Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1896-02-24
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 février 1896 24 février 1896
Description : 1896/02/24 (Numéro 55). 1896/02/24 (Numéro 55).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO LUNDI 24 FÉVRIER 1896
ment, rendu dans une espèce particuliè-
rement intéressante, fera jurisprudence.
Il s'agissait, dans la circonstance, d'un
garçon de restaurant qui, à deux repri-
ses, avait versé un petit verre de pseudo
Martell à un client qui lui en demandait
du véritable. Il se trouva que ce client-
était un huissier dépêché par la maison
Martell, instruite, par des clients déçus,
de la petite fraude qui se pratiquait dans
cette maison, d'un ordre pourtant relevé.
Naturellement, l'officier ministériel ver-
balisa.
Le Tribunal de commerce de,la Seine
*a rendu à cette occasion une décision
fort bien motivée.
Le patron soutenait que les actes incri-
minés, commis par un sous-ordre « sans
qualité, hors de sa présence ou celle de
préposés autorisés, ne pouvaient consti-
tuer à sa charge une obligation quasi
délictueuse».
Le tribunal a jugé contrairement à
cette prétention
« Que le fait' par un employé du pa-
tron, quel'qu'il soit, de donner au con-
sommateur qui demande une liqueur de
marque spéciale une liqueur d'une au-
tre marque, engage en principe la res-
ponsabilité dudit patron. »
Ce qui donne le plus d'intérêt à ce ju-
gement, au point de vue des responsabi-
lités qu'il consacre, c'est qu'en l'espèce
il n'était pas établi en fait que le patron
eût joué un rôle actif dans les faits repro-
chés, y
Le Tribunal, après avoirfaitcette cons-
tatation, n'en conclut pas'moins à sa res-
ponsabilité, civile, bien « que sa faute
réside seulement dans le fait d'avoir
laissé,* en l'absence de toute surveillance
et de tout contrôle, un homme de ser-
vice livrer à deux reprises une liqueur
autre que celle requise, comme si elle
était conforme à la demande. »
La question n'avait jamais été posée
avec cette netteté. Tout le monde doit
s'en féliciter, non seulement les consom-
mateurs, mais aussi les cafetiers et res-
taurateurs, qui sauront désormais les
risques auxquels une simple négligence
pourrait les exposer, comme civilement
responsables de leur personnel.
Albert Bataille.
Informations
ACTES OFFICIELS. M. Jehl, inspecteur
de la culture des tabacs et des magasins,
à Vesoul, est nommé, sur place, direc-
teur de la culture des tabacs et des ma-
gasins. (Emploi créé.)
M. Alard, ingénieur en chef de
1™ classe au corps des ponts et chaus-
sées, est nommé inspecteur général de
2' classe.
-0-
DANS LES églises. Le cardinal Ri-
chard vient de nommer chanoines de
Notre-Dame
M. l'abbé Rataud, curé de Saint-Pierre
du Petit-Montrouge
M. l'abbé Fleuret, curé de Saint-Phi-
lippe du Roule;
M. l'abbé Fortier, président diocésain
des œuvres paroissiales militaires, che-
valier de la Légion d'honneur et aumô-
nier des prisons de la Santé et du Cher-
che-Midi •
M. l'abbé Clément, supérieur de l'é-
cole Gerson; v ̃ •••
M. l'abbé Beurlier, professeur de l'Ins-
titut catholique.
o–
Conférence. M. Joseph Vallot fera
ce soir, à la Société nationale d'acclima-
tation de France, rue de Lille, une con-
férence sur la catastrophe de Saint-Ger-
vais et les cavernes sous-glacières.
1U1IS El COKFOKHS
Du 23 Février
Triple assassinat et suicide da meurtrier
». Pornichet. La nuit dernière, un
crime épouvantable a été commis à Porni-
chet-les-Pins, près Saint-Nazaire. Un nommé
Boucher, Albert, a tué à coups de revolver sa
femme et ses deux filles, âgées, Jeanne, de
quinze ans, et Blanche, de huit ans, et s'est
ensuite tué lui-même. La chambre du crime
offre un aspect épouvantable.
Le Parquet est sur les lieux.
C ̃ Bâ drame
~~«~>~» LE Mans. La commune da Flee a.
été hier le théâtre d'un drame épouvantable.
Un sieur Fouineau, repris de justice dan-
gereux, âgé de trente-quatre ans, venait de
tirer sur sa maîtresse deux coups de fusil qui
Feuilleton du FIGARO du 24 Février 1896
Slênages de Paris
XIV
k- Suite ̃–
II y eut une rumeur courant sur la
foule ainsi que le vent sur les blés, des
noms de chevaux jetés avec persistance
comme un encouragement et un ordre
do victoire envoyés par les. joueurs,
liaussés sur. la pointe des pieds, les yeux
tendus en une fixité d'hypriose. Puis la
rumeur gronda plus forte, devint cri; et
toujours des noms, puis un seul, clamés'
avec une sorte de fureur monomaniaque:
le peloton apparaissait à l'extrémité de
];i ligne droite et, une seconde après,
surgissait au poteau d'arrivée un cheval
monté par un jockey en casaque bouton
d'or, «lsland Island 1 Island » clamait
\o public tandis que quelques parieurs
s'obstinaient à répéter « Caravelle Ca-
r.i.clle!» bien qu'évidemment sanses-
p')I r.
Chic! cria madame de Schott en
sautant à terre, j'ai gagné! J'ai gagné! l
Bon petit cheval! Honnête petit che-
val! Jacques, allez vite me chercher
mon argent! J'ai parié chez Huntley,
vous savez bien, le bookmaker qui a un
si grand nez.
C'est la forte somme ? demanda le
cousin Jacques en se levant docile.
Droits de reproduction et de tr_ufitiQa réservés
la blessèrent grièvement au bras et à l'épaule,
gauches. Les voisins, accoururent, mais Foui-
neau sep barricada chez lui, annonçant' qu'il
tuerait ceux' qui essayeraient d'y pénétrer.
Quand les gendarmes de Château-du-Loir
arrivèrent, ils sommèrent le meurtrier de se
rendre. Celui-ci, sans se montrer, demanda
par la fenêtre' à demi ouverte à parler au
gendarme Careme. Comme celui-ci se décou-
vrait, Fouineau lui tira deux coups de fusil
auxquels le gendarme riposta par un coup de
revolver qui blessa Fouineau.
Je ne suis pas tué, s'écria-t-il, et saisis-
sant un autre fusil il mit le gendarme en
joue.
Le gendarme tira alors un second coup de
revolver la balle frappa le meurtrier en
plein cœur et le tua raide.
Arrestation d'un avocat allemand'
*». BORDEAUX. L'arrestation de l'a-
vocat allemand Friedman a été opérée hier
soir sur les Allées d'Orléans, dans le plus
grand secret. Ce matin, dans le monde poli-
cier, on assurait même que Friedman était
simplement surveillé en attendant certains
renseignements sur son identité. 1.
Friedman était descendu à l'hôtel de France
avec l'actrice Anna Merten et s'était fait ins-
crire sous le nom de docteur Feldan, de Cra-
covie.
Il a nié énergiquement être Friedman.
Les perquisitions opérées à sa chambre ae'
l'hôtel de France, en présence de la jeune
femme qui l'accompagnait, ont fait décou-
vrir des papiers ne laissant aucun doute sur
son identité. Il a fait alors des aveux com-
plets.
Friedman, après avoir subi l'opération de
la mensuration, a été écroué au fort du Hâ,
où il attendra que les formalités d'extradi-
tion soient terminées.
Sa compagne a été laissée, en liberté.
LES THÉÂTRES
Théâtre de Monte-Carlo i UOtello
de Verdi
Les grandes soirées lyriques ont com-
mencé dans le Bayreuth du Midi. Hier
c'était Samson et Dalila, aujourd'hui
c'est Otello deux oeuvres aimées, don-
nées avec un éclat extraordinaire, en
tous points digne de la première scène
internationale.
Les Parisiens connaissent Otello ou
plutôt ils ne le connaissent pas, l'ayant
vu sans Tamagno. Ce qu'ils ont vu, avec
Otello sans Tamagno, c'est Iago dont la
sinistre et subtile figure) poussée au pre-
mier plan par Maurel, dominait la tra-
gédie et en effaçait un peu le héros. Ta-
magno, qui possède une voix à faire
trembler l'Olympe, n'est pas homme à
laisser le More de Venise dans la pénom-
bre.
Le rôle, ainsi porté, apparaît comme
vêtu de lumière, et dé même qu'il fau-
drait être sourd pour ne pas entendre
un Otello pourvu d'aussi formidables
moyens, il faudrait être aveugle pour ne
pas le voir. Tamagno possède naturelle-
ment une voix shakespearienne, c'est-
à-dire quelque chose de monumental et
de surhumain. Aussi n'a-t-il pas besoin
de crier, ni même de forcer le son, pour
atteindre à l'effet dramatique; il lui suf-
fit de lancer franchement une de; ces
notes qui sortent de sa bouche en nappes
larges et claires, pareilles à l'eau que
vomissent les lions de bronze sur les
places de Florence ou de Romei
II à merveilleusement rendu ce rôle,
tout en fanfares guerrières au début; et
tout en rugissements sauvages à la fin,
ne négligeant rien des développements
psychologiques de mélancolie et de pas-
sion jalouse, sans lesquels le meurtre de
Desdémone ne serait qu'un fait divers
contemporain. Aussi le triomphe l'a-t-il
suivi pendant tout l'ouvrage, depuis l'air
magnifique par lequel il aborde- le théâ-
tre jusqu'à l'effroyable cri de fauve sur
lequel l'action se termine. Il n'a pas été
moins beau, au deuxième acte, dans l'air
des Adieux et, au troisième, dans la poi-
gnante scène de douleur où Verdi a mis
le meilleur de son âme, le plus pur de
son art expressif et vigoureux.
Très près de Tamagno par le drame,
Mme Eames s'en est encore rapprochée
par le succès. Il est impossible de rêver
une Desdémone plus pure à côté d'un
Otello plus terrifiant. Ici le choix des ar-
tistes accentue le contraste, et de la plus
hpureuse façon,MmeËames ayant la voix
essentiellement douce et harmonieuse,
avec des apparences de fragilité qui ne
sont d'ailleurs qu'à la surface.
Elle est bien, la colombe entre les
griffes'dù tigre, et on l'a justemenfa"ccra-
mée; non seulement pour la profonde
sensibilité qu'elle a montrée dans Y Ave
Maria et dans l'air du Saule, mais aussi
pour sa vive intelligence lyrique dans les
Quarante francs jeta la petite
femme avec orgueil..
Et c'est pour quarante francs que
vous faites toute cette musique! dit le
cousin Jacques. Eh bien non, elle est
bonne. Elle est bien bonne
Et sa bouche s'en fut joindre ses oreilles
sans, hésitation..
Mon petit, quarante francs, ce n'est
rien. Mais quarante francs qu'on a ga-
gnés avec son intelligence. c'est beau-
coup. Mettez-vous ça dans la tête et allez
me chercher ma galette.
Vous quittez bientôt Paris ? com-
tesse, demanda Frédérique à madame de
Meurchamps.
Oui, dans quinze jours.'J'en ai as-
sez Jamais je n'ai eu tant à faire que
cette année. Je ne sais pas ce qu'il faut
aux gens qui se plaignent de ce qu'on ne
reçoit pas. Depuis deux mois je ne suis
pas arrivée âme coucher une seule fois
avant une heure et demie du matin.
On n'en peut plus vraiment. Vous de-
vez être de cet avis-là aussi, vous, car
vous avez les yeux cernés jusqu'aux
dents. ̃/
Oui, dit madame Tingry dont le
visage se colora violemment, oui, je suis
fatiguée aussi. `
Quand venez-vous me retrouver en
Normandie? Il y aura un monde fou cette
année.
Vous êtes bien bonne, je vous re-
mercie de tout cœur. Mes projets sont
un peu incertains en ce moment. Mon
mari va être obligé d'aller en Amérique
pour ses affaires. Je voudrais l'accom-
pagner, mais il préfère que je reste en
France et nous ne parvenons pas à nous
entendre.
Je suis sûr, dit monsieur Tingry en
quittant la conversation à laquelle il
était mêlé pour se rapprocher de
sa femme, je suis sûr que la comtesse
sera de mon avis. Le climat de là-bas
est extrêmement éprouvant dans là sai-
son d'été, je le red^p^âSâJê^. ^JASS^ Il
dialogues amoureux qu'elle soutient
avec Otèllo. Voilà qui fait* bien augurer
de sa prochaine création de Ghiselle,
l'oeuvre tant attendue de l'immortel César
Franck.
C'est Verdi lui-même qui avaitdésigné
le baryton Camera pour Iago, rôle écrit
très curieusement, avec des intentions
de comédie romantique semées çà et là.
Il faut, pour le bien rendre, un artiste
complet chez qui le jeu et l'organe sont
également déliés. M. Camera est préci-
sément cet artiste-là il achantéleCredo
de manière à soulever la salle. Il y aurait
injustice à ne pas signaler quelques au-
tres interprètes, M. Vinche, (l'ambassa-
deur) et M. Queyla (Cassio), une excel-
lente basse et un ténor fort adroit; d'au-
tres encore Mlle Syrbain, MM. Acco-
gli, Fenucci, Gabrielli, qui complètent
parfaitement l'interprétation.
Jehin a conduit l'orchestre le fameux
orchestre de Monte-Carlo avec la
maestria qutlui est propre. Enfin, dans
la manière. dont fonctionnent les chœurs,
il n'est pas difficile de reconnaltre la
main souple et ferme de M. Gunsbourg
qui applique ici la méthode des Meinin-
.ggn; méthode en même temps Inique
et fraternelle qui, au lieu de considérer
les choristes comme des personnages de
tapisserie, les associe directement à l'ac-
tion, laisse une part aux humbles dans
le succès del'état-major, et fait gagner la
bataille par tout le régiment.
Paul Montigny.
LES CONCERTS
AlgUJ.
Concert Laniourenx
Mon embaraas est toujours^extrême
lorsqu'il me faut juger un fragment
d'oeuvre dramatique entendu au con-
cert, page arrachée d'une partition où les
utiles contrastes établis par l'auteur nous
échappent naturellement, scène isolée
dont la signification théâtrale et musi-
cale est presque impossible à saisir.
Je dois cependant reconnaître que dans
la révolte de Circé, qui a été exécutée hier
pour la première fois chez M. Lamou-
reux, les librettistes, MM. Jules et Pierre
Barbier, n'ont fourni à leur compositeur,
M. Thodore Dubois, aucune situation cu-
rieuse ou originale. Il s'agit làdes guerres/^
d'Espagne de 1809. En un couvent, des
moines, des paysans, des paysannes
prient pour la patrie et chantent une bal-
lade qui résume toutes les haines et tou-
tes les espérances populaires. Une femme
survient qui apporte de mauvaises nou-
velles et soulève la foule en prêchant la
tuerie. Un jeune novice frappera le faux
roi païen et délivrera son pays. Sonnent
donc les cloches prometteuses'des vicj
toires prochaines et hurlent donc en
même temps les voix annonciatrices des
suprêmes vengeances 1 1
Avec une honnêteté très grande, une
très consciencieuse conviction,M.Dubois
a rémusiqué ce tableau trop souvent vu
déjà. Si les parties héroïques de la ré-
volte d^ Circé m'ont paru exagérément
banales, en-revanche je constate que,,
dans l'expression un peu rude du fana-'
tisme- religieux, le compositeur a ren-
contré des accents .sincèreseijustes. J.'aL
remarqué surtdut le large,prélude or-,
chestral, empreint de ce sentiment-là, où
les cuivres jettent certaines phrases qui
ne sont certes pas sans caractère et sans
grandeur. Ces scènes, de forme parfaite-
ment correcte, pèchent en somme par
leur manque d'imprévu. Elles ont été in-
terprétées par Mlle Marcy,MM. Lafargei
Bailly et Blancard, et applaudies par les
éclectiques, sinon par les habitués du
promenoir.
Les chants de la forge de Siegfried
ont déchaîné l'enthousiasme général.
Rien ne peut dire la prodigieuse splen-
deur de ces strophes, d'abord naïves et
familières, qui atteignent peu à peu, en
une incroyable poussée d'allégresse ins-
trumentale et vocale, à la sublime et di-
vine et stupéfiante beauté. La traduc-
tion française de M. Alfred Ernst, si lit-
̃téraire, si curieuse et si intéressante
aussi par sa recherche fidèle des allitéra-
tions, a le rare mérite d'être,, au point
,de vue musical strict, admirablement
prosodiée. Aussi, a-t-elle contribué à
faire obtenir à M. Lafarge, joyeux et
brutal Siegfried, un véritable triomphe.
On a rappelé et acclamé longuement
M. Lamoureux, qu'il faut féliciter au-
jourd'hui de façon toute particulière.
Mlle Marcy, assez souffrante, a chanté
cependant avec beaucoup de bravoure
la radieuse scène finale du Crépuscule
des Dieux.
Alfred Bruneau.
pour vous et pour bébé qui a une santé
si, délicate. En outre, je serais obligé à
de fréquents déplacements dans lesquels
vous ne pourriez pas me suivre, et je
serais très inquiet de vous laisser seule
avec votre enfant dans un hôtel. Com-
tesse, dites-lui, je vous en prie, combien
son désir est peu raisonnable. Je ne
puis, moi, le lui témoigner assez énergi-
quement, parce queje semblerais mécon-
naître tout ce qu'il y a de dévouement et
d'affection dans sa pensée.
Sans doute. sans doute, dit la cha-
noinesse avec hésitation. Il vaut bien
mieux qu'elle reste ici, au milieu des
gens qui l'aiment et qui auront soin
d'elle jusqu'à votre retour. Quand par-
tez-vous ?
Je ne sais encore, mais probable-
ment vers le quinze juillet.
Et combien de temps comptez-vous
rester?
Jusqu'à la fin de-novembre peut-
être. J'ai une grande organisation à faire
là-bas. Puis je reviens par Hambourg,
il me faudra passer plus d'un mois en
Allemagne et en Belgique avant de ren-
trer à Paris, et, comme il y aura environ
un mois aussi passé rien qu'en trajets,
j'aurai juste le temps de faire ma be-
sogne.
Tout cela pour vos assurances ?
Tout cela! J'ai lieu de croire que ce
voyage donnera des résultats extraordi-,
naires. Ce sera un peu fatiguant, mais je
suis si solide.
Oui. évidemment, dit la chanoi-
nesse en regardant les épaules maigres,
le dos courbé et le torse creusé de mon-
sieur Tingry.
Alors, ma petite, c'est chose conve-
nue, reprit-elle. Aussitôt votre mari em-
barqué vous m'arrivez avec le mioche?
Certainement, comtesse, si vraiment
je me décide à ne pas aller en Amérique.
J'ai aussi promis à Roseline de finir la
saison chez elle.
fer jB9J^m^l§M5il^ Sfil».
COURRIER DES THEATRES
THEA TRES
Ce soir, à- neuf heures, au théâtre de l'El-
dorado, premiéte .représentation de Le
Royaume des ̃ Femmes, opérette à grand
spectacle en trois aétes et six tableaux, de
MM. Ernest Blum et Paul Ferrier, d'après
Gpgniard et Raoul Tbché, musique do M.
Gaston Serpette.
Frivolia Mmes Simon-Girard
Xoressa Mily Meyer
Prudhomma Mathilde
Suavita Marié de l'Isle
Trombolinette Simier
Mertuchette Guernier,etc.etc.
Alcindor MM. Sulbac
Citronnet Berthaut
Merluchet Froger
Victoire Pressigny
Tableaux: 1. La Forêt 2. La Capitale du
Royaume; 3. Le Petit Hôtel; 4. La Prison; 5. La
Chambre Nuptiale; 6. Le Camp des Femmes.
th
M. Jules Claretie, accompagné de M. Guil-
loire, contrôleur et secrétaire général de la
Comédie-Française* à la tête du personnel
administratif, assistait hier matin aux
obsèques d'un vieux serviteur de la Maison
de Molière, à l'église Notre-Dame-de-Lorette.
C'est. Lesage, le vieil huissier que tout
Paris connaissait et qui, depuis trente-sept
ans, portait la chaîne d'argent des placeurs
en chef de la Comédie. Lesage avait escorté
bien des chefs d'Etat, dans leurs visites à la
Comédie, depuis Napoléon III jusqu'à M.
Félix Faure, qu*il saluait encore lors de la
première représentation de Grosse Fortune.
Il n'y a pas un an, au Cirque d'été, l'excel-
lent Lesage recevait de la Société d'Encoura-
gement au Bien une médaille d'honneur que
lui remettait M. Claretie, sur la demande du
président, M. Stéphen Liégard.
Lesage, qui avait quatre-vingt-un ans,
était huissier aux Archives Nationales lors-
que M. Claretie, tout jeune, allait y compul-
ser les dossiers de la Révolution Française
pour écrire Les Derniers Montagnards, et
M. Emile Campardon, l'érudit archiviste, de-
mandait parfois à Lesage, ce maître Jacques
de la paléographie du théâtre, des nouvelles
de l'administrateur de la Comédie à qui le
vieux serviteur apportait jadis les papiers du
Tribunal révolutionnaire.
Lesage était très reconnaissant à l'écrivain,
qu'il avait autrefois servi aux Archives, de
lui avoir conservé jusqu'à la dernière limite
sa place à la Comédie. Le vieux serviteur de
la rue Richelieu allait prendre sa retraite au
mois de juin après les matinées qui rappor-
tent des feux aux employés. La mort a de-
vancé l'heure.
Le personnel de la Comédie s'est cotisé
pour offrir une couronne à son honoré et
brave doyen.
D'un commun accord avec la direction du
Vaudeville et pour ne pas donner deux pre-
mières le même soir, l'administration du
théâtre de la Renaissance remet irrévocable-
ment au mardi 3 mars la première représen-
tation de la Figurante, de M. François de
Curel.
La répétition générale sera donnée la veille.
**#
La loi des contrastes. Singulier hommage à
Amants, la pièce de M. Maurice Donnay.
A un mois de distance on a réclamé au
théâtre de la Renaissance un jupon de soie
perdu dans une baignoire, et 1 on trouvait
hier dans une autre baignoire un livre de
messe prohpudor!
̃ H
Le Vaudeville donne ce soir la dernière re-
présentation de la Bonne Hélène, de Jules
Lemaître.
Rappelons aussi que Viveurs ne sera plus
joué que deux fois, demain mardi et après-
demain mercredi.
,o, "l.l"1'J \J_¡~I'"
Nouveaux engagements-pour Catherine Se
Russie, de MM. Ginisty ei Samson, au Châ.-
ielet. •-̃-
Ceux de Mme Leriche, dans; un rôle de
folle de cour, absolument historique, d'ail-
leurs, où sa fantaisie sera à l'aise de Mlle
Huart, qui fut charmante dans le Collier de
la Reine, et de M. Arquillière, celui-ci dans
le personnage, d'une réaliste horreur, d'un
paysan auquel, par une atroce gageure, des
paysans ont arraché les narines.
Mlle Antonia Laurent, de l'Odéon, vient
d'avoir la douleur de perdre sa mère.
Aux Bouffes-Parisiens: 4
Ce soir lundi, dernière représentation de
Miss Helyetl.
Mardi, mercredi, relâche.
Jeudi, représentation générale de Ninette.
Vendredi, première représentation de l'opéra
de M. Charles Lecocq.
Nous ayons le regret d'apprendre la mort
du librettiste Alfred Blàu, auquel on doit, en-
tre autres oeuvres, les. livrets d'Esclarmonde
et de Sigurd.
C'est en voyage, à Bruxelles, où il était
seulement depuis quelques jours, que M. Al-
fred Blau a succombé à* une pneumonie com-
pliquée de congestion cérébrale.
M. Alfred Blau qu'on désignait généra-
lement sous le sobriquet familier de « Baûl »
était Tmë figure parisienne bien connue à
l'Opéra et dans tous les théâtres. Originaire
dé Blois, il avait été autrefois de l'entourage
intime de M. de Villemessant. La loyauté de
son caractère, la sûreté de ses relations, sous
des dehors volontairement un peu bourrus,
pas jalouse. Mais' n'oubliez pas que
c'est chez moi que vous avez retrouvé
ces amis-là. cela me donne des droits.
Et la chanoinesse, souriant son sourire
carré de boîte à lettres, regarda madame
Tïngry d'un air attendri d'aïeule bénis-
sante. f
v- -xy' ̃/̃ ̃̃
Roseline quitta Paris seule, un ami
d'Armand ayant eu l'inspiration de pren-
dre une crise d'influenza à forme infec-
tieuse au moment précis du départ. Cet
ami, pour lequel monsieur de Réz sentit
une subite tendresse, était seul absolu-
ment, son père et sa mère avec qui il
vivait se trouvant en déplacement loin-
tain, et la maison à peu près vide de
domestiques. Cette pitoyable situation
réclamait, cela allait de soi, le dévoue-
ment du seul camarade intime qu'eût le
malade et monsieur de Rez se dévoua.
Roseline avait tout de suite proposé de
différer son départ, mais monsieur de
Rez refusa, énergiquement d'accepter ce
sacrifice et insista pour qu'elle allât l'at-
tendre aux Ifs, où il devait la joindre
quelques jours plus tard, lorsque, les
parents de son ami revenus, il ne serait
plus aussi complètement indispensable
auprès de lui.
Roseline était donc partie, .emmenant
madame Oùdincourf, ses filles et Romée
dont la santé se détraquait de plus en
plus et auquel ses médecins,ordonnaient
un prompt changement d'air.
Presque au moment d'àher à la gare,
madame de Rez subit une scène dont
l'impression s'ajouta cruellement à l'an-
goisse profonde dont elle souffrait en se
séparant d'Armand pour la première fois
depuis leur mariage.
Yvonne de Radélles, arrivée chez elle
dans un état qui semblait dément, se-
couée de sanglots, la figure tordue de
crispations nerveuses et gonflée par trop
de larmes, était entrée dans sa. chambre,
,C~~)~t.i~_ f.
la jeunesse de son esprit de bon aloi lui
avaient fait de nombreux amis, auxquels
cette triste fin, dans une chambre d'hôtel,
sera particulièrement douloureuse.
Le total des recettes des trente premières
représentations de Une Semaine à Paris, au
théâtre des Variétés, dépasse le chiffre de
deux cent dix mille francs.
qy
De Monte-Carlo
« Au théâtre du Palais des Beaux-Arts,
Mme Céline Chaumont vient de remporter
un éclatant succès avec Toto chez Tata,
qu'elle a joué avec une verve et une fantaisie
exquises.
» L'excellente comédienne, à laquelle M.
Auffray donnait la réplique, a été très
fêtée.
» On avait débuté par l'Homme n'est pas
parfait, lestement enlevé par MM. Duislay,
Auffray, Mesmaker et Mmes Van Lier et
Auffray. »
̃•*
« Le 13e concert classique' de Monte-Carlo
comprenait un programme des plus at-
trayants Symphonie en si bémol, de Haydn
Dans les montagnes (1re audition), Joh.
Selmer, œuvre pittoresque et savante, très
applaudie le« Menuet des Follets de la
Damnation de Faust, et enfin la Chevauchée
des.Walkyries..
» M. Galeotti, pianiste d'un réel talent, s'est
fait vivementapplaudir dans le beau concerto
en sol mineur de Saint-Saëns et dans divers
morceaux de genre.
» L'orchestre Jehin a été, comme chaque
fois, très fêté. »
D'Italie:
La Tosca, de Sardou.
On sait que M. Victorien Sardou avait
consenti à la transformation de son drame
en livret d'opéra au grand profit d'un compo-
siteur italien détalent, le baron Franchetti.
Le livret en 4 actes.tiré de la Tosca par MM.
Giacosa et Illica, vient d'être réduit en 3 actes,
et ce n'est plus M. Franchetti qui le « musi-
quera », mais bien M. Puccini, le jeune aur
teur de Manon et de la Vie de Boheme.
#̃*
La Tétralogie en Italie.
Avec la. saison de Carnaval ont pris fin les
soirées triomphales de la Walküre à l'Argen-
tina de Rome, et celles du Crépuscule des
dieux à Turin.
La Walkilre a été donnée dix-sept fois
consécutives, ce qui est sans exemple à l'Ar-
gentina. A la dernière représentation, Mme
Adini, qui a fait une création admirable de
la Brunehilde de Wagner, a été rappelée et
couverte de fleurs, et cette artiste a été enga-
gée par M. Yalm, le directeur de l'Opéra de
Vienne, pour" ebanter trois fois la Walküre
en allemand à l'Hojaperntheater.
De Vienne: i-
« Il s'est passé ici, ces jours, un petit in-
cident diplomatique qui intéressera sans
doute aussi le public français. Le Theater
an der Wien donnait au commencement de
ce mois la première d'une nouvelle opérette,
Général Gogo, de MM., Hugo Wittmann et
Davis, musique d'Adolphe Mueller. Général
Gogo est la caricature du militaire vaniteux,
bavard, fanfaron et coureur de femmes. On
se répétait le soir de la première que les au-
teurs avaient visé le général Boulanger, sa
vie et ses aventures.
» Mais les intentions des auteurs furent en-
core dépassées par la façon dont l'artiste
chargé dû rôle du général Gogo avait com-
pris son rôle. Cet artiste, M. Girardi, l'enfant
gâté des Viennois, parut, le soir de la pre-
mière, en scène avec le ruban de grand-croix
de la Légion d'honneur en sautoir et portant
le chapeau à plumes authentique.
» Ainsi costumé, le général Gogo débitait,
durant trois actes, des boniments, des calem-
bours et des couplets. Mais, à la deuxième
représentation, le ruban de la Légion d'hon-
neur jat,l^chape.au^4çt général îrancaJs ,f ure,nt,
supprimés.
» II paraît que M. Lozé, qui avait assisté à
la première, était intervenu et avait obtenu
ces suppressions. L'intervention du représen-
tant de la France a été généralement approu-
vée. »
Ml
De New-York
« Les adieux de Mlle Calvé dans Carmen
ont dû être bien doux à la sympathique ar-
tiste on l'a rappelée vingt-deux fois, la salle
croulait sous les applaudissements. La scène
était jonchée de fleurs.
« Mlle Calvé part en tournée dans diffé-
rentes villes des Etats-Unis. »
De
De Boston
« Mlle Calvé arrivée hier ici, a débuté dans
Carmen avec un succès étourdissant. Vingt
rappels, une folie de trépignements et d'ova-
tions. On a fait le chiffre fantastique de
80,000 francs de recettes! » 1
CONCERTS ET SPECTACLES
L'exécution intégrale du 3e acte du Crépus-
cule des Dieux, donnée hier aux Concerts
Colonne pour la première fois à Paris, aura
été l'événement musical le plus considérable
de la saison.
Des dilettantes allemands et autrichiens qui
se trouvaient' hier au Châtelet disaient à
haute voix que, même à Munich, même à
Bayreuth, ils n'avaient <̃ ressenti d'émotion
plus profonde, notamment à l'audition de la
« Marche funèbre » de Sieg fried et de la
scène finale.
Le séance n'a, du reste, été qu'une longue
ovation pour l'orchestre qui a été admirable
presque en courant, s'était jetée dans ses
bras et était restée contre elle, lui mbuil-
lant les joues de ses pleurs qui cou-
laient sans trêve, le souffle haché, inca-
pable de parler, malgré ses efforts.
Mon Dieu! disait Roseline effrayée,
Qu'avez-vous ? Il est arrivé' quelque
chose à vos filles à votre mari ?
Qu'avez-vous ? Je vous en prie, répon-
déz-moi! 1
Mais, après. une suprême crispation,
madame de Radelles dit seulement d'une
voix qui rauquait:
Je ne peux pas! Attendez.
Roseline la fit asseoir, alla lui cher-
cher un verre d'eau, l'aida à boire comme
une malade ou un enfant et se plaça à
côté d'elle, un bras à ses épaules, courbée
en attitude de tendresse silencieuse.
Lorsque Yvonne eut recommencé de
respirer normalement, Roseline dit en-
core
Qu'ayez-vous?
J'ai, 'cria madame de Radelles d'une
voix qui se cassait, j'ai que je suis mal-
heureuse à* mourir, que je vais me tuer
ou jenesais pas qubifairel. J'ai.qu'An-
dré se marie!
André ? répéta madame dè Rez, d'un
ton interrogatif.
Oui! Monsieur Edelin si vous
aimez mieux! C'est plus convenable de
l'appeler comme ça. sans doute. Mais
qu'est-ce que ça me fait. ce qui est con-
venable. quand je vais mourir 1
Mourir? ma chérie. non. Calmez-
vtous un peu, je vous en supplie,
p)arlez-moi plus tranquillement, expli-
quez-moi.
i Etquevoulez-vous.quej'explique?.
3^'est-ce pas tout. cela?. Il se marie!
Elle éclata en sanglots une fois en-
core, se renversa sur le divan où elle
é/tait assise, cacha sa figure dans un
coussin et se tordit tout entière dans un
^spasme de désespoir.
i Yvonne, .dit Roseline, il ne faut pas
WojisL abandonner, il faut avsi^djijqpjÈ;,
et pour son chef ^ainsi que pour Mmes KutV
cherra, Auguez de Montalant, Texier et PJa-
nès, et' pour MM. Cazeneuve, incomparable
dans le rôle de Siegfried, Vieuville et Edvsy.
Aujourd'hui, à la Salle des Agriculteurs,
dernier concert du quatuor'tchèque, dont le
succès a été sans précédent avant-hier. c
̃••• ̃.̃ ̃ ̃
"Le pianiste Santiago Rièra.a donné, salle
Erard, son concert avec un succès qui va
toujours grandissant. Le programme, très
varié et exécuté avec maestria, nous a per-
mis d'entendre un rondo et capriccio de
Beethoven, à peu près ignoré des pianistes ̃/̃
et qu'il a su rendre avec son talent tout per-
sonnel. ̃
Hier, le concert du palais d'Hiver, au Jar-
din d'acclimatation. a été l'occasion d'un nou-
veau triomphe pour le jeune pianiste Harold
Bauer, qui a joué avec une incomparable
maëstria le Concerto de Saint-Saëns et la
Légende de Liszt. L'orchestre de Louis Pis-
ter a été comme toujours admirable dans le
scherzo de Javanohn première audition
et dans la Marche funèbre d'une maflonnetle
dé Gounod, qui a été bissée. ̃
Jules Huret. °
~».-
PETITES NOUVELLES
Le théâtre Sàns-Souci est oblige de fermer en
plein succès, la.nouvelle direction de l'Olympia
désirant ne pas avoir de théâtre au 1"' étage de
son immeuble.
G. Tiercy espère trouver un'autre local con-
fortable et rouvrir prochainement le Sans-Souci,
ÉPHÉMÉRIDES THÉÂTRALES
24 février 1792
Première représentation du VIEUX CÉLIBATAIRE
Le travail, la lutte littéraire, les émotions
même du très grand succès que venaient
d'obtenir, les Châteaux en Espagne avaient.
profondément altéré la santé de Collin d'Har-
leville. Aussi fit-il une maladie très sérieuse.
Pour le guérir, on dut lui interdire tout tra-
vail. Il parut obéir, mais resta taciturne, ne
répondant plus aux amis qui le -venaient
voir. Enfin, un jour, il retrouva la parole:
ce fut pour confier à Andrieux qu'il avait dé- »
sobéi, et il lui montra le brouillon d'une
comédie. qu'il venait d'achever. C'était le
Vieux'Célibataire. Ceci se passait en 1789, et
la comédie nouvelle dut attendre trois ans
avant d'arriver à la rampe l'époque était un
peu troublée. Enfin, le Vieux Célibataire fut,
représenté le 24 février 1792 et obtint un»
succès énorme, bien que le Journal de Paris
ait écrit à la date du.25 février: « Ce sujet a
déjà été traité en 1775 par Dorat, et sous le
titre du Vieux Garçon, en 1782, par M. Du-,
buisson. Mais c'étaient là propos de jaloux: ·
La pièce réussit complètement, le public iè-
clama l'auteur, et M. Fleury qui le nomma
dut déclarer qu'il était absent. Collin d'Har-
leville était, en effet, à Mévoisins, dont il était
commandant de la garde nationale, R.B.
LE MODÈLE DU JOUR
Je crois que mes lectrices accueilleront
favorablement un moyen de donner,
sans grande dépense réelle, un grand,
cachet de richesse et de luxe à leur toi-
lette de bal. Ce moyen consiste à coudre
sur la robe des perles et des pierreries.
Sur l'étoffe du corsage se détache un bel
ensemble de croisures de perles, rejevées
par des ferrets de diamant. Cet orne-
ment, couvrant tout le devant de là poi-
trine jusqu'à la taille, est d'un très heu-
reûx effet et d'une grande richesse.
Ce nouveau genre de coudre les pie r-
reries sur le satin et le' velours, permet
d'utiliser tous les diamants de famille,
souvent laissés dans leur écrin. Ce sera
une mode éblouissante, une lutte de
richesse qui excitera bien des convoitises.
*̃̃ C. Duhamel.
rage. Vous n'êtes pas seule dans la vie
pour avoir le droit d'appartenir ainsi à
votre souffrance, vous avez des enfants
auxquels vous vous devez. quoi que
vous puissiez éprouver.
Mes enfants Ça m'est bien égal!
gémit Mme de Radelles toujours éten-
due en une attitude prostrée.
Quand avez-vous su. cette chose?
demanda Roseline pour rompre le si-
lehce qui suivit ces paroles, carunegêne
intolérable lui venait de cette situation
dont le côté choquant la blessait dans
toutes ses occultes fiertés. ..»
1- Tout â l'heure. au moment de dé-
jeuner.11 m'a écrit. Tenez! J'ai apporté
sa misérable lettre. la voilà. Quelles
lâchetés que tout cela l
Elle s'était redressée, une subite co-
1ère arrêtant ses larmes. Sa voix était.
dure maintenant et criarde comme le de
viennent les voix « peuple », au moment
où les disputes vont se faire batailles.
EHe avait fouillé dans sa poche avec des
gestes maladroits et saccadés, elle ten-'
dait à madame de Rez une Veuille de
papier, tortillée, brisée par des mani-
pulations violentes, et qui paraissait
sale.
Roseline la prit avec hésitation. La
vulgarité de tout ceci lui soulevait le
cœur, et la pensée lui vint que lorsque
lés femmes de chambre sont abandon-
nées par les cochers qu'elles ont pris
pour amants, elles doivent crier, se rou-'
ler et brandir des papiers douteux comme,
faisait cette femme élégante et bien éle-
vée. Mais, presque en même temps que
cette idée, un sentiment de pitié naquit en
elle pour ce qu'il y a d'éternellement au-
guste dans la douleur, quelle qu'elle soit,
d'où qu'elle vienne.
Jutes Ricard.
(La suite i cfcatalny
s!
ment, rendu dans une espèce particuliè-
rement intéressante, fera jurisprudence.
Il s'agissait, dans la circonstance, d'un
garçon de restaurant qui, à deux repri-
ses, avait versé un petit verre de pseudo
Martell à un client qui lui en demandait
du véritable. Il se trouva que ce client-
était un huissier dépêché par la maison
Martell, instruite, par des clients déçus,
de la petite fraude qui se pratiquait dans
cette maison, d'un ordre pourtant relevé.
Naturellement, l'officier ministériel ver-
balisa.
Le Tribunal de commerce de,la Seine
*a rendu à cette occasion une décision
fort bien motivée.
Le patron soutenait que les actes incri-
minés, commis par un sous-ordre « sans
qualité, hors de sa présence ou celle de
préposés autorisés, ne pouvaient consti-
tuer à sa charge une obligation quasi
délictueuse».
Le tribunal a jugé contrairement à
cette prétention
« Que le fait' par un employé du pa-
tron, quel'qu'il soit, de donner au con-
sommateur qui demande une liqueur de
marque spéciale une liqueur d'une au-
tre marque, engage en principe la res-
ponsabilité dudit patron. »
Ce qui donne le plus d'intérêt à ce ju-
gement, au point de vue des responsabi-
lités qu'il consacre, c'est qu'en l'espèce
il n'était pas établi en fait que le patron
eût joué un rôle actif dans les faits repro-
chés, y
Le Tribunal, après avoirfaitcette cons-
tatation, n'en conclut pas'moins à sa res-
ponsabilité, civile, bien « que sa faute
réside seulement dans le fait d'avoir
laissé,* en l'absence de toute surveillance
et de tout contrôle, un homme de ser-
vice livrer à deux reprises une liqueur
autre que celle requise, comme si elle
était conforme à la demande. »
La question n'avait jamais été posée
avec cette netteté. Tout le monde doit
s'en féliciter, non seulement les consom-
mateurs, mais aussi les cafetiers et res-
taurateurs, qui sauront désormais les
risques auxquels une simple négligence
pourrait les exposer, comme civilement
responsables de leur personnel.
Albert Bataille.
Informations
ACTES OFFICIELS. M. Jehl, inspecteur
de la culture des tabacs et des magasins,
à Vesoul, est nommé, sur place, direc-
teur de la culture des tabacs et des ma-
gasins. (Emploi créé.)
M. Alard, ingénieur en chef de
1™ classe au corps des ponts et chaus-
sées, est nommé inspecteur général de
2' classe.
-0-
DANS LES églises. Le cardinal Ri-
chard vient de nommer chanoines de
Notre-Dame
M. l'abbé Rataud, curé de Saint-Pierre
du Petit-Montrouge
M. l'abbé Fleuret, curé de Saint-Phi-
lippe du Roule;
M. l'abbé Fortier, président diocésain
des œuvres paroissiales militaires, che-
valier de la Légion d'honneur et aumô-
nier des prisons de la Santé et du Cher-
che-Midi •
M. l'abbé Clément, supérieur de l'é-
cole Gerson; v ̃ •••
M. l'abbé Beurlier, professeur de l'Ins-
titut catholique.
o–
Conférence. M. Joseph Vallot fera
ce soir, à la Société nationale d'acclima-
tation de France, rue de Lille, une con-
férence sur la catastrophe de Saint-Ger-
vais et les cavernes sous-glacières.
1U1IS El COKFOKHS
Du 23 Février
Triple assassinat et suicide da meurtrier
». Pornichet. La nuit dernière, un
crime épouvantable a été commis à Porni-
chet-les-Pins, près Saint-Nazaire. Un nommé
Boucher, Albert, a tué à coups de revolver sa
femme et ses deux filles, âgées, Jeanne, de
quinze ans, et Blanche, de huit ans, et s'est
ensuite tué lui-même. La chambre du crime
offre un aspect épouvantable.
Le Parquet est sur les lieux.
C ̃ Bâ drame
~~«~>~» LE Mans. La commune da Flee a.
été hier le théâtre d'un drame épouvantable.
Un sieur Fouineau, repris de justice dan-
gereux, âgé de trente-quatre ans, venait de
tirer sur sa maîtresse deux coups de fusil qui
Feuilleton du FIGARO du 24 Février 1896
Slênages de Paris
XIV
k- Suite ̃–
II y eut une rumeur courant sur la
foule ainsi que le vent sur les blés, des
noms de chevaux jetés avec persistance
comme un encouragement et un ordre
do victoire envoyés par les. joueurs,
liaussés sur. la pointe des pieds, les yeux
tendus en une fixité d'hypriose. Puis la
rumeur gronda plus forte, devint cri; et
toujours des noms, puis un seul, clamés'
avec une sorte de fureur monomaniaque:
le peloton apparaissait à l'extrémité de
];i ligne droite et, une seconde après,
surgissait au poteau d'arrivée un cheval
monté par un jockey en casaque bouton
d'or, «lsland Island 1 Island » clamait
\o public tandis que quelques parieurs
s'obstinaient à répéter « Caravelle Ca-
r.i.clle!» bien qu'évidemment sanses-
p')I r.
Chic! cria madame de Schott en
sautant à terre, j'ai gagné! J'ai gagné! l
Bon petit cheval! Honnête petit che-
val! Jacques, allez vite me chercher
mon argent! J'ai parié chez Huntley,
vous savez bien, le bookmaker qui a un
si grand nez.
C'est la forte somme ? demanda le
cousin Jacques en se levant docile.
Droits de reproduction et de tr_ufitiQa réservés
la blessèrent grièvement au bras et à l'épaule,
gauches. Les voisins, accoururent, mais Foui-
neau sep barricada chez lui, annonçant' qu'il
tuerait ceux' qui essayeraient d'y pénétrer.
Quand les gendarmes de Château-du-Loir
arrivèrent, ils sommèrent le meurtrier de se
rendre. Celui-ci, sans se montrer, demanda
par la fenêtre' à demi ouverte à parler au
gendarme Careme. Comme celui-ci se décou-
vrait, Fouineau lui tira deux coups de fusil
auxquels le gendarme riposta par un coup de
revolver qui blessa Fouineau.
Je ne suis pas tué, s'écria-t-il, et saisis-
sant un autre fusil il mit le gendarme en
joue.
Le gendarme tira alors un second coup de
revolver la balle frappa le meurtrier en
plein cœur et le tua raide.
Arrestation d'un avocat allemand'
*». BORDEAUX. L'arrestation de l'a-
vocat allemand Friedman a été opérée hier
soir sur les Allées d'Orléans, dans le plus
grand secret. Ce matin, dans le monde poli-
cier, on assurait même que Friedman était
simplement surveillé en attendant certains
renseignements sur son identité. 1.
Friedman était descendu à l'hôtel de France
avec l'actrice Anna Merten et s'était fait ins-
crire sous le nom de docteur Feldan, de Cra-
covie.
Il a nié énergiquement être Friedman.
Les perquisitions opérées à sa chambre ae'
l'hôtel de France, en présence de la jeune
femme qui l'accompagnait, ont fait décou-
vrir des papiers ne laissant aucun doute sur
son identité. Il a fait alors des aveux com-
plets.
Friedman, après avoir subi l'opération de
la mensuration, a été écroué au fort du Hâ,
où il attendra que les formalités d'extradi-
tion soient terminées.
Sa compagne a été laissée, en liberté.
LES THÉÂTRES
Théâtre de Monte-Carlo i UOtello
de Verdi
Les grandes soirées lyriques ont com-
mencé dans le Bayreuth du Midi. Hier
c'était Samson et Dalila, aujourd'hui
c'est Otello deux oeuvres aimées, don-
nées avec un éclat extraordinaire, en
tous points digne de la première scène
internationale.
Les Parisiens connaissent Otello ou
plutôt ils ne le connaissent pas, l'ayant
vu sans Tamagno. Ce qu'ils ont vu, avec
Otello sans Tamagno, c'est Iago dont la
sinistre et subtile figure) poussée au pre-
mier plan par Maurel, dominait la tra-
gédie et en effaçait un peu le héros. Ta-
magno, qui possède une voix à faire
trembler l'Olympe, n'est pas homme à
laisser le More de Venise dans la pénom-
bre.
Le rôle, ainsi porté, apparaît comme
vêtu de lumière, et dé même qu'il fau-
drait être sourd pour ne pas entendre
un Otello pourvu d'aussi formidables
moyens, il faudrait être aveugle pour ne
pas le voir. Tamagno possède naturelle-
ment une voix shakespearienne, c'est-
à-dire quelque chose de monumental et
de surhumain. Aussi n'a-t-il pas besoin
de crier, ni même de forcer le son, pour
atteindre à l'effet dramatique; il lui suf-
fit de lancer franchement une de; ces
notes qui sortent de sa bouche en nappes
larges et claires, pareilles à l'eau que
vomissent les lions de bronze sur les
places de Florence ou de Romei
II à merveilleusement rendu ce rôle,
tout en fanfares guerrières au début; et
tout en rugissements sauvages à la fin,
ne négligeant rien des développements
psychologiques de mélancolie et de pas-
sion jalouse, sans lesquels le meurtre de
Desdémone ne serait qu'un fait divers
contemporain. Aussi le triomphe l'a-t-il
suivi pendant tout l'ouvrage, depuis l'air
magnifique par lequel il aborde- le théâ-
tre jusqu'à l'effroyable cri de fauve sur
lequel l'action se termine. Il n'a pas été
moins beau, au deuxième acte, dans l'air
des Adieux et, au troisième, dans la poi-
gnante scène de douleur où Verdi a mis
le meilleur de son âme, le plus pur de
son art expressif et vigoureux.
Très près de Tamagno par le drame,
Mme Eames s'en est encore rapprochée
par le succès. Il est impossible de rêver
une Desdémone plus pure à côté d'un
Otello plus terrifiant. Ici le choix des ar-
tistes accentue le contraste, et de la plus
hpureuse façon,MmeËames ayant la voix
essentiellement douce et harmonieuse,
avec des apparences de fragilité qui ne
sont d'ailleurs qu'à la surface.
Elle est bien, la colombe entre les
griffes'dù tigre, et on l'a justemenfa"ccra-
mée; non seulement pour la profonde
sensibilité qu'elle a montrée dans Y Ave
Maria et dans l'air du Saule, mais aussi
pour sa vive intelligence lyrique dans les
Quarante francs jeta la petite
femme avec orgueil..
Et c'est pour quarante francs que
vous faites toute cette musique! dit le
cousin Jacques. Eh bien non, elle est
bonne. Elle est bien bonne
Et sa bouche s'en fut joindre ses oreilles
sans, hésitation..
Mon petit, quarante francs, ce n'est
rien. Mais quarante francs qu'on a ga-
gnés avec son intelligence. c'est beau-
coup. Mettez-vous ça dans la tête et allez
me chercher ma galette.
Vous quittez bientôt Paris ? com-
tesse, demanda Frédérique à madame de
Meurchamps.
Oui, dans quinze jours.'J'en ai as-
sez Jamais je n'ai eu tant à faire que
cette année. Je ne sais pas ce qu'il faut
aux gens qui se plaignent de ce qu'on ne
reçoit pas. Depuis deux mois je ne suis
pas arrivée âme coucher une seule fois
avant une heure et demie du matin.
On n'en peut plus vraiment. Vous de-
vez être de cet avis-là aussi, vous, car
vous avez les yeux cernés jusqu'aux
dents. ̃/
Oui, dit madame Tingry dont le
visage se colora violemment, oui, je suis
fatiguée aussi. `
Quand venez-vous me retrouver en
Normandie? Il y aura un monde fou cette
année.
Vous êtes bien bonne, je vous re-
mercie de tout cœur. Mes projets sont
un peu incertains en ce moment. Mon
mari va être obligé d'aller en Amérique
pour ses affaires. Je voudrais l'accom-
pagner, mais il préfère que je reste en
France et nous ne parvenons pas à nous
entendre.
Je suis sûr, dit monsieur Tingry en
quittant la conversation à laquelle il
était mêlé pour se rapprocher de
sa femme, je suis sûr que la comtesse
sera de mon avis. Le climat de là-bas
est extrêmement éprouvant dans là sai-
son d'été, je le red^p^âSâJê^. ^JASS^ Il
dialogues amoureux qu'elle soutient
avec Otèllo. Voilà qui fait* bien augurer
de sa prochaine création de Ghiselle,
l'oeuvre tant attendue de l'immortel César
Franck.
C'est Verdi lui-même qui avaitdésigné
le baryton Camera pour Iago, rôle écrit
très curieusement, avec des intentions
de comédie romantique semées çà et là.
Il faut, pour le bien rendre, un artiste
complet chez qui le jeu et l'organe sont
également déliés. M. Camera est préci-
sément cet artiste-là il achantéleCredo
de manière à soulever la salle. Il y aurait
injustice à ne pas signaler quelques au-
tres interprètes, M. Vinche, (l'ambassa-
deur) et M. Queyla (Cassio), une excel-
lente basse et un ténor fort adroit; d'au-
tres encore Mlle Syrbain, MM. Acco-
gli, Fenucci, Gabrielli, qui complètent
parfaitement l'interprétation.
Jehin a conduit l'orchestre le fameux
orchestre de Monte-Carlo avec la
maestria qutlui est propre. Enfin, dans
la manière. dont fonctionnent les chœurs,
il n'est pas difficile de reconnaltre la
main souple et ferme de M. Gunsbourg
qui applique ici la méthode des Meinin-
.ggn; méthode en même temps Inique
et fraternelle qui, au lieu de considérer
les choristes comme des personnages de
tapisserie, les associe directement à l'ac-
tion, laisse une part aux humbles dans
le succès del'état-major, et fait gagner la
bataille par tout le régiment.
Paul Montigny.
LES CONCERTS
AlgUJ.
Concert Laniourenx
Mon embaraas est toujours^extrême
lorsqu'il me faut juger un fragment
d'oeuvre dramatique entendu au con-
cert, page arrachée d'une partition où les
utiles contrastes établis par l'auteur nous
échappent naturellement, scène isolée
dont la signification théâtrale et musi-
cale est presque impossible à saisir.
Je dois cependant reconnaître que dans
la révolte de Circé, qui a été exécutée hier
pour la première fois chez M. Lamou-
reux, les librettistes, MM. Jules et Pierre
Barbier, n'ont fourni à leur compositeur,
M. Thodore Dubois, aucune situation cu-
rieuse ou originale. Il s'agit làdes guerres/^
d'Espagne de 1809. En un couvent, des
moines, des paysans, des paysannes
prient pour la patrie et chantent une bal-
lade qui résume toutes les haines et tou-
tes les espérances populaires. Une femme
survient qui apporte de mauvaises nou-
velles et soulève la foule en prêchant la
tuerie. Un jeune novice frappera le faux
roi païen et délivrera son pays. Sonnent
donc les cloches prometteuses'des vicj
toires prochaines et hurlent donc en
même temps les voix annonciatrices des
suprêmes vengeances 1 1
Avec une honnêteté très grande, une
très consciencieuse conviction,M.Dubois
a rémusiqué ce tableau trop souvent vu
déjà. Si les parties héroïques de la ré-
volte d^ Circé m'ont paru exagérément
banales, en-revanche je constate que,,
dans l'expression un peu rude du fana-'
tisme- religieux, le compositeur a ren-
contré des accents .sincèreseijustes. J.'aL
remarqué surtdut le large,prélude or-,
chestral, empreint de ce sentiment-là, où
les cuivres jettent certaines phrases qui
ne sont certes pas sans caractère et sans
grandeur. Ces scènes, de forme parfaite-
ment correcte, pèchent en somme par
leur manque d'imprévu. Elles ont été in-
terprétées par Mlle Marcy,MM. Lafargei
Bailly et Blancard, et applaudies par les
éclectiques, sinon par les habitués du
promenoir.
Les chants de la forge de Siegfried
ont déchaîné l'enthousiasme général.
Rien ne peut dire la prodigieuse splen-
deur de ces strophes, d'abord naïves et
familières, qui atteignent peu à peu, en
une incroyable poussée d'allégresse ins-
trumentale et vocale, à la sublime et di-
vine et stupéfiante beauté. La traduc-
tion française de M. Alfred Ernst, si lit-
̃téraire, si curieuse et si intéressante
aussi par sa recherche fidèle des allitéra-
tions, a le rare mérite d'être,, au point
,de vue musical strict, admirablement
prosodiée. Aussi, a-t-elle contribué à
faire obtenir à M. Lafarge, joyeux et
brutal Siegfried, un véritable triomphe.
On a rappelé et acclamé longuement
M. Lamoureux, qu'il faut féliciter au-
jourd'hui de façon toute particulière.
Mlle Marcy, assez souffrante, a chanté
cependant avec beaucoup de bravoure
la radieuse scène finale du Crépuscule
des Dieux.
Alfred Bruneau.
pour vous et pour bébé qui a une santé
si, délicate. En outre, je serais obligé à
de fréquents déplacements dans lesquels
vous ne pourriez pas me suivre, et je
serais très inquiet de vous laisser seule
avec votre enfant dans un hôtel. Com-
tesse, dites-lui, je vous en prie, combien
son désir est peu raisonnable. Je ne
puis, moi, le lui témoigner assez énergi-
quement, parce queje semblerais mécon-
naître tout ce qu'il y a de dévouement et
d'affection dans sa pensée.
Sans doute. sans doute, dit la cha-
noinesse avec hésitation. Il vaut bien
mieux qu'elle reste ici, au milieu des
gens qui l'aiment et qui auront soin
d'elle jusqu'à votre retour. Quand par-
tez-vous ?
Je ne sais encore, mais probable-
ment vers le quinze juillet.
Et combien de temps comptez-vous
rester?
Jusqu'à la fin de-novembre peut-
être. J'ai une grande organisation à faire
là-bas. Puis je reviens par Hambourg,
il me faudra passer plus d'un mois en
Allemagne et en Belgique avant de ren-
trer à Paris, et, comme il y aura environ
un mois aussi passé rien qu'en trajets,
j'aurai juste le temps de faire ma be-
sogne.
Tout cela pour vos assurances ?
Tout cela! J'ai lieu de croire que ce
voyage donnera des résultats extraordi-,
naires. Ce sera un peu fatiguant, mais je
suis si solide.
Oui. évidemment, dit la chanoi-
nesse en regardant les épaules maigres,
le dos courbé et le torse creusé de mon-
sieur Tingry.
Alors, ma petite, c'est chose conve-
nue, reprit-elle. Aussitôt votre mari em-
barqué vous m'arrivez avec le mioche?
Certainement, comtesse, si vraiment
je me décide à ne pas aller en Amérique.
J'ai aussi promis à Roseline de finir la
saison chez elle.
fer jB9J^m^l§M5il^ Sfil».
COURRIER DES THEATRES
THEA TRES
Ce soir, à- neuf heures, au théâtre de l'El-
dorado, premiéte .représentation de Le
Royaume des ̃ Femmes, opérette à grand
spectacle en trois aétes et six tableaux, de
MM. Ernest Blum et Paul Ferrier, d'après
Gpgniard et Raoul Tbché, musique do M.
Gaston Serpette.
Frivolia Mmes Simon-Girard
Xoressa Mily Meyer
Prudhomma Mathilde
Suavita Marié de l'Isle
Trombolinette Simier
Mertuchette Guernier,etc.etc.
Alcindor MM. Sulbac
Citronnet Berthaut
Merluchet Froger
Victoire Pressigny
Tableaux: 1. La Forêt 2. La Capitale du
Royaume; 3. Le Petit Hôtel; 4. La Prison; 5. La
Chambre Nuptiale; 6. Le Camp des Femmes.
th
M. Jules Claretie, accompagné de M. Guil-
loire, contrôleur et secrétaire général de la
Comédie-Française* à la tête du personnel
administratif, assistait hier matin aux
obsèques d'un vieux serviteur de la Maison
de Molière, à l'église Notre-Dame-de-Lorette.
C'est. Lesage, le vieil huissier que tout
Paris connaissait et qui, depuis trente-sept
ans, portait la chaîne d'argent des placeurs
en chef de la Comédie. Lesage avait escorté
bien des chefs d'Etat, dans leurs visites à la
Comédie, depuis Napoléon III jusqu'à M.
Félix Faure, qu*il saluait encore lors de la
première représentation de Grosse Fortune.
Il n'y a pas un an, au Cirque d'été, l'excel-
lent Lesage recevait de la Société d'Encoura-
gement au Bien une médaille d'honneur que
lui remettait M. Claretie, sur la demande du
président, M. Stéphen Liégard.
Lesage, qui avait quatre-vingt-un ans,
était huissier aux Archives Nationales lors-
que M. Claretie, tout jeune, allait y compul-
ser les dossiers de la Révolution Française
pour écrire Les Derniers Montagnards, et
M. Emile Campardon, l'érudit archiviste, de-
mandait parfois à Lesage, ce maître Jacques
de la paléographie du théâtre, des nouvelles
de l'administrateur de la Comédie à qui le
vieux serviteur apportait jadis les papiers du
Tribunal révolutionnaire.
Lesage était très reconnaissant à l'écrivain,
qu'il avait autrefois servi aux Archives, de
lui avoir conservé jusqu'à la dernière limite
sa place à la Comédie. Le vieux serviteur de
la rue Richelieu allait prendre sa retraite au
mois de juin après les matinées qui rappor-
tent des feux aux employés. La mort a de-
vancé l'heure.
Le personnel de la Comédie s'est cotisé
pour offrir une couronne à son honoré et
brave doyen.
D'un commun accord avec la direction du
Vaudeville et pour ne pas donner deux pre-
mières le même soir, l'administration du
théâtre de la Renaissance remet irrévocable-
ment au mardi 3 mars la première représen-
tation de la Figurante, de M. François de
Curel.
La répétition générale sera donnée la veille.
**#
La loi des contrastes. Singulier hommage à
Amants, la pièce de M. Maurice Donnay.
A un mois de distance on a réclamé au
théâtre de la Renaissance un jupon de soie
perdu dans une baignoire, et 1 on trouvait
hier dans une autre baignoire un livre de
messe prohpudor!
̃ H
Le Vaudeville donne ce soir la dernière re-
présentation de la Bonne Hélène, de Jules
Lemaître.
Rappelons aussi que Viveurs ne sera plus
joué que deux fois, demain mardi et après-
demain mercredi.
,o, "l.l"1'J \J_¡~I'"
Nouveaux engagements-pour Catherine Se
Russie, de MM. Ginisty ei Samson, au Châ.-
ielet. •-̃-
Ceux de Mme Leriche, dans; un rôle de
folle de cour, absolument historique, d'ail-
leurs, où sa fantaisie sera à l'aise de Mlle
Huart, qui fut charmante dans le Collier de
la Reine, et de M. Arquillière, celui-ci dans
le personnage, d'une réaliste horreur, d'un
paysan auquel, par une atroce gageure, des
paysans ont arraché les narines.
Mlle Antonia Laurent, de l'Odéon, vient
d'avoir la douleur de perdre sa mère.
Aux Bouffes-Parisiens: 4
Ce soir lundi, dernière représentation de
Miss Helyetl.
Mardi, mercredi, relâche.
Jeudi, représentation générale de Ninette.
Vendredi, première représentation de l'opéra
de M. Charles Lecocq.
Nous ayons le regret d'apprendre la mort
du librettiste Alfred Blàu, auquel on doit, en-
tre autres oeuvres, les. livrets d'Esclarmonde
et de Sigurd.
C'est en voyage, à Bruxelles, où il était
seulement depuis quelques jours, que M. Al-
fred Blau a succombé à* une pneumonie com-
pliquée de congestion cérébrale.
M. Alfred Blau qu'on désignait généra-
lement sous le sobriquet familier de « Baûl »
était Tmë figure parisienne bien connue à
l'Opéra et dans tous les théâtres. Originaire
dé Blois, il avait été autrefois de l'entourage
intime de M. de Villemessant. La loyauté de
son caractère, la sûreté de ses relations, sous
des dehors volontairement un peu bourrus,
pas jalouse. Mais' n'oubliez pas que
c'est chez moi que vous avez retrouvé
ces amis-là. cela me donne des droits.
Et la chanoinesse, souriant son sourire
carré de boîte à lettres, regarda madame
Tïngry d'un air attendri d'aïeule bénis-
sante. f
v- -xy' ̃/̃ ̃̃
Roseline quitta Paris seule, un ami
d'Armand ayant eu l'inspiration de pren-
dre une crise d'influenza à forme infec-
tieuse au moment précis du départ. Cet
ami, pour lequel monsieur de Réz sentit
une subite tendresse, était seul absolu-
ment, son père et sa mère avec qui il
vivait se trouvant en déplacement loin-
tain, et la maison à peu près vide de
domestiques. Cette pitoyable situation
réclamait, cela allait de soi, le dévoue-
ment du seul camarade intime qu'eût le
malade et monsieur de Rez se dévoua.
Roseline avait tout de suite proposé de
différer son départ, mais monsieur de
Rez refusa, énergiquement d'accepter ce
sacrifice et insista pour qu'elle allât l'at-
tendre aux Ifs, où il devait la joindre
quelques jours plus tard, lorsque, les
parents de son ami revenus, il ne serait
plus aussi complètement indispensable
auprès de lui.
Roseline était donc partie, .emmenant
madame Oùdincourf, ses filles et Romée
dont la santé se détraquait de plus en
plus et auquel ses médecins,ordonnaient
un prompt changement d'air.
Presque au moment d'àher à la gare,
madame de Rez subit une scène dont
l'impression s'ajouta cruellement à l'an-
goisse profonde dont elle souffrait en se
séparant d'Armand pour la première fois
depuis leur mariage.
Yvonne de Radélles, arrivée chez elle
dans un état qui semblait dément, se-
couée de sanglots, la figure tordue de
crispations nerveuses et gonflée par trop
de larmes, était entrée dans sa. chambre,
,C~~)~t.i~_ f.
la jeunesse de son esprit de bon aloi lui
avaient fait de nombreux amis, auxquels
cette triste fin, dans une chambre d'hôtel,
sera particulièrement douloureuse.
Le total des recettes des trente premières
représentations de Une Semaine à Paris, au
théâtre des Variétés, dépasse le chiffre de
deux cent dix mille francs.
qy
De Monte-Carlo
« Au théâtre du Palais des Beaux-Arts,
Mme Céline Chaumont vient de remporter
un éclatant succès avec Toto chez Tata,
qu'elle a joué avec une verve et une fantaisie
exquises.
» L'excellente comédienne, à laquelle M.
Auffray donnait la réplique, a été très
fêtée.
» On avait débuté par l'Homme n'est pas
parfait, lestement enlevé par MM. Duislay,
Auffray, Mesmaker et Mmes Van Lier et
Auffray. »
̃•*
« Le 13e concert classique' de Monte-Carlo
comprenait un programme des plus at-
trayants Symphonie en si bémol, de Haydn
Dans les montagnes (1re audition), Joh.
Selmer, œuvre pittoresque et savante, très
applaudie le« Menuet des Follets de la
Damnation de Faust, et enfin la Chevauchée
des.Walkyries..
» M. Galeotti, pianiste d'un réel talent, s'est
fait vivementapplaudir dans le beau concerto
en sol mineur de Saint-Saëns et dans divers
morceaux de genre.
» L'orchestre Jehin a été, comme chaque
fois, très fêté. »
D'Italie:
La Tosca, de Sardou.
On sait que M. Victorien Sardou avait
consenti à la transformation de son drame
en livret d'opéra au grand profit d'un compo-
siteur italien détalent, le baron Franchetti.
Le livret en 4 actes.tiré de la Tosca par MM.
Giacosa et Illica, vient d'être réduit en 3 actes,
et ce n'est plus M. Franchetti qui le « musi-
quera », mais bien M. Puccini, le jeune aur
teur de Manon et de la Vie de Boheme.
#̃*
La Tétralogie en Italie.
Avec la. saison de Carnaval ont pris fin les
soirées triomphales de la Walküre à l'Argen-
tina de Rome, et celles du Crépuscule des
dieux à Turin.
La Walkilre a été donnée dix-sept fois
consécutives, ce qui est sans exemple à l'Ar-
gentina. A la dernière représentation, Mme
Adini, qui a fait une création admirable de
la Brunehilde de Wagner, a été rappelée et
couverte de fleurs, et cette artiste a été enga-
gée par M. Yalm, le directeur de l'Opéra de
Vienne, pour" ebanter trois fois la Walküre
en allemand à l'Hojaperntheater.
De Vienne: i-
« Il s'est passé ici, ces jours, un petit in-
cident diplomatique qui intéressera sans
doute aussi le public français. Le Theater
an der Wien donnait au commencement de
ce mois la première d'une nouvelle opérette,
Général Gogo, de MM., Hugo Wittmann et
Davis, musique d'Adolphe Mueller. Général
Gogo est la caricature du militaire vaniteux,
bavard, fanfaron et coureur de femmes. On
se répétait le soir de la première que les au-
teurs avaient visé le général Boulanger, sa
vie et ses aventures.
» Mais les intentions des auteurs furent en-
core dépassées par la façon dont l'artiste
chargé dû rôle du général Gogo avait com-
pris son rôle. Cet artiste, M. Girardi, l'enfant
gâté des Viennois, parut, le soir de la pre-
mière, en scène avec le ruban de grand-croix
de la Légion d'honneur en sautoir et portant
le chapeau à plumes authentique.
» Ainsi costumé, le général Gogo débitait,
durant trois actes, des boniments, des calem-
bours et des couplets. Mais, à la deuxième
représentation, le ruban de la Légion d'hon-
neur jat,l^chape.au^4çt général îrancaJs ,f ure,nt,
supprimés.
» II paraît que M. Lozé, qui avait assisté à
la première, était intervenu et avait obtenu
ces suppressions. L'intervention du représen-
tant de la France a été généralement approu-
vée. »
Ml
De New-York
« Les adieux de Mlle Calvé dans Carmen
ont dû être bien doux à la sympathique ar-
tiste on l'a rappelée vingt-deux fois, la salle
croulait sous les applaudissements. La scène
était jonchée de fleurs.
« Mlle Calvé part en tournée dans diffé-
rentes villes des Etats-Unis. »
De
De Boston
« Mlle Calvé arrivée hier ici, a débuté dans
Carmen avec un succès étourdissant. Vingt
rappels, une folie de trépignements et d'ova-
tions. On a fait le chiffre fantastique de
80,000 francs de recettes! » 1
CONCERTS ET SPECTACLES
L'exécution intégrale du 3e acte du Crépus-
cule des Dieux, donnée hier aux Concerts
Colonne pour la première fois à Paris, aura
été l'événement musical le plus considérable
de la saison.
Des dilettantes allemands et autrichiens qui
se trouvaient' hier au Châtelet disaient à
haute voix que, même à Munich, même à
Bayreuth, ils n'avaient <̃ ressenti d'émotion
plus profonde, notamment à l'audition de la
« Marche funèbre » de Sieg fried et de la
scène finale.
Le séance n'a, du reste, été qu'une longue
ovation pour l'orchestre qui a été admirable
presque en courant, s'était jetée dans ses
bras et était restée contre elle, lui mbuil-
lant les joues de ses pleurs qui cou-
laient sans trêve, le souffle haché, inca-
pable de parler, malgré ses efforts.
Mon Dieu! disait Roseline effrayée,
Qu'avez-vous ? Il est arrivé' quelque
chose à vos filles à votre mari ?
Qu'avez-vous ? Je vous en prie, répon-
déz-moi! 1
Mais, après. une suprême crispation,
madame de Radelles dit seulement d'une
voix qui rauquait:
Je ne peux pas! Attendez.
Roseline la fit asseoir, alla lui cher-
cher un verre d'eau, l'aida à boire comme
une malade ou un enfant et se plaça à
côté d'elle, un bras à ses épaules, courbée
en attitude de tendresse silencieuse.
Lorsque Yvonne eut recommencé de
respirer normalement, Roseline dit en-
core
Qu'ayez-vous?
J'ai, 'cria madame de Radelles d'une
voix qui se cassait, j'ai que je suis mal-
heureuse à* mourir, que je vais me tuer
ou jenesais pas qubifairel. J'ai.qu'An-
dré se marie!
André ? répéta madame dè Rez, d'un
ton interrogatif.
Oui! Monsieur Edelin si vous
aimez mieux! C'est plus convenable de
l'appeler comme ça. sans doute. Mais
qu'est-ce que ça me fait. ce qui est con-
venable. quand je vais mourir 1
Mourir? ma chérie. non. Calmez-
vtous un peu, je vous en supplie,
p)arlez-moi plus tranquillement, expli-
quez-moi.
i Etquevoulez-vous.quej'explique?.
3^'est-ce pas tout. cela?. Il se marie!
Elle éclata en sanglots une fois en-
core, se renversa sur le divan où elle
é/tait assise, cacha sa figure dans un
coussin et se tordit tout entière dans un
^spasme de désespoir.
i Yvonne, .dit Roseline, il ne faut pas
WojisL abandonner, il faut avsi^djijqpjÈ;,
et pour son chef ^ainsi que pour Mmes KutV
cherra, Auguez de Montalant, Texier et PJa-
nès, et' pour MM. Cazeneuve, incomparable
dans le rôle de Siegfried, Vieuville et Edvsy.
Aujourd'hui, à la Salle des Agriculteurs,
dernier concert du quatuor'tchèque, dont le
succès a été sans précédent avant-hier. c
̃••• ̃.̃ ̃ ̃
"Le pianiste Santiago Rièra.a donné, salle
Erard, son concert avec un succès qui va
toujours grandissant. Le programme, très
varié et exécuté avec maestria, nous a per-
mis d'entendre un rondo et capriccio de
Beethoven, à peu près ignoré des pianistes ̃/̃
et qu'il a su rendre avec son talent tout per-
sonnel. ̃
Hier, le concert du palais d'Hiver, au Jar-
din d'acclimatation. a été l'occasion d'un nou-
veau triomphe pour le jeune pianiste Harold
Bauer, qui a joué avec une incomparable
maëstria le Concerto de Saint-Saëns et la
Légende de Liszt. L'orchestre de Louis Pis-
ter a été comme toujours admirable dans le
scherzo de Javanohn première audition
et dans la Marche funèbre d'une maflonnetle
dé Gounod, qui a été bissée. ̃
Jules Huret. °
~».-
PETITES NOUVELLES
Le théâtre Sàns-Souci est oblige de fermer en
plein succès, la.nouvelle direction de l'Olympia
désirant ne pas avoir de théâtre au 1"' étage de
son immeuble.
G. Tiercy espère trouver un'autre local con-
fortable et rouvrir prochainement le Sans-Souci,
ÉPHÉMÉRIDES THÉÂTRALES
24 février 1792
Première représentation du VIEUX CÉLIBATAIRE
Le travail, la lutte littéraire, les émotions
même du très grand succès que venaient
d'obtenir, les Châteaux en Espagne avaient.
profondément altéré la santé de Collin d'Har-
leville. Aussi fit-il une maladie très sérieuse.
Pour le guérir, on dut lui interdire tout tra-
vail. Il parut obéir, mais resta taciturne, ne
répondant plus aux amis qui le -venaient
voir. Enfin, un jour, il retrouva la parole:
ce fut pour confier à Andrieux qu'il avait dé- »
sobéi, et il lui montra le brouillon d'une
comédie. qu'il venait d'achever. C'était le
Vieux'Célibataire. Ceci se passait en 1789, et
la comédie nouvelle dut attendre trois ans
avant d'arriver à la rampe l'époque était un
peu troublée. Enfin, le Vieux Célibataire fut,
représenté le 24 février 1792 et obtint un»
succès énorme, bien que le Journal de Paris
ait écrit à la date du.25 février: « Ce sujet a
déjà été traité en 1775 par Dorat, et sous le
titre du Vieux Garçon, en 1782, par M. Du-,
buisson. Mais c'étaient là propos de jaloux: ·
La pièce réussit complètement, le public iè-
clama l'auteur, et M. Fleury qui le nomma
dut déclarer qu'il était absent. Collin d'Har-
leville était, en effet, à Mévoisins, dont il était
commandant de la garde nationale, R.B.
LE MODÈLE DU JOUR
Je crois que mes lectrices accueilleront
favorablement un moyen de donner,
sans grande dépense réelle, un grand,
cachet de richesse et de luxe à leur toi-
lette de bal. Ce moyen consiste à coudre
sur la robe des perles et des pierreries.
Sur l'étoffe du corsage se détache un bel
ensemble de croisures de perles, rejevées
par des ferrets de diamant. Cet orne-
ment, couvrant tout le devant de là poi-
trine jusqu'à la taille, est d'un très heu-
reûx effet et d'une grande richesse.
Ce nouveau genre de coudre les pie r-
reries sur le satin et le' velours, permet
d'utiliser tous les diamants de famille,
souvent laissés dans leur écrin. Ce sera
une mode éblouissante, une lutte de
richesse qui excitera bien des convoitises.
*̃̃ C. Duhamel.
rage. Vous n'êtes pas seule dans la vie
pour avoir le droit d'appartenir ainsi à
votre souffrance, vous avez des enfants
auxquels vous vous devez. quoi que
vous puissiez éprouver.
Mes enfants Ça m'est bien égal!
gémit Mme de Radelles toujours éten-
due en une attitude prostrée.
Quand avez-vous su. cette chose?
demanda Roseline pour rompre le si-
lehce qui suivit ces paroles, carunegêne
intolérable lui venait de cette situation
dont le côté choquant la blessait dans
toutes ses occultes fiertés. ..»
1- Tout â l'heure. au moment de dé-
jeuner.11 m'a écrit. Tenez! J'ai apporté
sa misérable lettre. la voilà. Quelles
lâchetés que tout cela l
Elle s'était redressée, une subite co-
1ère arrêtant ses larmes. Sa voix était.
dure maintenant et criarde comme le de
viennent les voix « peuple », au moment
où les disputes vont se faire batailles.
EHe avait fouillé dans sa poche avec des
gestes maladroits et saccadés, elle ten-'
dait à madame de Rez une Veuille de
papier, tortillée, brisée par des mani-
pulations violentes, et qui paraissait
sale.
Roseline la prit avec hésitation. La
vulgarité de tout ceci lui soulevait le
cœur, et la pensée lui vint que lorsque
lés femmes de chambre sont abandon-
nées par les cochers qu'elles ont pris
pour amants, elles doivent crier, se rou-'
ler et brandir des papiers douteux comme,
faisait cette femme élégante et bien éle-
vée. Mais, presque en même temps que
cette idée, un sentiment de pitié naquit en
elle pour ce qu'il y a d'éternellement au-
guste dans la douleur, quelle qu'elle soit,
d'où qu'elle vienne.
Jutes Ricard.
(La suite i cfcatalny
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