Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-23
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 août 1875 23 août 1875
Description : 1875/08/23 (Numéro 234). 1875/08/23 (Numéro 234).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO. LUNDI 23 AOUT, 1875
parcourant ses domaines, visitant les
fermes, portant1 lui-même des secours
aux malades, causant comme un vieil
ami avec tous les paysans au milieu des-
quels il vit depuis un demi-siècle, et
montrant au visiteur ses magnifiques
étables dont il est justemerit fier ses
durhams aux formes opulentes, plutôt
que les médailles d'or et les prix d'hon-
neur recueillis dans vingt concours.
On dit généralement que la terre rap-
porte 2 à 3' 0/0. M. de Falloux a trouvé le
moyen de fairp rendre à la sienne 12 à
15 6/0. C'est plus fort que d'élever des la-
pins et de s'en faire 3,000 livres de
^snte!
Quand il a de l'argent de reste, il
ajoute un lit à l'hospice qu'il a fondé
pour les vieillards de la contrée et au-
quel, par une attention affectueuse et
délicate, il a donné le nom d'Hospice
Swetchine, afin de faire ainsi bénir à per-
pétuité par les malheureux le nom de sa
vénérable amie.
Avouez que voilà une façon de com-
prendre la vie à la campagne qui vaut
bien les cascades de Trouville et la folie
de certaines existences 1
̃ '̃̃ *e
Le duè de Broglie reste aussi dans sa
terre, dont il se contente, sans aller
courir les plages, les eaux à la mode et
les grands chemins. Son imposant châ-
teau, aux tourelles grandioses que le
temps a brunies, domine une pittores-
Ïue vallée que rafraîchit un cours d'eau.
Les fermes à toit de chaume se cachent,
à la façon normande, sous le feuillage
des pommiers et des hêtres, et le duc,
qui aime beaucoup la couleur et les
mœurs de sa province natale, se plaît à
parcourir à pied, une 'canne rustique à
la main, les gras pâturages où ruminent
tes belles vaches laitières. Il assiste en
connaisseur aux comices et ne manque
jamais, dans ses discours aux fêtes rura-
les qui sont de vrais petits chefs-d'œu-
vre, de célébrer sa chère Normandie en
rappelant ses gloires, en exaltant son
agriculture, en dépeignant son bétail
superbe et ses plantureuses campagnes.
Ces pages-là pourraient être signées
Troyon ou Daubigny.
Mais, en même temps, il y a chez le
duc du grand seigneur anglais; comme
Berryer, il aime la tenue, et dans ce
château bâti par les maréchaux de
France, ses ancêtres, et où ils venaient
se reposer de leurs victoires, on sent,
dès le seuil, qu'on n'est pas chez un par-
venu d'hier. Tout y a une certaine sévé-
ritéjUne certaine grandeur, et en voyant
da splendide bibliothèque qui occupe
toute une galerie, on devine le penseur
et l'académicien.
C'est là, devant un bureau garni de
vieux cuivres, que le duc, oubliant les
misères de la politique courante, cause
doucement avec ses pairs des deux der-
niers siècles et «retrempe son esprit à la
fois souple et fort pour des luttes nou-
velles.
•̃ **#
Ces t aussi le paysage normand qu'avait
-choisi. M. Guizot, de préférence aux plai-
nes brûlées de soleil qu'avait vues sa pre-
mière enfance. Beaucoup de méridio-
naux vont griller enProvence par amour
du pays natal. M.Guizot chercha, pour
finir ses jours, un coin vert et tranquille,
et comme si l'homme devait en toutes
choses trahir ses goûts intimes et sa
personnalité secrète, c'est une ancienne
.abbaye de bénédictins, le Val-Richer,
que ce bénédictin moderne acheta pour
sa dernière demeure.
On sait avec quel art les congrégations
d'autrefois choisissaient les lieux de
leurs monastères des arbres, de l'eau,
du silence, dans quelque vallon ver-
doyant et écarté. C'est précisément là
ce qu'ambitionnait M. Guizot et ce qui le
séduisit à première vue. Au Val-Richer,
il lisait, écrivait, méditait, dans la paix
la plus profonde, reposant ses yeux fati-
gués de tant de spectacles sur des prai-
3-iès d'émeraude, se promenant avec ses
petits-fils dans les allées d'un vaste jar-
din, visitant les fleurs du parterre dont
il aimait que les couleurs égayassant sa
table de travail, heureux comme un
sage des anciens âges et semblant un
patriarche au milieu de sa tribu.
Vers la fin de sa vie, il répondait par
",e billet plein de charme et d'élévation
ereine, à- uu ami qui l'interrogeait sur
Ecuitletoti du MRO du 23 JkoM 1815
30
••̃ LA ,̃̃̃
CHâSSE AUX F&MTOMES
PREMIÈRE PARTIE •
L'AMOUR DE Ij'OR
̃v xxin '̃-̃•'•̃ "1
̃'̃ ̃>̃• m Suite, "• ':r |
Copeau, dont les idées n'étaient plus
très lucides, fut pris d'une panique ter-
rible.
II me fera tuer, le misérable! s'écria-
t-il.
Ah je ne répondrais pas de ta vie
Melven mon bon Melven, dit Co-
peau, en pleurnichant, il n'y a que.toi
pour me sauver.
Et comment?
Donne-moi un bon conseil.
^C'était à cette demande que l'attendait
Melven, car il avait un but, le journa.
liste.
Un bon conseil? répéta-t-il. Je ferai
mieux je te donnerai le conseil et le
moyen de le mettre à exécution.
Brave coeur, va I
Ton père, l'honnête M. Copeau
haiissier-audi entier près le tribunaf civil
do Grenoble, regrette sans doute son
petit Louis, la chair de sa chair, -car il
t'aimait, ton père!
Oh 1 oui. -Mais il me rossait aussi!
dit Copeau hésitant entre la voix du
cœur et le souvenir des corrections
paternelles.
Preuve d'affection, mon ami! Eh
bien! retourne vers l'auteur de tes j.oursa
ouvre tes deux bras, jette-toi à son cou
et dis-lui « Papa, l'enfant prodigue re-
vient avec dixmille francs dans sa poche
pour acheter votre étude. Vous avez eu
peut-être le droit de maudire le fils in-
grat, mais vous devez des égards à votre
successeur, et c'est un successeur qui est
devant vous. ~» Ce langage touchera le
• cœur de l'huissier et du père; il s'atten-
Reproduction autorisée pour les journaux qui
"\t traité avec la société des Gens de lettres,
l'emploi de ses heures à la campagne
« J'enseigne l'histoire à mes petits-en-
fants, je vais voir si mes fruits mûris-
sent, et je remercie Dieu en l'admirant
dans ses œuvres. Je n'ai jamais compris
que trois genres de vie la vie de fa-
miHe, la vie politique et la vie reli-
gieuse. Je mène ici la première avec les
souvenirs de la seconde et avec les espé-
rances de la troisième! » » J.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
,̃ Cambrai, 21 août. La grosse af-
faire de contrebande de tabac et de cigares
étrangers, dont le Figaro a parlé, et qui fut
découverte à Paris au mois,de juin dernier, a
eu son dénouement jeudi soir, devant le tri-
bunal d'Avesnes.
Ce jugement condamne
!• François Cornut, ancien chef emballeur
à la gare du Nord à quatre ans et six mois
de prison, et à 172,885 francs d'amende;
2° Nicolas Guibaudet, chef emballeur, à la
même gare, à quatorze mois de prison et
172,886 francs d'amende.
Le Tribunal déclare en outre la Compagnie
du chemin de fer du Nord, civilement res-
ponsable de l'amende prononcée contre Gui-
baudeti
–o*- A vallon, 22 août, 5 h. 45 soir.
Aujourd'hui a eu lieu, à Avallon, le concours
de la Société centrale agricole de l'Yonne.
Affluence considérable, malgré le mauvais
temps de ce matin. Exposition fort complète.
La distribution des prix a eu lieu à quatre
heures. Trois discours ont été prononcés
deux traitant de matières agricoles. Le préfet,
empêché par la session du Conseil général,
avait chargé le sous-préfet d'Avallon de pren-
dre la parole à sa place. Ce dernier a pro-
noncé une allocution de circonstance, animée
de sentiments patriotiques, qui a été fort ap-
plaudie.
Les députés radicaux de l'Yonne, les -ci-
toyens Rathier, Lepère, Guichard, Paul Bert,
sont arrivés pour assister au banquet de ce
soir.
Vingt-trois conseils généraux ont clos au-
jourd'hui leur session.
Ce sont les conseils de l'Ain, de l'Allier, des
Basses-Alpes, de l'Aveyron, du Calvados, des
Côtes-du-Nord, de la Creuse, du Doubs, des
Landes, du Loir-et-Cher, de la Loire, de'la
Lozère, de Maine-et-Loire, du Morbihan, de
la Mayenne, de la Nièvre, du Pas-de-Calais, de
la Haute-Saône, de Seine-et-Marne, de Tarn-
et-Garonne, de Vaucluse, de la Haute-Vienne
et des Vosges.
Le Conseil général de l'Ain se réunira de
nouveau le 15 septembre pour une question
de chemin de fer.-
Avant la clôture du Conseil général de
l'Oise, qui a eu lieu hier, il a été demandé
qu'un buste de la République fût installé dans
la salle du Conseil. L'incident a été clos par
un voté du Conseil qui a demandé l'installa-
tion du buste de M." le Président de la Répu-
blique.
• BELLEGARDE, 22 août, midi. M.
Thiers a franchi ce matin, à neuf heures, la
frontière française se rendant en Suisse.
•~ Laon, 21 août. M. l'abbé Degois,
aumônier dos prisons do Laon, vient, par dé-
cret ministériel en date du 17 août, d'être
nommé officier de l'instruction publique pour
services exceptionnels rendus pendant vingt-
deux ans.
M. l'abbé Degois a déjà reçu une médaille
d'honneur pour actes de dévouement.
Marseille, 21 août. Par ordre de
l'autorité, le Casino de Marseille a été fermé
hier soir.
__™, Saumur, 22 août, midi. Nous som-
mes en fêtes pour 'trois jours. Courses au-
jourd'hui, carrousel de l'école de cavalerie;
demain et mardi, deuxième journée des cour-
ses.
Les hôtels sont envahis, et il est peu de
maisons particulières qui ne donnent l'hos-
pitalité à quelques amis et parents venus de
loin.
Nous avons ici en représentations théâtra-
les, pour ces trois jours, M. Marchand et
Mlle Chapuy, des Bouffes-Parisiens, M*Dé-
jon, M. Donat, Mlle Jeanne Laurent, de la
Renaissance, Mlle Donat, des Menus-Plai-
sirs.
On nous communique sur la récolte de
cette année en France une statistique qui nous
paraît devoir intéresser nos lecteurs
La récolte' est •bonne dans quinze départements
le Finistère, la Manche, l'Orne, l'Oise, la Lor-
raine. l'Alsace, la Côte-d'Or, le Cher, la Saône-et-
Loire, l'Ain. le Rhône, la Loire, le Puy-de-Dôme,
la Haute-Loire, la Charente-Inférieure.
Elle est assez bonne dans vingt-six départe-
ments le Morbihan, la Mayenne, la Sarthe, le
Maine-et-Loire, les Deux-Sèvres, le Loir-et-Cher,
la Vienne, l'Indre, la Creuze, la Corrèze, la Dor-
dogne, la Seine-Inférieure, le Pas-de-Calais, le
Nord, l'Aisne, les Ardennes, la Marne, la Meuse,
drira, versera quelqués pleurs et te cé-
dera son étude. Six mois après tu épou-
seras une belle fille qui t'apportera une
dot rondelette, et un an plus tard tu seras
père et le plus heureux des maris et des
huissiers-audienciers Voilà une jolie
position, hein?
Copeau commençait à se dégriser.
-Mais, malheureux, dit-il, où veux-
tu que je trouve les dix mille francs?
Ne t'ai-je pas dit que j'allais te
donner un bon conseil et le moyen de
le mettre à exécution?
>– Et ce moyen?. fit Copeau tout
anxieux.
C'est de te prêter la somme en ques-
tion tu mêla rendras si je retourne ja-
mais en Daùphiné.
Ah! s'écria Copeau, tu es la perle
des amis 1
Et il se jeta dans les bras de Melven.
-Pardon, dit celui-ci en le repoussant,
je ne suis pas ton père! Réserve ce mou-
vement pathétique pour l'excellent
homme à qui tu dois la vie.
Mais tu es donc riche, toi ? demanda
Copeau un peu remis de son émotion.
Je suis. pauvre comme Job mon
vieux. Seulement Dachet a vendu son
journal et son acquéreur me compte de-
main matin trente mille francs pour la
position de rédacteur en chef que j'occu-
pais. Sur ces trente mille francs, je t'en
prête dix mille; tu vois que rien n'est
plus simple. Est-ce dit?
C'est dit! répondit Copeau tout à
fait décidé.
A quand ton départ ?
A demain soir.
Eh bien, viens à midi chez moi;
tu y trouveras les dix mille francs.
Tu demeures toujours rue Richer?
Toujours.
Melven mit son paletot.
Allons nous coucher il est quatre
heures du matin.
Sur le trottoir, les deux anciens co-
pins se serrèrent la main et s'en allèrent
chacun de son côté.
Voilà un jalon pour l'avenir se dit
Melven, et si je dois en user, je ne pou-
vais pas'trouver un meilleur placement
de ces dix* mille francs.
Copeau rentra chez lui se coucha et
rêva qu'il marchait en rabat devant les
juges de Grenoble et jetait à la foule, de
cette voix de fausset qui est l'apanage de
tous les huissiers-audienciers, la formule
jordinaire « Le Tribunal, messieurs!
•chapeaux bas I •»
Meurthe-et-Moselle, les Vosges, le Doubs, le Jura,
la Nièvre, l'Avoyron, les Hautes-Pyrénées, les Py-
rénées-Orientales,
Elle est passable dans quinze départements les
Côtes-du-Nord, le Calvados, l'Eure-et-Loir, ia
Seine, Se'îie-ét-Oise, Seine-et-Marne., te Loiret,
l'Indre-et-Loire, la Haute-Saône, 1 Allier," la Haute-
Vienne, la Charente, le Cantal, la Drôme, la
'Corse.
Elle est médiocre dans vingt-quatre départe-
ments l'Ille-et-Vilaine, la Loire-lnférieuro, la
Vendée, l'Eure, la Somme, l'Yonne, l'Aube, la
Haute-Marne, la Haute-Savoie, l'Isère, les Hautes-
Alpes. les Basses-Alpes, le Var, 1 Ardèche, là Lo-
zère, l'Hérault, l'Aude, l'Ariége, le Lot, le Gers,
le Lot-et-Garonne, la Gironde, les Landes, lés
Basses-Py renées.
Elle est mauvaise dans huit départements la
Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne, le Tarn, le
Gard, Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-'
Maritimes.
'Comme on le voit, la région la plus éprouvée est
celle du Midi, dont presque tous les départements
ont une récolte médiocre ou mauvaise.
Rome, 20 août. Un procès reten-
tissant va probablement être jugé bientôt par
la haute Cour du royaume, vu la position de
l'inculpé, le sénateur-prince Satriano, ac-
cusé de faux.
Voici l'affaire en deux mots. Je résume les
renseignements envoyés à ce sujet à la Per*
severanza.
Le prince Satriano, très richB Napolitain,
avait pris à intérêt, il y a plusieurs années,
le capital d'un peu plus de 20,000 francs,d'une
dame âgée, qui habitait à Cosenza ou à Ca-
tanzaro. Cette dame voulut ravoir, il y a deux
ou trais ans, cette somme le rembourse-
ment lui en fut promis, et rendez-vous donné
à'cet effet. Le prince y vint, ne paya pas et se
retira en emportant le reçu tout préparé,
mais non signé par la dame.
Fatiguée de promesses dilatoires, elle eut
recours aux tribunaux. Durant le procès, le
prince aurait introduit le fameux reçu, tout
signé cette fois, et se serait déclaré libéré de
sa dette. C'est l'authenticité de la signature
que la dame attaque, et c'est cette accusation
de faux contre un sénateur qui va probable-
ment se dénouer devant la Haute Cour. L'ex-
pertise en écriture no serait pas, dit-on, favo-
rable au prince Satriano.
Le bureau d'instruction, représenté par le
sénateur Borsani et le chevalier Pozza, vice-
chancelier, est parti, le 18, pour Naples, où
aura lieu l'interrogatoire du prévenu. Après
quoi, M. Borsani formulera les conclusions
qu'il aura à soumettre au Sénat.
•̃̃̃ STRASBOURG, 20 août. Deux voya-
ges de hauts personnages ont produit hier et
avant-hier un certain émoi dans notre gare.
C'était d'abord le grand-duc Constantin de
Russie, qui arrivait jeudi par le train-poste
du matin, et repartait un quart d'heure après
pour Bade, où est réunie en ce moment une
assez nombreuse société. Le lendemain, le
prince de Hohenloho, ambassadeur d'Allema-
gne à Paris, arrivait par le train de 8 heures
28 minutes du soir, et repartait aussitôt après
pour Munich.
Athènes, 21 août, soir. Le grand-
duc Alexis de Russie et le grand-duc Cons-
tantin, frère de la reine Olga, arriveront ce
soir.
Quelques journaux européens ont prétendu
que le roi Georges irait à Vienne pour se
rencontrer avec le prince de Serbie ils ajou-
tent qu'un traité d'alliance existerait entre la
Grèce et la Serbie depuis 1867. Ces nouvelles
sont controuvées.
1 MADRID, 21 août. Une lettre de
Barcelone annonce que le train de Monistrol
a été arrêté par les- carlistes qui ont volé
25,000 francs à la compagnie.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOBIl 1E JOUR
-11. 111. ~il.
M. Thiers, bien qu'absent, continue-
rait à présider aux destinées de son
parti. Le Moniteur universel croit savoir
avec les réserves d'usage, qui n'ont
point d'ailleurs une extrême importance
que M. Jules Simon aurait reçu les
dernières instructions de l'ex-président
et s'entendrait avec les députés de la
gauche qui sont encore à Paris ou à
Versailles, pour la campagne à organi-
ser en vue des élections sénatoriales.
Les résolutions de ce comité directeur
seraient transmises dans les départe-
ments aux comités républicains.
v** Le ton excessif des lettres de MM.
de Lorgeril et du Temple a frappé
l'Union elle-même; voici en quels ter-
mes elle s'exprime sur les deux factums
publiés par V Univers ̃'
Ces lettres resteront peut-être sans répon-
se elles n'en soulèveront pas moins de vifs
ressentiments. Les deux honorables députés
ont dû s'y attendre, mais cette considération
leur aura, comme d'ordinaire, paru n'avoir
qu'une très médiocre importance. Autrement,
ils auraient cherché à entourer l'expression
.• •̃-̃ XXIV
Le paquebot du Brésil arrive le 15 et
le 30 de chaque mois.- Pour les maisons
en relations d'affaires avec ce pays, ces
deux jours sont les plus importants et les
plus occupés du mois.
C'est à l'une de ces dates que nous
transporterons le lecteur chez Regim-
bal.
Le marchand de pierreries habitait le
premier étage d'une fort belle maison de
la rue de Grammont.. Son comptoir et
ses ateliers étaient situés dans la cour
et se composaient d'un bâtiment en aile
qui communiquait avec l'habitation par-
ticulière au moyen d'un escalier inté-
rieur. Mme Regimbai ne prenait aucune
part à la direction de la maison, de com-
merce. ̃
Au moment où nous nous introduisons
chez l'ambitieux marchand, il est dans
son cabinet, occupé au dépouillement de
sa volumineuse correspondance.
Un commis, assis à une petite table,
prend note, sous la dictée de Regimbai,
des commissions que contiennent les
lettres.
Dans le commerce, la rapidité de
l'exécution des ordres est souvent la
cause principale du succès.
Il était visible que Regimbai, qui ca-
chait cependant d'ordinaire toutes ses
émotions, parce que le propre des hoaH
mes sérieux, selon lui, était de ne paraî-
tre jamais émus, subissait une grosse
préoccupation.
Nous en dirons de suite la cause au
lecteur: le Paclcet du Brésil n'avait ap-
porté aucune lettre de Charles Desprez J
C'était là un fait anormal et des plus
inquiétants, car "depuis le jour ou il
avait quitté la France pour la première
fois, pareille omission n'était pas encore
arrivée.
A chaque lettre qu'ouvrait Regimbai,
il courait à la signature pensant tou-
jours y trouver le nom de Charles Des-
prez, et son désappointement s'expri-
mait sous la forme d'interjections plus
ou moins variées qui sortaient involon-
tairement de sa bouche.
Il arriva à un pli volumineux scellé de
cinq cachets de cire rouge sur lesquels
il était, facile de lire Chancellerie du
.consulat de France à Rio-de-Janeiro.
Qu'est ceci? murmura Regimbai.
Et d'une main que l'émotion faisait
trembler, il déchira l'enveloppe.
v Plusieurs papiers s'en échappèrent.
de la vérité de quelques précautions, de lan-
gaga qu'ils ont. il faut la dire, négligées abso-
lument, celte fois encore.
"Nous ne leur en faisons pas un grief, nous
n'exprimons pas même un regret; c'est une
simple constatation. Ils sont bien maîtres de
donner à leur pensée la forme qu'ils préfèrent,
d'autant plus maîtres qu'ils, ne parlent pas du `
haut do la tribune de la Chambre. Il est dou-
teux cependant que les « monarchistes », les
« modérés », les «c habiles » qu'ils poursui-
vent de leurs sarcasmes, goûtent beaucoup la
distinction.
Au moment où l'affaire Roques a
ramené ici sur le tapis la question de la
peine de mort, l'exécution qui a eu lieu
à Saint-Héiier excite une émotion sem-
blable dans ce coin de paradis qu'on ap-
pelle-l'ile de Jersey. M. de Molinari, qui
a envoyé au Journal des Débats le récit
éminemment dramatique de cette exé-
cution, donne quelques détails sur l'é-
motion qu'elle a causée.
Au moment même où la trappe s'ouvrait t
sous les pieds du condamné, un des deux
pasteurs qui Tassistaient dans cet instant su-
prême. M. Beaumont, s'est élancé tout éperdu
de la plate-forme en s'écriant « Vous venez
de mettre à mort un innocent » Et à sa sor-
tie de la prison, on le voyait s'agiter avec
véhémence temps, un colporteur criait un tract intitulé:
« Non! je n'ai pas assassiné ma sœur » sans
que ta police songeât à s'y opposer. Hier,
dimanche, le même M. Beaumont a tenu une
grande assemblée religieuse dans laquelle,
après s'être excusé de la vivacité de ses excla-
mations, il a fait le procès de la ^>eine de
mort.
Dans le numéro de la Chronique de
Jersey contenant le compte rendu de l'exécu-
tion,Je trouve à la troisième page, au milieu
des annonces, cet aphorisme imprimé en
grosses lettres, et qui pourrait bien être
l'argument le plus concluant des abolition-
nistes Une sentence irrévocable demande un
tribunal, infaillible! •
La même correspondance contient une
jolie esquisse des habitudes judiciaires
de Jersey..
Un groupe est rassemblé devant une
maison de médiocre apparence, autour
d'un orateur qui paraissait fort animé.
C'était une séance du jury d'expropria-
tion.
L'orateur- un avocat ayant, comme on
dit, la langue bien pendue plaidait avec
chaleur la -cause d'une veuve respectable,
propriétaire de la maison qu'il s'agissait d'a-
battre pour livrer passage à un chemin de
fer. Il s'apitoyait sur. le sort dé sa cliente,
qu'on allait expulser de son foyer en échange
d'une indemnité de 30 quartiers de froment
do rente, encore une originalité de ce
pays original, on continue à y évaluer les
rentes en blé. Au moins si cette rente était
garantie autrement que par les prospectus de
la Compagnie! Mais est-il donc sans exemple
à Jersey que les Compagnies n'aient pas tenu
les promesses de leurs prospectus? (Sourires
approbatifs de l'auditoire.) Supposons que
celle-ci fasse de mauvaises affaires, ce qui
ne serait pas sans exemple (nouveaux sou-
rires), -que deviendrait la malheureuse veuve
dont on veut abattre la maison en échange
d'une indemnité dérisoire et précaire ? Il lui
resterait un terrain nu avec quelques yards
de rails rongés par la rouille. Ah s'il s'agis-
sait de quelque personnage influent, de l'é-
cuyer X. par exemple, on y regarderait à
deux fois avant de toucher à la propriété;
mais il s'agit d'une veuve sans appui, etc.,
etc." L'avocat conclut en faisant un appel cha-
leureux à la justice du jury il s'éponge la
figure t remet tranquillement sur sa tête un
large chapeau de paille.
Un petit homme sec, en simple pa-
letot, mais d'une tenue fort correcte et
qui n'est autre que le procureur général,
prend la parole après l'avocat dont il ré-
fute les raisons. •
Ce n'est pas une affaire, dit-il, dans laquelle
il y ait lieu de s'apitoyer sur la veuve et l'or-
phelin, et vous pouvez vous dispenser de faire
sortir vos mouchoirs de vos poches. On a of-
fert à la dame une maison confortable en
échange de la sienne; elle l'a refusée, preuve
manifeste qu'elle ne craint pas d'être réduite
à loger sur de vieux rails mais vous, mem-
bres du jury d'expropriation, vous n'avez pas à
vous occuper du mode de paiement de l'iii-
demnité, c'est une question qui n'est pas de
votre ressort; vous avez à décider simple-
ment si l'indemnité offerte est équitable. Or,
la maison n'a jamais été estimée à plus de
vingt quartiers de froment de rente visitez-
la en détail et décidez si une offre de trente
quartiers la question du mode et des ga-
ranties de paiement étant réservée est ac-
ceptable ou non. L'auditoire semble retourné
par cette parole précise et nette; l'avocat
renonce à répliquer, et les membres de ce
jury en plein vent se mettent en devoir de vi-
siter la maison, objet du litige.
Le premier était un compte parfaite-
ment en règle, des opérations de Char-
les Desprez mais, chose bizarre, le
compte n'était pas écrit de sa main.
L'inquiétude de Regimbai augmenta.
Il ramassa le second papier et l'ou-
vrit. C
C'était un testament!
Il était signé Charles Desprez et avait
déjà six mois de date.
Par cet acte, l'associé de Regimbai,
prévoyant une mort subite ou un acci-
dent, déclarait léguer à sa femme et à
sa fille tous les biens dont il décéderait
propriétaire et constituait, pour le règle-
ment de sa succession, Robert Dachet,
dont il appréciait la haute intelligence,
et sur l'amitié duquel il comptait son
exécuteur testamentaire.
Qu'est-ce que cela veut dire ? pensa
-Regimbai qui n'osait encore entrevoir
la vérité
Il arriva au troisième papier.
C'était l'acte de décès en bonne.forme
de Charles Desprez
L'infortuné, victime de la fiévre jaune,
était mort après une maladie de trois
jours 1
Dans les plis de cet acte se trouvait t
une lettre du chancelier du consulat.
Par cette lettre, l'agent français appre-
nait à Regimbai le décès de Charles
Desprez et, après l'avoir instruit de tout
ce qui l'intéressait au point de vue de
ses affaires, le chargeait d'annoncer à
Mme Desprez la désolante nouvelle de
la mort de son mari.
Regimbai, ne pouvant dominer la pre-
mière impression qui était le regret,
laissa échapper une douloureuse excla-
mation.
Qu'avez-vous, Monsieur ? s'em-
pressa de demander le commis qui écri-
vait sous la dictée du négqciant.
Mais déjà Regimbai avait reconquis
sa superbe placidité.
Il dit de cette voix lente et sourde
qu'il'avait conquise à force de volonté.
Je crois, monsieur Richard, que
vous m'interrogez ?
–•Oh! pardon, monsieur, fit J'em-
ployé en rougissant, H m'avait semblé
que vous étiez sous le coup d'une subite
indisposition.
Je vous remercie de votre intérêt,
monsieur Richard. Vous pouvez vous
retirer. Dites- qu'on exécute les ordres
au plus vite. s>
Oui, monsieur. •
»*, Un wagnérien en vacances envoie à ] 1
l'Indépendante belm quelques notes inte-
ressantes sur Topera en quatre soirées, de
Richard Wagner, la tétralogie des Nte-
belungen, pour laquelle un théâtre spécial
a été;construit à Bayreuth. Ce wagnérien
a pu assister aux représentations prépara-
toires de l'oeuvre du musicien allemand
dont un correspondant du Figaro a ra-
conté le Ubretto, il y a quelques semai-
nes, dans le journal. r
Voici maintenant les mesures qui avaient
été prises" pour les répétitions
Le matin, de 10 h. à midi, répétition poup
l'orchestre seul (lecture) le soir, de 5 à 7
heures, répétition' d'ensemble avec les chan-
teurs.
Lundi, 2 août, Rheingold. ir0 partie.
Mardi, 3 » 2* partie.
Mercredi 4. Walkure 1er acte.
Jeudi, $ » |e acte.
Vendredi, 6. • 3» acte.
Samedi, 7 Siegfried loc acte.
Dimanche, 8.. » 2» acte.
Lundi, 9 ̃» 3" acte.
Mardi, 10 Gœtlerdammrung. 1er acte.
Mercredi,! 1. » 2° acte.
Jeudi, 12. » 3«acte.
Assis à une table tout près do la rampe,
Wagner dirigeait de la scène toutes les ré-
pétitions. Hans Richter était au pupitre dans
l'orchestre. Liszt se trouvait dans la salle vis-
à-vis de Wagner, la partition ouverte devant
lui sur un pupitre. C'était un vrai plaisir que
d'entendre avec quelle supériorité l'orchestre
lisait à vue les incroyables difficultés accumu-
lées dans ces partitions à cela, il joignait,
dans l'accompagnement des chanteurs, une
discrétion qu'on ne pouvait assez admirer;
De leur côte, les chanteurs ne méritent pour
la plupart que des éloges.
Les noms de ces chanteurs étant peu
connus en France, sauf celui du ténor
Niemann qui devait chanter le rôle de
Siogmund, dans la Walkure, et qu'une
indisposition de sa femme a forcé de
quitter Bayreuth, nous ne les reprodui-
sons pas. Autant qu'on peut le compren-
dre, le Siegfried, troisième partie de la
tétralogie, aurait fait moins d'effet que
le reste de ce gigantesque opéra à com-
partiments, mais .le plus grand succès a
étépourle GœUerdamnirung (le crépuscule
des dieux).
Quand arrivèrent les scènes finales, il y eut
une recrudescence d'enthousiasme qui s'em-
para de toutes les personnes présentes, J'a-
voue que, pour moi, c'est la plus profonde
impression que j'ai ressentie de ma vie. A la
fin, ce furent des trépignements, des cris de
« Vive Wagner. » Wagner remercia en peu
de mots les artistes et les exécutants pour le
zèle qu'ils avaient montré durant les répéti-
tions. Dans l'ensemble, elles ont été très satis-
faisantes. Quant au dernier ouvrage de Wa-
gner, c'est peut-être la manifestation la plus
grandiose du génie du maître. Le succès pour
année prochaine paraît désormais assuré.
La dernière réception chez Wagner a été
très brillante. Illuminations dans le jardin et
dans sa villa, feux d'artifice, sérénades don-
nées par la musique militaire de la garnison
de Bayreuth, rien n'y a manqué. Tous les
exécutants avaient été invités. Wagner leur a
réitéré l'expression de sa reconnaissance en
insistant' sur la portée des fêtes de Bayreuth.
Puis il a porté -la santé du roi de Bavière.
Après un toast à Wagner, très acclamé, Liszt
a exécuté des fragments de son oratorio Saint
François. Puis on s'est séparé aux cris répé-
tés dé « Vive Wagner 1 l'année 1876 »
Le XIXe Siècle avait précisément ra-
conté dernièrement l'histoire fort cu-
rieuse du théâtre qu'on a construit spé-
cialement pour la représentation unique
des Niebelungen.. >
La ville de Bayreuth a été choisie
comme une des plus tranquilles de l'Al-
lemagne, une des moins propres à dis-
traire les auditeurs des sublimes impres-
sions que doit leur procurer l'œuvre de
Richard Wagner. C'est pour la même
raison que toute espèce d'ornementation
a été sévèrement proscrite de la salle
la musique seule doit occuper les spec-
tateurs. J
Rien n'est froid comme l'aspect de ce théâ-
tre. C'est une baraque de foire gigantesque.
La salle est relativement peu élevée par con-
tre, la scène atteint une hauteur de 96 pieds
un toit de 26 pieds la surmonte, Total do l'é-
difice 12-2 pieds. Les bois voisins de Bayreuth
ne pouvant fournir des madriers assez élevés,
on fut obligé d'en faire venir du fin fond des
i forêts de Franconie. Ce détail peut donner une
idée des difficultés que présenta l'exécution
des plans de M. Wagner.
Mais l'intérieur est plus glacial encore que
l'extérieur, car tous les hommes étant égaux
devant la musique de l'avenir, les loges ont
̃ été supprimées. Les places sont en gradins
et les murs sont depourvus de tout orne-
Le commis salua et sortit du cabinet
de son chef.
Celui-ci posa l'index de sa main gau-
che sur son front et dit à mi-voix
Réfléchissons
C'était sa façon de procéder dans la
vie ordinaire comme dans les affaires.
Aussi, n'ayant jamais cédé à un premier
mouvement, il pouvait se flatter de n'a-
voir jamais rien fait qui compromît sa
considération ou sa fortune.
Le résultat dès réflexions de M. Re-
gimbai fut s.i odieux, si effroyablement
cynique, que nous hésiterions à le re-
tracer si notre rôle était autre que celui
d'un narrateur fidèle se bornant à racon-
ter des faits d'une inexorable vérité.
-Regimbai, l'associé de Desprez, le
bourgeois riche,- patenté, honoré, qui
rêvait la magistrature consulaire, la dé-
coration, l'époux qu'on citait comme un
modèle de foi conjugale, le père de deux
jeunes enfants, conçut la pensée de de-
venir l'amant d'Elise Desprez, la pure
jeune fille!
Ce misérable était bien le.digne époux
de Bettina Mittermann!
Et voici rinfâjne calcul que lui sug-
géra son monstrueux désir
Nul ne sait, se dit-il, ce que Charles
Desprez possède dans ma maison. Cette
ignorance peut s'utiliser à mon profit.
Qu'est-ce que je dois légalement à Mme
Desprez? Une rente viagère de six mille
francs. Six mille francs suffisent pour
faire vivre deux personnes; mais, Mme
Desprez venant à mourir, Etise Desprez
ne possédera rien, et c'est ici que .mon
intervention est d'un puissant intérêt.
Aujourd'hui tout le monde calcule, même
les jeunes filles. Je sais bien qu'elle doit
épouser Paul Maisonneuve! Sans dot,
le mariage devient difficile 1. Cepen-
dant la situation est délicate et pourrait
devenir périlleuse! Si je réussis, c'est
parfait. Je suis généreux sans bourse dé-
lier, car, en réalité, Charles Desprez
laisse plus de six cent mille francs dans
ma maison! Mais si je suis repoussé?
Diable Il mé faudrarendre des comptes
à Dachet, et Dachet est bien madré! Je
dois donc me borner, pour le moment, à
ne rien dire de l'avoir de Desprez, à ga-
gner du temps, ce qui est facile, à me
rendre intéressant par des offres de ser-
vice, à feindre la générosité, le dévoue-
ment, la sympathie et à attendre l'heure
favorable. Dans ces termes flottants',
ivagues, sans précision, dont l'interpré-
tation ne sera. jamais gênante doux mou.
ment. Il en résulte quelque chose d'à çotf
près aussi gai que le grand amphithéâtre de
l'Ecole de médecine. Entre la scène et la salle
se trouve un large fossé, dans lequel prendra
place l'orchestre, qui ne doit pas être vu des
spectateur^ M. Wagner, qui a horreur de la
simplicité, appelle ce fossé « l'espace mysti-
que, » (?) Le reste de cette construction
« idéale est à l'avenant.
Il est curieux également de savoir
comment s'est construit ce théâtre. Les
devis se montaient à 300,000 thalers, 1
soit 1,200,-000 francs voici comment on
parvint à réunir cette somme
M. Wagner lança dans le monde entier
pas en France, par exemple, la dernière
guerre nous aura du moins valu cette heu-
reuse exception il lança, disons-nous, des
prospectus par lesquels il annonçait que les
personnes pouvant disposer.de trois cents
thalers seraient admises à goûter les plus
pures jouissances artistiques, c'est-à-dire à
assister à la représentation unique de l'Anneau,
des Niebeluûqen, sur un théâtre modèle, qui
serait démoli au lendemain de cette solennité,
afin qu'il n'en restcât qu'un souvenir « exquis
et vaporeux ». M.Wagner ajoutait que pour
que tous ses admirateurs, riches et pauvres,
fussent représentés à cette fête de l'intelli-
gence, les deux tiers des billets à trois cents
thalers seraient réservés le premier tiers
pour être mis en loterie dans les sociétés mu-
sicales dites wagnériennes (la cotisation à ces
sociétés donnant simplement droit à un billet
de loterie) le second tiers pour être distri-
bué aux artistes pauvres ayant figuré dans
les concerts dits wagnériens, et choisis parmi
« les plus méritants » c'est-à-dire parmi les
plus fervents wagnéristes.
Le plus curieux, c'est qu'on souscri-
vit à l envi, si bien même que, lors de
la pose de la première pierre de son
théâtre, Richard Wagner témoigna le
regret de n'avoir pas mis les places à six.
cents thalers au lieu de trois cents.
S. M.
INFORMATIONS
Voici, suivant notre coutumo, la statistique
des déplacements d'amateurs de villégiature,
hier dimanche
Gare de l'Odest 36,000 voyageurs.
Lyon 13,000
ORLÉANS. 11,000 ~~i
• Nobd 29,000 < ¡,
Est. 13,000 ̃
VlNCENKES.. 17,000 ̃•– •>! •
Total, 119,000 voyageurs.
Vous voyez que le total est satisfaisant et
que les actionnaires doivent des remercie-
ments au soleil.
M. le maréchal de Mac-Mahon est sorti hier
matin vers neuf heures à cheval et s'est diri-
gé-vers les Champs-Elysées et le bois da
Boulogne.
Le maréchal était accompagné de son fils et
de M. le colonel Broye, également à cheval.
A l'occasion de sa nomination au grade de
sous-lieutenant. dans les chasseurs à pied,
M. Patrice de Mac-Mahon a offert hier un
dîner à l'Elysée à douze de ses camarades de
Saint-Cyr..
Grande fête à Saint-Roch, hier. La fête de
Saint-Roch, qui tombe le 16, avait été remise
au dimanche.
L'office a été dit par Mgr Richard, l'arche-
vêque de Larisse récemment promu à la di-
gnité de coadiuteur.:
C'est M. l'abbé Loyson, frère de l'ex-père
Hyacinthe et professeur à la Sorbonne, qui
a prononcé le sermon d'usage.
Prière de remarquer que nous n'abusons
pas de la circonstance peur faire des mau-
vaises plaisanteries sur la fête de M. de Paris.
On ne peut se faire une idée des travaux et
des changements qu'entraîne l'installation du
tramway de Gennevilliers à la place Moncey.
Il faut, dans tout 1e parcours de l'A venue
de Clichy, r'élargir la chaussée d'un mètre,
soit de cinquante centimètres aux dépens de
chaque trottoir; en conséquence, reculer et
refaire à nouveau chaque bouche et chaque
regard d'égout, déplacer toutes les colon-
nes. d'utilité urgente.
C'est à ces travaux que l'on procède en ce
moment; ces colonnes emmaillotées dans des
planches et des câbles, sont soutenues à l'aide
de orics, posées sur des rouleaux de fer et
replacées sur une nouvelle base bétonnée.
Il faudra défaire et reconstruire l'un des
deux ponts du chemin de ceinture qui sont
au bas de l'ancienne chaussée et substituer
aux voûtes en pierre un pont complétement
en fer, supporté par deux rangées de colonnes.
On voit que, malgré toute l'activité appor-
tée à ces travaux, la nouvelle, ligne ne sera
pas de sitôt livrée à la circulation.
Avant-hier a eu lieu, à l'audience des criéet
il n'y a, quoiqu'il arrive,, aucun danget
pour ma considération. Qui donc oserait
soupçonner M. Regimbal?
Et sur cette dernière réflexion, expri*
mée avec cette morgue puérile des gens
qui n'ont ni cœur, ni intelligence, 'Re-
gimbal sortit de son cabinet et passa
dans son appartement particulier.
Sa femme l'attendait pour déjeuner.
Regimbai, dans son intérieur, avait le
grotesque du bourgeois ignorant qui
veut singer le grand seigneur; il appe-
lait cela de la dignité et « du comme il
faut ». Rien n'était plus comique que
ses manières compassées, méthodiques
et parfaitement ridicules. C'était un con-
traste étrange avec sa femme, dont la
mauvaise tenue, le bavardage, le lan-
gage libre et la goinfrérie faisaient son
désespoir. Il lui disait « vous » et ne .l'ap-
pelait jamais que « Mme Regimbai. »
La très honorable négociant ne jugea
pas nécessaire d'instruire sa digne épouse
de la mort de Charles Desprez. Il savait
qu'elle était bavarde jusqu'à l'impru-
dence, et, en homme méfiant, ne disait
jamais un mot à Bettina qui pût directe-
ment ou indirectement compromettre
ses tortueuses combinaisons.
Il déjeuna vivement, fit cette toilette
sévère des gens qui. visent au sérieux,
toilette cependant qui n'était pas
exempte d'une certaine recherche, et
qui laissait percer de la prétention à
plaire, monta en voiture et se fit con-
duire rue de Vaugirard, chez Mme Des-
prez.
La figure maussade et particulière-
ment antipathique de Regimbai, se pré-.
tait merveilleusement à cette comédie'
de la tristesse et du chagrin que le né-
gociant se préparait à jouer.
Avant de desoendre de voiture, il tira
un petit miroir de sa poche, et, comme
l'acteur qui va entrer en scène, se com-
posa une physionomie bien en situation.
Cette physionomie ne devait plus le
quitter jusqu'au moment où il sortirait
de chez Mme Desprez:
Quiconque l'eût vu en ce moment
n'eut pu s'empêcher de dire
A coup sûr, cet homme est le mes-
sager d'une mauvaise nouvelle 1
Ilmonta chezMmeDespTez et remit sa
carte a la servante.
ARMAND Larôûh^
[La suite à tlmaiftjl f
parcourant ses domaines, visitant les
fermes, portant1 lui-même des secours
aux malades, causant comme un vieil
ami avec tous les paysans au milieu des-
quels il vit depuis un demi-siècle, et
montrant au visiteur ses magnifiques
étables dont il est justemerit fier ses
durhams aux formes opulentes, plutôt
que les médailles d'or et les prix d'hon-
neur recueillis dans vingt concours.
On dit généralement que la terre rap-
porte 2 à 3' 0/0. M. de Falloux a trouvé le
moyen de fairp rendre à la sienne 12 à
15 6/0. C'est plus fort que d'élever des la-
pins et de s'en faire 3,000 livres de
^snte!
Quand il a de l'argent de reste, il
ajoute un lit à l'hospice qu'il a fondé
pour les vieillards de la contrée et au-
quel, par une attention affectueuse et
délicate, il a donné le nom d'Hospice
Swetchine, afin de faire ainsi bénir à per-
pétuité par les malheureux le nom de sa
vénérable amie.
Avouez que voilà une façon de com-
prendre la vie à la campagne qui vaut
bien les cascades de Trouville et la folie
de certaines existences 1
̃ '̃̃ *e
Le duè de Broglie reste aussi dans sa
terre, dont il se contente, sans aller
courir les plages, les eaux à la mode et
les grands chemins. Son imposant châ-
teau, aux tourelles grandioses que le
temps a brunies, domine une pittores-
Ïue vallée que rafraîchit un cours d'eau.
Les fermes à toit de chaume se cachent,
à la façon normande, sous le feuillage
des pommiers et des hêtres, et le duc,
qui aime beaucoup la couleur et les
mœurs de sa province natale, se plaît à
parcourir à pied, une 'canne rustique à
la main, les gras pâturages où ruminent
tes belles vaches laitières. Il assiste en
connaisseur aux comices et ne manque
jamais, dans ses discours aux fêtes rura-
les qui sont de vrais petits chefs-d'œu-
vre, de célébrer sa chère Normandie en
rappelant ses gloires, en exaltant son
agriculture, en dépeignant son bétail
superbe et ses plantureuses campagnes.
Ces pages-là pourraient être signées
Troyon ou Daubigny.
Mais, en même temps, il y a chez le
duc du grand seigneur anglais; comme
Berryer, il aime la tenue, et dans ce
château bâti par les maréchaux de
France, ses ancêtres, et où ils venaient
se reposer de leurs victoires, on sent,
dès le seuil, qu'on n'est pas chez un par-
venu d'hier. Tout y a une certaine sévé-
ritéjUne certaine grandeur, et en voyant
da splendide bibliothèque qui occupe
toute une galerie, on devine le penseur
et l'académicien.
C'est là, devant un bureau garni de
vieux cuivres, que le duc, oubliant les
misères de la politique courante, cause
doucement avec ses pairs des deux der-
niers siècles et «retrempe son esprit à la
fois souple et fort pour des luttes nou-
velles.
•̃ **#
Ces t aussi le paysage normand qu'avait
-choisi. M. Guizot, de préférence aux plai-
nes brûlées de soleil qu'avait vues sa pre-
mière enfance. Beaucoup de méridio-
naux vont griller enProvence par amour
du pays natal. M.Guizot chercha, pour
finir ses jours, un coin vert et tranquille,
et comme si l'homme devait en toutes
choses trahir ses goûts intimes et sa
personnalité secrète, c'est une ancienne
.abbaye de bénédictins, le Val-Richer,
que ce bénédictin moderne acheta pour
sa dernière demeure.
On sait avec quel art les congrégations
d'autrefois choisissaient les lieux de
leurs monastères des arbres, de l'eau,
du silence, dans quelque vallon ver-
doyant et écarté. C'est précisément là
ce qu'ambitionnait M. Guizot et ce qui le
séduisit à première vue. Au Val-Richer,
il lisait, écrivait, méditait, dans la paix
la plus profonde, reposant ses yeux fati-
gués de tant de spectacles sur des prai-
3-iès d'émeraude, se promenant avec ses
petits-fils dans les allées d'un vaste jar-
din, visitant les fleurs du parterre dont
il aimait que les couleurs égayassant sa
table de travail, heureux comme un
sage des anciens âges et semblant un
patriarche au milieu de sa tribu.
Vers la fin de sa vie, il répondait par
",e billet plein de charme et d'élévation
ereine, à- uu ami qui l'interrogeait sur
Ecuitletoti du MRO du 23 JkoM 1815
30
••̃ LA ,̃̃̃
CHâSSE AUX F&MTOMES
PREMIÈRE PARTIE •
L'AMOUR DE Ij'OR
̃v xxin '̃-̃•'•̃ "1
̃'̃ ̃>̃• m Suite, "• ':r |
Copeau, dont les idées n'étaient plus
très lucides, fut pris d'une panique ter-
rible.
II me fera tuer, le misérable! s'écria-
t-il.
Ah je ne répondrais pas de ta vie
Melven mon bon Melven, dit Co-
peau, en pleurnichant, il n'y a que.toi
pour me sauver.
Et comment?
Donne-moi un bon conseil.
^C'était à cette demande que l'attendait
Melven, car il avait un but, le journa.
liste.
Un bon conseil? répéta-t-il. Je ferai
mieux je te donnerai le conseil et le
moyen de le mettre à exécution.
Brave coeur, va I
Ton père, l'honnête M. Copeau
haiissier-audi entier près le tribunaf civil
do Grenoble, regrette sans doute son
petit Louis, la chair de sa chair, -car il
t'aimait, ton père!
Oh 1 oui. -Mais il me rossait aussi!
dit Copeau hésitant entre la voix du
cœur et le souvenir des corrections
paternelles.
Preuve d'affection, mon ami! Eh
bien! retourne vers l'auteur de tes j.oursa
ouvre tes deux bras, jette-toi à son cou
et dis-lui « Papa, l'enfant prodigue re-
vient avec dixmille francs dans sa poche
pour acheter votre étude. Vous avez eu
peut-être le droit de maudire le fils in-
grat, mais vous devez des égards à votre
successeur, et c'est un successeur qui est
devant vous. ~» Ce langage touchera le
• cœur de l'huissier et du père; il s'atten-
Reproduction autorisée pour les journaux qui
"\t traité avec la société des Gens de lettres,
l'emploi de ses heures à la campagne
« J'enseigne l'histoire à mes petits-en-
fants, je vais voir si mes fruits mûris-
sent, et je remercie Dieu en l'admirant
dans ses œuvres. Je n'ai jamais compris
que trois genres de vie la vie de fa-
miHe, la vie politique et la vie reli-
gieuse. Je mène ici la première avec les
souvenirs de la seconde et avec les espé-
rances de la troisième! » » J.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
,̃ Cambrai, 21 août. La grosse af-
faire de contrebande de tabac et de cigares
étrangers, dont le Figaro a parlé, et qui fut
découverte à Paris au mois,de juin dernier, a
eu son dénouement jeudi soir, devant le tri-
bunal d'Avesnes.
Ce jugement condamne
!• François Cornut, ancien chef emballeur
à la gare du Nord à quatre ans et six mois
de prison, et à 172,885 francs d'amende;
2° Nicolas Guibaudet, chef emballeur, à la
même gare, à quatorze mois de prison et
172,886 francs d'amende.
Le Tribunal déclare en outre la Compagnie
du chemin de fer du Nord, civilement res-
ponsable de l'amende prononcée contre Gui-
baudeti
–o*- A vallon, 22 août, 5 h. 45 soir.
Aujourd'hui a eu lieu, à Avallon, le concours
de la Société centrale agricole de l'Yonne.
Affluence considérable, malgré le mauvais
temps de ce matin. Exposition fort complète.
La distribution des prix a eu lieu à quatre
heures. Trois discours ont été prononcés
deux traitant de matières agricoles. Le préfet,
empêché par la session du Conseil général,
avait chargé le sous-préfet d'Avallon de pren-
dre la parole à sa place. Ce dernier a pro-
noncé une allocution de circonstance, animée
de sentiments patriotiques, qui a été fort ap-
plaudie.
Les députés radicaux de l'Yonne, les -ci-
toyens Rathier, Lepère, Guichard, Paul Bert,
sont arrivés pour assister au banquet de ce
soir.
Vingt-trois conseils généraux ont clos au-
jourd'hui leur session.
Ce sont les conseils de l'Ain, de l'Allier, des
Basses-Alpes, de l'Aveyron, du Calvados, des
Côtes-du-Nord, de la Creuse, du Doubs, des
Landes, du Loir-et-Cher, de la Loire, de'la
Lozère, de Maine-et-Loire, du Morbihan, de
la Mayenne, de la Nièvre, du Pas-de-Calais, de
la Haute-Saône, de Seine-et-Marne, de Tarn-
et-Garonne, de Vaucluse, de la Haute-Vienne
et des Vosges.
Le Conseil général de l'Ain se réunira de
nouveau le 15 septembre pour une question
de chemin de fer.-
Avant la clôture du Conseil général de
l'Oise, qui a eu lieu hier, il a été demandé
qu'un buste de la République fût installé dans
la salle du Conseil. L'incident a été clos par
un voté du Conseil qui a demandé l'installa-
tion du buste de M." le Président de la Répu-
blique.
• BELLEGARDE, 22 août, midi. M.
Thiers a franchi ce matin, à neuf heures, la
frontière française se rendant en Suisse.
•~ Laon, 21 août. M. l'abbé Degois,
aumônier dos prisons do Laon, vient, par dé-
cret ministériel en date du 17 août, d'être
nommé officier de l'instruction publique pour
services exceptionnels rendus pendant vingt-
deux ans.
M. l'abbé Degois a déjà reçu une médaille
d'honneur pour actes de dévouement.
Marseille, 21 août. Par ordre de
l'autorité, le Casino de Marseille a été fermé
hier soir.
__™, Saumur, 22 août, midi. Nous som-
mes en fêtes pour 'trois jours. Courses au-
jourd'hui, carrousel de l'école de cavalerie;
demain et mardi, deuxième journée des cour-
ses.
Les hôtels sont envahis, et il est peu de
maisons particulières qui ne donnent l'hos-
pitalité à quelques amis et parents venus de
loin.
Nous avons ici en représentations théâtra-
les, pour ces trois jours, M. Marchand et
Mlle Chapuy, des Bouffes-Parisiens, M*Dé-
jon, M. Donat, Mlle Jeanne Laurent, de la
Renaissance, Mlle Donat, des Menus-Plai-
sirs.
On nous communique sur la récolte de
cette année en France une statistique qui nous
paraît devoir intéresser nos lecteurs
La récolte' est •bonne dans quinze départements
le Finistère, la Manche, l'Orne, l'Oise, la Lor-
raine. l'Alsace, la Côte-d'Or, le Cher, la Saône-et-
Loire, l'Ain. le Rhône, la Loire, le Puy-de-Dôme,
la Haute-Loire, la Charente-Inférieure.
Elle est assez bonne dans vingt-six départe-
ments le Morbihan, la Mayenne, la Sarthe, le
Maine-et-Loire, les Deux-Sèvres, le Loir-et-Cher,
la Vienne, l'Indre, la Creuze, la Corrèze, la Dor-
dogne, la Seine-Inférieure, le Pas-de-Calais, le
Nord, l'Aisne, les Ardennes, la Marne, la Meuse,
drira, versera quelqués pleurs et te cé-
dera son étude. Six mois après tu épou-
seras une belle fille qui t'apportera une
dot rondelette, et un an plus tard tu seras
père et le plus heureux des maris et des
huissiers-audienciers Voilà une jolie
position, hein?
Copeau commençait à se dégriser.
-Mais, malheureux, dit-il, où veux-
tu que je trouve les dix mille francs?
Ne t'ai-je pas dit que j'allais te
donner un bon conseil et le moyen de
le mettre à exécution?
>– Et ce moyen?. fit Copeau tout
anxieux.
C'est de te prêter la somme en ques-
tion tu mêla rendras si je retourne ja-
mais en Daùphiné.
Ah! s'écria Copeau, tu es la perle
des amis 1
Et il se jeta dans les bras de Melven.
-Pardon, dit celui-ci en le repoussant,
je ne suis pas ton père! Réserve ce mou-
vement pathétique pour l'excellent
homme à qui tu dois la vie.
Mais tu es donc riche, toi ? demanda
Copeau un peu remis de son émotion.
Je suis. pauvre comme Job mon
vieux. Seulement Dachet a vendu son
journal et son acquéreur me compte de-
main matin trente mille francs pour la
position de rédacteur en chef que j'occu-
pais. Sur ces trente mille francs, je t'en
prête dix mille; tu vois que rien n'est
plus simple. Est-ce dit?
C'est dit! répondit Copeau tout à
fait décidé.
A quand ton départ ?
A demain soir.
Eh bien, viens à midi chez moi;
tu y trouveras les dix mille francs.
Tu demeures toujours rue Richer?
Toujours.
Melven mit son paletot.
Allons nous coucher il est quatre
heures du matin.
Sur le trottoir, les deux anciens co-
pins se serrèrent la main et s'en allèrent
chacun de son côté.
Voilà un jalon pour l'avenir se dit
Melven, et si je dois en user, je ne pou-
vais pas'trouver un meilleur placement
de ces dix* mille francs.
Copeau rentra chez lui se coucha et
rêva qu'il marchait en rabat devant les
juges de Grenoble et jetait à la foule, de
cette voix de fausset qui est l'apanage de
tous les huissiers-audienciers, la formule
jordinaire « Le Tribunal, messieurs!
•chapeaux bas I •»
Meurthe-et-Moselle, les Vosges, le Doubs, le Jura,
la Nièvre, l'Avoyron, les Hautes-Pyrénées, les Py-
rénées-Orientales,
Elle est passable dans quinze départements les
Côtes-du-Nord, le Calvados, l'Eure-et-Loir, ia
Seine, Se'îie-ét-Oise, Seine-et-Marne., te Loiret,
l'Indre-et-Loire, la Haute-Saône, 1 Allier," la Haute-
Vienne, la Charente, le Cantal, la Drôme, la
'Corse.
Elle est médiocre dans vingt-quatre départe-
ments l'Ille-et-Vilaine, la Loire-lnférieuro, la
Vendée, l'Eure, la Somme, l'Yonne, l'Aube, la
Haute-Marne, la Haute-Savoie, l'Isère, les Hautes-
Alpes. les Basses-Alpes, le Var, 1 Ardèche, là Lo-
zère, l'Hérault, l'Aude, l'Ariége, le Lot, le Gers,
le Lot-et-Garonne, la Gironde, les Landes, lés
Basses-Py renées.
Elle est mauvaise dans huit départements la
Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne, le Tarn, le
Gard, Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-'
Maritimes.
'Comme on le voit, la région la plus éprouvée est
celle du Midi, dont presque tous les départements
ont une récolte médiocre ou mauvaise.
Rome, 20 août. Un procès reten-
tissant va probablement être jugé bientôt par
la haute Cour du royaume, vu la position de
l'inculpé, le sénateur-prince Satriano, ac-
cusé de faux.
Voici l'affaire en deux mots. Je résume les
renseignements envoyés à ce sujet à la Per*
severanza.
Le prince Satriano, très richB Napolitain,
avait pris à intérêt, il y a plusieurs années,
le capital d'un peu plus de 20,000 francs,d'une
dame âgée, qui habitait à Cosenza ou à Ca-
tanzaro. Cette dame voulut ravoir, il y a deux
ou trais ans, cette somme le rembourse-
ment lui en fut promis, et rendez-vous donné
à'cet effet. Le prince y vint, ne paya pas et se
retira en emportant le reçu tout préparé,
mais non signé par la dame.
Fatiguée de promesses dilatoires, elle eut
recours aux tribunaux. Durant le procès, le
prince aurait introduit le fameux reçu, tout
signé cette fois, et se serait déclaré libéré de
sa dette. C'est l'authenticité de la signature
que la dame attaque, et c'est cette accusation
de faux contre un sénateur qui va probable-
ment se dénouer devant la Haute Cour. L'ex-
pertise en écriture no serait pas, dit-on, favo-
rable au prince Satriano.
Le bureau d'instruction, représenté par le
sénateur Borsani et le chevalier Pozza, vice-
chancelier, est parti, le 18, pour Naples, où
aura lieu l'interrogatoire du prévenu. Après
quoi, M. Borsani formulera les conclusions
qu'il aura à soumettre au Sénat.
•̃̃̃ STRASBOURG, 20 août. Deux voya-
ges de hauts personnages ont produit hier et
avant-hier un certain émoi dans notre gare.
C'était d'abord le grand-duc Constantin de
Russie, qui arrivait jeudi par le train-poste
du matin, et repartait un quart d'heure après
pour Bade, où est réunie en ce moment une
assez nombreuse société. Le lendemain, le
prince de Hohenloho, ambassadeur d'Allema-
gne à Paris, arrivait par le train de 8 heures
28 minutes du soir, et repartait aussitôt après
pour Munich.
Athènes, 21 août, soir. Le grand-
duc Alexis de Russie et le grand-duc Cons-
tantin, frère de la reine Olga, arriveront ce
soir.
Quelques journaux européens ont prétendu
que le roi Georges irait à Vienne pour se
rencontrer avec le prince de Serbie ils ajou-
tent qu'un traité d'alliance existerait entre la
Grèce et la Serbie depuis 1867. Ces nouvelles
sont controuvées.
1 MADRID, 21 août. Une lettre de
Barcelone annonce que le train de Monistrol
a été arrêté par les- carlistes qui ont volé
25,000 francs à la compagnie.
Auguste Marcade.
PARIS AU JOBIl 1E JOUR
-11. 111. ~il.
M. Thiers, bien qu'absent, continue-
rait à présider aux destinées de son
parti. Le Moniteur universel croit savoir
avec les réserves d'usage, qui n'ont
point d'ailleurs une extrême importance
que M. Jules Simon aurait reçu les
dernières instructions de l'ex-président
et s'entendrait avec les députés de la
gauche qui sont encore à Paris ou à
Versailles, pour la campagne à organi-
ser en vue des élections sénatoriales.
Les résolutions de ce comité directeur
seraient transmises dans les départe-
ments aux comités républicains.
v** Le ton excessif des lettres de MM.
de Lorgeril et du Temple a frappé
l'Union elle-même; voici en quels ter-
mes elle s'exprime sur les deux factums
publiés par V Univers ̃'
Ces lettres resteront peut-être sans répon-
se elles n'en soulèveront pas moins de vifs
ressentiments. Les deux honorables députés
ont dû s'y attendre, mais cette considération
leur aura, comme d'ordinaire, paru n'avoir
qu'une très médiocre importance. Autrement,
ils auraient cherché à entourer l'expression
.• •̃-̃ XXIV
Le paquebot du Brésil arrive le 15 et
le 30 de chaque mois.- Pour les maisons
en relations d'affaires avec ce pays, ces
deux jours sont les plus importants et les
plus occupés du mois.
C'est à l'une de ces dates que nous
transporterons le lecteur chez Regim-
bal.
Le marchand de pierreries habitait le
premier étage d'une fort belle maison de
la rue de Grammont.. Son comptoir et
ses ateliers étaient situés dans la cour
et se composaient d'un bâtiment en aile
qui communiquait avec l'habitation par-
ticulière au moyen d'un escalier inté-
rieur. Mme Regimbai ne prenait aucune
part à la direction de la maison, de com-
merce. ̃
Au moment où nous nous introduisons
chez l'ambitieux marchand, il est dans
son cabinet, occupé au dépouillement de
sa volumineuse correspondance.
Un commis, assis à une petite table,
prend note, sous la dictée de Regimbai,
des commissions que contiennent les
lettres.
Dans le commerce, la rapidité de
l'exécution des ordres est souvent la
cause principale du succès.
Il était visible que Regimbai, qui ca-
chait cependant d'ordinaire toutes ses
émotions, parce que le propre des hoaH
mes sérieux, selon lui, était de ne paraî-
tre jamais émus, subissait une grosse
préoccupation.
Nous en dirons de suite la cause au
lecteur: le Paclcet du Brésil n'avait ap-
porté aucune lettre de Charles Desprez J
C'était là un fait anormal et des plus
inquiétants, car "depuis le jour ou il
avait quitté la France pour la première
fois, pareille omission n'était pas encore
arrivée.
A chaque lettre qu'ouvrait Regimbai,
il courait à la signature pensant tou-
jours y trouver le nom de Charles Des-
prez, et son désappointement s'expri-
mait sous la forme d'interjections plus
ou moins variées qui sortaient involon-
tairement de sa bouche.
Il arriva à un pli volumineux scellé de
cinq cachets de cire rouge sur lesquels
il était, facile de lire Chancellerie du
.consulat de France à Rio-de-Janeiro.
Qu'est ceci? murmura Regimbai.
Et d'une main que l'émotion faisait
trembler, il déchira l'enveloppe.
v Plusieurs papiers s'en échappèrent.
de la vérité de quelques précautions, de lan-
gaga qu'ils ont. il faut la dire, négligées abso-
lument, celte fois encore.
"Nous ne leur en faisons pas un grief, nous
n'exprimons pas même un regret; c'est une
simple constatation. Ils sont bien maîtres de
donner à leur pensée la forme qu'ils préfèrent,
d'autant plus maîtres qu'ils, ne parlent pas du `
haut do la tribune de la Chambre. Il est dou-
teux cependant que les « monarchistes », les
« modérés », les «c habiles » qu'ils poursui-
vent de leurs sarcasmes, goûtent beaucoup la
distinction.
Au moment où l'affaire Roques a
ramené ici sur le tapis la question de la
peine de mort, l'exécution qui a eu lieu
à Saint-Héiier excite une émotion sem-
blable dans ce coin de paradis qu'on ap-
pelle-l'ile de Jersey. M. de Molinari, qui
a envoyé au Journal des Débats le récit
éminemment dramatique de cette exé-
cution, donne quelques détails sur l'é-
motion qu'elle a causée.
Au moment même où la trappe s'ouvrait t
sous les pieds du condamné, un des deux
pasteurs qui Tassistaient dans cet instant su-
prême. M. Beaumont, s'est élancé tout éperdu
de la plate-forme en s'écriant « Vous venez
de mettre à mort un innocent » Et à sa sor-
tie de la prison, on le voyait s'agiter avec
véhémence
« Non! je n'ai pas assassiné ma sœur » sans
que ta police songeât à s'y opposer. Hier,
dimanche, le même M. Beaumont a tenu une
grande assemblée religieuse dans laquelle,
après s'être excusé de la vivacité de ses excla-
mations, il a fait le procès de la ^>eine de
mort.
Dans le numéro de la Chronique de
Jersey contenant le compte rendu de l'exécu-
tion,Je trouve à la troisième page, au milieu
des annonces, cet aphorisme imprimé en
grosses lettres, et qui pourrait bien être
l'argument le plus concluant des abolition-
nistes Une sentence irrévocable demande un
tribunal, infaillible! •
La même correspondance contient une
jolie esquisse des habitudes judiciaires
de Jersey..
Un groupe est rassemblé devant une
maison de médiocre apparence, autour
d'un orateur qui paraissait fort animé.
C'était une séance du jury d'expropria-
tion.
L'orateur- un avocat ayant, comme on
dit, la langue bien pendue plaidait avec
chaleur la -cause d'une veuve respectable,
propriétaire de la maison qu'il s'agissait d'a-
battre pour livrer passage à un chemin de
fer. Il s'apitoyait sur. le sort dé sa cliente,
qu'on allait expulser de son foyer en échange
d'une indemnité de 30 quartiers de froment
do rente, encore une originalité de ce
pays original, on continue à y évaluer les
rentes en blé. Au moins si cette rente était
garantie autrement que par les prospectus de
la Compagnie! Mais est-il donc sans exemple
à Jersey que les Compagnies n'aient pas tenu
les promesses de leurs prospectus? (Sourires
approbatifs de l'auditoire.) Supposons que
celle-ci fasse de mauvaises affaires, ce qui
ne serait pas sans exemple (nouveaux sou-
rires), -que deviendrait la malheureuse veuve
dont on veut abattre la maison en échange
d'une indemnité dérisoire et précaire ? Il lui
resterait un terrain nu avec quelques yards
de rails rongés par la rouille. Ah s'il s'agis-
sait de quelque personnage influent, de l'é-
cuyer X. par exemple, on y regarderait à
deux fois avant de toucher à la propriété;
mais il s'agit d'une veuve sans appui, etc.,
etc." L'avocat conclut en faisant un appel cha-
leureux à la justice du jury il s'éponge la
figure t remet tranquillement sur sa tête un
large chapeau de paille.
Un petit homme sec, en simple pa-
letot, mais d'une tenue fort correcte et
qui n'est autre que le procureur général,
prend la parole après l'avocat dont il ré-
fute les raisons. •
Ce n'est pas une affaire, dit-il, dans laquelle
il y ait lieu de s'apitoyer sur la veuve et l'or-
phelin, et vous pouvez vous dispenser de faire
sortir vos mouchoirs de vos poches. On a of-
fert à la dame une maison confortable en
échange de la sienne; elle l'a refusée, preuve
manifeste qu'elle ne craint pas d'être réduite
à loger sur de vieux rails mais vous, mem-
bres du jury d'expropriation, vous n'avez pas à
vous occuper du mode de paiement de l'iii-
demnité, c'est une question qui n'est pas de
votre ressort; vous avez à décider simple-
ment si l'indemnité offerte est équitable. Or,
la maison n'a jamais été estimée à plus de
vingt quartiers de froment de rente visitez-
la en détail et décidez si une offre de trente
quartiers la question du mode et des ga-
ranties de paiement étant réservée est ac-
ceptable ou non. L'auditoire semble retourné
par cette parole précise et nette; l'avocat
renonce à répliquer, et les membres de ce
jury en plein vent se mettent en devoir de vi-
siter la maison, objet du litige.
Le premier était un compte parfaite-
ment en règle, des opérations de Char-
les Desprez mais, chose bizarre, le
compte n'était pas écrit de sa main.
L'inquiétude de Regimbai augmenta.
Il ramassa le second papier et l'ou-
vrit. C
C'était un testament!
Il était signé Charles Desprez et avait
déjà six mois de date.
Par cet acte, l'associé de Regimbai,
prévoyant une mort subite ou un acci-
dent, déclarait léguer à sa femme et à
sa fille tous les biens dont il décéderait
propriétaire et constituait, pour le règle-
ment de sa succession, Robert Dachet,
dont il appréciait la haute intelligence,
et sur l'amitié duquel il comptait son
exécuteur testamentaire.
Qu'est-ce que cela veut dire ? pensa
-Regimbai qui n'osait encore entrevoir
la vérité
Il arriva au troisième papier.
C'était l'acte de décès en bonne.forme
de Charles Desprez
L'infortuné, victime de la fiévre jaune,
était mort après une maladie de trois
jours 1
Dans les plis de cet acte se trouvait t
une lettre du chancelier du consulat.
Par cette lettre, l'agent français appre-
nait à Regimbai le décès de Charles
Desprez et, après l'avoir instruit de tout
ce qui l'intéressait au point de vue de
ses affaires, le chargeait d'annoncer à
Mme Desprez la désolante nouvelle de
la mort de son mari.
Regimbai, ne pouvant dominer la pre-
mière impression qui était le regret,
laissa échapper une douloureuse excla-
mation.
Qu'avez-vous, Monsieur ? s'em-
pressa de demander le commis qui écri-
vait sous la dictée du négqciant.
Mais déjà Regimbai avait reconquis
sa superbe placidité.
Il dit de cette voix lente et sourde
qu'il'avait conquise à force de volonté.
Je crois, monsieur Richard, que
vous m'interrogez ?
–•Oh! pardon, monsieur, fit J'em-
ployé en rougissant, H m'avait semblé
que vous étiez sous le coup d'une subite
indisposition.
Je vous remercie de votre intérêt,
monsieur Richard. Vous pouvez vous
retirer. Dites- qu'on exécute les ordres
au plus vite. s>
Oui, monsieur. •
»*, Un wagnérien en vacances envoie à ] 1
l'Indépendante belm quelques notes inte-
ressantes sur Topera en quatre soirées, de
Richard Wagner, la tétralogie des Nte-
belungen, pour laquelle un théâtre spécial
a été;construit à Bayreuth. Ce wagnérien
a pu assister aux représentations prépara-
toires de l'oeuvre du musicien allemand
dont un correspondant du Figaro a ra-
conté le Ubretto, il y a quelques semai-
nes, dans le journal. r
Voici maintenant les mesures qui avaient
été prises" pour les répétitions
Le matin, de 10 h. à midi, répétition poup
l'orchestre seul (lecture) le soir, de 5 à 7
heures, répétition' d'ensemble avec les chan-
teurs.
Lundi, 2 août, Rheingold. ir0 partie.
Mardi, 3 » 2* partie.
Mercredi 4. Walkure 1er acte.
Jeudi, $ » |e acte.
Vendredi, 6. • 3» acte.
Samedi, 7 Siegfried loc acte.
Dimanche, 8.. » 2» acte.
Lundi, 9 ̃» 3" acte.
Mardi, 10 Gœtlerdammrung. 1er acte.
Mercredi,! 1. » 2° acte.
Jeudi, 12. » 3«acte.
Assis à une table tout près do la rampe,
Wagner dirigeait de la scène toutes les ré-
pétitions. Hans Richter était au pupitre dans
l'orchestre. Liszt se trouvait dans la salle vis-
à-vis de Wagner, la partition ouverte devant
lui sur un pupitre. C'était un vrai plaisir que
d'entendre avec quelle supériorité l'orchestre
lisait à vue les incroyables difficultés accumu-
lées dans ces partitions à cela, il joignait,
dans l'accompagnement des chanteurs, une
discrétion qu'on ne pouvait assez admirer;
De leur côte, les chanteurs ne méritent pour
la plupart que des éloges.
Les noms de ces chanteurs étant peu
connus en France, sauf celui du ténor
Niemann qui devait chanter le rôle de
Siogmund, dans la Walkure, et qu'une
indisposition de sa femme a forcé de
quitter Bayreuth, nous ne les reprodui-
sons pas. Autant qu'on peut le compren-
dre, le Siegfried, troisième partie de la
tétralogie, aurait fait moins d'effet que
le reste de ce gigantesque opéra à com-
partiments, mais .le plus grand succès a
étépourle GœUerdamnirung (le crépuscule
des dieux).
Quand arrivèrent les scènes finales, il y eut
une recrudescence d'enthousiasme qui s'em-
para de toutes les personnes présentes, J'a-
voue que, pour moi, c'est la plus profonde
impression que j'ai ressentie de ma vie. A la
fin, ce furent des trépignements, des cris de
« Vive Wagner. » Wagner remercia en peu
de mots les artistes et les exécutants pour le
zèle qu'ils avaient montré durant les répéti-
tions. Dans l'ensemble, elles ont été très satis-
faisantes. Quant au dernier ouvrage de Wa-
gner, c'est peut-être la manifestation la plus
grandiose du génie du maître. Le succès pour
année prochaine paraît désormais assuré.
La dernière réception chez Wagner a été
très brillante. Illuminations dans le jardin et
dans sa villa, feux d'artifice, sérénades don-
nées par la musique militaire de la garnison
de Bayreuth, rien n'y a manqué. Tous les
exécutants avaient été invités. Wagner leur a
réitéré l'expression de sa reconnaissance en
insistant' sur la portée des fêtes de Bayreuth.
Puis il a porté -la santé du roi de Bavière.
Après un toast à Wagner, très acclamé, Liszt
a exécuté des fragments de son oratorio Saint
François. Puis on s'est séparé aux cris répé-
tés dé « Vive Wagner 1 l'année 1876 »
Le XIXe Siècle avait précisément ra-
conté dernièrement l'histoire fort cu-
rieuse du théâtre qu'on a construit spé-
cialement pour la représentation unique
des Niebelungen.. >
La ville de Bayreuth a été choisie
comme une des plus tranquilles de l'Al-
lemagne, une des moins propres à dis-
traire les auditeurs des sublimes impres-
sions que doit leur procurer l'œuvre de
Richard Wagner. C'est pour la même
raison que toute espèce d'ornementation
a été sévèrement proscrite de la salle
la musique seule doit occuper les spec-
tateurs. J
Rien n'est froid comme l'aspect de ce théâ-
tre. C'est une baraque de foire gigantesque.
La salle est relativement peu élevée par con-
tre, la scène atteint une hauteur de 96 pieds
un toit de 26 pieds la surmonte, Total do l'é-
difice 12-2 pieds. Les bois voisins de Bayreuth
ne pouvant fournir des madriers assez élevés,
on fut obligé d'en faire venir du fin fond des
i forêts de Franconie. Ce détail peut donner une
idée des difficultés que présenta l'exécution
des plans de M. Wagner.
Mais l'intérieur est plus glacial encore que
l'extérieur, car tous les hommes étant égaux
devant la musique de l'avenir, les loges ont
̃ été supprimées. Les places sont en gradins
et les murs sont depourvus de tout orne-
Le commis salua et sortit du cabinet
de son chef.
Celui-ci posa l'index de sa main gau-
che sur son front et dit à mi-voix
Réfléchissons
C'était sa façon de procéder dans la
vie ordinaire comme dans les affaires.
Aussi, n'ayant jamais cédé à un premier
mouvement, il pouvait se flatter de n'a-
voir jamais rien fait qui compromît sa
considération ou sa fortune.
Le résultat dès réflexions de M. Re-
gimbai fut s.i odieux, si effroyablement
cynique, que nous hésiterions à le re-
tracer si notre rôle était autre que celui
d'un narrateur fidèle se bornant à racon-
ter des faits d'une inexorable vérité.
-Regimbai, l'associé de Desprez, le
bourgeois riche,- patenté, honoré, qui
rêvait la magistrature consulaire, la dé-
coration, l'époux qu'on citait comme un
modèle de foi conjugale, le père de deux
jeunes enfants, conçut la pensée de de-
venir l'amant d'Elise Desprez, la pure
jeune fille!
Ce misérable était bien le.digne époux
de Bettina Mittermann!
Et voici rinfâjne calcul que lui sug-
géra son monstrueux désir
Nul ne sait, se dit-il, ce que Charles
Desprez possède dans ma maison. Cette
ignorance peut s'utiliser à mon profit.
Qu'est-ce que je dois légalement à Mme
Desprez? Une rente viagère de six mille
francs. Six mille francs suffisent pour
faire vivre deux personnes; mais, Mme
Desprez venant à mourir, Etise Desprez
ne possédera rien, et c'est ici que .mon
intervention est d'un puissant intérêt.
Aujourd'hui tout le monde calcule, même
les jeunes filles. Je sais bien qu'elle doit
épouser Paul Maisonneuve! Sans dot,
le mariage devient difficile 1. Cepen-
dant la situation est délicate et pourrait
devenir périlleuse! Si je réussis, c'est
parfait. Je suis généreux sans bourse dé-
lier, car, en réalité, Charles Desprez
laisse plus de six cent mille francs dans
ma maison! Mais si je suis repoussé?
Diable Il mé faudrarendre des comptes
à Dachet, et Dachet est bien madré! Je
dois donc me borner, pour le moment, à
ne rien dire de l'avoir de Desprez, à ga-
gner du temps, ce qui est facile, à me
rendre intéressant par des offres de ser-
vice, à feindre la générosité, le dévoue-
ment, la sympathie et à attendre l'heure
favorable. Dans ces termes flottants',
ivagues, sans précision, dont l'interpré-
tation ne sera. jamais gênante doux mou.
ment. Il en résulte quelque chose d'à çotf
près aussi gai que le grand amphithéâtre de
l'Ecole de médecine. Entre la scène et la salle
se trouve un large fossé, dans lequel prendra
place l'orchestre, qui ne doit pas être vu des
spectateur^ M. Wagner, qui a horreur de la
simplicité, appelle ce fossé « l'espace mysti-
que, » (?) Le reste de cette construction
« idéale est à l'avenant.
Il est curieux également de savoir
comment s'est construit ce théâtre. Les
devis se montaient à 300,000 thalers, 1
soit 1,200,-000 francs voici comment on
parvint à réunir cette somme
M. Wagner lança dans le monde entier
pas en France, par exemple, la dernière
guerre nous aura du moins valu cette heu-
reuse exception il lança, disons-nous, des
prospectus par lesquels il annonçait que les
personnes pouvant disposer.de trois cents
thalers seraient admises à goûter les plus
pures jouissances artistiques, c'est-à-dire à
assister à la représentation unique de l'Anneau,
des Niebeluûqen, sur un théâtre modèle, qui
serait démoli au lendemain de cette solennité,
afin qu'il n'en restcât qu'un souvenir « exquis
et vaporeux ». M.Wagner ajoutait que pour
que tous ses admirateurs, riches et pauvres,
fussent représentés à cette fête de l'intelli-
gence, les deux tiers des billets à trois cents
thalers seraient réservés le premier tiers
pour être mis en loterie dans les sociétés mu-
sicales dites wagnériennes (la cotisation à ces
sociétés donnant simplement droit à un billet
de loterie) le second tiers pour être distri-
bué aux artistes pauvres ayant figuré dans
les concerts dits wagnériens, et choisis parmi
« les plus méritants » c'est-à-dire parmi les
plus fervents wagnéristes.
Le plus curieux, c'est qu'on souscri-
vit à l envi, si bien même que, lors de
la pose de la première pierre de son
théâtre, Richard Wagner témoigna le
regret de n'avoir pas mis les places à six.
cents thalers au lieu de trois cents.
S. M.
INFORMATIONS
Voici, suivant notre coutumo, la statistique
des déplacements d'amateurs de villégiature,
hier dimanche
Gare de l'Odest 36,000 voyageurs.
Lyon 13,000
ORLÉANS. 11,000 ~~i
• Nobd 29,000 < ¡,
Est. 13,000 ̃
VlNCENKES.. 17,000 ̃•– •>! •
Total, 119,000 voyageurs.
Vous voyez que le total est satisfaisant et
que les actionnaires doivent des remercie-
ments au soleil.
M. le maréchal de Mac-Mahon est sorti hier
matin vers neuf heures à cheval et s'est diri-
gé-vers les Champs-Elysées et le bois da
Boulogne.
Le maréchal était accompagné de son fils et
de M. le colonel Broye, également à cheval.
A l'occasion de sa nomination au grade de
sous-lieutenant. dans les chasseurs à pied,
M. Patrice de Mac-Mahon a offert hier un
dîner à l'Elysée à douze de ses camarades de
Saint-Cyr..
Grande fête à Saint-Roch, hier. La fête de
Saint-Roch, qui tombe le 16, avait été remise
au dimanche.
L'office a été dit par Mgr Richard, l'arche-
vêque de Larisse récemment promu à la di-
gnité de coadiuteur.:
C'est M. l'abbé Loyson, frère de l'ex-père
Hyacinthe et professeur à la Sorbonne, qui
a prononcé le sermon d'usage.
Prière de remarquer que nous n'abusons
pas de la circonstance peur faire des mau-
vaises plaisanteries sur la fête de M. de Paris.
On ne peut se faire une idée des travaux et
des changements qu'entraîne l'installation du
tramway de Gennevilliers à la place Moncey.
Il faut, dans tout 1e parcours de l'A venue
de Clichy, r'élargir la chaussée d'un mètre,
soit de cinquante centimètres aux dépens de
chaque trottoir; en conséquence, reculer et
refaire à nouveau chaque bouche et chaque
regard d'égout, déplacer toutes les colon-
nes. d'utilité urgente.
C'est à ces travaux que l'on procède en ce
moment; ces colonnes emmaillotées dans des
planches et des câbles, sont soutenues à l'aide
de orics, posées sur des rouleaux de fer et
replacées sur une nouvelle base bétonnée.
Il faudra défaire et reconstruire l'un des
deux ponts du chemin de ceinture qui sont
au bas de l'ancienne chaussée et substituer
aux voûtes en pierre un pont complétement
en fer, supporté par deux rangées de colonnes.
On voit que, malgré toute l'activité appor-
tée à ces travaux, la nouvelle, ligne ne sera
pas de sitôt livrée à la circulation.
Avant-hier a eu lieu, à l'audience des criéet
il n'y a, quoiqu'il arrive,, aucun danget
pour ma considération. Qui donc oserait
soupçonner M. Regimbal?
Et sur cette dernière réflexion, expri*
mée avec cette morgue puérile des gens
qui n'ont ni cœur, ni intelligence, 'Re-
gimbal sortit de son cabinet et passa
dans son appartement particulier.
Sa femme l'attendait pour déjeuner.
Regimbai, dans son intérieur, avait le
grotesque du bourgeois ignorant qui
veut singer le grand seigneur; il appe-
lait cela de la dignité et « du comme il
faut ». Rien n'était plus comique que
ses manières compassées, méthodiques
et parfaitement ridicules. C'était un con-
traste étrange avec sa femme, dont la
mauvaise tenue, le bavardage, le lan-
gage libre et la goinfrérie faisaient son
désespoir. Il lui disait « vous » et ne .l'ap-
pelait jamais que « Mme Regimbai. »
La très honorable négociant ne jugea
pas nécessaire d'instruire sa digne épouse
de la mort de Charles Desprez. Il savait
qu'elle était bavarde jusqu'à l'impru-
dence, et, en homme méfiant, ne disait
jamais un mot à Bettina qui pût directe-
ment ou indirectement compromettre
ses tortueuses combinaisons.
Il déjeuna vivement, fit cette toilette
sévère des gens qui. visent au sérieux,
toilette cependant qui n'était pas
exempte d'une certaine recherche, et
qui laissait percer de la prétention à
plaire, monta en voiture et se fit con-
duire rue de Vaugirard, chez Mme Des-
prez.
La figure maussade et particulière-
ment antipathique de Regimbai, se pré-.
tait merveilleusement à cette comédie'
de la tristesse et du chagrin que le né-
gociant se préparait à jouer.
Avant de desoendre de voiture, il tira
un petit miroir de sa poche, et, comme
l'acteur qui va entrer en scène, se com-
posa une physionomie bien en situation.
Cette physionomie ne devait plus le
quitter jusqu'au moment où il sortirait
de chez Mme Desprez:
Quiconque l'eût vu en ce moment
n'eut pu s'empêcher de dire
A coup sûr, cet homme est le mes-
sager d'une mauvaise nouvelle 1
Ilmonta chezMmeDespTez et remit sa
carte a la servante.
ARMAND Larôûh^
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