Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1893-09-03
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 septembre 1893 03 septembre 1893
Description : 1893/09/03 (Numéro 246). 1893/09/03 (Numéro 246).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k282647r
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO - DIMANCHE-3 SEPTEMBRE 1893
S
La blessure de Frogé est légère, heureuse-
ment. ' T
Voici une seconde histoire qui a com-
mencé plus futilement encore. Baptiste Mo-
ïin, garçon de salle, et Elie Charruel, plon-
geur, travaillant ensemble chez un restaura-
teur, rue du Temple 112, discutaient la ques-
tion du soutirage des vins.
La , discussion prit an caractère tel que
Charruel prit un couteau et en porta à son
antagoniste trois coups : à la joue, à l'épaulé
gauche et au bras. De plus il le mordit au-
DESSUS du sein gauche. Morin ne put lui faire
lâcher prise qu'en le frappant à coups de clef
sur la tête.
Tous deux sont grièvement blessés, car
Charruel, en portant les coups de couteau,
s'est lui-même fait, à la main, Une plaie qui
intéresse une artère.
Oû les a eonduits à l'Hôtel-Dieu.
Conseil pratique
Pour obtenir des radis roses en toutes sai-
sons, il faut faire tremper la graine dans l'eau
pendant trente-quatre heures ; après ce laps
de temps, prendre un petit sac en toile, dans
lequel ces graines toutes mouillées seront mi-
ses.' Après avoir fermé le sac avec une ficelle,
on l'exposera dans un lieu convenable pour,
qu'il reçoive la plus forte chaleur du soleil.
Lorsque lès graines commenceront à germer,
il faudra lès semer dans un lieu bien exposé
au soleil et recouvrir le semis avec une cuve,
que l'on obtient facilement en sciant un ton-
neau en deux,
Jean de Paris»
Mémento. - Hier matin, à quatre heures et
demie, un garçon coiffeur, Ernest D..., âgé de
trente-huit ans, s'est suicidé en se jetant par la
fenêtre de sa chambre, 12, rue Chapon, au qua-
trième étage. Alcoolique invétéré, il ne pouvait
plus travailler»
* Un épouvantable accident s'est produit, hier
matin, dans un atelier, 5, rue Pastourelle. Un
ouvrier qui surveillait l'ébullition d'une cuve de
cyanure de potassium a fait un faux mouve-
ment et est tombé dans le liquide.
Il est atrocement brûlé aux jambes. Sa vie est
en danger.
* En raison de la fête de Saint-Cloud, et pen-
dant sa durée, la Compagnie des Bateaux Pari-
siens mettra à la disposition de MM. les voya-
geurs un aussi grand nombre de bateaux que
possible, pour desservir la banlieue. (Service des
Tuileries a Saint-Cloud et Suresnes, Longchamps
.les jours de courses.) '
3. de P.
. A__
LE GRAND-HOTEL
L'administration des Caves du Grand-
Hôtel de Paris a installé des dépôts de
jses vins et liqueurs dans les villes sui-
vantes :
Marseille MM.Viale et C 18, 13, rue de Pa-
radis.
Lyon...; » Rousset, 4, rue des Archers.
Toulouse .,... » L. Gaurel, 3i, rue Lafayette.
Le Havre » Vassal, 130, rue dé Pari s.
Biarritz » Virié, 16, rue Gambetta.
Bayonne » Latsague,5,rue dès Halles.
Besançon » Baechler , 37, quai Veil-
Picard.
Fontainebleau. » Savourat, 32,rue de France.
Vesoul ....... » Muenier, 41, rue Georges
Genoux.
Pau.... .7.... - » Lamicq, 18, rue Montpen-
sier.
La Rochelle.. . » J. Jarillon,placedu Marché
St-Germain-en-Laye, M. Ravannie, 41, rue du
Pain.
Neuilly-sur-Seine, 127, avenue de Neuilly.
Notre numéro de demain 4 septembre
publiera la liste des dépôts de6 Caves du
Grand-Hôtel à l'étranger.
: ! A 1- _1_
; VARIÉTÉS AMUSANTES
Les â?ts divinatoires
QUELQUES TRADITIONS CONCERNANT LA. LUNE
L'astrologie nous enseigne que notre satel-
lite, véritable ganglion sympathique de la
Terre, règle la croissance de tout ce qui pousse
ici-bas. Si donc vous voulez que vos cheveux
croissent, ne les coupez jamais que pendant
la période croissante de la Lune (N. L.à P. L.)
Si, par contre, vous voulez restreindre la
poussée trop rapide de vos ongles, coupez-les
en Lune décroissante (P.L. à N. L.).
Mais voulez-vous savoir sûrement le sexe de
vos enfants avant leur naissance ? Ecoutez
cette curieuse tradition de la magie des cam-
pagnes :
10 Pour le premier enfant. - La mère se
reportera à la position de la Lune lôrs de sa
propre naissance (ce qu'on verra facilement
sur un almanach de l'époque). Si la Lune s'est
renouvelée dans les neuf jours qui suivent cette
date de naissance, le futur enfant sera une
fille. S'il n'y a pas N. L. dans les neuf jours
en question, ce sera un garçon.
20 Pour les autres enfants. - On consulte
le jour de la naissance du dernier-né. Si la
Lune se renouvelle dans les neuf, jours suivant
cette naissance, il y a changement dans le sexe
de l'enfant qui viendra. En cas contraire, il n'y
aura pas changement de sexe.
Papus. I
BOITE AUX lettres
Paris, le 29 août 1893. '
A Monsieur le Rédacteur en chef du FIGARO.
Monsieur,
Vous avez, bien voulu faire verset* à la caisse
de la mairie une somme de 220 francs repré-
sentant le produit des souscriptions que vous
avez recueillies au bénéfice dés incendiés du
quai de la rapEe.
Au nom de la municipalité, je vous adresse
nos plus vifs remerciements.
Veuillez, agréer, monsieur, l'assurance de
mes sentiments les plus distingués.
Le Maire,
PÉROL.
C'est à nos lecteurs que nous trans-
mettons ces renseignements.
Informations
Colonies et Marine. - Des troubles sérieux
se sont produits, à Pondichéry, à l'occasion
des élections. On annonce que les cipayes,
dont l'intervention a été nécessaire, ont dû
faire usage de leurs armes.
Il y aurait ett un mort et quelques blessés.
Une enquête a été immédiatement ouverte
par M. Delcassé.
M. de Lamothe, gouverneur du Sénégal,
rentrera en France par le premier paquebot
en partance.
Décès. - M. d'Aleyrac, baron Contaud de
Coulange, est décédé samedi, à Fontainebleau,
âgé de soixante-quatorze ans, Ses obsèques
auront lieu lundi, en l'église de Fontainebleau,
à dix heures.
Le baron de Coulange laisse une veuve, née
de Marcellus, et trois enfants : le baron Chris-
tian de Coulange, M. Ludovic de Coulange,
sous-lieutenant au 13e dragons, et la baronne
de Morière. Son frère, le baron d'Aleyrac,
habite dans l'Yonne le château du val-de-
Mersy, prés Coulange-la-Vineuse.
Le défunt laissera le souvenir d'un gentil-
homme affable et instruit, extrêmement bien-
veillant.
Obsèques.- Les, obsèques de Mme Anaïs
Ségalas auront lieu après-demain mardi, à
midi, en l'église de la Madeleine.
Au cimetière Montparnasse, où l'inhuma-
tion se fera dans une sépulture de famille, des
discours seront prononcés par : le représen-
tant de la Société des gens de lettres, un dé-
légué de l'Encouragement au bien et un mem-
bre de la Société protectrice des animaux.
Mgr Meignan, archevêque de Tours, don-
nera l'absoute, ou, en cas d'empêchement, ce
sera M. l'abbé de La Guibourgère, curé de
l'église Saint-Germain-des-Prés, ami particu-
lier delà famille.
Sur le tombeau sera ultérieurement placé
le buste de la morte, par David d'Angers.
L'Anniversaire du Sultan. - Le 18e anniver-
versaire de l'avènement au trône de S. M. le
Sultan Abdul-Hamid a été fêté cette année
aussi par les Ottomans résidant à Paris avec
un grand éclat. Cette fête a été organisée par
M. Nicolaïdès, directeur de l'Orient et de
l'A Veille du Bosphore, avec le concours de
plusieurs de nos confrères parisiens et com-
prenait dîner, bal, concert et souper. Tous les
salons du Café Turc, maison Bonvalet, étaient
mis à la disposition des invités jeudi soir.
Le président d'honneur de la fête était M.
Jules Simon, qui a envoyé un toast écrit pour
le Sultan. La lecture de la lettre de M. Jules
Simon a provoqué une salve d'applaudisse-
ments (elle était vraiment admirable et très
appropriée à la circonstance). D'autres invi-
tés, tels que MM. Pasteur, Lépine, préfet de
police, Zola, Larroumet, Camille Doucet, .de
l'Académie française, Léon Say, le président
de l'alliance française pour la propagation d e
la langue française à l'étranger, et autres se
sont fait excuser par des lettres pleines d'élo-
ges pour le Sultan. Hamid. Les amis de la
paix tenaient surtout à faire ressortir dans
leurs lettres combien la politique pacifique et
prudente du Sultan a contribué à la préserva-
tion de la paix en Europe.
Des toasts ont été portés à M. Carnot par
M. Nicolaïdès, à Mme Carnot par Mme Nico-
laïdès, au Calife de l'Islam par le docteur
Papus, au Khédive par M. Jules Oppert, de
l'Institut, et enfin par le cheickh Àbou Nad-
dara aux dames françaises.
La fête s'est prolongée dans un même en-
train juqu'à sept heures du matin. ..
, -V ,
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Du 2 Septembre
L'explorateur Casimir Maistre blessé
dans une bagarre
CLERMONT-L'HÉRAULT. - Hier soir
avait lieu au théâtre une réunion publique au
cours de laquelle M. P. Leroy-Beaulieu devait
exposer son programme. On savait de bonne
heure que les partisans du docteur Vigné vou-
laient faire de l'obstruction à outrance.
Ils vinrent donc en assez grand nombre au
théâtre et mirent l'orateur dans l'impossibi-
lité matérielle de parler.
Une bagarre épouvantable se produisit. M.
Maistre, père du vaillant explorateur, qui as-
sistait à la réunion avec ses enfants, fut bous-
culé, menacé de coups de canne et mîme
frappé M. Maistre qui, naturellement, chercha
à protéger son père, a reçu quelques contu-
sions, heureusement sans gravité.
WWWWW WASSY. -' Le marquis de Me bon-
net, président de la Société dés courses de
Montierender et Mme de Meyronnet rentraient
hier à villemoutier par la "route de Troyes,
dans une petite charrette anglaise attelée de
deux chevaux.
A la sortie de Montierender, l'es chevaux,
effrayés par un bicyclistè, s'emballèrent. Le
marquis de Meyronnet fut jeté à terre ainsi
que le cocher. La marquise resta seule dans la
voiture et, pour ne pas tomber, eut l'idée de se
coucher en travers. Par malheur la voiture
vint heurter contre un arbre et fut mise en
morceaux.Lamarquise a lajambe brisée, son
état est fort grave. Le marquis de Meyronnet
n'a que de très fortes contusions.
COURMAYEUR. - Voici un épouvan-
table accident, dont un alpiniste,- M. Poggi,
âgé de 38 ans, fils d'une riche famille mila-
naise, a été victime.
M. Poggi avait atteint, en compagnie de
deux guides, la cime de l'Aiguille-Noire du
Peutteret, près du Mont-Blanc, quand, après
une descente de deux heures, il eût à traver-
ser une coulée.
C'est alors, qu'à dix mètres de lui des ro-
chers se détachèrent ; un d'entre eux le frappa
derrière l'oreille. La mort fut instantanée.
Dans l'impossibilité de transporter le cada-
vre, les guides, dont l'un avait été blessé au
bras par un éclat de rocher, l'attachèrent à
un roc afin d'éviter que le vent ne le précipi-
tât dans des abîmes impraticables.
A la nouvelle de la catastrophe, M. Gonello,
président du Club Alpin (section de Turin),
choisit douze guides et partit la nuit même
pour le lieu du désastre.
On eut le plus grand mal à descendre le ca-
davre, qu'on transporta d'abord au chalet du
Peutteret.
Là on le plaça sur une charrette qu'on cou-
vrit de fleurs de la montagne et on le con-
duisit à Courmayeur, où on le déposa dans la
chapelle.
L'enterrement a produit un effet extraordi-
naire. Le convoi funèbre était composé des
guides alpins et de nombreux amis.
Un très beau sermon a été prononcé en
français et le corps a été descendu dans un
caveau.
Rien ne peut donner une idée de l'impres-
sion produite par cette cérémonie sur les al-
pinistes.
Une Centenaire '
? LE HAVRE. - Le maire du Havre
préside aujourd'hui une fête populaire qui a
été organisée en l'honneur d'une centenaire,
Mme veuve Sénécal, née le 4 septembre 1793,
dans la commune suburbaine de Sauvie.
Mme Sénécal s'était mariée, en 1818, à In-
gouville. Son mari, dont elle eut un garçon et
sept filles, est mort en 1853. Trois de ses
filles vivent encore ; elles sont âgées de
soixante-quatre, soixante-huit et soixante-
quinze ans. Elles seront de la fêle.
Mme Sénécal est encore très vive. Elle y
voit assez pour enfiler une aiguille. Elle fait
elle-même sa cuisine et no souffre pas qu'on
lui fasse son lit.
Un bal champêtre doit clôturer la fêle po-
pulaire et c'est Mme Sénécal qui dansera la
première valse !
Attentats Anarchistes sur «les Navires
ivuwww SYDNEY. - Plusieurs attentats anar-
chistes sont signalés par des capitaines de
navires. La nouvelle de ces attentats a
produit la plus vive indignation parmi les
marins anglais.
Il y a quelque temps, un attentat avait été
commis à bord du steamer Wendouree, à
Melbourne, qu'on avait essayé de couler. Peu
de jours après, deux nouvelles tentatives
criminelles étaient faites à bord de deux stea-
mers anglais actuellement à Sydney, le stea-
mer Burrumbeet et le steamer Sydney.
Au milieu de la nuit, un chauffeur du Syd-
ney qui était alors au mouillage trouva une
cartouche do dynamite dans une soute. Elle
était déjà allumée. Le chauffeur plongea la
mèche et l'engin dans un baquet d'eau ; une
explosion se produisit, mais ne causa aucun
dégât sérieux. Le lendemain, une autre car-
touche de dynamite, également munie de sa;
mèche, était découverte dans la chambre des
machines du Burrumbeet ; elle était allumée,
on l'éteignit en plongeant la mèche dans
l'eau.
Un troisième attentat est signalée par le
capitaine du steamer Barcoo. Ce navire ve-
nait de quitter le port de Sydney pour se
rendre à Brisbane lorsqu'on s'aperçut que
des avaries avaient été intentionnellement
faites au gouvernail qui refusa de fonction-
ner ainsi que les enregistreurs d'ordre.
?--~ PHILADELPHIE. - D'après les avis
reçus par le gouverneur de la Caroline du
Sud, plus de six cents personnes auraient
péri dans le cyclone qui a sévi sur la côte
de la Caroline du Sud et sur les villes avoisi-
nantes.
Trois cent quatre-vingt-dix cadavres ont
été retrouvés ; toutes les récoltes sont rui-
nées; la dévastation est complète dans une
vingtaine de villes.
Les pertes sont estimées à deux millions
de dollars.
Les sinistrés sont dans la plus grande
misère.
Faits Divers des Départements
QUIMPER. - Un terrible drame maritime vient
de se passer dans le raz de Sein. Un bateau de
Cléden, capitaine Sizun, l'Etoile du Nord, reve-
nait avant-hier, vers dix heures du matin, de
faire ia pèche des homards aux environs de la
Roche Tëvenec. Il était monté par quatre hom-
mes : Clet Kerloch,patron ; son frère âgé dé dix-
neuf ans ; Kerloch, âgé de vingt-cinq ans, et un
matelot nommé Berriet, vingt-cinq ans. Tout à
coup, le bateau, entraîné par la marée du raz,
sombre sous une masse d'eau.
Les naufragés font un radeau avec le mât et
les deux rames. Us S'y cramponnent ; mais, au
bout d'une heure et demie de lutte contre les
lames, Berriet succombe ; le plus vieux des Ker-
loch meurt ensuite, suivi de près par le plus
jeune. Doué d'une énergie indomptable, Clet
Kerloch attache avec des cordes les corps au
radeau, que la mer pousse vers l'a côte.
Enfin, après six heures d'horribles angoisses,
Clet est recueilli, près de la pointe de Brezellec,
par un pêcheur. Un seul corps, celui du jeune
Kerloch, est resté attaché au.radeau; les deux
autres ont disparu.
LE HAVRE. - Le Figaro a annoncé dernière-
ment qu'une jeune femme s'était jetée à la mer,
dimanche soir, pondant la traversée de Honfleur
au Havre sur le steamer. François Ier. Une dé-
pêche de Courseuilles informe que le cadavre
d'une femme .paraissant âgée de trente à trente-
cinq ans a été retrouvé hier sur la plage de la
Graye. La défunte portait un jupon bleu marine,
un corsage de satin noir. Sa chemise portait les
initiales brodées E. R. Elle était chaussée de
bottines en chevreau. Il est probable que ce ca-
davre est celui de la suicidée. On va s'efforcer
d'établir l'identité.
Argus.
LA BOURSE
Marché ferme. Les livraisons d'Italien at-
tendues, qui auraient dû être la conséquence
de reports soi-disant dénoncés, ne se sont pas
produites, Sur l'ensemble des valeurs, les re-
ports traités à la Bourse sont restés à un
taux très modéré ; on a coté quelques déports.
Le 4 1/2 0/0 Français surtout a eu une te-
nue excellente et d'une ampleur inaccoutu-
mée ; il tend visiblement à reprendre ses cours
d'il y a un mois. On juge évidemment que la
conversion prochaine de ce fonds d'Etat se
fera dans des conditions satisfaisantes pour
les porteurs.
Les places de Londres et de Yienne sont
également bien disposées. La Bourse de
Berlin était fermée hier.
***
La Rente française: 3 0/0 s'est avancée de
99 30 à 99 25, après 99 35 au plus haut et
99 17 au plus bas ; les retardataires ont payé
15 et 12 centimes de report. Pour fin courant,
les primes se sont échangées de 99 47 à 99 60
dont 50, de 99 67 à 99 77 dont 25. Le 4 1/2 0/0
qui déjà avait gagné avant-hier 25 centimes
en liquidation à 104 40 et avait fini à 104 57
au 30, a progressé encore hier de 22 centimes
à 104 80, après 104 95; on a échangé des primes
pour fin courant à 105 10 dont 50, de 105 à
105 35 dont 25. En coulisse, on a coté 104 60 et
104 95, avec primes fin courant de 105 à 105 30
dont 25.
'L'Italien a présenté une allure beaucoup
plus calme quo la veille; il a varié entre 84 et
83 65 pour rester à 83 70, en réaction de
5 centimes; au 15, il fait 83 80; reports à 10
et 6 centimes ; le change est à 110 95. L'Exté-
rieure s'est relevé de 62 05 à 62 47 ; au 15,
elle finit à 62 62; reports, 1 centime et le
pair ; change à Barcelone, perte 211/2 0/0;
la situation intérieure est calme, disent les
dépêches. L'Orient passe de 67 80 à 67 90, et
fait 68 au 15. Les fonds Russes or conservent
leurs cours précédents, à 5 centimes prés : le
3 0/0 termine à 80 50 en liquidation et s'ins-
crit à 80 60 au 15. Le Turc progresse de
15 centimes à 22 60; on escompte le coupon
du 13. Le Hongrois, seul des principaux
fonds d'Etats, a fini lourdement : de 94 il est
revenu à 93 3/8 et a même touché 93; reports
en coulisse, soit pour un mois, 1/4 et 3/16.
Nos Sociétës de Crédit ne présentent, pour
la plupart, que des variations de cours peu
importantes. Une première exception : la
Banque de France a nivelé ses cours à terme
avec ceux du comptant ; on liquidation elle
est revenue de 4,100 à 4,050 ; au comptant
elle fait 4,055 ; reports 20 et 10 fr. Deuxième
exception : la Banque d'Escompte a perdu
12 fr. 50 à 65 ; au 15, elle reste à 63 75 ; au
comptant, elle recule de 80 à 70; déports,
1 fr. 50 et 1 fr. 60. Le Crédit Foncier fait 960
en liquidation et 962 50 au 30 ; report moyen
2 fr. 50. Le Crédit Lyonnais est à 775 en li-
quidation, à 777 50 au 15 ; 20 centimes de dé-
port et 25 centimes de report. La Banque de
Paris termine à 630 en liquidation et s'inscrit
à 628 75 au 15 ; report moyen, 87 centimes 1/2.
La Banque Ottomane se maintient à 580 en
coulisse ; reports pour un mois, 80 centimes
et 1 fr. Sur les Immeubles de France on cote
3 fr. de déport ; cours soutenus, 498 au comp-
tant, 498 75 en liquidation. La Banque Inter-
nationale fait 411 25.
Nos Chemins sont très fermes. Sur le Lyon
on cote 1 fr. de déport et le pair ; sur le Aord,
2 fr. 50 de déport et le pair ; sur l'Orléans, le
pair. Les Chemins étrangers sont calmes,
avec des variations de cours de 1 fr. 25. Les
obligations 5e hypothèque du Nord d'Espagne
se traitent à 224 et 224 50 ; les Sud de l'Es-
pagne à 146.
Le Sues est soutenu à 2,700 ; la recette du
1er a été de 170,000 fr., contre 210,000 fr. en
1892. Kèbao est demandé de 625 à.630.Le Rio
fait 322 50 ; la De Beers, 385.
# #
Pendant le mois d'août 1893 (du 18 au 2-2
inclus), il a été employé en achats de rentes,
pour le compte de la Caisse des offrandes na-
tionales ot de la Caisse d'assurances en cas
d'accidents, une somme de 318,413 fr. 50.
#*#
Crédit Lyonnais.-Bilan au 31 juillet 1893 :
ACTIF
Espèces en caisse et dans
les banques ....Fr. 68.539.019 76
. Portefeuille (Effets de com-
mercé) 554.886.275 98
,JEtep.orts 95.115,770 95
Comptes courants. ...... i.. 262.282.033 24
' Avances'et crédits sur nantis-
sements. . ........... 74.652.053 05
» Actions, Bons, Obligations,
Rentes. ,..w. 19.242.330 25
Immeubles 30.000.000 »
Comptés d'ordre et divers.',. . 17.253.159 12
' Versements non appelés 100.-000.000 »
Total 1 221.970.702 35
PASSIF _______
Dépôts et Bons à vue Fr. 317.303.088 30
Comptes courants 370.304.188 64
Acceptations . 129.7S1.581 91
Bons à échéance. 127.616.807 33
Comptes d'ordre et divers.... 36.962 036 17
Réserves.. .......... 40.000.000 »
Capital 200 000.000 » -
Total 1.221.970.702 35
La Financière,
24, rue Drouot.
A : 1
PETITE GAZETTE
Tout ce que femme veut, Dieu le veut aussitôt,
A preuve : le succès des parfums du Congo.
Détachez avec la Benzine Collas [bande verte)
SPORT
LES COURSES DE BADE
Baden-Baden, 1« septembre.
On a beau faire, il semble impossible, mal-
gré tous les coups de tam-tam que l'on fait
battre, de redonner de la vie aux courses
de Bade. Je parle, bien entendu, au point
de vue international, car si on n'avait pas
la prétention de faire revivre le Bade d'au-
trefois, la réunion sportive dans la belle
plaine d'Iffezheim serait une des meilleures
en Allemagne. Mais les Allemands ne l'enten-
dent nullement ainsi et ils tiennent beaucoup
à avoir des chevaux français - et surtout de
propriétaires français - croyant qu'avec le
temps on verra refleurir les beaux jours d'au-
trefois, lorsque la belle vallée de l'Oos voyait
arriver par centaines, dès le commencement
du mois d'août, la fine fleur de la société pa-
risienne et de ce qu'il y avait de plus distin-
gué dans l'art et dans les lettres. Ce qui -serait
advenu, malgré la guerre de 1870 et ses tris-
tes souvenirs, si les jeux n'avaient pas été
supprimés en 1872. Je n'oserai pas conjectu-
rer, mais la fermeture de la maison de jeu a
scellé le sort de Bade au point de vue inter-
national.
A part de rares Anglais en vacances qui
s'arrêtent pour quelques jours, soit à l'aller,
soit au retour du voyage circulaire qu'ils sont
en train de faire sous l'égide de la maison
Cook, et deux ou trois familles russes qui y
ont pris domicile, on ne voit plus à Bade que
des Allemands venus des villes plus ou moins
voisines, qui mangent beaucoup et dépensent
peu, passant la plus grande partie de la jour-
née a lire et à dormir, mais ne faisant rien
pour jeter un peu d'animation dans cette sta-
tion thermale autrefois si gaie et si vivante.
Il en est ainsi depuis juin jusqu'au milieu
du mois d'août, et il paraît què, malgré la
grande affluence d'Allemands chassés des
villes telles que Carlsruhe, Stuttgart et Franc-
fort par la chaleur écrasante, la saison de
Bade a été plus terne que jamais cette année.
Depuis quinze jours, il y a eu ce semblant
de vie que les courses, quelque minime que
soit leur intérêt, ne manquent jamais de prê-
ter à la plus petite de nos villes de province.
D'abord, la plupart des grands propriétai-
res d'écuries allemands sont venus assister à
la lutte de leurs chevaux, et on a eu le plaisir
aussi de voir arriver deux ou trois sportsmen
italiens, qui sont venus, comme avant-cour-
riers du prince de Naples à Metz, sceller la
triple alliance sur le champ de courses d'If-
fezheim. Il y avait même quelques Autri-
chiens, quoique dans ces dernières années le
comte Tassilo Festetics, le prince Nicolas
Esterhazy et deux ou trois autres se soient te-
nus éloignés de Bade, laissant le clan alle-
mand venu de Berlin s'entredoser sur le
champ de courses et dans la salle de baccara
au Cercle International. On peut dire, en effet,
que c'est plutôt pour le baccara que pour les
courses que la majorité des sportsmen alle-
mands vient à Bade et il faut avoir été là
pour croire à l'âpreté de leur lutte pour la
forte somme. Elle a cependant cela de bon, la
cagnotte du Cercle International : elle fournit
des ressources pour créer de gros prix aux
courses, et ce n est point aux Français d'en
médire, attendu qu'une année ne se passe
guère sans qu'un de cas gros lots ne soit
remporté par une de nos écurie».
11 y a deux ans, c'était le baron de Schic-
kler qui gagnait le Grand-Prix de deux ani
avec Fra Angelico, et le prix du Jubilé arec
Le Capricorne, tandis que le comte de Juigné
se faisait décerner, l'année dernière, le prix
du Jubilé avec un cheval qui avait de la peine
à gagner des prix dé second ordre chez lui.
Pour le cas-de M. de Schickler, sa victoire
était d'autant plus exaspérante pour les Alle-
mands, qu'il est, lui, d'origine prussienne;
mais, ayant choisi là nationalité française, il
est encore plus détesté à Berlin, et on était
si bien renseigné sur tout ce qui se faisait en
France que, lorsque leurs troupes ont pris
possession de Chantilly, les uhlans les ont
conduits directementà son établissement d'en-
traînement qui a eu plus à souffrir de l'occu-
pation prussienne que n'importe quel autre.
Une fois seulement depuis la guerre, le ba-
ron de Schickler s'est laissé emmener à Bade,
l'année précisément où ses chevaux ont ga-
gné les deux grandes courses ; mais on lui a
fait tellement grise mine qu'il n'a pas eu en-
vie de revenir. C'est bien le diable si de temps
à autre le prince Auguste d'Arenberg, qui a
bien voulu accepter les fonctions de commis-
saire pour la France, les prend assez au sé-
rieux pour se rendre à Bade, quoique l'écurie
dans laquelle il est associé avec le comte de
Juigné soit une de celles qui ont eu le plus de
succès sur l'hippodrome badois.
Cependant, je ne veux pas avoir l'air de
trop charger la réunion de Bade, et je m'em-
pressé d'ajouter que nous avons eu cette an-
née un propriétaire de chevaux français, nou-
velle recrue pour le turf, dans la personne de
M.' Veil-Picard, qui a fait un début des plus
heureux, attendu que, grâce au mérite de son
poulain de deux ans Melchior, il a emporté
le grand prix de l'Avenir, au grand désespoir
des Allemands, qui se croyaient absolument
sûrs de la victoire. On avait tellement pris à
coeur les triomphes répétés des couleurs fran-
çaises dans les grandes épreuves des années
précédentes, qu'il n'était question de rien
moins que de les fermer à tous les concur-
rents étrangers, et il vaudrait mieux qu'il en
fût ainsi que d'entendre des gémissements
teutoniques chaque fois que les beaux prix
sont enlevés par une de nos écuries.
Le succès de Melchior fut suivi par celui
d'un autre cheval français dans le grand han-
dicap de la ville, et il est difficile de dire ce
qui serait arrivé si le Prix du Jubilé avait été
aussi gagné par MM. d'Arenberg et de Jui-
gné, qui l'ont déjà emporté trois fois dans ces
deux dernières années. On s'y attendait bien,
cependant, car leur cheval Diavolo, un pou-
lain de trois ans qui n'avait rien fait de sail-
lant en France, est parti grand favori, tant
est inférieure la qualité des chevaux alle-
mands. Mais Diavolo s'est mal comporté, et
un autre cheval français, Romarin, que le
vicomte d'Harcourt a envoyé à Bade on ne
sait pas trop pourquoi, n'a jamais pu suivre
le train. Il en est résulté que les trois concur-
rents allemands se sont trouvés en tête à l'ar-
rivée, et il fallait voir le visage épanoui du
bon prince Herrmann de Saxe-Weimar, pré-
sident du Comité, lorsqu'il a présenté le bel
objet d'art à l'heureux gagnant, en ajoutant
quelques mots bien sentis.
Il faut dire que la victoire de Nickel était
d'autant plus populaire parmi les Allemands
qiie le cheval était déjà arrivé second derrière
Perdican l'année dernière et que son jeune
propriétaire, M. de Furstenberg, est très aimé
parmi les'siens.
Je ne vous parle pas des autres épreuves
qui ont eu lieu mardi et encore aujourd'hui,
d'abord parce qu'il n'y avait pas de concur-
rents français et ensuite parce que, même au
point de vue allemand, elles manquaient to-
talement d'intérêt, et il est à craindre que la
réunion n'arrive après-demain (dimanche) à
une fin assez terne, tant le terrain est dur et
mal entre ténu.
.On nous avait bien fait « espérer » l'arrivée
du prince de Galles, dont le nom est imprimé
en: gros caractères sur tous les programmes
ayee le titre ronflant de « protecteur » des
courses de Bade, mais le prince n'a jamais
voulu mettre les pieds ici depuis dix ans, et
il â eu encore moins l'intention de venir cette
année, qu'il a dû interrompre sa cure à Hom-
bourg pour aller assister aux funérailles de
son oncle,le duc de Saxe-Cobourg-Gotha.On ne
voit pas non plus la grosse figure réjouie de
M. Henri Chaplin, l'ancien ministre de l'agri-
culture en Angleterre, qui a accepté il y a dix
ans les fonctions de commissaire, pour faire
plaisir au prince de Galles, et en fait d'An-
glais, je n'ai remarqué cette année que des
entraîneurs et les jockeys, flanqués de trois
ou quatre bookmakers plus ou moins dou-
teux.
Enfin, cela a été d'un triste dont il est diffi-
cile de donner une idée suffisante, et il serait
cruel de faire une comparaison entre la se-
maine si brillante de Deauville ou de Dieppe
et' la « série à la noire » par laquelle nous
venons de passer.
Heureusement il a fait beau, et si les
courses ont été très ternes et la vie d'autrefois
éteinte, rien ne peut enlever à Bade la beauté
de ses sites et le charme pénétrant des pro-
menades que l'on peut varier à l'infini.
Eques.
CAS! (VUmiEHPAMT " WdpHcII» jour fa TOILETTE
CHU II ilUUulUANl HOUBIGANT.IS, Faab, Soint-Hcmorâ
AN7IB3YRlftSE? duDocteurICISTOESS
» B HB ? H NÉVRALGIES. MIGRAINES
PminRP flPHfr IA Talisman de Beauté
ruuunc UIIILLIHHOUBIQANT.JS.l'uub.aiint-ncnmj.
Feuilleton du Figaro du 3 Sept. 1893
' ' " 17
SOEUR ANGELE
PREMIÈRE PARTIE
£ ROME EN 1869
XVI
*- Suite -
L'abbé, très ému des événements
qu'allait produire inévitablement le dé-
part des troupes françaises, dont la pré-
sence maintenait seule l'autorité de
Pie IX, était dans son cabinet, en train
de dépouiller les journaux italiens et la
nombreuse correspondance qu'il entre-
tenait avec la plupart des hauts person-
nages de l'Eglise en Italie, au moment où
le docteur Davilain entra dans la cham-
bre de Renato.
- Ainsi, vous partez? - lui dit Re-
nato, en lui serrant affectueusement la
main. C'est un ami que je perds !
- Heureusement que vous n'avez plus
besoin du médecin, -répliqua Davilain;
et croyez que l'homme pensera souvent
à vous. Du reste, nous nous reverrons
peut-être, un jour ou l'autre, et j'espère
que vous m'écrirez quelquefois; mais
après la guerre finie, car, en temps de
bataille, jin chirurgien militaire n'a le
loisir ni "d'écrire, ni même de lire... et
avec nos armes modernes, l'ouvrage,
hélas 1 ne me manquera pas, je vous en
réponds.
- Oui, peut-être nous reverrons-nous !
Et plus tôt que vous ne croyez t
- Comment cela ?
1 - A condition que la guerre dure
quelques mois, par exemple, fit l'artiste
Tous droits résertfés.
d'un accent singulier. Une affaire...
grave, urgente... me retient encore à
Rome... mais cette affaire terminée...
Vous m'avez appris à aimer la France,
que j'admirais déjà, comme artiste... et,
si l'on se bat toujours, mon intention
est de m'engager dans la légion étran-
gère, au service de la grande nation,
comme vous l'appelez.
- Est-ce que vous renoncez à la pein-
ture?
- Je ne sais... pour le moment, oui...
je n'ai plus de goût à rien.
- On dirait une résolution de déses-
péré, répondit le docteur Davilain, qui
se doutait bien que son malade avait
reçu deux blessures, dont la chirurgie
n'avait guéri qu'une seule, - la moins
grave et la moins douloureuse.
- De désespéré, non,... de découragé
et de dégoûté, je le répète, oui.
-Baste ! La vie vous reprendra, quand
vous consentirez à la reprendre. Mais il
faut que je vous quitte. Nous partons
dans deux heures. Déjà une partie des
troupes a filé, hier soir, sans tambour
ni trompette, et j'ai encore vingt visites
d'adieu à faire, notamment chez les Do-
nati, où je dois présenter mes homma-
ges à une charmante jeune femme, que
j'ai accouchée,il y a peu,et qui nepourra
rejoindre son mari, ou du moins s'em-
barquer pour la France, que dans quel-
ques semaines, nécessaires à son entier
rétablissement...
Le docteur s'arrêta brusquement pour
demander:
- Qu'avez-vous donc, mon jeune
ami ?
Renato s'était soulevé sur son fauteuil,
et une lividité avait envahi son visage,
en même temps que ses traits se décom-
posaient sous le contre-coup de quelque
commotion intérieure, dont la violence
évidente effraya presque son interlocu-
teur.
- Donati ! répéta le peintre d'une voix
sourde. e
- Sans doute, est-ce que vous la con-
naissez?
- Quelle est donc cette jeune femme,
nouvellement accouchée, que vous allez I
voir chez... les Donati?
- La baronne du Haussey, la femme
d'un officier, qui est mon meilleur ami,
malgré les différences d'âge et de gra-
des, car il est beaucoup plus jeune que
moi !
- Et c'est?..'
- Leur fille, parbleu l
-La Giulietta! s'écria Renato,en une
sorte de hurlement qui s'éteignit dans
un éclat de rire nerveux, d'où le chirur-
gien conclut :
- Allons ! j'ai commis quelque im-
pair !
Au même moment, la porte qui sépa-
rait le cabinet de travail de l'abbé de la
chambre occupée par Renato s'ouvrit,
et l'abbé parut sur le seuil, regardant
son protégé.
Une expression d'angoisse se lisait
[ dans ses yeux, qui se reportaient sur le
médecin, comme pour lui dire :
- Qu'avez-vous fait?
Le nom de Giulietta, jeté avec éclat
par l'artiste, était venu frapper les
oreilles de l'excellent homme, en éveil-
lant toutes ses craintes, et il accourait,
mais trop tard, pour empêcher l'indis-
crétion involontaire commise.
A la vue de l'abbé, en constatant la
stupeur du chirurgien, Renato se calma
subitement, ou plutôt au premier éclat
de violence et de haine douloureuse qui
lui avait échappé, succéda une ironie
froide, que son sauveur redoutait davan-
tage.
- Vous arrivez bien, monsieur l'abbé,
ricana le jeune homme. Et vous me
voyez enchanté de la nouvelle que j'ap-
prends, et qui, d'ailleurs, n'est une j
nouvelle que pour moi... Il y a si long- !
temps que je vis loin du monde... loin !
de la vie, pour ainsi dire... que j'ignore
les événements auxquels je porte le
plus d'intérêt. Mlle Donati, Giulietta
Donati, s'est mariée, et elle est mère!
J'ai beaucoup connu cette jeune per-
sonne... et son sort me touche... infini-
ment.., Baronne! Rien que cela! Voilà
qui est vraiment merveilleux et conforme
à ses désirs!
Il s'arrêta et se retourna vers le chi-
rurgien :
- Et depuis quand, - fit-il, mon
cher docteur?
- Mais... depuis une dizaine, de mois.
- C'est bien cela! reprit Renato,les lè-
vres blanchies,mais souriant. - Environ
quinze jours ou trois semaines après...
mon accident. Et M. le baron du Haussey
est déjà père - l'heureux homme !- Un
garçon, une fille?
- Une fille! répondit Davilain, fort
embarrassé de l'effet produit par cette
révélation.
-Allons, poursuivit Renato,en tendant
au chirurgien deux mains glacées et
moites, je ne Yeux pas vous retenir plus
longtemps. Merci, merci de vos bons
soins. Je ne vous dis pas adieu, mais au
revoir, car il est probable qu'avant peu,
plus tôt même que je ne l'espérais, nous
nous retrouverons en France.
L'abbé accompagna le docteur, qui lui
dit, lorsqu'ils furent seuls :
- J'ai commis quelque sottise, n'est-
ce pas?
- Cela devait arriver tôt ou tard, ré-
pliqua lentement le prêtre, et vous n'avez
pas à vous accuser. Je prévois de grands
malheurs... Dieu m'inspirera. Veillez,
là-bas, sur le baron du Haussey!
XVII
l'abbé Galli agit
Le même jour, à la tombée de la nuit,
l'abbé Galli se présentait chez les Donati,
et faisait demander à la baronne du
Haussay un entretien particulier.
On l'introduisit presque aussitôt dans
la pièce occupée par Giulietta, et qui
était son ancienne chambre de jeune
fille, avant son mariage avec Gontran.
Au moment de quitter Rome, re-
doutant les événements qui allaient se
produire et que tout le monde prévoyait,
- c'est-à-dire quelque soulèvement con-
tre le pouvoir temporel du Pape, - du
Haussey avait conseillé, avec insistance,
à- sa femme de se retirer tout d'abord
chez ses parents.
Ces parents, on le sait, il ne les esti-
mait guère, et une plus longue fréquen-
tation et plus intime avec eux, n'avait
pu qu'augmenter la sévérité de son ju-
gement sur leur compte.
Néanmoins, comme il ne pouvait em-
mener ainsi précipitamment sa femme
et surtout son enfant, et qu'il faudrait
nécessairement, d'après l'avis même du
médecin, quelques semaines avant que
la baronne et la petite Léa pussent sup-
porter le long voyage de France, le ba-
ron avait jugé plus prudent de les con-
fier aux soins de Mme Donati, près de
qui elles seraient à coup sûr plus en sé-
curité, au cas d'une réaction violente
contre l'occupation française.
La Giulietta n'avait point changé, de- I
puis que nous avons dû la quitter pour
nous installer au chevet de Renato.
C'était toujours la même beauté écla-
tante, les mêmes yeux au regard un peu
inquiétant.
Peut-être même était-elle plus sédui-
sante encore, par la sorte d'alanguisse-
ment d'un reste de fatigue qui estompait
l'ensemble et qui ajoutait une grâce mor-
bide et adoucie,dont l'absence était le seul
défaut de cette admirable créature.
Au moment où l'abbé entra dans la
pièce, faiblement éclairée par une petite
lampe recouverte d'un immense abat-
jour, la jeune femme était étendue sur
une chaise longue, près d'une fenêtre
entre-bâillée,qui laissait filtrer, à travers
les persiennes closes, un léger souffle
d'air rafraîchissant, car la chaleur avait
été excessive pendant toute la journée.
A l'autre extrémité de la pièce, dans
la pénombre, éclatait la blancheur d'un
berceau, où dormait, sans doute, l'en-
fant, veillée par la nourrice, forte fille
de la campagne romaine.
-Ah! monsieur l'abbé,- dit Giulietta
en se soulevant sur un coude pour ten-
dre la main au prêtre, qui s'inclina et
parut ne pas voir le geste,-comme il y
a longtemps que vous n'étiez venu I Je
me demandais si vous n'étiez plus notre
ami ; mais voici les mauvais jours et
vous arrivez... Je ne vous en veux plus.
- Madame la baronne, - répliqua le
visiteur, en désignant du geste et du
regard la jeune contadine assise près
du berceau, - j'aurais à causer avec
vous, sans témoin.
Giulietta, frappée du ton et de l'aspect
grave de son interlocuteur, l'enveloppa
d'un rapide regard interrogateur, puis, i
se tournant vers la nourrice :
- Virginie, lui dit-elle, la petite dort.
Laisse-nous. Je te rappellerai, si elle se
réveille.
- Nous voici seuls, monsieur l'abbé,
ajouta Giulietta, et je vous écoute.
L'abbé, silencieux, prit une chaise,
l'approcha de façon à n'être pas obligé
d'élever la voix, et s'assit.
- Etes-vous bien sûre, demanda-t-il,
que personne ne peut nous entendre ? .
- Personne ! C'est donc bien grave,
ce que vous avez à me dire ?
- Vous en jugerez, dit-il froidement.
Je fais appel à tout votre sang-froid,
à toute votre énergie, et je sais que ni
l'un ni l'autre ne vous font défaut, quand
cela est nécessaire.
Le visage du prêtre était devenu si
sévère, et même si dur, que la jeune
femme se sentit envahie dun frisson
léger.
- Eh bien, je vous écoute, fit-elle, en
se renfonçant d'instinct dans l'ombre
protectrice projetée par le vaste abat-
jour.
- Madame la baronne, commença
l'abbé, Renato n'est pas mort.
Après dix mois écoulés, cette nouvelle
était celle à laquelle Giulietta pouvait le>
moins s'attendre.
Aussi, la commotion fut-elle profonde
et terrible, si profonde et si terrible que,
sentant qu'elle ne saurait dominer le
tremblement de sa voix qui serait un
aveu, elle se tut, pour prendre le temps
de rassembler ses idées et de réunir ses
forces pour la lutte, dont le prologue
commençait.
Cependant, elle était de ces femmes
que rien ne surprend tout à fait. Elles
trouvent instantanément une riposte
aux attaques les plus imprévues, et sont
toujours prêtes à nier, à mentir, à se dé-
fendre jusqu'à la dernière extrémité.
D'ailleurs, en même temps qu'elle re-
cevait le coup, un espoir traversait son
cerveau.
Puisque c'était l'abbé qui venait et non
pas Renato lui-même, puisqu'il y avait,
dès lors, un intermédiaire entre elle et
sa victime, on pourrait s'entendre peut-
être, et elle avait le loisir de se mettre
sur ses gardes.
- Renato n'est pas mort, répéta le
prêtre, et c'est un miracle de la Provi-
dence qu'il ait pu échapper à la blessure
qui devait le tuer et qui l'aurait tué, en
effet, si l'on n'était pas venu à son se-
cours.
Giulietta avait repris son empire sur
elle-même.
Que savait au juste cet homme qui lui
annonçait cette nouvelle foudroyante?
Nier ne pouvait nuire.
C'était, faute de mieux, plus prudent
et plus habile.
- Monsieur l'abbé, dit-elle d'une voix
assez calme, sans montrer son visage,
dont elle devinait trop la pâleur, - qui
est ce Renato ? Je ne comprends pas ce
que vous voulez dire.
Et, comme l'abbé ne put retenir un
haut-le-corps d'indignation ou de protes-
tation, elle se hâta d'ajouter :
- A moins qu'il ne s'agisse d'un jeune
peintre que j'ai, en effet, rencontré quel-
quefois, chez X..., son maître, mais U
y a déjà longtemps de cela.il lui est donc
survenu quelque malheur ?
A MATTHEY.
(La suite 4 demain.}
S
La blessure de Frogé est légère, heureuse-
ment. ' T
Voici une seconde histoire qui a com-
mencé plus futilement encore. Baptiste Mo-
ïin, garçon de salle, et Elie Charruel, plon-
geur, travaillant ensemble chez un restaura-
teur, rue du Temple 112, discutaient la ques-
tion du soutirage des vins.
La , discussion prit an caractère tel que
Charruel prit un couteau et en porta à son
antagoniste trois coups : à la joue, à l'épaulé
gauche et au bras. De plus il le mordit au-
DESSUS du sein gauche. Morin ne put lui faire
lâcher prise qu'en le frappant à coups de clef
sur la tête.
Tous deux sont grièvement blessés, car
Charruel, en portant les coups de couteau,
s'est lui-même fait, à la main, Une plaie qui
intéresse une artère.
Oû les a eonduits à l'Hôtel-Dieu.
Conseil pratique
Pour obtenir des radis roses en toutes sai-
sons, il faut faire tremper la graine dans l'eau
pendant trente-quatre heures ; après ce laps
de temps, prendre un petit sac en toile, dans
lequel ces graines toutes mouillées seront mi-
ses.' Après avoir fermé le sac avec une ficelle,
on l'exposera dans un lieu convenable pour,
qu'il reçoive la plus forte chaleur du soleil.
Lorsque lès graines commenceront à germer,
il faudra lès semer dans un lieu bien exposé
au soleil et recouvrir le semis avec une cuve,
que l'on obtient facilement en sciant un ton-
neau en deux,
Jean de Paris»
Mémento. - Hier matin, à quatre heures et
demie, un garçon coiffeur, Ernest D..., âgé de
trente-huit ans, s'est suicidé en se jetant par la
fenêtre de sa chambre, 12, rue Chapon, au qua-
trième étage. Alcoolique invétéré, il ne pouvait
plus travailler»
* Un épouvantable accident s'est produit, hier
matin, dans un atelier, 5, rue Pastourelle. Un
ouvrier qui surveillait l'ébullition d'une cuve de
cyanure de potassium a fait un faux mouve-
ment et est tombé dans le liquide.
Il est atrocement brûlé aux jambes. Sa vie est
en danger.
* En raison de la fête de Saint-Cloud, et pen-
dant sa durée, la Compagnie des Bateaux Pari-
siens mettra à la disposition de MM. les voya-
geurs un aussi grand nombre de bateaux que
possible, pour desservir la banlieue. (Service des
Tuileries a Saint-Cloud et Suresnes, Longchamps
.les jours de courses.) '
3. de P.
. A__
LE GRAND-HOTEL
L'administration des Caves du Grand-
Hôtel de Paris a installé des dépôts de
jses vins et liqueurs dans les villes sui-
vantes :
Marseille MM.Viale et C 18, 13, rue de Pa-
radis.
Lyon...; » Rousset, 4, rue des Archers.
Toulouse .,... » L. Gaurel, 3i, rue Lafayette.
Le Havre » Vassal, 130, rue dé Pari s.
Biarritz » Virié, 16, rue Gambetta.
Bayonne » Latsague,5,rue dès Halles.
Besançon » Baechler , 37, quai Veil-
Picard.
Fontainebleau. » Savourat, 32,rue de France.
Vesoul ....... » Muenier, 41, rue Georges
Genoux.
Pau.... .7.... - » Lamicq, 18, rue Montpen-
sier.
La Rochelle.. . » J. Jarillon,placedu Marché
St-Germain-en-Laye, M. Ravannie, 41, rue du
Pain.
Neuilly-sur-Seine, 127, avenue de Neuilly.
Notre numéro de demain 4 septembre
publiera la liste des dépôts de6 Caves du
Grand-Hôtel à l'étranger.
: ! A 1- _1_
; VARIÉTÉS AMUSANTES
Les â?ts divinatoires
QUELQUES TRADITIONS CONCERNANT LA. LUNE
L'astrologie nous enseigne que notre satel-
lite, véritable ganglion sympathique de la
Terre, règle la croissance de tout ce qui pousse
ici-bas. Si donc vous voulez que vos cheveux
croissent, ne les coupez jamais que pendant
la période croissante de la Lune (N. L.à P. L.)
Si, par contre, vous voulez restreindre la
poussée trop rapide de vos ongles, coupez-les
en Lune décroissante (P.L. à N. L.).
Mais voulez-vous savoir sûrement le sexe de
vos enfants avant leur naissance ? Ecoutez
cette curieuse tradition de la magie des cam-
pagnes :
10 Pour le premier enfant. - La mère se
reportera à la position de la Lune lôrs de sa
propre naissance (ce qu'on verra facilement
sur un almanach de l'époque). Si la Lune s'est
renouvelée dans les neuf jours qui suivent cette
date de naissance, le futur enfant sera une
fille. S'il n'y a pas N. L. dans les neuf jours
en question, ce sera un garçon.
20 Pour les autres enfants. - On consulte
le jour de la naissance du dernier-né. Si la
Lune se renouvelle dans les neuf, jours suivant
cette naissance, il y a changement dans le sexe
de l'enfant qui viendra. En cas contraire, il n'y
aura pas changement de sexe.
Papus. I
BOITE AUX lettres
Paris, le 29 août 1893. '
A Monsieur le Rédacteur en chef du FIGARO.
Monsieur,
Vous avez, bien voulu faire verset* à la caisse
de la mairie une somme de 220 francs repré-
sentant le produit des souscriptions que vous
avez recueillies au bénéfice dés incendiés du
quai de la rapEe.
Au nom de la municipalité, je vous adresse
nos plus vifs remerciements.
Veuillez, agréer, monsieur, l'assurance de
mes sentiments les plus distingués.
Le Maire,
PÉROL.
C'est à nos lecteurs que nous trans-
mettons ces renseignements.
Informations
Colonies et Marine. - Des troubles sérieux
se sont produits, à Pondichéry, à l'occasion
des élections. On annonce que les cipayes,
dont l'intervention a été nécessaire, ont dû
faire usage de leurs armes.
Il y aurait ett un mort et quelques blessés.
Une enquête a été immédiatement ouverte
par M. Delcassé.
M. de Lamothe, gouverneur du Sénégal,
rentrera en France par le premier paquebot
en partance.
Décès. - M. d'Aleyrac, baron Contaud de
Coulange, est décédé samedi, à Fontainebleau,
âgé de soixante-quatorze ans, Ses obsèques
auront lieu lundi, en l'église de Fontainebleau,
à dix heures.
Le baron de Coulange laisse une veuve, née
de Marcellus, et trois enfants : le baron Chris-
tian de Coulange, M. Ludovic de Coulange,
sous-lieutenant au 13e dragons, et la baronne
de Morière. Son frère, le baron d'Aleyrac,
habite dans l'Yonne le château du val-de-
Mersy, prés Coulange-la-Vineuse.
Le défunt laissera le souvenir d'un gentil-
homme affable et instruit, extrêmement bien-
veillant.
Obsèques.- Les, obsèques de Mme Anaïs
Ségalas auront lieu après-demain mardi, à
midi, en l'église de la Madeleine.
Au cimetière Montparnasse, où l'inhuma-
tion se fera dans une sépulture de famille, des
discours seront prononcés par : le représen-
tant de la Société des gens de lettres, un dé-
légué de l'Encouragement au bien et un mem-
bre de la Société protectrice des animaux.
Mgr Meignan, archevêque de Tours, don-
nera l'absoute, ou, en cas d'empêchement, ce
sera M. l'abbé de La Guibourgère, curé de
l'église Saint-Germain-des-Prés, ami particu-
lier delà famille.
Sur le tombeau sera ultérieurement placé
le buste de la morte, par David d'Angers.
L'Anniversaire du Sultan. - Le 18e anniver-
versaire de l'avènement au trône de S. M. le
Sultan Abdul-Hamid a été fêté cette année
aussi par les Ottomans résidant à Paris avec
un grand éclat. Cette fête a été organisée par
M. Nicolaïdès, directeur de l'Orient et de
l'A Veille du Bosphore, avec le concours de
plusieurs de nos confrères parisiens et com-
prenait dîner, bal, concert et souper. Tous les
salons du Café Turc, maison Bonvalet, étaient
mis à la disposition des invités jeudi soir.
Le président d'honneur de la fête était M.
Jules Simon, qui a envoyé un toast écrit pour
le Sultan. La lecture de la lettre de M. Jules
Simon a provoqué une salve d'applaudisse-
ments (elle était vraiment admirable et très
appropriée à la circonstance). D'autres invi-
tés, tels que MM. Pasteur, Lépine, préfet de
police, Zola, Larroumet, Camille Doucet, .de
l'Académie française, Léon Say, le président
de l'alliance française pour la propagation d e
la langue française à l'étranger, et autres se
sont fait excuser par des lettres pleines d'élo-
ges pour le Sultan. Hamid. Les amis de la
paix tenaient surtout à faire ressortir dans
leurs lettres combien la politique pacifique et
prudente du Sultan a contribué à la préserva-
tion de la paix en Europe.
Des toasts ont été portés à M. Carnot par
M. Nicolaïdès, à Mme Carnot par Mme Nico-
laïdès, au Calife de l'Islam par le docteur
Papus, au Khédive par M. Jules Oppert, de
l'Institut, et enfin par le cheickh Àbou Nad-
dara aux dames françaises.
La fête s'est prolongée dans un même en-
train juqu'à sept heures du matin. ..
, -V ,
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Du 2 Septembre
L'explorateur Casimir Maistre blessé
dans une bagarre
CLERMONT-L'HÉRAULT. - Hier soir
avait lieu au théâtre une réunion publique au
cours de laquelle M. P. Leroy-Beaulieu devait
exposer son programme. On savait de bonne
heure que les partisans du docteur Vigné vou-
laient faire de l'obstruction à outrance.
Ils vinrent donc en assez grand nombre au
théâtre et mirent l'orateur dans l'impossibi-
lité matérielle de parler.
Une bagarre épouvantable se produisit. M.
Maistre, père du vaillant explorateur, qui as-
sistait à la réunion avec ses enfants, fut bous-
culé, menacé de coups de canne et mîme
frappé M. Maistre qui, naturellement, chercha
à protéger son père, a reçu quelques contu-
sions, heureusement sans gravité.
WWWWW WASSY. -' Le marquis de Me bon-
net, président de la Société dés courses de
Montierender et Mme de Meyronnet rentraient
hier à villemoutier par la "route de Troyes,
dans une petite charrette anglaise attelée de
deux chevaux.
A la sortie de Montierender, l'es chevaux,
effrayés par un bicyclistè, s'emballèrent. Le
marquis de Meyronnet fut jeté à terre ainsi
que le cocher. La marquise resta seule dans la
voiture et, pour ne pas tomber, eut l'idée de se
coucher en travers. Par malheur la voiture
vint heurter contre un arbre et fut mise en
morceaux.Lamarquise a lajambe brisée, son
état est fort grave. Le marquis de Meyronnet
n'a que de très fortes contusions.
COURMAYEUR. - Voici un épouvan-
table accident, dont un alpiniste,- M. Poggi,
âgé de 38 ans, fils d'une riche famille mila-
naise, a été victime.
M. Poggi avait atteint, en compagnie de
deux guides, la cime de l'Aiguille-Noire du
Peutteret, près du Mont-Blanc, quand, après
une descente de deux heures, il eût à traver-
ser une coulée.
C'est alors, qu'à dix mètres de lui des ro-
chers se détachèrent ; un d'entre eux le frappa
derrière l'oreille. La mort fut instantanée.
Dans l'impossibilité de transporter le cada-
vre, les guides, dont l'un avait été blessé au
bras par un éclat de rocher, l'attachèrent à
un roc afin d'éviter que le vent ne le précipi-
tât dans des abîmes impraticables.
A la nouvelle de la catastrophe, M. Gonello,
président du Club Alpin (section de Turin),
choisit douze guides et partit la nuit même
pour le lieu du désastre.
On eut le plus grand mal à descendre le ca-
davre, qu'on transporta d'abord au chalet du
Peutteret.
Là on le plaça sur une charrette qu'on cou-
vrit de fleurs de la montagne et on le con-
duisit à Courmayeur, où on le déposa dans la
chapelle.
L'enterrement a produit un effet extraordi-
naire. Le convoi funèbre était composé des
guides alpins et de nombreux amis.
Un très beau sermon a été prononcé en
français et le corps a été descendu dans un
caveau.
Rien ne peut donner une idée de l'impres-
sion produite par cette cérémonie sur les al-
pinistes.
Une Centenaire '
? LE HAVRE. - Le maire du Havre
préside aujourd'hui une fête populaire qui a
été organisée en l'honneur d'une centenaire,
Mme veuve Sénécal, née le 4 septembre 1793,
dans la commune suburbaine de Sauvie.
Mme Sénécal s'était mariée, en 1818, à In-
gouville. Son mari, dont elle eut un garçon et
sept filles, est mort en 1853. Trois de ses
filles vivent encore ; elles sont âgées de
soixante-quatre, soixante-huit et soixante-
quinze ans. Elles seront de la fêle.
Mme Sénécal est encore très vive. Elle y
voit assez pour enfiler une aiguille. Elle fait
elle-même sa cuisine et no souffre pas qu'on
lui fasse son lit.
Un bal champêtre doit clôturer la fêle po-
pulaire et c'est Mme Sénécal qui dansera la
première valse !
Attentats Anarchistes sur «les Navires
ivuwww SYDNEY. - Plusieurs attentats anar-
chistes sont signalés par des capitaines de
navires. La nouvelle de ces attentats a
produit la plus vive indignation parmi les
marins anglais.
Il y a quelque temps, un attentat avait été
commis à bord du steamer Wendouree, à
Melbourne, qu'on avait essayé de couler. Peu
de jours après, deux nouvelles tentatives
criminelles étaient faites à bord de deux stea-
mers anglais actuellement à Sydney, le stea-
mer Burrumbeet et le steamer Sydney.
Au milieu de la nuit, un chauffeur du Syd-
ney qui était alors au mouillage trouva une
cartouche do dynamite dans une soute. Elle
était déjà allumée. Le chauffeur plongea la
mèche et l'engin dans un baquet d'eau ; une
explosion se produisit, mais ne causa aucun
dégât sérieux. Le lendemain, une autre car-
touche de dynamite, également munie de sa;
mèche, était découverte dans la chambre des
machines du Burrumbeet ; elle était allumée,
on l'éteignit en plongeant la mèche dans
l'eau.
Un troisième attentat est signalée par le
capitaine du steamer Barcoo. Ce navire ve-
nait de quitter le port de Sydney pour se
rendre à Brisbane lorsqu'on s'aperçut que
des avaries avaient été intentionnellement
faites au gouvernail qui refusa de fonction-
ner ainsi que les enregistreurs d'ordre.
?--~ PHILADELPHIE. - D'après les avis
reçus par le gouverneur de la Caroline du
Sud, plus de six cents personnes auraient
péri dans le cyclone qui a sévi sur la côte
de la Caroline du Sud et sur les villes avoisi-
nantes.
Trois cent quatre-vingt-dix cadavres ont
été retrouvés ; toutes les récoltes sont rui-
nées; la dévastation est complète dans une
vingtaine de villes.
Les pertes sont estimées à deux millions
de dollars.
Les sinistrés sont dans la plus grande
misère.
Faits Divers des Départements
QUIMPER. - Un terrible drame maritime vient
de se passer dans le raz de Sein. Un bateau de
Cléden, capitaine Sizun, l'Etoile du Nord, reve-
nait avant-hier, vers dix heures du matin, de
faire ia pèche des homards aux environs de la
Roche Tëvenec. Il était monté par quatre hom-
mes : Clet Kerloch,patron ; son frère âgé dé dix-
neuf ans ; Kerloch, âgé de vingt-cinq ans, et un
matelot nommé Berriet, vingt-cinq ans. Tout à
coup, le bateau, entraîné par la marée du raz,
sombre sous une masse d'eau.
Les naufragés font un radeau avec le mât et
les deux rames. Us S'y cramponnent ; mais, au
bout d'une heure et demie de lutte contre les
lames, Berriet succombe ; le plus vieux des Ker-
loch meurt ensuite, suivi de près par le plus
jeune. Doué d'une énergie indomptable, Clet
Kerloch attache avec des cordes les corps au
radeau, que la mer pousse vers l'a côte.
Enfin, après six heures d'horribles angoisses,
Clet est recueilli, près de la pointe de Brezellec,
par un pêcheur. Un seul corps, celui du jeune
Kerloch, est resté attaché au.radeau; les deux
autres ont disparu.
LE HAVRE. - Le Figaro a annoncé dernière-
ment qu'une jeune femme s'était jetée à la mer,
dimanche soir, pondant la traversée de Honfleur
au Havre sur le steamer. François Ier. Une dé-
pêche de Courseuilles informe que le cadavre
d'une femme .paraissant âgée de trente à trente-
cinq ans a été retrouvé hier sur la plage de la
Graye. La défunte portait un jupon bleu marine,
un corsage de satin noir. Sa chemise portait les
initiales brodées E. R. Elle était chaussée de
bottines en chevreau. Il est probable que ce ca-
davre est celui de la suicidée. On va s'efforcer
d'établir l'identité.
Argus.
LA BOURSE
Marché ferme. Les livraisons d'Italien at-
tendues, qui auraient dû être la conséquence
de reports soi-disant dénoncés, ne se sont pas
produites, Sur l'ensemble des valeurs, les re-
ports traités à la Bourse sont restés à un
taux très modéré ; on a coté quelques déports.
Le 4 1/2 0/0 Français surtout a eu une te-
nue excellente et d'une ampleur inaccoutu-
mée ; il tend visiblement à reprendre ses cours
d'il y a un mois. On juge évidemment que la
conversion prochaine de ce fonds d'Etat se
fera dans des conditions satisfaisantes pour
les porteurs.
Les places de Londres et de Yienne sont
également bien disposées. La Bourse de
Berlin était fermée hier.
***
La Rente française: 3 0/0 s'est avancée de
99 30 à 99 25, après 99 35 au plus haut et
99 17 au plus bas ; les retardataires ont payé
15 et 12 centimes de report. Pour fin courant,
les primes se sont échangées de 99 47 à 99 60
dont 50, de 99 67 à 99 77 dont 25. Le 4 1/2 0/0
qui déjà avait gagné avant-hier 25 centimes
en liquidation à 104 40 et avait fini à 104 57
au 30, a progressé encore hier de 22 centimes
à 104 80, après 104 95; on a échangé des primes
pour fin courant à 105 10 dont 50, de 105 à
105 35 dont 25. En coulisse, on a coté 104 60 et
104 95, avec primes fin courant de 105 à 105 30
dont 25.
'L'Italien a présenté une allure beaucoup
plus calme quo la veille; il a varié entre 84 et
83 65 pour rester à 83 70, en réaction de
5 centimes; au 15, il fait 83 80; reports à 10
et 6 centimes ; le change est à 110 95. L'Exté-
rieure s'est relevé de 62 05 à 62 47 ; au 15,
elle finit à 62 62; reports, 1 centime et le
pair ; change à Barcelone, perte 211/2 0/0;
la situation intérieure est calme, disent les
dépêches. L'Orient passe de 67 80 à 67 90, et
fait 68 au 15. Les fonds Russes or conservent
leurs cours précédents, à 5 centimes prés : le
3 0/0 termine à 80 50 en liquidation et s'ins-
crit à 80 60 au 15. Le Turc progresse de
15 centimes à 22 60; on escompte le coupon
du 13. Le Hongrois, seul des principaux
fonds d'Etats, a fini lourdement : de 94 il est
revenu à 93 3/8 et a même touché 93; reports
en coulisse, soit pour un mois, 1/4 et 3/16.
Nos Sociétës de Crédit ne présentent, pour
la plupart, que des variations de cours peu
importantes. Une première exception : la
Banque de France a nivelé ses cours à terme
avec ceux du comptant ; on liquidation elle
est revenue de 4,100 à 4,050 ; au comptant
elle fait 4,055 ; reports 20 et 10 fr. Deuxième
exception : la Banque d'Escompte a perdu
12 fr. 50 à 65 ; au 15, elle reste à 63 75 ; au
comptant, elle recule de 80 à 70; déports,
1 fr. 50 et 1 fr. 60. Le Crédit Foncier fait 960
en liquidation et 962 50 au 30 ; report moyen
2 fr. 50. Le Crédit Lyonnais est à 775 en li-
quidation, à 777 50 au 15 ; 20 centimes de dé-
port et 25 centimes de report. La Banque de
Paris termine à 630 en liquidation et s'inscrit
à 628 75 au 15 ; report moyen, 87 centimes 1/2.
La Banque Ottomane se maintient à 580 en
coulisse ; reports pour un mois, 80 centimes
et 1 fr. Sur les Immeubles de France on cote
3 fr. de déport ; cours soutenus, 498 au comp-
tant, 498 75 en liquidation. La Banque Inter-
nationale fait 411 25.
Nos Chemins sont très fermes. Sur le Lyon
on cote 1 fr. de déport et le pair ; sur le Aord,
2 fr. 50 de déport et le pair ; sur l'Orléans, le
pair. Les Chemins étrangers sont calmes,
avec des variations de cours de 1 fr. 25. Les
obligations 5e hypothèque du Nord d'Espagne
se traitent à 224 et 224 50 ; les Sud de l'Es-
pagne à 146.
Le Sues est soutenu à 2,700 ; la recette du
1er a été de 170,000 fr., contre 210,000 fr. en
1892. Kèbao est demandé de 625 à.630.Le Rio
fait 322 50 ; la De Beers, 385.
# #
Pendant le mois d'août 1893 (du 18 au 2-2
inclus), il a été employé en achats de rentes,
pour le compte de la Caisse des offrandes na-
tionales ot de la Caisse d'assurances en cas
d'accidents, une somme de 318,413 fr. 50.
#*#
Crédit Lyonnais.-Bilan au 31 juillet 1893 :
ACTIF
Espèces en caisse et dans
les banques ....Fr. 68.539.019 76
. Portefeuille (Effets de com-
mercé) 554.886.275 98
,JEtep.orts 95.115,770 95
Comptes courants. ...... i.. 262.282.033 24
' Avances'et crédits sur nantis-
sements. . ........... 74.652.053 05
» Actions, Bons, Obligations,
Rentes. ,..w. 19.242.330 25
Immeubles 30.000.000 »
Comptés d'ordre et divers.',. . 17.253.159 12
' Versements non appelés 100.-000.000 »
Total 1 221.970.702 35
PASSIF _______
Dépôts et Bons à vue Fr. 317.303.088 30
Comptes courants 370.304.188 64
Acceptations . 129.7S1.581 91
Bons à échéance. 127.616.807 33
Comptes d'ordre et divers.... 36.962 036 17
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Tout ce que femme veut, Dieu le veut aussitôt,
A preuve : le succès des parfums du Congo.
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SPORT
LES COURSES DE BADE
Baden-Baden, 1« septembre.
On a beau faire, il semble impossible, mal-
gré tous les coups de tam-tam que l'on fait
battre, de redonner de la vie aux courses
de Bade. Je parle, bien entendu, au point
de vue international, car si on n'avait pas
la prétention de faire revivre le Bade d'au-
trefois, la réunion sportive dans la belle
plaine d'Iffezheim serait une des meilleures
en Allemagne. Mais les Allemands ne l'enten-
dent nullement ainsi et ils tiennent beaucoup
à avoir des chevaux français - et surtout de
propriétaires français - croyant qu'avec le
temps on verra refleurir les beaux jours d'au-
trefois, lorsque la belle vallée de l'Oos voyait
arriver par centaines, dès le commencement
du mois d'août, la fine fleur de la société pa-
risienne et de ce qu'il y avait de plus distin-
gué dans l'art et dans les lettres. Ce qui -serait
advenu, malgré la guerre de 1870 et ses tris-
tes souvenirs, si les jeux n'avaient pas été
supprimés en 1872. Je n'oserai pas conjectu-
rer, mais la fermeture de la maison de jeu a
scellé le sort de Bade au point de vue inter-
national.
A part de rares Anglais en vacances qui
s'arrêtent pour quelques jours, soit à l'aller,
soit au retour du voyage circulaire qu'ils sont
en train de faire sous l'égide de la maison
Cook, et deux ou trois familles russes qui y
ont pris domicile, on ne voit plus à Bade que
des Allemands venus des villes plus ou moins
voisines, qui mangent beaucoup et dépensent
peu, passant la plus grande partie de la jour-
née a lire et à dormir, mais ne faisant rien
pour jeter un peu d'animation dans cette sta-
tion thermale autrefois si gaie et si vivante.
Il en est ainsi depuis juin jusqu'au milieu
du mois d'août, et il paraît què, malgré la
grande affluence d'Allemands chassés des
villes telles que Carlsruhe, Stuttgart et Franc-
fort par la chaleur écrasante, la saison de
Bade a été plus terne que jamais cette année.
Depuis quinze jours, il y a eu ce semblant
de vie que les courses, quelque minime que
soit leur intérêt, ne manquent jamais de prê-
ter à la plus petite de nos villes de province.
D'abord, la plupart des grands propriétai-
res d'écuries allemands sont venus assister à
la lutte de leurs chevaux, et on a eu le plaisir
aussi de voir arriver deux ou trois sportsmen
italiens, qui sont venus, comme avant-cour-
riers du prince de Naples à Metz, sceller la
triple alliance sur le champ de courses d'If-
fezheim. Il y avait même quelques Autri-
chiens, quoique dans ces dernières années le
comte Tassilo Festetics, le prince Nicolas
Esterhazy et deux ou trois autres se soient te-
nus éloignés de Bade, laissant le clan alle-
mand venu de Berlin s'entredoser sur le
champ de courses et dans la salle de baccara
au Cercle International. On peut dire, en effet,
que c'est plutôt pour le baccara que pour les
courses que la majorité des sportsmen alle-
mands vient à Bade et il faut avoir été là
pour croire à l'âpreté de leur lutte pour la
forte somme. Elle a cependant cela de bon, la
cagnotte du Cercle International : elle fournit
des ressources pour créer de gros prix aux
courses, et ce n est point aux Français d'en
médire, attendu qu'une année ne se passe
guère sans qu'un de cas gros lots ne soit
remporté par une de nos écurie».
11 y a deux ans, c'était le baron de Schic-
kler qui gagnait le Grand-Prix de deux ani
avec Fra Angelico, et le prix du Jubilé arec
Le Capricorne, tandis que le comte de Juigné
se faisait décerner, l'année dernière, le prix
du Jubilé avec un cheval qui avait de la peine
à gagner des prix dé second ordre chez lui.
Pour le cas-de M. de Schickler, sa victoire
était d'autant plus exaspérante pour les Alle-
mands, qu'il est, lui, d'origine prussienne;
mais, ayant choisi là nationalité française, il
est encore plus détesté à Berlin, et on était
si bien renseigné sur tout ce qui se faisait en
France que, lorsque leurs troupes ont pris
possession de Chantilly, les uhlans les ont
conduits directementà son établissement d'en-
traînement qui a eu plus à souffrir de l'occu-
pation prussienne que n'importe quel autre.
Une fois seulement depuis la guerre, le ba-
ron de Schickler s'est laissé emmener à Bade,
l'année précisément où ses chevaux ont ga-
gné les deux grandes courses ; mais on lui a
fait tellement grise mine qu'il n'a pas eu en-
vie de revenir. C'est bien le diable si de temps
à autre le prince Auguste d'Arenberg, qui a
bien voulu accepter les fonctions de commis-
saire pour la France, les prend assez au sé-
rieux pour se rendre à Bade, quoique l'écurie
dans laquelle il est associé avec le comte de
Juigné soit une de celles qui ont eu le plus de
succès sur l'hippodrome badois.
Cependant, je ne veux pas avoir l'air de
trop charger la réunion de Bade, et je m'em-
pressé d'ajouter que nous avons eu cette an-
née un propriétaire de chevaux français, nou-
velle recrue pour le turf, dans la personne de
M.' Veil-Picard, qui a fait un début des plus
heureux, attendu que, grâce au mérite de son
poulain de deux ans Melchior, il a emporté
le grand prix de l'Avenir, au grand désespoir
des Allemands, qui se croyaient absolument
sûrs de la victoire. On avait tellement pris à
coeur les triomphes répétés des couleurs fran-
çaises dans les grandes épreuves des années
précédentes, qu'il n'était question de rien
moins que de les fermer à tous les concur-
rents étrangers, et il vaudrait mieux qu'il en
fût ainsi que d'entendre des gémissements
teutoniques chaque fois que les beaux prix
sont enlevés par une de nos écuries.
Le succès de Melchior fut suivi par celui
d'un autre cheval français dans le grand han-
dicap de la ville, et il est difficile de dire ce
qui serait arrivé si le Prix du Jubilé avait été
aussi gagné par MM. d'Arenberg et de Jui-
gné, qui l'ont déjà emporté trois fois dans ces
deux dernières années. On s'y attendait bien,
cependant, car leur cheval Diavolo, un pou-
lain de trois ans qui n'avait rien fait de sail-
lant en France, est parti grand favori, tant
est inférieure la qualité des chevaux alle-
mands. Mais Diavolo s'est mal comporté, et
un autre cheval français, Romarin, que le
vicomte d'Harcourt a envoyé à Bade on ne
sait pas trop pourquoi, n'a jamais pu suivre
le train. Il en est résulté que les trois concur-
rents allemands se sont trouvés en tête à l'ar-
rivée, et il fallait voir le visage épanoui du
bon prince Herrmann de Saxe-Weimar, pré-
sident du Comité, lorsqu'il a présenté le bel
objet d'art à l'heureux gagnant, en ajoutant
quelques mots bien sentis.
Il faut dire que la victoire de Nickel était
d'autant plus populaire parmi les Allemands
qiie le cheval était déjà arrivé second derrière
Perdican l'année dernière et que son jeune
propriétaire, M. de Furstenberg, est très aimé
parmi les'siens.
Je ne vous parle pas des autres épreuves
qui ont eu lieu mardi et encore aujourd'hui,
d'abord parce qu'il n'y avait pas de concur-
rents français et ensuite parce que, même au
point de vue allemand, elles manquaient to-
talement d'intérêt, et il est à craindre que la
réunion n'arrive après-demain (dimanche) à
une fin assez terne, tant le terrain est dur et
mal entre ténu.
.On nous avait bien fait « espérer » l'arrivée
du prince de Galles, dont le nom est imprimé
en: gros caractères sur tous les programmes
ayee le titre ronflant de « protecteur » des
courses de Bade, mais le prince n'a jamais
voulu mettre les pieds ici depuis dix ans, et
il â eu encore moins l'intention de venir cette
année, qu'il a dû interrompre sa cure à Hom-
bourg pour aller assister aux funérailles de
son oncle,le duc de Saxe-Cobourg-Gotha.On ne
voit pas non plus la grosse figure réjouie de
M. Henri Chaplin, l'ancien ministre de l'agri-
culture en Angleterre, qui a accepté il y a dix
ans les fonctions de commissaire, pour faire
plaisir au prince de Galles, et en fait d'An-
glais, je n'ai remarqué cette année que des
entraîneurs et les jockeys, flanqués de trois
ou quatre bookmakers plus ou moins dou-
teux.
Enfin, cela a été d'un triste dont il est diffi-
cile de donner une idée suffisante, et il serait
cruel de faire une comparaison entre la se-
maine si brillante de Deauville ou de Dieppe
et' la « série à la noire » par laquelle nous
venons de passer.
Heureusement il a fait beau, et si les
courses ont été très ternes et la vie d'autrefois
éteinte, rien ne peut enlever à Bade la beauté
de ses sites et le charme pénétrant des pro-
menades que l'on peut varier à l'infini.
Eques.
CAS! (VUmiEHPAMT " WdpHcII» jour fa TOILETTE
CHU II ilUUulUANl HOUBIGANT.IS, Faab, Soint-Hcmorâ
AN7IB3YRlftSE? duDocteurICISTOESS
» B HB ? H NÉVRALGIES. MIGRAINES
PminRP flPHfr IA Talisman de Beauté
ruuunc UIIILLIHHOUBIQANT.JS.l'uub.aiint-ncnmj.
Feuilleton du Figaro du 3 Sept. 1893
' ' " 17
SOEUR ANGELE
PREMIÈRE PARTIE
£ ROME EN 1869
XVI
*- Suite -
L'abbé, très ému des événements
qu'allait produire inévitablement le dé-
part des troupes françaises, dont la pré-
sence maintenait seule l'autorité de
Pie IX, était dans son cabinet, en train
de dépouiller les journaux italiens et la
nombreuse correspondance qu'il entre-
tenait avec la plupart des hauts person-
nages de l'Eglise en Italie, au moment où
le docteur Davilain entra dans la cham-
bre de Renato.
- Ainsi, vous partez? - lui dit Re-
nato, en lui serrant affectueusement la
main. C'est un ami que je perds !
- Heureusement que vous n'avez plus
besoin du médecin, -répliqua Davilain;
et croyez que l'homme pensera souvent
à vous. Du reste, nous nous reverrons
peut-être, un jour ou l'autre, et j'espère
que vous m'écrirez quelquefois; mais
après la guerre finie, car, en temps de
bataille, jin chirurgien militaire n'a le
loisir ni "d'écrire, ni même de lire... et
avec nos armes modernes, l'ouvrage,
hélas 1 ne me manquera pas, je vous en
réponds.
- Oui, peut-être nous reverrons-nous !
Et plus tôt que vous ne croyez t
- Comment cela ?
1 - A condition que la guerre dure
quelques mois, par exemple, fit l'artiste
Tous droits résertfés.
d'un accent singulier. Une affaire...
grave, urgente... me retient encore à
Rome... mais cette affaire terminée...
Vous m'avez appris à aimer la France,
que j'admirais déjà, comme artiste... et,
si l'on se bat toujours, mon intention
est de m'engager dans la légion étran-
gère, au service de la grande nation,
comme vous l'appelez.
- Est-ce que vous renoncez à la pein-
ture?
- Je ne sais... pour le moment, oui...
je n'ai plus de goût à rien.
- On dirait une résolution de déses-
péré, répondit le docteur Davilain, qui
se doutait bien que son malade avait
reçu deux blessures, dont la chirurgie
n'avait guéri qu'une seule, - la moins
grave et la moins douloureuse.
- De désespéré, non,... de découragé
et de dégoûté, je le répète, oui.
-Baste ! La vie vous reprendra, quand
vous consentirez à la reprendre. Mais il
faut que je vous quitte. Nous partons
dans deux heures. Déjà une partie des
troupes a filé, hier soir, sans tambour
ni trompette, et j'ai encore vingt visites
d'adieu à faire, notamment chez les Do-
nati, où je dois présenter mes homma-
ges à une charmante jeune femme, que
j'ai accouchée,il y a peu,et qui nepourra
rejoindre son mari, ou du moins s'em-
barquer pour la France, que dans quel-
ques semaines, nécessaires à son entier
rétablissement...
Le docteur s'arrêta brusquement pour
demander:
- Qu'avez-vous donc, mon jeune
ami ?
Renato s'était soulevé sur son fauteuil,
et une lividité avait envahi son visage,
en même temps que ses traits se décom-
posaient sous le contre-coup de quelque
commotion intérieure, dont la violence
évidente effraya presque son interlocu-
teur.
- Donati ! répéta le peintre d'une voix
sourde. e
- Sans doute, est-ce que vous la con-
naissez?
- Quelle est donc cette jeune femme,
nouvellement accouchée, que vous allez I
voir chez... les Donati?
- La baronne du Haussey, la femme
d'un officier, qui est mon meilleur ami,
malgré les différences d'âge et de gra-
des, car il est beaucoup plus jeune que
moi !
- Et c'est?..'
- Leur fille, parbleu l
-La Giulietta! s'écria Renato,en une
sorte de hurlement qui s'éteignit dans
un éclat de rire nerveux, d'où le chirur-
gien conclut :
- Allons ! j'ai commis quelque im-
pair !
Au même moment, la porte qui sépa-
rait le cabinet de travail de l'abbé de la
chambre occupée par Renato s'ouvrit,
et l'abbé parut sur le seuil, regardant
son protégé.
Une expression d'angoisse se lisait
[ dans ses yeux, qui se reportaient sur le
médecin, comme pour lui dire :
- Qu'avez-vous fait?
Le nom de Giulietta, jeté avec éclat
par l'artiste, était venu frapper les
oreilles de l'excellent homme, en éveil-
lant toutes ses craintes, et il accourait,
mais trop tard, pour empêcher l'indis-
crétion involontaire commise.
A la vue de l'abbé, en constatant la
stupeur du chirurgien, Renato se calma
subitement, ou plutôt au premier éclat
de violence et de haine douloureuse qui
lui avait échappé, succéda une ironie
froide, que son sauveur redoutait davan-
tage.
- Vous arrivez bien, monsieur l'abbé,
ricana le jeune homme. Et vous me
voyez enchanté de la nouvelle que j'ap-
prends, et qui, d'ailleurs, n'est une j
nouvelle que pour moi... Il y a si long- !
temps que je vis loin du monde... loin !
de la vie, pour ainsi dire... que j'ignore
les événements auxquels je porte le
plus d'intérêt. Mlle Donati, Giulietta
Donati, s'est mariée, et elle est mère!
J'ai beaucoup connu cette jeune per-
sonne... et son sort me touche... infini-
ment.., Baronne! Rien que cela! Voilà
qui est vraiment merveilleux et conforme
à ses désirs!
Il s'arrêta et se retourna vers le chi-
rurgien :
- Et depuis quand, - fit-il, mon
cher docteur?
- Mais... depuis une dizaine, de mois.
- C'est bien cela! reprit Renato,les lè-
vres blanchies,mais souriant. - Environ
quinze jours ou trois semaines après...
mon accident. Et M. le baron du Haussey
est déjà père - l'heureux homme !- Un
garçon, une fille?
- Une fille! répondit Davilain, fort
embarrassé de l'effet produit par cette
révélation.
-Allons, poursuivit Renato,en tendant
au chirurgien deux mains glacées et
moites, je ne Yeux pas vous retenir plus
longtemps. Merci, merci de vos bons
soins. Je ne vous dis pas adieu, mais au
revoir, car il est probable qu'avant peu,
plus tôt même que je ne l'espérais, nous
nous retrouverons en France.
L'abbé accompagna le docteur, qui lui
dit, lorsqu'ils furent seuls :
- J'ai commis quelque sottise, n'est-
ce pas?
- Cela devait arriver tôt ou tard, ré-
pliqua lentement le prêtre, et vous n'avez
pas à vous accuser. Je prévois de grands
malheurs... Dieu m'inspirera. Veillez,
là-bas, sur le baron du Haussey!
XVII
l'abbé Galli agit
Le même jour, à la tombée de la nuit,
l'abbé Galli se présentait chez les Donati,
et faisait demander à la baronne du
Haussay un entretien particulier.
On l'introduisit presque aussitôt dans
la pièce occupée par Giulietta, et qui
était son ancienne chambre de jeune
fille, avant son mariage avec Gontran.
Au moment de quitter Rome, re-
doutant les événements qui allaient se
produire et que tout le monde prévoyait,
- c'est-à-dire quelque soulèvement con-
tre le pouvoir temporel du Pape, - du
Haussey avait conseillé, avec insistance,
à- sa femme de se retirer tout d'abord
chez ses parents.
Ces parents, on le sait, il ne les esti-
mait guère, et une plus longue fréquen-
tation et plus intime avec eux, n'avait
pu qu'augmenter la sévérité de son ju-
gement sur leur compte.
Néanmoins, comme il ne pouvait em-
mener ainsi précipitamment sa femme
et surtout son enfant, et qu'il faudrait
nécessairement, d'après l'avis même du
médecin, quelques semaines avant que
la baronne et la petite Léa pussent sup-
porter le long voyage de France, le ba-
ron avait jugé plus prudent de les con-
fier aux soins de Mme Donati, près de
qui elles seraient à coup sûr plus en sé-
curité, au cas d'une réaction violente
contre l'occupation française.
La Giulietta n'avait point changé, de- I
puis que nous avons dû la quitter pour
nous installer au chevet de Renato.
C'était toujours la même beauté écla-
tante, les mêmes yeux au regard un peu
inquiétant.
Peut-être même était-elle plus sédui-
sante encore, par la sorte d'alanguisse-
ment d'un reste de fatigue qui estompait
l'ensemble et qui ajoutait une grâce mor-
bide et adoucie,dont l'absence était le seul
défaut de cette admirable créature.
Au moment où l'abbé entra dans la
pièce, faiblement éclairée par une petite
lampe recouverte d'un immense abat-
jour, la jeune femme était étendue sur
une chaise longue, près d'une fenêtre
entre-bâillée,qui laissait filtrer, à travers
les persiennes closes, un léger souffle
d'air rafraîchissant, car la chaleur avait
été excessive pendant toute la journée.
A l'autre extrémité de la pièce, dans
la pénombre, éclatait la blancheur d'un
berceau, où dormait, sans doute, l'en-
fant, veillée par la nourrice, forte fille
de la campagne romaine.
-Ah! monsieur l'abbé,- dit Giulietta
en se soulevant sur un coude pour ten-
dre la main au prêtre, qui s'inclina et
parut ne pas voir le geste,-comme il y
a longtemps que vous n'étiez venu I Je
me demandais si vous n'étiez plus notre
ami ; mais voici les mauvais jours et
vous arrivez... Je ne vous en veux plus.
- Madame la baronne, - répliqua le
visiteur, en désignant du geste et du
regard la jeune contadine assise près
du berceau, - j'aurais à causer avec
vous, sans témoin.
Giulietta, frappée du ton et de l'aspect
grave de son interlocuteur, l'enveloppa
d'un rapide regard interrogateur, puis, i
se tournant vers la nourrice :
- Virginie, lui dit-elle, la petite dort.
Laisse-nous. Je te rappellerai, si elle se
réveille.
- Nous voici seuls, monsieur l'abbé,
ajouta Giulietta, et je vous écoute.
L'abbé, silencieux, prit une chaise,
l'approcha de façon à n'être pas obligé
d'élever la voix, et s'assit.
- Etes-vous bien sûre, demanda-t-il,
que personne ne peut nous entendre ? .
- Personne ! C'est donc bien grave,
ce que vous avez à me dire ?
- Vous en jugerez, dit-il froidement.
Je fais appel à tout votre sang-froid,
à toute votre énergie, et je sais que ni
l'un ni l'autre ne vous font défaut, quand
cela est nécessaire.
Le visage du prêtre était devenu si
sévère, et même si dur, que la jeune
femme se sentit envahie dun frisson
léger.
- Eh bien, je vous écoute, fit-elle, en
se renfonçant d'instinct dans l'ombre
protectrice projetée par le vaste abat-
jour.
- Madame la baronne, commença
l'abbé, Renato n'est pas mort.
Après dix mois écoulés, cette nouvelle
était celle à laquelle Giulietta pouvait le>
moins s'attendre.
Aussi, la commotion fut-elle profonde
et terrible, si profonde et si terrible que,
sentant qu'elle ne saurait dominer le
tremblement de sa voix qui serait un
aveu, elle se tut, pour prendre le temps
de rassembler ses idées et de réunir ses
forces pour la lutte, dont le prologue
commençait.
Cependant, elle était de ces femmes
que rien ne surprend tout à fait. Elles
trouvent instantanément une riposte
aux attaques les plus imprévues, et sont
toujours prêtes à nier, à mentir, à se dé-
fendre jusqu'à la dernière extrémité.
D'ailleurs, en même temps qu'elle re-
cevait le coup, un espoir traversait son
cerveau.
Puisque c'était l'abbé qui venait et non
pas Renato lui-même, puisqu'il y avait,
dès lors, un intermédiaire entre elle et
sa victime, on pourrait s'entendre peut-
être, et elle avait le loisir de se mettre
sur ses gardes.
- Renato n'est pas mort, répéta le
prêtre, et c'est un miracle de la Provi-
dence qu'il ait pu échapper à la blessure
qui devait le tuer et qui l'aurait tué, en
effet, si l'on n'était pas venu à son se-
cours.
Giulietta avait repris son empire sur
elle-même.
Que savait au juste cet homme qui lui
annonçait cette nouvelle foudroyante?
Nier ne pouvait nuire.
C'était, faute de mieux, plus prudent
et plus habile.
- Monsieur l'abbé, dit-elle d'une voix
assez calme, sans montrer son visage,
dont elle devinait trop la pâleur, - qui
est ce Renato ? Je ne comprends pas ce
que vous voulez dire.
Et, comme l'abbé ne put retenir un
haut-le-corps d'indignation ou de protes-
tation, elle se hâta d'ajouter :
- A moins qu'il ne s'agisse d'un jeune
peintre que j'ai, en effet, rencontré quel-
quefois, chez X..., son maître, mais U
y a déjà longtemps de cela.il lui est donc
survenu quelque malheur ?
A MATTHEY.
(La suite 4 demain.}
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