Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1883-08-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 août 1883 23 août 1883
Description : 1883/08/23 (Numéro 235). 1883/08/23 (Numéro 235).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune
Description : Collection numérique : La Commune de Paris Collection numérique : La Commune de Paris
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k278669m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
29e Année. 3e Série - Numéro 23o
Le Numéro : 15 cent, à Paris, 2u cent, dans les Départements
Jeudi 23 Août 1883
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit, rue Drouot, 29
Les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
26, rue Drouot, 20
LE FIGARO
H. DE VILLEMESSANT.
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements :" Trois mois I9fr. 50
Paris : Trois mois . . . .
I 6 fr.
ANNONCES ET RKCLAMRS ,
DOLLITÎGE.N FILS, SECUY ET ?'«, IN, RUE G RANGE-BATELIERS
F.T K L'ADMINISTRATION
SOMMAIRE
CONTES D'ETÉ : Arnold Mortier.
ECHOS DE PARIS : Le Masqua de Fer.
M. LE COMTE DE CHAMBORD : Walter Vogt.
UN MOT : Saint-Genest.
LA FÊTE FRANCO-ITALIENNE : C. C.
LES DISPARUS : H. Roger de Beauvoir.
PARIS AU JOUR, LE JOUR -. Adolphe Rdcot.
NOUVELLES DIVERSES : Jean de Paris.
GAZETTE DES TRIBUNAUX : Albert Bataille.
LE CHOLÉRA.
LA CATASTROPHE DU «. BOUGAINVILLE. »
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES : Argus.
LA BOURSE : La Financière.
L'HIVER 1883-1884 DANS LES THÉÂTRES DE PARIS :
Jehan Valter.
COURRIER DES THÉÂTRES : Jules Prêveî.
SPORT : X.
FEUILLETON : L'HOMME AU GARDÉNIA : Louis
Ulbach.
CONTES
TANTE ES
I
Je l'ai connue à Amsterdam, dans fa
famille d'un de mes amis. Tout le monde,
dans la maison, l'appelait « tante Es ».
Son vrai nom, je crois, était Estelle ou
Esther. Elle approchait de la soixan-
taine ; mais ses cheveux, entièrement
blancs, pouvaient seuls indiquer son âge.
Elle avait la peau fine et sans rides, le
regard plein de flamme, des dents su-
perbes qu'une bouche presque toujours
souriante mettait de la coquetterie à
montrer. Elle avait dû être fort jolie,
elle l'était toujours. Et cette beauté ob-
stinée se trouvait accentuée par une ac-
tivité d'allures vraiment extraordinaire.
Les yeux vifs, l'expression rapide, le
geste pressé, la parole brève, la marche
hâtive : tout indiquait chez celte char-
mante sexagénaire, alerte, accorte et
trottinante, une carrière remplie de
mouvement et absorbée par le tracas des
affaires.
C'est que tante Es avait été « du com-
merce ». Que dis-je? Elle en était en-
core. On prévoyait, dans sa famille, que
cette infatigable travailleuse ne se rene
serait jamais.
ft
Car tante Es n'était pas millionnaire.
Quoique bel et bien établie à son
compte, elle avait toujours vécu dans la
pauvreté, pauvreté indépendante, mais
absolue. Elle n'avait jamais rien de-
mandé à personne. Pour lui faire parta-
ger, une fois par quinzaine, le repas de
famille, il fallait des sollicitations pres-
santes. Elle arrivait, vêtue d'une robe de
laine grise, toujours la même, été com-
me hiver, avec des manchettes serrées
aux poignots, une taille longue, à pointe,
et des petits volants au bas de la jupe.
Généralement, elle apportait une sucre-
rie quelconque pour les enfants, se mon-
trait très bonne, très gaie, et quand on
l'interrogeait sur « ses affaires » répon-
dait que « ça marchait assez bien. »
Elles n'étaient pourtant pas d'une im-
portance colossale, les « affaires » de la
tante Esl
La pauvre vieille demeurait dans une
cave ; une de ces affreuses caves d'Ams-
terdam, humides, malsaines, nids à fiè-
vres, où l'on est tout étonné de trouver
des boutiques proprettes, des étalages
de fruitiers, de laitiers, des cordon-
neries, des tonnelleries, des poisson-
neries et même des cabarets. Il fallait des-
cendre une vingtaine de marches pour
arriver dans son magasin de papeterie,
grand comme la cage d'un ascenseur.
On y voyait une petite, toute petite table,
qui tenait lieu de comptoir; trois ou
quatre cartons contenant des ramettes
de papiers à lettre de différents formats;
une vieille boîte à gants dans laquelle
des plumes métalliques, des plumes
d'oies et de mauvais crayons étaient
jetés pêle-mêle ; six cruchons d'encre et
quatre règles. C'était tout. L'inventaire
n'était pas long à dresser. Dans ses bons
mois, tante Es arrivait à gagner de douze
à quinze florins.
Le soir, le magasin se transformait en
salle à manger ; la nuit, il devenait
chambre à coucher. On dînait sur le
comptoir, on dormait dans une armoire
qui était :HI fond de la cave : une ar-
moire à double porte et dont l'unique
rayon supportait un matelas.
C'est là, dans ce sous-sol obscur,
qu'elle vivait depuis près de quarante
ans, lorsque je la connus. Elle, y vivait
honnêtement, loyalement, n'ayant pas
un soude deltes, trouvant le moyen de
thésauriser et d'économiser pour s'amas-
ser une dot.
Car tante E s avait un fiancé.
i
III
Il est essentiel, avant de continuer, de
dire ce que sont les fiançailles en
Hollande.
Lorsqu'un jeune Hollandais rencontre
la Hollandaise de ses rêves et que ladite
Hollandaise trouve le jeune Hollandais à
son gré, les familles consultées et con-
sentantes, le mariage décidé, il est tout
d'abord convenu qu'on sera fiancé pen-
dant un an ou deux.
A partir de ce moment les futurs époux
vivent l'un pour l'autre comme s'ils
étaient déjà l'un à l'autre. Us peuvent
aller, venir, sortir ensemble, sans le
moindre parent, sans le chaperon obli-
gatoire des moeurs françaises. On voit
« les fiancés » au théâtre, on peut les
rencontrer dans des petits voyages .d'un
jour, amoureusement appuyés l'un sur
l'autre, la future femme déjà sous la
protection de son futur mari. Jamais
cette intimité préalable n'a choqué per-
sonne, jamais ce prologue du mariage
n'a été autre chose qu'un prologue.
Un jour, à dix-huit ans, tante Es avait
présenté à sa famille l'homme qu'elle
avait distingué et qui avait sollicité sa
main.
Un petit commerçant comme elle.
Plus petit même, car tante' Es avait
un magasin, un comptoir, des cartons
où s'étalaient des ramettes de papier et
une vieille boîte à gants pleine de
plumes métalliques, tandis que l'homme
de son choix n'avait pas de magasin du
tout.
Ou s'il en avait un, il était si peu im-
portant qu'il pouvait le promener sous
son bras.
Karel était marchand de cigares; non
pas un de ces gros débitants qui font
venir directement de la Havane l'appro-
visionnement de leurs entrepôts immen-
ses. Son installation, toute ambulante,
se composait d'une petite caisse qui avait
contenu, avant de tomber entre ses
mains, des régalias extra-fins et dans
laquelle il éparpillait, non sans une cer-
taine ostentation roublarde, des cigares
de choix à deux centimes pièce. Il allait
proposer sa marchandise aux détaillants,
n'ayant jamais plus qu'une centaine de
cigares à la fois et mettant environ
quinze jours à s'en débarrasser-
Ce trafic ne pouvait guère lui rapporter
plus que ce que rapportait, à sa fiancée,
son débit intermittent de crayons, de
plumes et de papiers à lettres.
Leur union se présentait donc dans de
rares conditions d'équilibre.
C'était un mariage d'inclination, puis-
qu'ils s'aimaient.
C'était un mariage de convenance, vu
la parfaite égalité des deux partis quant
à la fortune.
C'était aussi un mariage de raison,
puisqu'ils ne devaient s'épouser qu'a-
près avoir gagné un peu d'argent - de
quoi se mettre en ménage sans trop d'im-
prévoyance.
IV
A cela, par exemple, il y tenaient.
Tante Es avait formellement déclaré
qu'ils ne se marieraient que lorsqu'ils
auraient pu, à eux deux, réunir une
somme de mille florins. C'était le moins
qu'il fallait pour louer un magasin plus
grand, pour réunir letabac à la papeterie,
pour ne plus coucher dans une armoire
où d'ailleurs on n'aurait jamais pu tenir
à deux et pour élever convenablement
un tas de mioches .qui prennent beau-
coup, beaucoup de place.
Aussi, à partir du jour où elle se fiança
à Karel, Tante Es, que les voisins étaient
habitués à entendre chanter au fond de
sa cave avec autant d'entrain et d'insou-
ciance que le rossignol au sommet d'un
peuplier, Tante Es que, d'après l'avis
unanime du quartier, on ne trouvait pas
assez sérieuse, Tante Es se métamor-
phosa.
On la vit acharnée à la vente et âpre
au gain. Rien n'égala son zèle, son ar-
deur au travail, sinon le zèle et l'ardeur
de Karel.
Mais les affaires n'étaient pas faciles.
Le gros commerce absorbait tout. Leurs
efforts communs n'eurent pas grands ré-
sultats. Lui, chercha à se lancer dans le
cigare de demi-luxe, tandis qu'elle s'ef-
força de spéculer sur le fameux papier
Bath, nouvellement importé de France;
mais cette double opération commerciale
fui doublement désastreuse et faillit
faire sombrer, en même temps que leurs
espérances matrimoniales, la petite pa-
peterie souterraine et le chétif débit de
cigares.
- N'allons pas trop vite, se dirent-ils
alors, effrayés de leur audace, ne nous
lançons pas dans les aventures. On sait
ce qu'on a et on ignore ce qu'on aurait.
Attendons. Avec le temps, nous finirons
tout de môme par nous sortir d'affaire I
Et ils attendirent. Us continuèrent à
vivre côte à côte, dans la tendre et dis-
crète intimité qu'autorisaient leurs fian-
çailles, riches d'amour et surtout d'es-
pérance.
De l'espérance, par exemple, ils en
avaient plein le coeur. Et des illusions
que jamais rien ne parvint à détruire,
et des projets d'avenir longuement ca-
ressés, d'éternels projets dont on causait
chaque soir, elle assise derrière le comp-
toir et lui, devant, la contemplant avec
extase. Tantôt c'était une commode en
bois blanc, entrevue dans un magasin du
Kalverstraat, et qu'on achèterait pour
la chambre à coucher, le jour où l'on
pourrait se mettre en ménage, tantôt
c'étaient des discussions sur la façon dont
on élèverait les enfants, lui voulant avoir
une fille pour commencer et elle un gar-
çon.
Un soir, elle eut un caprice.
- Sais-tu... (ils se tutoyèrent) sais-tu
ce que nous devrions faire?Tu vas trou-
ver que je ne suis pas raisonnable, mais
c'est une idée fixe... Nous devrions, à
nous deux, acheter un billet de loterie.
L'Etat hollandais exploite la loterie
et s'en fait des revenus considérables.
Le tirage a lieu par séries et se prolonge
durant plusieurs semaines. Le gros lot,
de cent mille florins, se tire le dernier
jour. Le billet que le fiancé de Tante Es
avait acheté, n'étant pas sorti aux tirages
précédents, participa à la chancesuprême.
On devine si les projets allaient leur
train quand approcha le jour du gros
loti
- Si demain tu me vois arriver en
voiture, dit-il à tante Es, c'est que notre
numéro sera sorti 1
Et le lendemain, tante Es était devant
sa porte de très bonne heure. Quelle im-
patiencel A chaque voiture qu'elle voyait
approcher, elle eut un violent battement
de coeur. Heureusement, il n'en passe
pas beaucoup sur les quais d'Amster-
dam. Cependant, à certain moment, la
tête lui tourna. Elle sentit qu'elle deve-
nait toute pâle. Une vigilante (fiacre)
venait de s'arrêter.
A la portière, elle apercevait la tête de
Karel. En quelques secondes, tous les
projets formés depuis tant d'années lui
repassaient dans l'esprit. Elle le tenait
donc enfin, ce bonheur tant espéré. Car
il n'y avait pas à dire, ils venaient de
gagner à la loterie, puisque Karel était
en voiture. Elle finit par courir à la por-
tière de la vigilante, qui s'était ouverte
lentement. Karel avait le visage boule-
versé.
- Qu'as-tu ? lui demanda-t-elle, trem-
blante. C'est le gros lot ?
- Non, répondit-il, mais je viens de
me casser la jambe.
VI
Elle le soigna, chez elle, lui cédant son
armoire et se contentant de coucher sur
une chaise. Quand il fut remis, il reprit
son commerce.
Et c'est ainsi que, les années succé-
dant aux années, les désillusions aux
désillusions, sans, jamais abattre leur
foi robuste dans un avenir meilleur, ils
vieillirent côte à côte, ne s'apercevant
pas que leur front se ridait, que leurs
cheveux s'argentaient, qu'elle avait
soixante-quatre ans, qu'il en avait
soixante-dix, et que leur santé môme
allait toujours s'affaiblissant.
Tante Es était malade et ne le disait
pas. Elle s'en allait de consomption,
mais se maîtrisait tout de même assez
pour faire lant bien que mal face à ses
petites affaires. Elle souffrait peu en
somme, ne se plaignait jamais et ne son-
geait même pas à consulter un médecin.
Un jour, se trouvant plus faible, elle
avait retenu son fiancé qui avait pour-
tant une livraison de vingt-cinq cigares
à faire. On causa beaucoup. Ces éter-
nelles espérances semblaient plus jus-
tifiées que jamais. Infatigables fourmis,
les deux fiancés avaient fini par mettre
de l'argent de côté. Il ne leur manquait
plus que la moitié de la somme : l'affaire
de quelques années.
Pendant qu'ils causaient, la nuit était
i venue. Tiède nuit d'automne. Tante Es
î se trouvait très bien.
- J'ai une idée, disait-elle. Nous voilà
vieux après tout. Il y a bien des chances
pour que nous n'ayons jamais d'enfants.
Si nous nous contentions, pour nous
marier, de'ce que nous possédons de
fortune ?
Il trouva cela très raisonnable. A quoi
bon, en effet, attendre plus long-
temps? Oui, oui, on se marierait. Elle
lui avait pris la main qu'elle avait
serrée avec force, puis elle avait fermé
les yeux.
- C'est convenu, alors, lui dit-il, je
vais m'occuper de tout.
Elle ne répondit pas.
Il s'éloigna doucement, la croyant en-
dormie.
Elle était morte.
VII
Quand je suis retourné à Amsierdam,
j'ai vu, chez mon ami, un grand et solide
vieillard, tout de deuil vêtu.
C'était le fiancé de tante Es.
Les parents de la pauvre femme l'ont
recueilli; ils l'entourent de soins affec-
tueux et de consolations touchantes. Il
est delà famille.
Arnold Mortier.
Échos de Paris
LA TEMPÉRATURE. - Il y a peu de change-
ment dans la situation. Le baromètre ne varie
guère et une aire de pressions uniformément
élevées s'étend toujours sur le continent. Le
vent est variable et faible partout.
La distribution de la température est la même
que les jours précédents. Dans la région de
Paris, le thermomètre monte : hier on a cons-
taté 290.
Le temps reste au beau et au chaud en France.
Dieppe.-Temps admirable. Therm. max.: 30°.
Bagnères-de-Luchon. - Continuation d'un
temps superbe. Therm. max. : 28°5.
Châtelguyon. - Baromètre au beau fixe.
Brtse légère. Therm. : 28°.
Pougues (Nièvre.) - Très belle journée.
Therm. max. : 29°.
Royat.-Journée splendide. Therm.max. : 28°5.
A TRAVERS PARIS
M. le capitaine de vaisseau Auguste
Barbotin, vient d'être nommé major de
la flotte, à Rochefort.
*** .
M. l'intendant général Lévy, président
du comité consultatif de l'intendance et
M. l'intendant militaire Brisac, direc-
teur du service de l'intendance de la
7° région, ont été admis dans la 2° sec-
tion du cadre de réserve.
Le service qui devait être célébré à
l'occasion de l'anniversaire de la mort
du roi, Louis-Philippe, à la chapelle
Saint-Ferdinand de Neuilly, le samedi
25 août prochain, est ajourné au lundi 27,
à dix heures du matin. Tous les mem-
bres de la famille d'Orléans présents en
ce moment à Paris assisteront'à cette
cérémonie.
Nous apprenons la mort de notre
confrère M. Etienne Enault, membre de
la Société des Gens de lettres et cheva-
lier de la Légion d'honneur.
M. Etienne Enault était l'auteur de
plusieurs romans, parmi lesquels nous
citerons : le Fils de l'Empereur, qui fut
ses débuts dans la carrière des lettres ;
le Portefeuille du Diable, l'Homme de
minuit, le Dernier amour, les Jeunes
tilles de Paris, etc.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui
jeudi, à l'église de la Trinité, à neuf
heures et demie. .
Nous signalions hier les scènes dont
le jardin réservé des Tuileries est le
théâtre, une fois la nuit venue; on nous
prie aujourd'hui d'appeler l'attention de
la police sur le honteux commerce des
cartes dites transparentes, qui se fait
ouvertement tous les jours sur les bou-
levards, et principalement aux environs
de l'Opéra. Nous ne parlons plus que
pour mémoire des souteneurs qui crient
des nouvelles fantaisistes, tantôt: le
scandale de l'accouchement de Louise
Michel à Saint-Lazare, etc. On a peut-
être des raisons pour les garder, mais
c'est tout simplement ignoble. Si ces
industriels crient un jour quelque chose
qui touche à la famille Grévy, fon
verra que l'égalité n'est pas ce qu'un
vain peuple pense.
Le curieux article de notre collabora-
teur Auguste Vitu, sur la fausse inscrip-
tion dont la Ville vient d'orner la maison
n° 202, de la rue Saint-Honoré, n'a pas
été réfuté et ne le sera pas. Mais il ré-
veille de toutes paris la mémoire de bé-
vues analogues commises depuis dix ans,
auxquelles il convient d'en ajouter une
assez récente, le nom du célèbre ébénisle
Boulle, écrit Boule au-dessous de sa
statue, a-u troisième étage de l'Hôtel de
Ville reconstruit
Nous recevons sur ce sujet, qui inté-
resse tous les Parisiens, nombre de com-
munications plus ou moins piquantes ;
mais elles ne sont pas toutes d'une en-
tière justesse.
Par exemple un de nos lecteurs nous
signale l'inscription placée sur la maison
mortuaire de Voltaire, au coin du quai
et de la rue de Beaune, où il est dit que
Voltaire naquit à Paris en 1694. Rien
cependant de plus exact.
Condorcet, dans sa Vie de Voltaire
(Genève 1787), avait fait naître son héros
à Chatenay, près de Sceaux, le 20 février
1694; mais c'est une double erreur depuis
longtemps reconnue. Voltaire est né à
Paris, le 21 novembre 1694 ; l'acte de
baptême, qui eut lieu le lendemain 22,
à Saint-André des Arts, ne laisse aucun
doute à cet égard.
Voltaire s'est toujours dit Parisien,
notamment dans une lettre à M. de Par-
cieux, du 17 juin 1768.
Du reste, c'est là une question vidée
par les travaux de Jal et de M. Gustave
Desnoiresterres. j
Nous recevons de M. Ivan de Woes-
tyne le télégramme suivant :
Metz, 22 août, 4 heures 16 minutes.
Votre entrefilet me tombe sous les yeux. Si
j'ai-,disparu on a toujours su où j'étais : je
donnais la chasse à mon commanditaire qui,
au dernier moment, quand il devait verser
l'appoint du voyage, m'a absolument man-
qué. Je l'ai cherché et attendu vainement
jusqu'ici.
Je vous envoie par poste le télégramme que
j'ai expédié ce matin au Poitou et qui expose
toute la situation. J'ajoute que je commence
immédiatement un procès contre ce com-
manditaire, M. R..., dont les propriétés de
Beaulieu près Monaco, répondront du dom-
mage qu'il a causé à tout le monde, moi com-
pris.
WOESTYNE.
Le Figaro n'a point à entrer dans la
discussion de cette fâcheuse affaire qui
ne le regarde en aucune façon, comme
il en est d'ailleurs pour les nombreuses
entreprises privées qui sollicitent, à leurs
risques et périls, la publicité de l'ensem-
ble des journaux.
Nous ne pouvons oublier cependant que
M. Ivan de Woestyne a fait partie autre-
fois de la presse aussi bien à Paris qu'à
l'étranger, et, à ce titre, nous croyons
qu'il ferait bien de revenir au plus tôt
se dégager de la situation embarras-
sante pour son honneur, qu'il s'est si
imprudemment créée, en mettant la
frontière entre lui et ses souscripteurs.
Nous voulons espérer qu'il donnera
franchement toutes les explications et
qu'il expliquera loyalement aux intéres-
sés les raisons pour lesquelles son entre-
prise a échoué.
En agissant ainsi, il atténuera, dans
la mesure du possible, la pénible im-
pression que sa brusque disparition a
causée dans le public et parmi ses an-
ciens confrères.
Beaux-arts :
La statue colossale de la Victoire, qui
provient de l'île de Samothrace, vient
d'être placée dans l'escalier du musée du
Louvre.
On n'avait vu jusqu'à présent, de cette
magnifique statue, dans une des salles
du rez-de-chaussée, que la partie infé-
rieure avec des fragments détachés.
Cette partie, ajoute la Chronique dès
arts et de la décoration, en est mainte-
nant rétablie, ainsi que les ailes. La
Victoire est montée, en outre, sur un
avant de galère en marbre, qui lui sert
de piédestal et qu'a rapporté récemment
M. Champoiseau, consul de France.
Le monument, dans son ensemble,
ainsi reconstitué parles soins du conser-
vateur des Antiques, M. Ravaisson, est
aujourd'hui le plus remarquable que
possède le musée du Louvre.
Grande nouvelle I
M. Ludovic Halévy serait nommé con-
seiller municipal au Pecq.
Le premier sur la liste, il aurait re fusé
les fonctions de maire. M. Cardinal le
blâmerait. .
UHomme au gardénia, le roman que
publie en ce moment le Figaro, attire à
son auteur des lettres nombreuses et de
toutes sortes. Les uns lui envoient des no-
tes tardives pour son étude sur les maî-
tres-chanteurs-, les autres lui envoient
simplement des félicitations. Voici une
lettre qui contient une critique vraie sur
l'avancement contre les règles que le ro-
mancier a donné à un de ses héros.
Nous ne nommerons pas le signataire
de ce billet. Nous dirons seulement que
c'est un des hommes politiques les plus
éminents et les plus spirituels, actuelle-
ment au bord de la mer. Comme M.
Louis Ulbach nous avait lu la lettre, nous
avons réclamé la communication de la
réponse qu'il a bien voulu nous laisser
copier, et nous publions ici l'une et
l'autre.
Dimanche, 19 août.
Mon cher ami, je m'empresse de vous
écrire que les conditions de l'avancement de
la marine sont très rigoureusement obser-
vées. Un capitaine de vaisseau doit avoir
servi deux ans à la mer dans ce grade, pour
être promu contre-amiral. Mais toute la ma-
rine se croirait ramenée au temps de M. Gou-
geard, si elle pouvait penser qu'un simple
capitaine de frégate pût aspirer directement
à mettre deux étoiles sur ses épaulettes.
Je crains que l'erreur que vous avez com-
mise à cet égard ne nuise à votre avancement
comme officier de vaisseau, et le mal que j'ai
à la main et qui m'oblige à dicter ma lettre,
m'ayant tenu éveillé toute la nuit, je n'ai fait
que penser aux conséquences possibles de
cette étourderie.
Toutes mes amitiés.
A quoi M. Ulbach a répondu :
Courbevoie, lundi, tO.
Mon cher ami,
Je m'empresserai dans mon volume de
faire de M. de Chazeley, un capitaine de vais-
seau, pour rendre sa promotion régulière.
J'aurais pu vous répondre que c'est par
horreur du naturalisme que j'ai commis cette
faute. J'aime mieux convenir que c'est par
ignorance.
Si nous savions tout, nous n'écririons ]a-
mais rien. Car c'est la vanité d'enseigner ce
que nous ne savons pas, qui nous fournit
l'occasion d'apprendre.
Tout à vous.;
L. ULBACH.
NOUVELLES A LA MAIN
MON HÔTE
Il y a très longtemps que vous passez
la saison chez lui. Vous avez enfin, pour
une raison ou pour une autre, choisi une
autre résidence d'été et vous croyez de-
voir l'en avertir en exprimant quelques
regrets.
Il vous répond tranquillement?
- Eh bien ! moi, je vais aussi m'éta-
blir ailleurs. Sans en avoir l'air, je suis
délicat, et je ne veux pas laisser ma peau
ici. Si vous saviez comme l'air est mal-
sain I
(Sera continué.)
Entre amateurs de tableaux.
- Je crois que j'ai fait une belle
affaire aujourd'hui...
- Laquelle?..
- Vous savez!., mon Jules Dupré que
j'avais acheté dix mille francs...
- Eh bien ?..
- Je viens de le vendre quinze mille,
et, ma foi, je le regrette déjà.
- Vous le regrettez?., rachetez-le
vingt mille !..
jatis f
Le comble de la stupéfaction pour un
professeur :
Voir un fleuve suivre son cours.
X
I. LE COMTE DE CHAMBORD
Dépêches reçues hier de Frohsdorf.
par M. le marquis de Dreux-Brézê.
Klein Wolkersdorf, 21 août,
lt heures 45 soir.
Arrivée le 22 à 1 heure 45 matin.
Lecalmedont M. le comte de Chambord
a joui pendant ces dernières heures per-
met d'espérer que les inquiétudes con-
çues pour cette nuit ne se réaliseront
pas.
Signe: BLACAS.
"Wiener Neustadt, 22 août.
9 h. 40 matin
(Arrivée à 10 h. 45 matin).
Bulletin médical du 22 août - 8 heures
matin.
Grâce à la diminution notable des dou-
leurs dans la région épigastrique, la
nuit a été calme.
L'auguste malade a dormi pendant
plusieurs heures. La faiblesse est tou-
jours très grande et l'état reste aussi
sérieusement inquiétant qu'hier.
Signé : Docteur MAYR.
Signé : BLACAS.
Wiener-Neustadt, 22 août, 1 h. 10, soir.
(Arrivée à 4 h. 45, soir.)
22 août, 1 heure, soir.
Le calme de la nuit dernière s'était
prolongé toute la matinée. Mais M. le
comte de Chambord vient d'avoir une
crise qu'on a cru être la dernière. Mon-
seigneur est plus tranquille et le danger
semble écarté pour le moment.
Signé : BLACAS.
Klein-Wolkersdorf, 22 août, 4 h. 35 m. soir.
Bulletin médical dit 22 août - 4 heures
soir.
Uné faiblesse musculaire momentanée
ayant les caractères de la paralysie, mais
pendant laquelle l'auguste malade avait
sa pleine connaissance, s'est produite
subitement, aujourd'hui, à midi. Elle
a été promptement suivie du retour
à l'état de faiblesse : de légères douleurs
ont troublé le repos de l'après-midi. La
nutrition reste toujours impossible.
Signé : Docteur MAYR.
Signé : BLACAS.
DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.
Wiener Neustadt, 22 août,
6 heures, soir.
L'état de M. le comte de Chambord
n'a pour ainsi dire pas changé. Hier soir,
il a éprouvé des douleurs si violentes, la
crise a été d'une intensité telle, que le
docteur Mayr a craint que le malade
ne passât pas la nuit.
Ce matin, il y a eu un peu de mieux,
une amélioration toute relative, car les
souffrances du malade diminuent en
raison de la déperdition des forces. On
le nourrit encore par les moyens factices
et sa constitution robuste lutte contre
la mort avec une énergie surprenante.
A midi le malade a encore eu une
syncope, et tous ceux qui l'entouraient
ont cru que c'était la fin.
Lorsque M. le comte de Chambord
n'est pas dans cet état de somnolence
causé par le manque absolu d'alimenta-
tion, il a toute sa connaissance et cause
avec ceux qui l'entourent. Il sait qu'il va
mourir, et il s'y est préparé en chrétien
fervent.
Vous avez eu raison de n'accueillir que
sous réserves, le bruit qui a couru d'une
prétendue clause du testament de M. le
comte de Chambord dans laquelle il au-
rait désigné pour son successeur le fils
du comte de Paris. Ce serait le renver-
sement du principe même de la légiti-
mité. Tenez pour absolument certain que
le testament du roi ne contient rien de
semblable.
Je suis autorisé à répéter que per-
sonne, sauf peut-être Mme la comtesse
de Chambord, ne connaît les dernières
dispositions du Prince. Après la mort, le
testament sera ouvert par le grand-ma-
réchal du palais de l'Empereur, comme
il a été procédé à la mort de Mme la du-
chesse de Parme, soeur de M. le comte
de Chambord.
Le général de Charette est attendu de-
main avec quelques intimes.
Mgr le comte de Paris reçoit chaque
jour des dépêches de Frohsdorf en ré-
ponse à celles qu'il y expédie matin et
soir.
Madame la comtesse de Chambord
supporte avec le courage d'une sainte,
la vue de ce long et douloureux martyre.
Ce qu'on a dit à propos des adieux tou-
chants que son époux lui aurait adressés
est faux, puisque, ainsi que je vous l'ai té-
légraphié hier, par le plus pieux des men-
songes, lesdeux époux secachent récipro-
quement la vérité. Lorsqu'elle sent que
l'émotion est trop forte, que les larmes
vont monter de son coeur à ses yeux, elle
quitte un instant le chevet du-malade et
s'en va pleurer et prier soit dans sa
chambre, soit dans la chapelle.
Le Pape a envoyé aujourd'hui sa béné-
diction au mourant.
Le dénouement fatal approche lente-
ment mais sûrement. Dans quelques
jours, le chef de la maison de France
aura rendu le dernier soupir et sera allé
rejoindre celte illustre lignée qui fit si
grand si glorieux votre malheureux
pays.
Walter Vogt.
M. le docteur Vulpian, qui était depuis
le commencement du mois aux bains de
mer à Trouviile, vient d'être appelé par
dépêche auprès de M. le comte de Cham-
bord.
M. Vulpian est rentré à Paris dans la
nuit de mardi à mercredi ; il est reparti
hier à six heures du matin pour Frosh-
dorf accompagné de Mme Vulpian et de
leur fils.
UN MOT R
« L'HÉROÏQUE PARIS» ET LA VIEILLE ARMÉE
Je ne pourrais reproduire ici les pro-
testations soulevées par mon dernier
article. Sauf le journal doM. Clémenceau
qui a, trouvé moyen de me répondre avec
calme, ça été un concert d'injures.
Le bon peuple de Paris s'est peu à peu
fait sa petite légende sur la guerre. C'est
l'Empire qui est cause de tous nos dé-
sastres, et c'est lui, bon peuple de Paris
qui a sauvé l'honneur et la France.
Désormais, c'est arrangé; il n'y a pas
à le sortir de là. Or, j'ai osé toucher
à la légende, ce qui est une action
abominable, et voilà pourquoi je m'em-
presse d'y revenir aujourd'hui.
Comme je ne veux pas laisser croire à
mes adversaires, qu'ils ont répondu à un
seul argument, je vais d'un mot réfuter
les quelques raisons spécieuses qu'ils ont
imaginées.
Et d'abord, que m'objecte M. Miilot
de la Justice?
11 me rappelle le rôle de l'Impératrice
et la résistance de M. Thiers. Il ne s'agit
pas de cela. Il s'agit des républicains,
parmi lesquels je ne pense pas que l'on
range M. Thiers à cette époque.
Oui ou non, le jour où l'Empereur a
annoncé officiellement la paix, tous les
journaux de la presse républicaine lui
ont-ils reproché sa lâcheté, lui disant
que comme son intérêt pourrait en souf-
frir il ne voulait point engager la lutte,
que peu lui importait une humiliation de
plus, qu'il n'hésiterait pas à désarmer de
trop courageux ministres, « que la pers-
pective d'une issue pacifique trouvait
peu d'enthousiasme dans la presse, que
c'était une paix sinistre que celle dont
on parlait. »
Etait-ce là le langage du Siècle, de
l'Opinion, de la Liberté, du Réveil... et
particulièrement de M. Delescluze. Je
ne laisserai pas l'organe de M. Clémen-
ceau me parler de l'Impératrice, quand
je lui parle de lui et do ses amis.
Il m'objecte que le 15 juillet, une fois
la lutte engagée, les républicains l'ont
maudite, mais c'est encore plus abomi-
nable !
Comment, après avoir poussé le gou-
vernement à la guerre, tant qu'il voulait
la paix, après l'avoir insulté parce qu'il
ne prenait pas les armes, ils ont désa-
voué cette guerre une fois qu'elle a été
irrévocable.
- Mais, me dit le journal de M. Clémen
ceau, pouvez-vous nier les responsabili-
tés de l'Empire.
Ah! ces responsabilités sont énormes,
je le reconnais. L'Empire a commis un
crime, c'est d'écouter les républicains
qui l'ont perdu, lui et la France I Car il
n'est pas un de nos désastres où on ne
retrouve leurs mains I
Unité italienne, unité allemande, inter-
vention en Pologne, désorganisation de
l'armée, guerre de Prusse... partout on
les rencontre.
Je comprends bien que l'Empire se
soit écroulé sous le poids de ses fautes,
mais ce que je n'admettrai jamais, c'est
que les républicains en profitent, et que
par-dessus tout qu'ils osent parler.
- Mais, écrivent de leur côté les braves
combattants du siège, il est impossible
que les états-majors ne se trompent pas,
nous avons fait un mal affreux aux
Prussiens... Demandez l'histoire de mon
batailIon... Faites-vous raconter la charge
de ma compagnie...
Mes chers amis, je suis bien certain
que tous les honnêtes gens ont fait ce
qu'ils ont pu-, mais enfin, il n'y a eu à
Paris que onze mille Prussiens tués,
vous n'en avez donc que onze mille a
vous partager. Voyez ce qui vous re-
vient à chacun ; arrangez-vous, ce n'est
pas mon affaire; On "ne discute pas avec
des chiffres.
Si Paris n'a pas fait davantage, dîtes-
vous, c'est la faute de Jules Favre, c'est
la faute de Trochu El qui donc avait
mis Jules Favre et Trochu au pouvoir,
ce n'est pas moi, n'est-ce pas? C'est vous
précisément, qui avez imposé ces hom-
mes à la France.
Comme du reste, vous avez imposé
Bazaine, car Bazaine est votre général,
désigné par vous, malgré l'Empereur qui
l'avait disgracié.
Et d'ailleurs, en admettant toutes les
fautes du commandement, tout cela
n'expliquerait pas ce que vous entendez
par l'héroïsme de Paris. Dîtes le pauvre
Paris, l'infortuné Paris ; mais on n'est
pas héroïque parce qu'on avait l'intention
de se battre, et qu'on a été mal com-
mandé.
Vous dîtes que Paris ne s est rendu
Le Numéro : 15 cent, à Paris, 2u cent, dans les Départements
Jeudi 23 Août 1883
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur en chef
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit, rue Drouot, 29
Les manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
26, rue Drouot, 20
LE FIGARO
H. DE VILLEMESSANT.
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements :" Trois mois I9fr. 50
Paris : Trois mois . . . .
I 6 fr.
ANNONCES ET RKCLAMRS ,
DOLLITÎGE.N FILS, SECUY ET ?'«, IN, RUE G RANGE-BATELIERS
F.T K L'ADMINISTRATION
SOMMAIRE
CONTES D'ETÉ : Arnold Mortier.
ECHOS DE PARIS : Le Masqua de Fer.
M. LE COMTE DE CHAMBORD : Walter Vogt.
UN MOT : Saint-Genest.
LA FÊTE FRANCO-ITALIENNE : C. C.
LES DISPARUS : H. Roger de Beauvoir.
PARIS AU JOUR, LE JOUR -. Adolphe Rdcot.
NOUVELLES DIVERSES : Jean de Paris.
GAZETTE DES TRIBUNAUX : Albert Bataille.
LE CHOLÉRA.
LA CATASTROPHE DU «. BOUGAINVILLE. »
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES : Argus.
LA BOURSE : La Financière.
L'HIVER 1883-1884 DANS LES THÉÂTRES DE PARIS :
Jehan Valter.
COURRIER DES THÉÂTRES : Jules Prêveî.
SPORT : X.
FEUILLETON : L'HOMME AU GARDÉNIA : Louis
Ulbach.
CONTES
TANTE ES
I
Je l'ai connue à Amsterdam, dans fa
famille d'un de mes amis. Tout le monde,
dans la maison, l'appelait « tante Es ».
Son vrai nom, je crois, était Estelle ou
Esther. Elle approchait de la soixan-
taine ; mais ses cheveux, entièrement
blancs, pouvaient seuls indiquer son âge.
Elle avait la peau fine et sans rides, le
regard plein de flamme, des dents su-
perbes qu'une bouche presque toujours
souriante mettait de la coquetterie à
montrer. Elle avait dû être fort jolie,
elle l'était toujours. Et cette beauté ob-
stinée se trouvait accentuée par une ac-
tivité d'allures vraiment extraordinaire.
Les yeux vifs, l'expression rapide, le
geste pressé, la parole brève, la marche
hâtive : tout indiquait chez celte char-
mante sexagénaire, alerte, accorte et
trottinante, une carrière remplie de
mouvement et absorbée par le tracas des
affaires.
C'est que tante Es avait été « du com-
merce ». Que dis-je? Elle en était en-
core. On prévoyait, dans sa famille, que
cette infatigable travailleuse ne se rene
serait jamais.
ft
Car tante Es n'était pas millionnaire.
Quoique bel et bien établie à son
compte, elle avait toujours vécu dans la
pauvreté, pauvreté indépendante, mais
absolue. Elle n'avait jamais rien de-
mandé à personne. Pour lui faire parta-
ger, une fois par quinzaine, le repas de
famille, il fallait des sollicitations pres-
santes. Elle arrivait, vêtue d'une robe de
laine grise, toujours la même, été com-
me hiver, avec des manchettes serrées
aux poignots, une taille longue, à pointe,
et des petits volants au bas de la jupe.
Généralement, elle apportait une sucre-
rie quelconque pour les enfants, se mon-
trait très bonne, très gaie, et quand on
l'interrogeait sur « ses affaires » répon-
dait que « ça marchait assez bien. »
Elles n'étaient pourtant pas d'une im-
portance colossale, les « affaires » de la
tante Esl
La pauvre vieille demeurait dans une
cave ; une de ces affreuses caves d'Ams-
terdam, humides, malsaines, nids à fiè-
vres, où l'on est tout étonné de trouver
des boutiques proprettes, des étalages
de fruitiers, de laitiers, des cordon-
neries, des tonnelleries, des poisson-
neries et même des cabarets. Il fallait des-
cendre une vingtaine de marches pour
arriver dans son magasin de papeterie,
grand comme la cage d'un ascenseur.
On y voyait une petite, toute petite table,
qui tenait lieu de comptoir; trois ou
quatre cartons contenant des ramettes
de papiers à lettre de différents formats;
une vieille boîte à gants dans laquelle
des plumes métalliques, des plumes
d'oies et de mauvais crayons étaient
jetés pêle-mêle ; six cruchons d'encre et
quatre règles. C'était tout. L'inventaire
n'était pas long à dresser. Dans ses bons
mois, tante Es arrivait à gagner de douze
à quinze florins.
Le soir, le magasin se transformait en
salle à manger ; la nuit, il devenait
chambre à coucher. On dînait sur le
comptoir, on dormait dans une armoire
qui était :HI fond de la cave : une ar-
moire à double porte et dont l'unique
rayon supportait un matelas.
C'est là, dans ce sous-sol obscur,
qu'elle vivait depuis près de quarante
ans, lorsque je la connus. Elle, y vivait
honnêtement, loyalement, n'ayant pas
un soude deltes, trouvant le moyen de
thésauriser et d'économiser pour s'amas-
ser une dot.
Car tante E s avait un fiancé.
i
III
Il est essentiel, avant de continuer, de
dire ce que sont les fiançailles en
Hollande.
Lorsqu'un jeune Hollandais rencontre
la Hollandaise de ses rêves et que ladite
Hollandaise trouve le jeune Hollandais à
son gré, les familles consultées et con-
sentantes, le mariage décidé, il est tout
d'abord convenu qu'on sera fiancé pen-
dant un an ou deux.
A partir de ce moment les futurs époux
vivent l'un pour l'autre comme s'ils
étaient déjà l'un à l'autre. Us peuvent
aller, venir, sortir ensemble, sans le
moindre parent, sans le chaperon obli-
gatoire des moeurs françaises. On voit
« les fiancés » au théâtre, on peut les
rencontrer dans des petits voyages .d'un
jour, amoureusement appuyés l'un sur
l'autre, la future femme déjà sous la
protection de son futur mari. Jamais
cette intimité préalable n'a choqué per-
sonne, jamais ce prologue du mariage
n'a été autre chose qu'un prologue.
Un jour, à dix-huit ans, tante Es avait
présenté à sa famille l'homme qu'elle
avait distingué et qui avait sollicité sa
main.
Un petit commerçant comme elle.
Plus petit même, car tante' Es avait
un magasin, un comptoir, des cartons
où s'étalaient des ramettes de papier et
une vieille boîte à gants pleine de
plumes métalliques, tandis que l'homme
de son choix n'avait pas de magasin du
tout.
Ou s'il en avait un, il était si peu im-
portant qu'il pouvait le promener sous
son bras.
Karel était marchand de cigares; non
pas un de ces gros débitants qui font
venir directement de la Havane l'appro-
visionnement de leurs entrepôts immen-
ses. Son installation, toute ambulante,
se composait d'une petite caisse qui avait
contenu, avant de tomber entre ses
mains, des régalias extra-fins et dans
laquelle il éparpillait, non sans une cer-
taine ostentation roublarde, des cigares
de choix à deux centimes pièce. Il allait
proposer sa marchandise aux détaillants,
n'ayant jamais plus qu'une centaine de
cigares à la fois et mettant environ
quinze jours à s'en débarrasser-
Ce trafic ne pouvait guère lui rapporter
plus que ce que rapportait, à sa fiancée,
son débit intermittent de crayons, de
plumes et de papiers à lettres.
Leur union se présentait donc dans de
rares conditions d'équilibre.
C'était un mariage d'inclination, puis-
qu'ils s'aimaient.
C'était un mariage de convenance, vu
la parfaite égalité des deux partis quant
à la fortune.
C'était aussi un mariage de raison,
puisqu'ils ne devaient s'épouser qu'a-
près avoir gagné un peu d'argent - de
quoi se mettre en ménage sans trop d'im-
prévoyance.
IV
A cela, par exemple, il y tenaient.
Tante Es avait formellement déclaré
qu'ils ne se marieraient que lorsqu'ils
auraient pu, à eux deux, réunir une
somme de mille florins. C'était le moins
qu'il fallait pour louer un magasin plus
grand, pour réunir letabac à la papeterie,
pour ne plus coucher dans une armoire
où d'ailleurs on n'aurait jamais pu tenir
à deux et pour élever convenablement
un tas de mioches .qui prennent beau-
coup, beaucoup de place.
Aussi, à partir du jour où elle se fiança
à Karel, Tante Es, que les voisins étaient
habitués à entendre chanter au fond de
sa cave avec autant d'entrain et d'insou-
ciance que le rossignol au sommet d'un
peuplier, Tante Es que, d'après l'avis
unanime du quartier, on ne trouvait pas
assez sérieuse, Tante Es se métamor-
phosa.
On la vit acharnée à la vente et âpre
au gain. Rien n'égala son zèle, son ar-
deur au travail, sinon le zèle et l'ardeur
de Karel.
Mais les affaires n'étaient pas faciles.
Le gros commerce absorbait tout. Leurs
efforts communs n'eurent pas grands ré-
sultats. Lui, chercha à se lancer dans le
cigare de demi-luxe, tandis qu'elle s'ef-
força de spéculer sur le fameux papier
Bath, nouvellement importé de France;
mais cette double opération commerciale
fui doublement désastreuse et faillit
faire sombrer, en même temps que leurs
espérances matrimoniales, la petite pa-
peterie souterraine et le chétif débit de
cigares.
- N'allons pas trop vite, se dirent-ils
alors, effrayés de leur audace, ne nous
lançons pas dans les aventures. On sait
ce qu'on a et on ignore ce qu'on aurait.
Attendons. Avec le temps, nous finirons
tout de môme par nous sortir d'affaire I
Et ils attendirent. Us continuèrent à
vivre côte à côte, dans la tendre et dis-
crète intimité qu'autorisaient leurs fian-
çailles, riches d'amour et surtout d'es-
pérance.
De l'espérance, par exemple, ils en
avaient plein le coeur. Et des illusions
que jamais rien ne parvint à détruire,
et des projets d'avenir longuement ca-
ressés, d'éternels projets dont on causait
chaque soir, elle assise derrière le comp-
toir et lui, devant, la contemplant avec
extase. Tantôt c'était une commode en
bois blanc, entrevue dans un magasin du
Kalverstraat, et qu'on achèterait pour
la chambre à coucher, le jour où l'on
pourrait se mettre en ménage, tantôt
c'étaient des discussions sur la façon dont
on élèverait les enfants, lui voulant avoir
une fille pour commencer et elle un gar-
çon.
Un soir, elle eut un caprice.
- Sais-tu... (ils se tutoyèrent) sais-tu
ce que nous devrions faire?Tu vas trou-
ver que je ne suis pas raisonnable, mais
c'est une idée fixe... Nous devrions, à
nous deux, acheter un billet de loterie.
L'Etat hollandais exploite la loterie
et s'en fait des revenus considérables.
Le tirage a lieu par séries et se prolonge
durant plusieurs semaines. Le gros lot,
de cent mille florins, se tire le dernier
jour. Le billet que le fiancé de Tante Es
avait acheté, n'étant pas sorti aux tirages
précédents, participa à la chancesuprême.
On devine si les projets allaient leur
train quand approcha le jour du gros
loti
- Si demain tu me vois arriver en
voiture, dit-il à tante Es, c'est que notre
numéro sera sorti 1
Et le lendemain, tante Es était devant
sa porte de très bonne heure. Quelle im-
patiencel A chaque voiture qu'elle voyait
approcher, elle eut un violent battement
de coeur. Heureusement, il n'en passe
pas beaucoup sur les quais d'Amster-
dam. Cependant, à certain moment, la
tête lui tourna. Elle sentit qu'elle deve-
nait toute pâle. Une vigilante (fiacre)
venait de s'arrêter.
A la portière, elle apercevait la tête de
Karel. En quelques secondes, tous les
projets formés depuis tant d'années lui
repassaient dans l'esprit. Elle le tenait
donc enfin, ce bonheur tant espéré. Car
il n'y avait pas à dire, ils venaient de
gagner à la loterie, puisque Karel était
en voiture. Elle finit par courir à la por-
tière de la vigilante, qui s'était ouverte
lentement. Karel avait le visage boule-
versé.
- Qu'as-tu ? lui demanda-t-elle, trem-
blante. C'est le gros lot ?
- Non, répondit-il, mais je viens de
me casser la jambe.
VI
Elle le soigna, chez elle, lui cédant son
armoire et se contentant de coucher sur
une chaise. Quand il fut remis, il reprit
son commerce.
Et c'est ainsi que, les années succé-
dant aux années, les désillusions aux
désillusions, sans, jamais abattre leur
foi robuste dans un avenir meilleur, ils
vieillirent côte à côte, ne s'apercevant
pas que leur front se ridait, que leurs
cheveux s'argentaient, qu'elle avait
soixante-quatre ans, qu'il en avait
soixante-dix, et que leur santé môme
allait toujours s'affaiblissant.
Tante Es était malade et ne le disait
pas. Elle s'en allait de consomption,
mais se maîtrisait tout de même assez
pour faire lant bien que mal face à ses
petites affaires. Elle souffrait peu en
somme, ne se plaignait jamais et ne son-
geait même pas à consulter un médecin.
Un jour, se trouvant plus faible, elle
avait retenu son fiancé qui avait pour-
tant une livraison de vingt-cinq cigares
à faire. On causa beaucoup. Ces éter-
nelles espérances semblaient plus jus-
tifiées que jamais. Infatigables fourmis,
les deux fiancés avaient fini par mettre
de l'argent de côté. Il ne leur manquait
plus que la moitié de la somme : l'affaire
de quelques années.
Pendant qu'ils causaient, la nuit était
i venue. Tiède nuit d'automne. Tante Es
î se trouvait très bien.
- J'ai une idée, disait-elle. Nous voilà
vieux après tout. Il y a bien des chances
pour que nous n'ayons jamais d'enfants.
Si nous nous contentions, pour nous
marier, de'ce que nous possédons de
fortune ?
Il trouva cela très raisonnable. A quoi
bon, en effet, attendre plus long-
temps? Oui, oui, on se marierait. Elle
lui avait pris la main qu'elle avait
serrée avec force, puis elle avait fermé
les yeux.
- C'est convenu, alors, lui dit-il, je
vais m'occuper de tout.
Elle ne répondit pas.
Il s'éloigna doucement, la croyant en-
dormie.
Elle était morte.
VII
Quand je suis retourné à Amsierdam,
j'ai vu, chez mon ami, un grand et solide
vieillard, tout de deuil vêtu.
C'était le fiancé de tante Es.
Les parents de la pauvre femme l'ont
recueilli; ils l'entourent de soins affec-
tueux et de consolations touchantes. Il
est delà famille.
Arnold Mortier.
Échos de Paris
LA TEMPÉRATURE. - Il y a peu de change-
ment dans la situation. Le baromètre ne varie
guère et une aire de pressions uniformément
élevées s'étend toujours sur le continent. Le
vent est variable et faible partout.
La distribution de la température est la même
que les jours précédents. Dans la région de
Paris, le thermomètre monte : hier on a cons-
taté 290.
Le temps reste au beau et au chaud en France.
Dieppe.-Temps admirable. Therm. max.: 30°.
Bagnères-de-Luchon. - Continuation d'un
temps superbe. Therm. max. : 28°5.
Châtelguyon. - Baromètre au beau fixe.
Brtse légère. Therm. : 28°.
Pougues (Nièvre.) - Très belle journée.
Therm. max. : 29°.
Royat.-Journée splendide. Therm.max. : 28°5.
A TRAVERS PARIS
M. le capitaine de vaisseau Auguste
Barbotin, vient d'être nommé major de
la flotte, à Rochefort.
*** .
M. l'intendant général Lévy, président
du comité consultatif de l'intendance et
M. l'intendant militaire Brisac, direc-
teur du service de l'intendance de la
7° région, ont été admis dans la 2° sec-
tion du cadre de réserve.
Le service qui devait être célébré à
l'occasion de l'anniversaire de la mort
du roi, Louis-Philippe, à la chapelle
Saint-Ferdinand de Neuilly, le samedi
25 août prochain, est ajourné au lundi 27,
à dix heures du matin. Tous les mem-
bres de la famille d'Orléans présents en
ce moment à Paris assisteront'à cette
cérémonie.
Nous apprenons la mort de notre
confrère M. Etienne Enault, membre de
la Société des Gens de lettres et cheva-
lier de la Légion d'honneur.
M. Etienne Enault était l'auteur de
plusieurs romans, parmi lesquels nous
citerons : le Fils de l'Empereur, qui fut
ses débuts dans la carrière des lettres ;
le Portefeuille du Diable, l'Homme de
minuit, le Dernier amour, les Jeunes
tilles de Paris, etc.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui
jeudi, à l'église de la Trinité, à neuf
heures et demie. .
Nous signalions hier les scènes dont
le jardin réservé des Tuileries est le
théâtre, une fois la nuit venue; on nous
prie aujourd'hui d'appeler l'attention de
la police sur le honteux commerce des
cartes dites transparentes, qui se fait
ouvertement tous les jours sur les bou-
levards, et principalement aux environs
de l'Opéra. Nous ne parlons plus que
pour mémoire des souteneurs qui crient
des nouvelles fantaisistes, tantôt: le
scandale de l'accouchement de Louise
Michel à Saint-Lazare, etc. On a peut-
être des raisons pour les garder, mais
c'est tout simplement ignoble. Si ces
industriels crient un jour quelque chose
qui touche à la famille Grévy, fon
verra que l'égalité n'est pas ce qu'un
vain peuple pense.
Le curieux article de notre collabora-
teur Auguste Vitu, sur la fausse inscrip-
tion dont la Ville vient d'orner la maison
n° 202, de la rue Saint-Honoré, n'a pas
été réfuté et ne le sera pas. Mais il ré-
veille de toutes paris la mémoire de bé-
vues analogues commises depuis dix ans,
auxquelles il convient d'en ajouter une
assez récente, le nom du célèbre ébénisle
Boulle, écrit Boule au-dessous de sa
statue, a-u troisième étage de l'Hôtel de
Ville reconstruit
Nous recevons sur ce sujet, qui inté-
resse tous les Parisiens, nombre de com-
munications plus ou moins piquantes ;
mais elles ne sont pas toutes d'une en-
tière justesse.
Par exemple un de nos lecteurs nous
signale l'inscription placée sur la maison
mortuaire de Voltaire, au coin du quai
et de la rue de Beaune, où il est dit que
Voltaire naquit à Paris en 1694. Rien
cependant de plus exact.
Condorcet, dans sa Vie de Voltaire
(Genève 1787), avait fait naître son héros
à Chatenay, près de Sceaux, le 20 février
1694; mais c'est une double erreur depuis
longtemps reconnue. Voltaire est né à
Paris, le 21 novembre 1694 ; l'acte de
baptême, qui eut lieu le lendemain 22,
à Saint-André des Arts, ne laisse aucun
doute à cet égard.
Voltaire s'est toujours dit Parisien,
notamment dans une lettre à M. de Par-
cieux, du 17 juin 1768.
Du reste, c'est là une question vidée
par les travaux de Jal et de M. Gustave
Desnoiresterres. j
Nous recevons de M. Ivan de Woes-
tyne le télégramme suivant :
Metz, 22 août, 4 heures 16 minutes.
Votre entrefilet me tombe sous les yeux. Si
j'ai-,disparu on a toujours su où j'étais : je
donnais la chasse à mon commanditaire qui,
au dernier moment, quand il devait verser
l'appoint du voyage, m'a absolument man-
qué. Je l'ai cherché et attendu vainement
jusqu'ici.
Je vous envoie par poste le télégramme que
j'ai expédié ce matin au Poitou et qui expose
toute la situation. J'ajoute que je commence
immédiatement un procès contre ce com-
manditaire, M. R..., dont les propriétés de
Beaulieu près Monaco, répondront du dom-
mage qu'il a causé à tout le monde, moi com-
pris.
WOESTYNE.
Le Figaro n'a point à entrer dans la
discussion de cette fâcheuse affaire qui
ne le regarde en aucune façon, comme
il en est d'ailleurs pour les nombreuses
entreprises privées qui sollicitent, à leurs
risques et périls, la publicité de l'ensem-
ble des journaux.
Nous ne pouvons oublier cependant que
M. Ivan de Woestyne a fait partie autre-
fois de la presse aussi bien à Paris qu'à
l'étranger, et, à ce titre, nous croyons
qu'il ferait bien de revenir au plus tôt
se dégager de la situation embarras-
sante pour son honneur, qu'il s'est si
imprudemment créée, en mettant la
frontière entre lui et ses souscripteurs.
Nous voulons espérer qu'il donnera
franchement toutes les explications et
qu'il expliquera loyalement aux intéres-
sés les raisons pour lesquelles son entre-
prise a échoué.
En agissant ainsi, il atténuera, dans
la mesure du possible, la pénible im-
pression que sa brusque disparition a
causée dans le public et parmi ses an-
ciens confrères.
Beaux-arts :
La statue colossale de la Victoire, qui
provient de l'île de Samothrace, vient
d'être placée dans l'escalier du musée du
Louvre.
On n'avait vu jusqu'à présent, de cette
magnifique statue, dans une des salles
du rez-de-chaussée, que la partie infé-
rieure avec des fragments détachés.
Cette partie, ajoute la Chronique dès
arts et de la décoration, en est mainte-
nant rétablie, ainsi que les ailes. La
Victoire est montée, en outre, sur un
avant de galère en marbre, qui lui sert
de piédestal et qu'a rapporté récemment
M. Champoiseau, consul de France.
Le monument, dans son ensemble,
ainsi reconstitué parles soins du conser-
vateur des Antiques, M. Ravaisson, est
aujourd'hui le plus remarquable que
possède le musée du Louvre.
Grande nouvelle I
M. Ludovic Halévy serait nommé con-
seiller municipal au Pecq.
Le premier sur la liste, il aurait re fusé
les fonctions de maire. M. Cardinal le
blâmerait. .
UHomme au gardénia, le roman que
publie en ce moment le Figaro, attire à
son auteur des lettres nombreuses et de
toutes sortes. Les uns lui envoient des no-
tes tardives pour son étude sur les maî-
tres-chanteurs-, les autres lui envoient
simplement des félicitations. Voici une
lettre qui contient une critique vraie sur
l'avancement contre les règles que le ro-
mancier a donné à un de ses héros.
Nous ne nommerons pas le signataire
de ce billet. Nous dirons seulement que
c'est un des hommes politiques les plus
éminents et les plus spirituels, actuelle-
ment au bord de la mer. Comme M.
Louis Ulbach nous avait lu la lettre, nous
avons réclamé la communication de la
réponse qu'il a bien voulu nous laisser
copier, et nous publions ici l'une et
l'autre.
Dimanche, 19 août.
Mon cher ami, je m'empresse de vous
écrire que les conditions de l'avancement de
la marine sont très rigoureusement obser-
vées. Un capitaine de vaisseau doit avoir
servi deux ans à la mer dans ce grade, pour
être promu contre-amiral. Mais toute la ma-
rine se croirait ramenée au temps de M. Gou-
geard, si elle pouvait penser qu'un simple
capitaine de frégate pût aspirer directement
à mettre deux étoiles sur ses épaulettes.
Je crains que l'erreur que vous avez com-
mise à cet égard ne nuise à votre avancement
comme officier de vaisseau, et le mal que j'ai
à la main et qui m'oblige à dicter ma lettre,
m'ayant tenu éveillé toute la nuit, je n'ai fait
que penser aux conséquences possibles de
cette étourderie.
Toutes mes amitiés.
A quoi M. Ulbach a répondu :
Courbevoie, lundi, tO.
Mon cher ami,
Je m'empresserai dans mon volume de
faire de M. de Chazeley, un capitaine de vais-
seau, pour rendre sa promotion régulière.
J'aurais pu vous répondre que c'est par
horreur du naturalisme que j'ai commis cette
faute. J'aime mieux convenir que c'est par
ignorance.
Si nous savions tout, nous n'écririons ]a-
mais rien. Car c'est la vanité d'enseigner ce
que nous ne savons pas, qui nous fournit
l'occasion d'apprendre.
Tout à vous.;
L. ULBACH.
NOUVELLES A LA MAIN
MON HÔTE
Il y a très longtemps que vous passez
la saison chez lui. Vous avez enfin, pour
une raison ou pour une autre, choisi une
autre résidence d'été et vous croyez de-
voir l'en avertir en exprimant quelques
regrets.
Il vous répond tranquillement?
- Eh bien ! moi, je vais aussi m'éta-
blir ailleurs. Sans en avoir l'air, je suis
délicat, et je ne veux pas laisser ma peau
ici. Si vous saviez comme l'air est mal-
sain I
(Sera continué.)
Entre amateurs de tableaux.
- Je crois que j'ai fait une belle
affaire aujourd'hui...
- Laquelle?..
- Vous savez!., mon Jules Dupré que
j'avais acheté dix mille francs...
- Eh bien ?..
- Je viens de le vendre quinze mille,
et, ma foi, je le regrette déjà.
- Vous le regrettez?., rachetez-le
vingt mille !..
jatis f
Le comble de la stupéfaction pour un
professeur :
Voir un fleuve suivre son cours.
X
I. LE COMTE DE CHAMBORD
Dépêches reçues hier de Frohsdorf.
par M. le marquis de Dreux-Brézê.
Klein Wolkersdorf, 21 août,
lt heures 45 soir.
Arrivée le 22 à 1 heure 45 matin.
Lecalmedont M. le comte de Chambord
a joui pendant ces dernières heures per-
met d'espérer que les inquiétudes con-
çues pour cette nuit ne se réaliseront
pas.
Signe: BLACAS.
"Wiener Neustadt, 22 août.
9 h. 40 matin
(Arrivée à 10 h. 45 matin).
Bulletin médical du 22 août - 8 heures
matin.
Grâce à la diminution notable des dou-
leurs dans la région épigastrique, la
nuit a été calme.
L'auguste malade a dormi pendant
plusieurs heures. La faiblesse est tou-
jours très grande et l'état reste aussi
sérieusement inquiétant qu'hier.
Signé : Docteur MAYR.
Signé : BLACAS.
Wiener-Neustadt, 22 août, 1 h. 10, soir.
(Arrivée à 4 h. 45, soir.)
22 août, 1 heure, soir.
Le calme de la nuit dernière s'était
prolongé toute la matinée. Mais M. le
comte de Chambord vient d'avoir une
crise qu'on a cru être la dernière. Mon-
seigneur est plus tranquille et le danger
semble écarté pour le moment.
Signé : BLACAS.
Klein-Wolkersdorf, 22 août, 4 h. 35 m. soir.
Bulletin médical dit 22 août - 4 heures
soir.
Uné faiblesse musculaire momentanée
ayant les caractères de la paralysie, mais
pendant laquelle l'auguste malade avait
sa pleine connaissance, s'est produite
subitement, aujourd'hui, à midi. Elle
a été promptement suivie du retour
à l'état de faiblesse : de légères douleurs
ont troublé le repos de l'après-midi. La
nutrition reste toujours impossible.
Signé : Docteur MAYR.
Signé : BLACAS.
DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.
Wiener Neustadt, 22 août,
6 heures, soir.
L'état de M. le comte de Chambord
n'a pour ainsi dire pas changé. Hier soir,
il a éprouvé des douleurs si violentes, la
crise a été d'une intensité telle, que le
docteur Mayr a craint que le malade
ne passât pas la nuit.
Ce matin, il y a eu un peu de mieux,
une amélioration toute relative, car les
souffrances du malade diminuent en
raison de la déperdition des forces. On
le nourrit encore par les moyens factices
et sa constitution robuste lutte contre
la mort avec une énergie surprenante.
A midi le malade a encore eu une
syncope, et tous ceux qui l'entouraient
ont cru que c'était la fin.
Lorsque M. le comte de Chambord
n'est pas dans cet état de somnolence
causé par le manque absolu d'alimenta-
tion, il a toute sa connaissance et cause
avec ceux qui l'entourent. Il sait qu'il va
mourir, et il s'y est préparé en chrétien
fervent.
Vous avez eu raison de n'accueillir que
sous réserves, le bruit qui a couru d'une
prétendue clause du testament de M. le
comte de Chambord dans laquelle il au-
rait désigné pour son successeur le fils
du comte de Paris. Ce serait le renver-
sement du principe même de la légiti-
mité. Tenez pour absolument certain que
le testament du roi ne contient rien de
semblable.
Je suis autorisé à répéter que per-
sonne, sauf peut-être Mme la comtesse
de Chambord, ne connaît les dernières
dispositions du Prince. Après la mort, le
testament sera ouvert par le grand-ma-
réchal du palais de l'Empereur, comme
il a été procédé à la mort de Mme la du-
chesse de Parme, soeur de M. le comte
de Chambord.
Le général de Charette est attendu de-
main avec quelques intimes.
Mgr le comte de Paris reçoit chaque
jour des dépêches de Frohsdorf en ré-
ponse à celles qu'il y expédie matin et
soir.
Madame la comtesse de Chambord
supporte avec le courage d'une sainte,
la vue de ce long et douloureux martyre.
Ce qu'on a dit à propos des adieux tou-
chants que son époux lui aurait adressés
est faux, puisque, ainsi que je vous l'ai té-
légraphié hier, par le plus pieux des men-
songes, lesdeux époux secachent récipro-
quement la vérité. Lorsqu'elle sent que
l'émotion est trop forte, que les larmes
vont monter de son coeur à ses yeux, elle
quitte un instant le chevet du-malade et
s'en va pleurer et prier soit dans sa
chambre, soit dans la chapelle.
Le Pape a envoyé aujourd'hui sa béné-
diction au mourant.
Le dénouement fatal approche lente-
ment mais sûrement. Dans quelques
jours, le chef de la maison de France
aura rendu le dernier soupir et sera allé
rejoindre celte illustre lignée qui fit si
grand si glorieux votre malheureux
pays.
Walter Vogt.
M. le docteur Vulpian, qui était depuis
le commencement du mois aux bains de
mer à Trouviile, vient d'être appelé par
dépêche auprès de M. le comte de Cham-
bord.
M. Vulpian est rentré à Paris dans la
nuit de mardi à mercredi ; il est reparti
hier à six heures du matin pour Frosh-
dorf accompagné de Mme Vulpian et de
leur fils.
UN MOT R
« L'HÉROÏQUE PARIS» ET LA VIEILLE ARMÉE
Je ne pourrais reproduire ici les pro-
testations soulevées par mon dernier
article. Sauf le journal doM. Clémenceau
qui a, trouvé moyen de me répondre avec
calme, ça été un concert d'injures.
Le bon peuple de Paris s'est peu à peu
fait sa petite légende sur la guerre. C'est
l'Empire qui est cause de tous nos dé-
sastres, et c'est lui, bon peuple de Paris
qui a sauvé l'honneur et la France.
Désormais, c'est arrangé; il n'y a pas
à le sortir de là. Or, j'ai osé toucher
à la légende, ce qui est une action
abominable, et voilà pourquoi je m'em-
presse d'y revenir aujourd'hui.
Comme je ne veux pas laisser croire à
mes adversaires, qu'ils ont répondu à un
seul argument, je vais d'un mot réfuter
les quelques raisons spécieuses qu'ils ont
imaginées.
Et d'abord, que m'objecte M. Miilot
de la Justice?
11 me rappelle le rôle de l'Impératrice
et la résistance de M. Thiers. Il ne s'agit
pas de cela. Il s'agit des républicains,
parmi lesquels je ne pense pas que l'on
range M. Thiers à cette époque.
Oui ou non, le jour où l'Empereur a
annoncé officiellement la paix, tous les
journaux de la presse républicaine lui
ont-ils reproché sa lâcheté, lui disant
que comme son intérêt pourrait en souf-
frir il ne voulait point engager la lutte,
que peu lui importait une humiliation de
plus, qu'il n'hésiterait pas à désarmer de
trop courageux ministres, « que la pers-
pective d'une issue pacifique trouvait
peu d'enthousiasme dans la presse, que
c'était une paix sinistre que celle dont
on parlait. »
Etait-ce là le langage du Siècle, de
l'Opinion, de la Liberté, du Réveil... et
particulièrement de M. Delescluze. Je
ne laisserai pas l'organe de M. Clémen-
ceau me parler de l'Impératrice, quand
je lui parle de lui et do ses amis.
Il m'objecte que le 15 juillet, une fois
la lutte engagée, les républicains l'ont
maudite, mais c'est encore plus abomi-
nable !
Comment, après avoir poussé le gou-
vernement à la guerre, tant qu'il voulait
la paix, après l'avoir insulté parce qu'il
ne prenait pas les armes, ils ont désa-
voué cette guerre une fois qu'elle a été
irrévocable.
- Mais, me dit le journal de M. Clémen
ceau, pouvez-vous nier les responsabili-
tés de l'Empire.
Ah! ces responsabilités sont énormes,
je le reconnais. L'Empire a commis un
crime, c'est d'écouter les républicains
qui l'ont perdu, lui et la France I Car il
n'est pas un de nos désastres où on ne
retrouve leurs mains I
Unité italienne, unité allemande, inter-
vention en Pologne, désorganisation de
l'armée, guerre de Prusse... partout on
les rencontre.
Je comprends bien que l'Empire se
soit écroulé sous le poids de ses fautes,
mais ce que je n'admettrai jamais, c'est
que les républicains en profitent, et que
par-dessus tout qu'ils osent parler.
- Mais, écrivent de leur côté les braves
combattants du siège, il est impossible
que les états-majors ne se trompent pas,
nous avons fait un mal affreux aux
Prussiens... Demandez l'histoire de mon
batailIon... Faites-vous raconter la charge
de ma compagnie...
Mes chers amis, je suis bien certain
que tous les honnêtes gens ont fait ce
qu'ils ont pu-, mais enfin, il n'y a eu à
Paris que onze mille Prussiens tués,
vous n'en avez donc que onze mille a
vous partager. Voyez ce qui vous re-
vient à chacun ; arrangez-vous, ce n'est
pas mon affaire; On "ne discute pas avec
des chiffres.
Si Paris n'a pas fait davantage, dîtes-
vous, c'est la faute de Jules Favre, c'est
la faute de Trochu El qui donc avait
mis Jules Favre et Trochu au pouvoir,
ce n'est pas moi, n'est-ce pas? C'est vous
précisément, qui avez imposé ces hom-
mes à la France.
Comme du reste, vous avez imposé
Bazaine, car Bazaine est votre général,
désigné par vous, malgré l'Empereur qui
l'avait disgracié.
Et d'ailleurs, en admettant toutes les
fautes du commandement, tout cela
n'expliquerait pas ce que vous entendez
par l'héroïsme de Paris. Dîtes le pauvre
Paris, l'infortuné Paris ; mais on n'est
pas héroïque parce qu'on avait l'intention
de se battre, et qu'on a été mal com-
mandé.
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