Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1895-12-08
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 décembre 1895 08 décembre 1895
Description : 1895/12/08 (Numéro 342). 1895/12/08 (Numéro 342).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO DifHANGHE 8 DÉCEMBRE 1895
LIS. AFFAIRES DE TtilE
Conversation avec S. Exe. Mourad Bey
Les événements de Turquie attirent
l'attention du monde entier. Chacun se
demandé comment se dénouera la nou-
velle crise qui a éclaté en Orient.
Les points d'interrogation sont nom-
breux, et «1 faudrait: un fameux devin
pour y. répondre. Le hasard joue un si
grand rôle [̃•••-̃̃•̃
En attendant, la presse s'informe et
recueille les avis compétents.
1 J'ai eu l'occasion, dans une maison
amie, de rencontrer hier S. Exe. Mourad
Bey, récemment encore commissaire
impérial pour la Dette publique otto-
mane, que plusieurs de nos confrères
font voyager en Russie et en Angle-
terre, et qui est tout simplement à
Paris depuis jeudi mâtin. Il revient de
Constantinople le cœur profondément
ulcéré dé ce qu'il a vu. Ardent patriote,
libéral, mais non révolutionnaire, il es-
time que les conseillers actuels du Sul-
tân l'entraînent dans une détestable po-
litique qui excite dans le pays un mé-
contentement toujours grandissant.
Mais avant de faire connaître à nos
lecteurs l'opinion du philosophe et de
l'homme d'Etat, il est utile de retracer
l'histoire de sa vie.. <.
-Jeune encore il a à peine qua-
rante ans Mourad Bey, qui est né
dans le Caucase, a fait ses études en
Russie. Ses études terminées, il est
parti pour Constantinople où il a exercé
pendant seize ans le professoral. Entre
temps, il écrivait une histoire géné-
rale, en six volumes, qui -est une œu-
vre classique en Turquie. Très popu-
laire auprès des étudiants, il est, par
son mariage, alli6à une famille de hauts
fonctionnaires- de l'empire. Son beau-
pèr'e était le chef 'des princes de la mai-
son de Mahomet. Le grand-père de sa
femme avait occupé un des postes les
plus élevés dans l'Etat, celui de cheik-
ul-Islam, autrement dit grand vizir du
clergé. •
En 1886, nous le trouvons directeur de
l'Ecole normale de Constantinople, mais
à ce moment une réaction survient dans
le gouvernement. D'opinions libérales, il
donne sa démission et devient journa-
liste, pour éclairer l'opinion publique.
Dans le Mîzan (Balance) il soutient avec
un talent remarqué les idées qui lui sont
chères, et sa polémique ardente fait sus-
pendre huit fois 'en quatre années son
journal.
Le gouvernement désirait depuis long-
temps s'attacher un homme dont la po-
pularité l'inquiétait.
En*4891, le Sultan lui offrit la situation
de commissaire impérial près la Dette
publique ottomane. Après avoir suppri-
mé son journal, Mourad Bey accepta,
mais sans rien abdiquer de ses opinions.
Il allait pouvoir approcher le maître
des destinées de son pays, et. à plusieurs
reprises, il, put.croire qu'il l'avait amené
à suivre une politique libérale. Quand il
échouait, il songeait de nouveau à re-
prendre la plume il demandait à être
relevé de ses fonctions. Naturellement,
çâtte autorisation }ui était, refusée. Sur-
vint là dernière crise. 11 tenta tout pour
la conjurer, obtint plusieurs audiences
du Sultan et lui fit- entendre le langage
des réformes intérieures nécessaires. Le
Sultan, après avoir hésité, refusa d'en-
trer dans cette voie. Quanta Mourad Bey,
objet de la défiance du Parais, ayant tout
à'eraindre des ministres actuels, il pré-
féra quitter le pays. à l'improvistë.
Pour répondre aux informations erro-
nées qui ont été données sur son départ
de Constantinople, voici le récit qu'il
nous a fait lui-même de sa dernière
journée dans là capitale turque
-–Les bureaux de la Dette publique,
où je travaillais, se trouvent tout près de
la mer. J'y allai comme. à l'ordinaire.
Le soir, je pris -congé de mes collègues,
leur disant que je rentrais chez moi au
Bosphore. Je pris une barque puur me
conduire au navire turc qui devait s'y
rendre, mais, au lieu de monter sur le
navire qui allait au Bosphore, je pris le
bateau russe qui partait le lendemain
pour Sébastopol. Là, je me trouvais à
l'abri des atteintes de la police turque.
De Sébastopol, par la voie de Kharkov,
Kiev et Vienne, je suis venu à Paris. »
Et comme nous demandons à Son
Excellence ce qu'elle comptait faire ici,
elle nous répond d'un ton ferme et qui
dénote une volonté puissante:
Jeter le cri d'alarme en faveur du
peuple turc, faire connaître la vérité sur
la çamarilla qui règne près du, Sultan.-
L'Europe doit être mise au courant de
ce qui se passe à Constantinople, où on
cherche à dessein à embrouiller les cho-
ses et à voiler les vilenies nombreuses
que je connais. Je parlerai, bientôt à- ce
sujet. Vous verrez! »
Attendons. Mais il est des questions
d'une actualité brûlante sur lesquelles je
tenais à interroger mon, éminent interlo-
cuteur. Tout d'abord, pensait-il que l'en-
trée d'un deuxième stationnaire de cha-
cune des puissances .dans la Corne-d'Or
pourrait entraîner des complications ?
A vrai dire, nous a-t-il répondu,
cette entrée de nouveaux vaisseaux
étrangers produira sur lapopulationune
très mauvaise impression. Les Turcs,
qui se croient en butte à toutes les in-
justices, estimeront que ce sont toujours
les croisades qui continuent. Mais -que
cet acte des puissances provoque une
r^voljdtion à Gonstantinople, je ne ;le:
pense pas. Les Turcs craignent beau-
coup, en effet, de compromettre l'exis-
tence du pays. S'ils avaient pu faire la
Révolution, ils se seraient révoltés au
moment de la destitution de Saïd-pacha.
La solution de la crise sera sans
doute difficile?
-*• Pour la terminer, il suffirait d'ins-
taller à Constantinople un gouvernement
honnête et avisé. Les éléments -pour un
pareil gouvernement ne manquent pas en
Turquie. Qu'il me suffise.de nommer
trois noms, autour desquels il serait fa-
cile de grouper d-'autres personnalités
Saïd-pacha, l'ancien grand vizir, vérita-
ble génie politique Moufctar-pacha et
Kiamil-pacha. Ces trois noms seraient
accueillis avec joie en Turquie, et ils oht
cet avantage d'être très appréciés en Eu,
rope. Seulement il serait essentiel que:
les ministrps eussent les mains libres.
Alors nous posséderions un gouverne-
ment libéral qui serait capable d'établir
les bases d'un régime constitutionnel
che^nous. D'après moi, ilfaudraii insti-
tuer une assemblée nommée par les
corps constitués de l'Empire, y compris
les Conseils de patriarcat, dont 1'uni-
que mais importante tâche serait de ré-
sister aux empiétements du Palais. Ce
jour-là, je le déclare, la question d'Orient
aurait vécu. Car toutes les crises dans le
passé comme dans le présent ont été
l'œuvré du Palais. »
'Concernant l'Arménie et ce qu'on à ap-
pelé la question arménienne, S. Exc.Mou-
rad Bey s'est exprimé ainsi
La politique suivie par les Comités
arméniens ayant leur siège à Londres a
été tout à fait inconsidérée selon moi: les
Turcs et les < Arméniens, depuis de nom-
breuses années, Vivaient en excellente
intelligence. II. a fallu les appels enflam-
més de certains, agitateurs, mal inspirés,
pour amener des troubles déplorables et
des bagarres sanglantes; quant à l'Ar-
ménie indépendante, elle n'existe pas et
n'existera jamais, à moins d'un démem-
brement de la Turquie auquel je ne crois
pas. Je le répète, pour résoudre la ques-
tion d'Orient, il suffirait d'un gouverne-
ment honnête et habile, et, ce jour-là,
vous n'auriez plus à déplorer de massa-
cres, d'ailleurs provoqués par les atta-
ques à main armée des Arméniens. »
S. Exc. Mourad Bey, très sympathique
à la France, a bien. voulu me rapporter
l'opinion qu'on se fait en Turquie de la
politique suivie par nous,en Extrême-
Orient.
La France, m'a-t-il déclaré, a tou-
jours été correcte vis-à-vis de mon pays,
qui lui sait gré de l'appui qu'elle lui a
accordé en diverses occasions. Mais les
Turcs reprochent à.votre politique d'être
un peu trop effacée. Ils ,la voudraient
plus active, plus efficace pour là Tur-
quie.»
Avant de prendre congé de Son Excel-
lence, je l'ai priée de me dire dans quel
état moral se trouve aujourd'hui le Sul-
tan..
Le. Sultan, m'a-t-il répondu, est
poursuivi' depuis longtemps par une
idée fixe: il sait qu'on ne l'aime pas et
craint d'être déposé. Dans cette crainte
il vient d'inaugurer une politique abso-
lument rétrograde, et s'est entouré de
gens indignes, capables de tout, et qui ne
peuvent vivre que par lui.
» Le Sultan, lui, est un homme très in-
telligent, quoique, en ces derniers temps,
il ait eu des défaillances causées sans
doute par l'excès de travail.
» Est-ce à ces. défaillances.qu'il faut at-
tribuer sa conduite actuelle ? Peut-être.»
Et S. Exe. Mourad Bey, tout en pronon-
çant ces paroles, se défend d'être hostile
à la dynastie Osman.
Sans elle, dit-il, la Turquie n'exis-
terait plus.
Or, l'ancien commissaire impérial de
la Dette publique ottomane veut qu'elle
vive, en se développant par les progrès
de la civilisation, au lieu d'être la proie
de <* quelques maires du palais ».
Maurice Lsudet.
v>v^s^n*
NOTE8D',UY' T
ïïoTMSïïjjN Parisien
'7 décembre.
Nous ne sommes pas encore au bout des
joies causées par ce procès Double qui pour-
rait bien rester parmi les plus curieux ta-
bleaux >de la vie de Paris. On ne voit pas
tous les jours un homme de la haute va-
jeu.r de M.. Harhi&ux donner comme preuve
delà validité d'un mariage la présence de
M. Daubrée dans une maison! Le' géologue
pris comme garantie de l'état civil, c'est
tout de même amusant. Et l'on rappelait
hier soir que tout était curieux dans la
maison Double, même les curiosités dont
On y était si fier.
Un jour, M. Double voulut vendre sa
collection il s'arrangeade façon à ce que
la nouvelle en vînt aux oreilles de M. Van-
derbijt, qui câbla: «Combien? » On lui ré-
pondit « Vingt millions ». C'était cher,
même pour un homme qui-peut s'ojffrir
un duc pour gendre et en business man,
il offrit, toujours par câble, tout juste la
moitié. Dix millions, c'est une jolie somme.
M. Double ne l'accepta pas il en demanda
douze et on lès lui promit. Et pourtant le
marché ne se conclut pas, au grand éton-
nement de M. Vanderbilt, qui pour lapre-
mière fois de son existence se voyait refu-
ser son bel argent.
Il sera peut-être heureux de savoir
maintenant pourquoi il n'eut jamais les
Wases-de Fpntenoy! M. Double, qui n'a-
vait pas, sur toutes choses, les opi-
nions de tout le monde, avait refusé
les douze millions parce qu'il avait ap-
pris qu'une personne qu'il détestait avait
servi d'intermédiaire et devait •tou-
cher cinq cent mille francs! L'idée de
savoir que M. X. allait avoir un demi-
million l'empêcha d'en accepter douze 1
Et comme les beaux traits de caractère
sont toujours récompensés, on .vendit la
collection, quelques années plus tard, pour
huit cents pauvres mille-francs 1
Et les meubles sur lesquels une Reine
s'était reposée entre la laiterie de Tria-
non et la prison du Temple, les pincettes
avec lesquelles les grandes impures de la
Régence avaient menacé leurs amants, les
personnages de'rêves que là fa brique de
Meissen avait modelés sur l'ordre du roi
Auguste, pour faire sourire Mme Du Barry,
tout s'en alla aux quatre vents des en-
chères, au lieu d'orner la Maison de Mar-
bre, ainsi que se nomme modestement
la demeure des.Vanderbilt.
'̃ V ̃ '*<̃"
L'AMIRAL GERVAIS
11 HORS DE CAUSE
L'heure de'la réparation a sonné pour
l'amiral Gervais. Il est mis hors de cause
par le Conseil d'enquête. Les trois vice-
amiraux appelés à le juger ont déclaré
qu'il n'était pas responsable de l'accident
de la Badine.
La question à élucider par le Conseil,
en ce qui concerne l'amiral, était de
savoir à quel point- précis, c'est-à-dire à
quelle distance de terre il avait fait
commencer l'évolution qui devait aboutir
à l'échouage de ses navirçs: Sa respon-
sabilit6 n'étaiten jeu que s'ilavait ordonné
cette évolution trop près de terré, car
Y exécution né dépendait pas de lui, mais
bien des commandants de ses cuirassés.
Il faut, eh effet, bien comprendre qu'un
amiral ne dirige pas plus la manœuvre
du bâtiment qui porté son pavillon qu'il
ne dirige Celle des autres bâtiments placés
sous son commandement. Quand il juge
le moment- venu de faire un mouvement
quelconque, conversion ou autre, ̃ilTi.ri-
dique au moyen de pavillons pendant le
jour et de fanaux électriques pendant la
nuit, et tous les capitaines, celui. de son
navire comme celui de tout autre vais-.
seau, exécutent, d'après leur propre:
initiative, l'ordre qui leur est transmis.
Le' Conseil d'enquête a reconnu que
l'évolution avait été ordonnée par l'ami-
ral Gervais à une distance de terreipaiH
fàitement suffisante, mais il a, en même
temps, déclaré que l'ordre avait été exé-
cuté trop lentement par le Formidable,
navire-amiral, et il a mis sur le: compte
du commandant de ce navire la respon-
sabilité de l'échouage. Pour remédiera
la lenteur de son évolution, le comman-
dant avait à manœuvrer à la fois sa
barre et ses deux machines. Les membres
du Conseil d'enquête ont estimé que cette
double action avait été un peu tardive.
Quant aux commandants des autres na-
vires échoués, ils n'encourent aucune
responsabilité, car il est prouvé, ce! qu'on
savait déjà, que leur échouage n'a été
que le résultat de l'échouage du navire
qui tenait la tête de la ligne.
En conséquence, les amiraux enquê-
teurs ont formulé les conclusions sui-
vantes
1° Les échouages.du 13 novembre, sur des
hauts-fonds non portés sur la carte actuelle,
sont dus à la giration tàrdive et prolongée du
Formidable
2° Le vice-amiral, Gervais ayant ordonné-
une manœuvre exécutable dans les conditions
ordinaires, les signaux ayant d'ailleurs été
faits au point voulu, la responsabilité du
commandant en chef n'est pas engagée;
33 Le capitaine da vaisseau Puech, com-
mandant du For?nidable, est responsable de
n'avoir pas pris, en temps voulu, les mesures
nécessaires pour assurer l'évolution de son
bâtiment. Une atténuation en faveur de cet
officier supérieur résulte de ce qu'il exerce
depuis peu le commandement du Formidable
et pouvait ne pas connaître encore suffisam-
ment son navire. Un blâme simple serait la
sanction de l'erreur qui lui est reprochée.
En dernier lieu, la Commission, estimant
que les événements du 13 novembre auraient
pu avoir une gravité plus sérieuse, croit de-
voir exprimer l'avis que des instructions^
formelles soient adressées aux comman-
dants des escadres pour que, dans les ma-
nœuvres de nuit, prés de terre, une marge
très large soit laissée aux aléas des évolu-
tions. r
Paris, le 4 décembre 1895.
Les membres de loç Commission d'enquête,
BROWN,
t de La. Jaille,
RlEUNIER.
M. Lockroy n'a pas.admis ces conclu-
sions dans leur intégralité– son droit est,
en effet, de modifier les conclusions d'une
enquêtedans un sens favorable à l'officier
visé– et il a. fait décider par le Conseil
des ministres qu'aucun blâme ne serait
adressé au commandant Puech. On. ne
félicitera pas cet officier- tandis qu'on.;
félicitera les autres commandants pour
le zèle et l'habileté avec lesquels ils ont
procédé au relèvement de leurs navires.
et ce silence à son égard constituera,
un blâme pour lut.
Cependant M. Lockroy ne s'en tient
pas la! La Commission d'enquête ayant
exprimé l'avis que des recommandations
de prudence pour les manœuvres de
nuit devaient être adressées aux ami-
raux de nos escadres, le ministre estime
qu'il n'a pas d'instructions à adresser à
tous les commandants de nos escadres
puisque tops ne. se sont pas mis dans le
cas de recevoir dès observations ûe ce -`
genre. Il n'en enverra donc qu'à l'amiral
Gervais. On n'est pas plus .attentionné ni
plus prévenant!
Voici la lettre" qu'il a adressée hier soir
à l'amiral et qu'il lui a fait parvenir à
son domicile
Paris, le 7 décembre 1895.
Monsieur le vice-amiral,
J'ai l'honneur de vous. communiquer, sous i,
ce pli, une ampliation du rapport de la Com-
mission d'enquête que j'ai nommée pour exa-
miner les causes de l'échouagc., à la 'Badine,
de plusieurs cuirassés de l'escadre active,
dans la soirée du 13 novembre 1895, et pour
me donner. son avis sur les responsabilités
qu'elles engagent.
J'accepte, en ce qui vous concerne, les con-
closions de cette Commission.
J'estime qu'à l'avenir vous aurez tout par-
ticulièrement à prendre en très sérieuse con-
sidération le dernier paragraphe du rapport
de la Commission d'enquête et à vous con-
former exactement à l'avis qu'il contient.
J'ai, par ailleurs, ainsi que vous en avez
été informé déjà, adressé un. témoignage de
satisfaction à MM. les commandants des cui-
rassés Marceau, Courbet et Amiral-Baudin,
qui, par l'habileté de leurs manœuvres, ont
évité de graves avaries i leurs bâtiments.
Edouard Lockroy.
Le ton de cette lettre dissimule mal la
mauvaise humeur de celui qui l'a -rédi-
gée. On y voit clairement que le minis-
tre se fait violence pour accepter (!) les
Conclusions de l'enquête et qu'il ne subit
qu'à contre-cœur les avis d'une Commis-
sion pourtant nommée par lui.
Le pays jugera le procédé, mais sans
s'y arrêter plus qu'il ne convient. Car
dans toute cette affaire une seule chose
lui importe la mise hors de cause de
l'amiral Gervais. Les bons Français ac-
cueilleront donc avec Une joie patrio-
tique la décision du Conseil d'enquête.
Il leur plaira d'apprendre que le com-
mandant en chef de notre escadre de la
Méditerranée est toujours digne de leur
confiance, Il leur plaira aussi de savoir
que ceux qui, dans la presse ou dans la
Chambre, pour le seul profit de leurs
rancunes personnelles, avaient déverié
l'injure sur un amiral justement honoré
sont directement atteints par les conclu-
sions du Conseil.
Ah il faut convenir que leur campa-
gne avait été bien menée. Ils n'avaient
rien négligé, pour ternir la réputation de
l'amiral et pour le rendre suspect. Ils
avaient commencé par dénier sa valeur
professionnelle, ils avaient ensuite dé-'
claré qu'il était d'une imprudence, d'une
témérité dangereuses; enfin, dénaturant
certaines marques de sympathie données
à ce chef par" ses inférieurs, ils avaient
prétendu qu'il Se prêtait lui-même à. des
manifestations déplacées, absolument
prohibées paries règlements ̃militaires.
Ce fut là le coup le plus rude machiné
contre l'amiral Gervais par ses adversai-
res. Sentant bien que le ministre civil
quidirige la marine était trop incompé-
tent pour trancher lui-même une ques-
tion technique, ils s'étaient empressés de 1
mettre la question sur le terrain de la i
discipline et ils avaient inventé, de tou- i
tes pièces, l'histoire d'une démarche 1
collective faite par les commandants de t
l'escadre pour protester contre la suspi- ]
cion dont leur chef était l'objet. De là à }
affirmer que l'amiral avait encouragé, ]
voire même ordonné cette démarche, il a
n'y avait qu'un pas Aussi put-ôn lire le
lendemain, dans certains journaux radi- I
eaux, que nous n'étions pas au pays des I
pronunçiqmientos et qu'il fallait frapper
sans merci ce chef indiscipliné. Tout
était faux dans cette histoire. Il y avait
môme quelque perfidie à la mettra en
circulation, puisque celui qu'elle visait,
enchaîné par son devoir militaire, con-
damné au silence, n'avait pas le droit de
confondre ses calomniateurs. Mais peu
importait à ces vigilants gardiens de la
discipline! Tous les moyens leur sem-
blaient bons pour dénoncer l'amiral
Gervais comme un fauteur de désordre
et pour le faire traiter comme un re-
belle.
Un moment on a pu croire que le mi-
nistre céderait aux sommations qui lui
étaient adressées. Les démocraties sont
envieuses, elles suivent d'un œil jaloux
ceux qui s'élèvent et rien ne leur coûte,
pas même une injustice, pour abaisser
ceux dont elles redoutent la popularité.
Heureusement il s'est trouvé dans la
presse quelques esprits courageux pour
dévoiler ces basses manœuvres et quel-
ques gens de bon sens pour en arrêter
l'effet. C'est ainsi que l'amiral, si légère-
ment déclaré coupable à l'avance, a été
soumis au jugement de trois de ses
pairs.
Ceux-ci viennent de le décharger de
toute faute. Les implacables ennemis de
l'amiral Gervais s écrieront saris doute
que des amiraux ne pouvaient pas ne
pas innocenter un de leurs collègues. Ils
s'en prendront à l'esprit de corps qui,
suivant l'expression de, l'un d'eux, n'est
que « la- négation du patriotisme ». Ils
affirmeront que c'est un sentiment de
camaraderie qui a, seul, inspiré la déci-
sion du Conseil. On pourrait leur répon-
dre que l'amiral était loin de ne compter
que desamis personnels parmi ses ju-
ges. ^ais à quoi bon?. Leurs récrimi-
nations intéressées tomberont dans le
vide. Malgré eux on regardera les conclu-
sions du Conseil d'enquête comme im-
partiales, comme équitables, comme dé-
finitives.̃
.Et maintenant que cet incident est clos
à la satisfaction des vrais patriotes, ou-
blions qu'un instant l'intérêt de la ma-
rine et de la-défense nationale a été me-
nacé pouf satisfaire aux mesquines ven-
geances de politiciens haineux. L'amiral
Gervais va aller très simplement mais
là tête haute reprendre le commande-
ment de son escadre. En vrai soldat qu'il
est, ne connaissant que le devoir et rien
que le devoir, il va continuer la mission
qui lui a été confiée. Ses marins, qui ont
craint de le perdre, n'ont plus sujet de
s'alarmer, puisqu'ils savent qu'en dépit
des colères déchaînées par les passions
politiques, il y a encore une justice en
France.
Marc Landry.
~EiETmBEM.Mm~T
Nous recevons la lettre suivante de
M. Laisant
A Monsieur le Rédacteur en chef du Figaro.
''̃̃•̃̃ -7 décembre 1895.
Mon cher Rédacteur en chef,
Plusieurs journaux entretiennent ce matin
leurs lecteurs d'une question qui me concerne.
« Averti, il y a,. uixe quinzaine de jours, au
début de la campagne engagéepar un journal
contre M. Souligoux, que mon nom était t
prononcé, je me suis livré immédiatement à
une enquête personnelle. Il en est résulté la
constatation des faits que voici:
Mon nom est inscrit, d'une écriture autre
que celle de M. Souligoux, sur le talon d'un
chèque (n<> 1,644) d'une valeur de 15,300 fr,
M. Souligoux a déclaré devant témoins que
cette mention de mon nom né pouvait 4ma7
lier de lui, puisque visiblement elle n'était
'pas de son écriture, et puisqu'il ne m'avait
jamais rien donné ni rien offert..
Une fois' l'instruction judiciaire entamée,
j'ai fait exprimer à M. lé juge d'instruction
Espinas, qui en est chargé, le désir d'être en-
tendu par lui, et il.a reçu hier ma déposition,
;dans laquelle je lui ai confirmé les faits qui
IprôCèdent. M. le juge d'instruction a pu me
présenter un document auquel j'attachais
une certaine importance c'est le chèque
n« 1,644 lui-même.; il est tiré et acquitté par
M. Souligoux et ne porte aucune mention de
ma signature ni de mon nom.
De quelle main et de quelle date est la
mention portée sur le talon de chèque? C'est
ce que j'ignore, et je désire plus que per-
sonne qu'on arrive à le découvrir.
J'ai connu M. Souligoux à l'époque où'je
m'occupais de questions d'assurances. J'af-
firme qu'il ne ma jamais rien donné ni of-
fert en aucune circonstance et notamment à
l'occasion du Panama, et je vous demande
de me permettre de produire immédiatement
cette affirmation.
J'ajoute que j'étais en droit de m'attendre
à ne pas voir planer sur ma tête une pareille
suspicion. J'ai passé une vingtaine d années
dans la vie politique, n'ayant guère que deux
passions: la politique et la science; Je suis
guéri de la première; l'autre me tiendra, je
Te crains bien, jusqu'à ma mort. Ma situation
matérielle ne s'est point améliorée dans cette
période de ma vie; arrivé aujourd'hui aux
confins de là vieillesse, je ne demande qu'au
travail les resssources qui me sont nécessai-
res j'ai peu de besoins, et je ne me plains
pas de cette situation la politique m'a coûté
»her et ne. m'a rien rapporté; je n'ai jamais
iétè de ceux qui vendent leur vote; et ma
seule ambition désormais est de laisser à ma
mort un nom intact à mes deux enfants, aux-
quels j'ai cherché à 'inspirer par l'exemple
1 amour du travail.
Tout le monde reconnaîtra que, pour un
homme politique suspecté d'avidité, ce serait
là un programme d'existence fort étrange.
Je n aurais pas même essayé de protester,
fort de l'estime de tous ceux qui me connais-
sent, si nous ne vivions en un temps où les
suspicions planent dans l'air, grâce à de nou-
veaux procédés de polémique. Tout nom pro-
noncé est plus ou moins compromis, tout ac-
cusé est réputé" coupable. Il est donc assez
naturel qu'un honnête homme, retraité de la
politique après fortune défaite, vivant de son
travail et ne demandant qu'à rester dans
l'obscurité la plus modèste, sorte malgré cela
de sa réserve pour dire au moins à tous ceux
qui lui ont accordé leur estime qu'ils peuvent
et qu'ils doivent la lui conserver.
Cette déclaration, grâce à vous, mon cher
Rédacteur en chef, j'ai pu Ja produire, et je
tiens à vous en remerciera
A. Laisant. ̃̃̃̃
Nouvelles Diverses 1
L'ATTENTAT DU PALAIS-BOURBON
Où sont passées les deux balles que Gil-
bert Lenoir a tirées vendredi soir au Palais-
Bourbon Des recherches minutieuses ont
été faites hier dans la matinée, en présence
de M. le juge d'instruction Bertulus, désigné
pour s'occuper de cette affaire. On n'a rien
trouve.
Vers une heure, M. Bertulus a fait extraire
Lenoir du Dépôt et l'a fait amener à son ca-'
binet. L'interrogatoire, auquel a assisté M,
Lépine, préfet'de police, n'a donné aucun ré-
sultat.
Je ne veras connais pas, à répondu Le-
noir. Vous êtes juges et moi je suis anar-
chiste. Mes doctrines me disent de nier votre
justice bourgeoise. Je ne vous dirai donc
rien. Cherchez 1.
C'est, si l'on s'en souvient, le système
d'Emile Henry, dans les premiers jours de
son arrestation. C'est également celui de Bou-
teilhe qui avait jeté une bombe sous, le por-
che de la banque Rothschild.
Lenoir est-il un anarchiste ou un fou? '1
Peut-être l'un et l'autre, c'est-à-dire un mal-
heureux dont les lectures anarchistes ont dé-
traqué le faible cerveau. Comme beaucoup,
il est possédé du désir de se mettre en lu-
mière, de faire parler de lui. Il avait pour
cela trouvé un singulier moyen. Au mois
d'août dernier, il avait lui-même écrit au pré-
fet de police une lettre anonyme dénonçant
« le nommé Gilbert Lenoir comme un anar-
chiste dangereux qu'il fallait surveiller ». On
le surveilla, en effet. Alors, il écrivit une se-
conde fois, poir se plaindre des tracasseries
de la police. /Si demain, disait-il en termi-
nant, je trouve encore des agents à mes trous-
ses, vous aurez un nouvel attentat a, dé-
plorer, »
Les deux lettres étant de la même écriture,
on vit que c'était Lenoir lui-même qui s'é-
tait -dénoncé; D'autre' part; comme lès rap-
ports des Agents1 le signalaient comme tran-
quille,, assidu à son travail, et ne paraissant
pas dangereux, on ne s'occupa plus de lui.
La mère de Lenoir, qui habite Moulins avec
ses quatre filles, avait été avertie que son fils
avait à Paris des fréquentations déplorables.
Elle lui avait écrit pour le faire revenir.
C'est peut-être là une des causes de l'af-
faire. Avant de partir, Lenoir aura voulu
faire « un coup d'éclat ». Et n'ayant aucun
motif de tuer qui que ce fût, il s'est décidé à
faire feu dans la salle demi vide.
C'est la seule hypothèse admissible, tant
qu'il ne se sera pas décidé à parler.
M-*
l'affaire sotjligodx
M. Soùligoux, assisté de son avocat, M«.Iu-
les Auffray, a remis hier, dans l'après-midi, à
M. Espinas, juge d'instruction, une demande
de mise eh liberté provisoire.
M. Souligoux se base sur les points sui-
vants tous les témoins 'utiles à la manifes-
tation de là vérité ont été entendus toutes
les pièces que vise l'instruction sont entre
les mains du juge; enfin, M. Souligoux a en
ce moment de nombreuses affaires, dans les-
quelles sont engagés les intérêts de, tiers qui
auraient à. subir de graves préjudices si la
détention préventive était trop prolongée.
Cette requête va être examinée et il paraît
probable qu'elle sera favorablement accueil-.
lie.
Certains quartiers de Paris ne répondent
réellement plus aux besoins de l'activité mo-
derne. Ainsi, la rue du Bae sera évidemment
encombrée à l'excès demain, à cause de
l'inauguration, au Petit Saint-Thomas, de
l'Exposition spéciale de jouets et articles
d'étrennes.
Lesoccasions uniques, l'exposition de toutes
les nouveautés de la saison, en quelque spé-
cialité que ce soit, vendues à des prix tou-
jours plus avantageux' que partout ailleurs;
les soldes à tous les comptoirs, les articles
de Paris et jouets de fabrication exclusive-
ment française et surtout la vente de l'ex-
traordinaire Agenda-Foyer vont attirer en-
core plus de monde qu'il n'en vient chaque
année à. l'appel de cette ancienne maison de
confiance. Vraiment, si l'on pouvait reculer
un peu les murs, en raison de cette afuucnce,.
personne ne- s'en plaindrait.
'Un grave accident de chasse .est arrivé
jeudi, dans les bois de Vélizy, près de Cha-
ville.̃-̃
M. Julien Rolland, propriétaire à Bellevue,
chassait le canard le long des étangs, en
compagnie d'un de ses .amis, M. Haranger,
propriétaire de la ferme de Chaville. Vers
deux heures, un marchand de vins du pays,
M..I,anpay, vint offrir à M- Rolland' des
cartouches spéciales pour la chasse au ca-
nard, à bourre grasse et à charge exception-
nelle.
Cette offre ne fut pas acceptée. Les trois
hommes continuaient à marcher ensemble,
Langeay à la gauche de M. Rolland. Celui-ci
fit un faux pas et tomba. Dans cette chute,
le. fusil qu'il portait chargé, àla bretelle, sur
l'épaule droite se rompit au pontet de sous-
garde. La gâchette, pressée contre terre, agit
et le coup partit:
Un cri de douleur retentit. La charge de
plomb venait de frapper'Langeay au côté
droit de la poitrine. Le blessé fut aussitôt
transporté dans une auberge voisine et des
médecins furent appelés. Dès qu'il se sentit
un peu mieux, le blessé demanda de quoi
écrire et rédigea aussitôt une attestation cer-
tifiant que l'accident ne pouvait ôtre le ré-
sultat d'une imprudence de M: Rolland; Ce-
lui-ci et plusieurs membres de sa famille se
sont installés au chevet de M. Langeay qui,
grâce aux soins si touchants dont il est l'ob-
jet chez-lui, sera très probablement d'ici peu
hors de danger.
lit
Un mur s'est écroulé, hier matin, à neuf
heures, dans une maison en construction,
rue Desrenaudes prolongée, aux Ternes. Il
s'est effondré sur les toitures des ateliers de
MM. Soubière et Denoix, fabricants de mar-
chepieds et quincaillerie pour voitures,' rue
Rennequin.
Par un heureux hasard, il n'y a pas eu
d'accident de personnes.
Une enquête a été ouverte pour déterminer
les causes de cet accident.
Heureusement inspirés sontle.s grands cou-
turiers et couturières qui font revivre, cette
année, ces gracieuses modes Louis XV et
Louis XVI, grâce auxquelles nos aïeules ont
établi le renom d'élégance, aujourd'hui im-
périssable, de nos dames françaises. Ces ves-
tes, aux coupes dégagées, ces gilets aux bro-
deries délicates sont toujours rehaussés par
des boutons ou des boucles finement ajourés:
Inutile d'ajouter que c'est Lère-Cathelain, le
joaillier à la mode, 10, boulevard des Capu-
cines, 21, boulevard Montmartre et 97, boule-
vard de Sébastopol, qui a toute la faveur de
nos élégantes pour ces délicieux colifichets.
Il vient encore de composer de nouveaux mo-
dèles de boutons, boucles, agrafes, etc., or-
nés de ses merveilleux brillants, qui obtien-
dront tous les suffrages.
•• .m '̃
agent blessé
̃ Un gardien de la paix du treizième arron-
dissement, l'agant Rémongin, aperçut, avant-
hier, vers minuit, un individu qui essayait
de franchir, rue de Tolbiac, la clôture d'un
jardin appartenant à un nourrisseur. Il le
saisit, mais le malfaiteur se débattant, l'agent
l'accula contre la clôture et appela à son
aide: Deux de ses collègues accoururent et le
rôdeur fut dirigé vers le poste. Mais, en route,
il donna un croc-en-jambe au gardien qui se
tenait a sa gauche et provoqua ainsi sa
chute. Et il se sauva. Rémongin se mit à sa
poursuite et le rejoignit. Une lutte s'engagea
entre les deux hommes; l'agent fut renversé
et roué de coups, Quand ses collègues arri-
vèrent, le malheureux qui, malgré l'état la-
mentable dans lequel il avait été mis, n'avait
pas lâché son agresseur, le remit entre leurs
mains et s'évanouit. On -lé transporta'aussi-
tôt chez lui. Il a reçu de graves blessures à
la tête et la poitrine et il a, en outre, un
doigt de la main droite fracturé.
̃ • n->
Mlle Ladrey, fille de l'excellent photogra-
phe du boulevard des Italiens, a perdu le
8 novembre dernier, en allant au Bois de
Boulogne, une petite montre en or dont le
numéro est 48528, avec la chaîne terminée
par une boule d'or ornée de petites perles et
de. saphirs.
M. Ladrey promet une bonne récompense
à qui lui rapportera l'objet perdu.
M. Mallet, avocat consultant, 17, rue Ca-
det, avait depuis quelque temps comme se-
crétaire un nommé Marius Gentil Beix, âgé
de trente-cinq ans. Cet individu, ses études
1
finies, s'était fait inscrire au barreau de Ton.
louse, sa ville natale mais il fut rayé du ta.
bleau de l'Ordre, il y a trois ans, à la suite
d'une condamnation à six mois de prison
qu'il avait encourue à Paris pour escroquerie
au préjudice d'un maître d'hôtel de la rue du
Four.
M. Mallet ignorait ce détail et bien d'autres
encore, quand il reçut la visite de Beix, un
camarade d'enfance. Emu de la situation mi-
sérable de ce garçon, il l'attacha à son cabi-
net. Il fut mal récompensé de sa compassion.
Beix prit la fuite, il y a six semaines, en
emportant 7,000 francs à son'patron et ami.
Plainte ayant été déposée par M. Mallet,
chez M. Archer, commissaire de police, l'a-
gent de la sûreté Maniez, détaché à ce coin-
missariat, fut chargé de retrouver le voleur.
Il l'a découvert avant-hier soir dans un café
du boulevard et l'a mis en arrestation. ̃ -V~
Beix a été envoyé au Dépôt. ̃"̃
LE FEU
Le feu s'est déclaré, l'avant-derniére nuit,
vers deux heures, dans le marché des Carmes.
La toiture étaitaiéjà en flammes quand les
pompiers, tardivement prévenus par l'aver-
tisseur qui fonctionnait mal, arrivèrent sur
le lieu du sinistre. Mais ils eurent prompte-
ment fait d'enrayer les progrès de 1 incendie
qui fut éteint complètement après une heure,
d'efforts.
Le feu avait pris dans la boutique d'une,
marchande de vieux vêtements située dans la
cour intérieure du marché il avait dû être
communiqué aux étoffes par une chaufferette
oubliée. ,»--̃•-̃̃.̃
Les dégâts sont assez importants,
r Ml
Conseil pratique
Par ce temps d'effondrements financiers, il
fait bon, en prévision des obligations de fin
d'année, savoir où acheter les cadeaux de
bijoux, perles, diamants, orfèvrerie. La fabri-
que modèle, 8, rue Hàlévy, répond à toutes
les conditions de goût artistique et de créa-
tions inédites. C'est toujours Mme Martin que
nous recommandons, parce que Mme Martin
a inauguré le système de vendre à petits
bénéfices et qu'il est bien prouvé que, comme
prix, variété, perfection, nulle comparaison
n'est possible.
Jean de Pârisu
.o:
Mémento. •– Un inconnu assez bien mis,
trente-cinq ans environ, s'est jeté, hier après-
midi, du haut de la colonne de la Bastille. Il
s'est tué sur le coup. Transporté à la Morgue.
Commencement d'incendie, dans les réser-
ves du bazar de l'Hôtel de Ville, 18, rue de la
Verrerie. Eteint rapidement par les pompiers.
J. de P.
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*y i ..ii t
GAZETTE JÎES TRIBUNAUX
Tribunal civil Histoire de l'Eau de Botot.
̃̃̃' 'Nouvelles judiciaires.
Saviez-vous que la célèbre eau dentW?
fri ce datât de plus d'un siècle ?
C'est en 1755 qu'elle fut inventée par
Botot, médecin du roi Louis XV, et la*
formule en reste encore inconnue.
En 1777, l'Académie .de. médecine con-
sacrait la vogue de l'Eau de Botot par
une approbation solennelle, et la maison;
conserve dans ses archives le privilège!
que lui conféra le roi Louis XVI.
Botot, l'inventeur, céda ses droits à!
François-Marie Botot, son neveu, lequel
eut pour successeur, en 1789, son beau-;
frère Houdouard, avocat au Parlement,'
Houdouard exploita l'eau deBôtot jus-,
qu'à l'an XIII, et d'originales réclames du!
temps nous montrent, en pleine Terreur,
le propriétaire de l'Eau de Botot, vouant
ses contrefacteurs aux foudres de lai
déesse Raison.
La veuve d'Houdouard, héritière de soni
mari, continua la fabrication jusqu'à sa'
mort, arrivée en 1848.
En 1863, sa légataire universelle, Mme
Barbier vendait son privilège au pos-
sesseur actuel de la maison Botot qui,
n'exploitant pa« lui-même, a confié ses.
intérêts à un directeur-gérant, M. Louis
Prestat.
Si le nom n'a point changé, le flacon a
toujours conservé sa forme séculaire.
C'est toujours la même bouteille bouchée
à rémeri, avec l'adage latin «.Çuiiîdas
vide », et l'étiquette classique « Eau
balsamique et spiritueuse. Seule vérita-,
ble Eau de Bqtot. »
Je recueille tous ces intéressants de*-
tails dans la spirituelle plaidoirie que;
Me Pouillet, bâtonnier de l'Ordre des!
avocats, vient; de prononcer devant lai
3° Chambre civile, présidée par M. Weil,!
dans un procès en contrefaçqn que la
maison Botot s'est décidée à intenter
contre deux usurpateurs du nom, deux
parfumeurs, MM. Charrieaux et Olivier,
qui débitaient une eau dite de Botot en
soutenant que la dénomination était
tombée dans le domaine public.
Sur d'énergiques réquisitions de M. 18
substitut Trouard-Riolle, le tribunal a
rappelé, tout au contraire, que les pro-
priétaires de l'Eau de Botot avaient, de-
puis l'origine, conservé le secret de Jeur
invention; que dès le dix-huitième siècle,
Botot, médecin du roi, protestait contre
les contrefacteurs. Il a jugé enfin que
« le directeur de la maison Botot avait au-
jourd'hui la propriété complète, absolue
et exclusive du nom de Botot sous quel*
que forme qu'il soit employé ».
En conséquence, et malgré les plaidoi-
rie de M" Bourdillon et Hugon pour
MM. Olivier et Charrieaux, le Tribunal
les a déclarés coupables d'imitation fraut
duleuse et de mise en vente d'un produi-
revêtu d'un nom usurpé, et les a con-1
damnés solidairement à 1,100 francs de
dommages et intérêts..
Il faut féliciter de ce résultat M. Louis .)
LIS. AFFAIRES DE TtilE
Conversation avec S. Exe. Mourad Bey
Les événements de Turquie attirent
l'attention du monde entier. Chacun se
demandé comment se dénouera la nou-
velle crise qui a éclaté en Orient.
Les points d'interrogation sont nom-
breux, et «1 faudrait: un fameux devin
pour y. répondre. Le hasard joue un si
grand rôle [̃•••-̃̃•̃
En attendant, la presse s'informe et
recueille les avis compétents.
1 J'ai eu l'occasion, dans une maison
amie, de rencontrer hier S. Exe. Mourad
Bey, récemment encore commissaire
impérial pour la Dette publique otto-
mane, que plusieurs de nos confrères
font voyager en Russie et en Angle-
terre, et qui est tout simplement à
Paris depuis jeudi mâtin. Il revient de
Constantinople le cœur profondément
ulcéré dé ce qu'il a vu. Ardent patriote,
libéral, mais non révolutionnaire, il es-
time que les conseillers actuels du Sul-
tân l'entraînent dans une détestable po-
litique qui excite dans le pays un mé-
contentement toujours grandissant.
Mais avant de faire connaître à nos
lecteurs l'opinion du philosophe et de
l'homme d'Etat, il est utile de retracer
l'histoire de sa vie.. <.
-Jeune encore il a à peine qua-
rante ans Mourad Bey, qui est né
dans le Caucase, a fait ses études en
Russie. Ses études terminées, il est
parti pour Constantinople où il a exercé
pendant seize ans le professoral. Entre
temps, il écrivait une histoire géné-
rale, en six volumes, qui -est une œu-
vre classique en Turquie. Très popu-
laire auprès des étudiants, il est, par
son mariage, alli6à une famille de hauts
fonctionnaires- de l'empire. Son beau-
pèr'e était le chef 'des princes de la mai-
son de Mahomet. Le grand-père de sa
femme avait occupé un des postes les
plus élevés dans l'Etat, celui de cheik-
ul-Islam, autrement dit grand vizir du
clergé. •
En 1886, nous le trouvons directeur de
l'Ecole normale de Constantinople, mais
à ce moment une réaction survient dans
le gouvernement. D'opinions libérales, il
donne sa démission et devient journa-
liste, pour éclairer l'opinion publique.
Dans le Mîzan (Balance) il soutient avec
un talent remarqué les idées qui lui sont
chères, et sa polémique ardente fait sus-
pendre huit fois 'en quatre années son
journal.
Le gouvernement désirait depuis long-
temps s'attacher un homme dont la po-
pularité l'inquiétait.
En*4891, le Sultan lui offrit la situation
de commissaire impérial près la Dette
publique ottomane. Après avoir suppri-
mé son journal, Mourad Bey accepta,
mais sans rien abdiquer de ses opinions.
Il allait pouvoir approcher le maître
des destinées de son pays, et. à plusieurs
reprises, il, put.croire qu'il l'avait amené
à suivre une politique libérale. Quand il
échouait, il songeait de nouveau à re-
prendre la plume il demandait à être
relevé de ses fonctions. Naturellement,
çâtte autorisation }ui était, refusée. Sur-
vint là dernière crise. 11 tenta tout pour
la conjurer, obtint plusieurs audiences
du Sultan et lui fit- entendre le langage
des réformes intérieures nécessaires. Le
Sultan, après avoir hésité, refusa d'en-
trer dans cette voie. Quanta Mourad Bey,
objet de la défiance du Parais, ayant tout
à'eraindre des ministres actuels, il pré-
féra quitter le pays. à l'improvistë.
Pour répondre aux informations erro-
nées qui ont été données sur son départ
de Constantinople, voici le récit qu'il
nous a fait lui-même de sa dernière
journée dans là capitale turque
-–Les bureaux de la Dette publique,
où je travaillais, se trouvent tout près de
la mer. J'y allai comme. à l'ordinaire.
Le soir, je pris -congé de mes collègues,
leur disant que je rentrais chez moi au
Bosphore. Je pris une barque puur me
conduire au navire turc qui devait s'y
rendre, mais, au lieu de monter sur le
navire qui allait au Bosphore, je pris le
bateau russe qui partait le lendemain
pour Sébastopol. Là, je me trouvais à
l'abri des atteintes de la police turque.
De Sébastopol, par la voie de Kharkov,
Kiev et Vienne, je suis venu à Paris. »
Et comme nous demandons à Son
Excellence ce qu'elle comptait faire ici,
elle nous répond d'un ton ferme et qui
dénote une volonté puissante:
Jeter le cri d'alarme en faveur du
peuple turc, faire connaître la vérité sur
la çamarilla qui règne près du, Sultan.-
L'Europe doit être mise au courant de
ce qui se passe à Constantinople, où on
cherche à dessein à embrouiller les cho-
ses et à voiler les vilenies nombreuses
que je connais. Je parlerai, bientôt à- ce
sujet. Vous verrez! »
Attendons. Mais il est des questions
d'une actualité brûlante sur lesquelles je
tenais à interroger mon, éminent interlo-
cuteur. Tout d'abord, pensait-il que l'en-
trée d'un deuxième stationnaire de cha-
cune des puissances .dans la Corne-d'Or
pourrait entraîner des complications ?
A vrai dire, nous a-t-il répondu,
cette entrée de nouveaux vaisseaux
étrangers produira sur lapopulationune
très mauvaise impression. Les Turcs,
qui se croient en butte à toutes les in-
justices, estimeront que ce sont toujours
les croisades qui continuent. Mais -que
cet acte des puissances provoque une
r^voljdtion à Gonstantinople, je ne ;le:
pense pas. Les Turcs craignent beau-
coup, en effet, de compromettre l'exis-
tence du pays. S'ils avaient pu faire la
Révolution, ils se seraient révoltés au
moment de la destitution de Saïd-pacha.
La solution de la crise sera sans
doute difficile?
-*• Pour la terminer, il suffirait d'ins-
taller à Constantinople un gouvernement
honnête et avisé. Les éléments -pour un
pareil gouvernement ne manquent pas en
Turquie. Qu'il me suffise.de nommer
trois noms, autour desquels il serait fa-
cile de grouper d-'autres personnalités
Saïd-pacha, l'ancien grand vizir, vérita-
ble génie politique Moufctar-pacha et
Kiamil-pacha. Ces trois noms seraient
accueillis avec joie en Turquie, et ils oht
cet avantage d'être très appréciés en Eu,
rope. Seulement il serait essentiel que:
les ministrps eussent les mains libres.
Alors nous posséderions un gouverne-
ment libéral qui serait capable d'établir
les bases d'un régime constitutionnel
che^nous. D'après moi, ilfaudraii insti-
tuer une assemblée nommée par les
corps constitués de l'Empire, y compris
les Conseils de patriarcat, dont 1'uni-
que mais importante tâche serait de ré-
sister aux empiétements du Palais. Ce
jour-là, je le déclare, la question d'Orient
aurait vécu. Car toutes les crises dans le
passé comme dans le présent ont été
l'œuvré du Palais. »
'Concernant l'Arménie et ce qu'on à ap-
pelé la question arménienne, S. Exc.Mou-
rad Bey s'est exprimé ainsi
La politique suivie par les Comités
arméniens ayant leur siège à Londres a
été tout à fait inconsidérée selon moi: les
Turcs et les < Arméniens, depuis de nom-
breuses années, Vivaient en excellente
intelligence. II. a fallu les appels enflam-
més de certains, agitateurs, mal inspirés,
pour amener des troubles déplorables et
des bagarres sanglantes; quant à l'Ar-
ménie indépendante, elle n'existe pas et
n'existera jamais, à moins d'un démem-
brement de la Turquie auquel je ne crois
pas. Je le répète, pour résoudre la ques-
tion d'Orient, il suffirait d'un gouverne-
ment honnête et habile, et, ce jour-là,
vous n'auriez plus à déplorer de massa-
cres, d'ailleurs provoqués par les atta-
ques à main armée des Arméniens. »
S. Exc. Mourad Bey, très sympathique
à la France, a bien. voulu me rapporter
l'opinion qu'on se fait en Turquie de la
politique suivie par nous,en Extrême-
Orient.
La France, m'a-t-il déclaré, a tou-
jours été correcte vis-à-vis de mon pays,
qui lui sait gré de l'appui qu'elle lui a
accordé en diverses occasions. Mais les
Turcs reprochent à.votre politique d'être
un peu trop effacée. Ils ,la voudraient
plus active, plus efficace pour là Tur-
quie.»
Avant de prendre congé de Son Excel-
lence, je l'ai priée de me dire dans quel
état moral se trouve aujourd'hui le Sul-
tan..
Le. Sultan, m'a-t-il répondu, est
poursuivi' depuis longtemps par une
idée fixe: il sait qu'on ne l'aime pas et
craint d'être déposé. Dans cette crainte
il vient d'inaugurer une politique abso-
lument rétrograde, et s'est entouré de
gens indignes, capables de tout, et qui ne
peuvent vivre que par lui.
» Le Sultan, lui, est un homme très in-
telligent, quoique, en ces derniers temps,
il ait eu des défaillances causées sans
doute par l'excès de travail.
» Est-ce à ces. défaillances.qu'il faut at-
tribuer sa conduite actuelle ? Peut-être.»
Et S. Exe. Mourad Bey, tout en pronon-
çant ces paroles, se défend d'être hostile
à la dynastie Osman.
Sans elle, dit-il, la Turquie n'exis-
terait plus.
Or, l'ancien commissaire impérial de
la Dette publique ottomane veut qu'elle
vive, en se développant par les progrès
de la civilisation, au lieu d'être la proie
de <* quelques maires du palais ».
Maurice Lsudet.
v>v^s^n*
NOTE8D',UY' T
ïïoTMSïïjjN Parisien
'7 décembre.
Nous ne sommes pas encore au bout des
joies causées par ce procès Double qui pour-
rait bien rester parmi les plus curieux ta-
bleaux >de la vie de Paris. On ne voit pas
tous les jours un homme de la haute va-
jeu.r de M.. Harhi&ux donner comme preuve
delà validité d'un mariage la présence de
M. Daubrée dans une maison! Le' géologue
pris comme garantie de l'état civil, c'est
tout de même amusant. Et l'on rappelait
hier soir que tout était curieux dans la
maison Double, même les curiosités dont
On y était si fier.
Un jour, M. Double voulut vendre sa
collection il s'arrangeade façon à ce que
la nouvelle en vînt aux oreilles de M. Van-
derbijt, qui câbla: «Combien? » On lui ré-
pondit « Vingt millions ». C'était cher,
même pour un homme qui-peut s'ojffrir
un duc pour gendre et en business man,
il offrit, toujours par câble, tout juste la
moitié. Dix millions, c'est une jolie somme.
M. Double ne l'accepta pas il en demanda
douze et on lès lui promit. Et pourtant le
marché ne se conclut pas, au grand éton-
nement de M. Vanderbilt, qui pour lapre-
mière fois de son existence se voyait refu-
ser son bel argent.
Il sera peut-être heureux de savoir
maintenant pourquoi il n'eut jamais les
Wases-de Fpntenoy! M. Double, qui n'a-
vait pas, sur toutes choses, les opi-
nions de tout le monde, avait refusé
les douze millions parce qu'il avait ap-
pris qu'une personne qu'il détestait avait
servi d'intermédiaire et devait •tou-
cher cinq cent mille francs! L'idée de
savoir que M. X. allait avoir un demi-
million l'empêcha d'en accepter douze 1
Et comme les beaux traits de caractère
sont toujours récompensés, on .vendit la
collection, quelques années plus tard, pour
huit cents pauvres mille-francs 1
Et les meubles sur lesquels une Reine
s'était reposée entre la laiterie de Tria-
non et la prison du Temple, les pincettes
avec lesquelles les grandes impures de la
Régence avaient menacé leurs amants, les
personnages de'rêves que là fa brique de
Meissen avait modelés sur l'ordre du roi
Auguste, pour faire sourire Mme Du Barry,
tout s'en alla aux quatre vents des en-
chères, au lieu d'orner la Maison de Mar-
bre, ainsi que se nomme modestement
la demeure des.Vanderbilt.
'̃ V ̃ '*<̃"
L'AMIRAL GERVAIS
11 HORS DE CAUSE
L'heure de'la réparation a sonné pour
l'amiral Gervais. Il est mis hors de cause
par le Conseil d'enquête. Les trois vice-
amiraux appelés à le juger ont déclaré
qu'il n'était pas responsable de l'accident
de la Badine.
La question à élucider par le Conseil,
en ce qui concerne l'amiral, était de
savoir à quel point- précis, c'est-à-dire à
quelle distance de terre il avait fait
commencer l'évolution qui devait aboutir
à l'échouage de ses navirçs: Sa respon-
sabilit6 n'étaiten jeu que s'ilavait ordonné
cette évolution trop près de terré, car
Y exécution né dépendait pas de lui, mais
bien des commandants de ses cuirassés.
Il faut, eh effet, bien comprendre qu'un
amiral ne dirige pas plus la manœuvre
du bâtiment qui porté son pavillon qu'il
ne dirige Celle des autres bâtiments placés
sous son commandement. Quand il juge
le moment- venu de faire un mouvement
quelconque, conversion ou autre, ̃ilTi.ri-
dique au moyen de pavillons pendant le
jour et de fanaux électriques pendant la
nuit, et tous les capitaines, celui. de son
navire comme celui de tout autre vais-.
seau, exécutent, d'après leur propre:
initiative, l'ordre qui leur est transmis.
Le' Conseil d'enquête a reconnu que
l'évolution avait été ordonnée par l'ami-
ral Gervais à une distance de terreipaiH
fàitement suffisante, mais il a, en même
temps, déclaré que l'ordre avait été exé-
cuté trop lentement par le Formidable,
navire-amiral, et il a mis sur le: compte
du commandant de ce navire la respon-
sabilité de l'échouage. Pour remédiera
la lenteur de son évolution, le comman-
dant avait à manœuvrer à la fois sa
barre et ses deux machines. Les membres
du Conseil d'enquête ont estimé que cette
double action avait été un peu tardive.
Quant aux commandants des autres na-
vires échoués, ils n'encourent aucune
responsabilité, car il est prouvé, ce! qu'on
savait déjà, que leur échouage n'a été
que le résultat de l'échouage du navire
qui tenait la tête de la ligne.
En conséquence, les amiraux enquê-
teurs ont formulé les conclusions sui-
vantes
1° Les échouages.du 13 novembre, sur des
hauts-fonds non portés sur la carte actuelle,
sont dus à la giration tàrdive et prolongée du
Formidable
2° Le vice-amiral, Gervais ayant ordonné-
une manœuvre exécutable dans les conditions
ordinaires, les signaux ayant d'ailleurs été
faits au point voulu, la responsabilité du
commandant en chef n'est pas engagée;
33 Le capitaine da vaisseau Puech, com-
mandant du For?nidable, est responsable de
n'avoir pas pris, en temps voulu, les mesures
nécessaires pour assurer l'évolution de son
bâtiment. Une atténuation en faveur de cet
officier supérieur résulte de ce qu'il exerce
depuis peu le commandement du Formidable
et pouvait ne pas connaître encore suffisam-
ment son navire. Un blâme simple serait la
sanction de l'erreur qui lui est reprochée.
En dernier lieu, la Commission, estimant
que les événements du 13 novembre auraient
pu avoir une gravité plus sérieuse, croit de-
voir exprimer l'avis que des instructions^
formelles soient adressées aux comman-
dants des escadres pour que, dans les ma-
nœuvres de nuit, prés de terre, une marge
très large soit laissée aux aléas des évolu-
tions. r
Paris, le 4 décembre 1895.
Les membres de loç Commission d'enquête,
BROWN,
t de La. Jaille,
RlEUNIER.
M. Lockroy n'a pas.admis ces conclu-
sions dans leur intégralité– son droit est,
en effet, de modifier les conclusions d'une
enquêtedans un sens favorable à l'officier
visé– et il a. fait décider par le Conseil
des ministres qu'aucun blâme ne serait
adressé au commandant Puech. On. ne
félicitera pas cet officier- tandis qu'on.;
félicitera les autres commandants pour
le zèle et l'habileté avec lesquels ils ont
procédé au relèvement de leurs navires.
et ce silence à son égard constituera,
un blâme pour lut.
Cependant M. Lockroy ne s'en tient
pas la! La Commission d'enquête ayant
exprimé l'avis que des recommandations
de prudence pour les manœuvres de
nuit devaient être adressées aux ami-
raux de nos escadres, le ministre estime
qu'il n'a pas d'instructions à adresser à
tous les commandants de nos escadres
puisque tops ne. se sont pas mis dans le
cas de recevoir dès observations ûe ce -`
genre. Il n'en enverra donc qu'à l'amiral
Gervais. On n'est pas plus .attentionné ni
plus prévenant!
Voici la lettre" qu'il a adressée hier soir
à l'amiral et qu'il lui a fait parvenir à
son domicile
Paris, le 7 décembre 1895.
Monsieur le vice-amiral,
J'ai l'honneur de vous. communiquer, sous i,
ce pli, une ampliation du rapport de la Com-
mission d'enquête que j'ai nommée pour exa-
miner les causes de l'échouagc., à la 'Badine,
de plusieurs cuirassés de l'escadre active,
dans la soirée du 13 novembre 1895, et pour
me donner. son avis sur les responsabilités
qu'elles engagent.
J'accepte, en ce qui vous concerne, les con-
closions de cette Commission.
J'estime qu'à l'avenir vous aurez tout par-
ticulièrement à prendre en très sérieuse con-
sidération le dernier paragraphe du rapport
de la Commission d'enquête et à vous con-
former exactement à l'avis qu'il contient.
J'ai, par ailleurs, ainsi que vous en avez
été informé déjà, adressé un. témoignage de
satisfaction à MM. les commandants des cui-
rassés Marceau, Courbet et Amiral-Baudin,
qui, par l'habileté de leurs manœuvres, ont
évité de graves avaries i leurs bâtiments.
Edouard Lockroy.
Le ton de cette lettre dissimule mal la
mauvaise humeur de celui qui l'a -rédi-
gée. On y voit clairement que le minis-
tre se fait violence pour accepter (!) les
Conclusions de l'enquête et qu'il ne subit
qu'à contre-cœur les avis d'une Commis-
sion pourtant nommée par lui.
Le pays jugera le procédé, mais sans
s'y arrêter plus qu'il ne convient. Car
dans toute cette affaire une seule chose
lui importe la mise hors de cause de
l'amiral Gervais. Les bons Français ac-
cueilleront donc avec Une joie patrio-
tique la décision du Conseil d'enquête.
Il leur plaira d'apprendre que le com-
mandant en chef de notre escadre de la
Méditerranée est toujours digne de leur
confiance, Il leur plaira aussi de savoir
que ceux qui, dans la presse ou dans la
Chambre, pour le seul profit de leurs
rancunes personnelles, avaient déverié
l'injure sur un amiral justement honoré
sont directement atteints par les conclu-
sions du Conseil.
Ah il faut convenir que leur campa-
gne avait été bien menée. Ils n'avaient
rien négligé, pour ternir la réputation de
l'amiral et pour le rendre suspect. Ils
avaient commencé par dénier sa valeur
professionnelle, ils avaient ensuite dé-'
claré qu'il était d'une imprudence, d'une
témérité dangereuses; enfin, dénaturant
certaines marques de sympathie données
à ce chef par" ses inférieurs, ils avaient
prétendu qu'il Se prêtait lui-même à. des
manifestations déplacées, absolument
prohibées paries règlements ̃militaires.
Ce fut là le coup le plus rude machiné
contre l'amiral Gervais par ses adversai-
res. Sentant bien que le ministre civil
quidirige la marine était trop incompé-
tent pour trancher lui-même une ques-
tion technique, ils s'étaient empressés de 1
mettre la question sur le terrain de la i
discipline et ils avaient inventé, de tou- i
tes pièces, l'histoire d'une démarche 1
collective faite par les commandants de t
l'escadre pour protester contre la suspi- ]
cion dont leur chef était l'objet. De là à }
affirmer que l'amiral avait encouragé, ]
voire même ordonné cette démarche, il a
n'y avait qu'un pas Aussi put-ôn lire le
lendemain, dans certains journaux radi- I
eaux, que nous n'étions pas au pays des I
pronunçiqmientos et qu'il fallait frapper
sans merci ce chef indiscipliné. Tout
était faux dans cette histoire. Il y avait
môme quelque perfidie à la mettra en
circulation, puisque celui qu'elle visait,
enchaîné par son devoir militaire, con-
damné au silence, n'avait pas le droit de
confondre ses calomniateurs. Mais peu
importait à ces vigilants gardiens de la
discipline! Tous les moyens leur sem-
blaient bons pour dénoncer l'amiral
Gervais comme un fauteur de désordre
et pour le faire traiter comme un re-
belle.
Un moment on a pu croire que le mi-
nistre céderait aux sommations qui lui
étaient adressées. Les démocraties sont
envieuses, elles suivent d'un œil jaloux
ceux qui s'élèvent et rien ne leur coûte,
pas même une injustice, pour abaisser
ceux dont elles redoutent la popularité.
Heureusement il s'est trouvé dans la
presse quelques esprits courageux pour
dévoiler ces basses manœuvres et quel-
ques gens de bon sens pour en arrêter
l'effet. C'est ainsi que l'amiral, si légère-
ment déclaré coupable à l'avance, a été
soumis au jugement de trois de ses
pairs.
Ceux-ci viennent de le décharger de
toute faute. Les implacables ennemis de
l'amiral Gervais s écrieront saris doute
que des amiraux ne pouvaient pas ne
pas innocenter un de leurs collègues. Ils
s'en prendront à l'esprit de corps qui,
suivant l'expression de, l'un d'eux, n'est
que « la- négation du patriotisme ». Ils
affirmeront que c'est un sentiment de
camaraderie qui a, seul, inspiré la déci-
sion du Conseil. On pourrait leur répon-
dre que l'amiral était loin de ne compter
que desamis personnels parmi ses ju-
ges. ^ais à quoi bon?. Leurs récrimi-
nations intéressées tomberont dans le
vide. Malgré eux on regardera les conclu-
sions du Conseil d'enquête comme im-
partiales, comme équitables, comme dé-
finitives.̃
.Et maintenant que cet incident est clos
à la satisfaction des vrais patriotes, ou-
blions qu'un instant l'intérêt de la ma-
rine et de la-défense nationale a été me-
nacé pouf satisfaire aux mesquines ven-
geances de politiciens haineux. L'amiral
Gervais va aller très simplement mais
là tête haute reprendre le commande-
ment de son escadre. En vrai soldat qu'il
est, ne connaissant que le devoir et rien
que le devoir, il va continuer la mission
qui lui a été confiée. Ses marins, qui ont
craint de le perdre, n'ont plus sujet de
s'alarmer, puisqu'ils savent qu'en dépit
des colères déchaînées par les passions
politiques, il y a encore une justice en
France.
Marc Landry.
~EiETmBEM.Mm~T
Nous recevons la lettre suivante de
M. Laisant
A Monsieur le Rédacteur en chef du Figaro.
''̃̃•̃̃ -7 décembre 1895.
Mon cher Rédacteur en chef,
Plusieurs journaux entretiennent ce matin
leurs lecteurs d'une question qui me concerne.
« Averti, il y a,. uixe quinzaine de jours, au
début de la campagne engagéepar un journal
contre M. Souligoux, que mon nom était t
prononcé, je me suis livré immédiatement à
une enquête personnelle. Il en est résulté la
constatation des faits que voici:
Mon nom est inscrit, d'une écriture autre
que celle de M. Souligoux, sur le talon d'un
chèque (n<> 1,644) d'une valeur de 15,300 fr,
M. Souligoux a déclaré devant témoins que
cette mention de mon nom né pouvait 4ma7
lier de lui, puisque visiblement elle n'était
'pas de son écriture, et puisqu'il ne m'avait
jamais rien donné ni rien offert..
Une fois' l'instruction judiciaire entamée,
j'ai fait exprimer à M. lé juge d'instruction
Espinas, qui en est chargé, le désir d'être en-
tendu par lui, et il.a reçu hier ma déposition,
;dans laquelle je lui ai confirmé les faits qui
IprôCèdent. M. le juge d'instruction a pu me
présenter un document auquel j'attachais
une certaine importance c'est le chèque
n« 1,644 lui-même.; il est tiré et acquitté par
M. Souligoux et ne porte aucune mention de
ma signature ni de mon nom.
De quelle main et de quelle date est la
mention portée sur le talon de chèque? C'est
ce que j'ignore, et je désire plus que per-
sonne qu'on arrive à le découvrir.
J'ai connu M. Souligoux à l'époque où'je
m'occupais de questions d'assurances. J'af-
firme qu'il ne ma jamais rien donné ni of-
fert en aucune circonstance et notamment à
l'occasion du Panama, et je vous demande
de me permettre de produire immédiatement
cette affirmation.
J'ajoute que j'étais en droit de m'attendre
à ne pas voir planer sur ma tête une pareille
suspicion. J'ai passé une vingtaine d années
dans la vie politique, n'ayant guère que deux
passions: la politique et la science; Je suis
guéri de la première; l'autre me tiendra, je
Te crains bien, jusqu'à ma mort. Ma situation
matérielle ne s'est point améliorée dans cette
période de ma vie; arrivé aujourd'hui aux
confins de là vieillesse, je ne demande qu'au
travail les resssources qui me sont nécessai-
res j'ai peu de besoins, et je ne me plains
pas de cette situation la politique m'a coûté
»her et ne. m'a rien rapporté; je n'ai jamais
iétè de ceux qui vendent leur vote; et ma
seule ambition désormais est de laisser à ma
mort un nom intact à mes deux enfants, aux-
quels j'ai cherché à 'inspirer par l'exemple
1 amour du travail.
Tout le monde reconnaîtra que, pour un
homme politique suspecté d'avidité, ce serait
là un programme d'existence fort étrange.
Je n aurais pas même essayé de protester,
fort de l'estime de tous ceux qui me connais-
sent, si nous ne vivions en un temps où les
suspicions planent dans l'air, grâce à de nou-
veaux procédés de polémique. Tout nom pro-
noncé est plus ou moins compromis, tout ac-
cusé est réputé" coupable. Il est donc assez
naturel qu'un honnête homme, retraité de la
politique après fortune défaite, vivant de son
travail et ne demandant qu'à rester dans
l'obscurité la plus modèste, sorte malgré cela
de sa réserve pour dire au moins à tous ceux
qui lui ont accordé leur estime qu'ils peuvent
et qu'ils doivent la lui conserver.
Cette déclaration, grâce à vous, mon cher
Rédacteur en chef, j'ai pu Ja produire, et je
tiens à vous en remerciera
A. Laisant. ̃̃̃̃
Nouvelles Diverses 1
L'ATTENTAT DU PALAIS-BOURBON
Où sont passées les deux balles que Gil-
bert Lenoir a tirées vendredi soir au Palais-
Bourbon Des recherches minutieuses ont
été faites hier dans la matinée, en présence
de M. le juge d'instruction Bertulus, désigné
pour s'occuper de cette affaire. On n'a rien
trouve.
Vers une heure, M. Bertulus a fait extraire
Lenoir du Dépôt et l'a fait amener à son ca-'
binet. L'interrogatoire, auquel a assisté M,
Lépine, préfet'de police, n'a donné aucun ré-
sultat.
Je ne veras connais pas, à répondu Le-
noir. Vous êtes juges et moi je suis anar-
chiste. Mes doctrines me disent de nier votre
justice bourgeoise. Je ne vous dirai donc
rien. Cherchez 1.
C'est, si l'on s'en souvient, le système
d'Emile Henry, dans les premiers jours de
son arrestation. C'est également celui de Bou-
teilhe qui avait jeté une bombe sous, le por-
che de la banque Rothschild.
Lenoir est-il un anarchiste ou un fou? '1
Peut-être l'un et l'autre, c'est-à-dire un mal-
heureux dont les lectures anarchistes ont dé-
traqué le faible cerveau. Comme beaucoup,
il est possédé du désir de se mettre en lu-
mière, de faire parler de lui. Il avait pour
cela trouvé un singulier moyen. Au mois
d'août dernier, il avait lui-même écrit au pré-
fet de police une lettre anonyme dénonçant
« le nommé Gilbert Lenoir comme un anar-
chiste dangereux qu'il fallait surveiller ». On
le surveilla, en effet. Alors, il écrivit une se-
conde fois, poir se plaindre des tracasseries
de la police. /Si demain, disait-il en termi-
nant, je trouve encore des agents à mes trous-
ses, vous aurez un nouvel attentat a, dé-
plorer, »
Les deux lettres étant de la même écriture,
on vit que c'était Lenoir lui-même qui s'é-
tait -dénoncé; D'autre' part; comme lès rap-
ports des Agents1 le signalaient comme tran-
quille,, assidu à son travail, et ne paraissant
pas dangereux, on ne s'occupa plus de lui.
La mère de Lenoir, qui habite Moulins avec
ses quatre filles, avait été avertie que son fils
avait à Paris des fréquentations déplorables.
Elle lui avait écrit pour le faire revenir.
C'est peut-être là une des causes de l'af-
faire. Avant de partir, Lenoir aura voulu
faire « un coup d'éclat ». Et n'ayant aucun
motif de tuer qui que ce fût, il s'est décidé à
faire feu dans la salle demi vide.
C'est la seule hypothèse admissible, tant
qu'il ne se sera pas décidé à parler.
M-*
l'affaire sotjligodx
M. Soùligoux, assisté de son avocat, M«.Iu-
les Auffray, a remis hier, dans l'après-midi, à
M. Espinas, juge d'instruction, une demande
de mise eh liberté provisoire.
M. Souligoux se base sur les points sui-
vants tous les témoins 'utiles à la manifes-
tation de là vérité ont été entendus toutes
les pièces que vise l'instruction sont entre
les mains du juge; enfin, M. Souligoux a en
ce moment de nombreuses affaires, dans les-
quelles sont engagés les intérêts de, tiers qui
auraient à. subir de graves préjudices si la
détention préventive était trop prolongée.
Cette requête va être examinée et il paraît
probable qu'elle sera favorablement accueil-.
lie.
Certains quartiers de Paris ne répondent
réellement plus aux besoins de l'activité mo-
derne. Ainsi, la rue du Bae sera évidemment
encombrée à l'excès demain, à cause de
l'inauguration, au Petit Saint-Thomas, de
l'Exposition spéciale de jouets et articles
d'étrennes.
Lesoccasions uniques, l'exposition de toutes
les nouveautés de la saison, en quelque spé-
cialité que ce soit, vendues à des prix tou-
jours plus avantageux' que partout ailleurs;
les soldes à tous les comptoirs, les articles
de Paris et jouets de fabrication exclusive-
ment française et surtout la vente de l'ex-
traordinaire Agenda-Foyer vont attirer en-
core plus de monde qu'il n'en vient chaque
année à. l'appel de cette ancienne maison de
confiance. Vraiment, si l'on pouvait reculer
un peu les murs, en raison de cette afuucnce,.
personne ne- s'en plaindrait.
'Un grave accident de chasse .est arrivé
jeudi, dans les bois de Vélizy, près de Cha-
ville.̃-̃
M. Julien Rolland, propriétaire à Bellevue,
chassait le canard le long des étangs, en
compagnie d'un de ses .amis, M. Haranger,
propriétaire de la ferme de Chaville. Vers
deux heures, un marchand de vins du pays,
M..I,anpay, vint offrir à M- Rolland' des
cartouches spéciales pour la chasse au ca-
nard, à bourre grasse et à charge exception-
nelle.
Cette offre ne fut pas acceptée. Les trois
hommes continuaient à marcher ensemble,
Langeay à la gauche de M. Rolland. Celui-ci
fit un faux pas et tomba. Dans cette chute,
le. fusil qu'il portait chargé, àla bretelle, sur
l'épaule droite se rompit au pontet de sous-
garde. La gâchette, pressée contre terre, agit
et le coup partit:
Un cri de douleur retentit. La charge de
plomb venait de frapper'Langeay au côté
droit de la poitrine. Le blessé fut aussitôt
transporté dans une auberge voisine et des
médecins furent appelés. Dès qu'il se sentit
un peu mieux, le blessé demanda de quoi
écrire et rédigea aussitôt une attestation cer-
tifiant que l'accident ne pouvait ôtre le ré-
sultat d'une imprudence de M: Rolland; Ce-
lui-ci et plusieurs membres de sa famille se
sont installés au chevet de M. Langeay qui,
grâce aux soins si touchants dont il est l'ob-
jet chez-lui, sera très probablement d'ici peu
hors de danger.
lit
Un mur s'est écroulé, hier matin, à neuf
heures, dans une maison en construction,
rue Desrenaudes prolongée, aux Ternes. Il
s'est effondré sur les toitures des ateliers de
MM. Soubière et Denoix, fabricants de mar-
chepieds et quincaillerie pour voitures,' rue
Rennequin.
Par un heureux hasard, il n'y a pas eu
d'accident de personnes.
Une enquête a été ouverte pour déterminer
les causes de cet accident.
Heureusement inspirés sontle.s grands cou-
turiers et couturières qui font revivre, cette
année, ces gracieuses modes Louis XV et
Louis XVI, grâce auxquelles nos aïeules ont
établi le renom d'élégance, aujourd'hui im-
périssable, de nos dames françaises. Ces ves-
tes, aux coupes dégagées, ces gilets aux bro-
deries délicates sont toujours rehaussés par
des boutons ou des boucles finement ajourés:
Inutile d'ajouter que c'est Lère-Cathelain, le
joaillier à la mode, 10, boulevard des Capu-
cines, 21, boulevard Montmartre et 97, boule-
vard de Sébastopol, qui a toute la faveur de
nos élégantes pour ces délicieux colifichets.
Il vient encore de composer de nouveaux mo-
dèles de boutons, boucles, agrafes, etc., or-
nés de ses merveilleux brillants, qui obtien-
dront tous les suffrages.
•• .m '̃
agent blessé
̃ Un gardien de la paix du treizième arron-
dissement, l'agant Rémongin, aperçut, avant-
hier, vers minuit, un individu qui essayait
de franchir, rue de Tolbiac, la clôture d'un
jardin appartenant à un nourrisseur. Il le
saisit, mais le malfaiteur se débattant, l'agent
l'accula contre la clôture et appela à son
aide: Deux de ses collègues accoururent et le
rôdeur fut dirigé vers le poste. Mais, en route,
il donna un croc-en-jambe au gardien qui se
tenait a sa gauche et provoqua ainsi sa
chute. Et il se sauva. Rémongin se mit à sa
poursuite et le rejoignit. Une lutte s'engagea
entre les deux hommes; l'agent fut renversé
et roué de coups, Quand ses collègues arri-
vèrent, le malheureux qui, malgré l'état la-
mentable dans lequel il avait été mis, n'avait
pas lâché son agresseur, le remit entre leurs
mains et s'évanouit. On -lé transporta'aussi-
tôt chez lui. Il a reçu de graves blessures à
la tête et la poitrine et il a, en outre, un
doigt de la main droite fracturé.
̃ • n->
Mlle Ladrey, fille de l'excellent photogra-
phe du boulevard des Italiens, a perdu le
8 novembre dernier, en allant au Bois de
Boulogne, une petite montre en or dont le
numéro est 48528, avec la chaîne terminée
par une boule d'or ornée de petites perles et
de. saphirs.
M. Ladrey promet une bonne récompense
à qui lui rapportera l'objet perdu.
M. Mallet, avocat consultant, 17, rue Ca-
det, avait depuis quelque temps comme se-
crétaire un nommé Marius Gentil Beix, âgé
de trente-cinq ans. Cet individu, ses études
1
finies, s'était fait inscrire au barreau de Ton.
louse, sa ville natale mais il fut rayé du ta.
bleau de l'Ordre, il y a trois ans, à la suite
d'une condamnation à six mois de prison
qu'il avait encourue à Paris pour escroquerie
au préjudice d'un maître d'hôtel de la rue du
Four.
M. Mallet ignorait ce détail et bien d'autres
encore, quand il reçut la visite de Beix, un
camarade d'enfance. Emu de la situation mi-
sérable de ce garçon, il l'attacha à son cabi-
net. Il fut mal récompensé de sa compassion.
Beix prit la fuite, il y a six semaines, en
emportant 7,000 francs à son'patron et ami.
Plainte ayant été déposée par M. Mallet,
chez M. Archer, commissaire de police, l'a-
gent de la sûreté Maniez, détaché à ce coin-
missariat, fut chargé de retrouver le voleur.
Il l'a découvert avant-hier soir dans un café
du boulevard et l'a mis en arrestation. ̃ -V~
Beix a été envoyé au Dépôt. ̃"̃
LE FEU
Le feu s'est déclaré, l'avant-derniére nuit,
vers deux heures, dans le marché des Carmes.
La toiture étaitaiéjà en flammes quand les
pompiers, tardivement prévenus par l'aver-
tisseur qui fonctionnait mal, arrivèrent sur
le lieu du sinistre. Mais ils eurent prompte-
ment fait d'enrayer les progrès de 1 incendie
qui fut éteint complètement après une heure,
d'efforts.
Le feu avait pris dans la boutique d'une,
marchande de vieux vêtements située dans la
cour intérieure du marché il avait dû être
communiqué aux étoffes par une chaufferette
oubliée. ,»--̃•-̃̃.̃
Les dégâts sont assez importants,
r Ml
Conseil pratique
Par ce temps d'effondrements financiers, il
fait bon, en prévision des obligations de fin
d'année, savoir où acheter les cadeaux de
bijoux, perles, diamants, orfèvrerie. La fabri-
que modèle, 8, rue Hàlévy, répond à toutes
les conditions de goût artistique et de créa-
tions inédites. C'est toujours Mme Martin que
nous recommandons, parce que Mme Martin
a inauguré le système de vendre à petits
bénéfices et qu'il est bien prouvé que, comme
prix, variété, perfection, nulle comparaison
n'est possible.
Jean de Pârisu
.o:
Mémento. •– Un inconnu assez bien mis,
trente-cinq ans environ, s'est jeté, hier après-
midi, du haut de la colonne de la Bastille. Il
s'est tué sur le coup. Transporté à la Morgue.
Commencement d'incendie, dans les réser-
ves du bazar de l'Hôtel de Ville, 18, rue de la
Verrerie. Eteint rapidement par les pompiers.
J. de P.
AVIS PIVEglS
DENTS et dentiers sans crochets, ressorts et
D pla~ues. H.Adler, seul invent~,46,av.Opéra.
à UJOÛRD'HUI dimanche et jours suivants,
J\. au Garde-Meuble de Neuilly,, 19& avenue
de Neuilly, ventes, importantes. A signa-
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meubles, petits bronzes, bijoux formant
une immense variété d'objets pour ètren-
nës. A signaler aussi plusieurs beaux
salons et meubles de style exposés, à par-
tir d'aujourd'hui. Toutes les marchan-
dises sont vendues à l'amiable et mar-
quées en chiffres connus.
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YOIR l'annonce de la Venta de l'Entrepôt
des Tissus, plus connu particulièrement
sous le nom d'Entrepôt de la rue de la
Douane, 4, rue de la Douane, comprenant,
entre autres objets, mobiliers, bronzes, mar-
bres de Houdon, Drouet, Carrier-Belleuse,
Mathurin Moreau, Clodion, Gustave Doré,
etc., jolis bijoux, vins en pièces et. en cais-
ses, tissus d'ameublement, toiles, etc. •
*y
GAZETTE JÎES TRIBUNAUX
Tribunal civil Histoire de l'Eau de Botot.
̃̃̃' 'Nouvelles judiciaires.
Saviez-vous que la célèbre eau dentW?
fri ce datât de plus d'un siècle ?
C'est en 1755 qu'elle fut inventée par
Botot, médecin du roi Louis XV, et la*
formule en reste encore inconnue.
En 1777, l'Académie .de. médecine con-
sacrait la vogue de l'Eau de Botot par
une approbation solennelle, et la maison;
conserve dans ses archives le privilège!
que lui conféra le roi Louis XVI.
Botot, l'inventeur, céda ses droits à!
François-Marie Botot, son neveu, lequel
eut pour successeur, en 1789, son beau-;
frère Houdouard, avocat au Parlement,'
Houdouard exploita l'eau deBôtot jus-,
qu'à l'an XIII, et d'originales réclames du!
temps nous montrent, en pleine Terreur,
le propriétaire de l'Eau de Botot, vouant
ses contrefacteurs aux foudres de lai
déesse Raison.
La veuve d'Houdouard, héritière de soni
mari, continua la fabrication jusqu'à sa'
mort, arrivée en 1848.
En 1863, sa légataire universelle, Mme
Barbier vendait son privilège au pos-
sesseur actuel de la maison Botot qui,
n'exploitant pa« lui-même, a confié ses.
intérêts à un directeur-gérant, M. Louis
Prestat.
Si le nom n'a point changé, le flacon a
toujours conservé sa forme séculaire.
C'est toujours la même bouteille bouchée
à rémeri, avec l'adage latin «.Çuiiîdas
vide », et l'étiquette classique « Eau
balsamique et spiritueuse. Seule vérita-,
ble Eau de Bqtot. »
Je recueille tous ces intéressants de*-
tails dans la spirituelle plaidoirie que;
Me Pouillet, bâtonnier de l'Ordre des!
avocats, vient; de prononcer devant lai
3° Chambre civile, présidée par M. Weil,!
dans un procès en contrefaçqn que la
maison Botot s'est décidée à intenter
contre deux usurpateurs du nom, deux
parfumeurs, MM. Charrieaux et Olivier,
qui débitaient une eau dite de Botot en
soutenant que la dénomination était
tombée dans le domaine public.
Sur d'énergiques réquisitions de M. 18
substitut Trouard-Riolle, le tribunal a
rappelé, tout au contraire, que les pro-
priétaires de l'Eau de Botot avaient, de-
puis l'origine, conservé le secret de Jeur
invention; que dès le dix-huitième siècle,
Botot, médecin du roi, protestait contre
les contrefacteurs. Il a jugé enfin que
« le directeur de la maison Botot avait au-
jourd'hui la propriété complète, absolue
et exclusive du nom de Botot sous quel*
que forme qu'il soit employé ».
En conséquence, et malgré les plaidoi-
rie de M" Bourdillon et Hugon pour
MM. Olivier et Charrieaux, le Tribunal
les a déclarés coupables d'imitation fraut
duleuse et de mise en vente d'un produi-
revêtu d'un nom usurpé, et les a con-1
damnés solidairement à 1,100 francs de
dommages et intérêts..
Il faut féliciter de ce résultat M. Louis .)
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