Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1878-09-26
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 septembre 1878 26 septembre 1878
Description : 1878/09/26 (Numéro 269). 1878/09/26 (Numéro 269).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
2
"E!51
LE FIGARO JEUDI 26 SEPTEMBRE 1878
rent qu'ils se sont précautionnés d'une
destination et qu^iis réclament des in-
demnités avec l'inïiïirêt de leur argent.
Quant à l'emploi des;ioeaux– on s'est
trompé, tout au moins en ce qui con-
cerne la partie occupée par la section
française c'est à un musée industriel
et à* un essai d'exposition permanente
universelle que ces vastes bâtiments se-
raient consacrés. C'est une idée" reprise
dans le rapport de la commission de
1867,- mais comme ce rapport n'a reçu
aucune publicité, on peut laisser croire
au public que l'idée est nouvelle.
-,¡¡,t:
̃Le souvenir des objets les plus beaux
exposés en 1878 ne disparaîtra pas non
plus entièrement. Tous les matins, à
l'heure ou M. Krantx fait payer deux
francs la vue des lustrines vertes ou gri-
ses qui couvrent les vitrines les expo-
sants qui veulent perpétuer le souvenir
de leur collaboration à notre grande Ex-
position, font photographier leurs prin-
cipaux produits.
Parmi les photographes les plus de-
mandés pour ce travail, je citerai M.
Ti'uchelut, le doyen, je crois, et l'un des
plus experts des artistes photographes
français. C'est d'ailleurs le dernier sur-
vivant des préparateurs de Daguerre et
des quinze élèves que ce dernier avait
-formés avec tant de soin. M. Truchelut a
-exposé au Champ-de-Mars de magnifi-
ques spécimens de photographie; il est,
comme on sait, le portraitiste obligé de
toutes les illustrations et de toutes les
célébrités; c'est un des partisans* de la
photographie sans retouche ou la moins
retouchée qu'il soit possible.
Aussi tout le monde veut passer de-
vant son objectif car s'il fait sincère,
il n'est ni brutal, ni bruyant. Une photo-
graphie de M. Truchelut est un vrai por-
trait, bien posé, bien placé, bien nature.
"M. Truchelut est également un des re-
producteurs de la nature et de l'archi-
tecture les plus réputés pour l'air et l'es-
pace qu'il sait donner aux choses maté-
rielles.
Jules Richard.
Petit Courrier de l'Exposition
On fera beaucoup de musique pondant la fin de
tette semaine au Trocadéro.
Aujourd'hui a lieu le neuvième concert officiel
de musique française, sous la direction de M.
Edouard Colonne,
Demain, vendredi, quatrième et dernier concert
rns-30 organisé et dirigé par M. -Nicolas Rubins-
tein.
Enlin samedi, grande séance d'orgue dans la
Salle des Fêtes, par M. Camille Saint-Saëns.
Lundi prochain, dans la Salle des Confé-
rences, concert de musique tyrolienne, donné par
la famille Louis Rainer, d'Achensee, composée de
quatre femmes et do cinq hommes. Ces artistes,
dont le succès a été si grand à leur première au-
dition, se feront entendre dans leur costume na-
lional..
Le Congrès de géographie commerciale a;
dans sa séance d'hier, décidé qu'il insisterait au-
près des gouvernements, pour l'organisation à
Paris et dans les autres capitales, de musées
commerciaux semblables à celui qu'a fondé à
Rome le comte Telferier.'
Il a approuvé aussi une proposition du général
Tlirr, en vue d'un canal interocéanique entre les
deux Amériques. Le grand perceur d'isthmes, M.
de Lesseps, présidera lo" Congrès international qui
poursuivra l'achèvement do cette entreprise d'un
intérêt universel.
Le nombre des entrées payantes d'avant-
hier mardi a été de 77,458. ̃
Dans la matinée d'avant-hier, 'a eu lieu au
Trocadéro la première séance du Congrès inter-
national pour VamélioratMjn du sort des Aveugles,
sous la présidence do M. Nadaud da iBuffon. On
pense quo, par l'émission d'un vœu unanime des
membres du Congrès, il sera demandé au gouver-
nement la création d'un établissement d'éducation-
pour les aveugles dans chaque département. Ce
vœu sera, dit-on, appuyé de chiffres si intéres-
sants, que lo gouvernement ne pourra, manquer
de le prendre en sérieuse considération. •
La séance d'aujourd'hui sera présidée par M. de
Marcéro, ministre de l'intérieur, assisté de M. Ana-
tole de la Forge, président d'honneur du Congrès.
̃ On vient d'exposer dans la section japo-
naiso du Ghamp-de-Mars, uno magnifique collec--
tion d'instruments de musique, récemment arrivée
du Japon. Ces instruments diffèrent complètement
de ceux en usage dans'les orchestres européens;
ils sont taillés dans des bois précieux et montés
pour la plupart avec un grand luxe d'incrusta-
tion ot d'ornements,
Au-dessus de la vitrine qui renferme cette cu-
rieuse collection, on a exposé des tableaux repré-
sentant, revêtus de leurs costumes de théâtre, les
acteurs et les actrices qui composent la troupe
spécialement attachée à la cour du souverain du
Japon.
PARIS AU JOUH 1E JOUR
L'Agence Havas reçoit de Rome l'ana-
lyse d'une lettre adressée par le Pape au
cardinal Nina, son secrétaire d'Etat, et
qui contient des indications importantes
sur la politique présente du Saint-Siège.
Nous disons des indications, car si la
lettre pontificale ne parle d'aucun résul-
tat acquis et ne trace point de programme
défini, elle témoigne toutefois d'un sin-
cère esprit de conciliation.
La lettre rappelle avec douleur la' mort du
cardinal Franchi. Elle loue l'habileté dans les
affaires, la fermeté et l'esprit du cardinal
Nina, auquel le Pape s'adresse en lui faisaat
connaître ses idées.
Feuilleton du FIGARO du 26 Septemb. 1878
I 17
L E1
CHALET DES LILAS
PFLEMIÈRE 1
La maison habitée par l'ouvrière était
an de ces vieux logis, du moyen âge qui
sont rares à Vesoul car la pauvre ville,
isaccagéeet brûlée à dix reprises, a gardé
peu de constructions anciennes, témoins
encore debout d'un passé désastreux.
Cette maison, bâtie en pierres de taille
noircies par le temps, avec sa porte ogi-
vale surmontée d'un écusson mutilé, et
ses croisées coupées en quatre par la
croix de pierre symbolique,– offre deux
étages de hauteur.
Au bout d'un couloir étroit et sombre
existe un escalier en forme de vis, dont
tontes les marches ont été usées dans le
milieu par les pas de vingt générations
successives.
Le logement de Marie Monique se
trouvait dans la partie la plus élevée de
la maison.
Le rez-de-chaussée était occupé par un
̃cordonnier à qui Maurice s'adressa,, et
qui lui répondit:
Monsieur le médecin, montez tout
en haut, vous verrez sur la porte une
carte collée, et sur cette carte il y a
écrit Marie Monique Taillandier, coutu-
rière. Pas moyen de se tromper.
̃_ Maurice s'engagea dans le noir es-
Le Pape -l'appelle qu'aussitôt son élévation
au trôné pontifical il adressa à tous lès évé-
ques une encyclique déplorant les désordres
de la société actuelle et exposant les bienfaits
do l'Eglise, qui possède encore aujourd'hui
toute sa force pour guérir les plaies morales,
de la société.
Le Pape, guidé par ces sentiments, s'est
adressé aux chefs des nations, même à ceux
qui ne sont pas liés au Saint-Siége par les
attaches de la religion catholique, les invitant
à ne pas refuser à l'Eglise leur puissant
appui. Le Pape s'est adresse, en conséquence,
à l'illustre empereur de la nation allemande,
laquelle, à cause des difficiles conditions
faites aux catholiques de ce pays, appelait
particulièrement la sollicitude, du Saint-
Siège.
-Cette démarche, écrit Sa Sainteté, inspirée
uniquement par le désir de donner la paix
religieuse à l'Allemagne, a été favorablement
accueillie par l'empereur et a eu le bon effet
de faire entamer des négociations amicales,
dans lesquelles notre intention n'a pas été
d'obtenir une simple trêve, -mais une paix
vraie, solide et durable.
L'importance do ce but, justement appré-
ciée par la haute sagesse de ceux qui tien-
nent dans leurs mains les destinées do l'em-
pire, les conduira, nous en avons la confiance,
à nous donner une main amie pour l'attein-
dre.
L'Eglise, sans doute, serait heureuse de voir
la paix rétablie en Allemagne; mais l'empire
en serait non moins heureux, car les cons-
ciences étant pacifiées, il trouverait, comme
autrefois, dans les fils de l'Eglise catho-
lique ses sujets les plus fidèles et les plus
genéreux.
Il est donc positif que les avances sont-
venues du côté du Saint-Siégè; on re-
marquera aussi que la lettre pontificale.
s'abstient de toute ingérence dans les
questions générales; elle s'en tient à
deux points précis les négociations avec
l'Allemagne et les rapports avec l'Italie
qui, ainsi qu'il fallait s'y attendre, restent
ce qu'ils étaient sous le pontificat de
Pie IX.
Notre attention se porte aussi vers les pays
de l'Orient, où les événements préparent peut-
être à l'Eglise un avenir meilleur.
Le Saint-Siège fera tout son possible pour
favoriser les intérêts de la religion dans ces
pays.
Notre but est donc d'exercer l'action bien-
faisante de l'Eglise et de la Papauté au milieu
de la société actuelle tout entière.
Le cardinal Nina, continue la lettre pontifi-
cale, devra encore porter son attention la plus
sérieuse sur la situation difficile créée au Sou-
verain-Pontife en Italie et à Rome, par suite
de la spoliation qui lui a fait perdre son pou-
voir temporel.
Le Pape déclare ensuite qu'il ne veut pas
s'étendre sur les droits du Saint-Siège, ni
sur les inquiétudes des catholiques à la vue
de leur père privé de liberté.
Mais il ne peut se dispenser do faire remar-
quer que, tandis que le pouvoir spirituel a
besoin, dans les conditions actuelles, d'une
liberté très complète, il rencontre, au con-
traire, des empiétements qui rendent le gou-
vernement do l'Eglise'universelle très dif-
ficile.
Le Pape rappelle, à ce sujet, les plaintes de
Pie IX sur la suppression des corporations re-
ligieuses, le recrutement deTarmco, l'établis-
sement à Rome d'égliscs et d'écoles héréti-
ques, et une instruction sans foi.
Le Pape se plaint delà nécessité de fexegtac~-
tur du gouvernement pour la nomination des
évoques, du refus du gouvernement de recon-
naître quelques évêques ou de la longueur des
formalités pour leur reconnaissance.
Le Papo nie que le patronage royal donne
des droits contraires a ceux do l'Eglise.
Le Papo conclut en déclarant que, dans ces
conditions déplorables, il n'ignore pas quels
sont les devoirs de son ministère apostolique.
#*£ Ici une polémique assez aigre s'en-
gage autour de la lettre si sage et si po-
litique de M. de Falloux, que nous avons
reproduite hier.
L'Univers a commencé; le Monde conti-
nue en termes plus mesurés.
Nous croypns que M. le comte de Falloux
exagère les inconvénients qu'il signale et gros-
si les périls qu'il envisage; il oublie, en
outre, et là signification des mots, et le carac-
tère, de la lutte actuelle. Le mot de Révolution
ne désigne plus simplement chez nos adver-
saires, sur la question il faut les interroger,
-la série d'événements qui se sont déroules
do 1789 à 1804.11s n'entendent pas davantage,
sous ce mot, des changements politiques, ad-
ministratifs et économiques, ni même certains
principes politiques inoffensifs pour la foi et
la conscience des catholiques.
Le mot do Révolution est devenu lo nom
d'un corps de doctrines qui est le contrepied
du christianisme, et le symbole d'un parti qui
a pour programme l'asservissement et la des-
truction radicale do l'Eglise.
En cet état, rien do plus naturel pour des
catholiques que de çrendro pour mot d'ordre
le mot de contre-Rovolution.
L'Union défend aussi le mot de Contre-
Révolution, qui paraît mal choisi à M. de
Falloux» et où il voit le germe de malen-
tendus sans fin.
Quel autre, en effet, énoncerait plus nette-
ment ce qu'il signifie, à savoir la répudiation
des doctrines que représente le mot de Révo-
lution, do ces doctrines que l'Eglise a expres-
sément condamnées et dont nous voyons cha-
que jour se dérouler les fatales conséquences?
La Contre-Révolution n'a rien do commun
avec « l'ancien régime », qui n'est « dans la
pensée » de personne, et que nous combat-
trions avec autant d'énergie au moins que
calier, éclairé seulement d'étage en
étage par une sorte de machicoulis très
étroit pratiqué dans l'épaisseur de la mu-
raille et ne laissant passer qu'un faible
rayon lumineux, pareil à, cette clarté
douteuse qui descend au fond des ca-
chots.
Au sommet des degrés il vit la porte,
et sur la porte, l'écriteau indicateur.
Il frappa.
Personne ne répondit.
Il pesa sur le loquet, et la porte s'ou-
vrit.
Maurice se trouva dans une grande
pièce triste et froide, aux murailles en-
tièrement nues et n'ayant d'autres meu-
bles qu'une haute armoire ancienne,
une petite table en bois blanc et deux
escabelles.
Sur la petite table étaient posés quel-
ques ustensiles de ménage.
Au fond se voyait une seconde porte.
Maurice frappa à celle-ci, comme il
avait frappé à la première.
Qui est là? demanda une voix
faible. C
Le médecin. répondit Maurice.
Entrez.
Maurice ouvrit d'une main tremblante
et franchit le seuil d'une chambre qui
formait un frappant contraste avec celle
qu'il venait de quitter.
Autant lune était sombre et d'aspect
lugubre, autant l'autre était aérée, lumi-
neuse et en quelque sorte souriante.
Cela s'explique.
La fenêtre de la première pièce s'ou-
vrait sur une cour étroite et semblable à
un puits.
Il.' Celle de la seconde prenait jour sur la
rue, ou plutôt sur le ciel, car en face
d'elle il n'y avait que des jardins qu'elle
dominait de très haut.
Un petit papier commun mais d'une
jolie couleur, clair-semé de fleurs roses
et bleues, couvrait les murs.
Des lithographies enluminées,: repré-
sentant des sujets nieux et les aventures
de Mathilde et de Malek-Adel, s'ali-
certains « conservateurs libéraux j. Elle ad-
met les changements introduits dans les ins-
titutions civiles et politiques do la France et
qui ont été la suite du grand mouvement de
« rénovation » de la fin du dernier siècle,
suivant l'expression de Monsieur le Comte de
Chambord. Elle se contente do repousser les
principes anti-chrétiens et anti-sociaux de la
Révolution.
Oommeil arrive toujours d'ailleurs aux'
conciliateurs,'à ces pauvres M. Robert
qui s'interposent à frais perdus entre
Sganarelle qui bat Martine et Martine
qui aime à recevoir les coups, les feuil-
les de gauche ne savent aucun gré à M.
de Falloux de sa modération avec l'in-
tolérance agaçante et la niaiserie hau-
taine qui rendent sa lecture si particu-
lièrement pénible, la République fran-
çaise repousse une thèse où elle feint de
voir des avances. M. de Falloux n'aura
donc pour lui que les gens raisonnables
et l'on ne se figure pas combien on en
trouve peu; mais -en ce& matières la
qualité console de la quantité.
# L' Univers reçoit la dépêche que
voici
Rome, le 25 septembre.
M. Erdan, le correspondant du Temps, est
mort la nuit passée à Frascati, après s'être
confessé.
Il était revenu à Dieu, et recevait les soins
des jésuites à la villa Mondragone.
Le Temps n'annonce point la mort de
son collaborateur. `
#*#. Le discours que M. de Freycinet a
prononcé à la Rochelle est absolument
étranger à la politique. Il n'a qu'un inté-
rêt absolument local, sauf le toast final
dont voici le texte.
Je vous demande la permission de porter
un toast qui est sur toutes lès 'lèvres vous
ne me pardonneriez pas de traverser le dépar-
tement de la Charente-Inférieure sans boire à
la santé de celui dont vous avez prononcé le
nom tout à l'heure, celui que je puis dire,
sans offenser personne, le plus illustre de ses
enfants, au vénéré M. Dufaure je vous prie de
boire à la santé de M. le président du conseil
des ministres.
#*# Le Constitutionnel traite, avec une
verve brutale, mais juste, le cas de M.
Habeneck.
M. Habeneck était, la semaine dernière,
sous-préfet do Carpentras; la semaine pro-
chaine, il sera député de Lyon. Le saut est
do conséquence voilà une grande fortune
'politique qui se lève..M. Habeneck mérite ce
qui lui arrive et il lui est permis d'aspirer à
tout.
Pourquoi? Parce qu'il est un homme ayant.
le sens vif et net de son époque. Il sait jouer
avec un art merveilleux, avec un à-propos
inspiré do ce qui s'appelle, dans l'argot ac-
tuel, le truc de la destitution.
Il a bien calculé son coup, et le coup a
porté. Quand parut sa fameuse et impudente
lettre au P. Ducoudray, les gens raisonna-
bles, froids et bien élevés, 'se dirent naïve-
ment « Ce sous-préfet est fou » u
Pas si fou que cela La lettre fait un tapage
infernal elle "provoque une polémique enra-
géo tout ce qui est conservateur, respec-
tueux des choses religieuses, mémo des plus
simples convenances de politesse, charge
M. Ilabeneck de récriminations et do protes-
tations violentes.
M. do Marcère est forcé d'intervenir il in-
tervient, il sévit, il décharge sur cette tête
insolente la foudre ministérielle.
Le tour était joué. Grand bruit, attitude au
dacieuso et cyniquement révolutionnaire; au
quatrième acte, la révocation; au cinquième,
la députation.
C'est M. Habeneck qui, dans son for inté-
rieur, doit souriro en pensant à l'innocente
complicité avec laquelle M. de Marcère a servi
son dessein et secondé sa manœuvre.
#*# Nous avons emprunté, il y a plu-
sieurs jours déjà, au journal LaFrance,xme
information de Saint-Pétersbourg annon-
çant que le service en l'honneur de M.
Thiers avait eu lieu dans la capitale de
la Russie, en dehors de la colonie fran-
çaise et sans la présence des membres
de notre ambassade. Plusieurs- de nos
abonnés de Russie nous prient de recti-
fier cette nouvelle et de constater que la
colonie et l'ambassade française ont pris
part au service commémoratif de' l'an-
cien Président.
LA PRESSE ETRANGERE
Sommaire. La magistrature française attaquée
""par M. Gambetta et défendue par le Times.
L'état des esprits dans le Roichstag à propos de
la. loi contre les socialistes. Le passage du
Khavber dans l'Afghanistan. Le mariage de
-la Mo de M. dç Bismarck. Une torrera mexi-
caine. Un dialogue conjugal.
Dans le discours qu'il a prononcé à
Romans, M. Gambetta a développé le
programme républicain hostile, comme,
on le sait, à l'inamovibilité de la magis-
trature. Une pareille thèse appelait des
protestations, et nous en trouvons une
très vigoureuse dans les colonnes du
Times. C'est une lettre adressée par l'un
gnaient symétriquement dans leurs ca-
dres de bois noir.
La commode, la table, les chai-
ses étaient en noyer ciré, et si brillants
qu'on aurait pu les croire vernis.
Le carreau, soigneusement mis en
couleur et frotté, étincelait; sur la
cheminée se voyaient une pelote en co-
quillages et des bouquets de fleurs arti-
ficielles dans deux vases d'ancienne
faïence italienne, sans valeur pour l'ou-
vrière et qui se payeraient aujourd'hui
fort cher à l'Hôtel des ventes.
Ces vases se dressaient de chaque côté
d'und statuette de la sainte Vierge en
plâtre colorié.
Enfin le lit, en noyer comme les au-
tres meubles disparaissait à demi sous
de larges rideaux en cotonnade d'une
éclatante blànch'eur.
Dans ce lit Marie Monique était cou-
chée, le visage animé par la fièvre,
ses longs cheveux bruns à demi dénoués,
épars sur l'oreiller blanc, si belle, enfin,
que Maurice Chesnel en'fut ébloui.
Monsieur, dit vivement l'ou-
vrière, vous êtes bien bon d'être venu,
mais je n'avais pas demandé de méde-
cin.
Je le sais, mon enfant, et de votre
part c'était un tort grave que, par
bonheur, il est grandement temps de ré-
parer.
Comment avez-vous su que j'étais
malade?
Par une personne qui s'intéresse
beaucoup à vous.
Qui donc ?
Madame
Et c'est elle qui vous a envoyé?
C'est elle..
•– Eh bien, monsieur, vous allez voir
que la chère et bonne dame s'inquiète
a mon sujet sans motif, et que ce que
j'ai ne vaut véritablement pas la peine
que l'on s'en occupe.
Je vois en effet que c'est peu de
chose; mais une indisposition, si légère
des membres de la magistrature fran-
çaise au correspondant parisien de la
feuille anglaise. Nous en détachons le
passage suivant î
Quo peut vouloir dire M. Gambetta, écrit
l'auteur de la lettre, lorsqu'il parle de la né-
cessité d'une investiture de la magistrature?
Entend-il par là une investiture collective,
qui serait conférée à tous les juges sans dis-
tinction ? Si tel était le cas, aucun magis-
trat ne s'y refuserait. Une telle investiture ne
pourrait être opposée au principe de l'inamo-
vibilité, et ne modifierait point le personnel
en charge. Mais cela ne serait point assez
pour le parti républicain avancé. Ce parti ne,
désire point investir la magistrature, mais
bien l'épurer, afin de créer des vacances.
Et comment procéderait-on alors? Dans quelle
proportion les magistrats en charge.seraient-
ils maintenus? Personne ne le sait, même
parmi ceux qui demandent l'hécatombe.
II est certain seulement que des vides nom-
breux seraient faits dans les rangs judiciai-
res. On les remplirait au moyen d'avocats
sans cause ou d'officiers ministeriels figurant
sur la liste de retraite le choix porterait né-
cessairement sur les -sujets les moins capa-
bles et les membres les moins respectés de
la carrière judiciaire. On ne conférerait qu'une
inamovibilité précaire à cette nouvelle magis-
trature. Un projet aussi subversif est saiys
précédent.
Maintenant que le Reichstag est
réuni, il est intéressant de connaître
dans quelle disposition d'esprit la majo-
rité de cette assemblée envisage le pro-
jet de loi contre les socialistes, dont est
saisi le Parlement. La Gazette de Cologne,
organe du parti national libéral, nous
fournie à ce sujet;dès indications courtes
et précises. -̃
On est absolument convaincu ici que le
Reichstag obtiendra le but unique de sa con-
vocation, la loi contre les socialistes. La très
grande majorité du parti national libéral est
décidée à accorder au gouvernement une loi
efficace celui-ci, du reste, n'en admettrait pas
d'autre. Les déclamations contre les lois
d'exception sont complètement oiseuses. On
est tombé d'accord, en ce sens qu'on no fera
pas de lois spéciales visant certaines person-
nes, mais bien contre la continuation de cer-
taines agitations dangereuses, que les cir-
constances actuelles ne permettent plus de
tolérer.
Le conflit qui vient d'éclater
entre l'Angleterre et l'émir' de Caboul,
appelle l'attention sur l'Afghanistan, et
principalement sur le défilé de Khayber,
que l'ambassade de sir Nevil Chamber-
lain n'a pu franchir. L'Evening Standard
contient, à ce sujet, des détails curieux.
A trente milles du campement de Peshawer,
s'élève le fort de Jamrood, notre dernier poste
sur la frontière du côté du Khayber. Deux
milles plus loin, nous passons la frontière, et
nous entrons dans un défilé, mais on no peut
le faire qu'au péril do sa vie, si l'on ne se mu-
nit d'un sauf-conduit du chef du district voi-
sin, et si l'on n'a pas une escorte .de ses fé-
roces tenanciers.
En entrant dans le défilé, on se trouve en-
tre deux rochers de 1,200 pieds de haut, et sur
un parcours de quelques milles, la route, qui
a été construite en 1841 par nos sapeurs, est
assez bonne. Sur les rochers avoisinants, sont
perchés des bandits, couverts de vermine, qui
portent toujours sur eux un arsenal complet;
on les voit souvent rôder autour du fort do
Jamrood, quand ils no sont pas occupés à se
voler et à se piller les uns les autres, Ils n'ont
qu'un principo « Œil pour œil, dent pour
dent. » Ils pratiquent la vendetta sur une
échelle qui effraierait même TTn Corse. Ils ne
connaissent ni loi ni règle, autre que celle de
leur chef, mais autant seulement que cola leur
plaît, et ils sont aussi indépendants de Shore-
Ali que du Kaisar-i-Hind. •-
Nous avons eu cependant à leur infliger
tant de leçons, depuis quelques années, qu ils
commencent à craindre un peu l'Angleterre,
et en conséquence, ils s'aventurent rarement
au-delà do la frontière par contre, ils ont re-
doublé d'ardeur dans leurs attaques les uns
contre les autres. Do même que les Kurdes
des montagnes d'Hakkiarris, alors qu'ils
travaillent aux champs, ils ont la bêche d'une
main et leur arme do l'autre, et l'on peut dire
que du berceau à la tombe, la guerre, lo
meurtre et les rapines semblent être leur
seule occupation et leur seul plaisir.
Tels sont les hommes qui ont pris la garde
du Khayber.
Un télégramme a annoncé que
la fille du prince de Bismarck venait
d'être fiancée à un jeune diplomate, le
comte Ranzau-Oppehdorf. Voici sur cet
événement, qui touche d'une façon si
directe aux sentiments paternels du
chancelier, les renseignements que nous
fournit le Berliner Borsen Courier
Grande joie dans la maison du chancelier
allemand. La comtesse Mario s'est fiancée à
un jeune diplomate. L'enfant préférée do
l'homme tout-puissant qui dirige les desti-
nées do la politique allemande, a renoncé au
deuil qu'elle portait depuis trois ans, pour se
livrer à un nouvel et heureux avenir. comte
Il y a trois ans qu'elle fut fiancée au comte
Botho Wend d'Eulcnburg, le fr"èro cadet du
ministre do l'intérieur actuel; mais peu do
mois après, la fièvre gastrique enleva lo fiancé
de la comtesse Mario. Alors qu'elle était do-
bout, à côté du corps du bien-aimé, sa dou-
leur immense justifiait la crainte quo jamais
elle no consentirait à former do nouveaux
liens. Elle a pris un autre parti, réalisant
ainsi lo vœu le plus fervent du prince do Bis-
marck.
F. M.
qu'elle soit, peut s'aggraver si on la né-
glige. .b' d
Mais j'aiîùen soin de moi, monsieur.
-Que faites-vous?
Je bois de la tisane.
-Qui la prépare?
Moi-même.
Avec quoi la préparez-vous ?
Marie Monique nomma deux ou trois
plantes anodines qui, infusées dans de
l'eau chaude, ne pouvaient à la vérité
faire aucun mal, mais ne pouvaient non
plus produire aucun bon résultat.
Maurice sourit.
De qui tenez-vous cette belle re-
cette ?– demanda-t-il.
De ma pauvre mère qui l'employait
toujours, et toujours avec succès.
C'est la foi qui sauve pensa le
médecin, puis il reprit
• Voulez-vous me donner votre main,
j'ai besoin de vous tâter le pouls.
Marie Monique sortit son bras du lit.
La manche de sa chemise était courte.
-Son beau bras blanc velouté, qui pour
la première fois se montrait aux regards
d'un homme, avait l'éclat et la pureté de
forme des chefs-d'œuvre de la statuaire
antique.
Comment peut-il se faire qtfôn
trouve dans la classe pauvre d'aussi ad-
mirables créatures? se demanda Mau-
rice, tout en appuyant ses doigts sur la
peau fine et transparente sous laquelle
il sentit la veine battre à coups redou-
bles.
Le contact de cet épiderme fit courir
dans tout son être et descendre jusqu'à
son cœur une sorte de frisson semblable
à celui que cause le choc d'une faible
étincelle électrique.
Et il pensait
Que doit être le corps auquel s'atta-
che un bras pareil?. Oh! Pradier, quel
chef-d'œuvre serait sorti de tes mains, si
le dieu des artistes avait envoyé sur ton
paesage ce modèle splendide.
Et ses regards cherchaient à se rendre
La comtesse Mario épouse un diplomate. IL
est vrai que, pour le moment, il n'est quo se-
crétaire do légation; il a toutefois, assisté au
Congrès en qualité de secrétaire. Il avait été
d'abord premier lieutenant; ensuite il s'est
préparé à la carrière diplomatique comme at-
taché d'ambassade à Lisbonne, Bruxelles et
Munich.
Le comte Kuno Rantzau Oppendorf a ac-
tuellement trente-cinq ans; il a donc cinq ans
de plus que la comtesse Marie, sa fiancée.
Le prince de Bismarck s'est choisi un gen-
dre qui est un diplomate très capable et très
aimable, mais ne passe pas pour avoir une
grande fortune. Heureusement que la com-
tesse Marie n'a pas besoin de faire un ma-
riage d'argent. Papa Altesse (sic), en père de
famille prevoyant, a su gérer admirablement
bien l'argent des dotations 'qui lui ont été
faites, et qu'il a augmentées par des écono-
mies et par des placements prudents.
• ̃– Les torreros espagnols sont cé-
lèbres dans Je monde entier; mais il est
plus rare de voir une femme lutter dans
l'arène contre un taureau furieux. Eh
bien il existe au Mexique une torrera
dont l'audace et le sang-froid dépassent
tout ce que l'on peut croire.
Une feuille de New-York, The National
police Gazette publie, en-téte de son der-
nier numéro, la vue de l'amphithéâtre où
la jeune héroïne a poignardé le taureau.
On trouvera ce dessin dramatique dans
notre salle des dépêches, et, en atten-
dant, voici le récit de cet exploit tauro-
machique.
Les Mexicains qui sont actuellement à
Nueva-Arata viennent'd'être transportés d'en-
thousiasme par les exploits de Mlle Concha-
Salata, une charmante torrera.
Le combat do taureaux était annoncé pour
trois heures, et une immense foule, composée
de Mexicains et d'Américains, assistait à ce
spectacle.
La jolie lidiadore entra dans l'arène escor-
téo par la troupe des torreros portant des
écharpes de toutes couleurs.
Ces bannières furent agitées devant l'ani-
Ces bannières' furent agitées devant fani-
mal jusqu'à ce que celui-ci fût arrivé au plus
haut degré d'exaspération. Les hommes quit-
tèrent alors la piste, laissant le champ libre à
la jeune femme, qui était seulement armée
d'un long couteau-poignard.
Le taureau baissa la tête et courut, les cor-
nes en avant, sur miss Concha Salata. La vail-
lante torrera esquiva le choc, sauta à cheval
sur le taureau et lui plongea dans la gorge
son poignard avec une force et une vigueur
qui le firent trembler et mugir de douleur.
Puis elle sauta à terre, et l'animal, qui n'a-
vait pas été frappé mortellement, fit un tour
sur lui-même et chargea miss Salata'avec
tant de fureur que celle-ci n'eut que le temps
de se jeter à plat ventre.
Le taureau, entraîné par son élan, dépassa
la torrera, et, avant qu il se fût relevé, miss
Salata était do nouveau sur son dos et lui re-
plongea son poignard dans le cou l'animal
poussa un dernier mugissement, et expira.
Miss Salata coupa la queue du taureau et
la jeta comme un trophée à- la foule enthou-
siaste.
C'est la troisième fois que la jeune mexi-
caine exécuto lo même exploit. Elle n'a que
vingt-deux ans.
̃ Terminons par un dialogue con-
jugal, recueilli par le Fanfulla
l, Le mari lit le journal, la femme brode.
Le maiu. Comme cette politique est en-
nuyeuse Voyons la chronique
« Un duel à l'épée a ou lieu hier, entre le
sieur G. mari offensé, et le sieur II. au-
teur de l'offense. Le sieur G. a été tué par
un coup d'épéo qui lui a traversé le poumon. »
Ah pardicu la chronique n'est guère plus
divertissante l
LA femme (avec une grande ingénuité).
Tu as raison si j'étais à ta placo, je recom-
mencerais à prendre des leçons d'escrime.
Un Diplomate.
Télégrammes et Correspondances
^A~wv^, Chateauroux, 25 septembre. Hier,
entre dix et onze heures du soir, le train om-
nibus n° 11, parti de Paris à 2 h. 35 do l'a-
près-midi, a été rencontré entre les gares de
Chateauroux et do Luant, par un train de
marchandises qui avait franchi les signaux
faits à cette dernière station. Plusieurs "voya-
geurs et agents de la Compagnie ont été bles-
sés, dont cinq grièvement.
La circulation a été interceptée pondant une
partie do la nuit, mais les voyageurs du train
11 et ceux des trains suivants ont été trans-
bordés pour continuer leur trajet.
->« Le Blanc, 25 sept. Le corps do
Clément Laurier est arrive hier soir de Mar-
seille. Il était accompagné de Mme Laurier,
avec deux sœurs de la Providence, do M. et
Mme Félizet, de Mlle Laurier et de son fiancé,
M. Hornbostel.
L'onterrpment a eu lieu ce matin 11 onze
heures, avec une pomp'o inusitée dans ce
pays. Une foule énorme [était venue de tous
les points du département pour y assister.
L'arrondissement du Blanc perd en M. Lau-
rier un de ses bienfaiteurs, et rarement re-
grets plus sincères se sont manifestes devant
unQ tombe.
Conformément aux désirs do la famille, au-
cun discours n'a été prononcé. M. Salmon,
adjoint, a dit ces simples paroles « Le con-
seil municipal dépose une couronne sur le
cercueil du Bienfaiteur du pays. »
Les honneurs militaires étaient rendus par
un détachement_du 68cWo ligne. ""̃
compte des contours qui se dessinaient
en un relief hardi sous les draps.
Cependant les yeux de Marie Monique
interrogeaient les yeux du médecin.
L'ouvrière semblait étonnée de son si-
lence, et même quelque peu inquiète.
Est-ce que ce serait plus grave que
je ne le croyais; monsieur?. fit-elle
enfin. 1
Non, mon enfant, non. rassurez-
vous. Votre maladie, je vous Paf-
firme, n'est en aucune façon dange-
reuse, et la convalescence^ ne tardera
point.
Bien vrai?.
Oui, bien vrai.
Vous ne dites pas cela pour me ras-
surer?.
Non, je vous en donne ma parole
d'honneur! Seulement, il vous faut
des soins assidus, -et, de plus, quelques
médicaments, bien simples et peu coû-
teux, sont indispensables.
Le visage de Marie Monique prit une
expression effrayée.
Qu'avez-vous donc?– lui demanda
Maurice.
Comment faire, monsieur?. Ces
médicaments dont vous parlez, je ne puis
me lever pour aller les prendre à la phar-
macie.
Ne vous inquiétez de rien, mon en-
fant. je vais écrire une petite ordon-
nance. j'irai moi-même chercher ce
dont vous avez besoin.je vous appor-
terai les deux ou trois fioles qui contien-
dront la guérison prompte et certaine, et
vous n'aurez qu'à boire d'heure en heure
une cuillerée de leur contenu. Vous
voyez que c'est bien facile.
-Sans doute, monsieur, mais.
Mais quoi?
L'ouvrière baissa les yeux une rou-
geur nouvelle s'ajouta à la teinte pour-
pre que la fièvre mettait sur ses joues.
Elle balbutia d'une voix à peine dis-
tincte
Vous êtes bon, monsieur. et je
vous remercie de toute mon âme. Mais
-wv» AinoLO, 25 septembre. Trois cais-
ses de poudre de mine ont fait explosion dans
le tunnel du Saint-Gothard. Dix ouvriers ont
été tués. Un grand nombre ont été blessés,
dont quelques-uns grièvement.
̃ « v* Marseille, 25 septembre. Dans la
séance du Conseil d'arrondissemeut, M. Clovis
Hugues émet un vœu tendant à ce que l'ad-
ministration supérieure empêche, à l'occasion
de l'arrivée de l'évêquo de Marseille, toutcsi
les manifestations de nature à. provoquer des
contre-manifestations et des troubles dans la
cité. M. Dédebat, secrétaire général de la
préfecture, fait des réserves expresses, disant
que le Conseil excédait ses attributions.
M. Pierre Roux appuie le vœu de M. Clovis
Hugues. Le président propose un ordre du
jour qui, après discussion, n'est pas mis aux
voix. M. Pierre Roux complète le vœu émis
par M. Clovis Hugues, priant la municipalité
marseillaise, à l'occasion de l'arrivée do l'évo-
que de Marseille, de faire exécuter intégrale-
ment la loi de germinal.
Ces vœux, mis aux voix, sont adoptés par
5 voix contre 3.
̃ww^w» Bordeaux, 25 septembre. M. do
Freycinet est arrivé aujourd'hui venant do
Blaye par bateau à vapeur. Il a été reçu par
les autorités au ponton des Quinconces! et est
descendu à la Préfecture.
Ce soir, grand banquet de 92 couverts offert
au palais do la Bourse par la Chambre do
commerça. x
•>ww>- LE Havre, 24 septembre. Le Tri-
bunal do commerce, dans sa séance d'aujour-
d'hui, a rendu son jugement dans l'affaire du
François Ier (abordage dans les jetées).
Le steamer anglais Alliance, de Southarnp>-
ton/a été condamné à payer au bateau fran-
çais les réparations suivant rapport d'expert,
plus 9,Q00 francs pour chômage; 1,800 francs
a M. Mauger, pour son oreille enlevée; 100
francs aux époux Hardouin (légèrement bles-
sés) 2,400 francs de rente-au jeune Théodoro
Debare, amputé d'une jambe (le capital placé
en 3 0/0) et-300 francs pour frais.de maladie.
Des réserves sont faites jusqu'à l'âge de 19 ans
pour le jeune Alfred Debare, pour les blessu-
res qu'il a reçues à la tête.
.wwww* MONS, 25 septembre. Un dramo
épouvantable viontdc se passer àMarehiennes.
Le nommé Dupuis, qui soupçonnait sa femmo
d'entretenir des relations coupables avec un
de ses amis, l'a tuée, étant couchée, d'un coup
do revolver à la tempe après quoi il s'est
tiré trois balles dans la tête.
Les enfants do ce malheureux assistaient à
cette scène sanglante.
vww^/v» Boulogne-sur-Mer, 25 septembre. --•; 1
Hier soir, est mort dans son château d'Hodre,"
M. Senéca, vice-président du Conseil général
du Pas-de-Calais, ancien conseiller à la Cour
de cassation, ancien directeur des grâces au
ministère do la Justice, ancien député de la
'Somme, commandeur do la Légion d'IIon-
neur.
M. Senéca était âgé de 78 ans. Après la cé.
rémonie funèbre, le corps sera transporté à
Abbevillo, pour être inhumé dans lo caveau
de famille.
~ww> Orléans, 25 septembre. Demain, à
deux heures, grande revue des troupes do la
garnison, par le général Bataille, comman-j
dant le 5° corps, assisté des généraux Appert
et Thibaudin. On compte huit mille hommes,
y compris les -réservistes.
̃wa". Lyon, 25 septembre. On signala
dans l'armée do Lyon, un fait très regrettable,
à propos du rengagement des soua-officiers:
Sur quarante, appartenant aux 16°, 121° e(
122° régiments do ligne, libérés par lo départ
de la classo'1872, trois seulement se sont ren«
gagés.
"~www* La division se produit déjà parmi U
comité radical dissident au citoyen Habc»
neck, quelques membres opposent la candi<
dature de M. Castanier, constructeur méca» °
nicien.
L'élection du docteur Chavanne parait do»
finitivement assurée.
«~www* Lons-le-Saulnier, 24 soptembre. r-
Dans une excursion aux sources de Lizon, Àft'
le président Grévy est tombé sur un rocher et
s'est assez fortement blessé à la tête.
Des soins immédiats lui ont été données ofci
d'après l'avis du médecin, cet accident n'aurai
aucune suite sérieuse.
~w» Bayonne, 24 septembre. On fait
ici de grands préparatifs pour recevoir impé-
rialement M. de Freycinet, ministre des tra.
vaux publics. Voici, du reste, le programme
des fêtes:
Lo 27, dans l'après-midi, arrivée du mi-
nistro par un train spécial. Réception à la,
gare par toutes les autorités. Le soir banquet
do 5G couverts, offert par la municipalité, feu
d'artifice, illumination des ponts, musique mi-
litaire et, sans aucun doute, l'inéluctable Mar-
scillaisc par la musique civile.
On attend du ministre une impulsion plus
active dans les travaux de la Barre, l'endi-
guement du haut Adour et un chemin do fer
par la vallée do la Nive pour pénétrer en Es-
pagne par les Aldudes.
̃"wwwv* Nice, 25 septembre. Los obsèques
do M. Olivier, président du tribunal civil, qui
a succombé à une attaque d'apoplexie fou*,
droyante, à l'âgo de cinquante-cinq ans, ont
ou lieu ce matin. Malgré une pluie torren-i
ticlle, un grand nombre d'amis avaient tenu
à donner un dernier témoignage de sympathie
à ce magistrat universellement estimé.
M. Gavot, vice-président du tribunal; M^r
Marcy avocat, ont prononcé ..des discourut
Le corps sera transporté à Draguignan, pay3
natal du président Olivier.
wvwv Cherbourg, 25 septembre. La côrV
vette Dupleix, commandant Devarenne, do la
station d'Islande, est arrivée ici ce matin à,
huit heures."
je suis pauvre. je n'ai pour vivre quô'
mon travail. et je ne saurai comment
reconnaître tout ce que vous voulez
faire pour moi. i,
N'est-ce que cela qui vous inquiète?
dit Maurice. Tranquillisez-vous,
mon enfant. Ce que je ferai sera;
bien peu de chose. et nous verrons plus
tard. quand vous serez guérie. nous:
nous entendrons facilement. Mettez-
vous donc l'esprit en repos. là repos
de'Fâme est aussi indispensable que ce-
lui du corps pour votre prompte conva-
lescence. En attendant, comptez sur
moi et regardez-moi comme un ami.
comme un ami dévoué.
Le regard qui accompagnait ces paro-
les bienveillantes leur donnait un sens r
que Marie Monique ne devina point*
Là où le calcul intéressé de la passion
sensuelle montrait le bout de l'oreille^
l'ouvrière ne vit que l'élan d'une charite
affectueuse.
Elle se sentit touchée jusqu'aux lâr*'
mes, et elle s'écria
Ah! monsieur, Dieu seul pourra
vous récompenser. et je lui demande-
rai de le faire. et mes prières seront si
ardentes qu'il les entendra, je l'espère.
Ce n'est pas sur Dieu que je compté
pour la récompense que j'attends! s&
dit Maurice.
Puis tout haut il reprit
Point 'd'exaltation, surtout! ^J9
vous en prie, et, en qualité de médecin 4
je vous l'ordonne. évitez de vous ani-ti
mer! A cette condition seulement
la fièvre tombera. Je vais m'occuper
de vous et je reviendrai dans deux^heuifl
res.d'ici là, tachez de dormir un peu..g
A bientôt, mon enfant. |
Ii sortit, laissant Marie Monique, émuej
et reconnaissante, se répéter qu'il y avaifî
de belles et nobles âmes sur la terre !J
1 XAVIER DE MONTÉPIN.
(La suite à demain.)
"E!51
LE FIGARO JEUDI 26 SEPTEMBRE 1878
rent qu'ils se sont précautionnés d'une
destination et qu^iis réclament des in-
demnités avec l'inïiïirêt de leur argent.
Quant à l'emploi des;ioeaux– on s'est
trompé, tout au moins en ce qui con-
cerne la partie occupée par la section
française c'est à un musée industriel
et à* un essai d'exposition permanente
universelle que ces vastes bâtiments se-
raient consacrés. C'est une idée" reprise
dans le rapport de la commission de
1867,- mais comme ce rapport n'a reçu
aucune publicité, on peut laisser croire
au public que l'idée est nouvelle.
-,¡¡,t:
̃Le souvenir des objets les plus beaux
exposés en 1878 ne disparaîtra pas non
plus entièrement. Tous les matins, à
l'heure ou M. Krantx fait payer deux
francs la vue des lustrines vertes ou gri-
ses qui couvrent les vitrines les expo-
sants qui veulent perpétuer le souvenir
de leur collaboration à notre grande Ex-
position, font photographier leurs prin-
cipaux produits.
Parmi les photographes les plus de-
mandés pour ce travail, je citerai M.
Ti'uchelut, le doyen, je crois, et l'un des
plus experts des artistes photographes
français. C'est d'ailleurs le dernier sur-
vivant des préparateurs de Daguerre et
des quinze élèves que ce dernier avait
-formés avec tant de soin. M. Truchelut a
-exposé au Champ-de-Mars de magnifi-
ques spécimens de photographie; il est,
comme on sait, le portraitiste obligé de
toutes les illustrations et de toutes les
célébrités; c'est un des partisans* de la
photographie sans retouche ou la moins
retouchée qu'il soit possible.
Aussi tout le monde veut passer de-
vant son objectif car s'il fait sincère,
il n'est ni brutal, ni bruyant. Une photo-
graphie de M. Truchelut est un vrai por-
trait, bien posé, bien placé, bien nature.
"M. Truchelut est également un des re-
producteurs de la nature et de l'archi-
tecture les plus réputés pour l'air et l'es-
pace qu'il sait donner aux choses maté-
rielles.
Jules Richard.
Petit Courrier de l'Exposition
On fera beaucoup de musique pondant la fin de
tette semaine au Trocadéro.
Aujourd'hui a lieu le neuvième concert officiel
de musique française, sous la direction de M.
Edouard Colonne,
Demain, vendredi, quatrième et dernier concert
rns-30 organisé et dirigé par M. -Nicolas Rubins-
tein.
Enlin samedi, grande séance d'orgue dans la
Salle des Fêtes, par M. Camille Saint-Saëns.
Lundi prochain, dans la Salle des Confé-
rences, concert de musique tyrolienne, donné par
la famille Louis Rainer, d'Achensee, composée de
quatre femmes et do cinq hommes. Ces artistes,
dont le succès a été si grand à leur première au-
dition, se feront entendre dans leur costume na-
lional..
Le Congrès de géographie commerciale a;
dans sa séance d'hier, décidé qu'il insisterait au-
près des gouvernements, pour l'organisation à
Paris et dans les autres capitales, de musées
commerciaux semblables à celui qu'a fondé à
Rome le comte Telferier.'
Il a approuvé aussi une proposition du général
Tlirr, en vue d'un canal interocéanique entre les
deux Amériques. Le grand perceur d'isthmes, M.
de Lesseps, présidera lo" Congrès international qui
poursuivra l'achèvement do cette entreprise d'un
intérêt universel.
Le nombre des entrées payantes d'avant-
hier mardi a été de 77,458. ̃
Dans la matinée d'avant-hier, 'a eu lieu au
Trocadéro la première séance du Congrès inter-
national pour VamélioratMjn du sort des Aveugles,
sous la présidence do M. Nadaud da iBuffon. On
pense quo, par l'émission d'un vœu unanime des
membres du Congrès, il sera demandé au gouver-
nement la création d'un établissement d'éducation-
pour les aveugles dans chaque département. Ce
vœu sera, dit-on, appuyé de chiffres si intéres-
sants, que lo gouvernement ne pourra, manquer
de le prendre en sérieuse considération. •
La séance d'aujourd'hui sera présidée par M. de
Marcéro, ministre de l'intérieur, assisté de M. Ana-
tole de la Forge, président d'honneur du Congrès.
̃ On vient d'exposer dans la section japo-
naiso du Ghamp-de-Mars, uno magnifique collec--
tion d'instruments de musique, récemment arrivée
du Japon. Ces instruments diffèrent complètement
de ceux en usage dans'les orchestres européens;
ils sont taillés dans des bois précieux et montés
pour la plupart avec un grand luxe d'incrusta-
tion ot d'ornements,
Au-dessus de la vitrine qui renferme cette cu-
rieuse collection, on a exposé des tableaux repré-
sentant, revêtus de leurs costumes de théâtre, les
acteurs et les actrices qui composent la troupe
spécialement attachée à la cour du souverain du
Japon.
PARIS AU JOUH 1E JOUR
L'Agence Havas reçoit de Rome l'ana-
lyse d'une lettre adressée par le Pape au
cardinal Nina, son secrétaire d'Etat, et
qui contient des indications importantes
sur la politique présente du Saint-Siège.
Nous disons des indications, car si la
lettre pontificale ne parle d'aucun résul-
tat acquis et ne trace point de programme
défini, elle témoigne toutefois d'un sin-
cère esprit de conciliation.
La lettre rappelle avec douleur la' mort du
cardinal Franchi. Elle loue l'habileté dans les
affaires, la fermeté et l'esprit du cardinal
Nina, auquel le Pape s'adresse en lui faisaat
connaître ses idées.
Feuilleton du FIGARO du 26 Septemb. 1878
I 17
L E1
CHALET DES LILAS
PFLEMIÈRE 1
La maison habitée par l'ouvrière était
an de ces vieux logis, du moyen âge qui
sont rares à Vesoul car la pauvre ville,
isaccagéeet brûlée à dix reprises, a gardé
peu de constructions anciennes, témoins
encore debout d'un passé désastreux.
Cette maison, bâtie en pierres de taille
noircies par le temps, avec sa porte ogi-
vale surmontée d'un écusson mutilé, et
ses croisées coupées en quatre par la
croix de pierre symbolique,– offre deux
étages de hauteur.
Au bout d'un couloir étroit et sombre
existe un escalier en forme de vis, dont
tontes les marches ont été usées dans le
milieu par les pas de vingt générations
successives.
Le logement de Marie Monique se
trouvait dans la partie la plus élevée de
la maison.
Le rez-de-chaussée était occupé par un
̃cordonnier à qui Maurice s'adressa,, et
qui lui répondit:
Monsieur le médecin, montez tout
en haut, vous verrez sur la porte une
carte collée, et sur cette carte il y a
écrit Marie Monique Taillandier, coutu-
rière. Pas moyen de se tromper.
̃_ Maurice s'engagea dans le noir es-
Le Pape -l'appelle qu'aussitôt son élévation
au trôné pontifical il adressa à tous lès évé-
ques une encyclique déplorant les désordres
de la société actuelle et exposant les bienfaits
do l'Eglise, qui possède encore aujourd'hui
toute sa force pour guérir les plaies morales,
de la société.
Le Pape, guidé par ces sentiments, s'est
adressé aux chefs des nations, même à ceux
qui ne sont pas liés au Saint-Siége par les
attaches de la religion catholique, les invitant
à ne pas refuser à l'Eglise leur puissant
appui. Le Pape s'est adresse, en conséquence,
à l'illustre empereur de la nation allemande,
laquelle, à cause des difficiles conditions
faites aux catholiques de ce pays, appelait
particulièrement la sollicitude, du Saint-
Siège.
-Cette démarche, écrit Sa Sainteté, inspirée
uniquement par le désir de donner la paix
religieuse à l'Allemagne, a été favorablement
accueillie par l'empereur et a eu le bon effet
de faire entamer des négociations amicales,
dans lesquelles notre intention n'a pas été
d'obtenir une simple trêve, -mais une paix
vraie, solide et durable.
L'importance do ce but, justement appré-
ciée par la haute sagesse de ceux qui tien-
nent dans leurs mains les destinées do l'em-
pire, les conduira, nous en avons la confiance,
à nous donner une main amie pour l'attein-
dre.
L'Eglise, sans doute, serait heureuse de voir
la paix rétablie en Allemagne; mais l'empire
en serait non moins heureux, car les cons-
ciences étant pacifiées, il trouverait, comme
autrefois, dans les fils de l'Eglise catho-
lique ses sujets les plus fidèles et les plus
genéreux.
Il est donc positif que les avances sont-
venues du côté du Saint-Siégè; on re-
marquera aussi que la lettre pontificale.
s'abstient de toute ingérence dans les
questions générales; elle s'en tient à
deux points précis les négociations avec
l'Allemagne et les rapports avec l'Italie
qui, ainsi qu'il fallait s'y attendre, restent
ce qu'ils étaient sous le pontificat de
Pie IX.
Notre attention se porte aussi vers les pays
de l'Orient, où les événements préparent peut-
être à l'Eglise un avenir meilleur.
Le Saint-Siège fera tout son possible pour
favoriser les intérêts de la religion dans ces
pays.
Notre but est donc d'exercer l'action bien-
faisante de l'Eglise et de la Papauté au milieu
de la société actuelle tout entière.
Le cardinal Nina, continue la lettre pontifi-
cale, devra encore porter son attention la plus
sérieuse sur la situation difficile créée au Sou-
verain-Pontife en Italie et à Rome, par suite
de la spoliation qui lui a fait perdre son pou-
voir temporel.
Le Pape déclare ensuite qu'il ne veut pas
s'étendre sur les droits du Saint-Siège, ni
sur les inquiétudes des catholiques à la vue
de leur père privé de liberté.
Mais il ne peut se dispenser do faire remar-
quer que, tandis que le pouvoir spirituel a
besoin, dans les conditions actuelles, d'une
liberté très complète, il rencontre, au con-
traire, des empiétements qui rendent le gou-
vernement do l'Eglise'universelle très dif-
ficile.
Le Pape rappelle, à ce sujet, les plaintes de
Pie IX sur la suppression des corporations re-
ligieuses, le recrutement deTarmco, l'établis-
sement à Rome d'égliscs et d'écoles héréti-
ques, et une instruction sans foi.
Le Pape se plaint delà nécessité de fexegtac~-
tur du gouvernement pour la nomination des
évoques, du refus du gouvernement de recon-
naître quelques évêques ou de la longueur des
formalités pour leur reconnaissance.
Le Papo nie que le patronage royal donne
des droits contraires a ceux do l'Eglise.
Le Papo conclut en déclarant que, dans ces
conditions déplorables, il n'ignore pas quels
sont les devoirs de son ministère apostolique.
#*£ Ici une polémique assez aigre s'en-
gage autour de la lettre si sage et si po-
litique de M. de Falloux, que nous avons
reproduite hier.
L'Univers a commencé; le Monde conti-
nue en termes plus mesurés.
Nous croypns que M. le comte de Falloux
exagère les inconvénients qu'il signale et gros-
si les périls qu'il envisage; il oublie, en
outre, et là signification des mots, et le carac-
tère, de la lutte actuelle. Le mot de Révolution
ne désigne plus simplement chez nos adver-
saires, sur la question il faut les interroger,
-la série d'événements qui se sont déroules
do 1789 à 1804.11s n'entendent pas davantage,
sous ce mot, des changements politiques, ad-
ministratifs et économiques, ni même certains
principes politiques inoffensifs pour la foi et
la conscience des catholiques.
Le mot do Révolution est devenu lo nom
d'un corps de doctrines qui est le contrepied
du christianisme, et le symbole d'un parti qui
a pour programme l'asservissement et la des-
truction radicale do l'Eglise.
En cet état, rien do plus naturel pour des
catholiques que de çrendro pour mot d'ordre
le mot de contre-Rovolution.
L'Union défend aussi le mot de Contre-
Révolution, qui paraît mal choisi à M. de
Falloux» et où il voit le germe de malen-
tendus sans fin.
Quel autre, en effet, énoncerait plus nette-
ment ce qu'il signifie, à savoir la répudiation
des doctrines que représente le mot de Révo-
lution, do ces doctrines que l'Eglise a expres-
sément condamnées et dont nous voyons cha-
que jour se dérouler les fatales conséquences?
La Contre-Révolution n'a rien do commun
avec « l'ancien régime », qui n'est « dans la
pensée » de personne, et que nous combat-
trions avec autant d'énergie au moins que
calier, éclairé seulement d'étage en
étage par une sorte de machicoulis très
étroit pratiqué dans l'épaisseur de la mu-
raille et ne laissant passer qu'un faible
rayon lumineux, pareil à, cette clarté
douteuse qui descend au fond des ca-
chots.
Au sommet des degrés il vit la porte,
et sur la porte, l'écriteau indicateur.
Il frappa.
Personne ne répondit.
Il pesa sur le loquet, et la porte s'ou-
vrit.
Maurice se trouva dans une grande
pièce triste et froide, aux murailles en-
tièrement nues et n'ayant d'autres meu-
bles qu'une haute armoire ancienne,
une petite table en bois blanc et deux
escabelles.
Sur la petite table étaient posés quel-
ques ustensiles de ménage.
Au fond se voyait une seconde porte.
Maurice frappa à celle-ci, comme il
avait frappé à la première.
Qui est là? demanda une voix
faible. C
Le médecin. répondit Maurice.
Entrez.
Maurice ouvrit d'une main tremblante
et franchit le seuil d'une chambre qui
formait un frappant contraste avec celle
qu'il venait de quitter.
Autant lune était sombre et d'aspect
lugubre, autant l'autre était aérée, lumi-
neuse et en quelque sorte souriante.
Cela s'explique.
La fenêtre de la première pièce s'ou-
vrait sur une cour étroite et semblable à
un puits.
Il.' Celle de la seconde prenait jour sur la
rue, ou plutôt sur le ciel, car en face
d'elle il n'y avait que des jardins qu'elle
dominait de très haut.
Un petit papier commun mais d'une
jolie couleur, clair-semé de fleurs roses
et bleues, couvrait les murs.
Des lithographies enluminées,: repré-
sentant des sujets nieux et les aventures
de Mathilde et de Malek-Adel, s'ali-
certains « conservateurs libéraux j. Elle ad-
met les changements introduits dans les ins-
titutions civiles et politiques do la France et
qui ont été la suite du grand mouvement de
« rénovation » de la fin du dernier siècle,
suivant l'expression de Monsieur le Comte de
Chambord. Elle se contente do repousser les
principes anti-chrétiens et anti-sociaux de la
Révolution.
Oommeil arrive toujours d'ailleurs aux'
conciliateurs,'à ces pauvres M. Robert
qui s'interposent à frais perdus entre
Sganarelle qui bat Martine et Martine
qui aime à recevoir les coups, les feuil-
les de gauche ne savent aucun gré à M.
de Falloux de sa modération avec l'in-
tolérance agaçante et la niaiserie hau-
taine qui rendent sa lecture si particu-
lièrement pénible, la République fran-
çaise repousse une thèse où elle feint de
voir des avances. M. de Falloux n'aura
donc pour lui que les gens raisonnables
et l'on ne se figure pas combien on en
trouve peu; mais -en ce& matières la
qualité console de la quantité.
# L' Univers reçoit la dépêche que
voici
Rome, le 25 septembre.
M. Erdan, le correspondant du Temps, est
mort la nuit passée à Frascati, après s'être
confessé.
Il était revenu à Dieu, et recevait les soins
des jésuites à la villa Mondragone.
Le Temps n'annonce point la mort de
son collaborateur. `
#*#. Le discours que M. de Freycinet a
prononcé à la Rochelle est absolument
étranger à la politique. Il n'a qu'un inté-
rêt absolument local, sauf le toast final
dont voici le texte.
Je vous demande la permission de porter
un toast qui est sur toutes lès 'lèvres vous
ne me pardonneriez pas de traverser le dépar-
tement de la Charente-Inférieure sans boire à
la santé de celui dont vous avez prononcé le
nom tout à l'heure, celui que je puis dire,
sans offenser personne, le plus illustre de ses
enfants, au vénéré M. Dufaure je vous prie de
boire à la santé de M. le président du conseil
des ministres.
#*# Le Constitutionnel traite, avec une
verve brutale, mais juste, le cas de M.
Habeneck.
M. Habeneck était, la semaine dernière,
sous-préfet do Carpentras; la semaine pro-
chaine, il sera député de Lyon. Le saut est
do conséquence voilà une grande fortune
'politique qui se lève..M. Habeneck mérite ce
qui lui arrive et il lui est permis d'aspirer à
tout.
Pourquoi? Parce qu'il est un homme ayant.
le sens vif et net de son époque. Il sait jouer
avec un art merveilleux, avec un à-propos
inspiré do ce qui s'appelle, dans l'argot ac-
tuel, le truc de la destitution.
Il a bien calculé son coup, et le coup a
porté. Quand parut sa fameuse et impudente
lettre au P. Ducoudray, les gens raisonna-
bles, froids et bien élevés, 'se dirent naïve-
ment « Ce sous-préfet est fou » u
Pas si fou que cela La lettre fait un tapage
infernal elle "provoque une polémique enra-
géo tout ce qui est conservateur, respec-
tueux des choses religieuses, mémo des plus
simples convenances de politesse, charge
M. Ilabeneck de récriminations et do protes-
tations violentes.
M. do Marcère est forcé d'intervenir il in-
tervient, il sévit, il décharge sur cette tête
insolente la foudre ministérielle.
Le tour était joué. Grand bruit, attitude au
dacieuso et cyniquement révolutionnaire; au
quatrième acte, la révocation; au cinquième,
la députation.
C'est M. Habeneck qui, dans son for inté-
rieur, doit souriro en pensant à l'innocente
complicité avec laquelle M. de Marcère a servi
son dessein et secondé sa manœuvre.
#*# Nous avons emprunté, il y a plu-
sieurs jours déjà, au journal LaFrance,xme
information de Saint-Pétersbourg annon-
çant que le service en l'honneur de M.
Thiers avait eu lieu dans la capitale de
la Russie, en dehors de la colonie fran-
çaise et sans la présence des membres
de notre ambassade. Plusieurs- de nos
abonnés de Russie nous prient de recti-
fier cette nouvelle et de constater que la
colonie et l'ambassade française ont pris
part au service commémoratif de' l'an-
cien Président.
LA PRESSE ETRANGERE
Sommaire. La magistrature française attaquée
""par M. Gambetta et défendue par le Times.
L'état des esprits dans le Roichstag à propos de
la. loi contre les socialistes. Le passage du
Khavber dans l'Afghanistan. Le mariage de
-la Mo de M. dç Bismarck. Une torrera mexi-
caine. Un dialogue conjugal.
Dans le discours qu'il a prononcé à
Romans, M. Gambetta a développé le
programme républicain hostile, comme,
on le sait, à l'inamovibilité de la magis-
trature. Une pareille thèse appelait des
protestations, et nous en trouvons une
très vigoureuse dans les colonnes du
Times. C'est une lettre adressée par l'un
gnaient symétriquement dans leurs ca-
dres de bois noir.
La commode, la table, les chai-
ses étaient en noyer ciré, et si brillants
qu'on aurait pu les croire vernis.
Le carreau, soigneusement mis en
couleur et frotté, étincelait; sur la
cheminée se voyaient une pelote en co-
quillages et des bouquets de fleurs arti-
ficielles dans deux vases d'ancienne
faïence italienne, sans valeur pour l'ou-
vrière et qui se payeraient aujourd'hui
fort cher à l'Hôtel des ventes.
Ces vases se dressaient de chaque côté
d'und statuette de la sainte Vierge en
plâtre colorié.
Enfin le lit, en noyer comme les au-
tres meubles disparaissait à demi sous
de larges rideaux en cotonnade d'une
éclatante blànch'eur.
Dans ce lit Marie Monique était cou-
chée, le visage animé par la fièvre,
ses longs cheveux bruns à demi dénoués,
épars sur l'oreiller blanc, si belle, enfin,
que Maurice Chesnel en'fut ébloui.
Monsieur, dit vivement l'ou-
vrière, vous êtes bien bon d'être venu,
mais je n'avais pas demandé de méde-
cin.
Je le sais, mon enfant, et de votre
part c'était un tort grave que, par
bonheur, il est grandement temps de ré-
parer.
Comment avez-vous su que j'étais
malade?
Par une personne qui s'intéresse
beaucoup à vous.
Qui donc ?
Madame
Et c'est elle qui vous a envoyé?
C'est elle..
•– Eh bien, monsieur, vous allez voir
que la chère et bonne dame s'inquiète
a mon sujet sans motif, et que ce que
j'ai ne vaut véritablement pas la peine
que l'on s'en occupe.
Je vois en effet que c'est peu de
chose; mais une indisposition, si légère
des membres de la magistrature fran-
çaise au correspondant parisien de la
feuille anglaise. Nous en détachons le
passage suivant î
Quo peut vouloir dire M. Gambetta, écrit
l'auteur de la lettre, lorsqu'il parle de la né-
cessité d'une investiture de la magistrature?
Entend-il par là une investiture collective,
qui serait conférée à tous les juges sans dis-
tinction ? Si tel était le cas, aucun magis-
trat ne s'y refuserait. Une telle investiture ne
pourrait être opposée au principe de l'inamo-
vibilité, et ne modifierait point le personnel
en charge. Mais cela ne serait point assez
pour le parti républicain avancé. Ce parti ne,
désire point investir la magistrature, mais
bien l'épurer, afin de créer des vacances.
Et comment procéderait-on alors? Dans quelle
proportion les magistrats en charge.seraient-
ils maintenus? Personne ne le sait, même
parmi ceux qui demandent l'hécatombe.
II est certain seulement que des vides nom-
breux seraient faits dans les rangs judiciai-
res. On les remplirait au moyen d'avocats
sans cause ou d'officiers ministeriels figurant
sur la liste de retraite le choix porterait né-
cessairement sur les -sujets les moins capa-
bles et les membres les moins respectés de
la carrière judiciaire. On ne conférerait qu'une
inamovibilité précaire à cette nouvelle magis-
trature. Un projet aussi subversif est saiys
précédent.
Maintenant que le Reichstag est
réuni, il est intéressant de connaître
dans quelle disposition d'esprit la majo-
rité de cette assemblée envisage le pro-
jet de loi contre les socialistes, dont est
saisi le Parlement. La Gazette de Cologne,
organe du parti national libéral, nous
fournie à ce sujet;dès indications courtes
et précises. -̃
On est absolument convaincu ici que le
Reichstag obtiendra le but unique de sa con-
vocation, la loi contre les socialistes. La très
grande majorité du parti national libéral est
décidée à accorder au gouvernement une loi
efficace celui-ci, du reste, n'en admettrait pas
d'autre. Les déclamations contre les lois
d'exception sont complètement oiseuses. On
est tombé d'accord, en ce sens qu'on no fera
pas de lois spéciales visant certaines person-
nes, mais bien contre la continuation de cer-
taines agitations dangereuses, que les cir-
constances actuelles ne permettent plus de
tolérer.
Le conflit qui vient d'éclater
entre l'Angleterre et l'émir' de Caboul,
appelle l'attention sur l'Afghanistan, et
principalement sur le défilé de Khayber,
que l'ambassade de sir Nevil Chamber-
lain n'a pu franchir. L'Evening Standard
contient, à ce sujet, des détails curieux.
A trente milles du campement de Peshawer,
s'élève le fort de Jamrood, notre dernier poste
sur la frontière du côté du Khayber. Deux
milles plus loin, nous passons la frontière, et
nous entrons dans un défilé, mais on no peut
le faire qu'au péril do sa vie, si l'on ne se mu-
nit d'un sauf-conduit du chef du district voi-
sin, et si l'on n'a pas une escorte .de ses fé-
roces tenanciers.
En entrant dans le défilé, on se trouve en-
tre deux rochers de 1,200 pieds de haut, et sur
un parcours de quelques milles, la route, qui
a été construite en 1841 par nos sapeurs, est
assez bonne. Sur les rochers avoisinants, sont
perchés des bandits, couverts de vermine, qui
portent toujours sur eux un arsenal complet;
on les voit souvent rôder autour du fort do
Jamrood, quand ils no sont pas occupés à se
voler et à se piller les uns les autres, Ils n'ont
qu'un principo « Œil pour œil, dent pour
dent. » Ils pratiquent la vendetta sur une
échelle qui effraierait même TTn Corse. Ils ne
connaissent ni loi ni règle, autre que celle de
leur chef, mais autant seulement que cola leur
plaît, et ils sont aussi indépendants de Shore-
Ali que du Kaisar-i-Hind. •-
Nous avons eu cependant à leur infliger
tant de leçons, depuis quelques années, qu ils
commencent à craindre un peu l'Angleterre,
et en conséquence, ils s'aventurent rarement
au-delà do la frontière par contre, ils ont re-
doublé d'ardeur dans leurs attaques les uns
contre les autres. Do même que les Kurdes
des montagnes d'Hakkiarris, alors qu'ils
travaillent aux champs, ils ont la bêche d'une
main et leur arme do l'autre, et l'on peut dire
que du berceau à la tombe, la guerre, lo
meurtre et les rapines semblent être leur
seule occupation et leur seul plaisir.
Tels sont les hommes qui ont pris la garde
du Khayber.
Un télégramme a annoncé que
la fille du prince de Bismarck venait
d'être fiancée à un jeune diplomate, le
comte Ranzau-Oppehdorf. Voici sur cet
événement, qui touche d'une façon si
directe aux sentiments paternels du
chancelier, les renseignements que nous
fournit le Berliner Borsen Courier
Grande joie dans la maison du chancelier
allemand. La comtesse Mario s'est fiancée à
un jeune diplomate. L'enfant préférée do
l'homme tout-puissant qui dirige les desti-
nées do la politique allemande, a renoncé au
deuil qu'elle portait depuis trois ans, pour se
livrer à un nouvel et heureux avenir. comte
Il y a trois ans qu'elle fut fiancée au comte
Botho Wend d'Eulcnburg, le fr"èro cadet du
ministre do l'intérieur actuel; mais peu do
mois après, la fièvre gastrique enleva lo fiancé
de la comtesse Mario. Alors qu'elle était do-
bout, à côté du corps du bien-aimé, sa dou-
leur immense justifiait la crainte quo jamais
elle no consentirait à former do nouveaux
liens. Elle a pris un autre parti, réalisant
ainsi lo vœu le plus fervent du prince do Bis-
marck.
F. M.
qu'elle soit, peut s'aggraver si on la né-
glige. .b' d
Mais j'aiîùen soin de moi, monsieur.
-Que faites-vous?
Je bois de la tisane.
-Qui la prépare?
Moi-même.
Avec quoi la préparez-vous ?
Marie Monique nomma deux ou trois
plantes anodines qui, infusées dans de
l'eau chaude, ne pouvaient à la vérité
faire aucun mal, mais ne pouvaient non
plus produire aucun bon résultat.
Maurice sourit.
De qui tenez-vous cette belle re-
cette ?– demanda-t-il.
De ma pauvre mère qui l'employait
toujours, et toujours avec succès.
C'est la foi qui sauve pensa le
médecin, puis il reprit
• Voulez-vous me donner votre main,
j'ai besoin de vous tâter le pouls.
Marie Monique sortit son bras du lit.
La manche de sa chemise était courte.
-Son beau bras blanc velouté, qui pour
la première fois se montrait aux regards
d'un homme, avait l'éclat et la pureté de
forme des chefs-d'œuvre de la statuaire
antique.
Comment peut-il se faire qtfôn
trouve dans la classe pauvre d'aussi ad-
mirables créatures? se demanda Mau-
rice, tout en appuyant ses doigts sur la
peau fine et transparente sous laquelle
il sentit la veine battre à coups redou-
bles.
Le contact de cet épiderme fit courir
dans tout son être et descendre jusqu'à
son cœur une sorte de frisson semblable
à celui que cause le choc d'une faible
étincelle électrique.
Et il pensait
Que doit être le corps auquel s'atta-
che un bras pareil?. Oh! Pradier, quel
chef-d'œuvre serait sorti de tes mains, si
le dieu des artistes avait envoyé sur ton
paesage ce modèle splendide.
Et ses regards cherchaient à se rendre
La comtesse Mario épouse un diplomate. IL
est vrai que, pour le moment, il n'est quo se-
crétaire do légation; il a toutefois, assisté au
Congrès en qualité de secrétaire. Il avait été
d'abord premier lieutenant; ensuite il s'est
préparé à la carrière diplomatique comme at-
taché d'ambassade à Lisbonne, Bruxelles et
Munich.
Le comte Kuno Rantzau Oppendorf a ac-
tuellement trente-cinq ans; il a donc cinq ans
de plus que la comtesse Marie, sa fiancée.
Le prince de Bismarck s'est choisi un gen-
dre qui est un diplomate très capable et très
aimable, mais ne passe pas pour avoir une
grande fortune. Heureusement que la com-
tesse Marie n'a pas besoin de faire un ma-
riage d'argent. Papa Altesse (sic), en père de
famille prevoyant, a su gérer admirablement
bien l'argent des dotations 'qui lui ont été
faites, et qu'il a augmentées par des écono-
mies et par des placements prudents.
• ̃– Les torreros espagnols sont cé-
lèbres dans Je monde entier; mais il est
plus rare de voir une femme lutter dans
l'arène contre un taureau furieux. Eh
bien il existe au Mexique une torrera
dont l'audace et le sang-froid dépassent
tout ce que l'on peut croire.
Une feuille de New-York, The National
police Gazette publie, en-téte de son der-
nier numéro, la vue de l'amphithéâtre où
la jeune héroïne a poignardé le taureau.
On trouvera ce dessin dramatique dans
notre salle des dépêches, et, en atten-
dant, voici le récit de cet exploit tauro-
machique.
Les Mexicains qui sont actuellement à
Nueva-Arata viennent'd'être transportés d'en-
thousiasme par les exploits de Mlle Concha-
Salata, une charmante torrera.
Le combat do taureaux était annoncé pour
trois heures, et une immense foule, composée
de Mexicains et d'Américains, assistait à ce
spectacle.
La jolie lidiadore entra dans l'arène escor-
téo par la troupe des torreros portant des
écharpes de toutes couleurs.
Ces bannières furent agitées devant l'ani-
Ces bannières' furent agitées devant fani-
mal jusqu'à ce que celui-ci fût arrivé au plus
haut degré d'exaspération. Les hommes quit-
tèrent alors la piste, laissant le champ libre à
la jeune femme, qui était seulement armée
d'un long couteau-poignard.
Le taureau baissa la tête et courut, les cor-
nes en avant, sur miss Concha Salata. La vail-
lante torrera esquiva le choc, sauta à cheval
sur le taureau et lui plongea dans la gorge
son poignard avec une force et une vigueur
qui le firent trembler et mugir de douleur.
Puis elle sauta à terre, et l'animal, qui n'a-
vait pas été frappé mortellement, fit un tour
sur lui-même et chargea miss Salata'avec
tant de fureur que celle-ci n'eut que le temps
de se jeter à plat ventre.
Le taureau, entraîné par son élan, dépassa
la torrera, et, avant qu il se fût relevé, miss
Salata était do nouveau sur son dos et lui re-
plongea son poignard dans le cou l'animal
poussa un dernier mugissement, et expira.
Miss Salata coupa la queue du taureau et
la jeta comme un trophée à- la foule enthou-
siaste.
C'est la troisième fois que la jeune mexi-
caine exécuto lo même exploit. Elle n'a que
vingt-deux ans.
̃ Terminons par un dialogue con-
jugal, recueilli par le Fanfulla
l, Le mari lit le journal, la femme brode.
Le maiu. Comme cette politique est en-
nuyeuse Voyons la chronique
« Un duel à l'épée a ou lieu hier, entre le
sieur G. mari offensé, et le sieur II. au-
teur de l'offense. Le sieur G. a été tué par
un coup d'épéo qui lui a traversé le poumon. »
Ah pardicu la chronique n'est guère plus
divertissante l
LA femme (avec une grande ingénuité).
Tu as raison si j'étais à ta placo, je recom-
mencerais à prendre des leçons d'escrime.
Un Diplomate.
Télégrammes et Correspondances
^A~wv^, Chateauroux, 25 septembre. Hier,
entre dix et onze heures du soir, le train om-
nibus n° 11, parti de Paris à 2 h. 35 do l'a-
près-midi, a été rencontré entre les gares de
Chateauroux et do Luant, par un train de
marchandises qui avait franchi les signaux
faits à cette dernière station. Plusieurs "voya-
geurs et agents de la Compagnie ont été bles-
sés, dont cinq grièvement.
La circulation a été interceptée pondant une
partie do la nuit, mais les voyageurs du train
11 et ceux des trains suivants ont été trans-
bordés pour continuer leur trajet.
->« Le Blanc, 25 sept. Le corps do
Clément Laurier est arrive hier soir de Mar-
seille. Il était accompagné de Mme Laurier,
avec deux sœurs de la Providence, do M. et
Mme Félizet, de Mlle Laurier et de son fiancé,
M. Hornbostel.
L'onterrpment a eu lieu ce matin 11 onze
heures, avec une pomp'o inusitée dans ce
pays. Une foule énorme [était venue de tous
les points du département pour y assister.
L'arrondissement du Blanc perd en M. Lau-
rier un de ses bienfaiteurs, et rarement re-
grets plus sincères se sont manifestes devant
unQ tombe.
Conformément aux désirs do la famille, au-
cun discours n'a été prononcé. M. Salmon,
adjoint, a dit ces simples paroles « Le con-
seil municipal dépose une couronne sur le
cercueil du Bienfaiteur du pays. »
Les honneurs militaires étaient rendus par
un détachement_du 68cWo ligne. ""̃
compte des contours qui se dessinaient
en un relief hardi sous les draps.
Cependant les yeux de Marie Monique
interrogeaient les yeux du médecin.
L'ouvrière semblait étonnée de son si-
lence, et même quelque peu inquiète.
Est-ce que ce serait plus grave que
je ne le croyais; monsieur?. fit-elle
enfin. 1
Non, mon enfant, non. rassurez-
vous. Votre maladie, je vous Paf-
firme, n'est en aucune façon dange-
reuse, et la convalescence^ ne tardera
point.
Bien vrai?.
Oui, bien vrai.
Vous ne dites pas cela pour me ras-
surer?.
Non, je vous en donne ma parole
d'honneur! Seulement, il vous faut
des soins assidus, -et, de plus, quelques
médicaments, bien simples et peu coû-
teux, sont indispensables.
Le visage de Marie Monique prit une
expression effrayée.
Qu'avez-vous donc?– lui demanda
Maurice.
Comment faire, monsieur?. Ces
médicaments dont vous parlez, je ne puis
me lever pour aller les prendre à la phar-
macie.
Ne vous inquiétez de rien, mon en-
fant. je vais écrire une petite ordon-
nance. j'irai moi-même chercher ce
dont vous avez besoin.je vous appor-
terai les deux ou trois fioles qui contien-
dront la guérison prompte et certaine, et
vous n'aurez qu'à boire d'heure en heure
une cuillerée de leur contenu. Vous
voyez que c'est bien facile.
-Sans doute, monsieur, mais.
Mais quoi?
L'ouvrière baissa les yeux une rou-
geur nouvelle s'ajouta à la teinte pour-
pre que la fièvre mettait sur ses joues.
Elle balbutia d'une voix à peine dis-
tincte
Vous êtes bon, monsieur. et je
vous remercie de toute mon âme. Mais
-wv» AinoLO, 25 septembre. Trois cais-
ses de poudre de mine ont fait explosion dans
le tunnel du Saint-Gothard. Dix ouvriers ont
été tués. Un grand nombre ont été blessés,
dont quelques-uns grièvement.
̃ « v* Marseille, 25 septembre. Dans la
séance du Conseil d'arrondissemeut, M. Clovis
Hugues émet un vœu tendant à ce que l'ad-
ministration supérieure empêche, à l'occasion
de l'arrivée de l'évêquo de Marseille, toutcsi
les manifestations de nature à. provoquer des
contre-manifestations et des troubles dans la
cité. M. Dédebat, secrétaire général de la
préfecture, fait des réserves expresses, disant
que le Conseil excédait ses attributions.
M. Pierre Roux appuie le vœu de M. Clovis
Hugues. Le président propose un ordre du
jour qui, après discussion, n'est pas mis aux
voix. M. Pierre Roux complète le vœu émis
par M. Clovis Hugues, priant la municipalité
marseillaise, à l'occasion de l'arrivée do l'évo-
que de Marseille, de faire exécuter intégrale-
ment la loi de germinal.
Ces vœux, mis aux voix, sont adoptés par
5 voix contre 3.
̃ww^w» Bordeaux, 25 septembre. M. do
Freycinet est arrivé aujourd'hui venant do
Blaye par bateau à vapeur. Il a été reçu par
les autorités au ponton des Quinconces! et est
descendu à la Préfecture.
Ce soir, grand banquet de 92 couverts offert
au palais do la Bourse par la Chambre do
commerça. x
•>ww>- LE Havre, 24 septembre. Le Tri-
bunal do commerce, dans sa séance d'aujour-
d'hui, a rendu son jugement dans l'affaire du
François Ier (abordage dans les jetées).
Le steamer anglais Alliance, de Southarnp>-
ton/a été condamné à payer au bateau fran-
çais les réparations suivant rapport d'expert,
plus 9,Q00 francs pour chômage; 1,800 francs
a M. Mauger, pour son oreille enlevée; 100
francs aux époux Hardouin (légèrement bles-
sés) 2,400 francs de rente-au jeune Théodoro
Debare, amputé d'une jambe (le capital placé
en 3 0/0) et-300 francs pour frais.de maladie.
Des réserves sont faites jusqu'à l'âge de 19 ans
pour le jeune Alfred Debare, pour les blessu-
res qu'il a reçues à la tête.
.wwww* MONS, 25 septembre. Un dramo
épouvantable viontdc se passer àMarehiennes.
Le nommé Dupuis, qui soupçonnait sa femmo
d'entretenir des relations coupables avec un
de ses amis, l'a tuée, étant couchée, d'un coup
do revolver à la tempe après quoi il s'est
tiré trois balles dans la tête.
Les enfants do ce malheureux assistaient à
cette scène sanglante.
vww^/v» Boulogne-sur-Mer, 25 septembre. --•; 1
Hier soir, est mort dans son château d'Hodre,"
M. Senéca, vice-président du Conseil général
du Pas-de-Calais, ancien conseiller à la Cour
de cassation, ancien directeur des grâces au
ministère do la Justice, ancien député de la
'Somme, commandeur do la Légion d'IIon-
neur.
M. Senéca était âgé de 78 ans. Après la cé.
rémonie funèbre, le corps sera transporté à
Abbevillo, pour être inhumé dans lo caveau
de famille.
~ww> Orléans, 25 septembre. Demain, à
deux heures, grande revue des troupes do la
garnison, par le général Bataille, comman-j
dant le 5° corps, assisté des généraux Appert
et Thibaudin. On compte huit mille hommes,
y compris les -réservistes.
̃wa". Lyon, 25 septembre. On signala
dans l'armée do Lyon, un fait très regrettable,
à propos du rengagement des soua-officiers:
Sur quarante, appartenant aux 16°, 121° e(
122° régiments do ligne, libérés par lo départ
de la classo'1872, trois seulement se sont ren«
gagés.
"~www* La division se produit déjà parmi U
comité radical dissident au citoyen Habc»
neck, quelques membres opposent la candi<
dature de M. Castanier, constructeur méca» °
nicien.
L'élection du docteur Chavanne parait do»
finitivement assurée.
«~www* Lons-le-Saulnier, 24 soptembre. r-
Dans une excursion aux sources de Lizon, Àft'
le président Grévy est tombé sur un rocher et
s'est assez fortement blessé à la tête.
Des soins immédiats lui ont été données ofci
d'après l'avis du médecin, cet accident n'aurai
aucune suite sérieuse.
~w» Bayonne, 24 septembre. On fait
ici de grands préparatifs pour recevoir impé-
rialement M. de Freycinet, ministre des tra.
vaux publics. Voici, du reste, le programme
des fêtes:
Lo 27, dans l'après-midi, arrivée du mi-
nistro par un train spécial. Réception à la,
gare par toutes les autorités. Le soir banquet
do 5G couverts, offert par la municipalité, feu
d'artifice, illumination des ponts, musique mi-
litaire et, sans aucun doute, l'inéluctable Mar-
scillaisc par la musique civile.
On attend du ministre une impulsion plus
active dans les travaux de la Barre, l'endi-
guement du haut Adour et un chemin do fer
par la vallée do la Nive pour pénétrer en Es-
pagne par les Aldudes.
̃"wwwv* Nice, 25 septembre. Los obsèques
do M. Olivier, président du tribunal civil, qui
a succombé à une attaque d'apoplexie fou*,
droyante, à l'âgo de cinquante-cinq ans, ont
ou lieu ce matin. Malgré une pluie torren-i
ticlle, un grand nombre d'amis avaient tenu
à donner un dernier témoignage de sympathie
à ce magistrat universellement estimé.
M. Gavot, vice-président du tribunal; M^r
Marcy avocat, ont prononcé ..des discourut
Le corps sera transporté à Draguignan, pay3
natal du président Olivier.
wvwv Cherbourg, 25 septembre. La côrV
vette Dupleix, commandant Devarenne, do la
station d'Islande, est arrivée ici ce matin à,
huit heures."
je suis pauvre. je n'ai pour vivre quô'
mon travail. et je ne saurai comment
reconnaître tout ce que vous voulez
faire pour moi. i,
N'est-ce que cela qui vous inquiète?
dit Maurice. Tranquillisez-vous,
mon enfant. Ce que je ferai sera;
bien peu de chose. et nous verrons plus
tard. quand vous serez guérie. nous:
nous entendrons facilement. Mettez-
vous donc l'esprit en repos. là repos
de'Fâme est aussi indispensable que ce-
lui du corps pour votre prompte conva-
lescence. En attendant, comptez sur
moi et regardez-moi comme un ami.
comme un ami dévoué.
Le regard qui accompagnait ces paro-
les bienveillantes leur donnait un sens r
que Marie Monique ne devina point*
Là où le calcul intéressé de la passion
sensuelle montrait le bout de l'oreille^
l'ouvrière ne vit que l'élan d'une charite
affectueuse.
Elle se sentit touchée jusqu'aux lâr*'
mes, et elle s'écria
Ah! monsieur, Dieu seul pourra
vous récompenser. et je lui demande-
rai de le faire. et mes prières seront si
ardentes qu'il les entendra, je l'espère.
Ce n'est pas sur Dieu que je compté
pour la récompense que j'attends! s&
dit Maurice.
Puis tout haut il reprit
Point 'd'exaltation, surtout! ^J9
vous en prie, et, en qualité de médecin 4
je vous l'ordonne. évitez de vous ani-ti
mer! A cette condition seulement
la fièvre tombera. Je vais m'occuper
de vous et je reviendrai dans deux^heuifl
res.d'ici là, tachez de dormir un peu..g
A bientôt, mon enfant. |
Ii sortit, laissant Marie Monique, émuej
et reconnaissante, se répéter qu'il y avaifî
de belles et nobles âmes sur la terre !J
1 XAVIER DE MONTÉPIN.
(La suite à demain.)
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