Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1884-07-18
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 juillet 1884 18 juillet 1884
Description : 1884/07/18 (Numéro 200). 1884/07/18 (Numéro 200).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k278999k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
30e Année. 3* Série. - Numéro 200
Le Numéro : 15 cent, à Paris? 20 cent, dans les Départements
Vendredi 18 Juillet 1884
ffl-A N C15..; M A G NARû
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
DO midi à minuit, rue Drouot, 20
?les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
26, rue Drouot, 20
Êomxa wwgasa jSËëÊSï&SËBI marnai
"flglpP* mv&jËgjB/} ? JBBBmHn9 EpgM DBBB^A
' " - ? ? . ' .
H. DE VI'LLEM ESSANT
Fondateur
FEBNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Département» : trois Mois I 9 fr- 50
Sari» : Trois Unis | 6
ANNONCES, RECLAMES S PETITES ANNONCES
DOLUHGEH FII.S, SKGUY ET C", 16, RUE UIUNliE-BATELIER!
ET AU FIGARO, 2(3. RUE DROUOT
SOMMAIRE
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN : Pierre Giffard.
ECHOS DE PARIS : Masque de Fer.
PARIS EN VACANCES. - v- r
M. LE DUC DE CHARTRES A MARSEILLE : D,
ALPHONSE HIRSCH : Albert Wolff.
LES MIETTES DE LA POLITIQUE : Sera y.
LA CHAMBRE : Albert Millaud.
LE SÉNAT : P. H.
AUTOUR DES CHAMBRES : Paul Hémery.
HORS DE FRANCE : Ferry,
LE CHOLÉRA : L.D. J
PARIS AU JOUR LE JOUR : Adolphe Racot.
NOUVELLES DIVERSES : Jean de Paris.
GAZETTE nus TRIBUNAUX : Albert Bataille.
TELEGRAMMES ET CORRESPONDANCES : Argus.
LA BOURSE : La- Financière.
' COURRIER DES THÉÂTRES : Charles Darcours.
SPORT:X.
FEUILLETON : CHAMPAGNE CORNOD : -4 dolphe Racot.
BEAUCOUP DE BRUIT
POUR RIEN
Angers, 16 juillet.
Me voici à Angers pour y découvrir
des choses d'un noir, mais d'un noir!...
Le choléra n'est rien à côté de cette af-
faire déjà bien ressassée de la Déclara-
tion publiée par le journal des Veuillot.
Qui l'a écrite ? Qui l'a signée ? Qui l'a
inspirée?. Mystère s saugrenus à Paris!
Secrets de.polichinelle à Angers 1
On s'émeut à Paris de choses qui lais-
sent l'Anjou bien tranquille, allez !
La Déclaration ? disent les Angevins,
mais on n'a fait qu'en rire, chez nous;
Personne ne peut prendre au sérieux,les
élucubrations de M. de Kernaeret, qui
l'a communiquée à l'Univers, pas plus
que les prétentions hypothétiques des
princes espagnols, absolument inconnus
chez nous.
- Etudiez pendant deux jours l'esprit
de notre ville, me disait avant-hier un
de nos amis d'Angers ; écoutez et faites
votre profit de tous les renseignements
que vous pourrez recueillir. Vous verrez
en peu d'heures quelle opinion l'on doit
avoir de nos principaux personnages
angevins et de ceux qui voudraient jouer
un rôle, si petit qu'il soit, dans nos dis-
cussions politiques. (
Voici le résultat de ma petite enquête :
L'auteur de la Déclaration est bien M.
de Kernaeret, monsignor romain, -
Mgr de Kernaeret - comme l'appelle
l'annuaire du commerce d'Angers.
Grand, sec, maigre, osseux," senten-
cieux, l'abbé breton Jude de Kernaeret
n'a jamais connu autant qu'aujourd'hui
les caresses à double détente de la popu-
larité. Il n'a eu de gloire jusqu'ici qu'à
Angers môme, où sa tenue guindée, sa
barbe drôlement taillée à la Chamboran,
toute longue maintenant en signe de
deuil, depuis la mort d'Henri V, le font
remarquer des plaisantins de la ville. Il
est professeur de droit canonique à la
Faculté catholique. C'est Mgr Freppel
qui l'a placé là, dès les débuts de la Fa-
culté.
Monseigneur l'évêque, nous le verrons
tout à l'heure, a des amis et des fidèles
dans plus d'un camp. M. de Kernaeret
est du camp des sectaires, desfanatiques,
des illuminés. Feu le comte de Cham-
bord, et 4a comtesse de Chambord, c'est
pour lui toute la politique. Il est môme
à peu près seul dans son camp, et c'est
ce qui fait qu'à Angers personne n'a at-
taché d'importance à sa Déclaration, dé-
savouée dès le lendemain par Mgr Frep-
pel lui-môme et par MM. Bazin frères,
ses amis, directeurs du journal de l'évê-
ché, l'Anjou.
.R* "
Le Figaro avait absolument rai son, l'au-
tre jour : les deux frères Bazin ont un pe-
titdomaine indivisauPaty,prèsde Segré.
L'abbé de Kernaeret, qui est leur ami et
leur commensal, a daté du Paty le do-
cument en question; mais les frères
Bazin, effrayés sans doute dos consé-
quences que ce programme carliste pou-
vait avoir, ont bien vite démenti leur
confrère breton. De sorte que l'on dit
aujourd'hui des frères Bazin qu'ils ont
l'hospitalité intermittente. C'est de chez
eux qu'on date les pièces d'artifice ; et
de leurs propres mains ils signent des
désaveux à qui en demande I
Certes, l'abbé avait dépassé le but.
Certes, sa diatribe était trop vive et ap-
pelait une contradiction de l'évêché qui ne
s'est pas fait attendre. Pourquoi donc ce
coup de Jarnac, ce pétard, dont l'explo-
sion ne paraît coïncider avec aucune des
dates royalistes, auxquelles l'opinion
s'arrête plusieurs fois par an?
C'est là qu'est le point délicat. Je le
montrerai tout à l'heure. Finissons-en
avec l'enfant terrible cie Maine-et-Loire,
avec l'abbé illuminéqui paiera, comme on
dit, les pots cassés par quelque bon exil
au fond de sa Bretagne, d'où il n'eût ja-
mais dû sortir. Il y est déjà retourné. Sa
vieille servante répond aux gens qui dé-
sirent le voir :
- Monseigneur est parti pour Quim-
per, et il n'en reviendra de longtemps !
Or, Quimper est le diocèse de l'abbé.
Pourquoi l'abbé n'est-il pas resté dans
son diocèse? Pourquoi l'a-t-on fait Venir
à Angers? On dit que,là-bas, son évôque
ne pouvait pas le sentir.
D'ailleurs, l'abbé est d'humeur inégale.
Il a quarante-cinq ans et a déjà beaucoup
changé.
En 1862, sous le nom de Frère Alain,
il a porté l'habit de dominicain au couvent
des Frères prêcheurs de Lyon. Il ne pas-
sait pas pour un esprit fort judicieux. Ce
serait même à cause de l'imagination in-
quiète et peu réglée du jeune novice que
ses supérieurs religieux auraient dû,
malgré des qualités incontestables, lui
faire comprendre que la vocation mo-
nastique, toute d'obéissance et d'abné-
gation, n'était pas la sienne. Il est allé
à Rome; mais il n'y a point brillé.
A Angers, il a toujours passé pour un
irrégulier. Il y a trois ans, l'abbé, trop
remuant, avait déjà essayé, dans un
banquet royaliste, une manifestation
qui n'avait pas tourné à son avantage.
On l'a vu, chose plus fâcheuse, à la tête
de tous les comités que patronnait de
préférence l'évêque d'Angers.
Et c'est là qu'il faut en venir. Dans
toute cette affaire, j'ai le regret de le
dire, mais je ne fais qu'enregistrer l'opi-
nion générale des Angevins, et celle des
Angevins notables, tous ralliés sans ex-
ception à la maison d'Orléans, Mgr Frep-
pel joue un mauvais rôle.
Le mot est dur; je ne l'eusse pas in-
venté; mais on me l'a tant de fois répété
que je le répète aussi.
Ami des uns et ami des autres, ami
surtout des autres, c'est-à-dire des bo-
napartistes pour lesquels Sa Grandeur
passe pour avoir eu toujours un faible et
q.ui sont représentés auprès de lui par
MM. Daniel Métivier et Loriol de Barny,
entre beaucoup, - ami des personnages
qui rêvent de restaurer l'Empire, alors
que le clergé va d'ordinaire plus droit à
la monarchie, ami du. régime impérial
dont il fut en somme le dernier évôque,
Mgr Freppel, en dépit de son grand ta-
lent et de ses bonnes oeuvres, n'a plus
entière la confiance politique de ceux qui
le croyaient avec eux sans détour.
On lui reproche bien des petites cho-
ses qui sont des vétilles, soit, mais
qui ne laissent pas de montrer une in-
certitude fâcheuse dans sa ligne de
conduite. Certes, l'évêque d'Angers a
fait visite au comte de Paris. Mais
quand le comte de Paris lui a demandé
en riant de soutenir la candidature au
Sénat de M. de Falloux,qu'a-t-il répondu ?
Assurément Mgr Freppel a quêté par-
tout et vidé honnêtement les plus larges
bourses des grandes familles de l'Anjou,
pour ses Facultés libres,pour ses oeuvres,
pour ses pauvres, pour sa charité iné-
puisable. Mais les grandes familles ne
comptent déjà plus qu'à moitié, paraît-il,
sur son dévouement à la cause royaliste.
On l'accuse d'avoir un comité occulte,à
lui dévoué, pour agir à côté du Comité
royaliste ouvert que préside le comte de
Maillé, et dans lequel sont entrés tous
ceux qui auraient pu, il y a bientôt un
an, se permettre, avec leurs titres re-
montant aux Croisades, de discuter les
droits du comte de Paris.
Voilà ce qu'on dit à Angers.
La Déclaration de l'abbé de Kernaeret,
dit-on encore, a été publiée par l'Uni-
vers au lendemain des discordes qui
éclatèrent au sein du parti bonapartiste.
On voit là-dedans une utile diversion à
laquelle Mgr Freppel ne serait pas
étranger, quoi que Sa Grandeur en puisse
dire.
- Sans Monseigneur, disent les roya-
listes de Maine-et-Loire, tous les conser-1
vateurs de notre pays ne juraient qu'un j
parti. C'est lui qui nous affaiblit par ses
amitiés.
- Maintenant, ajoutent-ils, Monsei-
gneur est si prompt à reconnaître ses
torts qu'il no faut pas désespérer de le,
voir revenir à notre tête, converti cette
fois et tout à fait rallié, lui aussi.
De la lutte entre M. de Falloux et
Mgr Freppel, je ne dirai rien; elle est
trop connue.
Je crois que ces quelques lignes suffi-
ront à montrer : 1° que la Déclaration de
l'Univers n'a aucune importance;
2® Qu'elle est l'oeuvre d'un sectaire
abandonné de ses amis mômes et provi-
soirement exilé à Quimper, sous pré-
texte de vacances prématurées;
3° Qu'on est persuadé à Angers que
Mgr Freppel n'en a pas ignoré la publi-
cation, dont la coïncidence avec les dé-
mêlés bonapartistes a été fort remar-
quée;
4° Que le parti des dissidents bruyants
se réduit à un seul homme : l'abbé Ker-
naeret, prélat romain. Je vais parler plus
loin d'un inspirateur que tout le monde
a déjà nommé.
5°Mais que le parti des méco ntents, tout
petit qu'il soit, existe et travaille à met-
tre des bâtons dans les roues.
Il faudrait un autre article pour dé-
montrer cette dernière vérité. Nous le
ferons peut-être, en temps et lieu.
.n* ip
Il m'est pourtant impossible de termi-
ner, aujourd'hui, sans parler d'un roya-
liste avancé dont le nom a couru l'an
dernier bien souvent sous ma plume, de
M. le comte Maurice d'Andigné, qui ins-
pire, les intransigeants royalistes, si .peu
nombreux qu'ils soient.
A Goritz, en mai dernier, - à Frohs-
dorf en juillet, - à Goritz encore en sep-
tembre, je trouvai M. d'Andigné, alors
secrétaire intime et dévoué de M. le
comte de Chambord, si aimable, si cour-
tois et d'une gentilhommerie si franche
que je fus tout dé suite séduit et que je
lui donnai personnellement toute ma
sympathie. Il l'a encore et ce n'est point
son coup de tête politique qui la lui fera
perdre.
Mais si je rappelle ces souvenirs, c'est
pour donner plus de force à un fait qu'on
a toujours avancé un peu à la légère, à
savoir, qu'avant même la mort du comte
de Chambord, le parti dissident qui n'a
pas grandi, Comme on voit, était fondé
par M. d'Andigné.
A Frohsdorf, comme à Goritz, M.
d'Andigné préconisait déjà la théorie
que la Déclaration développe vaguement
et que nous verrons préciser un jour ou
l'autre par son auteur, cela ne fait pas
doute : celle de la non-validité des titres
des princes d'Orléans à la couronne de
France.
C'est une discussion byzantine, spé-
cieuse, qui ne tiendra pas devant l'opi-
nion publique.
Se rappelle-t-on maintenant, qu'à la
suite des funérailles du comte de Cham-
bord, le Figaro reçut de la Maison du
Roi une rectification courtoise, mais ca-
tégorique, au dernier article que j'ai pu-
blié, à cette époque, sur les événements
de Frohsdorf et de Goritz?
Je l'avais publié, cet article, sous l'im-
pression d'une conversation dernière
avec M. d'Andigné. Et je n'oublierai ja-
mais que le soir même des obsèques,
comme j'allais aux Trois-Couronnes
prendre congé de M. d'Andigné, je le
rencontrai le long des boutiques à demi-
éclairées, sur la place de la petite-ville,
arpentant solitairement le pavé, pensant
au prince mort, qu'il avait beaucoup
aimé, et rêvant d'une discussion inévi-
table, fatale, qui interviendrait un jour
entre ses amis et lui-même.
A 1a. protestation des conseillers inti-
nies du comte de Chambord qui nous
fut adressée, il manquait une signature :
celle de M. d'Andigné.
C'est donc M. d'Andigné qui doit être
i considéré comme le chef des dissidents,
s'il en est d'autres que l'abbé de Ker-
naeret qui veuillent le suivre.
Mais s'il en est d'autres, où sont-ils ?
qui sont-ils?
L'Anjou n'en compte qu'un : l'abbé.
Pierre Giffard.
' ---: » 1 ? ? ? . ? ?-
Échos de Paris
LA TEMPÉRATURE. - Des orages ont eu
lieu partout en France, sauf dans la région du
Sud; ils vont continuer et gagner le Midi.
La température varie peu en général; toute-
fois, dans la région de Paris, elle 's'était sensi-
blement abaissée hier, et le maximum du ther-
momètre n'a pas atteint 240. La pluie a été con-
tinuelle pendant la première partie de la jour-
née. Le soir, ciel nuageux.
Pougues. v- Très beau temps. Therm. 28°.
Chatelguyon. - Beau temps. Therm. 290.
Paramé.- Ciel nuageux. Therm. : 21°.
Royat. - Temps superbe. Therm. 32».
Dieppe. - Temps magnifique. Therm. 240.
Luchon. - Beau temps." Therm. 28°.
Saint-Honoré-les . Bains (Nièvre). - Très
belle journée. Therm. min : 16»; roax : 28°.
À TRAVERS PARIS
Conclusion de l'affaire de l'Hôtel-Con-
tinental en ce qui concerne le commis-
saire de police du quartier de la place
Vendôme.
Ce magistrat vient de donner sa dé-
mission et tout porte à croire qu'elle
sera acceptée.
Les obsèques de M. l'abbé Moigno ont
eu lieu hier matin, à dix heures, à la ba-
silique de Saint-Denis, au milieu d'une
grande affluence de notabilités ecclésias-
tiques et scientifiques.
Selon la volonté expresse du défunt,
la cérémonie a été des plus simples.
Après la levée du corps, présidée par
M. le chanoine Cresp, doyen du Chapi-
tre, entouré de tout le clergé de la basi-
lique, la messe a été dite par M. le cha-
noine Fauveau.
L'abbé Roulet représentait le cardinal-
archevêque de Paris. La congrégation
des Jésuites était représentée par le
R. P. Matignon. Un détachement du
131° régiment d'infanterie rendait les
honneurs militaires.
M. Martin-Feuillée, garde des sceaux,
assistait aux obsèques, parmi les mem-
bres de la famille.
A l'issue du service religieux, le cer-
cueil a été descendu dans un des ca-
veaux de la cathédrale.
Les concours d'escrime s'achèvent, en
ce moment, dans les collèges, et pro-
mettent toute une nouvelle génération
d'habiles escrimeurs.
Les plus marquants, cette année, sont,
au coilège Stanislas : MM. P. Delapalme,
A. Troubat, II. de Monnecove, J. Sa-
pieha, Dupoy, Leclère, II. Maze, Richard,
R. Gourgaud, Mézières, de Pirey, Hallot.
Au collège Vaugirard: MM. Belleville,
L. de Champsavin, M. Détroyat, Bour-
cart, Dutems, de Beaumont, Ponthieu,
A. Dominici.
Au collège de Madrid : MM. de Bres-
son, Chevalier, de la Maisonneuve, Re-
nard, Dupayrat.
Hier, jeudi, a été célébré à l'église
Saint-Augustin le mariage du comte
Maurice de Poret, lieutenant au 12° de
hussards, avec Mlle Hélène de Mouxion
de Bernecourt.
Les témoins du marié étaient le comte
des Nétumières et le comte dé Bréda ;
ceux de la mariée, le colonel de Sansal
et le baron Imbert de Saint-Amand, mi-
nistre plénipotentiaire.
La bénédiction nuptiale a été donnée
par le Père Nouvelle.
C'est dans les châteaux de province
que sont réfugiés, pour le moment, les
élégants représentants dû monde îe
plus distingué.
Depuis quelques jours, M. le duc et
Mme la duchesse de Bisaccia ont fixé
leur résidence à quelques heures de Pa-
ris, dans leur joli château de la Vallée
aux Loups, près Châtenay, ancienne
propriété, si nous ne nous trompons, du
vicomte de Chateaubriand.
Naturellement, Mlle de la Rochefou-
cauld s'y trouve aussi, en compagnie de
son fiancé, le prince de Ligne, chef de
l'illustre famille de ce nom.
C'est demain samedi matin, à neuf
heures précises, que commenceront les
opérations- du tirage de la Loterie des
Arts Décoratifs au Palais de l'Industrie.
Entrée par la grande porte V, faisant
face à la place de la Concorde.
Personne n'a oublié l'élégant et re-
gretté dessinateur qui s'appelai t Edmond
Morin.
A la suite de son enterrement au ci-
metière de Sceaux, ses amis avaient eu
la bonne pensée de placer son buste sur
sa tombe, et ils avaient chargé de cette
oeuvre le sculpteur Doublemard.
Nous apprenons avec plaisir que le
buste est aujourd'hui terminé et que
son inauguration aura lieu à la fin du
mois.
Souvenir historique à propos de la
fraternité américaine et'française.
La guerre pour l'indépendance amé-
ricaine (juillet 1778 - 3 septembre 1783)
coûta à la France 1,400 millions. M. de
Vergennes, qui en fut le grand inspira-
teur, put mesurer la valeur do la re-
connaissance humaine, avant même la
signature du traité de paix.
« Jugez de ma surprise, écrivait-il, quand,
le 29 novembre 1782, Franklin est venu m'ap-
prendre que les articles étaient signés, coa
trairement à la promesse verbale et mutuelle
que nous nous étions donnée de ne signer
qu'ensemble..". Si le roi avait montré si weu
d.o délicatesse que les commissaires améri-
cains, il y a longtemps qu'il aurait signé avec
'l'Angleterre une paix séparée... Si nous ju-
geons de l'avenir d'après ce qui vient de se
passer sous nos yeux, je crois que nous se-
rons mal payés de tout ce que nous avons
fait pour les Etats-Unis. »
Quatorze ans plus tard, en l'an V, le
citoyen Talleyrand, revenu de son long
exil, recommence sa vie publique par
une lecture à l'Institut sur les Etats-
Unis.
Quiconque a bien vu l'Amérique, dit-il, ne
peut plus douter maintenant que dans la plu-
part de ses habitudes elle ne soit restée an-
glaise.
»
Et il termine par ces mots d'une ob-
servation piquante :
*
Dans toutes les parties de l'Amérique que
j'ai parcourues, je n'ai pas trouvé un seul An-
glais qui ne se trouvât Américain, pas un
seul Français qui ne se trouvât étranger.
La journée d'une Parisienne :
Nous transcrivons textuellement la
petite liste suivante, trouvée hier dans
un fiacre par un de nos amis :
2 h. 1/2 essayer amazone chez X...
.3 h. -1/4 magasin du.;.
3 h. 3/4 mes souliers chez Z...
4 h. Jarretières violettes chez Y...
Huile de ricin, 2 bouteilles de 20 grammes,
chez...
Corset de bonne.
Nous n'avons supprimé que les noms
des,commerçants, pour ne pas leur faire
de réclame.
Qui se serait douté de cela 7e
En marchant sur la Chine, M. Jules
Ferry n'est qu'un exécuteur testamen-
taire de l'empereur Napoléon I".
Bonaparte mettant le pied, en 1799, sur
la terre des prophètes et montrant du
doigt la muraille do la Chine, s'écriait :
L'avenir est là 1
NOUVELLES A LA MAIN
L'oncle Bernard à son neveu, du ton le
plus paternel :
- Oui, mon enfant, je sais que tu n'es
pas un imbécile... et que tu n'es seule-
ment qu'un sot. Mais, prends garde, à
force d'être un sot, on devient forcément
un imbécile 1
Un gommeux rencontrant un de ses
amis, à Trouville,
-- As-tu vu Stephen, depuis son ma-
riage?
- Non ; où en est le ménage? « ù la
lune de miel? »
- Elle est bien loin!
- A la lune rousse?
- Mieux que cela : à la lune de fiel!
Affreux.
- Comment, à ton âge, tu as une ma-
nière de regarder les petites filles... est-ce
que ?..
- Allons donc!.. Je suis prévoyant;
voilà tout I
Nous recevons la dépêche suivante
que nous insérons sous toutes réserves :
Dijon, 2 li. 15 matin.
Président arrive en gare. Pris bouillon,
point eu discours, a dit seulement avant aller
Marseille ai préféré attendre que le 15 soit
passé. A dit encore suis touché termes aussi.
Poussé plusieurs souhaits de longévité à Ré-
publique.
A part plusieurs points obscurs, le
sens général de la dépêche est assez
clair.
Le Masque de fer.
PARIS EN VACANCES
Sous ce titre, tout d'actualité, le Figaro
consacre son Supplément littéraire de
demain à une revue amusante de la vie
parisienne transportée sur les plages et
; dans les villes d'eaux.
\ Le texte de ce numéro, imprimé par
Motteroz, ost agrémenté de dessins élé-
gants et fantaisistes, signés de noms
qui se recommandent par eux-mêmes,
tels que Mars, Robida, Cabriol, etc.
?»
M. LE DUC DE CHARTRES
:A. MARSEILLE
Marseille, 17 juillet.
M. le duc de Chartres, accompagné du
comte d'Haussonville, est arrivé ce ma-
tin à 10 h. 40 m.
Le prince portait un chapeau gris haut
de forme, une jaquette bleu foncé et un
pantalon gris clair, relevé dans le bas, à
la mode anglaise. Le comte d'Hausson-
ville, en deuil de son père, était vêtu de
noir.
Ils ont été reçus par MM. Arthur Le
Mée et Michel Colomb, conseillers mu-
nicipaux conservateurs ; Griel, Benet et
Auguste Giry, délégués de la ligue po-
pulaire d'action; le baron Fernand de
Fonscolombe et Louis Charlois, délégué
de la jeunesse royaliste et catholique
marseillaise.
Une foule composée d'un millier de
personnes environ a fait à Son Altesse
Royale un accueil des plus sympathi-
ques.
M. le duc de Chartres, qui est des-
cendu à l'hôtel de Noailles, a prié M. Le
Mée de faire bien comprendre à ses
amis le but de sa venue à Marseille.
- « J'ai reçu de mon frère une mis-
sion de charité envers des compatriotes
malheureux, et je viens l'accomplir sans
aucune arrière-pensée politique. »
Le Prince, un peu fatigué du voyage,
s'est reposé pendant deux heures. Puis
il a reçu diverses visites de notabilités
marseillaises. Ce n'est qu'à six heures
que Son Altesse s'est rendue à l'Hôtel-
de-Ville avec M. d'Haussonville, dans un
landau de louage.
Le maire, M. Allard, qui avait été pré-
venu do la visite du prince et de son
f compagnon de voyage, les a reçus dans
son cabinet, en présence de MM. Le
Mée, Catta et Gai, conseillers munici-
paux.
L'entrevue a été des plus cordiales.
M. le duc de Chartres s'est informé, au-
près de M. Allard, de l'état sanitaire de
Marseille,,,de la manière dont étaient
distribués les secours et des besoins des
divers quartiers.
Le maire a répondu, que beaucoup de
'quartiers étaient plus frappés par là mi-
sère que par la maladie ; tandis que
d'autres, où les soins hygiéniques abon-
dent, étaient plus particulièrement con-
taminés.
Le Prince, en prenant congé du maire,
lui a serré la main et lui a dit qu'il lui
enverrait sa souscription et celle de sa
famille.
Il était six heures et demie quand
M. le duc de Chartres est sorti de l'Hô-
tel-de-Ville. Sa présence ayant été signa-
lée, une foule assez considérable^ s'était
rassemblée sous lfl porche de l'Hôtel-de-
Ville. Un grand nombre d'ouvriers des
ports avaient suspendu leurs travaux et
étaient accourus pour voir le prince de
la Maison royale. Tous les fronts se
sont respectueusement découverts sur
son passage.
Le Prince et M. d'Haussonville*sont
ensuite allés rendre visite à Mgr Ro-
bert, évêque de Marseille.
D.
ALPHONSE HIRSCH
Tout Paris l'a connu, quoiqu'il vienne
de mourir à quarante ans sans que la
foule ait retenu son nom. Aucun Pari-
sien n'eut plus de relations que celui-là;
il était de tous les salons et do tous les
mondes.; on le rencontrait partout, dans
les réunions de peintres et dans les mi-
nistères; il se répandait l'hiver à toutes
les premières représentations, l'été sur
les plages normandes; il connaissait les
hommes politiques et les écrivains, les
premiers artistes de ce temps et les
ignorés de la poussée nouvelle; partout
où l'on allait, on était sûr de trouver Al-
phonse Hirsch, souriant, bien portant,
parlant beaucoup et souvent avec une
réelle supériorité; il était instruit, pas-
sionné et laborieux; il ne lui manquait,
pour être heureux, que d'être un artiste
de fait comme il l'était par la pensée. Il
comprenait l'art sous toutes les "faces et
l'analysait à merveille avec un goût sûr
et un enthousiasme réel du beau; il
avait toutes les qualités d'un artiste
véritable sauf une : il ne possédait
pas la faculté de donner un corps à ses
idées et de traduire sa pensée par des
oeuvres. Le cerveau allait de l'avant et la
main le clouait sur place ; son. esprit
entrevoyait l'idéal, mais il ne parvenait
pas à le fixer sur la toile ; aucun peintre
11e raisonnait mieux que celui-ci ; aucun
ne travaillait avec plus d'ardeur et de
patience ; je n'en connais pas qui ait
peiné au même degré que Hirsch ; pen-
dant quinze ans il a lutté avec sa cer-
velle contre le métier rebelle ; nul n'a été
courbé avec plus de recueillement devant
la nature qu Alphonse Hirsch, et chaque
effort nouveau n'aboutissait qu'à un dé-
couragement de plus ; sa vie a été un
long cauchemar, dans lequel on épuise
ses forces à la poursuite d'un fantôme
qui s'échappe quand on le croit tenir ; le
pauvre peintre en a beaucoup souffert et
tout me porte à croire qu'il en est mort.
Voici tantôt seize ans qu'il s'était en-
fui de la Bourse pour faire de la pein-
ture; il a courageusement sacrifié ses
économies, il s'est résigné à une vie
humble pour réaliser son rêve de deve-
nir un peintre de talent. Il a usé sa jeu-
nesse et sa santé dans cette longue lutte,
d'où chaque année il sortait vaincu com-
me l'année précédente: On était surpris
de cet effort constant autant que peiné
de voir cet homme intelligent rester au- ;
dessous de ses intentions.Quelques por-
traits comme ceux de sa mère, de son
beau-frère, Eugène Manuel, et du grand
Rabbin, M. Isidor, furent cependant re-
marqués à juste titre, pas assez toute-
fois pour donner au peintre les satisfac-
tions d'amour - propre entrevues par
son ambition. II souffrait énormément
de ne jamais remporter la médaille qui,
réellement, était due depuis longtemps
à ce labeur consciencieux et profondé-
ment honnête. Peut-être lui gardait-on
rancune de sa franchise à toujours
dire ce qui était au fond de sa convic-
tion ; il s'était fait beaucoup d'ennemis
parmi les plus puissants, par son ar-
deur à défendre ce qui lui paraissait
juste et beau et à démolir ouvertement
l'art faux et triomphant ; on l'avait jugé
méchant le pauvre garçon, qui n'était
qu'un passionné et un sincère. Moi qui
l'ai beaucoup connu, je savais combien,
au fond, malgré les amertumes qui
grandissaient avec les années, il était
bon et serviable.
Dans les ateliers, on lui supposait bien
à tort une influence réelle sur mes arti-
cles de critique. Pauvre Hirsch ! Son
influence se bornait à plaider auprès de
moi la cause des jeunes gens qui lut-
taient pour l'avenir. Il m'a de la sorte mis
en rapport avec beaucoup d'inconnus,
aujourd'hui des arrivés, qu'il protégeait à
leurs débuts, lui qui avait tant besoin
d'être protégé lui-môme. Je constate avec
regret que tous ceux qu'il a aidés et
soutenus de son crédit et de ses
relations n'étaient pas, hier, autour
de son cercueil. Avec l'âge, Alphonse
Hirsch, désespérant de son avenir,
se jugeant aussi jusqu'à un certain
point méconnu par son temps, per-
dit son insouciance. Il s'était marié
avec une femme charmante qui lui avait
donné deux enfants ; il voulut, comme
tout le monde, avoir son petit hôtel qu'il
fit construire rue Ampère, et qu'il amé-
nagea avec un goût très distingué. Les
soucis de l'avenir enveloppèrent peu à
peu le cerveau d'amères appréhensions;
une maladie nerveuse s'abattit sur le
pauvre artiste avec toutes ses consé-
quences terribles ; il est mort sans avoir
jamais connu le succès véritable, mort à la
peine dans cette lutte qu'il avait entre-
prise et entretenue pendant quinze ans
contre lui-môme. Avec une éducation
littéraire, Alphonse Hirsch eût écrit des
oeuvres remarquables sur les beaux-arts;
il avait la passion et le sentiment de la
critique qu'il prenait à tort pour la force
créatrice de l'artiste. Alphonse Hirsch
est moH/ dé cette erreur,. miné par le,
chagrin de ne pas" prendre rang parmi-
les meilleurs. A chaque Salon, il m'en-
voyait le même cri de détresse : « Sur-
tout ne dites plus que j'ai fait des pro-
grès. >>- ,
Par "ces mots il 'marquait sa préoccu-
pation constante d'être enfin classé'
parmi les arrivés et non parmi ceux à
qui l'on prodigue une parole d'encoura-
gement. On peut dire de ce laborieux et
de ce sincère qu'il est mort par son art
dans les désespérances d'une nature
d'artiste qui constamment entrevoyait
le but sans jamais l'atteindre complète-
ment.
Je ne crois pas qu'un homme ait souf-
fert pluscruellement qu'Alphonse Hirsch,
et s'il est descendu dans la tombe sans
que sa vie ait été éclairée par un rayon
de gloire, il n'en a pas moins vécu
comme un artiste véritable, que ses
amis ne doivent pas laisser partir sans
déposer sur sa tombe l'expression d«
leurs profondes sympathies.
Albert Wolff.
LES MIETTES DE LA POLITIQUE
LE GUILLOTINÉ PAR PERSUASION
Il faut, bon gré mal gré, s'occuper un peu de
ce bon Sénat qui joue, en ce moment, avec une
gravité adorable, et même avec un empresse-
ment méritoire, le personnage déjà ancien du
guillotiné par persuasion.
On lui avait annoncé depuis longtemps qu'il
se résignerait à ce rôle ingrat. Des personnes
qui ont pu mesurer de près les puissantes facul-
tés de renoncement dont il est doué ne dou-
taient pas de son bon vouloir, et prédisaient
avec une sûreté extraordinaire, qu'après quel-
ques objections de forme et une petite grimace
d'ennui, le malheureux n'y mettrait pas autre,
ment d'obstination, céderait au désir que l'on
manifeste, et viendrait de lui-même placer déli-
catement son cou sur la planche. C'est à peu
près ce qui arrive aujourd'hui. Le Sénat n'est
pas entêté; désentété, à la bonne heure !
***
L'unique prière qu'il adresse aux exécuteurs
est une prière bien naturelle : « Ne me faites
pas trop souffrir! » C'est sur ce point, mais sur
ce point seulement qu'il demande des garan-
ties; et nous devons reconnaître qu'on se prête
d'assez bonne grâce à lui en offrir. Chacun se
met en quête pour découvrir un moyen nouveau
et sûr d'expédier le patient sans douleur. Celui-
ci apporte des idées originales sur la manière
de dresser la machine : celui-là a inventé un
système pour presser le bouton ; cet autre un
graissage perfectionné ; un quatrième a donné
ses soins à la lunette. Tous insistent sur la né-
cessité de découvrir une organisation modèle
qui épargne au condamné les apprêts du sup-
plice et la vue de l'échafaud. Mais, sur ce dé-
tail au moins,-ils n'ont pas encore complète-
ment réussi : la toilette est un peu longue !
Ce qui rend le spectacle piquant, c'est la
participation personnelle du Sénat à tous les
efforts qu'on fait pour le raccourcir proprement.
On l'a invité à la discussion des divers engins
qu'on lui prépare, et il prête généreusement
son concours à cette curieuse exhibition. On
peut même parier que c'est lui qui proposera
le meilleur instrument et qui aura le prix.
Quelques-uns de ses membres ont déjà soumis
au jugement du public un appareil qui porte le
nom provisoire à'autobascule, et. qui, primé
sous ce titre, le conservera dans les annales
parlementaires. On parle aussi de l'appeler la
décapiteuse Dauphin,
w
» *
Il est juste de constater que jamais assem-
blée politique ne s'est immolée elle-même avec
plus de bonne humeur et d'entrain. Ce qui
étonne, après cela, c'est de rencontrer des gens
qui trouvent que le Sénat n'en fait pas encore
assez et qui, non contents de le tuer, veulent
absolument le faire souffrir. Un tel excès de
cruauté n'est plus dans nos moeurs.
Comment ! Voilà un pauvre diable condamné
à mort qui n'a pas opposé aux vues désobli-
geantes qu'on a sur lui un semblant de résis-
tance, et qui se borne à discuter modestement
sur la ficelle et sur la rainure ; sa plus grande
préoccupation est que le couteau soit bien re-
passé, et cette abnégation ne vous suffit pas !
Que vous faut-il donc ?
En quoi le supplicié peut-il devenir gênant,
surtout lorsque vous pouvez invoquer contre
ceux qui seraient tentés d'appeler sur lui la
pitié publique toutes les précautions qu'il prend
lui-même pour ne pas se manquer? Vous vou-
lez encore lui ôter l'illusion qu'il se tue sponta-
nément, qu'il se suicide? Vous tenez à le priver
de cette suprême consolation? A quoi bon,
pourvu qu'il meure ? Avez-vous donc tant d'in-
térêt à bien lui faire savoir qu'il meurt par
vous? Insatiables! Croyez-vous qu'il ne le sait
pas? C'est la seule apparence qu'il vous de-
mande de sauver, et vous lui refuseriez cette
grâce ?
***
Les forcenés qui veulent ainsi se baigner dans
le sang du Sénat se défendent cependant de le
faire par férocité. Ils prétendent que c'est pour
eux une question de principe, et que, si l'on
laisse le Sénat s'arranger de ses propres mains
une petite mort aussi anodine que volontaire, il
ressuscitera inévitablement le troisième jour.
Or, disent ces doctrinaires, nous entendons
que ce soit bien fini et que le supplicié nous
laisse une bonne fois tranquilles ! Le guillotiné
par persuasion, c'est bien ; mais le décapité
parlant, ce serait trop !
Sérizy.
« -
LA CHAMBRE
17 juillet.
La lutte des sucriers devient épique.
Il faudrait la plume d'Homère, qui n'en
avait pas, pour décrire les furieux com-
bats que les libre-échangistes et les pro-
tectionnistes se sont livrés en cette jour
née orageuse et suprême. O Muse de la
douceur (glukéia Mouça) inspire mei
faibles accents et que le sucre f to saccha-
ronj soit favorable au chroniqueur em-
barrassé.
Pareil à l'athlète frotté d'huile, M.
Franck-Chauveau s'élance dans la car-
Le Numéro : 15 cent, à Paris? 20 cent, dans les Départements
Vendredi 18 Juillet 1884
ffl-A N C15..; M A G NARû
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
DO midi à minuit, rue Drouot, 20
?les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
26, rue Drouot, 20
Êomxa wwgasa jSËëÊSï&SËBI marnai
"flglpP* mv&jËgjB/} ? JBBBmHn9 EpgM DBBB^A
' " - ? ? . ' .
H. DE VI'LLEM ESSANT
Fondateur
FEBNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Département» : trois Mois I 9 fr- 50
Sari» : Trois Unis | 6
ANNONCES, RECLAMES S PETITES ANNONCES
DOLUHGEH FII.S, SKGUY ET C", 16, RUE UIUNliE-BATELIER!
ET AU FIGARO, 2(3. RUE DROUOT
SOMMAIRE
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN : Pierre Giffard.
ECHOS DE PARIS : Masque de Fer.
PARIS EN VACANCES. - v- r
M. LE DUC DE CHARTRES A MARSEILLE : D,
ALPHONSE HIRSCH : Albert Wolff.
LES MIETTES DE LA POLITIQUE : Sera y.
LA CHAMBRE : Albert Millaud.
LE SÉNAT : P. H.
AUTOUR DES CHAMBRES : Paul Hémery.
HORS DE FRANCE : Ferry,
LE CHOLÉRA : L.D. J
PARIS AU JOUR LE JOUR : Adolphe Racot.
NOUVELLES DIVERSES : Jean de Paris.
GAZETTE nus TRIBUNAUX : Albert Bataille.
TELEGRAMMES ET CORRESPONDANCES : Argus.
LA BOURSE : La- Financière.
' COURRIER DES THÉÂTRES : Charles Darcours.
SPORT:X.
FEUILLETON : CHAMPAGNE CORNOD : -4 dolphe Racot.
BEAUCOUP DE BRUIT
POUR RIEN
Angers, 16 juillet.
Me voici à Angers pour y découvrir
des choses d'un noir, mais d'un noir!...
Le choléra n'est rien à côté de cette af-
faire déjà bien ressassée de la Déclara-
tion publiée par le journal des Veuillot.
Qui l'a écrite ? Qui l'a signée ? Qui l'a
inspirée?. Mystère s saugrenus à Paris!
Secrets de.polichinelle à Angers 1
On s'émeut à Paris de choses qui lais-
sent l'Anjou bien tranquille, allez !
La Déclaration ? disent les Angevins,
mais on n'a fait qu'en rire, chez nous;
Personne ne peut prendre au sérieux,les
élucubrations de M. de Kernaeret, qui
l'a communiquée à l'Univers, pas plus
que les prétentions hypothétiques des
princes espagnols, absolument inconnus
chez nous.
- Etudiez pendant deux jours l'esprit
de notre ville, me disait avant-hier un
de nos amis d'Angers ; écoutez et faites
votre profit de tous les renseignements
que vous pourrez recueillir. Vous verrez
en peu d'heures quelle opinion l'on doit
avoir de nos principaux personnages
angevins et de ceux qui voudraient jouer
un rôle, si petit qu'il soit, dans nos dis-
cussions politiques. (
Voici le résultat de ma petite enquête :
L'auteur de la Déclaration est bien M.
de Kernaeret, monsignor romain, -
Mgr de Kernaeret - comme l'appelle
l'annuaire du commerce d'Angers.
Grand, sec, maigre, osseux," senten-
cieux, l'abbé breton Jude de Kernaeret
n'a jamais connu autant qu'aujourd'hui
les caresses à double détente de la popu-
larité. Il n'a eu de gloire jusqu'ici qu'à
Angers môme, où sa tenue guindée, sa
barbe drôlement taillée à la Chamboran,
toute longue maintenant en signe de
deuil, depuis la mort d'Henri V, le font
remarquer des plaisantins de la ville. Il
est professeur de droit canonique à la
Faculté catholique. C'est Mgr Freppel
qui l'a placé là, dès les débuts de la Fa-
culté.
Monseigneur l'évêque, nous le verrons
tout à l'heure, a des amis et des fidèles
dans plus d'un camp. M. de Kernaeret
est du camp des sectaires, desfanatiques,
des illuminés. Feu le comte de Cham-
bord, et 4a comtesse de Chambord, c'est
pour lui toute la politique. Il est môme
à peu près seul dans son camp, et c'est
ce qui fait qu'à Angers personne n'a at-
taché d'importance à sa Déclaration, dé-
savouée dès le lendemain par Mgr Frep-
pel lui-môme et par MM. Bazin frères,
ses amis, directeurs du journal de l'évê-
ché, l'Anjou.
.R* "
Le Figaro avait absolument rai son, l'au-
tre jour : les deux frères Bazin ont un pe-
titdomaine indivisauPaty,prèsde Segré.
L'abbé de Kernaeret, qui est leur ami et
leur commensal, a daté du Paty le do-
cument en question; mais les frères
Bazin, effrayés sans doute dos consé-
quences que ce programme carliste pou-
vait avoir, ont bien vite démenti leur
confrère breton. De sorte que l'on dit
aujourd'hui des frères Bazin qu'ils ont
l'hospitalité intermittente. C'est de chez
eux qu'on date les pièces d'artifice ; et
de leurs propres mains ils signent des
désaveux à qui en demande I
Certes, l'abbé avait dépassé le but.
Certes, sa diatribe était trop vive et ap-
pelait une contradiction de l'évêché qui ne
s'est pas fait attendre. Pourquoi donc ce
coup de Jarnac, ce pétard, dont l'explo-
sion ne paraît coïncider avec aucune des
dates royalistes, auxquelles l'opinion
s'arrête plusieurs fois par an?
C'est là qu'est le point délicat. Je le
montrerai tout à l'heure. Finissons-en
avec l'enfant terrible cie Maine-et-Loire,
avec l'abbé illuminéqui paiera, comme on
dit, les pots cassés par quelque bon exil
au fond de sa Bretagne, d'où il n'eût ja-
mais dû sortir. Il y est déjà retourné. Sa
vieille servante répond aux gens qui dé-
sirent le voir :
- Monseigneur est parti pour Quim-
per, et il n'en reviendra de longtemps !
Or, Quimper est le diocèse de l'abbé.
Pourquoi l'abbé n'est-il pas resté dans
son diocèse? Pourquoi l'a-t-on fait Venir
à Angers? On dit que,là-bas, son évôque
ne pouvait pas le sentir.
D'ailleurs, l'abbé est d'humeur inégale.
Il a quarante-cinq ans et a déjà beaucoup
changé.
En 1862, sous le nom de Frère Alain,
il a porté l'habit de dominicain au couvent
des Frères prêcheurs de Lyon. Il ne pas-
sait pas pour un esprit fort judicieux. Ce
serait même à cause de l'imagination in-
quiète et peu réglée du jeune novice que
ses supérieurs religieux auraient dû,
malgré des qualités incontestables, lui
faire comprendre que la vocation mo-
nastique, toute d'obéissance et d'abné-
gation, n'était pas la sienne. Il est allé
à Rome; mais il n'y a point brillé.
A Angers, il a toujours passé pour un
irrégulier. Il y a trois ans, l'abbé, trop
remuant, avait déjà essayé, dans un
banquet royaliste, une manifestation
qui n'avait pas tourné à son avantage.
On l'a vu, chose plus fâcheuse, à la tête
de tous les comités que patronnait de
préférence l'évêque d'Angers.
Et c'est là qu'il faut en venir. Dans
toute cette affaire, j'ai le regret de le
dire, mais je ne fais qu'enregistrer l'opi-
nion générale des Angevins, et celle des
Angevins notables, tous ralliés sans ex-
ception à la maison d'Orléans, Mgr Frep-
pel joue un mauvais rôle.
Le mot est dur; je ne l'eusse pas in-
venté; mais on me l'a tant de fois répété
que je le répète aussi.
Ami des uns et ami des autres, ami
surtout des autres, c'est-à-dire des bo-
napartistes pour lesquels Sa Grandeur
passe pour avoir eu toujours un faible et
q.ui sont représentés auprès de lui par
MM. Daniel Métivier et Loriol de Barny,
entre beaucoup, - ami des personnages
qui rêvent de restaurer l'Empire, alors
que le clergé va d'ordinaire plus droit à
la monarchie, ami du. régime impérial
dont il fut en somme le dernier évôque,
Mgr Freppel, en dépit de son grand ta-
lent et de ses bonnes oeuvres, n'a plus
entière la confiance politique de ceux qui
le croyaient avec eux sans détour.
On lui reproche bien des petites cho-
ses qui sont des vétilles, soit, mais
qui ne laissent pas de montrer une in-
certitude fâcheuse dans sa ligne de
conduite. Certes, l'évêque d'Angers a
fait visite au comte de Paris. Mais
quand le comte de Paris lui a demandé
en riant de soutenir la candidature au
Sénat de M. de Falloux,qu'a-t-il répondu ?
Assurément Mgr Freppel a quêté par-
tout et vidé honnêtement les plus larges
bourses des grandes familles de l'Anjou,
pour ses Facultés libres,pour ses oeuvres,
pour ses pauvres, pour sa charité iné-
puisable. Mais les grandes familles ne
comptent déjà plus qu'à moitié, paraît-il,
sur son dévouement à la cause royaliste.
On l'accuse d'avoir un comité occulte,à
lui dévoué, pour agir à côté du Comité
royaliste ouvert que préside le comte de
Maillé, et dans lequel sont entrés tous
ceux qui auraient pu, il y a bientôt un
an, se permettre, avec leurs titres re-
montant aux Croisades, de discuter les
droits du comte de Paris.
Voilà ce qu'on dit à Angers.
La Déclaration de l'abbé de Kernaeret,
dit-on encore, a été publiée par l'Uni-
vers au lendemain des discordes qui
éclatèrent au sein du parti bonapartiste.
On voit là-dedans une utile diversion à
laquelle Mgr Freppel ne serait pas
étranger, quoi que Sa Grandeur en puisse
dire.
- Sans Monseigneur, disent les roya-
listes de Maine-et-Loire, tous les conser-1
vateurs de notre pays ne juraient qu'un j
parti. C'est lui qui nous affaiblit par ses
amitiés.
- Maintenant, ajoutent-ils, Monsei-
gneur est si prompt à reconnaître ses
torts qu'il no faut pas désespérer de le,
voir revenir à notre tête, converti cette
fois et tout à fait rallié, lui aussi.
De la lutte entre M. de Falloux et
Mgr Freppel, je ne dirai rien; elle est
trop connue.
Je crois que ces quelques lignes suffi-
ront à montrer : 1° que la Déclaration de
l'Univers n'a aucune importance;
2® Qu'elle est l'oeuvre d'un sectaire
abandonné de ses amis mômes et provi-
soirement exilé à Quimper, sous pré-
texte de vacances prématurées;
3° Qu'on est persuadé à Angers que
Mgr Freppel n'en a pas ignoré la publi-
cation, dont la coïncidence avec les dé-
mêlés bonapartistes a été fort remar-
quée;
4° Que le parti des dissidents bruyants
se réduit à un seul homme : l'abbé Ker-
naeret, prélat romain. Je vais parler plus
loin d'un inspirateur que tout le monde
a déjà nommé.
5°Mais que le parti des méco ntents, tout
petit qu'il soit, existe et travaille à met-
tre des bâtons dans les roues.
Il faudrait un autre article pour dé-
montrer cette dernière vérité. Nous le
ferons peut-être, en temps et lieu.
.n* ip
Il m'est pourtant impossible de termi-
ner, aujourd'hui, sans parler d'un roya-
liste avancé dont le nom a couru l'an
dernier bien souvent sous ma plume, de
M. le comte Maurice d'Andigné, qui ins-
pire, les intransigeants royalistes, si .peu
nombreux qu'ils soient.
A Goritz, en mai dernier, - à Frohs-
dorf en juillet, - à Goritz encore en sep-
tembre, je trouvai M. d'Andigné, alors
secrétaire intime et dévoué de M. le
comte de Chambord, si aimable, si cour-
tois et d'une gentilhommerie si franche
que je fus tout dé suite séduit et que je
lui donnai personnellement toute ma
sympathie. Il l'a encore et ce n'est point
son coup de tête politique qui la lui fera
perdre.
Mais si je rappelle ces souvenirs, c'est
pour donner plus de force à un fait qu'on
a toujours avancé un peu à la légère, à
savoir, qu'avant même la mort du comte
de Chambord, le parti dissident qui n'a
pas grandi, Comme on voit, était fondé
par M. d'Andigné.
A Frohsdorf, comme à Goritz, M.
d'Andigné préconisait déjà la théorie
que la Déclaration développe vaguement
et que nous verrons préciser un jour ou
l'autre par son auteur, cela ne fait pas
doute : celle de la non-validité des titres
des princes d'Orléans à la couronne de
France.
C'est une discussion byzantine, spé-
cieuse, qui ne tiendra pas devant l'opi-
nion publique.
Se rappelle-t-on maintenant, qu'à la
suite des funérailles du comte de Cham-
bord, le Figaro reçut de la Maison du
Roi une rectification courtoise, mais ca-
tégorique, au dernier article que j'ai pu-
blié, à cette époque, sur les événements
de Frohsdorf et de Goritz?
Je l'avais publié, cet article, sous l'im-
pression d'une conversation dernière
avec M. d'Andigné. Et je n'oublierai ja-
mais que le soir même des obsèques,
comme j'allais aux Trois-Couronnes
prendre congé de M. d'Andigné, je le
rencontrai le long des boutiques à demi-
éclairées, sur la place de la petite-ville,
arpentant solitairement le pavé, pensant
au prince mort, qu'il avait beaucoup
aimé, et rêvant d'une discussion inévi-
table, fatale, qui interviendrait un jour
entre ses amis et lui-même.
A 1a. protestation des conseillers inti-
nies du comte de Chambord qui nous
fut adressée, il manquait une signature :
celle de M. d'Andigné.
C'est donc M. d'Andigné qui doit être
i considéré comme le chef des dissidents,
s'il en est d'autres que l'abbé de Ker-
naeret qui veuillent le suivre.
Mais s'il en est d'autres, où sont-ils ?
qui sont-ils?
L'Anjou n'en compte qu'un : l'abbé.
Pierre Giffard.
' ---: » 1 ? ? ? . ? ?-
Échos de Paris
LA TEMPÉRATURE. - Des orages ont eu
lieu partout en France, sauf dans la région du
Sud; ils vont continuer et gagner le Midi.
La température varie peu en général; toute-
fois, dans la région de Paris, elle 's'était sensi-
blement abaissée hier, et le maximum du ther-
momètre n'a pas atteint 240. La pluie a été con-
tinuelle pendant la première partie de la jour-
née. Le soir, ciel nuageux.
Pougues. v- Très beau temps. Therm. 28°.
Chatelguyon. - Beau temps. Therm. 290.
Paramé.- Ciel nuageux. Therm. : 21°.
Royat. - Temps superbe. Therm. 32».
Dieppe. - Temps magnifique. Therm. 240.
Luchon. - Beau temps." Therm. 28°.
Saint-Honoré-les . Bains (Nièvre). - Très
belle journée. Therm. min : 16»; roax : 28°.
À TRAVERS PARIS
Conclusion de l'affaire de l'Hôtel-Con-
tinental en ce qui concerne le commis-
saire de police du quartier de la place
Vendôme.
Ce magistrat vient de donner sa dé-
mission et tout porte à croire qu'elle
sera acceptée.
Les obsèques de M. l'abbé Moigno ont
eu lieu hier matin, à dix heures, à la ba-
silique de Saint-Denis, au milieu d'une
grande affluence de notabilités ecclésias-
tiques et scientifiques.
Selon la volonté expresse du défunt,
la cérémonie a été des plus simples.
Après la levée du corps, présidée par
M. le chanoine Cresp, doyen du Chapi-
tre, entouré de tout le clergé de la basi-
lique, la messe a été dite par M. le cha-
noine Fauveau.
L'abbé Roulet représentait le cardinal-
archevêque de Paris. La congrégation
des Jésuites était représentée par le
R. P. Matignon. Un détachement du
131° régiment d'infanterie rendait les
honneurs militaires.
M. Martin-Feuillée, garde des sceaux,
assistait aux obsèques, parmi les mem-
bres de la famille.
A l'issue du service religieux, le cer-
cueil a été descendu dans un des ca-
veaux de la cathédrale.
Les concours d'escrime s'achèvent, en
ce moment, dans les collèges, et pro-
mettent toute une nouvelle génération
d'habiles escrimeurs.
Les plus marquants, cette année, sont,
au coilège Stanislas : MM. P. Delapalme,
A. Troubat, II. de Monnecove, J. Sa-
pieha, Dupoy, Leclère, II. Maze, Richard,
R. Gourgaud, Mézières, de Pirey, Hallot.
Au collège Vaugirard: MM. Belleville,
L. de Champsavin, M. Détroyat, Bour-
cart, Dutems, de Beaumont, Ponthieu,
A. Dominici.
Au collège de Madrid : MM. de Bres-
son, Chevalier, de la Maisonneuve, Re-
nard, Dupayrat.
Hier, jeudi, a été célébré à l'église
Saint-Augustin le mariage du comte
Maurice de Poret, lieutenant au 12° de
hussards, avec Mlle Hélène de Mouxion
de Bernecourt.
Les témoins du marié étaient le comte
des Nétumières et le comte dé Bréda ;
ceux de la mariée, le colonel de Sansal
et le baron Imbert de Saint-Amand, mi-
nistre plénipotentiaire.
La bénédiction nuptiale a été donnée
par le Père Nouvelle.
C'est dans les châteaux de province
que sont réfugiés, pour le moment, les
élégants représentants dû monde îe
plus distingué.
Depuis quelques jours, M. le duc et
Mme la duchesse de Bisaccia ont fixé
leur résidence à quelques heures de Pa-
ris, dans leur joli château de la Vallée
aux Loups, près Châtenay, ancienne
propriété, si nous ne nous trompons, du
vicomte de Chateaubriand.
Naturellement, Mlle de la Rochefou-
cauld s'y trouve aussi, en compagnie de
son fiancé, le prince de Ligne, chef de
l'illustre famille de ce nom.
C'est demain samedi matin, à neuf
heures précises, que commenceront les
opérations- du tirage de la Loterie des
Arts Décoratifs au Palais de l'Industrie.
Entrée par la grande porte V, faisant
face à la place de la Concorde.
Personne n'a oublié l'élégant et re-
gretté dessinateur qui s'appelai t Edmond
Morin.
A la suite de son enterrement au ci-
metière de Sceaux, ses amis avaient eu
la bonne pensée de placer son buste sur
sa tombe, et ils avaient chargé de cette
oeuvre le sculpteur Doublemard.
Nous apprenons avec plaisir que le
buste est aujourd'hui terminé et que
son inauguration aura lieu à la fin du
mois.
Souvenir historique à propos de la
fraternité américaine et'française.
La guerre pour l'indépendance amé-
ricaine (juillet 1778 - 3 septembre 1783)
coûta à la France 1,400 millions. M. de
Vergennes, qui en fut le grand inspira-
teur, put mesurer la valeur do la re-
connaissance humaine, avant même la
signature du traité de paix.
« Jugez de ma surprise, écrivait-il, quand,
le 29 novembre 1782, Franklin est venu m'ap-
prendre que les articles étaient signés, coa
trairement à la promesse verbale et mutuelle
que nous nous étions donnée de ne signer
qu'ensemble..". Si le roi avait montré si weu
d.o délicatesse que les commissaires améri-
cains, il y a longtemps qu'il aurait signé avec
'l'Angleterre une paix séparée... Si nous ju-
geons de l'avenir d'après ce qui vient de se
passer sous nos yeux, je crois que nous se-
rons mal payés de tout ce que nous avons
fait pour les Etats-Unis. »
Quatorze ans plus tard, en l'an V, le
citoyen Talleyrand, revenu de son long
exil, recommence sa vie publique par
une lecture à l'Institut sur les Etats-
Unis.
Quiconque a bien vu l'Amérique, dit-il, ne
peut plus douter maintenant que dans la plu-
part de ses habitudes elle ne soit restée an-
glaise.
»
Et il termine par ces mots d'une ob-
servation piquante :
*
Dans toutes les parties de l'Amérique que
j'ai parcourues, je n'ai pas trouvé un seul An-
glais qui ne se trouvât Américain, pas un
seul Français qui ne se trouvât étranger.
La journée d'une Parisienne :
Nous transcrivons textuellement la
petite liste suivante, trouvée hier dans
un fiacre par un de nos amis :
2 h. 1/2 essayer amazone chez X...
.3 h. -1/4 magasin du.;.
3 h. 3/4 mes souliers chez Z...
4 h. Jarretières violettes chez Y...
Huile de ricin, 2 bouteilles de 20 grammes,
chez...
Corset de bonne.
Nous n'avons supprimé que les noms
des,commerçants, pour ne pas leur faire
de réclame.
Qui se serait douté de cela 7e
En marchant sur la Chine, M. Jules
Ferry n'est qu'un exécuteur testamen-
taire de l'empereur Napoléon I".
Bonaparte mettant le pied, en 1799, sur
la terre des prophètes et montrant du
doigt la muraille do la Chine, s'écriait :
L'avenir est là 1
NOUVELLES A LA MAIN
L'oncle Bernard à son neveu, du ton le
plus paternel :
- Oui, mon enfant, je sais que tu n'es
pas un imbécile... et que tu n'es seule-
ment qu'un sot. Mais, prends garde, à
force d'être un sot, on devient forcément
un imbécile 1
Un gommeux rencontrant un de ses
amis, à Trouville,
-- As-tu vu Stephen, depuis son ma-
riage?
- Non ; où en est le ménage? « ù la
lune de miel? »
- Elle est bien loin!
- A la lune rousse?
- Mieux que cela : à la lune de fiel!
Affreux.
- Comment, à ton âge, tu as une ma-
nière de regarder les petites filles... est-ce
que ?..
- Allons donc!.. Je suis prévoyant;
voilà tout I
Nous recevons la dépêche suivante
que nous insérons sous toutes réserves :
Dijon, 2 li. 15 matin.
Président arrive en gare. Pris bouillon,
point eu discours, a dit seulement avant aller
Marseille ai préféré attendre que le 15 soit
passé. A dit encore suis touché termes aussi.
Poussé plusieurs souhaits de longévité à Ré-
publique.
A part plusieurs points obscurs, le
sens général de la dépêche est assez
clair.
Le Masque de fer.
PARIS EN VACANCES
Sous ce titre, tout d'actualité, le Figaro
consacre son Supplément littéraire de
demain à une revue amusante de la vie
parisienne transportée sur les plages et
; dans les villes d'eaux.
\ Le texte de ce numéro, imprimé par
Motteroz, ost agrémenté de dessins élé-
gants et fantaisistes, signés de noms
qui se recommandent par eux-mêmes,
tels que Mars, Robida, Cabriol, etc.
?»
M. LE DUC DE CHARTRES
:A. MARSEILLE
Marseille, 17 juillet.
M. le duc de Chartres, accompagné du
comte d'Haussonville, est arrivé ce ma-
tin à 10 h. 40 m.
Le prince portait un chapeau gris haut
de forme, une jaquette bleu foncé et un
pantalon gris clair, relevé dans le bas, à
la mode anglaise. Le comte d'Hausson-
ville, en deuil de son père, était vêtu de
noir.
Ils ont été reçus par MM. Arthur Le
Mée et Michel Colomb, conseillers mu-
nicipaux conservateurs ; Griel, Benet et
Auguste Giry, délégués de la ligue po-
pulaire d'action; le baron Fernand de
Fonscolombe et Louis Charlois, délégué
de la jeunesse royaliste et catholique
marseillaise.
Une foule composée d'un millier de
personnes environ a fait à Son Altesse
Royale un accueil des plus sympathi-
ques.
M. le duc de Chartres, qui est des-
cendu à l'hôtel de Noailles, a prié M. Le
Mée de faire bien comprendre à ses
amis le but de sa venue à Marseille.
- « J'ai reçu de mon frère une mis-
sion de charité envers des compatriotes
malheureux, et je viens l'accomplir sans
aucune arrière-pensée politique. »
Le Prince, un peu fatigué du voyage,
s'est reposé pendant deux heures. Puis
il a reçu diverses visites de notabilités
marseillaises. Ce n'est qu'à six heures
que Son Altesse s'est rendue à l'Hôtel-
de-Ville avec M. d'Haussonville, dans un
landau de louage.
Le maire, M. Allard, qui avait été pré-
venu do la visite du prince et de son
f compagnon de voyage, les a reçus dans
son cabinet, en présence de MM. Le
Mée, Catta et Gai, conseillers munici-
paux.
L'entrevue a été des plus cordiales.
M. le duc de Chartres s'est informé, au-
près de M. Allard, de l'état sanitaire de
Marseille,,,de la manière dont étaient
distribués les secours et des besoins des
divers quartiers.
Le maire a répondu, que beaucoup de
'quartiers étaient plus frappés par là mi-
sère que par la maladie ; tandis que
d'autres, où les soins hygiéniques abon-
dent, étaient plus particulièrement con-
taminés.
Le Prince, en prenant congé du maire,
lui a serré la main et lui a dit qu'il lui
enverrait sa souscription et celle de sa
famille.
Il était six heures et demie quand
M. le duc de Chartres est sorti de l'Hô-
tel-de-Ville. Sa présence ayant été signa-
lée, une foule assez considérable^ s'était
rassemblée sous lfl porche de l'Hôtel-de-
Ville. Un grand nombre d'ouvriers des
ports avaient suspendu leurs travaux et
étaient accourus pour voir le prince de
la Maison royale. Tous les fronts se
sont respectueusement découverts sur
son passage.
Le Prince et M. d'Haussonville*sont
ensuite allés rendre visite à Mgr Ro-
bert, évêque de Marseille.
D.
ALPHONSE HIRSCH
Tout Paris l'a connu, quoiqu'il vienne
de mourir à quarante ans sans que la
foule ait retenu son nom. Aucun Pari-
sien n'eut plus de relations que celui-là;
il était de tous les salons et do tous les
mondes.; on le rencontrait partout, dans
les réunions de peintres et dans les mi-
nistères; il se répandait l'hiver à toutes
les premières représentations, l'été sur
les plages normandes; il connaissait les
hommes politiques et les écrivains, les
premiers artistes de ce temps et les
ignorés de la poussée nouvelle; partout
où l'on allait, on était sûr de trouver Al-
phonse Hirsch, souriant, bien portant,
parlant beaucoup et souvent avec une
réelle supériorité; il était instruit, pas-
sionné et laborieux; il ne lui manquait,
pour être heureux, que d'être un artiste
de fait comme il l'était par la pensée. Il
comprenait l'art sous toutes les "faces et
l'analysait à merveille avec un goût sûr
et un enthousiasme réel du beau; il
avait toutes les qualités d'un artiste
véritable sauf une : il ne possédait
pas la faculté de donner un corps à ses
idées et de traduire sa pensée par des
oeuvres. Le cerveau allait de l'avant et la
main le clouait sur place ; son. esprit
entrevoyait l'idéal, mais il ne parvenait
pas à le fixer sur la toile ; aucun peintre
11e raisonnait mieux que celui-ci ; aucun
ne travaillait avec plus d'ardeur et de
patience ; je n'en connais pas qui ait
peiné au même degré que Hirsch ; pen-
dant quinze ans il a lutté avec sa cer-
velle contre le métier rebelle ; nul n'a été
courbé avec plus de recueillement devant
la nature qu Alphonse Hirsch, et chaque
effort nouveau n'aboutissait qu'à un dé-
couragement de plus ; sa vie a été un
long cauchemar, dans lequel on épuise
ses forces à la poursuite d'un fantôme
qui s'échappe quand on le croit tenir ; le
pauvre peintre en a beaucoup souffert et
tout me porte à croire qu'il en est mort.
Voici tantôt seize ans qu'il s'était en-
fui de la Bourse pour faire de la pein-
ture; il a courageusement sacrifié ses
économies, il s'est résigné à une vie
humble pour réaliser son rêve de deve-
nir un peintre de talent. Il a usé sa jeu-
nesse et sa santé dans cette longue lutte,
d'où chaque année il sortait vaincu com-
me l'année précédente: On était surpris
de cet effort constant autant que peiné
de voir cet homme intelligent rester au- ;
dessous de ses intentions.Quelques por-
traits comme ceux de sa mère, de son
beau-frère, Eugène Manuel, et du grand
Rabbin, M. Isidor, furent cependant re-
marqués à juste titre, pas assez toute-
fois pour donner au peintre les satisfac-
tions d'amour - propre entrevues par
son ambition. II souffrait énormément
de ne jamais remporter la médaille qui,
réellement, était due depuis longtemps
à ce labeur consciencieux et profondé-
ment honnête. Peut-être lui gardait-on
rancune de sa franchise à toujours
dire ce qui était au fond de sa convic-
tion ; il s'était fait beaucoup d'ennemis
parmi les plus puissants, par son ar-
deur à défendre ce qui lui paraissait
juste et beau et à démolir ouvertement
l'art faux et triomphant ; on l'avait jugé
méchant le pauvre garçon, qui n'était
qu'un passionné et un sincère. Moi qui
l'ai beaucoup connu, je savais combien,
au fond, malgré les amertumes qui
grandissaient avec les années, il était
bon et serviable.
Dans les ateliers, on lui supposait bien
à tort une influence réelle sur mes arti-
cles de critique. Pauvre Hirsch ! Son
influence se bornait à plaider auprès de
moi la cause des jeunes gens qui lut-
taient pour l'avenir. Il m'a de la sorte mis
en rapport avec beaucoup d'inconnus,
aujourd'hui des arrivés, qu'il protégeait à
leurs débuts, lui qui avait tant besoin
d'être protégé lui-môme. Je constate avec
regret que tous ceux qu'il a aidés et
soutenus de son crédit et de ses
relations n'étaient pas, hier, autour
de son cercueil. Avec l'âge, Alphonse
Hirsch, désespérant de son avenir,
se jugeant aussi jusqu'à un certain
point méconnu par son temps, per-
dit son insouciance. Il s'était marié
avec une femme charmante qui lui avait
donné deux enfants ; il voulut, comme
tout le monde, avoir son petit hôtel qu'il
fit construire rue Ampère, et qu'il amé-
nagea avec un goût très distingué. Les
soucis de l'avenir enveloppèrent peu à
peu le cerveau d'amères appréhensions;
une maladie nerveuse s'abattit sur le
pauvre artiste avec toutes ses consé-
quences terribles ; il est mort sans avoir
jamais connu le succès véritable, mort à la
peine dans cette lutte qu'il avait entre-
prise et entretenue pendant quinze ans
contre lui-môme. Avec une éducation
littéraire, Alphonse Hirsch eût écrit des
oeuvres remarquables sur les beaux-arts;
il avait la passion et le sentiment de la
critique qu'il prenait à tort pour la force
créatrice de l'artiste. Alphonse Hirsch
est moH/ dé cette erreur,. miné par le,
chagrin de ne pas" prendre rang parmi-
les meilleurs. A chaque Salon, il m'en-
voyait le même cri de détresse : « Sur-
tout ne dites plus que j'ai fait des pro-
grès. >>- ,
Par "ces mots il 'marquait sa préoccu-
pation constante d'être enfin classé'
parmi les arrivés et non parmi ceux à
qui l'on prodigue une parole d'encoura-
gement. On peut dire de ce laborieux et
de ce sincère qu'il est mort par son art
dans les désespérances d'une nature
d'artiste qui constamment entrevoyait
le but sans jamais l'atteindre complète-
ment.
Je ne crois pas qu'un homme ait souf-
fert pluscruellement qu'Alphonse Hirsch,
et s'il est descendu dans la tombe sans
que sa vie ait été éclairée par un rayon
de gloire, il n'en a pas moins vécu
comme un artiste véritable, que ses
amis ne doivent pas laisser partir sans
déposer sur sa tombe l'expression d«
leurs profondes sympathies.
Albert Wolff.
LES MIETTES DE LA POLITIQUE
LE GUILLOTINÉ PAR PERSUASION
Il faut, bon gré mal gré, s'occuper un peu de
ce bon Sénat qui joue, en ce moment, avec une
gravité adorable, et même avec un empresse-
ment méritoire, le personnage déjà ancien du
guillotiné par persuasion.
On lui avait annoncé depuis longtemps qu'il
se résignerait à ce rôle ingrat. Des personnes
qui ont pu mesurer de près les puissantes facul-
tés de renoncement dont il est doué ne dou-
taient pas de son bon vouloir, et prédisaient
avec une sûreté extraordinaire, qu'après quel-
ques objections de forme et une petite grimace
d'ennui, le malheureux n'y mettrait pas autre,
ment d'obstination, céderait au désir que l'on
manifeste, et viendrait de lui-même placer déli-
catement son cou sur la planche. C'est à peu
près ce qui arrive aujourd'hui. Le Sénat n'est
pas entêté; désentété, à la bonne heure !
***
L'unique prière qu'il adresse aux exécuteurs
est une prière bien naturelle : « Ne me faites
pas trop souffrir! » C'est sur ce point, mais sur
ce point seulement qu'il demande des garan-
ties; et nous devons reconnaître qu'on se prête
d'assez bonne grâce à lui en offrir. Chacun se
met en quête pour découvrir un moyen nouveau
et sûr d'expédier le patient sans douleur. Celui-
ci apporte des idées originales sur la manière
de dresser la machine : celui-là a inventé un
système pour presser le bouton ; cet autre un
graissage perfectionné ; un quatrième a donné
ses soins à la lunette. Tous insistent sur la né-
cessité de découvrir une organisation modèle
qui épargne au condamné les apprêts du sup-
plice et la vue de l'échafaud. Mais, sur ce dé-
tail au moins,-ils n'ont pas encore complète-
ment réussi : la toilette est un peu longue !
Ce qui rend le spectacle piquant, c'est la
participation personnelle du Sénat à tous les
efforts qu'on fait pour le raccourcir proprement.
On l'a invité à la discussion des divers engins
qu'on lui prépare, et il prête généreusement
son concours à cette curieuse exhibition. On
peut même parier que c'est lui qui proposera
le meilleur instrument et qui aura le prix.
Quelques-uns de ses membres ont déjà soumis
au jugement du public un appareil qui porte le
nom provisoire à'autobascule, et. qui, primé
sous ce titre, le conservera dans les annales
parlementaires. On parle aussi de l'appeler la
décapiteuse Dauphin,
w
» *
Il est juste de constater que jamais assem-
blée politique ne s'est immolée elle-même avec
plus de bonne humeur et d'entrain. Ce qui
étonne, après cela, c'est de rencontrer des gens
qui trouvent que le Sénat n'en fait pas encore
assez et qui, non contents de le tuer, veulent
absolument le faire souffrir. Un tel excès de
cruauté n'est plus dans nos moeurs.
Comment ! Voilà un pauvre diable condamné
à mort qui n'a pas opposé aux vues désobli-
geantes qu'on a sur lui un semblant de résis-
tance, et qui se borne à discuter modestement
sur la ficelle et sur la rainure ; sa plus grande
préoccupation est que le couteau soit bien re-
passé, et cette abnégation ne vous suffit pas !
Que vous faut-il donc ?
En quoi le supplicié peut-il devenir gênant,
surtout lorsque vous pouvez invoquer contre
ceux qui seraient tentés d'appeler sur lui la
pitié publique toutes les précautions qu'il prend
lui-même pour ne pas se manquer? Vous vou-
lez encore lui ôter l'illusion qu'il se tue sponta-
nément, qu'il se suicide? Vous tenez à le priver
de cette suprême consolation? A quoi bon,
pourvu qu'il meure ? Avez-vous donc tant d'in-
térêt à bien lui faire savoir qu'il meurt par
vous? Insatiables! Croyez-vous qu'il ne le sait
pas? C'est la seule apparence qu'il vous de-
mande de sauver, et vous lui refuseriez cette
grâce ?
***
Les forcenés qui veulent ainsi se baigner dans
le sang du Sénat se défendent cependant de le
faire par férocité. Ils prétendent que c'est pour
eux une question de principe, et que, si l'on
laisse le Sénat s'arranger de ses propres mains
une petite mort aussi anodine que volontaire, il
ressuscitera inévitablement le troisième jour.
Or, disent ces doctrinaires, nous entendons
que ce soit bien fini et que le supplicié nous
laisse une bonne fois tranquilles ! Le guillotiné
par persuasion, c'est bien ; mais le décapité
parlant, ce serait trop !
Sérizy.
« -
LA CHAMBRE
17 juillet.
La lutte des sucriers devient épique.
Il faudrait la plume d'Homère, qui n'en
avait pas, pour décrire les furieux com-
bats que les libre-échangistes et les pro-
tectionnistes se sont livrés en cette jour
née orageuse et suprême. O Muse de la
douceur (glukéia Mouça) inspire mei
faibles accents et que le sucre f to saccha-
ronj soit favorable au chroniqueur em-
barrassé.
Pareil à l'athlète frotté d'huile, M.
Franck-Chauveau s'élance dans la car-
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