Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1893-06-11
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 juin 1893 11 juin 1893
Description : 1893/06/11 (Numéro 162). 1893/06/11 (Numéro 162).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO - DIMANCHE 1.1 JUIN 1893
Glodo, qui a s été jusqu'à ce Jour l'organe de
M. Castelar. .
Londres, 10 juin»
M Sexton, un des membres les plus in-
fluents du parti parlementaire irlandais, a
donné sa démission à cause de divergences
de Vues avec les actionnaires du Freeman's
Journal dont le Conseil d'administration était
présidé par M. Sexton. Le parti irlandais se
réunira lundi et fera tout son possible pour
amener M. Sexton à. revenir sur sa décision.
Le New- York Herald nous communique la
dépêche suivante ;
«Luceme, 10 juin.
« La conférence internationale des chemins
?de. fer a terminé ses travaux après avoir voté
une résolution tendant à réglementer le trans-
port de la dynamite. »
« ;-
LE GRAND-HOTEL
Un événement parisien, c'est le dîner,
composé d'un menu exquis, qne le Grand-
Hôtel prépare pour le jour du Grand Prix.
Ce dîner, qui réserve une gracieuse atten-
tion aux élégants visiteurs, sera servi dans
l'admirable salle des Fêtes dans laquelle
un système nouveau et ingénieux^ mai n-
tiendra la plus délicieuse fraîcheur, pen-
dant que l'orchestre de Lucas fera enten-
dre un programme choisi.
Quant à la cour d'honneur, elle présente
en ce moment le décor le plus ravissant :
pour jouir de la vue de cette bonbonnière,
véritable oasis où les fontaines lumineuses
rivalisent d'originalité avec les fleurs et la
verdure, chacun retient ses places au res-
taurant installé sur la terrasse du Café-
Divan, car le Grand-Hôtel leur réserve de
charmantes surprises.
? i ' ' - ? ' ' " ' ?
-^r
îï ouvelles Diverses
DHAME RUE MAITRE-ALBERT
Un drame navrant,' qui a causé une grande
émotion et donné lieu à bien des commentai-
res, s'est passé dans la nuit de vendredi à
samedi, 20, rue Maître-Albert.
A. cette adressa habitaient, depuis le mois
d'octobre dernier, une femme Rataboul, âgée
de quarante ans, et son fils, Philippe, âgé de
dix ans. Originaire de Dunkerque, la femme
Rataboul avait été établie logeuse, rue Maza-
rine, aux Gobelins, place Maubert. Elle avait
fait partout de mauvaises affaires et son
mari, auquel elle avait rendu l'existence in-
tolérable, avait pris le suprême parti de se
tuer pour se soustraire aux souffrances que
lui faisaient endurer le caractère acariâtre et
l'intempérance de la mégère qu'il avait épousée.
Vivant de mendicité, la plupart du temps,
on la rencontrait buvant dans les bouges de la
place Maubert. Elle avait été chassée de tous
les hôtels du quartier et on ne tolérait sa pré-
sence rue Maître-Albert qu'à cause de l'en-
fant, dont la douceur et la gentillesse atti-
raient la sympathie.
Avant-hier, de une heure à deux du matin,
on entendit Philippe pleurer et se plaindre.
Un crémier, M. Mertens, établi de l'autre
côté de la rue, perçut ces mots : « Grâce ! ma-
man, ne me fais pas de mal ! » Puis le bruit
cessa et M. Mertens, qui d'abord avait voulu
intervenir, se rassura.
Hier matin, à sept heures, la femme Ra-
taboul sortit et dit à son propriétaire, M.
Deblieck :
- En voilà une histoire, mon « gosse » qui
est mort !
Puis elle raconta que, ne pouvant plus sub-
venir à ses besoins personnels et à ceux de
son fils, elle avait résolu de s'asphyxier avec
lui. Elle lui avait fait boire une infusion de
pavots et en avait bu aussi. Mais au bout de
quelque temps, elle avait été prise de nausées
et avait vomi. Cela l'avait sauvée. Elle avait
en revenant à elle trouvé son enfant inerte et
mort.
- Lui seul est mort, ajouta-t-elle en es-
sayant de larmoyeir, 11 eal bien heureuxî
Et elle alla vaquer à ses affaires dans les
environs ;
On monta au logement. L'enfant était étendu
sur le ht, la figure convulsée, le visage tu-
méfié.
Dans un coin de la pièce, deux fourneaux
contenant quelques morceaux de charbon de
bois à demi consumés.
- C'est elle qui a tué son enfant J s'écria
un des assistants. Tenez, voyez, elle l'a étran-
glé!
En rapprochant cela des mots entendus la
nuit par M. Mertens, tout le monde dit que
l'enfant avait été assassiné par sa mère.
On envoya chercher deux gardiens de la
paix qui arrêtèrent la femme Rataboul et la
conduisirent chez M. Lejeune, commissaire
de police.
Dans l'après-midi, M. Franqueville, juge
délégué par le Parquet pour instruire cette
affaire, s'est transporté rue Maître-Albert,
accompagné du docteur Vibert. Les faits ra-
contés par la femme. Rataboul ont été recon-
nus exacts. Il n'y a bien eu qu'une tentative
de double suicide. Au cours de la perquisi-
tion, on a trouvé une lettre écrite par la
femme Rataboul et dans laquelle elle priait
qu'on mît dans le cercueil de son fils les ré-
compenses qu'il avait obtenues à l'école de
la rue de Poissy dont il était un des meilleurs
élèves.
Le corps de la victime a été transporté à la
Morgue, pendant que la femme Rataboul
était écrouée au Dépôt sous prévention d'ho-
micide par imprudence.
Uu jeune homme, affectant les allures d'un
employé, portant sous le bras une serviette
en toile cirée noire, se présentait hier, dans
l'après-midi, à l'hôtel de S. A. le prince de
Monaco. H venait, a-t-il dit au valet de cham-
bre,pour toucher le montant d'un abonnement
aux Annales des Sciences géologiques. On le
conduisit au secrétaire du prince. Le visiteur,
se donnant comme un commis de la librairie
du boulevard Saint-Germain, présenta un
reçu de cinquante-huit francs, en texte im-
primé avec en-tête de la maison. Le secrétaire
au prince ne fit aucune difficulté de payer, et
le. pseudo-employé se retira. Ce n'est que
quand Son Altesse rentra qu'on put consta-
ter que le reçu était faux.
Plainte a été immédiatement portée chez
M. Gavrelle, commissaire de police du quar-
tier.
.t " IWMWMWWW*» '
Un sieur Albert Dalong, âgé de trente-huit
ans, demeurant 33, rue des Couronnes, s'est
frappé de sept coups de tranchet dans la poi-
trine, hier, vers une heure, alors qu'il se
trouvait dans la loge du concierge de sa
maison.
Ce désespéré, dont l'état est fort grave, a
été transporté d'urgence à l'hôpital Tenon.
Nous avons dit hier que M. Cochefert, com-
missaire aux délégations judiciaires, avait
opéré une perquisition 41, avenue Marceau,
chez M. Doucet, directeur de la Caisse des
fonds publics.
M. Doucet est l'ancien directeur de la Ban-
que des Chemins de fer et de l'Industrie, rue
Marbeuf. Après la déconfiture de cette ban-
que, il avait monté une maison à son
compte.
Il est accusé d'avoir dissipé les sommes
que lui avaient confiées ses clients. Le déficit
est d'environ 50,000 francs.
M. Doucet, qui avait son domicile particu-
lier à la Garenne-Colombes, a été arrêté et
écroué au Dépôt.
Jean de Paris.
Mémento. - Un certain nombre de cas d'o-
reillons ayant été constatés dans quelques écoles
communales, le préfet de la Seine a ordonné la
fermeture pour quinze jours des écoles de la
rue Boissière (16® arrond.), de la rue des Maraî-
chers (20= arrond.) et de la rue de Reuïlly (12°
arrondissement).
* Trois employés de commerce ont trouvé l'a-
vant-dernière nuit, dans la rue des Capucines,
deux titres de rentes 4 1/2 0/0 ayant une valeur
de 7,000 francs environ. Ils les ont déposés chez
M. Mouquin, commissaire de police.
* Boulevard de La Villette, en face du n° 176,
Mme Jeanne Latrasse, âgée de trente-deux ans,
a été renversée par la voiture de M. Cassard,
cité Marcadet. Portée à Lariboisière.
J. de Pa
A
GAZETTE DES TRIBUNAUX
COUR DE CASSATION. - Les pourvois de
Panama. - NOUVELLES JUDICIAIRES.
M. l'avocat général Baudouin a donné,
hier samedi, ses conclusions dans l'af-
faire de Panama.
M. l'avocat général Baudouin est un
jeune magistrat à la parole nette et pré-
cise, un peu autoritaire, qui parait s'ê-
trè pénétré de cette vérité :
Le Code est un livre' clair, obscurci
par les commentateurs.
J'aime son respect très relatif pour
cette vieille douairière qui s'appelle la
jurisprudence, et dont les éternels dis-
tinguo n'ont jamais profité qu'aux plai-
deurs de marque.
? Il est sans exemple qu'un pauvre dia-
ble ait bénéficié des multiples ressour-
ces que les arrêts de la Cour de cassation
offrent aux puissants. Voler trente-cinq
francs, c'est voler. Mettre des, millions
dans sa poche, ce n'est plus voler, c'est
autre chose qui prend dans la langue
des jurisconsultes des appellations dé-
centes, excusables, et presque flatteuses.
Dans l'affaire de Panama, le grand
cheval de bataille des prévenus, c'est la
prescription.
Vheureuse erreur de M. le procureur
général Quesnay de Beaurepaire requé-
rant une instruction dans des condi-
tions irrégulières, comme l'a dit si déli-
^ciausement un des avocats de la cause,
M' Devin, permettrait procès dont tout le monde parle mainte-
nant avec scepticisme et avec la convic-
tion bien arrêtée qu'il se trouvera tou-
jours pour des prévenus aussi considé-
rables des grâces d'état.
Le souvenir de M. Wilson, condamné
en première instance, à l'époque de l'in-
dignation première, acquitté en appel,
à l'.époque de la lassitude générale,
hante l'esprit du public un peu désabusé
qui suit ce débat de la Cour suprême en
pariant la cassation avec des. commen-
taires bien désobligeants pour la ma-
jesté de la justice.
M. l'avocat général Baudouin s'atta-
che à établir, très simplement, qu'un
procureur général a toujours le droit -
-et le devoir - de requérir une instruc-
tion avant de déférerun prévenu à ses
juges.
Il faut bien s'éclairer, réunir les élé-
ments d'informations indispensables, et,
surtout dans une affaire de chiffres,
dresser des bilans, examiner de près des
comptes, préciser les responsabilités.
C'est l'évidence même, et il faut jouer
misérablement sur les mots pour soute-
nir que les administrateurs de Panama
devaient être directement cités devant la
Cour, sans que le procureur général eût
le droit de faire examiner leurs livres.
M. l'avocat général Baudouin cons-
tate que cette instruction préalable est
absolument nécessaire dans l'intérêt
même du prévenu, car il serait trop fa-
cile, autrement, de citer un magistrat,
un grand dignitaire de la Légion d'hon-
neur, devant la justice répressive, sans
même s'assurer auparavant'qu'il est
coupable, et en l'exposant au scandale
d'une poursuite peut-être téméraire et
dépourvue de toute base légale.
M. l'avocat général Baudouin conclut
que l'instruction requise était régulière-,
nécessaire, et qu'elle a interrompt la
prescription derrière laquelle les condam-
nés de Panama essaient vainement de se
réfugier.
En ce qui concerne M. Eiffel, l'organe
du ministère public estime que la Cour
d'appel s'est prononcée sur des ques-
tions de fait qui échappent à^la censure
purement juridique de la Cour suprême.
La péroraison est à citer tout entière.
Elle est d'un esprit sage, modéré, indé-
pendant, qui voit les choses sans pas-
sion et qui regarde froidement du ri-
vage cette marée montante et descen-
dante qu'on appelle « l'opinion » :
Lorsque, de ce point culminant où nous
sommes parvenus, la pensée se reporte nul-
les divers incidents de ce procès, il faut bien
se dire que nous vivons en un singulier
temps. On peut se demander si, de nos jours,
la mesure n'est pas devenue un vain mot.
Dès la première heure, dans cette malheu-
reuse affaire, les passions se sont déchaînées.
Les sages, qui demandaient la réflexion pour
l'examen, ont été entraînés par le flot des
agités.
Quelles tempêtes et quels déchaînements
dans la presse et dan# l'opinion publique !
Alors, c'étaient des soupçons injurieux contre
tout le monde, particulièrement contre les
magistrats, dont on suspectait la fermeté et
l'impartialité.
Des débats éclatants se sont produits. L'ar-
rêt a été rendu, et en présence des millions
gaspillés, gâchés avec la plus incroyable fai- -
blesse, la Cour a cru qu'elle pouvait appliquer
les peines que la loi avait édictées dans sa
sagesse.
Alors un revirement s'est produit qui, plus
que les colères, a dépassé toute mesure.
Il est temps que le bon sens reprenne son
empire et que la raison retrouve ses droits.
Lorsque le calme sera fait et qu'on exami-
nera dans la sérénité de sa conscience les
responsabilités et les peines, j'ai confiance
que l'heure de la justice aura sonné' enfin
Eour la justice elle-même et que l'impartiale
istoire confirmera ses arrêts.
Après ces remarquables conclusions
de M. l'avocat général Baudouin, la
Cour suprême renvoie son arrêt à jeudi
prochain.
**4
Le Tribunal correctionnel de Louviers
jugeait hier un singulier mari.
M. Lehuby, piqueur au chemin de
fer, ayant fort à se plaindre de sa femme
et redoutant ses infidélités, avait pris
l'habitude de l'enfermer, pendant ses
heures de service, dans une malle per-
cée de trous, longue de 1 m. 75, large de
48 centimètres et haute de 0 m. 65, qu'il
serrait fortement avec une corde.
Lehuby a été condamné à cinquante
francs d'amende pour séquestration.
Albert Bataille.
Informations
Actes officiels. - Sont nommés trésoriers-
payeurs généraux :
A Pau, M. Rey, trésorier-payeur général à
Tarbes.
A Tarbes, M. Lafargue, trésorier-payéur géné-
ral à Gap.
A Gap, M. Antoine, percepteur, ancien député
de Metz au Reichstag.
M. l'amiral Rieunier, ministre de la ma-
rine, a soumis à la signature de M. le Prési-
dent de la République des décrets en vertu
desquels sont nommés :
Au commandement d'une division de l'escadre
de la Méditerrannée, M. le contre-amiral Ga-
daud.
Membre ttu conseil ùco 'im r WUA -ùo -V-...
M. le contre-amiral de La Boninière de Beau-
mont.
Major-général à Cherbourg, M. le contre-ami-
ral Fournier.
Notes mondaines. - Ce n'est pas à Mme G.
de Montgomery, retenue très souffrante chez
elle en ce moment, mais à sa belle-soeur,
qu'est arrivé l'accident de voiture dont plu-
sieurs journaux ont parlé. Cet accident du
reste n'a eu aucune suite fâcheuse.
Mort de M. de Tréveneuc. - Nous apprenons
la mort de M. de Tréveneuc, sénateur des
Côtes-du-Nord.
Né en 1815, M. de Tréveneuc fit partie,
après la révolution de 1848, de l'Assemblée
constituante. Envoyé en 1849 à l'Assemblée
législative, il fut placé dans les rangs monar-
chistes.
Sous l'Empire, il se tint à l'écart de la vie
politique. En 1871, les Côtes-du-Nord le ren-
voyèrent à l'Assemblée nationale. Il fut élu
sénateur en 1876 et réélu en 1885. Il siégea à
droite et prit part, avec succès, et talent, à
plusieurs discussions publiques.
Obsèques. - Les obsèques de M. Peter au-
ront lieu après-demain mardi, à midi, à l'é-
glise Saint-Louis d'Antin.
Après la cérémonie, le cercueil sera trans-
porté à Versailles.
Avis. - Pour répondre aux besoins de sa
clientèle, les magasins du chapelier Léon,
21, rue Daunou, resteront ouverts aujour-
d'hui toute la journée.
A l'occasion du Grand-Prix, Paris-
Courses, le seul journal quotidien de sport à
cinq centimes le numéro, offre gratuitement
son supplément illustré du Grand-Prix de
Paris à tout acheteur de son numéro.
Librairie. - Le docteur Zabé vient de faire
paraître chez Savy, 77, boulevard Saint-Ger-
main, la Dyspepsie, cause première, un livre
d'une puissante originalité qui intéressera les
médecins, surtout les personnes qui digèrent
péniblement et un grand nombre de gastro-
pathes dont la cure est assurée.
La Revue hebdomadaire. - Dans le fasci-
cule de cette semaine, la Revue hebdomadaire
publie, avec l'un des derniers chapitres du
a Docteur Pascal », d'une émotion poignante,
la suite des notes et souvenirs d'un a Anglais
à Paris » dont le succès est si vif. Il y a là
de curieux souvenirs sur MM. de Persigny,
de Morny, Walewski et Rouher.
Citons encore, dans le même fascicule,
quelques jolies poésies de M. Alber Jhouney
et une intéressante étude de M. Emile Man-
ceau sur les cadres de l'armée.
Jardin d'Acclimatation. - Il est impossible
dfe rêver plus joli spectacle que celui que pré-
sentent actuellement les serres chaudes cou-,
tiguës au grand Jardin d'Hiver du Jardin
d'Acclimatation.
Il y a là des centaines d'orchidées en pleine
floraison : Odontoglossum Alexandrae O.
Vexilarium, Phaloenopsis, Utriculaires, Ci-
pripedium, etc., etc., qui, groupées avec un
goût exquis, au milieu de plantes exotiques
aux couleurs éclatantes, forment, tranchant
sur le feuillage toujours vert des palmiers,
un ensemble vraiment féerique et de nature à
charmer l'oeil le plus délicat.
Ne quittons pas le Jardin d'Acclimatation
sans rappeler à nos lecteurs que l'excellent
orchestre dirigé par M. L. Pister, se fait main-
tenant entendre tous les jours en plein air,
quand le temps le permet, et dans le Palma-
rium du Palais d'Hiver, en cas de pluie.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Du 10 juin
BYVWVYW ARRAS. - M. Vigcr, ministre de
l'agriculture, est arrivé cette après-midi à
Arras à 4 h. 20, venant présider demain la
distribution des prix du Concours régional
agricole.
Les présentations officielles à la Préfecture
n'ont été marquées par aucun incident. Tou-
tefois, on a beaucoup remarqué les deux allo-
cutions échangées entre le ministre et le re-
présentant de l'évêque d'Arras.
M. le vicaire général Liénard a d'abord
excusé Mgr Williez, retenu à Boulogne par
une cérémonie où sa présence est de cons-
tante tradition.
Nous saluons en vous; continue-t-il, le gou-
vernement de la République et nous lui offrons,
comme à Votre Excellence, l'expression do notre
respect. Le3 ministres de la religion applau-
dissent aux efforts faits par vous pour encou-
rager et relever l'agriculture. Prêtres, nous n'ou-
blions pas que nous sommes Français et ci-
toyens et nous nous efforçons de servir à: la fois
la patrie et la religion en nous inspirant des en-
seignements de notre Saint-Père le Pape Léon XIII.
M. Viger a répondu :
Monsieur le vicaire général, les sentiments que
vous m'exprimez iront droit au coeur de tous les
Français. Vous n'avez pas craint de prononcer le
mot de République et en cela vous avez suivi les
enseignements donnés de si haut par un Pape
qui tiendra une grande page dans l'histoire.
Le ministre a terminé en faisant l'éloge des
sentiments de conciliation de l'évêque d'Ar-
ras qu'il regrette de ne pas voir mais k qui il
prie le vicaire général d'offrir le témoignage
de son respect.
La gréve de Sainte-Florine
LE PUY. - Tout est rompu. Ce qu'on
croyait n'être qu'un bruit adroitement mis en
circulation par des agitateurs aux abois est
aujourd'hui une nouvelle certaine : la grève
continue.
Les propositions d'arrangement d'abord ac-
ceptées par le Comité de la grève, et qui ont
trouvé une si grande approbation dans l'opi-
nion publique, ont été repoussées â la suitè
d'une discussion violente et des perfides con-
seils du citoyen Dufour, envoyé par la Bourse
du Travail de Paris avec mission d'empêcher
la cessation certaine de la grève.
Tous ceux qui portent intérêt aux ouvriers
ont été surpris de ce brusque et inexplicable
changement et sont attristés de la décision
qui a été notifiée à la direction du Grosménil
dans les termes suivants : --
« L'assemblée a décidé à l'unanimité la
réintégration -pure a. at toute o IOB OXk-
vriers grévistes y compris Amblard et Col-
lange. »
A la dernière heure j'apprends que sur de
nouvelles et pressantes instances le sous-pré-
fet do Brioude a consenti à faire de nouvelles
démarches auprès de la compagnie en com-
plétant ainsi qu'il suit les propositions qu'il
avait déjà formulées.
1° Promesse écrite que Collange et Amblard
rentreront le même jour que les autres mi-
neurs dans une autre mine du bassin ;
2° Indemnité de 500 fr. au lieu de 400 fr. à
Collange et Amblard.
Ces propositions seront soumises en assem-
blée générale des grévistes. Il est à croire
qu'elles seront acceptées, autrement ce serait
à désespérer du bon sens des mineurs de
Sainte-Florine et de Brassac, que ce trop
long chômage a réduits pour la plupart à la
misère.
NANTES. - Aujourd'hui, avant la
séance extraordinaire du Conseil général, il
s'est passé un fait regrettable. M. Leroux, le
nouvel élu de Païmboeuf, Retrouvait dans la
salle et causait avec plusieurs de ses collè-
gues de la gauche, quand M. le baron de La-
reinty s'approcha de lui et lui dit : « Vous
êtes un insolent ; je me battrai avec vous. »
M. Leroux répondit sur un ton très calme,
mais le baron répliqua : « Je vous ferai bat-
tre quand je voudrai ; en attendant, ma peau
vaut bien la- vôtre 1 »
Cet incident est très vivement commenté.
Lu Grève dau Avocats
A Rimr. - Aucun membre du bar-
reau n'assistait à l'audience de la deuxième
Chambre.
Un avoué, invité à faire le dépôt de son
dossier, après une double sommation du pré-
sident Bonnet fet après que la parole eut été
donnée deux fois pour requérir contre lui
comme n'obéissant pas aux injonctions de la
cour, et appelé à "se défendre contre les ré-
quisitions, a déclaré faire défaut. Puis ii est
sorti, suivi de tous ses collègues.
Argus.
« - -
LA BOURSE
Le marché continue à rester dépourvu d'ani-
mation : c'est.toujours la môme note, consé-
quence du même fait : le nouvel impôt sur les
opérations de Bourse.
Un premier point, qui d'ailleurs ne faisait
doute pour personne, vient d'être tr anché par
le directeur de l'enregistrement, M. Liotard-
Vogt : les assujettis n'auront pas à inscrire sur
le répertoire les opérations effectuées à l'étran-
ger pour leur propre compte. Mais, par contre,
toutes les opérations effectuées en France, à
quelque titre que ce soit, devront figurer sur
le répertoire des assujettis. Il on résultera que
le fisc saura, quand il le voudra, quels seront
les auteurs d'un gros mouvement de hausse
ou de baisse.
Le marché est ferme relativement, malgré
la pénurie des affairés traitées à terme sur-
tout. On fait remarquer qu'en présence de cette
abstention de la spéculation, un incident
quelconque pourrait provoquer de dangereux
mouvements de cours. Toutefois, il n'est pas
mauvais d'ajouter qu'en pareille circons-
tance et devant des écarts énormes, la spécu-'
lation oublierait sans doute assez vite l'impôt
en question.
La Renié a débuté â 98 32, cours auquel
elle s'est maintenue assez longtemps, pour
descendre un peu avant la clôture à 98 30, et
terminer à 98 37, soit 2 centimes plus haut
que la veille. Au comptant, les cours ont
oscillé de 98 30 à 98 40. Les primes pour fin
courant se sont échangées en petite quantité
de 9845 à 98 50 dont 50, de 98 60 à 98 65 dont
25; on en a traité quelques-unes à 9910
dont 25.
L'Extérieure, assez ferme à l'ouverture à
66 20, est brusquement tombée à 65 87, sur
le bruit non confirmé d'une nouvelle maladie
du petit Roi d'Espagne ; en clôture, on a fait
66. M. Sagasta a déclaré à la Chambre que le
gouvernement maintenait les réformes ins-
crites au budget ; il a ajouté que, si le budget
n'était pas voté avant le 1er juillet, il y aurait
une perte mensuelle de 5 millions pour le
Trésor.
L'Italien s'est relevé de 93 05 à 93 20 ; le
budget de l'intérieur a été voté à une grande
majorité ; d'autre part les avis de Rome lais-
sent prévoir une entente entre' le gouverne-
ment et le Parlement au sujet de la question
des Banques d'émission.
A Berlin le rouble a remonté aux environs
de 217, et l'Orient a suivi, regagnant 25 cen-
times à 69 70, toutefois au comptant les
grosses coupures sont plutôt offertes à 69 20.
Le Turc est lourd à 22 au parquet, à 2210
et 22 05 en coulisse.
Les fonds Helléniques sont mieux tenus,
notamment le 4 0/0 1887, dit emprunt-mo-
nopole, qui passe de 251 â 268. On n'est pas
encore très bien fixé sur le futur emprunt.
. #*#
Nos Sociétés de crédit sont fermes. La
Banque de France, toujours sans cours à
terme, se négocie de 3,915 à 3,920 au comp-
tant. Le Crédit Foncier se relève de 978 75 à
987 50, pour terminer à 985 ; en même temps,
les primes sont demandées à 992 50 dont 10
francs et 995 dont 5 fr. pour fin courant, à
997 50 dont 20 fr. et 1,006 25 dont 10 fr. pour
fin prochain. Les Communales 1892 s'avan-
cent à 496 50. Le Crédit Lyonnais varie de
762 50 à 763 75. Les obligations de la Foncière
Lyonnaise, à 433 les ^ anciennes, à 427 50 les
nouvelles, donnent lieu à de nombreux achats;
le public a compris que les obligations d'une
Société dont le passif ne dépasse pas 30 mil-
lions, alors dont 81 milhons d'immeubles libres de toute
hypothèque, présentent des garanties qu'on
rencontre très rarement et constituent des
titres de tout premier ordre La Banque de
Paris fait 658 75, et la Banque internationale
.iSO. lica Immeubles dés à 499 50 les actions, à 386 75 les obliga-
tions S O/O, ù. 474 les obligations 4 0/0. La
Banque ottomane est lourde à 596 25. -
Nos Chemins se maintiennent facilement à
leurs plus hauts cours : l'Ouest atteint 1,100.
Les Lombards sont un peu mieux à 222 50.
Le Saragosse est plus faible à 185. Les obli-
gations 5e hypothèque du Nord de l'Espagne
ont des achats à 249 et 250 ; les Sud de l'Es-
pagne valent de 139 à 140.
Le Suez est lourd à 2,678 75 ; la recette
du 10 a été de 170,000 fr., contre 240,000 fr.
en 1892.
Les Valeurs de mines sont assez fermes :
Rio, 382 50 ; de Beers, 461 25.
Les obligations 5 0/0 des Télégraphes sous-
marins sont à 445; les 4 0/0 du Jardin d'Ac-
climatation à 435.
Xa Financière,
24, rue Drouot.
Les dents et dentiers sans crochets, ressorts
et plaque, sont le dernier mot de la perfection
de l'art dentaire. C'est au Dr H. Adler, seul
inventeur breveté, 16, avenue de l'Opéra,
que nous devons cette merveilleuse invention.
PETITE GAZETTE
Pain grillé Jacquet, 92, rue Richelieu, Paris.
SPORT
COURSES AU BOIS DE BOULOGNE
C'est la veillée des armes que nous venons
de faire pour nous préparer au grand tournoi
de demain. Nous n'étions pas très nombreux
au pesage, mais je puis dire sans fatuité que
nous représentions l'élite du monde sportif.
Le ring était des plus animés ; j'ai remarqué que
l'on pariait cher et que les preneurs n'avaient
pas précisément beau jeu. Les trois premiers
favoris ont échoué et Chandernagor, pour le-
quel on payait dans le Prix de la Néva, n'a
pu être que troisième sur trois. C'est Cadet
Roussel qui a gagné au petit galop et j'ai en-
tendu un artiste d'un grand talent, je. ne dis
pas que c'était Soulacroix ^pourtant Souîa-
croix était aux courses^, qui chantait le cou-
plet suivant dû à l'improvisation d'un pre-
neur malheureux dé Chandernagor, ait- de
Cadet Roussel:
Cadet Roussel est .un canard
Appartenant ù. Veil-Picard.
Pour son ch'val craignant un' faiblesse
Veit-Picard avertit la presse.
Malgré cet avertissement,
Cadet Roussel gagn' facil'ment !.<
Les bakers reprenaient un peu l'offensive
et les victoires de Galette et de Trovatore
les fémettaient A flot quand la défaite de Gil
Pérès les a replongés dans le sixième dessous.
Le cheval de M. Guestier s'est emballé, a fait
un tour .entier de la petite pisté à plein train
et finalement a «été battu par Sterling.
Le Prix du Mont- Valérien, 4,000 fr., 2,100
mètres, a été pour Le Tonnerre (4/1), à M. de
Saint-Alary (Rolfé), battant Dissé, à M.
Ephrussi (Maiden), et Festina, à M. D. Gues-
tier (Clôut). ...
. Pari mutuel a 10 fr. :'@i fr. :. Placés : Le
Tonnerre, 24 fr.; Dissé, 22 fr; 50.
Le Prix de l'Eté, 5,000 îr., 1,600 mèt., a
été pour Bracatelle. {4/1}, à .M. Ephrussi
(Maiden), battant Le Cordoùan, au baron
Roger (Barlen), Too Son, à M. H. Say, (Jones),
et Plaisir, à M. Ed. Blanc (Wycherley).
Pari mutuel- à 10 fr. : 60 fr. 50. Placés :
Brocatelle,-'22 fr. 50; Le Cordouan, 34 fr.;Too
Soon, 20 fr, . .
Le Prix de la Neva, 10,000 fr., 3,000 m., a
été pour Cadet Roussel (5/2), à M. Veil-
Picard (French), battant Clodia à M. H. De-
lamare (Childs) et Chandernagor, à M.
Edmond Blanc (J. Cooke).
Chandernagor a pris les devants sur Cadet.
Roussel et Clodia. Entre les tournants, Clo-
dia se rapprochait de Chandernagor, dont
elle avait raison à l'entrée de la ligne droite.
Mais Cadet Roussel les dépassait à la hau-
teur des premières tribunes et gagnait sans
lutte de deux longueurs et demie. Chander-
nagor finissait troisième à trois longueurs.
Pari mutuel à 10 fr. : 27 fr. 50.
Le Prix de Meudon, 10,000 fr., 3,000 m., a
été pour Galette (4/7), à M. R. Count (Storr),
battant Vertige, à M. Jacquemin (Barlen), et
Lavoir, à M. Michel Ephrussi (J. Watkins).
Barbillon a mené devant Lavoir, Galette et
Vertige. L'ordre restait le même jusque dans
la ligne droite où Galette se détachait pour
gagner avec la plus extrême facilité de trois
lonqueurs sur Vertige, qui prenait de trois
quarts, de longueur la seconde place à La-
voir.
Pari mutuel à 10 fr. : 17 fr. Placés : Galette,
13 fr. ; Vertige, 23 fr.
Le Prix de Ferrières, 4,000 fr., 2,100 m., a
été pour Trovatore (4/5), à M. H. Say (Jones),
battant Druide, à M. Jacques Hennessy (Bar-
len), et Impérieuse, au prince d'Arenberg
(Hartley).
Trovatore a été réclamé par M. E. Teisset
pour 8,225 fr.
Pari mutuel à 10 fr. 21 fr. 50.
Le^ Prix d'Argenteuil, 6,000 fr., 2,400 m., a
été pour Sterling (8/1), à M. F. de Boissieu
(J. Wattkins), battant GilPérès, à M. D. Gues-
tier (Clout), et Moncontour, au comte Hallez-
Ciaparéde (A. Childs).
Gil Pérès a fait un tour de piste avant le
signal, puis a mené devant Sterling, Moncon-
tour, Fructidor et Molière. Entre les tour-
nants, Fructidor, puis Molière, fléchissaient.
Dans la ligne droite, Gil Pérès ne pouvait ré-
sister à l'attaque de" Sterling, qui gagnait
d'une longueur. Moncontour était troisième à
une courte tête.
Pari mutuel à 10 fr. : 69 fr. Placés : Ster-
ling, 21 fr. 50; Gil Pérès, 15 frj
NOTES SUR LONGCHAMPS
On lira en première page mon appréciation
sur le Grand Prix.
Voici pour les autres courses :
Le prix d'Armenonville paraît entre At Mei-
dan et Denderah. Fripon doit gagner le prix
d'Ispahan.
Dans le prix Castries, Avoir et Lausanne
mo comblent bien placés. Le prix Vaublanc
devrait revenir au Capricorne ou à Borghèse.
Le prix du duc d'Aoste devrait revenir â
Loisir ou à Diamant Jaune.
Robert Mllton.
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de toutes sortes buvez le VIN AROUD
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véritable chair coulante et par conséquent le reconsti-
tuant le plus énergique connu. Toutes Pharmacies.
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Miqnot-Boucher, 19, rua Viiimna. PARIS.
„ Feuilleton du Figaro du 11 Juin 1893
4-
CYCLAMEN
MOEURS BOURGEOISES
PREMIÈRE PARTIE
II
Julio entra dans la ferme où il se fit
servir un copieux repas, largement payé
. avec cette insouciance de l'artiste entre
les doigts de qui l'argent coule, sans in-
quiétude du lendemain. Tout en man-
geant l'omelette, le jambon cuit à point
et la friture de soles microscopiques
chalutées en fraude, malgré les gardes-
pêche ; tout en se versant de pleines ra-
sades du petit vin blanc du pays -. un
vin qui gratte le gosier comme une râpe
et monte à la tête autant que le Champa-
gne, - ir regardait en dessous Jeanne-
Marie, essayant de comprendre cette
nature complexe, si franchement dévoi-
lée devant lui, et que cette franchise
même rendait plus absconse par les
multiples contradictions apparentes dont
elle était formée.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
'ralté avec la Société des Gens de liTtres!
Cf9rt8 aerçprodugtoqijréiçrYéspour
C'est qu'en effet Jeanne-Marie offrait
un riche champ aux investigations psy-
chiques et, pour bien définir les arcanes
de cet esprit, utile était de connaître les
particularités de sa prime jeunesse et
les conditions qui l'avaient placée dans
sa situation présente.
Toute jeune, enfant même, un grand
malheur était venu imprimera son exis-
tence une impulsion différente de celle
que semblait lui destiner sa naissance.
Son père, Pierre Bernard, était un
petit instituteur libre qui, devenu veuf,
ayant quelques ressources, mais atteint
d'une profonde misanthropie, s'était ré-
fugié dans un coin perdu de Bretagne.
Là, il avait, dans une chaumine, installé
une école pour les enfants du pays. Si la
maison ne prospérait guère, en raison
des difficultés du paiement des leçons,
Pierre Bernard s'en inquiétait peu ; qu'il
vécût, qu'il donnât la becquée à sa petite
famille,cela lui suffisait maintenant dans
son manque d'ambition. Le frère de
Jeanne-Marie, de quatre années plus âgé,
mis un peu en retard par une maladie
d'enfance, ne prospérait pas beaucoup
dans ses études.Quant à elle, son intelli-
gence ouverte lui permettait de s'ins-
truire avec une rapidité merveilleuse ;
elle avait six ans et déjà, si gamine, pro-
mettait de devenir une femme d'élite ; le
garçon, lui, paraissait devoir végéter
dans les bas-fonds de l'enseignement,
auquel le destinait son père.
Subitement ce petit avenir fut anéanti
par une catastrophe.
Une nuit, le paillis recouvrant l'école
s'enflamma : méchanceté d'un écolier
puni, dirent les uns; punition de doc-
trines trop libre-penseuses, marmottè-
rent les autres; « effet de conflagration
par imprudence », affirma la gendarme-
rie en procédant à une enquêté, le len-
demain
Mais, malveillance, accident ou puni-
tion divine, un fait n'en résultait pas
moins, terrible, irréparable : la maison
n'était plus qu'un monceau de ruines
sous lesquelles gisait, horriblement car-
bonisé, le corps du maître d'école.
Les deux enfants avaient pu être sauvés
par les voisins accourus aux lueurs de
l'incendie, mais qui, dans leur égoïsme
campagnard, s'étaient plus occupés de
préserver leurs propres immeubles que de
protéger celui de Pierre Bernard. Même,
la mort du pauvre professeur était-elle
un peu due à ces préoccupations person-
nelles. Frappé par la chute d'un poutre,
il gisait, non encore mort, dans sa
chambre, quand les sauveteurs l'avaient
aperçu. Les flammèches menaçaient
déjà les propriétés mitoyennes . Per-
suadés d'être en face d'un cadavre, les
pompiers volontaires n'eurent garde de
perdre leur temps à l'arracher au feu.
Les deux pauvres petits'restaient or-
phelins, et, ce qui toucha le plus tout le
village, entièrement ruinés. Les quel-
ques valeurs possédées par Pierre Ber-
nard s'étaient envolées en fumée et en
étincelles. De la maison, plus qu'une
ruine effondrée dans la cave, sans un
pan de muraille qui restât debout; avec
cela, pas un pouce de terre en dehors
des quelques mètres où naguère s'éle-
vait l'habitation.
Non, plus rien, la misère noire res-
tant, avec le pain mendié le long des
routes, car Bernard étant instituteur li-
bre, mal vu du Conseil municipal, il ne
fallait point compter sur une rente,
même sur un secours. Si encore on eût
su où résidait la famille du défunt?
Mais le bonhomme, peu loquace, ne s'é-
tait confié à personne et les enfants
trop jeunes l'ignoraient.
Dans leur malheur Ulje -joie leur sur-
vint.
Mme de Kardec, informée de tant de
dénûment, accourut, et, comme son
coeur était de ceux qui ne savent rester
indifférents, elle déclara qu'on ne pou-
vait laisser aux hasards du chemin les
malheureux babies.
- D'abord, moi, je me charge du gar-
çon, affirma-t-elle; ma vue baisse, je ne
puis presque plus écrire; plus tard il sera
mon secrétaire, je lui ferai terminer son
instruction. Qui de vous s'occupera de
la fillette?
- Moi'! s'empressa de dire la fer-
mière de Careil, désireuse de faire sa
cqur à la châtelaine.
C'était là une excellente mesure, en
ce sens que les deux enfants ne seraient
point séparés. Mais le destin devait aller
à rencontre de projets si bien conçus.
L'hiver étant proche, Mme de Kerdec
voulut se rendre dans le Midi, y chercher le
rétablissement d'une santé ébranlée par
les chagrins, aussi par une maladie de
poitrine déjà ancienne. Le fils de Pierre
Bernard l'accompagna.
Le Midi ne suffisant point à la guéri-
son de la maîtresse de Careil, elle dut
bientôt passer en Algérie et s'y installer
à demeure.
Si l'oubli vient vite entre grandes per-
sonnes, combien plus il est rapide entre
enfants encore inhabiles à la correspon-
dance et chez lesquels les liens fami-
liaux n'ont pu acquérir cette solidité que
seule la raison, plus mûre, rend infran-
gibles !
Un jour, arriva à la ferme une triste
nouvelle : Mme de Kardec venait de
mourir à Aïn-Sefra, et son héritage, par-
tagé entre des siens neveux éloignés, ;
s'allait morceler, tombant aux uns et j
aux autres.
Careil échut à un viveur parisien.
Celui-ci, aussitôt un coup d'oeil donné j
à la bâtisse, s'enfuit épouvante des ré-1
parations à y faire; même, il fut heu-
reux de signer, avec les fermiers, un
nouveau bail par lequel ceux-ci, tout en
se chargeant de l'entretien des bâti-
ments, verseraient encore une somme
rondelette à l'héritier, sans qu'il eût à
s'occuper plus de son legs.
La propriété d'Aïn-Sefra vint à un
autre neveu dont on ne connut pas
même le nom dans le pays. Toujours
par voies et par chemins, cet héritier
emmena avec lui le pupille de sa tante,
désireux d'en faire un compagnon,
demi-domestique, demi-parent pauvre,
qui, dans ses pérégrinations, lui serait
un confident.
Le garçonnet presque adulte,-il avait
15 ans à présent - l'avait charmé par
sa bonne mine et aussi par le chagrin
- non feint - que lui causait le décès
de sa bienfaitrice.
Depuis, plus aucune nouvelle !
De son côté, Jeanne-Marie n'avait eu
guère à se plaindre de son sort ; tant
qu'avait vécu la « bonne madame », la
fillette n'avait pas souffert.
La femme Tolosec, tout en regrettant
son trop rapide emballement à imiter
sa maîtresse, maintenant que l'éloigne-
ment do Mme de Kardec lui faisait per-
dre le bénéfice de sa flatterie onéreuse,
ne maltraitait pourtant point la gamine.
Jeanne-Marie, en somme, menait une
vie pas plus triste que celle de son frère.
Comptant toujours sur le retour possi-
ble de la châtelaine, la fermière se gar-
dait bien d'utiliser aux travaux des
champs l'orpheline recueillie. Elle lui
confiait le soin de l'intérieur et même, la
traitant comme si elle eût été sa fille,
« l'envoyait à l'école » !
Il ne faut pas croire, dupé parles sta-
tistiques officielles, que l'instruction soit
si arriérée en Bretagne. Si le quotient
âgs conscrits complmètement illetrées est
effrayant dans les quelques départe-
ments de l'Ouest, en prenant un ensem-
ble des habitants, hommes et femmes,
cette anomalie disparaît pour ramener
la moyenne de toutes les autres campa-
gnes.
Ceci est le résultat d'une avarice bien
entendue et... bien campagnarde.
- A quoi bon, disent les vieux, faire
perdre aux gars le temps qu'ils peuvent
employer à travailler la terre? Ça coûte
cher, le maître d'école!.. Attendons son
« sort ». Au régiment, on saura bien lui
apprendre le nécessaire... et il sera
nourri encore... On lui paiera même des
sous pour le faire savant.
Pour les filles, il en va d'autre sorte...
Moins fortes, moins solides au labour,
c'est à elles qu'on fait donner l'instruc-
tion utile pour tenir les comptes d'une
maison, jusqu'à l'heure où le fils déniaisé-
revient du service, tout faraud, le cer-
veau enflé d'une bouillie de sciences mal
digérées qu'il s'empresse d'oublier.
Donc, Jeanne-Marie, occupant une
place identique ù celle de « fille de la
maison », demeura assez heureuse jus-
qu'à onze ans ; mais alors, la mort de.
Mme de Kardec survenant, la fermière,
déçue dans ses calculs, se rattrapa sur
l'enfant.
Ah ! c'en était ainsi ! On avait recueilli,
nourri cette mendiante, on l'avait choyée
à ne rien faire et cela en pure perte,."
sans que la patronne laissât au moins
quelques rentes destinées à indemniser
les bons coeurs... Attends, attends ! Il te
faudra trimer désormais !
ALBERT DUPUY
v
[Lasuite 4 demain.\
Glodo, qui a s été jusqu'à ce Jour l'organe de
M. Castelar. .
Londres, 10 juin»
M Sexton, un des membres les plus in-
fluents du parti parlementaire irlandais, a
donné sa démission à cause de divergences
de Vues avec les actionnaires du Freeman's
Journal dont le Conseil d'administration était
présidé par M. Sexton. Le parti irlandais se
réunira lundi et fera tout son possible pour
amener M. Sexton à. revenir sur sa décision.
Le New- York Herald nous communique la
dépêche suivante ;
«Luceme, 10 juin.
« La conférence internationale des chemins
?de. fer a terminé ses travaux après avoir voté
une résolution tendant à réglementer le trans-
port de la dynamite. »
« ;-
LE GRAND-HOTEL
Un événement parisien, c'est le dîner,
composé d'un menu exquis, qne le Grand-
Hôtel prépare pour le jour du Grand Prix.
Ce dîner, qui réserve une gracieuse atten-
tion aux élégants visiteurs, sera servi dans
l'admirable salle des Fêtes dans laquelle
un système nouveau et ingénieux^ mai n-
tiendra la plus délicieuse fraîcheur, pen-
dant que l'orchestre de Lucas fera enten-
dre un programme choisi.
Quant à la cour d'honneur, elle présente
en ce moment le décor le plus ravissant :
pour jouir de la vue de cette bonbonnière,
véritable oasis où les fontaines lumineuses
rivalisent d'originalité avec les fleurs et la
verdure, chacun retient ses places au res-
taurant installé sur la terrasse du Café-
Divan, car le Grand-Hôtel leur réserve de
charmantes surprises.
? i ' ' - ? ' ' " ' ?
-^r
îï ouvelles Diverses
DHAME RUE MAITRE-ALBERT
Un drame navrant,' qui a causé une grande
émotion et donné lieu à bien des commentai-
res, s'est passé dans la nuit de vendredi à
samedi, 20, rue Maître-Albert.
A. cette adressa habitaient, depuis le mois
d'octobre dernier, une femme Rataboul, âgée
de quarante ans, et son fils, Philippe, âgé de
dix ans. Originaire de Dunkerque, la femme
Rataboul avait été établie logeuse, rue Maza-
rine, aux Gobelins, place Maubert. Elle avait
fait partout de mauvaises affaires et son
mari, auquel elle avait rendu l'existence in-
tolérable, avait pris le suprême parti de se
tuer pour se soustraire aux souffrances que
lui faisaient endurer le caractère acariâtre et
l'intempérance de la mégère qu'il avait épousée.
Vivant de mendicité, la plupart du temps,
on la rencontrait buvant dans les bouges de la
place Maubert. Elle avait été chassée de tous
les hôtels du quartier et on ne tolérait sa pré-
sence rue Maître-Albert qu'à cause de l'en-
fant, dont la douceur et la gentillesse atti-
raient la sympathie.
Avant-hier, de une heure à deux du matin,
on entendit Philippe pleurer et se plaindre.
Un crémier, M. Mertens, établi de l'autre
côté de la rue, perçut ces mots : « Grâce ! ma-
man, ne me fais pas de mal ! » Puis le bruit
cessa et M. Mertens, qui d'abord avait voulu
intervenir, se rassura.
Hier matin, à sept heures, la femme Ra-
taboul sortit et dit à son propriétaire, M.
Deblieck :
- En voilà une histoire, mon « gosse » qui
est mort !
Puis elle raconta que, ne pouvant plus sub-
venir à ses besoins personnels et à ceux de
son fils, elle avait résolu de s'asphyxier avec
lui. Elle lui avait fait boire une infusion de
pavots et en avait bu aussi. Mais au bout de
quelque temps, elle avait été prise de nausées
et avait vomi. Cela l'avait sauvée. Elle avait
en revenant à elle trouvé son enfant inerte et
mort.
- Lui seul est mort, ajouta-t-elle en es-
sayant de larmoyeir, 11 eal bien heureuxî
Et elle alla vaquer à ses affaires dans les
environs ;
On monta au logement. L'enfant était étendu
sur le ht, la figure convulsée, le visage tu-
méfié.
Dans un coin de la pièce, deux fourneaux
contenant quelques morceaux de charbon de
bois à demi consumés.
- C'est elle qui a tué son enfant J s'écria
un des assistants. Tenez, voyez, elle l'a étran-
glé!
En rapprochant cela des mots entendus la
nuit par M. Mertens, tout le monde dit que
l'enfant avait été assassiné par sa mère.
On envoya chercher deux gardiens de la
paix qui arrêtèrent la femme Rataboul et la
conduisirent chez M. Lejeune, commissaire
de police.
Dans l'après-midi, M. Franqueville, juge
délégué par le Parquet pour instruire cette
affaire, s'est transporté rue Maître-Albert,
accompagné du docteur Vibert. Les faits ra-
contés par la femme. Rataboul ont été recon-
nus exacts. Il n'y a bien eu qu'une tentative
de double suicide. Au cours de la perquisi-
tion, on a trouvé une lettre écrite par la
femme Rataboul et dans laquelle elle priait
qu'on mît dans le cercueil de son fils les ré-
compenses qu'il avait obtenues à l'école de
la rue de Poissy dont il était un des meilleurs
élèves.
Le corps de la victime a été transporté à la
Morgue, pendant que la femme Rataboul
était écrouée au Dépôt sous prévention d'ho-
micide par imprudence.
Uu jeune homme, affectant les allures d'un
employé, portant sous le bras une serviette
en toile cirée noire, se présentait hier, dans
l'après-midi, à l'hôtel de S. A. le prince de
Monaco. H venait, a-t-il dit au valet de cham-
bre,pour toucher le montant d'un abonnement
aux Annales des Sciences géologiques. On le
conduisit au secrétaire du prince. Le visiteur,
se donnant comme un commis de la librairie
du boulevard Saint-Germain, présenta un
reçu de cinquante-huit francs, en texte im-
primé avec en-tête de la maison. Le secrétaire
au prince ne fit aucune difficulté de payer, et
le. pseudo-employé se retira. Ce n'est que
quand Son Altesse rentra qu'on put consta-
ter que le reçu était faux.
Plainte a été immédiatement portée chez
M. Gavrelle, commissaire de police du quar-
tier.
.t " IWMWMWWW*» '
Un sieur Albert Dalong, âgé de trente-huit
ans, demeurant 33, rue des Couronnes, s'est
frappé de sept coups de tranchet dans la poi-
trine, hier, vers une heure, alors qu'il se
trouvait dans la loge du concierge de sa
maison.
Ce désespéré, dont l'état est fort grave, a
été transporté d'urgence à l'hôpital Tenon.
Nous avons dit hier que M. Cochefert, com-
missaire aux délégations judiciaires, avait
opéré une perquisition 41, avenue Marceau,
chez M. Doucet, directeur de la Caisse des
fonds publics.
M. Doucet est l'ancien directeur de la Ban-
que des Chemins de fer et de l'Industrie, rue
Marbeuf. Après la déconfiture de cette ban-
que, il avait monté une maison à son
compte.
Il est accusé d'avoir dissipé les sommes
que lui avaient confiées ses clients. Le déficit
est d'environ 50,000 francs.
M. Doucet, qui avait son domicile particu-
lier à la Garenne-Colombes, a été arrêté et
écroué au Dépôt.
Jean de Paris.
Mémento. - Un certain nombre de cas d'o-
reillons ayant été constatés dans quelques écoles
communales, le préfet de la Seine a ordonné la
fermeture pour quinze jours des écoles de la
rue Boissière (16® arrond.), de la rue des Maraî-
chers (20= arrond.) et de la rue de Reuïlly (12°
arrondissement).
* Trois employés de commerce ont trouvé l'a-
vant-dernière nuit, dans la rue des Capucines,
deux titres de rentes 4 1/2 0/0 ayant une valeur
de 7,000 francs environ. Ils les ont déposés chez
M. Mouquin, commissaire de police.
* Boulevard de La Villette, en face du n° 176,
Mme Jeanne Latrasse, âgée de trente-deux ans,
a été renversée par la voiture de M. Cassard,
cité Marcadet. Portée à Lariboisière.
J. de Pa
A
GAZETTE DES TRIBUNAUX
COUR DE CASSATION. - Les pourvois de
Panama. - NOUVELLES JUDICIAIRES.
M. l'avocat général Baudouin a donné,
hier samedi, ses conclusions dans l'af-
faire de Panama.
M. l'avocat général Baudouin est un
jeune magistrat à la parole nette et pré-
cise, un peu autoritaire, qui parait s'ê-
trè pénétré de cette vérité :
Le Code est un livre' clair, obscurci
par les commentateurs.
J'aime son respect très relatif pour
cette vieille douairière qui s'appelle la
jurisprudence, et dont les éternels dis-
tinguo n'ont jamais profité qu'aux plai-
deurs de marque.
? Il est sans exemple qu'un pauvre dia-
ble ait bénéficié des multiples ressour-
ces que les arrêts de la Cour de cassation
offrent aux puissants. Voler trente-cinq
francs, c'est voler. Mettre des, millions
dans sa poche, ce n'est plus voler, c'est
autre chose qui prend dans la langue
des jurisconsultes des appellations dé-
centes, excusables, et presque flatteuses.
Dans l'affaire de Panama, le grand
cheval de bataille des prévenus, c'est la
prescription.
Vheureuse erreur de M. le procureur
général Quesnay de Beaurepaire requé-
rant une instruction dans des condi-
tions irrégulières, comme l'a dit si déli-
^ciausement un des avocats de la cause,
M' Devin, permettrait
nant avec scepticisme et avec la convic-
tion bien arrêtée qu'il se trouvera tou-
jours pour des prévenus aussi considé-
rables des grâces d'état.
Le souvenir de M. Wilson, condamné
en première instance, à l'époque de l'in-
dignation première, acquitté en appel,
à l'.époque de la lassitude générale,
hante l'esprit du public un peu désabusé
qui suit ce débat de la Cour suprême en
pariant la cassation avec des. commen-
taires bien désobligeants pour la ma-
jesté de la justice.
M. l'avocat général Baudouin s'atta-
che à établir, très simplement, qu'un
procureur général a toujours le droit -
-et le devoir - de requérir une instruc-
tion avant de déférerun prévenu à ses
juges.
Il faut bien s'éclairer, réunir les élé-
ments d'informations indispensables, et,
surtout dans une affaire de chiffres,
dresser des bilans, examiner de près des
comptes, préciser les responsabilités.
C'est l'évidence même, et il faut jouer
misérablement sur les mots pour soute-
nir que les administrateurs de Panama
devaient être directement cités devant la
Cour, sans que le procureur général eût
le droit de faire examiner leurs livres.
M. l'avocat général Baudouin cons-
tate que cette instruction préalable est
absolument nécessaire dans l'intérêt
même du prévenu, car il serait trop fa-
cile, autrement, de citer un magistrat,
un grand dignitaire de la Légion d'hon-
neur, devant la justice répressive, sans
même s'assurer auparavant'qu'il est
coupable, et en l'exposant au scandale
d'une poursuite peut-être téméraire et
dépourvue de toute base légale.
M. l'avocat général Baudouin conclut
que l'instruction requise était régulière-,
nécessaire, et qu'elle a interrompt la
prescription derrière laquelle les condam-
nés de Panama essaient vainement de se
réfugier.
En ce qui concerne M. Eiffel, l'organe
du ministère public estime que la Cour
d'appel s'est prononcée sur des ques-
tions de fait qui échappent à^la censure
purement juridique de la Cour suprême.
La péroraison est à citer tout entière.
Elle est d'un esprit sage, modéré, indé-
pendant, qui voit les choses sans pas-
sion et qui regarde froidement du ri-
vage cette marée montante et descen-
dante qu'on appelle « l'opinion » :
Lorsque, de ce point culminant où nous
sommes parvenus, la pensée se reporte nul-
les divers incidents de ce procès, il faut bien
se dire que nous vivons en un singulier
temps. On peut se demander si, de nos jours,
la mesure n'est pas devenue un vain mot.
Dès la première heure, dans cette malheu-
reuse affaire, les passions se sont déchaînées.
Les sages, qui demandaient la réflexion pour
l'examen, ont été entraînés par le flot des
agités.
Quelles tempêtes et quels déchaînements
dans la presse et dan# l'opinion publique !
Alors, c'étaient des soupçons injurieux contre
tout le monde, particulièrement contre les
magistrats, dont on suspectait la fermeté et
l'impartialité.
Des débats éclatants se sont produits. L'ar-
rêt a été rendu, et en présence des millions
gaspillés, gâchés avec la plus incroyable fai- -
blesse, la Cour a cru qu'elle pouvait appliquer
les peines que la loi avait édictées dans sa
sagesse.
Alors un revirement s'est produit qui, plus
que les colères, a dépassé toute mesure.
Il est temps que le bon sens reprenne son
empire et que la raison retrouve ses droits.
Lorsque le calme sera fait et qu'on exami-
nera dans la sérénité de sa conscience les
responsabilités et les peines, j'ai confiance
que l'heure de la justice aura sonné' enfin
Eour la justice elle-même et que l'impartiale
istoire confirmera ses arrêts.
Après ces remarquables conclusions
de M. l'avocat général Baudouin, la
Cour suprême renvoie son arrêt à jeudi
prochain.
**4
Le Tribunal correctionnel de Louviers
jugeait hier un singulier mari.
M. Lehuby, piqueur au chemin de
fer, ayant fort à se plaindre de sa femme
et redoutant ses infidélités, avait pris
l'habitude de l'enfermer, pendant ses
heures de service, dans une malle per-
cée de trous, longue de 1 m. 75, large de
48 centimètres et haute de 0 m. 65, qu'il
serrait fortement avec une corde.
Lehuby a été condamné à cinquante
francs d'amende pour séquestration.
Albert Bataille.
Informations
Actes officiels. - Sont nommés trésoriers-
payeurs généraux :
A Pau, M. Rey, trésorier-payeur général à
Tarbes.
A Tarbes, M. Lafargue, trésorier-payéur géné-
ral à Gap.
A Gap, M. Antoine, percepteur, ancien député
de Metz au Reichstag.
M. l'amiral Rieunier, ministre de la ma-
rine, a soumis à la signature de M. le Prési-
dent de la République des décrets en vertu
desquels sont nommés :
Au commandement d'une division de l'escadre
de la Méditerrannée, M. le contre-amiral Ga-
daud.
Membre ttu conseil ùco 'im r WUA -ùo -V-...
M. le contre-amiral de La Boninière de Beau-
mont.
Major-général à Cherbourg, M. le contre-ami-
ral Fournier.
Notes mondaines. - Ce n'est pas à Mme G.
de Montgomery, retenue très souffrante chez
elle en ce moment, mais à sa belle-soeur,
qu'est arrivé l'accident de voiture dont plu-
sieurs journaux ont parlé. Cet accident du
reste n'a eu aucune suite fâcheuse.
Mort de M. de Tréveneuc. - Nous apprenons
la mort de M. de Tréveneuc, sénateur des
Côtes-du-Nord.
Né en 1815, M. de Tréveneuc fit partie,
après la révolution de 1848, de l'Assemblée
constituante. Envoyé en 1849 à l'Assemblée
législative, il fut placé dans les rangs monar-
chistes.
Sous l'Empire, il se tint à l'écart de la vie
politique. En 1871, les Côtes-du-Nord le ren-
voyèrent à l'Assemblée nationale. Il fut élu
sénateur en 1876 et réélu en 1885. Il siégea à
droite et prit part, avec succès, et talent, à
plusieurs discussions publiques.
Obsèques. - Les obsèques de M. Peter au-
ront lieu après-demain mardi, à midi, à l'é-
glise Saint-Louis d'Antin.
Après la cérémonie, le cercueil sera trans-
porté à Versailles.
Avis. - Pour répondre aux besoins de sa
clientèle, les magasins du chapelier Léon,
21, rue Daunou, resteront ouverts aujour-
d'hui toute la journée.
A l'occasion du Grand-Prix, Paris-
Courses, le seul journal quotidien de sport à
cinq centimes le numéro, offre gratuitement
son supplément illustré du Grand-Prix de
Paris à tout acheteur de son numéro.
Librairie. - Le docteur Zabé vient de faire
paraître chez Savy, 77, boulevard Saint-Ger-
main, la Dyspepsie, cause première, un livre
d'une puissante originalité qui intéressera les
médecins, surtout les personnes qui digèrent
péniblement et un grand nombre de gastro-
pathes dont la cure est assurée.
La Revue hebdomadaire. - Dans le fasci-
cule de cette semaine, la Revue hebdomadaire
publie, avec l'un des derniers chapitres du
a Docteur Pascal », d'une émotion poignante,
la suite des notes et souvenirs d'un a Anglais
à Paris » dont le succès est si vif. Il y a là
de curieux souvenirs sur MM. de Persigny,
de Morny, Walewski et Rouher.
Citons encore, dans le même fascicule,
quelques jolies poésies de M. Alber Jhouney
et une intéressante étude de M. Emile Man-
ceau sur les cadres de l'armée.
Jardin d'Acclimatation. - Il est impossible
dfe rêver plus joli spectacle que celui que pré-
sentent actuellement les serres chaudes cou-,
tiguës au grand Jardin d'Hiver du Jardin
d'Acclimatation.
Il y a là des centaines d'orchidées en pleine
floraison : Odontoglossum Alexandrae O.
Vexilarium, Phaloenopsis, Utriculaires, Ci-
pripedium, etc., etc., qui, groupées avec un
goût exquis, au milieu de plantes exotiques
aux couleurs éclatantes, forment, tranchant
sur le feuillage toujours vert des palmiers,
un ensemble vraiment féerique et de nature à
charmer l'oeil le plus délicat.
Ne quittons pas le Jardin d'Acclimatation
sans rappeler à nos lecteurs que l'excellent
orchestre dirigé par M. L. Pister, se fait main-
tenant entendre tous les jours en plein air,
quand le temps le permet, et dans le Palma-
rium du Palais d'Hiver, en cas de pluie.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
Du 10 juin
BYVWVYW ARRAS. - M. Vigcr, ministre de
l'agriculture, est arrivé cette après-midi à
Arras à 4 h. 20, venant présider demain la
distribution des prix du Concours régional
agricole.
Les présentations officielles à la Préfecture
n'ont été marquées par aucun incident. Tou-
tefois, on a beaucoup remarqué les deux allo-
cutions échangées entre le ministre et le re-
présentant de l'évêque d'Arras.
M. le vicaire général Liénard a d'abord
excusé Mgr Williez, retenu à Boulogne par
une cérémonie où sa présence est de cons-
tante tradition.
Nous saluons en vous; continue-t-il, le gou-
vernement de la République et nous lui offrons,
comme à Votre Excellence, l'expression do notre
respect. Le3 ministres de la religion applau-
dissent aux efforts faits par vous pour encou-
rager et relever l'agriculture. Prêtres, nous n'ou-
blions pas que nous sommes Français et ci-
toyens et nous nous efforçons de servir à: la fois
la patrie et la religion en nous inspirant des en-
seignements de notre Saint-Père le Pape Léon XIII.
M. Viger a répondu :
Monsieur le vicaire général, les sentiments que
vous m'exprimez iront droit au coeur de tous les
Français. Vous n'avez pas craint de prononcer le
mot de République et en cela vous avez suivi les
enseignements donnés de si haut par un Pape
qui tiendra une grande page dans l'histoire.
Le ministre a terminé en faisant l'éloge des
sentiments de conciliation de l'évêque d'Ar-
ras qu'il regrette de ne pas voir mais k qui il
prie le vicaire général d'offrir le témoignage
de son respect.
La gréve de Sainte-Florine
LE PUY. - Tout est rompu. Ce qu'on
croyait n'être qu'un bruit adroitement mis en
circulation par des agitateurs aux abois est
aujourd'hui une nouvelle certaine : la grève
continue.
Les propositions d'arrangement d'abord ac-
ceptées par le Comité de la grève, et qui ont
trouvé une si grande approbation dans l'opi-
nion publique, ont été repoussées â la suitè
d'une discussion violente et des perfides con-
seils du citoyen Dufour, envoyé par la Bourse
du Travail de Paris avec mission d'empêcher
la cessation certaine de la grève.
Tous ceux qui portent intérêt aux ouvriers
ont été surpris de ce brusque et inexplicable
changement et sont attristés de la décision
qui a été notifiée à la direction du Grosménil
dans les termes suivants : --
« L'assemblée a décidé à l'unanimité la
réintégration -pure a. at toute o IOB OXk-
vriers grévistes y compris Amblard et Col-
lange. »
A la dernière heure j'apprends que sur de
nouvelles et pressantes instances le sous-pré-
fet do Brioude a consenti à faire de nouvelles
démarches auprès de la compagnie en com-
plétant ainsi qu'il suit les propositions qu'il
avait déjà formulées.
1° Promesse écrite que Collange et Amblard
rentreront le même jour que les autres mi-
neurs dans une autre mine du bassin ;
2° Indemnité de 500 fr. au lieu de 400 fr. à
Collange et Amblard.
Ces propositions seront soumises en assem-
blée générale des grévistes. Il est à croire
qu'elles seront acceptées, autrement ce serait
à désespérer du bon sens des mineurs de
Sainte-Florine et de Brassac, que ce trop
long chômage a réduits pour la plupart à la
misère.
NANTES. - Aujourd'hui, avant la
séance extraordinaire du Conseil général, il
s'est passé un fait regrettable. M. Leroux, le
nouvel élu de Païmboeuf, Retrouvait dans la
salle et causait avec plusieurs de ses collè-
gues de la gauche, quand M. le baron de La-
reinty s'approcha de lui et lui dit : « Vous
êtes un insolent ; je me battrai avec vous. »
M. Leroux répondit sur un ton très calme,
mais le baron répliqua : « Je vous ferai bat-
tre quand je voudrai ; en attendant, ma peau
vaut bien la- vôtre 1 »
Cet incident est très vivement commenté.
Lu Grève dau Avocats
A
reau n'assistait à l'audience de la deuxième
Chambre.
Un avoué, invité à faire le dépôt de son
dossier, après une double sommation du pré-
sident Bonnet fet après que la parole eut été
donnée deux fois pour requérir contre lui
comme n'obéissant pas aux injonctions de la
cour, et appelé à "se défendre contre les ré-
quisitions, a déclaré faire défaut. Puis ii est
sorti, suivi de tous ses collègues.
Argus.
« - -
LA BOURSE
Le marché continue à rester dépourvu d'ani-
mation : c'est.toujours la môme note, consé-
quence du même fait : le nouvel impôt sur les
opérations de Bourse.
Un premier point, qui d'ailleurs ne faisait
doute pour personne, vient d'être tr anché par
le directeur de l'enregistrement, M. Liotard-
Vogt : les assujettis n'auront pas à inscrire sur
le répertoire les opérations effectuées à l'étran-
ger pour leur propre compte. Mais, par contre,
toutes les opérations effectuées en France, à
quelque titre que ce soit, devront figurer sur
le répertoire des assujettis. Il on résultera que
le fisc saura, quand il le voudra, quels seront
les auteurs d'un gros mouvement de hausse
ou de baisse.
Le marché est ferme relativement, malgré
la pénurie des affairés traitées à terme sur-
tout. On fait remarquer qu'en présence de cette
abstention de la spéculation, un incident
quelconque pourrait provoquer de dangereux
mouvements de cours. Toutefois, il n'est pas
mauvais d'ajouter qu'en pareille circons-
tance et devant des écarts énormes, la spécu-'
lation oublierait sans doute assez vite l'impôt
en question.
La Renié a débuté â 98 32, cours auquel
elle s'est maintenue assez longtemps, pour
descendre un peu avant la clôture à 98 30, et
terminer à 98 37, soit 2 centimes plus haut
que la veille. Au comptant, les cours ont
oscillé de 98 30 à 98 40. Les primes pour fin
courant se sont échangées en petite quantité
de 9845 à 98 50 dont 50, de 98 60 à 98 65 dont
25; on en a traité quelques-unes à 9910
dont 25.
L'Extérieure, assez ferme à l'ouverture à
66 20, est brusquement tombée à 65 87, sur
le bruit non confirmé d'une nouvelle maladie
du petit Roi d'Espagne ; en clôture, on a fait
66. M. Sagasta a déclaré à la Chambre que le
gouvernement maintenait les réformes ins-
crites au budget ; il a ajouté que, si le budget
n'était pas voté avant le 1er juillet, il y aurait
une perte mensuelle de 5 millions pour le
Trésor.
L'Italien s'est relevé de 93 05 à 93 20 ; le
budget de l'intérieur a été voté à une grande
majorité ; d'autre part les avis de Rome lais-
sent prévoir une entente entre' le gouverne-
ment et le Parlement au sujet de la question
des Banques d'émission.
A Berlin le rouble a remonté aux environs
de 217, et l'Orient a suivi, regagnant 25 cen-
times à 69 70, toutefois au comptant les
grosses coupures sont plutôt offertes à 69 20.
Le Turc est lourd à 22 au parquet, à 2210
et 22 05 en coulisse.
Les fonds Helléniques sont mieux tenus,
notamment le 4 0/0 1887, dit emprunt-mo-
nopole, qui passe de 251 â 268. On n'est pas
encore très bien fixé sur le futur emprunt.
. #*#
Nos Sociétés de crédit sont fermes. La
Banque de France, toujours sans cours à
terme, se négocie de 3,915 à 3,920 au comp-
tant. Le Crédit Foncier se relève de 978 75 à
987 50, pour terminer à 985 ; en même temps,
les primes sont demandées à 992 50 dont 10
francs et 995 dont 5 fr. pour fin courant, à
997 50 dont 20 fr. et 1,006 25 dont 10 fr. pour
fin prochain. Les Communales 1892 s'avan-
cent à 496 50. Le Crédit Lyonnais varie de
762 50 à 763 75. Les obligations de la Foncière
Lyonnaise, à 433 les ^ anciennes, à 427 50 les
nouvelles, donnent lieu à de nombreux achats;
le public a compris que les obligations d'une
Société dont le passif ne dépasse pas 30 mil-
lions, alors
hypothèque, présentent des garanties qu'on
rencontre très rarement et constituent des
titres de tout premier ordre La Banque de
Paris fait 658 75, et la Banque internationale
.iSO. lica Immeubles
tions S O/O, ù. 474 les obligations 4 0/0. La
Banque ottomane est lourde à 596 25. -
Nos Chemins se maintiennent facilement à
leurs plus hauts cours : l'Ouest atteint 1,100.
Les Lombards sont un peu mieux à 222 50.
Le Saragosse est plus faible à 185. Les obli-
gations 5e hypothèque du Nord de l'Espagne
ont des achats à 249 et 250 ; les Sud de l'Es-
pagne valent de 139 à 140.
Le Suez est lourd à 2,678 75 ; la recette
du 10 a été de 170,000 fr., contre 240,000 fr.
en 1892.
Les Valeurs de mines sont assez fermes :
Rio, 382 50 ; de Beers, 461 25.
Les obligations 5 0/0 des Télégraphes sous-
marins sont à 445; les 4 0/0 du Jardin d'Ac-
climatation à 435.
Xa Financière,
24, rue Drouot.
Les dents et dentiers sans crochets, ressorts
et plaque, sont le dernier mot de la perfection
de l'art dentaire. C'est au Dr H. Adler, seul
inventeur breveté, 16, avenue de l'Opéra,
que nous devons cette merveilleuse invention.
PETITE GAZETTE
Pain grillé Jacquet, 92, rue Richelieu, Paris.
SPORT
COURSES AU BOIS DE BOULOGNE
C'est la veillée des armes que nous venons
de faire pour nous préparer au grand tournoi
de demain. Nous n'étions pas très nombreux
au pesage, mais je puis dire sans fatuité que
nous représentions l'élite du monde sportif.
Le ring était des plus animés ; j'ai remarqué que
l'on pariait cher et que les preneurs n'avaient
pas précisément beau jeu. Les trois premiers
favoris ont échoué et Chandernagor, pour le-
quel on payait dans le Prix de la Néva, n'a
pu être que troisième sur trois. C'est Cadet
Roussel qui a gagné au petit galop et j'ai en-
tendu un artiste d'un grand talent, je. ne dis
pas que c'était Soulacroix ^pourtant Souîa-
croix était aux courses^, qui chantait le cou-
plet suivant dû à l'improvisation d'un pre-
neur malheureux dé Chandernagor, ait- de
Cadet Roussel:
Cadet Roussel est .un canard
Appartenant ù. Veil-Picard.
Pour son ch'val craignant un' faiblesse
Veit-Picard avertit la presse.
Malgré cet avertissement,
Cadet Roussel gagn' facil'ment !.<
Les bakers reprenaient un peu l'offensive
et les victoires de Galette et de Trovatore
les fémettaient A flot quand la défaite de Gil
Pérès les a replongés dans le sixième dessous.
Le cheval de M. Guestier s'est emballé, a fait
un tour .entier de la petite pisté à plein train
et finalement a «été battu par Sterling.
Le Prix du Mont- Valérien, 4,000 fr., 2,100
mètres, a été pour Le Tonnerre (4/1), à M. de
Saint-Alary (Rolfé), battant Dissé, à M.
Ephrussi (Maiden), et Festina, à M. D. Gues-
tier (Clôut). ...
. Pari mutuel a 10 fr. :'@i fr. :. Placés : Le
Tonnerre, 24 fr.; Dissé, 22 fr; 50.
Le Prix de l'Eté, 5,000 îr., 1,600 mèt., a
été pour Bracatelle. {4/1}, à .M. Ephrussi
(Maiden), battant Le Cordoùan, au baron
Roger (Barlen), Too Son, à M. H. Say, (Jones),
et Plaisir, à M. Ed. Blanc (Wycherley).
Pari mutuel- à 10 fr. : 60 fr. 50. Placés :
Brocatelle,-'22 fr. 50; Le Cordouan, 34 fr.;Too
Soon, 20 fr, . .
Le Prix de la Neva, 10,000 fr., 3,000 m., a
été pour Cadet Roussel (5/2), à M. Veil-
Picard (French), battant Clodia à M. H. De-
lamare (Childs) et Chandernagor, à M.
Edmond Blanc (J. Cooke).
Chandernagor a pris les devants sur Cadet.
Roussel et Clodia. Entre les tournants, Clo-
dia se rapprochait de Chandernagor, dont
elle avait raison à l'entrée de la ligne droite.
Mais Cadet Roussel les dépassait à la hau-
teur des premières tribunes et gagnait sans
lutte de deux longueurs et demie. Chander-
nagor finissait troisième à trois longueurs.
Pari mutuel à 10 fr. : 27 fr. 50.
Le Prix de Meudon, 10,000 fr., 3,000 m., a
été pour Galette (4/7), à M. R. Count (Storr),
battant Vertige, à M. Jacquemin (Barlen), et
Lavoir, à M. Michel Ephrussi (J. Watkins).
Barbillon a mené devant Lavoir, Galette et
Vertige. L'ordre restait le même jusque dans
la ligne droite où Galette se détachait pour
gagner avec la plus extrême facilité de trois
lonqueurs sur Vertige, qui prenait de trois
quarts, de longueur la seconde place à La-
voir.
Pari mutuel à 10 fr. : 17 fr. Placés : Galette,
13 fr. ; Vertige, 23 fr.
Le Prix de Ferrières, 4,000 fr., 2,100 m., a
été pour Trovatore (4/5), à M. H. Say (Jones),
battant Druide, à M. Jacques Hennessy (Bar-
len), et Impérieuse, au prince d'Arenberg
(Hartley).
Trovatore a été réclamé par M. E. Teisset
pour 8,225 fr.
Pari mutuel à 10 fr. 21 fr. 50.
Le^ Prix d'Argenteuil, 6,000 fr., 2,400 m., a
été pour Sterling (8/1), à M. F. de Boissieu
(J. Wattkins), battant GilPérès, à M. D. Gues-
tier (Clout), et Moncontour, au comte Hallez-
Ciaparéde (A. Childs).
Gil Pérès a fait un tour de piste avant le
signal, puis a mené devant Sterling, Moncon-
tour, Fructidor et Molière. Entre les tour-
nants, Fructidor, puis Molière, fléchissaient.
Dans la ligne droite, Gil Pérès ne pouvait ré-
sister à l'attaque de" Sterling, qui gagnait
d'une longueur. Moncontour était troisième à
une courte tête.
Pari mutuel à 10 fr. : 69 fr. Placés : Ster-
ling, 21 fr. 50; Gil Pérès, 15 frj
NOTES SUR LONGCHAMPS
On lira en première page mon appréciation
sur le Grand Prix.
Voici pour les autres courses :
Le prix d'Armenonville paraît entre At Mei-
dan et Denderah. Fripon doit gagner le prix
d'Ispahan.
Dans le prix Castries, Avoir et Lausanne
mo comblent bien placés. Le prix Vaublanc
devrait revenir au Capricorne ou à Borghèse.
Le prix du duc d'Aoste devrait revenir â
Loisir ou à Diamant Jaune.
Robert Mllton.
LOCATION
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COFFRES-FORTS
Le CRÉDIT LYONNAIS
met â. la disposition du Public des
Coffres-Forts pour Garde de Titres,
Papiers de famille, Titres de propriété.
Bijoux, Dentelles, Argenterie, etc., etc.
5 fr. par Mois - Par Ail : fr. 40
Hsfgiènëët Beauté de ia Peau
La Veloutina est une Poudre de Riz spéciale.
préparée au Bismuth, elle est hygiénique,
adhérente et invisible, elle donne à la peau uns
beauté et une fraîcheur naturelles.
Seule récompensée à l'Exposition Universelle de 1839
CL FAX, Parfumeur, 9. Btto de la Pais
^dTijpoi'S tous dont la constitution est languissante
»K ouaffaiblieparletravail.lesveilles ou les excès
de toutes sortes buvez le VIN AROUD
au ?Quinquina, au Fer et au Jus de Viande. C'est une
véritable chair coulante et par conséquent le reconsti-
tuant le plus énergique connu. Toutes Pharmacies.
GERMANDRÉE
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Miqnot-Boucher, 19, rua Viiimna. PARIS.
„ Feuilleton du Figaro du 11 Juin 1893
4-
CYCLAMEN
MOEURS BOURGEOISES
PREMIÈRE PARTIE
II
Julio entra dans la ferme où il se fit
servir un copieux repas, largement payé
. avec cette insouciance de l'artiste entre
les doigts de qui l'argent coule, sans in-
quiétude du lendemain. Tout en man-
geant l'omelette, le jambon cuit à point
et la friture de soles microscopiques
chalutées en fraude, malgré les gardes-
pêche ; tout en se versant de pleines ra-
sades du petit vin blanc du pays -. un
vin qui gratte le gosier comme une râpe
et monte à la tête autant que le Champa-
gne, - ir regardait en dessous Jeanne-
Marie, essayant de comprendre cette
nature complexe, si franchement dévoi-
lée devant lui, et que cette franchise
même rendait plus absconse par les
multiples contradictions apparentes dont
elle était formée.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
'ralté avec la Société des Gens de liTtres!
Cf9rt8 aerçprodugtoqijréiçrYéspour
C'est qu'en effet Jeanne-Marie offrait
un riche champ aux investigations psy-
chiques et, pour bien définir les arcanes
de cet esprit, utile était de connaître les
particularités de sa prime jeunesse et
les conditions qui l'avaient placée dans
sa situation présente.
Toute jeune, enfant même, un grand
malheur était venu imprimera son exis-
tence une impulsion différente de celle
que semblait lui destiner sa naissance.
Son père, Pierre Bernard, était un
petit instituteur libre qui, devenu veuf,
ayant quelques ressources, mais atteint
d'une profonde misanthropie, s'était ré-
fugié dans un coin perdu de Bretagne.
Là, il avait, dans une chaumine, installé
une école pour les enfants du pays. Si la
maison ne prospérait guère, en raison
des difficultés du paiement des leçons,
Pierre Bernard s'en inquiétait peu ; qu'il
vécût, qu'il donnât la becquée à sa petite
famille,cela lui suffisait maintenant dans
son manque d'ambition. Le frère de
Jeanne-Marie, de quatre années plus âgé,
mis un peu en retard par une maladie
d'enfance, ne prospérait pas beaucoup
dans ses études.Quant à elle, son intelli-
gence ouverte lui permettait de s'ins-
truire avec une rapidité merveilleuse ;
elle avait six ans et déjà, si gamine, pro-
mettait de devenir une femme d'élite ; le
garçon, lui, paraissait devoir végéter
dans les bas-fonds de l'enseignement,
auquel le destinait son père.
Subitement ce petit avenir fut anéanti
par une catastrophe.
Une nuit, le paillis recouvrant l'école
s'enflamma : méchanceté d'un écolier
puni, dirent les uns; punition de doc-
trines trop libre-penseuses, marmottè-
rent les autres; « effet de conflagration
par imprudence », affirma la gendarme-
rie en procédant à une enquêté, le len-
demain
Mais, malveillance, accident ou puni-
tion divine, un fait n'en résultait pas
moins, terrible, irréparable : la maison
n'était plus qu'un monceau de ruines
sous lesquelles gisait, horriblement car-
bonisé, le corps du maître d'école.
Les deux enfants avaient pu être sauvés
par les voisins accourus aux lueurs de
l'incendie, mais qui, dans leur égoïsme
campagnard, s'étaient plus occupés de
préserver leurs propres immeubles que de
protéger celui de Pierre Bernard. Même,
la mort du pauvre professeur était-elle
un peu due à ces préoccupations person-
nelles. Frappé par la chute d'un poutre,
il gisait, non encore mort, dans sa
chambre, quand les sauveteurs l'avaient
aperçu. Les flammèches menaçaient
déjà les propriétés mitoyennes . Per-
suadés d'être en face d'un cadavre, les
pompiers volontaires n'eurent garde de
perdre leur temps à l'arracher au feu.
Les deux pauvres petits'restaient or-
phelins, et, ce qui toucha le plus tout le
village, entièrement ruinés. Les quel-
ques valeurs possédées par Pierre Ber-
nard s'étaient envolées en fumée et en
étincelles. De la maison, plus qu'une
ruine effondrée dans la cave, sans un
pan de muraille qui restât debout; avec
cela, pas un pouce de terre en dehors
des quelques mètres où naguère s'éle-
vait l'habitation.
Non, plus rien, la misère noire res-
tant, avec le pain mendié le long des
routes, car Bernard étant instituteur li-
bre, mal vu du Conseil municipal, il ne
fallait point compter sur une rente,
même sur un secours. Si encore on eût
su où résidait la famille du défunt?
Mais le bonhomme, peu loquace, ne s'é-
tait confié à personne et les enfants
trop jeunes l'ignoraient.
Dans leur malheur Ulje -joie leur sur-
vint.
Mme de Kardec, informée de tant de
dénûment, accourut, et, comme son
coeur était de ceux qui ne savent rester
indifférents, elle déclara qu'on ne pou-
vait laisser aux hasards du chemin les
malheureux babies.
- D'abord, moi, je me charge du gar-
çon, affirma-t-elle; ma vue baisse, je ne
puis presque plus écrire; plus tard il sera
mon secrétaire, je lui ferai terminer son
instruction. Qui de vous s'occupera de
la fillette?
- Moi'! s'empressa de dire la fer-
mière de Careil, désireuse de faire sa
cqur à la châtelaine.
C'était là une excellente mesure, en
ce sens que les deux enfants ne seraient
point séparés. Mais le destin devait aller
à rencontre de projets si bien conçus.
L'hiver étant proche, Mme de Kerdec
voulut se rendre dans le Midi, y chercher le
rétablissement d'une santé ébranlée par
les chagrins, aussi par une maladie de
poitrine déjà ancienne. Le fils de Pierre
Bernard l'accompagna.
Le Midi ne suffisant point à la guéri-
son de la maîtresse de Careil, elle dut
bientôt passer en Algérie et s'y installer
à demeure.
Si l'oubli vient vite entre grandes per-
sonnes, combien plus il est rapide entre
enfants encore inhabiles à la correspon-
dance et chez lesquels les liens fami-
liaux n'ont pu acquérir cette solidité que
seule la raison, plus mûre, rend infran-
gibles !
Un jour, arriva à la ferme une triste
nouvelle : Mme de Kardec venait de
mourir à Aïn-Sefra, et son héritage, par-
tagé entre des siens neveux éloignés, ;
s'allait morceler, tombant aux uns et j
aux autres.
Careil échut à un viveur parisien.
Celui-ci, aussitôt un coup d'oeil donné j
à la bâtisse, s'enfuit épouvante des ré-1
parations à y faire; même, il fut heu-
reux de signer, avec les fermiers, un
nouveau bail par lequel ceux-ci, tout en
se chargeant de l'entretien des bâti-
ments, verseraient encore une somme
rondelette à l'héritier, sans qu'il eût à
s'occuper plus de son legs.
La propriété d'Aïn-Sefra vint à un
autre neveu dont on ne connut pas
même le nom dans le pays. Toujours
par voies et par chemins, cet héritier
emmena avec lui le pupille de sa tante,
désireux d'en faire un compagnon,
demi-domestique, demi-parent pauvre,
qui, dans ses pérégrinations, lui serait
un confident.
Le garçonnet presque adulte,-il avait
15 ans à présent - l'avait charmé par
sa bonne mine et aussi par le chagrin
- non feint - que lui causait le décès
de sa bienfaitrice.
Depuis, plus aucune nouvelle !
De son côté, Jeanne-Marie n'avait eu
guère à se plaindre de son sort ; tant
qu'avait vécu la « bonne madame », la
fillette n'avait pas souffert.
La femme Tolosec, tout en regrettant
son trop rapide emballement à imiter
sa maîtresse, maintenant que l'éloigne-
ment do Mme de Kardec lui faisait per-
dre le bénéfice de sa flatterie onéreuse,
ne maltraitait pourtant point la gamine.
Jeanne-Marie, en somme, menait une
vie pas plus triste que celle de son frère.
Comptant toujours sur le retour possi-
ble de la châtelaine, la fermière se gar-
dait bien d'utiliser aux travaux des
champs l'orpheline recueillie. Elle lui
confiait le soin de l'intérieur et même, la
traitant comme si elle eût été sa fille,
« l'envoyait à l'école » !
Il ne faut pas croire, dupé parles sta-
tistiques officielles, que l'instruction soit
si arriérée en Bretagne. Si le quotient
âgs conscrits complmètement illetrées est
effrayant dans les quelques départe-
ments de l'Ouest, en prenant un ensem-
ble des habitants, hommes et femmes,
cette anomalie disparaît pour ramener
la moyenne de toutes les autres campa-
gnes.
Ceci est le résultat d'une avarice bien
entendue et... bien campagnarde.
- A quoi bon, disent les vieux, faire
perdre aux gars le temps qu'ils peuvent
employer à travailler la terre? Ça coûte
cher, le maître d'école!.. Attendons son
« sort ». Au régiment, on saura bien lui
apprendre le nécessaire... et il sera
nourri encore... On lui paiera même des
sous pour le faire savant.
Pour les filles, il en va d'autre sorte...
Moins fortes, moins solides au labour,
c'est à elles qu'on fait donner l'instruc-
tion utile pour tenir les comptes d'une
maison, jusqu'à l'heure où le fils déniaisé-
revient du service, tout faraud, le cer-
veau enflé d'une bouillie de sciences mal
digérées qu'il s'empresse d'oublier.
Donc, Jeanne-Marie, occupant une
place identique ù celle de « fille de la
maison », demeura assez heureuse jus-
qu'à onze ans ; mais alors, la mort de.
Mme de Kardec survenant, la fermière,
déçue dans ses calculs, se rattrapa sur
l'enfant.
Ah ! c'en était ainsi ! On avait recueilli,
nourri cette mendiante, on l'avait choyée
à ne rien faire et cela en pure perte,."
sans que la patronne laissât au moins
quelques rentes destinées à indemniser
les bons coeurs... Attends, attends ! Il te
faudra trimer désormais !
ALBERT DUPUY
v
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