Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-19
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 août 1875 19 août 1875
Description : 1875/08/19 (Numéro 230). 1875/08/19 (Numéro 230).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275681f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LU FIGARO JEUDI 1.9 AOUT 187»
dans les mains de la Russie, sillonnée d'in-
nombrables chemins de fer, et pouvant rapi-
dement appeler, sur ses quatre-vingt-trois
millions d'habitants, quatre millions d'hom-
mes exercés au maniement des armes nou-
velles, à moins que le cabinet de Berlin,
éclairé par l'étude et la réflexion, ne com-
prenne qu'il est de son intérêt suprême qu'il
y va peut-être du salut de l'empire germani-
que, non d'amoindrir le poids de la France,
mais au contraire de l'augmenter. Avec tâ
France amoindrie, que pèsera l'Allemagne
appauvrie contre la: Russie enrichie et lui
étant supérieure deux fois en population, fé-
conde en bons soldats.
Nous répéterons encore une fois
qu'au point de vue français ces idées ne
sont pas absolument séduisantes, mais
qu'il y a à les examiner sérieusement
et à se demander, la main sur la cons-
cience, si ce ne sont point les plus pra-
tiques.
*+ M. Chapus envoie au Sport quel-
ques notes intéressantes sur Mme la
marquise de Caux qui se repose à Dièppe
des fatigues exceptionnelles de son sé-
jour à Londres.
On peut se faire une idée de l'activité de la
vie que mène la marquise de Caux, en sa-
chant que, dans l'espace de neuf semaines
qu'elle a passées à Londres, pendant la sai-
son dernière, elle a chanté dans huit concerts,
joué vingt et un opéras, accepté quarante in-
vitations à dîner, et assisté à vingt-cinq bals.
La vocation artistique est si développée
chez elle que là où d'autres, parmi ses ému-
les, consacrent des semaines à l'étude, il lui
suffit de quelques heures.
Il ne lui faut habituellement que deux à
trois semaine pour apprendre un rôle, quelle
que soit son étendue.
Mme de Caux sait trente-quatre rôles d'o-
péra qu'elle est toujours prête à chanter non
seulement elle sait ses rôles à elle, mais elle
sait par cœur toutes les partitions et tous les
accords de l'orchestre, et cela d'une manière
imperturbable.
Son habitude n'est pas de chanter haut le
rôle qu'elle apprend elle le lit ou le fredon-
ne même son accompagnateur alors n'en-
tend pas le son qu'elle donne. Il en est de
même aux répétitions. Ce n'est qu'à la.répé-
tition générale qu'elle se fait entendre.
La charmante diva ne s'astreint d'ail-
leurs à aucune des précautions que ré-
clame l'hygiène et elle ne s'en porte pas
plus mal.
Elle se couche fort tard, se lève relative-
ment de bonne heure. A table, elle n'observe
aucun régime, elle mange de tout des lé-
gumes, des crudités, de la viande succulente
le roastbeef est un de ses plats favoris; elle
boit du vin de Bordeaux a l'ordinaire et du
vin de Champagne frappé sans en éprouver
aucun de ces effets fâcheux qu'on attribue
habituellement aux boissons froides sur les
organes de la voix.
Elle fait trois repas par jour, le déjeuner,
le diner et le souper. Le souper lui est servi
de minuit à une heure du matin après quoi,
elle se couche, ce qui, on le sait, «st -contraire
à l'hygiène des prescriptions officielles.
Les jours où elle chante, elle dîne quatre
heures avant de paraître en scène, et consa-
cre une demi-heure seulement à repasser son
rôle: elle se contente de le lire.
»*» Le Gaulois nous apprend que notre
confrère et ami Albéric Second vient de
recevoir à Deauville l'aimable invitation
qu'on va lire:
Cher monsieur,
L'impératrice a appris que vous étiez très
souffrant et que votre santé réclamait de très
grands soins. Si l'air de la Suisse pouvait
contribuer à la rétablir, Sa Majesté me charge
de vous dire qu'Elle vous offre l'hospitalité
pendant un mois à Arenenberg et qu'Elle se-
rait heureuse que vous pussiez vous rendre
à son invitation,
Je suischarmé, cher monsieur, d'être chargé
de vous faire cette communication, et de me
rappeler ainsi à votre souvenir.
Franceschini PIÉTRI.
Une plaisante fantaisie de Gygès,
dans Pmis- Journal
Dialogue surpris hier en chemin de fer,
entre deux commis voyageurs, l'un Bordelais,
l'autre Marseillais
Le Bordelais. -Eh 1 mon bon, notre maison
est si considérable que, rien que d'encre, nous
dépensons quatre mille francs par an pour les
factures.
Le Marseillais. SandisJ mon ser, ce se-
rait bien pire sez nous; mais le patron il fait
des économies. Point d'assents, ni de points
sur les i; nous les avons supprimés, et cela
seul fait trois mille cinq cents francs d'écono-
mie. Ainsi, zuzez de la maison 1
INFORMATIONS
Et le thermomètre montait toujours 1
La chaleur d'août se trouve maintenant
avoir dépassé celle de mai, et l'année 1875 fi-
gure désormais parmi celles, plus nombreuses
qu'on ne croit communément, qui ont un
maximum tardif.
Voici, à propos de l'élévation de la tempé-
rature, un peu de statistique.
Depuis 1775, trente-quatre étés ont eu leur
maximum de chaleur en août, et un l'a eu
en septembre.
Sept fois, en 1788, 1789, 1810, 1821, 1823,
1851, 1855, le maximum s'est produit après
le 20 août. Ces maximums ont eu respec-
tivement les valeurs suivantes 30°7, 30°3,
30°7, 31°, 31°3, 30°4, 30°4. Leur hauteur est
un peu inférieure à celle des cent maximums
Observés dans ce cycle séculaire. Cependant
la journée la plus chaude observée a Paris
depuis qu'on a établi l'Observatoire, est celle
du 26 août 1765, jour où l'on a constaté 40°
centigrades au nord et à l'ombre.
feuilleton du FIGARO du 19 Août 1815
26
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
L'AUOVR ME L'OR
XX
Suite.
La Prusse dictera ses lois à l'Europe
entière et brisera toutes les souverai-
netés qui lui font obstacle. Bientôt, l'Al-
lemagne, unie, indivisible et constituée
en empire, ne reconnaîtra qu'un maître,
et ce maître sera Guillaume de Prusse
ressaisissant le sceptre de Charlemagne.
Pour atteindre ce but, à la fois noble,
grand, enviable, patriotique, il n'est
point de sacrifice que tout Allemand ne
doive faire, et mon gracieux maître saura
reconnaître magnifiquement les services
de tous les hommes de valeur qui se
dévoueront à cette entreprise.
Ferdinand, tête basse, gardait le si-
lence.
Le duc de Ludendorf jeta un regard
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
Le 8 juillet 1793 n'a donné que 38°4, chiffre
atteint également le 9 juillet 1874, journée
torride dont on n'a pas eu le temps d'oublier
encore le souvenir.
La moyenne d'août, depuis le commence-
ment du siècle, est de 18°4. Elle est un peu
inférieure à celle de juillet, qui s'élève à 49<*i-
Cette circonstance ne tient pas tant à la
moindre température des heures d'insolation
au'à la longueur des nuits, qui ont crû d'une
façon sensible. ̃
Les insolations ont été très nombreuses
hier mercredi.
Parmi les victimes du soleil, citons M. Vail-
lant, sous-chef de la gare Saint-Lazare, qui,
subitement frappé au milieu de son service,
a été transporté chez lui et est mort en arri-
vant.
M. le ministre des affaires étrangères est
rentré hier à Paris à cinq heures du matin.
S. A. le duc de Coimbre quitte demain Pa-
ris, fie rendant en Belgique..
Nous avons oublié de dire, hier, en parlant
de la visite du duc de Coimbre à l'exposition,
qu'il s'est longtemps arrêté devant la vitrine
où M. le docteur Louis-Ernest, dentiste extra-
ordinaire de S. M. le roi de Portugal, a exposé
des pièces dentaires hors ligne et inconnues.
A-propos de M. Louis-Ernest, qui a derniè-
rement, ainsi que nous l'avons raconté, rac-
commodé la mâchoire d'un individu qui se
l'était brisée devant sa porte, 24, Chaussée-
d'Antin, constatons que nous avons vu hier,
chez lui, l'homme en question, et que les
fausses dents qu'il tient de M. Louis-Ernèst
lui semblent meilleures que les vraies qu'il
n'a plus I .̃.
Grande fête religieuse, hier, à la chapelle
des RR. PP. Dominicains, rue Jean-de-Beau-
vais.
La cérémonie était présidée par S. E.
Mgr Meglia, nonce apostolique.
Cette fête a eu lieu en l'honneur de la bien-
heureuse Emilie, de l'ordre de Saint-Domi-
nique.
La bienheureuse vierge était originaire
d'une des plus illustres familles de France, de
la famille de Talleyrand.
Aussi, tout ce que.Paris compte en ce mo-
ment de sommités nobiliaires s'était donné
rendez-vous à la petite chapelle de la rue
Jean-de-Beauvais.
La grand'messe a été célébrée par Son Emi-
nence le cardinal-archevêque de Paris. Le pa-
négyrique de la vierge a été fait par le R. P.
Monsabré.
Les offices de l'après-midi étaient présidés
par Mgr Richard, coadjuteur du cardinal-
archevêque de Paris.
L'heureueetsaison des vacances et des dis-
tributions de lauriers en papier peint est dans
tout son épanouissement.
Depuis mardi, ce ne sont que des distribu-
tions de livres dorés sur tranches et de cou-
ronnes
Voici toutes celles qui ont eu lieu dans cette
seule journée.
Rue Neuve-Bourg-l'Abbé, celle de l'Ecole
des frères, sous la présidence du 1er adjoint du
3° arrondissement;
La distribution des prix aux élèves des
écoles de la rue Buffon et de la rue de l'Epée-
de-Bois a eu lieu dans le grand amphithéâtre
du Jardin des Plantes, sous la présidence de
M. Protasch, délégué cantonal.
Celle de la maîtrise de l'église Saint-Honoré
présidée par M. le curé de la paroisse de ce
nom, a eu lieu dans le manége de l'avenue
Bugeaud.
Dans la chapelle du catéchisme de l'église
Saint-Etienne-du-Mont, M. l'abbé Perdreau,
curé de cette paroisse, a présidé à la distri-
bution des prix aux filles et aux femmes
adultes de la rue des Boulangers.
M. Janin, adjoint au maire du 130 arrondis-
sement, a présidé celle des écoles de cet arron-
dissement, qui a eu lieu dans un vaste local
de la rue du Moulin-des-Prés.
Enfin, à la même occasion, il y a eu une
fête charmante à l'école des sœurs de la rue
de la Tombe-Issoire. 1
Un lecteur généreux nous écrit pour nous
dire qu'il serait heureux d'envoyer par notre
canal une somme de 1,000 francs aux vic-
times du terrible tremblement de terre de
San-Jose-de-Cucuta, sur lequel nous avons
donné des détails circonstanciés dans un de
nos derniers numéros.
Nous ne sommes pas à même de faire par-
venir cette somme à qui de droit, et nous
prions notre correspondant de s'adresser di-
rectement à la Légation du pays.
Le Figaro annonçait hier que Mme veuve
Michelet sollicitait en ce moment une conces-
sion à perpétuité au cimetière Montparnasse,
pour y inhumer son mari à côté du terrain
où repose Edgar Quinet.
C'est à M. Feydeau, inspecteur général des
cimetières, qu'a affaire Mme Michelet en
cette circonstance. Il n'est pas certain que sa
demande lui soit accordée. Il est très difficile
en effet d'obtenir les concessions à perpétuité
dans les cimetières fermés, et il faut attendre
qu'une concession temporaire soit expirée.
Or, nous ne croyons pas qu'aucune con-
cession temporaire soit sur le point de deve-
nir vacante auprès de la tombe d'Edgar
Quinet.
Voici une très drôle d'histoire qui court le
monde Parisien et qui va avoir son dénoue-
ment en police correctionnelle. On compren-
dra que nous ne donnions aucune espèce de
noms ni d'adresses. Ah mais non 1
Trois personnages, un banquier, un indus-
triel et un capitaliste s'étaient associés pour
prêter de l'argent à ces jolis petits intérêts que
connaissent seuls les fils de famille. Dernière-
oblique vers Mittermann fils et ajouta
avec une morgue toute particulière
Ne seriez-vous point, monsieur, un
de ces hommes ?
Ce serait un grand honneur pour
moi, M. le duc, dit enfin Ferdinand; mais
puis-je, dans la position que j'occupe,
accepter pareille mission?
N'êtes-vous point Allemand, mon-
sieur ?
Je suis Allemand en effet; mais le
prince, mon souverain légitime.
M. le duc de Ludendorf daigna hausser
les épaules.
Avant une année, dit-il, la princi-
pauté de* sera annexée à la Prusse.
Est-ce possible? fit Mittermann.
Leduc eutunsourirede Cosaque duDon,,
Mon cher comte, dit-il, je croyais
avoir eu l'honneur de vous apprendre
que.
Ferdinan d l'interrompit.
Pardon, monsieur le duc, vous avez
dit ?
-Mon cher comte, répéta M. de Lu-
dendorf. Ne vous ai-je donc pas appris
que mon gracieux maître vous faisait
comte ?
Non, monsieur le duc, répondit
Ferdinand rouge de plaisir.
Et consul général à Venise?
Quelle distraction 1
Mais Venise appartient à l'Au-
triche
M. de, Ludendorf reprit son air bon.
homme.
-Je ne veux plus avoir de secret
avec un homme de votre mérite. Aussi
bien vous êtes des nôtres, et je puis tout
vous dire. Dans quelques mois, six ou
ment, un jeune homme vient trouver le ban«
quier avec six cent mille francs de traites.
Le banquier les regarde, les trouve excel-
lentes, et donne. trois cent mille francs, en
disant à son client de revenir le- lendemain.
L'autre revient, on le remet à la semaine
qui suit, bref, on le « lanterne », si bien qu'il
porte plainte au parquet. >
Descente de police chez le banquier, qui
nie carrément tout, mais qui laisse entendre
qu'on pourrait peut-être avpir des éclaircis-
sements de l'industriel.
Celui-ci déclare ne pas savoir ce que cela
veut dire. On fait alors une perquisition chez
lui, et, son trouble augmentant, on le forceà
se déshabiller. Dans le fond de son inexpres-
sible, les six cent mille francs de billets étaient
cachés. On a vidé cette caisse improvisée, et
maintenant, justice aura son cours.
N. B. Les trois acteurs de cette scène
sont extrêmement connus du public parisien.
Un très mystérieux événement sur le-
quel nous reviendrons s'est passé la nuit
dernière à Paris.
Deux jeunes gens, les frères P. ont été
brusquement assaillis, place Bréda, par un
individu qu'ils ne connaissent pas, et qui
leur a porté à chacun un violent coup de
couteau, puis a pris la fuite.
Les deux frères sont tombés baignés dans
leur sang, et c'est dans l'état le plus grave
qu'on les a transportés à l'hôpital Lariboi-
sière. On désespère presque de leurs jours.
Aucune tentative de vol n'ayant été com-
mise par le meurtrier, il semble évident que
la vengeance a été le mobile de son crime.
Mais qu'y a-t-il et d'où venait sa double haine
contre les frères P.?
C'est ce que nous ignorons encore, et ce
que nous tâcherons de vous dire demain.
Voici qui est à décourager de l'honnêteté.
Il y a quinze jours, un Parisien, M. Denis,
voyageant en Suisse, trouva dans un champ
un paquet soigneusement cacheté et ficelé, et
portant cette inscrition
W. E. Montagnes, esq.
7, Willliams slreet, W.
London.
Tiens, se dit-il, je vais justement à
Londres, et, puisque ce paquet est perdu, je
le remettrai à son destinataire.
Le lendemain il était à Paris. En arrivant
à la gare, il constata qu'une singulière odeur
s'exhalait du paquet. Sans l'ouvrir, néan-
moins, il prit, samedi soir, l'express de Ca-
lais. A Douvres, l'odeur était devenue insup-
portable c'était une odeur fade et indéfinis-
sable.
A Londres, il arriva chez M. Montagne. Là,
devant lui, on ouvrit le paquet il contenait
le corps d'un petit enfant étranglé.
Arrêté d'abord, M. Denis a été relâché.
Hier, il a traversé Paris, en compagnie de
M. Montagne ét de deux détectives de Scot-
land-Yard. Tous quatre se rendent en Suisse
pour éclaircir cette singulière aventure,
sur laquelle nous comptons bien vous donner
de longs détails prochainement.
Un vieillard de soixante-quinze ans, du
nom de Félix Adelineau, a été trouvé pendu
hier dans son domicile, 85, rue Fondary.
On ignore les motifs qui ont pu le pousser
à se donner la mort.
Le décès remontait à quatre jours.
Autre suicide
A dix heures et demie du soir, un homme
de cinquante à soixante ans, extrêmement
bien mis, s'est jeté du pont de l'Alma dans la
Seine.
On a retrouvé son corps au bout d'un quart
d'heure, mais il était mort.
Il avait au front une blessure provenant
probablement de sa chute. Dans ses poches
on a trouvé un papier ainsi conçu
Ribaut, rue Saint-Romain, 5.
Pardon à tous, et à Dieu. Je me juge.
La famille a été prévenue.
Un pauvre diable de cocher d'omnibus, du
nom de Marimon, et demeurant, 13, Chaus-
sée-du-Maine, a été cause qu'hier son fils a
été écrasé par sa voiture, le numéro 8,502.
Il avait laissé ses chevaux seuls, et l'en-
fant vint jouer devant leurs pieds ils firent
quelques pas en avant.
Quand le père revint, le pauvre petit être
ne formait plus qu'un monceau de membres
broyés.
Un incendie des plus violents a écla té hier
matin à sept heures et demie 226, rue Saint-
Denis, dans la fabrique de faux-cols de M.
Navette.
Il a fallu, pou r se rendre maître du feu,
plus de trois heures aux pompiers du Château-
d'Eau, de la rue aux Ours et des Arts-et-
Métiers. ·
C'est dans un tas de rognures que le feu
s'était déclaré.
M. Navette était assuré à trois compagnies.
Les dégats ne sont pas encore évalués.
Un affreux accident
Hier matin, à huit heures, un mécanicien
du nom de Jean Ferling, travaillant dans son
atelier, 24, rue de Jessaint, venait de mettre
en mouvement une meule en émeri mue par
la vapeur et commençait à polir un morceau
de fer, lorsque la meule éclata tout à coup.
Un éclat frappa Ferling à la tête, et lui em-
porta tout le côté droit de la face.
Le malheureux tomba raide mort.
Plusieurs journaux ont annoncé dernière.
ment qu'Hortense Greffier, la maîtresse du
parricide Célestin Roques, venait d'être enga-
gée comme demoiselle de comptoir par un
huit peut-être Venise appartiendra à
l'Italie et le poste de consul général de
l'empire d'Allemagne vous y est réservé,
avec des avantages financiers dont je ne
parle pas mais qui sont fort importants.
C'est une position qui mène tout droit
son titulaire à une ambassade impor.
tante.
Une pareille position.
Vous est offerte, si vous voulez ser-
vir la Prusse.
Comment refuser? dit Mittermann
tout joyeux et ne songeant plus à son
souverain.
Très bien fit M. de Ludendorf qui
comprenait toutes les réticences. Nous
acceptons votre concours, monsieur le
comte, et, pour utiliser votre dévoue-
ment à la cause sainte de l'Allemagne
voici une note que je vous confie. 1
tira un papier de sa poche.- Il vous
suffira de répondre aux questions qui y
sont posées par desvindications sommai-
res, mais précises. J'aurai l'honneur de
vous attendre demain matin, à mon
hôtel, monsieur le consul général, pour
vous remettre votre nomination et le
rescrit de Sa Majesté qui confère à vous
et à vos descendants el titre de comte.
Il salua Ferdinand et celui-ci, après
s'être incliné profondément, sortit de la
loge.
Ferdinand Mittermann, comme Judas
Iscariote, venait de vendre son maître
Pis encore, son pays-aux Pharisiens
de l'Allemagne 1
XXI »̃̃.
Reposons-nous un instant sur un gra-
cieux tableau.
propriétaire de café, ^désireux d'attirer la
clientèle par tous les moyens possibles.
Renseignements pris, cette nouvelle est
erronée; Mlle Greffier demeure toujours rue
Mosnier, au coin de la rue de Moscou, et ne
pense pas le moins du monde à entrer dans
le commerce.
Dans sa rue, elle est passée à l'état de célé-
brité, et on la fait voir comme une curiosité
à tous les visiteurs.
Cela, d'ailleurs, ne paraît pas lui déplaire
trop.̃;•̃-
Nous avons déjà soumis piusieurs observa-
tions M. Nicolle, directeur de l'exposition
fluviale et maritime, au sujet de quelques
vexations auxquelles est soumis le nombreux
public qui répond chaque jour à son appel.
Bien qu'il n'en ait pas tenu grand compte,
nous ne nous décourageons pas, et voici au-
jourd'hui une nouvelle réclamation.
Ne pourrait-il obtenir que les employés
préposés au tourniquet et au change à la
grande porte fussent un peu plus polis? Per-
sonnellement, nous leur avons entendu à
plusieurs reprises faire des réflexions fort dé-
sobligeantes ensuite, puisqu'au tourniquet
on ne rend pas de monnaie, pourquoi ne pas
avoir installé le bureau de change plus près
de ce tourniquet, de telle sorte qu'il faille
forcement passer devant pour entrer? De
cette manière, quand on n'a pas juste un
franc à donner, on ne serait pas obligé de
sortir de la queue et de perdre sa place pour
aller demander de la monnaie à une vieille
dame, assise à une petite table d'un air géné-
ralement grincheux.
Parions que cette réclamation va encore
tomber dans l'eau, mais tant pis
GAZETTE DES TRIBUNAUX
COUR D'ASSISES D'ILLE-ET-VILAINE: L'assassinat
de la petite Philomène.
Un matin du mois de juin- 1874, une
pauvre jeune fille, une enfant plutôt, car
elle n'avait pas encore quinze ans, s'en
allait joyeuse le long de la route de Mes-
sac à Bain, près de Redon. On la vit, -à
la sortie de Messac, gravir la côte, les
pieds nus, ses sabots à la main, son pe-
tit paquet au bras. Une "ondée d'orage
étant survenue, elle s'assit à mi-côte,
sous un châtaignier. Puis on ne la revit
plus.
Pendant quinze jours, on la chercha
enfin, le 8 juillet, on découvrit-son ca-
davre au milieu des blés, dans un champ
voisin de la route, au haut de la côte
que des passants l'avaient vue monter.
Les insectes et les vers faisaient leur
pâture de ce pauvre corps. Il n'était pas
douteux qu'il y avait eu un crime, ou
plutôt deux crimes. La position du cada-
vre, les vêtements relevés indiquaient
le viol, et les traces matérielles consta-
tées à l'autopsie un assassinat.
La justice soupçonna deux hommes,
l'un nommé Letort, cantonnier au bourg
de Messac, l'autre nommé Chatier. Une
instruction fort longue s'ensuivit, qui,
après des efforts pénibles, aboutit, à la
fin de novembre 1874, à une ordon-
nance de non-lieu en faveur des sieurs
Chatier et Letort. Puis, au commence-
ment de 1875, l'information fut reprise.
On se décida à retenir le cantonnier et à
le traduire devant la justice.
Voici de quelle façon l'accusation a
cherché à prouver la culpabilité de Le-
tort
Le 24 juin, vers midi moins un quart, Phi-
lomène Berthier traversait le bourg de Mes-
sac, portant à la main un paquet et des
chaussures, et elle s'engageait sur la route de
Messac à Bain. A ce moment, Letort travail-
lait sur cette même route, à 250 mètres du
bourg de Messac, et la jeune fille, en pour-
suivant son chemin, devait nécessairement
passer près de lui. C'est ce qui arriva en ef-
fet, et il reconnaît lui-même que Philomène
Berthier le rencontra, lui dit qu'elle allait à la
Ruais, et qu'il lui indiqua le chemin qu'elle
avait à suivre pour s'y rendre.
Ce même jour, Joseph Chevrier était occupé
à arracher du lin, en compagnie de deux fem-
mes, à 150 mètres du lieu où on a trouvé le
cadavre. A midi, après avoir entendu sonner
l'Angelus, il quitta son travail avec la femme
Merhaud et la veuve Poulain, qui travail-
laient avec lui, afin d'aller dîner à Messac.
Pour s'y rendre, ces trois personnes avaient
à suivre un chemin de servitude qui débouche
sur la route de Messac à Bain, en face de
l'ancienne route, à 200 mètres environ de la
borne kilométrique 59. En arrivant sur la
route neuve, Chevrier aperçut, assise au pied
d'un châtaignier placé en face de lui sur un
talus, une jeune fille ayant près d'elle un pa-
quet de vêtements, et à 40 ou 50 mètres plus
bas, près d'une haie d'acacias bordant la
route, le cantonnier Letort, qui semblait oc-
cupé à son travail.
La personne assise sous un arbre n'était
autre que Philomène Berthier qui s'était ar-
rêtée soit pour se reposer, soit pour attendre
que Letort vînt lui indiquer la route qu'elle
avait à suivre;
Chevrier est le dernier témoin qui ait vu
cette jeune fille, et jusqu'au moment où il est
venu reprendre son travail, c'est-à-dire vers
une heure et demie ou deux heures, on n'a
plus aperçu sur la route Letort, ni la vic-
time.
C'est dans cet intervalle que le crime a été
commis.
Vers une heure, la veuve Trouvé, allant
conduire ses bœufs dans une prairie, près du
village de Breil-Cotherel, à huit cents mètres
du théâtre du crime, entendit distinctement
deux cris plaintifs venant de la direction du
nord, c'est-à-dire du côté où le cadavre a été
découvert.
Il s'agit encore de Mme Desprez, d'Elise
sa fille et de Paul Maisonneuve. Peut-
être le lecteur ne sera-t-il pas fâché de
les voir apparaître de nouveau. Cela le
reposera des iniquités de certains per-
sonnages.
Mme Desprez et sa fille adoraient la
musique, et Paul Maisonneuve, à la
veille d'être l'époux d'Elise, avait cru
pouvoir, sans blesser les convenances,
leur offrir une seconde loge à l'Opéra,
pour entendre le chef-d'œuvre de Do-
nizetti
Mme Desprez avait accepté, et un chaud
baiser de sa fille l'avait remerciée de cette
condescendance.
Elise était ravissante sous sa toilette
simple. A coup sûr, elle ne devait les
nombreux regards qui se dirigeaient
vers elle qu'à sa beauté, qu'à sa modes-
tie et au charme tout particulier qui se
dégageait de sa personne. Mais tous ces
regards ne pouvaient la distraire de
l'attention avec laquelle elle écoutait
cette musique si franchement mélo-
dieuse, si douce à l'oreille, si sympa-
thique au coeur.
On devinait bien, ason attitude, qu'elle
éprouvait une pure jouissance et qu'elle
n'en voulait rien perdre.
Mme Desprez, plus pâle encore que
d'habitude, mais d'une pâleur qui n'avait
rien de maladif, souriait en contemplant
sa fille. Parfois son regard plongeait en
arrière pour sourire aussi à Paul Maison-
neuve, et le jeune homme exprimait alors
sa joie et son remerciement à Mme Des-
prez en serrant la main qu'elle lui ten-
dait. L.
Ce mouvement causait un lâotar hnixL
La femme Triel, du même village', a aussi ç
entendu des cris à la même heure, à l'époque j
de la Saint-Jean dernière, mais elle ne peut
préciser exactement si elle les a entendus a la
date du 24 juin.
Le même jour, la femme Simon, cultiva-
trice à la Margaterie, après avoir dîné et cou-
ché ses enfants, alla à son jardin pour y arra-
cher du lin.
Elle y était depuis quelques instants lors-
que, vers une heure environ, elle entendit,
dans la direction de Bain, deux cris qui sem-
blaient poussés par une personne que 1 on
aurait étranglée.
C'est évidemment à ce moment qu'a eu lieu
la scène dans laquelle Philomène Berthier a
trouvé la mort.
Les cris de la victime, qui sont parvenus à
de grandes distances, ont dû, à plus forte
raison, arriver aux oreilles do Letort, qui se
trouvait dans le voisinage du lieu de l'atten-
tat. Cependant, ce dernier prétend qu'il n'a a
rien entendu.
Letort a trente-deux ans. C'est un assez
bel homme, de haute taille, au teint co-
loré, au visage ferme et intelligent. Il
porte une petite moustache blonde et des
favoris. Il est vêtu d'une blouse bleue.
Son interrogatoire dure une heure.
Letortle subit avec beaucoup de fermeté.
Il proteste avec énergie de son inno-
cence. Il a vu, dit-il, Chatier, qu'il avait
rencontré une demi-heure auparavant,
à dix minutes d'intervalle de Philomène
Berthier, traverser, vers midi et demi,
le haut de la côte, suivi de cette enfant,
et pénétrer avec elle dans le domaine de
Pélouine.
M. le président. C'est votre système? P
L'accusé. Je n'ai pas de système, je ne
dis que la vérité.
A ce moment des débats, M. le prési-
dent informe MM. les jurés qu'il vient
de recevoir une lettre anonyme portant
le timbre du bureau postal de Messac.
Dans cette lettre, écrite au crayon, l'é-
crivain anonyme indique un témoin sûr,
un témoin de visu du crime. Ce témoin
serait un enfant, la fille d'un sieur René
Langlois, de Messac. La petite Langlois,
qui, le 24 juin, gardait ses vaches dans
un champ voisin de la clôture Martin,
aurait vu le meurtrier assaillir Philomène
Berthier. L'enfant aurait eu grand peur,
et, fouettant ses vaches, elle serait ren-
trée bien vite à la maison de son père.
Toute effrayée, elle aurait aussitôt conté
à celui-ci l'effroyable chose qu'elle ve-
nait devoir, et René Langlois aurait dé-
fendu à sa fille d'en parler, « pour ne pas
avoir affaire, dit la lettre, à cette mau-
vaise famille. »
M. le président annonce à MM. les ju-
rés que Langlois père et sa fille, mandés
d'urgence par le télégraphe, en vertu de
son pouvoir discrétionnaire, vont arriver
par le train du soir, et seront immédia-
tement entendus.
Cet incident produit une assez vive
émotion. v
Vers huit heures du soir, on annonce
l'arrivée des témoins qui ont été dési-
gnés par la lettre anonyme et que M. le
président a fait avertir par le télé-
graphe.
On introduit la petite fille. L'émotion
est à son comble.
La petite fille, interrogée à diverses
reprises, dit qu'elle n'a rien vu, qu'elle
était à l'école et qu'elle ne sait pas ce
qu'on a voulu dire.
René Langlois père est introduit à son
tour. C'est un paysan, tout d'une pièce,
qui n'entend pas du tout qu'on plaisante
avec lui. Jamais sa fille ne lui a rien dit
et tout cela n'est qu'une histoire. Elle ne
pouvait, d'ailleurs, aller mener paître
les vaches, car les blés, noirs étaient
hauts.
Le brave campagnard semble très mé-
content d'avoir été dérangé pour rien et
il s'exprime avec une certaine rudesse.
On entend une grande quantité d'au-
tres témoins dont les dépositions n'ap-
portent pas grand éclaircissement à la
justice.
Enfin, on appelle le témoin Châtier,
celui que Letort accuse.
Chatier entre accompagné d'un gen-
darme.
Chatier vient d'être, en effet, con-
damné à deux mois de prison pour avoir
assailli une femme sur une route du
Grand-Fougray. C'est un jeune homme
de vingt à vingt-deux ans, au visage
blafard et fatigué. Son œil jaune, terne
et fuyant, impressionne désagréable-
ment.
M. le président. Vous avez une mauvaise
réputation.
Châtier. Je me conduis bien.
D. Vous vous êtes mal conduit, car vous
êtes détenu en ce moment pour un fajt d'agres-
sion déplorable, et on a été excessivement in-
dulgent pour vous à Redon. Racontez-nous
ce que vous avez fait dans la journée du 24
juin.
R. J'ai été chez divers voisins dans la mati-
née après midi, je suis allé, pour demander
un manche de faulx à Chevrier, à Pélouine;
j'ai vu Letort, en montant la côte, puis j'ai
changé d'idée à mi-chemin, pensant bien que
je ne trouverais pas Chevrier, et je suis rentré
chez moi par les jardins, bien au-dessus de la
haie d'acacias.
D. Letort prétend qu'à midi et demi vous
étiez au haut de la côte et que vous avez fran-
chi la barrière de Pélouine, suivi d'une
femme 1
R. Non.
D. Pourquoi, quand Ollivier, l'oncle de la
Gaston Vassy.
Elise aussi, elle, se retournait, et, joyeuse,
demandait à ses deux amours:
Qu'avez-vous?
Rien disait la mère.
Oh les vilains égoïstes murmurait
Elise à mi-voix, ils me font des cachot-
teries Je ne vous aime plus.
Mais son regard disait le contraire de
sa bouche.
Elle reprenait sa pose attentive et rede-
venait sérieuse.
Alors, sous prétexte de mieux enten-
dre, Paul Maisonneuve se penchait vers
elle et son regard amoureux suivait les
lignes pures de son cou et la forme gra-
cieuse de ses épaules; de son souffle,
qu'il essayait vainement de retenir pour
ne point effaroucher Elise, Paul Maison-
neuve faisait voltiger les petits cheveux
qui se tordaient capricieusement sur la
nuque blanche de la jeune fille.
Il suffit d'avoir eu vingt ans et d'avoir
été amoureux pour comprendre le bon-
heur qu'éprouvait Paul Maisonneuve.
Pendant un entr'acte, Melven aperçut
Robert Dachet et Copeau se dirigeant
vers le couloir ils allaient sans doute
se rejoindre au foyer.
Sortez-vous, Prévodal ? dit-il pour
la forme à Prosper.
Mais celui-ci, désireux de profiter de
l'absence momentanée de Dachet pour
aller voir Mina dans sa loge, repondit
Non je préfère rester.
Pierre Melven sortit seul et se perdit
bientôt dans la-foule qui encombrait les
couloirs.
Robert Dachet et Louis Copeau s'é-
taient. ranr>.onf.rÂe au iVvtmj», j
eune Berthier, vous a interrogé chez vous,
javez-vous paru embarrassé?
R. J'avais la bouche pleine. :`
D. La femme Dannebé prétend que vous
avez reconnu avoir vu la petite Philomène ce
jour-là.
R. Messieurs, je ne l'ai pas vue, je ne la `
connaissais pas. 1
On entend ensuite les témoins à dé-
charge, qui donnent de bons renseigne-
ments sur la conduite et le caractère de
Letort, tandis que quelques-uns en don-
nent de mauvais sur Châtier.
Marie Triel, jeune fille de vingt et un.
ans, a été reconduite chez elle, le soir,
par Letort, qui no lui a jamais adresse
de propos grossiers. Un soir, au con-
traire, après la disparition de la fille
Philomène Berthier, Chatier est venu
frapper à sa porte,. Il réussit à se faire
ouvrir. Il était ivre. Il fut inconvenant à
son endroit, et s'approchant d'elle, i\,
voulut la caresser et elle se souvient
qu'il l'appelait: « Ma petite Philomène, «
ce qui la surprit fort.
Perrine Jean, jeune fille du même âge,
a été plusieurs fois conduite par Letort,
qui l'a toujours respectée.
Doutin, forgeron à Messac, a entendu
le père Chatier dire de son fils qu'il ne
pouvait rester nulle part, car il aimait
trop les femmes.
La femme Martin a rencontré Chatier
ivre, le 25 juin, sur la côte de Messac. Il
lui a tenu des propos obscènes.
Louise Demaure, veuve Saulnier, se
présente vêtue de deuil. Cette femme se
rendait au service de son père, lors-
qu'elle fit, sur une route du Grand Fou-
geray, rencontre de Chatier qui lui fit
les propositions les plus obscènes et la
brutalisa pour l'amener à ses fins. Elle
dit alors qu'elle allait crier. Chatier la
maltraita de nouveau, mais elle poussa
des cris de détresse, et son agresseur se
décida à prendre la fuite.
Après une habile plaidoirie de Me Ha-
mard, Letort a été acquitté.
L'opinion publique, en Bretagne, est
très divisée sur cette mystérieuse affaire.
Fernand de Rodays.
VOYAGE
AU PAYS DE LA CHARITÉ PEIVÉE
La guerre au vingt-unième arrondissement (ancien
treizième). Petit aperçu sur la difficulté de
marier les pauvres et les illettrés. La recons-
titution des actes de l'état-civil et la Société de
Saint-Franoois-Régis. Un M. de Foy apostolique.
L'œuvre éyangélique des papiers de mariage.
L'Association des mères de famille. Les
bohèmes du mariage.
n ,'V"
Un membre de la Société de Saint.
Vincent-de-Paul, très zélé pour l'œuvre
de Saint-François-Régis, l'a définie fort
pittoresquement de la manière sui-
vante
•– Cette OEuvre, a-t-il dit, a pour ob-
jet de dépeupler le vingt-unième arron-
dissement (ancien treizième) au profit de
tous les autres arrondissements.
La Société de Saint-François Régis a
été fondée à Paris en 1826, par M. Gassin,
magistrat éminent, à l'effet de procurer
aux indigents les pièces nécessaires à
leur mariage. Son but principal est la
réhabilitation des unions illicites. Les
sociétaires ont fort à faire dans Paris.
Le siége de la Société est rue Madame,
13, dans une vieille maison de ces quar-
tiers du vieux Paris campagnard,
Quatre employés enfermés dans une
petite chambre, pleine de papiers, pas-
sent de laborieuses journées à déchiffrer
des actes et à deviner les états civils de
ceux qui veulent se marier. Il semble, au
premier abdrd, que les pauvres peuvent
se procurer assez facilement les actes
dont ils ont besoin.
Il n'en est rien. Une très faible partie
des pauvres de Paris sont nés dans la
capitale, les autres viennent de la pro-
vince ou de l'étranger. Depuis qu'ils ha-
bitent Paris, il ont cessé leurs relations
avec leurs pays natal. Ils ne savent donc
plus à qui s'adresser pour la levée des
actes. Le plus souvent ils sont complète-
ment illettrés et n'ont.que des idées con-
fuses sur les lieux et les dates de leur
naissance ainsi que sur ceux des décès
de leurs parents. Cependant quelquefois
ils ont des papiers, mais si à la Mairie
on leur fait une difficulté, souvent très
légère, sur les actes qu'ils présentent, ils
se persuadent, à tort bien certainement,
que leurs papiers sont absolument re-
poussés et, que la position fausse dont ils
gémissent est sans remède. Des lors ils
ne pensent plus à se marier, et acceptent
sans remords une situation qu'ils regar-
dent comme presque forcée.
Voilà le mal! Le remède c'est l'excel-
lente institution de Saint-François-Régis
qui, avec la patience qu'on prête aux
anges et l'intelligence qu'on reconnaît à
l'homme, parvient à lever toutes les diffi-
cultés.
Nous sommes loin, ici, on le voit, des
splendeurs de la Société de charité ma-
ternelle. On ne souscrit pas chez un
riche banquier et l'élite du monde pari-
sien ne tient pas à honneur de quêter
Le banquier dit à son agent
J'ai besoin de toi, ce soir.
C'est bien, à quelle heure?
A onze heures. Tu m'attendras à la
porte du couloir obscur, rue Drouot, avec
une voiture.
C'est convenu. A quelle heure se-
rai-je libre?
A une heure après minuit, je sup«
pose.
Bon.
Sois exact.
Est-ce que je ne le suis pas tou-
jours'
Robert Dachet tourna les talons etvint
se mêler au groupe de financiers qui
faisaient de la spéculation jusque dans
le foyer de l'Opéra.
Louis Copeau n'avait pas les mêmes
préoccupations que messieurs les ban-
quiers il s'assit sur un des divans
et ferma doucement les yeux comme un
homme qui, ayant accompli une rude
besogne, se repose de ses fatigues.
Tout à coup il se leva en sursaut.
Une voix avait dit à son oreille
Te voilà donc, mauvais drôle l Pa«
resseux comme par le passé! >
Louis Copeau, tout effarouché, regarda
devant lui; mais il ne vit que des figures
qui lui étaient inconnues.
Il se retourna subitement.
Abmand LAPOJ[Nja»,
[la suite à, demain^ .•
dans les mains de la Russie, sillonnée d'in-
nombrables chemins de fer, et pouvant rapi-
dement appeler, sur ses quatre-vingt-trois
millions d'habitants, quatre millions d'hom-
mes exercés au maniement des armes nou-
velles, à moins que le cabinet de Berlin,
éclairé par l'étude et la réflexion, ne com-
prenne qu'il est de son intérêt suprême qu'il
y va peut-être du salut de l'empire germani-
que, non d'amoindrir le poids de la France,
mais au contraire de l'augmenter. Avec tâ
France amoindrie, que pèsera l'Allemagne
appauvrie contre la: Russie enrichie et lui
étant supérieure deux fois en population, fé-
conde en bons soldats.
Nous répéterons encore une fois
qu'au point de vue français ces idées ne
sont pas absolument séduisantes, mais
qu'il y a à les examiner sérieusement
et à se demander, la main sur la cons-
cience, si ce ne sont point les plus pra-
tiques.
*+ M. Chapus envoie au Sport quel-
ques notes intéressantes sur Mme la
marquise de Caux qui se repose à Dièppe
des fatigues exceptionnelles de son sé-
jour à Londres.
On peut se faire une idée de l'activité de la
vie que mène la marquise de Caux, en sa-
chant que, dans l'espace de neuf semaines
qu'elle a passées à Londres, pendant la sai-
son dernière, elle a chanté dans huit concerts,
joué vingt et un opéras, accepté quarante in-
vitations à dîner, et assisté à vingt-cinq bals.
La vocation artistique est si développée
chez elle que là où d'autres, parmi ses ému-
les, consacrent des semaines à l'étude, il lui
suffit de quelques heures.
Il ne lui faut habituellement que deux à
trois semaine pour apprendre un rôle, quelle
que soit son étendue.
Mme de Caux sait trente-quatre rôles d'o-
péra qu'elle est toujours prête à chanter non
seulement elle sait ses rôles à elle, mais elle
sait par cœur toutes les partitions et tous les
accords de l'orchestre, et cela d'une manière
imperturbable.
Son habitude n'est pas de chanter haut le
rôle qu'elle apprend elle le lit ou le fredon-
ne même son accompagnateur alors n'en-
tend pas le son qu'elle donne. Il en est de
même aux répétitions. Ce n'est qu'à la.répé-
tition générale qu'elle se fait entendre.
La charmante diva ne s'astreint d'ail-
leurs à aucune des précautions que ré-
clame l'hygiène et elle ne s'en porte pas
plus mal.
Elle se couche fort tard, se lève relative-
ment de bonne heure. A table, elle n'observe
aucun régime, elle mange de tout des lé-
gumes, des crudités, de la viande succulente
le roastbeef est un de ses plats favoris; elle
boit du vin de Bordeaux a l'ordinaire et du
vin de Champagne frappé sans en éprouver
aucun de ces effets fâcheux qu'on attribue
habituellement aux boissons froides sur les
organes de la voix.
Elle fait trois repas par jour, le déjeuner,
le diner et le souper. Le souper lui est servi
de minuit à une heure du matin après quoi,
elle se couche, ce qui, on le sait, «st -contraire
à l'hygiène des prescriptions officielles.
Les jours où elle chante, elle dîne quatre
heures avant de paraître en scène, et consa-
cre une demi-heure seulement à repasser son
rôle: elle se contente de le lire.
»*» Le Gaulois nous apprend que notre
confrère et ami Albéric Second vient de
recevoir à Deauville l'aimable invitation
qu'on va lire:
Cher monsieur,
L'impératrice a appris que vous étiez très
souffrant et que votre santé réclamait de très
grands soins. Si l'air de la Suisse pouvait
contribuer à la rétablir, Sa Majesté me charge
de vous dire qu'Elle vous offre l'hospitalité
pendant un mois à Arenenberg et qu'Elle se-
rait heureuse que vous pussiez vous rendre
à son invitation,
Je suischarmé, cher monsieur, d'être chargé
de vous faire cette communication, et de me
rappeler ainsi à votre souvenir.
Franceschini PIÉTRI.
Une plaisante fantaisie de Gygès,
dans Pmis- Journal
Dialogue surpris hier en chemin de fer,
entre deux commis voyageurs, l'un Bordelais,
l'autre Marseillais
Le Bordelais. -Eh 1 mon bon, notre maison
est si considérable que, rien que d'encre, nous
dépensons quatre mille francs par an pour les
factures.
Le Marseillais. SandisJ mon ser, ce se-
rait bien pire sez nous; mais le patron il fait
des économies. Point d'assents, ni de points
sur les i; nous les avons supprimés, et cela
seul fait trois mille cinq cents francs d'écono-
mie. Ainsi, zuzez de la maison 1
INFORMATIONS
Et le thermomètre montait toujours 1
La chaleur d'août se trouve maintenant
avoir dépassé celle de mai, et l'année 1875 fi-
gure désormais parmi celles, plus nombreuses
qu'on ne croit communément, qui ont un
maximum tardif.
Voici, à propos de l'élévation de la tempé-
rature, un peu de statistique.
Depuis 1775, trente-quatre étés ont eu leur
maximum de chaleur en août, et un l'a eu
en septembre.
Sept fois, en 1788, 1789, 1810, 1821, 1823,
1851, 1855, le maximum s'est produit après
le 20 août. Ces maximums ont eu respec-
tivement les valeurs suivantes 30°7, 30°3,
30°7, 31°, 31°3, 30°4, 30°4. Leur hauteur est
un peu inférieure à celle des cent maximums
Observés dans ce cycle séculaire. Cependant
la journée la plus chaude observée a Paris
depuis qu'on a établi l'Observatoire, est celle
du 26 août 1765, jour où l'on a constaté 40°
centigrades au nord et à l'ombre.
feuilleton du FIGARO du 19 Août 1815
26
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
L'AUOVR ME L'OR
XX
Suite.
La Prusse dictera ses lois à l'Europe
entière et brisera toutes les souverai-
netés qui lui font obstacle. Bientôt, l'Al-
lemagne, unie, indivisible et constituée
en empire, ne reconnaîtra qu'un maître,
et ce maître sera Guillaume de Prusse
ressaisissant le sceptre de Charlemagne.
Pour atteindre ce but, à la fois noble,
grand, enviable, patriotique, il n'est
point de sacrifice que tout Allemand ne
doive faire, et mon gracieux maître saura
reconnaître magnifiquement les services
de tous les hommes de valeur qui se
dévoueront à cette entreprise.
Ferdinand, tête basse, gardait le si-
lence.
Le duc de Ludendorf jeta un regard
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité avec la société des Gens de lettres.
Le 8 juillet 1793 n'a donné que 38°4, chiffre
atteint également le 9 juillet 1874, journée
torride dont on n'a pas eu le temps d'oublier
encore le souvenir.
La moyenne d'août, depuis le commence-
ment du siècle, est de 18°4. Elle est un peu
inférieure à celle de juillet, qui s'élève à 49<*i-
Cette circonstance ne tient pas tant à la
moindre température des heures d'insolation
au'à la longueur des nuits, qui ont crû d'une
façon sensible. ̃
Les insolations ont été très nombreuses
hier mercredi.
Parmi les victimes du soleil, citons M. Vail-
lant, sous-chef de la gare Saint-Lazare, qui,
subitement frappé au milieu de son service,
a été transporté chez lui et est mort en arri-
vant.
M. le ministre des affaires étrangères est
rentré hier à Paris à cinq heures du matin.
S. A. le duc de Coimbre quitte demain Pa-
ris, fie rendant en Belgique..
Nous avons oublié de dire, hier, en parlant
de la visite du duc de Coimbre à l'exposition,
qu'il s'est longtemps arrêté devant la vitrine
où M. le docteur Louis-Ernest, dentiste extra-
ordinaire de S. M. le roi de Portugal, a exposé
des pièces dentaires hors ligne et inconnues.
A-propos de M. Louis-Ernest, qui a derniè-
rement, ainsi que nous l'avons raconté, rac-
commodé la mâchoire d'un individu qui se
l'était brisée devant sa porte, 24, Chaussée-
d'Antin, constatons que nous avons vu hier,
chez lui, l'homme en question, et que les
fausses dents qu'il tient de M. Louis-Ernèst
lui semblent meilleures que les vraies qu'il
n'a plus I .̃.
Grande fête religieuse, hier, à la chapelle
des RR. PP. Dominicains, rue Jean-de-Beau-
vais.
La cérémonie était présidée par S. E.
Mgr Meglia, nonce apostolique.
Cette fête a eu lieu en l'honneur de la bien-
heureuse Emilie, de l'ordre de Saint-Domi-
nique.
La bienheureuse vierge était originaire
d'une des plus illustres familles de France, de
la famille de Talleyrand.
Aussi, tout ce que.Paris compte en ce mo-
ment de sommités nobiliaires s'était donné
rendez-vous à la petite chapelle de la rue
Jean-de-Beauvais.
La grand'messe a été célébrée par Son Emi-
nence le cardinal-archevêque de Paris. Le pa-
négyrique de la vierge a été fait par le R. P.
Monsabré.
Les offices de l'après-midi étaient présidés
par Mgr Richard, coadjuteur du cardinal-
archevêque de Paris.
L'heureueetsaison des vacances et des dis-
tributions de lauriers en papier peint est dans
tout son épanouissement.
Depuis mardi, ce ne sont que des distribu-
tions de livres dorés sur tranches et de cou-
ronnes
Voici toutes celles qui ont eu lieu dans cette
seule journée.
Rue Neuve-Bourg-l'Abbé, celle de l'Ecole
des frères, sous la présidence du 1er adjoint du
3° arrondissement;
La distribution des prix aux élèves des
écoles de la rue Buffon et de la rue de l'Epée-
de-Bois a eu lieu dans le grand amphithéâtre
du Jardin des Plantes, sous la présidence de
M. Protasch, délégué cantonal.
Celle de la maîtrise de l'église Saint-Honoré
présidée par M. le curé de la paroisse de ce
nom, a eu lieu dans le manége de l'avenue
Bugeaud.
Dans la chapelle du catéchisme de l'église
Saint-Etienne-du-Mont, M. l'abbé Perdreau,
curé de cette paroisse, a présidé à la distri-
bution des prix aux filles et aux femmes
adultes de la rue des Boulangers.
M. Janin, adjoint au maire du 130 arrondis-
sement, a présidé celle des écoles de cet arron-
dissement, qui a eu lieu dans un vaste local
de la rue du Moulin-des-Prés.
Enfin, à la même occasion, il y a eu une
fête charmante à l'école des sœurs de la rue
de la Tombe-Issoire. 1
Un lecteur généreux nous écrit pour nous
dire qu'il serait heureux d'envoyer par notre
canal une somme de 1,000 francs aux vic-
times du terrible tremblement de terre de
San-Jose-de-Cucuta, sur lequel nous avons
donné des détails circonstanciés dans un de
nos derniers numéros.
Nous ne sommes pas à même de faire par-
venir cette somme à qui de droit, et nous
prions notre correspondant de s'adresser di-
rectement à la Légation du pays.
Le Figaro annonçait hier que Mme veuve
Michelet sollicitait en ce moment une conces-
sion à perpétuité au cimetière Montparnasse,
pour y inhumer son mari à côté du terrain
où repose Edgar Quinet.
C'est à M. Feydeau, inspecteur général des
cimetières, qu'a affaire Mme Michelet en
cette circonstance. Il n'est pas certain que sa
demande lui soit accordée. Il est très difficile
en effet d'obtenir les concessions à perpétuité
dans les cimetières fermés, et il faut attendre
qu'une concession temporaire soit expirée.
Or, nous ne croyons pas qu'aucune con-
cession temporaire soit sur le point de deve-
nir vacante auprès de la tombe d'Edgar
Quinet.
Voici une très drôle d'histoire qui court le
monde Parisien et qui va avoir son dénoue-
ment en police correctionnelle. On compren-
dra que nous ne donnions aucune espèce de
noms ni d'adresses. Ah mais non 1
Trois personnages, un banquier, un indus-
triel et un capitaliste s'étaient associés pour
prêter de l'argent à ces jolis petits intérêts que
connaissent seuls les fils de famille. Dernière-
oblique vers Mittermann fils et ajouta
avec une morgue toute particulière
Ne seriez-vous point, monsieur, un
de ces hommes ?
Ce serait un grand honneur pour
moi, M. le duc, dit enfin Ferdinand; mais
puis-je, dans la position que j'occupe,
accepter pareille mission?
N'êtes-vous point Allemand, mon-
sieur ?
Je suis Allemand en effet; mais le
prince, mon souverain légitime.
M. le duc de Ludendorf daigna hausser
les épaules.
Avant une année, dit-il, la princi-
pauté de* sera annexée à la Prusse.
Est-ce possible? fit Mittermann.
Leduc eutunsourirede Cosaque duDon,,
Mon cher comte, dit-il, je croyais
avoir eu l'honneur de vous apprendre
que.
Ferdinan d l'interrompit.
Pardon, monsieur le duc, vous avez
dit ?
-Mon cher comte, répéta M. de Lu-
dendorf. Ne vous ai-je donc pas appris
que mon gracieux maître vous faisait
comte ?
Non, monsieur le duc, répondit
Ferdinand rouge de plaisir.
Et consul général à Venise?
Quelle distraction 1
Mais Venise appartient à l'Au-
triche
M. de, Ludendorf reprit son air bon.
homme.
-Je ne veux plus avoir de secret
avec un homme de votre mérite. Aussi
bien vous êtes des nôtres, et je puis tout
vous dire. Dans quelques mois, six ou
ment, un jeune homme vient trouver le ban«
quier avec six cent mille francs de traites.
Le banquier les regarde, les trouve excel-
lentes, et donne. trois cent mille francs, en
disant à son client de revenir le- lendemain.
L'autre revient, on le remet à la semaine
qui suit, bref, on le « lanterne », si bien qu'il
porte plainte au parquet. >
Descente de police chez le banquier, qui
nie carrément tout, mais qui laisse entendre
qu'on pourrait peut-être avpir des éclaircis-
sements de l'industriel.
Celui-ci déclare ne pas savoir ce que cela
veut dire. On fait alors une perquisition chez
lui, et, son trouble augmentant, on le forceà
se déshabiller. Dans le fond de son inexpres-
sible, les six cent mille francs de billets étaient
cachés. On a vidé cette caisse improvisée, et
maintenant, justice aura son cours.
N. B. Les trois acteurs de cette scène
sont extrêmement connus du public parisien.
Un très mystérieux événement sur le-
quel nous reviendrons s'est passé la nuit
dernière à Paris.
Deux jeunes gens, les frères P. ont été
brusquement assaillis, place Bréda, par un
individu qu'ils ne connaissent pas, et qui
leur a porté à chacun un violent coup de
couteau, puis a pris la fuite.
Les deux frères sont tombés baignés dans
leur sang, et c'est dans l'état le plus grave
qu'on les a transportés à l'hôpital Lariboi-
sière. On désespère presque de leurs jours.
Aucune tentative de vol n'ayant été com-
mise par le meurtrier, il semble évident que
la vengeance a été le mobile de son crime.
Mais qu'y a-t-il et d'où venait sa double haine
contre les frères P.?
C'est ce que nous ignorons encore, et ce
que nous tâcherons de vous dire demain.
Voici qui est à décourager de l'honnêteté.
Il y a quinze jours, un Parisien, M. Denis,
voyageant en Suisse, trouva dans un champ
un paquet soigneusement cacheté et ficelé, et
portant cette inscrition
W. E. Montagnes, esq.
7, Willliams slreet, W.
London.
Tiens, se dit-il, je vais justement à
Londres, et, puisque ce paquet est perdu, je
le remettrai à son destinataire.
Le lendemain il était à Paris. En arrivant
à la gare, il constata qu'une singulière odeur
s'exhalait du paquet. Sans l'ouvrir, néan-
moins, il prit, samedi soir, l'express de Ca-
lais. A Douvres, l'odeur était devenue insup-
portable c'était une odeur fade et indéfinis-
sable.
A Londres, il arriva chez M. Montagne. Là,
devant lui, on ouvrit le paquet il contenait
le corps d'un petit enfant étranglé.
Arrêté d'abord, M. Denis a été relâché.
Hier, il a traversé Paris, en compagnie de
M. Montagne ét de deux détectives de Scot-
land-Yard. Tous quatre se rendent en Suisse
pour éclaircir cette singulière aventure,
sur laquelle nous comptons bien vous donner
de longs détails prochainement.
Un vieillard de soixante-quinze ans, du
nom de Félix Adelineau, a été trouvé pendu
hier dans son domicile, 85, rue Fondary.
On ignore les motifs qui ont pu le pousser
à se donner la mort.
Le décès remontait à quatre jours.
Autre suicide
A dix heures et demie du soir, un homme
de cinquante à soixante ans, extrêmement
bien mis, s'est jeté du pont de l'Alma dans la
Seine.
On a retrouvé son corps au bout d'un quart
d'heure, mais il était mort.
Il avait au front une blessure provenant
probablement de sa chute. Dans ses poches
on a trouvé un papier ainsi conçu
Ribaut, rue Saint-Romain, 5.
Pardon à tous, et à Dieu. Je me juge.
La famille a été prévenue.
Un pauvre diable de cocher d'omnibus, du
nom de Marimon, et demeurant, 13, Chaus-
sée-du-Maine, a été cause qu'hier son fils a
été écrasé par sa voiture, le numéro 8,502.
Il avait laissé ses chevaux seuls, et l'en-
fant vint jouer devant leurs pieds ils firent
quelques pas en avant.
Quand le père revint, le pauvre petit être
ne formait plus qu'un monceau de membres
broyés.
Un incendie des plus violents a écla té hier
matin à sept heures et demie 226, rue Saint-
Denis, dans la fabrique de faux-cols de M.
Navette.
Il a fallu, pou r se rendre maître du feu,
plus de trois heures aux pompiers du Château-
d'Eau, de la rue aux Ours et des Arts-et-
Métiers. ·
C'est dans un tas de rognures que le feu
s'était déclaré.
M. Navette était assuré à trois compagnies.
Les dégats ne sont pas encore évalués.
Un affreux accident
Hier matin, à huit heures, un mécanicien
du nom de Jean Ferling, travaillant dans son
atelier, 24, rue de Jessaint, venait de mettre
en mouvement une meule en émeri mue par
la vapeur et commençait à polir un morceau
de fer, lorsque la meule éclata tout à coup.
Un éclat frappa Ferling à la tête, et lui em-
porta tout le côté droit de la face.
Le malheureux tomba raide mort.
Plusieurs journaux ont annoncé dernière.
ment qu'Hortense Greffier, la maîtresse du
parricide Célestin Roques, venait d'être enga-
gée comme demoiselle de comptoir par un
huit peut-être Venise appartiendra à
l'Italie et le poste de consul général de
l'empire d'Allemagne vous y est réservé,
avec des avantages financiers dont je ne
parle pas mais qui sont fort importants.
C'est une position qui mène tout droit
son titulaire à une ambassade impor.
tante.
Une pareille position.
Vous est offerte, si vous voulez ser-
vir la Prusse.
Comment refuser? dit Mittermann
tout joyeux et ne songeant plus à son
souverain.
Très bien fit M. de Ludendorf qui
comprenait toutes les réticences. Nous
acceptons votre concours, monsieur le
comte, et, pour utiliser votre dévoue-
ment à la cause sainte de l'Allemagne
voici une note que je vous confie. 1
tira un papier de sa poche.- Il vous
suffira de répondre aux questions qui y
sont posées par desvindications sommai-
res, mais précises. J'aurai l'honneur de
vous attendre demain matin, à mon
hôtel, monsieur le consul général, pour
vous remettre votre nomination et le
rescrit de Sa Majesté qui confère à vous
et à vos descendants el titre de comte.
Il salua Ferdinand et celui-ci, après
s'être incliné profondément, sortit de la
loge.
Ferdinand Mittermann, comme Judas
Iscariote, venait de vendre son maître
Pis encore, son pays-aux Pharisiens
de l'Allemagne 1
XXI »̃̃.
Reposons-nous un instant sur un gra-
cieux tableau.
propriétaire de café, ^désireux d'attirer la
clientèle par tous les moyens possibles.
Renseignements pris, cette nouvelle est
erronée; Mlle Greffier demeure toujours rue
Mosnier, au coin de la rue de Moscou, et ne
pense pas le moins du monde à entrer dans
le commerce.
Dans sa rue, elle est passée à l'état de célé-
brité, et on la fait voir comme une curiosité
à tous les visiteurs.
Cela, d'ailleurs, ne paraît pas lui déplaire
trop.̃;•̃-
Nous avons déjà soumis piusieurs observa-
tions M. Nicolle, directeur de l'exposition
fluviale et maritime, au sujet de quelques
vexations auxquelles est soumis le nombreux
public qui répond chaque jour à son appel.
Bien qu'il n'en ait pas tenu grand compte,
nous ne nous décourageons pas, et voici au-
jourd'hui une nouvelle réclamation.
Ne pourrait-il obtenir que les employés
préposés au tourniquet et au change à la
grande porte fussent un peu plus polis? Per-
sonnellement, nous leur avons entendu à
plusieurs reprises faire des réflexions fort dé-
sobligeantes ensuite, puisqu'au tourniquet
on ne rend pas de monnaie, pourquoi ne pas
avoir installé le bureau de change plus près
de ce tourniquet, de telle sorte qu'il faille
forcement passer devant pour entrer? De
cette manière, quand on n'a pas juste un
franc à donner, on ne serait pas obligé de
sortir de la queue et de perdre sa place pour
aller demander de la monnaie à une vieille
dame, assise à une petite table d'un air géné-
ralement grincheux.
Parions que cette réclamation va encore
tomber dans l'eau, mais tant pis
GAZETTE DES TRIBUNAUX
COUR D'ASSISES D'ILLE-ET-VILAINE: L'assassinat
de la petite Philomène.
Un matin du mois de juin- 1874, une
pauvre jeune fille, une enfant plutôt, car
elle n'avait pas encore quinze ans, s'en
allait joyeuse le long de la route de Mes-
sac à Bain, près de Redon. On la vit, -à
la sortie de Messac, gravir la côte, les
pieds nus, ses sabots à la main, son pe-
tit paquet au bras. Une "ondée d'orage
étant survenue, elle s'assit à mi-côte,
sous un châtaignier. Puis on ne la revit
plus.
Pendant quinze jours, on la chercha
enfin, le 8 juillet, on découvrit-son ca-
davre au milieu des blés, dans un champ
voisin de la route, au haut de la côte
que des passants l'avaient vue monter.
Les insectes et les vers faisaient leur
pâture de ce pauvre corps. Il n'était pas
douteux qu'il y avait eu un crime, ou
plutôt deux crimes. La position du cada-
vre, les vêtements relevés indiquaient
le viol, et les traces matérielles consta-
tées à l'autopsie un assassinat.
La justice soupçonna deux hommes,
l'un nommé Letort, cantonnier au bourg
de Messac, l'autre nommé Chatier. Une
instruction fort longue s'ensuivit, qui,
après des efforts pénibles, aboutit, à la
fin de novembre 1874, à une ordon-
nance de non-lieu en faveur des sieurs
Chatier et Letort. Puis, au commence-
ment de 1875, l'information fut reprise.
On se décida à retenir le cantonnier et à
le traduire devant la justice.
Voici de quelle façon l'accusation a
cherché à prouver la culpabilité de Le-
tort
Le 24 juin, vers midi moins un quart, Phi-
lomène Berthier traversait le bourg de Mes-
sac, portant à la main un paquet et des
chaussures, et elle s'engageait sur la route de
Messac à Bain. A ce moment, Letort travail-
lait sur cette même route, à 250 mètres du
bourg de Messac, et la jeune fille, en pour-
suivant son chemin, devait nécessairement
passer près de lui. C'est ce qui arriva en ef-
fet, et il reconnaît lui-même que Philomène
Berthier le rencontra, lui dit qu'elle allait à la
Ruais, et qu'il lui indiqua le chemin qu'elle
avait à suivre pour s'y rendre.
Ce même jour, Joseph Chevrier était occupé
à arracher du lin, en compagnie de deux fem-
mes, à 150 mètres du lieu où on a trouvé le
cadavre. A midi, après avoir entendu sonner
l'Angelus, il quitta son travail avec la femme
Merhaud et la veuve Poulain, qui travail-
laient avec lui, afin d'aller dîner à Messac.
Pour s'y rendre, ces trois personnes avaient
à suivre un chemin de servitude qui débouche
sur la route de Messac à Bain, en face de
l'ancienne route, à 200 mètres environ de la
borne kilométrique 59. En arrivant sur la
route neuve, Chevrier aperçut, assise au pied
d'un châtaignier placé en face de lui sur un
talus, une jeune fille ayant près d'elle un pa-
quet de vêtements, et à 40 ou 50 mètres plus
bas, près d'une haie d'acacias bordant la
route, le cantonnier Letort, qui semblait oc-
cupé à son travail.
La personne assise sous un arbre n'était
autre que Philomène Berthier qui s'était ar-
rêtée soit pour se reposer, soit pour attendre
que Letort vînt lui indiquer la route qu'elle
avait à suivre;
Chevrier est le dernier témoin qui ait vu
cette jeune fille, et jusqu'au moment où il est
venu reprendre son travail, c'est-à-dire vers
une heure et demie ou deux heures, on n'a
plus aperçu sur la route Letort, ni la vic-
time.
C'est dans cet intervalle que le crime a été
commis.
Vers une heure, la veuve Trouvé, allant
conduire ses bœufs dans une prairie, près du
village de Breil-Cotherel, à huit cents mètres
du théâtre du crime, entendit distinctement
deux cris plaintifs venant de la direction du
nord, c'est-à-dire du côté où le cadavre a été
découvert.
Il s'agit encore de Mme Desprez, d'Elise
sa fille et de Paul Maisonneuve. Peut-
être le lecteur ne sera-t-il pas fâché de
les voir apparaître de nouveau. Cela le
reposera des iniquités de certains per-
sonnages.
Mme Desprez et sa fille adoraient la
musique, et Paul Maisonneuve, à la
veille d'être l'époux d'Elise, avait cru
pouvoir, sans blesser les convenances,
leur offrir une seconde loge à l'Opéra,
pour entendre le chef-d'œuvre de Do-
nizetti
Mme Desprez avait accepté, et un chaud
baiser de sa fille l'avait remerciée de cette
condescendance.
Elise était ravissante sous sa toilette
simple. A coup sûr, elle ne devait les
nombreux regards qui se dirigeaient
vers elle qu'à sa beauté, qu'à sa modes-
tie et au charme tout particulier qui se
dégageait de sa personne. Mais tous ces
regards ne pouvaient la distraire de
l'attention avec laquelle elle écoutait
cette musique si franchement mélo-
dieuse, si douce à l'oreille, si sympa-
thique au coeur.
On devinait bien, ason attitude, qu'elle
éprouvait une pure jouissance et qu'elle
n'en voulait rien perdre.
Mme Desprez, plus pâle encore que
d'habitude, mais d'une pâleur qui n'avait
rien de maladif, souriait en contemplant
sa fille. Parfois son regard plongeait en
arrière pour sourire aussi à Paul Maison-
neuve, et le jeune homme exprimait alors
sa joie et son remerciement à Mme Des-
prez en serrant la main qu'elle lui ten-
dait. L.
Ce mouvement causait un lâotar hnixL
La femme Triel, du même village', a aussi ç
entendu des cris à la même heure, à l'époque j
de la Saint-Jean dernière, mais elle ne peut
préciser exactement si elle les a entendus a la
date du 24 juin.
Le même jour, la femme Simon, cultiva-
trice à la Margaterie, après avoir dîné et cou-
ché ses enfants, alla à son jardin pour y arra-
cher du lin.
Elle y était depuis quelques instants lors-
que, vers une heure environ, elle entendit,
dans la direction de Bain, deux cris qui sem-
blaient poussés par une personne que 1 on
aurait étranglée.
C'est évidemment à ce moment qu'a eu lieu
la scène dans laquelle Philomène Berthier a
trouvé la mort.
Les cris de la victime, qui sont parvenus à
de grandes distances, ont dû, à plus forte
raison, arriver aux oreilles do Letort, qui se
trouvait dans le voisinage du lieu de l'atten-
tat. Cependant, ce dernier prétend qu'il n'a a
rien entendu.
Letort a trente-deux ans. C'est un assez
bel homme, de haute taille, au teint co-
loré, au visage ferme et intelligent. Il
porte une petite moustache blonde et des
favoris. Il est vêtu d'une blouse bleue.
Son interrogatoire dure une heure.
Letortle subit avec beaucoup de fermeté.
Il proteste avec énergie de son inno-
cence. Il a vu, dit-il, Chatier, qu'il avait
rencontré une demi-heure auparavant,
à dix minutes d'intervalle de Philomène
Berthier, traverser, vers midi et demi,
le haut de la côte, suivi de cette enfant,
et pénétrer avec elle dans le domaine de
Pélouine.
M. le président. C'est votre système? P
L'accusé. Je n'ai pas de système, je ne
dis que la vérité.
A ce moment des débats, M. le prési-
dent informe MM. les jurés qu'il vient
de recevoir une lettre anonyme portant
le timbre du bureau postal de Messac.
Dans cette lettre, écrite au crayon, l'é-
crivain anonyme indique un témoin sûr,
un témoin de visu du crime. Ce témoin
serait un enfant, la fille d'un sieur René
Langlois, de Messac. La petite Langlois,
qui, le 24 juin, gardait ses vaches dans
un champ voisin de la clôture Martin,
aurait vu le meurtrier assaillir Philomène
Berthier. L'enfant aurait eu grand peur,
et, fouettant ses vaches, elle serait ren-
trée bien vite à la maison de son père.
Toute effrayée, elle aurait aussitôt conté
à celui-ci l'effroyable chose qu'elle ve-
nait devoir, et René Langlois aurait dé-
fendu à sa fille d'en parler, « pour ne pas
avoir affaire, dit la lettre, à cette mau-
vaise famille. »
M. le président annonce à MM. les ju-
rés que Langlois père et sa fille, mandés
d'urgence par le télégraphe, en vertu de
son pouvoir discrétionnaire, vont arriver
par le train du soir, et seront immédia-
tement entendus.
Cet incident produit une assez vive
émotion. v
Vers huit heures du soir, on annonce
l'arrivée des témoins qui ont été dési-
gnés par la lettre anonyme et que M. le
président a fait avertir par le télé-
graphe.
On introduit la petite fille. L'émotion
est à son comble.
La petite fille, interrogée à diverses
reprises, dit qu'elle n'a rien vu, qu'elle
était à l'école et qu'elle ne sait pas ce
qu'on a voulu dire.
René Langlois père est introduit à son
tour. C'est un paysan, tout d'une pièce,
qui n'entend pas du tout qu'on plaisante
avec lui. Jamais sa fille ne lui a rien dit
et tout cela n'est qu'une histoire. Elle ne
pouvait, d'ailleurs, aller mener paître
les vaches, car les blés, noirs étaient
hauts.
Le brave campagnard semble très mé-
content d'avoir été dérangé pour rien et
il s'exprime avec une certaine rudesse.
On entend une grande quantité d'au-
tres témoins dont les dépositions n'ap-
portent pas grand éclaircissement à la
justice.
Enfin, on appelle le témoin Châtier,
celui que Letort accuse.
Chatier entre accompagné d'un gen-
darme.
Chatier vient d'être, en effet, con-
damné à deux mois de prison pour avoir
assailli une femme sur une route du
Grand-Fougray. C'est un jeune homme
de vingt à vingt-deux ans, au visage
blafard et fatigué. Son œil jaune, terne
et fuyant, impressionne désagréable-
ment.
M. le président. Vous avez une mauvaise
réputation.
Châtier. Je me conduis bien.
D. Vous vous êtes mal conduit, car vous
êtes détenu en ce moment pour un fajt d'agres-
sion déplorable, et on a été excessivement in-
dulgent pour vous à Redon. Racontez-nous
ce que vous avez fait dans la journée du 24
juin.
R. J'ai été chez divers voisins dans la mati-
née après midi, je suis allé, pour demander
un manche de faulx à Chevrier, à Pélouine;
j'ai vu Letort, en montant la côte, puis j'ai
changé d'idée à mi-chemin, pensant bien que
je ne trouverais pas Chevrier, et je suis rentré
chez moi par les jardins, bien au-dessus de la
haie d'acacias.
D. Letort prétend qu'à midi et demi vous
étiez au haut de la côte et que vous avez fran-
chi la barrière de Pélouine, suivi d'une
femme 1
R. Non.
D. Pourquoi, quand Ollivier, l'oncle de la
Gaston Vassy.
Elise aussi, elle, se retournait, et, joyeuse,
demandait à ses deux amours:
Qu'avez-vous?
Rien disait la mère.
Oh les vilains égoïstes murmurait
Elise à mi-voix, ils me font des cachot-
teries Je ne vous aime plus.
Mais son regard disait le contraire de
sa bouche.
Elle reprenait sa pose attentive et rede-
venait sérieuse.
Alors, sous prétexte de mieux enten-
dre, Paul Maisonneuve se penchait vers
elle et son regard amoureux suivait les
lignes pures de son cou et la forme gra-
cieuse de ses épaules; de son souffle,
qu'il essayait vainement de retenir pour
ne point effaroucher Elise, Paul Maison-
neuve faisait voltiger les petits cheveux
qui se tordaient capricieusement sur la
nuque blanche de la jeune fille.
Il suffit d'avoir eu vingt ans et d'avoir
été amoureux pour comprendre le bon-
heur qu'éprouvait Paul Maisonneuve.
Pendant un entr'acte, Melven aperçut
Robert Dachet et Copeau se dirigeant
vers le couloir ils allaient sans doute
se rejoindre au foyer.
Sortez-vous, Prévodal ? dit-il pour
la forme à Prosper.
Mais celui-ci, désireux de profiter de
l'absence momentanée de Dachet pour
aller voir Mina dans sa loge, repondit
Non je préfère rester.
Pierre Melven sortit seul et se perdit
bientôt dans la-foule qui encombrait les
couloirs.
Robert Dachet et Louis Copeau s'é-
taient. ranr>.onf.rÂe au iVvtmj», j
eune Berthier, vous a interrogé chez vous,
javez-vous paru embarrassé?
R. J'avais la bouche pleine. :`
D. La femme Dannebé prétend que vous
avez reconnu avoir vu la petite Philomène ce
jour-là.
R. Messieurs, je ne l'ai pas vue, je ne la `
connaissais pas. 1
On entend ensuite les témoins à dé-
charge, qui donnent de bons renseigne-
ments sur la conduite et le caractère de
Letort, tandis que quelques-uns en don-
nent de mauvais sur Châtier.
Marie Triel, jeune fille de vingt et un.
ans, a été reconduite chez elle, le soir,
par Letort, qui no lui a jamais adresse
de propos grossiers. Un soir, au con-
traire, après la disparition de la fille
Philomène Berthier, Chatier est venu
frapper à sa porte,. Il réussit à se faire
ouvrir. Il était ivre. Il fut inconvenant à
son endroit, et s'approchant d'elle, i\,
voulut la caresser et elle se souvient
qu'il l'appelait: « Ma petite Philomène, «
ce qui la surprit fort.
Perrine Jean, jeune fille du même âge,
a été plusieurs fois conduite par Letort,
qui l'a toujours respectée.
Doutin, forgeron à Messac, a entendu
le père Chatier dire de son fils qu'il ne
pouvait rester nulle part, car il aimait
trop les femmes.
La femme Martin a rencontré Chatier
ivre, le 25 juin, sur la côte de Messac. Il
lui a tenu des propos obscènes.
Louise Demaure, veuve Saulnier, se
présente vêtue de deuil. Cette femme se
rendait au service de son père, lors-
qu'elle fit, sur une route du Grand Fou-
geray, rencontre de Chatier qui lui fit
les propositions les plus obscènes et la
brutalisa pour l'amener à ses fins. Elle
dit alors qu'elle allait crier. Chatier la
maltraita de nouveau, mais elle poussa
des cris de détresse, et son agresseur se
décida à prendre la fuite.
Après une habile plaidoirie de Me Ha-
mard, Letort a été acquitté.
L'opinion publique, en Bretagne, est
très divisée sur cette mystérieuse affaire.
Fernand de Rodays.
VOYAGE
AU PAYS DE LA CHARITÉ PEIVÉE
La guerre au vingt-unième arrondissement (ancien
treizième). Petit aperçu sur la difficulté de
marier les pauvres et les illettrés. La recons-
titution des actes de l'état-civil et la Société de
Saint-Franoois-Régis. Un M. de Foy apostolique.
L'œuvre éyangélique des papiers de mariage.
L'Association des mères de famille. Les
bohèmes du mariage.
n ,'V"
Un membre de la Société de Saint.
Vincent-de-Paul, très zélé pour l'œuvre
de Saint-François-Régis, l'a définie fort
pittoresquement de la manière sui-
vante
•– Cette OEuvre, a-t-il dit, a pour ob-
jet de dépeupler le vingt-unième arron-
dissement (ancien treizième) au profit de
tous les autres arrondissements.
La Société de Saint-François Régis a
été fondée à Paris en 1826, par M. Gassin,
magistrat éminent, à l'effet de procurer
aux indigents les pièces nécessaires à
leur mariage. Son but principal est la
réhabilitation des unions illicites. Les
sociétaires ont fort à faire dans Paris.
Le siége de la Société est rue Madame,
13, dans une vieille maison de ces quar-
tiers du vieux Paris campagnard,
Quatre employés enfermés dans une
petite chambre, pleine de papiers, pas-
sent de laborieuses journées à déchiffrer
des actes et à deviner les états civils de
ceux qui veulent se marier. Il semble, au
premier abdrd, que les pauvres peuvent
se procurer assez facilement les actes
dont ils ont besoin.
Il n'en est rien. Une très faible partie
des pauvres de Paris sont nés dans la
capitale, les autres viennent de la pro-
vince ou de l'étranger. Depuis qu'ils ha-
bitent Paris, il ont cessé leurs relations
avec leurs pays natal. Ils ne savent donc
plus à qui s'adresser pour la levée des
actes. Le plus souvent ils sont complète-
ment illettrés et n'ont.que des idées con-
fuses sur les lieux et les dates de leur
naissance ainsi que sur ceux des décès
de leurs parents. Cependant quelquefois
ils ont des papiers, mais si à la Mairie
on leur fait une difficulté, souvent très
légère, sur les actes qu'ils présentent, ils
se persuadent, à tort bien certainement,
que leurs papiers sont absolument re-
poussés et, que la position fausse dont ils
gémissent est sans remède. Des lors ils
ne pensent plus à se marier, et acceptent
sans remords une situation qu'ils regar-
dent comme presque forcée.
Voilà le mal! Le remède c'est l'excel-
lente institution de Saint-François-Régis
qui, avec la patience qu'on prête aux
anges et l'intelligence qu'on reconnaît à
l'homme, parvient à lever toutes les diffi-
cultés.
Nous sommes loin, ici, on le voit, des
splendeurs de la Société de charité ma-
ternelle. On ne souscrit pas chez un
riche banquier et l'élite du monde pari-
sien ne tient pas à honneur de quêter
Le banquier dit à son agent
J'ai besoin de toi, ce soir.
C'est bien, à quelle heure?
A onze heures. Tu m'attendras à la
porte du couloir obscur, rue Drouot, avec
une voiture.
C'est convenu. A quelle heure se-
rai-je libre?
A une heure après minuit, je sup«
pose.
Bon.
Sois exact.
Est-ce que je ne le suis pas tou-
jours'
Robert Dachet tourna les talons etvint
se mêler au groupe de financiers qui
faisaient de la spéculation jusque dans
le foyer de l'Opéra.
Louis Copeau n'avait pas les mêmes
préoccupations que messieurs les ban-
quiers il s'assit sur un des divans
et ferma doucement les yeux comme un
homme qui, ayant accompli une rude
besogne, se repose de ses fatigues.
Tout à coup il se leva en sursaut.
Une voix avait dit à son oreille
Te voilà donc, mauvais drôle l Pa«
resseux comme par le passé! >
Louis Copeau, tout effarouché, regarda
devant lui; mais il ne vit que des figures
qui lui étaient inconnues.
Il se retourna subitement.
Abmand LAPOJ[Nja»,
[la suite à, demain^ .•
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