Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-01-02
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 janvier 1906 02 janvier 1906
Description : 1906/01/02 (Numéro 2). 1906/01/02 (Numéro 2).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
52* Année 3e Série R° 2
~IH~ ~d C8nt1t116S
ta Numéro quotidien^ SEINE & SElNE-ET-ÔtSE ? 15 centimes ss
mardi 2 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
H. DB VILLEMESSANT
Fondateur
JRÉDACTION ADMINISTRATIO»
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RÉDACTION ADMINISTRATION
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de France et d'Algérie.
< Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
(PÈLERINAGES ROMANESQUES
Le Fabricant de ruines
Je ne sais quel éditeur prétendait qu'il
suffisait du mot amour sur une couver-
ture de livre pour en assurer la vente.
De la, sans doute, ces mille combinai-
sons où il revient sans cesse, quand il
n'est pas répété. Et voyezles affiches des
spectacles si elles se mettent en frais de
métaphores ou de synonymes pour nous
attirer Vers l'amour. Toujours l'amour! 1
Qu'y faire, si nous cherchons surtout
sa fièvre dans l'art, et s'il rachète l'abus
que l'on fait de son nom par le charme
douloureux et poignant, si aigu, si mo-
derne, qu'il répand sur des œuvres
comme Amoureuse, comme Amants.
J'ai cherché à Pallanza, sur le bord du
lac Majeur, la terrasse où les deux héros
de M. Maurice Donnay brisent volontai-
rement leur passion en pleine force au
lieu de la laisser durer, agoniser et mou-
rir, elle qu'ils savent mortelle. Un jardin
avec des massifs de magnolias, une villa
d'où l'on voit le lac et les montagnes, ce
sont des indices trop vagues, et d'ail-
leurs il importe si peu de fixer le lieu de
cette scène avec précision. Mais dans ma
promenade j'ai découvert un endroit
fort singulier, habité par un homme
étrange. Je n'ai même rien vu de plus
curieux surtout le rivage heureux de ce
lac que le touriste banalise. Il y avait
devant moi un couple de ces amants qui
n'ont plus vingtansetqui pour cela même
savent mieux goûter la volupté de l'au-
tomne et le plaisir passager de sentir
ensemble. A cause de leur attitude un
peu lasse et inquiète dans le bonheur, je
m'intéressai davantage à leurs allées et
venues, et j'imaginai leur dialogue.
Ils avaient suivi devant moi le long du
lac, un chemin qui côtoie des-grilles ou
des murs de villas dont l'entrée est ornée
de palmiers et d'orangers. Devant l'une
de ces villas, toute modeste et même dé-
labrée, qu'ils aperçurent au bout d'une
courte avenue par le portail ouvert, elle
respira une odeur de roses.
Attends, dit-elle à son amant. De-
mande pour moi quelques fleurs. Elles
ont tant de parfum, et ce sont les der-
iïieres4: ̃:̃
Ils entrèrent ensemble, et ce fut pour
trouver dans le jardin un assemblage
étrange des stèles tronquées, des tou-
relles de stuc démantelées à demi, des
portiques inachevés, toute la dévasta-
tion d'une cité d'art en miniature, mais
une dévastation régulière, organisée en
motifs de décoration. Au' milieu de ces
pierres symétriquement groupées qui,
toutes,symbolisaient avec une grâce fac-
tice les injures du temps, unpetitAmour
de marbre que cernaient des rosiers se
dressait sur un piédestal, le sourire aux
lèvres et bandant son arc.
La jeune femme ne vit que l'Amour
parmi les roses:
Il est charmant, et le jour le ca-
resse.
C'est bizarre, observait-il nous de-
vons être chez quelque amateur de mo-
numents funéraires. En Italie, on ne
redoute pas l'accumulation.
Un homme déjà âgé, revêtu d'une
blouse blanche, le ciseau de sculpteur à
la main, s'avança à leur rencontre et les
salua,d'un geste un peu trop solennel,
mélange d'obséquiosité et de noblesse.
Il les autorisa à cueillir des fleurs. Elle
laissa les deux hommes en tête-à-tête et
les rejoignit ensuite avec son bouquet.
Voici mes rosés. Mais je vous en
offrirai une à chacun.
Le propriétaire dépouillé se confondit
en remerciements et formules de recon-
naissance qu'elle ne comprit pas. Son
amant qui connaissait l'italien les lui
traduisit, puis il lui expliqua
Monsieur est fabricant de ruines ar-
tificielles. C'est un beau métier.
Elle leva sur son amant des yeuxinter-
rogateurs.
Je t'expliquerai, ajouta-t-il.
Quand ils eurent pris congé de leur
hôte d'un instant, elle s'amusa de cette
profession peu connue et répéta sur un
ton de badinage
Fabricant de ruines artificielles ?
Maisoui, pour l'ornement des parcs.
Dans les bosquets, à côté d'un banc, cela
fait très bien, une colonne brisée, un ar-
ceau abandonné ou quelque savante ro-
caille. J'ai connu un brave homme qui
fabriquait des toiles d'araignée pour les
vieilles bouteilles qu'on achète le soir
même, les jours de grands dîners. Les
choses sont comme nous elles n'ont pas
le temps d'acquérir la vieillesse.
Et gagne-t-il beaucoup d'argent
avec sa fabrique?
Beaucoup.
Ce n'est pas possible.
Il me racontait justement que tous
les nouveaux riches et-ils sont nom-
breux, parvenus de la finance ou du
négoce, raffolent de son art. Ils bâtis-
sent des. maisons neuves, eux-mêmes
sortent de terre, mais pour la beauté il
leur faut des ruines.
Bien. Mais l'Amour? pourquoi l'A-
mour au centre de ces affreux débris?
Lès rosés lui suffisent.
Aussi l'ai-je demandé au bon-
homme. `
Et qu'a-t-il répondu ?
« II se plaît dans les ruines », m'a-
t-il assuré avec un sourire mystérieux,
le sourire de la Joconde que prennent vo-
lontiers les marchands.
̃ II riait lui-même en redisant cettei ré-
ponse.
Oui, c'est drôle, conclut-elfe. Avec
leurs groupes de marbre en toilette de
ville, les Italiens font de leurs cimetières
des salons de modes, et voici qu'ils
choisissent des signes de mort pour l'a-
grément de leurs jardins.
#*#
C'était l'heure où le jour décroît. Il
décroît si vite en automne. Au-dessus
des montagnes qui bordaient en face
d'eux l'autre rive du lac, le ciel prenait
des teintes délicates, roses, mauve, lilas,
puis toutes ces teintes se brouillèrent en
une poussière d'or.
C'était l'heure dorée où le jour, avant
de mourir, donne sa grâce suprême, où
la nature s'offre comme une femme.
Ainsi la jeunesse en nous est plus belle
Quand nous la sentons menacée et frêle
Nous goûtons l'amour avec plus de choix.
L'Isola Madre, avec ses feuillages clair-
semés et jaunis, flottait sur les eaux
comme un bouquet jeté. La voix d'un
pêcheur qui s'appliquait et sans doute
pensait éblouir les derniers étrangers,
chanta:
Vorei morire.
Et toutes ces sensations de douceur,
de langueur, de splendeur et de mort se
mêlaient au parfum desroses remontan-
tes dans le jardin qu'envahissait une
brume violette. Le marbre blanc du petit
Amour, debout sur son piédestal, se dé-
tachait au-dessus des colonnes brisées,
des arceaux et des portiques démantelés
auxquels l'ombre était favorable.
Alors il se pencha vers elle qui s'effor-
çait de sourire
Vois-tu le fabricant de ruines arti-
ficielles ?
Elle fouilla des yeux le jardin mélan-
colique
Où donc?
Il lui montra l'Amour.
Henry Bordeaux.
LA VIE DE PARIS
M™ DE NUOVINA
Elle vient de faire sa rentrée hier, à l'Opéra-
Comique, dans le rôle de Carmen, et son pu-
blic, reconquis d'emblée, a salué en elle une
de ses artistes de prédilection. C'est que, par-
tout où elle s'est fait entendre, Mme de Nuo-
vina a laissé des souvenirs ineffaçables.
Elle n'est point de ces artistes, au talent
uniforme desquels le public s'accoutume sans
enthousiasme elle sait se recréer elle-même,
accentuer d'un trait nouveau une silhouette
déjà familière, impressionner par l'imprévu in-
génieux d'une trouvaille personnejle que sa
spontanéité artistique fait naître incessam-
ment dans son cerveau. Sa voix n'est pas de
celles, si pures et si belles soient-elles, qui
semblent étrangères au personnage qu'elles
interprètent, Elle ne dédaigne pas de se mêler
à lui; bien plus, elle s'y confond en un ensem-
ble des plus harmonieux.
La race, implacable et superbe dominatrice,
qui transforme tout en beauté, se trahit chez
elle dans chacun de ses gestes. Ce rôle de Car-
men, tant joué, tant commenté et si souvent dé-
naturé, elle en fait une création unique et sai-
sissante. Elle pense que ce n'est point dans
l'exaspération du vice, dans l'accentuation de la
laideur, que se manifeste l'art; elle n'a point
de. ces éclats bruyants, de ces exubérances
factices qui peuvent si facilement rendre le
personnage odieux ce n'est plus une Carmen
avilie qu'elle a imaginée, mais amoureuse,
plaintive et douloureuse; nul réalisme vul-
gaire, nulle recherche de l'effet grossier; de la
simple, de la noble poésie. Le caractère même
de sa voix participe à cet ensemble de qua-
lités infiniment séduisantes. C'est dans les
inflexions de sa voix que deviennent sensibles
les particularités dramatiques des rôles. Cette
voix est d'un timbre tout personnel; elle se
résout parfois en accents profondément im-
pressionnants, comme sauvages, où semblent
passer en rafale des tempêtes lointaines.
Son triomphe a été complet et la grande ar-
tiste, en quittant hier soir la scène, a pu d'un
coup d'œil se remémorer une carrière dont
pas une étape ne. fut indifférente. Il n'est pas
loin le temps où, enfant indolente, elle appre-
nait le chant pour se distraire, songeant rê-
veusement aux héroïnes qu'elle devait un jour
incarner. C'est hier, qu'à Bruxelles, où jus-
qu'alors elle avait été fêtée à la Cour et dans
le monde, les portes d'or de l'iconostase
d'Esclarmonde s'ouvrirent devant elle; c'est
hier que Masseriet lui prodiguait ses précieux
conseils*, que le vénéré maître Gevaert lui fai-
sait travailler les rôles qu'elle allait inter-
préter Armide, Freischiit\, Obéron, Sa-
lammbô, Sigurd, Faust, Lohengrin, Tann-
hxuser, Carmen, Cavalleria, la Navarraise,
qu'elle fit entendre dans le monde entier
l'Attaque d* moulin, Werther, Don Juan
enfin, où elle réalisa ce tour de force- de jouer
un jour dona Anna à Pétersbourg et le len-
demain Zerline à Moscou.
Les marques d'amitié les plus rares lui ont
été prodiguées
A Bruxelles, la reine Marie-Henriette daigna
assister à toutes les répétitions qui précédèrent
ses débuts. A Bucarest, sa patrie, la reine Car-
men Sylva lui dispense une sympathie tout ami-
cale. Récemment, comme Mme de Nuovina,
arrivait au palais pendant la préparation de
l'arbre de Noël destiné aux jeunes princes, la
Reine la fit asseoir dans son propre fauteuil et
récita < pour elle quelques-unes de ses plus
émouvantes poésies, après quoi elle lui servit
de ses propres mains le tait et le pain bis du
goûter traditionnel.
A Lyon et M. Vizentini s'en souvient
bien la foule assaillait les bureaux sur la
simple annonce d'une de ses représentations.
A Berlin,– où le public, en souvenir du rôle qui
l'a rendue célèbre, la nomme Anita, l'Empe-
reur lui fait dire par le comte de Hochberg
qu'il l'estime comme la Plus remarquable d'en-
tre les plus remarquables. A Moscou, la
Duse, joue en son honneur la Dame aux
camélias. A Paris, enfin, après la Kassya
qui lui servit de débuts et qu'elle interpréta
en mémoire d'une promesse faite à Delibes, le
public lui manifesta, chaque fois qu'il l'entendit,
le plus chaleureux enthousiasme. Lorsqu'elle
revint dans la Navarraise, la simple apparition
de sa silhouette provoqua cette grande houle
sympathique que bien souvent les plus remar-
quables artistes ne connaissent jamais.
Quoique rien dans la vie ne l'ait destinée à
la carrière dramatique, c'est au théâtre que le
talent de Mme de Nuovina s'épanouit le plus
complètement. Ne pensez pas que ce soit le
fruit d'un long labeur; jamais elle ne prit de
leçons de mise en scène, jamais un maître ne
régla ses attitudes. Dès le premier jour, elle
s'affirma comme une comédienne experte et
sûre.
J'ai revu Mme de Nuovina hier soir, et tous
mes souvenirs se sont soudain réveillés. J'ai
retrouvé l'artiste exquise que j'avais connue
et qu'un deuil cruel a éloigné pendant quelque
temps de la scène. J'ai retrouvé la douceur
expressive de ses traits, la caresse poétique de
ses yeux qu'un peu de tristesse vient voiler,
l'élégante sveltesse de sa silhouette indolente
à la fois et nerveuse, la passion concentrée d'un
talent fait de force et de noblesse.
Je me suis souvenu également que, partout,
le théâtre, objet de crainte des débutants,
s'était fait plus accueillant pour cette artiste
qui a su rester une femme. A Wahnfried, où
la veuve de Richard Wagner, l'aime comme
un de ses enfants, on la nomme Freia surnom
charmant et bien fait pour symboliser sa
grâce un peu farouche.
Et une phrase m'est venue à l'esprit, une
phrase qui souligne un beau portrait de Car-
men Sylva, reine, poète et femme; que celle-ci
donna jadis à Mme de Nuovina On a reçu
la voix pour chanter louanges et Plaintes au
nom de l'humanité tout entière.
Robert Brussel.
Echos
La Température
La profonde dépression que nous avons si-
gnalée hier au large de la Bretagne se ma»
nifeste par une violente tempéte du sud-ouest
sur les côtes.
Il a plu sur presque toute la France, notam-
ment à Paris, où une pluie fine n'a cessé de la
journée."
La température a peu varié depuis la veille.
A Paris, le thermomètre, à 2° au-dessous le
matin, marquait 3» au-dessus l'après-midi.
En France, le temps va rester brumeux
et à la pluie. Le baromètre, à 758mm le matin,
était à 7S4mm dans la soirée.
(La température du ic janvier 1905 était
A Paris, gelée dans la matinée thermomètre,
10 au-dessous de zéro le matin, 49 au-dessus
l'après-midi. Baromètre, 769mm. Temps au
beau fixe.)
ESPERANCES
^jy La plupart des journaux ont l'ha-
<*> bitude, quand une année finit, d'en
établir le bilan.C'est quelquefois un utile
et instructif mémento, fécond en sur-
prises. On y apprend à remettre à leur
date des événements que l'on croyait plus
lointains ou plus proches et cet in-
ventaire, où la statistique paraît tenir la
plus grande place, inspire souvent des
réflexions qui la dépassent.
Suivant l'humeur où l'on est et le ca-
ractère qu'on a, on y trouve matière à
des inquiétudes ou à des espérances gé-
néralement démenties par l'histoire. Les
jugements des hommes sont courts.
Tout n'a pas été d'aspect riant c'est
entendu dans les trois cent soixante-
cinq jours qui viennent de s'écouler.
L'esprit anarchique, encouragé par la
méthode combiste, s'y est largement
donné carrière; des grèves nombreuses
et violentes témoignent que le malen-
tendu entre le capital et le travail n'est
pas dissipé; enfin, on a craint des com-
plications pouvant amener la guerre.
Tous ces maux ne sont pas conjurés,
et cependant l'observateur impartial re-
connaît qu'il y a quelque chose de changé
en France depuis un an. La révolution,
cyniquement prêchée, a rencontré en
face d'elle un gouvernement qui n'en
est peut-être pas encore le maître, mais
qui n'en est plus le complice, et une na-
tion qui, sous les menaces du dedans et
du dehors, s'est manifestement ressaisie.
Cet heureux revirement permet d'a-
border sans tristesse une année qui pro-
met d'être décisive dans le développe-
ment de nos destinées. Il est certain que
les trois élections successives, sénato-
riale, présidentielle et législative, qui font
déjà de ce 1906 où nous entrons le plus
encombré des rendez-vous politiques,
exerceront une influence capitale sur l'a-
venir de notre pays. On y verra trois
fois, coup sur coup, de quel côté compte
s'orienter la République et ce que nous
pouvons attendre de notre effervescente
démocratie.
Cest pourquoi, à cette heure où l'on
prodigue les souhaits et les vœux, nous
croyons qu'il faut un peu en élargir le
cercle, sortir de chez soi et, au delà des
relations de famille ou d'amitié, souhaiter
surtout bonne santé à la France.
L'état de l'opinion publique, attentive-
ment étudié, exclut peut-être cette allé-
gresse que donne la certitude, mais il
nous autorise à n'apporter dans cette
bienvenue de nouvel an ni abattement,
ni découragement, ni défiance. Gaston
CALMETTE.
A Travers Paris
La bonne aventure, ô gué 1
A chaque renouvellement d'année, il
est d'usage de s'adresser aux chiroman-
ciennes, tireuses de cartes, somnam-
bules, déchiffreuses d'écritures et autres
sympathiques et infaillibles devineresses
pour leur demander de déchirer, comme
disent les poètes, les voiles impénétra-
bles de 1 avenir, et de nous pronostiquer
à coup sûr les événements, de l'année
nouvelle.
Les réponses généralement sont un
peu vagues, et les oracles assez obscurs.
Ils sont conçus de telle sorte qu'ils peu-
vent s'adapter à toutes les circonstances,
et qu'il y a toujours moyen de les justi-
fier après coup. Cette année, cependant,
une occasion exceptionnelle s'offre à la
chiromancie de s'affirmer par un coup
d'éclat. Le Congrès de Versailles va se
réunir dans une quinzaine de jours:
quel en sera l'élu? Voilà une question
ïjfllte, claire et qui ne comporte pas de
phrases à double entente ni d'énigmati-
ques développements. Le champ des
hypothèses est même assez restreint, et
bien des gens, qui ne se piquent pas de
magie, n'hésitent pas à risquer des pro-
phéties.
Pourles devineresses de profession, cet
oracle-là, surtout à si courte échéance,
ne peut donc être qu'un jeu d'enfant. Nos
sibylles modernes y trouveraient le dou-
ble avantage de raffermir la foi des fi-
dèles et d"ébranler les railleries des scep-
tiques. Il ne s'agit, somme toute, que d'in-
diquer un nom, mais il faut, autant que
possible, l'indiquer la veille et non pas le
lendemain de l'élection. C'est là, parait-il,
qu'est toute la difficulté.
Celles qui restent.
On a beau s'acharner après les « bon-
nes Sœurs », on a beau les persécuter et
même les chasser, elles ne répondent
à ces mauvais traitements que par un
redoublement de charité et de miséri-
corde. Leur seule vengeance est de se
dévouer plus encore au soulagement
de toutes les infortunes. On les a expul-
sées d'un peu partout; il en reste encore,
cependant, et celles-là, par leur zèle,
leur désintéressement et leur abnégation,
s'imposent à la reconnaissance et au res-
pect de tous.
C'est ainsi que, dans l'arrêté de fin
d'année qui confère la médaille péniten-
tiaire aux gardiens et gardiennes comp-
tant vingt-cinq années de services irré-
prochables, figure le nom d'une vail-
lante et digne religieuse, la Sœur Bertho,
surveillante au Dépôt de la Préfecture
de police. Voilà près de trente ans que
cette brave femme remplit ce pénible
métier qui la met souvent en contact
avec de bien tristes épaves. Et c'esttou-
jours avec une douceur infinie et une
évangélique. patience qu'elle prodigue
aux peu recommand ibles clientes du
Dépôt son zèle et sa sollicitude. Elle est
à la fois pour eux une.gardienne et une
consolatrice.
1:En lui décernant une récompense, M.
Dubief n'a donc accompli qu'un acte de
justice. Mais, parle temp-qui court, une
pareille mesure comporte aussi un cer-
tain courage, et nous n'hésitons pas à
en féliciter le ministre de l'intérieur,
peut-être au risque de le compromettre.
'IL Y A VINGT ANS
A quoi pensait-on à pareil jour, il y a vingt
ans? De quoi parlait-on ?
On parlait surtout politique l'élection du
Président de la République. Elle venait d'avoir
lieu. M. Grévy, l'avant-veille, avait été réélu
par 457 voix sur 592 votants.
Le ministère Brisson venait de tomber et M.
de Freycinet travaillait, disait l'/fanas, con-
cilier certaines fractions républicaines dont le
concours était indispensable à la formation de
son ministère ». (A la fin de la semaine, les né-
gociations de M. de Freycinet devaient abou-
tir MM. Goblet, Baïhaut, Sadi Carnot, De-
velle et le général Boulanger avaient accepté
les portefeuilles offerts.) La grosse préoccupa-
tion du moment était la situation du Tonkin,
où bientôt Paul Bert allait partir.
La question patriotique s'agitait sous la forme
d'une question Wagner. Jouerait-on Lohen-
grin à Paris?
Des travaux d'agrandissement étaient entre-
pris au Palais-Bourbon.
A la Porte-Saint -Martin, reprise de Marion
Delorme, avec Sarah Bernhardt, Marais et P.
Berton. (Gros événement parisien.)
Parmi les décorés du jour Théodore de
Banville, Reyer, Massenet, Danbé. « Contrai-
rement à ce qui avait été dit, M. Coquelin
n'était pas décoré. »
Le cours d'histoire de la Révolution, à la
Sorbonne, était confié à M. Aulard.
On annonçait le départ de M. Etienne pour
Nice, où il allait porter une couronne sur la
tombe de Gambetta.
Dans les théâtres, on agitait la question des
billets de faveur. « Le théâtre se meurt, décla-
raient les directeurs. Ça ne peut plus durer ».
Les Débats publiaient, de M. Renan, un
feuilleton Dialogue entre l'ange Gabriel et le
Père éternel.
Un nouveau sport.
Les Anglais, à qui tous les jeux d'a-
dresse et de force sont si familiers, veu-
lent se lancer dans une voie qui ne leur
réserve peut-être pas des triomphes aussi
faciles. L' « Union de Cambridge », puis-
sante et respectable association dont font
partie les professeurs, les étudiants et les
anciens étudiants de la célèbre univer-
sité, vient d'adresser, dans les formes
d'ailleurs les plus courtoises, un curieux
défi à l'Association générale des étu-
diants de Paris.
L'Union demande à l'Association de
désigner deux de ses membres'qui se
rendraient à Cambridge pour discuter,
en assemblée solennelle, sur un sujet
choisi, avec deux des membresdel'Union.
Un mois plus tard, deux Anglais vien-
draient à Paris pour discuter, à leur tour,
avec deux camarades français. Le défi a
été accepté, et la première « manche se
jouera à Cambridge le 20 février pro-
chain. Le débat, que présidera le rec-
teur de l'université, portera sur la ques-
tion de savoir si un gouvernement peut
déclarer la guerre sans le consentement
du peuple. Les orateurs parleront dans
leur langue maternelle. Un mois après.
en mars, les étudiants de Cambridge
viendront à Paris, et la deuxième ren-
contre aura lieu en Sorbonne.
Il est permis d'espérer pour noacham-
pions un plus éclatant succès qu'en ma-
tière de tennis, de polo et de golf. L'élo-
quence est une arme nationale que la
plupart des Français manient avec la
plus redoutable facilité. L'épreuve, de
toute façon, sera assez originale, et, par un
côté tout au moins, elle pourra être d'un
heureux secours en matière parlemen-
taire. Si dans les débats publics les ora-
teurs prenaient l'habitude de ne pas par-
ler la même langue, ils arriveraient peut-
être plus facilement à s'entendre. -•'
LE MONSIEUR QUI
DÉCIDÉMENT « N'EN DONNERA PLUS »
II en a assez. Il est à bout de patience et de
force, et c'est bien la dernière fois qu'il « en
donne ». Il s'est levé hier matin deux heures
plus tôt que d'habitude, afin de rédiger ses
cartes, et de mettre la dernière main à ses pa-
quets, et d'arrêter l'itinéraire de ses courses.
Il a pris un cocher maussade, s'est affalé dans
un fiacre sans bouillotte, et de onze heures à
midi, puis de deux heures à six heures, a roulé
sous la pluie et dans le froid, stoppant, de
dix en dix minutes, devant une des maisons où
sa visite était attendue, et son paquet aussi.
Et il a vu son pauvre sac de marrons rejoin-
dre sur une table un amoncellement d'autres
sacs de marrons, et son* chocolat s'ajouter à
d'autres chocolats, bêtement. Il a eu l'im-
pression d'accomplir une formalité nécessaire
dont on ne lui savait que peu de gré il a en-
tendu blaguer un peu, çà et là, la façon
malheureuse dont X, Y ou Z choisissent les
cadeaux qu'ils donnent, et il a pensé que tout
à l'heure on en dirait autant des siens. Il se
dit qu'il est temps de protester contre une
mode si niaise, si ruineuse surtout. Il ne veut
plus être dupe. Il ne donnera plus d'étrennes,
jamais.
.A moins qu'en décembre 1906 une vague
peur de « se singulariser ne le prenne et
que, plus furieux encore qu'il ne l'était hier
mais pour «• faire comme tout le monde »,
il ne se résigne de nouveau à acheter des
jouets qui n'amusent point, des cigares qu'on
trouve médiocres, des bibelots qu'on critique
et des bonbons qu'on ne sait où fourrer, « tant
on en a reçu ».
Et il s'y résignera, le malheureux. Il faudra
bien qu'il s'y résigne!
La moralité d'un scrutin.
L'élection législative qui a eu lieu di-
manche dernier à Toulouse n'a pas sa-
tisfait les radicaux-socialistes. Ils sont
vainqueurs, mais ils nesont pas contents.
Et il faut reconnaitre qu'il y de quoi. En
effet, la très maussade façon dont le
candidat socialiste unifié» s'est retiré
après le premier tour de scrutin a porté
ses fruits, des fruits un peu gâtés, au
goût de nos radicaux-socialistes.
Leur champion, M. Couderc, avait ob-
tenu au premier tour 6.231 voix, et M.
Ellen-Prévost, le socialiste unifié, 4,767.
Si donc, comme l'exigeait la discipline,
ces deux chiffres de voix s'étaient addi-
tionnés au ballottage, M. Couderc aurait
dû être élu avec 10,998 suffrages. Or, il
n'en a eu que 7,769, ne gagnant, entre
les deux tours de scrutin, que i,5:38 voix.
Il y a donc eu 3,229 électeurs de M. Ellen-
Prévost qui ont fait défaut!
Où sont-ils allés? Ce n'est pas nous
qui pouvons le deviner, et, à dire vrai,
cela ne nous importe guère. Ce qui est
intéressant, c'estla façon dont les socia-
listes comprennent leur devoir de dis-
cipline vis-à-vis des radicaux. S'ils le
pratiquent ainsi aux élections générales,
on est en droit de s'attendre à d'assez
joyeuses surprises. Et il est naturel qu'a-
vec de tels alliés le parti radical n'envi-
sage cet avenir très prochain qu'avec une
médiocre confiance.
La mansarde de Gambetta.
Les amis de Gambetta vont aujour-
d'hui, comme chaque année à pareille
date, faire leur pèlerinage aux Jardies et
parer de fleurs la chambre où mourut le
célèbre homme d'Etat.
Se doutent-ils que la première man-
sarde qu'il habitait à Paris alors qu'il n'é-
tait qu'un tout jeune avocat existe en-
core, et telle que Gambetta la connut?
C'est un billet autographe de ce der-
nier, adressé le 17 décembre 1866 à Le-
fèvre-Pontalis et portant au-dessous de
la signature de Gambetta son adresse,
« 45, rue Bonaparte », qui nous l'a fait
retrouver.
Nous nous sommes rendu à la maison
indiquée et on nous y a montré le loge-
ment qu'y occupait à cette époque le fu-
tur grand homme c'est une pauvre
chambrette mansardée, en façade sur la
place Saint-Germain-des-Prés car la
maison fait angle sur la rue Bonaparte
et cette place,– et de la petite fenêtre de
cette mansarde on aperçoit émergeant
des toits au loin les pavillons du Louvre
derrière lesquels s'élève aujourd'hui le
monument élevé à- la mémoire du petit
avocat qui habitait là il y a quarante ans.
Décidément les graveurs triomphent.
On se rappelle avec quelle énergie cette
honorable corporation protesta l'an der-
nier lorsqu'on parla de renoncer à l'usage
falot qui consiste, le 1er janvier, à échan-
ger des cartes sans résultat.
Le projet paraissait sage, mais il fit
sur les imprimeurs et graveurs une
déplorable impression. Ces messieurs
protestèrent au nom de la vieille courtoi-
sie française et assurèrent q ue la planche
à graver était, pour elle et pour eux, la
planche de salut.
Aussi le jour de l'an est-il resté le jour de
la carte forcée. Les petits carrés cornés
s'amoncellent toujours chez les concier-
ges et provoquent en eux cette fâcheuse
humeur annuelle que tout un chacun a
remarquée chez ces fonctionnaires dès
le matin du 2 janvier.
11 est vrai de dire que, ce jour là,
coïncidence singulière, les locataires
ont achevé de verser les étreunes. Et
quand les étrennes sont versées»., il ne
reste plus qu'à les boire.
Allons:nous voir,. en .1906, une petite
révolution se produire dans les usages
de la correspondance commerciale et
mondaine?
On sait qu'un règlement, vieux déjà
de quelques années, a supprimé des
lettres, instructions et notes de service
échangées entre militaires toutes les
formules.de politesse dont jadis un pro-
tocole minutieux prescrivait et réglait.
l'emploi, et que cet exemple, en quel-
ques administrations civiles, a été suivi.
Un des plus importants commerçants
de Paris à pensé qu'une si sa;e leçon ne
devait pas être négligée par les hommes
d'affaires. Il s'est rappelé le, proverbe an-
glais, Time is money,– et que, perdre son
temps, c'est, en effet, s'appauvrir. Or les
salutations épistolaires nous en font per-
dre un peu tous les jours. Les Anglo-
Saxons l'ont compris: à « l'expression
de nos" sentiments les plus distingués» »
ils ont préféré le Yours, bref comme
le geste du doigt au chapeau, et qui
suffit, en Angleterre, à tout le monde.
Notre compatriote a trouvé mieux
encore il supprime de sa correspon-
dance toutes formules de politesse, et
son papier à lettres porte, au-dessous de
l'en-tète commercial, une note imprimée
qui dit à peu près ceci « Nos correspon-
dants ne trouveront au bas de cette
lettre aucune salutation nous les prions
de nous en excuser, et de marquer qu'ils
nous approuvent, en se dispensant eux-
mêmes, à l'avenir, de nous saluer. »
Il paraît que cette innovation a le plus
grand succès dans les milieux commer-
ciaux, industriels et financiers, et que
les « salutations empressées » vont de-
venir, en 1906, quelque chose d'aussi dé-
modé que les cartes de visite 1
Hors Paris
Un ingénieux régisseur de théâtre
viennois a trouvé le moyen de résoudre
la question de la claque au théâtre. Il
garde la claque, mais il supprime les
claqueurs dont l'office est rempli par
des sacs'de cuir gonflés d'air qui, vio-
lemment frappés l'un contre l'autre, imi-
tent à s'y méprendre le bruit des applau-
dissements.
Hibilement dissimulés dans divers en-
droits dé la salle, le.sdits sacs applaudis-
sent au commandement du régisseur qui
n'a, pour faire exécuter ses ordres,. qu'à
presser sur un bouton électrique.
A quand la claque électrique dans nos
théâtres parisiens ?
Nouvelles â la Main
̃–Les conseillers municipaux de Brest
viennent de supprimer pour la deuxième
fois le budget des pompiers.
Les plus sapeurs des deux ne sont
point ceux qu'on pense.
M. de Pressensé et sa ligue viennent
de prendre en main l'affaire du sous-
préfet de Joigny.
Comment! ils trouvent donc qu'on
peut battre les femmes?
Au nom des « Droits de l'homme ».
Le Masqua de Fer.
-rm
DEMAIN ̃ ;v
Par fil spécial"
Dessins d'Albert GUILLAUME
Vers l'Elysée
LES CANDIDATS DE DEMAIN
Les échos parlementaires ont déjà lancé
dans la foule les noms des hommes politiques
que le-ars partis ou seulement leurs amis dé-
signent aux choix du Congrès qui se réunira
à Versailles, le 16 janvier prochain pour l'é-
lection du nouveau Président de la Répu-
blique.
Ces noms, chacun les connaît c'est celui
de M. Fallières, président du Sénat; de M.
Doumer, président de la Chambre; de M.
Léon Bourgeois, ancien président du Conseil
et de la Chambre, de M. Paul Deschanel, de
M. Peytral, de M. Sarrien, de M. Ribot, de
M. de Freycinet, d'autres encore.
Il n'y a rien à apprendre au public sur la
personnalité politique de ces maréchaux de la
politique militante. Mais ce qui est moins
connu et même pour certains, ce qui est
complètement ignoré, c'est leur psychologie,
leur caractère, leur vie intime, ce qu'ils
ont manifesté d'eux-mêmes, depuis leur en-
fance lointaine, devant leurs amis adoles-
cents, et ce qui dure toujours de leurs an-
ciens goûts et de leurs vieilles habitudes.
Mon but a donc eté, dans les quelques por-
traits dont le Figaro m'a chargé, de recueillir
aux sources mêmes de leur enfance et de leur
intimité, les traits les plus propres à depe.n-
dre l'âme vraie, le caractère réel des hommes
qui briguent le lourd honneur de présider aux
destinées de la France. Je ne me crois pas
le droit de poinçonner de si illustres person-
nages, m'attachant seulement à noter le plus
consciencieusement possible les empreintes
laissées par eux dans la mémoire de leurs
amis, et je voudrais pouvoir dire de leurs
adversaires.
M. FALLIÈRES
Allez à Agen, chef-lieu du départe-
ment où est né M. Fallières, qu'il repré-
sente au Sénat, on vous dira, si vous
questionnez les gens sur ses goûts pré-
férés
M. Fallières aime ses vignes.
A Nérac, dont il fut l'avocat, le maire,
le député, ses anciens amis, devenus ses
adversaires, vous diront
M. Fallières aime ses vignes.
A Mézin, où il est né, à Sos, où de
meurent ses meilleurs amis et ses confi-
dents les plus intimes, à Loupillon, où
se trouve sa propriété, partout où vous
Interroge-raz ses compagnons d'enfance,
ses serviteurs, les gens qu'il voit à cha-
cun" de ses voyages;' vous recueillerez ce
cri
̃ Ses vignes, ses vignes avant tout-
Oui, il aime ses vignes etcela se com-
prend. Il.ya vingt ans, le phylloxéra avait
ravagé tout le vignoble,il n'y avait plu.
un pied de vigne en terre et les proprié-
taires étaient obligés d'acheter leur vin
très cher. M. Fallières. à force d'énergie.
~IH~ ~d C8nt1t116S
ta Numéro quotidien^ SEINE & SElNE-ET-ÔtSE ? 15 centimes ss
mardi 2 Janvier 1906
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
H. DB VILLEMESSANT
Fondateur
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26, rue Drouot, Paris (9* Arrt)
RÉDACTION ADMINISTRATION
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de France et d'Algérie.
< Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Beaumarchais.)
(PÈLERINAGES ROMANESQUES
Le Fabricant de ruines
Je ne sais quel éditeur prétendait qu'il
suffisait du mot amour sur une couver-
ture de livre pour en assurer la vente.
De la, sans doute, ces mille combinai-
sons où il revient sans cesse, quand il
n'est pas répété. Et voyezles affiches des
spectacles si elles se mettent en frais de
métaphores ou de synonymes pour nous
attirer Vers l'amour. Toujours l'amour! 1
Qu'y faire, si nous cherchons surtout
sa fièvre dans l'art, et s'il rachète l'abus
que l'on fait de son nom par le charme
douloureux et poignant, si aigu, si mo-
derne, qu'il répand sur des œuvres
comme Amoureuse, comme Amants.
J'ai cherché à Pallanza, sur le bord du
lac Majeur, la terrasse où les deux héros
de M. Maurice Donnay brisent volontai-
rement leur passion en pleine force au
lieu de la laisser durer, agoniser et mou-
rir, elle qu'ils savent mortelle. Un jardin
avec des massifs de magnolias, une villa
d'où l'on voit le lac et les montagnes, ce
sont des indices trop vagues, et d'ail-
leurs il importe si peu de fixer le lieu de
cette scène avec précision. Mais dans ma
promenade j'ai découvert un endroit
fort singulier, habité par un homme
étrange. Je n'ai même rien vu de plus
curieux surtout le rivage heureux de ce
lac que le touriste banalise. Il y avait
devant moi un couple de ces amants qui
n'ont plus vingtansetqui pour cela même
savent mieux goûter la volupté de l'au-
tomne et le plaisir passager de sentir
ensemble. A cause de leur attitude un
peu lasse et inquiète dans le bonheur, je
m'intéressai davantage à leurs allées et
venues, et j'imaginai leur dialogue.
Ils avaient suivi devant moi le long du
lac, un chemin qui côtoie des-grilles ou
des murs de villas dont l'entrée est ornée
de palmiers et d'orangers. Devant l'une
de ces villas, toute modeste et même dé-
labrée, qu'ils aperçurent au bout d'une
courte avenue par le portail ouvert, elle
respira une odeur de roses.
Attends, dit-elle à son amant. De-
mande pour moi quelques fleurs. Elles
ont tant de parfum, et ce sont les der-
iïieres4: ̃:̃
Ils entrèrent ensemble, et ce fut pour
trouver dans le jardin un assemblage
étrange des stèles tronquées, des tou-
relles de stuc démantelées à demi, des
portiques inachevés, toute la dévasta-
tion d'une cité d'art en miniature, mais
une dévastation régulière, organisée en
motifs de décoration. Au' milieu de ces
pierres symétriquement groupées qui,
toutes,symbolisaient avec une grâce fac-
tice les injures du temps, unpetitAmour
de marbre que cernaient des rosiers se
dressait sur un piédestal, le sourire aux
lèvres et bandant son arc.
La jeune femme ne vit que l'Amour
parmi les roses:
Il est charmant, et le jour le ca-
resse.
C'est bizarre, observait-il nous de-
vons être chez quelque amateur de mo-
numents funéraires. En Italie, on ne
redoute pas l'accumulation.
Un homme déjà âgé, revêtu d'une
blouse blanche, le ciseau de sculpteur à
la main, s'avança à leur rencontre et les
salua,d'un geste un peu trop solennel,
mélange d'obséquiosité et de noblesse.
Il les autorisa à cueillir des fleurs. Elle
laissa les deux hommes en tête-à-tête et
les rejoignit ensuite avec son bouquet.
Voici mes rosés. Mais je vous en
offrirai une à chacun.
Le propriétaire dépouillé se confondit
en remerciements et formules de recon-
naissance qu'elle ne comprit pas. Son
amant qui connaissait l'italien les lui
traduisit, puis il lui expliqua
Monsieur est fabricant de ruines ar-
tificielles. C'est un beau métier.
Elle leva sur son amant des yeuxinter-
rogateurs.
Je t'expliquerai, ajouta-t-il.
Quand ils eurent pris congé de leur
hôte d'un instant, elle s'amusa de cette
profession peu connue et répéta sur un
ton de badinage
Fabricant de ruines artificielles ?
Maisoui, pour l'ornement des parcs.
Dans les bosquets, à côté d'un banc, cela
fait très bien, une colonne brisée, un ar-
ceau abandonné ou quelque savante ro-
caille. J'ai connu un brave homme qui
fabriquait des toiles d'araignée pour les
vieilles bouteilles qu'on achète le soir
même, les jours de grands dîners. Les
choses sont comme nous elles n'ont pas
le temps d'acquérir la vieillesse.
Et gagne-t-il beaucoup d'argent
avec sa fabrique?
Beaucoup.
Ce n'est pas possible.
Il me racontait justement que tous
les nouveaux riches et-ils sont nom-
breux, parvenus de la finance ou du
négoce, raffolent de son art. Ils bâtis-
sent des. maisons neuves, eux-mêmes
sortent de terre, mais pour la beauté il
leur faut des ruines.
Bien. Mais l'Amour? pourquoi l'A-
mour au centre de ces affreux débris?
Lès rosés lui suffisent.
Aussi l'ai-je demandé au bon-
homme. `
Et qu'a-t-il répondu ?
« II se plaît dans les ruines », m'a-
t-il assuré avec un sourire mystérieux,
le sourire de la Joconde que prennent vo-
lontiers les marchands.
̃ II riait lui-même en redisant cettei ré-
ponse.
Oui, c'est drôle, conclut-elfe. Avec
leurs groupes de marbre en toilette de
ville, les Italiens font de leurs cimetières
des salons de modes, et voici qu'ils
choisissent des signes de mort pour l'a-
grément de leurs jardins.
#*#
C'était l'heure où le jour décroît. Il
décroît si vite en automne. Au-dessus
des montagnes qui bordaient en face
d'eux l'autre rive du lac, le ciel prenait
des teintes délicates, roses, mauve, lilas,
puis toutes ces teintes se brouillèrent en
une poussière d'or.
C'était l'heure dorée où le jour, avant
de mourir, donne sa grâce suprême, où
la nature s'offre comme une femme.
Ainsi la jeunesse en nous est plus belle
Quand nous la sentons menacée et frêle
Nous goûtons l'amour avec plus de choix.
L'Isola Madre, avec ses feuillages clair-
semés et jaunis, flottait sur les eaux
comme un bouquet jeté. La voix d'un
pêcheur qui s'appliquait et sans doute
pensait éblouir les derniers étrangers,
chanta:
Vorei morire.
Et toutes ces sensations de douceur,
de langueur, de splendeur et de mort se
mêlaient au parfum desroses remontan-
tes dans le jardin qu'envahissait une
brume violette. Le marbre blanc du petit
Amour, debout sur son piédestal, se dé-
tachait au-dessus des colonnes brisées,
des arceaux et des portiques démantelés
auxquels l'ombre était favorable.
Alors il se pencha vers elle qui s'effor-
çait de sourire
Vois-tu le fabricant de ruines arti-
ficielles ?
Elle fouilla des yeux le jardin mélan-
colique
Où donc?
Il lui montra l'Amour.
Henry Bordeaux.
LA VIE DE PARIS
M™ DE NUOVINA
Elle vient de faire sa rentrée hier, à l'Opéra-
Comique, dans le rôle de Carmen, et son pu-
blic, reconquis d'emblée, a salué en elle une
de ses artistes de prédilection. C'est que, par-
tout où elle s'est fait entendre, Mme de Nuo-
vina a laissé des souvenirs ineffaçables.
Elle n'est point de ces artistes, au talent
uniforme desquels le public s'accoutume sans
enthousiasme elle sait se recréer elle-même,
accentuer d'un trait nouveau une silhouette
déjà familière, impressionner par l'imprévu in-
génieux d'une trouvaille personnejle que sa
spontanéité artistique fait naître incessam-
ment dans son cerveau. Sa voix n'est pas de
celles, si pures et si belles soient-elles, qui
semblent étrangères au personnage qu'elles
interprètent, Elle ne dédaigne pas de se mêler
à lui; bien plus, elle s'y confond en un ensem-
ble des plus harmonieux.
La race, implacable et superbe dominatrice,
qui transforme tout en beauté, se trahit chez
elle dans chacun de ses gestes. Ce rôle de Car-
men, tant joué, tant commenté et si souvent dé-
naturé, elle en fait une création unique et sai-
sissante. Elle pense que ce n'est point dans
l'exaspération du vice, dans l'accentuation de la
laideur, que se manifeste l'art; elle n'a point
de. ces éclats bruyants, de ces exubérances
factices qui peuvent si facilement rendre le
personnage odieux ce n'est plus une Carmen
avilie qu'elle a imaginée, mais amoureuse,
plaintive et douloureuse; nul réalisme vul-
gaire, nulle recherche de l'effet grossier; de la
simple, de la noble poésie. Le caractère même
de sa voix participe à cet ensemble de qua-
lités infiniment séduisantes. C'est dans les
inflexions de sa voix que deviennent sensibles
les particularités dramatiques des rôles. Cette
voix est d'un timbre tout personnel; elle se
résout parfois en accents profondément im-
pressionnants, comme sauvages, où semblent
passer en rafale des tempêtes lointaines.
Son triomphe a été complet et la grande ar-
tiste, en quittant hier soir la scène, a pu d'un
coup d'œil se remémorer une carrière dont
pas une étape ne. fut indifférente. Il n'est pas
loin le temps où, enfant indolente, elle appre-
nait le chant pour se distraire, songeant rê-
veusement aux héroïnes qu'elle devait un jour
incarner. C'est hier, qu'à Bruxelles, où jus-
qu'alors elle avait été fêtée à la Cour et dans
le monde, les portes d'or de l'iconostase
d'Esclarmonde s'ouvrirent devant elle; c'est
hier que Masseriet lui prodiguait ses précieux
conseils*, que le vénéré maître Gevaert lui fai-
sait travailler les rôles qu'elle allait inter-
préter Armide, Freischiit\, Obéron, Sa-
lammbô, Sigurd, Faust, Lohengrin, Tann-
hxuser, Carmen, Cavalleria, la Navarraise,
qu'elle fit entendre dans le monde entier
l'Attaque d* moulin, Werther, Don Juan
enfin, où elle réalisa ce tour de force- de jouer
un jour dona Anna à Pétersbourg et le len-
demain Zerline à Moscou.
Les marques d'amitié les plus rares lui ont
été prodiguées
A Bruxelles, la reine Marie-Henriette daigna
assister à toutes les répétitions qui précédèrent
ses débuts. A Bucarest, sa patrie, la reine Car-
men Sylva lui dispense une sympathie tout ami-
cale. Récemment, comme Mme de Nuovina,
arrivait au palais pendant la préparation de
l'arbre de Noël destiné aux jeunes princes, la
Reine la fit asseoir dans son propre fauteuil et
récita < pour elle quelques-unes de ses plus
émouvantes poésies, après quoi elle lui servit
de ses propres mains le tait et le pain bis du
goûter traditionnel.
A Lyon et M. Vizentini s'en souvient
bien la foule assaillait les bureaux sur la
simple annonce d'une de ses représentations.
A Berlin,– où le public, en souvenir du rôle qui
l'a rendue célèbre, la nomme Anita, l'Empe-
reur lui fait dire par le comte de Hochberg
qu'il l'estime comme la Plus remarquable d'en-
tre les plus remarquables. A Moscou, la
Duse, joue en son honneur la Dame aux
camélias. A Paris, enfin, après la Kassya
qui lui servit de débuts et qu'elle interpréta
en mémoire d'une promesse faite à Delibes, le
public lui manifesta, chaque fois qu'il l'entendit,
le plus chaleureux enthousiasme. Lorsqu'elle
revint dans la Navarraise, la simple apparition
de sa silhouette provoqua cette grande houle
sympathique que bien souvent les plus remar-
quables artistes ne connaissent jamais.
Quoique rien dans la vie ne l'ait destinée à
la carrière dramatique, c'est au théâtre que le
talent de Mme de Nuovina s'épanouit le plus
complètement. Ne pensez pas que ce soit le
fruit d'un long labeur; jamais elle ne prit de
leçons de mise en scène, jamais un maître ne
régla ses attitudes. Dès le premier jour, elle
s'affirma comme une comédienne experte et
sûre.
J'ai revu Mme de Nuovina hier soir, et tous
mes souvenirs se sont soudain réveillés. J'ai
retrouvé l'artiste exquise que j'avais connue
et qu'un deuil cruel a éloigné pendant quelque
temps de la scène. J'ai retrouvé la douceur
expressive de ses traits, la caresse poétique de
ses yeux qu'un peu de tristesse vient voiler,
l'élégante sveltesse de sa silhouette indolente
à la fois et nerveuse, la passion concentrée d'un
talent fait de force et de noblesse.
Je me suis souvenu également que, partout,
le théâtre, objet de crainte des débutants,
s'était fait plus accueillant pour cette artiste
qui a su rester une femme. A Wahnfried, où
la veuve de Richard Wagner, l'aime comme
un de ses enfants, on la nomme Freia surnom
charmant et bien fait pour symboliser sa
grâce un peu farouche.
Et une phrase m'est venue à l'esprit, une
phrase qui souligne un beau portrait de Car-
men Sylva, reine, poète et femme; que celle-ci
donna jadis à Mme de Nuovina On a reçu
la voix pour chanter louanges et Plaintes au
nom de l'humanité tout entière.
Robert Brussel.
Echos
La Température
La profonde dépression que nous avons si-
gnalée hier au large de la Bretagne se ma»
nifeste par une violente tempéte du sud-ouest
sur les côtes.
Il a plu sur presque toute la France, notam-
ment à Paris, où une pluie fine n'a cessé de la
journée."
La température a peu varié depuis la veille.
A Paris, le thermomètre, à 2° au-dessous le
matin, marquait 3» au-dessus l'après-midi.
En France, le temps va rester brumeux
et à la pluie. Le baromètre, à 758mm le matin,
était à 7S4mm dans la soirée.
(La température du ic janvier 1905 était
A Paris, gelée dans la matinée thermomètre,
10 au-dessous de zéro le matin, 49 au-dessus
l'après-midi. Baromètre, 769mm. Temps au
beau fixe.)
ESPERANCES
^jy La plupart des journaux ont l'ha-
<*> bitude, quand une année finit, d'en
établir le bilan.C'est quelquefois un utile
et instructif mémento, fécond en sur-
prises. On y apprend à remettre à leur
date des événements que l'on croyait plus
lointains ou plus proches et cet in-
ventaire, où la statistique paraît tenir la
plus grande place, inspire souvent des
réflexions qui la dépassent.
Suivant l'humeur où l'on est et le ca-
ractère qu'on a, on y trouve matière à
des inquiétudes ou à des espérances gé-
néralement démenties par l'histoire. Les
jugements des hommes sont courts.
Tout n'a pas été d'aspect riant c'est
entendu dans les trois cent soixante-
cinq jours qui viennent de s'écouler.
L'esprit anarchique, encouragé par la
méthode combiste, s'y est largement
donné carrière; des grèves nombreuses
et violentes témoignent que le malen-
tendu entre le capital et le travail n'est
pas dissipé; enfin, on a craint des com-
plications pouvant amener la guerre.
Tous ces maux ne sont pas conjurés,
et cependant l'observateur impartial re-
connaît qu'il y a quelque chose de changé
en France depuis un an. La révolution,
cyniquement prêchée, a rencontré en
face d'elle un gouvernement qui n'en
est peut-être pas encore le maître, mais
qui n'en est plus le complice, et une na-
tion qui, sous les menaces du dedans et
du dehors, s'est manifestement ressaisie.
Cet heureux revirement permet d'a-
border sans tristesse une année qui pro-
met d'être décisive dans le développe-
ment de nos destinées. Il est certain que
les trois élections successives, sénato-
riale, présidentielle et législative, qui font
déjà de ce 1906 où nous entrons le plus
encombré des rendez-vous politiques,
exerceront une influence capitale sur l'a-
venir de notre pays. On y verra trois
fois, coup sur coup, de quel côté compte
s'orienter la République et ce que nous
pouvons attendre de notre effervescente
démocratie.
Cest pourquoi, à cette heure où l'on
prodigue les souhaits et les vœux, nous
croyons qu'il faut un peu en élargir le
cercle, sortir de chez soi et, au delà des
relations de famille ou d'amitié, souhaiter
surtout bonne santé à la France.
L'état de l'opinion publique, attentive-
ment étudié, exclut peut-être cette allé-
gresse que donne la certitude, mais il
nous autorise à n'apporter dans cette
bienvenue de nouvel an ni abattement,
ni découragement, ni défiance. Gaston
CALMETTE.
A Travers Paris
La bonne aventure, ô gué 1
A chaque renouvellement d'année, il
est d'usage de s'adresser aux chiroman-
ciennes, tireuses de cartes, somnam-
bules, déchiffreuses d'écritures et autres
sympathiques et infaillibles devineresses
pour leur demander de déchirer, comme
disent les poètes, les voiles impénétra-
bles de 1 avenir, et de nous pronostiquer
à coup sûr les événements, de l'année
nouvelle.
Les réponses généralement sont un
peu vagues, et les oracles assez obscurs.
Ils sont conçus de telle sorte qu'ils peu-
vent s'adapter à toutes les circonstances,
et qu'il y a toujours moyen de les justi-
fier après coup. Cette année, cependant,
une occasion exceptionnelle s'offre à la
chiromancie de s'affirmer par un coup
d'éclat. Le Congrès de Versailles va se
réunir dans une quinzaine de jours:
quel en sera l'élu? Voilà une question
ïjfllte, claire et qui ne comporte pas de
phrases à double entente ni d'énigmati-
ques développements. Le champ des
hypothèses est même assez restreint, et
bien des gens, qui ne se piquent pas de
magie, n'hésitent pas à risquer des pro-
phéties.
Pourles devineresses de profession, cet
oracle-là, surtout à si courte échéance,
ne peut donc être qu'un jeu d'enfant. Nos
sibylles modernes y trouveraient le dou-
ble avantage de raffermir la foi des fi-
dèles et d"ébranler les railleries des scep-
tiques. Il ne s'agit, somme toute, que d'in-
diquer un nom, mais il faut, autant que
possible, l'indiquer la veille et non pas le
lendemain de l'élection. C'est là, parait-il,
qu'est toute la difficulté.
Celles qui restent.
On a beau s'acharner après les « bon-
nes Sœurs », on a beau les persécuter et
même les chasser, elles ne répondent
à ces mauvais traitements que par un
redoublement de charité et de miséri-
corde. Leur seule vengeance est de se
dévouer plus encore au soulagement
de toutes les infortunes. On les a expul-
sées d'un peu partout; il en reste encore,
cependant, et celles-là, par leur zèle,
leur désintéressement et leur abnégation,
s'imposent à la reconnaissance et au res-
pect de tous.
C'est ainsi que, dans l'arrêté de fin
d'année qui confère la médaille péniten-
tiaire aux gardiens et gardiennes comp-
tant vingt-cinq années de services irré-
prochables, figure le nom d'une vail-
lante et digne religieuse, la Sœur Bertho,
surveillante au Dépôt de la Préfecture
de police. Voilà près de trente ans que
cette brave femme remplit ce pénible
métier qui la met souvent en contact
avec de bien tristes épaves. Et c'esttou-
jours avec une douceur infinie et une
évangélique. patience qu'elle prodigue
aux peu recommand ibles clientes du
Dépôt son zèle et sa sollicitude. Elle est
à la fois pour eux une.gardienne et une
consolatrice.
1:En lui décernant une récompense, M.
Dubief n'a donc accompli qu'un acte de
justice. Mais, parle temp-qui court, une
pareille mesure comporte aussi un cer-
tain courage, et nous n'hésitons pas à
en féliciter le ministre de l'intérieur,
peut-être au risque de le compromettre.
'IL Y A VINGT ANS
A quoi pensait-on à pareil jour, il y a vingt
ans? De quoi parlait-on ?
On parlait surtout politique l'élection du
Président de la République. Elle venait d'avoir
lieu. M. Grévy, l'avant-veille, avait été réélu
par 457 voix sur 592 votants.
Le ministère Brisson venait de tomber et M.
de Freycinet travaillait, disait l'/fanas, con-
cilier certaines fractions républicaines dont le
concours était indispensable à la formation de
son ministère ». (A la fin de la semaine, les né-
gociations de M. de Freycinet devaient abou-
tir MM. Goblet, Baïhaut, Sadi Carnot, De-
velle et le général Boulanger avaient accepté
les portefeuilles offerts.) La grosse préoccupa-
tion du moment était la situation du Tonkin,
où bientôt Paul Bert allait partir.
La question patriotique s'agitait sous la forme
d'une question Wagner. Jouerait-on Lohen-
grin à Paris?
Des travaux d'agrandissement étaient entre-
pris au Palais-Bourbon.
A la Porte-Saint -Martin, reprise de Marion
Delorme, avec Sarah Bernhardt, Marais et P.
Berton. (Gros événement parisien.)
Parmi les décorés du jour Théodore de
Banville, Reyer, Massenet, Danbé. « Contrai-
rement à ce qui avait été dit, M. Coquelin
n'était pas décoré. »
Le cours d'histoire de la Révolution, à la
Sorbonne, était confié à M. Aulard.
On annonçait le départ de M. Etienne pour
Nice, où il allait porter une couronne sur la
tombe de Gambetta.
Dans les théâtres, on agitait la question des
billets de faveur. « Le théâtre se meurt, décla-
raient les directeurs. Ça ne peut plus durer ».
Les Débats publiaient, de M. Renan, un
feuilleton Dialogue entre l'ange Gabriel et le
Père éternel.
Un nouveau sport.
Les Anglais, à qui tous les jeux d'a-
dresse et de force sont si familiers, veu-
lent se lancer dans une voie qui ne leur
réserve peut-être pas des triomphes aussi
faciles. L' « Union de Cambridge », puis-
sante et respectable association dont font
partie les professeurs, les étudiants et les
anciens étudiants de la célèbre univer-
sité, vient d'adresser, dans les formes
d'ailleurs les plus courtoises, un curieux
défi à l'Association générale des étu-
diants de Paris.
L'Union demande à l'Association de
désigner deux de ses membres'qui se
rendraient à Cambridge pour discuter,
en assemblée solennelle, sur un sujet
choisi, avec deux des membresdel'Union.
Un mois plus tard, deux Anglais vien-
draient à Paris pour discuter, à leur tour,
avec deux camarades français. Le défi a
été accepté, et la première « manche se
jouera à Cambridge le 20 février pro-
chain. Le débat, que présidera le rec-
teur de l'université, portera sur la ques-
tion de savoir si un gouvernement peut
déclarer la guerre sans le consentement
du peuple. Les orateurs parleront dans
leur langue maternelle. Un mois après.
en mars, les étudiants de Cambridge
viendront à Paris, et la deuxième ren-
contre aura lieu en Sorbonne.
Il est permis d'espérer pour noacham-
pions un plus éclatant succès qu'en ma-
tière de tennis, de polo et de golf. L'élo-
quence est une arme nationale que la
plupart des Français manient avec la
plus redoutable facilité. L'épreuve, de
toute façon, sera assez originale, et, par un
côté tout au moins, elle pourra être d'un
heureux secours en matière parlemen-
taire. Si dans les débats publics les ora-
teurs prenaient l'habitude de ne pas par-
ler la même langue, ils arriveraient peut-
être plus facilement à s'entendre. -•'
LE MONSIEUR QUI
DÉCIDÉMENT « N'EN DONNERA PLUS »
II en a assez. Il est à bout de patience et de
force, et c'est bien la dernière fois qu'il « en
donne ». Il s'est levé hier matin deux heures
plus tôt que d'habitude, afin de rédiger ses
cartes, et de mettre la dernière main à ses pa-
quets, et d'arrêter l'itinéraire de ses courses.
Il a pris un cocher maussade, s'est affalé dans
un fiacre sans bouillotte, et de onze heures à
midi, puis de deux heures à six heures, a roulé
sous la pluie et dans le froid, stoppant, de
dix en dix minutes, devant une des maisons où
sa visite était attendue, et son paquet aussi.
Et il a vu son pauvre sac de marrons rejoin-
dre sur une table un amoncellement d'autres
sacs de marrons, et son* chocolat s'ajouter à
d'autres chocolats, bêtement. Il a eu l'im-
pression d'accomplir une formalité nécessaire
dont on ne lui savait que peu de gré il a en-
tendu blaguer un peu, çà et là, la façon
malheureuse dont X, Y ou Z choisissent les
cadeaux qu'ils donnent, et il a pensé que tout
à l'heure on en dirait autant des siens. Il se
dit qu'il est temps de protester contre une
mode si niaise, si ruineuse surtout. Il ne veut
plus être dupe. Il ne donnera plus d'étrennes,
jamais.
.A moins qu'en décembre 1906 une vague
peur de « se singulariser ne le prenne et
que, plus furieux encore qu'il ne l'était hier
mais pour «• faire comme tout le monde »,
il ne se résigne de nouveau à acheter des
jouets qui n'amusent point, des cigares qu'on
trouve médiocres, des bibelots qu'on critique
et des bonbons qu'on ne sait où fourrer, « tant
on en a reçu ».
Et il s'y résignera, le malheureux. Il faudra
bien qu'il s'y résigne!
La moralité d'un scrutin.
L'élection législative qui a eu lieu di-
manche dernier à Toulouse n'a pas sa-
tisfait les radicaux-socialistes. Ils sont
vainqueurs, mais ils nesont pas contents.
Et il faut reconnaitre qu'il y de quoi. En
effet, la très maussade façon dont le
candidat socialiste unifié» s'est retiré
après le premier tour de scrutin a porté
ses fruits, des fruits un peu gâtés, au
goût de nos radicaux-socialistes.
Leur champion, M. Couderc, avait ob-
tenu au premier tour 6.231 voix, et M.
Ellen-Prévost, le socialiste unifié, 4,767.
Si donc, comme l'exigeait la discipline,
ces deux chiffres de voix s'étaient addi-
tionnés au ballottage, M. Couderc aurait
dû être élu avec 10,998 suffrages. Or, il
n'en a eu que 7,769, ne gagnant, entre
les deux tours de scrutin, que i,5:38 voix.
Il y a donc eu 3,229 électeurs de M. Ellen-
Prévost qui ont fait défaut!
Où sont-ils allés? Ce n'est pas nous
qui pouvons le deviner, et, à dire vrai,
cela ne nous importe guère. Ce qui est
intéressant, c'estla façon dont les socia-
listes comprennent leur devoir de dis-
cipline vis-à-vis des radicaux. S'ils le
pratiquent ainsi aux élections générales,
on est en droit de s'attendre à d'assez
joyeuses surprises. Et il est naturel qu'a-
vec de tels alliés le parti radical n'envi-
sage cet avenir très prochain qu'avec une
médiocre confiance.
La mansarde de Gambetta.
Les amis de Gambetta vont aujour-
d'hui, comme chaque année à pareille
date, faire leur pèlerinage aux Jardies et
parer de fleurs la chambre où mourut le
célèbre homme d'Etat.
Se doutent-ils que la première man-
sarde qu'il habitait à Paris alors qu'il n'é-
tait qu'un tout jeune avocat existe en-
core, et telle que Gambetta la connut?
C'est un billet autographe de ce der-
nier, adressé le 17 décembre 1866 à Le-
fèvre-Pontalis et portant au-dessous de
la signature de Gambetta son adresse,
« 45, rue Bonaparte », qui nous l'a fait
retrouver.
Nous nous sommes rendu à la maison
indiquée et on nous y a montré le loge-
ment qu'y occupait à cette époque le fu-
tur grand homme c'est une pauvre
chambrette mansardée, en façade sur la
place Saint-Germain-des-Prés car la
maison fait angle sur la rue Bonaparte
et cette place,– et de la petite fenêtre de
cette mansarde on aperçoit émergeant
des toits au loin les pavillons du Louvre
derrière lesquels s'élève aujourd'hui le
monument élevé à- la mémoire du petit
avocat qui habitait là il y a quarante ans.
Décidément les graveurs triomphent.
On se rappelle avec quelle énergie cette
honorable corporation protesta l'an der-
nier lorsqu'on parla de renoncer à l'usage
falot qui consiste, le 1er janvier, à échan-
ger des cartes sans résultat.
Le projet paraissait sage, mais il fit
sur les imprimeurs et graveurs une
déplorable impression. Ces messieurs
protestèrent au nom de la vieille courtoi-
sie française et assurèrent q ue la planche
à graver était, pour elle et pour eux, la
planche de salut.
Aussi le jour de l'an est-il resté le jour de
la carte forcée. Les petits carrés cornés
s'amoncellent toujours chez les concier-
ges et provoquent en eux cette fâcheuse
humeur annuelle que tout un chacun a
remarquée chez ces fonctionnaires dès
le matin du 2 janvier.
11 est vrai de dire que, ce jour là,
coïncidence singulière, les locataires
ont achevé de verser les étreunes. Et
quand les étrennes sont versées»., il ne
reste plus qu'à les boire.
Allons:nous voir,. en .1906, une petite
révolution se produire dans les usages
de la correspondance commerciale et
mondaine?
On sait qu'un règlement, vieux déjà
de quelques années, a supprimé des
lettres, instructions et notes de service
échangées entre militaires toutes les
formules.de politesse dont jadis un pro-
tocole minutieux prescrivait et réglait.
l'emploi, et que cet exemple, en quel-
ques administrations civiles, a été suivi.
Un des plus importants commerçants
de Paris à pensé qu'une si sa;e leçon ne
devait pas être négligée par les hommes
d'affaires. Il s'est rappelé le, proverbe an-
glais, Time is money,– et que, perdre son
temps, c'est, en effet, s'appauvrir. Or les
salutations épistolaires nous en font per-
dre un peu tous les jours. Les Anglo-
Saxons l'ont compris: à « l'expression
de nos" sentiments les plus distingués» »
ils ont préféré le Yours, bref comme
le geste du doigt au chapeau, et qui
suffit, en Angleterre, à tout le monde.
Notre compatriote a trouvé mieux
encore il supprime de sa correspon-
dance toutes formules de politesse, et
son papier à lettres porte, au-dessous de
l'en-tète commercial, une note imprimée
qui dit à peu près ceci « Nos correspon-
dants ne trouveront au bas de cette
lettre aucune salutation nous les prions
de nous en excuser, et de marquer qu'ils
nous approuvent, en se dispensant eux-
mêmes, à l'avenir, de nous saluer. »
Il paraît que cette innovation a le plus
grand succès dans les milieux commer-
ciaux, industriels et financiers, et que
les « salutations empressées » vont de-
venir, en 1906, quelque chose d'aussi dé-
modé que les cartes de visite 1
Hors Paris
Un ingénieux régisseur de théâtre
viennois a trouvé le moyen de résoudre
la question de la claque au théâtre. Il
garde la claque, mais il supprime les
claqueurs dont l'office est rempli par
des sacs'de cuir gonflés d'air qui, vio-
lemment frappés l'un contre l'autre, imi-
tent à s'y méprendre le bruit des applau-
dissements.
Hibilement dissimulés dans divers en-
droits dé la salle, le.sdits sacs applaudis-
sent au commandement du régisseur qui
n'a, pour faire exécuter ses ordres,. qu'à
presser sur un bouton électrique.
A quand la claque électrique dans nos
théâtres parisiens ?
Nouvelles â la Main
̃–Les conseillers municipaux de Brest
viennent de supprimer pour la deuxième
fois le budget des pompiers.
Les plus sapeurs des deux ne sont
point ceux qu'on pense.
M. de Pressensé et sa ligue viennent
de prendre en main l'affaire du sous-
préfet de Joigny.
Comment! ils trouvent donc qu'on
peut battre les femmes?
Au nom des « Droits de l'homme ».
Le Masqua de Fer.
-rm
DEMAIN ̃ ;v
Par fil spécial"
Dessins d'Albert GUILLAUME
Vers l'Elysée
LES CANDIDATS DE DEMAIN
Les échos parlementaires ont déjà lancé
dans la foule les noms des hommes politiques
que le-ars partis ou seulement leurs amis dé-
signent aux choix du Congrès qui se réunira
à Versailles, le 16 janvier prochain pour l'é-
lection du nouveau Président de la Répu-
blique.
Ces noms, chacun les connaît c'est celui
de M. Fallières, président du Sénat; de M.
Doumer, président de la Chambre; de M.
Léon Bourgeois, ancien président du Conseil
et de la Chambre, de M. Paul Deschanel, de
M. Peytral, de M. Sarrien, de M. Ribot, de
M. de Freycinet, d'autres encore.
Il n'y a rien à apprendre au public sur la
personnalité politique de ces maréchaux de la
politique militante. Mais ce qui est moins
connu et même pour certains, ce qui est
complètement ignoré, c'est leur psychologie,
leur caractère, leur vie intime, ce qu'ils
ont manifesté d'eux-mêmes, depuis leur en-
fance lointaine, devant leurs amis adoles-
cents, et ce qui dure toujours de leurs an-
ciens goûts et de leurs vieilles habitudes.
Mon but a donc eté, dans les quelques por-
traits dont le Figaro m'a chargé, de recueillir
aux sources mêmes de leur enfance et de leur
intimité, les traits les plus propres à depe.n-
dre l'âme vraie, le caractère réel des hommes
qui briguent le lourd honneur de présider aux
destinées de la France. Je ne me crois pas
le droit de poinçonner de si illustres person-
nages, m'attachant seulement à noter le plus
consciencieusement possible les empreintes
laissées par eux dans la mémoire de leurs
amis, et je voudrais pouvoir dire de leurs
adversaires.
M. FALLIÈRES
Allez à Agen, chef-lieu du départe-
ment où est né M. Fallières, qu'il repré-
sente au Sénat, on vous dira, si vous
questionnez les gens sur ses goûts pré-
férés
M. Fallières aime ses vignes.
A Nérac, dont il fut l'avocat, le maire,
le député, ses anciens amis, devenus ses
adversaires, vous diront
M. Fallières aime ses vignes.
A Mézin, où il est né, à Sos, où de
meurent ses meilleurs amis et ses confi-
dents les plus intimes, à Loupillon, où
se trouve sa propriété, partout où vous
Interroge-raz ses compagnons d'enfance,
ses serviteurs, les gens qu'il voit à cha-
cun" de ses voyages;' vous recueillerez ce
cri
̃ Ses vignes, ses vignes avant tout-
Oui, il aime ses vignes etcela se com-
prend. Il.ya vingt ans, le phylloxéra avait
ravagé tout le vignoble,il n'y avait plu.
un pied de vigne en terre et les proprié-
taires étaient obligés d'acheter leur vin
très cher. M. Fallières. à force d'énergie.
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