Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1903-02-05
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 février 1903 05 février 1903
Description : 1903/02/05 (Numéro 36). 1903/02/05 (Numéro 36).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k286139q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
49" Année = 3° Série = H° 30
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
RÉDACTION ADMINISTRATION
86, rue Drouot, Paris (9° Arr*)
POUR LA PUBLICITÉ
S'ADRESSER, 26, RUE DROUOT
A L'HOTEl DU « FIG1B0 »
ET POUR LES ANNONCES ET RÉCLAMES
Chez MM. LAGRANGE, CERF & C««
6 et 8, place de la Bourse
SOMMAIRE
L'Europe et la. Révolution français» Paut,
'.Adam. ̃' •̃ •
La Vie de Paris Dans un monde de rêve r
AasÈNE Alexandre.
A l'Ecole polytechnique •• Un ancien £lèvb
Les incidents de C/ermont-Ferrand -G. Da-
VËNAY. ̃
Uneoonférence contre le -divorce André Nède.
Dessin La discussion-du budget, présidence
Jaurès M., Comtes à la tribune Gap-
PIELLO. ̃ ̃ •
La Chambre Les Beaux-Arts l'Instruction
publique Pas-Perdus.<•.̃
Les coulisses parlementaires Paul Hémery.
L'affaire Humbert Pierre ET Paxil;
Gazette des tribunaux Cour d'assises de l'Hé-
rault L'insurrection de Marguerilte G01-
RAUD.
Les livres Marcel BALLOT.
L'EUROPE
'̃̃ • ET
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
Devant la face -de l'univers,, l'autre
jour, sur la tribune du Reichstag, M. de
Bûlow décerna les éloges de l'Empire à
nos concitoyens Jaurès et Millerand, les
propagateurs du rêve communiste
qu'aima Caïus Gracchus Babeuf guillo-
tiné pour l'audace de ce songe en mai
1797, au moment où les troupes des Alle-
magnes levées en masse combattaient
le Directoire dans la Lombardie etdans
les provinces rhénanes, -à cause de sa
philosophie subversive de l'ordre établi.
Ce revirement est digne d'une inscrip-
tion dans l'histoire. Depuis l'amitié dont
Frédéric et Catherine II voulurent grati-
fier Voltaire et Diderot, jusqu'au sourire
récent du chancelier germain, un roman
aux péripéties sanglantes, majestueuses
et sournoises, a bouleversé, le monde.
La vieille idée féodale des Barbares s'est
lentement éprise de 1 esprit révolution-
naire.
Un puissant écrivain se proposa 'd'ana-
lyser les' âmes dé ces prodigieux amants,
telles qu'elles se manifestèrent. durant
l'époque tragique de leur première ren-
contre. Voici près de vingt ans que M.
Albert Sorôl avec un génie patient et
enthousiaste accomplit cette ^oeuvre;. il
rédige le roman véridique de l'Europe
(celle, peut-être, qu'enleva le taureaumy-
thologique etdivin),de l'Europexqquette
d'abord avec l'encyclopédiste, puiseffa-
rouchée de son geste tranchant sur l'écha--
faud le chef royal, enfin stupéfaite et
admirante lorsque, sous la" .redingote
grise' et le petit chapeau de la légende,:
le Robespierre à cheval se dressa, pro-
clama la liberté des peuples, fonda la
République cisalpine, la République ro-
maine, la République pàrthénopéenne,
arbora les trois couleurs de sa cocarde
sur le pont d'Arcole et sur le plateau de
Rivoli, sur la façade de Saint-Marc,'
avant de les afficher aux ciels du Caire,
de Rome, Vienne, Raguse, Berlin, Ma-
drid, Amsterdam' et Moscou.
Par l'esprit de Catherine II l'Europe
avait, écouté, toute attentive, le beau lan-
gage du jeune colosse. Par l'âme autri-
chienne'élle fut craintive, hostile, ran-
cunière, avide et violentée. Mais par
l'âme italienne elle se donna, langou-
reuse, éperdue, le jour où Bonaparte
entra dans Milan aux acclamations d'une
élite philosophe et lettrée. Après les
miracles d'Austerlitz et d'Iéna l'Europe
laissa Goethe lui dire son compliment
de femme conquise et possédée. Sur
le radeau de TilsittJ'amàbilité d'Alexan-
dre s'acquitta d'un second message pa-
reil. Cependant l'amante toujours s'est
reprise. Le tentateur ne l'a tenue dahs
ses bras, défaillante et ravie, que par
instants. L'orgueil de cette noble maî-
tresse s'est toujours débattu, malgré le
tendre de leurs sentiments. Cruellement,
aux bords fleuris du Niémen, les amants
rompirent, en 1812. Dèslors ils ont laissé
leurs colères se foudroyer à Borodino,
s'étrangler à Leipzig, s'égorger à Wa-
terloo, pour se réconcilier dans les dé-
lices de Paris, avec les galanteries nouées
entre l'armée victorieuse et le peuple
remis à ses anciens rois.
De ce long baiser terrible, angoissé,
ardent, furieux, extatique et sanglant,
une fille avait été conçue. On la vit sou-
rire au soleil de juillet 1830, faire tapage
dans toutes les capitales en 1848. Les
peuples, ses amants, discourent depuis
lors dans les assemblées parlementaires
où ils régissent les volontés des souve-
rains, à l'exemple du Directoire.. Comme
toutes les mères éprises d'un grand sou-
venir passionnel, fût-il amer et doulou-
reux, la vieille Europe germanique et
féodale s'est asservie aux caprices liber-
taires de l'enfant de l'amour. Elle envoie
des baisers aimables aux rêves de Dan-
ton et de Babeuf. devenus les idées de
Millerand et l'éloquence de Jaurès, la té-
nacité de Bebel et l'audace de Gipriani.
Roman, poème, sans égaux. Jusqu'à ce
jour bien des hommes tentèrent d'en
relater les épisodes. Béranger rima des
chansons qui soulevèrent les masses.
Thiers édifia les actes d'une manière de
tragédie classique, sévère, sereine, tout
en surface. Michelet chanta les strophes
tumultueuses et lyriques d'une épopée
sentimentale. Carlyle traça l'impeccable
dessin de .cet esprit aux mille héros, aux
cent foules enthousiastes, cruelles, géné-
reuses et martyres. Il manquait à cette
matière immortelle d'avoir été travaillée
par un psychologue sagace, par un his-
torien méticuleux, surtout par un phi-
losophe aux conceptions embrassantes.
A cette idvJle superbe et monstrueuse/ il
fallait que fût érigé le monument défi-
nitif. M. Albert Sorèl a écrit. L'oeuvre
pieuse est faite. •-̃̃-̃
Déjà cinq chapitres ont paru cinq-
tomes. Dans ces premiers chapitres,
s'avère une. distinction précise entre
la tête et' le cœur ;de l'Europe. Cerveau
vieilli dans les machinations des guerres
et ;des diplomaties, habitué aux spécula-
trons positives quelësThugut et les Met-
ternich édiflerontrsavamment ses orga-
nes sont les, Cours, les familles royales,
lès diplomates détenteurs de la tradition.
Le cœur a pour organe d'expression la
bourgeoisie liseuse, diserte, les hommes
et les femmes sensibles, les disciples de
Jean-Jacques, les hobereaux malmenés
par les grands seigneurs. Tête et cœur
se contredisent dans chaque race. La
tête repousse de toutes ses vigueurs cet
amour insensé pour l'esprit révolution-
naire que le coeur espère à en mourir.
Tout le.drame est là. Tête contre cœur.
Le calcul contre l'enthousiasme.
La grosse affaire du dix-huitième siè-
cle pour l'Autriche, la Prusse et la Rus-
sie,.ç'avait été le partage de la Pologne.
Quand meurt Louis XVI, cette curée
s'achève, et qui intéresse les rois bien
mieux que le drame des Champs-Elysées.
D'ailleurs, les Bourbons sont les fils de
Louis XIV; Ils incarnent la puissance
que prépara l'habileté, de Richelieu me-
nant Gustave-Adolphe à la conquête de
rAutriche, et que consacra le traité de
"Westphalié. Avec la tête de Louis XVI,
toute la crainte des familles rivales
tombe. Et l'apanage de ce souverain,
sa ferme royale, la France, c'est, tout
à coup, un legs. Le parent redoutable
est mort. Sa succession s'ouvre. Une
seconde Pologne est à terre. La meute
se rue. On se .dispute déjà les parts.
Les mauvais* héritiers se surveillent au
seuil de la maison mortuaire. Ils se tra-
hissent, se contrecarrent, s'abandonnent,
selon l'habitude prise sur la terre de Polor
logne. Les savetiers en profitent. C'est
Valmy. C'est Jemappes. Le coup manque.
Les esclaves ne livrent pas les clef de la
maison; II va falloir en découdre. Mais le
prétexte est bon. On aura la bête. Le
comte d'Artois, te comte de. Provence,
les émigrés tentent vainement d'obtenir
un asile digne de leur infortune. Ils sont
déjà hors de cause. ;On leinvjette des
aumÔnes.On se les Tepasse.de Cour en
Cour comme des cousins- pauvres et in-
.commodes. Ils s'indigrieht." Est-.ce que
Louis XIV se garda de reconnaître le
protectorat de CromwéH, après l'exécu-
tion. de Charles J"? Ainsi raisonne le cer-
veau de l'Europe.
'Voilà pour la tête.
Quant au cœur, il tressaille. Une vie
chaleureuse ^xcite ses..b,atteinents..L'ég|1-:
lité, là fraternité, les. Droits dg J'hommë,
la sagesse des vieillards, la yértu des hér
ros, la sévérité' de Brutus, la loi de Rome,
toutes les figures delà rhétorique émou-
vante prennent corps. Mirabeau, Danton
rugissent. Des généraux de vingt ans
triomphent à l'âge éternel des Apollons.
Il y- a làr-basysurîes rives de laiSeinevdes
autels.et des trépieds,- des guirlandes à
l'antique, les vers de Chénier, les ta-
bleaux de David, les expériences de La-
bleaqx de David; les expériences de La-
voisier, les théorèmes de Laplace. A' la
musique de Méhul répond un air, de Ci-
marosa. Tout à l'heure ce même air sa-
luera dans le théâtre de, San-Carlo, parmi
les acclamations des Italiennes à demi
nues et les bravos délirants des bourgeois
napolitains, notre Championnet qui vient,
le même jour, d'entrer à Naples, après
avoir dispersé les troupes de la reine
Caroline. Lui dont les bottes sont encore
teintes du sang des lazzaroni, lui,
symbolise le génie français qui sait
abolir le fanatisme, l'ignorance et la cu-
pidité. On ne veut pas entendre les cris
des moribonds entassés dans les ruines
que dévore l'incendie. L'élite de 'Naples
pleure dé joie et fait l'ovation au libéra-
teur. C'est Jean-Jacques citoyen du
monde que ces belles femmes croient
voir sous le, chapeau empanaché aux
trois couleurs et dans l'habit à larges re-
vers brodés d'or. •
Par l'entremise de l'Italie le cœur de
l'Europe se donna. En cet instant ma-
gnifique de l'histoire, M. Albert Sorel
s'est complu pendant tout te cinquième
volume offert ces jours derniers à l'admi-
ration delà France. Tél un peintre heu-
reux de montrer à une femme encore
belle son portrait1 d'adolescente, l'image
fidèle et. complète, où paraissaient déjà
les signes du caractère et les présagés de
la destinée. ̃ ̃ •
Ce cinquième volume de l'Europe et la
Révolution française contient la phase la
plus émbuvàrite de la merveilleuse aven-
ture. C'est la prompte épopée de Bona-
parte c'est Arcolé, c'est Rivoli, c'est la
conquête de Venise, les préliminaires
de Leoben, le traité de Campo-Formio,
le congrès sournois de Rastadt, la féerie
de l'Egypte retrouvée par la civilisation
latine que Mongè et Berthollet ramènent
à l'ombre gigantesque des Pyramides
C'est aussi Brumaire.
Normand de haute taille et de profil
aquilin, M. Albert Sorel, avec l'âme d'un
arrière-neveu de Guillaume le Conqué-
rant, a revécu lès émotions guerrières
du général latin. Les larges épaules de
l'historien faites pour supporter ta cui-
rasse, sa tête élevée sur un grand corps
comme pour apercevoir au plus loin,
par-dessus la crinière du cheval, la mar-
che de l'adversaire, toute sa personne
aux allures combattantes et maîtresses
chante glorieusement cette évocation,
aussi large que scrupuleuse, du peuple
qui suivit en extase l'homme prédestiné,
et qui vainquit, et qui mourut au nom de
la foi républicaine. Faute d'avoir pu lui-
même conduire ces héros à la bataille,
faute d'avoir pu lui-même soumettre les
peuples, circonvenir les ambassadeurs,
administrer lés richesses des contrées
nouvelles, proclamer. des constitutions,
organiser; des directoires et des assem-
blées délibérantes, M. Albert Sorel a du
moins écrit, et dans une impeccable lan-
gyis^-les exploits, désirés, par son espoir.
~iJ:é~!e~, e;q~lçÜts, d,ésirés ,'P, à,r s~n, es.' "po.ir.
}Là science *4p i'esaçt,,du précis* de nn-,
Lb mrnén^ SEINE & SEmE-^T-OÎSE ÎS cmfmes == DBPARTEMEffTS 20 oemtimês
contestable et du définitif, la surprenante I
iriterpsychologie qui ne laisse rien d'oBs- IIIIv
cur dans les cerveaux des rois, des princes
des nûoistres, des diplomates, des ^vàîji-
queurs, des vaincus, des nobles, des let-
trés, des bourgeois, des politiciens, des
soldats, des peuples et des plèbes, cette
formidabjle et sûre érudition multipliq,
loin de la réduire, la véhémence de notre
lég-ende. »
Roman plus séducteur que tous les
romans parce qu'il les enferme tous dans
son étreinte immense. C'est la, genèse de
nos âmes héréditaires, des -émotions qui
ont échauffé le sang transmis par nos
aïeux dans nos veines. C'est le poème de
nos idées essentielles, de celles qui se
perpétuent par le moyen de nos -êtres, et
de générations en générations.' L'his-
toire, on l'a dit, doit -servir; de -roman
aux hommes. Si les femmes préfèrent
les cancans des adultères contés avec
grâce, il appartient; à l'élite virile d'ap-
prendre les origines de son esprit en lisant
les, annales. Aujourd'hui, les quelques
écrivains qui rénovent la science histo-
rique, sont la gloire de notre mentalité
française. A M. Hanotaux l'avenir devra
de savoir le génie de Richelieu et la
puissance du dix-septième siècle; à Ml
Faguet il devra de savoir rintelligeûce
créatrice du dix-huitième à M, Albert
VandaJ, à AI. Frédéric Massonil devra de
fréquenter intimement Napoléon, ses
amis, ses adversaires, sa famille; la so-f,;
ciété qui le préconisa, qui le vilipenda,*
qui l'aima, qui le glorifia, qui l'abattit.
M. Thureau-Dangin a superbement re-
constitué l'époque de Louis-Philippe, et
la vie des flls que la Révolution avait
conçus. A" M. Albert Sorel le monde de-
vra de palpiter en s'instruisant sur les
passions qui divisèrent, qui rapprochè-
rent la vieille tradition de l'Europe et
le génie nouveau de la République. Ce
sont là les monuments immortels du
plus grand effort humain tenté depuis la
mission fraternelle du Christ.
Paul. Adam.
LA VIE DE PARIS
Dans un Monderderêve
Lorsque le merveilleux palaiç doié ferma.
ses portes, à là fin-deigoo,' tous ceux quis'ont:
épris d'art et de rêve eurent un serrement de
coeur, et ils s'écrièrent en soupirant < Jamais <'
ri*n de tel ne se reve'Éra Cîsst du pavillon
impérial du Japon que je, parle,
•Un iiOHjaae/avait; été le .principal instigateur
de ce miracle d'art et son incomparable met-
teur en séène. C:étai£ ce savaiit, cet-artiste et
cet homme si profondément sympathique, Ta-
damasa Hayashi; commissaire général. de ces
îles de songe. C'était ..le. passionné de son. art;
national,. c'était le grandit le véritalile vulga-
risat.eur. des -maîtres et rdesrœuvres du Japon,
Après avoir censeigné les-artistes; et les
vains, pourvu, les collectionneurs, dicté à Ed-
mond de Goncourt les éléments de ses célè-
bres moTïogfâphiës; après avoir contribué plus'
puissamment que tout autre à faire.de Paris
la première ville japonisante du monde, M.
Hayashi frappa encore deux grands coups
l'organisation de ce radieux pavillon doré de
1900, et cette prodigieuse vente d'objets an-
ciens, qui, l'an dernier, fut. un dés plus impor-
tants événements de tout un ..cycle: d'art.
On pensait que ni l'une ni l'autre de ces
deux manifestations uniques ne pourrait se re-
produire d'ici longtemps. Et voici qu'en guise
de bouquet Hayashi les fait revivre toutes
deux en une seule, une exposition et une vente
d'œuvres de la. Chine et du Japon, qui fera, re-
passer sous nos yeux quelques-unes des pièces
mêmes qui figurèrent au pavillon, apportera
aux érudits des surprises et des problèmes nour
veaux, et au public parisien tous les sourires,
tous les caprices et toutes les grandeurs de la
fantaisie orientale.
Mais, cette, fois, la beauté de cette manifes-
tation se double du mérite d'un sacrifice;
Lorsqu'il fut question entre M. Hayashi et
M. S. Bing de faire une nouvelle- et der-
nière exposition à Paris de cet art japonais
que Tonne nous fera connaître jamais trop, il
fut convenu, d'un commun accord, que M,
Hayashi ferait venir du Japon les choses qu'il
avait jusqu'ici tenues mystérieuses, le .«.saint
des saints » de sa collection personnelle.. L'an-
cien commissaire! général ferait traverser les
océans avec toute une escorte de bibelots
précieux et de peintures insoupçonnées, à à
quelques-uns des' objets les plus rares. et les
plus anciens qui aient été conservés. Cette dér
cision correspondait trop au côté chevaleresque
et à l'espèce d'ardeur d'apôtre de M. Hayashi
pour que nous puissions nous en étonner.
Voilà pourquoi, à partir d'aujourd'hui, et pour
une durée de six jours .seulement, l'hôtel de la
rue de Provence, décor .naturel,, obligé, de; ces
solennités, et qui fut grâce à M. Bing un des
grands berceaux du japonisme, va nous offrir
le spectacle si recherché, si 'grisant de .ses
féeries japonaises, tout l'éclat de ses grands
jours, la délicieuse et brillante cohue des
belles japonisantes, des hommes de goût et
d'esprit, des envoyés des grands musées
étrangers, des Américains dont la seule appa^
rition provoque toutes les pâleurs de. = l'envie <
et sonne d'avance, à grands tintements de
dollars, le glas de nos regrets, la conquête de
la pièce que • nous convoitons sournoisement.
M. Robert de Montesquiou seur manquera à
la fête, et sera regretté.
Ah 1 pour un joli chapitre de « Vie .de
Paris >, c'en est un On regrette de ne
pouvoir s'y attarder davantage et de se trou-
ver ici dans la nécessité de se borner à la tâ-
che de critique..
Est-ce aux sculptures japonaises du sixième
au quinzième siècle qu'il faut donner la pré-
férence ? Est-ce à certaines porcelaines de la
Chine, datant du dixième siècle? Est-ce à
certains bronzes, chinois également, qui re-
montent à douze ou quinze cents ans avant
notre ère? Est-ce enfin à certaines peintures
japonaises primitives?
Non. N'indiquons. pas de préférences. C'est
plus sage. Car toutes ces choses ont leur
beauté praprej leur majesté diverse. Conten-
tons^Dous^de vous signaler les œuvres suprô-
mes que vou* devrez admirer dès le premier
jQur, prenant pour guide le superbe catalo-
gue dressé par M. Bing qui formera avec le
précédent un monument complet.
>. Voici une figurereligieuse, en terré laquée,
>du;sixièmë siècle, un saint personnage dans
une-prdfdnde: méditation, une des très rares
̃nous. Et voici deux chefs-d'œuvre de majesté
et de douceur lès statuettes de Kwànnon:et
dé Mânghetsoii. 'En vérité; la statuaire japo-
naise' a atteint*, le plus haut degré dans l'ex-
tase et là suavité sereines. On ne craint plus
rie dira qu'en ce sens elle a dépassé la sta-
tuaire grecque1. Regardez encore cette sta-
tuette assise du prêtre Mongakou, du dou-
ziènîe siècile' c'est peut-être le plus ancien
portrait sculpté du Japon qui soit venuen
France. Songez seulement au prix que l'on
payerait- le Scribe du raxisèe "égyptien. Est-il
jPlusBeau? ?'
Je passe sur 'les: puissants- masques des hui-
tième et neuvième siècles– qui sont d'une vi-
gueur égale à 'celles de nos Sculptures du
mqyeri âgé– pour. vous signaler maintenant,
parmi les objets chinois, des porcelaines de
la dynastie des Soung, sorte de fruits massifs,
savoureux, splendides, surnaturelles aubergi-
nes au dehors, clair, de lune infiniment doux à
l'intérieur. Vraiment, cet art oriental nous aura
fait comprendre comment la sensualité est
a|issi utr élément de beauté profonde. Parmi les
^jrcnzes, une grande cuvé de la dynastie des
fphang (1783 4 1134 avant J. C.) est un chef-
4t<Èuyre!de lignes dont le temps, en le ron-
geant, le macérant* le patinant, aiait un chef-
d'oeuvre, de matière.
Les bronzes japonais primitifs sont nom-
breux aussi On en avait rarement vu de plus
élégants de galbé que l'aiguière 1043 du cata-
logue du huitième siècle.
Intermédiaires entre la peinture et la tapis-
serie sont deux admirables kakémonos brodés
à l'aiguille, broderies religieuses du douzième
siècle. Jamais pièces de ce genre ne s'étaient
montrées chez nous.
Si inattendues qu'elles soient, ces pièces
l 'seront encore éclipsées par une peinture pri-
̃mitive, le Portrait du prêtre Guénjo • San^S,
œuvre attribuée à Kôndara no Kawanari,
peintre du neuvième siècle, favori de l'empe-
:ieur Nara. Cette peinture, d'une grande puis-
sance, et .d'ujne -conservation parfaite, sera-
rt-elle achetée -par; la France ? Hélas 1 poser la
question impliqué la »crainte.de la réponse. ̃
Du -moins espérons que- le vaste kakémono
4'Outàmaro, représentant un intérieur dérai-
son à Shinagawaydonnant .sur la mer immense
et peuplée dladorables' figures de -femme, sera
accroché au Louvre,'seul musées digne d'une
•pareille œuvre: Outamaro n'est. pas le seul 'qui
soit royalement représenté dans la collection
de peintures qui est, cette fois. encore, d'un in-
itérèt et d'une. variété exceptionnels: Mataheï,
Konn,. Koriousàï, Hôkqusaï surtout, nous
-apportent «utant de surprises que 4e régals.
• 'Nous Vôilâ: oblige- -de borner làeétte 4rop
ràpide'fevue, et ̃ ne fâirie qu'une allusion aux
laques aux. céramiques de toutes les écoles,
avec une'série de -pièces coréennes de; haut in-
térêt aux* objets de fer et de bois, aux ittr.6.
captivants, .aux mUtfïès fourmillant deVvie.
C'est tout un monde Il a falhï- six jours à
Dieu pour créer un monde ce' nous sers bien
peu-de six jours pouren étudier un. f
'̃•' ̃̃ ̃̃ i ̃ Arsène Alexandre. w
Êctios
ri La Température
>: Dès- neiges et des pluies sont encore signa-
lées dans presque toute l'Europe. En France,
il a plu au Havre, à, Charleville et à Paris,
bien que fè baromètre soit en belle hausse,
cW-à-dire a ^S"»"».
De nos ports. Manche, Bretagne et Océan,
mer belle, un peu agitée; Méditerranée, mer
agitée ou houleuse.
La température se relève hier à, Paris, dans
ïa -matinée, le thermomètre indiquait 50 au-
dessus de zéro, go dans l'après-midi, 70 le soir.
Journée sombre humidité pénétrante.
Départements, le matin, à sept heures
Au-dessous de zéro: 005 à Biarritz, à Nantes,
àiRoehefort, à Limoges, à Toulouse, à Bel-
fort et à Besançon, i<> à Marseille, a» à Gap
et à la Coubre.
Au-dessus de ^éro i» à Bordeaux, à.Cler-
montetà-Lyon,3O àl'ilë d'Aix, à Charleville, à
Nancy, au cap Béarn et à Croisette, 40 au
Mans, à Chassiron et à Oran, 50 à la Hève,
6» à Dunkerque, à Boulogne et à Lorient,_7o à
Gris-Nez, à Cherbourg, à la Hague, au Gro- à
gnon, à Perpignan, à Tunis et a,ux îles San-
guinaires, 8» à Breù, 90 à Ouessant, ro° à Nice
et à Biskra, 110 à Alger..
Etranger, le matin > .-̃ ̃•̃
Au-dessous de \ira': 605 à Cracovie, à Lem-
beFg, à Madrid, à Turin,- Moscou, à Varso-
vie, à Kiev et- à Odessa, i» à Hérmanstadt,
20 à. Stockholm, 5» à Arkhangel, 80 à Herno-
sand, io« à Saint-Pétersbourg, 120 à Kuopio.
Au-dessus de Çe'ro 1? à Breslàu, à Vienne
et à Budapest, -2<> à Francfort, 30 à Prague,
40 à Hamb'ourg, à Trieste ëtà Copenhague^»
à Munster, -"à Berlin, à Florence, à Bruxelles,
auHelder, à Utrecht et à Flessingue, 60 à
Yarmôuth et à.Livourne, 70 Greenwich, 8» à
Palerme, 90 à Valentia, à Barcelone, à Naples
et à Malte, iôo à Scilly, il» àPalma.
En France, un temps doux et à faibles on-
dées est probable dans le Nord, tandis que le
temps va rester frais et brumeux dans le sud.
Le soir .-le baromètre restait à 776mm Etats-
Unis maximum, 768mm minimum, 744">>ni.
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
P au. Gagnants du Figaro
Prix du Gave Forfar ou Ecurie Nou-
nez.
Prix du Belvédère Ecurie Thiébaux
ou Stello.
Prix des Drags Vigoureux ou Poryar.
Prix de la Pelouse Mirac ou Kniglît-
mare
LES BEAUX-ARTS `
On vient de discuter et de voter leur
< budget. Je. le voudrais plus gros,
mais par ce. temps de famine c'est-en-
core un assez joli budget. Les beaux-
arts ont un privilège tout le monde en
parle et, à la rigueur, tout le monde peut
en parler. Nous sommes tous assez artis-
tes, dans notre pays, pour causer, sans
trop de présomption, peinture, sculpture
et musique. Quant au théâtre, ce n'est
pas seulement "notre droit, c'est presque
notre devoir d'en dire tous les jours
notre opinion,.et nous le remplissons en
.conscience.
11 est vrai que les spécialistes nous
reprochent quelquefois de lâcher, sur
leur spécialité,- des sottises grosses
comme des montagnes. Ils ont raison
notre excuse et notre consolation, c'est
qu'ils en déballent, à l'heure,' qui sont
grandes comme des continents. Leurs
passions d'école et leur science même
les égarent.. Il est reconnu que, dans
tous lés- arts, le meilleur' critique1 n'est
.pas un artiste, mais un amateur éclairé
et indépendant. •
Comme chacun croit être cet amateur,
.le budget des beaux-arts a vu défiler
beaucoup d'orateurs à la tribune. Je
viens de re,lire,'dans Y- Officiel, tout ce
qu'ils y ont dit, et je me suis convaincu
que la discussion," trop éparpillée, papil-
lote de telle façon qu'on n'en peut pres-
que rien retenir. On a touché à tout, ce
qui. est le moyen infaillible dé ne s'ar-
rêter à rien Si l'ennui naquit un jour de
l'uniformité, c'est de la variété que naît
ici la confusion. Tant que les hommes à
idées ne concentreront pas leur effort
sur quelque point déterminé, ils n'ob-
tiendront pas la plus petite réforme.
Savez-vous ce qui m'a le plus frappé
dans cette «spèce d'enquête sur les
beaux-arts? C'est que le rapporteur veut
transporter le Conservatoire au bois de
Boulogne. Pauvres petites I
Avapt d'en arriver là, on devrait peut-
être prendre quelques précautions pour
empêcher le Louvre et Versailles de brû-
ler. Ces deux palais, ces deux musées,
d'inégale valeur, mais grands l'un et
l'autrç dans l'histoire, sont égalementme-
nacés d'incendie. Vous figurez-vous Paris
réveillé, un-matin, par cet horrible cri
«: Le Louvre brûle 1 Le Salon carré est en
feu! » Eh bien v il paraît que nous som-
mes exposés, depuis des années déjà, à
Ce petit accident, et que nous n'y avons
échappé jusqu'ici que par miracle.
Quant à Versailles, le feu y prend à
Intervalles réguliers et nous donne ainsi,
des ̃ avertissements périodiq ues, touj ours
plus graves, comme ceux du percepteur.
La saisie -arrivera. •••̃•
̃ La Chambre • s'en est émue; mais à
,quoi bon-s'eri ̃émouvoir si elle ne prend
pas une résolution; énergique; dictato-
riale, caractérisée par ce simple mot
«Je veux » 1
A Travea; Pazfe
C'est ee soir qu'aura liaji à J'ElyséB. le
gramq^e année, le Président de là République
et Mme Loubet;, en l'honneur du Parle-
ment. ;̃'̃ "'̃ .̃
Ce dîner sera suivi d'ùn;ë réoéptionr 011-
verte. • '̃ 1
•̃ -'•, :̃̃[ v.4&v: !~r." ̃̃'̃̃:
Le président Jdé la République- qui est
grândimaîtré' -de l'ordre de ^lâ Légion
d'honriéùr, Recevra dimanche la nou-
velle légionnaire:, Mme Gârlier, à qui il
-désiré adresser de vive voix ses félicita-
tions personnelles, pour le "bel acte d'hé-
roïsme qui a -valu la croix à-cètte vail-
lante jeune femme.
̃̃.̃
Le docteur SvenHedin, l'explorateur
bien connu des régions de l'Asie cen-
trale, à qui le ministre des affaires étran-
gères faisait remettre solennellement,
lundi soir, les insignes de commandeur
de la Légion d'honneur, sera reçu au-
jourd'hui: par M'. Loubet.
Viendra pas I Viendra Vien-
dra pas! –'Viendra!
Ces formules résument assez bien le
fond des conversations de la salle des
pas perdus depuis une semaine. Des
deux côtés, on avait les meilleurs argu-
ments pour démontrer qu'elle. ne pouvait
pas venir, ou qu'elle ne pouvait manquer
d'avoir lieu. Qui donc? L'affaire Hum-
bert à la 9° Chambre, mercredi prochain.
Depuis hier il n'y a plus de doute pos-
sible. Elle viendra. A l'appel des causes,
comme deux avocats, M68 Moro-Gaffièri
et Paul-Boncour, demandaient, d'accord,
le renvoi d'un procès à huitaine
• A huitaine, répliqua. M. Puget, de
l'air d'un homme « qui n'en est pas plus fier
pour ça », à huitaine nous aurons, autre
chose à faire! Nous avons l'affairé
Humbert l
À quinzaine alors, proposèrent les
avocats en s'inclinant devant ce nom.
A quinzaine? Je ne sais pas si ça
sera fini, reprit le magistrat.
Ainsi, voilà qui. est certain le procès
en dénonciation calomnieuse intenté
par M. Gattauï à Mme Humbert sera
commencé mercredi prochain il février
et continué le 18. Rappelons que'seuls
sont assignés dans cette affaire Thérèse
Humbert, son mari, et sa sœur Maria,
qui avait contresigné la plainte'en usure
déposée contre M. Cattauï, le banquier,
aujourd'hui plaignant.
De part et d'autre, des témoins vont
être cités. Et, quoique ce ne soit pas en-
core la Grande Affaire, on s'excite déjà
autour de ce prologue comme s'il, s'agisr
sait de la grande pièce. On prépare des
cartes spéciales, on apprête des bancs,
on tire des plans.
Voilà le Palais redevenu la grande
scène parisienne.
Le chevalier Pini est à Paris depuis
hier. Le Figaro a reçu sa visite dans la
soirée.
Il vient; selon sa promesse, pour pren-
dre part à l'assaut de retraite du maître
Rue. Il se rendra ensuite aux eaux, afin
de se remettre d'un épânchément de
synovie, après la guérison duquel il
compte tirer à l'hôtel du Figaro. C'est
seulement ensuite Qu'il se- rencontrera
asrèe'M. Brunéau'âe MiJoiie; ̃ l '̃
JeHjdï 5 Février 1903 1-
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
SÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9° arr1)
lÛ&BWiE, Trois lignes «<>* 10246 102-47 10241
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On s'abonne dans tous les Bureaux de Poste
de France et d'Algérie.
Le chevalier-Pini. vient chez nous en
ami; c'est ainsi que doivent l'accueillir
ceux qui ont l'amour descelles armes et
le souci des traditions de l'hospitalité
française.
Le. musée de rÔpéra s'enrichit chaque
jour de curieux souvenirs notre ami
Edouard: Philippe vient d'ajouter aux
dons faits par lui récemment, un objet
unique par sa rareté. Une bombe Or-
sini, celle qui fut trouvée sur le complice
Pierri arrêté rue Le Peletier, le soir même
de.l'attentat du 14 janvier 1858, alors que
l'Empereur se rendait, à l'Opéra. Orsini
avait fabriqué quatre bombes. Trois ont
éclaté faisant une trentaine de victimes.
Celle que M. Philippe vient de remettre
à M. Malherbes, archiviste du musée, est
la quatrième elle sera placée dans la
vitrine qui possède déjà la bretelle de
soie ensanglantée que portait le duc de
Berry, assassiné devant l'Opéra, par Lou-
vel. ̃
'f i
On a souvent parlé des chiffres prodi-
gieux qu'atteignent les appointements de
certaines artistes. En voici un exemple
toutrécent. Un imprésario fort connu a
offert à la belle Otero un cachet de quinze
cents francs parsoiréepour un des grands
music-halls de Londres, où on lui de-
mande surtout les danses si suggestives
qu'elle exécute dans la Revue des Polies-
Bergère,Xj'xrnprêsa.rio ajoutait qu'il paye-
rait le dédit fort élevé naturellement.
Mme Otero, qui obtient dans Cette revue
un véritable triomphe tant par son talent
que par sa beauté,, a refusé ces offres si
tentantes.
i rr
Voici l'époque où vont être célébrés
un grand nombre de mariages; c'est le
moment de rappeler que les Grands Ma-
gasins Dûfayel se sont fait une spécia-
lité des installations d'intérieur et qu'on
y trouve un choix considérable de bijou-
terie, orfèvrerie, joaillerie, ainsi que des
mobiliers complets par milliers, vendus
à des prix défiant toute concurrence avec
de grandes- facilités de paiement et livrés
franco d'emballage pour toute la France.
Cette maison fournit gratuitement tous
les1 devis, plans et dessins nécessaires.
~é:
Le numéro de février du Figaro illus-
tré, qui paraîtra mercredi prochain
11 courant, est appelé à un très grand
retentissement.
A .l'occasion ;des -fêtes, du vingt-cin-
quième anniversaire de l'élévation de
Léon XIII au trône de saint Pierre, ce
numéro sera, en effet, consacré tout e n-
tier ad Pape et au Vatican..
_"•;•.̃ .Hors-Tarn ,'̃-
't ',c,
L'approche des fêtes. carnavalesques
a,mène à Nice unefoule d'étrangers aussi
nombreuse qu'élégante. S'il est .un bon
conseilà donner aux*.jiombreux amis de
cette gaieté q u'apporte ;avec lai Sa Ma-
jesté Carnaval, c'est de ne?- pas 'manquer
de- faire un séjour àl'Hôtel Impérial. C'est
enieff et dans «e Palais incomparable que
se^réunit tout, ce- que.Nice compte de
plus' relevé parmi. ses hôtes de marque:
De Marseille:
«Avant de rejoindre son poste pour
préparer la réception du Président de la
République, le gouverneur de l'Algérie
passera quelques jours au Palace-Hôtel,
où. il a fait retenir ses appartements.
Choix merveilleux Car rien n'égale la
beauté et la salubrité de ce coin de la
Corniche si justement célèbre.
» M.Revoil est annoncé pour demain, a
Les arrivées hier à l'Hôtel de Paris à
Monte-Carlo
S. A. I. le grand-duc Michel de Russie, M.
J. de Prosoroff, baron Wettberg, M. de Wla-
dimirow, M. Capayamides, marquis Gentile,
de Rome M. dé Ekermidoff, prince' Duleep
Singh, baron Dorlodot, Mme E. Cahen, vi-
comte d'Hendecourt, M. Anthony Drexel, de
New-York; Mme F. Marni, capitaine et Mme
Greville, comte et comtesse Aventi Roporella,
M. et'Mme Roberts,M.et Mme D.Zafiropoulo,
Sir John Poynder, M. de Chollet.
Nouvelles à la Main
On plaide une instance en divorce.
L'avocat du mari, dans un beau mou-
vement oratoire
-Vous m'accorderez, messieurs, qu'en
montant dans ce fiacre, là femme de mon
client a mis tous les stores de son côté!
Le Massue de Fer.
L'AFFAIRE
''̃̃̃'• O' •'̃ d-e ̃
l'École polytechnique
L'affaire de l'Ecole polytechnique n'est
malheureusement pas terminée. On avait
espéré beaucoup de l'intervention des
grands « antiques » c'est-à-dire des an-
ciens élèves qui assistaient au banquet
donné, avant-hier soir, en l'honneur d'A-
dolphe Carnot. Rien ne s'est encore pro-
duit, et l'affaire en est toujours au même
point; En attendant une solution, que
nous conservons l'espoir d'obtenir paci-
fique et conciliante, nous avons un cer-
tain nombre de faits à indiquer et d'indi-
cations à donner, qu'il nous paraît utile
de faire connaître.
Disons d'abord -dans -quelles condi-
tions s'est effectué le départ des soixante
malheureux jeunes gens envoyés dans
des régiments dé province. Ces élèves
sont partis de l'Ecole à leurs frais. On
leur a imposé le payement du voyage à
effectuer pour rejoindre les garnisons
désignées. Cette somme a été prélevée,
pour chacun d'eux, sur la masse indivi-
duelle constituée en entrant à l'Ecole.
Chaque élève, eh effet, verse à l'origine
cent francs par provision, pour paye-
ment en cas 'de détérioration d'effets d'ha-
billement bu de matériel.
Utt^ertaja nombre dé ces jeunes
Gaston CALMETTE
Directeur-Gérant
RÉDACTION ADMINISTRATION
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A L'HOTEl DU « FIG1B0 »
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6 et 8, place de la Bourse
SOMMAIRE
L'Europe et la. Révolution français» Paut,
'.Adam. ̃' •̃ •
La Vie de Paris Dans un monde de rêve r
AasÈNE Alexandre.
A l'Ecole polytechnique •• Un ancien £lèvb
Les incidents de C/ermont-Ferrand -G. Da-
VËNAY. ̃
Uneoonférence contre le -divorce André Nède.
Dessin La discussion-du budget, présidence
Jaurès M., Comtes à la tribune Gap-
PIELLO. ̃ ̃ •
La Chambre Les Beaux-Arts l'Instruction
publique Pas-Perdus.<•.̃
Les coulisses parlementaires Paul Hémery.
L'affaire Humbert Pierre ET Paxil;
Gazette des tribunaux Cour d'assises de l'Hé-
rault L'insurrection de Marguerilte G01-
RAUD.
Les livres Marcel BALLOT.
L'EUROPE
'̃̃ • ET
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
Devant la face -de l'univers,, l'autre
jour, sur la tribune du Reichstag, M. de
Bûlow décerna les éloges de l'Empire à
nos concitoyens Jaurès et Millerand, les
propagateurs du rêve communiste
qu'aima Caïus Gracchus Babeuf guillo-
tiné pour l'audace de ce songe en mai
1797, au moment où les troupes des Alle-
magnes levées en masse combattaient
le Directoire dans la Lombardie etdans
les provinces rhénanes, -à cause de sa
philosophie subversive de l'ordre établi.
Ce revirement est digne d'une inscrip-
tion dans l'histoire. Depuis l'amitié dont
Frédéric et Catherine II voulurent grati-
fier Voltaire et Diderot, jusqu'au sourire
récent du chancelier germain, un roman
aux péripéties sanglantes, majestueuses
et sournoises, a bouleversé, le monde.
La vieille idée féodale des Barbares s'est
lentement éprise de 1 esprit révolution-
naire.
Un puissant écrivain se proposa 'd'ana-
lyser les' âmes dé ces prodigieux amants,
telles qu'elles se manifestèrent. durant
l'époque tragique de leur première ren-
contre. Voici près de vingt ans que M.
Albert Sorôl avec un génie patient et
enthousiaste accomplit cette ^oeuvre;. il
rédige le roman véridique de l'Europe
(celle, peut-être, qu'enleva le taureaumy-
thologique etdivin),de l'Europexqquette
d'abord avec l'encyclopédiste, puiseffa-
rouchée de son geste tranchant sur l'écha--
faud le chef royal, enfin stupéfaite et
admirante lorsque, sous la" .redingote
grise' et le petit chapeau de la légende,:
le Robespierre à cheval se dressa, pro-
clama la liberté des peuples, fonda la
République cisalpine, la République ro-
maine, la République pàrthénopéenne,
arbora les trois couleurs de sa cocarde
sur le pont d'Arcole et sur le plateau de
Rivoli, sur la façade de Saint-Marc,'
avant de les afficher aux ciels du Caire,
de Rome, Vienne, Raguse, Berlin, Ma-
drid, Amsterdam' et Moscou.
Par l'esprit de Catherine II l'Europe
avait, écouté, toute attentive, le beau lan-
gage du jeune colosse. Par l'âme autri-
chienne'élle fut craintive, hostile, ran-
cunière, avide et violentée. Mais par
l'âme italienne elle se donna, langou-
reuse, éperdue, le jour où Bonaparte
entra dans Milan aux acclamations d'une
élite philosophe et lettrée. Après les
miracles d'Austerlitz et d'Iéna l'Europe
laissa Goethe lui dire son compliment
de femme conquise et possédée. Sur
le radeau de TilsittJ'amàbilité d'Alexan-
dre s'acquitta d'un second message pa-
reil. Cependant l'amante toujours s'est
reprise. Le tentateur ne l'a tenue dahs
ses bras, défaillante et ravie, que par
instants. L'orgueil de cette noble maî-
tresse s'est toujours débattu, malgré le
tendre de leurs sentiments. Cruellement,
aux bords fleuris du Niémen, les amants
rompirent, en 1812. Dèslors ils ont laissé
leurs colères se foudroyer à Borodino,
s'étrangler à Leipzig, s'égorger à Wa-
terloo, pour se réconcilier dans les dé-
lices de Paris, avec les galanteries nouées
entre l'armée victorieuse et le peuple
remis à ses anciens rois.
De ce long baiser terrible, angoissé,
ardent, furieux, extatique et sanglant,
une fille avait été conçue. On la vit sou-
rire au soleil de juillet 1830, faire tapage
dans toutes les capitales en 1848. Les
peuples, ses amants, discourent depuis
lors dans les assemblées parlementaires
où ils régissent les volontés des souve-
rains, à l'exemple du Directoire.. Comme
toutes les mères éprises d'un grand sou-
venir passionnel, fût-il amer et doulou-
reux, la vieille Europe germanique et
féodale s'est asservie aux caprices liber-
taires de l'enfant de l'amour. Elle envoie
des baisers aimables aux rêves de Dan-
ton et de Babeuf. devenus les idées de
Millerand et l'éloquence de Jaurès, la té-
nacité de Bebel et l'audace de Gipriani.
Roman, poème, sans égaux. Jusqu'à ce
jour bien des hommes tentèrent d'en
relater les épisodes. Béranger rima des
chansons qui soulevèrent les masses.
Thiers édifia les actes d'une manière de
tragédie classique, sévère, sereine, tout
en surface. Michelet chanta les strophes
tumultueuses et lyriques d'une épopée
sentimentale. Carlyle traça l'impeccable
dessin de .cet esprit aux mille héros, aux
cent foules enthousiastes, cruelles, géné-
reuses et martyres. Il manquait à cette
matière immortelle d'avoir été travaillée
par un psychologue sagace, par un his-
torien méticuleux, surtout par un phi-
losophe aux conceptions embrassantes.
A cette idvJle superbe et monstrueuse/ il
fallait que fût érigé le monument défi-
nitif. M. Albert Sorèl a écrit. L'oeuvre
pieuse est faite. •-̃̃-̃
Déjà cinq chapitres ont paru cinq-
tomes. Dans ces premiers chapitres,
s'avère une. distinction précise entre
la tête et' le cœur ;de l'Europe. Cerveau
vieilli dans les machinations des guerres
et ;des diplomaties, habitué aux spécula-
trons positives quelësThugut et les Met-
ternich édiflerontrsavamment ses orga-
nes sont les, Cours, les familles royales,
lès diplomates détenteurs de la tradition.
Le cœur a pour organe d'expression la
bourgeoisie liseuse, diserte, les hommes
et les femmes sensibles, les disciples de
Jean-Jacques, les hobereaux malmenés
par les grands seigneurs. Tête et cœur
se contredisent dans chaque race. La
tête repousse de toutes ses vigueurs cet
amour insensé pour l'esprit révolution-
naire que le coeur espère à en mourir.
Tout le.drame est là. Tête contre cœur.
Le calcul contre l'enthousiasme.
La grosse affaire du dix-huitième siè-
cle pour l'Autriche, la Prusse et la Rus-
sie,.ç'avait été le partage de la Pologne.
Quand meurt Louis XVI, cette curée
s'achève, et qui intéresse les rois bien
mieux que le drame des Champs-Elysées.
D'ailleurs, les Bourbons sont les fils de
Louis XIV; Ils incarnent la puissance
que prépara l'habileté, de Richelieu me-
nant Gustave-Adolphe à la conquête de
rAutriche, et que consacra le traité de
"Westphalié. Avec la tête de Louis XVI,
toute la crainte des familles rivales
tombe. Et l'apanage de ce souverain,
sa ferme royale, la France, c'est, tout
à coup, un legs. Le parent redoutable
est mort. Sa succession s'ouvre. Une
seconde Pologne est à terre. La meute
se rue. On se .dispute déjà les parts.
Les mauvais* héritiers se surveillent au
seuil de la maison mortuaire. Ils se tra-
hissent, se contrecarrent, s'abandonnent,
selon l'habitude prise sur la terre de Polor
logne. Les savetiers en profitent. C'est
Valmy. C'est Jemappes. Le coup manque.
Les esclaves ne livrent pas les clef de la
maison; II va falloir en découdre. Mais le
prétexte est bon. On aura la bête. Le
comte d'Artois, te comte de. Provence,
les émigrés tentent vainement d'obtenir
un asile digne de leur infortune. Ils sont
déjà hors de cause. ;On leinvjette des
aumÔnes.On se les Tepasse.de Cour en
Cour comme des cousins- pauvres et in-
.commodes. Ils s'indigrieht." Est-.ce que
Louis XIV se garda de reconnaître le
protectorat de CromwéH, après l'exécu-
tion. de Charles J"? Ainsi raisonne le cer-
veau de l'Europe.
'Voilà pour la tête.
Quant au cœur, il tressaille. Une vie
chaleureuse ^xcite ses..b,atteinents..L'ég|1-:
lité, là fraternité, les. Droits dg J'hommë,
la sagesse des vieillards, la yértu des hér
ros, la sévérité' de Brutus, la loi de Rome,
toutes les figures delà rhétorique émou-
vante prennent corps. Mirabeau, Danton
rugissent. Des généraux de vingt ans
triomphent à l'âge éternel des Apollons.
Il y- a làr-basysurîes rives de laiSeinevdes
autels.et des trépieds,- des guirlandes à
l'antique, les vers de Chénier, les ta-
bleaux de David, les expériences de La-
bleaqx de David; les expériences de La-
voisier, les théorèmes de Laplace. A' la
musique de Méhul répond un air, de Ci-
marosa. Tout à l'heure ce même air sa-
luera dans le théâtre de, San-Carlo, parmi
les acclamations des Italiennes à demi
nues et les bravos délirants des bourgeois
napolitains, notre Championnet qui vient,
le même jour, d'entrer à Naples, après
avoir dispersé les troupes de la reine
Caroline. Lui dont les bottes sont encore
teintes du sang des lazzaroni, lui,
symbolise le génie français qui sait
abolir le fanatisme, l'ignorance et la cu-
pidité. On ne veut pas entendre les cris
des moribonds entassés dans les ruines
que dévore l'incendie. L'élite de 'Naples
pleure dé joie et fait l'ovation au libéra-
teur. C'est Jean-Jacques citoyen du
monde que ces belles femmes croient
voir sous le, chapeau empanaché aux
trois couleurs et dans l'habit à larges re-
vers brodés d'or. •
Par l'entremise de l'Italie le cœur de
l'Europe se donna. En cet instant ma-
gnifique de l'histoire, M. Albert Sorel
s'est complu pendant tout te cinquième
volume offert ces jours derniers à l'admi-
ration delà France. Tél un peintre heu-
reux de montrer à une femme encore
belle son portrait1 d'adolescente, l'image
fidèle et. complète, où paraissaient déjà
les signes du caractère et les présagés de
la destinée. ̃ ̃ •
Ce cinquième volume de l'Europe et la
Révolution française contient la phase la
plus émbuvàrite de la merveilleuse aven-
ture. C'est la prompte épopée de Bona-
parte c'est Arcolé, c'est Rivoli, c'est la
conquête de Venise, les préliminaires
de Leoben, le traité de Campo-Formio,
le congrès sournois de Rastadt, la féerie
de l'Egypte retrouvée par la civilisation
latine que Mongè et Berthollet ramènent
à l'ombre gigantesque des Pyramides
C'est aussi Brumaire.
Normand de haute taille et de profil
aquilin, M. Albert Sorel, avec l'âme d'un
arrière-neveu de Guillaume le Conqué-
rant, a revécu lès émotions guerrières
du général latin. Les larges épaules de
l'historien faites pour supporter ta cui-
rasse, sa tête élevée sur un grand corps
comme pour apercevoir au plus loin,
par-dessus la crinière du cheval, la mar-
che de l'adversaire, toute sa personne
aux allures combattantes et maîtresses
chante glorieusement cette évocation,
aussi large que scrupuleuse, du peuple
qui suivit en extase l'homme prédestiné,
et qui vainquit, et qui mourut au nom de
la foi républicaine. Faute d'avoir pu lui-
même conduire ces héros à la bataille,
faute d'avoir pu lui-même soumettre les
peuples, circonvenir les ambassadeurs,
administrer lés richesses des contrées
nouvelles, proclamer. des constitutions,
organiser; des directoires et des assem-
blées délibérantes, M. Albert Sorel a du
moins écrit, et dans une impeccable lan-
gyis^-les exploits, désirés, par son espoir.
~iJ:é~!e~, e;q~lçÜts, d,ésirés ,'P, à,r s~n, es.' "po.ir.
}Là science *4p i'esaçt,,du précis* de nn-,
Lb mrnén^ SEINE & SEmE-^T-OÎSE ÎS cmfmes == DBPARTEMEffTS 20 oemtimês
contestable et du définitif, la surprenante I
iriterpsychologie qui ne laisse rien d'oBs- IIIIv
cur dans les cerveaux des rois, des princes
des nûoistres, des diplomates, des ^vàîji-
queurs, des vaincus, des nobles, des let-
trés, des bourgeois, des politiciens, des
soldats, des peuples et des plèbes, cette
formidabjle et sûre érudition multipliq,
loin de la réduire, la véhémence de notre
lég-ende. »
Roman plus séducteur que tous les
romans parce qu'il les enferme tous dans
son étreinte immense. C'est la, genèse de
nos âmes héréditaires, des -émotions qui
ont échauffé le sang transmis par nos
aïeux dans nos veines. C'est le poème de
nos idées essentielles, de celles qui se
perpétuent par le moyen de nos -êtres, et
de générations en générations.' L'his-
toire, on l'a dit, doit -servir; de -roman
aux hommes. Si les femmes préfèrent
les cancans des adultères contés avec
grâce, il appartient; à l'élite virile d'ap-
prendre les origines de son esprit en lisant
les, annales. Aujourd'hui, les quelques
écrivains qui rénovent la science histo-
rique, sont la gloire de notre mentalité
française. A M. Hanotaux l'avenir devra
de savoir le génie de Richelieu et la
puissance du dix-septième siècle; à Ml
Faguet il devra de savoir rintelligeûce
créatrice du dix-huitième à M, Albert
VandaJ, à AI. Frédéric Massonil devra de
fréquenter intimement Napoléon, ses
amis, ses adversaires, sa famille; la so-f,;
ciété qui le préconisa, qui le vilipenda,*
qui l'aima, qui le glorifia, qui l'abattit.
M. Thureau-Dangin a superbement re-
constitué l'époque de Louis-Philippe, et
la vie des flls que la Révolution avait
conçus. A" M. Albert Sorel le monde de-
vra de palpiter en s'instruisant sur les
passions qui divisèrent, qui rapprochè-
rent la vieille tradition de l'Europe et
le génie nouveau de la République. Ce
sont là les monuments immortels du
plus grand effort humain tenté depuis la
mission fraternelle du Christ.
Paul. Adam.
LA VIE DE PARIS
Dans un Monderderêve
Lorsque le merveilleux palaiç doié ferma.
ses portes, à là fin-deigoo,' tous ceux quis'ont:
épris d'art et de rêve eurent un serrement de
coeur, et ils s'écrièrent en soupirant < Jamais <'
ri*n de tel ne se reve'Éra Cîsst du pavillon
impérial du Japon que je, parle,
•Un iiOHjaae/avait; été le .principal instigateur
de ce miracle d'art et son incomparable met-
teur en séène. C:étai£ ce savaiit, cet-artiste et
cet homme si profondément sympathique, Ta-
damasa Hayashi; commissaire général. de ces
îles de songe. C'était ..le. passionné de son. art;
national,. c'était le grandit le véritalile vulga-
risat.eur. des -maîtres et rdesrœuvres du Japon,
Après avoir censeigné les-artistes; et les
vains, pourvu, les collectionneurs, dicté à Ed-
mond de Goncourt les éléments de ses célè-
bres moTïogfâphiës; après avoir contribué plus'
puissamment que tout autre à faire.de Paris
la première ville japonisante du monde, M.
Hayashi frappa encore deux grands coups
l'organisation de ce radieux pavillon doré de
1900, et cette prodigieuse vente d'objets an-
ciens, qui, l'an dernier, fut. un dés plus impor-
tants événements de tout un ..cycle: d'art.
On pensait que ni l'une ni l'autre de ces
deux manifestations uniques ne pourrait se re-
produire d'ici longtemps. Et voici qu'en guise
de bouquet Hayashi les fait revivre toutes
deux en une seule, une exposition et une vente
d'œuvres de la. Chine et du Japon, qui fera, re-
passer sous nos yeux quelques-unes des pièces
mêmes qui figurèrent au pavillon, apportera
aux érudits des surprises et des problèmes nour
veaux, et au public parisien tous les sourires,
tous les caprices et toutes les grandeurs de la
fantaisie orientale.
Mais, cette, fois, la beauté de cette manifes-
tation se double du mérite d'un sacrifice;
Lorsqu'il fut question entre M. Hayashi et
M. S. Bing de faire une nouvelle- et der-
nière exposition à Paris de cet art japonais
que Tonne nous fera connaître jamais trop, il
fut convenu, d'un commun accord, que M,
Hayashi ferait venir du Japon les choses qu'il
avait jusqu'ici tenues mystérieuses, le .«.saint
des saints » de sa collection personnelle.. L'an-
cien commissaire! général ferait traverser les
océans avec toute une escorte de bibelots
précieux et de peintures insoupçonnées, à à
quelques-uns des' objets les plus rares. et les
plus anciens qui aient été conservés. Cette dér
cision correspondait trop au côté chevaleresque
et à l'espèce d'ardeur d'apôtre de M. Hayashi
pour que nous puissions nous en étonner.
Voilà pourquoi, à partir d'aujourd'hui, et pour
une durée de six jours .seulement, l'hôtel de la
rue de Provence, décor .naturel,, obligé, de; ces
solennités, et qui fut grâce à M. Bing un des
grands berceaux du japonisme, va nous offrir
le spectacle si recherché, si 'grisant de .ses
féeries japonaises, tout l'éclat de ses grands
jours, la délicieuse et brillante cohue des
belles japonisantes, des hommes de goût et
d'esprit, des envoyés des grands musées
étrangers, des Américains dont la seule appa^
rition provoque toutes les pâleurs de. = l'envie <
et sonne d'avance, à grands tintements de
dollars, le glas de nos regrets, la conquête de
la pièce que • nous convoitons sournoisement.
M. Robert de Montesquiou seur manquera à
la fête, et sera regretté.
Ah 1 pour un joli chapitre de « Vie .de
Paris >, c'en est un On regrette de ne
pouvoir s'y attarder davantage et de se trou-
ver ici dans la nécessité de se borner à la tâ-
che de critique..
Est-ce aux sculptures japonaises du sixième
au quinzième siècle qu'il faut donner la pré-
férence ? Est-ce à certaines porcelaines de la
Chine, datant du dixième siècle? Est-ce à
certains bronzes, chinois également, qui re-
montent à douze ou quinze cents ans avant
notre ère? Est-ce enfin à certaines peintures
japonaises primitives?
Non. N'indiquons. pas de préférences. C'est
plus sage. Car toutes ces choses ont leur
beauté praprej leur majesté diverse. Conten-
tons^Dous^de vous signaler les œuvres suprô-
mes que vou* devrez admirer dès le premier
jQur, prenant pour guide le superbe catalo-
gue dressé par M. Bing qui formera avec le
précédent un monument complet.
>. Voici une figurereligieuse, en terré laquée,
>du;sixièmë siècle, un saint personnage dans
une-prdfdnde: méditation, une des très rares
̃
et de douceur lès statuettes de Kwànnon:et
dé Mânghetsoii. 'En vérité; la statuaire japo-
naise' a atteint*, le plus haut degré dans l'ex-
tase et là suavité sereines. On ne craint plus
rie dira qu'en ce sens elle a dépassé la sta-
tuaire grecque1. Regardez encore cette sta-
tuette assise du prêtre Mongakou, du dou-
ziènîe siècile' c'est peut-être le plus ancien
portrait sculpté du Japon qui soit venuen
France. Songez seulement au prix que l'on
payerait- le Scribe du raxisèe "égyptien. Est-il
jPlusBeau? ?'
Je passe sur 'les: puissants- masques des hui-
tième et neuvième siècles– qui sont d'une vi-
gueur égale à 'celles de nos Sculptures du
mqyeri âgé– pour. vous signaler maintenant,
parmi les objets chinois, des porcelaines de
la dynastie des Soung, sorte de fruits massifs,
savoureux, splendides, surnaturelles aubergi-
nes au dehors, clair, de lune infiniment doux à
l'intérieur. Vraiment, cet art oriental nous aura
fait comprendre comment la sensualité est
a|issi utr élément de beauté profonde. Parmi les
^jrcnzes, une grande cuvé de la dynastie des
fphang (1783 4 1134 avant J. C.) est un chef-
4t<Èuyre!de lignes dont le temps, en le ron-
geant, le macérant* le patinant, aiait un chef-
d'oeuvre, de matière.
Les bronzes japonais primitifs sont nom-
breux aussi On en avait rarement vu de plus
élégants de galbé que l'aiguière 1043 du cata-
logue du huitième siècle.
Intermédiaires entre la peinture et la tapis-
serie sont deux admirables kakémonos brodés
à l'aiguille, broderies religieuses du douzième
siècle. Jamais pièces de ce genre ne s'étaient
montrées chez nous.
Si inattendues qu'elles soient, ces pièces
l 'seront encore éclipsées par une peinture pri-
̃mitive, le Portrait du prêtre Guénjo • San^S,
œuvre attribuée à Kôndara no Kawanari,
peintre du neuvième siècle, favori de l'empe-
:ieur Nara. Cette peinture, d'une grande puis-
sance, et .d'ujne -conservation parfaite, sera-
rt-elle achetée -par; la France ? Hélas 1 poser la
question impliqué la »crainte.de la réponse. ̃
Du -moins espérons que- le vaste kakémono
4'Outàmaro, représentant un intérieur dérai-
son à Shinagawaydonnant .sur la mer immense
et peuplée dladorables' figures de -femme, sera
accroché au Louvre,'seul musées digne d'une
•pareille œuvre: Outamaro n'est. pas le seul 'qui
soit royalement représenté dans la collection
de peintures qui est, cette fois. encore, d'un in-
itérèt et d'une. variété exceptionnels: Mataheï,
Konn,. Koriousàï, Hôkqusaï surtout, nous
-apportent «utant de surprises que 4e régals.
• 'Nous Vôilâ: oblige- -de borner làeétte 4rop
ràpide'fevue, et ̃ ne fâirie qu'une allusion aux
laques aux. céramiques de toutes les écoles,
avec une'série de -pièces coréennes de; haut in-
térêt aux* objets de fer et de bois, aux ittr.6.
captivants, .aux mUtfïès fourmillant deVvie.
C'est tout un monde Il a falhï- six jours à
Dieu pour créer un monde ce' nous sers bien
peu-de six jours pouren étudier un. f
'̃•' ̃̃ ̃̃ i ̃ Arsène Alexandre. w
Êctios
ri La Température
>: Dès- neiges et des pluies sont encore signa-
lées dans presque toute l'Europe. En France,
il a plu au Havre, à, Charleville et à Paris,
bien que fè baromètre soit en belle hausse,
cW-à-dire a ^S"»"».
De nos ports. Manche, Bretagne et Océan,
mer belle, un peu agitée; Méditerranée, mer
agitée ou houleuse.
La température se relève hier à, Paris, dans
ïa -matinée, le thermomètre indiquait 50 au-
dessus de zéro, go dans l'après-midi, 70 le soir.
Journée sombre humidité pénétrante.
Départements, le matin, à sept heures
Au-dessous de zéro: 005 à Biarritz, à Nantes,
àiRoehefort, à Limoges, à Toulouse, à Bel-
fort et à Besançon, i<> à Marseille, a» à Gap
et à la Coubre.
Au-dessus de ^éro i» à Bordeaux, à.Cler-
montetà-Lyon,3O àl'ilë d'Aix, à Charleville, à
Nancy, au cap Béarn et à Croisette, 40 au
Mans, à Chassiron et à Oran, 50 à la Hève,
6» à Dunkerque, à Boulogne et à Lorient,_7o à
Gris-Nez, à Cherbourg, à la Hague, au Gro- à
gnon, à Perpignan, à Tunis et a,ux îles San-
guinaires, 8» à Breù, 90 à Ouessant, ro° à Nice
et à Biskra, 110 à Alger..
Etranger, le matin > .-̃ ̃•̃
Au-dessous de \ira': 605 à Cracovie, à Lem-
beFg, à Madrid, à Turin,- Moscou, à Varso-
vie, à Kiev et- à Odessa, i» à Hérmanstadt,
20 à. Stockholm, 5» à Arkhangel, 80 à Herno-
sand, io« à Saint-Pétersbourg, 120 à Kuopio.
Au-dessus de Çe'ro 1? à Breslàu, à Vienne
et à Budapest, -2<> à Francfort, 30 à Prague,
40 à Hamb'ourg, à Trieste ëtà Copenhague^»
à Munster, -"à Berlin, à Florence, à Bruxelles,
auHelder, à Utrecht et à Flessingue, 60 à
Yarmôuth et à.Livourne, 70 Greenwich, 8» à
Palerme, 90 à Valentia, à Barcelone, à Naples
et à Malte, iôo à Scilly, il» àPalma.
En France, un temps doux et à faibles on-
dées est probable dans le Nord, tandis que le
temps va rester frais et brumeux dans le sud.
Le soir .-le baromètre restait à 776mm Etats-
Unis maximum, 768mm minimum, 744">>ni.
Les Courses
Aujourd'hui, à deux heures, Courses à
P au. Gagnants du Figaro
Prix du Gave Forfar ou Ecurie Nou-
nez.
Prix du Belvédère Ecurie Thiébaux
ou Stello.
Prix des Drags Vigoureux ou Poryar.
Prix de la Pelouse Mirac ou Kniglît-
mare
LES BEAUX-ARTS `
On vient de discuter et de voter leur
< budget. Je. le voudrais plus gros,
mais par ce. temps de famine c'est-en-
core un assez joli budget. Les beaux-
arts ont un privilège tout le monde en
parle et, à la rigueur, tout le monde peut
en parler. Nous sommes tous assez artis-
tes, dans notre pays, pour causer, sans
trop de présomption, peinture, sculpture
et musique. Quant au théâtre, ce n'est
pas seulement "notre droit, c'est presque
notre devoir d'en dire tous les jours
notre opinion,.et nous le remplissons en
.conscience.
11 est vrai que les spécialistes nous
reprochent quelquefois de lâcher, sur
leur spécialité,- des sottises grosses
comme des montagnes. Ils ont raison
notre excuse et notre consolation, c'est
qu'ils en déballent, à l'heure,' qui sont
grandes comme des continents. Leurs
passions d'école et leur science même
les égarent.. Il est reconnu que, dans
tous lés- arts, le meilleur' critique1 n'est
.pas un artiste, mais un amateur éclairé
et indépendant. •
Comme chacun croit être cet amateur,
.le budget des beaux-arts a vu défiler
beaucoup d'orateurs à la tribune. Je
viens de re,lire,'dans Y- Officiel, tout ce
qu'ils y ont dit, et je me suis convaincu
que la discussion," trop éparpillée, papil-
lote de telle façon qu'on n'en peut pres-
que rien retenir. On a touché à tout, ce
qui. est le moyen infaillible dé ne s'ar-
rêter à rien Si l'ennui naquit un jour de
l'uniformité, c'est de la variété que naît
ici la confusion. Tant que les hommes à
idées ne concentreront pas leur effort
sur quelque point déterminé, ils n'ob-
tiendront pas la plus petite réforme.
Savez-vous ce qui m'a le plus frappé
dans cette «spèce d'enquête sur les
beaux-arts? C'est que le rapporteur veut
transporter le Conservatoire au bois de
Boulogne. Pauvres petites I
Avapt d'en arriver là, on devrait peut-
être prendre quelques précautions pour
empêcher le Louvre et Versailles de brû-
ler. Ces deux palais, ces deux musées,
d'inégale valeur, mais grands l'un et
l'autrç dans l'histoire, sont égalementme-
nacés d'incendie. Vous figurez-vous Paris
réveillé, un-matin, par cet horrible cri
«: Le Louvre brûle 1 Le Salon carré est en
feu! » Eh bien v il paraît que nous som-
mes exposés, depuis des années déjà, à
Ce petit accident, et que nous n'y avons
échappé jusqu'ici que par miracle.
Quant à Versailles, le feu y prend à
Intervalles réguliers et nous donne ainsi,
des ̃ avertissements périodiq ues, touj ours
plus graves, comme ceux du percepteur.
La saisie -arrivera. •••̃•
̃ La Chambre • s'en est émue; mais à
,quoi bon-s'eri ̃émouvoir si elle ne prend
pas une résolution; énergique; dictato-
riale, caractérisée par ce simple mot
«Je veux » 1
A Travea; Pazfe
C'est ee soir qu'aura liaji à J'ElyséB. le
gramq^e année, le Président de là République
et Mme Loubet;, en l'honneur du Parle-
ment. ;̃'̃ "'̃ .̃
Ce dîner sera suivi d'ùn;ë réoéptionr 011-
verte. • '̃ 1
•̃ -'•, :̃̃[ v.4&v: !~r." ̃̃'̃̃:
Le président Jdé la République- qui est
grândimaîtré' -de l'ordre de ^lâ Légion
d'honriéùr, Recevra dimanche la nou-
velle légionnaire:, Mme Gârlier, à qui il
-désiré adresser de vive voix ses félicita-
tions personnelles, pour le "bel acte d'hé-
roïsme qui a -valu la croix à-cètte vail-
lante jeune femme.
̃̃.̃
Le docteur SvenHedin, l'explorateur
bien connu des régions de l'Asie cen-
trale, à qui le ministre des affaires étran-
gères faisait remettre solennellement,
lundi soir, les insignes de commandeur
de la Légion d'honneur, sera reçu au-
jourd'hui: par M'. Loubet.
Viendra pas I Viendra Vien-
dra pas! –'Viendra!
Ces formules résument assez bien le
fond des conversations de la salle des
pas perdus depuis une semaine. Des
deux côtés, on avait les meilleurs argu-
ments pour démontrer qu'elle. ne pouvait
pas venir, ou qu'elle ne pouvait manquer
d'avoir lieu. Qui donc? L'affaire Hum-
bert à la 9° Chambre, mercredi prochain.
Depuis hier il n'y a plus de doute pos-
sible. Elle viendra. A l'appel des causes,
comme deux avocats, M68 Moro-Gaffièri
et Paul-Boncour, demandaient, d'accord,
le renvoi d'un procès à huitaine
• A huitaine, répliqua. M. Puget, de
l'air d'un homme « qui n'en est pas plus fier
pour ça », à huitaine nous aurons, autre
chose à faire! Nous avons l'affairé
Humbert l
À quinzaine alors, proposèrent les
avocats en s'inclinant devant ce nom.
A quinzaine? Je ne sais pas si ça
sera fini, reprit le magistrat.
Ainsi, voilà qui. est certain le procès
en dénonciation calomnieuse intenté
par M. Gattauï à Mme Humbert sera
commencé mercredi prochain il février
et continué le 18. Rappelons que'seuls
sont assignés dans cette affaire Thérèse
Humbert, son mari, et sa sœur Maria,
qui avait contresigné la plainte'en usure
déposée contre M. Cattauï, le banquier,
aujourd'hui plaignant.
De part et d'autre, des témoins vont
être cités. Et, quoique ce ne soit pas en-
core la Grande Affaire, on s'excite déjà
autour de ce prologue comme s'il, s'agisr
sait de la grande pièce. On prépare des
cartes spéciales, on apprête des bancs,
on tire des plans.
Voilà le Palais redevenu la grande
scène parisienne.
Le chevalier Pini est à Paris depuis
hier. Le Figaro a reçu sa visite dans la
soirée.
Il vient; selon sa promesse, pour pren-
dre part à l'assaut de retraite du maître
Rue. Il se rendra ensuite aux eaux, afin
de se remettre d'un épânchément de
synovie, après la guérison duquel il
compte tirer à l'hôtel du Figaro. C'est
seulement ensuite Qu'il se- rencontrera
asrèe'M. Brunéau'âe MiJoiie; ̃ l '̃
JeHjdï 5 Février 1903 1-
H. DE VILLEMESSANT
Fondateur
SÉDACTION ADMINISTRATION
26, rue Drouot, Paris (9° arr1)
lÛ&BWiE, Trois lignes «<>* 10246 102-47 10241
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Union postale. 21 50 -43 » 86 •
On s'abonne dans tous les Bureaux de Poste
de France et d'Algérie.
Le chevalier-Pini. vient chez nous en
ami; c'est ainsi que doivent l'accueillir
ceux qui ont l'amour descelles armes et
le souci des traditions de l'hospitalité
française.
Le. musée de rÔpéra s'enrichit chaque
jour de curieux souvenirs notre ami
Edouard: Philippe vient d'ajouter aux
dons faits par lui récemment, un objet
unique par sa rareté. Une bombe Or-
sini, celle qui fut trouvée sur le complice
Pierri arrêté rue Le Peletier, le soir même
de.l'attentat du 14 janvier 1858, alors que
l'Empereur se rendait, à l'Opéra. Orsini
avait fabriqué quatre bombes. Trois ont
éclaté faisant une trentaine de victimes.
Celle que M. Philippe vient de remettre
à M. Malherbes, archiviste du musée, est
la quatrième elle sera placée dans la
vitrine qui possède déjà la bretelle de
soie ensanglantée que portait le duc de
Berry, assassiné devant l'Opéra, par Lou-
vel. ̃
'f i
On a souvent parlé des chiffres prodi-
gieux qu'atteignent les appointements de
certaines artistes. En voici un exemple
toutrécent. Un imprésario fort connu a
offert à la belle Otero un cachet de quinze
cents francs parsoiréepour un des grands
music-halls de Londres, où on lui de-
mande surtout les danses si suggestives
qu'elle exécute dans la Revue des Polies-
Bergère,Xj'xrnprêsa.rio ajoutait qu'il paye-
rait le dédit fort élevé naturellement.
Mme Otero, qui obtient dans Cette revue
un véritable triomphe tant par son talent
que par sa beauté,, a refusé ces offres si
tentantes.
i rr
Voici l'époque où vont être célébrés
un grand nombre de mariages; c'est le
moment de rappeler que les Grands Ma-
gasins Dûfayel se sont fait une spécia-
lité des installations d'intérieur et qu'on
y trouve un choix considérable de bijou-
terie, orfèvrerie, joaillerie, ainsi que des
mobiliers complets par milliers, vendus
à des prix défiant toute concurrence avec
de grandes- facilités de paiement et livrés
franco d'emballage pour toute la France.
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les1 devis, plans et dessins nécessaires.
~é:
Le numéro de février du Figaro illus-
tré, qui paraîtra mercredi prochain
11 courant, est appelé à un très grand
retentissement.
A .l'occasion ;des -fêtes, du vingt-cin-
quième anniversaire de l'élévation de
Léon XIII au trône de saint Pierre, ce
numéro sera, en effet, consacré tout e n-
tier ad Pape et au Vatican..
_"•;•.̃ .Hors-Tarn ,'̃-
't ',c,
L'approche des fêtes. carnavalesques
a,mène à Nice unefoule d'étrangers aussi
nombreuse qu'élégante. S'il est .un bon
conseilà donner aux*.jiombreux amis de
cette gaieté q u'apporte ;avec lai Sa Ma-
jesté Carnaval, c'est de ne?- pas 'manquer
de- faire un séjour àl'Hôtel Impérial. C'est
enieff et dans «e Palais incomparable que
se^réunit tout, ce- que.Nice compte de
plus' relevé parmi. ses hôtes de marque:
De Marseille:
«Avant de rejoindre son poste pour
préparer la réception du Président de la
République, le gouverneur de l'Algérie
passera quelques jours au Palace-Hôtel,
où. il a fait retenir ses appartements.
Choix merveilleux Car rien n'égale la
beauté et la salubrité de ce coin de la
Corniche si justement célèbre.
» M.Revoil est annoncé pour demain, a
Les arrivées hier à l'Hôtel de Paris à
Monte-Carlo
S. A. I. le grand-duc Michel de Russie, M.
J. de Prosoroff, baron Wettberg, M. de Wla-
dimirow, M. Capayamides, marquis Gentile,
de Rome M. dé Ekermidoff, prince' Duleep
Singh, baron Dorlodot, Mme E. Cahen, vi-
comte d'Hendecourt, M. Anthony Drexel, de
New-York; Mme F. Marni, capitaine et Mme
Greville, comte et comtesse Aventi Roporella,
M. et'Mme Roberts,M.et Mme D.Zafiropoulo,
Sir John Poynder, M. de Chollet.
Nouvelles à la Main
On plaide une instance en divorce.
L'avocat du mari, dans un beau mou-
vement oratoire
-Vous m'accorderez, messieurs, qu'en
montant dans ce fiacre, là femme de mon
client a mis tous les stores de son côté!
Le Massue de Fer.
L'AFFAIRE
''̃̃̃'• O' •'̃ d-e ̃
l'École polytechnique
L'affaire de l'Ecole polytechnique n'est
malheureusement pas terminée. On avait
espéré beaucoup de l'intervention des
grands « antiques » c'est-à-dire des an-
ciens élèves qui assistaient au banquet
donné, avant-hier soir, en l'honneur d'A-
dolphe Carnot. Rien ne s'est encore pro-
duit, et l'affaire en est toujours au même
point; En attendant une solution, que
nous conservons l'espoir d'obtenir paci-
fique et conciliante, nous avons un cer-
tain nombre de faits à indiquer et d'indi-
cations à donner, qu'il nous paraît utile
de faire connaître.
Disons d'abord -dans -quelles condi-
tions s'est effectué le départ des soixante
malheureux jeunes gens envoyés dans
des régiments dé province. Ces élèves
sont partis de l'Ecole à leurs frais. On
leur a imposé le payement du voyage à
effectuer pour rejoindre les garnisons
désignées. Cette somme a été prélevée,
pour chacun d'eux, sur la masse indivi-
duelle constituée en entrant à l'Ecole.
Chaque élève, eh effet, verse à l'origine
cent francs par provision, pour paye-
ment en cas 'de détérioration d'effets d'ha-
billement bu de matériel.
Utt^ertaja nombre dé ces jeunes
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