
œuvre qu'à celle qui absorbe tous ses
instants.
Est-il permi's, en attendant, de regar-
der comme possibles l'abandon des ré-
formes et le maintien pur et simple de
['autocratie absolue?
La parole du tsar Nicolas Il-suffît pour
qu'on réponse négativement. Laquestion
est ainsi tratïchée définitivement, et l'on
pourrait tenir toute discussion pour oi-
seuse. Il n'est pas inutile cependant'de se
rendre compte combien est chimérique
et impossible en soi l'hypothèse du statu
quo. '̃̃̃'
Loin d'être. une Il révolution », la poli-
tique affirmée par Nicolas II n'est pas
autre chose en effet que la suite, venant
à son heure, des principes anciens de sa
d\ uastie. Nous sommes trop portés à
oublier que les phénomènes de la vie des
pruples sont infiniment plus complexes
et, se déroulent moins vite que ceux de la
vie des individus. Ils exigent parfois des
siècles.
La situation actuelle de la Russie est
une conséquence de son histoire, et son
histoire se caractérise par deux traits es-
sentiels, dans la politique extérieure et
dans la politique intérieure; ils se mon-
trent dès l'origine et n'ont jamais varié,
parce qu'ils sont l'expression de la na-
ture des choses.
On paraît trop, en général, rattacher à
Pierre le Grand la politique étrangère de
la Russie. Le «grand» est insuffisant;
on devrait dire le « gigantesque »; car il
ne le fut pas moins au figuré qu'au pro-
pre. Son génie fut surhumain comme sa
taille. On voit aisément celle-ci dans la
fameuse vitrine de l'Ermitage où il appa-
rait pour ainsi dire vivant, aux regards
du visiteur étonné. Il faut un long effort
de l'esprit pour comprendre les prodi-
gieusesfacultés dont la nature l'avait doué
et l'œuvre formidable qu'il accomplit.
Cependant on se tromperait en lui décer-
nant la paternité exclusive de la politique
étrangère exposée dans le fameux « Tes-
tament » qu'on lui attribue. Cette poli-
tique d'extension aux limites naturelles,
nécessaires à la pleine vie'nationale du
grand peuple qui sépare l'Europe occi-
dentale de l'Asie est bien antérieure au
vainqueur de Pultava. Elleest née avec
la Russie elle-même. Il ne peut y avoir
de Russie sans elle. C'est à la grande
tsarine Olga elle-même qu'on peut la
faire remonter, et son fils et successeur,
l'intrépide tsar Sviastoslav, en donnait
déjà là formule, avant la fin du dixième
siècle, lorsqu'il répondit à l'envoyé de
l'empereur d'Orient Dites à votre maî-
tre que « je veux aller chez vous et
prendre votre ville !» »
Ce j our-là se posai t la question d'Orient,
que l'arrivée ultérieure de Mahomet II
dans la ville de Jean Tzimiscès ne fit
que rendre plus complexe. En réalité
tous les Livres jaunes, blancs, bleus,
verts qu'on publie sur ce sujet aujour-
d'hui tous les protocoles que les chan-
celleries rédigent sont incomplets il
faut, pour bien comprendre, remonter à
la Chronique de Nestor, à l'Histoire by-
zantine de Léon le Diacre et, mieux en-
core, savoir lire ce qui est écrit, de la
mer Blanche à la mer Noire, dans le
grand livre de la Terre.
Les questions de politique intérieure
agitées à l'heure présente dans l'empire
de Nicolas II ne sont pas moins solidai-
res du passé. Les partis qui les discutent
ne les ont point inventées. Socialistes
révolutionnaires à la Babeuf, socialistes-
démocrates à la Bebel, radicaux, consti-
tutionnels-démocrates, libres penseurs,
progressistes, parti du commerce et de
l'industrie, Union du 17 octobre, monar-
chistes constitutionnels, parti de la lé-
galité, etc., etc., ne font que reprendre
des conceptions vingt fois apparues et
disparues, les unes chimériques, régres-
sives, funestes malgré les prétentions de
leurs partisans, les autres plus ou moins
justes, possibles, utiles, ou non, suivant
les circonstances, les lieux, les races, les
temps.
La Russie est bien placée pour savoir
ce que valent certaines de ces théories,
si brillantes sous la parure des mots il
lui suffit de regarder en Pologne. Elle y
verra que l'élection n'est point remède à
tous les maux; que des assemblées, non
moins que des rois, peuvent perdre les
peuples; que l'anarchie n'est pas moins
funeste (l'est plus encore) que le des-
potisme. Il fut un temps où le royaume
des Jagellons était le plus puissant, le
plus brillant du nord et de l'est de
l'Europe, où il s'imposait par la force
aux tsars moscovites eux-mêmes. L'anar-
chie, peu à peu, perdit les dominateurs;
l'ordre, peu à peu, l'ordre souvent impi-
toyable (soit) sauva pourtant, affranchit
les vaincus, les transforma à leur tour
en vainqueurs, en maîtres, agrandit,
affermit, assura leur empire sur une
étendue telle que jamais les hommes, à
aucun moment de leur histoire, n'en pu-
reqt contempler de si vaste. Les admi-
rables qualités de leur race ne purent
préserver les Polonais de la ruine que
portait en elle l'anarchie des Pacta con-
venta. La force d'une volonté perma-
nente, plus durable que l'individu, tou-
jours tendue vers un unique but su-
prême fit la grandeur de la Russie.
A travers quelles épreuves! Sans
doute. Mais croit-on que ces épreuves
furent absentes en Pologne ?
Enfin le grand œuvre commencé il y
aura bientôt mille ans a marché le
jour est venu pour les tsars de renon-
cer au bâton ferré d'Ivan le Terrible et
d'établir dans, leur empire ces institu-
tions politiques devenues à notre époque
non moins indispensables à la vie mo-
rale des nations que certains outillages
industriels le sont à leur vie écono-
mique.
Il serait impossible à un peuple, au-
jourd'hui, de compter dans le monde,
sans écoles, sans laboratoires, sans che-
mins de fer, sans télégraphes; il n'est
pas moins impossible à un gouverne-
ment civilisé de refuser à la population
certains droits, certaines garanties indivi-
duelles de justice, de liberté, conséquen-
ces nécessaires de la dignité d'homme.
C'est là ce que Nicolas II a pleine-
ment compris. C'est l'œuvre qu'il veut
entreprendre, « reprendre » pour mieux
dire, car elle est celle des fondateurs de
sa dynastie ¡
Le premier, soin, en effet, .de..son il-
lustre aïeul Michel Romanofï, après avoir
été élevé au trône, en 1613, par l'appel
unanime de la grande assemblée de tous
les représentants du pays clergé, no-
bles, marchands, artisans, officiers, etc.,
fut non seulement d'achever le réta-
blissement de l'ordre intérieur et l'ex-
pulsion des Polonais, mais encore d'ins-
tituer un gouvernement pour aissi dire
« parlementaire » (si le mot n'était pas
imprégné aujourd'hui, chez nous et par
notre faute, de significations si désas-
trGuscs V\
En tout cas, guidé par son admirable
'père, le patriarche Philarète, dontle sens
politique, l'esprit de justice, la générosité
de caractère font un homme d'ordre ab-
solument supérieur, le jeune tsar de
seize ans s'empressa de mettre fin à
l'oppression que les boyards avaient fait
peser si longtemps et si lourdement sur
le peuple, en même temps que sur la
,couronne quand le prince qui la portait
était trop faible.
Il ne se contenta point de bien faire,
il voulut faire bien ce qu'il faisait, c'est-
à-dire associer les représentants de son
peuple à ses décisions, abandonner la
forme exclusivement personnelle et au-
tocratique du gouvernement pour consul-
ter l'assemblée des élus, ce qu'on pour-
rait appeler, par analogie avec nos
propres institutions, les états géné-
raux de l'empire. Autant leur rôle
avait été nul auparavant, autant il de-
vint actif sous le premier des Ro-
manoff, qui peut justement' passer
dans l'histoire de la Russie comme un
des plus justes, des plus doux, des plus
bienfaisants et le plus libéral de ses
princes. Nicolas Il, on le voit, est un
fidèle exécuteur testamentaire. Les tra-
ditions de Michel Romanoff, interrom-
pues par le tumulte des événements, les
séditions intérieures, les guerres, pen-
dant tant d'an n ées, sont renouées parson
héritier avec une netteté et urie résolu-
tion du meilleur augure. On ne saurait
plus concevoir d'obstacle à leur réalisa-
tion. Autant on aurait pu reprocher au
gouvernement russe de refuser désor-
mais les « libertés nécessaires », autant
les partis politiques seraient coupables
de compromettre par leurs exigences
outrancières, par leur intransigeance et
leur esprit de système, les réformes pro-
mises.
L'alliance que l'envoyé de Louis XIII
avait proposée, en 1620, au tsar Michel,
et que les circonstances empêchèrent
d'aboutir, est aujourd'hui conclue entre
les deux nations. La Russie n'a pas de
meilleure, de plus fidèle amie que la
France. Un des plus utiles services que
nous puissions rendre à nos alliés c'est
de les conjurer de ne pas nous imiter
sans esprit critique ni libre examen.
L'organisation de la liberté, de la jus-
tice, de la sécurité individuelle est un
bienfait inestimable les moyens de l'é-
tablir varient suivant les conditions des
peuples. Le nécessaire est d'obtenir le
résultat. Là est l'essentiel: que les Russes
en soient bien persuadés et ne lâchent
point la proie pour l'ombre.
Nous leur prouvons illustrement que
la forme républicaine et le suffrage uni-
versel ne suffisent, pas à empêcher le>
tsarisme collectif le plus absolu, 'et les
Norvégiens, gens subtils et pratiques,
viennent de leur montrer que ces insti-
tutions ne sont pas nécessairement,
pour des.hommes qui veulent être libres,
objets d'importation. ~~QS Roche:
Jules Roche.
Échos
La Température
Un régime de vents du sud avec pression
basse, temps pluvieux et doux,règne sur l'ouest
de l'Europe; le minimum barométrique per-
siste près de l'Irlande 742mm. La pression
reste élevée dans l'est du continent; hier, à
Paris, on notait vers midi 754mm.
Des pluies sont tombées sur la France et les
îles Britanniques; sur nos côtes la mer est
grosse en Provence, très houleuse en Bre-
tagne.
La température s'est encore relevée sur nos
régions; elle reste très basse sur l'Europe
centrale. Hier matin, à Paris, le thermomètre
marquait 50 au-dessus de zéro et 80 l'après-
midi. Très mauvaise journée, ciel nuageux et
pluie.
Départements, le matin
Au-dessous de zéro 4° à Belfort et à
Nancy.
Au-dessus de \éro o°i à Besançon, 20 à
Dunkerque, 30 à Nice,40 à Boulogne et à Lyon,
70 au Mans, 80 à Cherbourg; à Limoges, à
Bordeaux et à Clermont, go à Nantes, à Tou-
louse et au cap Béarn, 100 à Brest, à Lorient,
à Rochefort, à Perpignan, à Cette et à Mar-
seille, 110 à Ouessant et à Biarritz, 170 à
Oran et à Alger.
En France, le temps va rester doux et plu-
vieux.
(La température du 3 janvier 1905 était
En France, averse de neige. Baromètre, p$™™.
Température basse.)
Du New York Herald:
A Londres Temps couvert. Température
maxima, 1005; minima, 30. Vent du sud, léger.
Baromètre, 752"
A New-York: Temps couvert le matin, plu-
vieux l'après-midi. Température maxima, 2°
minima, 30. Vent du nord-est, frais. Baro-
mètre en baisse.
A Berlin go à midi.
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
Marseille. Gagnants du Figaro
Prix dit Frioul: Rolling Rod; Alexandra III.
Prix de la Pointe-Rouge Kan; Burlats.
Prix dit Pharo Ecurie Lieux; La Plata.
Prix de la Société des Steeple-Choses de
Erance Mont Joie; D'Acier.
LES FRAUDES ÉLECTORALES
,k II y a des gens qui considèrent le
baccara comme un jeu d'adresse.
A Toulouse, on prend volontiers les opé-
rations électorales pour un exercice de
prestidigitation. La fraude est une spé-
cialité du pays, comme le cassoulet et
les voix de baryton. Des procès retentis-
sants, que l'on n'a pas oubliés; ont révélé
le point de perfection où était parvenue,
voilà quelques années, cette branche po-
litique de l'industrie locale.
Elle est demeurée très florissante, si
l'on en croit M. Ebelot, candidat répu-
blicain, dont le concurrent radical-socia-
liste, dimanche dernier, a été proclamé
élu. M. Ebelot affirme et offre de prouver
que les listes électorales ont été subrep-
ticement et indûment remaniées dans de
larges proportions; que de nombreux
électeurs étrangers à la circonscription
ont été admis à voter; que certains élec-
teurs ubiquistes ont voté dans plusieurs
sections, ce qui est une façon par trop
fantaisiste d'introduire chez nous le suf-
frage plural que des paquets de bulle-
tins ont été fourrés dans les urnes par
certains présidents de bureaux de vote;
que plusieurs -procès -verbaux ont été
falsifiés dans un sens défavorable au
candidat républicain progressiste, etc.
Bref, le radical-socialiste aurait été pro-
clamé contre tout droit et ne serait pas
valablement élu.
Il n'est pas douteux que les précédents
rendent les accusations de M. Ebelot fort
vraisemblables. Dans ces conditions, en
présence d'articulations aussi catégori-
ques, une enquête scrupuleuse s'impose.
Et si les griefs du plaignant sont recon-
nus exacts, il faut que ces actes scanda-
leux soient sévèrement réprimés.
L'année où nous entrons sera éminem-
ment électorale. A la veille des élections
sénatoriales et des élections législatives,
il est urgent de donner aux fraudeurs et
à ceux qui pourraient être tentés de les
imiter un avertissement décisif. Ces his-
toires de tripatouillages de listes, d'esca^-
motages de bulletins, de morts ou d'ab-
sents qui votent- et qui votent toujours
bien, c'est-à-dire pour le candidat offi-
ciel, tout cela peut paraître très drôle,
raconté dans les cafés des bords de la
Garonne, entre deux apéritifs. Mais,
sousun régime où tout dépend, sans res-
triction et sans contrepoids, du suffrage
universel, c'est bien le moins que les
scrutins qui décideront des grands inté-
rêts nationaux soient sérieux et régu-
liers. ooto^-
A Travers Paris
Encore un effet de la séparation.
S. Em. le cardinal Richard a reçu,
comme tous les ans à pareille époque, le
clergé du diocèse de Paris, mais cette
réception a emprunté, cette année, aux
circonstances une solennité toute parti-
culière. Dans les allocutions qui ont été
échangées, on a fait naturellement allu-
sion au nouveau régime qui vient d'être
imposé à l'Eglise de France, et c'est avec
infiniment d'élévation et de dignité que
le cardinal Richard a abordé ce doulou-
reux sujet « II est possible, a-t-il dit,
que nous ayons à subir un temps de
persécution et d'épreuve nous nous sou-
viendrons alors de la vaillance de nos
devanciers, et nous aurons confiance
dans le secours du ciel. »
Le vépérable prélat pouvait, à bon
droit, s'exprimer ainsi. En effet, jamais,
à l'occasion du jour de l'an, l'affluence
n'avait été aussi grande que cette année
à l'archevêché. Les cartes de visite ont
abondé, les registres se sont couverts de
signatures, et, d'après ce que nous signa-
lent nos correspondants de province, il
en a été partout ainsi dans les archevê-
chés et évêchés des départements. Des
gens, même, qui ne pratiquent guère,
d'ordinaire, et qui manifestent encore
moins, ont saisi cette occasion de pro-
tester contre la détestable* loi de sépara-
tion.
En ce pays de France, si passionné-
ment épris de tolérance et de liberté,
c'est un des habituels effets de la persé-
cution de soulever, toujours, autour de
ceux qui en sont victimes un mouvement
de révolte et de sympathie.
Une première sensationnelle.
Il paraît que toutes les cartes d'entrée
ont déjà été distribuées pour le Congrès
de Versailles. On se les est littéralement
arrachées, et il n'en reste plus une seule
à cette heure. C'est du moins ce qu'af-
firme M. Pierre, le secrétaire général de
la Chambre, qui est, avec M. Dupré, se-
crétaire général du Sénat, le Pingard de
cette solennité.
Il est certain qu'un Congrès est plus
rare qu'une première représentation et
même qu'une réception à l'Académie.
Mais il est cependant assez bizarre que
toutes les entrées aient pu être déjà dis-
tribuées pour une séance qui n'est pas
encore fixée, et pour une assemblée qui,
virtuellement, n'existe pas encore. Peut-
être eût-il mieux valu, pour la bonne
règle, attendre que le Congrès eût été
officiellement convoqué.
En tout cas, il n'est pas possible que
toutes les places aient déjà été données
pour ce jour-là. Il doit en rester au moins
une à prendre, celle de Président de la
République. Nous voulons croire que la
questure l'a réservée.
INSTANTANÉ
M. Vincent PALMAROLI
M. Vincent Palmaroli est ce diplomate que
le gouvernement du roi Alphonse a chargé de
préparer à Algésiras la réunion de la confé-
rence. Depuis plusieurs semaines il est la-
bas, faisant nettoyer des tentures, poser des
tapis et monter des tables, disposant des salles
de réception, agençant des cabinets de tra-
vail, modernisant le très antique hôtel de ville
de la vieille cité, conférant avec les hôteliers.
Ce n'est pas là l'emploi habituel des qualités
diplomatiques dont M. Palmaroli sut faire un
remarquable usage dans des postes difficiles;
mais quoi, l'Espagne voulait que l'Europe-
fût bien reçue chez elle, et l'on ne s'éton-
nera point qu'elle ait confié le soin de la re-
cevoir à l'un de ses plus distingués fonction-
naires.
M. Palmaroli mérite ce nom qu'on lui a
donné du « plus Parisien des diplomates espa-
gnols ». Fils du peintre fameux qui, après une
longue carrière à Paris, dirigea à Rome l'école
des beaux-arts espagnols et mourut directeur
du musée de Madrid, M. Palmaroli a fait
toutes ses études au collège Rollin, et il parle
notre langue avec une telle pureté que M.
Neuville, notre consul à Gibraltar, ne voulant
pas croire qu'il fût Espagnol, lui offrait, ces
jours-ci, ses services d'interprète
Il fut consul notamment à Cardiff età à Riga,
et il était récemment, au moment du voyage
de M. Loubet à Madrid, chef du cabinet du
ministre des affaires étrangères. Il fut, à cette
occasion, promu officier de la Légion d'hon-
neur. Il est artiste; il a du goût et 'du tact.
Soyez sûrs qu'il aura tout prévu à Algésiras,
y compris les choses les plus imprévisibles.
Si les Allemands ne souffrent pas trop du
séjour, c'est presque à un Français qu'ils le
devront.
::1 'Z Do.
Visites du jour de l'an.
Nous disions hier que l'usage, assez
fastidieux, des visites du jour de l'an
tend, de plus en plus, à disparaître. Mais
dans certaines régions on y est encore
fidèle. C'est ainsi qu'à ce que nous ap-
prennent les astronomes la terre a
passé hier à deux, pas du soleil Les
deux astres ne sont pas allés jusqu'à se
toucher, ce qui nous eût valu une trop
chaleureuse elTusion, mais ils ont échangé
une poignée de rayons, ce qui est la seule
manière de se souhaiter la bonne année
au firmament.
La chose s'est faite, avec une grande
discrétion, et la matinée était, d'ailleurs,
trop brumeuse pour que cette cordiale
manifestation pût être remarquée des
simples promeneurs. Mais elle n'en a
pas moins été enregistrée par les savants,
et nous devons nous réjouir que la con-
corde règne ainsi au-dessus de nous. Il
est même à espérer que nous voudrons
nous laisser influencer par un exemple
venu de si haut.
Tout passe l'art robuste
Seul a l'éternité
Le buste
Survit à la cité 1
Ces vers de Théophile Gautier reçoi-
vent chaque jour un démenti. Après Ca-
mille Desmoulins qui, dès le lendemain
de l'inauguration de sa statue, quitta le
Palais-Royal pouf aller se dégourdir un
peu les jambes, voici George Sand qui
abandonne, à son tour, le jardin du
Luxembourg où on lui avait, l'an passé,
érigé un monument. On avait supposé
jusqu'ici un peu plus de fixité aux sta-
tues il faut croire que la contagion les
a gagnées; et qu.'elles sont entraînées,
elles aussi. dans l'instabilité générale.
On donne, il est vrai, une autre expli-
cation de ces allées et venues. Pour
Desmoulins, c'était le sculpteur qui avait
besoin de f^ire quelques retouches. Pour
George Sand, c'est bien pis encore. Sa
statue n'était, paraît-il, que provisoire.
C'était un simple moulage en plâtre qu'il
a fallu enlever parce qu'il n'aurait d'abord
pas pu résister aux intempéries, et puis
aussi parce que le statuaire était désireux
de l'exposer au Salon.
Le groupe en marbre ne sera terminé
que dans deux mois, et c'est à ce mo-
ment-là seulement qu'on pourra le met-
tre en place. C'est fort bien, mais pour-
quoi n'avoir pas attendu cette même date
pour procéder à l'inauguration? Ce va-
et-vient de marbres et de bronzes a quel-
que chose d'assez irrévérencieux, et si
on l'envisage même au point de vue phi.
losophique, il serait assez décent de lais-
ser, après leur mort, à nos gloires natio-
nales un peu de ce repos qu'elles n'ont
jamais connu de leur vivant.
LE MONSIEUR
QUI CONNAIT LES CHOCOLATS
Son règne va finir; il a occupé pendant près
de deux semaines une situation privilégiée. Il
ne fait rien, il n'a jamais rien fait; il s'y est ré-
signé très jeune, avec beaucoup d'élégance et
de courage. Il voulut naguère se trouver une
voix de ténor mondain il y échoua; il essaya
d'être < homme de cheval» plusieurs chutes
notoires le forcèrent d'y Venoncéï. Enfin, ne
pouvant se faire aucune\de ces spécialités
inutiles et considérées qui ia%-surent à d'autres
une estime infiniment particulière, il se con-
tenta d'une toute minime compétence il est
< le monsieur qui connaît les chocolats ».
D'un coup d'ceil il reconnaît, avec une in-
faillible promptitude, si celui-ci est à la crème
ou praliné, si celui-là cache sous sa sombre
robe une pistache ou une amande grillée.
Aussi rend-il, pendant les temps onéreux de la
trêve des confiseurs, les services les plus si-
gnalés. Il épargne à une foule de gentilles
femmes la petite expérience frauduleuse qui
consiste à piquer d'un coup d'épingle le bon-
bon et à s'assurer ainsi de sa qualité. Son
prodigieux diagnostic dédaigne ces grossières
expériences. Un rien, le moindre indice, la
plus infime particularité lui suffit. Il rend son
verdict que de jolies dents confirment aussitôt.
Aussi est-il fort recherché pendant la dernière
semaine de l'année et pendant la première se-
maine de l'année suivante. Après quoi il dis-
parait, on ne le voit plus, on n'entend plus
parler de lui; il rentre dans le néant, d'où il
ne sortira que onze mois plus tard. Ainsi,
ahuri, falot, circonspect, délicat, frivole et très
grave, apparaît « le monsieur qui connaît les
chocolats ». D'ailleurs, personnellement, il les
déteste.
e QI D
Cela devient une manie. On annonçait
avant-hier, de-; environs de Marseille,
qu'un fou, après avoir commis divers
dégâts dans une église et malmené l'of-
ficiant. s'était réfugié chpz lui et barri-
cadé, menaçant de son revolver la gen-
darmerie. C'était la « scie » d u fort Chabrol
qui recommençait. Elle n'aura pas, cette
fois, trop duré. Après quarante-huit
heures demmurement volontaire, le fou
s'est rendu. C'est fort bien. Mais si le
fou ne s'était pas rendu ?
Il y a soixante-quatorze ans. et. demi,
un soldat nous donna, là-dessus la plus
spirituelle des leçons. En mai 1831, une
émeute s'étant produite aux environs de
la place Vendôme, le général Lobau fut
chargé de la disperser. Le général Lobau
n'aimait point les discours, et il lui
déplaisait d'employer ses soldats à fu-
siller une bande sans armes. Il fit ame-
ner des pompes à incendie et, froide-
ment, c'est le cas de le dire, aspergea de
si belle façon les braillards qu'au bout
de cinq minutes la révolution ruisselante
était en fuite. Deux mois après, Louis-
Philippe nommait le général Lobau ma-
réchal.
On s'étonne qu'un si ingénieux exem-
ple n'ait pas tenté les gouvernements
qui ont succédé à celui de Louis-Phi-
lippe. Il n'y a pas eu chez nous, depuis
trois quarts de siècle, que des forts Cha-
brol à démolir; il y a eu des émeutes à
mater, et d'assez graves. et il y a eu
quelquefois du sang répandu. Que n'a-
t-on jamais pensé et que ne pense-t-on
encore aujourd'hui aux pompes du gé-
néral Lobau ? L'expérience enseigne qu'il
n'y a point d'énergie humaine capable
de résister à l'action d'un jet d'eau
froide, et qu'unémeutier rendu dan-
gereux par le choc ou le frottement
cesse d'être à craindre dès qu'il est
mouillé. C'est comme la poudre.
Le Figaro a déjà indiqué combien la
désertion sévissait dans les corps alle-
mands voisins de la frontière. Chaque
jour quatre ou cinq hommes se présen-
tent à nos bureaux de recrutement entre
Longwy et Belfort, souvent avec armes
et bagages, quelques-uns même avec
leur cheval, pour demander à s'engager
dans notre légion étrangère.
Au cours de la dernière année, plus de
huit cents soldats allemands ont ainsi été
incorporés dans notre armée. On évalue
à plus de douze cents hommes les pertes
éprouvées, du fait de la désertion, par
les corps d'armée de Metz et de Stras-
bourg.
Tous ceux qui ne sont pas venus s'en-
gager chez nous ont passé en Suisse et
en Belgique afin de gagner l'Amérique.
Il est consolant de constater que, mal-
gré les théories d'Hervé et des antimili-
taristes, rien de tel ne se passe dans no-
tre armée où la désertion est au contraire
extrêmement rare.
Nous avons reçu de M. Maurice Le-
comte cent francs pour les familles des
victimes d'Hennebont; nous les leur fai-
sons parvenir sans retard. M. Maurice
Lecomte avait joint à son envoi un beau
poème que la terrible catastrophe lui.a.
̃ inspiré.
.Soudain un craquement de fers, d'aciers croules
Eclata. puis. dans liir, passa comme une bombe;
Et.* sur 'in ràlemoni de cris rauques, la trombe
Ferma, comme un linceul, tous les murs éboulés.
Comme l'indignation faisait les vers
du poète ancien, la pitié a fait ceux-là;
elle lès a suscités et elle les, anime.de.
généreux émoi.
Le Comité Daubigny, que préside le
peintre Antoine Guillemet, vient de se
réunir et de confier au sculpteur Fagel
l'exécution du monument qui consacrera
la mémoire du grand paysagiste.
La souscription grâce à un dona-
teur, entre autres, qui désire garder
l'anonymat, et grâce au dévoué concours
dû sous-secrétaire d'Etat aux beaux-arts
est sur le point d'être close. L'inaugu-
ration du monument aura lieu, sans
doute, vers la fin du mois de mai.
L'Empereur Link est un bien amusant
personnage. Si son jeu de physionomie
porte à rire, il n'en est pas moins un
petit bonhomme bien élevé, au courant
de tous les usages et d'une politesse
exquise. A l'Olympia, il soulève les bra-
vos, et par son tact et par sa gentillesse
et par son travail quoique chimpanzé,
Link, en effet, est artiste.
Avec le nouveau programme, M. P.
Ruez nous a causé quelques surprises
plusieurs de ses numéros sont surpre-
nants. « La Bouillotte d'abondance », no-
tamment, fera rêver bien des gens c'est
un truc nouveau et réellement stupé-
fiant sous peu on ne parlera que de
cela. ̃̃'
Un écho caractéristique delà discus-
sion qu'a instituée le Sénat belge au su-
jet de l'absinthe:
Alors que l'honorable assemblée, par-
tagée en deux camps contradictoires, ne
savait à qui entendre, un sénateur s'est
écrié «Mais que nous importent vos
dissertations et prohibitions doctrinales?
11 nous restera toujours l'« Oxygénée
Cusenier », bien préférable à toutes les
absinthes M
C'est le raisonnement d'un connais-
seur.
Hors Paris
Un prodigue vient de mourir de mi-
sère, à Franklin, en Pensylvanie, après
avoir absorbé en sept mois une fortune
de quinze millions, c'est-à-dire- après
avoir dépensé soixante et onze mille
quatre cent vingt-huit francs cinquante
centimes par jour!
Ce fou se nommait John Steel. Au
temps de son opulence, on le vit se pro-
mener à travers les Etats-Unis vêtu de
billets de banque, et ceci n'est pas une
métaphore. M. Steel s'était fait coller;
des bank-notes de tous les pays et du
toutes les couleurs sur ses habits et sur t~
son chapeau. Il jetait .littéralement l'ar-
gent par les fenètres, donnait vingt-cinq
francs au décrotteur qui lui cirait ses
chaussures, cinquante francs au com-
missionnaire qui allait lui mettre u.ie
lettre à la poste, cinquante francs au bar-
bier qui le rasait. Il acheta un hôtel et
en fit cadeau au clerc de notaire qui lui
porta l'acte de vente. La ruine arriva
vite,. à ce. métier; alors,, pour précipiter
la catastrophe, il abandonna tout ce qui
lui restait à un chansonnier qui avait'
célébré ses prodigalités.
Nouvelles à la Main
Le jeune Tnto a entendu dire que les
livres de classe peuvent contenir certain
microbe.
Alors, gentiment, pour rassurer son
père
Sois tranquille je ne les ouvre
pas!
On parle de cet avocat qu'un juge mar-
seillais a fait arrèter
Il a dû y avoir là, dit quelqu'un,
une regrettable confusion.
Oui, entre le barreau et les bar-
reaux
Il y a d'heureuses gens que les plus
graves événements politiques laissent
indifférents.
Deux joueurs de piquet parlent de
choses et d'autres en faisant leur partie
Ah! dit l'un d'eux, ce 16 janvier,
une rude journée, tout de même
Eh oui répond mélancoliquement
son partenaire c'est le lendemain du
terme
Le Masque de Fer.
Les Mœurs du temps
Féconde en conflits tragiques, mena-
çants pour la paix du monde, l'année qui
vientde finir aura été marquée aussi par
des catastrophes financières qui ont eu
dans- la société parisienne des répercus-
sions douloureuses. Il est impossible,
j quand on y regarde de près, de ne pas cons-
tater que plus nous allous plus ces catas-
trophes se multiplient, présentant toutes
la même physionomie, c'est-à-dire égale-
ment révélatrices de l'âpreté sans eesse
i accrue de la lutte pour la vie, de cette soif f
de s'enrichir rapidement qui caractérise
notre temps, et surtout de l'insatiabilité
qui en est en réalité la cause.
On peut remarquer en etfet que c'est
presque toujours pour n'avoir pas su
modérer leurs convoitises que les grands
joueurs à qui incombe la responsabilité
de ces sinistres viennent à t'improviste
se briser contre des difficultés qu'ils n'a-
vaient pas prévues. Non contents des fa-
veurs que leur prodiguaiHa fortune, ils
ont voulu la violenter pour obtenir davan-
tage. Elle s'est lassée de leurs- exigences;
elle les a trahis, et ils ne peuvent uccuser
qu'eux-mêmes de leur dégringolade dont,
en bonne justice, ils devraient être les
seules victimes. Cependant il eu est
d'autres, et bien autrement à plaindre
qu'ils ne le sont. A celles-là plus encore
qu'à eux est due notre pitié, car leur
unique tort fat d'avoir mal placé leur
confiance.
Purmi ces victimes innocentes de t'une
des catastrophes qui ont ému Paris en
ces derniers temps, il en est une dont la
malheur a dépassé toute mesure. Du som-
met social où l'avait placée son opu-
lence, elle s'est trouvée précipitée tout à
coup dans un abîme de misère. Je veux
parler d'une femme que je désignerai
sous le nom de Mme Roger Devarenne,
ayant surtout à cceur de ne pas aggra-
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