Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1897-06-01
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juin 1897 01 juin 1897
Description : 1897/06/01 (Numéro 152). 1897/06/01 (Numéro 152).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO MARDI 1" JUIN 1897
LE DON ANONYME
La persévérance est toujours couron-
née de succès. Nous voulions connaître,
et surtout faire connaître, dans une pen-
sée de gratitude que l'on comprendra, la
généreuse donatrice, restée jusqu'ici
'anonyme, des 937,000 francs pour les
-œuvres du Bazar de la Charité.
Nous y sommes parvenus, et nos pre-
̃miers renseignements ne nous avaient
;pas trompés c'est Mme Lebaudy qui est
̃l'auteur de ce don magnifique, c'est à
elle que doit aller la reconnaissance des
pauvres.
Ce n'est certainement pas par elle que
'nous le savons. Nous sommes même
persuadés que cette divulgation, que
̃nous considérons, quant à nous, comme
un pieux devoir, blessera sa modestie et
(effarouchera sa charité si discrète. Mais
,'le hasard qui, parfois, fait bien les
ichoses, nous a permis de constater que
le chèque, comprenant le montant de la
̃deuxième partie du versement, portait
la signature de Mme Lebaudy, et nous
inous faisons un honneur de le dire
Ici publiquement.
C'est bien à la charité de se cacher.
Mais ceux qui la rencontrent, doivent,
même malgré elle, la produire à la pleine
iiumière et la saluer respectueusement.
Le Monde et la Ville
MARIAGE ROYAL
Hier a été célébré à Munich le mariage
du prince Ferdinand de Bourbon, duc de Ca-
'labre, avec la princesse Marie de Bavière.
A dix heures et demie, les hauts dignitaires
•de la Cour et les hôtes royaux, accompagnés
des membres de leur service d'honneur, se
(sont réunis dans les appartements du palais
où se trouvaient le ministre et le chargé
;d'affaires de la maison royale, ce dernier en
•'qualité de chef du protocole, pour assister à
a acte de mariage.
A cette cérémonie, qui a eu lieu dans la salle
jdu trône, étaient invités les pairs du royaume,
le maître des cérémonies, le capitaine général,
fi'adjudant général, les chambellans et les da-
îmes du service des fiancés et des princes et
^princesses.
Après la lecture de l'acte de l'état-civil, faite
(par le ministre de la maison royale rem-
plissant les fonctions de notaire de la cou-
tronne, on a annoncé au prince régent de Ba-
jviére que tout était prêt à l'église pour le
:mariage religieux.
On s'est rendu alors, par l'escalier noir, à
'l'église du palais. Le cortège était ainsi com-
^posé deux huissiers, le fourrier de la Cour, le
^fourrier de la Chambre, le chambellan de ser-
vice du prince régent, les membres du service
;d'honneur de la princesse Marie, de Mgr
,'le comte de Caserta, l'officier d'ordonnance
-et les officiers de la suite, les officiers su-
périeurs de la garde du corps, le ministre
de la maison royale et le ministre des affaires
(étrangères, les grands dignitaires de la Cour,
'le maître des cérémonies, la princesse fiancée,
;ayant à sa droite le prince régent et à sa gau-
•che Mgr le comte de Caserta; puis Mgr le
iduc de Calabre ayant à sa droite Mme la
(comtesse de Caserta et à sa gauche la prin-
icesse Louis de Bavière.
Venaient ensuite tous les princes et prin-
Jeesses.
Le cortège a pris place dans l'église dans
l'ordre suivant.
Hors du chœur, du côté de l'Evangile: le
jprince régent, ayant à sa droite le capitaine
'général de la garde et l'adjudant général de
^service, et, à sa gauche, le maître des céré-
"monies. Derrière lui, les pairs du royaume.
'Du côté de l'Epître, avant le mariage Mgr
(le duc de Calabre, ayant à sa droite Mgr
(le comte et Mme la comtesse de Caserta.
^Derrière lui, la princesse Marie, ayant à sa
,droite le prince et la princesse Louis de
^Bavière.
V Dans le reste de l'église, à droite: les prin-
cesses Marie-Immaculée, Marie-Christine et
.'Marie-Pie de Bourbon, Mme la comtesse de
'Trapani, l'infante Isabelle, comtesse de Gir-
ieenti, l'archiduchesse Rénier, la grande-du-
khesse de Toscane, la duchesse de Parme,
^archiduchesse Aldegonde, duchesse de Mo-
jaène, les archiduchesses Léopold et François-
)S^lvator, l'archiduchesse Elisabeth, toutes les
(princesses de la maison de Bavière.
) A gauche le prince Charles de Bourbon,
Iles archiducs Rénier, Léopold et François-Sal-
vator, Ferdinand-Charles-Louis, Frédéric, le
IgrancUduc de Toscane, le duc de Parme et les
[princ& de Bavière.
Derrière les princes et les princesses les
(grands dignitaires, les hauts fonctionnaires,
rlës «membres de l'aristocratie, les dames de la
tour et enfin la garde de la Cour.
'pans les bas-côtés, à gauche duprincerégent
jet à droite des fiancés, 'les personnes de leur
suite etdeceUe des autres princes et princesses.
'Tous les hommes étaient en costume de gala,
les dames en robe décolletée avec le manteau
de4?our.
Après la bénédiction des anneaux, les fian-
cés, conduits par le maître des cérémonies,
se sont rendus dans le chœur, prenant place
aux prie-Dieu situés près de l'autel. Derrière
jeux la. dame d'honneur de la princesse Marie
tet le grand maitre et le chambellan de Mgr le
'duc de Calabre.
1 Après une courte allocution et l'échange des
anneaux, Mgr l'archevêque de Munich a donné
tta bénédiction nuptiale. Les mariés sont recon-
duits alors dans la nef.
.Mgr le duc de Calabre avait à sa gauche
IMme la duchesse de Calabre.
A La messe, célébrée par Sa Grandeur Mgr
yl'archxvêque, a été suivie d'un Te Deum so-
ilénneL
Eii quittant l|église, le cortège nuptial s'est
iréuni dans la salle du trône où ont été reçues
outes les personnes présentes à l'église, qui
font présenté leurs souhaits et vœux de bon-
îheur aux augustes mariés.
Mgr le comte de Caserta a reçu du prince
/régent le grand cordon de l'ordre de Saint-
iHubert.
-S~CMS
Aujourd'hui, matinée chez M. et Mme
Henri BLenafd, pour la signature du contrat
de mariage de leur fille, Mlle Henriette Re-
nard,- fiancée au comte d'Ideville, lieutenant
au 40 cliasseurs..
Le mariage sera béni samedi prochain, à la
^Madeleine, par Mgr Potron, évêquë de Jé-
richo.
Ce soir, programme musical des plus in-
téressants, chez Mme Madeleine Lemaire. On
•«xécutera des fragments de Don Juan, de Mo-
;zart, interprétés par la comtesse de Guerne,
'Mme Kinen, MM. Victor Maurel et Fugère.
r– M. et Mme Hugo Finaly ont donné,
samedi dernier, un dînef à l'occasion du ma.
,riage de leur fille avec M. Roger de Barbarin.
Les convives étaient
Les membres des deux familles des flancés et
fleurs témoins au mariage, Mme de Jacquemain,
"comtesse de Raney, marquis de Boisguilbert,
,M. et Mme Gervex, M. et Mlle de Heredia, MM.
Franc Lamy, de Ronseray, Barasch; .MM. et
Mmes Jules Brevet, Véneau, Lëvesquo, etc.
On a très admiré l'exposition de la corbeille
et des nombreux cadeaux.
La cérémonie nuptiale, fixée d'abord au 1er
juin, n'aura lieu que dans le courant de ce mois.
Mercredi dernier, on a fait d'excellente
«musique chez M. Louis Doyen, avocat à" la
Cour. Au programme air d'Alceste Mme
Hayot; Polonaise de Popper: M. Dressen;
\Quatupr en ut piineur de Beethoven MM.
Poyeh, Hayoi, Quidé et Dressep; Révçrie, de
Schumann, et Mazurka, de Wieniawski M.
Doyen, qui possède le splendide stradivarius
de Kreutzer.
RENSEIGNEMENTS MONDAINS
Un accident très grave est arrivé à Mme
de Magny, femme de notre consul à Turin
sa voiture, prise en écharpe par un tramway,
a été renversée sur elle et la pauvre jeune
femme a été retirée la jambe droite broyée.
Les docteurs Merklen et Jalagnier, appelés
en toute hâte, l'ont fait transporter à l'hospice
Bizet, mais les fractures, très compliquées,
n'ont pas encore pu être réduites.
Ce soir à neuf heures, à la salle Pleyel,
concert donné par le petit pianiste Bruno
Steindel, âgé de six ans, qui exécutera des
osuyres de Beethoven, Schumann, Chopin, Pe-
ter Benoit, Bach, Mendelssohn, Henselt,
Sapellnikoff, Schubert, Blaetermann, Marck.
Weber et Godard.
Demain à quatre heures aura lieu, à la
salle Pleyel, le concert annuel de M. Fernand
Rivière avec le concours de Mmes Bataille,
Conneau Jeanne Leclerc, Charlotte Vormése,
Marie Mayraud; MM. Coquelin cadet, Lorrain,
Delaquerrière, G. de Saint-Quentin, William
Marie, René Carcanade.
Intéressante audition musicale, chez Mme
Norberg, le distingué professeur de chant, pour
l'audition de ses élèves. Très remarqués: Mmes
Guinson, Delpeuch; Mlles Goujon, Canut,
Déglise, Motet, etc. Leurs succès a été par-
tagé par Mlle Bpnnard, MM. Pecquery et
Carcanade, qui avaient prêté leur concours à
cette brillante matinée.
L'audition annuelle des élèves des cours
dirigés par Mme Galliano, sous la présidence
de M. A. Duvernoy, professeur au Conserva-
toire, a eu lieu hier et avant-hier avec un
plein succès; Mme Boidin-Puisaig, professeur
de chant, s'est'fait tout particulièrement ap-
plaudir à la dernière séance.
CERCLES
Sir Brooke Boothby, secrétaire à l'am-
bassade d'Angleterre, présenté par le colonel"
Dawson et le prince J. Murat, a été reçu hier
comme membre temporaire au cercle de la rue
Royale.
MARIAGES
M. l'abbé de pibergues à béni à Saint-/
Pierre de Chaillot, au milieu d'une nombreuse
assistance, le mariage de' M. Pierre de Cha-
zettes de Bargues, fils de M. et Mme de Cha-
zettes de Bargues, née de Cazes de'Fresquières,
avec Mlle Clotilde de Miribel, fille du regretté
général de Miribel et de Mme de Miribel, née
de Grouchy.
Les témoins étaient, pour le fiancé le gé-
néral de Boisdeffre et le comte de Miribel, son
cousin germain; pour la fiancée MM. Gabriel
et René de Chazettes de Bargues, ses frères.
La quête a été faite par Mlles de L'Estoille et
Madeleine de Miribel accompagnées de MM.
Gabriel de Miribel et Louis de L'Estoille.
Le cortège nuptial se rendant à la sacristie
étaient ainsi composé
Les mariés; M. de Chazettes de Bargues et
Mme de Miribel; M. Gabriel de'Gtiazettes de
Bargues et baronne de Sylvestre général de
Boisdeffre et Mme de Dreuzy vicomte de
Grouchy et Mme de, Chaunes, M. René de
Cliazettes et Mme de "yillars, etc.
Reconnu pendant le difilé
Les généraux Billot, de Vaujgrenapt, d'És-
pouilles, Bergé, Voisin, Jamont, L'archey, de
Kerllué, des Garats, Jfèrcier, Grandchamp, R6-
nouard, Vatz, de Saint=jGermain, Thévenin, etc.;
Général et baronne de Eï'oedericksz, Mme Car-
not, duchesse d'Auerstasd, d'Isly, prince d'Aren-
berg, marquises de Saint-Chamans, de' Marcieu,
d'Espeuilles, de Laguiche,'de Balleroy; comtesses
de Vogué, du Hauvel, de Chabannes, do La-
briffe, de Caraman, de Fleurieu, d'Harcourt, de
Courcy, de Gouy d'Arsy, de Vaudrimey, de Chas-
tellux, de Montigny, do Ganay, de Béarn, de
Chabot, Girod de l'Ain, de Pracomtal; Mmes de
Bellinet, duo de Fitz- James, etc.
Mme de Miribel a donné, au retour, de l'é-
glise une réception dans les salons dé l'avenue
Montaigne.
C'est hier également qu'a été célébré, à
Saint-Augustin, le mariage du vicomte de
Vives avec Mlle Gabrielle Normand. La béné-
diction nuptiale a épé donnée par M. l'abbé,
Boulet, chevalier de, la Légion d'honneur,
grand vicaire de la cathédrale d'Orléans.*
Les témoins du marié étaient le comte de
Vivès, son frère, et le colonel de Vives, son
oncle_; ceux de la mariée le commandant
Lalorre, chef d'état-majour du gouvernement
de Verdun, son oncle, et le docteur Abel
Claude. La quête a été faite par Mlles Nor-
mand, de Saint-Léger, Bordier et Le More,
accompagnées de MM!. Sériot de Barbarjn',
Claude, de Vives et Normand.
Au retour de l'église, réception ef. lunch cftez
M. et Mme Normand, dans leurs salons de J«i
rue de Miromesnil. *̃ ;•
M. Robert de La Planche de Rujllé épour
sera prochainement Mlle Marguerite de Los-
tanges-Beduer.
Le prince Lucien Murat, qui épousera
demain Mlle de Rohan, est pé à Alger
en 1870. Il est l'arrière-petit-fils de Joachim
Murat qui, marié à Caroline Bonaparte,
sœur de 1 empereur Napoléon, fut prince fran-
çais avec titre d'Altesse Impériale en 1804,
prince italien avec titre d'Altesse Royale, en
1805 grand-duc de Cléves et de Berg,en 1806,
et, enfin, roi de Naples en 1808.
Lorsque Bernadotte, en 1B10, fut proclamé
prince royal de Suède, son titre de prince de
Ponte-C,Qrvo revint à la couronne de France
et d'Italie et fut conféré, en 1812, par Napo-
léon I»r au prince Lucien Murat, second fils
de sa sœur la reine de Naples et grand-père
du fiancé, qui est l'aîné des deux fils de feu le
prince Achille Murat, officier de chasseurs
d'Afrique, membre, avec le titre d'Alies?e, de
la famille impériale.
Du côté paternel, le prince Lucien Murat
est le neveu de S.'A. le général prince Murât,
ancien colonel au régiment des guides; de la
duchesse de Mouchy et du prince Louis Mu-
rat. ̃ •
On sait que le frère puiné du fiancé,
le prince Napoléon Murat, continuant les glo-
rieuses traditions militaires de sa famille a
fait dernièrement, comme maréchal des logis,
la campagne de Madagascar et qu'il sert ac-
tuellement avec le grade de sous-lieutenant
au 14e hussards.
Les Murat, on le sait, sont apparentés aux
Hohenzollern par le mariage de la princesse
Antoinette Murat, nièce et fille adoptive du
roi de Naples, avec le prince de Hohenzollern-
Sigmaringen, grand-père du chef actuel de la
branche ainée de la maison de 'Hohenzollern
au roi'de Roumanie, au prince Frédéric, marié
avec la princesse Louise de Thurn et Taxis, et
à S. A. R. la comtesse de Flandre.
La mère du fiancé, la princesse Salomé,
veuve du prince Achille Murat, est la petite-
fille du prince Léyan Dadiac, prince régnant
de Mingrélie, qui abdiqua en faveur de son
fils,'le prince David, marié à la princesse
Catherine de Tchavtchavadzé, et mourut à
l'âge de quarante-six ans, laissant trois en-
fants les princes Nicolas et André, et la prin-
cesse Salomé. Sa veuve prit alors en mains les
rênes du gouvernement en qualité de régente,
sous le titre de Dèdophali (mère du peuple). Sa
bonté, sa justice et sa remarquable entente des
affaires sont célèbres dans le pays.
C'est elle qui, au moment de l'incursion de
Schamyl, alors que l'arrivée des Circassiens
jetait partout l'effroi, montahardiment à cheval,
parcourut son domaine, et, par son attitude
énergique, parvint à ramener le calme dans
les esprits et à empêcher de graves désordres.
Sa belle-sœur, la princesse Anne Tchavtcha-
vadzé, enlevée avec ses six enfants par Schà-
myl, fut attachée en croupe derrière un Lés-
ghien la malheureuse mère tenait dans ses
bras son dernier né, qui n'avait que quelques
mois. Epuisée par la course folle, elle supplia
qu'on lui donnât une corde pour attacher son
enfant. On làlui refusa, et la pauvre 'mère, à
bout de forces, laissa échapper son fils, qui
fût écras4:S9US les, pieds'âes;cheyaux» Le leji-
demain, son mari, le prince David Tachvatcha-
vadzé, qui commandait un régiment de cosa-
ques à Tiflis, se mit à là poursuite de Scha-
myl, et la première chose qu'il rencontra sur la
route fut le corps défiguré de son fils.
Par oukase spécial de l'empereur Alexan-
dre II, toute la Mingrélie fut érigée en majo-
rat réversible, à défaut d'héritiers mâles, sur
la princesse Salomé. Son frère aîné, le prince
Nicolas, est actuellement en possession de ce
majorat. Les grandes propriétés de la prin-
cesse Achille Murat viennent de l'héritage de
sa mère.
Au couronnement de l'empereur Alexan-
dre II, la princesse Catherine eut une position
exceptionnelle à la cour de Russie et fut très
admirée lorsque, entourée de tous ses enfants
revêtus du costume national, elle apparut
dans tout l'éclat de sa remarquable beauté.
La princesse Catherine reçut un jour
Alexandre Dumas à son château de Zougditi.
Son hôte admirait le bonnet d'astrakan du
jeune prince Nicolas II, fils aîné de la prin-
cesse. Celle-ci, s'adressant à son fils, lui dit
« Nicolas, tu peux bien donner ton bonnet à
Dumas, puisque Ton t'a pris ta couronne ».
DEUIL
Nous apprenons la mort Du mar-
quis de Saffray, décédé subitement samedi
dernier. Ses obsèques auront lieu demain, à
midi, à la Trinité. On se réunira à la maison
mortuaire, 67, rue de Cliphy. On est prié de
considérer le présent avis commè une invita-
tion De Mme Raffier-Dufour, veuve de l'an-
cien député de l'Allier et belle-mère du vicomte
Charles de Boisgelin, décédée à l'âge de 74
ans De M. H. V/alker, ingénieur-construc-
teur à Lille, décédé en cette ville à l'âge de
74 ans De M. Charles Douchain, inspec-
teur général des eaux à Versailles, Saint-
Cloud, Marly et Meudon. Ses obsèques se-
ront célébrées ce matin, à onze heures, en
l'église de Saint-Cloud; De M: Blouet,
maire de Percy, conseiller général, décédé à
Saint-Lô à l'âge de 66 ans.
Ferrari.
LES DEUX SALONS
Tout arrive. La Commission dite « des
deux Salons » a tenu hier une séance im-
portante, et probablement décisive. Â la
suite des délibérations qui avaient suc-
cessivement abouti, on s en souvient, au
rejet de presque toutes les propositions
qui lui avaient été soumises, celle-ci
avait confié suivant l'usage à une
sous-commission le mandat de lui pré-
senter un projet nouveau, susceptible
d'être promptement et utilement discuté.
C'est de ce projet que M. Guadet, rap-
porteur, est venu donner lecture, hier
matip, à la Commission qui l'a adopté.
Comme l'indique le plan sommaire que
voici, c'est au Louvre qu'après bien des
hésitations on est revenu. Mais la solu-
tion est nouvelle. Ce n'est plus ni sur
l'emplacement des anciennes Tuileries,
ni sur la place du Carrousel que la Com-
mission est d'avis d'installer les baraque-
ments des deux Salons, mais sur le rec-
tangle de treize mille mètres qui s'étend,
du côté du Louvre, entre le monument
dg ùanabgtta et le pavillon Sully.
PAVILLON SULLY
4!ifâ
•; Monument Gambetta
L'esprit du projet -r- car les détails
d!èxécutipn n'en sauraient être encore
fixés consisterait à édifier sur cet em-
placement dès baraquements assez bas
pour ne point masquer la perspective du
palais et assez vastes pour contenir les
expositions des deux Salons. On y arri-
vera aisément, en se serrant un peu. Le
bâtiment serait formé d.e deux longues
ailes, développées parallèlement à la rue
de Rivoli et au quai, et reliées par deux
galeries transversales, dont l'une ferme-
rait le baraquement du côté du pavillon
Sully, et dont l'autre s'élèverait entre les
deux jardins découverts situés au centre
des constructions.
Ces deux jardins recevraient les expo-
sitions de sculpture. Pour lès œuvres
fragiles et qui « craignent l'eau », on dis-
poserait autour des jardins des appentis
où elles seraient en sûreté. Les arbustes
et les massifs du «square Gambetta » se-
raient donc respectés, et le Louvre aurait
repris, dès l'ouverture de l'Exposition
de 1900, sa physionomie d'aujourd'hui.
Naturellement, le cahier des charges
approuvé par la Commission confère par
avance à l'entrepreneur qui assumera
les frais de cette entreprise le droit d'u-
tiliser son local en dehors des périodes
où les deux Salons l'occuperont.
Il est impossible qu'il en soit autre-
ment-
On estime que le prix de cette construc-
tion serait d'environ cinq cent cinquante
mille francs. Si les Sociétés du Champ-
de-Mars et des Champs-Elysées en rem-
boursent trois cent mille, et si la vente
des matériaux, après démolition, pro-
duit (c'est J'estimation des architectes)
une centaine de mille francs, il restera à
l'entrepreneur, avant qu'il ait réalisé sur
l'affaire un centime de bénéfice, une,
somme d'environ cent cinquante mille
francs à recouvrer.
On l'y aidera en l'autorisant à ouvrir
ses galeries en toutes saisons* et le soir.
L'éclairage électrique pourra être facile-
ment emprunté au réseau du Carrousel,
et le chauffage aux calorifères du Lou-
vre, qu'on munira d'un générateur sup^i
plêmentaire.
Ainsi aménagé, le local des deuxSar^
Ions pourra être, pendant deux ans^pour
les expositions artistiques et industrielles
de toutes sortes, les congrès, les audi-
'tions musicales, les ventes de charité, etc.,
un centre de réunion commode. Là façon,
dont ce «local sera chauffé et éclairé. y sup-
primera en outre tout danger d'incen-
die et cela était un pointutile à noter.
II est -bien entendu que le Concours
a~riçolë~ et .1`Iil~i~e` r;e~ratent B%
dehors de cette combinaison; et cela ne
manquera pas de chagriner un peu M.
Méline. Aussi, n'est-il pas sûr encore
que le projet de la Commission soit
adopté. Tout ce qu'on peut dire, c'est
qu'il y a de très sérieuses chances pour
qu'il le soit.
Et ce qu'on peut dire aussi, c'est que
le projet d'installation des Salons au Pa-
lais-Royal, en tout cas, ne le sera pas.
La Commission l'a complètement aban-
donné.
Les deux Salons couvrent ensemble
plus de'quatre mille mètres de cimaise.
La surface du Palais-Royal n'en aurait
pas quinze cents à leur offrir. Quant à
la sculpture, on ne pourrait guère lui
accorder, au Palais-Royal, qu'un empla-
cement qui serait aux surfaces actuelle-
knent occupées comme i est à 6. On ne
pourrait donc loger au Palais-Royal
qu'un seul des deux Salons. Autre incon-
vénient', l'insuffisance des moyens d'ac-
cès. Le jardin du Palais-Royal ne com-
munique avec les voies environnantes
que par d'innombrables petites portes,
ouvertes sur des ruelles. A moins d'é-
ventrer plusieurs immeubles (et l'on de-
vine à quel prix monterait l'opération),
on ne voit pas comment pourraient s'ef-
fectuer, en ce coin de Paris, la circula-
tion et le déchargement des grands ou-
vrages de sculpture. Il faut que les der-
niers bijoutiers du Palais-Royal en pren-
nent leur parti ce n'est pas de ce côté
encore que leur viendra le salut.
Emile Berr.
Âii'.Etjpangej»,
Le procès dela politique bismarckienne
Le procès von Tausch, qui se déroule
actuellement à Berlin et dont nos télé-
grammes ont noté les péripéties caracté-
ristiques, n'est plus du tout, comme on
pouvait le penser jusqu'ici, un incident
banal de la lutte engagée en Prusse en-
tre le personnel de la police politique et
certains détenteurs de l'autorité ministé-
rielle. Grâce aux révélations véritable-
ment stupéfiantes qui ont été apportées
aux débats, ce procès se transforme et
place sur le banc des accusés non plus
des individualités après tout subalternes,
comme M. von Tausch et M. Lutzow,
mais tout un système politique qui fut et
reste proprement celui de M. de Bis-
marck.
L/incident qui s'est produit à l'au-
dience d'hier est, à cet égard, particuliè-
ment caractéristique. L'avocat de M.
Lutzow a déclaré et établi que là police
politique de Berlin avait, par ordre su-
périeur, commis un faux matériel 'en
imitant la signature du comte Cramer
afin de se procurer une correspondance
émanée d'un journaliste. Le procureur'
général présent aux débats n'a pas nie
le fait; il s'est borné à blâmer le défen-
seur dé l'avoir divulgué, puisqu'il avait
été entendu préalablement entre lui et
l'avocat qu'il serait passé sous silence.
Ainsi, dans le domaine de la politique
intérieure, M. de Bismarck se servait
des procédés dont il avait usé, pour le
plus grand profit de la Prusse, mais à*
l'indignation du monde entier, dans le
domaine de la politique extérieure. C'est'
toujours le procédé qui avait'Servi'à'Çms,
en 1870. Falsifier un document, le créer
de toutes pièces ou en supposer l'exis-
tence alors que sa fausseté était démon-
trée, tels furent les jeux habituels de l'é-
cole d'hommes publics d'ont le solitaire
de Friedrichsruhe fut l'initiateur et le
pontife
Quelque oblitérée que la conception
morale ait été chez les Allemands par
les triomphes ininterrompus pendant
vingt ans d'une pareille politique, la
conscience publique s'est révoltée en
présence de telles révélations, tin. mou-
vement de réprobation très marqué, d'a-
version très résolu s'est manifesté même
dans le personnel de la Cour, et' à plus
forte raison dans la classe bourgeoise,
contre ces abominables pratiques de
gouvernement qui font de la mauvaise
foi, du mensonge, du dol et de la vio-l<
lence les aliments essentiels de la gran-s
deur d'un peuple.
Ainsi, M. de Bismarck, après les amer-
tumes de la disgrâce, connaît celles de
la dégradation morale. La décision que
l'empereur Guillaume II a prise de se
séparer de lui se trouve justifiée non
seulement aux yeux de l'Europe, mais
aux yeux de l'Allemagne elle-même, par
la nécessité qui s'imposait à lui de ne
point déshonorer son règne et son pays
tout entier. Nous ne connaissons pas de
châtiment plus terrible que celui qui
atteint cet octogénaire encore gonflé de
colères, sinon bourrelé de remords il a
vu s'effondrer son pouvoir, et mainte-
nant il voit le dégoût des honnêtes gens
de tous les pays faire justice de ses pro-
cédés de gouvernement et de ses instru-
ments de règne. Pour un caractère aussi
hautain et pour une conscience aussi peu
scrupuleuse, c'est là un double supplice
qui commence, une insuffisante expia-
tipn. ̃ Denis Guibert.
Denis Guibert.
NOUVElLIiES 1
fin de-la guerre turco-grecque |
Constantinople, 31 mai.
Répondant à la deuxième communication
des ambassadeurs, du 29 mai, la Porte insiste 0
pour qu'un armistice de quinze jours soit si-
gné. Cet armistice pourra être renouvelé au
cas où les négociations pour la paix ne se-
raient pas conclues avant son expiration.
La Porte, toutefois, est désireuse que la
paix soit conclue dans le plus bref délai.
Des avis d'Athènes annoncent que le gou-
vernement hellénique est prêt à signer un*
armistice militaire.
Un iradé dû Sultanreconnaît formellement
un armistice de 15 jours ayant commencé le*
29 mai.
Ce»fait a été communiqué aux puissances;
.de gpuvelles instructions, en conséquence, ont'
èt'éWyoyées'àldliem-pacna. h' I
•(Par dépêche de notre correspondant partictilief) ~I,
Rome, 31 mai.
M. Visconti-;Venosta, répondant aujour-
d'hui à unte^iniërpellàtion de M. Imbriani
̃sur le rôle de l'Italie dans la question d'O-
rient, a: déclaré une fois de plus que c'était
ïpour l'Italie une obligation stricte, inéluc-
ttable, de" rester assoôiée aux grandes puis-
sances dent l'accord ne vise ^que le main-
tiè'n de*la-paix. Il a manifesté à ce propos
rintime*convi'ction où; il est que la paix ejatro
laJGrèce et la -Turquie ne peut manquer d'Itïe
ïPEpehainement conclue.
'Une véritable bataille a eu lieu hier, soir-
à Moate*compatri, près "Praseàti, entre Une;
centaine de socialistes qui ont poussé des
^cïia'lBpyerjifa -e», soj^antsd'une^ïéuniiQn^-
et une trentaine d'agents de police il y a eu
tant d'un côté que de l'autre dix individus
de blessés. Force est restée aux (représen-
tants de l'autorité qui ont opéré 12 arresta-
tions, parmi lesquelles celle de Podrecca,
fort connu à Rome comme rédacteur de jour-
naux socialistes. `
Un ex-député sicilien, Ruiz Omodei, s|était
trouvé si profondément affecté de n'avoir pas
été réélu aux dernières élections qu'il était
depuis lors en proie à la plus noire mélan-
colie. Ce matin enfin, dans son appartement,
à Rome, il s'est tiré un de revolver. La
mort a été instantanée.
NOTES D'UN PARISIEN
C'était, dimanche, la fête de Jea nne
d'Arc. Il semblait que c'était bien 1^ une
fête qui dût passer sans encombre et saqs
autres manifestations que celles de la piété
populaire et du plus pur patriotisme.
Jeanne d'Arc appartient à tout' le monde,
et, lorsqu'ellese battait, ce n'était ni pour ni
contre les prêtres, ni pour ni contre les
francs-maçons, ni pour rien autre chose
que pour l'a France, ce qui est assez gentil
pour occuper une existence.
Depuis Jors, la France a marché. Les
Anglais en sont sortis, mais les Français y
sont restés, et les batailles, pour être d'un
ordre différent, n'en sont pas moins très
vives. On s'est battu, l'autre jour, à la
Chambre, à propos du Bazar de la Charité
il n'y avait donc pas de raison pour qu'on
ne se battît pas dimanche à propos de
Jeanne d'Arc
C'est à Pantin je vous demande un
peu que la bagarre a été la plus forte.
Qu'est-ce que Jeanne d'Arc peut bienavpir
fait aux gens de Pantin? De part et d'autre,
on a trouvé l'occasion excellente pour se
traiter de cléricaux ou de francs-maçons.
Les uns criaient « Vive la Commune 1 »
et les autres « A bas la Sociale Du
haut du ciel, si pes pris sont arrivés jusqu'à
elle, Jeanne d'Arc a dû être un peu étonnée.
Personne n'a eu l'idée de crier un peu, si
peu que ce soit: « Vive la France » Il n'y
avait pas besoin de beaucoup de patrio-
tisme pour cela il n'y fallait qu'un peu
d'esprit. Et l'on dit que Pantin est près de
'Paris! Il n'en a pas l'§ir..
IPar~~ J. n n'en p~sl'il!r1
IiA\CHAMBKE
Lundi 31 mai 1897.
LA BANQUE DE FRANCE
La discussion a recommencé aujour-
d'hui sur le projet de loi relatif au renou-
vellement du privilège de la Banque.
M. Codet, membre de la Commission,
a traité spécialement, avec une compé-
tence que beaucoup de ses collègues
pourraient lui envier, 'la question du
Crédit agricole. `
Il voudrait que la Banque organisât
p|le-même, de par la loi, le crédit à long
terme neuf mois ou un an qui est
nécessaire à l'agriculteur, et il exprime
le regret que le projet la dispense de ce
soin. La Banque, il est vrai, promet une
avance de quarante millions, destinée au
fonctionnement éventuel du crédit agri-
cole mais elle ne se charge pas de
l'organiser et c'est ce que 'M. Codet lui
reproche.
M. Codet. M. ;Méllne était désigné, plus
que tout autr,e, pouy.prendre cette initiative,
il y a été invite par des membres de la Com-
mission; il, s'est dérobé, et c'est regrettable
pour les agriculteurs, qui ont trouvé souvent
en lui un de leurs meilleurs défenseurs. (Très
bien très bien! sur les même bancs.)
On a dit que la Banque avait fait de grands
efforts en faveur de l'agriculture. Ce n'est
pas tout à fiait exact. II y a sans doute une
foi surle crédit personnel agricole, celle de
novembre 1894, qui organise le crédit mutuel
par les syndicats.
Je ne. conteste pas les mérites de cette loi,
dont j'ai été rapporteur quand elle est reve-
nue du Sénat; mais si elle donne des facilités
aux membres des syndicats agricoles pour se
constituer en société de crédit, pour acheter.,
des instruments ou des engrais, elle ne cons-
titue pas pour cela tout le crédit agricole.
C'est ce qu justement fait remarquer M. La-
biche, dans son rapport au Sénat.
La loi sur les syndicats agricoles est cal-
quée sur lesdois qui existent déjà en Alle-
magne, en Autriche et en Italie, relativement
aux sociétés de crédit Schulze-Delitzsch, Reif-
feisen, IJu'zzati, etc. Ces institutions donnent
'de bons 'résultats dans ces pays, et j'espère
qu'il en sera de même chez nous.
Enfin de compte, qu'a fait la Banque de
France pour l'agriculture? L'année dernière,
elle a, dit-on, escompté 18 millions d'effets
agricoles, dans lesquels entre pour une
bonne part le crédit fait depuis longtemps
aux herbagers do la Nièvre.
Qu'est-ce que ces 18 millions en face des
10 milliards d'effets de commerce escomptés
par là Banque, et des 15 milliards que repré-
sente l'ensemble de ses opérations? C'est
une goutte d'eau dans la mer.
Partant de là, M. Codet a expliqué p, la
Chambre qu'il y avait trois modes de
crédit agricole le crédit personnel, ou
plutôt le crédit mutuel par les syndicats',
le crédit sur gage, au moyen de war-
rants, et enfin le crédit hypothécaire.
Comme il croit qu'on peut les pratiquer
simultanément, et ressusciter ainsi l'a-
griculture, il a supplié la Chambre de ne
pas ajouter l'avortement du crédit agri-
cole à tant d'autres avortements.
Cta l'a écouté avec intérêt et sympa-
thie.
C'est le président de la Commission,
M. Ribot en personne, qui a exposé les
grandes lignes du projet. Il a prononcé
un beau et grand discours, un discours
de trois heures, avec suspension de
séance, et ce long discours n'a pas paru
trop long à l'auditoire attentif qui l'a,
entendu et applaudi.
Quel admirable orateur d'affaires que
M. Ribot 1 Et aussi quel admirable ora-
teur politique, serré, pressant, moderne,
,solide sans sécheresse et élégant sans-
phrases 1
Les raisons qu'il a données pour voter
le projet de loi tel qu'il est présenté,
c'est-à-dire pour proroger pendant quinze
ans le privilège de la Banque en main-
tenant les statuts essentiels qui ont fait
sa force et sa prospérité, ont certaine-
ment convaincu les quatre cinquième?
de la Chambre, et frappé, sinon converti
l'opposition elle-même, représentée sur-
tout, en cette circonstance, par le parti
socialiste.
Le parti socialiste a son système, la
Banque d'Etat, « un des ann'eaux de la
chaîne qu'il veut river sur tnoust:» c'est
Û.: Ribotîqui l'a dit. Paut-il: transformer
la Banque de France en BanfluèmiîEtat ? P
M. Ribojt. ilba question est' ancienne. On
a cité'l'opinion de Rôssi en 18ïO,.èt lès parti-
sans de la Banque d'Ëtat triomphent en^rap-
pelant que cette réforme paraissait seulement
prématurée au célèbre- économiste. Après
,sosaft&,a&s' d||eBt-gfeuitj^yyisJ
eu le temps de mûrir ? Ils oublient que sou-
vent, pn présence d'une idée fausse, par cour-
toisie ou par faiblesse, on se contente, afin
de l'écarter, de la traiter de prématurée.
(Très bien 1 très bien I au centre. Ou rit.)
M. Jaurès, '-r- Vous nous donnez la clé de
plusieurs de vos discours.
M. le président de la Commission, Je
suis, pour ma part, convaincu qu'il vaut
mieux vous dire en face ce qu'on pense de
vos doctrines et je crois que Rossi aujour-
d'hui partagerait cette manière de voir, parce
qu'il se rendrait compte que la Banque d'Etat
n'est qu'un anneau de cette vaste chaîne dont
vous voulez nous enserrer 'pour nous rendra
tous esclaves de votre système.
Oui, je suis persuadé qu'il irait plus loin
aujourd'hui et qu'il dirait avec nous, avec
tous les hommes d'Etat de l'Europe, quq c'est
là non une idée prématurée mais une idée
fausse qu'il serait imprudent d'encourager.
(Très bien 1 très bien 1 au centre.)
Il faut que l'Etat exerce sur la Banque
un contrôle permanent; mais il ne faut
à aucun prix qu'il s'en empare. Eljé a
entre les mains des intérêts qui exigeift
ce contrôle et qui interdisent cette usur-
pation. Telle est la double idée que M.
Ribot a développée avec une abondance
d'arguments et d'exemples qui a
porté la conviction dans presque tous
les esprits. Il a fait toucher du doigt
aux plus récalcitrants l'impérieuse né-
cessité de cette dualité de pouvoirs, qui
est le fondement même de la Banque
un Conseil de régence qui décide, qi}
gouverneur, nommé par l'État, qui sur-
veille et qui peut, au besoin, imposer
son veto. ̃•̃ .•
M. Ribot n'a laissé sans réponse au?
cune des objections que le projet a spijr
levées mais il s'est appliqué surtout a
mettre en relief tous les services 'que
nous rend la Banque. Elle maintient
l'escompte au niveau des besoins du*
commerce, elle régularise le crédit; eljë
vient, pn temps de crise, au secours des
particuliers et de l'Etat. En 1870, malgré
les accusations portées contre elle par
M. Viviani, elle s'est mise à découvert,
vis-à-vis de l'Etat, d'uN MILLIARD 53Q
MILLIONS. Et yoilà cette grande trahison
dont elle s'est rendue coupable 1
Il faut lire à y Officiel tout cet exposé, si
vif, si lumineux, de M. Ribot. La. question
4u prédit agricole y est iraitée de main
de maître et, à cette occasion, M. Ribot
n'a pas manqué dé rendre à. M. MéHn§
un juste hommage, qui a montré f§s
deux hommes politiques mpins divises
qu'on ne le croit.
Je prolongerais indéfiniment l'analysq
de son discours sans en donner une idée
exacte à ceux qui n'ont pas eu le plaisir
de l'entendre. Encore une fois, tout y est
dit et bien dit. La Chambre en a ressenti
une impression dpnt on ne peut se ren-
dre compte que sur la reproduction sté-
nographique. L'orateur }'a terminé par
une invitation à faire vite, et a 'ne pas
laisser en suspens d'aussi graves inté-
rêts « La grande question est de savoir
si le crédit public sortira de qe défeât
affaibli ou fortifié !» »
Ce bon conseil n'arrêtera pas les'épi-
logueurs. Ils seront d'autant moins excu-
sables que tous, les discours qui peuvent
les tenter ont déjà été faits trois fois, eji
'1840, en 1865 et en 1892. Reportez-vous
à ces grandes discussions, elles ont
épuisé la matière, et M. Ribot' lui-même,
qui vient de la renouveler par son talent,
a eu la modestie de confesser que"'iyff
Thiers il y a cinquante-sept ans V-
n'avait rien laissé àr dire à ses sucées--
seurs. ',̃
̃̃̃- ̃'̃" '̃'̃ 'ïkS-pe^us. -'̃
L? SÉNAT
Le projet de loi relatif à l'établisse-
ment d'un droit d'entrée sur }es plombs
a mis les économistes aux prises et fait
couler des flots d'éloquence.
Les uns trouvent ce droit pour le
moins inutile. Il n'amènera pas l'ouver-
ture d'une nouvelle mine ni le dévelop-
pement des usines existantes. Il se borne
à favoriser deux ou trois établissements, 1
dont la situation est d'ailleurs floris-
sante.
Les autres déclarent que, sans ce
droit, l'industrie nationale ne saurait
soutenir la concurrence étrangère, et que
tout sera perdu.
Le Sénat donne raison à ces pessi-
mistes et adopte le projet de loi par 143
voix contre 54.
B.vB.
~#• ̃̃
AUTOUR DES CHAMBRES
Battu? et contents. Le tripatouillage des bul.
letins. Le budget,
Battus, les associés de M. Sarrien se
proclament contents; mais à leur mine
déconfite, à certains jeux de physionp-
mie et à certains gestes trop nerveux,
on devine tout de même que cette joie
affectée n'est point sans mélange. Ils ont
beau dire «Le 'ministère Méline est
notre meilleur g,tout électoral », on re-
fuse de les croire sur parole, car, s'il en
était ainsi, pourquoi s'efforceraient-ils dé
l'écarter?
Il est incontestable qu'ils y travaillent
de leur mieux et que les pires manœuvres
leur semblent légitimes contre un cabi-
net coupable de yivre trop longtemps.
Ils lui dressent des embûches, ils l'at-
taquent par derrière et, cela ne suffisant
point encore, ils empruntent a certaines
régions du Midi leurs pratiques électo-
rales: ils tripatouillent les bulletins, ils
truffent les urnes. On en a eu la prehye
samedi dernier et les progressistes ont
pu se convaincre une fois encore qu'il
n'est pas sans inconvénient pour une
majorité d'installer au bureau ses adver-
saires. Des gaillards qui commettent des
erreurs d'addition contre le gouverne-
ment, des escamoteurs qui changent Ja
couleur des bulletins peuvent, dans un
vote douteux, jouer plus d'un'mauviis
tour au ministère qui leur déplaît.
Malgré tant et de si désespérés efforts,
Ml Méline est toujours président dû
Conseil et les gens raisonnables s'accoîS
dent à dire qu il lésera encore lorsque
le Parlement s'en ira en vacances mais
les'hommes qui convoitent son héritage è
n'en prennent point aisément leur parti.'
N'ayant pas réussi à le rendre suspect
de cléricalisme ni à le faire passerpliur
le docile serviteur de la- monarchi'e,, 'bat-
tus en bataille rangée, ils s'apprp);ent, à
porter le combat sur un autre terrain
et à prendre, dans les bureaux, une re-
vanche de ieiii* défaite en séance«jgUT
bïique. "•. l
La Chambre nommera mercredi sa
Commission du budget sera-t-ellé dieu,
table ou cuvette? Y naettra-t-on des hom-
jpgssrou9JQuç dftménagey. iipsresfpjrje^.
LE DON ANONYME
La persévérance est toujours couron-
née de succès. Nous voulions connaître,
et surtout faire connaître, dans une pen-
sée de gratitude que l'on comprendra, la
généreuse donatrice, restée jusqu'ici
'anonyme, des 937,000 francs pour les
-œuvres du Bazar de la Charité.
Nous y sommes parvenus, et nos pre-
̃miers renseignements ne nous avaient
;pas trompés c'est Mme Lebaudy qui est
̃l'auteur de ce don magnifique, c'est à
elle que doit aller la reconnaissance des
pauvres.
Ce n'est certainement pas par elle que
'nous le savons. Nous sommes même
persuadés que cette divulgation, que
̃nous considérons, quant à nous, comme
un pieux devoir, blessera sa modestie et
(effarouchera sa charité si discrète. Mais
,'le hasard qui, parfois, fait bien les
ichoses, nous a permis de constater que
le chèque, comprenant le montant de la
̃deuxième partie du versement, portait
la signature de Mme Lebaudy, et nous
inous faisons un honneur de le dire
Ici publiquement.
C'est bien à la charité de se cacher.
Mais ceux qui la rencontrent, doivent,
même malgré elle, la produire à la pleine
iiumière et la saluer respectueusement.
Le Monde et la Ville
MARIAGE ROYAL
Hier a été célébré à Munich le mariage
du prince Ferdinand de Bourbon, duc de Ca-
'labre, avec la princesse Marie de Bavière.
A dix heures et demie, les hauts dignitaires
•de la Cour et les hôtes royaux, accompagnés
des membres de leur service d'honneur, se
(sont réunis dans les appartements du palais
où se trouvaient le ministre et le chargé
;d'affaires de la maison royale, ce dernier en
•'qualité de chef du protocole, pour assister à
a acte de mariage.
A cette cérémonie, qui a eu lieu dans la salle
jdu trône, étaient invités les pairs du royaume,
le maître des cérémonies, le capitaine général,
fi'adjudant général, les chambellans et les da-
îmes du service des fiancés et des princes et
^princesses.
Après la lecture de l'acte de l'état-civil, faite
(par le ministre de la maison royale rem-
plissant les fonctions de notaire de la cou-
tronne, on a annoncé au prince régent de Ba-
jviére que tout était prêt à l'église pour le
:mariage religieux.
On s'est rendu alors, par l'escalier noir, à
'l'église du palais. Le cortège était ainsi com-
^posé deux huissiers, le fourrier de la Cour, le
^fourrier de la Chambre, le chambellan de ser-
vice du prince régent, les membres du service
;d'honneur de la princesse Marie, de Mgr
,'le comte de Caserta, l'officier d'ordonnance
-et les officiers de la suite, les officiers su-
périeurs de la garde du corps, le ministre
de la maison royale et le ministre des affaires
(étrangères, les grands dignitaires de la Cour,
'le maître des cérémonies, la princesse fiancée,
;ayant à sa droite le prince régent et à sa gau-
•che Mgr le comte de Caserta; puis Mgr le
iduc de Calabre ayant à sa droite Mme la
(comtesse de Caserta et à sa gauche la prin-
icesse Louis de Bavière.
Venaient ensuite tous les princes et prin-
Jeesses.
Le cortège a pris place dans l'église dans
l'ordre suivant.
Hors du chœur, du côté de l'Evangile: le
jprince régent, ayant à sa droite le capitaine
'général de la garde et l'adjudant général de
^service, et, à sa gauche, le maître des céré-
"monies. Derrière lui, les pairs du royaume.
'Du côté de l'Epître, avant le mariage Mgr
(le duc de Calabre, ayant à sa droite Mgr
(le comte et Mme la comtesse de Caserta.
^Derrière lui, la princesse Marie, ayant à sa
,droite le prince et la princesse Louis de
^Bavière.
V Dans le reste de l'église, à droite: les prin-
cesses Marie-Immaculée, Marie-Christine et
.'Marie-Pie de Bourbon, Mme la comtesse de
'Trapani, l'infante Isabelle, comtesse de Gir-
ieenti, l'archiduchesse Rénier, la grande-du-
khesse de Toscane, la duchesse de Parme,
^archiduchesse Aldegonde, duchesse de Mo-
jaène, les archiduchesses Léopold et François-
)S^lvator, l'archiduchesse Elisabeth, toutes les
(princesses de la maison de Bavière.
) A gauche le prince Charles de Bourbon,
Iles archiducs Rénier, Léopold et François-Sal-
vator, Ferdinand-Charles-Louis, Frédéric, le
IgrancUduc de Toscane, le duc de Parme et les
[princ& de Bavière.
Derrière les princes et les princesses les
(grands dignitaires, les hauts fonctionnaires,
rlës «membres de l'aristocratie, les dames de la
tour et enfin la garde de la Cour.
'pans les bas-côtés, à gauche duprincerégent
jet à droite des fiancés, 'les personnes de leur
suite etdeceUe des autres princes et princesses.
'Tous les hommes étaient en costume de gala,
les dames en robe décolletée avec le manteau
de4?our.
Après la bénédiction des anneaux, les fian-
cés, conduits par le maître des cérémonies,
se sont rendus dans le chœur, prenant place
aux prie-Dieu situés près de l'autel. Derrière
jeux la. dame d'honneur de la princesse Marie
tet le grand maitre et le chambellan de Mgr le
'duc de Calabre.
1 Après une courte allocution et l'échange des
anneaux, Mgr l'archevêque de Munich a donné
tta bénédiction nuptiale. Les mariés sont recon-
duits alors dans la nef.
.Mgr le duc de Calabre avait à sa gauche
IMme la duchesse de Calabre.
A La messe, célébrée par Sa Grandeur Mgr
yl'archxvêque, a été suivie d'un Te Deum so-
ilénneL
Eii quittant l|église, le cortège nuptial s'est
iréuni dans la salle du trône où ont été reçues
outes les personnes présentes à l'église, qui
font présenté leurs souhaits et vœux de bon-
îheur aux augustes mariés.
Mgr le comte de Caserta a reçu du prince
/régent le grand cordon de l'ordre de Saint-
iHubert.
-S~CMS
Aujourd'hui, matinée chez M. et Mme
Henri BLenafd, pour la signature du contrat
de mariage de leur fille, Mlle Henriette Re-
nard,- fiancée au comte d'Ideville, lieutenant
au 40 cliasseurs..
Le mariage sera béni samedi prochain, à la
^Madeleine, par Mgr Potron, évêquë de Jé-
richo.
Ce soir, programme musical des plus in-
téressants, chez Mme Madeleine Lemaire. On
•«xécutera des fragments de Don Juan, de Mo-
;zart, interprétés par la comtesse de Guerne,
'Mme Kinen, MM. Victor Maurel et Fugère.
r– M. et Mme Hugo Finaly ont donné,
samedi dernier, un dînef à l'occasion du ma.
,riage de leur fille avec M. Roger de Barbarin.
Les convives étaient
Les membres des deux familles des flancés et
fleurs témoins au mariage, Mme de Jacquemain,
"comtesse de Raney, marquis de Boisguilbert,
,M. et Mme Gervex, M. et Mlle de Heredia, MM.
Franc Lamy, de Ronseray, Barasch; .MM. et
Mmes Jules Brevet, Véneau, Lëvesquo, etc.
On a très admiré l'exposition de la corbeille
et des nombreux cadeaux.
La cérémonie nuptiale, fixée d'abord au 1er
juin, n'aura lieu que dans le courant de ce mois.
Mercredi dernier, on a fait d'excellente
«musique chez M. Louis Doyen, avocat à" la
Cour. Au programme air d'Alceste Mme
Hayot; Polonaise de Popper: M. Dressen;
\Quatupr en ut piineur de Beethoven MM.
Poyeh, Hayoi, Quidé et Dressep; Révçrie, de
Schumann, et Mazurka, de Wieniawski M.
Doyen, qui possède le splendide stradivarius
de Kreutzer.
RENSEIGNEMENTS MONDAINS
Un accident très grave est arrivé à Mme
de Magny, femme de notre consul à Turin
sa voiture, prise en écharpe par un tramway,
a été renversée sur elle et la pauvre jeune
femme a été retirée la jambe droite broyée.
Les docteurs Merklen et Jalagnier, appelés
en toute hâte, l'ont fait transporter à l'hospice
Bizet, mais les fractures, très compliquées,
n'ont pas encore pu être réduites.
Ce soir à neuf heures, à la salle Pleyel,
concert donné par le petit pianiste Bruno
Steindel, âgé de six ans, qui exécutera des
osuyres de Beethoven, Schumann, Chopin, Pe-
ter Benoit, Bach, Mendelssohn, Henselt,
Sapellnikoff, Schubert, Blaetermann, Marck.
Weber et Godard.
Demain à quatre heures aura lieu, à la
salle Pleyel, le concert annuel de M. Fernand
Rivière avec le concours de Mmes Bataille,
Conneau Jeanne Leclerc, Charlotte Vormése,
Marie Mayraud; MM. Coquelin cadet, Lorrain,
Delaquerrière, G. de Saint-Quentin, William
Marie, René Carcanade.
Intéressante audition musicale, chez Mme
Norberg, le distingué professeur de chant, pour
l'audition de ses élèves. Très remarqués: Mmes
Guinson, Delpeuch; Mlles Goujon, Canut,
Déglise, Motet, etc. Leurs succès a été par-
tagé par Mlle Bpnnard, MM. Pecquery et
Carcanade, qui avaient prêté leur concours à
cette brillante matinée.
L'audition annuelle des élèves des cours
dirigés par Mme Galliano, sous la présidence
de M. A. Duvernoy, professeur au Conserva-
toire, a eu lieu hier et avant-hier avec un
plein succès; Mme Boidin-Puisaig, professeur
de chant, s'est'fait tout particulièrement ap-
plaudir à la dernière séance.
CERCLES
Sir Brooke Boothby, secrétaire à l'am-
bassade d'Angleterre, présenté par le colonel"
Dawson et le prince J. Murat, a été reçu hier
comme membre temporaire au cercle de la rue
Royale.
MARIAGES
M. l'abbé de pibergues à béni à Saint-/
Pierre de Chaillot, au milieu d'une nombreuse
assistance, le mariage de' M. Pierre de Cha-
zettes de Bargues, fils de M. et Mme de Cha-
zettes de Bargues, née de Cazes de'Fresquières,
avec Mlle Clotilde de Miribel, fille du regretté
général de Miribel et de Mme de Miribel, née
de Grouchy.
Les témoins étaient, pour le fiancé le gé-
néral de Boisdeffre et le comte de Miribel, son
cousin germain; pour la fiancée MM. Gabriel
et René de Chazettes de Bargues, ses frères.
La quête a été faite par Mlles de L'Estoille et
Madeleine de Miribel accompagnées de MM.
Gabriel de Miribel et Louis de L'Estoille.
Le cortège nuptial se rendant à la sacristie
étaient ainsi composé
Les mariés; M. de Chazettes de Bargues et
Mme de Miribel; M. Gabriel de'Gtiazettes de
Bargues et baronne de Sylvestre général de
Boisdeffre et Mme de Dreuzy vicomte de
Grouchy et Mme de, Chaunes, M. René de
Cliazettes et Mme de "yillars, etc.
Reconnu pendant le difilé
Les généraux Billot, de Vaujgrenapt, d'És-
pouilles, Bergé, Voisin, Jamont, L'archey, de
Kerllué, des Garats, Jfèrcier, Grandchamp, R6-
nouard, Vatz, de Saint=jGermain, Thévenin, etc.;
Général et baronne de Eï'oedericksz, Mme Car-
not, duchesse d'Auerstasd, d'Isly, prince d'Aren-
berg, marquises de Saint-Chamans, de' Marcieu,
d'Espeuilles, de Laguiche,'de Balleroy; comtesses
de Vogué, du Hauvel, de Chabannes, do La-
briffe, de Caraman, de Fleurieu, d'Harcourt, de
Courcy, de Gouy d'Arsy, de Vaudrimey, de Chas-
tellux, de Montigny, do Ganay, de Béarn, de
Chabot, Girod de l'Ain, de Pracomtal; Mmes de
Bellinet, duo de Fitz- James, etc.
Mme de Miribel a donné, au retour, de l'é-
glise une réception dans les salons dé l'avenue
Montaigne.
C'est hier également qu'a été célébré, à
Saint-Augustin, le mariage du vicomte de
Vives avec Mlle Gabrielle Normand. La béné-
diction nuptiale a épé donnée par M. l'abbé,
Boulet, chevalier de, la Légion d'honneur,
grand vicaire de la cathédrale d'Orléans.*
Les témoins du marié étaient le comte de
Vivès, son frère, et le colonel de Vives, son
oncle_; ceux de la mariée le commandant
Lalorre, chef d'état-majour du gouvernement
de Verdun, son oncle, et le docteur Abel
Claude. La quête a été faite par Mlles Nor-
mand, de Saint-Léger, Bordier et Le More,
accompagnées de MM!. Sériot de Barbarjn',
Claude, de Vives et Normand.
Au retour de l'église, réception ef. lunch cftez
M. et Mme Normand, dans leurs salons de J«i
rue de Miromesnil. *̃ ;•
M. Robert de La Planche de Rujllé épour
sera prochainement Mlle Marguerite de Los-
tanges-Beduer.
Le prince Lucien Murat, qui épousera
demain Mlle de Rohan, est pé à Alger
en 1870. Il est l'arrière-petit-fils de Joachim
Murat qui, marié à Caroline Bonaparte,
sœur de 1 empereur Napoléon, fut prince fran-
çais avec titre d'Altesse Impériale en 1804,
prince italien avec titre d'Altesse Royale, en
1805 grand-duc de Cléves et de Berg,en 1806,
et, enfin, roi de Naples en 1808.
Lorsque Bernadotte, en 1B10, fut proclamé
prince royal de Suède, son titre de prince de
Ponte-C,Qrvo revint à la couronne de France
et d'Italie et fut conféré, en 1812, par Napo-
léon I»r au prince Lucien Murat, second fils
de sa sœur la reine de Naples et grand-père
du fiancé, qui est l'aîné des deux fils de feu le
prince Achille Murat, officier de chasseurs
d'Afrique, membre, avec le titre d'Alies?e, de
la famille impériale.
Du côté paternel, le prince Lucien Murat
est le neveu de S.'A. le général prince Murât,
ancien colonel au régiment des guides; de la
duchesse de Mouchy et du prince Louis Mu-
rat. ̃ •
On sait que le frère puiné du fiancé,
le prince Napoléon Murat, continuant les glo-
rieuses traditions militaires de sa famille a
fait dernièrement, comme maréchal des logis,
la campagne de Madagascar et qu'il sert ac-
tuellement avec le grade de sous-lieutenant
au 14e hussards.
Les Murat, on le sait, sont apparentés aux
Hohenzollern par le mariage de la princesse
Antoinette Murat, nièce et fille adoptive du
roi de Naples, avec le prince de Hohenzollern-
Sigmaringen, grand-père du chef actuel de la
branche ainée de la maison de 'Hohenzollern
au roi'de Roumanie, au prince Frédéric, marié
avec la princesse Louise de Thurn et Taxis, et
à S. A. R. la comtesse de Flandre.
La mère du fiancé, la princesse Salomé,
veuve du prince Achille Murat, est la petite-
fille du prince Léyan Dadiac, prince régnant
de Mingrélie, qui abdiqua en faveur de son
fils,'le prince David, marié à la princesse
Catherine de Tchavtchavadzé, et mourut à
l'âge de quarante-six ans, laissant trois en-
fants les princes Nicolas et André, et la prin-
cesse Salomé. Sa veuve prit alors en mains les
rênes du gouvernement en qualité de régente,
sous le titre de Dèdophali (mère du peuple). Sa
bonté, sa justice et sa remarquable entente des
affaires sont célèbres dans le pays.
C'est elle qui, au moment de l'incursion de
Schamyl, alors que l'arrivée des Circassiens
jetait partout l'effroi, montahardiment à cheval,
parcourut son domaine, et, par son attitude
énergique, parvint à ramener le calme dans
les esprits et à empêcher de graves désordres.
Sa belle-sœur, la princesse Anne Tchavtcha-
vadzé, enlevée avec ses six enfants par Schà-
myl, fut attachée en croupe derrière un Lés-
ghien la malheureuse mère tenait dans ses
bras son dernier né, qui n'avait que quelques
mois. Epuisée par la course folle, elle supplia
qu'on lui donnât une corde pour attacher son
enfant. On làlui refusa, et la pauvre 'mère, à
bout de forces, laissa échapper son fils, qui
fût écras4:S9US les, pieds'âes;cheyaux» Le leji-
demain, son mari, le prince David Tachvatcha-
vadzé, qui commandait un régiment de cosa-
ques à Tiflis, se mit à là poursuite de Scha-
myl, et la première chose qu'il rencontra sur la
route fut le corps défiguré de son fils.
Par oukase spécial de l'empereur Alexan-
dre II, toute la Mingrélie fut érigée en majo-
rat réversible, à défaut d'héritiers mâles, sur
la princesse Salomé. Son frère aîné, le prince
Nicolas, est actuellement en possession de ce
majorat. Les grandes propriétés de la prin-
cesse Achille Murat viennent de l'héritage de
sa mère.
Au couronnement de l'empereur Alexan-
dre II, la princesse Catherine eut une position
exceptionnelle à la cour de Russie et fut très
admirée lorsque, entourée de tous ses enfants
revêtus du costume national, elle apparut
dans tout l'éclat de sa remarquable beauté.
La princesse Catherine reçut un jour
Alexandre Dumas à son château de Zougditi.
Son hôte admirait le bonnet d'astrakan du
jeune prince Nicolas II, fils aîné de la prin-
cesse. Celle-ci, s'adressant à son fils, lui dit
« Nicolas, tu peux bien donner ton bonnet à
Dumas, puisque Ton t'a pris ta couronne ».
DEUIL
Nous apprenons la mort Du mar-
quis de Saffray, décédé subitement samedi
dernier. Ses obsèques auront lieu demain, à
midi, à la Trinité. On se réunira à la maison
mortuaire, 67, rue de Cliphy. On est prié de
considérer le présent avis commè une invita-
tion De Mme Raffier-Dufour, veuve de l'an-
cien député de l'Allier et belle-mère du vicomte
Charles de Boisgelin, décédée à l'âge de 74
ans De M. H. V/alker, ingénieur-construc-
teur à Lille, décédé en cette ville à l'âge de
74 ans De M. Charles Douchain, inspec-
teur général des eaux à Versailles, Saint-
Cloud, Marly et Meudon. Ses obsèques se-
ront célébrées ce matin, à onze heures, en
l'église de Saint-Cloud; De M: Blouet,
maire de Percy, conseiller général, décédé à
Saint-Lô à l'âge de 66 ans.
Ferrari.
LES DEUX SALONS
Tout arrive. La Commission dite « des
deux Salons » a tenu hier une séance im-
portante, et probablement décisive. Â la
suite des délibérations qui avaient suc-
cessivement abouti, on s en souvient, au
rejet de presque toutes les propositions
qui lui avaient été soumises, celle-ci
avait confié suivant l'usage à une
sous-commission le mandat de lui pré-
senter un projet nouveau, susceptible
d'être promptement et utilement discuté.
C'est de ce projet que M. Guadet, rap-
porteur, est venu donner lecture, hier
matip, à la Commission qui l'a adopté.
Comme l'indique le plan sommaire que
voici, c'est au Louvre qu'après bien des
hésitations on est revenu. Mais la solu-
tion est nouvelle. Ce n'est plus ni sur
l'emplacement des anciennes Tuileries,
ni sur la place du Carrousel que la Com-
mission est d'avis d'installer les baraque-
ments des deux Salons, mais sur le rec-
tangle de treize mille mètres qui s'étend,
du côté du Louvre, entre le monument
dg ùanabgtta et le pavillon Sully.
PAVILLON SULLY
4!ifâ
•; Monument Gambetta
L'esprit du projet -r- car les détails
d!èxécutipn n'en sauraient être encore
fixés consisterait à édifier sur cet em-
placement dès baraquements assez bas
pour ne point masquer la perspective du
palais et assez vastes pour contenir les
expositions des deux Salons. On y arri-
vera aisément, en se serrant un peu. Le
bâtiment serait formé d.e deux longues
ailes, développées parallèlement à la rue
de Rivoli et au quai, et reliées par deux
galeries transversales, dont l'une ferme-
rait le baraquement du côté du pavillon
Sully, et dont l'autre s'élèverait entre les
deux jardins découverts situés au centre
des constructions.
Ces deux jardins recevraient les expo-
sitions de sculpture. Pour lès œuvres
fragiles et qui « craignent l'eau », on dis-
poserait autour des jardins des appentis
où elles seraient en sûreté. Les arbustes
et les massifs du «square Gambetta » se-
raient donc respectés, et le Louvre aurait
repris, dès l'ouverture de l'Exposition
de 1900, sa physionomie d'aujourd'hui.
Naturellement, le cahier des charges
approuvé par la Commission confère par
avance à l'entrepreneur qui assumera
les frais de cette entreprise le droit d'u-
tiliser son local en dehors des périodes
où les deux Salons l'occuperont.
Il est impossible qu'il en soit autre-
ment-
On estime que le prix de cette construc-
tion serait d'environ cinq cent cinquante
mille francs. Si les Sociétés du Champ-
de-Mars et des Champs-Elysées en rem-
boursent trois cent mille, et si la vente
des matériaux, après démolition, pro-
duit (c'est J'estimation des architectes)
une centaine de mille francs, il restera à
l'entrepreneur, avant qu'il ait réalisé sur
l'affaire un centime de bénéfice, une,
somme d'environ cent cinquante mille
francs à recouvrer.
On l'y aidera en l'autorisant à ouvrir
ses galeries en toutes saisons* et le soir.
L'éclairage électrique pourra être facile-
ment emprunté au réseau du Carrousel,
et le chauffage aux calorifères du Lou-
vre, qu'on munira d'un générateur sup^i
plêmentaire.
Ainsi aménagé, le local des deuxSar^
Ions pourra être, pendant deux ans^pour
les expositions artistiques et industrielles
de toutes sortes, les congrès, les audi-
'tions musicales, les ventes de charité, etc.,
un centre de réunion commode. Là façon,
dont ce «local sera chauffé et éclairé. y sup-
primera en outre tout danger d'incen-
die et cela était un pointutile à noter.
II est -bien entendu que le Concours
a~riçolë~ et .1`Iil~i~e` r;e~ratent B%
dehors de cette combinaison; et cela ne
manquera pas de chagriner un peu M.
Méline. Aussi, n'est-il pas sûr encore
que le projet de la Commission soit
adopté. Tout ce qu'on peut dire, c'est
qu'il y a de très sérieuses chances pour
qu'il le soit.
Et ce qu'on peut dire aussi, c'est que
le projet d'installation des Salons au Pa-
lais-Royal, en tout cas, ne le sera pas.
La Commission l'a complètement aban-
donné.
Les deux Salons couvrent ensemble
plus de'quatre mille mètres de cimaise.
La surface du Palais-Royal n'en aurait
pas quinze cents à leur offrir. Quant à
la sculpture, on ne pourrait guère lui
accorder, au Palais-Royal, qu'un empla-
cement qui serait aux surfaces actuelle-
knent occupées comme i est à 6. On ne
pourrait donc loger au Palais-Royal
qu'un seul des deux Salons. Autre incon-
vénient', l'insuffisance des moyens d'ac-
cès. Le jardin du Palais-Royal ne com-
munique avec les voies environnantes
que par d'innombrables petites portes,
ouvertes sur des ruelles. A moins d'é-
ventrer plusieurs immeubles (et l'on de-
vine à quel prix monterait l'opération),
on ne voit pas comment pourraient s'ef-
fectuer, en ce coin de Paris, la circula-
tion et le déchargement des grands ou-
vrages de sculpture. Il faut que les der-
niers bijoutiers du Palais-Royal en pren-
nent leur parti ce n'est pas de ce côté
encore que leur viendra le salut.
Emile Berr.
Âii'.Etjpangej»,
Le procès dela politique bismarckienne
Le procès von Tausch, qui se déroule
actuellement à Berlin et dont nos télé-
grammes ont noté les péripéties caracté-
ristiques, n'est plus du tout, comme on
pouvait le penser jusqu'ici, un incident
banal de la lutte engagée en Prusse en-
tre le personnel de la police politique et
certains détenteurs de l'autorité ministé-
rielle. Grâce aux révélations véritable-
ment stupéfiantes qui ont été apportées
aux débats, ce procès se transforme et
place sur le banc des accusés non plus
des individualités après tout subalternes,
comme M. von Tausch et M. Lutzow,
mais tout un système politique qui fut et
reste proprement celui de M. de Bis-
marck.
L/incident qui s'est produit à l'au-
dience d'hier est, à cet égard, particuliè-
ment caractéristique. L'avocat de M.
Lutzow a déclaré et établi que là police
politique de Berlin avait, par ordre su-
périeur, commis un faux matériel 'en
imitant la signature du comte Cramer
afin de se procurer une correspondance
émanée d'un journaliste. Le procureur'
général présent aux débats n'a pas nie
le fait; il s'est borné à blâmer le défen-
seur dé l'avoir divulgué, puisqu'il avait
été entendu préalablement entre lui et
l'avocat qu'il serait passé sous silence.
Ainsi, dans le domaine de la politique
intérieure, M. de Bismarck se servait
des procédés dont il avait usé, pour le
plus grand profit de la Prusse, mais à*
l'indignation du monde entier, dans le
domaine de la politique extérieure. C'est'
toujours le procédé qui avait'Servi'à'Çms,
en 1870. Falsifier un document, le créer
de toutes pièces ou en supposer l'exis-
tence alors que sa fausseté était démon-
trée, tels furent les jeux habituels de l'é-
cole d'hommes publics d'ont le solitaire
de Friedrichsruhe fut l'initiateur et le
pontife
Quelque oblitérée que la conception
morale ait été chez les Allemands par
les triomphes ininterrompus pendant
vingt ans d'une pareille politique, la
conscience publique s'est révoltée en
présence de telles révélations, tin. mou-
vement de réprobation très marqué, d'a-
version très résolu s'est manifesté même
dans le personnel de la Cour, et' à plus
forte raison dans la classe bourgeoise,
contre ces abominables pratiques de
gouvernement qui font de la mauvaise
foi, du mensonge, du dol et de la vio-l<
lence les aliments essentiels de la gran-s
deur d'un peuple.
Ainsi, M. de Bismarck, après les amer-
tumes de la disgrâce, connaît celles de
la dégradation morale. La décision que
l'empereur Guillaume II a prise de se
séparer de lui se trouve justifiée non
seulement aux yeux de l'Europe, mais
aux yeux de l'Allemagne elle-même, par
la nécessité qui s'imposait à lui de ne
point déshonorer son règne et son pays
tout entier. Nous ne connaissons pas de
châtiment plus terrible que celui qui
atteint cet octogénaire encore gonflé de
colères, sinon bourrelé de remords il a
vu s'effondrer son pouvoir, et mainte-
nant il voit le dégoût des honnêtes gens
de tous les pays faire justice de ses pro-
cédés de gouvernement et de ses instru-
ments de règne. Pour un caractère aussi
hautain et pour une conscience aussi peu
scrupuleuse, c'est là un double supplice
qui commence, une insuffisante expia-
tipn. ̃ Denis Guibert.
Denis Guibert.
NOUVElLIiES 1
fin de-la guerre turco-grecque |
Constantinople, 31 mai.
Répondant à la deuxième communication
des ambassadeurs, du 29 mai, la Porte insiste 0
pour qu'un armistice de quinze jours soit si-
gné. Cet armistice pourra être renouvelé au
cas où les négociations pour la paix ne se-
raient pas conclues avant son expiration.
La Porte, toutefois, est désireuse que la
paix soit conclue dans le plus bref délai.
Des avis d'Athènes annoncent que le gou-
vernement hellénique est prêt à signer un*
armistice militaire.
Un iradé dû Sultanreconnaît formellement
un armistice de 15 jours ayant commencé le*
29 mai.
Ce»fait a été communiqué aux puissances;
.de gpuvelles instructions, en conséquence, ont'
èt'éWyoyées'àldliem-pacna. h' I
•(Par dépêche de notre correspondant partictilief) ~I,
Rome, 31 mai.
M. Visconti-;Venosta, répondant aujour-
d'hui à unte^iniërpellàtion de M. Imbriani
̃sur le rôle de l'Italie dans la question d'O-
rient, a: déclaré une fois de plus que c'était
ïpour l'Italie une obligation stricte, inéluc-
ttable, de" rester assoôiée aux grandes puis-
sances dent l'accord ne vise ^que le main-
tiè'n de*la-paix. Il a manifesté à ce propos
rintime*convi'ction où; il est que la paix ejatro
laJGrèce et la -Turquie ne peut manquer d'Itïe
ïPEpehainement conclue.
'Une véritable bataille a eu lieu hier, soir-
à Moate*compatri, près "Praseàti, entre Une;
centaine de socialistes qui ont poussé des
^cïia'lBpyerjifa -e», soj^antsd'une^ïéuniiQn^-
et une trentaine d'agents de police il y a eu
tant d'un côté que de l'autre dix individus
de blessés. Force est restée aux (représen-
tants de l'autorité qui ont opéré 12 arresta-
tions, parmi lesquelles celle de Podrecca,
fort connu à Rome comme rédacteur de jour-
naux socialistes. `
Un ex-député sicilien, Ruiz Omodei, s|était
trouvé si profondément affecté de n'avoir pas
été réélu aux dernières élections qu'il était
depuis lors en proie à la plus noire mélan-
colie. Ce matin enfin, dans son appartement,
à Rome, il s'est tiré un de revolver. La
mort a été instantanée.
NOTES D'UN PARISIEN
C'était, dimanche, la fête de Jea nne
d'Arc. Il semblait que c'était bien 1^ une
fête qui dût passer sans encombre et saqs
autres manifestations que celles de la piété
populaire et du plus pur patriotisme.
Jeanne d'Arc appartient à tout' le monde,
et, lorsqu'ellese battait, ce n'était ni pour ni
contre les prêtres, ni pour ni contre les
francs-maçons, ni pour rien autre chose
que pour l'a France, ce qui est assez gentil
pour occuper une existence.
Depuis Jors, la France a marché. Les
Anglais en sont sortis, mais les Français y
sont restés, et les batailles, pour être d'un
ordre différent, n'en sont pas moins très
vives. On s'est battu, l'autre jour, à la
Chambre, à propos du Bazar de la Charité
il n'y avait donc pas de raison pour qu'on
ne se battît pas dimanche à propos de
Jeanne d'Arc
C'est à Pantin je vous demande un
peu que la bagarre a été la plus forte.
Qu'est-ce que Jeanne d'Arc peut bienavpir
fait aux gens de Pantin? De part et d'autre,
on a trouvé l'occasion excellente pour se
traiter de cléricaux ou de francs-maçons.
Les uns criaient « Vive la Commune 1 »
et les autres « A bas la Sociale Du
haut du ciel, si pes pris sont arrivés jusqu'à
elle, Jeanne d'Arc a dû être un peu étonnée.
Personne n'a eu l'idée de crier un peu, si
peu que ce soit: « Vive la France » Il n'y
avait pas besoin de beaucoup de patrio-
tisme pour cela il n'y fallait qu'un peu
d'esprit. Et l'on dit que Pantin est près de
'Paris! Il n'en a pas l'§ir..
IPar~~ J. n n'en p~sl'il!r1
IiA\CHAMBKE
Lundi 31 mai 1897.
LA BANQUE DE FRANCE
La discussion a recommencé aujour-
d'hui sur le projet de loi relatif au renou-
vellement du privilège de la Banque.
M. Codet, membre de la Commission,
a traité spécialement, avec une compé-
tence que beaucoup de ses collègues
pourraient lui envier, 'la question du
Crédit agricole. `
Il voudrait que la Banque organisât
p|le-même, de par la loi, le crédit à long
terme neuf mois ou un an qui est
nécessaire à l'agriculteur, et il exprime
le regret que le projet la dispense de ce
soin. La Banque, il est vrai, promet une
avance de quarante millions, destinée au
fonctionnement éventuel du crédit agri-
cole mais elle ne se charge pas de
l'organiser et c'est ce que 'M. Codet lui
reproche.
M. Codet. M. ;Méllne était désigné, plus
que tout autr,e, pouy.prendre cette initiative,
il y a été invite par des membres de la Com-
mission; il, s'est dérobé, et c'est regrettable
pour les agriculteurs, qui ont trouvé souvent
en lui un de leurs meilleurs défenseurs. (Très
bien très bien! sur les même bancs.)
On a dit que la Banque avait fait de grands
efforts en faveur de l'agriculture. Ce n'est
pas tout à fiait exact. II y a sans doute une
foi surle crédit personnel agricole, celle de
novembre 1894, qui organise le crédit mutuel
par les syndicats.
Je ne. conteste pas les mérites de cette loi,
dont j'ai été rapporteur quand elle est reve-
nue du Sénat; mais si elle donne des facilités
aux membres des syndicats agricoles pour se
constituer en société de crédit, pour acheter.,
des instruments ou des engrais, elle ne cons-
titue pas pour cela tout le crédit agricole.
C'est ce qu justement fait remarquer M. La-
biche, dans son rapport au Sénat.
La loi sur les syndicats agricoles est cal-
quée sur lesdois qui existent déjà en Alle-
magne, en Autriche et en Italie, relativement
aux sociétés de crédit Schulze-Delitzsch, Reif-
feisen, IJu'zzati, etc. Ces institutions donnent
'de bons 'résultats dans ces pays, et j'espère
qu'il en sera de même chez nous.
Enfin de compte, qu'a fait la Banque de
France pour l'agriculture? L'année dernière,
elle a, dit-on, escompté 18 millions d'effets
agricoles, dans lesquels entre pour une
bonne part le crédit fait depuis longtemps
aux herbagers do la Nièvre.
Qu'est-ce que ces 18 millions en face des
10 milliards d'effets de commerce escomptés
par là Banque, et des 15 milliards que repré-
sente l'ensemble de ses opérations? C'est
une goutte d'eau dans la mer.
Partant de là, M. Codet a expliqué p, la
Chambre qu'il y avait trois modes de
crédit agricole le crédit personnel, ou
plutôt le crédit mutuel par les syndicats',
le crédit sur gage, au moyen de war-
rants, et enfin le crédit hypothécaire.
Comme il croit qu'on peut les pratiquer
simultanément, et ressusciter ainsi l'a-
griculture, il a supplié la Chambre de ne
pas ajouter l'avortement du crédit agri-
cole à tant d'autres avortements.
Cta l'a écouté avec intérêt et sympa-
thie.
C'est le président de la Commission,
M. Ribot en personne, qui a exposé les
grandes lignes du projet. Il a prononcé
un beau et grand discours, un discours
de trois heures, avec suspension de
séance, et ce long discours n'a pas paru
trop long à l'auditoire attentif qui l'a,
entendu et applaudi.
Quel admirable orateur d'affaires que
M. Ribot 1 Et aussi quel admirable ora-
teur politique, serré, pressant, moderne,
,solide sans sécheresse et élégant sans-
phrases 1
Les raisons qu'il a données pour voter
le projet de loi tel qu'il est présenté,
c'est-à-dire pour proroger pendant quinze
ans le privilège de la Banque en main-
tenant les statuts essentiels qui ont fait
sa force et sa prospérité, ont certaine-
ment convaincu les quatre cinquième?
de la Chambre, et frappé, sinon converti
l'opposition elle-même, représentée sur-
tout, en cette circonstance, par le parti
socialiste.
Le parti socialiste a son système, la
Banque d'Etat, « un des ann'eaux de la
chaîne qu'il veut river sur tnoust:» c'est
Û.: Ribotîqui l'a dit. Paut-il: transformer
la Banque de France en BanfluèmiîEtat ? P
M. Ribojt. ilba question est' ancienne. On
a cité'l'opinion de Rôssi en 18ïO,.èt lès parti-
sans de la Banque d'Ëtat triomphent en^rap-
pelant que cette réforme paraissait seulement
prématurée au célèbre- économiste. Après
,sosaft&,a&s' d||eBt-gfeuitj^yyisJ
eu le temps de mûrir ? Ils oublient que sou-
vent, pn présence d'une idée fausse, par cour-
toisie ou par faiblesse, on se contente, afin
de l'écarter, de la traiter de prématurée.
(Très bien 1 très bien I au centre. Ou rit.)
M. Jaurès, '-r- Vous nous donnez la clé de
plusieurs de vos discours.
M. le président de la Commission, Je
suis, pour ma part, convaincu qu'il vaut
mieux vous dire en face ce qu'on pense de
vos doctrines et je crois que Rossi aujour-
d'hui partagerait cette manière de voir, parce
qu'il se rendrait compte que la Banque d'Etat
n'est qu'un anneau de cette vaste chaîne dont
vous voulez nous enserrer 'pour nous rendra
tous esclaves de votre système.
Oui, je suis persuadé qu'il irait plus loin
aujourd'hui et qu'il dirait avec nous, avec
tous les hommes d'Etat de l'Europe, quq c'est
là non une idée prématurée mais une idée
fausse qu'il serait imprudent d'encourager.
(Très bien 1 très bien 1 au centre.)
Il faut que l'Etat exerce sur la Banque
un contrôle permanent; mais il ne faut
à aucun prix qu'il s'en empare. Eljé a
entre les mains des intérêts qui exigeift
ce contrôle et qui interdisent cette usur-
pation. Telle est la double idée que M.
Ribot a développée avec une abondance
d'arguments et d'exemples qui a
porté la conviction dans presque tous
les esprits. Il a fait toucher du doigt
aux plus récalcitrants l'impérieuse né-
cessité de cette dualité de pouvoirs, qui
est le fondement même de la Banque
un Conseil de régence qui décide, qi}
gouverneur, nommé par l'État, qui sur-
veille et qui peut, au besoin, imposer
son veto. ̃•̃ .•
M. Ribot n'a laissé sans réponse au?
cune des objections que le projet a spijr
levées mais il s'est appliqué surtout a
mettre en relief tous les services 'que
nous rend la Banque. Elle maintient
l'escompte au niveau des besoins du*
commerce, elle régularise le crédit; eljë
vient, pn temps de crise, au secours des
particuliers et de l'Etat. En 1870, malgré
les accusations portées contre elle par
M. Viviani, elle s'est mise à découvert,
vis-à-vis de l'Etat, d'uN MILLIARD 53Q
MILLIONS. Et yoilà cette grande trahison
dont elle s'est rendue coupable 1
Il faut lire à y Officiel tout cet exposé, si
vif, si lumineux, de M. Ribot. La. question
4u prédit agricole y est iraitée de main
de maître et, à cette occasion, M. Ribot
n'a pas manqué dé rendre à. M. MéHn§
un juste hommage, qui a montré f§s
deux hommes politiques mpins divises
qu'on ne le croit.
Je prolongerais indéfiniment l'analysq
de son discours sans en donner une idée
exacte à ceux qui n'ont pas eu le plaisir
de l'entendre. Encore une fois, tout y est
dit et bien dit. La Chambre en a ressenti
une impression dpnt on ne peut se ren-
dre compte que sur la reproduction sté-
nographique. L'orateur }'a terminé par
une invitation à faire vite, et a 'ne pas
laisser en suspens d'aussi graves inté-
rêts « La grande question est de savoir
si le crédit public sortira de qe défeât
affaibli ou fortifié !» »
Ce bon conseil n'arrêtera pas les'épi-
logueurs. Ils seront d'autant moins excu-
sables que tous, les discours qui peuvent
les tenter ont déjà été faits trois fois, eji
'1840, en 1865 et en 1892. Reportez-vous
à ces grandes discussions, elles ont
épuisé la matière, et M. Ribot' lui-même,
qui vient de la renouveler par son talent,
a eu la modestie de confesser que"'iyff
Thiers il y a cinquante-sept ans V-
n'avait rien laissé àr dire à ses sucées--
seurs. ',̃
̃̃̃- ̃'̃" '̃'̃ 'ïkS-pe^us. -'̃
L? SÉNAT
Le projet de loi relatif à l'établisse-
ment d'un droit d'entrée sur }es plombs
a mis les économistes aux prises et fait
couler des flots d'éloquence.
Les uns trouvent ce droit pour le
moins inutile. Il n'amènera pas l'ouver-
ture d'une nouvelle mine ni le dévelop-
pement des usines existantes. Il se borne
à favoriser deux ou trois établissements, 1
dont la situation est d'ailleurs floris-
sante.
Les autres déclarent que, sans ce
droit, l'industrie nationale ne saurait
soutenir la concurrence étrangère, et que
tout sera perdu.
Le Sénat donne raison à ces pessi-
mistes et adopte le projet de loi par 143
voix contre 54.
B.vB.
~#• ̃̃
AUTOUR DES CHAMBRES
Battu? et contents. Le tripatouillage des bul.
letins. Le budget,
Battus, les associés de M. Sarrien se
proclament contents; mais à leur mine
déconfite, à certains jeux de physionp-
mie et à certains gestes trop nerveux,
on devine tout de même que cette joie
affectée n'est point sans mélange. Ils ont
beau dire «Le 'ministère Méline est
notre meilleur g,tout électoral », on re-
fuse de les croire sur parole, car, s'il en
était ainsi, pourquoi s'efforceraient-ils dé
l'écarter?
Il est incontestable qu'ils y travaillent
de leur mieux et que les pires manœuvres
leur semblent légitimes contre un cabi-
net coupable de yivre trop longtemps.
Ils lui dressent des embûches, ils l'at-
taquent par derrière et, cela ne suffisant
point encore, ils empruntent a certaines
régions du Midi leurs pratiques électo-
rales: ils tripatouillent les bulletins, ils
truffent les urnes. On en a eu la prehye
samedi dernier et les progressistes ont
pu se convaincre une fois encore qu'il
n'est pas sans inconvénient pour une
majorité d'installer au bureau ses adver-
saires. Des gaillards qui commettent des
erreurs d'addition contre le gouverne-
ment, des escamoteurs qui changent Ja
couleur des bulletins peuvent, dans un
vote douteux, jouer plus d'un'mauviis
tour au ministère qui leur déplaît.
Malgré tant et de si désespérés efforts,
Ml Méline est toujours président dû
Conseil et les gens raisonnables s'accoîS
dent à dire qu il lésera encore lorsque
le Parlement s'en ira en vacances mais
les'hommes qui convoitent son héritage è
n'en prennent point aisément leur parti.'
N'ayant pas réussi à le rendre suspect
de cléricalisme ni à le faire passerpliur
le docile serviteur de la- monarchi'e,, 'bat-
tus en bataille rangée, ils s'apprp);ent, à
porter le combat sur un autre terrain
et à prendre, dans les bureaux, une re-
vanche de ieiii* défaite en séance«jgUT
bïique. "•. l
La Chambre nommera mercredi sa
Commission du budget sera-t-ellé dieu,
table ou cuvette? Y naettra-t-on des hom-
jpgssrou9JQuç dftménagey. iipsresfpjrje^.
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