Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1906-01-01
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 janvier 1906 01 janvier 1906
Description : 1906/01/01 (Numéro 1). 1906/01/01 (Numéro 1).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k287213b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
82ê Année 38 Série N' t
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Lundï 1er Janvier 1906
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« Loué par ceux-ci, blâmé par cenx-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
da rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Bbaumabchais.)
s o;3^c tsjl .A. 1 :r,:e
te Jour de l'An: Ls Passant.
La Vie de Paris -.Borne année Xavier Roux.
Notre climat ch&nge-t-il J. Loisel.
tes événements r/e Russie La situation ? Ivan.
A l'Etranger Avant la conférence Eugène
Lautier.
Dessin Puériculture antimilitariste Garan
d'Ache.
Journaux et Revues André Beaunier.
Je guéris tout LE vieux médecin.
A l'Hôtel de Ville Jan ville.
La Vie littéraire: Marcel, Ballot.
Trente Ans de théâtre.
Feuilleton: L'Incendie: Edouard RoD.
Le Jour de l'An
Il n'y a pas de jour qui soit à la fois
plus mélancolique et plus joyeux, parce
< qu'il n'y en a pas où le passé se mêle si
étroitement à l'avenir. Ce n'est pourtant
là qu'une distinction bien arbitraire.
Chaque autre jour de l'année a, lui aussi,
une veille et un lendemain. Les quelques
heures qui sépaïftfft deux années^-eoioe-
elles ne sont pas plus longues que d'au-
tres heures. Et cependant on a l'impres-
sion d'une séparation formidable, d'une
sorte de grand saut qu'on fait en avant.
Les souvenirs les plus immédiats, datant
à peine de, la semaine passée, ou même
d'hier, semblent ss perdre déjà dans une
lointaine brume. On y pense comme on
relit un livre qu'il va falloir rendre le soir
même. On saute les pages qui n'ont pas
plu on s'attarde à celles qui vous char-
mèrent. On veut que ces dernières aient,
une suite; on espère que les autres ne
se reproduiront plus. Avec l'âge, cepen-
dant, l'habitude aurait dû nous donner
quelque expérience. D'année en année,
nous aurions dû finir par comprendre
qu'en douze mois révolus on rencontre
toujours à peu près la même somme de
joies et de tristesses, de satisfactions et
de déceptions. La terre tourne avec la
régularité d'une roulette. Il y a des sé-
ries rouges et des séries noires, mais, au
bout du compte, dans un laps de temps
déterminé, il se trouve que tous les nu-
méros sont sortis aussi souvent l'un que
l'autre.
Il n'y a, pour en être sûr, dans toutes
nos récapitulations de jours de l'an, qu'à
,jeter un couj^d'cnil sur ces inventaires:
de fin d'arinoe otiTes journaux rê'rev^ÏÏÎT*
en bien et en mal. tous les événements
saillants, actions d'éclat, faits d'héroïsme,
catastrophes, décès, succès et fours, fo-
lies ou sagesses, heurs ou malheurs.
Le bilan finit toujours par s'équilibrer,
et c'est un grand bien, somme toute, car
nous aurions autrement de trop rudes
secousses. La seule fois, dans l'histoire
du monde, où il y ait eu sept années de
vaches grasses, il est arrivé, tout de
suite après, sept années de vaches mai-
gres, et la déconvenue n'a dû en être que
plus terrible. Mieux vaut donc être plus
modestes, et doser nos peines et nos
joies de manière à trouver toujours,
bon an, mal an, un petit bénéfice.
Nous savons bien que l'idéale année ne
se produira jamais, mais notre vie se
passe à l'attendre, et chaque ier janvier
doit nous rapporter pour nos étrennes
«Demain, disait le barbier, on rasera gra-
tis «Demain, dit la destinée, nous aurons
le bonheur parfait. Et la foule sourit de
confiance à chaque nouveau millésime
qui vient s'inscrire au calendrier.
On fait fête à l'année qui s'ouvre. Avec
nos instincts de courtisans, nous l'acca-
blons de toutes les flatteries, nous lui
découvrons d'avance toutes les qualités.
N'est-ce pas elle qui va régner pen-
dant douze mois, et à qui, chaque jour,
nous aurons affaire ? L'autre, sa de-
vaucières a fini son temps. Elle ne peut
plus rien pour nous, et nous ne lui mé-
nageons alors ni nos .critiques ni nos
dédains. Ce n'est pas très juste ni même
très prudent, car on sait ce qu'on perd, et
on ne sait jamais ce que l'on aura. Et puis,
vraiment, elle ne nous a pas été si mau-
vaise. D'abord, nous avons vécu, ce qui
est bien quelque chose dans la vie. Nous
sommes entourés d'assez de maladies et
de fléaux poijtr que l'existence puisse être
considérée comme une bataille. C'estdonc
un joli résultat, déjà, de se retrouver au
rendez-vous.de la Saint-Sylvestre, plus
vieux d'un an sans doute, mais tout prêts,
cependant, àafîronter une nouvelle étape.
Que de gens, depuis le dernier appel, ne
sont-ils pas restés en route Que de pa-
rents, que d'amas, de camarades n'ont-ils
pas disparu 1
C'est là la grande mélancolie d'un pa-
reil jour. Ori y fait le relevé de ses per-
tes. On se reporte au jour pareil de l'an
passé. On cherche autour de soi des
visages que l'pn ne trouve plus. Celui-ci
à qui l'on avilit souhaité une bonne et
heureuse année n'est pas seulement allé
jusqu'au premier trimestre. Cet autre, si
plein de vie et-de santé, n'a pas pu, lui
non plus, suivre le train. Si les morts
vont vite, les vivants ont bien l'air de
leur courir après. Ils ne font que pas-
ser, et ils n'oni guère le temps de s'at-
tarder aux misères du chemin, sur-
tout aux misères des autres. Un sou-
venir donné su passé, et puis, vite
en marche pour l'avenir 1 La date de
l'année est chtigée il n'en faut pas
davantage poi.i% que nous nous figu-
rions que tO'iï change avec- elle. Cha-
que matin de nouvel an, nous subis-
ses le pLenuirscne bien connu de
l'homme qu i $Vn Vu. ïû voyage. Jusqu'à
Ir veille du déjs''i"iharqa«1! 'I a été p/ par mille occu-
]-dl'ons. par lille souris, Il a encore
1 ̃.̃(̃' l vom cinquante af-
.4>e ;t nuulié d'écrire de«
k..rc->, de importantes recoin-,
mandations. Il ne sait plus comment se! i
tirer de là.
Mais le sifflet de la locomotive a re-
tenti, le train va partir, il faut sauter en t
wagon. Et, au bout de quelques tours de
roue, le voyageur se sent déjà plus rassé-
réné. Ce qui est fait estfait, il n'y peut plus
rien. Il ne lui servirait de rien de se tour-
menter encore davantage; le train ne
s'arrêterait pas pour cela. Et alors il ne
songe plus a ce qu'il laisse en arrière il
oublie, pour un moment du moins, les
tracas et les ennuis. Il se laisse aller à
l'attrait du nouveau, au charme de l'in
connu. Il regarde le paysage; il lit un
livre et il s'endort. C'est dans le même
état d'âme que nous abordons, je crois,
toute année qui vient. Paris, ce jour-là,
a une ressemblance de plus avec l'en-
fer il n'est pavé que de bonnes in-
tentions. On se promet ceci, cela; on
conçoit les plus belles espérances on
prend un nouveau billet pour la loterie à à
laquelle on n'a pas gagné jusqu'ici. On
est, d'ailleurs, de très bonne foi; on croit
sincèrement qu'on pourra faire peau
neuve, et qu'on deviendra, du soir au
matin, un autre homme que celui qu'on
était.Pour beaucoup, même, une certaine
superstition s'attache au jour de l'an.
On dit aux petits enfants: «Tu sais, si
tu pieures aujourd'hui, tu pleureras
toute l'année » Et à force de le dire
-e«s-«9«-fan'ts, les hommes ont fini par
le croire. Ils sont, ce jour-là, déli-
cieusement fraternels. Ils ne s'abor-
dent qu'avec de gentilles paroles. Ils
échangent des vœux, des poignées de
main, des accolades. Il est dommage
qu'ainsi que dans la jolie légende, tous
les mots qui s'envolent, en ce jour, ne
gèlent pas dans l'air vif, pour se fondre
ensuite, au printemps. On serait peut-
être étonné de les réente.ndre à ce mo-
ment-là
**#
D'autant que le printemps, l'exquise
saison que la nature a parée de tant de
grâce, n'apporte pas toujours la joie et
la paix parmi les hommes. Quand il
s'agit de s'adresser des vœux entre soi,
on est souvent bien embarrassé on a
le choix entre la santé, la richesse, le
bonheur, la gloire, et l'on s'en tire gé-
néralement en formulant tous ces sou-
haits à la fois. Mais les vœux que l'on
peut échanger de peuple à peuple-sont
forcément plus limités, et il n'y en
a qu'un, à franchement parler, qui
compte il n'y a qu'à se souhaiter la
paix, ou, mieux encore, à se la laisser.
-Ayons, à cet égard, un peu de gratitude
̃"pérîT-l'amiée qui s'en va. Elle nous a oc-
casionné, un moment, quelques soucis.
Elle nous a mis brusquement en présence
d'éventualités que nous ne pensions
guère à envisager. Ne songeant à mena-
cer personne, il ne nous venait pas à
l'esprit que nous pussions jamais être
menacés. De jour en jour, et à plus
forte raison d'année en année, on ap-
prend toujours quelque chose. Il nous a
élé révélé que les conflits peuvent naître
sans qu'on y soit pour rien, et qu'il
n'y a pas que la 'fortune qui vienne en
dormant.
C'est là un service que nous aura
rendu le pauvre vieil an déjà mort
et enterré. Il a montre aussi qu'à de
certaines heures, il n'y a plus de place
en notre pays, pour les mesquines que-
relles de parti. L'épreuve, à ce point de
vue, a été bonne, mais demandons à
l'année nouvelle de ne pas pousser plus
loin la démonstration. On peut d'au-
tant mieux parler de ces choses que le
ciel, en ce moment, paraît plus sou-
riant. Et quelle autre heure pourrait-
on choisir pour en parler que celle des
congratulations et des vœux? « Que la
paix règne entre les hommes! » C'est] 1
une parole qui a été dite il y a bien des 1
siècles, avant même qu'on célébrât les I
premiers de l'an. Elle résumait de la
façon la plus simple les vœux très
abondants que l'on a adoptés depuis.
Elle était très sage et très bienfaisante.
C'est peut-être la raison pour laquelle
on ne l'a pas toujours écoutée. Mais
c'est la raison aussi pour laquelle il'faut
toujours la redire.
Le Passant.
LA VIE DE PARIS
BONNE ANNÉE!
A- Madame la Vieille Anrtée.
Disons adieu, vite, en passant,
Car son coucher, couleur |e sang,
Depuis longtemps l'a condamnée.
Que la fourrure des hivers il
Cache ses derniers jours mproses 1
Qu'on l'enterre parmi des proses
L'An défunt n'a pas droit aux Vers I
1
Vraiment, il ne mérite guère
Les hommages d'un bout de l'an.
Il est bien simple son bilan
La boue ici, là-bas la guërre.î
Ses moindres comptes sont caquets
Et mériteraient vingt censure^ 1
Pa$ de baisers, mais des morsures
Pa| de chansons, mais des hoquets.
Sat prata. L'an sur qui l'on 4aube
Neipeut compromettre celui
Pour lequel nul soleil n'a lui.
Tout l'espoir est permis à l'aube 1
La croyance è:i $ay§ ,̃ ^>e>>s s
Est la. seule philosophie
Capus fait bien quand il.se fie
Aux avatars de temps meilleurs.
Or, cette aube peut être belle
Et d'une sereine clarté
Si, contre la loi de Bonté,
Aucun de nous ne se rebelle.
Donc, mesdames, ylus un potin 1
Aux mcà' ̃
Petits pou.. •
Commu le fut le i;rcxnd Potin J
Vous, taisez-vous, le vilain groupe
Des sots, faiseurs de sobriquets,
Vils amadous de vils briquets 1
(Ils diraient briquets à la houppe !)
Vous savez que vos à peu près,
Dont seuls vous savourez les charmes,
Sont de bien méprisables armes.
On rit avant, on pleure après.
Redoutons la fâcheuse engeance
Des malins trop intelligents.
Le véritable droit des gens
Nait et finit à l'indulgence.
Dans le temple où qui parle ment,
Qu'on ouvre grande la fenêtre
Pour qu'un peu de clarté pénètre
Chez nos élus du Parlement;
Pour que la sagesse, certaine,
Parmi des hôtes assagis,
D'y trouver enfin son logis,
Abandonne la pretantaine I
Et que vienne le bon semeur,
Portant la graine salutaire
Qui fécondera notre terre
Où pas un espoir ne se meurt.
n
Mais je sens qu'un ton de Sorbonne
N'est pas de mise en ce moment.
Permettez, lecteurs, simplement,
De vous la souhaiter bien bonne,
Car nous sommes aux jours charmants
Où, justement préoccupées
De châteaux forts et de poupées,
Règnent nos cheres grand'mamans.
Xavier Roux.
Échos
La Température
La pression barométrique s'est relevée rapi-.
dement sur le centre et le nord du continent
la hausse dépasse 20mm sur l'Allemagne où
l'on notait 776mm a Hambourg. Hier, à Paris,
vers midi, 5581111114.
Une profonde dépression persiste au large
de l'Irlande et de la Bretagne elle amène une
tempête du sud-est â l'entrée de la Manche,
où la mer est houleuse.
Des pluies sont tombées sur le centre et
l'ouest du continent; en France, il a plu à
Dunkerque, à Belfort, à Brest et à Nantes.
La température s'est beaucoup abaissée sur
nos régions du nord et de l'est. Hier matin, à
sept heures, le thermomètre marquait à Paris
30 au-dessous de zéro et 20 au-dessus à cinq
heures du soir. On notait 8» au-dessus à Brçst.
14° â Alger ij^aa-duàboua a Belfort/ '30 'au.
puy de Dôme, 6° au mont Ventoux; en Rus-'
sie 230 à Arkhangel.
En France, le temps va rester nuageux et
froid dans le sud et .l'est; des averses sont
probables dans l'ouest. Le soir, le baromètre
était ù 766mm. n
(La température au 31 décembre 1904 était
Neiges et pluies sur presque tous le continent.
A Paris, thermomètre 20 au-dessus de zéro
le matin, 80 l'après-midi. Baromètre 76omm
dans'la matinée, 761mm le soir.)
Du New York Herald:
A New-York Temps beau le matin, après-
midi couvert. Température masima*, 50 mi-
nima, 2°. Vent de l'ouest assez fort. Baro-
mètre, sans tendance.
A Londres Temps nuageux. Température
maxima, oo; minima, 20; Vent du sud-est,
assez fort. Baromètre, 766mm.
A Berlin Temps nuageux. Température 30
(à midi).
a.
A Travers Paris
L'ambassadeur d'Allemagne et la prin-
cesse de Radolin, venant de Berlin, sont
arrivés hier à Paris à six heures du soir,
le train ayant eu deux heures de retard.
M. de Flotow, chargé d'affaires, et les
membres de l'âmbassade d'Allemagne
étaient allés à leur rencontre.
L'ambassadeur, un peu fatigué de son
voyage et devant dépouiller un volumi-
neux courrier, a dû défendre sa porte
aux personnes qui étaient venues pour
le voir.
Le prince et la princesse de Radolin
ont retardé de quelques jours leur départ
de Berlin pour se rendre au dîner intime
auquel LL. MM. l'empereur et l'impéra-
trice d'Allemagne les avaient conviés avec •
le baron deRichthofen, secrétaire d'Etat
à l'office des affaires étrangères.
Le prince de Radolin, très satisfait de
son court séjour à Berlin, reprend au-
jourd'hui même ses fonctions; il prendra
part à la réception du corps diplomati-
que qui aura lieu à l'Elysée à l'occasion
du jour do l'an.
Le Président de la République vient
de faire remettre à M. Mabilleau, direc-
teur du Musée social et président de la
Fédérationïdes mutualistes, une somme
de soixante-sept mille deux cents francs,
représentait le reliquat de la souscrip-
tion qui avait été ouverte par les diverses
sociétés de mutualité pour lui offrir un
objet d'art.
Ce don, ainsi que M. Loubet en ex-
prima le désir lors de la cérémonie
organisée le mois dernier au Trocadéro
par la Fédération, sera affecté au déve-
loppement de l'oeuvre de l'Orphelinat
mutualiste français.
Le Vatican et le Quirinal.
La séparation de l'Eglise et de l'Etat,
que nous devons à la malfaisante et im-
prévoyante initiative du ministère Com-
bes, n'aura pas seulement trouble, de la
façon la plus profonde, les rapports tradi-
tionnels entre. Paris et Rome. ©ll^fsff^
aussi modifié le caractère (^H^hvsin
mie d'un certain impiété' de solennités"
protocolaires dont M plus imnortonS
était justement celle duPpremie?de i%n
Ce matin, par exemple, à la récent io
officielle. de FElysée, ce n'est E
nonce qui exprimera au chef de IV ?'i
vœux du corps diplomatique. Le "̃->'
a été depuis eiJiï,,mps rappelé^ ï • 'i^J.
I.i3ura désormais des représentants dans
les pays les moins orthodoxes. Et peut-
être n'en aura-t-il plus dans la France
catholique: la logique de nos sectaires
l'aura voulu ainsi
Ce n'est donc pas le nonce qui mar-
chera, cette année, à la tête du corps
diplomatique. Par une piquante coïnci-
dence, cet honneur, qui appartient de
droit au doyen des ambassadeurs, re-
viendra, dans la circonstance, au très
sympathique et éminent représentant de
l'Italie, M.'le comte Tornielli. De sorte
que c'est de Rome, tout de même, que
partiront les vœux diplomatiques du
nouvel an. Seulement, c'est la voix du
Quirinal qui se fera entendre, et non plus
celle du Vatican.
Les fleurs du souvenir.
M. Eugène Etienne, ministre de la
guerre, doit partir ce soir pour Nice,
afin d'aller y porter, comme tous tes ans,
une couronne sur la tombe de Gambetta.
On sait que M. Etienne fut un des plus
intimes amis de l'illustre patriote, et
qu'il l'assista, jusqu'à sa dernière minute,
à son lit de mort. Il n'a pas manque, de-
puis lors, d'accomplir, chaque année, le
pieux pèlerinage qu'il fait encore au-
jourd'hui, etc'est lui qui, à chaque anni-
versaire, va déposer, au nom des amis de
Gambetta, les fleurs du souvenir sur le
petit mausolée du cimetière de Nice.
L'absence du ministre de la guerre ne
durera pas plus de quarante-huit heures.
Il sera accompagné, dans ce court
voyage, d'un de ses officiers d'ordon-
nance, et, par un sentiment bien naturel,
M. Etienne a choisi, pour cette circons-
tance, le capitaine Jouinot-Gambetta, un
jeune officier de valeur, neveu du célè-
bre homme d'Etat. et que le ministre de
la guerre, qui le connait de longue date,
a attaché à sa personne en arrivant au
ministère.
Une retraite bien employée.
La médaille d'or de l'Assistance publi-
que, qui est la plus haute distinction que
puisse décerner le ministère de l'inté-
rieur aux personnes qui se dévouent aux
œuvres d'assistance, aura, cette année,
un titulaire qui l'honorera, on peut le dire,
autant qu'il sera honoré par elle..
C'est, en effet, à M. Casimir-Perier,
ancien Président de la République, que
M. Dubief, ministre de l'intérieur, a dé-
cidé d'attribuer cette récompense, si ra-
rement accordée, comme un témoignage
de la gratitude du gouvernement pour
le noble et infatigable dévouement que
M. Casimir-Perier ne cesse d'apporter
aux oeuvres d'assistance et de bienfai-
sance. Depuis qu'il a quitté le pouvoir,
avec la simplicité et la dignité que
l'on sait, M. Casi mir-Perier n'apas trouvé
de meilleur usage de son activité et
de son temps que de s'employer, avec
toute son intelligence et toute son au-
torité, au développement de toutes les
entreprises de charité, d'hygiène et de
solidarité. Son action s'est fait notam-
ment sentir, de la manière la plus pré-
cieuse, au Comité international des con-
grès d'assistance publique et de bien-
faisance privée, et à l'Alliance d'hy-
giène sociale dont il est le président très
zélé et très dévoué. C'est là, de la part
d'un homme qui fut tant attaqué par les
socialistes, une façon, autrement élevée
et pratique, de contribuer à la solution
de la question sociale.
C'est aussi une noble manière de prou-
ver qu'on peut faire de grandes et belles
choses en dehors de la vie publique, et
que, pour certains hommes, la retraite
et l'effacement volontaires n'ont rien de
commun avec le repos.
Une vieille histoire.
Il est encore question de l'affaire
Franco. C'est pourtant une vieille histoire
puisqu'elle remonte à l'année dernière.
Mais c'est quand les histoires sont deve-
venues ennuyeuses que certaines gens
s'amusent à les recommencer.
C'était M. Loup, député de Joigny, qui
s'occupait jadis de cette affaire. Mais M.
Loup est rentré au bercail. Et c'est main-
tenant M. Francis de Pressensé qui apris
en main les intérêts de M. Franco. Est-ce
en qualité de député du Rhône? Pointdu
!tout! C'est comme président de la Ligue
des droits de l'homme et du citoyen. Il
parait que les « droits de l'homme et du
[citoyen » ont été lésés par la révocation
de M. Franco, et que cette mesure admi-
,nistrative a compromis toutes les conquè-
|tes de la dévolution française.
Le cas paraissait pourtant assez sim-
ple. Le ministre de l'intérieur, usant
d'un droit absolu, avait « remplacé » M.
Franco à la sous-préfecture de Joigny.
Ce dernier, au lieu de s'incliner, sauf à
faire valoir ensuite toutes les considéra-
tions qu'il croyait pouvoir invoquer,
s'est mis en rébellion contre la décision
ministérielle, et il a fallu faire appel à la
gendarmorjc pour l'expulser de la sous-
jpr<;feetiaagaftpj,r ce scandale public, il a
'été n''V0S^^B|' ̃'̃ n a pas un ministre
qui eût HK l'exception,
parait-il/cH^p. ""̃ qui montre
ainsi les belles- ugiiiui;. •̃ le
gouvernement!
M. Franco paye la faute de s u-rV. \>x,
[mal conseiller, mais il aurait dû se mon-
îtrer plus perspicace. Ses protecteurs ne
{doivent pas avoir grande confiance en
son affaire, puisque, après avoir menacé
ciel et terre, ils .nfinterpelleatà ce sujet
que lorsque les chambres sont en va-
cances. L'ex-sousf préfet peut. constater
une fois de plusîla vérité du proverbe
qui dit que les conseilleurs ns sont pas
Jes payeurs.
~<
Â$and les beaux pompiëff vont, à
l'exer§ce'" contents, '-mais ja-
he~ r~ant 1 ,p~' con ens, ;ma,ls a.
m^;<. a,îtant quèvîe'31 décembre, lorsque
l de service les appelle dan, un
••̃ de Paris. -̃
succès il faut absolument embrasser un 1
pompier dans la première minute de j l,
l'année nouvelle.
Aussi ces soirs-là nos braves pom-
piers de service arrivent sur la scène
frétillants et bion astiqués. Leur casque
brille, leur moustache se rebiffe. Et je
ne sais quelle majesté en leur aspect
martial laisse paraître qu'ils se sentent
pour un jour les mystérieux intermé-
diaires de la Destinéel
De ces jolis baisers de comédienne
qui effleurent a minuit leurs joues bien
rasées les pompiers de Paris gardent
peut-être quelque trouble; des feux s'al-
lument qu'ils ue sauraietit éteindre.
Mais tou, de même ils ne donneraient
pas leur soirée pour deux galons.
A l'une des dernières séances du
Conseil municipal, M. Quentin-Bau-
chart a fait prendre une délibération in-
vitant l'administration à apporter dès la
prochaine session un projet d'agrandis-
sement du musée Carnavalet. 'Cette déli-
bération porte que -dans la% nouvelle
construction seront, utilisées les'admira-
bles fresques de l'escalicr de l'hôtel de
Luynes, achetées par la Ville lors de la
destruction de cet hôtel.
Voici pour M. Georges Cain du pain
sur la planche.
PETITES CURIOSITÉS
Jamais la croyance à la «Veine ne rencon-
tra de plus ingénieux adeptes qu'en nos jours
sceptiques. Aussi les commerçants du boule-
vard, qui sont de subtils psychologues, ont-ils
multiplié, en cette fin d'année, les fétiches
de toutes formes et de tout poil. On' en voit
d'hétéroclites et de naïfs, de barbares et de per-
vers, et tous trouvent preneur, surtout les plus
modestes. Car il est fort agréable de conner
pour le jour de l'an à son prochain, un morceau
de fer à cheval trouvé sur la voie publique ou
un fétu de paille arraché d'une voiture de grai-
netier. Avec une lettre d'envoi bien tournée où
l'on explique que le peu de prix de l'objet est
largement compensé par sa haute valeur
hermétique, on arrive à réduire dans des pro-
portiôns extraordinaires le redoutable budget
1 des étrennes.
Les joailliers, eux, restent persuadés que les
fétiches ne sont puissants qu'à condition d'être
de pierres rares. Ils ont même lancé la mode
des porte-bonheur mensuels, chaque mois
étant soumis à l'influence astrale d'une gemme.
Il faut ajouter que cette combinaison, qui
oblige les acquéreurs superstitieux à ne jamais
acheter moins de douze pierres fines, a surtout
jusqu'ici assuré le bonheur des bijoutiers.
Citons enfin parmi les talismans à la portée
de toutes les bourses les éléphants, que
lança jadis Mme de Thèbes, et qui au dire de
l'éminente sibylle ne trompent jamais per-
sonne, et les petites brelo'ques d'acajou ou
de noyer qui permettent aux natures crainti-
ves de « toucher du bois » sitôt que l'occasion
leur parait bonne.
A la vérité, il ne faut point nier la Veine, il
faut même y croire le plus qu'on peut. Et il ne
serait pas illogique de porter aux élections
prochaines tous les gagnants qui depuis un
an bénéficièrent des millions de la Presse et
autres gros lots.
Le pays pourrait peut-être attraper' une
bribe de leur chance heureuse. Et c'est bien
son tour. Palémon.
Vœu pour 190S.
Il s'adresse à ceux de nos fonctionnai-
res municipaux qui sont chargés de sur-
veiller dans Paris la pose des plaques
indicatrices des rues.
On souhaiterait pour 1906 que
cette surveillance fût exercée par eux un
peu plus sévèrement, qu'ils y apportas-
sent un plus minutieux souci d'exacti-
tude, ou de logique, et d'orthographe
a.ussi. Il faut penser aux étrangers qui
nous font visite, et qui.. par exemple, ne
comprennent pas pourquoi nous ortho-
graphions La Boétie tantôt avec un tréma
et tantôt avec un accent; pourquoi la
particule s'inscrit sur certaines plaques
de la « rue de Richelieu », et ne figure
point sur certaines autres pourquoi la
rue Grange-Batelière est, au coin de la
rue Drouot, orthographiée « Batelière »
d'un côté (avec deux e muets) et Batélière
de l'autre (avec un bel accent aigu dont
le besoin ne se faisait pas sentir); pour-
quoi l'impasse qui, de l'entrée du quai
Debilly, vient buter au remblai de l'ave-
nue du Trocadéro, s'appelle rue Gaston-
de-Saint-Paul.
Etc., etc. L'enquête, pour un Parisien
peu occupé, serait amusante à pour-
suivre.
Il faut avouer que les Antimilitaristes
n'ont pas de chance. Npn seulement ils
ont pour plus ardents défenseurs les
membres du syndic^ des allumettiers
• avec lesquels ça/ie prend jamais,
mais encore ils' voient les grandes admi-
nistrations propayer les sentiments pa-
triotiques et belli.1 ueux.
C'est ainsi qie les postes et télégra-
phes s'occupe rt actuellement qui l'eût
cru? de réviser différentes améliora-
tions téléphoniques. Or la principale de
ces réformes consiste à créer la batterie
centrale » qui donne de si merveilleux
résultats aux Etats-Unis et qui permettra
-"iiienls abonnés parisiens d'avoir à
r • ces « demoiselles des rap-'
.). u.1 et plus amènes. Ne
<
il te noe insulte cen-
tralfi au ccsû:
frémir. noî^isu- ̃
venir au diisarm^minf ^vricr,
antimi'itiriîitos qai po'ïr laplin; ti
pas le Lc!éphonf\bont-iU très m'écoritentV
de M. Bérard et tienn^"1- ;>- --j" ^r
compte l3s propos les plu
tout en rovil.i"r >i '̃>> cieaimL* t
car l'admin. dés tabac
ose do-: iL.;u
fréquente, on nous permettra de nous
faire ici l'écho d'une observation très
justifiée que nous adresse une de nus
lect rices.
Pourquoi, nous demande cette aima
ble correspondante, ne trouve-t-on de
timbres-poste que dans les débits de
tabac ?
A Paris tout au moins, un débit de
tabac est invariablement un « zinc »,
où les consommateurs friands de la
« chopine » fument à qui mieux mieux
et empestent l'air de la boutique. Il n'est
vraiment guère agréable pour une dame
d'y pénétrer.
Ne serait-il donc pas possible d'auto-
riser d'autres débitants a vendre des
timbres-poste?
On répoudra peut-être qu'on peut s'en
procurer dans les bureaux de poste. Mais
ces bureaux sont peu nombreux et leurs
guichets sont toujours encombrés.
On parle beaucoup depuis quelque
temps du Livre jaune.
Chaque pays a un livre semblable,
mais dont la couleur diffère et l'ensem-
ble des brochures diplomatiques publiées
chez nos voisins constitue un véritable
arc-en-ciel.
L'Angleterre a, par exemple, le Livre
bleu. Les fascicules en sont vendus aux
libraires, en vertu d'un droit spécial, p ir
les députés de la Chambre des co nmu-
nes, leursfemmesou leurs secrétaires.
En Allemagne, on publie un Livre
blanc en Autriche et en Espagne, un
Livre rouge; en Italie, un Livre vert.
Hors Paris
A peine installé à Madagascar, M. Au-
gagneur vient d'y ouvrir un débouché
pour les parieurs de champs débourses
qu'aurait pu décourager le nouveau rè-
glement excluant de nos hippodromes
parisiens les bookmakers.
Le nouveau gouverneur général fait
publier, en effet, par l'Officiel de Tana-
narive un arrêté autorisant le pari sur
tous les turfs malgaches car'il paraît t
qu'il y a aussi des courses de chevaux
là-bas -,pendant l'année 1906.
Le roi. Edouard VII a reçu de l'un de
ses sujets l'hommage d'un presse-papier
fabriqué avec une lame de cuivre prove-
nant de la quille du Sirius, le premier
steamer qui ait fait la traversée, de l'At-
lantique. ̃
C'est en 1838 que s'accomplit ce voyage
mémorable; parti de Cork, où il otuit
resté cinq jours pour faire son charbon,
le 3 avril, le Sirhts arriva à New-York le
22, mettant dix-neuf jours à accomplir
une traversée que les grands paquebots
modernes effectuent maintenant en cinq
jours.
Autre détail on avait si peu de con-
fiance dans cette tentative, qui paraissait
alors d'une témérité presque folle, que
six passagers seulement osèrent tenter
l'aventure.
Nouvelles à la Main
Trois potaches de taille inégale se bat-
tent devant la porte du lycée.
Un promeneur, en passant:
Toujours la lutte des classes 1
Jour de l'an
Qu'est-ce que vous donnez à Mme X?
Cinquante ans.
Le Masque de Fer,
Notre climat chan^e-t-iî?
Les données de la géologie et de la
biologie nous enseignent que dans une
même contrée les conditions climatéri-
ques ont certainement beaucoup changé
et à plusieurs reprises, depuis les temps
préhistoriques. C'est donc avec juste rai-
son que l'on peut se demander si ces
modifications se poursuivent à travers
notre époque et si le climat de la France
varie progressivement.
Le climat d'un pays se caractérise par
l'ensemble des phénomènes dont l'atmo-
sphère est le sièg-e ou, à défaut de ces
données, par les dates de l'apparition des
phénomènes périodiques du règne orga-
nique qui peuvent être constatés dans
tous les temps sans le secours d'instru-
ments.
La découverte des instruments em-
ployés aujourd'hui par les météorolo-
gistes et les méthodes rigoureuses d'ob-
servation sont d'origine encore trop ré-
cente pourque l'ensemble des documents
recueillis permette de décider avec quel-
que certitude si un climat est resté cons-
tant depuis les temps historiques ou bien
s'il a subi des changements successifs.
En l'absence de statistiques météorolo-
giques nous pouvons nous adresser aux
récits des historiens et des voyageurs
Malheureusement, les impressions per-
sonnelles sont parfois trompeuses et il
ne reste dans l'esprit qu'une version im-
parfaite du passé, de sorte que la con-
tradiction existe souvent dans les des-
criptions anciennes, plus enthousiastes
"ue précises. Cette remarque n'avait, pas
̃" Saserna, dont l'ouvrage est
"̃ mais qui est cité par Coiumeïle et
acquiesce qc'avec réserve aux re-s-
t,Oli wiicipnnes.
v, ;s ne po:sc-*or,ç qu'un petit nom ̃̃
,). •' '̃• vU de la Gaule.
dit
Ôaston CALMBTTB
Din r.eur-GJrant
RÉDACTION ADMINISTRATION
36, r r? v-uor, Paris (9' Arr!)
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S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
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ET POCE LES ANNONCES ET REGLAMES
Chez MM. LAGRANGE, CERF & ©»
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Numéro quotidiens SECTE & SElNE-ET'OISSi ië'cûnîimes jss û£f|fîî0îÈra i-20 centimes
Lundï 1er Janvier 1906
H..DE ¥ILLEMESSAHT
Fondaient
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26, ruo .Drouot, Paris (8° Ajnrs>
tÊLÉPHOHE, Trois Hgott IN 102,48 11.4? S52/S
-ABONNEMENT.
Seine et Seine-et-Oise 15 » 30 » 60 »
Départements 18 75 37 50 75 »
Union postale 21 50 43 » 86 »
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de France et d'Algérie.
« Loué par ceux-ci, blâmé par cenx-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
da rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. » (Bbaumabchais.)
s o;3^c tsjl .A. 1 :r,:e
te Jour de l'An: Ls Passant.
La Vie de Paris -.Borne année Xavier Roux.
Notre climat ch&nge-t-il J. Loisel.
tes événements r/e Russie La situation ? Ivan.
A l'Etranger Avant la conférence Eugène
Lautier.
Dessin Puériculture antimilitariste Garan
d'Ache.
Journaux et Revues André Beaunier.
Je guéris tout LE vieux médecin.
A l'Hôtel de Ville Jan ville.
La Vie littéraire: Marcel, Ballot.
Trente Ans de théâtre.
Feuilleton: L'Incendie: Edouard RoD.
Le Jour de l'An
Il n'y a pas de jour qui soit à la fois
plus mélancolique et plus joyeux, parce
< qu'il n'y en a pas où le passé se mêle si
étroitement à l'avenir. Ce n'est pourtant
là qu'une distinction bien arbitraire.
Chaque autre jour de l'année a, lui aussi,
une veille et un lendemain. Les quelques
heures qui sépaïftfft deux années^-eoioe-
elles ne sont pas plus longues que d'au-
tres heures. Et cependant on a l'impres-
sion d'une séparation formidable, d'une
sorte de grand saut qu'on fait en avant.
Les souvenirs les plus immédiats, datant
à peine de, la semaine passée, ou même
d'hier, semblent ss perdre déjà dans une
lointaine brume. On y pense comme on
relit un livre qu'il va falloir rendre le soir
même. On saute les pages qui n'ont pas
plu on s'attarde à celles qui vous char-
mèrent. On veut que ces dernières aient,
une suite; on espère que les autres ne
se reproduiront plus. Avec l'âge, cepen-
dant, l'habitude aurait dû nous donner
quelque expérience. D'année en année,
nous aurions dû finir par comprendre
qu'en douze mois révolus on rencontre
toujours à peu près la même somme de
joies et de tristesses, de satisfactions et
de déceptions. La terre tourne avec la
régularité d'une roulette. Il y a des sé-
ries rouges et des séries noires, mais, au
bout du compte, dans un laps de temps
déterminé, il se trouve que tous les nu-
méros sont sortis aussi souvent l'un que
l'autre.
Il n'y a, pour en être sûr, dans toutes
nos récapitulations de jours de l'an, qu'à
,jeter un couj^d'cnil sur ces inventaires:
de fin d'arinoe otiTes journaux rê'rev^ÏÏÎT*
en bien et en mal. tous les événements
saillants, actions d'éclat, faits d'héroïsme,
catastrophes, décès, succès et fours, fo-
lies ou sagesses, heurs ou malheurs.
Le bilan finit toujours par s'équilibrer,
et c'est un grand bien, somme toute, car
nous aurions autrement de trop rudes
secousses. La seule fois, dans l'histoire
du monde, où il y ait eu sept années de
vaches grasses, il est arrivé, tout de
suite après, sept années de vaches mai-
gres, et la déconvenue n'a dû en être que
plus terrible. Mieux vaut donc être plus
modestes, et doser nos peines et nos
joies de manière à trouver toujours,
bon an, mal an, un petit bénéfice.
Nous savons bien que l'idéale année ne
se produira jamais, mais notre vie se
passe à l'attendre, et chaque ier janvier
doit nous rapporter pour nos étrennes
«Demain, disait le barbier, on rasera gra-
tis «Demain, dit la destinée, nous aurons
le bonheur parfait. Et la foule sourit de
confiance à chaque nouveau millésime
qui vient s'inscrire au calendrier.
On fait fête à l'année qui s'ouvre. Avec
nos instincts de courtisans, nous l'acca-
blons de toutes les flatteries, nous lui
découvrons d'avance toutes les qualités.
N'est-ce pas elle qui va régner pen-
dant douze mois, et à qui, chaque jour,
nous aurons affaire ? L'autre, sa de-
vaucières a fini son temps. Elle ne peut
plus rien pour nous, et nous ne lui mé-
nageons alors ni nos .critiques ni nos
dédains. Ce n'est pas très juste ni même
très prudent, car on sait ce qu'on perd, et
on ne sait jamais ce que l'on aura. Et puis,
vraiment, elle ne nous a pas été si mau-
vaise. D'abord, nous avons vécu, ce qui
est bien quelque chose dans la vie. Nous
sommes entourés d'assez de maladies et
de fléaux poijtr que l'existence puisse être
considérée comme une bataille. C'estdonc
un joli résultat, déjà, de se retrouver au
rendez-vous.de la Saint-Sylvestre, plus
vieux d'un an sans doute, mais tout prêts,
cependant, àafîronter une nouvelle étape.
Que de gens, depuis le dernier appel, ne
sont-ils pas restés en route Que de pa-
rents, que d'amas, de camarades n'ont-ils
pas disparu 1
C'est là la grande mélancolie d'un pa-
reil jour. Ori y fait le relevé de ses per-
tes. On se reporte au jour pareil de l'an
passé. On cherche autour de soi des
visages que l'pn ne trouve plus. Celui-ci
à qui l'on avilit souhaité une bonne et
heureuse année n'est pas seulement allé
jusqu'au premier trimestre. Cet autre, si
plein de vie et-de santé, n'a pas pu, lui
non plus, suivre le train. Si les morts
vont vite, les vivants ont bien l'air de
leur courir après. Ils ne font que pas-
ser, et ils n'oni guère le temps de s'at-
tarder aux misères du chemin, sur-
tout aux misères des autres. Un sou-
venir donné su passé, et puis, vite
en marche pour l'avenir 1 La date de
l'année est chtigée il n'en faut pas
davantage poi.i% que nous nous figu-
rions que tO'iï change avec- elle. Cha-
que matin de nouvel an, nous subis-
ses le pLenuirscne bien connu de
l'homme qu i $Vn Vu. ïû voyage. Jusqu'à
Ir veille du déj
]-dl'ons. par lille souris, Il a encore
1 ̃.̃(̃' l vom cinquante af-
.4>e ;t nuulié d'écrire de«
k..rc->, de importantes recoin-,
mandations. Il ne sait plus comment se! i
tirer de là.
Mais le sifflet de la locomotive a re-
tenti, le train va partir, il faut sauter en t
wagon. Et, au bout de quelques tours de
roue, le voyageur se sent déjà plus rassé-
réné. Ce qui est fait estfait, il n'y peut plus
rien. Il ne lui servirait de rien de se tour-
menter encore davantage; le train ne
s'arrêterait pas pour cela. Et alors il ne
songe plus a ce qu'il laisse en arrière il
oublie, pour un moment du moins, les
tracas et les ennuis. Il se laisse aller à
l'attrait du nouveau, au charme de l'in
connu. Il regarde le paysage; il lit un
livre et il s'endort. C'est dans le même
état d'âme que nous abordons, je crois,
toute année qui vient. Paris, ce jour-là,
a une ressemblance de plus avec l'en-
fer il n'est pavé que de bonnes in-
tentions. On se promet ceci, cela; on
conçoit les plus belles espérances on
prend un nouveau billet pour la loterie à à
laquelle on n'a pas gagné jusqu'ici. On
est, d'ailleurs, de très bonne foi; on croit
sincèrement qu'on pourra faire peau
neuve, et qu'on deviendra, du soir au
matin, un autre homme que celui qu'on
était.Pour beaucoup, même, une certaine
superstition s'attache au jour de l'an.
On dit aux petits enfants: «Tu sais, si
tu pieures aujourd'hui, tu pleureras
toute l'année » Et à force de le dire
-e«s-«9«-fan'ts, les hommes ont fini par
le croire. Ils sont, ce jour-là, déli-
cieusement fraternels. Ils ne s'abor-
dent qu'avec de gentilles paroles. Ils
échangent des vœux, des poignées de
main, des accolades. Il est dommage
qu'ainsi que dans la jolie légende, tous
les mots qui s'envolent, en ce jour, ne
gèlent pas dans l'air vif, pour se fondre
ensuite, au printemps. On serait peut-
être étonné de les réente.ndre à ce mo-
ment-là
**#
D'autant que le printemps, l'exquise
saison que la nature a parée de tant de
grâce, n'apporte pas toujours la joie et
la paix parmi les hommes. Quand il
s'agit de s'adresser des vœux entre soi,
on est souvent bien embarrassé on a
le choix entre la santé, la richesse, le
bonheur, la gloire, et l'on s'en tire gé-
néralement en formulant tous ces sou-
haits à la fois. Mais les vœux que l'on
peut échanger de peuple à peuple-sont
forcément plus limités, et il n'y en
a qu'un, à franchement parler, qui
compte il n'y a qu'à se souhaiter la
paix, ou, mieux encore, à se la laisser.
-Ayons, à cet égard, un peu de gratitude
̃"pérîT-l'amiée qui s'en va. Elle nous a oc-
casionné, un moment, quelques soucis.
Elle nous a mis brusquement en présence
d'éventualités que nous ne pensions
guère à envisager. Ne songeant à mena-
cer personne, il ne nous venait pas à
l'esprit que nous pussions jamais être
menacés. De jour en jour, et à plus
forte raison d'année en année, on ap-
prend toujours quelque chose. Il nous a
élé révélé que les conflits peuvent naître
sans qu'on y soit pour rien, et qu'il
n'y a pas que la 'fortune qui vienne en
dormant.
C'est là un service que nous aura
rendu le pauvre vieil an déjà mort
et enterré. Il a montre aussi qu'à de
certaines heures, il n'y a plus de place
en notre pays, pour les mesquines que-
relles de parti. L'épreuve, à ce point de
vue, a été bonne, mais demandons à
l'année nouvelle de ne pas pousser plus
loin la démonstration. On peut d'au-
tant mieux parler de ces choses que le
ciel, en ce moment, paraît plus sou-
riant. Et quelle autre heure pourrait-
on choisir pour en parler que celle des
congratulations et des vœux? « Que la
paix règne entre les hommes! » C'est] 1
une parole qui a été dite il y a bien des 1
siècles, avant même qu'on célébrât les I
premiers de l'an. Elle résumait de la
façon la plus simple les vœux très
abondants que l'on a adoptés depuis.
Elle était très sage et très bienfaisante.
C'est peut-être la raison pour laquelle
on ne l'a pas toujours écoutée. Mais
c'est la raison aussi pour laquelle il'faut
toujours la redire.
Le Passant.
LA VIE DE PARIS
BONNE ANNÉE!
A- Madame la Vieille Anrtée.
Disons adieu, vite, en passant,
Car son coucher, couleur |e sang,
Depuis longtemps l'a condamnée.
Que la fourrure des hivers il
Cache ses derniers jours mproses 1
Qu'on l'enterre parmi des proses
L'An défunt n'a pas droit aux Vers I
1
Vraiment, il ne mérite guère
Les hommages d'un bout de l'an.
Il est bien simple son bilan
La boue ici, là-bas la guërre.î
Ses moindres comptes sont caquets
Et mériteraient vingt censure^ 1
Pa$ de baisers, mais des morsures
Pa| de chansons, mais des hoquets.
Sat prata. L'an sur qui l'on 4aube
Neipeut compromettre celui
Pour lequel nul soleil n'a lui.
Tout l'espoir est permis à l'aube 1
La croyance è:i $ay§ ,̃ ^>e>>s s
Est la. seule philosophie
Capus fait bien quand il.se fie
Aux avatars de temps meilleurs.
Or, cette aube peut être belle
Et d'une sereine clarté
Si, contre la loi de Bonté,
Aucun de nous ne se rebelle.
Donc, mesdames, ylus un potin 1
Aux mcà' ̃
Petits pou.. •
Commu le fut le i;rcxnd Potin J
Vous, taisez-vous, le vilain groupe
Des sots, faiseurs de sobriquets,
Vils amadous de vils briquets 1
(Ils diraient briquets à la houppe !)
Vous savez que vos à peu près,
Dont seuls vous savourez les charmes,
Sont de bien méprisables armes.
On rit avant, on pleure après.
Redoutons la fâcheuse engeance
Des malins trop intelligents.
Le véritable droit des gens
Nait et finit à l'indulgence.
Dans le temple où qui parle ment,
Qu'on ouvre grande la fenêtre
Pour qu'un peu de clarté pénètre
Chez nos élus du Parlement;
Pour que la sagesse, certaine,
Parmi des hôtes assagis,
D'y trouver enfin son logis,
Abandonne la pretantaine I
Et que vienne le bon semeur,
Portant la graine salutaire
Qui fécondera notre terre
Où pas un espoir ne se meurt.
n
Mais je sens qu'un ton de Sorbonne
N'est pas de mise en ce moment.
Permettez, lecteurs, simplement,
De vous la souhaiter bien bonne,
Car nous sommes aux jours charmants
Où, justement préoccupées
De châteaux forts et de poupées,
Règnent nos cheres grand'mamans.
Xavier Roux.
Échos
La Température
La pression barométrique s'est relevée rapi-.
dement sur le centre et le nord du continent
la hausse dépasse 20mm sur l'Allemagne où
l'on notait 776mm a Hambourg. Hier, à Paris,
vers midi, 5581111114.
Une profonde dépression persiste au large
de l'Irlande et de la Bretagne elle amène une
tempête du sud-est â l'entrée de la Manche,
où la mer est houleuse.
Des pluies sont tombées sur le centre et
l'ouest du continent; en France, il a plu à
Dunkerque, à Belfort, à Brest et à Nantes.
La température s'est beaucoup abaissée sur
nos régions du nord et de l'est. Hier matin, à
sept heures, le thermomètre marquait à Paris
30 au-dessous de zéro et 20 au-dessus à cinq
heures du soir. On notait 8» au-dessus à Brçst.
14° â Alger ij^aa-duàboua a Belfort/ '30 'au.
puy de Dôme, 6° au mont Ventoux; en Rus-'
sie 230 à Arkhangel.
En France, le temps va rester nuageux et
froid dans le sud et .l'est; des averses sont
probables dans l'ouest. Le soir, le baromètre
était ù 766mm. n
(La température au 31 décembre 1904 était
Neiges et pluies sur presque tous le continent.
A Paris, thermomètre 20 au-dessus de zéro
le matin, 80 l'après-midi. Baromètre 76omm
dans'la matinée, 761mm le soir.)
Du New York Herald:
A New-York Temps beau le matin, après-
midi couvert. Température masima*, 50 mi-
nima, 2°. Vent de l'ouest assez fort. Baro-
mètre, sans tendance.
A Londres Temps nuageux. Température
maxima, oo; minima, 20; Vent du sud-est,
assez fort. Baromètre, 766mm.
A Berlin Temps nuageux. Température 30
(à midi).
a.
A Travers Paris
L'ambassadeur d'Allemagne et la prin-
cesse de Radolin, venant de Berlin, sont
arrivés hier à Paris à six heures du soir,
le train ayant eu deux heures de retard.
M. de Flotow, chargé d'affaires, et les
membres de l'âmbassade d'Allemagne
étaient allés à leur rencontre.
L'ambassadeur, un peu fatigué de son
voyage et devant dépouiller un volumi-
neux courrier, a dû défendre sa porte
aux personnes qui étaient venues pour
le voir.
Le prince et la princesse de Radolin
ont retardé de quelques jours leur départ
de Berlin pour se rendre au dîner intime
auquel LL. MM. l'empereur et l'impéra-
trice d'Allemagne les avaient conviés avec •
le baron deRichthofen, secrétaire d'Etat
à l'office des affaires étrangères.
Le prince de Radolin, très satisfait de
son court séjour à Berlin, reprend au-
jourd'hui même ses fonctions; il prendra
part à la réception du corps diplomati-
que qui aura lieu à l'Elysée à l'occasion
du jour do l'an.
Le Président de la République vient
de faire remettre à M. Mabilleau, direc-
teur du Musée social et président de la
Fédérationïdes mutualistes, une somme
de soixante-sept mille deux cents francs,
représentait le reliquat de la souscrip-
tion qui avait été ouverte par les diverses
sociétés de mutualité pour lui offrir un
objet d'art.
Ce don, ainsi que M. Loubet en ex-
prima le désir lors de la cérémonie
organisée le mois dernier au Trocadéro
par la Fédération, sera affecté au déve-
loppement de l'oeuvre de l'Orphelinat
mutualiste français.
Le Vatican et le Quirinal.
La séparation de l'Eglise et de l'Etat,
que nous devons à la malfaisante et im-
prévoyante initiative du ministère Com-
bes, n'aura pas seulement trouble, de la
façon la plus profonde, les rapports tradi-
tionnels entre. Paris et Rome. ©ll^fsff^
aussi modifié le caractère (^H^hvsin
mie d'un certain impiété' de solennités"
protocolaires dont M plus imnortonS
était justement celle duPpremie?de i%n
Ce matin, par exemple, à la récent io
officielle. de FElysée, ce n'est E
nonce qui exprimera au chef de IV ?'i
vœux du corps diplomatique. Le "̃->'
a été depuis eiJiï,,mps rappelé^ ï • 'i^J.
I.i3ura désormais des représentants dans
les pays les moins orthodoxes. Et peut-
être n'en aura-t-il plus dans la France
catholique: la logique de nos sectaires
l'aura voulu ainsi
Ce n'est donc pas le nonce qui mar-
chera, cette année, à la tête du corps
diplomatique. Par une piquante coïnci-
dence, cet honneur, qui appartient de
droit au doyen des ambassadeurs, re-
viendra, dans la circonstance, au très
sympathique et éminent représentant de
l'Italie, M.'le comte Tornielli. De sorte
que c'est de Rome, tout de même, que
partiront les vœux diplomatiques du
nouvel an. Seulement, c'est la voix du
Quirinal qui se fera entendre, et non plus
celle du Vatican.
Les fleurs du souvenir.
M. Eugène Etienne, ministre de la
guerre, doit partir ce soir pour Nice,
afin d'aller y porter, comme tous tes ans,
une couronne sur la tombe de Gambetta.
On sait que M. Etienne fut un des plus
intimes amis de l'illustre patriote, et
qu'il l'assista, jusqu'à sa dernière minute,
à son lit de mort. Il n'a pas manque, de-
puis lors, d'accomplir, chaque année, le
pieux pèlerinage qu'il fait encore au-
jourd'hui, etc'est lui qui, à chaque anni-
versaire, va déposer, au nom des amis de
Gambetta, les fleurs du souvenir sur le
petit mausolée du cimetière de Nice.
L'absence du ministre de la guerre ne
durera pas plus de quarante-huit heures.
Il sera accompagné, dans ce court
voyage, d'un de ses officiers d'ordon-
nance, et, par un sentiment bien naturel,
M. Etienne a choisi, pour cette circons-
tance, le capitaine Jouinot-Gambetta, un
jeune officier de valeur, neveu du célè-
bre homme d'Etat. et que le ministre de
la guerre, qui le connait de longue date,
a attaché à sa personne en arrivant au
ministère.
Une retraite bien employée.
La médaille d'or de l'Assistance publi-
que, qui est la plus haute distinction que
puisse décerner le ministère de l'inté-
rieur aux personnes qui se dévouent aux
œuvres d'assistance, aura, cette année,
un titulaire qui l'honorera, on peut le dire,
autant qu'il sera honoré par elle..
C'est, en effet, à M. Casimir-Perier,
ancien Président de la République, que
M. Dubief, ministre de l'intérieur, a dé-
cidé d'attribuer cette récompense, si ra-
rement accordée, comme un témoignage
de la gratitude du gouvernement pour
le noble et infatigable dévouement que
M. Casimir-Perier ne cesse d'apporter
aux oeuvres d'assistance et de bienfai-
sance. Depuis qu'il a quitté le pouvoir,
avec la simplicité et la dignité que
l'on sait, M. Casi mir-Perier n'apas trouvé
de meilleur usage de son activité et
de son temps que de s'employer, avec
toute son intelligence et toute son au-
torité, au développement de toutes les
entreprises de charité, d'hygiène et de
solidarité. Son action s'est fait notam-
ment sentir, de la manière la plus pré-
cieuse, au Comité international des con-
grès d'assistance publique et de bien-
faisance privée, et à l'Alliance d'hy-
giène sociale dont il est le président très
zélé et très dévoué. C'est là, de la part
d'un homme qui fut tant attaqué par les
socialistes, une façon, autrement élevée
et pratique, de contribuer à la solution
de la question sociale.
C'est aussi une noble manière de prou-
ver qu'on peut faire de grandes et belles
choses en dehors de la vie publique, et
que, pour certains hommes, la retraite
et l'effacement volontaires n'ont rien de
commun avec le repos.
Une vieille histoire.
Il est encore question de l'affaire
Franco. C'est pourtant une vieille histoire
puisqu'elle remonte à l'année dernière.
Mais c'est quand les histoires sont deve-
venues ennuyeuses que certaines gens
s'amusent à les recommencer.
C'était M. Loup, député de Joigny, qui
s'occupait jadis de cette affaire. Mais M.
Loup est rentré au bercail. Et c'est main-
tenant M. Francis de Pressensé qui apris
en main les intérêts de M. Franco. Est-ce
en qualité de député du Rhône? Pointdu
!tout! C'est comme président de la Ligue
des droits de l'homme et du citoyen. Il
parait que les « droits de l'homme et du
[citoyen » ont été lésés par la révocation
de M. Franco, et que cette mesure admi-
,nistrative a compromis toutes les conquè-
|tes de la dévolution française.
Le cas paraissait pourtant assez sim-
ple. Le ministre de l'intérieur, usant
d'un droit absolu, avait « remplacé » M.
Franco à la sous-préfecture de Joigny.
Ce dernier, au lieu de s'incliner, sauf à
faire valoir ensuite toutes les considéra-
tions qu'il croyait pouvoir invoquer,
s'est mis en rébellion contre la décision
ministérielle, et il a fallu faire appel à la
gendarmorjc pour l'expulser de la sous-
jpr<;feetiaagaftpj,r ce scandale public, il a
'été n''V0S^^B|' ̃'̃ n a pas un ministre
qui eût HK l'exception,
parait-il/cH^p. ""̃ qui montre
ainsi les belles- ugiiiui;. •̃ le
gouvernement!
M. Franco paye la faute de s u-rV. \>x,
[mal conseiller, mais il aurait dû se mon-
îtrer plus perspicace. Ses protecteurs ne
{doivent pas avoir grande confiance en
son affaire, puisque, après avoir menacé
ciel et terre, ils .nfinterpelleatà ce sujet
que lorsque les chambres sont en va-
cances. L'ex-sousf préfet peut. constater
une fois de plusîla vérité du proverbe
qui dit que les conseilleurs ns sont pas
Jes payeurs.
~<
Â$and les beaux pompiëff vont, à
l'exer§ce'" contents, '-mais ja-
he~ r~ant 1 ,p~' con ens, ;ma,ls a.
m^;<. a,îtant quèvîe'31 décembre, lorsque
l de service les appelle dan, un
••̃ de Paris. -̃
succès il faut absolument embrasser un 1
pompier dans la première minute de j l,
l'année nouvelle.
Aussi ces soirs-là nos braves pom-
piers de service arrivent sur la scène
frétillants et bion astiqués. Leur casque
brille, leur moustache se rebiffe. Et je
ne sais quelle majesté en leur aspect
martial laisse paraître qu'ils se sentent
pour un jour les mystérieux intermé-
diaires de la Destinéel
De ces jolis baisers de comédienne
qui effleurent a minuit leurs joues bien
rasées les pompiers de Paris gardent
peut-être quelque trouble; des feux s'al-
lument qu'ils ue sauraietit éteindre.
Mais tou, de même ils ne donneraient
pas leur soirée pour deux galons.
A l'une des dernières séances du
Conseil municipal, M. Quentin-Bau-
chart a fait prendre une délibération in-
vitant l'administration à apporter dès la
prochaine session un projet d'agrandis-
sement du musée Carnavalet. 'Cette déli-
bération porte que -dans la% nouvelle
construction seront, utilisées les'admira-
bles fresques de l'escalicr de l'hôtel de
Luynes, achetées par la Ville lors de la
destruction de cet hôtel.
Voici pour M. Georges Cain du pain
sur la planche.
PETITES CURIOSITÉS
Jamais la croyance à la «Veine ne rencon-
tra de plus ingénieux adeptes qu'en nos jours
sceptiques. Aussi les commerçants du boule-
vard, qui sont de subtils psychologues, ont-ils
multiplié, en cette fin d'année, les fétiches
de toutes formes et de tout poil. On' en voit
d'hétéroclites et de naïfs, de barbares et de per-
vers, et tous trouvent preneur, surtout les plus
modestes. Car il est fort agréable de conner
pour le jour de l'an à son prochain, un morceau
de fer à cheval trouvé sur la voie publique ou
un fétu de paille arraché d'une voiture de grai-
netier. Avec une lettre d'envoi bien tournée où
l'on explique que le peu de prix de l'objet est
largement compensé par sa haute valeur
hermétique, on arrive à réduire dans des pro-
portiôns extraordinaires le redoutable budget
1 des étrennes.
Les joailliers, eux, restent persuadés que les
fétiches ne sont puissants qu'à condition d'être
de pierres rares. Ils ont même lancé la mode
des porte-bonheur mensuels, chaque mois
étant soumis à l'influence astrale d'une gemme.
Il faut ajouter que cette combinaison, qui
oblige les acquéreurs superstitieux à ne jamais
acheter moins de douze pierres fines, a surtout
jusqu'ici assuré le bonheur des bijoutiers.
Citons enfin parmi les talismans à la portée
de toutes les bourses les éléphants, que
lança jadis Mme de Thèbes, et qui au dire de
l'éminente sibylle ne trompent jamais per-
sonne, et les petites brelo'ques d'acajou ou
de noyer qui permettent aux natures crainti-
ves de « toucher du bois » sitôt que l'occasion
leur parait bonne.
A la vérité, il ne faut point nier la Veine, il
faut même y croire le plus qu'on peut. Et il ne
serait pas illogique de porter aux élections
prochaines tous les gagnants qui depuis un
an bénéficièrent des millions de la Presse et
autres gros lots.
Le pays pourrait peut-être attraper' une
bribe de leur chance heureuse. Et c'est bien
son tour. Palémon.
Vœu pour 190S.
Il s'adresse à ceux de nos fonctionnai-
res municipaux qui sont chargés de sur-
veiller dans Paris la pose des plaques
indicatrices des rues.
On souhaiterait pour 1906 que
cette surveillance fût exercée par eux un
peu plus sévèrement, qu'ils y apportas-
sent un plus minutieux souci d'exacti-
tude, ou de logique, et d'orthographe
a.ussi. Il faut penser aux étrangers qui
nous font visite, et qui.. par exemple, ne
comprennent pas pourquoi nous ortho-
graphions La Boétie tantôt avec un tréma
et tantôt avec un accent; pourquoi la
particule s'inscrit sur certaines plaques
de la « rue de Richelieu », et ne figure
point sur certaines autres pourquoi la
rue Grange-Batelière est, au coin de la
rue Drouot, orthographiée « Batelière »
d'un côté (avec deux e muets) et Batélière
de l'autre (avec un bel accent aigu dont
le besoin ne se faisait pas sentir); pour-
quoi l'impasse qui, de l'entrée du quai
Debilly, vient buter au remblai de l'ave-
nue du Trocadéro, s'appelle rue Gaston-
de-Saint-Paul.
Etc., etc. L'enquête, pour un Parisien
peu occupé, serait amusante à pour-
suivre.
Il faut avouer que les Antimilitaristes
n'ont pas de chance. Npn seulement ils
ont pour plus ardents défenseurs les
membres du syndic^ des allumettiers
• avec lesquels ça/ie prend jamais,
mais encore ils' voient les grandes admi-
nistrations propayer les sentiments pa-
triotiques et belli.1 ueux.
C'est ainsi qie les postes et télégra-
phes s'occupe rt actuellement qui l'eût
cru? de réviser différentes améliora-
tions téléphoniques. Or la principale de
ces réformes consiste à créer la batterie
centrale » qui donne de si merveilleux
résultats aux Etats-Unis et qui permettra
-"iiienls abonnés parisiens d'avoir à
r • ces « demoiselles des rap-'
.). u.1 et plus amènes. Ne
<
il te noe insulte cen-
tralfi au ccsû:
frémir. noî^isu- ̃
venir au diisarm^minf ^vricr,
antimi'itiriîitos qai po'ïr laplin; ti
pas le Lc!éphonf\bont-iU très m'écoritentV
de M. Bérard et tienn^"1- ;>- --j" ^r
compte l3s propos les plu
tout en rovil.i"r >i '̃>> cieaimL* t
car l'admin. dés tabac
ose do-: iL.;u
fréquente, on nous permettra de nous
faire ici l'écho d'une observation très
justifiée que nous adresse une de nus
lect rices.
Pourquoi, nous demande cette aima
ble correspondante, ne trouve-t-on de
timbres-poste que dans les débits de
tabac ?
A Paris tout au moins, un débit de
tabac est invariablement un « zinc »,
où les consommateurs friands de la
« chopine » fument à qui mieux mieux
et empestent l'air de la boutique. Il n'est
vraiment guère agréable pour une dame
d'y pénétrer.
Ne serait-il donc pas possible d'auto-
riser d'autres débitants a vendre des
timbres-poste?
On répoudra peut-être qu'on peut s'en
procurer dans les bureaux de poste. Mais
ces bureaux sont peu nombreux et leurs
guichets sont toujours encombrés.
On parle beaucoup depuis quelque
temps du Livre jaune.
Chaque pays a un livre semblable,
mais dont la couleur diffère et l'ensem-
ble des brochures diplomatiques publiées
chez nos voisins constitue un véritable
arc-en-ciel.
L'Angleterre a, par exemple, le Livre
bleu. Les fascicules en sont vendus aux
libraires, en vertu d'un droit spécial, p ir
les députés de la Chambre des co nmu-
nes, leursfemmesou leurs secrétaires.
En Allemagne, on publie un Livre
blanc en Autriche et en Espagne, un
Livre rouge; en Italie, un Livre vert.
Hors Paris
A peine installé à Madagascar, M. Au-
gagneur vient d'y ouvrir un débouché
pour les parieurs de champs débourses
qu'aurait pu décourager le nouveau rè-
glement excluant de nos hippodromes
parisiens les bookmakers.
Le nouveau gouverneur général fait
publier, en effet, par l'Officiel de Tana-
narive un arrêté autorisant le pari sur
tous les turfs malgaches car'il paraît t
qu'il y a aussi des courses de chevaux
là-bas -,pendant l'année 1906.
Le roi. Edouard VII a reçu de l'un de
ses sujets l'hommage d'un presse-papier
fabriqué avec une lame de cuivre prove-
nant de la quille du Sirius, le premier
steamer qui ait fait la traversée, de l'At-
lantique. ̃
C'est en 1838 que s'accomplit ce voyage
mémorable; parti de Cork, où il otuit
resté cinq jours pour faire son charbon,
le 3 avril, le Sirhts arriva à New-York le
22, mettant dix-neuf jours à accomplir
une traversée que les grands paquebots
modernes effectuent maintenant en cinq
jours.
Autre détail on avait si peu de con-
fiance dans cette tentative, qui paraissait
alors d'une témérité presque folle, que
six passagers seulement osèrent tenter
l'aventure.
Nouvelles à la Main
Trois potaches de taille inégale se bat-
tent devant la porte du lycée.
Un promeneur, en passant:
Toujours la lutte des classes 1
Jour de l'an
Qu'est-ce que vous donnez à Mme X?
Cinquante ans.
Le Masque de Fer,
Notre climat chan^e-t-iî?
Les données de la géologie et de la
biologie nous enseignent que dans une
même contrée les conditions climatéri-
ques ont certainement beaucoup changé
et à plusieurs reprises, depuis les temps
préhistoriques. C'est donc avec juste rai-
son que l'on peut se demander si ces
modifications se poursuivent à travers
notre époque et si le climat de la France
varie progressivement.
Le climat d'un pays se caractérise par
l'ensemble des phénomènes dont l'atmo-
sphère est le sièg-e ou, à défaut de ces
données, par les dates de l'apparition des
phénomènes périodiques du règne orga-
nique qui peuvent être constatés dans
tous les temps sans le secours d'instru-
ments.
La découverte des instruments em-
ployés aujourd'hui par les météorolo-
gistes et les méthodes rigoureuses d'ob-
servation sont d'origine encore trop ré-
cente pourque l'ensemble des documents
recueillis permette de décider avec quel-
que certitude si un climat est resté cons-
tant depuis les temps historiques ou bien
s'il a subi des changements successifs.
En l'absence de statistiques météorolo-
giques nous pouvons nous adresser aux
récits des historiens et des voyageurs
Malheureusement, les impressions per-
sonnelles sont parfois trompeuses et il
ne reste dans l'esprit qu'une version im-
parfaite du passé, de sorte que la con-
tradiction existe souvent dans les des-
criptions anciennes, plus enthousiastes
"ue précises. Cette remarque n'avait, pas
̃" Saserna, dont l'ouvrage est
"̃ mais qui est cité par Coiumeïle et
acquiesce qc'avec réserve aux re-s-
t,Oli wiicipnnes.
v, ;s ne po:sc-*or,ç qu'un petit nom ̃̃
,). •' '̃• vU de la Gaule.
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