Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-09-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 septembre 1875 14 septembre 1875
Description : 1875/09/14 (Numéro 256). 1875/09/14 (Numéro 256).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
2
LE FIGARO MARDI lé SEPTEMBRE 1875
seil. Le prince et les membres du bureau ac-
tuel seront probablement réélus.
̃ Le MANS, 13 septembre. Jusqu'ici
on né se' 'préoccupe que médiocrement des
élections sénatoriales. Les deux seuls eandi-
dats dont les noms aient été prononcés sont :M.
le duc de La Rochefoucauld-Bisaocia, ancien
ambassadeur à Londres, et M. Haentjens, le
député bonapartiste. Quant aux républicains,
on sait que leurs candidats ne se déclarent
qu'au dernier moment.
Nîmes, 13 septembre, 4 h. du. soir.
L'orage continue dans le Gard; le raitway est
interrompu entre Villefort et Langogne, à
cause d'un éboulement survenu dans le tunnel
de Lamolette la circulation sur la ligne de
Nîmes au Vigan est aussi interrompue par
suite del'éboulement de rochers entre Quissaç
et Sauve.
Breslau, 13 septembre. Parmi les
officiers étrangers qui assistent aux grandes
manœuvres de Silésie, dans l'état-major" de
l'empereur Guillaume, on remarque l'archiduc
Albert d'Autriche, le prince Arthur duc de
Connaught, le prince Hassan, fils du kédive,
faisant fonctions d'officier d'ordonnance de
l'empereur d'Allemagne, les princes de Poli-
gnac et de Broglie, officiers d'état-major fran-
çais, et pour la Russie, le comte de Kotzebiie,
gouverneur de Varsovie.
BERLIN, 13 septembre. La dépêche e
de Berlin, publiée il y a quelques jours, avait
dénaturé complétement le nom du fiancé de
Mlle Marie de Bismark. La fille du grand chan-
celier de l'empire épouse son cousin le comte
d'Eulenbourg, assesseur impérial attaché aux
affaires étrangères, et fils du président de
l'administration de la dette publique.
Auguste Marcade.
LA VIE A PAU
Parmi les villes de France, de ce
beau pays de France, comme on dit à
l'étranger, Pau est certainement une
des plus agréables et des plus favorisées
par sa position topographique qui en
fait à la fois une ville pittoresque et une
station hivernale de premier ordre. Si-
tuée à l'extrémité d'un plateau, bornée
de tous côtés par des collines, elle se
dresse en face du pic du Midi d'Ossau,
dominant d'une trentaine de mètres le
Gave, rivière large et peu profonde qui,
coulant avec un léger murmure, berce
les sens et les invite au repos.
Le temps y est presque continuelle-
ment beau et la yille est si bien abritée
que le vent n'y pénètre pas, aussi peut-
on dire, sans crainte d'être démenti, que
le climat de Pàu est peut-être mieux ap-
proprié à l'état des malades que celui de
toute autre partie de la France. En effet,
l'absence complète de vents, sa tempé-
rature douce et modérée, son climat sé-
datif, toutes ces qualités font de la patrie
d'Henri IV le rendez-vous de tous ceux
dont les climats rigoureux du Nord ou
variables de certaines stations d'hiver
compromettaient la santé trop délicate.
Au point de vue de la vie matérielle,
la colonie anglaise qui l'habite depuis
bientôt cinquante ans a tout modifié et
peu à peu tout amélioré. Elle est arrivée
a faire de cette station hivernale une
ville qui a le soleil de la Provence et les
aménagements de n'importe quelle cité
de la grande Bretagne Hôtels sans pa-
reils, Boarding-Hôuses, villas à la cam-
pagne, un des lycées les plus beaux et
les plus aérés de France, enfin un grand
nombre d'églises catholiques et de tem-
ples pour tous les autres cultes.
Pau a également une grande réputa-
tion de ville gaie, réputation bien mé-
ritée du reste. Chaque mois d'hiver a sa
course de chevaux et de nombreux
steeple-chases; trois fois par semaine, la
chasse-au renard dans les laudes du
Pont-Long ou dans les plaines coupées
de haies et de fossés de la campagne de
Pau. Les distractions peuvent du reste
être variées tous les jours Jeu indien
du polo, tir aux pigeons, cricket et cro-
ket, promenades à cheval ou en voiture.
Pour terminer ce programme déjà si at-
trayant, n'oublions pas que Pau possède
aussi de charmantes promenades, entre
autres le boulevard du Midi et le parc,
rendez-vous des élégantes qu'on retrouve
le soir au théâtre, au Casino, ou dans
l'un de ces grands bals où Français et
étrangers rivalisent de bon goût et de
courtoisie.
Comme vous le voyez, Pau possède
^.dtes les ressources matérielles désira-
ùles. Un docteur prouverait, mieux que
je ne puis le faire, que tous ces beaux
avantages ne sont encore rien auprès
̃le ceux qu'y trouvent les malades, mais
feuilleton da~lG~ftO ~a~48eptea~~tre~875
52
CHfiSSE MI FANTOMES'
DEUXIÈME PARTIE
£A REVANCHE I»E BSEI/VEN
XIII
{Suite.}
Dachet rentra chez lui à quatre heures.
Je ne suis visible que pour le cais-
sier de ma maison de banque, dit-il à
son valet de chambre. Vous le connais-
ïez, je suppose? >
Oui, monsieur. `
Cet ordre est très précis ne l'ou-
bliez pas.
Robert Dachet s'enferma dans son ca-
binet où le caissier qu'il attendait fut
introduit quelques minutes plus tard.
Toutes les dispositions du banquier
étaient prises.
La nuit était arrivée et aussi l'heure
du départ de Dachet.
Il sonna son valet de chambre.
Allez me chercher une voiture, lui
dit-il, je pars dans quelques instants.'
Mais à ce moment la porte qui était
restée entrebaillée s'ouvrit toute grande,
e un personnage entra chez Dachet en
disant
Pas encore! • `
Robert Dachet tressaillit; il avait re-
connu cette voix.
Melven! fit-il.
Et en même temps il fit signe au do-
mestique de sortir.
Oui, dit le journaliste, Melven qui,
vient t régler avec toi ses derniers comptes,
Melven qui, après t'avoir contraint de
rendre à M. de Prévodal le million que
tu lui avais dérobé, après avoir fait
rompre le mariage que tu allais contrac- .1
ter avec Mlle de Lorris, vient te deman-
fteproduction autorisée pour les journaux qui
<>nt traité avec la société des Gens de lettres.
nous pouvons assurer aux sportsmen et
aux touristes qu'ils y trouveront toutes
les distractions à la mode, qui font d'un
hiver passé dans la ville Béarnaise, une
saison des plus agréables pour les per»
sonnes qui recherchent le midi de la
France t.if!
S. de Leirbag,
PARIS AU JOUR IE JOUR 1
On 'a pu craindre un instant que le
naquettisme ne suffit point aux bonzes de
la démagogie il était dur de s'incliner
devant un nouveau venu qui n'a pas en-
core la moindre révolution sur la
conscience; cependant M. Madier-
Montjàu a fait ce sacrifice héroïque et
écrit à M. Naquet ,une lettre' d'adhé-
sion. .•̃ ̃"
C'est se leurrer volontairement, après tout
ce qui s'est passé depuis le commencement
de cette année, que de trouver au sacrifice
partiel du suffrage universel, au maintien de
la dernière loi municipale et de l'état de
siége, à la récente atteinte portée aux pou-
voirs des conseils généraux, à la conserva.
tion de tout le personnel administratif du
gouvernement de combat, à la promulgation
de la loi sur l'enseignement supérieur, à la
prolongation indéfinie de l'existence de l'As-
semblée, une compensation dans l'établisse-
ment et la reconnaissance légale d'une Répu~
blique qui ne réalise aucune des espérances
que la démocratie avait toujours résumées et
comprises dans ce mot, et qui, entre les aspi-
rations du suffrage universel et leur réalisa-
tion, même lointaine, par la révision, a placé
les pouvoirs énormes attribués au président
e,t au Sénat par la constitution de février.
Il est invraisemblable, continue la
vieille barbe de 1848, que la gauche con-
tinue à sacrifier à la conciliation ses fa-
meux-" principes », en vue de conces-
sions qui n'arriveront jamais.
Que faut-il donc faire? La vieille barbe,
qui a déjà eu une république tuée sous
elle, et que ce souvenir rend peut-être
indécise sur le chapitre des voies et
moyens, n'a trouvé autre chose que:
élever les cœurs et se ceindre les reins,
comme l'avait déjà proposé M. Naquet.
Il paraît que si l'on parvient à ceindre
ses reins, on trouvera le moyen d'ins-
taller la vraie république. 0 enflure des
mots 0 sempiternels badauds 1 Le bon
M. Madier ajoute qu'il importe de ren-
dre à l'action de son parti « l'invincible
force des principes s. Des principes!
en politique Heureuse ingénuité 1
VEcho, universel prétend qu'une
grande réunion de bonapartistes doit
avoir lieu le 17 septembre à Arenenberg.
Le départ des sommités du parti s'effectue
déjà ou est à la veille de s'effectuer. Nous
avons annoncé celui de M. Rouher qui quit-
tera Cerçay mercredi. M. Raoul Duval part
demain. On assure que M. de La Roncière Le
Noury, qui a reçu une invitation, est fort in-
décis sur ce qu'il doit faire.
On estime environ à une centaine seule-
ment le nombre des premières invitations
scrupuleusement triées sur le volet. Mais,
comme autrefois à Compiègne% il y aura une
autre série, car on ne veut mécontenter per-
sonne. Mais cette seconde série n'aura pas
l'importance de la première, entièrement com-
posée des têtes de colonne du parti, et des
personnages politiques appelés a assister au
conseil qui sera tenu par l'ex-prince impérial.
Tous les fidèles de marque seront donc con-
voqués, M. Raoul Duval et M. Amigues, M.
Emile Ollivier et M. de Cassagnac, etc.
On prétend que l'ex-impératrice voudrait
profiter de cette réunion de tous les chefs du
parti pour réconcilier le vieux et le jeune
bonapartisme, et pour arrêter une ligne
de conduite commune en vue des élections
générales.
Les noms qu'on vient de lire nous pa-
raissent pour ainsi dire jurer de se trou-
ver ensemble nous ne donnons donc
ces renseignements que sous toutes ré-
serves.
On a toujours reproché à Améric
Vespuce d'avoir dérobé à Christophe
Colomb le bénéfice de la découverte du
Nouveau-Monde auquel, lui, ouvrier de
la dernière heure, avait donné son nom.
M. le marquis de Compiègne nous ap-
prend dans le Correspondant que le pla-
giat n'est point du fait d' Améric Vespuce
mais d'un géographe nommé Hylaco-
mynus. Dans l'introduction d'une cos-
mographie imprimée à Saint-Dié en
1507, il dit en parlant du continent ré-
cemment découvert
« Je ne vois pas pourquoi on n'appel-
lerait pas Amérique la terre que je
décris. »
der les six cent trente mille francs que
tu dois à Mlle Elise Desprez.
C'était donc toi ? s'écria Dachet.
Melven croisa froidement ses bras
sur sa poitrine.
C'était moi dit-il. Ne penses-tu pas
que je pouvais, que je puis encore faire
plus? Que je tiens dans mes mains mieux
que ta fortune, dis
Oh je me vengerai murmura Da-
chet.
Toi 1 fit Melven qui avait compris,
tu sais bien que tu ne t'attaques qu'aux
femmes1 et aux enfants! As-tu trouvé
quelque nouvelle ogresse, comme celle
d'Orly, pour me faire passer de vie à
trépas ?
Le front de Dachet se creusa de rides
profondes.
Je ne-comprends pas, dit-il.
Vraiment C'est alors que tu y mets
beaucoup de mauvaise volonté 1. Tu
veux autre chose que des paroles ? soit 1
Ecoute ceci c'est ta condamnation.
Et Melven tira' de sa poche un papier
dont il lut tout haut le contenu.
Voici ce que disait ce papier
« Je, soussignée, Marguerite Rafïe-
» noult, dite femme Cochet, reconnais
» que, en ce qui concerne la mort de
» l'enfant né de Mme Robert Dachet, je
» n'ai fait que me conformer aux ordres
de M. Dachet, »
Le banquier, anéanti par cette preuve
écrite d'un crime dont il était l'instiga-
teur, baissa la tête comme un homme
vaincu; mais son regard ne quittait pas
le papier que tenait Melven.
C'est un marché que tu viens me
proposer?. fais tes conditions, dit-il au
journaliste.
Melven rougit.
Tu me prends pour un coquin de
ton espèce! répliqua-t-il vivement.
Que veux-tu donc?
D'abord les six cent trente mille
francs de Mlle Elise Duprez.
Il fallait se résigner à cette restitu-
tion.
Dachet ouvrit son sac de voyage, en
tira une liasse de billets de banque et la
posa sur son bureau.
Et ensuite? demanda-t-il.
Te faire arrêter. ou te tuer. A
ton choix.
U l'a appelée Amérique, et le nom est
reste.
Un amusant quatrain inédit de
Victor Hugo, retrouvé par le Temps. U a
été écrit sur un sac de pralines et porte
la date du t« janvier 1871,
A madame X.
Grâce à Boissier, douce colombe,
Heureux à vos pieds nous tombons;
Car les forts sont pris par les bombes
Et les faibles par les bonbons.
»*» Le Siècle a donné l'autre jour des
détails médiocrement édifiants sur l'é-
lection d'un pasteur dans une paroisse
anglaise.
Il s'agissait d'une paroisse dans le
quartier populeux et malsain de Cler-
kenwell, Saint-John.
Malgré sa situation, cette paroisse est
richement dotée, et la situation de vicar
ou pasteur en chef, qui rapporte un re-
venu fixe d'environ vingt mille francs,
est fort recherchée.
Deux réunions ont eu lieu, un certain nom-
bre de candidats se sont présentés, et le choix
des rate payers n'est pas encore fixé. D'après
le Standard, la plupart des électeurs parais-
sent traiter la matière presque en farce et
posent aux concurrents des questions incon-
grues, déplacées, auxquelles ces derniers,
alléchés.par les avantages pécuniaires qu'offre
la place, ne font nulle difficulté de répondre.
Dans la dernière séance, un des aspirants
au vicarage, un pasteur irlandais, a décidé-
ment égayé le corps électoral. On lui repro-
chait de n'être pas bachelier.
Je l'avoue, répondit-il, mais à Dublin nous
avons d'autres choses qui valent bien ce grade
universitaire; par exemple, nous avons le
wiskey.
N'en auriez-vous pas pris une bonne
goutte ce soir ? lui crie do toute sa force un
électeur.
-Allez vous laver la figure, ce dont vous
avez grand besoin, au lieu d'aboyer comme
un chien que vous êtes! répond le pas-
teur, qui n'a pas, comme on voit, la langue
dans sa poche. Cependant, sur sa vigoureuse
réplique à son interrupteur, un tel vacarme
se produit qu'il est obligé de, s'asseoir et de
renoncer à la parole. °
Deux autres candidats lui succèdent. Le
premier proteste énergiquement contre les
bruits qu on a répandus sur son compte. On
a prétendu qu'il était faible, maladif, ce qui'
est absolument faux. Bien au contraire, et
comme l'assemblée peut s'en rendre compte
de visu il est fort, vigoureux et d'une robuste
santé. En disant cela, il étend le poing vers
l'assistance comme pour en faire saillir les
muscles, et met dans son accent tant de cha-
leur qu'un rire général s'élève.
Le second, lui, déclare nettement qu'il n'est
point tectotaler, qu'il pense que Dieu n'a paa
créé la bière pour qu'on la laisse perdre, et
que, de plus un bon cigare, une bonne pipe
ne lui font pas peut.
**v La Vie parisienne donne quelques
conseils pour l'équipement des chasseurs
convaincus et point poseurs.
La chaussure est la partie la plus impor-
tante du costume de son choix peut dépendre
tout l'ennui ou tout l'entrain d'une partie de
chasse. Infini est le nombre de chaussures de
chasse inventées depuis une vingtaine d'an-
nées, Les noms les plus fantaisistes ou les
plus classiques les ont tour à tour désignées,
et toutes les espèces de courroies, de lacets,
de boucles et de'boutons ont servi tour à tour
à les attacher. Cependant rien n'a prévalu,
dans l'esprit des vrais chasseurs, sur la supé-
riorité de la botte lacée à la vieille mode.
Faites-la faire du cuir le mieux préparé, le-
quel est parfaitement imperméable à l'eau.
Qu'elle soit de médiocre épaisseur, afin de
n'être ni trop lourde, ni trop légère, deux ex-
trêmes qui, pour différentes raisons, ajoutent
à la fatigue de la marche. Veillez à y être à
l'aise et à ce qu'elle soit lacée d'une façon
suffisamment serrée, elle fera pour ainsi dire
partie de votre pied qui ne doit ni balloter,
ni être pressé. Si vos bottes sont devenues
raides, par le manque d'usage, elles doivent
être assouplies avant d'être portées. Un pli
dur dans le cuir suffit aisément pour gâter
un jour d6- plaisir. On pe peut trop insister
sur l'importance d'une chaussure confor-
table.
Il est presque aussi indispensable de s'occuper
du bas ou de la chaussette. C'est qu'elle peut
être regardée comme faisant partie de la botte.
Choisissons-la en laine, non en fil ni en coton,
et faites étendre à l'intérieur une couche de
savon anglais: c'est un préservatif contre les
ampoules.
Le pantalon, ou mieux la culotte, d'une
étoffe simple et légère, sera large et arrêtée
au-dessous du genou par une jarretière de
cuir mince. Il serait préférable de se dispen-
ser de la jarretière, mais elle empêche la boue
et les pierrettes de pénétrer dans la botte à
ce titre, il faut l'adopter. La chemise sera
toujours en flanelle le gilet et l'habit, ou
mieux la jaquette Norfolk, seront (en cette
,saison)de tissu léger, imperméable et de cou-
leur solide, marron, bronze ou gris de fer.
On se coiffera d'un chapeau de paille.
Le peintre Pils qui vient de mou-
Robert Dachet bondit jusqu'à la che-
minée, sur laquelle se trouvait un re-
volver.
Il s'empara de l'arme et visa Melven.
C'est toi qui vas mourir s'écria-t-il,
et ta mort me livrera la déclaration de
la femme Cochet.
Alors la porte, violemment heurtée,
s'ouvrit tout à coup, et Regimbai, la
figure décomposée, se précipita dans
l'appartement.
Cette soudaine apparition fit tomber
le revolver de la main de Dachet.
Melven la tête haute et le regard
plein de défi, était resté immobile.
Regimbai n'avait pas été. élu juge au
Tribunal de commerce 1
Regimbai venait de recevoir une
lettre très hautaine de son protecteur,
qui lui disait que la suspicion légitime
qui pesait sur son honorabilité, avait
fait biffer son nom de la liste des can-
didats à la décoration
Regimbai le juste était un homme
perdu 1
Qu'est-ce que cela me fait, dit Da-
chet avec impatience est-ce que cela
me regarde? Adressez-vous à monsieur
il désignait Melven c'est lui qui à
organisé ce joli complot.
Regimbai, blême jusqu'à en être vert,
se tourna vers le journaliste; celui-ci,
sans s'occuper du marchand de diamants,
dit à Dachet:
Ta vraie place est à la Cour d'assises,
et je devrais te livrer à la justice; mais,
en considération des jours de notre jeu-
nesse, je t'épargnerai cette ignominie.
Vois si je suis généreux! Tu m'as menacé
d'une vengeance tout à l'heure. Eh bien,
je vais te donner l'occasion de l'exercer.
L'un de nous deux ne sortira pas vivant
de cette chambre. C'est un duel à mort
que je te propose.
Dachet étaitun des plus habiles tireurs
de Paris. Depuis longtemps, il consacrait
une heure, chaque matin, a l'escrime.
Un duel répliqua le banquier sai-
sissant avec empressement ce moyen de
salut. Je l'accepte Dépêchons. Où sont
tes armes, tes témoins?
Deux témoins nous suffiront. Voici
le tien.
li Melven désigna Regimbai.
I Et il appela à haute voix
rj&gî|ait, nous raconte M. Philibert Au-
t¡*r, 1,)'" dans ra, conte 14. Philibert .t\u-.
Ôejûranà dans Vlllmiraiim, grand jpar-
tîsan; tfe Hûéaiisme en peinture.
n voulait absolument que 60 qui tondait
da ses pinceaux forçât le public à refléchir.
«~ Iliaut que l'idée d^un tableau frappe les
masses, disait-il. • r
Ce mot que Pils répétait faisait sourire
grandement beaucoup de ses confrères.' Au
tait, qu'est-ce que le peuple est porté a voir
dans unepeinture ? Est-ce la vérité matérielle ?
Est-ce le rendement d'une pensée ?
Il y a vingt-cinq ans, lorsque Gustave Cour-
bet, le maître peintre d'Ornans allait en
Franche-Comté pour y faire les Casseurs de
pierres, il avait pris pour modèle un canton-
nier quelconque, trouvé sur la grande route.
Ce dernier, depuis huit jours la masse à la
main, le genou en terre, posait admirable-
ment. Il était éreinté, d'ailleurs.
Un soir du neuvième jour, le cantonnier
s'écrie soudain
Monsieur Gustave, je ne suis qu'un
pauvre homme, mais je voudrais vous don-
ner un conseil.
Mon ami, répond Courbet, je fais un ta-
bleau social par conséquent, je suis ouvert
au peuple. Parle donc à cœur ouvert.
Eh bien, monsieur Gustave, pour qu'un
bon casseur de pierres soit un bon casseur,
il faut. Votre peinture est très bien, du
reste.
Il faut quoi, mon âââmi ?
Eh bien, pour qu'un bon casseur soit un
bon casseur, il faut. qu'it change souvent de
genou! t
Quatre vers de saison, cités par le
même chroniqueur. Ils sont barbares,
mais curieux en raison du nom de leur
auteur qui n'est autre que le marquis de
Boissy, le fameux interrupteur du
Sénat.
Quand on quitte les eaux
On accourt aux châteaux
Tuer les lapereaux
Ainsi que les perdreaux.
v. H,
BOITE AUX LETTRES a
Aix-les-Bains, 12 septembre 1875. 2
A Monsieur de Villemessant, rédacteur en c
chef du FIGARO.
Monsieur, i
On me communique un article du Figaro 1
inséré au numéro du 10 du courant
dans lequel je lis la phrase qui suit j
« Depuis neuf mois la flotte dormait au 1
mouillage; il fallait, pour la réveiller, un f
homme d'énergie » 1
Veuillez me permettre de rectifier ce qu'il (
y a d'inexact dans cette assertion. • 1
La flotte ne dormait pas au mouillage; lors- <
qu'après une campagne active de neuf mois,
elle rentrait à Toulon au commencement
d'octobre 1874 pour s'y reposer, une division
composée de quatre navires, dont trois cui-
rassés, sous les ordres du contre amiral Bonie
commandant en sous-ordre, en repartait
quelques jours après pour aller promener la ¡
pavillon dans les mers du Levant.
La flotte ne dormait pas elle poursuivait (
sans relâche des études et des essais sur les
torpilles, et par des exercices de tous les
jours elle se formait au maniement, ou
plutôt à l'escrime de cette'nouvelle arme.
La flotte ne dormait pas elle inaugurait
par des études et des exercices répétés
une méthode nouvelle pour l'exercice du tir
au canon. Jusque-là on avait tiré sous
voile ou sous vapeur sur des cibles fixes
ce n'était là que la moitié du problème. Le
temps était venu d'aborder le problème tout
entier, en tirant sur des buts mobiles, sur des
cibles entraînées dans un mouvement rapide
ce problème a été abordé et résolu.
Et pour la poursuite de ces travaux, l'es-
cadre appareillait chaque semaine, selon le
temps quelquefois tout entière d'autres
fois par groupes.
En même temps,, l'escadre changeait son
artillerie, remplaçant ses canons rayés, mo-
dèle 1864, par des canons tubés en acier
canons plus puissants du modèle 1871.
Mais ce changement ne s'opérait que succes-
sivement, navire par navire, car 1 escadre ne
devait pas cesser un seul instant de rester
disponible entre les mains du ministre, prête
à partir au oremier signal. Lorsqu'elle ap-
pareillait, elle se tenait toujours à portée
des signaux et en vue des sémaphores de
la côte c'était l'ordre du ministre, et le
commandant en chef n'avait pas à en re-
chercher les motifs. Mais aujourd'hui, il
est bien permis de penser que cet ordre
était dicté par une haute prévoyance, en
vue d'une éventualité dont tout le monde
a pu connaître et apprécier plus tard la gra-
vité.
Voilà comment la flotte dormait au mouil-
lage.
Encore un mot
Lorsque l'escadre exécutait ses exercices de
tir sur des cibles en mouvement, elle tirait
quelquefois avec boulet et charge de combat.
Chaque navire de deux en deux remor-
quait alors une cible représentant, sur une
échelle réduite, le fort central et la flottaison
cuirassée d'un navire ennemi. Il fallait donc
diriger son feu entre deux navires courant
Copeau
La porte s'ouvrit pour la troisième
fois, et un type superbe de vieux trou-
pier se présenta.
Il était coiffé d'un chapeau à bords
.très relevés et vêtu d'une longue redin-
gote sa lèvre supérieure s'ornait d'une
moustache grise coupée en brosse; le
long de ses joues apparaissaient de pe-
tits favoris taillés à la russe.
Copeau 1 s'écria le banquier tout
stupéfait. `
Lui-même répondit d'un ton go-
guenard le fils de l'ancien huissier-
audiencier de Grenoble. Il eût été fâ-
cheux, conviens-en, que je n'assistasse
pas à cette dernière entrevue.
Alors Copeau ouvrit sa longue redin-
gote et en tira deux fleurets, dont le
bout, aigu comme une alêne, eût faci-
lement troué une planche de sapin.
Il présenta l'un de ces fleurets à Da-
chet et l'autre à Melven..
La figure de Regimbai exprimait à la
fois l'inquiétude, l'angoisse, la peur.
Pardon, Messieurs, dit-il, je ne puis
assister à la perpétration d'un fait que la
loi qualifié de crime.
Regimbai était tout entier dans cette
phrase 1
Mais Melven, le fleuret à la main,
s'était adossé à la porte.
On ne sort pas dit-il.
Et s'adressant à Dachet, il ajouta
Je t'attends.
Les deux hommes tombèrent en garde;
les armes se croisèrent.
Dès le premier engagement, Dachet
s'aperçut que Melven était pour le moins
aussi fort que lui.
Il se contenta de parer et n'attaqua
point afin de fatiguer son adversaire, et
de prendre l'offensive au moment oppor-
tun.
On dirait que tu as peur! fit Mel-
ven. S'il faut un stimulant, le voici.
Il poussa en quarte et froissa le fer de
Dachet avec une telle violence que l'arme
du banquier lui échappa des mains. En
même temps le fleuret de Melven ba-
lafra la face de Dachet.
l. Un cri rauque sortit des lèvres de ce-
lui-ci II bondit en arrière, ramassa son
arme et se précipita follement sur Mel-
ven..
P. M.
à contre-bord avec une vitesse de craise-
ïBentdedoùzea'seJïtfBoJuds. r f
Lorsque l'escadre, exécutant dos manœu-
vres dé combat, se formait en deux divisions
ennemies, lorsque ces deux divisions cou-
raient l'une sur l'autre en se canorihant
navire contre navire éperon contre éperon,
aisec une vitesse, de; croisement de douze,
quatorze: et*quinze noeuds,, croyez-vous qu'il
ne fallût pas. aux capitaines qui exécutaient
ces mouvements, un peu de décision et de
fermeté, un peu de cette énergie, en un mot,
que le rédacteur de l'article en question a
cru nécessaire pour réveiller l'escadre?
La flotte ne dormait donc pas dans l'hiver
de 1874-75, pas plus qu'elle ne dormait en
1873, sur les côtes d'Espagne, pendant l'in-
surrection de Garthagène, ou lorsque, pen-
.dant la campagne d'été de 1874, elle faisait
de longues croisières sous voiles dans le bas-
sin de la Méditerranée. "6 ̃•
Non, elle ne dormait pas, et à aucune épo-
que elle n'a travaillé de meilleur cœur j en
appelle à tous les capitaines, officiers, maî-
tres et matelots. A aucune époque ils n'ont
eu plus d'entrain, plus de volonté de travail-
ler et d'apprendre, jamais ils n'ont été plus
jaloux de" se montrer dignes de leurs aînés,
dignes de la1 confiance du pays.
Chacun a fait son devoir, le commandant
en chef d'alors a le droit de le dire bien haut,
Aussi, c'est avec une légitime fierté qu'en
remettant le commandement à son succes-
seur -il, y a moins de quatre mois- il s'ex-
primait ainsi, dans ses adieux à l'escadre
« .Nous avons travaillé, et nous nous
sommes efforcés de bien travailler je l'af-
firme. J'affirme que nous, n'avons poursuivi
qu'un seul but honorer et servir la France,
1 honorer et la servir comme nous l'aimons. ».
Veuillez, monsieur, accueillir la présente
rectification en lui donnant place dans votre
journal, et agréer l'assurance de mes senti.
ments très distingués.
Vice-amiral V. Touchard.
INFORMATIONS
Les réservistes du midi de la France rési-
dant à Paris, ont reçu hier leur feuille de
route. Ils devront être rendus à Toulouse le
22 courant.
Ces réservistes sont au nombre de trois
cent cinquante environ.
M.de Presle, membre de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, est décédé la
nuit dernière.
Il avait reçu, il y a un mois, les derniers
sacrements des mains de Mgr l'évêque de
Meaux, son parent et ami.
M. Brunet de Presles était né en 1809. C'é-
tait un de nos hellénistes les plus distingués.
A la mort de Letronne, en 1848, il avait été
chargé de continuer la publication des papy-
rus grecs de l'Egypte, préparée par l'illustre
érudit.
L'enterrement de M. Hennet, administra-
teur de la paroisse de Neuilly, a eu lieu hier,
à dix heures du matin, au milieu d'une af-
fluence considérable.
Les cordons du poêle ont été tenus par
M. le maire de Neuilly et trois membres de
la fabrique. Le deuil était conduit par le frère,
du défunt, curé de Grand-Fontaine.
Drames sur drames avant-hier dimanche à
Croissy.
C'était la fête du pays, et il y avait des
courses de toute espèce à la Grenouillère,
courses dont le président était un personnage
des plus connus dans le monde du boulevard.
La première de ces courses fut une course
de nageurs. Le président et un assez grand
nombre de fort jolies femmes, parmi les-
quelles Mlle Marie Colombier, avaient pris
place sur un radeau. On donne le signal, les
nageurs partent, ils passent devant le radeau.
Là, une vingtaine d'entre eux, se sentant fa-
tigués, ont la même idée. Ils exécutent un
quart de conversion et s'accrochent au radeau
qui oscille, puis enfonce lamentablement.
Cris de terreur. Le trompette chargé de son-
ner la fanfare tombe à l'eau avec son instru-
ment. Mlle Marie Colombier et les autres sen-
tent l'eau qui les envahit jusqu'au jarret, et.
gémissent en haute-contre tandis que d'une
voix de basse le président gourmande les na-
geurs.
Enfin, tout semble rentrer dans l'ordre et
la course s'achève tandis que le Coryza com-
mence à battre de ses ailes verdâtres au des-
sus des spectatrices trempées.
Hélas 1 ce n'était pas fini! Les chambres à
air du radeau étaient pleines d'araignées.,
Désagréablement surpris par l'irruption de
l'eau, les horribles insectes s'élancent au de-
hors et cherchent un refuge sous les robes
des dames. Une des plus grosses s'introduit
dans le cou de Mlle Marie Colombier pas à
plaindre, cette araignée Un sauve qui
peut général s'ensuit, compliqué d'attaques
de nerfs. Je vous dis que jamais on n'a rien
vu de si dramatique à l'Ambigu 1
Un peu plus tard, M. Campenon,-l'aimable
substitut chargé de la section de la presse
qui présidait à Croissy un concours des pom-
piers de vingt-trois communes des environs,
s'est trouvé mal de chaleur.
Il a fallu lui faire respirer des sels pour le
faire revenir à lui.
La Compagnie des Pompes funèbres de.
Le journaliste n'avait pas quitté la
garde. ``
A la bonne heure! dit-il, l'affaire
sera plus vite terminée.
Mais la fougue de Dachet s'était promp-
tement ralentie; il avait reconnu avec
terreur que le sang-froid de Melven ser-
vait merveilleusement son adversaire,
et que lui, Dachet, s'il n'employait pas
la ruse, était un homme mort.
Or, Dachet ne voulait pas mourir!
La pièce n'était éclairé qué par une
lampe placée sur le bureau et dont la
lumière, circonscrite dans un espace très
restreint, laissait une partie de la cham-
bre plongée dans une demi-obscurité. Il
voulait y amener Melven afin de se pla-
cer devant la lampe et de lui cacher son
jeu. De cette façon il pensait mettre les
chances de son côté et avoir facilement
raison du journaliste. • ̃
Il rompit.
Assez joué! dit Melven; il faut en
finir. Veille à la porte, Copeau.
Cette recommandation, qui visait Re-
gimbai, était bien inutile, car le mar-
chand de pierreries s'était réfugié der-
rière le bureau et semblait plus mort
que vif.
L'engagement cette fois prenait de
part et d'autre des proportions sérieuses.
Les deux fers s'enlaçaient comme des
serpents irrités et de leurs lames aux
angles vifs s'échappaient des flammes
bleues qui; dans* cette chambre à peine
éclairée, ressemblaient à des jets d'élec-
tricité.
Dachet, poussé par son adversaire,
s'était acculé au mur; de grosses gouttes
de sueur coulaient sur son front son
bras s'engourdissait sous les coups ré-
pétés de Melven sa vue se troublait.
Il comprit le danger, fit un suprêms
effort et se fendit à fond sur Melven.
Mais celui-ci s'était effacé et l'arme de
Dachet passa à côté de son épaule. Il
n'eût qu'un seul mouvement a faire
Dachet était touché. Le fleuret du jour-
naliste s'engagea de dix pouces dans la
poitrine du banquier.
Dachet étendit les bras, fit un demi-
tour sur lui-même, et tomba lourde-
ment sur le parquet.
Il était mort 1.
vrait Meo choisir avec plus dé soin ses em-
ployés.
Hier, boulevard des Italiens, passait à vide
un corbillard à quatre chevaux. Sur le cheval
de gauche, devant, était monté un postillon
ivre. si ivre qu'il faisait un scandale affreux,
et que les gardiens de la paix ont dû le
forcer à mettre pied à terre, au milieu d'un
énorme rassemblement.
Si on ne prend pas de bon thé à la Prési-
dence, cet hiver! 1
H paraît que le Czar vient d'envoyer au ma-
réchal de Mac-Mahon une caisse d'un certain
thé qu'il réserve pour son usage particulier,
et qui est importé de Chine par la voie de la
Sibérie. Cela revient à 200 francs la livre, à
peu près.
Le pain de plusieurs familles vont s'é-
crier les journaux radicaux..
Nous avons publié déjà la biographie des
exécuteurs de Londres et de Madrid. Voici
aujourd'hui quelques notes sur celui de
Rome.
Disons d'abord qu'en Italie chaque villa a
son exécuteur particulier mais, comme nous
ne pouvons parler de tous, nous ne nous oc-
cuperons que de l'exécuteur de la capitale.'
Il se nomme Antonio Arrajo. C'est un. ma-
gnifique garçon d'une trentaine d'années la
tête de l'Apollon du Belvédère sur le corps
d'Antinous. Seulement, la petite vérole l'a
profondément couturé.
C'est alors qu'il a renoncé au théâtre,
car il était ténor, et a obtenu la place
d'exécuteur des hautes œuvres. Arrajo est un
bourreau mélancolique. Quand ses patients
ont l'air d'être contrariés du désagrément qui
leur arrive, il leur dit en soupirant i
Je voudrais être à votre place. Vojjtfï
êtes bien heureux l
Du temps qu'Arrajo était ténor, il n'ob-
tenait pas tres grand succès comme chan-
teur, mais beaucoup comme, homme, car il
était fort joli garçon.
Il n'en adorait pas moins la musique, et
l'adore encore. Quelquefois, de la petite mai-
son qu'il habite dans le Transtévère, on en-
tend une voix un peu enrouée, mais qui a ce<
pendant de jolies notes, chanter quelque air
d'Opéra.
Mia Leonora, adiol
Cela fait un singulier effet, et les passants
sifflent quand ils entendent cela.
Arrajo a un mauvais sentiment il est
extrêmement jaloux de son collègue de Paris,
qui a un instrument des plus perfectionnés,
tandis que lui en a un primitif.
Mais il espère qu'on réformera prochaine*
ment la guillotine dont il se sert.
A propos de la biographie de M. Marwood,'
nous recevons la lettre suivante
Paris, 12 septembre 1875.
Monsieur Gaston Vassy,
Votre article sur Marwood me remet en mé-
moire une réflexion, déjà ancienne, d'un docteur
médecin de mes amis aui a vu par hasard une
exécution en Angleterre C'était du temps de l'an-
cien bourreau. La corde était courte, en effet, et
le supplice fut long; il dura deux ou trois minu-
tes la mort vint par strangulation, ce qui n'a ja-
mais été le principe de la pendaison. Autrefois, nos
bourreaux montaient sur les épaules des patients
quand 'la corde trop courte ne promettait pas la
rupture immédiate de la colonne vertébrale. Il
faut donc que la corde soit longue et le. saut pre-
fond, les vertèbres se disjoignent et la mort est
instantanée.
C'est, concluait te docteur, ce qu'on pourrait
nommer la. GUILLOTINE EN DEDANS.
Vous voyez, Monsieur, que mon ami avait, par
humanité, juste la même pensée que le nouveau
bourreau agissant par amour de l'art.
Agréez, Monsieur, l'expression de mes senti-
ments distingués. Alfred
Voilà une lettre qui fera plaisir à M. Mar*
wood.
Hier matin, à neuf heures; un monsieur,
se trouvant indisposé sur la voie publique, a
été conduit par dés passants chez un mar-
chand de vins où il a reçu des soins. Là, û' a
déclaré être l'aéronaute Duruof, et a raconté
qu'étant parti en ballon de Boulogne la veille
il était descendu dans la plaine Saint-Maur,
de sorte qu'il se trouvait sans argent et ne
savait où aller. *•
Est-ce vraiment M. Duruiof ? • ̃
Un assassinat, suivi de suicide, a été. coni»
mis dimanche, à sept heures. dans la rue des
Prairies.
Vous ignorez probablement où se trouve la
rue des Prairies. Il n'y a pas longtemps, en
effet, qu'elle porte ce nom. Elle s'appelait au-
trefois rue des Champs-Charonne et se trouve
derrière le cimetière du Père-L2chaise, entre
la rue de Bagnolet et le chemin des Partants.
C'est un sentier abrupte, irrégulièrement bâti,
pavé de distance en distance, et dont l'antique
réverbère de nos pères forme l'unique éclairage
Là demeurent un tas de gens paisibles, pro-
priétaires attirés par la verdure et la tranquil-
lité, maraîchers, jardiniers puis un épi-
lite, maraichers puis un de
cier, un charcutier, deux marchands de
vin, etc. On se croirait à cent lieues de Paris,
dans un bon petit village de province, et, à
vrai dire, il y a certainement là des gens qui
jamais ne sont descendus jusqu'aux boule-
vards.
Joli coup! exclama Louis Copeau.
Voilà de la bonne besogne! dit
froidement Melven.
Et, se tournant vers Regimbai, il
ajouta
Quant à vous, monsieur, votre pu*
nition n'a pas été complète. Souvenez-
vous de ma prédiction. Un jour quelque
scélérat se glissera dans votre maison
et fera de votre fille ce que vous vou-
liez faire de la fille de Charles Desprez.
Viens-tu, Copeau? 2
Ici les diables, là-bas les dieux!
Allons trouver les dieux! Et surtout
n'oublions pas la dot de Mlle Desprez.
Copeau prit la liasse de billets de
banque et sui vit Melven, laissantRegim-
bal seul en présence du cadavre de Da-
chet.
Est-il bien nécessaire de faire un nou«
veau ebapitre pour dire au lecteur la fin
de cette longue histoire ?
L'auteur ne le pense pas.
Que pourrait-il lui apprendre qu'il
n'ait déjà deviné ?
Que Prosper de Prévodal et Elise Des-
prez, mis en face l'un de l'autre par leur
ami Pierre Melven, se sont tendu la
main et que, la joie dans le cœur et le
sourire aux lèvres, ils ont pris ensemble
le chemin de la mairie et celui de
l'église?
A coup sûr, le lecteur s'en doute bien-
Qu'ils sont heureux, et qu'ils ont fait
mentir Melven, prétendant que le
bonheur n'est qu'un fantôme?
Cela n'est pas douteux! 1
Et LouisCopeau? nous demande-t-on.
L'illustré savant a renoncé aux rôles
à travestissements et la docte Académie
de botanique et de géologie du départe-
ment de l'Isère l'a nommé son président.
Et l'infortunée Mina Syitzer?
Elle est entrée en.religion et porte le,
nom d'une illustre pécheresse on la
nomme la sœur Louise de la Miséri»,
corde ? P
pin1. ̃ ̃
Armand Lapointe*
LE FIGARO MARDI lé SEPTEMBRE 1875
seil. Le prince et les membres du bureau ac-
tuel seront probablement réélus.
̃ Le MANS, 13 septembre. Jusqu'ici
on né se' 'préoccupe que médiocrement des
élections sénatoriales. Les deux seuls eandi-
dats dont les noms aient été prononcés sont :M.
le duc de La Rochefoucauld-Bisaocia, ancien
ambassadeur à Londres, et M. Haentjens, le
député bonapartiste. Quant aux républicains,
on sait que leurs candidats ne se déclarent
qu'au dernier moment.
Nîmes, 13 septembre, 4 h. du. soir.
L'orage continue dans le Gard; le raitway est
interrompu entre Villefort et Langogne, à
cause d'un éboulement survenu dans le tunnel
de Lamolette la circulation sur la ligne de
Nîmes au Vigan est aussi interrompue par
suite del'éboulement de rochers entre Quissaç
et Sauve.
Breslau, 13 septembre. Parmi les
officiers étrangers qui assistent aux grandes
manœuvres de Silésie, dans l'état-major" de
l'empereur Guillaume, on remarque l'archiduc
Albert d'Autriche, le prince Arthur duc de
Connaught, le prince Hassan, fils du kédive,
faisant fonctions d'officier d'ordonnance de
l'empereur d'Allemagne, les princes de Poli-
gnac et de Broglie, officiers d'état-major fran-
çais, et pour la Russie, le comte de Kotzebiie,
gouverneur de Varsovie.
BERLIN, 13 septembre. La dépêche e
de Berlin, publiée il y a quelques jours, avait
dénaturé complétement le nom du fiancé de
Mlle Marie de Bismark. La fille du grand chan-
celier de l'empire épouse son cousin le comte
d'Eulenbourg, assesseur impérial attaché aux
affaires étrangères, et fils du président de
l'administration de la dette publique.
Auguste Marcade.
LA VIE A PAU
Parmi les villes de France, de ce
beau pays de France, comme on dit à
l'étranger, Pau est certainement une
des plus agréables et des plus favorisées
par sa position topographique qui en
fait à la fois une ville pittoresque et une
station hivernale de premier ordre. Si-
tuée à l'extrémité d'un plateau, bornée
de tous côtés par des collines, elle se
dresse en face du pic du Midi d'Ossau,
dominant d'une trentaine de mètres le
Gave, rivière large et peu profonde qui,
coulant avec un léger murmure, berce
les sens et les invite au repos.
Le temps y est presque continuelle-
ment beau et la yille est si bien abritée
que le vent n'y pénètre pas, aussi peut-
on dire, sans crainte d'être démenti, que
le climat de Pàu est peut-être mieux ap-
proprié à l'état des malades que celui de
toute autre partie de la France. En effet,
l'absence complète de vents, sa tempé-
rature douce et modérée, son climat sé-
datif, toutes ces qualités font de la patrie
d'Henri IV le rendez-vous de tous ceux
dont les climats rigoureux du Nord ou
variables de certaines stations d'hiver
compromettaient la santé trop délicate.
Au point de vue de la vie matérielle,
la colonie anglaise qui l'habite depuis
bientôt cinquante ans a tout modifié et
peu à peu tout amélioré. Elle est arrivée
a faire de cette station hivernale une
ville qui a le soleil de la Provence et les
aménagements de n'importe quelle cité
de la grande Bretagne Hôtels sans pa-
reils, Boarding-Hôuses, villas à la cam-
pagne, un des lycées les plus beaux et
les plus aérés de France, enfin un grand
nombre d'églises catholiques et de tem-
ples pour tous les autres cultes.
Pau a également une grande réputa-
tion de ville gaie, réputation bien mé-
ritée du reste. Chaque mois d'hiver a sa
course de chevaux et de nombreux
steeple-chases; trois fois par semaine, la
chasse-au renard dans les laudes du
Pont-Long ou dans les plaines coupées
de haies et de fossés de la campagne de
Pau. Les distractions peuvent du reste
être variées tous les jours Jeu indien
du polo, tir aux pigeons, cricket et cro-
ket, promenades à cheval ou en voiture.
Pour terminer ce programme déjà si at-
trayant, n'oublions pas que Pau possède
aussi de charmantes promenades, entre
autres le boulevard du Midi et le parc,
rendez-vous des élégantes qu'on retrouve
le soir au théâtre, au Casino, ou dans
l'un de ces grands bals où Français et
étrangers rivalisent de bon goût et de
courtoisie.
Comme vous le voyez, Pau possède
^.dtes les ressources matérielles désira-
ùles. Un docteur prouverait, mieux que
je ne puis le faire, que tous ces beaux
avantages ne sont encore rien auprès
̃le ceux qu'y trouvent les malades, mais
feuilleton da~lG~ftO ~a~48eptea~~tre~875
52
CHfiSSE MI FANTOMES'
DEUXIÈME PARTIE
£A REVANCHE I»E BSEI/VEN
XIII
{Suite.}
Dachet rentra chez lui à quatre heures.
Je ne suis visible que pour le cais-
sier de ma maison de banque, dit-il à
son valet de chambre. Vous le connais-
ïez, je suppose? >
Oui, monsieur. `
Cet ordre est très précis ne l'ou-
bliez pas.
Robert Dachet s'enferma dans son ca-
binet où le caissier qu'il attendait fut
introduit quelques minutes plus tard.
Toutes les dispositions du banquier
étaient prises.
La nuit était arrivée et aussi l'heure
du départ de Dachet.
Il sonna son valet de chambre.
Allez me chercher une voiture, lui
dit-il, je pars dans quelques instants.'
Mais à ce moment la porte qui était
restée entrebaillée s'ouvrit toute grande,
e un personnage entra chez Dachet en
disant
Pas encore! • `
Robert Dachet tressaillit; il avait re-
connu cette voix.
Melven! fit-il.
Et en même temps il fit signe au do-
mestique de sortir.
Oui, dit le journaliste, Melven qui,
vient t régler avec toi ses derniers comptes,
Melven qui, après t'avoir contraint de
rendre à M. de Prévodal le million que
tu lui avais dérobé, après avoir fait
rompre le mariage que tu allais contrac- .1
ter avec Mlle de Lorris, vient te deman-
fteproduction autorisée pour les journaux qui
<>nt traité avec la société des Gens de lettres.
nous pouvons assurer aux sportsmen et
aux touristes qu'ils y trouveront toutes
les distractions à la mode, qui font d'un
hiver passé dans la ville Béarnaise, une
saison des plus agréables pour les per»
sonnes qui recherchent le midi de la
France t.if!
S. de Leirbag,
PARIS AU JOUR IE JOUR 1
On 'a pu craindre un instant que le
naquettisme ne suffit point aux bonzes de
la démagogie il était dur de s'incliner
devant un nouveau venu qui n'a pas en-
core la moindre révolution sur la
conscience; cependant M. Madier-
Montjàu a fait ce sacrifice héroïque et
écrit à M. Naquet ,une lettre' d'adhé-
sion. .•̃ ̃"
C'est se leurrer volontairement, après tout
ce qui s'est passé depuis le commencement
de cette année, que de trouver au sacrifice
partiel du suffrage universel, au maintien de
la dernière loi municipale et de l'état de
siége, à la récente atteinte portée aux pou-
voirs des conseils généraux, à la conserva.
tion de tout le personnel administratif du
gouvernement de combat, à la promulgation
de la loi sur l'enseignement supérieur, à la
prolongation indéfinie de l'existence de l'As-
semblée, une compensation dans l'établisse-
ment et la reconnaissance légale d'une Répu~
blique qui ne réalise aucune des espérances
que la démocratie avait toujours résumées et
comprises dans ce mot, et qui, entre les aspi-
rations du suffrage universel et leur réalisa-
tion, même lointaine, par la révision, a placé
les pouvoirs énormes attribués au président
e,t au Sénat par la constitution de février.
Il est invraisemblable, continue la
vieille barbe de 1848, que la gauche con-
tinue à sacrifier à la conciliation ses fa-
meux-" principes », en vue de conces-
sions qui n'arriveront jamais.
Que faut-il donc faire? La vieille barbe,
qui a déjà eu une république tuée sous
elle, et que ce souvenir rend peut-être
indécise sur le chapitre des voies et
moyens, n'a trouvé autre chose que:
élever les cœurs et se ceindre les reins,
comme l'avait déjà proposé M. Naquet.
Il paraît que si l'on parvient à ceindre
ses reins, on trouvera le moyen d'ins-
taller la vraie république. 0 enflure des
mots 0 sempiternels badauds 1 Le bon
M. Madier ajoute qu'il importe de ren-
dre à l'action de son parti « l'invincible
force des principes s. Des principes!
en politique Heureuse ingénuité 1
VEcho, universel prétend qu'une
grande réunion de bonapartistes doit
avoir lieu le 17 septembre à Arenenberg.
Le départ des sommités du parti s'effectue
déjà ou est à la veille de s'effectuer. Nous
avons annoncé celui de M. Rouher qui quit-
tera Cerçay mercredi. M. Raoul Duval part
demain. On assure que M. de La Roncière Le
Noury, qui a reçu une invitation, est fort in-
décis sur ce qu'il doit faire.
On estime environ à une centaine seule-
ment le nombre des premières invitations
scrupuleusement triées sur le volet. Mais,
comme autrefois à Compiègne% il y aura une
autre série, car on ne veut mécontenter per-
sonne. Mais cette seconde série n'aura pas
l'importance de la première, entièrement com-
posée des têtes de colonne du parti, et des
personnages politiques appelés a assister au
conseil qui sera tenu par l'ex-prince impérial.
Tous les fidèles de marque seront donc con-
voqués, M. Raoul Duval et M. Amigues, M.
Emile Ollivier et M. de Cassagnac, etc.
On prétend que l'ex-impératrice voudrait
profiter de cette réunion de tous les chefs du
parti pour réconcilier le vieux et le jeune
bonapartisme, et pour arrêter une ligne
de conduite commune en vue des élections
générales.
Les noms qu'on vient de lire nous pa-
raissent pour ainsi dire jurer de se trou-
ver ensemble nous ne donnons donc
ces renseignements que sous toutes ré-
serves.
On a toujours reproché à Améric
Vespuce d'avoir dérobé à Christophe
Colomb le bénéfice de la découverte du
Nouveau-Monde auquel, lui, ouvrier de
la dernière heure, avait donné son nom.
M. le marquis de Compiègne nous ap-
prend dans le Correspondant que le pla-
giat n'est point du fait d' Améric Vespuce
mais d'un géographe nommé Hylaco-
mynus. Dans l'introduction d'une cos-
mographie imprimée à Saint-Dié en
1507, il dit en parlant du continent ré-
cemment découvert
« Je ne vois pas pourquoi on n'appel-
lerait pas Amérique la terre que je
décris. »
der les six cent trente mille francs que
tu dois à Mlle Elise Desprez.
C'était donc toi ? s'écria Dachet.
Melven croisa froidement ses bras
sur sa poitrine.
C'était moi dit-il. Ne penses-tu pas
que je pouvais, que je puis encore faire
plus? Que je tiens dans mes mains mieux
que ta fortune, dis
Oh je me vengerai murmura Da-
chet.
Toi 1 fit Melven qui avait compris,
tu sais bien que tu ne t'attaques qu'aux
femmes1 et aux enfants! As-tu trouvé
quelque nouvelle ogresse, comme celle
d'Orly, pour me faire passer de vie à
trépas ?
Le front de Dachet se creusa de rides
profondes.
Je ne-comprends pas, dit-il.
Vraiment C'est alors que tu y mets
beaucoup de mauvaise volonté 1. Tu
veux autre chose que des paroles ? soit 1
Ecoute ceci c'est ta condamnation.
Et Melven tira' de sa poche un papier
dont il lut tout haut le contenu.
Voici ce que disait ce papier
« Je, soussignée, Marguerite Rafïe-
» noult, dite femme Cochet, reconnais
» que, en ce qui concerne la mort de
» l'enfant né de Mme Robert Dachet, je
» n'ai fait que me conformer aux ordres
de M. Dachet, »
Le banquier, anéanti par cette preuve
écrite d'un crime dont il était l'instiga-
teur, baissa la tête comme un homme
vaincu; mais son regard ne quittait pas
le papier que tenait Melven.
C'est un marché que tu viens me
proposer?. fais tes conditions, dit-il au
journaliste.
Melven rougit.
Tu me prends pour un coquin de
ton espèce! répliqua-t-il vivement.
Que veux-tu donc?
D'abord les six cent trente mille
francs de Mlle Elise Duprez.
Il fallait se résigner à cette restitu-
tion.
Dachet ouvrit son sac de voyage, en
tira une liasse de billets de banque et la
posa sur son bureau.
Et ensuite? demanda-t-il.
Te faire arrêter. ou te tuer. A
ton choix.
U l'a appelée Amérique, et le nom est
reste.
Un amusant quatrain inédit de
Victor Hugo, retrouvé par le Temps. U a
été écrit sur un sac de pralines et porte
la date du t« janvier 1871,
A madame X.
Grâce à Boissier, douce colombe,
Heureux à vos pieds nous tombons;
Car les forts sont pris par les bombes
Et les faibles par les bonbons.
»*» Le Siècle a donné l'autre jour des
détails médiocrement édifiants sur l'é-
lection d'un pasteur dans une paroisse
anglaise.
Il s'agissait d'une paroisse dans le
quartier populeux et malsain de Cler-
kenwell, Saint-John.
Malgré sa situation, cette paroisse est
richement dotée, et la situation de vicar
ou pasteur en chef, qui rapporte un re-
venu fixe d'environ vingt mille francs,
est fort recherchée.
Deux réunions ont eu lieu, un certain nom-
bre de candidats se sont présentés, et le choix
des rate payers n'est pas encore fixé. D'après
le Standard, la plupart des électeurs parais-
sent traiter la matière presque en farce et
posent aux concurrents des questions incon-
grues, déplacées, auxquelles ces derniers,
alléchés.par les avantages pécuniaires qu'offre
la place, ne font nulle difficulté de répondre.
Dans la dernière séance, un des aspirants
au vicarage, un pasteur irlandais, a décidé-
ment égayé le corps électoral. On lui repro-
chait de n'être pas bachelier.
Je l'avoue, répondit-il, mais à Dublin nous
avons d'autres choses qui valent bien ce grade
universitaire; par exemple, nous avons le
wiskey.
N'en auriez-vous pas pris une bonne
goutte ce soir ? lui crie do toute sa force un
électeur.
-Allez vous laver la figure, ce dont vous
avez grand besoin, au lieu d'aboyer comme
un chien que vous êtes! répond le pas-
teur, qui n'a pas, comme on voit, la langue
dans sa poche. Cependant, sur sa vigoureuse
réplique à son interrupteur, un tel vacarme
se produit qu'il est obligé de, s'asseoir et de
renoncer à la parole. °
Deux autres candidats lui succèdent. Le
premier proteste énergiquement contre les
bruits qu on a répandus sur son compte. On
a prétendu qu'il était faible, maladif, ce qui'
est absolument faux. Bien au contraire, et
comme l'assemblée peut s'en rendre compte
de visu il est fort, vigoureux et d'une robuste
santé. En disant cela, il étend le poing vers
l'assistance comme pour en faire saillir les
muscles, et met dans son accent tant de cha-
leur qu'un rire général s'élève.
Le second, lui, déclare nettement qu'il n'est
point tectotaler, qu'il pense que Dieu n'a paa
créé la bière pour qu'on la laisse perdre, et
que, de plus un bon cigare, une bonne pipe
ne lui font pas peut.
**v La Vie parisienne donne quelques
conseils pour l'équipement des chasseurs
convaincus et point poseurs.
La chaussure est la partie la plus impor-
tante du costume de son choix peut dépendre
tout l'ennui ou tout l'entrain d'une partie de
chasse. Infini est le nombre de chaussures de
chasse inventées depuis une vingtaine d'an-
nées, Les noms les plus fantaisistes ou les
plus classiques les ont tour à tour désignées,
et toutes les espèces de courroies, de lacets,
de boucles et de'boutons ont servi tour à tour
à les attacher. Cependant rien n'a prévalu,
dans l'esprit des vrais chasseurs, sur la supé-
riorité de la botte lacée à la vieille mode.
Faites-la faire du cuir le mieux préparé, le-
quel est parfaitement imperméable à l'eau.
Qu'elle soit de médiocre épaisseur, afin de
n'être ni trop lourde, ni trop légère, deux ex-
trêmes qui, pour différentes raisons, ajoutent
à la fatigue de la marche. Veillez à y être à
l'aise et à ce qu'elle soit lacée d'une façon
suffisamment serrée, elle fera pour ainsi dire
partie de votre pied qui ne doit ni balloter,
ni être pressé. Si vos bottes sont devenues
raides, par le manque d'usage, elles doivent
être assouplies avant d'être portées. Un pli
dur dans le cuir suffit aisément pour gâter
un jour d6- plaisir. On pe peut trop insister
sur l'importance d'une chaussure confor-
table.
Il est presque aussi indispensable de s'occuper
du bas ou de la chaussette. C'est qu'elle peut
être regardée comme faisant partie de la botte.
Choisissons-la en laine, non en fil ni en coton,
et faites étendre à l'intérieur une couche de
savon anglais: c'est un préservatif contre les
ampoules.
Le pantalon, ou mieux la culotte, d'une
étoffe simple et légère, sera large et arrêtée
au-dessous du genou par une jarretière de
cuir mince. Il serait préférable de se dispen-
ser de la jarretière, mais elle empêche la boue
et les pierrettes de pénétrer dans la botte à
ce titre, il faut l'adopter. La chemise sera
toujours en flanelle le gilet et l'habit, ou
mieux la jaquette Norfolk, seront (en cette
,saison)de tissu léger, imperméable et de cou-
leur solide, marron, bronze ou gris de fer.
On se coiffera d'un chapeau de paille.
Le peintre Pils qui vient de mou-
Robert Dachet bondit jusqu'à la che-
minée, sur laquelle se trouvait un re-
volver.
Il s'empara de l'arme et visa Melven.
C'est toi qui vas mourir s'écria-t-il,
et ta mort me livrera la déclaration de
la femme Cochet.
Alors la porte, violemment heurtée,
s'ouvrit tout à coup, et Regimbai, la
figure décomposée, se précipita dans
l'appartement.
Cette soudaine apparition fit tomber
le revolver de la main de Dachet.
Melven la tête haute et le regard
plein de défi, était resté immobile.
Regimbai n'avait pas été. élu juge au
Tribunal de commerce 1
Regimbai venait de recevoir une
lettre très hautaine de son protecteur,
qui lui disait que la suspicion légitime
qui pesait sur son honorabilité, avait
fait biffer son nom de la liste des can-
didats à la décoration
Regimbai le juste était un homme
perdu 1
Qu'est-ce que cela me fait, dit Da-
chet avec impatience est-ce que cela
me regarde? Adressez-vous à monsieur
il désignait Melven c'est lui qui à
organisé ce joli complot.
Regimbai, blême jusqu'à en être vert,
se tourna vers le journaliste; celui-ci,
sans s'occuper du marchand de diamants,
dit à Dachet:
Ta vraie place est à la Cour d'assises,
et je devrais te livrer à la justice; mais,
en considération des jours de notre jeu-
nesse, je t'épargnerai cette ignominie.
Vois si je suis généreux! Tu m'as menacé
d'une vengeance tout à l'heure. Eh bien,
je vais te donner l'occasion de l'exercer.
L'un de nous deux ne sortira pas vivant
de cette chambre. C'est un duel à mort
que je te propose.
Dachet étaitun des plus habiles tireurs
de Paris. Depuis longtemps, il consacrait
une heure, chaque matin, a l'escrime.
Un duel répliqua le banquier sai-
sissant avec empressement ce moyen de
salut. Je l'accepte Dépêchons. Où sont
tes armes, tes témoins?
Deux témoins nous suffiront. Voici
le tien.
li Melven désigna Regimbai.
I Et il appela à haute voix
rj&gî|ait, nous raconte M. Philibert Au-
t¡*r, 1,)'" dans ra, conte 14. Philibert .t\u-.
Ôejûranà dans Vlllmiraiim, grand jpar-
tîsan; tfe Hûéaiisme en peinture.
n voulait absolument que 60 qui tondait
da ses pinceaux forçât le public à refléchir.
«~ Iliaut que l'idée d^un tableau frappe les
masses, disait-il. • r
Ce mot que Pils répétait faisait sourire
grandement beaucoup de ses confrères.' Au
tait, qu'est-ce que le peuple est porté a voir
dans unepeinture ? Est-ce la vérité matérielle ?
Est-ce le rendement d'une pensée ?
Il y a vingt-cinq ans, lorsque Gustave Cour-
bet, le maître peintre d'Ornans allait en
Franche-Comté pour y faire les Casseurs de
pierres, il avait pris pour modèle un canton-
nier quelconque, trouvé sur la grande route.
Ce dernier, depuis huit jours la masse à la
main, le genou en terre, posait admirable-
ment. Il était éreinté, d'ailleurs.
Un soir du neuvième jour, le cantonnier
s'écrie soudain
Monsieur Gustave, je ne suis qu'un
pauvre homme, mais je voudrais vous don-
ner un conseil.
Mon ami, répond Courbet, je fais un ta-
bleau social par conséquent, je suis ouvert
au peuple. Parle donc à cœur ouvert.
Eh bien, monsieur Gustave, pour qu'un
bon casseur de pierres soit un bon casseur,
il faut. Votre peinture est très bien, du
reste.
Il faut quoi, mon âââmi ?
Eh bien, pour qu'un bon casseur soit un
bon casseur, il faut. qu'it change souvent de
genou! t
Quatre vers de saison, cités par le
même chroniqueur. Ils sont barbares,
mais curieux en raison du nom de leur
auteur qui n'est autre que le marquis de
Boissy, le fameux interrupteur du
Sénat.
Quand on quitte les eaux
On accourt aux châteaux
Tuer les lapereaux
Ainsi que les perdreaux.
v. H,
BOITE AUX LETTRES a
Aix-les-Bains, 12 septembre 1875. 2
A Monsieur de Villemessant, rédacteur en c
chef du FIGARO.
Monsieur, i
On me communique un article du Figaro 1
inséré au numéro du 10 du courant
dans lequel je lis la phrase qui suit j
« Depuis neuf mois la flotte dormait au 1
mouillage; il fallait, pour la réveiller, un f
homme d'énergie » 1
Veuillez me permettre de rectifier ce qu'il (
y a d'inexact dans cette assertion. • 1
La flotte ne dormait pas au mouillage; lors- <
qu'après une campagne active de neuf mois,
elle rentrait à Toulon au commencement
d'octobre 1874 pour s'y reposer, une division
composée de quatre navires, dont trois cui-
rassés, sous les ordres du contre amiral Bonie
commandant en sous-ordre, en repartait
quelques jours après pour aller promener la ¡
pavillon dans les mers du Levant.
La flotte ne dormait pas elle poursuivait (
sans relâche des études et des essais sur les
torpilles, et par des exercices de tous les
jours elle se formait au maniement, ou
plutôt à l'escrime de cette'nouvelle arme.
La flotte ne dormait pas elle inaugurait
par des études et des exercices répétés
une méthode nouvelle pour l'exercice du tir
au canon. Jusque-là on avait tiré sous
voile ou sous vapeur sur des cibles fixes
ce n'était là que la moitié du problème. Le
temps était venu d'aborder le problème tout
entier, en tirant sur des buts mobiles, sur des
cibles entraînées dans un mouvement rapide
ce problème a été abordé et résolu.
Et pour la poursuite de ces travaux, l'es-
cadre appareillait chaque semaine, selon le
temps quelquefois tout entière d'autres
fois par groupes.
En même temps,, l'escadre changeait son
artillerie, remplaçant ses canons rayés, mo-
dèle 1864, par des canons tubés en acier
canons plus puissants du modèle 1871.
Mais ce changement ne s'opérait que succes-
sivement, navire par navire, car 1 escadre ne
devait pas cesser un seul instant de rester
disponible entre les mains du ministre, prête
à partir au oremier signal. Lorsqu'elle ap-
pareillait, elle se tenait toujours à portée
des signaux et en vue des sémaphores de
la côte c'était l'ordre du ministre, et le
commandant en chef n'avait pas à en re-
chercher les motifs. Mais aujourd'hui, il
est bien permis de penser que cet ordre
était dicté par une haute prévoyance, en
vue d'une éventualité dont tout le monde
a pu connaître et apprécier plus tard la gra-
vité.
Voilà comment la flotte dormait au mouil-
lage.
Encore un mot
Lorsque l'escadre exécutait ses exercices de
tir sur des cibles en mouvement, elle tirait
quelquefois avec boulet et charge de combat.
Chaque navire de deux en deux remor-
quait alors une cible représentant, sur une
échelle réduite, le fort central et la flottaison
cuirassée d'un navire ennemi. Il fallait donc
diriger son feu entre deux navires courant
Copeau
La porte s'ouvrit pour la troisième
fois, et un type superbe de vieux trou-
pier se présenta.
Il était coiffé d'un chapeau à bords
.très relevés et vêtu d'une longue redin-
gote sa lèvre supérieure s'ornait d'une
moustache grise coupée en brosse; le
long de ses joues apparaissaient de pe-
tits favoris taillés à la russe.
Copeau 1 s'écria le banquier tout
stupéfait. `
Lui-même répondit d'un ton go-
guenard le fils de l'ancien huissier-
audiencier de Grenoble. Il eût été fâ-
cheux, conviens-en, que je n'assistasse
pas à cette dernière entrevue.
Alors Copeau ouvrit sa longue redin-
gote et en tira deux fleurets, dont le
bout, aigu comme une alêne, eût faci-
lement troué une planche de sapin.
Il présenta l'un de ces fleurets à Da-
chet et l'autre à Melven..
La figure de Regimbai exprimait à la
fois l'inquiétude, l'angoisse, la peur.
Pardon, Messieurs, dit-il, je ne puis
assister à la perpétration d'un fait que la
loi qualifié de crime.
Regimbai était tout entier dans cette
phrase 1
Mais Melven, le fleuret à la main,
s'était adossé à la porte.
On ne sort pas dit-il.
Et s'adressant à Dachet, il ajouta
Je t'attends.
Les deux hommes tombèrent en garde;
les armes se croisèrent.
Dès le premier engagement, Dachet
s'aperçut que Melven était pour le moins
aussi fort que lui.
Il se contenta de parer et n'attaqua
point afin de fatiguer son adversaire, et
de prendre l'offensive au moment oppor-
tun.
On dirait que tu as peur! fit Mel-
ven. S'il faut un stimulant, le voici.
Il poussa en quarte et froissa le fer de
Dachet avec une telle violence que l'arme
du banquier lui échappa des mains. En
même temps le fleuret de Melven ba-
lafra la face de Dachet.
l. Un cri rauque sortit des lèvres de ce-
lui-ci II bondit en arrière, ramassa son
arme et se précipita follement sur Mel-
ven..
P. M.
à contre-bord avec une vitesse de craise-
ïBentdedoùzea'seJïtfBoJuds. r f
Lorsque l'escadre, exécutant dos manœu-
vres dé combat, se formait en deux divisions
ennemies, lorsque ces deux divisions cou-
raient l'une sur l'autre en se canorihant
navire contre navire éperon contre éperon,
aisec une vitesse, de; croisement de douze,
quatorze: et*quinze noeuds,, croyez-vous qu'il
ne fallût pas. aux capitaines qui exécutaient
ces mouvements, un peu de décision et de
fermeté, un peu de cette énergie, en un mot,
que le rédacteur de l'article en question a
cru nécessaire pour réveiller l'escadre?
La flotte ne dormait donc pas dans l'hiver
de 1874-75, pas plus qu'elle ne dormait en
1873, sur les côtes d'Espagne, pendant l'in-
surrection de Garthagène, ou lorsque, pen-
.dant la campagne d'été de 1874, elle faisait
de longues croisières sous voiles dans le bas-
sin de la Méditerranée. "6 ̃•
Non, elle ne dormait pas, et à aucune épo-
que elle n'a travaillé de meilleur cœur j en
appelle à tous les capitaines, officiers, maî-
tres et matelots. A aucune époque ils n'ont
eu plus d'entrain, plus de volonté de travail-
ler et d'apprendre, jamais ils n'ont été plus
jaloux de" se montrer dignes de leurs aînés,
dignes de la1 confiance du pays.
Chacun a fait son devoir, le commandant
en chef d'alors a le droit de le dire bien haut,
Aussi, c'est avec une légitime fierté qu'en
remettant le commandement à son succes-
seur -il, y a moins de quatre mois- il s'ex-
primait ainsi, dans ses adieux à l'escadre
« .Nous avons travaillé, et nous nous
sommes efforcés de bien travailler je l'af-
firme. J'affirme que nous, n'avons poursuivi
qu'un seul but honorer et servir la France,
1 honorer et la servir comme nous l'aimons. ».
Veuillez, monsieur, accueillir la présente
rectification en lui donnant place dans votre
journal, et agréer l'assurance de mes senti.
ments très distingués.
Vice-amiral V. Touchard.
INFORMATIONS
Les réservistes du midi de la France rési-
dant à Paris, ont reçu hier leur feuille de
route. Ils devront être rendus à Toulouse le
22 courant.
Ces réservistes sont au nombre de trois
cent cinquante environ.
M.de Presle, membre de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, est décédé la
nuit dernière.
Il avait reçu, il y a un mois, les derniers
sacrements des mains de Mgr l'évêque de
Meaux, son parent et ami.
M. Brunet de Presles était né en 1809. C'é-
tait un de nos hellénistes les plus distingués.
A la mort de Letronne, en 1848, il avait été
chargé de continuer la publication des papy-
rus grecs de l'Egypte, préparée par l'illustre
érudit.
L'enterrement de M. Hennet, administra-
teur de la paroisse de Neuilly, a eu lieu hier,
à dix heures du matin, au milieu d'une af-
fluence considérable.
Les cordons du poêle ont été tenus par
M. le maire de Neuilly et trois membres de
la fabrique. Le deuil était conduit par le frère,
du défunt, curé de Grand-Fontaine.
Drames sur drames avant-hier dimanche à
Croissy.
C'était la fête du pays, et il y avait des
courses de toute espèce à la Grenouillère,
courses dont le président était un personnage
des plus connus dans le monde du boulevard.
La première de ces courses fut une course
de nageurs. Le président et un assez grand
nombre de fort jolies femmes, parmi les-
quelles Mlle Marie Colombier, avaient pris
place sur un radeau. On donne le signal, les
nageurs partent, ils passent devant le radeau.
Là, une vingtaine d'entre eux, se sentant fa-
tigués, ont la même idée. Ils exécutent un
quart de conversion et s'accrochent au radeau
qui oscille, puis enfonce lamentablement.
Cris de terreur. Le trompette chargé de son-
ner la fanfare tombe à l'eau avec son instru-
ment. Mlle Marie Colombier et les autres sen-
tent l'eau qui les envahit jusqu'au jarret, et.
gémissent en haute-contre tandis que d'une
voix de basse le président gourmande les na-
geurs.
Enfin, tout semble rentrer dans l'ordre et
la course s'achève tandis que le Coryza com-
mence à battre de ses ailes verdâtres au des-
sus des spectatrices trempées.
Hélas 1 ce n'était pas fini! Les chambres à
air du radeau étaient pleines d'araignées.,
Désagréablement surpris par l'irruption de
l'eau, les horribles insectes s'élancent au de-
hors et cherchent un refuge sous les robes
des dames. Une des plus grosses s'introduit
dans le cou de Mlle Marie Colombier pas à
plaindre, cette araignée Un sauve qui
peut général s'ensuit, compliqué d'attaques
de nerfs. Je vous dis que jamais on n'a rien
vu de si dramatique à l'Ambigu 1
Un peu plus tard, M. Campenon,-l'aimable
substitut chargé de la section de la presse
qui présidait à Croissy un concours des pom-
piers de vingt-trois communes des environs,
s'est trouvé mal de chaleur.
Il a fallu lui faire respirer des sels pour le
faire revenir à lui.
La Compagnie des Pompes funèbres de.
Le journaliste n'avait pas quitté la
garde. ``
A la bonne heure! dit-il, l'affaire
sera plus vite terminée.
Mais la fougue de Dachet s'était promp-
tement ralentie; il avait reconnu avec
terreur que le sang-froid de Melven ser-
vait merveilleusement son adversaire,
et que lui, Dachet, s'il n'employait pas
la ruse, était un homme mort.
Or, Dachet ne voulait pas mourir!
La pièce n'était éclairé qué par une
lampe placée sur le bureau et dont la
lumière, circonscrite dans un espace très
restreint, laissait une partie de la cham-
bre plongée dans une demi-obscurité. Il
voulait y amener Melven afin de se pla-
cer devant la lampe et de lui cacher son
jeu. De cette façon il pensait mettre les
chances de son côté et avoir facilement
raison du journaliste. • ̃
Il rompit.
Assez joué! dit Melven; il faut en
finir. Veille à la porte, Copeau.
Cette recommandation, qui visait Re-
gimbai, était bien inutile, car le mar-
chand de pierreries s'était réfugié der-
rière le bureau et semblait plus mort
que vif.
L'engagement cette fois prenait de
part et d'autre des proportions sérieuses.
Les deux fers s'enlaçaient comme des
serpents irrités et de leurs lames aux
angles vifs s'échappaient des flammes
bleues qui; dans* cette chambre à peine
éclairée, ressemblaient à des jets d'élec-
tricité.
Dachet, poussé par son adversaire,
s'était acculé au mur; de grosses gouttes
de sueur coulaient sur son front son
bras s'engourdissait sous les coups ré-
pétés de Melven sa vue se troublait.
Il comprit le danger, fit un suprêms
effort et se fendit à fond sur Melven.
Mais celui-ci s'était effacé et l'arme de
Dachet passa à côté de son épaule. Il
n'eût qu'un seul mouvement a faire
Dachet était touché. Le fleuret du jour-
naliste s'engagea de dix pouces dans la
poitrine du banquier.
Dachet étendit les bras, fit un demi-
tour sur lui-même, et tomba lourde-
ment sur le parquet.
Il était mort 1.
vrait Meo choisir avec plus dé soin ses em-
ployés.
Hier, boulevard des Italiens, passait à vide
un corbillard à quatre chevaux. Sur le cheval
de gauche, devant, était monté un postillon
ivre. si ivre qu'il faisait un scandale affreux,
et que les gardiens de la paix ont dû le
forcer à mettre pied à terre, au milieu d'un
énorme rassemblement.
Si on ne prend pas de bon thé à la Prési-
dence, cet hiver! 1
H paraît que le Czar vient d'envoyer au ma-
réchal de Mac-Mahon une caisse d'un certain
thé qu'il réserve pour son usage particulier,
et qui est importé de Chine par la voie de la
Sibérie. Cela revient à 200 francs la livre, à
peu près.
Le pain de plusieurs familles vont s'é-
crier les journaux radicaux..
Nous avons publié déjà la biographie des
exécuteurs de Londres et de Madrid. Voici
aujourd'hui quelques notes sur celui de
Rome.
Disons d'abord qu'en Italie chaque villa a
son exécuteur particulier mais, comme nous
ne pouvons parler de tous, nous ne nous oc-
cuperons que de l'exécuteur de la capitale.'
Il se nomme Antonio Arrajo. C'est un. ma-
gnifique garçon d'une trentaine d'années la
tête de l'Apollon du Belvédère sur le corps
d'Antinous. Seulement, la petite vérole l'a
profondément couturé.
C'est alors qu'il a renoncé au théâtre,
car il était ténor, et a obtenu la place
d'exécuteur des hautes œuvres. Arrajo est un
bourreau mélancolique. Quand ses patients
ont l'air d'être contrariés du désagrément qui
leur arrive, il leur dit en soupirant i
Je voudrais être à votre place. Vojjtfï
êtes bien heureux l
Du temps qu'Arrajo était ténor, il n'ob-
tenait pas tres grand succès comme chan-
teur, mais beaucoup comme, homme, car il
était fort joli garçon.
Il n'en adorait pas moins la musique, et
l'adore encore. Quelquefois, de la petite mai-
son qu'il habite dans le Transtévère, on en-
tend une voix un peu enrouée, mais qui a ce<
pendant de jolies notes, chanter quelque air
d'Opéra.
Mia Leonora, adiol
Cela fait un singulier effet, et les passants
sifflent quand ils entendent cela.
Arrajo a un mauvais sentiment il est
extrêmement jaloux de son collègue de Paris,
qui a un instrument des plus perfectionnés,
tandis que lui en a un primitif.
Mais il espère qu'on réformera prochaine*
ment la guillotine dont il se sert.
A propos de la biographie de M. Marwood,'
nous recevons la lettre suivante
Paris, 12 septembre 1875.
Monsieur Gaston Vassy,
Votre article sur Marwood me remet en mé-
moire une réflexion, déjà ancienne, d'un docteur
médecin de mes amis aui a vu par hasard une
exécution en Angleterre C'était du temps de l'an-
cien bourreau. La corde était courte, en effet, et
le supplice fut long; il dura deux ou trois minu-
tes la mort vint par strangulation, ce qui n'a ja-
mais été le principe de la pendaison. Autrefois, nos
bourreaux montaient sur les épaules des patients
quand 'la corde trop courte ne promettait pas la
rupture immédiate de la colonne vertébrale. Il
faut donc que la corde soit longue et le. saut pre-
fond, les vertèbres se disjoignent et la mort est
instantanée.
C'est, concluait te docteur, ce qu'on pourrait
nommer la. GUILLOTINE EN DEDANS.
Vous voyez, Monsieur, que mon ami avait, par
humanité, juste la même pensée que le nouveau
bourreau agissant par amour de l'art.
Agréez, Monsieur, l'expression de mes senti-
ments distingués. Alfred
Voilà une lettre qui fera plaisir à M. Mar*
wood.
Hier matin, à neuf heures; un monsieur,
se trouvant indisposé sur la voie publique, a
été conduit par dés passants chez un mar-
chand de vins où il a reçu des soins. Là, û' a
déclaré être l'aéronaute Duruof, et a raconté
qu'étant parti en ballon de Boulogne la veille
il était descendu dans la plaine Saint-Maur,
de sorte qu'il se trouvait sans argent et ne
savait où aller. *•
Est-ce vraiment M. Duruiof ? • ̃
Un assassinat, suivi de suicide, a été. coni»
mis dimanche, à sept heures. dans la rue des
Prairies.
Vous ignorez probablement où se trouve la
rue des Prairies. Il n'y a pas longtemps, en
effet, qu'elle porte ce nom. Elle s'appelait au-
trefois rue des Champs-Charonne et se trouve
derrière le cimetière du Père-L2chaise, entre
la rue de Bagnolet et le chemin des Partants.
C'est un sentier abrupte, irrégulièrement bâti,
pavé de distance en distance, et dont l'antique
réverbère de nos pères forme l'unique éclairage
Là demeurent un tas de gens paisibles, pro-
priétaires attirés par la verdure et la tranquil-
lité, maraîchers, jardiniers puis un épi-
lite, maraichers puis un de
cier, un charcutier, deux marchands de
vin, etc. On se croirait à cent lieues de Paris,
dans un bon petit village de province, et, à
vrai dire, il y a certainement là des gens qui
jamais ne sont descendus jusqu'aux boule-
vards.
Joli coup! exclama Louis Copeau.
Voilà de la bonne besogne! dit
froidement Melven.
Et, se tournant vers Regimbai, il
ajouta
Quant à vous, monsieur, votre pu*
nition n'a pas été complète. Souvenez-
vous de ma prédiction. Un jour quelque
scélérat se glissera dans votre maison
et fera de votre fille ce que vous vou-
liez faire de la fille de Charles Desprez.
Viens-tu, Copeau? 2
Ici les diables, là-bas les dieux!
Allons trouver les dieux! Et surtout
n'oublions pas la dot de Mlle Desprez.
Copeau prit la liasse de billets de
banque et sui vit Melven, laissantRegim-
bal seul en présence du cadavre de Da-
chet.
Est-il bien nécessaire de faire un nou«
veau ebapitre pour dire au lecteur la fin
de cette longue histoire ?
L'auteur ne le pense pas.
Que pourrait-il lui apprendre qu'il
n'ait déjà deviné ?
Que Prosper de Prévodal et Elise Des-
prez, mis en face l'un de l'autre par leur
ami Pierre Melven, se sont tendu la
main et que, la joie dans le cœur et le
sourire aux lèvres, ils ont pris ensemble
le chemin de la mairie et celui de
l'église?
A coup sûr, le lecteur s'en doute bien-
Qu'ils sont heureux, et qu'ils ont fait
mentir Melven, prétendant que le
bonheur n'est qu'un fantôme?
Cela n'est pas douteux! 1
Et LouisCopeau? nous demande-t-on.
L'illustré savant a renoncé aux rôles
à travestissements et la docte Académie
de botanique et de géologie du départe-
ment de l'Isère l'a nommé son président.
Et l'infortunée Mina Syitzer?
Elle est entrée en.religion et porte le,
nom d'une illustre pécheresse on la
nomme la sœur Louise de la Miséri»,
corde ? P
pin1. ̃ ̃
Armand Lapointe*
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