Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-21
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 août 1875 21 août 1875
Description : 1875/08/21 (Numéro 232). 1875/08/21 (Numéro 232).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO SAMEDI 21 AQW #875
A tout cela il faut naturellement ajou-
ter le crime d'association deinalfaiteurs.
Il me faudrait un volume pour exposer
tous les détails des crimes dont je viens
de vous donner la nomenclature et les
supplices horribles que l'Aliano se plai-
sait à faire souffrir aux malheureux qui
tombaient en son pouvoir. Mais je dois
borner mon récitauxfaitslespluagraves.
Un paysan, un certain La Veechia, s*é-
tant, ainsi que sa femme, refusé à servir
de recéleur à la bande dont l'Aliano fai-
sait partie, celui-ci, en compagnie d'un
autre brigand, se porta, dans la nuit du
16 octobre 1866, à la chaumière de ces
malheureux, et là, devant toute la fa-
mille glacée d'effroi, il tua le mari et la
femme et ce ne fut que, grâce à l'inter-
vention de l'autre brigand, qu'il n'arra-
cha pas les yeux aux enfants comme il
en avait hautement annoncé l'intention.
Le 29 mai 1870, un compagnon de
l'Aliano ayant été tué, celui-ci soup-
çonna.un paysan, un certain Di Noja,
d'avoir fait le coup. Sur ce simple soup-
çon, il, va chez Di Noja. et ne l'ayant pas
trouvé à la maison, il commence par
tuer sa femme à coups de poignard. Une
sœur de la victime étant accourue aux
cris, est tuée aussi d'un coup de fusil.
Mais l'Aliano n'était pas satisfait et le
25 octobre il revient dans cette maison
et n'ayant pas encore cette fois rencontré
le Di Noja qu'il paraissait chercher et
que peut-être il évitait exprès de crainte
dese trouver vis à vis d'unhomme résolu,
il tua sa belle-fille et deux de ses petits
enfants; en revenant de cette expédi-
tion, il rencontra un de ses oncles qu'il
soupçonnait d'entretenir des relations
avec la force publique et lui plongea son
poignard dans le, cœur..
La femme du malheureux, s'étant mise
à demander la grâce de son mari, n'eut
pas meilleur sort que lui; mais la hyène
n'était pas encore repue. Le sang de
cinq victimes répandu en moins d'une
heure ne lui suffisait pas, et il égorge
aussi un pauvre petit enfantque les deux
malheureux emmenaient avec eux. En-
fin il va à la maison de ses dernières
victimes où il trouve quatre de leurs en-.
fants; il en tue un et il blesse les autres
qui ne durent la vie qu'à la bonne idée
qu'ils eurent de faire les morts. L'A-
liano croyant son œuvre de destruction
accomplie prend un baquet d'eau bouil-
lante qui était dans la chaumière et la
répand sur les malheureux enfants.
L'Aliano n'avait pas perdu sa journée,
il laissait derrière lui sept cadavres et
trois blessés qui selon lui n'en valaient
guère mieux.
Le 2 juillet 1870, l'Aliano avec sa bande
1 fît prisonnier un nommé Antoine La-
Rocca et lui imposa une forte rançon. La
famille envoya tout de suite une partie
de la somme, mais cela ne suffit pas,
l'Aliano coupa une oreille à son prison-
nier et l'envoya à la famille du malheu-
reux demandant le reste de la rançon.
Le repaire de la bande ayant .été décou-
vert parla force publique, les brigands
prirent la fuite, emmenant avec eux leur
prisonnier .dont le cadavre fut trouvé
peu de jours après. La femme du mal-
heureux La Rocca à la vue du cadavre
de son mari devint folle de douleur.
Dans le mois de septembre de la même
année l'Aliano pour se venger de deux de
ses hommes, qui lui reprochaient ses
cruautés inutiles, les tua raide.
Eh bien que diriez-vous, après tout
cela., en apprenant qu'il y a eu des indi-
vidus qui par une simple répugnance
théorique contre la peine de mort ont eu
le courage de demander à Sa Majesté la
grâce de l'Aliano. Heureusement on ne
les a pas écoutés et Aliano a été exécuté
avant-hier.
Je n'ai pu me procurer des détails sur
l'exécution;. seulement, à cette occasion,
j'ai appris une chose assez curieuse.
En Italie où le niveau unificateur a déjà
fait disparaître presque toutes les diffé-
rences de législation qui existaient entre
ies anciens Etats, on n'a rien changea à
supplication de -la peine de mort. De
soi'te que non seulement celle-ci n'existe
pas en Toscane, mais dans plusieurs
provinces de l'Italie on a recours à la
guillotine, tandis qu'en d'autres on pra-
tique encore la nendaison.
Dans l'arrondissement d'Ancône une
exécution capitale coûte au gouverne-
feuilleton du FIGARO du 21 \o»U 1875
LA. 28
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
L'AHOUR DE t'OH
xxii ̃;
1 Suite.
Après quelques instants de silence, Ro-
bert Dachet demanda à son compagnon
s'il avait copie de la dernière lettre
adressée par. Caroline à J. Starke.
Parbleu répliqua Copeau, crois-tu
qu'une lettre de cette importance passe
par mes mains sans que j'en garde co-
pie!
Tu l'as sur toi?
Oui 1
Donne-la moi. •
La voici, dit Copeau.
Robert Dachet approcha le papier d'une
des lanternes de la voiture et put en lire e
ie contenu.
Avec l'original de ceci, observa
Dachet, le baron sera à ma discrétion.
Louis Copeau eut un sourire très ex-
pressif.
Cela voulait dire C'est très bien
mais si J. Starke n'est pas retourné à sa
maison, l'original ne s'y trouvera pas et
il faudra me payer la reproduction que
j'en possède.
La voiture était arrivée à l'entrée de
la rue.
Robert Dachet fit le signal convenu et
le véhicule s'arrêta.
Les deux personnages en descen-
dirent.
Attendez-nous ici, dit Dachet au
nocher.
Et il marcha, suivi de Copeau, vers
l'hôtel de J. Starke.
La maison était ensevelie dans les té-
nèbres.
Aucune lumière ne s'apercevait dans
le pavillon en aile qu'habitait le con-
cierge. Sans doute celui-ci était couché
et en proie a ce premier sommeil dont
il est si difficile de se débarrasser.
L'entrée par la rue, à cause de l'élé-
vation des murs et du danger qu'il y
avait d'être aperçu de quelque voisin, ne
pouvait être tentée.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont, traité avec la société des Gens de lettres.
ment plusieurs milliers de francs, tandis
que dans d'autre&eile ne coûte que deux
ou trois cents francs.
Au ministre de la justice on entoure
du plus grand iseerét tout ce qui touche
aux exécutions capitales, j'espère cepen-
dant être à même de vous envoyer sous
peu des renseignements absolument iné-
dits à ce propos.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
~™ Nantes, 19 août. Les membres de
l'Association pour l'avancement des sciences
sont dans nos murs. Les fêtes du congrès qui
doit se tenir à Nantes, du 19 au 26 courant,
ont commencé hier soir par une sérénade exé-
cutée sous les fenêtres du président de l'As-
sociation, à l'Hôtel de France.
Dans la foule, on remarquait déjà plusieurs
milliers d'étrangers, dont bon nombre âe
Parisiens.
Aujourd'hui a eu lieu, dans l'enceinte de la
salle Graslin, la réception officielle des mem-
bres de l'Association. A une heure et quart,
M. d'Eichthal, président du congrès, a pris
place au fauteuil de la présidence, ayant à sa
droite M. Lechat, maire de Nantes, et à sa
gauche, M. Dumas, secrétaire perpétuel de
l'Académie des sciences. A côté de ce dernier
était assis M. Welche, préfet de la Loire-Infé-
rieure. On remarquait sur l'estrade beaucoup
de membres éminents de l'Association, des
conseillers généraux, des membres du conseil
municipal. A une heure et demie, M. d'Eich-
thal a pris la parole et a prononcé un intéres-
sant discours
AVIGNON, 17 août. On commence
à se préoccuper des élections sénatoriales
dans notre département. Le nombre des sé-
nateurs à élire est,de deux. Voici les noms
des candidats sérieux que je puis vous. citer
MM. le comte de Salvador, Ad. Meynard
et Yvaron, conseillers généraux, marquis de
Billiotti, concurrent de Ledru-Rollin, aux
élections partielles de 1874, Granier, ancien
député, Emile Chauffard, professeur à la fa-
culté de médecine de Paris.
–Amiens, 18 août. Voici quelques
renseignements recueillis dans les bureaux de
l'état-major, et qui,je crois, sont applicables à
la France entière.
Dans le 2e corps d'armée, on n'appelle point
les réservistes- de la classel867 qui ont quatre
enfants. Les hommes de cette classe qui ont
été incorporés autrefois dans un régiment
régulier, iront rejoindre les bataillons actifs.
Ceux qui ont servi dans la mobile ou autres
corps, resteront au dépôt.
Quoique le 2e corps ne fasse pas cette année
de grandes manœuvres, les hommes n'en
seront pas moins soumis à des exercices
extraordinaires. Les régiments partiront le
matin, pour ne rentrer qne le soir. Ils pour-
ront même camper.
-™» On évalue les pertes- causées par
l'orage de vendredi dernier, à 4 ou 500,000
francs. L'orage a marqué son passage sur
une largeur de trois kilomètres, du bord de
la mer à Doullens. On a trouvé dans un
champ de betteraves une quinzaine de per-
drix tuées par les grêlons. A Saint-Sauveur,
toutes les vitres de l'église ont été brisées. A
Bertangles les fenêtres du château du marquis
de Clermont-Tonnerre ont été gravement en-
dommagées. A Hallemouy, la grêle a entière-
ment détruit'la toiture de la fabrique de MM.
Deneux frères. La nomenclature des dégâts
serait trop longue si je voulais poursuivre.
BORDEAUX, 18 août. J'arrive de
Lorment, près de Bordeaux, où j'ai assisté
aux funérailles de M. Félix Chaigneau, âgé
de 75 ans, chevalier de la Légion d'honneur,
chef de la grande maison si connue qui,
depuis plus d'un demi-siècle, a fourni tant de
navires à la marine marchande et à l'Etat.
L'église était trop petite pour contenir les
ouvriers de M. Chaigneau et ses nombreux
amis venus de Bordeaux. Au cimetière, un de
ses contre-maîtres a prononcé son éloge au
nom de tous ses camarades. Puis, devant la
tombe de ce parfait honnête homme, ouvriers,
marins, armateurs, se sont agenouillés et
un charpentier a récité la dernière prière, le
de Profundis. Toute l'assistance alternait avec
lui. J'ai rarement assisté à un spectacle aussi
émouvant.
Carcassonne, 20 août. Mme de
Franclieu, en religion sœur Henriette, sœur
de M. le marquis de Franclieu, député des
Hautes-Py renées, vient de mourir au couvent
de la Miséricorde de Carcassonne.
«~ Dijon, 20 août, 4 h. 30 soir. Le
Progrès, journal radical, organe du citoyen
Magnin, ex-ministre du commerce pendant
le siége de Paris, actuellement président du
conseil général de la Côte-d'Or, vient d'être
condamné à 500 fr. d'amende pour délit de
Dachet et Copeau firent le tour de la |
maison et se trouvèrent en face de la
porte du jardin. De ce côté, le mur d'en-
ceinte, haut de huit pieds environ, ren-
dait l'escalade possible.
Tu vas grimper sur mes épaules,
dit Dachet à son compagnon, et de là,
franchir la muraille. Une fois dans le
jardin, il est vraisemblable que tu trou-
veras facilement une échelle qui me per-
mettra d'aller le rejoindre.
Copeau exécuta ce que lui ordonnait
Dachet.
Lorsqu'il fut arrivé sur le chaperon
du mur, il regarda dans le jardin.
Il fait noir comme dans un four,
dit-il à voix basse, et la recherche d'une
échelle, au milieu de cette obscurité,
pourrait être dangereuse.
Comment faire? demanda Dachet.
Copeau se mit à cheval sur le mur.
Place ton pied sur le mien, dit-il,
et donne-moi la main.
En même temps, il se pencha vers
Dachet.
Celui-ci obéit.
Copeau, d'une main vigoureuse, l'at-
tira à lui.
Diable! fit Dachet, tu as une fa-
meuse poigne, toi!
Mais oui, dit modestement Copeau.
A l'aide du treillage intérieur, ils des-
cendirent dans le jardin.
La difficulté était de s'orienter sans
bruit au milieu de ces épaisses ténèbres.
Cependant, comme la maison se dessi-
nait encore'plus sombre que la nuit, elle
leur servit de guide et ils se dirigèrent
vers elle.
Au centre de la maison, et formant
une espèce de rotonde, se trouvait un
jardin d'hiver.Malgré l'obscurité, on pou-
vait, grâce au toucher et à certain re-
flet, reconnaître qu'on se trouvait en
face d'immenses chôssis vitrés.
Cette serre doit avoir une commu-
nication avec l'hôtel, dit Dachet, cher-
chons-la.
Ne bouge pas, observa Copeau. J'ai
trouvé une issue,
Un des châssis, cédant à la pression de
la main, montra une ouverture béante.
Suis-moi, ajouta Copeau à son com-
pagnon, en disparaissant par cette entrée
improvisée.
Dachet passa après Copeau.
Et ménageons-nous cette retraite,
reprit l'habitant de la rue deBuffault, car
du diable si je sais comment nous sorti-
rons d'ici.
En même temps, il assujettit le châssis
à l'aide d'un bout de bois qu'il trouva
sous sa main.
28
fausse nouvelle. Le Progrès avait annoncé
qu'un prêtre avait commis un assassinat.
Dans la même; audience, un purt électeur du
même citoyen Magnin, a été condamné à 100 •
fr. d'amende pour avoir insulté tta officier à
propos de la croix militaire de Mtotana.
« Brest, 20 août. M. le prince de
Joinville est arrivé mardi à Brest après s'être
arrêté quelque temps à Morlaix et avoir été
visiter Roscoff. Le prince qui est accompagné
de sa femme, la princesse Françoise-Caroline»
Jeanne de Bragance, sœur de don Pedro Il,
empereur du Brésil, est allé hier, visiter la
Bretagne, accompagné des amiraux Penhoat
et Bouët. Tous les trois étaient en tenu* bour-
geoise. Un capitaine do frégate, aide de camp
de M. le vice-amiral préfet maritime, les ac-
compagnait en tenue. Mercredi matin, le prince
a visite l'arsenal et le cuirassé Colbert, en
construction.
Pontoise, 20 août. Nous venons
de terminer le bilan du désastre bausé par
l'ouragan du jeudi 12 août.
On peut, sans exagération, évaluer A trois
millions les pertes subies par le canton de
Pontoise ce jour-là.
Les communes d'Osny, de Neuville, de
Cergy, de Boisemont, de Courdimanche, de
Jouy-Ie-Moûtier, de Vauréal, et surtout le
petit, hameau de Jouy-la-Fontaine, ont été
particul ièrement ravagés.
Deux chevaux remorquant un bateau ont
été noyés dans l'Oise, pendant la tourmente.
Le gibier, très abondant cette année, a péri.
On a ramassé sur les territoires de Cergy et
de Puiseux un grand nombre de lièvres et
plus de 500 perdreaux tués par la grêle. Le
pays offre l'aspeet de la dévastation. Nous
sommes ruinés.
SAINT-MALO, 18 août. Avant-hier
sont arrivés ici, par le chemin de fer, qua-
rante passagers et cent-dix hommes formant
l'équipage du transatlantique Boyne, du
Royal Mail Company, qui vient de sombrer
près de Molène (Finistère). Les hôtels de Saint.
Malo et les maisons étant combles, on a dû
s'adresser, pour les loger, aux colléges et aux
hospices. Grâce à ces deux administrations,
le vivre et le couvert ont été assurés à ces
malheureux.
Hier soir, tous ces hommes se sont rendus
en colonne serrée sur les quais, après avoir
traversé les rues de la ville en poussant des
hurrahs frénétiques, qui se sont continués'
jusqu'au moment où le magnifique steamer
de la South Western Railway Company a levé
l'ancre, les transportant à Êkmthampton.
~™~ Nancy, 19 août. M. Cazé, percep-
teur de Fay, en résidence à Toul (Meurthe et
Moselle), s'est accidentellement noyé hier,
mercredi, à cinq heures et demie du matin,
en prenant un bain dans la Moselle.
M. Cazé était un homme fort aimé et ap-
précié à Toul, où il comptait de nombreux
amis qui compatissent à la douleur de sa
jeune femme et de ses deux petits enfants.
~~™- Le conseil général a réélu comme
président et vice-président, MM. Rollin et
Mézières, au grand mécontentement de la
gauche.
Le CAIRE, 20 août. Zenabo, fille
du khédive et femme d'Ibrahim-Pacha, est
morte hier.
«~»~ LONDRES, 19 août. Triste fin que
celle de lady Cottestoe, qui s'est empoison-
née en avalant par mégarde une potion don-
née pour un usage externe. Elle était la
femme de lord Cottestoe, créé baron par M.
Gladstone, en reconnaissance des services
qu'il avait rendus dans l'administration pu-
blique pendant cinquante-cinq ans. Lady Cot-
testoe était âgée de soixante-douze ans.
Vienne, 20 août. Nairis, le célèbre
vélocipédiste anglais qui a fait le pari de
franchir la route de Vienne à Paris, en 15
jours, s'est mis en route hier matin.
Lyon, 20 août, 8 h. soir. La Cour
d'assises a condamné ce soir, à sept heures,
Bouvier, ancien directeur des prisons du
Rhône après le 4 septembre, successivement
rédacteur des journaux l'Excommunié et le
Maudit, à trois ans de prison, 100 francs d'a-
mende et aux dépens, pour faux en écriture
privée.
̃ Madrid, 20 août, matin. Le vapeur
marchand Express, qui a sauté dans le port
de Barcelone, le 17, à cinq heures du soir.
appartenait à la maison Pujol et Castella. Il
était chargé de cartouches, de bombes et de
poudre destinés aux libéraux qui assiègent
les forts de la Seo de Urgel. Il y a eu douze
morts affreusement mutilés et une vingtaine
de blessés dangereusement. L'explosion s'est
d'abord produite dans une barque qui trans-
portait des munitions à bord du vapeur et
s'est étendue, de là, au vapeur lui-même. On
ignore la cause de ce sinistre qui a jeté l'épou-,
vante dans Barcelone et ses environs.
RAGUSE, 20 août. Dervish-Pacha,
avec cinq bataillons de rédifs et trois régi-
Armand.
Maintenant de la prudence, et pas
de bruit surtout.
Ils parcoururent les méandres du jar-
din d'hiver et arrivèrent à une porte-
fenêtre. Cette porte était seulement fer-
mé au pêne.
Copeau fit tourner le bec-de-canne et
la porte s'ouvrit.
Mais, derrière elle, se trouvait une
seconde porte rembourrée, à deux van-
taux.
Il la poussa. Elle céda un peu; toute-
fois, un obstacle, qui devait se trouver
derrière, ne permettait qu'une demi ou-
verture.
Copeau passa la main dans l'interstice
et découvrit que le temps d'arrêt prove-
nait d'épais rideaux qui masquaient
cette porte.
Il attira l'un de ces rideaux vers lui.
Tout à coup un point lumineux surgit
de l'obscurité. Copeau.
Bigre fit Copeau.
Et sa main alla chercher celle de Da-
chet qui comprit très bien ce que signi-
fiait cet attouchement.
Les deux hommes restèrent quelques
minutes sans bouger.
Aucun bruit ne se faisait entendre.
Copeau avait lâché le rideau.
Il s'empressa d'en ramener une partie,
tout doucement, vers lui, et put arriver
à passer la tête dans l'entrebâillement.
Il vit alors une vaste antichambre, au
plafond de laquelle brûlait une lampe
entourée d'un verre dépoli.
C'était cette lumière qui avait motivé
son exclamation.
Sur une petite table se trouvaient un
bougeoir et un porte-allumettes. Cette
vue rassura complétement Copeau.
Si J. Starke était chez lui, se dit-il,
ce bougeoir, qu'il doit prendre là, lors-
qu'il arrive le soir, ne s'y trouverait pas.
Il fit rouler le rideau sur ses anneaux,
poussa l'un des côtés de la porte rem-
bourrée et cette porte ne rencontrant
plus d'obstacle, s'ouvrit toute grande.
Ah fit Copeau en poussant un sou-
pir de joie, nous voici enfin dans la
place.
Robert Dachet était à ses côtés.
Assurons-nous d'abord, dit celui-ci,
qu'oa ne pourra, venir nous surprendre
du dehors.
On se souvient que l'entrée, de l'anti-
chambre donnait sur le perron de l'hô-
tel qui faisait face à la cour.
Dachet poussa le verrou intérieur et,
plus tranquille désormais, examina la
pièce dans laquelle ils se trouvaient.
A droite et à gauche, dans. l'anti-
chambre, existait une porte.
ments d'infanterie, s'avance pour déloger les
insurgés d'entre Mostar et Klek. Des muni-
tions considérables ont été commandées à
Raguse pour approvisionner cinq mille hom-
mes qui sont rendus pour aller au secours
de;I'reblgne.
de .•̃ TreMgne. *>“ ife;\ Auguste Marcade.
BO1TE AUX LETTRES
Monsieur le rédacteur,
Le Figaro donnait hier, d'après la Vie pari-
sienne, la description de quatre toilettes com-
posant le trousseau de noce do la princesse
Amélie de Saxe-Cabourg-Gatha, Ces descri-
ptions étaient parfaitement exactes, du reste;
aussi je viens vous prier de vouloir bien com-
pléter ces renseignements. Le trousseau de la
princesse se compose, non pas seulement des
quatre toilettes décrites, mais bien de quinze
toilettes, qui, toutes, ont été confectionnées
dans la maison Roger, 4, rue do Mogador.
Veuillez agréer, etc. ROGER.
PARIS AU JOUR M JOUR
Les nouvelles qui arrivent de l'Herzé-
govine sont soudainement devenues ex-
cellentes à vrai dire rien ne paraît
changé dans la position respective des
Turcs et des insurgés; ce qui semble, en
revanche, à peu près certain, c'est que
les puissances européennes borneront
leur intervention à la voie diplomatique.
Une correspondance bien renseignée, les
Tablettes d'un spectateur, disait hier en
affirmant une politique de non-interven-
tion
Le représentant d'une des grandes puis-
sances ne croyait, hier soir, commettre au-
cune indiscrétion et ne point se départir de
la réserve commandée par la situation en fai-
sant tout haut dans un salon la réflexion sui-
vante L'Autriche et la Prusse ont pu se met-
tre d'accord pour occuper naguère le Hols-
tein et pour battre le Danemark, Mais il leur
a fallu ensuite se faire la guerre en 1866 pour
décider à qui resteraient le ïmtin et les lau-
riers.
Jusqu'ici, les puissances s'en tiennent ri-
goureusement à cette simple ligne de con-
duite qui est, en même temps, la seule ligne
possible, c'est-à-dire, raisonnable toutes,
l'Autriche, la Russie, l'Allemagne, l'Angle-
terre, la France et l'Italie, recommandent
d'une part à la Porte Ottomane une action
prompte et décisive, et d'autre part, à ses
vassaux de la Serbie, de la Roumanie et du
Monténégro une loyale exécution des traités
qui règlent leur situation.
+% On écrit au Pays que Vermersch,un
des plus méprisables produits de la « pé-
riode communale », pour employer le
galant euphémisme du Rappel, a été su-
I périeurement rossé par un autre com-
munard, Lissagaray, qui avait eu à se
plaindre de brochures dirigées par ledit
I vermersch contre ses confrères en émi-
gration.
¥*¥ Nouvelles de M. Thiers d'après la
Gironde
Bien des propositions ont été faites à l'an-
cien président de la République pour le déci-
der à accepter la candidature aux élections
sénatoriales. Je suis en mesure de vous an-.
noncer que M. Thiers n'est rien moins que
disposé à accepter. Il est convaincu que nom-
bre de députés de l'Assemblée actuelle se re-
trouveront au Sénat, et il ne tient guère à se
retrouver dans un pareil milieu, où il ne
peut, dit-il, que se faire du mauvais sang ».
M. Thiers se réserve donc pour la deuxième
Chambre. Il lui en coûterait, après avoir été
élu plusieurs fois au Sénat, de prendre congé
de ses électeurs pour se représenter devant
le suffrage universel. Sa conviction est faite
il ne sollicitera que le mandat législatif.
En bon français, cela veut dire que si
on ne prend pas l'indispensable précau-
tion d'étouffer dans l'œuf les candidatu-
res multiples, il s'organisera au profit de
l'ex-président une manifestation quasi-
plébiscitaire dont le gouvernement
n'aura point à se lou/îr certainement.
Une correspondance bonapartiste,
qui rend compte de la célébration du 15
aout à Arenenberg. cite une conversation
que le fils de Napoléon III aurait eue avec
un de ses visiteurs:
̃ Si un jour le peuple me rappelait, me
disait-il, je voudrais forcer tous les honnêtes
Il ouvrit celle de gauche; elle donnait
dans la salle à manger.
Pendant ce temps, Copeau ouvrait celle
de droite.
Une bibliothèque, dit-il.
Dachet vint le rejoindre.
Usdns de- la lumière, dit le ban-
quier.
Il alluma la bougie et entra avec Co-
peau dans cette autre pièce, qui était la
seconde que Caroline avait dû traverser
la première fois qu'elle était venue chez
J. Starke.
La porte du boudoir frappa aussitôt
les yeux des deux hommes.
Ils essayèrent de l'ouvrir, mais la porte
était close.
C'est ici exclama Dachet.
Sans rien dire, Copeau tira de sa poche
un gros couteau contenantune lime, une
scie, un poinçon, un canif et une forte
lame.
Il dévissa très lestement la plaque qui
cachait la serrure et poussa celle-ci avec
son poinçon, la serrure tomba etlaporte
s'ouvrit.
Alors ils se trouvèrent dans l'étroit
couloir qui conduisait au boudoir de J.
Starke. La porte en était ouverte.
Ils entrèrent.
Eh! eh! s'écria Copeau, çan'estpas
mal ici! Onvoit que lesejour de la France
épure les goùts de messieurs les Tu-
desques
Robert Dachet, qui avait bien d'autres
préoccupations que son compagnon, cou-
rut à un petit bureau, chef-d'œuvre de
Tahan.
Mais le bureau était bien fermé par sa
mignonne serrure.
Il faut ouvrir ce meuble; dit Dachet
à Copeau.
Copeau fit jouer tour à tour la lame et
le poinçon de son couteau la serrure
résistait.
C'est vraiment dommage de dété-
riorer un pareil bijou! mais le scrupule
est hors de saison.
Il fit sauter un des morceaux de la
marqueterie et y introduisit la scie; la
scie rencontra autre chose que du bois
et refusa de mordre.
Diable! dit Copeau ce Starke est
un homme prudentl. Faisons jouer la
lime, alors.
Et à l'aide de cet instrument, il lima
la plaque métallique qui était à l'inté-
rieur.
Au bout de dix minutes de travail, le
bureau était ouvert.
Robert Dachet se précipita sur les pa-
piers qu'il contenait.
Halte là 1 dit Copeau, contentons-
gens à se rallier à l'empire, et effacer de la
langue française les mots exil et proscrip-
tions si l'on savait quels enseignements j'ai
trouvés dans les événements qui se sont dé-
roulés gous mes yeux, quelles résolutions j'ai
puisées, on verrait combien je comprends
qu'il ne faut regarder en arrière que pour y
tmereher des exemples et des- leçons, et non
pas des sujets de vengeance et d'amertume
je sais bien que ce n'est pas avec la haine
qu'on gouverne un grand peuple.
,*»̃ Dans un article original que publie
la Revue britannique YÀnclrogyne dans
Part ancien et moderne, M. G. d'Orcet
donne des détails curieux et peu connus
sur une femme qui a servi de modèle
pour YAtalanle, un des chefs-d'œuvre de
Pradier, pour la jeune fille du Combat
de coqs, de M. Gérô'me, et qui, en littéra-
ture, a été le type de la Musette, d'Henri
Murger.
C'était, à ce que nous apprend M. d'Or-
cet, une créature fort originale; arrivée
jeune et illettrée de la Bourgogne* elle
tomba dans la galanterie, mais elle re-
leva sa honte par un coin de cette culture
et de cette honnêteté spéciale qui per-
met à l'histoire de prononcer sans trop
rougir le nom de Ninon de Lenclos.
Elle lisait Rabelais sans embarras, et,
s'il lui fallait une traduction pour lire
Platon, elle avait appris le latin. Indé-
pendante et fière, elle méprisait l'argent
et souvent ses caprices s'égaraient_ sur
des hommes pauvres et laids. Qui les
aimerait? disait-elle, si je ne les aimais
pas.
Elle posait pour VAtalante quand un
beau matin elle cessa de venir chez Pra-
dier. Celui-ci vint la réclamer tfhez elle
et la trouva. trépassée.
En véritable artiste, Pradier se con-
sola assez vite par l'idée qu'il pourrait
mouler le cadavre. Au moment où il se
livrait à cette opération, la morte se ré-
-veilla. Ici nous laissons parler M.
d'Orcet
En posant pour YAtalanle, Musette avait été
atteinte d'une fièvre cérébrale qui se termina
par une attaque de catalepsie tellement in-
tense qu'on la crut morte. Elle n'en avait
pas moins conservé toute sa connaissance et
elle entendait tout ce qui se disait ou se fai-
sait autour d'elle.
Le moulage des pieds ne lui avait causé
aucune inquiétude, mais ce fut tout autre
chose lorsqu'il fut question de la mouler tout
entière. Assurément l'intention de l'artiste
était pieuse à sa manière. Malheureusement
pour la pauvre patiente, c'était la mort pré-
cédée d'un horrible supplice et d'une épou-
vantable agonie; car lors même qu'on aurait
pris soin de lui tenir libre la bouche et les
narines, sa poitrine ne pouvait manquer d'être
écrasée sous le poids du plâtre.
La terreur avait été tellement forte qu'elle
avait triomphé de la léthargie. Avec l'usage
do ses membres, le naturel était revenu au
galop, et il lui avait pris fantaisie de mouler
le mouleur. Aussitôt, sans prendre la peine
do compléter le simple appareil d'une beauté
qu'on venait d'arracher à un sommeil si pé-
rilleux, elle avait sauté à bas de son lit, saisi
une sébile, gâché vivement le plâtre, et l'on
sait le reste.
Musette, se recoucha en riant comme un
Savoyard. Ce violent exercice avait déterminé
une puissante réaction physique et morale,
qui se manifesta par une abondante transpi-
ration elle était sauvée. Mais ce fut en vain
que Pradier essaya de rentrer en grâce au-
près d'elle, en s'efforçant de lui démontrer,
que, sans cette salutaire émotion, elle aurait
couru le risque d'être ensevelie vivante, Mu-
sette ne voulut jamais remettre les pieds dan3
son atelier, et l'Atalante fut terminée d'après
une autre.
Quelques années plus tard, Musette,
qu'un héritage inattendu venait d'en-
richir, périt dans un naufrage, à bord de
l'Atlas qui la ramenait d'Algérie.
»% Une singulière anecdote racontée
par M. Philibert Audebrand dans V Illus-
tration
Aux environs de Decize, dans le Nivernais,
il existe un vieux berger du nom de Lamiral.
Ce brave homme a pour profession de garder
dans les prés verts ces grands bœufs de la
race charolaise, que Rosa Bonheur s'entend
si bien à reproduire avec son pinceau. Céli-
bataire, vivant dans une hutte, il vient d'ap-
prendre qu'une succession opulente s'est ou-
verte en sa faveur à Dorcli, en Transylvanie.
En 1830, à Nevers, vivait un autre Lamiral,
le frère du berger. Celui-là était une assez
mauvaise pièce. Après maintes fredaines qui
ont abrége la vie de ses parents, il avait quitté
la province sans' faire connaître le pays vers
lequel il dirigeait ses pas. Il était allé tour à
tour en Belgique, en Allemagne et en Hon-
nous des lettres de Mme Mittermann.
-Penses-tu donc que je veuille pren-
dre autre chose ? demanda Dachet d'un
ton bourru et de mauvaise humeur.
Dame! 1
Assez!
Différentes liasses de papiers, parfai-
tement étiquetées, se trouvaient dans >
un petit casier.
Sur l'une d'elles était écrit: « Lettres
de Caroline. »
Voici notre affaire s'écria Robert
Dachet.
Il s'empara de ces lettres et les mit
dans sa poche.
-r- Et .maintenant, ajouta-t-il, décam-
pons au plus vite
Ils fermèrent les portes, revinrent
dans l'antichambre, éteignirent la bou-
gie et reprirent, pour sortir de l'hôtel,
le même chemin qu'ils avaient suivi
pour y entrer.
Robert Dachet et Louis Copeau arri-
vèrent sans encombre dans la rue dé-
serte.
Ouf dit Copeau, j'aime mieux être
ici que dedans; rejoignons la voiture.
Deux minutes plus tard nos personna-
ges routaient vers Paris.
Robert Dachet ne put résister à son
impatience.
Il tira de sa poche les lettres qu'il y
avait mises et les examina avec soin.
Un juron formidable sortit tout à coup
de sa bouche.
Copeau souriait.
Qu'as-tu? demanda-t-il.
Il manque une lettre.
Comment sais-tu cela?
Parbleu! c'est la dernière et la plus
importante.
N'en as-tu pas copie? observa Co-
peau du ton le plus indifférent.
Eh! que veux-tu que je fasse de la
copie? c'est l'original qu'il me faut.
Copeau se mit très à l'aisq dans la voi-
ture. Il tenait les mille francs qu'il avait
demandés.
Il ne serait peut-être pas impossi-
ble de se laprocurer, dit-il.
Robert Dachet bondit sur sa ban-
quette.
Tu es donc sorcier, toi ?
Non répliqua Copeau en souriant,
je me contente d'être habile.
-Etton habileté pourrait aller jusqu'à
me procurer cette lettre ?
A peu près. Tu sais, toutes les dif-
ficultés ont une manière de se résou-
| dre
Oui, par l'argent! t
Eh bien l qu'est-ce que tu donne-
rais de cette lettre?
grie. Gomme il ne manquait ni de, volonté ni
d'intelligence, il entra en qualité de commis
dans une maison importante de négoce, et, au
bout de vingt ans, il devint l'associé de son
patron. La fortune qu'il. a lassée est évaluée
à 2 millions et demi.
Mais, chose inouïe, le vieux berger aux
bœufs refuse d'accepter la succession qui lui
est échue, et qui, à son défaut, doit apparte-
nir aux pauvres de Dorck. Il prétend ne pas
vouloir des richesses d'un homme qui a fait
mourir de chagrin son père et sa mère. Con-
tent de son sort, il ne veut pas en changer à i
soixante-douze ans et se donner à la fin de sa
carrière des soucis et des embarras. Toute-
fois ses cousins n'envisagînt pas la question
sous ce même point de vue. Après avoir
inutilement tâché d'ébranler la résolution du
vieillard, ils se sont décidés à provoquer son
interdiction. L'argument qu'ils invoquent à
ce sujet est tout à fait dans l'esprit de notre
temps.
Est-ce qu'un homme qui refuse un hé|
ritage de deux millions et demi n'est pas fou
à lier?
Un détail intéressant dans là même:
chronique
Qand les travaux du tunnel sous-marin
de Douvres a Calais seront terminés, un
gigantesque banquet international réu-
nira sous les voûtes du viaduc les ou-
vriers de l'exploitation ainsi que les
Français et les Anglais qui ont voulu
avoir un intérêt dans l'affaire.
Le menu serait même stipulé d'avance
5 bœufs rôtis, 100 mannes de poissons et
1,800 vol-au-vent. Cela est parfait; il ne
manque plus à la petite fête que. le tun-
nel.
Evidemment, dit M. Audebrand, la chose a
un aspect d'originalité bien marquée.
Il nous faut pourtant dire qu'elle ne pourra
être qu'une redite.
Il y a trente-doux ans, en mars 1843, quand
on travaillait au chemin de fer de la Norman-
die, l'entrepreneur avait promis à un sous-
traitant que si le tunnel de Tourville était
terminé pour la fin du mois, il lui donnerait
un bœuf entier rôti. Ce travail ayant été fini
le 19, c'est-à-dire douze jours avant l'époque
indiquée, l'entrepreneur, pour remplir sa
promesse, envoya le 21 à Tourville un bœuf
qui, mis à la broche à quatre heures du ma-
tin, arrivait à doux heures de l'après-midi, en
wagon, tout embroché. Il était ensuite dé-
posé sur une table, autour de laquelle se réu-
nirent 300 ouvriers, plus 40 employés et invi-
tés. Le susdit bœuf renfermait dans son corps
une quantité considérable de pommes de
terre.
Un procès-verbal, qu'on a bien voulu nous
communiquer, mentionne toutes ces circons*
tances,
¥% M.Rocquain vient de réunir toute
la correspondance entre Napoléon fer et
son frère Louis, roi de Hollande; beau-
coup de ces lettres n'avaient pas été re-
cueillies encore. On sait que la résistance
de Louis aux inflexibles volontés de son
frère, qui voulait ruiner la Hollande, lui
fait le plus grand honneur, bien qu'à
vrai dire, le pauvre prince eût le tort
de se prendre trop au sérieux. Quand
il parlait sans rire de ses droits il prê-
tait un peu au ridicule. M. Frédéric Bé*
chard a très heureusement groupé dans
le Journal officiel les plus intéressantes"
de ces lettres.
Signalons-en notamment deux qui
sont curieuses, étant données les légeni»
des, dont il est difficile de vérifier,
l'exactitude, mais qui existent, sur la
liaison de la reine Hortense avec l'ami-
ral Ver Huell.
Le roi Louis désirait envoyer l'amiral Ver
Huell à Saint-Pétersbourg, en qualité d'am-
bassadeur « Je pense, lui écrivit l'empereur
(16 décembre 1807), qu'il n'est pas convenable
d'envoyer le maréchal Ver Huell à Saint-Pé-
tersbourg, d'abord, parce que je puis avoir
besoin do lui pour les mouvements de la flot-
tille ensuite, parce qu'il n'est pas d'usage
d'envoyer un maréchal pour ministre dana
une cour étrangère puisque vous avez ëta-
bli cette dignité, il ne faut pas la déshonorer.
Je n'entre pas dans les raisons qui vous por-
tent à vous défaire de votre ministre de la
guerre et de celui de la marine, qui voua sont;
en ce moment les plus utiles. Mais si Tous
tenez à éloigner Ver Huell, je préfère que;
vous l'envoyiez comme ambassadeur à Pa«
ris. Il est vrai, sire, lui répondit son
frère avec une tristesse résignée, que j'ai eu
des raisons particulières de changer les fonc-
tions de MM. Ver Huell et Hogendorp. Le
premier est un homme d'honneur, bon mili-
taire, mais nullement administrateur et très
dérangé dans ses dépenses. Il y a même una
raison de conduite domestique qui m'y a oblr»
gé. » (26 décembre 1807).
--Cent francs!
Copeau partit d'un éclat de rire.
Vraiment! fit-il d'un ton plaisant.'
Je connais quelqu'un qui serait plus gê*
néreux que toi.
Qui donc?
Starke ou Mme Ferdinand Mitter-
mann.
Mais tu l'as donc, cette lettre, pour
parler ainsi? s'écria Dachet.
Je te l'ai déjà dit: à peu près.
Explique-toi.
J'en ai la reproduction fidèle, ea
photographie!
Robert Dachet eut un mouvement qui
signifiait tout à la fois la, surprise et l'ad-»
miration.
Voilà un garçon bien fort, mais
très dangereux, pensa-t-il je m'en dé-
barrasserai prochainement t Toutefois
son idée vaut bien les mille francs qu'il
me demandait tout à l'heure. Et, s'a-
dressant à Copeau, il ajouta -Tu auras
les cinquante louis en échange de la leU
tre photographiée. Je serai chez toi de*
main matin à huit heures.
La voiture était arrivée au boulevard
Montmartre.
Robert Dachet ordonna au cocher de
s'arrêter.
Veux-tu te faire conduire chez toi $
demanda-t-il à Copeau.
Ouais 1 Me prends-tu pour un sot t
dit celui-ci.
Et il s'empressa de descendre.
Robert l'imita et paya le cocher.
Attends un peu, murmura Copeau,
je vais me venger tout doucement et te
prouver qu'il ne faut pas se moquer du
fils de mon père..
-Bonsoir, Copeau.
Ah s'écria celui-ci, j'oubliais de te
donner un renseignement que tu m'as
demandé.
-Lequel? '̃'
J'ai surveillé ta femme.
Si la clarté eût été plus vive, Copeau
eût pu voir pâlir Dachet.
Eh bien? ̃.̃•̃•<
Eh bien, lundi dernier, à trois heu-
res, elle s'est rendue dans un hôtel meu«
~î)lé de la rue de Vaugirard, et elle y est
restée jusqu'à cinq heures. Quant à M.'
de Prévodal, ajouta vivement Copeau,,
depuis ce jour-là, il est rayonnant. Bon*
soir, Dachet. j
Et Louis Copeau se sauva, en rianf$
laissant Dachet furieux de cette révél?*
tion.
l,. Armand Lapointe." v
[La suite à demain.}
A tout cela il faut naturellement ajou-
ter le crime d'association deinalfaiteurs.
Il me faudrait un volume pour exposer
tous les détails des crimes dont je viens
de vous donner la nomenclature et les
supplices horribles que l'Aliano se plai-
sait à faire souffrir aux malheureux qui
tombaient en son pouvoir. Mais je dois
borner mon récitauxfaitslespluagraves.
Un paysan, un certain La Veechia, s*é-
tant, ainsi que sa femme, refusé à servir
de recéleur à la bande dont l'Aliano fai-
sait partie, celui-ci, en compagnie d'un
autre brigand, se porta, dans la nuit du
16 octobre 1866, à la chaumière de ces
malheureux, et là, devant toute la fa-
mille glacée d'effroi, il tua le mari et la
femme et ce ne fut que, grâce à l'inter-
vention de l'autre brigand, qu'il n'arra-
cha pas les yeux aux enfants comme il
en avait hautement annoncé l'intention.
Le 29 mai 1870, un compagnon de
l'Aliano ayant été tué, celui-ci soup-
çonna.un paysan, un certain Di Noja,
d'avoir fait le coup. Sur ce simple soup-
çon, il, va chez Di Noja. et ne l'ayant pas
trouvé à la maison, il commence par
tuer sa femme à coups de poignard. Une
sœur de la victime étant accourue aux
cris, est tuée aussi d'un coup de fusil.
Mais l'Aliano n'était pas satisfait et le
25 octobre il revient dans cette maison
et n'ayant pas encore cette fois rencontré
le Di Noja qu'il paraissait chercher et
que peut-être il évitait exprès de crainte
dese trouver vis à vis d'unhomme résolu,
il tua sa belle-fille et deux de ses petits
enfants; en revenant de cette expédi-
tion, il rencontra un de ses oncles qu'il
soupçonnait d'entretenir des relations
avec la force publique et lui plongea son
poignard dans le, cœur..
La femme du malheureux, s'étant mise
à demander la grâce de son mari, n'eut
pas meilleur sort que lui; mais la hyène
n'était pas encore repue. Le sang de
cinq victimes répandu en moins d'une
heure ne lui suffisait pas, et il égorge
aussi un pauvre petit enfantque les deux
malheureux emmenaient avec eux. En-
fin il va à la maison de ses dernières
victimes où il trouve quatre de leurs en-.
fants; il en tue un et il blesse les autres
qui ne durent la vie qu'à la bonne idée
qu'ils eurent de faire les morts. L'A-
liano croyant son œuvre de destruction
accomplie prend un baquet d'eau bouil-
lante qui était dans la chaumière et la
répand sur les malheureux enfants.
L'Aliano n'avait pas perdu sa journée,
il laissait derrière lui sept cadavres et
trois blessés qui selon lui n'en valaient
guère mieux.
Le 2 juillet 1870, l'Aliano avec sa bande
1 fît prisonnier un nommé Antoine La-
Rocca et lui imposa une forte rançon. La
famille envoya tout de suite une partie
de la somme, mais cela ne suffit pas,
l'Aliano coupa une oreille à son prison-
nier et l'envoya à la famille du malheu-
reux demandant le reste de la rançon.
Le repaire de la bande ayant .été décou-
vert parla force publique, les brigands
prirent la fuite, emmenant avec eux leur
prisonnier .dont le cadavre fut trouvé
peu de jours après. La femme du mal-
heureux La Rocca à la vue du cadavre
de son mari devint folle de douleur.
Dans le mois de septembre de la même
année l'Aliano pour se venger de deux de
ses hommes, qui lui reprochaient ses
cruautés inutiles, les tua raide.
Eh bien que diriez-vous, après tout
cela., en apprenant qu'il y a eu des indi-
vidus qui par une simple répugnance
théorique contre la peine de mort ont eu
le courage de demander à Sa Majesté la
grâce de l'Aliano. Heureusement on ne
les a pas écoutés et Aliano a été exécuté
avant-hier.
Je n'ai pu me procurer des détails sur
l'exécution;. seulement, à cette occasion,
j'ai appris une chose assez curieuse.
En Italie où le niveau unificateur a déjà
fait disparaître presque toutes les diffé-
rences de législation qui existaient entre
ies anciens Etats, on n'a rien changea à
supplication de -la peine de mort. De
soi'te que non seulement celle-ci n'existe
pas en Toscane, mais dans plusieurs
provinces de l'Italie on a recours à la
guillotine, tandis qu'en d'autres on pra-
tique encore la nendaison.
Dans l'arrondissement d'Ancône une
exécution capitale coûte au gouverne-
feuilleton du FIGARO du 21 \o»U 1875
LA. 28
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
L'AHOUR DE t'OH
xxii ̃;
1 Suite.
Après quelques instants de silence, Ro-
bert Dachet demanda à son compagnon
s'il avait copie de la dernière lettre
adressée par. Caroline à J. Starke.
Parbleu répliqua Copeau, crois-tu
qu'une lettre de cette importance passe
par mes mains sans que j'en garde co-
pie!
Tu l'as sur toi?
Oui 1
Donne-la moi. •
La voici, dit Copeau.
Robert Dachet approcha le papier d'une
des lanternes de la voiture et put en lire e
ie contenu.
Avec l'original de ceci, observa
Dachet, le baron sera à ma discrétion.
Louis Copeau eut un sourire très ex-
pressif.
Cela voulait dire C'est très bien
mais si J. Starke n'est pas retourné à sa
maison, l'original ne s'y trouvera pas et
il faudra me payer la reproduction que
j'en possède.
La voiture était arrivée à l'entrée de
la rue.
Robert Dachet fit le signal convenu et
le véhicule s'arrêta.
Les deux personnages en descen-
dirent.
Attendez-nous ici, dit Dachet au
nocher.
Et il marcha, suivi de Copeau, vers
l'hôtel de J. Starke.
La maison était ensevelie dans les té-
nèbres.
Aucune lumière ne s'apercevait dans
le pavillon en aile qu'habitait le con-
cierge. Sans doute celui-ci était couché
et en proie a ce premier sommeil dont
il est si difficile de se débarrasser.
L'entrée par la rue, à cause de l'élé-
vation des murs et du danger qu'il y
avait d'être aperçu de quelque voisin, ne
pouvait être tentée.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont, traité avec la société des Gens de lettres.
ment plusieurs milliers de francs, tandis
que dans d'autre&eile ne coûte que deux
ou trois cents francs.
Au ministre de la justice on entoure
du plus grand iseerét tout ce qui touche
aux exécutions capitales, j'espère cepen-
dant être à même de vous envoyer sous
peu des renseignements absolument iné-
dits à ce propos.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
~™ Nantes, 19 août. Les membres de
l'Association pour l'avancement des sciences
sont dans nos murs. Les fêtes du congrès qui
doit se tenir à Nantes, du 19 au 26 courant,
ont commencé hier soir par une sérénade exé-
cutée sous les fenêtres du président de l'As-
sociation, à l'Hôtel de France.
Dans la foule, on remarquait déjà plusieurs
milliers d'étrangers, dont bon nombre âe
Parisiens.
Aujourd'hui a eu lieu, dans l'enceinte de la
salle Graslin, la réception officielle des mem-
bres de l'Association. A une heure et quart,
M. d'Eichthal, président du congrès, a pris
place au fauteuil de la présidence, ayant à sa
droite M. Lechat, maire de Nantes, et à sa
gauche, M. Dumas, secrétaire perpétuel de
l'Académie des sciences. A côté de ce dernier
était assis M. Welche, préfet de la Loire-Infé-
rieure. On remarquait sur l'estrade beaucoup
de membres éminents de l'Association, des
conseillers généraux, des membres du conseil
municipal. A une heure et demie, M. d'Eich-
thal a pris la parole et a prononcé un intéres-
sant discours
AVIGNON, 17 août. On commence
à se préoccuper des élections sénatoriales
dans notre département. Le nombre des sé-
nateurs à élire est,de deux. Voici les noms
des candidats sérieux que je puis vous. citer
MM. le comte de Salvador, Ad. Meynard
et Yvaron, conseillers généraux, marquis de
Billiotti, concurrent de Ledru-Rollin, aux
élections partielles de 1874, Granier, ancien
député, Emile Chauffard, professeur à la fa-
culté de médecine de Paris.
–Amiens, 18 août. Voici quelques
renseignements recueillis dans les bureaux de
l'état-major, et qui,je crois, sont applicables à
la France entière.
Dans le 2e corps d'armée, on n'appelle point
les réservistes- de la classel867 qui ont quatre
enfants. Les hommes de cette classe qui ont
été incorporés autrefois dans un régiment
régulier, iront rejoindre les bataillons actifs.
Ceux qui ont servi dans la mobile ou autres
corps, resteront au dépôt.
Quoique le 2e corps ne fasse pas cette année
de grandes manœuvres, les hommes n'en
seront pas moins soumis à des exercices
extraordinaires. Les régiments partiront le
matin, pour ne rentrer qne le soir. Ils pour-
ront même camper.
-™» On évalue les pertes- causées par
l'orage de vendredi dernier, à 4 ou 500,000
francs. L'orage a marqué son passage sur
une largeur de trois kilomètres, du bord de
la mer à Doullens. On a trouvé dans un
champ de betteraves une quinzaine de per-
drix tuées par les grêlons. A Saint-Sauveur,
toutes les vitres de l'église ont été brisées. A
Bertangles les fenêtres du château du marquis
de Clermont-Tonnerre ont été gravement en-
dommagées. A Hallemouy, la grêle a entière-
ment détruit'la toiture de la fabrique de MM.
Deneux frères. La nomenclature des dégâts
serait trop longue si je voulais poursuivre.
BORDEAUX, 18 août. J'arrive de
Lorment, près de Bordeaux, où j'ai assisté
aux funérailles de M. Félix Chaigneau, âgé
de 75 ans, chevalier de la Légion d'honneur,
chef de la grande maison si connue qui,
depuis plus d'un demi-siècle, a fourni tant de
navires à la marine marchande et à l'Etat.
L'église était trop petite pour contenir les
ouvriers de M. Chaigneau et ses nombreux
amis venus de Bordeaux. Au cimetière, un de
ses contre-maîtres a prononcé son éloge au
nom de tous ses camarades. Puis, devant la
tombe de ce parfait honnête homme, ouvriers,
marins, armateurs, se sont agenouillés et
un charpentier a récité la dernière prière, le
de Profundis. Toute l'assistance alternait avec
lui. J'ai rarement assisté à un spectacle aussi
émouvant.
Carcassonne, 20 août. Mme de
Franclieu, en religion sœur Henriette, sœur
de M. le marquis de Franclieu, député des
Hautes-Py renées, vient de mourir au couvent
de la Miséricorde de Carcassonne.
«~ Dijon, 20 août, 4 h. 30 soir. Le
Progrès, journal radical, organe du citoyen
Magnin, ex-ministre du commerce pendant
le siége de Paris, actuellement président du
conseil général de la Côte-d'Or, vient d'être
condamné à 500 fr. d'amende pour délit de
Dachet et Copeau firent le tour de la |
maison et se trouvèrent en face de la
porte du jardin. De ce côté, le mur d'en-
ceinte, haut de huit pieds environ, ren-
dait l'escalade possible.
Tu vas grimper sur mes épaules,
dit Dachet à son compagnon, et de là,
franchir la muraille. Une fois dans le
jardin, il est vraisemblable que tu trou-
veras facilement une échelle qui me per-
mettra d'aller le rejoindre.
Copeau exécuta ce que lui ordonnait
Dachet.
Lorsqu'il fut arrivé sur le chaperon
du mur, il regarda dans le jardin.
Il fait noir comme dans un four,
dit-il à voix basse, et la recherche d'une
échelle, au milieu de cette obscurité,
pourrait être dangereuse.
Comment faire? demanda Dachet.
Copeau se mit à cheval sur le mur.
Place ton pied sur le mien, dit-il,
et donne-moi la main.
En même temps, il se pencha vers
Dachet.
Celui-ci obéit.
Copeau, d'une main vigoureuse, l'at-
tira à lui.
Diable! fit Dachet, tu as une fa-
meuse poigne, toi!
Mais oui, dit modestement Copeau.
A l'aide du treillage intérieur, ils des-
cendirent dans le jardin.
La difficulté était de s'orienter sans
bruit au milieu de ces épaisses ténèbres.
Cependant, comme la maison se dessi-
nait encore'plus sombre que la nuit, elle
leur servit de guide et ils se dirigèrent
vers elle.
Au centre de la maison, et formant
une espèce de rotonde, se trouvait un
jardin d'hiver.Malgré l'obscurité, on pou-
vait, grâce au toucher et à certain re-
flet, reconnaître qu'on se trouvait en
face d'immenses chôssis vitrés.
Cette serre doit avoir une commu-
nication avec l'hôtel, dit Dachet, cher-
chons-la.
Ne bouge pas, observa Copeau. J'ai
trouvé une issue,
Un des châssis, cédant à la pression de
la main, montra une ouverture béante.
Suis-moi, ajouta Copeau à son com-
pagnon, en disparaissant par cette entrée
improvisée.
Dachet passa après Copeau.
Et ménageons-nous cette retraite,
reprit l'habitant de la rue deBuffault, car
du diable si je sais comment nous sorti-
rons d'ici.
En même temps, il assujettit le châssis
à l'aide d'un bout de bois qu'il trouva
sous sa main.
28
fausse nouvelle. Le Progrès avait annoncé
qu'un prêtre avait commis un assassinat.
Dans la même; audience, un purt électeur du
même citoyen Magnin, a été condamné à 100 •
fr. d'amende pour avoir insulté tta officier à
propos de la croix militaire de Mtotana.
« Brest, 20 août. M. le prince de
Joinville est arrivé mardi à Brest après s'être
arrêté quelque temps à Morlaix et avoir été
visiter Roscoff. Le prince qui est accompagné
de sa femme, la princesse Françoise-Caroline»
Jeanne de Bragance, sœur de don Pedro Il,
empereur du Brésil, est allé hier, visiter la
Bretagne, accompagné des amiraux Penhoat
et Bouët. Tous les trois étaient en tenu* bour-
geoise. Un capitaine do frégate, aide de camp
de M. le vice-amiral préfet maritime, les ac-
compagnait en tenue. Mercredi matin, le prince
a visite l'arsenal et le cuirassé Colbert, en
construction.
Pontoise, 20 août. Nous venons
de terminer le bilan du désastre bausé par
l'ouragan du jeudi 12 août.
On peut, sans exagération, évaluer A trois
millions les pertes subies par le canton de
Pontoise ce jour-là.
Les communes d'Osny, de Neuville, de
Cergy, de Boisemont, de Courdimanche, de
Jouy-Ie-Moûtier, de Vauréal, et surtout le
petit, hameau de Jouy-la-Fontaine, ont été
particul ièrement ravagés.
Deux chevaux remorquant un bateau ont
été noyés dans l'Oise, pendant la tourmente.
Le gibier, très abondant cette année, a péri.
On a ramassé sur les territoires de Cergy et
de Puiseux un grand nombre de lièvres et
plus de 500 perdreaux tués par la grêle. Le
pays offre l'aspeet de la dévastation. Nous
sommes ruinés.
SAINT-MALO, 18 août. Avant-hier
sont arrivés ici, par le chemin de fer, qua-
rante passagers et cent-dix hommes formant
l'équipage du transatlantique Boyne, du
Royal Mail Company, qui vient de sombrer
près de Molène (Finistère). Les hôtels de Saint.
Malo et les maisons étant combles, on a dû
s'adresser, pour les loger, aux colléges et aux
hospices. Grâce à ces deux administrations,
le vivre et le couvert ont été assurés à ces
malheureux.
Hier soir, tous ces hommes se sont rendus
en colonne serrée sur les quais, après avoir
traversé les rues de la ville en poussant des
hurrahs frénétiques, qui se sont continués'
jusqu'au moment où le magnifique steamer
de la South Western Railway Company a levé
l'ancre, les transportant à Êkmthampton.
~™~ Nancy, 19 août. M. Cazé, percep-
teur de Fay, en résidence à Toul (Meurthe et
Moselle), s'est accidentellement noyé hier,
mercredi, à cinq heures et demie du matin,
en prenant un bain dans la Moselle.
M. Cazé était un homme fort aimé et ap-
précié à Toul, où il comptait de nombreux
amis qui compatissent à la douleur de sa
jeune femme et de ses deux petits enfants.
~~™- Le conseil général a réélu comme
président et vice-président, MM. Rollin et
Mézières, au grand mécontentement de la
gauche.
Le CAIRE, 20 août. Zenabo, fille
du khédive et femme d'Ibrahim-Pacha, est
morte hier.
«~»~ LONDRES, 19 août. Triste fin que
celle de lady Cottestoe, qui s'est empoison-
née en avalant par mégarde une potion don-
née pour un usage externe. Elle était la
femme de lord Cottestoe, créé baron par M.
Gladstone, en reconnaissance des services
qu'il avait rendus dans l'administration pu-
blique pendant cinquante-cinq ans. Lady Cot-
testoe était âgée de soixante-douze ans.
Vienne, 20 août. Nairis, le célèbre
vélocipédiste anglais qui a fait le pari de
franchir la route de Vienne à Paris, en 15
jours, s'est mis en route hier matin.
Lyon, 20 août, 8 h. soir. La Cour
d'assises a condamné ce soir, à sept heures,
Bouvier, ancien directeur des prisons du
Rhône après le 4 septembre, successivement
rédacteur des journaux l'Excommunié et le
Maudit, à trois ans de prison, 100 francs d'a-
mende et aux dépens, pour faux en écriture
privée.
̃ Madrid, 20 août, matin. Le vapeur
marchand Express, qui a sauté dans le port
de Barcelone, le 17, à cinq heures du soir.
appartenait à la maison Pujol et Castella. Il
était chargé de cartouches, de bombes et de
poudre destinés aux libéraux qui assiègent
les forts de la Seo de Urgel. Il y a eu douze
morts affreusement mutilés et une vingtaine
de blessés dangereusement. L'explosion s'est
d'abord produite dans une barque qui trans-
portait des munitions à bord du vapeur et
s'est étendue, de là, au vapeur lui-même. On
ignore la cause de ce sinistre qui a jeté l'épou-,
vante dans Barcelone et ses environs.
RAGUSE, 20 août. Dervish-Pacha,
avec cinq bataillons de rédifs et trois régi-
Armand.
Maintenant de la prudence, et pas
de bruit surtout.
Ils parcoururent les méandres du jar-
din d'hiver et arrivèrent à une porte-
fenêtre. Cette porte était seulement fer-
mé au pêne.
Copeau fit tourner le bec-de-canne et
la porte s'ouvrit.
Mais, derrière elle, se trouvait une
seconde porte rembourrée, à deux van-
taux.
Il la poussa. Elle céda un peu; toute-
fois, un obstacle, qui devait se trouver
derrière, ne permettait qu'une demi ou-
verture.
Copeau passa la main dans l'interstice
et découvrit que le temps d'arrêt prove-
nait d'épais rideaux qui masquaient
cette porte.
Il attira l'un de ces rideaux vers lui.
Tout à coup un point lumineux surgit
de l'obscurité. Copeau.
Bigre fit Copeau.
Et sa main alla chercher celle de Da-
chet qui comprit très bien ce que signi-
fiait cet attouchement.
Les deux hommes restèrent quelques
minutes sans bouger.
Aucun bruit ne se faisait entendre.
Copeau avait lâché le rideau.
Il s'empressa d'en ramener une partie,
tout doucement, vers lui, et put arriver
à passer la tête dans l'entrebâillement.
Il vit alors une vaste antichambre, au
plafond de laquelle brûlait une lampe
entourée d'un verre dépoli.
C'était cette lumière qui avait motivé
son exclamation.
Sur une petite table se trouvaient un
bougeoir et un porte-allumettes. Cette
vue rassura complétement Copeau.
Si J. Starke était chez lui, se dit-il,
ce bougeoir, qu'il doit prendre là, lors-
qu'il arrive le soir, ne s'y trouverait pas.
Il fit rouler le rideau sur ses anneaux,
poussa l'un des côtés de la porte rem-
bourrée et cette porte ne rencontrant
plus d'obstacle, s'ouvrit toute grande.
Ah fit Copeau en poussant un sou-
pir de joie, nous voici enfin dans la
place.
Robert Dachet était à ses côtés.
Assurons-nous d'abord, dit celui-ci,
qu'oa ne pourra, venir nous surprendre
du dehors.
On se souvient que l'entrée, de l'anti-
chambre donnait sur le perron de l'hô-
tel qui faisait face à la cour.
Dachet poussa le verrou intérieur et,
plus tranquille désormais, examina la
pièce dans laquelle ils se trouvaient.
A droite et à gauche, dans. l'anti-
chambre, existait une porte.
ments d'infanterie, s'avance pour déloger les
insurgés d'entre Mostar et Klek. Des muni-
tions considérables ont été commandées à
Raguse pour approvisionner cinq mille hom-
mes qui sont rendus pour aller au secours
de;I'reblgne.
de .•̃ TreMgne. *>“ ife;\ Auguste Marcade.
BO1TE AUX LETTRES
Monsieur le rédacteur,
Le Figaro donnait hier, d'après la Vie pari-
sienne, la description de quatre toilettes com-
posant le trousseau de noce do la princesse
Amélie de Saxe-Cabourg-Gatha, Ces descri-
ptions étaient parfaitement exactes, du reste;
aussi je viens vous prier de vouloir bien com-
pléter ces renseignements. Le trousseau de la
princesse se compose, non pas seulement des
quatre toilettes décrites, mais bien de quinze
toilettes, qui, toutes, ont été confectionnées
dans la maison Roger, 4, rue do Mogador.
Veuillez agréer, etc. ROGER.
PARIS AU JOUR M JOUR
Les nouvelles qui arrivent de l'Herzé-
govine sont soudainement devenues ex-
cellentes à vrai dire rien ne paraît
changé dans la position respective des
Turcs et des insurgés; ce qui semble, en
revanche, à peu près certain, c'est que
les puissances européennes borneront
leur intervention à la voie diplomatique.
Une correspondance bien renseignée, les
Tablettes d'un spectateur, disait hier en
affirmant une politique de non-interven-
tion
Le représentant d'une des grandes puis-
sances ne croyait, hier soir, commettre au-
cune indiscrétion et ne point se départir de
la réserve commandée par la situation en fai-
sant tout haut dans un salon la réflexion sui-
vante L'Autriche et la Prusse ont pu se met-
tre d'accord pour occuper naguère le Hols-
tein et pour battre le Danemark, Mais il leur
a fallu ensuite se faire la guerre en 1866 pour
décider à qui resteraient le ïmtin et les lau-
riers.
Jusqu'ici, les puissances s'en tiennent ri-
goureusement à cette simple ligne de con-
duite qui est, en même temps, la seule ligne
possible, c'est-à-dire, raisonnable toutes,
l'Autriche, la Russie, l'Allemagne, l'Angle-
terre, la France et l'Italie, recommandent
d'une part à la Porte Ottomane une action
prompte et décisive, et d'autre part, à ses
vassaux de la Serbie, de la Roumanie et du
Monténégro une loyale exécution des traités
qui règlent leur situation.
+% On écrit au Pays que Vermersch,un
des plus méprisables produits de la « pé-
riode communale », pour employer le
galant euphémisme du Rappel, a été su-
I périeurement rossé par un autre com-
munard, Lissagaray, qui avait eu à se
plaindre de brochures dirigées par ledit
I vermersch contre ses confrères en émi-
gration.
¥*¥ Nouvelles de M. Thiers d'après la
Gironde
Bien des propositions ont été faites à l'an-
cien président de la République pour le déci-
der à accepter la candidature aux élections
sénatoriales. Je suis en mesure de vous an-.
noncer que M. Thiers n'est rien moins que
disposé à accepter. Il est convaincu que nom-
bre de députés de l'Assemblée actuelle se re-
trouveront au Sénat, et il ne tient guère à se
retrouver dans un pareil milieu, où il ne
peut, dit-il, que se faire du mauvais sang ».
M. Thiers se réserve donc pour la deuxième
Chambre. Il lui en coûterait, après avoir été
élu plusieurs fois au Sénat, de prendre congé
de ses électeurs pour se représenter devant
le suffrage universel. Sa conviction est faite
il ne sollicitera que le mandat législatif.
En bon français, cela veut dire que si
on ne prend pas l'indispensable précau-
tion d'étouffer dans l'œuf les candidatu-
res multiples, il s'organisera au profit de
l'ex-président une manifestation quasi-
plébiscitaire dont le gouvernement
n'aura point à se lou/îr certainement.
Une correspondance bonapartiste,
qui rend compte de la célébration du 15
aout à Arenenberg. cite une conversation
que le fils de Napoléon III aurait eue avec
un de ses visiteurs:
̃ Si un jour le peuple me rappelait, me
disait-il, je voudrais forcer tous les honnêtes
Il ouvrit celle de gauche; elle donnait
dans la salle à manger.
Pendant ce temps, Copeau ouvrait celle
de droite.
Une bibliothèque, dit-il.
Dachet vint le rejoindre.
Usdns de- la lumière, dit le ban-
quier.
Il alluma la bougie et entra avec Co-
peau dans cette autre pièce, qui était la
seconde que Caroline avait dû traverser
la première fois qu'elle était venue chez
J. Starke.
La porte du boudoir frappa aussitôt
les yeux des deux hommes.
Ils essayèrent de l'ouvrir, mais la porte
était close.
C'est ici exclama Dachet.
Sans rien dire, Copeau tira de sa poche
un gros couteau contenantune lime, une
scie, un poinçon, un canif et une forte
lame.
Il dévissa très lestement la plaque qui
cachait la serrure et poussa celle-ci avec
son poinçon, la serrure tomba etlaporte
s'ouvrit.
Alors ils se trouvèrent dans l'étroit
couloir qui conduisait au boudoir de J.
Starke. La porte en était ouverte.
Ils entrèrent.
Eh! eh! s'écria Copeau, çan'estpas
mal ici! Onvoit que lesejour de la France
épure les goùts de messieurs les Tu-
desques
Robert Dachet, qui avait bien d'autres
préoccupations que son compagnon, cou-
rut à un petit bureau, chef-d'œuvre de
Tahan.
Mais le bureau était bien fermé par sa
mignonne serrure.
Il faut ouvrir ce meuble; dit Dachet
à Copeau.
Copeau fit jouer tour à tour la lame et
le poinçon de son couteau la serrure
résistait.
C'est vraiment dommage de dété-
riorer un pareil bijou! mais le scrupule
est hors de saison.
Il fit sauter un des morceaux de la
marqueterie et y introduisit la scie; la
scie rencontra autre chose que du bois
et refusa de mordre.
Diable! dit Copeau ce Starke est
un homme prudentl. Faisons jouer la
lime, alors.
Et à l'aide de cet instrument, il lima
la plaque métallique qui était à l'inté-
rieur.
Au bout de dix minutes de travail, le
bureau était ouvert.
Robert Dachet se précipita sur les pa-
piers qu'il contenait.
Halte là 1 dit Copeau, contentons-
gens à se rallier à l'empire, et effacer de la
langue française les mots exil et proscrip-
tions si l'on savait quels enseignements j'ai
trouvés dans les événements qui se sont dé-
roulés gous mes yeux, quelles résolutions j'ai
puisées, on verrait combien je comprends
qu'il ne faut regarder en arrière que pour y
tmereher des exemples et des- leçons, et non
pas des sujets de vengeance et d'amertume
je sais bien que ce n'est pas avec la haine
qu'on gouverne un grand peuple.
,*»̃ Dans un article original que publie
la Revue britannique YÀnclrogyne dans
Part ancien et moderne, M. G. d'Orcet
donne des détails curieux et peu connus
sur une femme qui a servi de modèle
pour YAtalanle, un des chefs-d'œuvre de
Pradier, pour la jeune fille du Combat
de coqs, de M. Gérô'me, et qui, en littéra-
ture, a été le type de la Musette, d'Henri
Murger.
C'était, à ce que nous apprend M. d'Or-
cet, une créature fort originale; arrivée
jeune et illettrée de la Bourgogne* elle
tomba dans la galanterie, mais elle re-
leva sa honte par un coin de cette culture
et de cette honnêteté spéciale qui per-
met à l'histoire de prononcer sans trop
rougir le nom de Ninon de Lenclos.
Elle lisait Rabelais sans embarras, et,
s'il lui fallait une traduction pour lire
Platon, elle avait appris le latin. Indé-
pendante et fière, elle méprisait l'argent
et souvent ses caprices s'égaraient_ sur
des hommes pauvres et laids. Qui les
aimerait? disait-elle, si je ne les aimais
pas.
Elle posait pour VAtalante quand un
beau matin elle cessa de venir chez Pra-
dier. Celui-ci vint la réclamer tfhez elle
et la trouva. trépassée.
En véritable artiste, Pradier se con-
sola assez vite par l'idée qu'il pourrait
mouler le cadavre. Au moment où il se
livrait à cette opération, la morte se ré-
-veilla. Ici nous laissons parler M.
d'Orcet
En posant pour YAtalanle, Musette avait été
atteinte d'une fièvre cérébrale qui se termina
par une attaque de catalepsie tellement in-
tense qu'on la crut morte. Elle n'en avait
pas moins conservé toute sa connaissance et
elle entendait tout ce qui se disait ou se fai-
sait autour d'elle.
Le moulage des pieds ne lui avait causé
aucune inquiétude, mais ce fut tout autre
chose lorsqu'il fut question de la mouler tout
entière. Assurément l'intention de l'artiste
était pieuse à sa manière. Malheureusement
pour la pauvre patiente, c'était la mort pré-
cédée d'un horrible supplice et d'une épou-
vantable agonie; car lors même qu'on aurait
pris soin de lui tenir libre la bouche et les
narines, sa poitrine ne pouvait manquer d'être
écrasée sous le poids du plâtre.
La terreur avait été tellement forte qu'elle
avait triomphé de la léthargie. Avec l'usage
do ses membres, le naturel était revenu au
galop, et il lui avait pris fantaisie de mouler
le mouleur. Aussitôt, sans prendre la peine
do compléter le simple appareil d'une beauté
qu'on venait d'arracher à un sommeil si pé-
rilleux, elle avait sauté à bas de son lit, saisi
une sébile, gâché vivement le plâtre, et l'on
sait le reste.
Musette, se recoucha en riant comme un
Savoyard. Ce violent exercice avait déterminé
une puissante réaction physique et morale,
qui se manifesta par une abondante transpi-
ration elle était sauvée. Mais ce fut en vain
que Pradier essaya de rentrer en grâce au-
près d'elle, en s'efforçant de lui démontrer,
que, sans cette salutaire émotion, elle aurait
couru le risque d'être ensevelie vivante, Mu-
sette ne voulut jamais remettre les pieds dan3
son atelier, et l'Atalante fut terminée d'après
une autre.
Quelques années plus tard, Musette,
qu'un héritage inattendu venait d'en-
richir, périt dans un naufrage, à bord de
l'Atlas qui la ramenait d'Algérie.
»% Une singulière anecdote racontée
par M. Philibert Audebrand dans V Illus-
tration
Aux environs de Decize, dans le Nivernais,
il existe un vieux berger du nom de Lamiral.
Ce brave homme a pour profession de garder
dans les prés verts ces grands bœufs de la
race charolaise, que Rosa Bonheur s'entend
si bien à reproduire avec son pinceau. Céli-
bataire, vivant dans une hutte, il vient d'ap-
prendre qu'une succession opulente s'est ou-
verte en sa faveur à Dorcli, en Transylvanie.
En 1830, à Nevers, vivait un autre Lamiral,
le frère du berger. Celui-là était une assez
mauvaise pièce. Après maintes fredaines qui
ont abrége la vie de ses parents, il avait quitté
la province sans' faire connaître le pays vers
lequel il dirigeait ses pas. Il était allé tour à
tour en Belgique, en Allemagne et en Hon-
nous des lettres de Mme Mittermann.
-Penses-tu donc que je veuille pren-
dre autre chose ? demanda Dachet d'un
ton bourru et de mauvaise humeur.
Dame! 1
Assez!
Différentes liasses de papiers, parfai-
tement étiquetées, se trouvaient dans >
un petit casier.
Sur l'une d'elles était écrit: « Lettres
de Caroline. »
Voici notre affaire s'écria Robert
Dachet.
Il s'empara de ces lettres et les mit
dans sa poche.
-r- Et .maintenant, ajouta-t-il, décam-
pons au plus vite
Ils fermèrent les portes, revinrent
dans l'antichambre, éteignirent la bou-
gie et reprirent, pour sortir de l'hôtel,
le même chemin qu'ils avaient suivi
pour y entrer.
Robert Dachet et Louis Copeau arri-
vèrent sans encombre dans la rue dé-
serte.
Ouf dit Copeau, j'aime mieux être
ici que dedans; rejoignons la voiture.
Deux minutes plus tard nos personna-
ges routaient vers Paris.
Robert Dachet ne put résister à son
impatience.
Il tira de sa poche les lettres qu'il y
avait mises et les examina avec soin.
Un juron formidable sortit tout à coup
de sa bouche.
Copeau souriait.
Qu'as-tu? demanda-t-il.
Il manque une lettre.
Comment sais-tu cela?
Parbleu! c'est la dernière et la plus
importante.
N'en as-tu pas copie? observa Co-
peau du ton le plus indifférent.
Eh! que veux-tu que je fasse de la
copie? c'est l'original qu'il me faut.
Copeau se mit très à l'aisq dans la voi-
ture. Il tenait les mille francs qu'il avait
demandés.
Il ne serait peut-être pas impossi-
ble de se laprocurer, dit-il.
Robert Dachet bondit sur sa ban-
quette.
Tu es donc sorcier, toi ?
Non répliqua Copeau en souriant,
je me contente d'être habile.
-Etton habileté pourrait aller jusqu'à
me procurer cette lettre ?
A peu près. Tu sais, toutes les dif-
ficultés ont une manière de se résou-
| dre
Oui, par l'argent! t
Eh bien l qu'est-ce que tu donne-
rais de cette lettre?
grie. Gomme il ne manquait ni de, volonté ni
d'intelligence, il entra en qualité de commis
dans une maison importante de négoce, et, au
bout de vingt ans, il devint l'associé de son
patron. La fortune qu'il. a lassée est évaluée
à 2 millions et demi.
Mais, chose inouïe, le vieux berger aux
bœufs refuse d'accepter la succession qui lui
est échue, et qui, à son défaut, doit apparte-
nir aux pauvres de Dorck. Il prétend ne pas
vouloir des richesses d'un homme qui a fait
mourir de chagrin son père et sa mère. Con-
tent de son sort, il ne veut pas en changer à i
soixante-douze ans et se donner à la fin de sa
carrière des soucis et des embarras. Toute-
fois ses cousins n'envisagînt pas la question
sous ce même point de vue. Après avoir
inutilement tâché d'ébranler la résolution du
vieillard, ils se sont décidés à provoquer son
interdiction. L'argument qu'ils invoquent à
ce sujet est tout à fait dans l'esprit de notre
temps.
Est-ce qu'un homme qui refuse un hé|
ritage de deux millions et demi n'est pas fou
à lier?
Un détail intéressant dans là même:
chronique
Qand les travaux du tunnel sous-marin
de Douvres a Calais seront terminés, un
gigantesque banquet international réu-
nira sous les voûtes du viaduc les ou-
vriers de l'exploitation ainsi que les
Français et les Anglais qui ont voulu
avoir un intérêt dans l'affaire.
Le menu serait même stipulé d'avance
5 bœufs rôtis, 100 mannes de poissons et
1,800 vol-au-vent. Cela est parfait; il ne
manque plus à la petite fête que. le tun-
nel.
Evidemment, dit M. Audebrand, la chose a
un aspect d'originalité bien marquée.
Il nous faut pourtant dire qu'elle ne pourra
être qu'une redite.
Il y a trente-doux ans, en mars 1843, quand
on travaillait au chemin de fer de la Norman-
die, l'entrepreneur avait promis à un sous-
traitant que si le tunnel de Tourville était
terminé pour la fin du mois, il lui donnerait
un bœuf entier rôti. Ce travail ayant été fini
le 19, c'est-à-dire douze jours avant l'époque
indiquée, l'entrepreneur, pour remplir sa
promesse, envoya le 21 à Tourville un bœuf
qui, mis à la broche à quatre heures du ma-
tin, arrivait à doux heures de l'après-midi, en
wagon, tout embroché. Il était ensuite dé-
posé sur une table, autour de laquelle se réu-
nirent 300 ouvriers, plus 40 employés et invi-
tés. Le susdit bœuf renfermait dans son corps
une quantité considérable de pommes de
terre.
Un procès-verbal, qu'on a bien voulu nous
communiquer, mentionne toutes ces circons*
tances,
¥% M.Rocquain vient de réunir toute
la correspondance entre Napoléon fer et
son frère Louis, roi de Hollande; beau-
coup de ces lettres n'avaient pas été re-
cueillies encore. On sait que la résistance
de Louis aux inflexibles volontés de son
frère, qui voulait ruiner la Hollande, lui
fait le plus grand honneur, bien qu'à
vrai dire, le pauvre prince eût le tort
de se prendre trop au sérieux. Quand
il parlait sans rire de ses droits il prê-
tait un peu au ridicule. M. Frédéric Bé*
chard a très heureusement groupé dans
le Journal officiel les plus intéressantes"
de ces lettres.
Signalons-en notamment deux qui
sont curieuses, étant données les légeni»
des, dont il est difficile de vérifier,
l'exactitude, mais qui existent, sur la
liaison de la reine Hortense avec l'ami-
ral Ver Huell.
Le roi Louis désirait envoyer l'amiral Ver
Huell à Saint-Pétersbourg, en qualité d'am-
bassadeur « Je pense, lui écrivit l'empereur
(16 décembre 1807), qu'il n'est pas convenable
d'envoyer le maréchal Ver Huell à Saint-Pé-
tersbourg, d'abord, parce que je puis avoir
besoin do lui pour les mouvements de la flot-
tille ensuite, parce qu'il n'est pas d'usage
d'envoyer un maréchal pour ministre dana
une cour étrangère puisque vous avez ëta-
bli cette dignité, il ne faut pas la déshonorer.
Je n'entre pas dans les raisons qui vous por-
tent à vous défaire de votre ministre de la
guerre et de celui de la marine, qui voua sont;
en ce moment les plus utiles. Mais si Tous
tenez à éloigner Ver Huell, je préfère que;
vous l'envoyiez comme ambassadeur à Pa«
ris. Il est vrai, sire, lui répondit son
frère avec une tristesse résignée, que j'ai eu
des raisons particulières de changer les fonc-
tions de MM. Ver Huell et Hogendorp. Le
premier est un homme d'honneur, bon mili-
taire, mais nullement administrateur et très
dérangé dans ses dépenses. Il y a même una
raison de conduite domestique qui m'y a oblr»
gé. » (26 décembre 1807).
--Cent francs!
Copeau partit d'un éclat de rire.
Vraiment! fit-il d'un ton plaisant.'
Je connais quelqu'un qui serait plus gê*
néreux que toi.
Qui donc?
Starke ou Mme Ferdinand Mitter-
mann.
Mais tu l'as donc, cette lettre, pour
parler ainsi? s'écria Dachet.
Je te l'ai déjà dit: à peu près.
Explique-toi.
J'en ai la reproduction fidèle, ea
photographie!
Robert Dachet eut un mouvement qui
signifiait tout à la fois la, surprise et l'ad-»
miration.
Voilà un garçon bien fort, mais
très dangereux, pensa-t-il je m'en dé-
barrasserai prochainement t Toutefois
son idée vaut bien les mille francs qu'il
me demandait tout à l'heure. Et, s'a-
dressant à Copeau, il ajouta -Tu auras
les cinquante louis en échange de la leU
tre photographiée. Je serai chez toi de*
main matin à huit heures.
La voiture était arrivée au boulevard
Montmartre.
Robert Dachet ordonna au cocher de
s'arrêter.
Veux-tu te faire conduire chez toi $
demanda-t-il à Copeau.
Ouais 1 Me prends-tu pour un sot t
dit celui-ci.
Et il s'empressa de descendre.
Robert l'imita et paya le cocher.
Attends un peu, murmura Copeau,
je vais me venger tout doucement et te
prouver qu'il ne faut pas se moquer du
fils de mon père..
-Bonsoir, Copeau.
Ah s'écria celui-ci, j'oubliais de te
donner un renseignement que tu m'as
demandé.
-Lequel? '̃'
J'ai surveillé ta femme.
Si la clarté eût été plus vive, Copeau
eût pu voir pâlir Dachet.
Eh bien? ̃.̃•̃•<
Eh bien, lundi dernier, à trois heu-
res, elle s'est rendue dans un hôtel meu«
~î)lé de la rue de Vaugirard, et elle y est
restée jusqu'à cinq heures. Quant à M.'
de Prévodal, ajouta vivement Copeau,,
depuis ce jour-là, il est rayonnant. Bon*
soir, Dachet. j
Et Louis Copeau se sauva, en rianf$
laissant Dachet furieux de cette révél?*
tion.
l,. Armand Lapointe." v
[La suite à demain.}
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