Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1876-02-18
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1876 18 février 1876
Description : 1876/02/18 (Numéro 49). 1876/02/18 (Numéro 49).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO VENDREDI 18 FEVRIER 1876
Échos de Paris
LA POLITIQUE
Nous croyons utile à la cause conser-
vatrice d'édifier les électeurs sur ce fait
que, déposer un bulletin blanc dans
l'urne équivaut à une abstention.
Les conservateurs feront donc bien,
dans le cas où ils ne voudraient pas vo-
ter pour un des candidats de leur cir-
conscription, de remplir quand même
leurs bulletins du nom d'un homme ho-
norable, bien qu'il ne soit pas candi-
dat.
C'est de cette façon seulement que
leurs voix pourront compter dans la for-
mation de la majorité.
Le Journal officiel tranche une question
importante, à savoir si les officiers de ré-
serve et de l'armée territoriale auraient
le droit de s'occuper d'affaires quelcon-
ques sans l'autorisation de l'autorité mi-
litaire.
Le ministre de la guerre a pris à cet
égard les dispositions suivantes
f Les officiers de réserve ou de l'armée ter-
ritoriale ont toute latitude pour s'occuper,
sans autorisation de l'autorité militaire, mais
à la condition de ne pas prendre la qualifica-
tion d'officier, d'affaires littéraires, indus-
trielles ou commerciales, et faire à ce sujet
telles publications qu'ils jugeront conve-
nables.
Le contraire devra exister lorsqu'un
officier de réserve ou de l'armée territo-
riale désirera publier des ouvrages d'art
militaire.
Il devra, dans ce cas spécial, se sou-
mettre à la règle établie pour les offi-
ciers de l'armée active et se munir de
l'autorisation du ministre.
M. le général de division Dubost, di-
recteur supérieur des travaux de défense
de Paris, et membre du comité des for-
Kfications, a été nommé président de ce |
comité. I
M. le eénéral Dubost remplace dans 1
ee-'posûTM- le général Doutrelaine.
A TRAVERS PARIS
M. Thiers, on le sait, est le seul pro-
priétaire qui ait bénéficié des démoli-
tions, désordres et incendies de la Com.
mune.
On lui faisait cette observation.
« Aussi, aurait-il répondu, mon in-
tention formelle est de laisser par mon
testament à la ville de Paris cet hôtel, les
collections qu'il contient, et le mobilier
complet, plus une certaine somme des-
tinée à la conservation et à l'aménage-
ment ultérieur suivant ce qui sera dé-
cidé plus tard par le ConseilTnunici-
pal. »
Nous donnons' cette nouvelle sous
toute réserve et sous bénéfice d'inven-
taire, en applaudissant toutefois des
deux mains pour cette bonne pensée, si
toutefois elle a germé dans la cervelle
de l'illustre homme d'Etat.
Peut-être aussi, nous disait un ami
de l'hôtel de la conciliation, M. Thiers
aura-t-il la bonne fortune d'abriter les
vieux jours de Rochefort, lorsque celui-
ci sera rentré dans sa bonne ville de
Paris.
Deux correspondants de journaux ai-
lemands ont été expulsés d'Autriche, ces
derniers jours. On dit que la police avait
trouvé dangereuses leurs menées poli-
tiques.
Quoiqu'il en soit, ils ne trouvent
pas de défenseurs dans la presse autri-
chienne.
La Saint-Valentin s'est passée lundi en
Angleterre comme de coutume.
C'est le jour redouté des facteurs, où
tous les amoureux qui s'entendent, s'en-
voient des souhaits intéressés de bon-
heur, où les soupirants évincés, médi-
sants, jaloux, etc,, expédient des injures.
Pendant ce temps nous expédions des
circulaires électorales!
Heureux Anglais!
Comme les mots de la langue fran-
çaise; sont exposés à changer d'accep-
iion\ 1
On peut en faire une étude curieuse
sur les proclamations des candidats.
Tous ceux qui sont franchement cons-
titutionnels parlent de leur concours
dévoué au maréchal de Mac-Mahon.
Tous ceux au contraire, qui dans un
sens ou dans l'autre couvent une ar-
rière-pensée de révision à plus ou moins
bref délai, protestent de leur concours
loyal.
Evidemment, dans l'esprit de ces der-
niers, l'adjectif loyal s'applique à une
chose qu'on fait à regret et avec une
sorte de mauvaise grâce.
La corruption du mot remonte évi-
demment au fameux essai loyal de la Ré-
publique, dont personne n'avait envie.
Désormais quand on dira de quel-
au'un
Je lui ai tendu une main loyale.
Cela voudra dire
Comme je l'aurais étranglé, si je
l'avais pu l
On sait que l'exposition de tableaux du
cercle des Mirlitons est ouverte. On y
trouve les participants habituels qui,
cette année, ont fait beaucoup de por-
traits de femmes.
Autant de figures, autant d'énigmes
pour le curieux qui n'appartient pas au
cercle. Il vuit une jolie femme, court
au catalogue et lit Portrait de Mlle X.
ou de Mme Z. ou de la comtesse
P. etc., etc. Pourquoi cacher son nom,
quand on consent à laisser afficher sa
figure?.
Les Américaines du Sud y mettent
moins de réserve. Elles vont se faire
photographier chez tous les faiseurs en
renom, et leur laissent le droit de ven-
dre des exemplaires. Cela devient un
concours, et celle dont l'image a été la
plus demandée, se croit à bon droit la
plus belle.
C'est de l'appel au peuple qui ne fai'
de mal à personne.
Puisque nous sommes en pleine co
médie électorale, ressuscitons un trai
d'autrefois que les circonstances renden
actuel.
félicien Mallefllle avait un profil à 1
fois étrange et sympathique. Un œil |
couvert d'une taie comme ceux des |
statues, dérangeait quelque peu sa
haute mine d'hidalgo.
En 1848, sommé d'expliquer sa candi-
dature dans un club, il avait eu pour lui
l'unanimité des voix de tous ceux qui le
voyaient de profil, du côté de son œil
vivant, et l'unanimité contre lui de tous
ceux qui le voyaient du côté de son œil
mort.
Quelle douce figure disaient les
votants de droite.
-Quel homme terrible! disaient les
votants de gauche.
L'auteur des Sept Enfants de Lara ne
fut pas élu, et ce fut tant mieux pour le
théâtre, puisque son insuccès politique
lui permit de faire le Cœur et la Dot.
NOUVELLES A LA MAIN
Un auteur dramatique, à qui les direc-
teurs de théâtres ont refusé plusieurs
pièces, dans ces derniers temps, nous
disait hier, d'un air moitié gai, moitié
triste
C'est singulier les autres ne per-
dent leur temps que quand ils ne tra-
vaillent pas; moi, c'est quand je travaille
que je perds le mien 1
La jalousie à Montmartre.
Ah ma chère, que je suis malheu-
reuse Alfred ne m'aime pas t
Es-tu bien sûre ? 3
Tiens, tout à l'heure, il entre à la
brasserie où j'étais avec Amélie. Je lui
oflre un verre d'absinthe et cette chipie
lui offre de son côté un sirop de gro-
seille. Eh bien, croirais-tu qu'il a accepté
le sirop de groseille? Il faut qu'il soit
fou de cette femme t
'̃̃
1 ~,tiL(~1'T~ Mir ilim"
Am DE Mïmi Pinson
̃̃• I- '̃
Lolo, c'est l'amant de Lolotte;
Ils habitent un beau château
Dans un pays de matelotte,
Ah! saprelottel 1
Au bord de l'eau.
De Dieu la bonté souveraine
Voulant former un doux tableau.
Exempt de haine v
A lié d'une même chaîne
Les cœurs de Lolotte et Lolo.,
'••̃ ;11 ̃̃̃"̃̃
Hélas! deux fois triste Lolotte,'
La politique, ce fléau,
Comme un lapin en gibelotte,
Ah 1 saprelotte T
A pris Lolo.
Mais elle l'a mis en compote!»
H est revenu tout penaud `
Chez sa Lolotte,
Et le beau temps de leur popotte
Renaît pour Lolotte et Lolo.
En police correctionnelle, affaire de
coups etblessuTes.
Un marchand de vins comparaît
comme témoin.
Voyons, dit le président, de votre
propre aveu le prévenu avait déjà bu
trois litres de vin, il était fort impru-
dent à vous de lui en servir un qua-
trième.
Oh réplique l'honorable industriel
en souriant avec conviction ce n'est
pas ces litres là qui ont pu lui faire du
mal
Le jeune Arthur, entrant comme une
trombe chez son ami Raoul, qui est en
train de fumer un cigare avec une tierce
personne, que le jeune Arthur ne con-
naît pas
Eh bien, quand épouses-tu ta fée
Carabosse? 3
Raoul, présentant vivement l'inconnu
Monsieur X. mon futur beau-
frère.
Le jeune Arthur, d'un air ahuri
Oh! pardon, monsieur! croyez bien
que j'ignorais.
L'inconnu, le sourire aux lèvres
C'est trop d'excuses, monsieur; je
n'ignore pas que ma soeur est bossue.
Et, de son côté, Raoul sait bien qu'on ne
la lui aurait jamais donnée sans cela! 1
Le Masque de fer.
»
POURQUOI ffl. THIERS NE PARLE PLUS
Autrefois, quand M. Thiers était à la
tribune et prononçait ces longs et ma-
gnifiques discours qui étaient l'honneur
de l'éloquence moderne, on lui criait de
tous côtés, s'il s'excusait d'être trop long:
Parlez, parlez!
Quant à M. Barthélemy Saint-Hilaire,
on lui a dit rarement Ecrivez, écrivez l
car il n'écrivait que trop.
Eh bien nous en sommes arrivés
aujourd'hui non seulement à dire à M.
Thiers Parlez, parlez mais à supplier
humblement M. Saint-Hilaire de retrem-
per une lois encore sa plume dans ce
célèbre encrier que nous avions le tort
de croire intarissable.
Oui, monsieur Thiers, on vous dit,
comme autrefois à Siéyès Votre silence
est une calamité publique.
Oui, monsieur Saint-Hilaire, cela peut
paraître étonnant, mais le vrai n'est
pas toujours vraisemblable; on se
plaint que vous n'écriviez pas assez.
Certains curieux vont jusqu'à dire que
si votre chef ne parle point, et que si
vous brisez votre plume, c'est que lui
n'ose pas parler, c'est que vous, vous
n'osez pas écrire.
Nous autres, électeurs du IXe arrondis-
sement, nous ne laissons pas que d'être
embarrassés.
Il est vrai que nous voyons sur tous
les murs des maisons cette afliche
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
'̃mmmmmmt
iLTHIERS
L
CANDIDAT POUR LE IX' ARRONDISSEMENT
l
h Mais dans l'état des choses, cela n'est
qu'une énigme malgré tout no tre respect
pour l'historien du Consulat et de l'Em-
pire, nous n'avons pas la prétention
d'être des OEdipes, et à l'heure qu'il esi
t M. Thiers est un Sphinx.
I M. Thiers c'est de notoriété pu.
t blique fait actuellement la campa.
fne électorale de compte à demi ave<
[. Gambelta. L'ancienjQjésident et l'an-;
cien dictateur se sont partagé à l'a- |
miable, pour eux ou pour leurs parti-
tisans, tous les arrondissements de
France. Ils ont la même caisse com-
mune, les mêmes journaux, les mêmes
agents de propagande. Ce sont des al-
lies, qui ont etabli entre eux une soli-
darité complète.
Chacun est donc en droit de demander
à M. Thiers si oui ou non il accepte le
programme de M. Gambetta.
Veut-il l'amnistie?
La séparation de l'Eglise et de l'Etat?
La laïcité de l'enseignement? 't
L'impôt sur le revenu?
L'élection des maires?
Le triomphe des nouvelles couches
sociales?
Demande-t-il, comme M. Gambetta l'a
fait cette semaine au boulevard de Char-;
ronne, la mise en vigueur de la Répu-
blique « avec toutes ses conséquences,
sans lesquelles elle ne serait qu'un vain
nom? »
Les conséquences futures de la Répu-
blique, tout le monde sait ce que cela
veut dire dans la bouche des radicaux.
Ne l'oubliez pas, conservateurs, le pro-
gramme de M. Gambetta, si antireli-
gieux, si antisocial qu'on le trouve,
n'est encore, les radicaux ont bien
soin de le dire qu'un simple et mo-
deste minimum, le minimum des reven-
dications.
M. Gambetta, bien qu'il n'ait osé pa-
raître dans une réunion publique, ni à
Belleville, ni ailleurs -car, remarquez- `
le bien, l'ex-dictateur ne parle que de-
vant ses mamelucks, devant des audi-
teurs bénévoles, soigneusement triés au
volet M. Gambetta a fini son discours
du boulevard deCharonnepar ces mots
« Je le dis en terminant, sans flatterie,
je tiens à ce que ce soit à Belleville que
soit toujours ma véritable tribune. »
Allons illustre, éloquent monsieur
Thiers, quelques phrases de ces beaux
discours dont vous étiez autrefois si pro-
digue et que vous prononcez si bien
Allons, ô fidèle, ô Saint-Hilaire, prenez
une autre plume, si vous avez brisé la
votre, et remettez quelques gouttes d'en-
ère dans votre magique encrier.
Monsieur Thiers, êtes-vous, oui ou
non, pour la politique bellevilloise de
votre ami Gambetta ? 2
-Admirateur du Concordat, êtes-vous
partisan, oui ou non, de la séparation de
l'Etat et de l'Eglise, point essentiel du
programme de vos alliés?
Gambetta est-il devenu thiériste, ou
Thiers est-il devenu gambettiste ?
Certains amis malicieux vont jusqu'à
dire que les personnes qui ont réconci-
lié l'ex-président avec l'ex-dictateur ne
les laissent pas longtemps dans la même
chambre, car au bout de quelques mi-
nutes le fougueux avocat de Cahors se
tiendrait à quatre pour ne pas traiter
l'illustre vieillard de radoteur, et celui-
ci, qui n'a pas toujours été la patience
même appellerait peut-être encore
Gambetta fou furieux.
D'autres personnes nous disent, au
contraire, que les frères Siamois n'étaient
que des frères ennemis en comparaison
de ces deux grands hommes.
Quoi qu'il en soit, il y a là quelque
chose de louche, d'équivoque, d'inex-
pliqué.
Parlez, monsieur Thiers t
Saint-Hilaire écrivez! 1
Mais, diront les familiers de l'hôtel de
la place Saint-Georges, le seul nom de
M. Thiers ne suffit-il pas à dissiper tou-
tes les ténèbres? A quiconque demande
quel est le candidat pour le neuvième
arrondissement, ne peut-il pas s'écrier
comme la Médée du grand Corneille
Moi, dis-je, et c'est assez ? P
Pardon, messieurs, nous sommes au-
tant que vous les admirateurs de l'histo-
rien du Consulat et de l'Empire. Mais, de
bonne foi, nous ne pouvons admettre
que le nom d'un homme, si illustre qu'il
soit, contienne tout un programme.
Les souverains eux-mêmes se donnent
bien la peine de rédiger des discours du
trône, et il n'y a aucune puissance qui
refuse aux autres puissances des éclair-
cissements.
Il y a eu, d'ailleurs, dans la vie de
M. Thiers, des périodes bien distinctes.
M. Thiers a été l'habile ministre et
l'intime ami de Louis-Philippe.
M. Thiers a déclaré qu'en France la
République ne POUVAIT JAMAIS FINIR QUE
DANS LE SANG OU L'IMBÉCILLITÉ.
M. Thiers a fait revenir les cendres de
Napoléon.
M. Thiers a fait replacer la statue du
vainqueur d'Austerlitz sur le sommet de
la colonne, et a fait graver son nom à
lui, l'historien du grand homme, sur la
botte de la statue. "«,
En 1848, M. Thiers a été l'adversaire
irréconciliable des radicaux d'alors, le
bwrgrave de la rue de Poitiers, le promo-
teur enthousiaste de la candidature du
prince Louis-Napoléon.
A ceux qui hésitaient, il ne cessait de
dire « Vous n'y entendez rien; je con-
nais le prince Louis, je le dirige, je le
tiens, j'en réponds. »
Et Mme Thiers trônait dans les salons
de l'Elysée, un bouquet de violettes à
la main
En 1849, M. Thiers applaudissait des
deux mains à l'expédition romaine.
Qu'en dites-vous, messieurs les radi-
caux ?
Au Corps législatif, le Pape n'avait pas
de défenseur plus intrépide, plus élo-
quent, plus convaincu.
Qu'en dites-vous, messieurs du Siècle
.et de la République française, vous qui dé-
jeunez chaque matin avec une tranche
deprêtre?
En 1870, M. Thiers s'était rapproché
sinon de l'Empereur, du moins de ses
ministres, et montrant avec complai-
sance les bancs des hommes du 2 jan-
vier « C'est là, s'écria-t-il, que- siègent
mes amis »!
Qu'en dites-vous, messieurs les adver-
saires d'Emile Ollivier et consorts?
Président de la République, M. Thiers
a fait fusiller une foule innombrable de
républicains. Il est vrai que quelques
semaines après il serrait affectueuse-
ment la main de M. Ranc et autres
adeptes de la Commune, dans les salons
du Luxembourg.
En fait d'économie politique, il était
tellement rétrograde qu'il forçait la
Chambre à accepter sa démission ou à
voter la ridicule loi sur les matières pre-
mières. Qu'en pensez-vous, messieurs
les adeptes de la liberté commerciale?
Mais à quoi bon continuer plus long-
temps une pareille énumération ? Quel
est l'homme un peu au courant de l'his-
toire contemporaine qui ne considère le
mutisme de M. Thiers comme une im-
possibilité absolue de s'expliquer.
Parler, c'est ou commettre la plus in-
qualifiable despalinodies,ouc'estrompre
pour toujours cette coalition gambet-
tiste-thiériste, qui est le seul espoir des
l radicaux.,
Ah 1 monsieur Thiers, vous trouvez
que le silence est d'or; nous le compre-
nons. Mais nous autres, électeurs du
9° arrondissement, nous tous qui avons
l'horreur des équivoques et des malen-
tendus, nous qui voulons à tout prix la
lumière, les situations nettes, les décla-
rations loyales et sincères, il nous est
impossible de nous contenter de votre
affiche; nous qui n'accepterons jamais
les coalitions de la rancune et de la
haine, les alliances hybrides, les com-
promis avec les principes, nous votons
pour M. Daguin, parce que M. Daguin
s'est expliqué et que vous, vous ne vous
expliquez pas;
Pour M. Daguin,' parce que M. Daguin
est le partisan du Maréchal de Mac-Ma-
hon et que nous ne savons pas si vous
voulez, oui ou non, renverser le Maré-
chal
Pour M. Daguin, parce qu'il est l'ad-
versaire de M. Gambetta et que vous
êtes son allié.
Il en esttempsencore,monsieurThieTS,
les réunions publiques sont fermées,mais
il y a encore des réunions privées. Même
en dehors des réunions, vous avez mille
moyens de nous faire connaître d'ici à
dimanche ce que vous voulez et ce que
vous ne voulez pas.
Parlez, monsieur Thiers 1
Saint-Hilaire, écrivez!
TRIBUNE ÉLECTORAL!
M. Moulenq, avocat à la cour d'appel de
Paris, nous adresse la rectification suivante,
demandée en trop bons termes pour que Jious
ne nous empressions pas de l'accueillir
Dans un article que vous avez publié ce matin,
relativement aux élections législatives de l'arron-
dissement de Moissac (Tarn-et-Garonne), votre
bonne foi a été évidemment surprise.
Le candidat conservateur, dont vous avez omis
même le nom, est M. Trubert, conseiller général,
ancien auditeur au conseil d'Etat, ancien chef du
cabinet de M. le duc de Broglie, petit-fils d'un des
ministres les plus distingués de Louis-Philippe
M. Sylvain Dumon.
Quant à M. Brassié, spécimen des plus purs do
ce qu'on a appelé sous l'Empireles administrateurs
à poigne, il voudrait aujourd'hui, quoique absolu-
ment étranger au pays, s'imposer comme député
dans un arrondissement bouleversé pendant plu-
sieurs années par ses manœuvres.
F. Moulenq,
Avocat à la cour d'appel.
Reims, 14 février,
Dans le supplément de votre numéro d'aujour-
d'hui, 14 courant, parlant des candidats en pré-
sence dans la deuxième circonscription de Reims;
vous dites que j'aurais engagé les électeurs qui
voteraient peur moi à reporter, dans le cas dun
second tour de scrutin, leurs voix sur M. de Ma-
reuil, lequel de son côté inviterait, dans ce même
cas, ses adhérents à reporter leurs suffrages sur
M. Thomas, candidat républicain avancé, il a là
un malentendu que j'ai pris la peine de dissiper
dans une lettre du 10 de ce mois, publiée le sur-
lendemain par le journal la Champagne..
En reproduisant ce racontar, vous avez été'
simplement le jouet d'une manœuvre électorale di-
rigée contre moi ce n'est pas la première, sera-ce
la dernière? 7 PARIS.
M. Charles de Ravinel, député sortant, se
présente dans l'arrondissement d'Epinal (Vos-
ges).
M. de Ravinel est avant tout un candi-
dat conservateur énergique membre au
eentre droit, il a constamment voté avec M.
Buffet, M. le duc de Broglie, c'est à dire avec
les véritables et dévoués amis de l'ordre et du
Maréchal. C'est un jeune, mais un jeune des
plus intelligents et de ceux qui ont devant eux
l'avenir. Fort obligeant, il était adoré de ses
électeurs.
M. Odilon Barrot, qui se présente dans
l'Ardèche (arrondissement de Largentière),
n'est pas, comme nous le croyions, le fils de
M. Ferdinand Barrot, mais son neveu. Le
candidat à la députation est" le fils de M.
Adolphe Barrot, ancien ambassadeur et ne-
veu de l'ancien homme d'Etat, mort l'an der-
nier, et de Ferdinand, ancien grand référen-
daire du Sénat.
De plus, M. Barrot n'a pas hérité, comme
nous l'avons dit, de son oncle Odilon Barrot;
c'est son cousin, M. Raymond Barrot, qui a
eu cette bonne fortune.
On écrit de Namonnk, le 13 février, au
Messager de Toulouse (journal de la préfec-
ture)
Nous tenons de source certaine que la candida-
ture de l'arrondissement de Castelnaudary a été
offerte à M. le baron de Malaret.
La ferme volonté de ne pas briser le faisceau des
forces conservatrices, son appréciation délicate des
relations sociales ont décidé M. de Malaret à dé-
cliner cette offre..
Le Messager de Toulouse, qui poursuit la réno-
vation de la France par l'union de tous les conser-
vateurs, tient à rendre hommage au sentiment. che-
valeresque qui a dicté cette décision. Il donne à
apprécier cet acte de désintéressement et de cour-
toisie aux esprits chagrins qui 'se servent de toutes
les armes dans la lutte, en cachant leurs rancunes
sous le voile de la raison de parti.
Le refus de M. de Malaret lui fait d'autant plus
d'honneur, qu'en lui offrant la candidature, le
Comité prenait à sa charge tous les frais de la
campagne électorale.
A cette très juste appréciation de notre con-
frère toulousain, nous tenons à ajouter que le suc-
cès de M. de Malaret était certain et que les élec-
teurs de Castelnaudary auraient sûrement réparé
l'injustice qui l'a exclu du Sénat. La crainte de
diviser les conservateurs et le désir de ne pas
faire échec à un candidat ami ont dicté la con-
duite de M. de Malaret.
Les geas de cœur lui en sauront gré, et ceux
qui le connaissent n'en auront pas été surpris.
Certains journaux s'obstinent à présenter
comme bonapartiste, dans l'arrondissement
de Gex (département de l'Ain) la candidature
de M. le baron Girod (de l'Ain).
C'est une erreur provenant d'une fausse
appréciation des déclarations mêmes du baron
Girod. Il nous autorise, en effet, à déclarer
qu'il a accepté très loyalement la République
et que, s'étant tenu à l'écart de toutes les cote-
ries depuis la chute de l'Empire, aucun lien
ne le rattache à ce régime.
Le comité électoral du seizième arrondisse.
ment vient d'adresser aux électeurs de cet
arrondissement la circulaire suivante
« Assez de phrases Des faits Des chiffres
Des preuves!
» De 1871 à 1874, les deux candidats en pré-
sence, MM. Dehaynin et Marmottan ont siégé,'
côte à côte, au Conseil municipal.
j Pendant ce laps de temps, sur 268 séances
tenues par le Conseil, M. Dehaynin a pris part
à 249 séances et s'est absenté 19 fois
» M. Marmottan a assisté seulement
à 172 séances et s'est absenté. 96 fois
» C'est-à-dire que M. Dehaynin a man-
qué. 1 séance sur 14 ou 15
Et M. Marmottan. 1 séance sur 2 ou 3
» Pendant le même temps, les rapports de
M. Dehaynin, dont le Conseil municipal a voté
l'impression et le dépôt dans ses archives, se
sont élevés au chiffre de 12
» Les rapports dô M. Marmottan, dont
le Conseil municipal a ordonné l'impres.
sion et le dépôt dans ses archives se sont
élevés au chiffre de 0
» (Nous disons zéro.)
t Les renseignements qui précèdent sont
rigoureusement exacts et authentiques; ils
sont extraits des procès-verbaux officiels du
Conseil municipal.
s Cea procès-verbaux, dont l'honorable M.
Marmottan a un exemplaire dans les mains,
sont déposés au siége du comité, 8, chaussée
de .la Muette, où chacun nourra en nrendra
connaissance de 10 heures du matin à 4 heures
du soir. »
Un grand nombre de aotaBles du cinquième
arrondissement (quartier du Panthéon), ont
offert la candidature à M. Galloni-d'Istria, an-
cien officier supérieur et officier de la Légion
d'honneur.
Plusieurs grandes réunions publiques ont
acclamé avec enthousiasme le nouveau can-
didat.
M. Galloni-d'Istria sera un soutien de 1 or-
dre. Sa valeur et son honnêteté le recomman-
dent aux suffrages de ses concitoyens.
Les candidaturës dans Seine-et-Marne qui
paraissent devoir réunir des majorités impo-
santes sont celles de MM. de Ségur et d'Haus-
sonville. ,».,
Dans les réunions électorales où ils ont été
appelés, le premier a affirmé son intention
bien arrêtée de soutenir la République dont
il a été un des fondateurs et de voter, lors de
la révision, toutes les lois qui auront pour
but de la consolider et de l'affermir.
Le second a renouvelé l'assurance qu il
soutiendrait la constitution républicaine et
s'opposerait à toute révision dans un sens
monarchique.
Nous avons dit que M. Oscar de Vallée avait
posé sa candidature dans les Ardennes (arron-
dissement de Rocroy). Nous apprenons avec
regret qu'il s'est désisté.
M. le marquis de Cauvey nous prie d'an-
noncer qu'il s'est désisté de sa, candidature à
la députation, qu'il avait posée à Orléans
extra-muros. Il a pris cette résolution pour
ne pas compromettre la cause de l'ordre en
divisant les voix cohservatrices. •
^-» >–
L'abondance des matières nous oblige
à retarder à demain la suite de notre
feuilleton, LES NUITS DU BOULEVARD.
Télégrammes et Correspondances
Pont-Levoy, 16 février. Le corps
de M. Laurentie est arrivé ce matin, à- huit
heures et demie, accompagné de MM: Sébas-
tien Laurentie, son fils, et Le Costé,son neveu.
Le cortège s'est formé aussitôt. Les cordons
du poêle étaient tenus par MM. l'abbé Bour-
geois, marquis de Vibraye, Germain Sarrut
et Beschon, notaire, ancien élève du collège.
La messe a commencé à 9 heures. Dans
l'assistance on remarquait MM. le baron de
Fougères, de Bodard, maire de Pont-Levoy,
le.baron Cassin, Mme la baronne de Fougères,
les professeurs et les élèves du collége, etc.
M. l'abbé Bourgeois a lu en chaire l'oraison
funèbre du publiciste éminent et de l'homme
politique. Il a peu parlé de la vie privée du
défunt qui pourtant appartient d'une manière
toute particulière à Pont-Levoy.
Deux fois; dans sa vie, M. Laurentie a été
la providence du collége. Une première fois,
en 1828, il ïut fermé à la suite de conflits
avec l'Université. Le pays était consterné.
MM. Laurentie et l'abbé Demeuré– les deux
amis,reposent maintenant à côté l'un de l'au-
tre, dans le même caveau tous les deux
habiles dans l'enseignement et l'éducation de
la jeunesse, rendirent la vie au collége et lui
donnèrent la prospérité et l'éclat qui se sont
maintenus jusqu'à ce jour. 1
Quinze ans après, lorsqu une attaque de
paralysie rendit M. l'abbé Demeuré incapable
de continuer sa haute direction, M. Lauren-
tie sauva encore la maison en lui assurant la
généreuse coopération de M. le prince de
Chalais et de M. le marquis de Vibraye qui
en devinrent les propriétaires.
Le célèbre collége est devenu récemment,
en vertu d'un acte de donation, la propriété
du diocèse de BJois. Il compte aujourd'hui
240 élèves, et a pour directeur M. l'abbé
Bourgeois, membre du conseil supérieur de
l'instruction publique.
Calais, 17 février, 5 h. 20 soir. Un
affreux malheur est venu consterner aujour-
d'hui la garnison et la ville. Un capitaine
d'artillerie, un brigadier, un artificier et un
canonnier ont été tués par l'explosion d'une
bombe dans le puits d'essai.
.Nîmes, 17 février, 10 h. 43 matin.-
M. Anthouard, chef de gare, a été atteint,
hier soir, par deux coups de revolver, que
lui a tirés un homme d'équipe surpris en
flagrant délit de vol. C'est pendant son in-
terrogatoire, dans le cabinet même du chef
de gare, que le voleur a commis son crime.
M. Anthouard n'est pas mort de ses deux
blessures mais elles sont très graves.
8 8 h. 48 soir. L'assassin est un bri-
gadier d'équipe, nommé Chanterelle père de
quatre enfants. Il volait des tuyaux de plomb
quand il fut surpris. Une descente de justice,
opérée chez lui, a amené la découverte de
nombreux vols commis par Chanterelle. 3
» Livehpool,16 fév. Le steamer an-
glais Vanquard, arrivé hier, venant de la
Nouvelle-Orléans, a ramené quatre marins
français trouvés en pleine mer dans un canot
qui était à la merci des flots depuis huit
jours. Ces malheureux appartenaient à
l'Elisa Prosper de Cherbourg capitaine
Devoux, allant de Pensacola à Brest, et
chargé de bois pour le compte du gouverne.
ment français. Le navire éprouva de très
gros temps à la suite desquels une voie d'eau
se déclara. Pendant plusieurs jours, l'équi-
page put, à l'aide des pompes, 18 maintenir à
îlot mais comme il était prêt à couler, le
capitaine, après avoir consulté l'équipage,
ordonna, le 20 janvier, de l'abandonner.
Le péril était proche, et, dans leur précipi-
tation, ils ne purent embarquer dans le canot,
ni eau, ni vivres. Le capitaine fut enlevé par
une vague; le mousse mourut des souffran-
ces endurées. Quand le Vanquard les recueil-
lit, les quatre survivants étaient sur le point
de succomber de faim et de soif. Ils sont ac-
tuellement à Southern-Hospital de Liverpool,
où le second qui, seul, a conservé quelques
forces a pu donner ces détails. Les autres
sont dans un état de faiblesse incroyable,
mais on espère pourtant les sauver avec du
temps et beaucoup de soins.
~~>– ~« Bayonne, 17 février, 4 h. soir. Cest
sur le territoire de la commune de Sare, can-
ton d'Espelette, au pied de la Rhune, qu'a été
tué par une balle partie de l'autre côté de la
frontière, le soldat Garion, du 49° de ligne.
Pendant deux ou trois minutes, lés balles
Carlistes sont tombées sur notre territoire
malgré le clairon sonnant la marche des
zouaves, le drapeau blanc arboré au bout
d'un fusil et les cris France 1 France 1 de nos
pauvres troupiers qui ne pouvaient riposter,
étant dans un bas-fond.
Le capitaine Çondron fit coucher ses soixante
hommes derrière un rocher et dans une grotte,
ne pouvant engager une lutte inégale. C'est
alors que Garion eut l'épine dorsale brisée par
un coup de feu. Il est vraiment extraordinaire
qu'il n'y ait pas eu plus de victimes. Le vi-
caire de Sare avait suivi notre détachement.
Il a aussi failli être atteint.
L'indignation de nos soldats est grande.
Garion allait être libéré du service dans trois
mois.
Deux officiers carlistes venus en parlemen-
taires au bord du ruisseau-limite ont dit qu'ils
avaient cru avoir affaire aux alphonsistes. Ils
se sont éloignés ensuite et n'ont pas voulu
répondre à une invitation nouvelle de parle-
menter. ̃
Le colonel Hecquet, du 49e, est arrive à
Sare.
UAqence télégraphique russe nous donne
communication de la dépêche suivante
Saint-Pétersbourg, 17 fév., 2 h. 45 soir.
Les nouvelles de la grande-duchesse Marie
redeviennent alarmantes. L'empereur et l'im-
dératrice se sont rendus chez elle à minuit, i
Les médecins désespèrent de prolonger sa vie
plus de deux jours. Les bals de la cour sont
contremandés.
Auguste Marcade.
4>
PARIS AU JOTRIE JOUR
L'adresse des députés du centre gau-
che aux électeurs parisiens ne paraît pas
avoir satisfait les radicaux. Le Rappel
notamment, qui vit de l'amnistie, ne
peut admettre qu'on ne la demande
point avec la même chaleur que lui.
Et l'amnistie « Electeurs de Paris, ne don-
» nez pas vos voix à ces incorrigibles sectai-
» res qui n'invoquent la clémence que pour
» réhabiliter le crime. » Il est évident que
ceux qui pensent qu'il serait temps d'effacer
le souvenir de la guerre civile, que ceux qui
ne sont pas pour les peines éternelles, que
ceux qui ont pitié des foyers déserts et des
yeux en larmes, que tous ceux-là dont je
suis sont des misérables « qui n'invoquent
la clémence que pour réhabiliter le crime. »
Ah ici, je n'ai plus la force de plaisanter, et
la colère me prendrait aisément contre ces
hommes qui, après cinq ans, trouvent que la
répression n'a pas assez duré, que ce n'est
pas encore l'heure de tendre la main et d'ou-
blier que tout est pour le mieux dans la meil-
leure des Républiques possibles, et que, du
moment qu'ils sont sénateurs à vie, cela éoât
consoler les femmes de n'avoir plus leur mari,
les enfants de n'avoir plus leur père, et les
mères de n'avoir plus leur fils [
Il lui paraît plus inadmissible encore
que l'on ose donner des conseils à Paris,
la ville-lumière, et à M. Victor Hugo le
sénateur réverbère.
Ah 1 si Paris voulait se ranger, t baisser le
ton de ses prétentions », n'être plus la ville
de la Révolution « devenir une bonne ville
bien sage et bien bourgeoise, Paris serait un
petit Versailles; et si Victor Hugo voulait se
corriger, ne plus faire les Châtiments, la Lé-
gende des siècles, les Misérables, Ruy-Blas,
Quatre-vingt-treize, etc., Victor Hugo serait
un petit Sèhérer.Nousne serions pas étonné
si, dimanche, Paris répondait aux centre-
gauchers que, tout gobe-mouche » qu'il est,
il ne l'est pas encore jusqu'à gober les mu-
ches du coche. »
Et c'est ainsi qu'on remercie le centre
gauche d'avoir fait la République.
¥% MM. Tirard et Langlois figureatsur
la liste électorale de la République frmt-
çaise. On sera probablement curieux de
savoir comment le même journal les.
traitait, lors de l'élection Barodet, avant
d'avoir embrassé définitivement la poli-
tique scientifique, la «politique de ré-
sultats ».
Ces deux députés ayant eu le malheur
de recommander la candidature de M.
de Rémusat, la République française disait
en parlant d'eux
Quant àMM. Tirard et Langlois, nous aver-
tissons charitablement M. de Rémusat que
leur intervention ne peut que lui nuire, les Pa-
risiens, voyez-vous monsieur le ministre.ont
une prétention, celle de cesser d'être repré-
sentés par MM. Tirard et Langlois. Vous avez
choisi là, pour vous recommander, de fâcheux
patrons. Vous vous en apercevrez le 27 avril r
prochain. <
Un peu plus loin, M. Langlois avait
son éreintement special.
Rassurez-vous, Monsieur Langlois, digne
philosophe qui avez passé vingt ans de votre
vie à nous rebattre les oreilles de vos tra-
vaux et de vos études consacrés k l'élabora-
tion d'un programme de gouvernement répu-
blicain que vous n'appliquerez jamais. Il
n'est point du tout question de briser votre
existence politique, qui nous paraît d'ailleurs
toucher à son terme. Evitez, nouveau et
bruyant Curtius, de vous jeter dans ce groupe
que vous seul apercevez et où nul ne cherche
à entrainer ni vous ni la démocratie. Repre-
nez vos sens, honorable et antique républi-
cain Tâchez seulement de voir clair. Il n'y a
pas si longtemps qu'on vous prenait pour
exalté. Vous protestiez alors. Prenez garde
de vous exalter en sens contraire.
Et l'article finissait par cette déclara-
tion solennelle que le parti républicain
n'avait « désormais plus que faire » de
M. Langlois.
Il paraît que la République française a
changé d'avis, puisque M. Langlois est
son candidat.
f"'f. 'LL- '1- ..3.1.11: a~"
M. (jamD8iia a jjbsoiii utuneius u«
tout ce qu'il pourra ramasser de modé-
rés, car, dans le monde intransigeant on
ne lui ménage ni les récriminations ni les
insinuations.
Les Droits de V homme déclarent son
discours de Belleville insignifiant
ce qui n'est pas d'ailleurs absolument
inexact, et nous esquissent les griefs que
leur parti accumule contre l'ancien dic-
tateur.
Ce panégyrique se résume en deux points
une reédition très complète et très détaillée
de la légende de la défense en province sur
laquelle nous nous déclarerons incompétents
tant que M. Gambetta n'aura pas expliqué
certains faits, comme l'essai de destitution du
citoyen Duportal, la destitution du citoyen
Esquiros, les commandements donnés à MM.
Charette et Cathelineau, voire à M. de Kéra-
try, l'hospitalité systématique témoignée au
général Garibaldi, et une bruyante apologie de
la politique d'opportunité.
Il n'est pas non plus sans intérêt de
rééditer un profil de M. Gambetta, qui
date du siége de Paris.
Le Gambetta qu'on sait, boit, mange et dort
avec son compatriote Machiavel. Il l'a sous
son chevet comme Alexandre avait Homère.
TI le sait par cœur, si l'on a un cœur quand
onsait Machiavel, Jacobin à Belleville et gi-
rondin à Marseille pour Marat à Paris et
pour M. Thiers à Aix; sorte de Mirabeau
poitrinaire qui ne parle pas comme Mirabeau;
avocat de la pire espèce, beau parleur, moins
beau penseur et fort laid moraliste; un irré-
conciliable assermenté deux fois, comme dé-
puté et comme avocat voilà Gambetta.
L'auteur est Félix Pyat.
¥% Le tumulte électoral n'empêchera
point sans doute de remarquer les paro.
les que le marquis de Salisbury, secré-
taire d'Etat pour l'Inde, a pronon-
cées à un banquet donné par les cham-
bres de commerce. L'ombre de la ques-
tion d'Orient apparaît à travers ces pa-
roles belliqueuses.
Il est évident pour tous qu'un sentiment
nouveau s'est emparé de l'Angleterre depuis
quelques mois une sorte de tressaillement,
d'aspiration à Paotion, un désir de se voir
indiquer le but auquel elle doit tendre et de
voir se dessiner une politique nette. Les pays
étrangers ont cru, depuis trente ans, que,
parce que que nous sommes dévoués au com-
merce, nous sommes un peuple docile, timide,
prêt à accepter qu'on empiéte sur ses droits.
C'est une grande erreur. Le tempérament des
hommes d Etat varie, l'esprit du peuple reste.
Parce qu'il est tourné vers le commerce, il
ne s'ensuit pas qu'il soit timide; mais il sait
ce' qui vaut ou ce qui ne vaut pa§,la peine
qu'on lutte.
Nous ne nous mêlons pas des querelles
étrangères, mais nous sommes prêts à frap-
per fort et dur si la nécessité l'exige. Notre
politique se concentre de plus en plus sur les
des et sur lna routes rtni v nnnrluiaent:. G««t
Échos de Paris
LA POLITIQUE
Nous croyons utile à la cause conser-
vatrice d'édifier les électeurs sur ce fait
que, déposer un bulletin blanc dans
l'urne équivaut à une abstention.
Les conservateurs feront donc bien,
dans le cas où ils ne voudraient pas vo-
ter pour un des candidats de leur cir-
conscription, de remplir quand même
leurs bulletins du nom d'un homme ho-
norable, bien qu'il ne soit pas candi-
dat.
C'est de cette façon seulement que
leurs voix pourront compter dans la for-
mation de la majorité.
Le Journal officiel tranche une question
importante, à savoir si les officiers de ré-
serve et de l'armée territoriale auraient
le droit de s'occuper d'affaires quelcon-
ques sans l'autorisation de l'autorité mi-
litaire.
Le ministre de la guerre a pris à cet
égard les dispositions suivantes
f Les officiers de réserve ou de l'armée ter-
ritoriale ont toute latitude pour s'occuper,
sans autorisation de l'autorité militaire, mais
à la condition de ne pas prendre la qualifica-
tion d'officier, d'affaires littéraires, indus-
trielles ou commerciales, et faire à ce sujet
telles publications qu'ils jugeront conve-
nables.
Le contraire devra exister lorsqu'un
officier de réserve ou de l'armée territo-
riale désirera publier des ouvrages d'art
militaire.
Il devra, dans ce cas spécial, se sou-
mettre à la règle établie pour les offi-
ciers de l'armée active et se munir de
l'autorisation du ministre.
M. le général de division Dubost, di-
recteur supérieur des travaux de défense
de Paris, et membre du comité des for-
Kfications, a été nommé président de ce |
comité. I
M. le eénéral Dubost remplace dans 1
ee-'posûTM- le général Doutrelaine.
A TRAVERS PARIS
M. Thiers, on le sait, est le seul pro-
priétaire qui ait bénéficié des démoli-
tions, désordres et incendies de la Com.
mune.
On lui faisait cette observation.
« Aussi, aurait-il répondu, mon in-
tention formelle est de laisser par mon
testament à la ville de Paris cet hôtel, les
collections qu'il contient, et le mobilier
complet, plus une certaine somme des-
tinée à la conservation et à l'aménage-
ment ultérieur suivant ce qui sera dé-
cidé plus tard par le ConseilTnunici-
pal. »
Nous donnons' cette nouvelle sous
toute réserve et sous bénéfice d'inven-
taire, en applaudissant toutefois des
deux mains pour cette bonne pensée, si
toutefois elle a germé dans la cervelle
de l'illustre homme d'Etat.
Peut-être aussi, nous disait un ami
de l'hôtel de la conciliation, M. Thiers
aura-t-il la bonne fortune d'abriter les
vieux jours de Rochefort, lorsque celui-
ci sera rentré dans sa bonne ville de
Paris.
Deux correspondants de journaux ai-
lemands ont été expulsés d'Autriche, ces
derniers jours. On dit que la police avait
trouvé dangereuses leurs menées poli-
tiques.
Quoiqu'il en soit, ils ne trouvent
pas de défenseurs dans la presse autri-
chienne.
La Saint-Valentin s'est passée lundi en
Angleterre comme de coutume.
C'est le jour redouté des facteurs, où
tous les amoureux qui s'entendent, s'en-
voient des souhaits intéressés de bon-
heur, où les soupirants évincés, médi-
sants, jaloux, etc,, expédient des injures.
Pendant ce temps nous expédions des
circulaires électorales!
Heureux Anglais!
Comme les mots de la langue fran-
çaise; sont exposés à changer d'accep-
iion\ 1
On peut en faire une étude curieuse
sur les proclamations des candidats.
Tous ceux qui sont franchement cons-
titutionnels parlent de leur concours
dévoué au maréchal de Mac-Mahon.
Tous ceux au contraire, qui dans un
sens ou dans l'autre couvent une ar-
rière-pensée de révision à plus ou moins
bref délai, protestent de leur concours
loyal.
Evidemment, dans l'esprit de ces der-
niers, l'adjectif loyal s'applique à une
chose qu'on fait à regret et avec une
sorte de mauvaise grâce.
La corruption du mot remonte évi-
demment au fameux essai loyal de la Ré-
publique, dont personne n'avait envie.
Désormais quand on dira de quel-
au'un
Je lui ai tendu une main loyale.
Cela voudra dire
Comme je l'aurais étranglé, si je
l'avais pu l
On sait que l'exposition de tableaux du
cercle des Mirlitons est ouverte. On y
trouve les participants habituels qui,
cette année, ont fait beaucoup de por-
traits de femmes.
Autant de figures, autant d'énigmes
pour le curieux qui n'appartient pas au
cercle. Il vuit une jolie femme, court
au catalogue et lit Portrait de Mlle X.
ou de Mme Z. ou de la comtesse
P. etc., etc. Pourquoi cacher son nom,
quand on consent à laisser afficher sa
figure?.
Les Américaines du Sud y mettent
moins de réserve. Elles vont se faire
photographier chez tous les faiseurs en
renom, et leur laissent le droit de ven-
dre des exemplaires. Cela devient un
concours, et celle dont l'image a été la
plus demandée, se croit à bon droit la
plus belle.
C'est de l'appel au peuple qui ne fai'
de mal à personne.
Puisque nous sommes en pleine co
médie électorale, ressuscitons un trai
d'autrefois que les circonstances renden
actuel.
félicien Mallefllle avait un profil à 1
fois étrange et sympathique. Un œil |
couvert d'une taie comme ceux des |
statues, dérangeait quelque peu sa
haute mine d'hidalgo.
En 1848, sommé d'expliquer sa candi-
dature dans un club, il avait eu pour lui
l'unanimité des voix de tous ceux qui le
voyaient de profil, du côté de son œil
vivant, et l'unanimité contre lui de tous
ceux qui le voyaient du côté de son œil
mort.
Quelle douce figure disaient les
votants de droite.
-Quel homme terrible! disaient les
votants de gauche.
L'auteur des Sept Enfants de Lara ne
fut pas élu, et ce fut tant mieux pour le
théâtre, puisque son insuccès politique
lui permit de faire le Cœur et la Dot.
NOUVELLES A LA MAIN
Un auteur dramatique, à qui les direc-
teurs de théâtres ont refusé plusieurs
pièces, dans ces derniers temps, nous
disait hier, d'un air moitié gai, moitié
triste
C'est singulier les autres ne per-
dent leur temps que quand ils ne tra-
vaillent pas; moi, c'est quand je travaille
que je perds le mien 1
La jalousie à Montmartre.
Ah ma chère, que je suis malheu-
reuse Alfred ne m'aime pas t
Es-tu bien sûre ? 3
Tiens, tout à l'heure, il entre à la
brasserie où j'étais avec Amélie. Je lui
oflre un verre d'absinthe et cette chipie
lui offre de son côté un sirop de gro-
seille. Eh bien, croirais-tu qu'il a accepté
le sirop de groseille? Il faut qu'il soit
fou de cette femme t
'̃̃
1 ~,tiL(~1'T~ Mir ilim"
Am DE Mïmi Pinson
̃̃• I- '̃
Lolo, c'est l'amant de Lolotte;
Ils habitent un beau château
Dans un pays de matelotte,
Ah! saprelottel 1
Au bord de l'eau.
De Dieu la bonté souveraine
Voulant former un doux tableau.
Exempt de haine v
A lié d'une même chaîne
Les cœurs de Lolotte et Lolo.,
'••̃ ;11 ̃̃̃"̃̃
Hélas! deux fois triste Lolotte,'
La politique, ce fléau,
Comme un lapin en gibelotte,
Ah 1 saprelotte T
A pris Lolo.
Mais elle l'a mis en compote!»
H est revenu tout penaud `
Chez sa Lolotte,
Et le beau temps de leur popotte
Renaît pour Lolotte et Lolo.
En police correctionnelle, affaire de
coups etblessuTes.
Un marchand de vins comparaît
comme témoin.
Voyons, dit le président, de votre
propre aveu le prévenu avait déjà bu
trois litres de vin, il était fort impru-
dent à vous de lui en servir un qua-
trième.
Oh réplique l'honorable industriel
en souriant avec conviction ce n'est
pas ces litres là qui ont pu lui faire du
mal
Le jeune Arthur, entrant comme une
trombe chez son ami Raoul, qui est en
train de fumer un cigare avec une tierce
personne, que le jeune Arthur ne con-
naît pas
Eh bien, quand épouses-tu ta fée
Carabosse? 3
Raoul, présentant vivement l'inconnu
Monsieur X. mon futur beau-
frère.
Le jeune Arthur, d'un air ahuri
Oh! pardon, monsieur! croyez bien
que j'ignorais.
L'inconnu, le sourire aux lèvres
C'est trop d'excuses, monsieur; je
n'ignore pas que ma soeur est bossue.
Et, de son côté, Raoul sait bien qu'on ne
la lui aurait jamais donnée sans cela! 1
Le Masque de fer.
»
POURQUOI ffl. THIERS NE PARLE PLUS
Autrefois, quand M. Thiers était à la
tribune et prononçait ces longs et ma-
gnifiques discours qui étaient l'honneur
de l'éloquence moderne, on lui criait de
tous côtés, s'il s'excusait d'être trop long:
Parlez, parlez!
Quant à M. Barthélemy Saint-Hilaire,
on lui a dit rarement Ecrivez, écrivez l
car il n'écrivait que trop.
Eh bien nous en sommes arrivés
aujourd'hui non seulement à dire à M.
Thiers Parlez, parlez mais à supplier
humblement M. Saint-Hilaire de retrem-
per une lois encore sa plume dans ce
célèbre encrier que nous avions le tort
de croire intarissable.
Oui, monsieur Thiers, on vous dit,
comme autrefois à Siéyès Votre silence
est une calamité publique.
Oui, monsieur Saint-Hilaire, cela peut
paraître étonnant, mais le vrai n'est
pas toujours vraisemblable; on se
plaint que vous n'écriviez pas assez.
Certains curieux vont jusqu'à dire que
si votre chef ne parle point, et que si
vous brisez votre plume, c'est que lui
n'ose pas parler, c'est que vous, vous
n'osez pas écrire.
Nous autres, électeurs du IXe arrondis-
sement, nous ne laissons pas que d'être
embarrassés.
Il est vrai que nous voyons sur tous
les murs des maisons cette afliche
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
'̃mmmmmmt
iLTHIERS
L
CANDIDAT POUR LE IX' ARRONDISSEMENT
l
h Mais dans l'état des choses, cela n'est
qu'une énigme malgré tout no tre respect
pour l'historien du Consulat et de l'Em-
pire, nous n'avons pas la prétention
d'être des OEdipes, et à l'heure qu'il esi
t M. Thiers est un Sphinx.
I M. Thiers c'est de notoriété pu.
t blique fait actuellement la campa.
fne électorale de compte à demi ave<
[. Gambelta. L'ancienjQjésident et l'an-;
cien dictateur se sont partagé à l'a- |
miable, pour eux ou pour leurs parti-
tisans, tous les arrondissements de
France. Ils ont la même caisse com-
mune, les mêmes journaux, les mêmes
agents de propagande. Ce sont des al-
lies, qui ont etabli entre eux une soli-
darité complète.
Chacun est donc en droit de demander
à M. Thiers si oui ou non il accepte le
programme de M. Gambetta.
Veut-il l'amnistie?
La séparation de l'Eglise et de l'Etat?
La laïcité de l'enseignement? 't
L'impôt sur le revenu?
L'élection des maires?
Le triomphe des nouvelles couches
sociales?
Demande-t-il, comme M. Gambetta l'a
fait cette semaine au boulevard de Char-;
ronne, la mise en vigueur de la Répu-
blique « avec toutes ses conséquences,
sans lesquelles elle ne serait qu'un vain
nom? »
Les conséquences futures de la Répu-
blique, tout le monde sait ce que cela
veut dire dans la bouche des radicaux.
Ne l'oubliez pas, conservateurs, le pro-
gramme de M. Gambetta, si antireli-
gieux, si antisocial qu'on le trouve,
n'est encore, les radicaux ont bien
soin de le dire qu'un simple et mo-
deste minimum, le minimum des reven-
dications.
M. Gambetta, bien qu'il n'ait osé pa-
raître dans une réunion publique, ni à
Belleville, ni ailleurs -car, remarquez- `
le bien, l'ex-dictateur ne parle que de-
vant ses mamelucks, devant des audi-
teurs bénévoles, soigneusement triés au
volet M. Gambetta a fini son discours
du boulevard deCharonnepar ces mots
« Je le dis en terminant, sans flatterie,
je tiens à ce que ce soit à Belleville que
soit toujours ma véritable tribune. »
Allons illustre, éloquent monsieur
Thiers, quelques phrases de ces beaux
discours dont vous étiez autrefois si pro-
digue et que vous prononcez si bien
Allons, ô fidèle, ô Saint-Hilaire, prenez
une autre plume, si vous avez brisé la
votre, et remettez quelques gouttes d'en-
ère dans votre magique encrier.
Monsieur Thiers, êtes-vous, oui ou
non, pour la politique bellevilloise de
votre ami Gambetta ? 2
-Admirateur du Concordat, êtes-vous
partisan, oui ou non, de la séparation de
l'Etat et de l'Eglise, point essentiel du
programme de vos alliés?
Gambetta est-il devenu thiériste, ou
Thiers est-il devenu gambettiste ?
Certains amis malicieux vont jusqu'à
dire que les personnes qui ont réconci-
lié l'ex-président avec l'ex-dictateur ne
les laissent pas longtemps dans la même
chambre, car au bout de quelques mi-
nutes le fougueux avocat de Cahors se
tiendrait à quatre pour ne pas traiter
l'illustre vieillard de radoteur, et celui-
ci, qui n'a pas toujours été la patience
même appellerait peut-être encore
Gambetta fou furieux.
D'autres personnes nous disent, au
contraire, que les frères Siamois n'étaient
que des frères ennemis en comparaison
de ces deux grands hommes.
Quoi qu'il en soit, il y a là quelque
chose de louche, d'équivoque, d'inex-
pliqué.
Parlez, monsieur Thiers t
Saint-Hilaire écrivez! 1
Mais, diront les familiers de l'hôtel de
la place Saint-Georges, le seul nom de
M. Thiers ne suffit-il pas à dissiper tou-
tes les ténèbres? A quiconque demande
quel est le candidat pour le neuvième
arrondissement, ne peut-il pas s'écrier
comme la Médée du grand Corneille
Moi, dis-je, et c'est assez ? P
Pardon, messieurs, nous sommes au-
tant que vous les admirateurs de l'histo-
rien du Consulat et de l'Empire. Mais, de
bonne foi, nous ne pouvons admettre
que le nom d'un homme, si illustre qu'il
soit, contienne tout un programme.
Les souverains eux-mêmes se donnent
bien la peine de rédiger des discours du
trône, et il n'y a aucune puissance qui
refuse aux autres puissances des éclair-
cissements.
Il y a eu, d'ailleurs, dans la vie de
M. Thiers, des périodes bien distinctes.
M. Thiers a été l'habile ministre et
l'intime ami de Louis-Philippe.
M. Thiers a déclaré qu'en France la
République ne POUVAIT JAMAIS FINIR QUE
DANS LE SANG OU L'IMBÉCILLITÉ.
M. Thiers a fait revenir les cendres de
Napoléon.
M. Thiers a fait replacer la statue du
vainqueur d'Austerlitz sur le sommet de
la colonne, et a fait graver son nom à
lui, l'historien du grand homme, sur la
botte de la statue. "«,
En 1848, M. Thiers a été l'adversaire
irréconciliable des radicaux d'alors, le
bwrgrave de la rue de Poitiers, le promo-
teur enthousiaste de la candidature du
prince Louis-Napoléon.
A ceux qui hésitaient, il ne cessait de
dire « Vous n'y entendez rien; je con-
nais le prince Louis, je le dirige, je le
tiens, j'en réponds. »
Et Mme Thiers trônait dans les salons
de l'Elysée, un bouquet de violettes à
la main
En 1849, M. Thiers applaudissait des
deux mains à l'expédition romaine.
Qu'en dites-vous, messieurs les radi-
caux ?
Au Corps législatif, le Pape n'avait pas
de défenseur plus intrépide, plus élo-
quent, plus convaincu.
Qu'en dites-vous, messieurs du Siècle
.et de la République française, vous qui dé-
jeunez chaque matin avec une tranche
deprêtre?
En 1870, M. Thiers s'était rapproché
sinon de l'Empereur, du moins de ses
ministres, et montrant avec complai-
sance les bancs des hommes du 2 jan-
vier « C'est là, s'écria-t-il, que- siègent
mes amis »!
Qu'en dites-vous, messieurs les adver-
saires d'Emile Ollivier et consorts?
Président de la République, M. Thiers
a fait fusiller une foule innombrable de
républicains. Il est vrai que quelques
semaines après il serrait affectueuse-
ment la main de M. Ranc et autres
adeptes de la Commune, dans les salons
du Luxembourg.
En fait d'économie politique, il était
tellement rétrograde qu'il forçait la
Chambre à accepter sa démission ou à
voter la ridicule loi sur les matières pre-
mières. Qu'en pensez-vous, messieurs
les adeptes de la liberté commerciale?
Mais à quoi bon continuer plus long-
temps une pareille énumération ? Quel
est l'homme un peu au courant de l'his-
toire contemporaine qui ne considère le
mutisme de M. Thiers comme une im-
possibilité absolue de s'expliquer.
Parler, c'est ou commettre la plus in-
qualifiable despalinodies,ouc'estrompre
pour toujours cette coalition gambet-
tiste-thiériste, qui est le seul espoir des
l radicaux.,
Ah 1 monsieur Thiers, vous trouvez
que le silence est d'or; nous le compre-
nons. Mais nous autres, électeurs du
9° arrondissement, nous tous qui avons
l'horreur des équivoques et des malen-
tendus, nous qui voulons à tout prix la
lumière, les situations nettes, les décla-
rations loyales et sincères, il nous est
impossible de nous contenter de votre
affiche; nous qui n'accepterons jamais
les coalitions de la rancune et de la
haine, les alliances hybrides, les com-
promis avec les principes, nous votons
pour M. Daguin, parce que M. Daguin
s'est expliqué et que vous, vous ne vous
expliquez pas;
Pour M. Daguin,' parce que M. Daguin
est le partisan du Maréchal de Mac-Ma-
hon et que nous ne savons pas si vous
voulez, oui ou non, renverser le Maré-
chal
Pour M. Daguin, parce qu'il est l'ad-
versaire de M. Gambetta et que vous
êtes son allié.
Il en esttempsencore,monsieurThieTS,
les réunions publiques sont fermées,mais
il y a encore des réunions privées. Même
en dehors des réunions, vous avez mille
moyens de nous faire connaître d'ici à
dimanche ce que vous voulez et ce que
vous ne voulez pas.
Parlez, monsieur Thiers 1
Saint-Hilaire, écrivez!
TRIBUNE ÉLECTORAL!
M. Moulenq, avocat à la cour d'appel de
Paris, nous adresse la rectification suivante,
demandée en trop bons termes pour que Jious
ne nous empressions pas de l'accueillir
Dans un article que vous avez publié ce matin,
relativement aux élections législatives de l'arron-
dissement de Moissac (Tarn-et-Garonne), votre
bonne foi a été évidemment surprise.
Le candidat conservateur, dont vous avez omis
même le nom, est M. Trubert, conseiller général,
ancien auditeur au conseil d'Etat, ancien chef du
cabinet de M. le duc de Broglie, petit-fils d'un des
ministres les plus distingués de Louis-Philippe
M. Sylvain Dumon.
Quant à M. Brassié, spécimen des plus purs do
ce qu'on a appelé sous l'Empireles administrateurs
à poigne, il voudrait aujourd'hui, quoique absolu-
ment étranger au pays, s'imposer comme député
dans un arrondissement bouleversé pendant plu-
sieurs années par ses manœuvres.
F. Moulenq,
Avocat à la cour d'appel.
Reims, 14 février,
Dans le supplément de votre numéro d'aujour-
d'hui, 14 courant, parlant des candidats en pré-
sence dans la deuxième circonscription de Reims;
vous dites que j'aurais engagé les électeurs qui
voteraient peur moi à reporter, dans le cas dun
second tour de scrutin, leurs voix sur M. de Ma-
reuil, lequel de son côté inviterait, dans ce même
cas, ses adhérents à reporter leurs suffrages sur
M. Thomas, candidat républicain avancé, il a là
un malentendu que j'ai pris la peine de dissiper
dans une lettre du 10 de ce mois, publiée le sur-
lendemain par le journal la Champagne..
En reproduisant ce racontar, vous avez été'
simplement le jouet d'une manœuvre électorale di-
rigée contre moi ce n'est pas la première, sera-ce
la dernière? 7 PARIS.
M. Charles de Ravinel, député sortant, se
présente dans l'arrondissement d'Epinal (Vos-
ges).
M. de Ravinel est avant tout un candi-
dat conservateur énergique membre au
eentre droit, il a constamment voté avec M.
Buffet, M. le duc de Broglie, c'est à dire avec
les véritables et dévoués amis de l'ordre et du
Maréchal. C'est un jeune, mais un jeune des
plus intelligents et de ceux qui ont devant eux
l'avenir. Fort obligeant, il était adoré de ses
électeurs.
M. Odilon Barrot, qui se présente dans
l'Ardèche (arrondissement de Largentière),
n'est pas, comme nous le croyions, le fils de
M. Ferdinand Barrot, mais son neveu. Le
candidat à la députation est" le fils de M.
Adolphe Barrot, ancien ambassadeur et ne-
veu de l'ancien homme d'Etat, mort l'an der-
nier, et de Ferdinand, ancien grand référen-
daire du Sénat.
De plus, M. Barrot n'a pas hérité, comme
nous l'avons dit, de son oncle Odilon Barrot;
c'est son cousin, M. Raymond Barrot, qui a
eu cette bonne fortune.
On écrit de Namonnk, le 13 février, au
Messager de Toulouse (journal de la préfec-
ture)
Nous tenons de source certaine que la candida-
ture de l'arrondissement de Castelnaudary a été
offerte à M. le baron de Malaret.
La ferme volonté de ne pas briser le faisceau des
forces conservatrices, son appréciation délicate des
relations sociales ont décidé M. de Malaret à dé-
cliner cette offre..
Le Messager de Toulouse, qui poursuit la réno-
vation de la France par l'union de tous les conser-
vateurs, tient à rendre hommage au sentiment. che-
valeresque qui a dicté cette décision. Il donne à
apprécier cet acte de désintéressement et de cour-
toisie aux esprits chagrins qui 'se servent de toutes
les armes dans la lutte, en cachant leurs rancunes
sous le voile de la raison de parti.
Le refus de M. de Malaret lui fait d'autant plus
d'honneur, qu'en lui offrant la candidature, le
Comité prenait à sa charge tous les frais de la
campagne électorale.
A cette très juste appréciation de notre con-
frère toulousain, nous tenons à ajouter que le suc-
cès de M. de Malaret était certain et que les élec-
teurs de Castelnaudary auraient sûrement réparé
l'injustice qui l'a exclu du Sénat. La crainte de
diviser les conservateurs et le désir de ne pas
faire échec à un candidat ami ont dicté la con-
duite de M. de Malaret.
Les geas de cœur lui en sauront gré, et ceux
qui le connaissent n'en auront pas été surpris.
Certains journaux s'obstinent à présenter
comme bonapartiste, dans l'arrondissement
de Gex (département de l'Ain) la candidature
de M. le baron Girod (de l'Ain).
C'est une erreur provenant d'une fausse
appréciation des déclarations mêmes du baron
Girod. Il nous autorise, en effet, à déclarer
qu'il a accepté très loyalement la République
et que, s'étant tenu à l'écart de toutes les cote-
ries depuis la chute de l'Empire, aucun lien
ne le rattache à ce régime.
Le comité électoral du seizième arrondisse.
ment vient d'adresser aux électeurs de cet
arrondissement la circulaire suivante
« Assez de phrases Des faits Des chiffres
Des preuves!
» De 1871 à 1874, les deux candidats en pré-
sence, MM. Dehaynin et Marmottan ont siégé,'
côte à côte, au Conseil municipal.
j Pendant ce laps de temps, sur 268 séances
tenues par le Conseil, M. Dehaynin a pris part
à 249 séances et s'est absenté 19 fois
» M. Marmottan a assisté seulement
à 172 séances et s'est absenté. 96 fois
» C'est-à-dire que M. Dehaynin a man-
qué. 1 séance sur 14 ou 15
Et M. Marmottan. 1 séance sur 2 ou 3
» Pendant le même temps, les rapports de
M. Dehaynin, dont le Conseil municipal a voté
l'impression et le dépôt dans ses archives, se
sont élevés au chiffre de 12
» Les rapports dô M. Marmottan, dont
le Conseil municipal a ordonné l'impres.
sion et le dépôt dans ses archives se sont
élevés au chiffre de 0
» (Nous disons zéro.)
t Les renseignements qui précèdent sont
rigoureusement exacts et authentiques; ils
sont extraits des procès-verbaux officiels du
Conseil municipal.
s Cea procès-verbaux, dont l'honorable M.
Marmottan a un exemplaire dans les mains,
sont déposés au siége du comité, 8, chaussée
de .la Muette, où chacun nourra en nrendra
connaissance de 10 heures du matin à 4 heures
du soir. »
Un grand nombre de aotaBles du cinquième
arrondissement (quartier du Panthéon), ont
offert la candidature à M. Galloni-d'Istria, an-
cien officier supérieur et officier de la Légion
d'honneur.
Plusieurs grandes réunions publiques ont
acclamé avec enthousiasme le nouveau can-
didat.
M. Galloni-d'Istria sera un soutien de 1 or-
dre. Sa valeur et son honnêteté le recomman-
dent aux suffrages de ses concitoyens.
Les candidaturës dans Seine-et-Marne qui
paraissent devoir réunir des majorités impo-
santes sont celles de MM. de Ségur et d'Haus-
sonville. ,».,
Dans les réunions électorales où ils ont été
appelés, le premier a affirmé son intention
bien arrêtée de soutenir la République dont
il a été un des fondateurs et de voter, lors de
la révision, toutes les lois qui auront pour
but de la consolider et de l'affermir.
Le second a renouvelé l'assurance qu il
soutiendrait la constitution républicaine et
s'opposerait à toute révision dans un sens
monarchique.
Nous avons dit que M. Oscar de Vallée avait
posé sa candidature dans les Ardennes (arron-
dissement de Rocroy). Nous apprenons avec
regret qu'il s'est désisté.
M. le marquis de Cauvey nous prie d'an-
noncer qu'il s'est désisté de sa, candidature à
la députation, qu'il avait posée à Orléans
extra-muros. Il a pris cette résolution pour
ne pas compromettre la cause de l'ordre en
divisant les voix cohservatrices. •
^-» >–
L'abondance des matières nous oblige
à retarder à demain la suite de notre
feuilleton, LES NUITS DU BOULEVARD.
Télégrammes et Correspondances
Pont-Levoy, 16 février. Le corps
de M. Laurentie est arrivé ce matin, à- huit
heures et demie, accompagné de MM: Sébas-
tien Laurentie, son fils, et Le Costé,son neveu.
Le cortège s'est formé aussitôt. Les cordons
du poêle étaient tenus par MM. l'abbé Bour-
geois, marquis de Vibraye, Germain Sarrut
et Beschon, notaire, ancien élève du collège.
La messe a commencé à 9 heures. Dans
l'assistance on remarquait MM. le baron de
Fougères, de Bodard, maire de Pont-Levoy,
le.baron Cassin, Mme la baronne de Fougères,
les professeurs et les élèves du collége, etc.
M. l'abbé Bourgeois a lu en chaire l'oraison
funèbre du publiciste éminent et de l'homme
politique. Il a peu parlé de la vie privée du
défunt qui pourtant appartient d'une manière
toute particulière à Pont-Levoy.
Deux fois; dans sa vie, M. Laurentie a été
la providence du collége. Une première fois,
en 1828, il ïut fermé à la suite de conflits
avec l'Université. Le pays était consterné.
MM. Laurentie et l'abbé Demeuré– les deux
amis,reposent maintenant à côté l'un de l'au-
tre, dans le même caveau tous les deux
habiles dans l'enseignement et l'éducation de
la jeunesse, rendirent la vie au collége et lui
donnèrent la prospérité et l'éclat qui se sont
maintenus jusqu'à ce jour. 1
Quinze ans après, lorsqu une attaque de
paralysie rendit M. l'abbé Demeuré incapable
de continuer sa haute direction, M. Lauren-
tie sauva encore la maison en lui assurant la
généreuse coopération de M. le prince de
Chalais et de M. le marquis de Vibraye qui
en devinrent les propriétaires.
Le célèbre collége est devenu récemment,
en vertu d'un acte de donation, la propriété
du diocèse de BJois. Il compte aujourd'hui
240 élèves, et a pour directeur M. l'abbé
Bourgeois, membre du conseil supérieur de
l'instruction publique.
Calais, 17 février, 5 h. 20 soir. Un
affreux malheur est venu consterner aujour-
d'hui la garnison et la ville. Un capitaine
d'artillerie, un brigadier, un artificier et un
canonnier ont été tués par l'explosion d'une
bombe dans le puits d'essai.
.Nîmes, 17 février, 10 h. 43 matin.-
M. Anthouard, chef de gare, a été atteint,
hier soir, par deux coups de revolver, que
lui a tirés un homme d'équipe surpris en
flagrant délit de vol. C'est pendant son in-
terrogatoire, dans le cabinet même du chef
de gare, que le voleur a commis son crime.
M. Anthouard n'est pas mort de ses deux
blessures mais elles sont très graves.
8 8 h. 48 soir. L'assassin est un bri-
gadier d'équipe, nommé Chanterelle père de
quatre enfants. Il volait des tuyaux de plomb
quand il fut surpris. Une descente de justice,
opérée chez lui, a amené la découverte de
nombreux vols commis par Chanterelle. 3
» Livehpool,16 fév. Le steamer an-
glais Vanquard, arrivé hier, venant de la
Nouvelle-Orléans, a ramené quatre marins
français trouvés en pleine mer dans un canot
qui était à la merci des flots depuis huit
jours. Ces malheureux appartenaient à
l'Elisa Prosper de Cherbourg capitaine
Devoux, allant de Pensacola à Brest, et
chargé de bois pour le compte du gouverne.
ment français. Le navire éprouva de très
gros temps à la suite desquels une voie d'eau
se déclara. Pendant plusieurs jours, l'équi-
page put, à l'aide des pompes, 18 maintenir à
îlot mais comme il était prêt à couler, le
capitaine, après avoir consulté l'équipage,
ordonna, le 20 janvier, de l'abandonner.
Le péril était proche, et, dans leur précipi-
tation, ils ne purent embarquer dans le canot,
ni eau, ni vivres. Le capitaine fut enlevé par
une vague; le mousse mourut des souffran-
ces endurées. Quand le Vanquard les recueil-
lit, les quatre survivants étaient sur le point
de succomber de faim et de soif. Ils sont ac-
tuellement à Southern-Hospital de Liverpool,
où le second qui, seul, a conservé quelques
forces a pu donner ces détails. Les autres
sont dans un état de faiblesse incroyable,
mais on espère pourtant les sauver avec du
temps et beaucoup de soins.
~~>– ~« Bayonne, 17 février, 4 h. soir. Cest
sur le territoire de la commune de Sare, can-
ton d'Espelette, au pied de la Rhune, qu'a été
tué par une balle partie de l'autre côté de la
frontière, le soldat Garion, du 49° de ligne.
Pendant deux ou trois minutes, lés balles
Carlistes sont tombées sur notre territoire
malgré le clairon sonnant la marche des
zouaves, le drapeau blanc arboré au bout
d'un fusil et les cris France 1 France 1 de nos
pauvres troupiers qui ne pouvaient riposter,
étant dans un bas-fond.
Le capitaine Çondron fit coucher ses soixante
hommes derrière un rocher et dans une grotte,
ne pouvant engager une lutte inégale. C'est
alors que Garion eut l'épine dorsale brisée par
un coup de feu. Il est vraiment extraordinaire
qu'il n'y ait pas eu plus de victimes. Le vi-
caire de Sare avait suivi notre détachement.
Il a aussi failli être atteint.
L'indignation de nos soldats est grande.
Garion allait être libéré du service dans trois
mois.
Deux officiers carlistes venus en parlemen-
taires au bord du ruisseau-limite ont dit qu'ils
avaient cru avoir affaire aux alphonsistes. Ils
se sont éloignés ensuite et n'ont pas voulu
répondre à une invitation nouvelle de parle-
menter. ̃
Le colonel Hecquet, du 49e, est arrive à
Sare.
UAqence télégraphique russe nous donne
communication de la dépêche suivante
Saint-Pétersbourg, 17 fév., 2 h. 45 soir.
Les nouvelles de la grande-duchesse Marie
redeviennent alarmantes. L'empereur et l'im-
dératrice se sont rendus chez elle à minuit, i
Les médecins désespèrent de prolonger sa vie
plus de deux jours. Les bals de la cour sont
contremandés.
Auguste Marcade.
4>
PARIS AU JOTRIE JOUR
L'adresse des députés du centre gau-
che aux électeurs parisiens ne paraît pas
avoir satisfait les radicaux. Le Rappel
notamment, qui vit de l'amnistie, ne
peut admettre qu'on ne la demande
point avec la même chaleur que lui.
Et l'amnistie « Electeurs de Paris, ne don-
» nez pas vos voix à ces incorrigibles sectai-
» res qui n'invoquent la clémence que pour
» réhabiliter le crime. » Il est évident que
ceux qui pensent qu'il serait temps d'effacer
le souvenir de la guerre civile, que ceux qui
ne sont pas pour les peines éternelles, que
ceux qui ont pitié des foyers déserts et des
yeux en larmes, que tous ceux-là dont je
suis sont des misérables « qui n'invoquent
la clémence que pour réhabiliter le crime. »
Ah ici, je n'ai plus la force de plaisanter, et
la colère me prendrait aisément contre ces
hommes qui, après cinq ans, trouvent que la
répression n'a pas assez duré, que ce n'est
pas encore l'heure de tendre la main et d'ou-
blier que tout est pour le mieux dans la meil-
leure des Républiques possibles, et que, du
moment qu'ils sont sénateurs à vie, cela éoât
consoler les femmes de n'avoir plus leur mari,
les enfants de n'avoir plus leur père, et les
mères de n'avoir plus leur fils [
Il lui paraît plus inadmissible encore
que l'on ose donner des conseils à Paris,
la ville-lumière, et à M. Victor Hugo le
sénateur réverbère.
Ah 1 si Paris voulait se ranger, t baisser le
ton de ses prétentions », n'être plus la ville
de la Révolution « devenir une bonne ville
bien sage et bien bourgeoise, Paris serait un
petit Versailles; et si Victor Hugo voulait se
corriger, ne plus faire les Châtiments, la Lé-
gende des siècles, les Misérables, Ruy-Blas,
Quatre-vingt-treize, etc., Victor Hugo serait
un petit Sèhérer.Nousne serions pas étonné
si, dimanche, Paris répondait aux centre-
gauchers que, tout gobe-mouche » qu'il est,
il ne l'est pas encore jusqu'à gober les mu-
ches du coche. »
Et c'est ainsi qu'on remercie le centre
gauche d'avoir fait la République.
¥% MM. Tirard et Langlois figureatsur
la liste électorale de la République frmt-
çaise. On sera probablement curieux de
savoir comment le même journal les.
traitait, lors de l'élection Barodet, avant
d'avoir embrassé définitivement la poli-
tique scientifique, la «politique de ré-
sultats ».
Ces deux députés ayant eu le malheur
de recommander la candidature de M.
de Rémusat, la République française disait
en parlant d'eux
Quant àMM. Tirard et Langlois, nous aver-
tissons charitablement M. de Rémusat que
leur intervention ne peut que lui nuire, les Pa-
risiens, voyez-vous monsieur le ministre.ont
une prétention, celle de cesser d'être repré-
sentés par MM. Tirard et Langlois. Vous avez
choisi là, pour vous recommander, de fâcheux
patrons. Vous vous en apercevrez le 27 avril r
prochain. <
Un peu plus loin, M. Langlois avait
son éreintement special.
Rassurez-vous, Monsieur Langlois, digne
philosophe qui avez passé vingt ans de votre
vie à nous rebattre les oreilles de vos tra-
vaux et de vos études consacrés k l'élabora-
tion d'un programme de gouvernement répu-
blicain que vous n'appliquerez jamais. Il
n'est point du tout question de briser votre
existence politique, qui nous paraît d'ailleurs
toucher à son terme. Evitez, nouveau et
bruyant Curtius, de vous jeter dans ce groupe
que vous seul apercevez et où nul ne cherche
à entrainer ni vous ni la démocratie. Repre-
nez vos sens, honorable et antique républi-
cain Tâchez seulement de voir clair. Il n'y a
pas si longtemps qu'on vous prenait pour
exalté. Vous protestiez alors. Prenez garde
de vous exalter en sens contraire.
Et l'article finissait par cette déclara-
tion solennelle que le parti républicain
n'avait « désormais plus que faire » de
M. Langlois.
Il paraît que la République française a
changé d'avis, puisque M. Langlois est
son candidat.
f"'f. 'LL- '1- ..3.1.11: a~"
M. (jamD8iia a jjbsoiii utuneius u«
tout ce qu'il pourra ramasser de modé-
rés, car, dans le monde intransigeant on
ne lui ménage ni les récriminations ni les
insinuations.
Les Droits de V homme déclarent son
discours de Belleville insignifiant
ce qui n'est pas d'ailleurs absolument
inexact, et nous esquissent les griefs que
leur parti accumule contre l'ancien dic-
tateur.
Ce panégyrique se résume en deux points
une reédition très complète et très détaillée
de la légende de la défense en province sur
laquelle nous nous déclarerons incompétents
tant que M. Gambetta n'aura pas expliqué
certains faits, comme l'essai de destitution du
citoyen Duportal, la destitution du citoyen
Esquiros, les commandements donnés à MM.
Charette et Cathelineau, voire à M. de Kéra-
try, l'hospitalité systématique témoignée au
général Garibaldi, et une bruyante apologie de
la politique d'opportunité.
Il n'est pas non plus sans intérêt de
rééditer un profil de M. Gambetta, qui
date du siége de Paris.
Le Gambetta qu'on sait, boit, mange et dort
avec son compatriote Machiavel. Il l'a sous
son chevet comme Alexandre avait Homère.
TI le sait par cœur, si l'on a un cœur quand
onsait Machiavel, Jacobin à Belleville et gi-
rondin à Marseille pour Marat à Paris et
pour M. Thiers à Aix; sorte de Mirabeau
poitrinaire qui ne parle pas comme Mirabeau;
avocat de la pire espèce, beau parleur, moins
beau penseur et fort laid moraliste; un irré-
conciliable assermenté deux fois, comme dé-
puté et comme avocat voilà Gambetta.
L'auteur est Félix Pyat.
¥% Le tumulte électoral n'empêchera
point sans doute de remarquer les paro.
les que le marquis de Salisbury, secré-
taire d'Etat pour l'Inde, a pronon-
cées à un banquet donné par les cham-
bres de commerce. L'ombre de la ques-
tion d'Orient apparaît à travers ces pa-
roles belliqueuses.
Il est évident pour tous qu'un sentiment
nouveau s'est emparé de l'Angleterre depuis
quelques mois une sorte de tressaillement,
d'aspiration à Paotion, un désir de se voir
indiquer le but auquel elle doit tendre et de
voir se dessiner une politique nette. Les pays
étrangers ont cru, depuis trente ans, que,
parce que que nous sommes dévoués au com-
merce, nous sommes un peuple docile, timide,
prêt à accepter qu'on empiéte sur ses droits.
C'est une grande erreur. Le tempérament des
hommes d Etat varie, l'esprit du peuple reste.
Parce qu'il est tourné vers le commerce, il
ne s'ensuit pas qu'il soit timide; mais il sait
ce' qui vaut ou ce qui ne vaut pa§,la peine
qu'on lutte.
Nous ne nous mêlons pas des querelles
étrangères, mais nous sommes prêts à frap-
per fort et dur si la nécessité l'exige. Notre
politique se concentre de plus en plus sur les
des et sur lna routes rtni v nnnrluiaent:. G««t
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