Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1882-09-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 septembre 1882 10 septembre 1882
Description : 1882/09/10 (Numéro 253). 1882/09/10 (Numéro 253).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k278320w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Dimanche 10 Septembre 1882
Le Numéro 15 cent, à Paris, 20 cent, dans les Départements
28e Année. 3° Série. Numéro 283
H. DE VILLEMESSAN.T
Fondateur ̃“
FtRNAND DE ROQAY* r.
Administrateur
ABONNEMENTS ~èft.
Départoment» Trois mois « i » tr oy
Paris Trois mois t • t 1 6 ''•
ANNONCES ET RÉCLAMES
CoiXinoEH Fils, Segut ET C>«, 16, rue Granqb-BatkuÈB*
ET A. L'AflMlMISIRATIOS
FRANCIS MAGNARQ
Rédacteur en ekef
$. PERI V 1ER
Secrétaire de la Rédattlot'-
REDACTION
De midi à mi,nuit, rue Drouot, 86
£ès manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
B6, rue Drouot, 26
sommaire;
Contes Parisiens Fr.ascata.. ̃̃̃̃'̃ ̃̃
ECHOS DE Paris Le Masque de Fer.
Années D'APPRENTISSAGE Victor Capoul.
PARIS AU Jour le JOUR -.Adolphe Racot.
L'Œuvre Lamouroux Charles Daubige.
NOUVELLES Diverses Jean de Paris.
AFFAIRES D'EGYPTE Sidi,
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES ArgUS.
LA BOURSE La Financière.
PREMIÈRES représentations Auguste Vitu.
COURRIER DES Théâtres Jules Prével.
LaSoijiéeThéatrale: Un Monsieurde l'Orchestre.
SPORT Robert Millon.
Feuilleton CORDOYAL Louis Enault.
CONTES PARISIENS
MADAME DE SADE
(*"« f /S ï •«: i • » « »" Y i""S
La malheureuse, elle n'osait pas lever
les yeux. Elle se recroquevillait dans
son châlè usé, honteuse de ces regards
curieux qui la dévisageaient, et d'être là
toute seule, abandonnée comme une va-
gabonde des grands chemins, après la-
quelle les chiens des fermes hurlent au
passage, et qui, chassée partout, sahs
parents, sans amis, roule chaque soir au
creux des fossés, quand se lève l'heure
étoilée du sommeil.
Machinalement, dans une torpeur de
tout son être, elle écoutait la bourdon-
nante rumeur des gens qui chuchotent à
voix basse, des traînements de pieds sur
Teplancher, de la porte qui s'ouvre et se
;referrne, et les phrases bêtes que débi-
tait le substitut d'un ton pâteux, mono-
tone,pareil à la psalmodie d'une antienne
d'église. Tout à l'heure, elle avait ré-
pondu aux questions presque méprisan-
tes des magistrats, très timidement, par
des monosyllabes balbutiés, à peine in-
telligibles. Ses bandeaux plats, lustrés,
:sa laideur vulgaire de bourgeoise, dont
4e teint se décolore derrière un comptoir
de magasin, la toilette, soigneusement
rafistolée, qui sentait la gêne, les gros
_,sous dépensés à regret, le chapeau noir,
aux brides luisantes, puis cet aspect
souffreteux, minable, le pli des rides, la
cernure maladive des paupières, l'ava-
cbissement du dos, comme habitué aux
horions, apitoyaient ceux qui étaient
venus là comme à une partie drôle de
fête foraine où l'on entre dans les bara-
_ques des monstres.
L'androgyne troublant que l'on sefigu-
,rait, l'audacieuse qui avait mêlé de la
Ikme à^ôn encre, et gravé à. la première
page de ses livres, comme une marque
de fabrique, le nom honni du marquis de
Sade, la femme qu'on croyait pire que
belle avec des yeux caves où s'allument
d'impossibles désirs, des lèvres comme
'saupoudrées de poivre rouge et dont on
espérait des invectives insolentes, hau-
taines, souffletant le tribunal, n'était
donc que cela. Une petite boutiquière
simplette, sans âge, plus mal attifée
qu'une poupée de pauvresse -ce qu'on
voit tous les jours dans les rues calmes
du Marais, et le dimanche, sur les chai-
ses alignées des Champs-Elysées, tandis
;que les voitures défilent parmi une
brume blonde de poussière, et qu'au
bout de la procession apparaît la trouée
béante ,de l'Arc-de-Triomphe.
Le désappointement fut comique .On eût
dit que l'on assistait malencontreusement
à une pièce où nejouent quedes comparses
ennuyeux, et beaucoup n'attendirent pas
le verdict indulgent qui condamnait
« Valérie Prunet, femme Milotte, dite
Mme de Sade», à trois mois de prison
et deux mille francs d'amende pour ou-
trages aux bonnes mœurs.
"'•̃̃̃̃ »** ̃'̃̃
Ecrire malgré soi des gravelures mal-
saines qui n'ont même pas la pirouette
gouailleuse, le fleur de poudre à la ma-
réchale, l'éclat de rire souligné d'un coup
d'éventail sur les doigts trop entrepre-
nants, la polissonnerie élégante, raffinée
des conteurs galants de l'autre siècle ¡
noircir du papier de choses sales comme
un voyou qui charbonne le long des
murs d'informes esquisses et -parce que
la peur d'être battue vous soumet despo-
tiquement, faire ce métier ignoble lors-
qu'on est honnête, lorsqu'on n'a jamais
eu d'autre rêve que de vivre paisible-
ment à la campagne, de passer des
heures à ravauder du linge sur un banc
de jardin que les feuilles couvrent d'om-
bre, d'avoir une cuisine où le soleil s'at-
tarde à illuminer les cuivres et des en-
fants auxquels on apprend sur ses ge-
noux l'alphabet lettre par lettre! N'est-ce
pas une torture lente qui idiotise, qui
vide le cerveau frêle d'une femme et la
sèvre peu à peu de toute croyance, de
toute illusion? Mme de Sade la femme
Valérie Milotte, comme disait le juge-
ment endurait ce supplice, et c'était là
le secret amer que les spectateurs de
l'audience n'avaient pu deviner. Cette
condamnation la réjouit autant qu'une
bonne nouvelle. La prison lui apparais-
sait comme un refuge, un coin désirable
où elle se reposerait enfin, où durant
plusieurs semaines elle ne verrait plus
.son mari, elle n'obéirait plus au maître
ainsi qu'une bête de somme que tour-.
mentent les cinglées du fouet.
Avant de rencontrer sur sa route'
l'homme qui devait l'exploiter comme
un champ qu'épuisent des mains âpres
de paysan, Valérie était institutrice et
courait le cachet dans les petits pension-
nats de jeunes filles. Il lui restait de ses
lectures trop nombreuses et des études
classiques une espèce de bas-bleuisme
douteux, une teinte vague de littérature,
ce qui suffit maintenant aux gazetiers
féminins pour secouer un chapelet d'épi-
thètes précieuses au milieu d'un article
de modes ou délayer longuement une
histoire sentimentale qui tiendrait en
deux couplets de romance.
Milotte séduisit l'institutrice. Ii avait
du bagout, une carrure de lutteur, quel-
que chose comme de la bonté dans les
yeux et ne proférait jamais le moindre
mat grossier. VaW ?ie se'Tîmagina sé-
rieux et droit, incapable de la, ̃'tromper;
Un de ces compagnons alertes sur les-
quels une femme s'appuie comme un
être débile sur un bâton solide. Et avec
une joie franche, elle mit ses deux mains
dans les siennes et se leurra d'un bon-
heur chimérique, le bonheur d'aimer,
le conte bleu qu'on lit si rarement jus-
qu'au dernier chapitre. A eux deux, ils s ga-
gnaient de quoi vivre. Elle en donnant
ses leçons, lui en colportant secrètement
chez certains libraires ces libelles or-
duriers qui sont imprimés, on ne sait où,
sur du mauvais papier à chandelles.
Le courtier avait la verve canaille des
blêmes camelots qui traînent inquiète-
ment dans la lumière fausse des cafés
du boulevard et vendent aux imbéciles
leurs paquets de cartes transparentes.
Ses boniments interloquaient. Il obtenait
tout ce qu'il exigeait, dupait les uns,
malmenait les autres, se plaignait, se
fâchait, marchandait, suppliait, dépliait-
et repliait à cinquante reprises son pa-
quet jusqu'à ce que le libraire, assourdi,
obsédé, roulé, bougonnât piteusement
Ce sacré Milotte 1 On ne peut rt.sn
lui refuser 1
Valérie l'ignorait.
Bientôt le courtier se lassa de trouer
ses semelles à cette besogne aventureuse.
Le mariage l'engraissait. Il craignait ces
dénonciations anonymes qui vous en-
voient, un beau matin, à la correction-
nelle. Puis, un besoin de paresse l'en-
gourdissait. Il avait un appétit enragé de
jouissances inconnues, une nostalgie de
rigolades folles avec des cabotines qui
l'amusera.ient à son tour comme elles
amusaient les autres 1 Il chercha vaine-
ment. Ses projets avortaient. Et, tou-
jours il fallait continuer ce métier de
chien, les stations interminables dans
les librairies et les boniments qui en-
rouent. Alors Milotte songea que sa
femme était institutrice. Une institutrice
devait savoir écrire. Elle pouvait entre-
prendre des livres aussi bien que les
marchands d'encre. Désormais, il tra-
vaillerait pour son compte. Ensemble ils
cuisineraient des histoires gaillardes,
plus faisandées, plus libertines que celles
dont les titres s'étalaient sur ses catalo-
gues. Ce serait édité à vil prix, en Bel-
gique. Et il aurait les poches pleines, il
gagnerait de l'argent à poignées, tran-
quillement, avec une impudeur sereine,
car il s'abriterait derrière les jupons de
sa femme et ne quitterait pas dans les
bagarres son paisible trou de souffleur.
Il expliqua son projet à Valérie.
Celle-ci refusa' d'abord indignée, le
cœur soulevé de honte, et comme il la
menaçait de l'abandonner, de la chasser
dans la rue comme une chienne galeuse,
la jeune femme épouvantée consentit à
lui obéir, à se prêter à ce rôle repous-
sant.
Et le labeur odieux commença, le len-
demain.
Milotte lui dictait, ainsi qu'à une éco-
libre, des sujets brefs, notés à la diable,
d'immondes anecdotes qu'un vieux bris-
quard n'eût pas osé raconter dans sa
chambrée. Et si elle implorait, si elle se
rebellait, violemment il lui remettait la
plume aux doigts et d'une cognade bru-
tale la repoussait devant le manuscrit
inachevé. Elle n'avait pas un instant de
repos.
La lampe s'éteignait. L'aube mettait
ses transparences claires sur les vitres.
Elle peinait encore à sa table. Elle écri-
vait, elle écrivait, courbée, comme hal-
lucinée, comme à peine vivante. Sa vue
s'affaiblissait à force de pleurer, à force
de se brûler dans la contemplation fixe
du papier. Par moments elle retombait
lourdement contre le dossier de lachaise,
et les objets dansaient une sarabande
aveuglante autour de ses prunelles fati-
guées, avides de sommeil. Elle n'avait
plus la force de penser. Sa tête lui pa-
raissait vide, légère, comme une cage
dont les oiseaux se seraient envolés
brusquement. Et cette impression mor-
bide l'anéantissait.
Elle finissait par griffonner des lignes
et des lignes comme une mécanique qui
est remontée, et les phrases équivoques,
les expressions pimentées dégoulinaient
naturellement sur ses cahiers, comme
ces ritournelles obsédantes qui revien-
nent et qu'on ne parvient pas à chasser
de son souvenir.
Le courtier rentrait au logis, le matin,
dépenaillé, pliant les genoux, sentant le
cabinet particulier et l'opoponax des
drôlesses qu'il avait embrassées, et
quand la malheureuse s'était endormie,
quand le nombre des feuillets comman-
dés n'était pas complet, quand la tâche
accomplie ne lui plaisait pas, il l'invecti-
vait furieusement, il la rossait, l'écra-
sant sous le talon de ses bottes, la traî-
nant, la meurtrissant aux angles des
meubles et Valérie demeurait inanimée,
craignant de geindre et n'appelant pas
les voisins à son secours.
«*• ̃ >.
Milotte bénit les juges qui avaient con-
damné sa femme et battu ainsi la grosse
caisse pour les livres de Mme de Sade.
Il en vendit des milliers sous le manteau
à des prix extravagants. Cette aubaine
inespérée lui permit de boucher le gros
trou qu'avait creusé dans sa caisse la
défaite à Deauville du favori Monsignor
(par Trocadéro et lady Tempest). Et
tandis que Valérie coudoyait à Saint-La-
zare les prostituées" et les voleuses, il en-
leva très cavalièrement au duc de Villa-
court la petite Rosine Mirliton, un amour
de gamine blonde, mièvre 'comme une
figurine d'étagère et qui tout l'été
piaillait de si drôle façon aux Ambassa-
deurs la fable de l'Ecrevisse et du Cha-
meau.
Pauvre Mme de Sade Elle reviendra
au bout de ses trois mois tendre à nou-
veau son cou au collier de misère; elle
salira encore du papier malgré elle, et
elle sera condamnée d'autres fois comme
récidiviste, jusqu'à ce qu'enfin, désespé-
rée, lasse de souffrir cette Passion trop
cruelle, elle aille banalement se noyer
dans la Seine, la grande rivière mater-
nelle dont la voix sombre convie les mal-
chanee.ux à l'éternel repos e
JPrascat».
Échos de Paris
LA. Température. La situation atmos-
phérique générale ne s'est pas sensiblement mo-
difiée. Le vent d'entre nord et est persiste en
France, avec ciel nuageux. Des orages sont
toujours probables dans le Midi.
Le thermomètre ne varie point non plus.
Hier, à Paris, où le ciel est resté complètement
couvert, il a marque sept heures du matin,
13°; midi, 190 trois heures, 20°.
À TRAVERS PARIS
Aujourd'hui, à deux heures, courses
au Bois de Boulogne. Gagnants de Ro-
bert Milton.
Prix de Passy Armide.
Prix Jouvence Narcisse.
Prix de Chantilly Mlle de Senljs..
Prix de Villiers: Cambrai.
Prix de Versailles Chemellier.
Prix de Bellevue Péronne.
Il paraîtrait que le ministère Duclerc,
qu'on s'est efforcé de faire passer pour
un ministère de vacances, tiendrait au
contraire essentiellement à ne pas céder
sa place à un autre cabinet.
M. Duclerc, comme tout ministre qui
se respecte, entend avoir, au début de la
prochaine session parlementaire, une
interpellation-suT la politique qu'il a l'in-
tention de suivre. Il veut obtenir son
ordre du jour de confiance.
La politique intérieure et la politique
extérieure du cabinet Duclerc seront exa-
minées parles membres des deuxCham-
bres. Puis, le président du Conseil fera
connaître aux élus du peuple les projets
de loi élaborés durant les vacances par
le ministère.
Dans les régions officielles on assure
que le Gouvernement songe à convoquer
le Parlement dans les derniers jours
du mois d'octobre.
C'est pendant le Consistoire qui sera
tenu à Rome du 20' au 30 de ce mois par
S. S. le pape Léon XIII que Mgr Czacki
sera élevé officiellement à la dignité de
cardinal.
Après la cérémonie de la remise de la
barrette, qui aura lieu àl'Elysée dans les
premiers jours d'octobre, Mgr Czacki
partira pour Rome. La santé du nonce
continue à s'améliorer lentement.
•*#
La- nomination de Mgr Camillo di
Rende, archevêque de Bénévent, à la
Nonciature deParis.en remplacement de
Mgr Czacki, sera annoncée officiellement
au cours du même Consistoire.
Le nouveau Nonce est un ami particu-
lier du' Saint-Père, qui l'a choisi lui-
même en dehors de toute recommanda-
tion. Nommé évoque à trente ans et
archevêque à trente-deux, il n'a, comme
nous le disions hier, que trente-cinq ans.
On annonce que, suivant l'exemple
donné par M. le général Lecointe, gou-
verneur de Paris, M. le vice-amiral Po-
thuau vient de se démettre de ses fono-
tions de vice-président de la Ligue des
Patriotes.
Retours et départs officiels.
L'amiral Jauréguiberry a dû rentrer
h ier à Paris. Le ministre de la marine
vient de Royat.
M. Tirard ayant repris possession du
ministère des finances, l'intérim dont
était chargé M. Duclerc a naturellement
pris fin.
Le général Pittié sera absent de Paris
pendant quarante-huit heures.
Enfin signalons le départ de M. Gam-
betta, qui, suivant sa coutume annuelle,
est allé passer quelques semaines au
château des Grêtes,chez Mme Arnaud de
TAriège.
On cite M. Bardoux comme devant se
rendre prochainement à Mont sous-
Vaudrey.
Le général Billot, ministre de la
guerre, a décidé d'assister aux opéra-
tions décisives des grandes manœuvres
qui seront exécutées par le 14° et le
15° corps, réunis aux environs d'Orange,
vers le 15 septembre.
L'effectif des troupes de ces deux corps
représente environ 40,000 hommes.
La grande revue finale, à laquelle doit
assister le ministre, aura lieu entre
Orange, Piolene et Courthéson, le sa-
medi 16 ou le dimanche 17 septembre.
L'union civile de M. Castagnary, con-
seiller d'Etat, avec Mlle Viteau, a été cé-
lébrée hier, à cinq heures de l'après-
midi, à la mairie de Saint-Mandé.
Trois cents personnes environ envahis-
saient, dès quatre heures et demie, la
coquette petite mairie. Une heure plus
tard, on signalait l'arrivée des futurs
époux.
La future Tétait particulièrement gra-
cieuse dans sa robe de satin broché.
Le futur, très émotionné, avait cepen-
dant la tenue qui sied à un conseiller
d'Etat d'une cinquantaine d'années.
Le monde officiel était représenté par
MM. Camescasse, Caubet, Arthur Ranc,
plusieurs conseillers généraux et muni-
cipaux.
Beaucoup de toilettes élégantes, mais
cérémonie des plus simples. Après la
lecture des actes légaux, M. Meunier,
maire de Saint-Mandé, a adressé aux
conjoints une allocution qui n'a été en-
tendue que d'eux seuls. Lecture est faite
ensuite des articles du Code.
Puis les témoins MM. Spuller, dé-
puté Corbon, sénateur d'Havernas,
conseiller général, et Boulanger, négo-
ciant, signent l'acte de mariage.
La quête réglementaire pour les pau-
vres a été faite par Mlle Viteau, sœur de
la mariée, et, à six heures un quart, la
place de la Mairie de, Saint-Mandé, en-
combrée jusqu'alors d'une population de
curieux, était rendue à la circulation.
Demain lundi, aura lieu le mariage
religieux. •
Ij'
Ces jours derniers s'est éteint à Men-
necy (Seine-et-Oise), un compositeur de
talent, auquel îf n'a manqué qu'un peu
̃de chance po~r arriver à la réputation.
Georges Michaux, né. en 1806 à Lei
bach, en Illyrie, avait, dès l'âge de qua-
torze ans, conquis une précoce renom-
mée en composant une marche militaire
si entralnante, qu'elle fut jouée par toutes
les musiques des régiments. •
Plus tard,il donna à l'Opéra de Vienne
plusieurs œuvres dont l'exécution lui
valut les plus légitimes applaudisse-
ments, entre autres le Roi des Fées, la
Fête des ouvriers, etc., etc.
Vieux et malade, il avait été recueilli
par une famille charitable, et il repose
par ses soins dans un humble cimetière
du village.
Parmi les officiers étrangers qui vont
suivre nos manœuvres, se trouve le co-
lonel Brassine, commandant de brigade
belge, qui n'est pas un inconnu pour
ceux qui ont visité nos prisonniers in-
ternés au camp de Beverloo en 1871.
Nous nous rappelons, avec une re-
connaissance que partageront tous ceux
que le sort de nos armes avait jetés sur
le sol hospitalier de la Belgique, la sol-,
licitude et l'activité que le jeune com-
mandant d'alors déployait pour adoucir
les douleurs patriotiques de nos mal-
heureux soldats. Le colonel Brassine est
assuré de recevoir parmi nous un ac-
cueil particulièrement sympathique.
~f~t–
Demain lundi, à midi, auront lieu, à
l'église Saint-Séverin, les obsèques de
M. Joseph Liouville, membre de l'Aca-
démie des sciences, professeur au Col-
lège de France et commandeur de la
Légion d'honneur, décédé subitement à
Paris hier matin.
Le corps sera porté au cimetière Mont-
parnasse.
Rencontré hier dans la cour d'honneur
du Grand-Hôtel, l'un des plus fastueux
voyageurs de l'Europe, le marquis de
Campo, le banquier célèbre de Madrid,
et le propriétaire des grandes lignes
postales espagnoles.
Il y a quelques jours, le Figaro rédui-
sait à ses véritables proportions- l'anti-
que « droit du seigneur. »
Un mot maintenant du fameux « droit
de jambage. »
Un de nos abonnés a copié spéciale-
ment pour nous, dans un vieux terrier
seigneurial existant aux archives de sa
commune (Molliens-Vidame(Somme), et
sous la rubrique « Droits du Seigneur »,
l'article que voici
DROIT DE JAMBAGE
J'ai droit de jambage sur toutes les bouche-
ries qui vendent porc, qu'il est tel que de cha-
cun des dits porcs m'est dû l'un des pieds de
devant, qui se coupe à deux doigs .au-dessus
du jarret.
On voit, d'après cela, que le droit de
jambage ne concernait absolument que
les porcs..
Où l'on chassait le cerf, il n'y a pas
encore cent ans.
Maxime du Camp raconte, dans son
intéressant ouvrage sur Paris, « qu'au
mois d'avril 1787, le duc d'Orléans, em-
porté dans une chasse au cerf, poursuivit
l'animal lancé jusque dans Paris, à tra-
vers le faubourg Montmartre, la place
Vendôme, la rue Saint'-Honoré, la place
Louis XV, renversant et blessant plu-
sieurs personnes sur son passage.»
Il faut convenir que Paris a subi
quelques transformations depuis cette
époque.
Nous avons publié dernièrement, d'a-
près le Journal d'Albert (Somme), l'an-
nonce bizarre d'un concours de pêche à
la ligne, ouvert à Arras.
Le même journal nous apporte aujour-
d'hui l'annonce non moins étrange d'un
concours de jeux de piquet et d'écarté
qui aura lieu le lundi 11 septembre pro-
chain, à Thiepval.
Nous nous bornons à en détacher les
lignes suivantes
1" prix Une médaille en vermeil gr. m.
offerte par M. Magniez, sénateur.
2° prix Une médaille en vermeil gr. m.
offerte par M. Toulet, député.
3° prix 6 cuillers à café en ruoltz offertes
par M. le baron Le Feuvre, conseiller général,
4° prix Un réveil-matin offert par M. le
comte de Breda.
5°prix Un rôti de veau offert par M. Alfred
Caumartin, à manger chez le débitant.
Est-ce que l'encouragement aux jeux
de piquet et d'écarté fait partie du pro-
gramme politique imposé à MM. Magniez
et Toulet par leurs électeurs?
NOUVELLES A LÀ MÀIN
Authentique.
La femme d'un député confie à une de
ses amies cet espoir, certain selon elle
A la rentrée des Chambres, il y
aura un changement de ministère, et
mon mari sera nommé ministre ou sous
secrétaire d'Etat.
A quel département ? 2
L'autre, avec hauteur
Eh ma chère, département de la
S eine <
Boirot s'est faufilé, on ne sait com-
ment, chez la comtesse de B.
Le soir, la maîtresse du lieu lui offre
un grog et le lui prépare de ses blanches
mains.
Boirot, lui poussant doucement le
coude
Allez toujours. Je ne crains pas
qu'il soit un peu plus foncé en couleur l
La cuisinière et ta femme de chambre
d'une cocotte causent des habitués de la
maison.
II me semble, dit la cuisinière,
qu'on ne voit plus beaucoup monsieur.
.monsieur- vous savez bien? ce grand
blond? 1-
Ah oui le déluge 1
Pourquoi donc rappelez-vous a le
déluge?»
Dame, « parce qu'il a plu » pendant
quarante jours! "•
La petite Eva, qui a cinq ans, est allée
passer les vacances à la campagne, chez
ses grands parents. Le matin du premier
jour, à son réveil, elle va embrasser sa
grand'mère qui lui demande si elle a
bien fait sa prière
Oh! répond l'enfant, je ne la fais
que le soir en me couchant.
Il faut cependant remercier Dieu du
bon sommeil qu'il t'a donné.
Mais, bonne maman, je n'ai pas
dormi de la nuit I
Le Masque de fer.
ANNÉES D'APPRENTISSAGE
En revenant d'Amérique, notre ami Capoul
veut consacrer ses loisirs à achever ses mé-
moires dont il a depuis longtemps d'ailleurs
commencé la rédaction; il veut bien nous en
communiquer un chapitre fort piquant sur
ses premiers pas dans la carrière artistique.
Chez Auber. Le cours do Révial. Savei-
vous lire î Le Conservatoire. Les pension-
;ss,n!3iïes. ̃
Ma première visite, de retour dans la
capitale, fut pour Auber. Tout Paris con-
naît l'hôtel de la rue Saint-Georges que
l'illustre compositeur habita pendant si:
longtemps. Je sonnai à la petite ouver-
ture découpée dans un des battants de
la porte cochère, qui s'ouvrit sous l'im-
pulsion d'une chaînette en fer tirée par
une affreuse vieille, espèce de fée Cara-
bosse, aboyant plutôt qu'elle ne répon-
dait à la nuée d'importuns qui venaient
journellement frapper à la porte du maî-
tre.
Monsieur Auber, lui dis-je timide-
ment.
Mon air de jeunesse ou de provincial
fraîchement débarqué m'attira sans
doute sa compassion, car elle fut relati-
vement polie.
Monsieur Auber? grogna-t-elle. Que
lui voulez- vous?. Vous attend-il? Mon-
tez au premier; si on vous reçoit, vous
le verrez bien.
Je n'en demandais pas davantage et
je grimpai quatre à quatre les marches
de pierre du vieil escalier.
Quelques minutes après, un valet -de
chambre m'introduisit dans un vaste
salon blanc et; or, où je restai seul.
~'f, #*# '• -̃̃
Des meubles en acajou, plaqués de
garnitures dorées, garnissaient l'appar-
tement sur la vaste cheminée de mar-
bre blanc, une haute pendule style em-
pire, dont te tic-tac monotone résonnait
sèchement, battant à l'unisson de mon
cœur au milieu du salon, le long piano
à queue, tout chargé de partitions
d'orchestre et, à côté, un autre de moin-
dre dimension, dont les longues touches
noircies de taches d'encre et creusées
par l'usage trahissaient le long labeur
d'où étaient sorties tant d'adorables par-
titions
Des feuillets épars, noircis de notes
microscopiques, gisaient ça et là, sur
les housses de toile bise qui recouvraient
les meubles, et sur la froide nudité des
murs, se détachaient de leurs cadres
d'or quatre grandes esquisses originales
de tableaux de Ingres.
Dans la pièce voisine, la chambre à
coucher du maître, où se profilait la si-
lhouette d'une très modeste petite cou-
che, au dessus de laquelle était accro-
chée une magnifique reproduction du
tableau des Trois Grâces, de Rubens,
qui jeta ma jeune imagination dans un
océan de perplexités délicieuses Heu-
reusement, Auber entra en ce moment,
ce qui vint jeter une salutaire diversion
aux pensées extravagantes qu'avait fait
naître en moi l'apparition de ces trois
déesses si peu vêtues.
•• .•̃ •*•̃/̃" '̃
-Vous voilàdoncde retour, mon jeune
ami? Eh bien, avez-vous travaillé, de-
puis notre entrevue de, l'année der-,
nière?
Voyons, chantez-moi quelque chose! I
et sans me laisser le temps de lui ré-
pondre, il saisit un morceau de musique
que j'avais sous le bras, qui n'était autre
que la cavatine de la Muette; il plaqua
les premiers accords du récit, dardant
sur moisesgrands yeux noirs papillotant
sans cesse,, mais comme j'hésitais
Allez, me dit-il de sa voix douce et
câline.
L'émotion me serrait la gorge; je
tremblais comme une feuille agitée par
un vent d'orage, car de cette audition
allait dépendre mon avenirl Ce fut,. je
puis le dire, une des plus fortes émo-
tions que j'aie jamais éprouvée de
ma vie I
Auber avait trop l'habitude de ces
sortes d'épreuves, pour ne pas faire la
part de mon inexpérience et de mon
émotion il daigna me donner quelques
encouragements, qui produisirent sur
mon cœur l'effet bienfaisant d'un baume
délicieux. Il me quitta un instant, et re-
venant bientôt après avec une lettre à la
main: «Vous avez encore quinze jours
avant de vous présenter au Conserva-
toire pour le concours d 'admission, allez
de ma part chez Révial, voici une lettre
pour lui. »
Dix ans plus tard, l'illustre composi-
teur devait écrire, pour l'élève inexpéri-
menté et hésitant qu'il venait d'entendre,
la partition dn Premier jour de bon-
heur I
*̃
Je ne perdis pas nne minute et courus
chez le maître de chant que venait de me
désigner Auber. J'arrivai chez Révial, à
l'heure même du cours qui avait lieu
trois fois par semaine, dans la salle à
manger de son appartement, trans-
formée pour la circonstance en classe
de chant.
.Une jeune fille chantait l'air d'entrée
du page des Huguenots, au moment où
j'allais sonner; des interruptions fré-
quentes me retinrent assez longtemps
sur te papier de la porle, et ce ae fut
qu'au point d'orgue final que je me dé.
cidai enfin, .à tirer le cordon de la son-
nette, dont les appels réitérés et sonores
mêlés aux jappements d'une nuée de
roquets, vinrent résonner bruyamment *t
dans le silence qui suivit l'exécution de
la cavatine de Meyerbeer.
J'entrai un peu embarrassé au milieu
de cette nuée d'oiseaux chanteurs, ma
précieuse lettre à la main.
Révial, après en avoir pris connais-
sance, me regarda attentivement et je
crus remarquer la bonne impression que
je lui fis tout d'abord.
Encore un Toulousain, s'écria-t-il.
Quel était votre état? Savez-vous
lire, au moins?
Ces questions faites à brûle-pourpoint
n'étaient guère à la louange des jeunes
gens touchés par la vocation du théâtre.
Oui, monsieur, lui répondis-je har-
diment j'ai môme reçu ce qu'on peut
appeler une jolie éducation; je pourrais
être médecin ou avocat, voire même
sous-préfet tout comme un autre, mais
je préfère devenir simplement chanteur.
Sa figure s'éclaira à cette réponse dé-
pourvue d'artifice et de modestie.
-Je ferai quelque chose de toi, répli-
qua-t-il sans me connaître ni m'avoir
encore entendu. Voyons donne un son
et mets-le sous l'influence d'une pensée
grave! Comme j'ouvrais la bouche, il
appliqua sa large main presque sur ma
-figure, ce qui me fit faire une grimace
horrible en donnant le son que je plaçai
je ne sais plus sous quelle influence,
mais que je filai assez habilement pour
qu'il se déclarât satisfait.
C'est bien. Allez-vous asseoir; et
me dirigeant du côté d'une brune très
gentille Non, mon ami, non, du côté
des hommes, s'il vous plaît, s'écria-t-U
au milieu d un éclat de rire général 1
C'était le type du bourru bienfaisant'
ses élèves le craignaient beaucoup, car
il avait une manière de nous dire à toi
qui nous donnait le frisson. Sa classe,
au Conservatoire, était la plus suivie et
généralement la mieux partagée dans la
distribution des récompenses de fin
d'année.
L'organe de Révial avait été assez
agréable aux temps lointains de Les-
tocq, dont il avait créé le principal rôle
à l'Opéra-Comique mais il ne lui res-
tait qu'une grosse voix surmenée par les
fatigues meurtrières du professorat et `
l'abus de la cigarette, qu'il fumait cons- `
tamment.
Sa tête respirait l'intelligence origi-
naire du Midi de la France, il avait tou-
tes les apparences des hommes du Nord, N
avec sa longue moustache d'un blond
fauve comme ses cheveux, son nez épaté
et ses deux petits yeux d'un bleu po-
laire.
Il rougissait de son origine plébéienne
et voulait absolument qu'un sang noble
coulât dans ses veines. C'étaient alors
des histoires de l'autre monde, toutes
entremêlées de visions ou d'évocations
surnaturelles, dans la grande salle du
château de.ses pères, sous les lambris
dofés de l'antique demeure aux appa-
rences monacales et tranquilles, que
nous écoutions sans sourciller, pour ga-
gner'l'indulgence du maître 1
A part cette faiblesse, qui seule
trahissait son origine de1 Gascon,ses qua-
lités comme professeur de chant étaient
inappréciables ,et reconnues de tous.
Sans être un véritable musicien, il avait
l'instinct des rhythmes et une façon per-
sonnelle de phraser qui se reconnaissait
chez tous ses éièves.
Je me présentai au grand jour deTé-
preuve définitive pour l'admission au
pensionnat du Conservatoire de Paris,
où je fus reçu d'emblée, et quelques
jours après j'endossai l'uniforme noir
aux lyres brodées d'or, bien souvent en-
trevues dans mes rêves 1
̃•̃ •>•
Le Conservatoire n'a rien de monu-
mental. Sa façade principale, donnant
sur le faubourg Poissonnière, composée
d'un rez-de-chaussée très haut et de
deux étages de moindre hauteur, res-
semble plutôt à un immense corps de
garde qu'à une école du gouvernement.
La bâtisse qui s'allonge du faubourg
Poissonnière jusqu'au coin de la rue du
Conservatoire est particulièrement triste
et sale.
Ce n'est qu'en entrant dans la cour in-
térieure qu'on a la sensation de la gran-
deur exacte du monument qui prend l'as-
pect, aux heures des cours, d'une vaste
caserne de province.
D'un côté, les classes d'instruments à
vent où trombones, clarinettes et pistons
s'en donnent à cœur joie, rappellent les
répétitions diurnes des musiques mili-
taires dans la chambrée, et de l'autre,
leur faisant face, les divers cours de
chant où ténors, basses, et barytons,
mugissent en compagnie de ces demoi-
selles, qui piaillent aussi à qui mieux
mieux.
C'est un tapage assourdissant, un
méli'inélo de sonneries cuivrées et de
vociférations, sous lesquelles disparais-
sent presque les accompagnements dis-
crets des vieilles épinettes Usées et des
pianos à queue de 1830, qui grincent et
grinceront encore sur des générations de
chanteurs et de chanteuses 1
Je me souviens qu'à l'époque de mon
admission au pensionnat (année 1859),
les journaux reprochaient à M. Auber de
délaisser le Conservatoire et de ne voir,
dans ses fonctions directoriales, qu'une
occasion propice do faire passer dans,
son cabinet les jeunes filles se destinant
à la carrière artistique.
Certes, l'aimable vieillard aimait à
s'entourer de jeunes et frais minois il
avait des attentions particulières mêlées
d'indulgences plénières pour les plus
jolies élèves du chant et de la comédie,
mais c'était là un péché mignon qui ne
lui faisait en aucune sorte négliger
tout ce qui pouvait relever le niveau des
études de son cher Conservatoire, au-
quel il donnait la plus grande partie de
son temps.
Jamait il n'eût décrété la suppression
du pensionnat, qu'on sera forcément
obligé de rétablir avant peu, si l'on
tient à ce que la graine, chaque
jour plus rare, 1 des chanteurs, ne
disparaisse pas !out à fait. On avait déjà
supprimé le personnel des .demoiselles
qui existait à la créatù?» de î'fecoie.
Le Numéro 15 cent, à Paris, 20 cent, dans les Départements
28e Année. 3° Série. Numéro 283
H. DE VILLEMESSAN.T
Fondateur ̃“
FtRNAND DE ROQAY* r.
Administrateur
ABONNEMENTS ~èft.
Départoment» Trois mois « i » tr oy
Paris Trois mois t • t 1 6 ''•
ANNONCES ET RÉCLAMES
CoiXinoEH Fils, Segut ET C>«, 16, rue Granqb-BatkuÈB*
ET A. L'AflMlMISIRATIOS
FRANCIS MAGNARQ
Rédacteur en ekef
$. PERI V 1ER
Secrétaire de la Rédattlot'-
REDACTION
De midi à mi,nuit, rue Drouot, 86
£ès manuscrits ne sont pas rendus
BUREAUX
B6, rue Drouot, 26
sommaire;
Contes Parisiens Fr.ascata.. ̃̃̃̃'̃ ̃̃
ECHOS DE Paris Le Masque de Fer.
Années D'APPRENTISSAGE Victor Capoul.
PARIS AU Jour le JOUR -.Adolphe Racot.
L'Œuvre Lamouroux Charles Daubige.
NOUVELLES Diverses Jean de Paris.
AFFAIRES D'EGYPTE Sidi,
TÉLÉGRAMMES ET CORRESPONDANCES ArgUS.
LA BOURSE La Financière.
PREMIÈRES représentations Auguste Vitu.
COURRIER DES Théâtres Jules Prével.
LaSoijiéeThéatrale: Un Monsieurde l'Orchestre.
SPORT Robert Millon.
Feuilleton CORDOYAL Louis Enault.
CONTES PARISIENS
MADAME DE SADE
(*"« f /S ï •«: i • » « »" Y i""S
La malheureuse, elle n'osait pas lever
les yeux. Elle se recroquevillait dans
son châlè usé, honteuse de ces regards
curieux qui la dévisageaient, et d'être là
toute seule, abandonnée comme une va-
gabonde des grands chemins, après la-
quelle les chiens des fermes hurlent au
passage, et qui, chassée partout, sahs
parents, sans amis, roule chaque soir au
creux des fossés, quand se lève l'heure
étoilée du sommeil.
Machinalement, dans une torpeur de
tout son être, elle écoutait la bourdon-
nante rumeur des gens qui chuchotent à
voix basse, des traînements de pieds sur
Teplancher, de la porte qui s'ouvre et se
;referrne, et les phrases bêtes que débi-
tait le substitut d'un ton pâteux, mono-
tone,pareil à la psalmodie d'une antienne
d'église. Tout à l'heure, elle avait ré-
pondu aux questions presque méprisan-
tes des magistrats, très timidement, par
des monosyllabes balbutiés, à peine in-
telligibles. Ses bandeaux plats, lustrés,
:sa laideur vulgaire de bourgeoise, dont
4e teint se décolore derrière un comptoir
de magasin, la toilette, soigneusement
rafistolée, qui sentait la gêne, les gros
_,sous dépensés à regret, le chapeau noir,
aux brides luisantes, puis cet aspect
souffreteux, minable, le pli des rides, la
cernure maladive des paupières, l'ava-
cbissement du dos, comme habitué aux
horions, apitoyaient ceux qui étaient
venus là comme à une partie drôle de
fête foraine où l'on entre dans les bara-
_ques des monstres.
L'androgyne troublant que l'on sefigu-
,rait, l'audacieuse qui avait mêlé de la
Ikme à^ôn encre, et gravé à. la première
page de ses livres, comme une marque
de fabrique, le nom honni du marquis de
Sade, la femme qu'on croyait pire que
belle avec des yeux caves où s'allument
d'impossibles désirs, des lèvres comme
'saupoudrées de poivre rouge et dont on
espérait des invectives insolentes, hau-
taines, souffletant le tribunal, n'était
donc que cela. Une petite boutiquière
simplette, sans âge, plus mal attifée
qu'une poupée de pauvresse -ce qu'on
voit tous les jours dans les rues calmes
du Marais, et le dimanche, sur les chai-
ses alignées des Champs-Elysées, tandis
;que les voitures défilent parmi une
brume blonde de poussière, et qu'au
bout de la procession apparaît la trouée
béante ,de l'Arc-de-Triomphe.
Le désappointement fut comique .On eût
dit que l'on assistait malencontreusement
à une pièce où nejouent quedes comparses
ennuyeux, et beaucoup n'attendirent pas
le verdict indulgent qui condamnait
« Valérie Prunet, femme Milotte, dite
Mme de Sade», à trois mois de prison
et deux mille francs d'amende pour ou-
trages aux bonnes mœurs.
"'•̃̃̃̃ »** ̃'̃̃
Ecrire malgré soi des gravelures mal-
saines qui n'ont même pas la pirouette
gouailleuse, le fleur de poudre à la ma-
réchale, l'éclat de rire souligné d'un coup
d'éventail sur les doigts trop entrepre-
nants, la polissonnerie élégante, raffinée
des conteurs galants de l'autre siècle ¡
noircir du papier de choses sales comme
un voyou qui charbonne le long des
murs d'informes esquisses et -parce que
la peur d'être battue vous soumet despo-
tiquement, faire ce métier ignoble lors-
qu'on est honnête, lorsqu'on n'a jamais
eu d'autre rêve que de vivre paisible-
ment à la campagne, de passer des
heures à ravauder du linge sur un banc
de jardin que les feuilles couvrent d'om-
bre, d'avoir une cuisine où le soleil s'at-
tarde à illuminer les cuivres et des en-
fants auxquels on apprend sur ses ge-
noux l'alphabet lettre par lettre! N'est-ce
pas une torture lente qui idiotise, qui
vide le cerveau frêle d'une femme et la
sèvre peu à peu de toute croyance, de
toute illusion? Mme de Sade la femme
Valérie Milotte, comme disait le juge-
ment endurait ce supplice, et c'était là
le secret amer que les spectateurs de
l'audience n'avaient pu deviner. Cette
condamnation la réjouit autant qu'une
bonne nouvelle. La prison lui apparais-
sait comme un refuge, un coin désirable
où elle se reposerait enfin, où durant
plusieurs semaines elle ne verrait plus
.son mari, elle n'obéirait plus au maître
ainsi qu'une bête de somme que tour-.
mentent les cinglées du fouet.
Avant de rencontrer sur sa route'
l'homme qui devait l'exploiter comme
un champ qu'épuisent des mains âpres
de paysan, Valérie était institutrice et
courait le cachet dans les petits pension-
nats de jeunes filles. Il lui restait de ses
lectures trop nombreuses et des études
classiques une espèce de bas-bleuisme
douteux, une teinte vague de littérature,
ce qui suffit maintenant aux gazetiers
féminins pour secouer un chapelet d'épi-
thètes précieuses au milieu d'un article
de modes ou délayer longuement une
histoire sentimentale qui tiendrait en
deux couplets de romance.
Milotte séduisit l'institutrice. Ii avait
du bagout, une carrure de lutteur, quel-
que chose comme de la bonté dans les
yeux et ne proférait jamais le moindre
mat grossier. VaW ?ie se'Tîmagina sé-
rieux et droit, incapable de la, ̃'tromper;
Un de ces compagnons alertes sur les-
quels une femme s'appuie comme un
être débile sur un bâton solide. Et avec
une joie franche, elle mit ses deux mains
dans les siennes et se leurra d'un bon-
heur chimérique, le bonheur d'aimer,
le conte bleu qu'on lit si rarement jus-
qu'au dernier chapitre. A eux deux, ils s ga-
gnaient de quoi vivre. Elle en donnant
ses leçons, lui en colportant secrètement
chez certains libraires ces libelles or-
duriers qui sont imprimés, on ne sait où,
sur du mauvais papier à chandelles.
Le courtier avait la verve canaille des
blêmes camelots qui traînent inquiète-
ment dans la lumière fausse des cafés
du boulevard et vendent aux imbéciles
leurs paquets de cartes transparentes.
Ses boniments interloquaient. Il obtenait
tout ce qu'il exigeait, dupait les uns,
malmenait les autres, se plaignait, se
fâchait, marchandait, suppliait, dépliait-
et repliait à cinquante reprises son pa-
quet jusqu'à ce que le libraire, assourdi,
obsédé, roulé, bougonnât piteusement
Ce sacré Milotte 1 On ne peut rt.sn
lui refuser 1
Valérie l'ignorait.
Bientôt le courtier se lassa de trouer
ses semelles à cette besogne aventureuse.
Le mariage l'engraissait. Il craignait ces
dénonciations anonymes qui vous en-
voient, un beau matin, à la correction-
nelle. Puis, un besoin de paresse l'en-
gourdissait. Il avait un appétit enragé de
jouissances inconnues, une nostalgie de
rigolades folles avec des cabotines qui
l'amusera.ient à son tour comme elles
amusaient les autres 1 Il chercha vaine-
ment. Ses projets avortaient. Et, tou-
jours il fallait continuer ce métier de
chien, les stations interminables dans
les librairies et les boniments qui en-
rouent. Alors Milotte songea que sa
femme était institutrice. Une institutrice
devait savoir écrire. Elle pouvait entre-
prendre des livres aussi bien que les
marchands d'encre. Désormais, il tra-
vaillerait pour son compte. Ensemble ils
cuisineraient des histoires gaillardes,
plus faisandées, plus libertines que celles
dont les titres s'étalaient sur ses catalo-
gues. Ce serait édité à vil prix, en Bel-
gique. Et il aurait les poches pleines, il
gagnerait de l'argent à poignées, tran-
quillement, avec une impudeur sereine,
car il s'abriterait derrière les jupons de
sa femme et ne quitterait pas dans les
bagarres son paisible trou de souffleur.
Il expliqua son projet à Valérie.
Celle-ci refusa' d'abord indignée, le
cœur soulevé de honte, et comme il la
menaçait de l'abandonner, de la chasser
dans la rue comme une chienne galeuse,
la jeune femme épouvantée consentit à
lui obéir, à se prêter à ce rôle repous-
sant.
Et le labeur odieux commença, le len-
demain.
Milotte lui dictait, ainsi qu'à une éco-
libre, des sujets brefs, notés à la diable,
d'immondes anecdotes qu'un vieux bris-
quard n'eût pas osé raconter dans sa
chambrée. Et si elle implorait, si elle se
rebellait, violemment il lui remettait la
plume aux doigts et d'une cognade bru-
tale la repoussait devant le manuscrit
inachevé. Elle n'avait pas un instant de
repos.
La lampe s'éteignait. L'aube mettait
ses transparences claires sur les vitres.
Elle peinait encore à sa table. Elle écri-
vait, elle écrivait, courbée, comme hal-
lucinée, comme à peine vivante. Sa vue
s'affaiblissait à force de pleurer, à force
de se brûler dans la contemplation fixe
du papier. Par moments elle retombait
lourdement contre le dossier de lachaise,
et les objets dansaient une sarabande
aveuglante autour de ses prunelles fati-
guées, avides de sommeil. Elle n'avait
plus la force de penser. Sa tête lui pa-
raissait vide, légère, comme une cage
dont les oiseaux se seraient envolés
brusquement. Et cette impression mor-
bide l'anéantissait.
Elle finissait par griffonner des lignes
et des lignes comme une mécanique qui
est remontée, et les phrases équivoques,
les expressions pimentées dégoulinaient
naturellement sur ses cahiers, comme
ces ritournelles obsédantes qui revien-
nent et qu'on ne parvient pas à chasser
de son souvenir.
Le courtier rentrait au logis, le matin,
dépenaillé, pliant les genoux, sentant le
cabinet particulier et l'opoponax des
drôlesses qu'il avait embrassées, et
quand la malheureuse s'était endormie,
quand le nombre des feuillets comman-
dés n'était pas complet, quand la tâche
accomplie ne lui plaisait pas, il l'invecti-
vait furieusement, il la rossait, l'écra-
sant sous le talon de ses bottes, la traî-
nant, la meurtrissant aux angles des
meubles et Valérie demeurait inanimée,
craignant de geindre et n'appelant pas
les voisins à son secours.
«*• ̃ >.
Milotte bénit les juges qui avaient con-
damné sa femme et battu ainsi la grosse
caisse pour les livres de Mme de Sade.
Il en vendit des milliers sous le manteau
à des prix extravagants. Cette aubaine
inespérée lui permit de boucher le gros
trou qu'avait creusé dans sa caisse la
défaite à Deauville du favori Monsignor
(par Trocadéro et lady Tempest). Et
tandis que Valérie coudoyait à Saint-La-
zare les prostituées" et les voleuses, il en-
leva très cavalièrement au duc de Villa-
court la petite Rosine Mirliton, un amour
de gamine blonde, mièvre 'comme une
figurine d'étagère et qui tout l'été
piaillait de si drôle façon aux Ambassa-
deurs la fable de l'Ecrevisse et du Cha-
meau.
Pauvre Mme de Sade Elle reviendra
au bout de ses trois mois tendre à nou-
veau son cou au collier de misère; elle
salira encore du papier malgré elle, et
elle sera condamnée d'autres fois comme
récidiviste, jusqu'à ce qu'enfin, désespé-
rée, lasse de souffrir cette Passion trop
cruelle, elle aille banalement se noyer
dans la Seine, la grande rivière mater-
nelle dont la voix sombre convie les mal-
chanee.ux à l'éternel repos e
JPrascat».
Échos de Paris
LA. Température. La situation atmos-
phérique générale ne s'est pas sensiblement mo-
difiée. Le vent d'entre nord et est persiste en
France, avec ciel nuageux. Des orages sont
toujours probables dans le Midi.
Le thermomètre ne varie point non plus.
Hier, à Paris, où le ciel est resté complètement
couvert, il a marque sept heures du matin,
13°; midi, 190 trois heures, 20°.
À TRAVERS PARIS
Aujourd'hui, à deux heures, courses
au Bois de Boulogne. Gagnants de Ro-
bert Milton.
Prix de Passy Armide.
Prix Jouvence Narcisse.
Prix de Chantilly Mlle de Senljs..
Prix de Villiers: Cambrai.
Prix de Versailles Chemellier.
Prix de Bellevue Péronne.
Il paraîtrait que le ministère Duclerc,
qu'on s'est efforcé de faire passer pour
un ministère de vacances, tiendrait au
contraire essentiellement à ne pas céder
sa place à un autre cabinet.
M. Duclerc, comme tout ministre qui
se respecte, entend avoir, au début de la
prochaine session parlementaire, une
interpellation-suT la politique qu'il a l'in-
tention de suivre. Il veut obtenir son
ordre du jour de confiance.
La politique intérieure et la politique
extérieure du cabinet Duclerc seront exa-
minées parles membres des deuxCham-
bres. Puis, le président du Conseil fera
connaître aux élus du peuple les projets
de loi élaborés durant les vacances par
le ministère.
Dans les régions officielles on assure
que le Gouvernement songe à convoquer
le Parlement dans les derniers jours
du mois d'octobre.
C'est pendant le Consistoire qui sera
tenu à Rome du 20' au 30 de ce mois par
S. S. le pape Léon XIII que Mgr Czacki
sera élevé officiellement à la dignité de
cardinal.
Après la cérémonie de la remise de la
barrette, qui aura lieu àl'Elysée dans les
premiers jours d'octobre, Mgr Czacki
partira pour Rome. La santé du nonce
continue à s'améliorer lentement.
•*#
La- nomination de Mgr Camillo di
Rende, archevêque de Bénévent, à la
Nonciature deParis.en remplacement de
Mgr Czacki, sera annoncée officiellement
au cours du même Consistoire.
Le nouveau Nonce est un ami particu-
lier du' Saint-Père, qui l'a choisi lui-
même en dehors de toute recommanda-
tion. Nommé évoque à trente ans et
archevêque à trente-deux, il n'a, comme
nous le disions hier, que trente-cinq ans.
On annonce que, suivant l'exemple
donné par M. le général Lecointe, gou-
verneur de Paris, M. le vice-amiral Po-
thuau vient de se démettre de ses fono-
tions de vice-président de la Ligue des
Patriotes.
Retours et départs officiels.
L'amiral Jauréguiberry a dû rentrer
h ier à Paris. Le ministre de la marine
vient de Royat.
M. Tirard ayant repris possession du
ministère des finances, l'intérim dont
était chargé M. Duclerc a naturellement
pris fin.
Le général Pittié sera absent de Paris
pendant quarante-huit heures.
Enfin signalons le départ de M. Gam-
betta, qui, suivant sa coutume annuelle,
est allé passer quelques semaines au
château des Grêtes,chez Mme Arnaud de
TAriège.
On cite M. Bardoux comme devant se
rendre prochainement à Mont sous-
Vaudrey.
Le général Billot, ministre de la
guerre, a décidé d'assister aux opéra-
tions décisives des grandes manœuvres
qui seront exécutées par le 14° et le
15° corps, réunis aux environs d'Orange,
vers le 15 septembre.
L'effectif des troupes de ces deux corps
représente environ 40,000 hommes.
La grande revue finale, à laquelle doit
assister le ministre, aura lieu entre
Orange, Piolene et Courthéson, le sa-
medi 16 ou le dimanche 17 septembre.
L'union civile de M. Castagnary, con-
seiller d'Etat, avec Mlle Viteau, a été cé-
lébrée hier, à cinq heures de l'après-
midi, à la mairie de Saint-Mandé.
Trois cents personnes environ envahis-
saient, dès quatre heures et demie, la
coquette petite mairie. Une heure plus
tard, on signalait l'arrivée des futurs
époux.
La future Tétait particulièrement gra-
cieuse dans sa robe de satin broché.
Le futur, très émotionné, avait cepen-
dant la tenue qui sied à un conseiller
d'Etat d'une cinquantaine d'années.
Le monde officiel était représenté par
MM. Camescasse, Caubet, Arthur Ranc,
plusieurs conseillers généraux et muni-
cipaux.
Beaucoup de toilettes élégantes, mais
cérémonie des plus simples. Après la
lecture des actes légaux, M. Meunier,
maire de Saint-Mandé, a adressé aux
conjoints une allocution qui n'a été en-
tendue que d'eux seuls. Lecture est faite
ensuite des articles du Code.
Puis les témoins MM. Spuller, dé-
puté Corbon, sénateur d'Havernas,
conseiller général, et Boulanger, négo-
ciant, signent l'acte de mariage.
La quête réglementaire pour les pau-
vres a été faite par Mlle Viteau, sœur de
la mariée, et, à six heures un quart, la
place de la Mairie de, Saint-Mandé, en-
combrée jusqu'alors d'une population de
curieux, était rendue à la circulation.
Demain lundi, aura lieu le mariage
religieux. •
Ij'
Ces jours derniers s'est éteint à Men-
necy (Seine-et-Oise), un compositeur de
talent, auquel îf n'a manqué qu'un peu
̃de chance po~r arriver à la réputation.
Georges Michaux, né. en 1806 à Lei
bach, en Illyrie, avait, dès l'âge de qua-
torze ans, conquis une précoce renom-
mée en composant une marche militaire
si entralnante, qu'elle fut jouée par toutes
les musiques des régiments. •
Plus tard,il donna à l'Opéra de Vienne
plusieurs œuvres dont l'exécution lui
valut les plus légitimes applaudisse-
ments, entre autres le Roi des Fées, la
Fête des ouvriers, etc., etc.
Vieux et malade, il avait été recueilli
par une famille charitable, et il repose
par ses soins dans un humble cimetière
du village.
Parmi les officiers étrangers qui vont
suivre nos manœuvres, se trouve le co-
lonel Brassine, commandant de brigade
belge, qui n'est pas un inconnu pour
ceux qui ont visité nos prisonniers in-
ternés au camp de Beverloo en 1871.
Nous nous rappelons, avec une re-
connaissance que partageront tous ceux
que le sort de nos armes avait jetés sur
le sol hospitalier de la Belgique, la sol-,
licitude et l'activité que le jeune com-
mandant d'alors déployait pour adoucir
les douleurs patriotiques de nos mal-
heureux soldats. Le colonel Brassine est
assuré de recevoir parmi nous un ac-
cueil particulièrement sympathique.
~f~t–
Demain lundi, à midi, auront lieu, à
l'église Saint-Séverin, les obsèques de
M. Joseph Liouville, membre de l'Aca-
démie des sciences, professeur au Col-
lège de France et commandeur de la
Légion d'honneur, décédé subitement à
Paris hier matin.
Le corps sera porté au cimetière Mont-
parnasse.
Rencontré hier dans la cour d'honneur
du Grand-Hôtel, l'un des plus fastueux
voyageurs de l'Europe, le marquis de
Campo, le banquier célèbre de Madrid,
et le propriétaire des grandes lignes
postales espagnoles.
Il y a quelques jours, le Figaro rédui-
sait à ses véritables proportions- l'anti-
que « droit du seigneur. »
Un mot maintenant du fameux « droit
de jambage. »
Un de nos abonnés a copié spéciale-
ment pour nous, dans un vieux terrier
seigneurial existant aux archives de sa
commune (Molliens-Vidame(Somme), et
sous la rubrique « Droits du Seigneur »,
l'article que voici
DROIT DE JAMBAGE
J'ai droit de jambage sur toutes les bouche-
ries qui vendent porc, qu'il est tel que de cha-
cun des dits porcs m'est dû l'un des pieds de
devant, qui se coupe à deux doigs .au-dessus
du jarret.
On voit, d'après cela, que le droit de
jambage ne concernait absolument que
les porcs..
Où l'on chassait le cerf, il n'y a pas
encore cent ans.
Maxime du Camp raconte, dans son
intéressant ouvrage sur Paris, « qu'au
mois d'avril 1787, le duc d'Orléans, em-
porté dans une chasse au cerf, poursuivit
l'animal lancé jusque dans Paris, à tra-
vers le faubourg Montmartre, la place
Vendôme, la rue Saint'-Honoré, la place
Louis XV, renversant et blessant plu-
sieurs personnes sur son passage.»
Il faut convenir que Paris a subi
quelques transformations depuis cette
époque.
Nous avons publié dernièrement, d'a-
près le Journal d'Albert (Somme), l'an-
nonce bizarre d'un concours de pêche à
la ligne, ouvert à Arras.
Le même journal nous apporte aujour-
d'hui l'annonce non moins étrange d'un
concours de jeux de piquet et d'écarté
qui aura lieu le lundi 11 septembre pro-
chain, à Thiepval.
Nous nous bornons à en détacher les
lignes suivantes
1" prix Une médaille en vermeil gr. m.
offerte par M. Magniez, sénateur.
2° prix Une médaille en vermeil gr. m.
offerte par M. Toulet, député.
3° prix 6 cuillers à café en ruoltz offertes
par M. le baron Le Feuvre, conseiller général,
4° prix Un réveil-matin offert par M. le
comte de Breda.
5°prix Un rôti de veau offert par M. Alfred
Caumartin, à manger chez le débitant.
Est-ce que l'encouragement aux jeux
de piquet et d'écarté fait partie du pro-
gramme politique imposé à MM. Magniez
et Toulet par leurs électeurs?
NOUVELLES A LÀ MÀIN
Authentique.
La femme d'un député confie à une de
ses amies cet espoir, certain selon elle
A la rentrée des Chambres, il y
aura un changement de ministère, et
mon mari sera nommé ministre ou sous
secrétaire d'Etat.
A quel département ? 2
L'autre, avec hauteur
Eh ma chère, département de la
S eine <
Boirot s'est faufilé, on ne sait com-
ment, chez la comtesse de B.
Le soir, la maîtresse du lieu lui offre
un grog et le lui prépare de ses blanches
mains.
Boirot, lui poussant doucement le
coude
Allez toujours. Je ne crains pas
qu'il soit un peu plus foncé en couleur l
La cuisinière et ta femme de chambre
d'une cocotte causent des habitués de la
maison.
II me semble, dit la cuisinière,
qu'on ne voit plus beaucoup monsieur.
.monsieur- vous savez bien? ce grand
blond? 1-
Ah oui le déluge 1
Pourquoi donc rappelez-vous a le
déluge?»
Dame, « parce qu'il a plu » pendant
quarante jours! "•
La petite Eva, qui a cinq ans, est allée
passer les vacances à la campagne, chez
ses grands parents. Le matin du premier
jour, à son réveil, elle va embrasser sa
grand'mère qui lui demande si elle a
bien fait sa prière
Oh! répond l'enfant, je ne la fais
que le soir en me couchant.
Il faut cependant remercier Dieu du
bon sommeil qu'il t'a donné.
Mais, bonne maman, je n'ai pas
dormi de la nuit I
Le Masque de fer.
ANNÉES D'APPRENTISSAGE
En revenant d'Amérique, notre ami Capoul
veut consacrer ses loisirs à achever ses mé-
moires dont il a depuis longtemps d'ailleurs
commencé la rédaction; il veut bien nous en
communiquer un chapitre fort piquant sur
ses premiers pas dans la carrière artistique.
Chez Auber. Le cours do Révial. Savei-
vous lire î Le Conservatoire. Les pension-
;ss,n!3iïes. ̃
Ma première visite, de retour dans la
capitale, fut pour Auber. Tout Paris con-
naît l'hôtel de la rue Saint-Georges que
l'illustre compositeur habita pendant si:
longtemps. Je sonnai à la petite ouver-
ture découpée dans un des battants de
la porte cochère, qui s'ouvrit sous l'im-
pulsion d'une chaînette en fer tirée par
une affreuse vieille, espèce de fée Cara-
bosse, aboyant plutôt qu'elle ne répon-
dait à la nuée d'importuns qui venaient
journellement frapper à la porte du maî-
tre.
Monsieur Auber, lui dis-je timide-
ment.
Mon air de jeunesse ou de provincial
fraîchement débarqué m'attira sans
doute sa compassion, car elle fut relati-
vement polie.
Monsieur Auber? grogna-t-elle. Que
lui voulez- vous?. Vous attend-il? Mon-
tez au premier; si on vous reçoit, vous
le verrez bien.
Je n'en demandais pas davantage et
je grimpai quatre à quatre les marches
de pierre du vieil escalier.
Quelques minutes après, un valet -de
chambre m'introduisit dans un vaste
salon blanc et; or, où je restai seul.
~'f, #*# '• -̃̃
Des meubles en acajou, plaqués de
garnitures dorées, garnissaient l'appar-
tement sur la vaste cheminée de mar-
bre blanc, une haute pendule style em-
pire, dont te tic-tac monotone résonnait
sèchement, battant à l'unisson de mon
cœur au milieu du salon, le long piano
à queue, tout chargé de partitions
d'orchestre et, à côté, un autre de moin-
dre dimension, dont les longues touches
noircies de taches d'encre et creusées
par l'usage trahissaient le long labeur
d'où étaient sorties tant d'adorables par-
titions
Des feuillets épars, noircis de notes
microscopiques, gisaient ça et là, sur
les housses de toile bise qui recouvraient
les meubles, et sur la froide nudité des
murs, se détachaient de leurs cadres
d'or quatre grandes esquisses originales
de tableaux de Ingres.
Dans la pièce voisine, la chambre à
coucher du maître, où se profilait la si-
lhouette d'une très modeste petite cou-
che, au dessus de laquelle était accro-
chée une magnifique reproduction du
tableau des Trois Grâces, de Rubens,
qui jeta ma jeune imagination dans un
océan de perplexités délicieuses Heu-
reusement, Auber entra en ce moment,
ce qui vint jeter une salutaire diversion
aux pensées extravagantes qu'avait fait
naître en moi l'apparition de ces trois
déesses si peu vêtues.
•• .•̃ •*•̃/̃" '̃
-Vous voilàdoncde retour, mon jeune
ami? Eh bien, avez-vous travaillé, de-
puis notre entrevue de, l'année der-,
nière?
Voyons, chantez-moi quelque chose! I
et sans me laisser le temps de lui ré-
pondre, il saisit un morceau de musique
que j'avais sous le bras, qui n'était autre
que la cavatine de la Muette; il plaqua
les premiers accords du récit, dardant
sur moisesgrands yeux noirs papillotant
sans cesse,, mais comme j'hésitais
Allez, me dit-il de sa voix douce et
câline.
L'émotion me serrait la gorge; je
tremblais comme une feuille agitée par
un vent d'orage, car de cette audition
allait dépendre mon avenirl Ce fut,. je
puis le dire, une des plus fortes émo-
tions que j'aie jamais éprouvée de
ma vie I
Auber avait trop l'habitude de ces
sortes d'épreuves, pour ne pas faire la
part de mon inexpérience et de mon
émotion il daigna me donner quelques
encouragements, qui produisirent sur
mon cœur l'effet bienfaisant d'un baume
délicieux. Il me quitta un instant, et re-
venant bientôt après avec une lettre à la
main: «Vous avez encore quinze jours
avant de vous présenter au Conserva-
toire pour le concours d 'admission, allez
de ma part chez Révial, voici une lettre
pour lui. »
Dix ans plus tard, l'illustre composi-
teur devait écrire, pour l'élève inexpéri-
menté et hésitant qu'il venait d'entendre,
la partition dn Premier jour de bon-
heur I
*̃
Je ne perdis pas nne minute et courus
chez le maître de chant que venait de me
désigner Auber. J'arrivai chez Révial, à
l'heure même du cours qui avait lieu
trois fois par semaine, dans la salle à
manger de son appartement, trans-
formée pour la circonstance en classe
de chant.
.Une jeune fille chantait l'air d'entrée
du page des Huguenots, au moment où
j'allais sonner; des interruptions fré-
quentes me retinrent assez longtemps
sur te papier de la porle, et ce ae fut
qu'au point d'orgue final que je me dé.
cidai enfin, .à tirer le cordon de la son-
nette, dont les appels réitérés et sonores
mêlés aux jappements d'une nuée de
roquets, vinrent résonner bruyamment *t
dans le silence qui suivit l'exécution de
la cavatine de Meyerbeer.
J'entrai un peu embarrassé au milieu
de cette nuée d'oiseaux chanteurs, ma
précieuse lettre à la main.
Révial, après en avoir pris connais-
sance, me regarda attentivement et je
crus remarquer la bonne impression que
je lui fis tout d'abord.
Encore un Toulousain, s'écria-t-il.
Quel était votre état? Savez-vous
lire, au moins?
Ces questions faites à brûle-pourpoint
n'étaient guère à la louange des jeunes
gens touchés par la vocation du théâtre.
Oui, monsieur, lui répondis-je har-
diment j'ai môme reçu ce qu'on peut
appeler une jolie éducation; je pourrais
être médecin ou avocat, voire même
sous-préfet tout comme un autre, mais
je préfère devenir simplement chanteur.
Sa figure s'éclaira à cette réponse dé-
pourvue d'artifice et de modestie.
-Je ferai quelque chose de toi, répli-
qua-t-il sans me connaître ni m'avoir
encore entendu. Voyons donne un son
et mets-le sous l'influence d'une pensée
grave! Comme j'ouvrais la bouche, il
appliqua sa large main presque sur ma
-figure, ce qui me fit faire une grimace
horrible en donnant le son que je plaçai
je ne sais plus sous quelle influence,
mais que je filai assez habilement pour
qu'il se déclarât satisfait.
C'est bien. Allez-vous asseoir; et
me dirigeant du côté d'une brune très
gentille Non, mon ami, non, du côté
des hommes, s'il vous plaît, s'écria-t-U
au milieu d un éclat de rire général 1
C'était le type du bourru bienfaisant'
ses élèves le craignaient beaucoup, car
il avait une manière de nous dire à toi
qui nous donnait le frisson. Sa classe,
au Conservatoire, était la plus suivie et
généralement la mieux partagée dans la
distribution des récompenses de fin
d'année.
L'organe de Révial avait été assez
agréable aux temps lointains de Les-
tocq, dont il avait créé le principal rôle
à l'Opéra-Comique mais il ne lui res-
tait qu'une grosse voix surmenée par les
fatigues meurtrières du professorat et `
l'abus de la cigarette, qu'il fumait cons- `
tamment.
Sa tête respirait l'intelligence origi-
naire du Midi de la France, il avait tou-
tes les apparences des hommes du Nord, N
avec sa longue moustache d'un blond
fauve comme ses cheveux, son nez épaté
et ses deux petits yeux d'un bleu po-
laire.
Il rougissait de son origine plébéienne
et voulait absolument qu'un sang noble
coulât dans ses veines. C'étaient alors
des histoires de l'autre monde, toutes
entremêlées de visions ou d'évocations
surnaturelles, dans la grande salle du
château de.ses pères, sous les lambris
dofés de l'antique demeure aux appa-
rences monacales et tranquilles, que
nous écoutions sans sourciller, pour ga-
gner'l'indulgence du maître 1
A part cette faiblesse, qui seule
trahissait son origine de1 Gascon,ses qua-
lités comme professeur de chant étaient
inappréciables ,et reconnues de tous.
Sans être un véritable musicien, il avait
l'instinct des rhythmes et une façon per-
sonnelle de phraser qui se reconnaissait
chez tous ses éièves.
Je me présentai au grand jour deTé-
preuve définitive pour l'admission au
pensionnat du Conservatoire de Paris,
où je fus reçu d'emblée, et quelques
jours après j'endossai l'uniforme noir
aux lyres brodées d'or, bien souvent en-
trevues dans mes rêves 1
̃•̃ •>•
Le Conservatoire n'a rien de monu-
mental. Sa façade principale, donnant
sur le faubourg Poissonnière, composée
d'un rez-de-chaussée très haut et de
deux étages de moindre hauteur, res-
semble plutôt à un immense corps de
garde qu'à une école du gouvernement.
La bâtisse qui s'allonge du faubourg
Poissonnière jusqu'au coin de la rue du
Conservatoire est particulièrement triste
et sale.
Ce n'est qu'en entrant dans la cour in-
térieure qu'on a la sensation de la gran-
deur exacte du monument qui prend l'as-
pect, aux heures des cours, d'une vaste
caserne de province.
D'un côté, les classes d'instruments à
vent où trombones, clarinettes et pistons
s'en donnent à cœur joie, rappellent les
répétitions diurnes des musiques mili-
taires dans la chambrée, et de l'autre,
leur faisant face, les divers cours de
chant où ténors, basses, et barytons,
mugissent en compagnie de ces demoi-
selles, qui piaillent aussi à qui mieux
mieux.
C'est un tapage assourdissant, un
méli'inélo de sonneries cuivrées et de
vociférations, sous lesquelles disparais-
sent presque les accompagnements dis-
crets des vieilles épinettes Usées et des
pianos à queue de 1830, qui grincent et
grinceront encore sur des générations de
chanteurs et de chanteuses 1
Je me souviens qu'à l'époque de mon
admission au pensionnat (année 1859),
les journaux reprochaient à M. Auber de
délaisser le Conservatoire et de ne voir,
dans ses fonctions directoriales, qu'une
occasion propice do faire passer dans,
son cabinet les jeunes filles se destinant
à la carrière artistique.
Certes, l'aimable vieillard aimait à
s'entourer de jeunes et frais minois il
avait des attentions particulières mêlées
d'indulgences plénières pour les plus
jolies élèves du chant et de la comédie,
mais c'était là un péché mignon qui ne
lui faisait en aucune sorte négliger
tout ce qui pouvait relever le niveau des
études de son cher Conservatoire, au-
quel il donnait la plus grande partie de
son temps.
Jamait il n'eût décrété la suppression
du pensionnat, qu'on sera forcément
obligé de rétablir avant peu, si l'on
tient à ce que la graine, chaque
jour plus rare, 1 des chanteurs, ne
disparaisse pas !out à fait. On avait déjà
supprimé le personnel des .demoiselles
qui existait à la créatù?» de î'fecoie.
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