Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1882-10-03
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 octobre 1882 03 octobre 1882
Description : 1882/10/03 (Numéro 276). 1882/10/03 (Numéro 276).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k278343q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Mardi 3 Octobre. 1882
ke Numéro 15 cent. à Paris, 20 cent. dans les Départements
28e Année. 3" Série. Numéro 276
H. DE VILLEMESSANT,
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements Trois mois 9.fr- 50
Paris Trois mois 1 6 fr.
ANNONCES ET RÉCLAMES
Dou.ihgen FILS, Seout et Ci 1G, RUE GnANaE-BATEUâMI
ET A l'Administration
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur *« ;«&£_
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi minuit, rue Drouot, SS
̃Xet manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
B8, rue Drouot, 26
TPLOIS ANS
D»
NONCIATURE
Il y a trois ans j'ai été le premier, dans
la presse française, à saluer ici même
l'arrivée de Mgr Czacki, dont le Saint-
Père avait daigné m'entretenir à Rome
de la façon la plus élogieuse pour le nou-
veau Nonce, comme la plus affectueuse
pour la France. Je ne voudrais pas au-
jourd'hui être le dernier à saluer son
départ, en rendant hommage à ses rares
qualités comme à ses éminents services.
L'histoire de ces trois années de non-
ciature a été douloureuse, et sans doute
celui-là seul qui en a senti toutes les
épines en les dissimulant sous ua sou-
rire pourrait en retracer les phases
cruelles et laborieuses. Mais ce que l'œil
indifférent du public a discerné dans
l'ensemble, c'est l'importance du rôle
joué durant cette période par l'envoyé
du Saint-Siège et le contraste de sa si-
tuation considérable avoo l'amoindris-
sement et la faiblesse de tout ce qu'il
représentait parmi nous. Il semblait que
plus le Pape était méconnu et l'Eglise
abaissée, plus leur ambassadeur arrivait,
par ravaleur personnelle et son prestige,
à compenser la différence et à rétablir
l'équilibre.
.C'est là, à mes yeux, le trait général
nui caractérise cette nonciature. Mgr
Czacki lui a restitué le rang et l'éclat
qu'elle avait depuis longtemps perdus,
et, bien que chétif représentant d'un
prince dépouillé et d'idées persécutées,
il, a su la porter à une hauteur qu'elle
n'avait connue sous aucun de ses prédé-
cesseurs.
Avant lui, le Nonce apostolique, effacé
dans sa solitude, était compté pour peu
.de chose et passait bien inaperçu à côté
dés puissants ambassadeurs d'Angle-
terre, d'Allemagne, d'Autriche et de
Russie. Le comte Wladimir Czàcki, par
la séduction de sa personne et la supé-
riorité de son esprit, a promptement
comblé la distance et fait de son titre
honorifiqueettoutconventionneldedoyen
du corps diplomatique une vivante réa-
lité.
Avec son petit corps malingre, sa pé-
tillante intelligence et son inépuisable
fertilité, en face d'adversaires décidés et
violents, il faisait songer à Talleyrand
au congrès de Vienne, en face de sou-
verains hostiles et résolus; il rappelait,
dans cette lutte incessante et inégale, le
diplomate infirme et consommé dont
l'art et la souplesse arrivèrent à sauver
des malveillances et des rancunes de
l'Europe tout ce, qui. pouvait être sauvé
de notre.. puissance abattue. Aucun
homme raisonnable ne demandait alors
à l'ambassadeur de Louis XVIII de nous
conserver les conquêtes de l'Empire,
mais seulement d'arracher l'essentiel à
la haine des coalisés. Le plénipotentiaire
du roi y réussit, et ce grand service
rendu à la Frapce suffit à racheter sa
mémoire de bien des faiblesses.
̃ • •'
Il faut distinguer deux choses dans
cette nonciature de trois années le mal
empêché, le bien accompli; et peut-être
le premier des deux résultats est-il plus
considérable et plus appréciable, encore
que le second. Car le mal empêché, c'est
le service modeste, silencieux, inaperçu,
pour ainsi dire anonyme, bien que parfois
décisif, et qui mérite d'autant plus de
reconnaissance qu'il attire moins d'hon-
neur. Le bien, au contraire, s'étale au
soleil et fait de lui-même cortège à son.
auteur. L'inventaire en est facile à dres-
ser, et il suffit d'ouvrir les yeux pour en
constater l'ensemble.
Un illustre politique. disait récemment
au Nonce « Ce que vous avez fait est
énorme; ce que vous avez empêché est
incalculable.»
La formule est saisissante et résume
dans la plus exacte mesure l'œuvre ac-
complie au prix de tant de labeurs.
L'homme s'y est usé, il est vrai, «bra-
vant fatigue et dégoût », comme on l'a
dit dans un autre sens mais le résultat
demeure en défiant les perfidies du dé-
nigrement.
Que voyons-nous, quand nous regar-
dons l'état actuel de l'Eglise de France?
Sans doute le cœur saigne de toutes les
spoliations, de toutes les brutalités, de
tous les crimes qui ont chassé de leurs
propriétés comme de nos hôpitaux, de
nos écoles et de nos maisons de charité,
des religieux inoffensifs et de saintes
femmes dévouées à toutes les misères.
Mais, en dehors de ces attentats contre
lesquels l'envoyé du Saint-Siège a lutté
pied à pied jusqu'à la dernière heure,
et qu'il fût parvenupeut être à nous épar-
gner sans la trahison coupable qui pa-
ralysa ses efforts, est-ce que l'essentiel
n'a pas été sauvegardé?
Le Concordat reste debout; toute la
hiérarchie ecclésiastique est intacte
tout le clergé paroissial fonctionne des
cardinaux aux plus humbles vicaires,
le ministère sacré s'accomplit sans en-
trave nos cathédrales, nos églises,
•ouvertes chaque jour au culte, reçoi-
vent librement les croyants qui s'y pres-
sent, et du haut de quarante mille chai-
res nos prêtres distribuent à tout le peu-
ple l'enseignement chrétien. N'est-ce
donc rien qu'un résultat pareil, en face
de la Suisse expulsant les évoques et con-
fisquant les temples en face de l'Alle-
magne exilant des pontifes, séquestrant
des églises et laissant des populations.
naître, exister et mourir, sans le moin-
dre secours religieux?
Depuis trois ans, et à travers des dif-
ficultés inouïes, trente ou quarante
sièges épiscopaux, rendus vacants par la
mort, ont dû être pourvus. S'est-il pro-
duit un scandale, une défaillance ? Une
seule brebis galeuse'a-t-ëlle été intro-
duite dans le troupeau, un seul indigne
admis à gouverner le peuple de Dieu?
Qu'on en cite Tous les choix ont été irré-
prochables tous ont maintenu l'épisco-
pat français à la hauteur intellectuelle
et morale qui en fait le premier épiscopat
du monde. N'est-ce donc rien, quand
on sait de quelles obsessions, de quelles
intrigues étaient enveloppés les muns-
très républicains par quelques prêtres
faméliques et quelques déclassés de la
soutane, rôdant autour du pouvoir pour
en obtenir une mitre 1
Mais, faut-il. le dire, le tort du Nonce
et le vrai grief; de .ses détracteurs, ce
n'est pas, comme on pourrait le croire,
la portion de bien qu'il n'a pu accom-
plir c'esttout le mal qu'il a empêché, c'est
l'amas de ruines qu'il nous a épargnées!
Oui, il a préféré la politique « du moindre
mal à celle des catastrophes sans me-
sure, la politique de la conciliation et des
accommodements -possibles à celle de
l'abîme et du miracle; et voilà ce qu'on
lui reproche 1
Ah la politique du miracle. Quand
jadis les exaltés pressaient Pie IX de
quitter la Ville Eternelle « Etes-vous
sûrs du miracle nécessaire pour y ren-
trer ? » leur demandait-il en hochant la
tête. -Le Nonce aurait pu faire une ré-
ponse analogue au sujet de la France
« Quand tout serait brisé entre elle et
l'Eglise, êtes-vous sûrs du miracle in-
dispensable pour tout rétablir ? »
L'hostilité contre le Nonce est venue de
deux sources la révolte de la routine, et
l'enchaînement d'une portion de la presse
catholique à un mot d'ordre extra-catho-
lique qui superpose le trône à l'autel et
le Roi au Pape. Certes, nous sommes
des partisans décidés de la Monarchie,
de la seule Monarchie qui puisse se rele-
ver dignement et efficacement en France,
celle que la tradition et les siècles nous
ont léguée; niais nous croirions aussi fa-
tal à sa destinée d'être inféodée à l'Eglise,
que fatal. à la mission de l'Eglise d'être
inféodée à. la Royauté. Les deux causes,
également chères à notre foi et à notre
patriotisme, doivent rester distinctes,
et il faut, pour la dignité et la liberté
des âmes, qu'on puisse être catholique
même en République, aussi bien que
royaliste en dehors du Pape.
S'inspirant de ces idées aussi correc-
tes qu'évangéliques, et se plaçant loya-
lement sur ce large terrain, le Nonce ou-
vrit ses mains et sa porte à tous les hom-
mes de bonne volonté. « Je suis le Nonce
de tout le monde, comme le Pape est le
Pape de tous les catholiques, aimait-il à
redire et je ne préfère aucune nuance,
comme je n'en exclus aucune. »
Ce n'était pas le compte de la petite
église qui prétend régenter la grande et
gouverner le Pape comme l'Episcopat.
'Le Nonce rre voulait pas se faire son
agent, le docile instrument de seshaines
et de sa domination: il fut mis en qua-
rantaine, et devint l'objet d'une guerre
sourde .et implacable. On l'attaqua per-
fidement de toutes les manières, par les
insinuations, par les fausses nouvelles,
par les dénonciations calomnieuses. Ne
vit-on pas un organe de la secte annon-
cer un jour qu'il étai,t tombé en disgrâce
et que le Pape allait 1-envoyer. à Sàint-
Pctersbourg, où il n'y a pas de noncia-
ture l
Et ce qu'il y a de particulièrement
étrange et immoral dans cette attitude
hypocrite et acharnée, c'est que la fac-
tion d'ultra-catholiques et dé prétendus
puritains qui l'accuse, est précisément
celle qui a le plus compromis, par ses
exagérations et ses alliances, l'Eglise et
le Saint-Siège. N'est-ce pas elle qui ser-
vait l'Empire avec ardeur dans le temps
même où l'Empire minait la Papauté?
N'est-ce pas elle qui pactisait en poli-
tique avec le régime qui détruisait le
pouvoir temporel en ayant l'air de le
soutenir? N'est-ce pas elle qui a causé,
par ses violences, une bonne partie des
violences contraires dont nous souffrons?
N'est-ce pas elle qui est aujourd'hui dé-
savouée par l'immense, majorité de l'é-
piscopat dans la lutte entamée pour
la liberté des écoles chrétiennes?
Et voilà la coterie qui prétend imposer
ses jugements dans le double domaine
politique et religieux, en se donnant
comme l'oracle infaillible de l'orthodoxie
pure l it~~k
̃ •̃••̃̃ ̃•; :̃.̃̃ ̃̃
En somme,. quels griefs articulent
contre le Nonce ses louches détracteurs ?
Ils lui reprochent d'abord .ses conces-
sions de formes, une courtoisie poussée
à l'excès, des égards et des démarches
qu'ils traitent de faiblesses; enfin ses re-
lations avec le monde officiel républi-
cain.
Quoi! Est-ce que le rôle naturel d'un
ambassadeur, qui se trouve en même
temps homme de race, n'est pas avant
tout cette politesse et cette courtoisie qui
ont distingué de tout temps la haute di-
plomatie ? st-cequeson caractère évan-
gélique ne lui en faitpas une loiparticu-
lière ?
Et quant aux relations, on n'oublie
qu'une chose assez essentielle cepen-
dant dans l'espèce Auprès de qui
était accrédité le Nonce apostolique? Au-
près des nobles duchesses du faubourg
Saint-Germain et des intransigeants de
l'extrême droite catholique et royaliste,
ou bien auprès du gouvernement de la
République française? Et si le personnel
de ce gouvernement a été méprisable et
honteux, si le Nonce a été réduit au con-
tact d'hommes d'Etat et de gentilshom-
mes tels que les Gambetta, les Ferry et
autres Gougeard, de ministres des cultes
tels que les Gonstans, les Paul Bert et
autres Margue, est-ce sa faute pu la nôtre ? 2
Qui a choisi, élevé, investi ces fanto-
ches et ces grotesques? Il n'avait pas le
droit de se montrer plus difficile que
nous-mêmes, et puisque nous faisions
de ces cuistres et de ces faquins des mi-
nistres et des Excellences, il était bien
obligé de les supporter et de les voir
C'est à nous-mêmes, et non à lui, qu'il
faut imputer l'humiliation de ses rap-
ports.
Croyez-vous, d'ailleurs, qu'avec sa
naissance et son nom, son rang et sa
race, ces contacts ne lui aient pas coûté
plus d'une fois ? Croyez-vous qu'il n'ait
jamais été tenté de lassitude et de dé-
goût en face du personnel et de la poli-
tique du régime ? Et s'il a surmonté la
répugnance et le mépris, la fatigue
et l'écœurement, pour sauver quelque
chose du bien de l'Eglise et du nôtre,
pour garantir une. portion de ce patri-
moine commun à toutes les nobles causes
et à tous les partis honnêtes, ne faut-il
pas lui savoir gré de sa persévérance,
de gon abnégation et de ses sacrifices? ~c
̃ On lui reproche ensuite de n'avoir fait
aucun éclat après l'article 7, après l'exé-
cution des décrets, après les expulsions
brutales que nous avons subies. Mais
est-ce que le Pape a parlé davantage? 2
Est-ce que le Pape a montré une attitude 1
différente? Et si Léon XIII, qui ne crai-
gnait pas d'appeler Guillaume I" « l'il-
lustre- empereur d'Allemagne » dans le
temps même où le maître casqué du
prince de Bismarck chassait de leurs
sièges des archevêques, ni de. traiter
avec égards le brutal inspirateur du Cul-
lurkamp, si Léon XIII, malgré les at-
tentats accomplis chez nous contre la
liberté religieuse, a cru devoir attendre
en silence s'il a gardé, pour notre pays
si catholique et si dévoué, des ménage-
ments affectueux et paternels, n'en faut-
il pas conclure que le Nonce n'-a fait que
traduire sa politique de mansuétude et
pratiquer à Paris les instructions de
Rome?
Un républicain sincère et éclairé, M.
Bardoux, disait il y a'peu de semaines
en manière de consolation « La France
est supérieure à son gouvernement. »
Sans doute le Pape, à un autre point
de vue, s'est dit aussi « La France vaut
mieux que son gouvernement. » Et ne
voulant ni affliger, ni châtier une nation
croyante et fidèle à cause de ce gouver-
nement méprisable et éphémère, il a at-
tendu, avec la douceur et la patience
d'une Eglise assurée d'avoir pour elle
tous les lendemains.
Qu'aurait voulu la secte? Que tout fût
brisé, et que le Nonce, demandant ses
passeports, partît avec éclat, en déchaî-
nant derrière lui tous les fléaux de la
guerre? Ah nous le savons, c'était là le
irôve des .intransigeants et des absolus.
Jugez donc de la beauté d'une politique
aussi profonde Plus de Concordat, plus
d'évêques nommés, plus de curés à la
tête des paroisses, bientôt plus d'églises,
plus de culte, plus de baptêmes, plus de
mariages, plus d'enterremeuts religieux,
faute de prêtres institués pour les ac-
complir Ce serait l'idéal
Et ce sont des catholiques qui osent
rêver une situation pareille 1
Heureusement le Saint-Siège en a jugé
d'autre sorte, et il faut le. bénir de la po-
litique prudente et modérée qui nous
a préservés de désastres peut-être irré-
parables.
Ce n'est pas à l'Eglise de provoquer
les ruptures^ et plus un parti de destruc-
tion y pousse chez nous les pouvoirs pu-
blics, moins il convient au Saint-Siège
de s'associer à ceite initiative et d'en
assumer les responsabilités. Son rôle est
tout différent, et le Nonce apostolique
est demeuré fidèle à sa mission de con-
corde et de paix en s'efforçant d'éviter
entre Rome et Paris un divorce dont nulle
prévoyance humaine ne saurait mesurer
les incalculables conséquences.
On n'a donc pas obtenu du Pape le
'désaveu de la politique suivie par Mgr
Gzacki, et on ne. pouvait pas l'obtenir
puisque le Pape, en l'accordant, se fût
désavoué lui-même et eût renié la haute
sagesse, la pensée magnanime et supé-
rieure de conciliation qui est le trait ca-
ractéristique et lumineux de son règne.
Il a fait mieux confirmant ce qu'il a
dit en toute occasion du Nonce aux
visiteurs français reçus au Vatican, et
couronnant ces appréciations invaria-
bles et affectueuses par l'éloge expressif
et solennel qu'il en a fait dans le dernier
consistoire, il lui a conféré la distinction
suprême qui est le témoignage éclatant
de la satisfaction du Pontife, en môme
temps que la récompense des services
de l'ambassadeur.
Allez donc à Rome, Monseigneur, dé-
fendre en toute confiance les idées que
vous avez si utilement maintenues à
Paris, en continuant d'y servir et d'y
faire aimer la France 1
La tradition veut qu'un lien particulier
rattache à jamais les cardinaux qui ont
occupé des nonciatures aux pays dont
ils ont un instant gouverné les -intérêts
supérieurs,et qu'ilsrestentjusqu'au bout t
les avocats spéciaux de ces pays auprès
du Saint-Siège. '̃
Vous ne faillirez pas à cette tradition,
touchante et à ce noble patronat, vous
qui connaissez si bien la France, qui
l'aimez du fond du cœur, qui parlez sa
langue avec les délicatesses de ses plus
fins lettrés vous lui garderez vos pré-
férences et votre appui et vous .nous
aiderez à faire triompher la politique
pratique du bon sens contre 1 obstina-
tion dangereuse d'une poignée de som-
nambules.
Ph. de Grandlieu.
Échos de Paris
La TEMPÉRATURE. La situation vient en-
core une fois de se modifier radicalement et
avec une extrême rapidité. La bourrasque si-
gnalée sur la Manche, et qui a amené de la
pluie jusqu'à Paris, hier matin, s'est éloignée
vers le nord; le baromètre s'est aussitôt remis en
hausse et le temps est redevenu momentané-
ment au beau sur la France.
La température se maintient élevée. Le ther-
momètre marquait, hier matin, 1 4". à Paris, et
dans la journée il a atteint 19°. Dans les régions
élevées, le minimum de la nuit avait été 9° au
Puy-de-Dôme et 20 au Pic-du-Midi.
A TRAVERS PARIS
Le retour de M. Jules Grévy va per-
mettre au conseil des ministres de re-
prendre ses séances ordinaires du mardi
et du samedi.
Les conseils de cabinet continueront à
se tenir sous la présidence de M. Duclerc,
tous les jeudis.
Dans le conseil qui. aura lieu aujour-
d'hui à l'Elysée, on s'occupera sans doute
de désigner le successeur de M. An-
drieux, comme ambassadeur à Madrid.
C'est aujourd'hui mardi, à l'issue du
conseil des ministres, que doit avoir
lieu au palais de l'Elysée la cérémonie
de la remise de la barrette au nonce du
Pape, Mgr Czacki, par le Président de
la République.
Si l'état d:e sa santé le lui permet, Mgr
Czacki partira vers la fin. de la semaine
pour l'italie, après avoir présenté ses
lettres d-e,eap-,pel à M. Grévy.
Le dûcde Santona, grand d'Espagne
de première classe, vient de mourir à
Madrid, laissant à safille, son unique hé-
ritière, une fortune de quinze millions.
Bien que parvenu aux plus hautes dis-
tinctions, le duc de Santona était de très
modeste origine. Il avait commencé
comme simple chapelier,à Cuba; de là il
était venu à Madrid où il avait d'abord
établi de grandes fabriques, et s'était en-
richi.
Le duc de Santona avait pris une
part très active au mouvement alphon-
siste qui mit le roi actuel sur le trône
d'Espagne.
Plusieurs journaux ont annoncé que
M. Brisson avait l'intention de faire pro-
chainement un voyage à Marseille. La
nouvelle est inexacte.
Les obsèques de Juies Noriac auront
lieu aujourd'hui mardi, à midi très pré-
cis à l'église de la Trinité, d'où le corps
sera ensuite transporté au cimetière
Montmartre.
On se réunira à la maison mortuaire,
rue de Douai, n° 43.
Le grand-duc dé Toscane, venu en
Franccpour assister aux obsèques de la
jeune duchesse de Parme, sa parente, est
attendu demain au château de Chambord,
qu'il n'a jamais visité, et se propose de
séjourner le reste de la semaine' aux
bords de la Loire et dans le Blàisois,
Nous apprenons la mort de M. Louis
Grangier de la Marinière, décédé hier
matin, à la suite d'une longue et. cruelle
maladie.
M. de la Marjnière a été successive-
ment secrétaire d'ambassade à Madrid,
représentant du peuple à l'Assemblée
nationale, préfet de la Haute-Marne, se-
crétaire. de M. Thiers avec M. Barthé-
lemy-Saint-Hilaire, durant tout le temps
de la présidence de M. Thiers.
Lorsqu'il accepta ces délicates et labo-
rieuses fonctions, M. Grangier de la Ma-
rinière posa comme condition absolue,
qu'il n'aurait aucun traitement. Obstiné
dans un désintéressement si rare de uo-
tre temps, il refusa la trésorerie géné-
rale qui lui fut offerte quand il quitta la
préfecture de Chaumont.
Les obsèques de ce galant homme,. de
cet érudit, seront célébrées après-dema in
jeudi, à la Trjnité. C'est dans sa pro-
priété, à Cosne, qu'il sera inhumé.
M. Grangier de là Marinière était âgé
de soixante-huit ans.
S. A. R. le grand duc de Saxe-Wei-
mar, accompagné de sa fille, la princesse
Elisabeth, -d'une dame d'honneur, de
son aide-de-camp et d'une suite nom-
breuse, est arrivé hier à Paris.
Son Altesse Royale est descendue à
l'Hô tel-Continental et compte passer
quelques jours à Paris avant son retour
en Allemagne.
Victor Hugo quitte Veules ce matin,
mardi, après avoir passé trois semaines
chez M. Paul Meurice. Il rentrera à Pa-
ris ce soir à quatre heures.
Hier a été célébré, à la mairie du sep-
tième arrondissement, le mariage civil
de Mlle Marie Bétolaud, fille de l'ancien
bâtonnier de l'ordre des avocats, avec
M. Georges Meignen, notaire à Paris.
Le mariage religieux aura lieu aujour-
d'hui, mardi, à l'église Saint-Thomas-
d'Aquin. •
Un petit portrait de Jules Noriac, re-
cueilli dans un livre devenu rare Les
hommes du jour, par Eugène Yermesch.
C'est lui! c'est le. roi des bravaches
Celui dont les fières. moustaches, ̃
Roides, s'en vont piquer le ciel';
Sa lame une lame guerrière
Voltige, dans sa main, légère
Autant que le vol d'Ariel.
Sur son feutre où son front se cache
Majestueux, flotte un panache
Qui mesure au moins quatre pieds;
Ses yeux e3Carboucles scintillent
Et sous ses éperons qui.brillent
Les pavés crient .estropiés.
Après avoir dirigé le théâtre des Va-
riétés, et avant de diriger celui des
Bouffes, Noriac fut rédacteur en chef du
Soleil, un journal parisien dont les ré-
dacteurs ont eu de singulières desti-
nées.
Pour secrétaire de rédaction, Noriac
avait Eugène Schnerb, aujourd'hni di-
recteur de la Sûreté générale.
Le feuilleton était signé Henri Cha-
brillat, devenu directeur de l'Ambigu.
Le fondateur du Hanneton, le fantaisiste
marquis Le Guillois, était chargée des
Echos, et notre regretté Lafargue ré-
digeait les bruits de coulisse.
Les caves du Grand-Hôtel
Jl y a quelque temps, nous avons parlé
de la richesse des approvisionnements
du Grand-Hôtel au point de vue vinicole.
Les résultats de la récolte annuelle pour-
raient faire croire que la Société fer-
mière suivra l'exemple d'un grand nom-
bre de maisons et augmentera ses prix
immédiatement.
Il n'en est rien. Grâce aux achats faits
en temps opportun, la Société fermière
maintiendra ses anciens prix jusqu'à la
fin d'octobre.
Le temps magnifique qu'il a fait hier a
contribué pour une bonne part à l'écla-
tant succès de l'ouverture des nou-
veautés d'hier aux grands magasins du
Louvre.
L'affluence des visiteurs a été telle que
le résultat du pointage effectué à toutes
les portes ne pourra être totalisé avant
une heure avancée de la nuit. Au mo-
ment où nous celions sous presse, on
peut affirmer que quatre-vingt-cinq mille
personnes environ son; entrées dans les
magasins. ̃•̃̃•̃̃-
Quant au chiffre des yenies, il dépasse.
de beaucoup celui de la journée corres-
pondante de 1881. Ainsi, le seul rayon
des soieries a encaissé plus de neuf cent
mille francs. Les vêtements oonfection-
nés Quatre cent mille!
On nous demande si, en wagon, les
personnes placées dans les coins ont le
droit de baisser ou de lever les glaces,
à leur fantaisie, sans consulter les autres
voyageurs. '̃ '•
II nous semble que le fait d'être près
d'une portière ne donne pas à celui qui
occupe cette place le droit d'en disposer
à sa volonté.
On comprend que, toutes les glaces
fermées, un voyageur réclame, à bon
droit, un peu d'air; et que, les deux por-
tières se faisant face étant ouvertes, un
autre proteste contre les courants d'air.
Ces questions-là, selon nous, doivent
se vider à l'amiable, aussi courtoise-
ment que possible.
Mais, toute courtoisie à part, nous
sommes d'avis que l'aération d'un wa-
gon doit être mise aux voix et que la mi-
norité doit, alors, se conformer à la dé-
cision de la majorité.
Une assez jolie anecdote à ce propos
Dans la diligence allant des Ifs à
Etretat, une seule croisée, celle du fond,
est ouverte.
Un voyageur, ouvrant 'celle qui est
derrière lui
On étouffe, ici 1
Deuxième Voyageur. Oh quel cou-
rant d'air! vous allez me faire prendre
une fluxion de poitrine.
Premier Voyageur. Eh! monsieur,
votre fluxion de poitrine, vous ne l'au-
rez que dans deux ou trois jours; tandis
que moi, je vais étouffer tout de suite I
Un romancier de notre connaissance
est d'une paresse sans égale en ce qui
regarde toutes les habitudes du corps,
cri outre, -et probablement à cause de
cela, assez peu connaisseur des choses
de la nature.
C'est ce qui lui a fait écrire ce com-
mencement de chapitre
Extrêmement matinal, le comte était tou-
jours levé à trois heures de l'après-midi. Mar-
cheur intrépide, il ne craignait, pas de se
rendre tout d'une traite des solitudes impéné-
trables du parc Monceau, où il s'était retiré,
pour aller diner Paris,au boulevard. Aussi,
le soir, avait-il bien gagné la voiture qui le
ramenait à sa chère forêt.
NOUVELLES A LA MAIN
Un disciple de Baudelaire s'est imposé
la mission de « déraciner les préjugés» »
en tout ce qui concerne mœurs, senti-
ments, etc.
L'autre jour, il disait devant plusieurs
personnes ̃' • ..̃̃'
Tenez, j'étaisreçu dans la maison de
mon meilleur amisurle pied de l'intimité
la plus confiante. J'en ai abusé pour le
tromper lâchement.
Eh bien [contrairement à ce que tout
le monde pourrait croire, je n'en ai
éprouvé qu'une satisfaction des plus mé-
diocres
Quelques jolis mots de Noriac.
Dans le Capitaine Sauvage « Si les
hommes pensaient au châtiment qui doit
retomber sur les leurs, ils regarderaient
à deux fois, avant de faire des enfants.
ou de mauvaises actions. »
#
OFFICIER DE fortune. Un officier,
qui n'en a pas. **#
SUFFRAGE universel. L'injonction
des incapacités.
**#
̃ Démocratie. L'horreur du despo-
tisme. poussée jusqu'à la tyrannie 1
Etc.
Un passant aacheté chez un marchand
d'habits, à la chute du jour, un paletot,
qu'il croyait couleur prune.
Le lendemain, s'apercevant que le pa-
letot est « vert », il va réclamer chez le
marchand, qui lui répond:
Un peu de patience, mon bon mon-
sieur. il n'est pas encore mûr!
"Un affreux voyou, vêtu d'une longue
blouse bleue, les deux mèches tradition-
nelles collées sur les tempes, est sur le
banc de la police correctionnelle.
LE président, à l'accusé. Il paraît
qu'en rôdant devant la boutique d'un
épicier, vous lui avez volé un hareng?
L'accusé, d'un air aimable. Comme
l'a dit le poète, monsieur le président
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
Le Masque de fer.
LA VIE EN PROVINCE
M NOTAIRE FANTAISISTE
Je viens de passer quelques jours dans
la Dordogne, un de nos plus vastes dé-
partements, le troisième sous le rapport
de la superficie; sa longueur du nord au
sud, de la Charente au Lot, mesure plus
de trente-cinq lieues.
Dans le Périgord, on ne 'parle que de
deux choses du phylloxéra, qui a com-
plètement détruit un des plus abondants
vignobles de France, et de Mary Cliquet,
notaire à Mareuil-sur-Belle, actuellement
sous les verrous dans la prison de Non-
tron.
L'aspect de ces contrées, jadis si pros-
pères avec leurs immenses récoltes de
vins, serre le cœur. Les ceps dénudés,
noircis, se dessèchent, se recroquevillent
.et semblent rentrer dans la terre.
Les populations étaient déjà fort peu
disposées à la joie, lorsqu'à leurs inquié-
tudes la justice se mêla d'en ajouter
d'assez graves, il y a quelques jours, en
mettant la main au collet d'un de leurs
notaires, un notaire doublé d'un homme
politique bruyant, qui faisait trembler
le Périgord, très connu égaiômèrit àPà-
le PérlgQr¡;l, trèsCQijnu 'égaiénlêat à Pil-
jriMajQliemottdede certains tbjâlres.,
et dont les aventures ultra-fantaisis-
tes iront grossir le recueil des causes
les plus célèbres. Mon ami, Albert Ba-
taille, aura là, dans quelques mois, une
superbe matière à chronique judiciaire.
Je dis dans quelques mois, car l'instruc-
tion sera fort longue, On va en juger,
par ce que.j'ai appris.
Mareuil-sur-Belle, chef-lieu de canton
du Périgord, limitrophe de l'Angoumois,
vit arriver dans ses murs, il y a dix ans.
à la fin de i882, un jeune notaire, bel
homme, avantageux, rempli d'audace, le
verbe haut, nommé Mary Cliquet. il
était parvenu au notariat au moyen d'un
faux, et s'était délivré à lui-même un di-
plôme de licencié en droit de la Faculté
de Caen, signé Demolombe. Le second,
relevé dès les débuts de l'instruction,
est de 1873. Cliquet n'avait pas attendu
un an depuis son installation, pour.se
lancer dans une série de faux qui paraî-
tront invraisemblables. Ainsi, il imitait
la signature du conservateur des hypo-
thèques de Nontron, de manière à trom-
per les yeux de ce fonctionnaire.
Est-ce bien là votre signature? lui
demanda le juge d'instruction en lui
montrant un acte.
Parfaitement.
Et celle-ci?
Egalement.
Il fallut recourir aux registres pour
montrer au Conservateur, que les actes
n'ayant pas été transcrits, il n'avait pu
les signer.
Mary Cliquet en était arrivé à fabri-
quer des composteurs, imitant les visas
de l'enregistrement et s'en servait sui-
vant son bon plaisir. ¡',
Cet homme était né faussaire. Il s'était
procuré– de quelle façon? –des feuilles
de route imprimées, d'officier, s'était
fait fabriquer un timbre avec le nom du
7° régiment de ligne, et voyageait ainsi,
avec économie, n'ayant à payer que
quart de place. Inutile d'ajouter que,
pour inspirer plus de confiance aux em-
ployés des chemins de fer, sa bouton-
nière était flambante de rosettes écar-
lates.
Cliquet fut mordu par la fantaisie
de briller au premier rang, et de devenir
auteur dramatique. Le théâtre des Na-
tions donna dé lui, l'an dernier, les
Nuits du boulevard, drame tiré d'un
roman de Pierre Zaccone.' Au théâtre
Cluny, il fit jouer une petite pièce sur
le divorce, intitulée C'est la loi 1
Aux Périgourdins qui me racontaient,
quelques-uns les larmes aux yeux, et
pour cause, cette étrange histoire, je
disais
t- Voyons un notaire de campagne
qui court à Paris les petits théâtres, cela
ne vous a-t-il pas paru quelque peu sin-
gulier ?
Monsieur, il revenait de Paris avec
des sacs d'éeus, ses bénéfices au théâtre,
et nous croyions qu'il avait une fortune,,
devant lui.
Ces sacs d'ccus rapportés de Paris sont
toute une histoire.
L'instruction a découvert que Mary
Cliquet, pendant ses séjours à Paris,
s'affublait du titre de marquis de la Côte.
Les petites dames ne le connaissaient
que sous ce nom, et il s'en servait pour
escroquer de l'argent à de crédules ban-
quiers. Il y a donc encore, par ce temps
de krachs, de crédules banquiers?
• Je suis le marquis de la Côte, leur
disait-il; j'ai de grandes terres en Péri-
gord. J'aurais besoin de cent cinquante
mille francs. Mon notaire est M. Mary
Cliquet, un très brave homme qui vous
fournira les renseignements que vous
pourrez désirer sur ma fortune.
Le faux marquis de la Côte gagnait do
vitesse son étude de Mareuil, et faisait
de lui-même les plus hyperboliques
éloges.
Les pauvres paysans qui avaient le
malheur de s'aventurer dans son antre,
étaient vite dépouillés. Pour les éblouir,,
il avait imaginé de remplir des sacs de
gros sous et les déplaçait sous leurs
yeux, avec ostentation, dans son coffré-
fort.
Tous les moyens lui étaient bons pour
leur voler leur argent. Un jour, un indi-
gène lui montre une créance sur un gen-
tilhomme très honorable et très riche du
pays.
Je vais te la garder, lui dit-il. Elle
sera mieux en sûreté ici, que chez toi.
L'homme la lui remet sans défiance. Le
notaire Cliquut se rend chez le gentil-
homme, la créance à la main.
-Mon client, lui dit-il, a besoin d'être
remboursé.
A cela ne tienne, fut-il répondu. Le
billet n'était que de 800 francs. Cliquet
empocha l'argent que le paysan ne re-
verra plus.
Ces pauvres paysans, pardonnez-moi, lecteur,
Ces pauvres paysans, je les ai sur le cœur 1
Sur ses relations dans le monde des
théâtres de Paris, l'acte d'accusation
contiendra des révélations qui feront
pousser bien des oh et des ah l
Cliquet recevait parfois, de Paris, des
demandes d'argent qui s'élevaient jus-
qu'à 10,000 francs. Et les 10,000 francs
étaient envoyés. C'étaient les économies
de ces malheureux paysans qui étaient
jetés dans quelque gouffre théâtral.
Il y a un an encore, ce roi des faus-
saires était maire de Mareuil. Il était
prodigue et fastueux. Sur la façade delà
mairie, au-dessous de l'horloge, on m'a
montré, mardi, gravée en lettres d'or,
sur une plaque de marbre noir, Tinscrip^
tiftn suivante
CETTE HORLOGE A ÉTÉ DONNÉE EN 1831
PAR MARY CLIQUET
MAIRE DE MAREUIL
Elle n'a peut-être pas été payée, non
plus que d'autres dépenses qu'il se van-
tait de prendre à son compte, et qui vont
retomber la charge de la petite ville.
Un de ses riches clients perd avec lui
150,000 fr. Dans le nombre de ses vic-
times, se trouve l'éternelle malheureuse
femme qui avait placé chez lui tout son
avoir, 10,000 fr. et qui est réduite à
mendier.
La fureur contre lui est à son comble.
Quand on l'extraira de là prison de Non-
tron, pour le conduiro à~ l~i; ieuil, iprs
tron, pour le conduire à IVxJ11*6111 î8
des confrontations, on devra sou,5ef ?̃ le
préserver contre l'irritation pbpu J111"
j, Ce peuple^ d'ordinaire très doux, est p\gï>
1 fois profondément remué et ressent dei
ke Numéro 15 cent. à Paris, 20 cent. dans les Départements
28e Année. 3" Série. Numéro 276
H. DE VILLEMESSANT,
Fondateur
FERNAND DE RODAYS
Administrateur
ABONNEMENTS
Départements Trois mois 9.fr- 50
Paris Trois mois 1 6 fr.
ANNONCES ET RÉCLAMES
Dou.ihgen FILS, Seout et Ci 1G, RUE GnANaE-BATEUâMI
ET A l'Administration
FRANCIS MAGNARD
Rédacteur *« ;«&£_
A. PÉRIVIER
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi minuit, rue Drouot, SS
̃Xet manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
B8, rue Drouot, 26
TPLOIS ANS
D»
NONCIATURE
Il y a trois ans j'ai été le premier, dans
la presse française, à saluer ici même
l'arrivée de Mgr Czacki, dont le Saint-
Père avait daigné m'entretenir à Rome
de la façon la plus élogieuse pour le nou-
veau Nonce, comme la plus affectueuse
pour la France. Je ne voudrais pas au-
jourd'hui être le dernier à saluer son
départ, en rendant hommage à ses rares
qualités comme à ses éminents services.
L'histoire de ces trois années de non-
ciature a été douloureuse, et sans doute
celui-là seul qui en a senti toutes les
épines en les dissimulant sous ua sou-
rire pourrait en retracer les phases
cruelles et laborieuses. Mais ce que l'œil
indifférent du public a discerné dans
l'ensemble, c'est l'importance du rôle
joué durant cette période par l'envoyé
du Saint-Siège et le contraste de sa si-
tuation considérable avoo l'amoindris-
sement et la faiblesse de tout ce qu'il
représentait parmi nous. Il semblait que
plus le Pape était méconnu et l'Eglise
abaissée, plus leur ambassadeur arrivait,
par ravaleur personnelle et son prestige,
à compenser la différence et à rétablir
l'équilibre.
.C'est là, à mes yeux, le trait général
nui caractérise cette nonciature. Mgr
Czacki lui a restitué le rang et l'éclat
qu'elle avait depuis longtemps perdus,
et, bien que chétif représentant d'un
prince dépouillé et d'idées persécutées,
il, a su la porter à une hauteur qu'elle
n'avait connue sous aucun de ses prédé-
cesseurs.
Avant lui, le Nonce apostolique, effacé
dans sa solitude, était compté pour peu
.de chose et passait bien inaperçu à côté
dés puissants ambassadeurs d'Angle-
terre, d'Allemagne, d'Autriche et de
Russie. Le comte Wladimir Czàcki, par
la séduction de sa personne et la supé-
riorité de son esprit, a promptement
comblé la distance et fait de son titre
honorifiqueettoutconventionneldedoyen
du corps diplomatique une vivante réa-
lité.
Avec son petit corps malingre, sa pé-
tillante intelligence et son inépuisable
fertilité, en face d'adversaires décidés et
violents, il faisait songer à Talleyrand
au congrès de Vienne, en face de sou-
verains hostiles et résolus; il rappelait,
dans cette lutte incessante et inégale, le
diplomate infirme et consommé dont
l'art et la souplesse arrivèrent à sauver
des malveillances et des rancunes de
l'Europe tout ce, qui. pouvait être sauvé
de notre.. puissance abattue. Aucun
homme raisonnable ne demandait alors
à l'ambassadeur de Louis XVIII de nous
conserver les conquêtes de l'Empire,
mais seulement d'arracher l'essentiel à
la haine des coalisés. Le plénipotentiaire
du roi y réussit, et ce grand service
rendu à la Frapce suffit à racheter sa
mémoire de bien des faiblesses.
̃ • •'
Il faut distinguer deux choses dans
cette nonciature de trois années le mal
empêché, le bien accompli; et peut-être
le premier des deux résultats est-il plus
considérable et plus appréciable, encore
que le second. Car le mal empêché, c'est
le service modeste, silencieux, inaperçu,
pour ainsi dire anonyme, bien que parfois
décisif, et qui mérite d'autant plus de
reconnaissance qu'il attire moins d'hon-
neur. Le bien, au contraire, s'étale au
soleil et fait de lui-même cortège à son.
auteur. L'inventaire en est facile à dres-
ser, et il suffit d'ouvrir les yeux pour en
constater l'ensemble.
Un illustre politique. disait récemment
au Nonce « Ce que vous avez fait est
énorme; ce que vous avez empêché est
incalculable.»
La formule est saisissante et résume
dans la plus exacte mesure l'œuvre ac-
complie au prix de tant de labeurs.
L'homme s'y est usé, il est vrai, «bra-
vant fatigue et dégoût », comme on l'a
dit dans un autre sens mais le résultat
demeure en défiant les perfidies du dé-
nigrement.
Que voyons-nous, quand nous regar-
dons l'état actuel de l'Eglise de France?
Sans doute le cœur saigne de toutes les
spoliations, de toutes les brutalités, de
tous les crimes qui ont chassé de leurs
propriétés comme de nos hôpitaux, de
nos écoles et de nos maisons de charité,
des religieux inoffensifs et de saintes
femmes dévouées à toutes les misères.
Mais, en dehors de ces attentats contre
lesquels l'envoyé du Saint-Siège a lutté
pied à pied jusqu'à la dernière heure,
et qu'il fût parvenupeut être à nous épar-
gner sans la trahison coupable qui pa-
ralysa ses efforts, est-ce que l'essentiel
n'a pas été sauvegardé?
Le Concordat reste debout; toute la
hiérarchie ecclésiastique est intacte
tout le clergé paroissial fonctionne des
cardinaux aux plus humbles vicaires,
le ministère sacré s'accomplit sans en-
trave nos cathédrales, nos églises,
•ouvertes chaque jour au culte, reçoi-
vent librement les croyants qui s'y pres-
sent, et du haut de quarante mille chai-
res nos prêtres distribuent à tout le peu-
ple l'enseignement chrétien. N'est-ce
donc rien qu'un résultat pareil, en face
de la Suisse expulsant les évoques et con-
fisquant les temples en face de l'Alle-
magne exilant des pontifes, séquestrant
des églises et laissant des populations.
naître, exister et mourir, sans le moin-
dre secours religieux?
Depuis trois ans, et à travers des dif-
ficultés inouïes, trente ou quarante
sièges épiscopaux, rendus vacants par la
mort, ont dû être pourvus. S'est-il pro-
duit un scandale, une défaillance ? Une
seule brebis galeuse'a-t-ëlle été intro-
duite dans le troupeau, un seul indigne
admis à gouverner le peuple de Dieu?
Qu'on en cite Tous les choix ont été irré-
prochables tous ont maintenu l'épisco-
pat français à la hauteur intellectuelle
et morale qui en fait le premier épiscopat
du monde. N'est-ce donc rien, quand
on sait de quelles obsessions, de quelles
intrigues étaient enveloppés les muns-
très républicains par quelques prêtres
faméliques et quelques déclassés de la
soutane, rôdant autour du pouvoir pour
en obtenir une mitre 1
Mais, faut-il. le dire, le tort du Nonce
et le vrai grief; de .ses détracteurs, ce
n'est pas, comme on pourrait le croire,
la portion de bien qu'il n'a pu accom-
plir c'esttout le mal qu'il a empêché, c'est
l'amas de ruines qu'il nous a épargnées!
Oui, il a préféré la politique « du moindre
mal à celle des catastrophes sans me-
sure, la politique de la conciliation et des
accommodements -possibles à celle de
l'abîme et du miracle; et voilà ce qu'on
lui reproche 1
Ah la politique du miracle. Quand
jadis les exaltés pressaient Pie IX de
quitter la Ville Eternelle « Etes-vous
sûrs du miracle nécessaire pour y ren-
trer ? » leur demandait-il en hochant la
tête. -Le Nonce aurait pu faire une ré-
ponse analogue au sujet de la France
« Quand tout serait brisé entre elle et
l'Eglise, êtes-vous sûrs du miracle in-
dispensable pour tout rétablir ? »
L'hostilité contre le Nonce est venue de
deux sources la révolte de la routine, et
l'enchaînement d'une portion de la presse
catholique à un mot d'ordre extra-catho-
lique qui superpose le trône à l'autel et
le Roi au Pape. Certes, nous sommes
des partisans décidés de la Monarchie,
de la seule Monarchie qui puisse se rele-
ver dignement et efficacement en France,
celle que la tradition et les siècles nous
ont léguée; niais nous croirions aussi fa-
tal à sa destinée d'être inféodée à l'Eglise,
que fatal. à la mission de l'Eglise d'être
inféodée à. la Royauté. Les deux causes,
également chères à notre foi et à notre
patriotisme, doivent rester distinctes,
et il faut, pour la dignité et la liberté
des âmes, qu'on puisse être catholique
même en République, aussi bien que
royaliste en dehors du Pape.
S'inspirant de ces idées aussi correc-
tes qu'évangéliques, et se plaçant loya-
lement sur ce large terrain, le Nonce ou-
vrit ses mains et sa porte à tous les hom-
mes de bonne volonté. « Je suis le Nonce
de tout le monde, comme le Pape est le
Pape de tous les catholiques, aimait-il à
redire et je ne préfère aucune nuance,
comme je n'en exclus aucune. »
Ce n'était pas le compte de la petite
église qui prétend régenter la grande et
gouverner le Pape comme l'Episcopat.
'Le Nonce rre voulait pas se faire son
agent, le docile instrument de seshaines
et de sa domination: il fut mis en qua-
rantaine, et devint l'objet d'une guerre
sourde .et implacable. On l'attaqua per-
fidement de toutes les manières, par les
insinuations, par les fausses nouvelles,
par les dénonciations calomnieuses. Ne
vit-on pas un organe de la secte annon-
cer un jour qu'il étai,t tombé en disgrâce
et que le Pape allait 1-envoyer. à Sàint-
Pctersbourg, où il n'y a pas de noncia-
ture l
Et ce qu'il y a de particulièrement
étrange et immoral dans cette attitude
hypocrite et acharnée, c'est que la fac-
tion d'ultra-catholiques et dé prétendus
puritains qui l'accuse, est précisément
celle qui a le plus compromis, par ses
exagérations et ses alliances, l'Eglise et
le Saint-Siège. N'est-ce pas elle qui ser-
vait l'Empire avec ardeur dans le temps
même où l'Empire minait la Papauté?
N'est-ce pas elle qui pactisait en poli-
tique avec le régime qui détruisait le
pouvoir temporel en ayant l'air de le
soutenir? N'est-ce pas elle qui a causé,
par ses violences, une bonne partie des
violences contraires dont nous souffrons?
N'est-ce pas elle qui est aujourd'hui dé-
savouée par l'immense, majorité de l'é-
piscopat dans la lutte entamée pour
la liberté des écoles chrétiennes?
Et voilà la coterie qui prétend imposer
ses jugements dans le double domaine
politique et religieux, en se donnant
comme l'oracle infaillible de l'orthodoxie
pure l it~~k
̃ •̃••̃̃ ̃•; :̃.̃̃ ̃̃
En somme,. quels griefs articulent
contre le Nonce ses louches détracteurs ?
Ils lui reprochent d'abord .ses conces-
sions de formes, une courtoisie poussée
à l'excès, des égards et des démarches
qu'ils traitent de faiblesses; enfin ses re-
lations avec le monde officiel républi-
cain.
Quoi! Est-ce que le rôle naturel d'un
ambassadeur, qui se trouve en même
temps homme de race, n'est pas avant
tout cette politesse et cette courtoisie qui
ont distingué de tout temps la haute di-
plomatie ? st-cequeson caractère évan-
gélique ne lui en faitpas une loiparticu-
lière ?
Et quant aux relations, on n'oublie
qu'une chose assez essentielle cepen-
dant dans l'espèce Auprès de qui
était accrédité le Nonce apostolique? Au-
près des nobles duchesses du faubourg
Saint-Germain et des intransigeants de
l'extrême droite catholique et royaliste,
ou bien auprès du gouvernement de la
République française? Et si le personnel
de ce gouvernement a été méprisable et
honteux, si le Nonce a été réduit au con-
tact d'hommes d'Etat et de gentilshom-
mes tels que les Gambetta, les Ferry et
autres Gougeard, de ministres des cultes
tels que les Gonstans, les Paul Bert et
autres Margue, est-ce sa faute pu la nôtre ? 2
Qui a choisi, élevé, investi ces fanto-
ches et ces grotesques? Il n'avait pas le
droit de se montrer plus difficile que
nous-mêmes, et puisque nous faisions
de ces cuistres et de ces faquins des mi-
nistres et des Excellences, il était bien
obligé de les supporter et de les voir
C'est à nous-mêmes, et non à lui, qu'il
faut imputer l'humiliation de ses rap-
ports.
Croyez-vous, d'ailleurs, qu'avec sa
naissance et son nom, son rang et sa
race, ces contacts ne lui aient pas coûté
plus d'une fois ? Croyez-vous qu'il n'ait
jamais été tenté de lassitude et de dé-
goût en face du personnel et de la poli-
tique du régime ? Et s'il a surmonté la
répugnance et le mépris, la fatigue
et l'écœurement, pour sauver quelque
chose du bien de l'Eglise et du nôtre,
pour garantir une. portion de ce patri-
moine commun à toutes les nobles causes
et à tous les partis honnêtes, ne faut-il
pas lui savoir gré de sa persévérance,
de gon abnégation et de ses sacrifices? ~c
̃ On lui reproche ensuite de n'avoir fait
aucun éclat après l'article 7, après l'exé-
cution des décrets, après les expulsions
brutales que nous avons subies. Mais
est-ce que le Pape a parlé davantage? 2
Est-ce que le Pape a montré une attitude 1
différente? Et si Léon XIII, qui ne crai-
gnait pas d'appeler Guillaume I" « l'il-
lustre- empereur d'Allemagne » dans le
temps même où le maître casqué du
prince de Bismarck chassait de leurs
sièges des archevêques, ni de. traiter
avec égards le brutal inspirateur du Cul-
lurkamp, si Léon XIII, malgré les at-
tentats accomplis chez nous contre la
liberté religieuse, a cru devoir attendre
en silence s'il a gardé, pour notre pays
si catholique et si dévoué, des ménage-
ments affectueux et paternels, n'en faut-
il pas conclure que le Nonce n'-a fait que
traduire sa politique de mansuétude et
pratiquer à Paris les instructions de
Rome?
Un républicain sincère et éclairé, M.
Bardoux, disait il y a'peu de semaines
en manière de consolation « La France
est supérieure à son gouvernement. »
Sans doute le Pape, à un autre point
de vue, s'est dit aussi « La France vaut
mieux que son gouvernement. » Et ne
voulant ni affliger, ni châtier une nation
croyante et fidèle à cause de ce gouver-
nement méprisable et éphémère, il a at-
tendu, avec la douceur et la patience
d'une Eglise assurée d'avoir pour elle
tous les lendemains.
Qu'aurait voulu la secte? Que tout fût
brisé, et que le Nonce, demandant ses
passeports, partît avec éclat, en déchaî-
nant derrière lui tous les fléaux de la
guerre? Ah nous le savons, c'était là le
irôve des .intransigeants et des absolus.
Jugez donc de la beauté d'une politique
aussi profonde Plus de Concordat, plus
d'évêques nommés, plus de curés à la
tête des paroisses, bientôt plus d'églises,
plus de culte, plus de baptêmes, plus de
mariages, plus d'enterremeuts religieux,
faute de prêtres institués pour les ac-
complir Ce serait l'idéal
Et ce sont des catholiques qui osent
rêver une situation pareille 1
Heureusement le Saint-Siège en a jugé
d'autre sorte, et il faut le. bénir de la po-
litique prudente et modérée qui nous
a préservés de désastres peut-être irré-
parables.
Ce n'est pas à l'Eglise de provoquer
les ruptures^ et plus un parti de destruc-
tion y pousse chez nous les pouvoirs pu-
blics, moins il convient au Saint-Siège
de s'associer à ceite initiative et d'en
assumer les responsabilités. Son rôle est
tout différent, et le Nonce apostolique
est demeuré fidèle à sa mission de con-
corde et de paix en s'efforçant d'éviter
entre Rome et Paris un divorce dont nulle
prévoyance humaine ne saurait mesurer
les incalculables conséquences.
On n'a donc pas obtenu du Pape le
'désaveu de la politique suivie par Mgr
Gzacki, et on ne. pouvait pas l'obtenir
puisque le Pape, en l'accordant, se fût
désavoué lui-même et eût renié la haute
sagesse, la pensée magnanime et supé-
rieure de conciliation qui est le trait ca-
ractéristique et lumineux de son règne.
Il a fait mieux confirmant ce qu'il a
dit en toute occasion du Nonce aux
visiteurs français reçus au Vatican, et
couronnant ces appréciations invaria-
bles et affectueuses par l'éloge expressif
et solennel qu'il en a fait dans le dernier
consistoire, il lui a conféré la distinction
suprême qui est le témoignage éclatant
de la satisfaction du Pontife, en môme
temps que la récompense des services
de l'ambassadeur.
Allez donc à Rome, Monseigneur, dé-
fendre en toute confiance les idées que
vous avez si utilement maintenues à
Paris, en continuant d'y servir et d'y
faire aimer la France 1
La tradition veut qu'un lien particulier
rattache à jamais les cardinaux qui ont
occupé des nonciatures aux pays dont
ils ont un instant gouverné les -intérêts
supérieurs,et qu'ilsrestentjusqu'au bout t
les avocats spéciaux de ces pays auprès
du Saint-Siège. '̃
Vous ne faillirez pas à cette tradition,
touchante et à ce noble patronat, vous
qui connaissez si bien la France, qui
l'aimez du fond du cœur, qui parlez sa
langue avec les délicatesses de ses plus
fins lettrés vous lui garderez vos pré-
férences et votre appui et vous .nous
aiderez à faire triompher la politique
pratique du bon sens contre 1 obstina-
tion dangereuse d'une poignée de som-
nambules.
Ph. de Grandlieu.
Échos de Paris
La TEMPÉRATURE. La situation vient en-
core une fois de se modifier radicalement et
avec une extrême rapidité. La bourrasque si-
gnalée sur la Manche, et qui a amené de la
pluie jusqu'à Paris, hier matin, s'est éloignée
vers le nord; le baromètre s'est aussitôt remis en
hausse et le temps est redevenu momentané-
ment au beau sur la France.
La température se maintient élevée. Le ther-
momètre marquait, hier matin, 1 4". à Paris, et
dans la journée il a atteint 19°. Dans les régions
élevées, le minimum de la nuit avait été 9° au
Puy-de-Dôme et 20 au Pic-du-Midi.
A TRAVERS PARIS
Le retour de M. Jules Grévy va per-
mettre au conseil des ministres de re-
prendre ses séances ordinaires du mardi
et du samedi.
Les conseils de cabinet continueront à
se tenir sous la présidence de M. Duclerc,
tous les jeudis.
Dans le conseil qui. aura lieu aujour-
d'hui à l'Elysée, on s'occupera sans doute
de désigner le successeur de M. An-
drieux, comme ambassadeur à Madrid.
C'est aujourd'hui mardi, à l'issue du
conseil des ministres, que doit avoir
lieu au palais de l'Elysée la cérémonie
de la remise de la barrette au nonce du
Pape, Mgr Czacki, par le Président de
la République.
Si l'état d:e sa santé le lui permet, Mgr
Czacki partira vers la fin. de la semaine
pour l'italie, après avoir présenté ses
lettres d-e,eap-,pel à M. Grévy.
Le dûcde Santona, grand d'Espagne
de première classe, vient de mourir à
Madrid, laissant à safille, son unique hé-
ritière, une fortune de quinze millions.
Bien que parvenu aux plus hautes dis-
tinctions, le duc de Santona était de très
modeste origine. Il avait commencé
comme simple chapelier,à Cuba; de là il
était venu à Madrid où il avait d'abord
établi de grandes fabriques, et s'était en-
richi.
Le duc de Santona avait pris une
part très active au mouvement alphon-
siste qui mit le roi actuel sur le trône
d'Espagne.
Plusieurs journaux ont annoncé que
M. Brisson avait l'intention de faire pro-
chainement un voyage à Marseille. La
nouvelle est inexacte.
Les obsèques de Juies Noriac auront
lieu aujourd'hui mardi, à midi très pré-
cis à l'église de la Trinité, d'où le corps
sera ensuite transporté au cimetière
Montmartre.
On se réunira à la maison mortuaire,
rue de Douai, n° 43.
Le grand-duc dé Toscane, venu en
Franccpour assister aux obsèques de la
jeune duchesse de Parme, sa parente, est
attendu demain au château de Chambord,
qu'il n'a jamais visité, et se propose de
séjourner le reste de la semaine' aux
bords de la Loire et dans le Blàisois,
Nous apprenons la mort de M. Louis
Grangier de la Marinière, décédé hier
matin, à la suite d'une longue et. cruelle
maladie.
M. de la Marjnière a été successive-
ment secrétaire d'ambassade à Madrid,
représentant du peuple à l'Assemblée
nationale, préfet de la Haute-Marne, se-
crétaire. de M. Thiers avec M. Barthé-
lemy-Saint-Hilaire, durant tout le temps
de la présidence de M. Thiers.
Lorsqu'il accepta ces délicates et labo-
rieuses fonctions, M. Grangier de la Ma-
rinière posa comme condition absolue,
qu'il n'aurait aucun traitement. Obstiné
dans un désintéressement si rare de uo-
tre temps, il refusa la trésorerie géné-
rale qui lui fut offerte quand il quitta la
préfecture de Chaumont.
Les obsèques de ce galant homme,. de
cet érudit, seront célébrées après-dema in
jeudi, à la Trjnité. C'est dans sa pro-
priété, à Cosne, qu'il sera inhumé.
M. Grangier de là Marinière était âgé
de soixante-huit ans.
S. A. R. le grand duc de Saxe-Wei-
mar, accompagné de sa fille, la princesse
Elisabeth, -d'une dame d'honneur, de
son aide-de-camp et d'une suite nom-
breuse, est arrivé hier à Paris.
Son Altesse Royale est descendue à
l'Hô tel-Continental et compte passer
quelques jours à Paris avant son retour
en Allemagne.
Victor Hugo quitte Veules ce matin,
mardi, après avoir passé trois semaines
chez M. Paul Meurice. Il rentrera à Pa-
ris ce soir à quatre heures.
Hier a été célébré, à la mairie du sep-
tième arrondissement, le mariage civil
de Mlle Marie Bétolaud, fille de l'ancien
bâtonnier de l'ordre des avocats, avec
M. Georges Meignen, notaire à Paris.
Le mariage religieux aura lieu aujour-
d'hui, mardi, à l'église Saint-Thomas-
d'Aquin. •
Un petit portrait de Jules Noriac, re-
cueilli dans un livre devenu rare Les
hommes du jour, par Eugène Yermesch.
C'est lui! c'est le. roi des bravaches
Celui dont les fières. moustaches, ̃
Roides, s'en vont piquer le ciel';
Sa lame une lame guerrière
Voltige, dans sa main, légère
Autant que le vol d'Ariel.
Sur son feutre où son front se cache
Majestueux, flotte un panache
Qui mesure au moins quatre pieds;
Ses yeux e3Carboucles scintillent
Et sous ses éperons qui.brillent
Les pavés crient .estropiés.
Après avoir dirigé le théâtre des Va-
riétés, et avant de diriger celui des
Bouffes, Noriac fut rédacteur en chef du
Soleil, un journal parisien dont les ré-
dacteurs ont eu de singulières desti-
nées.
Pour secrétaire de rédaction, Noriac
avait Eugène Schnerb, aujourd'hni di-
recteur de la Sûreté générale.
Le feuilleton était signé Henri Cha-
brillat, devenu directeur de l'Ambigu.
Le fondateur du Hanneton, le fantaisiste
marquis Le Guillois, était chargée des
Echos, et notre regretté Lafargue ré-
digeait les bruits de coulisse.
Les caves du Grand-Hôtel
Jl y a quelque temps, nous avons parlé
de la richesse des approvisionnements
du Grand-Hôtel au point de vue vinicole.
Les résultats de la récolte annuelle pour-
raient faire croire que la Société fer-
mière suivra l'exemple d'un grand nom-
bre de maisons et augmentera ses prix
immédiatement.
Il n'en est rien. Grâce aux achats faits
en temps opportun, la Société fermière
maintiendra ses anciens prix jusqu'à la
fin d'octobre.
Le temps magnifique qu'il a fait hier a
contribué pour une bonne part à l'écla-
tant succès de l'ouverture des nou-
veautés d'hier aux grands magasins du
Louvre.
L'affluence des visiteurs a été telle que
le résultat du pointage effectué à toutes
les portes ne pourra être totalisé avant
une heure avancée de la nuit. Au mo-
ment où nous celions sous presse, on
peut affirmer que quatre-vingt-cinq mille
personnes environ son; entrées dans les
magasins. ̃•̃̃•̃̃-
Quant au chiffre des yenies, il dépasse.
de beaucoup celui de la journée corres-
pondante de 1881. Ainsi, le seul rayon
des soieries a encaissé plus de neuf cent
mille francs. Les vêtements oonfection-
nés Quatre cent mille!
On nous demande si, en wagon, les
personnes placées dans les coins ont le
droit de baisser ou de lever les glaces,
à leur fantaisie, sans consulter les autres
voyageurs. '̃ '•
II nous semble que le fait d'être près
d'une portière ne donne pas à celui qui
occupe cette place le droit d'en disposer
à sa volonté.
On comprend que, toutes les glaces
fermées, un voyageur réclame, à bon
droit, un peu d'air; et que, les deux por-
tières se faisant face étant ouvertes, un
autre proteste contre les courants d'air.
Ces questions-là, selon nous, doivent
se vider à l'amiable, aussi courtoise-
ment que possible.
Mais, toute courtoisie à part, nous
sommes d'avis que l'aération d'un wa-
gon doit être mise aux voix et que la mi-
norité doit, alors, se conformer à la dé-
cision de la majorité.
Une assez jolie anecdote à ce propos
Dans la diligence allant des Ifs à
Etretat, une seule croisée, celle du fond,
est ouverte.
Un voyageur, ouvrant 'celle qui est
derrière lui
On étouffe, ici 1
Deuxième Voyageur. Oh quel cou-
rant d'air! vous allez me faire prendre
une fluxion de poitrine.
Premier Voyageur. Eh! monsieur,
votre fluxion de poitrine, vous ne l'au-
rez que dans deux ou trois jours; tandis
que moi, je vais étouffer tout de suite I
Un romancier de notre connaissance
est d'une paresse sans égale en ce qui
regarde toutes les habitudes du corps,
cri outre, -et probablement à cause de
cela, assez peu connaisseur des choses
de la nature.
C'est ce qui lui a fait écrire ce com-
mencement de chapitre
Extrêmement matinal, le comte était tou-
jours levé à trois heures de l'après-midi. Mar-
cheur intrépide, il ne craignait, pas de se
rendre tout d'une traite des solitudes impéné-
trables du parc Monceau, où il s'était retiré,
pour aller diner Paris,au boulevard. Aussi,
le soir, avait-il bien gagné la voiture qui le
ramenait à sa chère forêt.
NOUVELLES A LA MAIN
Un disciple de Baudelaire s'est imposé
la mission de « déraciner les préjugés» »
en tout ce qui concerne mœurs, senti-
ments, etc.
L'autre jour, il disait devant plusieurs
personnes ̃' • ..̃̃'
Tenez, j'étaisreçu dans la maison de
mon meilleur amisurle pied de l'intimité
la plus confiante. J'en ai abusé pour le
tromper lâchement.
Eh bien [contrairement à ce que tout
le monde pourrait croire, je n'en ai
éprouvé qu'une satisfaction des plus mé-
diocres
Quelques jolis mots de Noriac.
Dans le Capitaine Sauvage « Si les
hommes pensaient au châtiment qui doit
retomber sur les leurs, ils regarderaient
à deux fois, avant de faire des enfants.
ou de mauvaises actions. »
#
OFFICIER DE fortune. Un officier,
qui n'en a pas. **#
SUFFRAGE universel. L'injonction
des incapacités.
**#
̃ Démocratie. L'horreur du despo-
tisme. poussée jusqu'à la tyrannie 1
Etc.
Un passant aacheté chez un marchand
d'habits, à la chute du jour, un paletot,
qu'il croyait couleur prune.
Le lendemain, s'apercevant que le pa-
letot est « vert », il va réclamer chez le
marchand, qui lui répond:
Un peu de patience, mon bon mon-
sieur. il n'est pas encore mûr!
"Un affreux voyou, vêtu d'une longue
blouse bleue, les deux mèches tradition-
nelles collées sur les tempes, est sur le
banc de la police correctionnelle.
LE président, à l'accusé. Il paraît
qu'en rôdant devant la boutique d'un
épicier, vous lui avez volé un hareng?
L'accusé, d'un air aimable. Comme
l'a dit le poète, monsieur le président
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
Le Masque de fer.
LA VIE EN PROVINCE
M NOTAIRE FANTAISISTE
Je viens de passer quelques jours dans
la Dordogne, un de nos plus vastes dé-
partements, le troisième sous le rapport
de la superficie; sa longueur du nord au
sud, de la Charente au Lot, mesure plus
de trente-cinq lieues.
Dans le Périgord, on ne 'parle que de
deux choses du phylloxéra, qui a com-
plètement détruit un des plus abondants
vignobles de France, et de Mary Cliquet,
notaire à Mareuil-sur-Belle, actuellement
sous les verrous dans la prison de Non-
tron.
L'aspect de ces contrées, jadis si pros-
pères avec leurs immenses récoltes de
vins, serre le cœur. Les ceps dénudés,
noircis, se dessèchent, se recroquevillent
.et semblent rentrer dans la terre.
Les populations étaient déjà fort peu
disposées à la joie, lorsqu'à leurs inquié-
tudes la justice se mêla d'en ajouter
d'assez graves, il y a quelques jours, en
mettant la main au collet d'un de leurs
notaires, un notaire doublé d'un homme
politique bruyant, qui faisait trembler
le Périgord, très connu égaiômèrit àPà-
le PérlgQr¡;l, trèsCQijnu 'égaiénlêat à Pil-
jriMajQliemottdede certains tbjâlres.,
et dont les aventures ultra-fantaisis-
tes iront grossir le recueil des causes
les plus célèbres. Mon ami, Albert Ba-
taille, aura là, dans quelques mois, une
superbe matière à chronique judiciaire.
Je dis dans quelques mois, car l'instruc-
tion sera fort longue, On va en juger,
par ce que.j'ai appris.
Mareuil-sur-Belle, chef-lieu de canton
du Périgord, limitrophe de l'Angoumois,
vit arriver dans ses murs, il y a dix ans.
à la fin de i882, un jeune notaire, bel
homme, avantageux, rempli d'audace, le
verbe haut, nommé Mary Cliquet. il
était parvenu au notariat au moyen d'un
faux, et s'était délivré à lui-même un di-
plôme de licencié en droit de la Faculté
de Caen, signé Demolombe. Le second,
relevé dès les débuts de l'instruction,
est de 1873. Cliquet n'avait pas attendu
un an depuis son installation, pour.se
lancer dans une série de faux qui paraî-
tront invraisemblables. Ainsi, il imitait
la signature du conservateur des hypo-
thèques de Nontron, de manière à trom-
per les yeux de ce fonctionnaire.
Est-ce bien là votre signature? lui
demanda le juge d'instruction en lui
montrant un acte.
Parfaitement.
Et celle-ci?
Egalement.
Il fallut recourir aux registres pour
montrer au Conservateur, que les actes
n'ayant pas été transcrits, il n'avait pu
les signer.
Mary Cliquet en était arrivé à fabri-
quer des composteurs, imitant les visas
de l'enregistrement et s'en servait sui-
vant son bon plaisir. ¡',
Cet homme était né faussaire. Il s'était
procuré– de quelle façon? –des feuilles
de route imprimées, d'officier, s'était
fait fabriquer un timbre avec le nom du
7° régiment de ligne, et voyageait ainsi,
avec économie, n'ayant à payer que
quart de place. Inutile d'ajouter que,
pour inspirer plus de confiance aux em-
ployés des chemins de fer, sa bouton-
nière était flambante de rosettes écar-
lates.
Cliquet fut mordu par la fantaisie
de briller au premier rang, et de devenir
auteur dramatique. Le théâtre des Na-
tions donna dé lui, l'an dernier, les
Nuits du boulevard, drame tiré d'un
roman de Pierre Zaccone.' Au théâtre
Cluny, il fit jouer une petite pièce sur
le divorce, intitulée C'est la loi 1
Aux Périgourdins qui me racontaient,
quelques-uns les larmes aux yeux, et
pour cause, cette étrange histoire, je
disais
t- Voyons un notaire de campagne
qui court à Paris les petits théâtres, cela
ne vous a-t-il pas paru quelque peu sin-
gulier ?
Monsieur, il revenait de Paris avec
des sacs d'éeus, ses bénéfices au théâtre,
et nous croyions qu'il avait une fortune,,
devant lui.
Ces sacs d'ccus rapportés de Paris sont
toute une histoire.
L'instruction a découvert que Mary
Cliquet, pendant ses séjours à Paris,
s'affublait du titre de marquis de la Côte.
Les petites dames ne le connaissaient
que sous ce nom, et il s'en servait pour
escroquer de l'argent à de crédules ban-
quiers. Il y a donc encore, par ce temps
de krachs, de crédules banquiers?
• Je suis le marquis de la Côte, leur
disait-il; j'ai de grandes terres en Péri-
gord. J'aurais besoin de cent cinquante
mille francs. Mon notaire est M. Mary
Cliquet, un très brave homme qui vous
fournira les renseignements que vous
pourrez désirer sur ma fortune.
Le faux marquis de la Côte gagnait do
vitesse son étude de Mareuil, et faisait
de lui-même les plus hyperboliques
éloges.
Les pauvres paysans qui avaient le
malheur de s'aventurer dans son antre,
étaient vite dépouillés. Pour les éblouir,,
il avait imaginé de remplir des sacs de
gros sous et les déplaçait sous leurs
yeux, avec ostentation, dans son coffré-
fort.
Tous les moyens lui étaient bons pour
leur voler leur argent. Un jour, un indi-
gène lui montre une créance sur un gen-
tilhomme très honorable et très riche du
pays.
Je vais te la garder, lui dit-il. Elle
sera mieux en sûreté ici, que chez toi.
L'homme la lui remet sans défiance. Le
notaire Cliquut se rend chez le gentil-
homme, la créance à la main.
-Mon client, lui dit-il, a besoin d'être
remboursé.
A cela ne tienne, fut-il répondu. Le
billet n'était que de 800 francs. Cliquet
empocha l'argent que le paysan ne re-
verra plus.
Ces pauvres paysans, pardonnez-moi, lecteur,
Ces pauvres paysans, je les ai sur le cœur 1
Sur ses relations dans le monde des
théâtres de Paris, l'acte d'accusation
contiendra des révélations qui feront
pousser bien des oh et des ah l
Cliquet recevait parfois, de Paris, des
demandes d'argent qui s'élevaient jus-
qu'à 10,000 francs. Et les 10,000 francs
étaient envoyés. C'étaient les économies
de ces malheureux paysans qui étaient
jetés dans quelque gouffre théâtral.
Il y a un an encore, ce roi des faus-
saires était maire de Mareuil. Il était
prodigue et fastueux. Sur la façade delà
mairie, au-dessous de l'horloge, on m'a
montré, mardi, gravée en lettres d'or,
sur une plaque de marbre noir, Tinscrip^
tiftn suivante
CETTE HORLOGE A ÉTÉ DONNÉE EN 1831
PAR MARY CLIQUET
MAIRE DE MAREUIL
Elle n'a peut-être pas été payée, non
plus que d'autres dépenses qu'il se van-
tait de prendre à son compte, et qui vont
retomber la charge de la petite ville.
Un de ses riches clients perd avec lui
150,000 fr. Dans le nombre de ses vic-
times, se trouve l'éternelle malheureuse
femme qui avait placé chez lui tout son
avoir, 10,000 fr. et qui est réduite à
mendier.
La fureur contre lui est à son comble.
Quand on l'extraira de là prison de Non-
tron, pour le conduiro à~ l~i; ieuil, iprs
tron, pour le conduire à IVxJ11*6111 î8
des confrontations, on devra sou,5ef ?̃ le
préserver contre l'irritation pbpu J111"
j, Ce peuple^ d'ordinaire très doux, est p\gï>
1 fois profondément remué et ressent dei
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