Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1876-03-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mars 1876 10 mars 1876
Description : 1876/03/10 (Numéro 70). 1876/03/10 (Numéro 70).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2758982
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Un numéro lo cent, à Paris,– 20 cenfdanslés Départements,
Vendredi 10 Mars 1876
23e Année. 3e Série Numéro 70
H. DE VILLEMESSANT
(Administrateur
FERNAND DE RODWrS
Gérant
ABONNEMENTS
Départements Troi» moi»inmiiiii m 18 flr.
Paris Trow î»oi3.i.i.iiiiniii>Miii iS te
ANNONCES ET RÉCLAMES
DOUIKOBH FILS, SBGtlT ET C*, PASSAGE DES PBIHCM
m a t'ÀDMnasTiuTioM
ti. DE VILLÊMESSANT & F. MAGflA^
Rédacteurs e chef
A. PÉRIVIER
SecrJTtifa de la V(édacthn
RÉDACTION
De midi à. minuit, rue Drouot, 86
•Les manuscrits ne sont pas renéps:] • 7
t.. bureaux j- 1
i 86, rue Drouot, 36 [̃ i `;.
SOMMAIRE
Le Nouveau HisiSTÈitB.
Lk Journal des Débats » B. Jouvin..
Ecbos^ 6b Paris Le Masque de Fer. Mort de
Mme Louise Golet.
Exposition ckivsbsellk DE 1878.
GàZBTTE DES CHAMBRES Albert MiUauiï.
Le Sénat Henry Deynisse.
Dr PariS a. Versailles s Grim.
Télégrammes et Correspondances Aug. Marcadt.
Les suites des polémiques électorales à Tou-
louse et auPuy.
NOUVELLES diverses Jean de Paris.
GAZETTE DES Triton aux Femand de Rodays.
Cour d'assises de la Dordogrie L'affaire Garri-
gues.
LA Bourse; ~l,
LA Soirée Théâtrale On Monxieuv de l'orchestre.
Couriiier DES Théâtres Jules- Prével..
.a,
LE NOUVEAU MINISTÈRE
Le Journal Officiel doit publier ce ma-
tin les noms des nouveaux ministres.
M. Dufaure, vice-président du conseil
garde le ministère de la justice, auquel
on joint les cultes.
M. le duc Decazes, le général de Cissey
et M. Léon Say restent aux affaires étran.
gères; à la guerre et aux finances.
M. Ricard est nommé ministre de l'in-
térieur avec M. de Marcère comme
sous-secrétaire d'Etat.
M. l'amiral Fourichon, ministre delà
mariûe.
M.Teisserencde Bort, ministre des
travaux publics.
M. Ghristophle, ministre du commerce
et de l'agriculture.
-M: "Waddmgton, ministre de l'instruc-
tion publique (M.Waddington étant pro-
testant, on distrait les cultes de son mi-
nistère pour'les joindre à la justice).
Ces noms indiquent que le ministère
représentera4es idées et la politique du
centre gauche. La présence dans cette
combinaison de M. Ricard qui ne fait
point partie du. Parlement, paraîtrait
singulière, si l'on ne savait que le Sénat
a l'intention de se l'adjoindre comme
sénateur inamovible en remplacement
de feu M. de la Rochette. Le maintien
de MM. Decazes et de Cissey ést d'un
intérêt capital à deux points de vue qui
intéressent spécialement le pays, la po-
litique étrangère et l'organisation mili-
taire.'
M. Casimir Périer eût été trop exclu-
sivement considéré comme une émana-
tion de M. Thiers pour que M. Dufaure
pût garder à côté de lui, dans le cabinet
la situation prépondérante qui lui est
dévolue par les événements* mais à
tout prendre, c'est sa politique qui
triomphe, et nous allons assister aune
expérience instructive, qui d'ailleurs
était nécessaire.
Le nouveau ministère est homogène
au point "de vue du centre gauche
pas au point de vue de la gauche. La
question est de savoir maintenant s'il
est le ministère «.fermement républicain »
auquel les gauches ont promis l'autre
jour leur appui, et si le minimum de dé-
mocratie qu'il représente suffira à un parti
que sa situation force à marcher d'exi-
gences en exigences. -1 1
S'il pouvait se créer autour du cabinet
Dufaure -Ricard, abstraction faite des
hommes, une majorité d'accord sur les
principes conservateurs; une majorité
qui étudie les progrès et les transforma-
tions, lieu de les promettre et surtout
au lieu de les brusquer, la situation ne
serait pas mauvaise.
Pour cela, il. faut que le ministère
évite une politique de soubresauts, cher-
chant. à' faire table rase de ce qui exis-
tait hier; mais il faut du côté des conser.
vateurs, nous n'hésitons pas à le re-
connaître la résignation aux faits ac-
complis et la ferme résolution de tirer
parti de la situation telle qu'elle est; peu
à peu, les radicaux seront entraînés
à voter contre le ministère.; ce jour-
là, s'il a été habilement modéré, il
pourra s'appuyer sur une majorité nou-
velle dont l'ancien centre gauche serait
le noyau.
Ce n'est peut-être pas absolument sé-
duisant mais cela vaut mieux que le gâ-
chis. D'ailleurs, avant de juger le minis-
tère, attendons sans parti pris qu'il ait
agi et qu'il ait nécessité le blâme oul'ap-
probation.
Aujourd'hui, probablement, le cabinet
fera une déclaration qui fixera l'opinion.
Francis Magnard.
LE « JOMAL DES DÉBATS »
Trois dynasties se sont écroulées en
France au choc de deux faits, deux dates
le 25 février 1875, qui adonné à notre
pays une Constitution républicaine, et
le 20 février 1876, qui a élu une Cham-
bre républicaine.
J'ai désigné trois dynasties (tout le
monde les nommera). Il en est encore
une quatrième qui, en dépit de sa co-
carde démocratique d'assez fraîche
date, perpétue chez nous l'esprit, les
traditions et les mœurs de la Royauté.
Cette Monarchie obstinés, comme
le co-ucou de la légende, c'est celle
qui loge son droit héréditaire dans
une maison de la rue des Prêtres-Saint
Germain-l'Auxerrois portant le n° 17.
C'est dans cette vieille maison d'une
vieille rue du vieux Paris que naît, vit
et meurt en se transmettant le sceptre
de Bertin l'ancien, une famille d'écri-
vains qui conservent pieusement l'esprit
de la dynastie,-comme Jeannot gardait
son fameux couteau, dont il ne faisait
que changer tour à tour la lame et le
manche.
Le Louvre des Valois et le Versailles
de Louis XIV ont changé de propriétai-
res les Tuileries de Louis XVI, de
Charles X et de Louis-Philippe, par trois
fois saccagées, ouvrent leurs plaies fcéaa-
tes à là truelle conservatrice ou à la pio-
<$e radmlQ-Aî Moaarchie-BertiQ conti-
̃fiue de régner dans son Louvre de la rue
des Prêtres, d'où elle ne sort à certains
jours solennels, que pour donner au-
dience, dans son Palais de FInslitut, à
ses fideles sujets de l'Académie Fran-;
çaisA. ̃̃̃-̃.
Les Quarante, depuis près d'un
demi-siècle, composent son Parlement
de beaux esprits, dont la littérature
est le prétexte, ou, pour mieux dire ?
l'habit de Cour.Ce Parlement est inféode
à la Monarchie-Bertin. De 1830 à 1848,
elle l'a gouverné comme Walpole4 au
siècle dernier, les Chambres anglaises.
Après 1852 ce fut une autre tactique; il
fallut garder la majorité en passant à
l'opposition et transformer l'Académie
en forteresse eu fâcè dû second Empire,
qui en fit inutilement le siège. Ce fut la
petite guerre à coups d'épigrammes et
de sous-entendus il arriva à Nàpo.
léon III de retirer la parole au Journal
des Débats, qui prenait à l'instant sa' re-
vanche en émettant à l'Académie un
votemuet contre César. Ce vote s'ac-
centùa comme un triomphe par l'élec-
tion de M. Prévost-Paradol, Y ennemi per-
sonnel des Napoléons.
*̃̃
Mais entre l'élection de M. Prévost-
Paradol et l'entrée à l'Académie de M.
John Lemoinne, que de révolutions ont
passé sans froisser un feuillet de ces
deux harangues qui chantent les louan-
ges du Journal des Débats L'Empire
s'écroule sur le 4 Septembre; le gouver-
nement de la Défense nationale est es-
camoté par la Commune un vent d'op-
position soufflant du parlement ou de
la place publique renverse, comme au-
tant de capucins de cartes, M. Thiers,
M. de Broglie, M. Buffet la France
peut être comparée à un immense maga-
sin de porcelaines dans lequel la politi-
que, sautant de gauche à droite et de
droite à gauche, jouerait du bâton à deux"
bouts.
Les institutions en Sèvres ou en Saxe
se pulvérisent sous le talon des bâton-
nistes seule, la Monarchie-Bértin reste
intacte et debout sur son étagère 1.
Comme la chose a lieu pour, les fortes
races royales, où le rayonnement du
chef enveloppe jusqu'aux descendants les
plus obscurs, et qui commencent avec un
Charlemagne pour finir avec un Charles»
ie-Simple, la dynastie ne pouvait espé-
rer de se soustraire à ce mouvement dé-
croissant de la gloire il n'est que trop
vrai, hélas! que le. Journal des. Débats,
aujourd'hui engagé dans les chœurs de
la République, emprunte son éclat affai-
bli au crépuscule du Journal des Débats
voué à là cause des rois sous les deux
branches des Bourbons.
On peut célébrer ce coucher de soleil
en le notant sur le refrain bien connu
-d'un couplet de vaudeville
C'est par Cha.teaubriand qu'on commence,
Et c'est par Clia.rmes qu'on finit t ?
#
Il n'importe déchu ou non, le Journal
des Débats règne. sur la République, à
pèu près, il est vrai, comme les anciens
souverains de la Grande-Bretagne, les-
quels se sont obstinés longtemps à se
dire « rois de France et d'Angleterre ».
Us mangeaient le pain de leur orgueil à
cette fumée, avec laquelle je crains que
les Débats n'engraissent leur ambition du
moment.
Le 19 février, veille du scrutin, envi-
sageant les conséquences d'une décon-
venue électorale pour lui et ses amis, le
Journal des Débats disait en jetant au
Destin une liste de candidats que celui-
ci allait déchirer « Un jour de folie peut
» anéantir les résultats de trois années
» d'efforts et de sagesse. »
Qui ne se fût attendu, après cela, à re-
trouver le lendemain le Journal des
Débats sous un saule pleureur et pleurant
sa défaite? Ah! bien oui. Il était hissé
dès l'aurore à la cime d'un mat de co-
cagne criant victoire et décrochant, d'un
regard avide et joyeux, la timbale répu-
blicaine i
Mais revenons à l'Académie, où, le jour
de la réception de l'écrivain qui lui fait
assurément le plus d'honneur, et gouver.
nant la République des Quarante asser-
vis à ses choix, le Journal des Débats a pu
s'écrier, non sans un légitime orgueil: ·.
« L'Etat, c'est moi. »
Et, en effet, M. John Lemoinne, ré-
dacteur des Débats, prenant place au fau-
teuil de Jules Janin, rédacteur des Dé-
bats, recevait en grande pompe son bre-
vet d'immortalité des mains de M. Cuï.
villier-Fleury, rédacteur des Débats.
M. John Lemoinne est, comme on di-
sait autrefois, un écrivain plein d'hu-
mour; aujourd'hui on dirait plus juste-
ment un écrivain de race. Il ale bon sens
original, ce qui appartient à bien peu, ce
qui dénote, dans l'art d'écrire, l'alliance
u juste et de rexquis.Touchant,d'un trait
qui les pénétre, aux questions à l'ordre du
jour, il peut penser îà-dessus comme le
« tout le monde «des honnêtes gens; mais
il formulera cette pensée dans une plirase
courte et dans un tour d'esprit aiguisé
qui n'appartiennent qu'à lui. Il y a du
Mérimée dans M. John Lemoinne, avec
quelque chose de plus vif et d'enjoué
dans l'ironie. Mais tous deux; à force de
serrer la trame du style, d'en briser la
fleur pour en exprimer le suc, tombent
parfois dans la sécheresse en cherchant
a précision.
Ecrivain excellent, à la condition de
faire court, il ne pouvait que s'égarer
dans les steppes et dans les sables d'une
tarangue officielle. Condamné parler
à l'Académie en académicien, il a dé-
layé l'arôme de son style en le noyant
dans des phrases toutes faites en s'é-
tendant, il s'est amoindri. Ne cherchez
pas, dans ce discours brodé de palmes
vertes le polémiste qui parle une lan-
gue si fine, si sobre, si nette. Le maître
journaliste, qm excelle à faire tenir
l'histoire coutemporaine dans un entre-
filet, a ramassé cette fois, sur les routes
battues du lieu commun, une foule
d.'exoressipjîs ebx4ch.ee? cour ayojbp
beaucoup trop servi, celles-ci par J j
exemple Qwallait'il faire dans cette
galère? Que de Rubicons, hélasl ont été
traversés depuis et temps-là! C'est lo-
droit de la Critique et c'est son devoir.
Séparer le bon grain de Vivraie1. F»
Marcellus eris La queue du chien d'Al»
cibiade, etc., etc. M. John Lemoinne n'a
risqué qu'une image, le bouquet de sa
harangue, et je crains que l'artificier ne
se soit brûlé les doigts! « Ce sera tou-
» jours a-t-il dit en parlant de notre
» grande et malheureuse nation, en la
» comparant à une statue l'inextin*
» guible France !»
Le Dictionnaire de l'Académie dit Un
feu inextinguible, une lampe inextinguible.
Je doute que, dans la nouvelle édition
qu'elle en prépare, l'Académie puisse
autoriser les bons Français à dire de la
France qu'elle est une statue inextinguible.
Accoutumé de longue date à s'expri-
mer dans la langue des Immortels,
M. Cuvillier-Fleury ne l'a point sur-
chargée de palmes ni de panaches il a
parlé comme un simple mortel. qui sait
parler et écrire. Son discours a beaucoup
réussi.
Toutefois, dans l'appréciation qu'il a
faite.de l'originalité de Jules Janin feuil-
letoniste, M. Cuvillier-Fleury, après M.
John Lemoinne, a confondu deux choses
absolument distinctes chez le brillant
improvisateur des Débats le talent et la
fonction de l'écrivain. ` c
.̃̃' ̃ # '• ̃ ̃-̃
Jules Janin n'était ni un grand criti-
que ni un critique. Je le déplace sans
aucun dessein de le rabaisser. On l'a
appelé le « Prince de la Critique, » soitl
mais c'était un prince qui laissait faire
toute la besogne royale à ses ministres.
C'était dans son tempérament, plus
encore que dans sa manière, de faire
l'école buissonnière survies marges d'un
livre ou d'une pièce de théâtre, de res-
ter-avec une grâce charmaate, quoique
parfois trop abondante– à côté de la criti-
que, manquant non d'habileté, si l'on
veut, maisdecûriositépoiir y entrer réso-
lûmenten compagnie de son lecteur. J'ad«
mets volontiers que l'art du feuilletoniste
de profession, tournant de bonne heure
au métier, entraîne celui-ci à galoper en
rond, comme un cheval de cirque bien
dressé. et bien fatigué, et que l'origi-
nalité de Janin consista précisément £
franchir les barrières par dessus la tête
des auteurs; ce qui était charmant. à
la vérité, pas' précisément pour les au-
teurs
Non, M. John Lemoinne, on ne peut
pas dire avec vous de Jules Janin «Par.
» dessus tout il était critique. » C'est frap-
per un accord faux sur la cadence d'un
morceau de piano qui aurait été merveil-
leusement exécuté. C'est casser à plaisir
les verres des lunettes qui viennent de
vous servir à étudier les qualités rares
d'un confrère aux Débats que vous rem-
placez à l'Académie. Votre définition jure
à l'oreille de l'esprit et me gâte un des
plus jolis mots de votre discours. "k4.
la distance où nous sommes aujour-
d'hui de la révolution accomplie par
Jules Janin dans le feuilleton des théâ-
tres, on comprend assez difficilement
l'imprévu de cette manière spirituelle-
ment impertinente de chercher l'effet et
le succès en dehors de la comédie et de
ses interprètes, et ce qu'on retranche à
sa vogue est autant de perdu pour l'écri-
vain qui a créé un genre, y a excellé et
en a emporté le secret. Et voici comment
vous excusez cette ingratitude des con-
temporains « Ce n'est pas de l'injustice,
» dites-vous, c'est ce que j'appellerai de
» V anachronisme.-» Peut-on dire avec plus
d'espritet avec plusd'égardsqu'une forme
littéraire, dont la jeunesse de 1830 s'en-
goua au point de la surfaire un peu, a
souffert injustement des caprices de la
mode? 7
Le Journal dès Débats s'est dit que l'in-
faillible moyen denepaspasserjiemode
en politique, c'est d'être, coûte que coûte,
du parti de la mode qui triomphe.
Le sage dit selon les temps
Vive le roi Vive la ligue 1
B. Jouvin.
Échos de Paris
LA POLITIQUE
Le Journal officiel d'hier désigne M.
Léon Say comme intérimaire du dépar-
tement de l'agriculture et du commerce,
en remplacement de M. le vicomte de
Meaux, dont la démission est acceptée.
Par décret du 8 mars, M. Felix Voisin
est définitivement nommé préfet de po-
lice, l'incompatibilité de ces fonctions
avec celles de député ayant cessé par la
vertu de la constitution-nouvelle, et par
la retraite du nouveau préfet de la vie
parlementaire.
A TRAVERS PARIS
MORT DE MADAME LOUISE COLET
Hier, est morte, rue des Ecoles, Mme
Louise Colet (née Revoit), à l'âge de
soixante-six ans.
Mme Colet a joué un rôle assez impor-
tant dans l'école romantique. Ses œuvres
principales sont, outre ses poésies pro-
prement dites Les derniers marquis
Deux mois aux Pyrénées, Les derniers
abbêsi Molière, V 'Aùwpole d'Athènes, etc.,
et Lui qui fut presque un scandale litté-
raire.
Mme Louise Colet avait épousé M. Co-
let, professeur d'harmonie au Conserva-.
toire.
Le temps; ni l'espace, ne nous permet-
tent d'entrer dans de grands détails
biographiques sur Mme Colet. D'une na-
ture passionnée et intolérante, dans les
premières années de sa célébrité, elle
avait attiré l'attention publique par des
actes de violence, tels qu'une tentative .1
de meurtre sûr Alphonse Karr. Celui-ci! li
attaqué par elle, s'était contenté de.i»
jlésarmer, dé prendre le couteau dont
elle avait voulu le frapper "et l'avait mis.
sur une étagère avec cette inscription
DONNÉ PAR MADAME LOUISE COLET
(Dans le dos)
Plus tard elle souffletait, rue Bourda-
louenM. Bénédict Révoil, son neveu,
qui, ne pouvant demander réparation à
sa tante, rendait ce mauvais traitement
à son oncle au'foyer de l'Opéra-Gomique.
**#
Le salon de Mme Colet hérita en 1840
de celui de Mme Récamier, qu'elle avait
connue en même temps que Julie Cau-
deille, l'amie de Vergniaud. Elle avait
obtenu de Mme Récamier une collection
d'autographes de Benjamin Constant,
qu'elle a publiée il y a quelques années.
A ses jeudis d'alors, on rencontrait Alfred
de Musset, Béranger, V. Hugo, E.:de Gi-
rardin et plus tard, Villemain, Patin, etc.
M. de Salvandy avait obtenu une pen-
sion pour elle. •
Elle s'est éteinte auprès de sa fille,
Mme Bissieux.
Vu l'importance que prend M. Gam-
betta à la Chambre des députés, son
journal peut être considéré comme une
sorte de feuille semi-officielle.
Quelques renseignements sur là Répu-
blique française ont donc leur intérêt en
ce moment.
Sa rédaction politique se compose de
M. Gambetta, le chef suprême, dont les
émoluments s'élèvent à 30,000 francs
par an; M. Spuller, le rédacteur en chef,
en a 15,000; puis vient M. Challemel,
avec 10,000.
M. Freycinet est également attaché au
journal,avecdes appointements de 10,000
francs.
10,000 francs par an sont-adressés, par
manière de subvention, à M. Ranc, qui
envoie de Bruxelles des souvenirs sur la
période de la Défense nationale.
# ·
Les revues scientifiques sont faites par
M. Paul Bert, qui a aussi la direction
générale des variétés industrielles
ethnographiques, géographiques, etc.,
traitement, six mille francs.
Les autres rédacteurs sont payés à la
ligne. Les plus importants sont M. Isam-
bert, qui s'occupe des théâtres, et M. Ri'
gade, reporter parlementaire.
La rédaction assise est en somme peu
nombreuse, et la rédaction volante,
celle qui coûte le plus cher aux jour.
naux parisiens, n'existant pour ainsi
dire pas, on voit que la République /ran-
çaise est. une feuille qui gagne assez ai-
sément de l'argent. L'état-major n'a
même pas beaucoup se prodiguer, une
grande partie des pages étant occupée
par des reproductions de discours, des
documents politiques, les comptes ren-
dus parlementaires in-extenso, etc., etc.
Un duel au pistolet a eu lieu dans la
journée d'hier, sur la frontière du
Luxembourg, entre deux gentilshom-
mes appartenant à la colonie étrangère
et bien connus tous deux dans le monde
parisien.
Les adversaires étaient placés à une
distance de trente pas, avec la faculté de
marcher cinq mètres l'un sur l'autre.
L'un d'eux, désigné pour tirer le pre-
mier, s'est avancé jusqu'à la limite per-
mise et a fait feu sans résultat.
Le comte de P.owski, qui venait d'es.
suyer le coup de feu, à déchargé son pis-
tolet en l'air.
Grande affluence hier à la salle 8 de
l'hôtel Drouot; les tableaux de la galerie
Paul Tesse étaient exposés.
On y admirait des toiles de Dusert,
Van Goyen, Ruysdael, Teniers, Trepolo,
Corot, Prudhon, Diaz etc. etc. Tout cela
pêle-mêle, mais réuni, on le sentait, par
fe-même-goût. On devinait l'artiste sous
le collectionneur.
La vente aura lieu demain 11 mars.
NOUVELLES A LA MAIN
Un républicain, président d'une sec-
tion de vote de Paris, fut bien surpris
dimanche dernier quand, voulant se
couvrir en déclarant Ja séance levée, il
ne trouva plus son chapeau. 1
Un votant se l'était approprié.
•–• C'est égal, disait le volé, en emprun-
tant un couvre-chef au concierge pour
s'en aller dîner, c'est bien la dernière
fois que je me découvre devant le suf-
frage universel.
Le jeune Tommy, en étudiant sa le-
çon est pris d'un mal de tête tellement
douloureux,' du moins c'est lui qui le
dit, qu'on est absolument obligé de lui
accorder quelques heures de repos loin
de ses livres.
Quelques instants après, on le trouve
plongé dans la bonne et douce lecture
d'un volume de contes de fées.
Eh bien, demande sa mère, qu'est-
ce que cela veut dire ? et ta migraine de
tout à l'heure?
-Oh! répond Tommy sans s'émou-
voir, je l'ai toujours, seulement jo ne la
sens pas en ce moment-ci!
Un mot de Nestor Roqueplan.
Un de ses amis intimes l'avait invité
à dîner. On était à table depuis un bon
quart d'heure, lorsque Nestor arriva.
Ah ça, lui cria l'amphitryon, tu
prends donc ma maison pour une au-
berge ?
-Non pas, répond Roqueplan car, à
l'auberge, je ne suis pas forcé de man-
ger avec l'aubergiste
Le Masque de fer.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878
Sue Exposition ùÉi^erselle doit avoir
lieu en 1878. La période décennale est
écoulée. Si elle n'a pas encore été offi-
ciellement annoncée, c'est sans doute
parce que les préoccupations d'un autre
ordre en ont distrait le gouvernement
et la'Chambre.
Pour organiser une entreprise aussi
considérable, pour construire les instal-
lations appropriées, pour que les indus-
triels eux-mêmes puissent combiner
leurs'efforts, il faut du temps. Deux ans
suffisent, il est vrai, mais on ne doit pas
perdre un jour.
Un grand nombre de questions de dé-
tail se soulèvent au premier abord. Il
faut du temps pour qu'elles se produi-
sent, il faut du temps pour les résoudre.
L'emplacement des installations sera-t-
il le Palais de l'Industrie et ses alen-
tours, leChampde Mars ou le champ de
courses de Longchamps, y a-t-il un autre
site mieux approprié?
Les bâtiments seront-ils carrés, ronds
ou ovales? et mille autres sujets de dis-
cussions qui amèneront de longs retards
à la décision dernière.
Pour éviter ces retards, pour préparer
le travail aux commissions officielles,
nous appelons le public à concourir à
cette grande œuvre internationale. Une
commission d'études est formée, Elle
fait appel à toutes les bonnes idées.
S'adressant d'abord aux ingénieurs,'
aux architectes, aux entrepreneurs et aux
constructeurs français ou étrangers, elle
met au concours le projet d'installation
de l'Exposition universelle de 1878.
Le meilleur mémoire, avec les plans
qui devront être annexés, sera publié
dans un numéro spécial avec la vue d'en-
semble et les figures explicatives.
Ce numéro paraîtra le 15 avril.
On recevra les mémoires'-jusqu'au 8
avril inclusivement.
Les mémoires pourront être déposés
Aux bureaux du.Figaro, rue Drouot, 26
De la France, faubourg Montmartre,10;
Du Petit Journal, rue Lafayette, 61
Des Grandes Usines, rue Auber, 3.
Gazette des Chambres
9mars.
LA CHAMBRE
VÉRIFICATION DES POUVOIRS
Tribunes vides ou à pou près. La salle
de l'Odéon au mois de juillet, si l'Odéon
jouait. Députés peu nombreux, mais on
les sent dans la coulisse. M. Thiers est
présent, surmonté d'une calotte en soie
noire. Personne au banc des ministres,
ni les anciens, ni les nouveaux. A trois
heures et demie, on entend le tambour
c'est M. Grévy qui fait son entrée. Il
monte au fauteuil, donne un coup de
cloche et fait passer le procès-verbal de
la dernière séance au jeune M. Casimir
Périer, l'un des secrétaires. Celui-ci,
ému 4e la mission qu'il a à remplir, prend
le procès-verbal à l'envers. Conformé-
ment aux usages, il fait semblant de lire,
et tout rougissant, il rend à M. Grévy le
papier parlementaire.
M. Grévy donne un deuxième coup de
cloche et, se levant, il prononce d une
voix de basse profonde l'allocùtion sui-
vante, qui a eu du succès.
Mes chers collègues,
Je ne veux pas prendre possession du fau-
teuil de la présidence sans vous remercier
des nombreux suffrages qui m'y ont provi-
soirement élevé.
Je sens tout le prix d'une marque si géné-
rale de confiance, et je n'aurai rien tant à
cœur que de la justifier, en me montrant le
gardien vigilant de la dignité et des préro-
gatives de la Chambre des députés, le direc-
teur loyal de ses délibérations, et le protec-
teur impartial du droit de chacun de ses
membres. (Très bien! très bien!) 1)
Si je suis assez heureux pour remplir ces
grands devoirs à votre satisfaction, je croirai
avoir trouvé le plus digne moyen de' vous
témoigner ma gratitude. (Vive approbation.)
Je présente, au nom de la Chambre, des
remerciements à M. le président d'âge.
Ensuite, on passe à la vérification des
pouvoirs Opération minutieuse et mo-
notone qui, remplit la séance et qui en
remplira bien d'autres. On s'y ennuie à
quatre francs cinquante la minute, et
ceux qui aiment la cigarette peuvent
impunément aller en griller quelques-
unes dans les couloirs ou sur la placé
d'Armes. Pendant ce temps, la tribune
offre un coup d'oeil pittoresque. Trente
ou quarante rapporteurs d'élections font
queue au pied de l'escalier rouge et vert
qui conduit aux rostres et attendent que
l'orateur précédent ait terminé sa fonc-
tion.
Chacun à son tour lit un rapport som-
maire sur deux ou trois élections, dé-
clare les noms et prénoms de leurs
clients, si les formalités sont bien rem-
plies et s'il y a ou non des contestations
sérieuses. Après quoi, la validation est
mise aux voix par M. Grévy, et presque
toujours adoptée par les cinquante ou
soixante fidèles qui se promènent dans
l'hémicycle.
•.̃̃
Cent vi ngt-huit députés ont été validés
sans la moindre opposition.
Tout s'est passé dans un calme absolu.
On se valide l'un l'autre. Le validé de
tout à l'heure devient le rapporteur de
maintenant, et le rapporteur de mainte-
nant sera le validé de tout à l'heure.
Parmi les plus remarquables rappor-
teurs qui se sont exhibes à la tribune,
signalons MM. Floquet, qui a fait sensa- j'
tion, deFourtou, qui fut ministre, M. Jan-
vier de la Motte, l'un des bonapartistes
les plus persécutés, et M. Robert Mit-
chell, qui a produit son effet sur les tri-
bunes.
La suite des vérifications de pouvoirs
été ajournée à demain trois heures.
Albert Millaod»
LE SÉNAT -v
Séance de validation, et encore ne
s'est-il agi que d'élections non contes-
tées! si étranger qu'on puisse être aux
choses de la politique, on n'en comprend
pas moins, à ce simple énoncé, le calme
profond qui a dù régner dans l'auguste
assemblée durant cette opération.
Presque personne à peine quelques
dames avides de débats parlementaires.
Au dehors, le silence d'une église ou
d'une nécropole.
Dans cette situation, on se raccroche
avec frénésie à tout ce qui peut faire di-
version et amener, si faible qu'il soit, le
sourire sur les lèvres. Aussi, lorsque à
quatre heures et quart, M. le président
Gaulthier de Rumiïly agite'sa sonnette,
le son fêlé de celle-ci excite-t-elle une
hilarité évidemment excessive. Comme
la tribune dorée, comme les fauteuils en
reps, il paraît que cette cloche vient du
Luxembourg; c'est une cloche qui a déjà
vu bien des choses et qui s'est efforcee
de calmer bien des discussions tumul-
tueuses elle a connu la main de M.Tro-
plong, celle de M. Rouher; elle a en-
tendu le marquis de Boissy, Sainte-
Beuve elle va entendre M. Tolain et M.
Victor Hugo.
Alors commence le défilé de' MM. les
rapporteurs il y en a un par élection.
A tour de rôle, ils escaladent la tribune,
lisent de dix à quinze lignes d'un rap-
port concluant à la validité d'une élec-
tion, passent le rapport au président,
remettent leurs lunettes dans l'étui, des-
cendent et disparaissent.
A la vérité, si leurs conclusions sont
les mêmes, les physionomies des rap-
porteurs diffèrent il y en a à la voix
éclatante, d'autres que l'on entend à
peine, d'autres que l'on n'entend pas du
tout; mais à la longue, ils se confon-
dent, pour le spectateur, dans la même
monotonie.
Signalons, cependant, M. Lepetit, qui
lit très bien; il a l'air, en montant à la
tribune pour rapporter l'élection de l'Ar-
dèche (MM.Rampont etTailhand) attristé
den'avoirpluspersonnodevantlui: hélasl
M. Thiers reste à la Chambre. M. Tolain
s'estfaitégalemententendrelorsqu'ils'esl
présenté.avec le dossier d'Eure-et-Loir.
Rangeons aussi M. Foucher de Careildans
la catégorie des bons lecteurs; il conclut
à la régularité des élections des Landes;
mais un nuage assombrit son front il
songe au département de Seine-et-Marne!
Pendant ce temps, de deux en deux
minutes, les sénateurs lèvent la main
pour voter les conclusions du rapport:
c'est original pendant un quart d'neurp,
mais pendant un quart d'heure seule-
ment.
Grâce à ce va et vient de rapporteurs,
on a ainsi validé l'élection de cinquante
et un sénateurs. M. Thiers, qui n'a pas
encore paru, a été admis, ainsi que
MM. Challemel-Lacour, Pelletan, Es-
quiros, Brame, Pierre Lefranc, Arago, da
Gontaut Biron, etc., etc. 0
A un certain moment, M. H. de La*
pommeraye a eu une hallucination;
attiré par le verre d'eau sucrée, il
a quitté son siège de secrétaire-rédac-
teur et s'est dirigé vers la tribune pour
faire une conférence; mais, revenu ra-
pidement à lui, il a repris sa place.
Bref, quarante-deux départements ont
des sénateurs définitifs depuis hier.
Cinq heures et demie sonnent la
petite fête est remise à aujourd'hui trois
heures.
On s'aperçoit alors qu'il n'y a plus
guère dans la salle que les senateurs.
L'assistance a doucement battu en re-
traite.
Henry Deynisse.
Dfi PARIS A VERSAILLES
(Lettres Parlementaires.)
Le nouveau ministère. Ce qu'dn en dit. La
désert au Sénat. La ballade des dames par-
lrimentainé M. Raspail et les gendarme.
M. Grévy. La calotte de M. Thiers.
Nous sommes reçus à Versailles par
un vent formidable et la nouvelle qua
le ministère est enfin formé. MM. Du.
faure, Decazes, Say et Cissey conservent
leurs portefeuilles MM. Waddington,
Christophle, Teisserenc de Bort et l'àmi-
rai Fourichon prennent la place:de MM.
Wallon, de Meaux, Caillaux et de Mon.
taignac.
Le ministère dé l'intérieur échoit à
M. Ricard, au malheureux M. Ricard, â
l'infortune M. Ricard. M. Ricard, trois
fois blackboulé remplace M. Buffet trois
fois blackboulé. 0 ironie du sort On sa
demande pourquoi M. Buffet a donné sa
démission. On s'accorde à penser géné-
ralement que ce ministère n'est pas né
viable; c'est un cabinet de fin de saison.
Il ne lui manque rien que la confiance
générale. Les hommes qui le composent
appartiennent au centre gauche, mais
personne ne les connait. Beaucoup de
monde confondent M. Ricard avec M.
Picard, M. Waddington a l'air d'une pro-
nonciation défectueuse de Washington.
M. Christophle, qui est avocat, pourra se
faire une célébrité en faisant croire qu'il
est.l'inventeur de l'argenture des cou.
verts et M. Teisserenc de Bort aura
quelque succès, parce qu'il ressembla
prodigieusement à Jacques Offenbach.
Maintenant, ce ministère, composé en
somme d'hommes compétents et sym-
pathiques, représente-t-il bien l'opi-
nion de la Chambre ? Il faut en douter
en présence de ce qui s'est passé au-
jourd'hui dans les bureaux. Tous les
présidents et secrétaires des onze bu-
reaux ont été choisis et nommés, parmi
les plus avancés des républicains. Il n'y
a pas un seul vrai conservateur parmi
les ingt-deux élus. Que voulez- vous j
Vendredi 10 Mars 1876
23e Année. 3e Série Numéro 70
H. DE VILLEMESSANT
(Administrateur
FERNAND DE RODWrS
Gérant
ABONNEMENTS
Départements Troi» moi»inmiiiii m 18 flr.
Paris Trow î»oi3.i.i.iiiiniii>Miii iS te
ANNONCES ET RÉCLAMES
DOUIKOBH FILS, SBGtlT ET C*, PASSAGE DES PBIHCM
m a t'ÀDMnasTiuTioM
ti. DE VILLÊMESSANT & F. MAGflA^
Rédacteurs e chef
A. PÉRIVIER
SecrJTtifa de la V(édacthn
RÉDACTION
De midi à. minuit, rue Drouot, 86
•Les manuscrits ne sont pas renéps:] • 7
t.. bureaux j- 1
i 86, rue Drouot, 36 [̃ i `;.
SOMMAIRE
Le Nouveau HisiSTÈitB.
Lk Journal des Débats » B. Jouvin..
Ecbos^ 6b Paris Le Masque de Fer. Mort de
Mme Louise Golet.
Exposition ckivsbsellk DE 1878.
GàZBTTE DES CHAMBRES Albert MiUauiï.
Le Sénat Henry Deynisse.
Dr PariS a. Versailles s Grim.
Télégrammes et Correspondances Aug. Marcadt.
Les suites des polémiques électorales à Tou-
louse et auPuy.
NOUVELLES diverses Jean de Paris.
GAZETTE DES Triton aux Femand de Rodays.
Cour d'assises de la Dordogrie L'affaire Garri-
gues.
LA Bourse; ~l,
LA Soirée Théâtrale On Monxieuv de l'orchestre.
Couriiier DES Théâtres Jules- Prével..
.a,
LE NOUVEAU MINISTÈRE
Le Journal Officiel doit publier ce ma-
tin les noms des nouveaux ministres.
M. Dufaure, vice-président du conseil
garde le ministère de la justice, auquel
on joint les cultes.
M. le duc Decazes, le général de Cissey
et M. Léon Say restent aux affaires étran.
gères; à la guerre et aux finances.
M. Ricard est nommé ministre de l'in-
térieur avec M. de Marcère comme
sous-secrétaire d'Etat.
M. l'amiral Fourichon, ministre delà
mariûe.
M.Teisserencde Bort, ministre des
travaux publics.
M. Ghristophle, ministre du commerce
et de l'agriculture.
-M: "Waddmgton, ministre de l'instruc-
tion publique (M.Waddington étant pro-
testant, on distrait les cultes de son mi-
nistère pour'les joindre à la justice).
Ces noms indiquent que le ministère
représentera4es idées et la politique du
centre gauche. La présence dans cette
combinaison de M. Ricard qui ne fait
point partie du. Parlement, paraîtrait
singulière, si l'on ne savait que le Sénat
a l'intention de se l'adjoindre comme
sénateur inamovible en remplacement
de feu M. de la Rochette. Le maintien
de MM. Decazes et de Cissey ést d'un
intérêt capital à deux points de vue qui
intéressent spécialement le pays, la po-
litique étrangère et l'organisation mili-
taire.'
M. Casimir Périer eût été trop exclu-
sivement considéré comme une émana-
tion de M. Thiers pour que M. Dufaure
pût garder à côté de lui, dans le cabinet
la situation prépondérante qui lui est
dévolue par les événements* mais à
tout prendre, c'est sa politique qui
triomphe, et nous allons assister aune
expérience instructive, qui d'ailleurs
était nécessaire.
Le nouveau ministère est homogène
au point "de vue du centre gauche
pas au point de vue de la gauche. La
question est de savoir maintenant s'il
est le ministère «.fermement républicain »
auquel les gauches ont promis l'autre
jour leur appui, et si le minimum de dé-
mocratie qu'il représente suffira à un parti
que sa situation force à marcher d'exi-
gences en exigences. -1 1
S'il pouvait se créer autour du cabinet
Dufaure -Ricard, abstraction faite des
hommes, une majorité d'accord sur les
principes conservateurs; une majorité
qui étudie les progrès et les transforma-
tions, lieu de les promettre et surtout
au lieu de les brusquer, la situation ne
serait pas mauvaise.
Pour cela, il. faut que le ministère
évite une politique de soubresauts, cher-
chant. à' faire table rase de ce qui exis-
tait hier; mais il faut du côté des conser.
vateurs, nous n'hésitons pas à le re-
connaître la résignation aux faits ac-
complis et la ferme résolution de tirer
parti de la situation telle qu'elle est; peu
à peu, les radicaux seront entraînés
à voter contre le ministère.; ce jour-
là, s'il a été habilement modéré, il
pourra s'appuyer sur une majorité nou-
velle dont l'ancien centre gauche serait
le noyau.
Ce n'est peut-être pas absolument sé-
duisant mais cela vaut mieux que le gâ-
chis. D'ailleurs, avant de juger le minis-
tère, attendons sans parti pris qu'il ait
agi et qu'il ait nécessité le blâme oul'ap-
probation.
Aujourd'hui, probablement, le cabinet
fera une déclaration qui fixera l'opinion.
Francis Magnard.
LE « JOMAL DES DÉBATS »
Trois dynasties se sont écroulées en
France au choc de deux faits, deux dates
le 25 février 1875, qui adonné à notre
pays une Constitution républicaine, et
le 20 février 1876, qui a élu une Cham-
bre républicaine.
J'ai désigné trois dynasties (tout le
monde les nommera). Il en est encore
une quatrième qui, en dépit de sa co-
carde démocratique d'assez fraîche
date, perpétue chez nous l'esprit, les
traditions et les mœurs de la Royauté.
Cette Monarchie obstinés, comme
le co-ucou de la légende, c'est celle
qui loge son droit héréditaire dans
une maison de la rue des Prêtres-Saint
Germain-l'Auxerrois portant le n° 17.
C'est dans cette vieille maison d'une
vieille rue du vieux Paris que naît, vit
et meurt en se transmettant le sceptre
de Bertin l'ancien, une famille d'écri-
vains qui conservent pieusement l'esprit
de la dynastie,-comme Jeannot gardait
son fameux couteau, dont il ne faisait
que changer tour à tour la lame et le
manche.
Le Louvre des Valois et le Versailles
de Louis XIV ont changé de propriétai-
res les Tuileries de Louis XVI, de
Charles X et de Louis-Philippe, par trois
fois saccagées, ouvrent leurs plaies fcéaa-
tes à là truelle conservatrice ou à la pio-
<$e radmlQ-Aî Moaarchie-BertiQ conti-
̃fiue de régner dans son Louvre de la rue
des Prêtres, d'où elle ne sort à certains
jours solennels, que pour donner au-
dience, dans son Palais de FInslitut, à
ses fideles sujets de l'Académie Fran-;
çaisA. ̃̃̃-̃.
Les Quarante, depuis près d'un
demi-siècle, composent son Parlement
de beaux esprits, dont la littérature
est le prétexte, ou, pour mieux dire ?
l'habit de Cour.Ce Parlement est inféode
à la Monarchie-Bertin. De 1830 à 1848,
elle l'a gouverné comme Walpole4 au
siècle dernier, les Chambres anglaises.
Après 1852 ce fut une autre tactique; il
fallut garder la majorité en passant à
l'opposition et transformer l'Académie
en forteresse eu fâcè dû second Empire,
qui en fit inutilement le siège. Ce fut la
petite guerre à coups d'épigrammes et
de sous-entendus il arriva à Nàpo.
léon III de retirer la parole au Journal
des Débats, qui prenait à l'instant sa' re-
vanche en émettant à l'Académie un
votemuet contre César. Ce vote s'ac-
centùa comme un triomphe par l'élec-
tion de M. Prévost-Paradol, Y ennemi per-
sonnel des Napoléons.
*̃̃
Mais entre l'élection de M. Prévost-
Paradol et l'entrée à l'Académie de M.
John Lemoinne, que de révolutions ont
passé sans froisser un feuillet de ces
deux harangues qui chantent les louan-
ges du Journal des Débats L'Empire
s'écroule sur le 4 Septembre; le gouver-
nement de la Défense nationale est es-
camoté par la Commune un vent d'op-
position soufflant du parlement ou de
la place publique renverse, comme au-
tant de capucins de cartes, M. Thiers,
M. de Broglie, M. Buffet la France
peut être comparée à un immense maga-
sin de porcelaines dans lequel la politi-
que, sautant de gauche à droite et de
droite à gauche, jouerait du bâton à deux"
bouts.
Les institutions en Sèvres ou en Saxe
se pulvérisent sous le talon des bâton-
nistes seule, la Monarchie-Bértin reste
intacte et debout sur son étagère 1.
Comme la chose a lieu pour, les fortes
races royales, où le rayonnement du
chef enveloppe jusqu'aux descendants les
plus obscurs, et qui commencent avec un
Charlemagne pour finir avec un Charles»
ie-Simple, la dynastie ne pouvait espé-
rer de se soustraire à ce mouvement dé-
croissant de la gloire il n'est que trop
vrai, hélas! que le. Journal des. Débats,
aujourd'hui engagé dans les chœurs de
la République, emprunte son éclat affai-
bli au crépuscule du Journal des Débats
voué à là cause des rois sous les deux
branches des Bourbons.
On peut célébrer ce coucher de soleil
en le notant sur le refrain bien connu
-d'un couplet de vaudeville
C'est par Cha.teaubriand qu'on commence,
Et c'est par Clia.rmes qu'on finit t ?
#
Il n'importe déchu ou non, le Journal
des Débats règne. sur la République, à
pèu près, il est vrai, comme les anciens
souverains de la Grande-Bretagne, les-
quels se sont obstinés longtemps à se
dire « rois de France et d'Angleterre ».
Us mangeaient le pain de leur orgueil à
cette fumée, avec laquelle je crains que
les Débats n'engraissent leur ambition du
moment.
Le 19 février, veille du scrutin, envi-
sageant les conséquences d'une décon-
venue électorale pour lui et ses amis, le
Journal des Débats disait en jetant au
Destin une liste de candidats que celui-
ci allait déchirer « Un jour de folie peut
» anéantir les résultats de trois années
» d'efforts et de sagesse. »
Qui ne se fût attendu, après cela, à re-
trouver le lendemain le Journal des
Débats sous un saule pleureur et pleurant
sa défaite? Ah! bien oui. Il était hissé
dès l'aurore à la cime d'un mat de co-
cagne criant victoire et décrochant, d'un
regard avide et joyeux, la timbale répu-
blicaine i
Mais revenons à l'Académie, où, le jour
de la réception de l'écrivain qui lui fait
assurément le plus d'honneur, et gouver.
nant la République des Quarante asser-
vis à ses choix, le Journal des Débats a pu
s'écrier, non sans un légitime orgueil: ·.
« L'Etat, c'est moi. »
Et, en effet, M. John Lemoinne, ré-
dacteur des Débats, prenant place au fau-
teuil de Jules Janin, rédacteur des Dé-
bats, recevait en grande pompe son bre-
vet d'immortalité des mains de M. Cuï.
villier-Fleury, rédacteur des Débats.
M. John Lemoinne est, comme on di-
sait autrefois, un écrivain plein d'hu-
mour; aujourd'hui on dirait plus juste-
ment un écrivain de race. Il ale bon sens
original, ce qui appartient à bien peu, ce
qui dénote, dans l'art d'écrire, l'alliance
u juste et de rexquis.Touchant,d'un trait
qui les pénétre, aux questions à l'ordre du
jour, il peut penser îà-dessus comme le
« tout le monde «des honnêtes gens; mais
il formulera cette pensée dans une plirase
courte et dans un tour d'esprit aiguisé
qui n'appartiennent qu'à lui. Il y a du
Mérimée dans M. John Lemoinne, avec
quelque chose de plus vif et d'enjoué
dans l'ironie. Mais tous deux; à force de
serrer la trame du style, d'en briser la
fleur pour en exprimer le suc, tombent
parfois dans la sécheresse en cherchant
a précision.
Ecrivain excellent, à la condition de
faire court, il ne pouvait que s'égarer
dans les steppes et dans les sables d'une
tarangue officielle. Condamné parler
à l'Académie en académicien, il a dé-
layé l'arôme de son style en le noyant
dans des phrases toutes faites en s'é-
tendant, il s'est amoindri. Ne cherchez
pas, dans ce discours brodé de palmes
vertes le polémiste qui parle une lan-
gue si fine, si sobre, si nette. Le maître
journaliste, qm excelle à faire tenir
l'histoire coutemporaine dans un entre-
filet, a ramassé cette fois, sur les routes
battues du lieu commun, une foule
d.'exoressipjîs ebx4ch.ee? cour ayojbp
beaucoup trop servi, celles-ci par J j
exemple Qwallait'il faire dans cette
galère? Que de Rubicons, hélasl ont été
traversés depuis et temps-là! C'est lo-
droit de la Critique et c'est son devoir.
Séparer le bon grain de Vivraie1. F»
Marcellus eris La queue du chien d'Al»
cibiade, etc., etc. M. John Lemoinne n'a
risqué qu'une image, le bouquet de sa
harangue, et je crains que l'artificier ne
se soit brûlé les doigts! « Ce sera tou-
» jours a-t-il dit en parlant de notre
» grande et malheureuse nation, en la
» comparant à une statue l'inextin*
» guible France !»
Le Dictionnaire de l'Académie dit Un
feu inextinguible, une lampe inextinguible.
Je doute que, dans la nouvelle édition
qu'elle en prépare, l'Académie puisse
autoriser les bons Français à dire de la
France qu'elle est une statue inextinguible.
Accoutumé de longue date à s'expri-
mer dans la langue des Immortels,
M. Cuvillier-Fleury ne l'a point sur-
chargée de palmes ni de panaches il a
parlé comme un simple mortel. qui sait
parler et écrire. Son discours a beaucoup
réussi.
Toutefois, dans l'appréciation qu'il a
faite.de l'originalité de Jules Janin feuil-
letoniste, M. Cuvillier-Fleury, après M.
John Lemoinne, a confondu deux choses
absolument distinctes chez le brillant
improvisateur des Débats le talent et la
fonction de l'écrivain. ` c
.̃̃' ̃ # '• ̃ ̃-̃
Jules Janin n'était ni un grand criti-
que ni un critique. Je le déplace sans
aucun dessein de le rabaisser. On l'a
appelé le « Prince de la Critique, » soitl
mais c'était un prince qui laissait faire
toute la besogne royale à ses ministres.
C'était dans son tempérament, plus
encore que dans sa manière, de faire
l'école buissonnière survies marges d'un
livre ou d'une pièce de théâtre, de res-
ter-avec une grâce charmaate, quoique
parfois trop abondante– à côté de la criti-
que, manquant non d'habileté, si l'on
veut, maisdecûriositépoiir y entrer réso-
lûmenten compagnie de son lecteur. J'ad«
mets volontiers que l'art du feuilletoniste
de profession, tournant de bonne heure
au métier, entraîne celui-ci à galoper en
rond, comme un cheval de cirque bien
dressé. et bien fatigué, et que l'origi-
nalité de Janin consista précisément £
franchir les barrières par dessus la tête
des auteurs; ce qui était charmant. à
la vérité, pas' précisément pour les au-
teurs
Non, M. John Lemoinne, on ne peut
pas dire avec vous de Jules Janin «Par.
» dessus tout il était critique. » C'est frap-
per un accord faux sur la cadence d'un
morceau de piano qui aurait été merveil-
leusement exécuté. C'est casser à plaisir
les verres des lunettes qui viennent de
vous servir à étudier les qualités rares
d'un confrère aux Débats que vous rem-
placez à l'Académie. Votre définition jure
à l'oreille de l'esprit et me gâte un des
plus jolis mots de votre discours. "k4.
la distance où nous sommes aujour-
d'hui de la révolution accomplie par
Jules Janin dans le feuilleton des théâ-
tres, on comprend assez difficilement
l'imprévu de cette manière spirituelle-
ment impertinente de chercher l'effet et
le succès en dehors de la comédie et de
ses interprètes, et ce qu'on retranche à
sa vogue est autant de perdu pour l'écri-
vain qui a créé un genre, y a excellé et
en a emporté le secret. Et voici comment
vous excusez cette ingratitude des con-
temporains « Ce n'est pas de l'injustice,
» dites-vous, c'est ce que j'appellerai de
» V anachronisme.-» Peut-on dire avec plus
d'espritet avec plusd'égardsqu'une forme
littéraire, dont la jeunesse de 1830 s'en-
goua au point de la surfaire un peu, a
souffert injustement des caprices de la
mode? 7
Le Journal dès Débats s'est dit que l'in-
faillible moyen denepaspasserjiemode
en politique, c'est d'être, coûte que coûte,
du parti de la mode qui triomphe.
Le sage dit selon les temps
Vive le roi Vive la ligue 1
B. Jouvin.
Échos de Paris
LA POLITIQUE
Le Journal officiel d'hier désigne M.
Léon Say comme intérimaire du dépar-
tement de l'agriculture et du commerce,
en remplacement de M. le vicomte de
Meaux, dont la démission est acceptée.
Par décret du 8 mars, M. Felix Voisin
est définitivement nommé préfet de po-
lice, l'incompatibilité de ces fonctions
avec celles de député ayant cessé par la
vertu de la constitution-nouvelle, et par
la retraite du nouveau préfet de la vie
parlementaire.
A TRAVERS PARIS
MORT DE MADAME LOUISE COLET
Hier, est morte, rue des Ecoles, Mme
Louise Colet (née Revoit), à l'âge de
soixante-six ans.
Mme Colet a joué un rôle assez impor-
tant dans l'école romantique. Ses œuvres
principales sont, outre ses poésies pro-
prement dites Les derniers marquis
Deux mois aux Pyrénées, Les derniers
abbêsi Molière, V 'Aùwpole d'Athènes, etc.,
et Lui qui fut presque un scandale litté-
raire.
Mme Louise Colet avait épousé M. Co-
let, professeur d'harmonie au Conserva-.
toire.
Le temps; ni l'espace, ne nous permet-
tent d'entrer dans de grands détails
biographiques sur Mme Colet. D'une na-
ture passionnée et intolérante, dans les
premières années de sa célébrité, elle
avait attiré l'attention publique par des
actes de violence, tels qu'une tentative .1
de meurtre sûr Alphonse Karr. Celui-ci! li
attaqué par elle, s'était contenté de.i»
jlésarmer, dé prendre le couteau dont
elle avait voulu le frapper "et l'avait mis.
sur une étagère avec cette inscription
DONNÉ PAR MADAME LOUISE COLET
(Dans le dos)
Plus tard elle souffletait, rue Bourda-
louenM. Bénédict Révoil, son neveu,
qui, ne pouvant demander réparation à
sa tante, rendait ce mauvais traitement
à son oncle au'foyer de l'Opéra-Gomique.
**#
Le salon de Mme Colet hérita en 1840
de celui de Mme Récamier, qu'elle avait
connue en même temps que Julie Cau-
deille, l'amie de Vergniaud. Elle avait
obtenu de Mme Récamier une collection
d'autographes de Benjamin Constant,
qu'elle a publiée il y a quelques années.
A ses jeudis d'alors, on rencontrait Alfred
de Musset, Béranger, V. Hugo, E.:de Gi-
rardin et plus tard, Villemain, Patin, etc.
M. de Salvandy avait obtenu une pen-
sion pour elle. •
Elle s'est éteinte auprès de sa fille,
Mme Bissieux.
Vu l'importance que prend M. Gam-
betta à la Chambre des députés, son
journal peut être considéré comme une
sorte de feuille semi-officielle.
Quelques renseignements sur là Répu-
blique française ont donc leur intérêt en
ce moment.
Sa rédaction politique se compose de
M. Gambetta, le chef suprême, dont les
émoluments s'élèvent à 30,000 francs
par an; M. Spuller, le rédacteur en chef,
en a 15,000; puis vient M. Challemel,
avec 10,000.
M. Freycinet est également attaché au
journal,avecdes appointements de 10,000
francs.
10,000 francs par an sont-adressés, par
manière de subvention, à M. Ranc, qui
envoie de Bruxelles des souvenirs sur la
période de la Défense nationale.
# ·
Les revues scientifiques sont faites par
M. Paul Bert, qui a aussi la direction
générale des variétés industrielles
ethnographiques, géographiques, etc.,
traitement, six mille francs.
Les autres rédacteurs sont payés à la
ligne. Les plus importants sont M. Isam-
bert, qui s'occupe des théâtres, et M. Ri'
gade, reporter parlementaire.
La rédaction assise est en somme peu
nombreuse, et la rédaction volante,
celle qui coûte le plus cher aux jour.
naux parisiens, n'existant pour ainsi
dire pas, on voit que la République /ran-
çaise est. une feuille qui gagne assez ai-
sément de l'argent. L'état-major n'a
même pas beaucoup se prodiguer, une
grande partie des pages étant occupée
par des reproductions de discours, des
documents politiques, les comptes ren-
dus parlementaires in-extenso, etc., etc.
Un duel au pistolet a eu lieu dans la
journée d'hier, sur la frontière du
Luxembourg, entre deux gentilshom-
mes appartenant à la colonie étrangère
et bien connus tous deux dans le monde
parisien.
Les adversaires étaient placés à une
distance de trente pas, avec la faculté de
marcher cinq mètres l'un sur l'autre.
L'un d'eux, désigné pour tirer le pre-
mier, s'est avancé jusqu'à la limite per-
mise et a fait feu sans résultat.
Le comte de P.owski, qui venait d'es.
suyer le coup de feu, à déchargé son pis-
tolet en l'air.
Grande affluence hier à la salle 8 de
l'hôtel Drouot; les tableaux de la galerie
Paul Tesse étaient exposés.
On y admirait des toiles de Dusert,
Van Goyen, Ruysdael, Teniers, Trepolo,
Corot, Prudhon, Diaz etc. etc. Tout cela
pêle-mêle, mais réuni, on le sentait, par
fe-même-goût. On devinait l'artiste sous
le collectionneur.
La vente aura lieu demain 11 mars.
NOUVELLES A LA MAIN
Un républicain, président d'une sec-
tion de vote de Paris, fut bien surpris
dimanche dernier quand, voulant se
couvrir en déclarant Ja séance levée, il
ne trouva plus son chapeau. 1
Un votant se l'était approprié.
•–• C'est égal, disait le volé, en emprun-
tant un couvre-chef au concierge pour
s'en aller dîner, c'est bien la dernière
fois que je me découvre devant le suf-
frage universel.
Le jeune Tommy, en étudiant sa le-
çon est pris d'un mal de tête tellement
douloureux,' du moins c'est lui qui le
dit, qu'on est absolument obligé de lui
accorder quelques heures de repos loin
de ses livres.
Quelques instants après, on le trouve
plongé dans la bonne et douce lecture
d'un volume de contes de fées.
Eh bien, demande sa mère, qu'est-
ce que cela veut dire ? et ta migraine de
tout à l'heure?
-Oh! répond Tommy sans s'émou-
voir, je l'ai toujours, seulement jo ne la
sens pas en ce moment-ci!
Un mot de Nestor Roqueplan.
Un de ses amis intimes l'avait invité
à dîner. On était à table depuis un bon
quart d'heure, lorsque Nestor arriva.
Ah ça, lui cria l'amphitryon, tu
prends donc ma maison pour une au-
berge ?
-Non pas, répond Roqueplan car, à
l'auberge, je ne suis pas forcé de man-
ger avec l'aubergiste
Le Masque de fer.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878
Sue Exposition ùÉi^erselle doit avoir
lieu en 1878. La période décennale est
écoulée. Si elle n'a pas encore été offi-
ciellement annoncée, c'est sans doute
parce que les préoccupations d'un autre
ordre en ont distrait le gouvernement
et la'Chambre.
Pour organiser une entreprise aussi
considérable, pour construire les instal-
lations appropriées, pour que les indus-
triels eux-mêmes puissent combiner
leurs'efforts, il faut du temps. Deux ans
suffisent, il est vrai, mais on ne doit pas
perdre un jour.
Un grand nombre de questions de dé-
tail se soulèvent au premier abord. Il
faut du temps pour qu'elles se produi-
sent, il faut du temps pour les résoudre.
L'emplacement des installations sera-t-
il le Palais de l'Industrie et ses alen-
tours, leChampde Mars ou le champ de
courses de Longchamps, y a-t-il un autre
site mieux approprié?
Les bâtiments seront-ils carrés, ronds
ou ovales? et mille autres sujets de dis-
cussions qui amèneront de longs retards
à la décision dernière.
Pour éviter ces retards, pour préparer
le travail aux commissions officielles,
nous appelons le public à concourir à
cette grande œuvre internationale. Une
commission d'études est formée, Elle
fait appel à toutes les bonnes idées.
S'adressant d'abord aux ingénieurs,'
aux architectes, aux entrepreneurs et aux
constructeurs français ou étrangers, elle
met au concours le projet d'installation
de l'Exposition universelle de 1878.
Le meilleur mémoire, avec les plans
qui devront être annexés, sera publié
dans un numéro spécial avec la vue d'en-
semble et les figures explicatives.
Ce numéro paraîtra le 15 avril.
On recevra les mémoires'-jusqu'au 8
avril inclusivement.
Les mémoires pourront être déposés
Aux bureaux du.Figaro, rue Drouot, 26
De la France, faubourg Montmartre,10;
Du Petit Journal, rue Lafayette, 61
Des Grandes Usines, rue Auber, 3.
Gazette des Chambres
9mars.
LA CHAMBRE
VÉRIFICATION DES POUVOIRS
Tribunes vides ou à pou près. La salle
de l'Odéon au mois de juillet, si l'Odéon
jouait. Députés peu nombreux, mais on
les sent dans la coulisse. M. Thiers est
présent, surmonté d'une calotte en soie
noire. Personne au banc des ministres,
ni les anciens, ni les nouveaux. A trois
heures et demie, on entend le tambour
c'est M. Grévy qui fait son entrée. Il
monte au fauteuil, donne un coup de
cloche et fait passer le procès-verbal de
la dernière séance au jeune M. Casimir
Périer, l'un des secrétaires. Celui-ci,
ému 4e la mission qu'il a à remplir, prend
le procès-verbal à l'envers. Conformé-
ment aux usages, il fait semblant de lire,
et tout rougissant, il rend à M. Grévy le
papier parlementaire.
M. Grévy donne un deuxième coup de
cloche et, se levant, il prononce d une
voix de basse profonde l'allocùtion sui-
vante, qui a eu du succès.
Mes chers collègues,
Je ne veux pas prendre possession du fau-
teuil de la présidence sans vous remercier
des nombreux suffrages qui m'y ont provi-
soirement élevé.
Je sens tout le prix d'une marque si géné-
rale de confiance, et je n'aurai rien tant à
cœur que de la justifier, en me montrant le
gardien vigilant de la dignité et des préro-
gatives de la Chambre des députés, le direc-
teur loyal de ses délibérations, et le protec-
teur impartial du droit de chacun de ses
membres. (Très bien! très bien!) 1)
Si je suis assez heureux pour remplir ces
grands devoirs à votre satisfaction, je croirai
avoir trouvé le plus digne moyen de' vous
témoigner ma gratitude. (Vive approbation.)
Je présente, au nom de la Chambre, des
remerciements à M. le président d'âge.
Ensuite, on passe à la vérification des
pouvoirs Opération minutieuse et mo-
notone qui, remplit la séance et qui en
remplira bien d'autres. On s'y ennuie à
quatre francs cinquante la minute, et
ceux qui aiment la cigarette peuvent
impunément aller en griller quelques-
unes dans les couloirs ou sur la placé
d'Armes. Pendant ce temps, la tribune
offre un coup d'oeil pittoresque. Trente
ou quarante rapporteurs d'élections font
queue au pied de l'escalier rouge et vert
qui conduit aux rostres et attendent que
l'orateur précédent ait terminé sa fonc-
tion.
Chacun à son tour lit un rapport som-
maire sur deux ou trois élections, dé-
clare les noms et prénoms de leurs
clients, si les formalités sont bien rem-
plies et s'il y a ou non des contestations
sérieuses. Après quoi, la validation est
mise aux voix par M. Grévy, et presque
toujours adoptée par les cinquante ou
soixante fidèles qui se promènent dans
l'hémicycle.
•.̃̃
Cent vi ngt-huit députés ont été validés
sans la moindre opposition.
Tout s'est passé dans un calme absolu.
On se valide l'un l'autre. Le validé de
tout à l'heure devient le rapporteur de
maintenant, et le rapporteur de mainte-
nant sera le validé de tout à l'heure.
Parmi les plus remarquables rappor-
teurs qui se sont exhibes à la tribune,
signalons MM. Floquet, qui a fait sensa- j'
tion, deFourtou, qui fut ministre, M. Jan-
vier de la Motte, l'un des bonapartistes
les plus persécutés, et M. Robert Mit-
chell, qui a produit son effet sur les tri-
bunes.
La suite des vérifications de pouvoirs
été ajournée à demain trois heures.
Albert Millaod»
LE SÉNAT -v
Séance de validation, et encore ne
s'est-il agi que d'élections non contes-
tées! si étranger qu'on puisse être aux
choses de la politique, on n'en comprend
pas moins, à ce simple énoncé, le calme
profond qui a dù régner dans l'auguste
assemblée durant cette opération.
Presque personne à peine quelques
dames avides de débats parlementaires.
Au dehors, le silence d'une église ou
d'une nécropole.
Dans cette situation, on se raccroche
avec frénésie à tout ce qui peut faire di-
version et amener, si faible qu'il soit, le
sourire sur les lèvres. Aussi, lorsque à
quatre heures et quart, M. le président
Gaulthier de Rumiïly agite'sa sonnette,
le son fêlé de celle-ci excite-t-elle une
hilarité évidemment excessive. Comme
la tribune dorée, comme les fauteuils en
reps, il paraît que cette cloche vient du
Luxembourg; c'est une cloche qui a déjà
vu bien des choses et qui s'est efforcee
de calmer bien des discussions tumul-
tueuses elle a connu la main de M.Tro-
plong, celle de M. Rouher; elle a en-
tendu le marquis de Boissy, Sainte-
Beuve elle va entendre M. Tolain et M.
Victor Hugo.
Alors commence le défilé de' MM. les
rapporteurs il y en a un par élection.
A tour de rôle, ils escaladent la tribune,
lisent de dix à quinze lignes d'un rap-
port concluant à la validité d'une élec-
tion, passent le rapport au président,
remettent leurs lunettes dans l'étui, des-
cendent et disparaissent.
A la vérité, si leurs conclusions sont
les mêmes, les physionomies des rap-
porteurs diffèrent il y en a à la voix
éclatante, d'autres que l'on entend à
peine, d'autres que l'on n'entend pas du
tout; mais à la longue, ils se confon-
dent, pour le spectateur, dans la même
monotonie.
Signalons, cependant, M. Lepetit, qui
lit très bien; il a l'air, en montant à la
tribune pour rapporter l'élection de l'Ar-
dèche (MM.Rampont etTailhand) attristé
den'avoirpluspersonnodevantlui: hélasl
M. Thiers reste à la Chambre. M. Tolain
s'estfaitégalemententendrelorsqu'ils'esl
présenté.avec le dossier d'Eure-et-Loir.
Rangeons aussi M. Foucher de Careildans
la catégorie des bons lecteurs; il conclut
à la régularité des élections des Landes;
mais un nuage assombrit son front il
songe au département de Seine-et-Marne!
Pendant ce temps, de deux en deux
minutes, les sénateurs lèvent la main
pour voter les conclusions du rapport:
c'est original pendant un quart d'neurp,
mais pendant un quart d'heure seule-
ment.
Grâce à ce va et vient de rapporteurs,
on a ainsi validé l'élection de cinquante
et un sénateurs. M. Thiers, qui n'a pas
encore paru, a été admis, ainsi que
MM. Challemel-Lacour, Pelletan, Es-
quiros, Brame, Pierre Lefranc, Arago, da
Gontaut Biron, etc., etc. 0
A un certain moment, M. H. de La*
pommeraye a eu une hallucination;
attiré par le verre d'eau sucrée, il
a quitté son siège de secrétaire-rédac-
teur et s'est dirigé vers la tribune pour
faire une conférence; mais, revenu ra-
pidement à lui, il a repris sa place.
Bref, quarante-deux départements ont
des sénateurs définitifs depuis hier.
Cinq heures et demie sonnent la
petite fête est remise à aujourd'hui trois
heures.
On s'aperçoit alors qu'il n'y a plus
guère dans la salle que les senateurs.
L'assistance a doucement battu en re-
traite.
Henry Deynisse.
Dfi PARIS A VERSAILLES
(Lettres Parlementaires.)
Le nouveau ministère. Ce qu'dn en dit. La
désert au Sénat. La ballade des dames par-
lrimentainé M. Raspail et les gendarme.
M. Grévy. La calotte de M. Thiers.
Nous sommes reçus à Versailles par
un vent formidable et la nouvelle qua
le ministère est enfin formé. MM. Du.
faure, Decazes, Say et Cissey conservent
leurs portefeuilles MM. Waddington,
Christophle, Teisserenc de Bort et l'àmi-
rai Fourichon prennent la place:de MM.
Wallon, de Meaux, Caillaux et de Mon.
taignac.
Le ministère dé l'intérieur échoit à
M. Ricard, au malheureux M. Ricard, â
l'infortune M. Ricard. M. Ricard, trois
fois blackboulé remplace M. Buffet trois
fois blackboulé. 0 ironie du sort On sa
demande pourquoi M. Buffet a donné sa
démission. On s'accorde à penser géné-
ralement que ce ministère n'est pas né
viable; c'est un cabinet de fin de saison.
Il ne lui manque rien que la confiance
générale. Les hommes qui le composent
appartiennent au centre gauche, mais
personne ne les connait. Beaucoup de
monde confondent M. Ricard avec M.
Picard, M. Waddington a l'air d'une pro-
nonciation défectueuse de Washington.
M. Christophle, qui est avocat, pourra se
faire une célébrité en faisant croire qu'il
est.l'inventeur de l'argenture des cou.
verts et M. Teisserenc de Bort aura
quelque succès, parce qu'il ressembla
prodigieusement à Jacques Offenbach.
Maintenant, ce ministère, composé en
somme d'hommes compétents et sym-
pathiques, représente-t-il bien l'opi-
nion de la Chambre ? Il faut en douter
en présence de ce qui s'est passé au-
jourd'hui dans les bureaux. Tous les
présidents et secrétaires des onze bu-
reaux ont été choisis et nommés, parmi
les plus avancés des républicains. Il n'y
a pas un seul vrai conservateur parmi
les ingt-deux élus. Que voulez- vous j
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