Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-08-05
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 août 1875 05 août 1875
Description : 1875/08/05 (Numéro 216). 1875/08/05 (Numéro 216).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO JEUDI 5 AOUT 1875
exhumations, je hasarde une anecdote
assurément inédite. Un jour, un Tardieu
de province fouillait sur un tapis de ci-
metière un cadavre de jeune femme
pour y trouver le crime du mari accusé
d'empoisonnement. On emporta les vis-
cères dans un panier. Deux ou trois pai-
res de lunettes les examinèrent pendant
douze heures. On employa tous les réac-
tifs connus. On ne trouva point de poi-
son. Il y eut une ordonnance de non-
lieu. Mais voici que le mari, mis en li.
berté, disparaît précipitamment. Les
soupçons renaissent. On se souvient que
le mari avait tenu à ensevelir seul sa
femme. Nouvelle exhumation. La mal-
heureuse sort une seconde fois du cer-
cueil et est couchée sur la table. Aucune
marque de violence. Mais en cherchant
sous les cheveux blonds, longs et épais
de la morte, demeurés encore comme
vivants, on trouve un obstacle dur au
cervelet. C'était une longue et épaisse
aiguille d'acier enfoncée la pendant que
la femme était chloroformisée. M. Tar-
dieu, lui, n'eût pas oublié de passer la
main dans les cheveux de la femme, et
la tète de l'homme tombait. r
>\i:
Rien n'est beau, à mon sens, comme
cette science qui se fait gendarme. Elle
reconstitue sur une brindille tout l'écha-
faudage du crime. Elle dit que la vic-
time avait mangé trois heures avant la
mort. Et cette affirmation d'une certi-
tude absolue envoie l'assassin à Técha-
faud. En cas d'accusation d'infanticide,
elle met dans une cuvette d'eau la cer-
velle de l'enfant. Si elle surnage, l'en-
fant a vécu. Il a poussé le premier cri
qui accompagne notre venue au monde.
Chose bizarre, ce premier cri On dirait
que déjà l'homme voudrait s'en aller.
Cette science raconte et définit tous les
attentats nommés ou innomés. Par voie
inuctive, elle remonte quasi à la con-
ception du crime. M. Tardieu est le
maître en cette science-là. On peut croire
de lui que si on lui donnait une dent de
femme, il dirait tout ce qu'elle a mordu.
Mais il y a deux côtés dans la mission
de M. Tardieu celui qui regarde le sang
et celui qui regarde la boue. Ici, les vic-
Itimes sont des petits anges. Là, c'est un
.vers de Juvénal, en chair et en os. M. Tar-
'dieu a fait là-dessus une étude médico-
légale fort remarquable, mais il n'a pas
envisagé la grande face philosophique
de ces monstruosités. Qui l'osera? si on
ne peut le faire dans un livre, qu'est-ce
dans un journal et dans un journal si ré-
pandu que l'est celui-ci? Allez donc
déshabiller, à seule fin de faire une étude
morale, un homme ou une femme sur la
place de la Concorde Soyez donc per-
suadé que les choses les plus intéres-
s in tes sont celles qu'on n'écrit pas. Et
cela dans toute espèce. De même, dans la
vie, ce qu'on dit tout bas est le meilleur.
Du moins nous le jugeons ainsi, nous
autres, en nous rappelant les temps quasi
passés des amours.
fF¥(;-Jjf
Le lecteur a sans doute reconnu déjà
ma prédilection pour toutes ces trouvail-
les de l'esprit humain. Il a bien voulu me
suivre dans des études graves Ce me
semble que l'esprit français a gagné à
tant de labeurs et de souffrances un ap-
pétit de choses sérieuses. Homme politi-
que, je retournerai à ma galère mais de
temps en temps disons ces choses qui
rassérènent. Ici même, le spectacle de
-ces crimes rappelle qu'il y a des vertus.
En sortant de visiter un hôpital ou une
prison, on trouve plus belles les honnê-
tetés et les puretés. Sans ombre, notre
existence serait monotone comme une
peinture chinoise. La politique n'est pour
nous que momentanément une question
de vie et de mort. Mais quel âcre et âpre
plaisir de s'occuper des questions éter-
nellement permanentes de la chair et de
l'âme humaines M. Tardieu ne croit
point à ces applications au Code pénal
de la photographie, qui ont fait tant de
bruit. En reproduisant sur la poussière
lumineuse la prunelle de l'assassiné, on
retrouverait son dernier objectif, la
figure de l'assassin. C'était vraiment trop
beau et un peu dangereux. En passant
après minuit sur le boulevard de la Vil-
lette vous trouvez sous un réverbère un
homme baigné dans son sang. Vous vous
penchez sur sa figure pour voir s'il vit.
Son dernier regard vous a rencontré et
il meurt. L'expérience photographique a
lieu, votre figure ressort sur la prunelle
de l'assassiné et, deux mois après, ce
n'est plus Félix qui vous coupe les che-
veux, c'est M. Roch, ce coiffeur de la
dernière heure.
.̃̃̃ •'••• -'• • # # ̃ '"̃'
M. Tardieu n'est pas toujours un aoeu-
iàteuri' Parfois il défend la tête de l'ac-
cusé. Quoique cela ne soit pas absolu.
mentsa spécialité, il connaît la différence
-minime, mais importante pour un ac-
Feuilleton du FIGARO du S Août ISIS
-v-
LA
CHASSE RUURNTOMES
̃ PREMIÈRE PARTIE
L'JiUOUR »E l'OR
• vin
Un tableau sera toujours incomplet,
quel que soit d'ailleurs le talent du pein-
ire, quand, du milieu des ombres3 ne
| surgir a aucun point lumineux. De même
(un roman sera dépourvu d'intérêt si
il'auteur néglige de présenter à côté de
Ipassions mauvaises le pur amour, s'il
(manque à mettre, en opposition de per-
sonnages odieux, des figures sympathi-
ques.
C'estpourquoi, noussoumettantâcette
tradition, nous transporterons le lecteur
au deuxième étage d'une maison située
rue de Vaugirard, non loin de l'hôtel
ou demeure le comte de Prévodal.
Nous sommes au jeudi, jour de fête,
iaur de bal chez RobertDachet; il est dix
heures du soir. Dans un petit salon meu.
blé avec ce goût exquis, ce tact, cette
délicatesse qui dénote la présence d'une
femme intelligente, d'une vraie femme,
d'une mère, se trouvent réunies trois
personnes une jeune fille qui procède à
'sa toilette de balt aidée d'une servante,
et une femme âgée de trente-quatre a
trmte-cinq ans, déjà parée d'une toilette
da soirée et qui sourit doucement à la
joie que manifeste la jeune Elle.
Reproduction, autorisée pour les journaux qui
D&f traité avec la société des Gens do lettres.
cusé, qui existe enlre un homme qui est
fou et un homme qui ne l'est pas. Il sait
où s'arrête la responsabilité humaine.
Pour ma part, je me méfie de la ten-
dance de la science à trouver facilement
des fous. Je sais bien qu'il y en a et je ne
referai point à ce sujet les vieux clichés
plaisantins. Maisla science, en devenant
de plus en plus matérialiste, c'est-à-dire
en voyant l'irresponsabilité partout,
désarme la société, comme ne sauraient
le faire un million de communards. M.
Tardieu a cela de bon qu'il n'est point
matérialiste. Il croit à l'âme et par con-
séquent au libre arbitre. Prenons garde
Cette théorie de l'irresponsabilité est le
billot sur lequel on coupera le cou à la
société civile. A coup sûr la destinée de
l'homme est étrange. S'il est trop savant
il foleille; s'il est trop buveur, etc., il
foleille. En haut, il y a comme un pla-
fond où l'homme se brise le crâne; an
bas, il y a la boue où il s'enfonce. Mais,
n'est-ce pas, ô mon Dieu, qu'il y a entre
le plafond et la boue un clou où on
peut accrocher sa vie comme un. ha-
mac.
'̃ v, ̃.
M. Tardieu n'intervient pas seulement
comme médecin, il intervient souvent
en qualité de prudhomme du crime. On
l'a entendu reproduire la scène d'un as-
sassinat en se basant sur la position du
cadavre, d'une chaise et d'un cordon à
sonnette. C'est dans ces occasions qu'il
soutient contre l'avocat une véritable
lutte d'éloquence. On se souvient des
débats auxquels ont donné lieu, dans l'af-
faire Armand,lesystèmedelier des mains.
Dans l'affaire Noir, M. Tardieu repro-
duisit, comme toujours, la scène par son
système d'induction ou de déduction. Sa
déposition,fort correcte et impartiale, fut
mal interprétée par des élèves de l'Ecole
de médecine. Il y eut quelque tapage à
la suite dùquel.M.'tTardieu, malgré ses
collègues,donnà sa démission de doyen.
M. Tardieu, qui raconte à ravir, prétend
m'a-t-on dit qu'en certain cas on
reconnaît par le milieu décoratif de l'as-
sassinat non seulement les incidents du
crime, mais le criminel lui-même. Cer-
tains assassins laissent, comme à l'a-
battoir, leur chiffre sur leur victime.
Quelque temps après l'exécution de
Philippe, assassin de filles publiques,
plusieurs de ces malheureuses furent
assassinées. Le commissaire de police
qu'on envoyait chercher reconnaissait à
chaque fois le cachet du même assassin.
En entrant dans la chambre,on voyait les
malheureusesétendues dans une position
identique; et le cou coupé au même en-
droit, par le même rasoir emmanché
solidement. Dans la cuvette de la table
de toilette, des mains ensanglantées
s'étaient lavées. L'armoire, souvent une
armoire à glace, était entr'ouverte. On
avait fouillé sous le linge et on avait du
sang à la main. Puis, détail étrange et
toujours le même, à la fenêtre, aux petits
rideaux, à la hauteur d'un homme de
taille moyenne, deux doigts, assurément
l'indicateur et le pouce, avaient laissé
deux empreintes sanglantes. Cela disait
qu'immédiatement après le crime et
avant de s'être lavé les mains, l'assassin
inquiet regardait dans la rue. On n'a
jamais trouvé ce criminel mystérieux.
Les assassinats cessèrent. Peut-être
n'était-ce qu'un fou épouvantable? Peut-
être, son accès passé, a-t-il été guéri de
son mal infernal? Peut-être est-il à
l'heure qu'il est un père de famille qui
se souvient à peine de cela comme d'un
cauchemart
Rien n'est plus curieux que le sang-
froid de M. Tardieu en face de toutes ces
choses effroyables ou immondes. Il
ressemble à un chef d'orchestre qui
assiste à la cent vingtième représen-
tation du même drame. J'ai déjà dit
qu'il n'avait gardé de toutes ces horreurs
aucun aspect terrible. Cependant quand
il passe dans le jardin du Luxembourg,
les bonnes d'enfants, si elles connais-
saient son métier, pourraient faire peur
de lui aux bébés, comme dans le tableau
de Gérôme cette mère qui menace du
Dante qui passe son enfant qui crie. Nul
homme ne connaît plus que M. Tardieu
les deux faces du crime l'assassin et la
victime. Et il me semble que l'examen
le plus terrible qu'il fait de l'homme
n'est pas celui de la victime couchée sur
la dalle de marbre mais bien celui du
criminel debout tout nu devant lui dans
la geôle de Mazas. Nul mieux que M.
Tardieu n'a entendu battre un coeur
d'homme épouvanté et épouvantable et
n'a su lire dans ce livre divin ou diabo-
lique qui commence aux cheveux et
finit à la cheville de la femme. Le lec-
teur me pardonnera ce portrait. Il sait
que je ne suis pas un peintre de pastel.
Ignotus.
Si nous regardons attentivement cette
dernière, il nous sera facile de recon-
naître en elle la jolie brune à peau
blanéheque Prosper a saluée sur son bal-
con, le lendemain de son arrivée à
Pans.
Sa toilette est achevée.
Il est impossible de voir plus char-
mante, plus fraîche, plus adorable fille
et parure de meilleur goût. C'est bien là
la ravissante fleur de jeunesse, l'espoir
de l'avenir que n'ont flétri ni les pas-
sions humaines, ni les soucis de l'exis-
tence c'est ce regard pur et limpide,
cet admirable épanouissement du chef-
d'œuvre de la nature que le jeune
homme ne peut contempler sans être
ému et rêveur; c'est l'ange dans sa pu-
dique et blanche parure, c'est l'inno-
cence parfaite que le vieillard salue avec
respect, devant laquelle il incline ses
cheveux blancs, parce qu'elle est à la
fois le souvenir de sa jeunesse et l'espé-
rance de ses derniers jours celle-là de-
viendra peut-être sa fille, et c'est d'elle
qu'il se verra renaître par ses petits-
fils.
Tout est grâce et perfections, tout est
beauté et charmes chez cette vierge;
pas un défaut ne fait ombre à cette déli-
cieuse apparition. Corps, cœur et intel-
ligence sont à l'unisson et aussi parfaits
de beautés que de qualités exquises.
C'est qu'elle est née d'une union dont
l'intérêt a été banni; c'est qu'en se don-
nant l'un à l'autre, son père et sa mère
n'ont pas seulement uni leurs corps mais
leurs âmes, tout ce qu'ils possédaient
d'affections et de tendresses; c'est qu'ils
étaient tous les deux jeunes et beaux; ·,
c'est qu'elle a été élevée par sa mère, un
grand cœur, tout dévouement, bonté,
indulgence, tendresse et clairvoyance.
Cette jeune fille n'est autre qu'Elise
Desprez.
La personne qui la contemple sou«
CONSEIL MU N ICI PAL DE PARIS
Séance du 4 août.
Nous extrayons du cornpte«rendu de
la séance du conseil municipal, la partie
qui se rapporte à l'incident dont il est
question dans Paris-Gazette: o
M. Pretet, membre fdu conseil d'adminis-
tration du collége Chaptal donne lecture d'une
demande par laquelle M. le préfet est prié de
faire connaître les motifs par lesquels il a, par
une décision d'hier soir, interdit la distribu-
tion des prix du Petit Collège, qui devait avoir
lieu ce matin, et celle du Grand Collége, qui
devait avoir lieu demain.
M. le préfet de la Seine répond qu'il aurait
volontiers donné des explications a M. Pretet
s'il les lui avait demandées comme membre du
conseil municipal, mais il ne saurait répondre
à la mise en demeure écrite qui lui est adressée
et qui tranche la question avant qu'il lui ait
répondu.
M. le président fait observer que le Conseil
est saisi d'un compte financier de l'exercice 75
et qu'il peut à cette occasion demander des
explications sur l'emploi des fonds destinés
aux distributions de prix.
M. le directeur de l'enseignement répond
que l'emploi de ces fonds a été le même que
les années'précédentes. M. Pretet objecte que
les dépenses de préparatifs ont été faites inu-
tilement. Il ajoute que de nombreuses familles
se sont présentées au collége Chaptal sur la
foi des invitations et qu'elles ont manifesté
leur mécontentement.
M. le préfet de la Seine répond qu'il n'a-
vait, en ce qui le concerne, pris aucune dé-
cision fixant la distribution des prix du col-
lége Chaptal. S'il y a eu des dépenses faites,
des familles prévenues, cela a été fait sans
son ordre.
M. Charles Loiseau ne pense pas qu'une
décision du préfet soit nécessaire pour fixer
la date des distributions de prix. Il suffit que
les fonds aient été inscrits au budget spécial
du collége pour que le conseil d'administra-
tion soit autorisé à déterminer cette date.
M. le préfet répond que l'emploi des fonds
et les dispositions du conseil d'administration
qui accompagnaient cet emploi constituent
des mesures d'exécution qu'il appartient à lui
seul de prendre, et dans lesquels la conseil
n'a pas à s'immiscer.
M. Forest dépose un ordre du jour ainsi
conçu
« Le conseil, regrettant la mesure inexpli-
cable prise à l'improviste, et sans égards pour
les familles, au sujet de la distribution des
prix du collége Chaptal, passe à l'ordre du
jour. »
M. le préfet déclare que le conseil peut, s'il
le veut, voter cet ordre du jour; il n'entend
pas s'opposer à ce vote matériel mais il ne
saurait accepter le blâme qui lui est infligé
par le conseil qui n'est pas, il le répète, com-
pétent en matière d'administration. M. le
préfet a le regret de ne pas tenir compte de
ce blâme.
L'ordre du jour de M. Forest est mis aux
voix et adopté.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
-v» Blois, 3 août. Un enfant de notre
pays, le colonel Henry des Méloizes, vient de
mourir en Afrique, après avoir parcouru une
brillante carrière. Engagé volontaire en 1843,
colonel de spahis en 1870, officier de la Lé-
gion d'honneur, il avait fait les campagnes
d'Afrique, de Crimée, d'Italie. Il est mort à
52 ans, après une longue et cruelle maladie.
Le colonel des Méloizes était le petit-fils de
la comtesse de Chéverny, qui, pendant qua-
rante ans avait su grouper, par son charmant
esprit, l'élite de la société de Blois dans son
salon hospitalier. Son père avait laissé dans
le pays les plus honorables souvenirs. Le
corps du colonel est ramené à Blois pour y
être enseveli au milieu des siens.
Sur sa tombe, le général commandant la
subdivision de Bône a raconté en ces termes
une des dernières actions de sa vie de soldat;
Privé de l'honneur de concourir à la défense de
la patrie envahie, le colonel des Méloizes fut assez
heureux pour rendre un service signalé à la colo-
nie algérienne. Il commandait provisoirement la
subdivision de Tlemcen, lorsqu'un aventurier, le
nommé Kadour ben Hamza, passa la frontière
marocaine et s'avança avec des bandes nom-
breuses jusqu'à Meggoura, en appelant à l'insur-
rection les tribus de la province d'Oran, dégarnie
ators de troupes. Le colonel des Méloizes ne dispo-
sait que d'un bataillon de mobiles et de quelques
détachements de zouaves et de chasseurs d'Afrique;
il forma à la hâte une petite colonne et se porta
résolument à la rencontre de Si-Kadour. Pendant
un combat de trois heures, le colonel des Méloizes,
déjà, atteint de la maladie à laquelle il devait suc-
comber, assis dans un fauteuil de campagne, au
milieu du carré formé par nos jeunes recrues,
excitait leur courage et leur ardeur. Les dissi-
dents durent battre en retraite, laissant plus de
200 morts sur le terrain. Ce brillant fait d'armes
préserva la province d'Oran de l'insurrection; il
aurait été mieux apprécié et certainement récom-
pensé, sans les malheurs de la France.
Nîmes, 4 août. On affirme que M. le
chanoine Besson de Besançon, l'une des illus-
trations contemporaines de la chaire catho-
lique, est nommé à l'évêché de Nîmes, en
remplacement de Mgr Plantier.
Mgr Pauliniér, évêque de Grenoble, serait
promu à l'archevêché de Besançon. Mgr Pau-
finier n'est à Grenoble que depuis le 5 mars
1870. Il est âgé de soixante ans.
Saint-Malo, 3 août. Hier, 2 août,
un bateau de plaisance de Créacharmaout,
allant de Paimpol à l'île Bréhat, monté par le
patron et cinq prêtres, a fait naufrage; le pa-
tron et quatre prêtres sont noyés un seul,
M, l'abbé Legoff, s'est sauvé.
riante, qui se réjouit de son bonheur,
qui est heureuse de sa joie, est Mme
Charles Desprez.
Mme Desprez a trente-cinq ans et on
ne lui en donnerait pas trente, tant sa
beauté est restée pure et intacte, tant
ses cheveux ont conservé leurs ondes
épaisses, leur belle nuance d'un blond
cendré! Cependant Mme Desprez a beau-
coup souffert et beaucoup pleuré depuis
seize ans. La douloureuse séparation qui
l'a laissée seule en France avec sa fille,
une année après son mariage lorsque
le mari qu'elle aimait à l'égal de Dieu a
dû la quitter pour assurer l'avenir des
deux êtres qui lui étaient chers, a brisé
sa vie, et son cœur, torturé par l'inquié-
tude, le chagrin et les soucis, a été at-
teint d'une de ces maladies terribles
dont les ravages ne sont pas apparents,
mais qu'une émotion violente peut ren-
dre mortelle. C'est le beau fruit mûr que
ronge intérieurement un ver dévasta-
teur qu'il arrive une tempête, un
simple coup de vent peut-être, et le
fruit se détachera de l'arbre et roulera
dans la poussière! 1
On comprend combien les douleurs de
Mme Desprez se ravivaient lorsque tous
les deux ans après un séjour de trois
mois entre elle et Elise, son mari la
quittait de nouveau pour regagner le
Brésil. Chez certaines natures, les joies
de la présence ne compensent pas les
chagrins du départ, et Mme Desprez
était de celles-là.
Bien des fois elle avait supplié son
mari de l'emmener avec lui; Charles
Desprez s'y était toujours refusé. Le
climat du Brésil avait des rigueurs
qu'une femme délicate et qu'un enfant
ne pouvaient affronter sans péril: il y
régnait à certaines époques de l'année
des épidémies qui décimaient les per-
sonnes non acclimatees; les nécessités
de sa position l'obligeaient à de longs
Dans une partie de pêche, la Dorade, 1
bateau de Saint-Servan, monté par six per-
sonnes, dont trois capitaines au long cours,
dit-on, a-fait naufrage vers Saint-Lunaire.
Cinq victimes. La sixième personne qui a été
sauvée n'en vaut guère mieux, et paraît avoir
perdu la raison.
~> Bordeaux, 3 août. Vous avez an-
noncé avant-hier que la souscription géné-
rale de la Seine-Inférieure pour les inondés
s'élevait à 702,000 francs environ, beau chif-
fre, disiez-voua pour une population de
790,022 habitants.
Le département de la Gironde, moins peu-
plé, puisqu'il n'en compte que 701,855, avait
donné, dimanche, 1" août, 1,013,730 fr. 80 c.
La Gironde a donc, plus que la Seine-Infé-
rieure, le droit de s'enorgueillir.
-« CAEN, 4 août. Dans la nuit de di-
manche à lundi, vers deux heures du matin,
une tentative d'assassinat a été commise sur
le jeune soldat Dussauge, du 5e de ligne, en
faction sur la place du Sépulcre.
Dussauge a essuyé trois coups de feu, dont
deux l'ont atteint au poignet et au jarret.
Malgré ses blessures, le pauvre soldat a eu
l'énergie- de charger son fusil et de tirer, mal-
heureusement sans succès.
L'amputation du poignet a dû être opérée,
mais l'état du malade, quoique grave, s'est
légèrement amélioré depuis hier.
Le mobile de cet acte odieux est inconnu.
Est-il le fait de quelque enragé communard ?
Est-ce une vengeance personnelle ?
Deux arrestations qui pourraient se ratta-
cher à cette triste affaire ont été faites hier.
~™~™ LYON, 4 août. Le conseil munici-
pal radical de Villefranche a été suspendu et
remplacé par une commission municipale.
Cette mesure a été motivée par les faits graves
cités dans l'arrêté préfectoral.
Considérant que le conseil municipal de Ville-
franche a, en plusieurs circonstances, cherché à
entraver la marche de l'administration munici-
pale qu'il a, notamment le 13 avril 1875, et en
haine des établissements dirigés par les religieusss,
refusé de donner, en exécution de la loi, un avis
sur l'acceptation de deux legs faits en faveur des
Petites Sœurs des pauvres de Villefranche;
Considérant que la séance du Conseil munici-
pal de Villefranche du 10 mai 1875, un des mem-
bres du conseil a proféré contre l'autorité munici-
pale une parole outrageante, dont la responsabilité
n'a été repoussée que par un membre, les autres
affirmant n'avoir rien entendu que, malgré la de-
mande de M. le maire, d'inscrire au procès-verbal
et l'outrage et la protestation par laquelle il ré-
pondait, le procès-verbal lu à la séance du 29 mai
ne fait mention ni de l'outragé ni de la protesta-
tion de M. le maire, et se borne à présenter l'inci-
dent sous une forme qui atteste l'intention d'atté-
nuer sans aucun blâme la faute de l'interrupteur.
~v LONDRES, 3 août.– Pendant que l'on
condamnait bien sévèrement à Croydon le co-
lonel Baker, on pendait à Durham une femme
et deux hommes la femme Pearson pour
avoir empoisonné son amant;.les deux hom-
mes, pour avoir assassiné.
Ces exécutions répétées ne paraissent pas
réprimer les passions violentes des gens du
Nord, car aux assises qui viennent de s'ou-
vrir à Liverpool, il y a 7 accusations d'assas-
sinat prémédité; 7 d'homicide 5 de tentative
d'assassinat; 23 cas de vol à main armée 10
de vol avec effraction; 3 de bigamie, sans
compter les crimes de faux, etc., etc.
Auguste Marcade.
PARIS AU J0TIR1E JOUR
Décidément la République française ne
peut pas avaler l'absence de M. Floquet
a Londre.
Ce journal daigne cependant ne point
en vouloir au lord-maire qui « a reçu
» des lettres d'invitation toutes faites. »
Ce que nous n'ignorons pas, c'est que le
conse municipal de Paris ne se sent nulle-
ment atteint, et qu'il est bien au-dessus de
semblables misères. Si l'on a eu l'intention
de le ravaler, on n'y aura pas réussi. Appuyé
sur l'immense majorité du corps électoral de
Paris, il peut facilement dédaigner et les vai-
nes representations officielles et des manques
de procédés que l'opinion publique a déjà sé-
vèrement qualifiés.
Il serait assez curieux, comme le fait
remarquer la Gazette de France, de savoir
où est située l'opinion publique qui se
trouve froissée par l'incident Floquet.
Les républicains modérés, dont les
organes tels que le Journal des Débats ou
le Temps ont blâmé en son temps la nomi-
nation de M. Floquet comme président
du conseil municipal, ne doivent pas
être autrement étonnés de l'avoir vu
rester à Paris.
Quelques lignes à ajouter au dos-
sier du 4 Septembre et de la paix.
Le Moniteur officiel prussien qui se pu-
bliait à Reims sous la direction de M.
Wollheim disait le |2 octobre 1870 avant
la chute de Metz
Je dirai avec la même franchise que, quant
à la Lorraine, les sympathies de coeur de la
nation allemande ne sont pas aussi fortement
prononcées. Le changement continuel de
princes autrichiens, allemands, italiens, polo-
nais et français, qui ont régné sur la Lor-
raine, a partiellement aliéné cet amour na-
tional que nous ressentons toujours pour
l'Alsace, et si le comte de Bismark a de-
mandé la possession de Metz, ce ne peut
avoir été que dans un but essentiellement po-
litique et stratégique, but créé par la politi-
que accaparante et tortueuse qui, dans le
voyages, à des séjours prolongés dans les
provinces des mines, très éloignées de
Rio, et ces voyages, ces absences eussent
laissé sa femme et sa fille dans la soli-
tude. Mieux valait encore pour elles
vivre éloignées de lui en France, où elles
avaient des relations, des amitiés dé-
vouées, qu'au Brésil où elles seraient
dans l'abandon le plus complet.
Et les années s'étaient écoulées ainsi,
lui et elle comptant les jours, les
mois, les années qui devaient faire ces-
ser cette séparation. Bientôt quelques
mois encore et M. et Mme Desprez
allaient enfin être réunis; M. Charles
Desprez devait quitter définitivement le
Brésil au printemps suivant.
Mme Desprez s'était résignée, et, trou-
vant en sa fille le portrait vivant de son
mari, elle avait reporté sur Elise toutes
les ardentes tendresses de son cœur, et
s'était vouée à cette délicate et saintemis-
sion d'en faire une fille accomplie par tous
les dons de l'éducation et le développe-
ment des qualités que l'enfant possédait.
Rien n'eût pu distraire Mme Desprez de
ce qui était à ses yeux un plaisir et un
devoir. Au surplus, depuis le départ de
son mari, elle avait dit adieu aux plai-
sirs, aux joies mondaines, et n'entrete-
nait guère d'autres relations que celles
que la position de son mari dans la mai.
son Regimbai rendaient nécessaires. De-
puis seize ans, Mme Desprez n'avait pas
vécu un jour, une heure, éloignée de sa
fille.
Du reste, elle était bien payée de ses
soins, de son dévouement pour Elise la
jeune fille avait pour sa mère une ten-
dresse excessive c'était un culte, une
adoration.
Ce qui rendait Mlle Elise Desprez si
joyeuse ce n'était pas seulement le plai-
sir qu'elle se proposait de goûter au bal
de Robert Dachet, chez lequel sa mère
et elle avaient été invitées} ce n'était pas
temps, avait gratuitement provoqué la ques- l,
tion luxembourgeoise.
¥\ II y a actuellement en Angleterre
une école philosophique fort intéres-
sante, dont Bagehot.Buckle, Stuârt Mill
et Herbert Spencer sont lés coryphées.
Cette philosophie, qui a la pretention
d'élever la politique à l'état de science
exacte,est analysèe avec beaucoup de sa-
gacité par M. Dupont-White dans une
étude que publie la Revue de France.
Selon lui, cette philosophie politique,
qui aboutiten définitive au materialisme,
repose sur trois arguments 1° le pouvoir
des traditions, de l'atmosphère ambiante
et qui admet les transformations lentes
et graduelles, exclut les révolutions
à la française; 2° l'impuissance des idées
sur l'homme qui obéit surtout à des sen-
timents dès lors, à quoi bon les écoles
primaires? 3° l'action de cette loi que
Darwin appelle la lutte pour l'existence
il en résulte, comme on sait, l'élimina-
tion des faibles dès lors, nos philosophes
repoussent toute intervention de l'Etat,
notamment la gratuité de l'instruction
et la charité publique si florissante en
Angleterre. Pourquoi assister les faibles
et les pauvres? ils feront souche d'autres
faibles et d'autres pauvres qui amèneront
la dégénérescence de l'espèce ceux
qu'on n'aidera point,les forts, survivront
seuls et auront une descendance à leur
image
Ces théories sont cruelles et elles sont
fausses aussi. M. Dupont-White a réfuté
les dernières dans une page éloquente
et concluante
Encore une énormité qui ne supporte pas
la réflexion. A la fin du dix-septième siècle,
vous apercevez face à face sur les champs de
bataille deux hommes tels que Guillaume III
et le maréchal de Luxembourg, l'un chétif et
malingre, l'autre imperceptible et difforme.
Mais j'aime mieux les termes employés par
Macaulay un squelette asthmatique, un
nain bossu. Ces champions illustres, ces hom-
mes de pensée et de combinaison, n'étaient
pas faits pour vivre et n'auraient pas vécu,
n'auraient pas eu leur poids dans les desti-
nées du monde, si les lois naturelles qui sont
de mise dans le règne animal avaient eu leur
cours en ce qui les regarde.
Ils étaient faits pour périr, ils étaient con-
damnés par ces lois, condamnés comme l'an-
tilope de ces grands troupeaux décrits par
Darwin, l'antilope faible et mal conformée
qui, dans les migrations familières à son es-
pèce, restant à la queue du troupeau, n'y y
trouve que la terre nue et les arbres dépouil-
lés. Guillaume le Taciturne et le maréchal de
Luxembourg furent sauvés et portèrent leurs
fruits en vertu de l'échelon où ils étaient ne s.
Mais qui vous dit qu'au plus bas de l'échelle,
dans des corps disgraciés et morbides, n'ha-
bitent pas de grandes âmes, de grands coura-
ges ? Comment osez-vous quereller des insti-
tutions qui offrent la vie d'abord, la culture
ensuite à ces germes d'animal défectueux
mais d'homme supérieur, à ces outils mal em-
manchés mais puissants, dont la pointe se
fera sentir quelque jour au service de la pa-
trie, de l'humanité même ? Rien n'est grand
comme l'éducation, celle du peuple surtout
une culture qui, pénétrant partout, va peut-
être rencontrer le germe du grand homme.
Un mot plaisant dans le Sifflet
A la fête de Levallois, dans la baraque de
la géante andalouse.
Nous demandons à la jeune personne des
nouvelles d'une de ses collègues de la fête de
Neuilly:
Oh je ne l'ai pas connue dit-elle.
Tiens c'est étonnant 1
Non, monsieur, ce n'est pas étonnant.
JE NE SUIS GÉANTE QUE DEPUIS QUINZE JOURS.
»*» Savait-on qu'il existât encore quel-
ques-uns de ceux qui ont suivi ce pauvre
fou de Cabet en Amérique ?
Son Icarie, on s'en souvient, ne fut
pour la plupart d'entre eux que la misère,
la déception et la mort. Cabet finit même
par être expulsé par ses disciples qui
cultivent aujourd'hui 1,936 acres de terre
dans l'Iowa, près d'une station du che-
min de fer du Missouri
Mme Th. Bentzou, qui publie dans la
Revue des Deux Mondes une étude intéres-
sante sur les sociétés communistes en
Amérique nous apprend que l'Icarie est
fort misérable.
Des utopistes obstinés, au nombre de
soixante-cinq, Français pour la plupart, s'y
consolent de tout en disant « Nous sommes
libres, nous ne servons personne, nous fai-
sons ce qui nous plaît, »
Le mariage obligatoire, l'abolition de la
servitude, la partage des biens comme entre
frères, le règne de la majorité forment leur
seule loi la religion n'y a point de part, le
dimanche n'est qu'un jour de repos et d'amu-
sement. Ils nomment chaque année un prési-
dent, mais ce président, qui n'a d'autre rôle
que d'obéir à la Société, ne pourrait vendre
un boisseau de blé sans permission. Les
femmes ont le droit de se mêler au débat mais
non de voter. Les familles sont peu nom-
breuses.
Le résultat de cet ordre de choses est vi-
sible des chemins mal tenus, des cabanes
sordides au milieu desquelles commencent à se
dresser cependant quelques maisons pauvres,
des sabots, des repas mal servis dans la salle
> commune.
non plus l'émoi, toujours très doux pour
une jeune fille, d'un début dans le monde
elle allait au bal pour la première
fois! c'était un autre motif, qu'elle te-
nait mystérieusement caché dans son
cœur, mais que Mme Desprez devinait
facilement la charmante femme se sou-
venait de sa jeunesse!
Elise aimait et était aimée Elle était
presque fiancée, et c'est au bras de son
bel amoureux qu'elle devait faire son
entrée dans les salons de Mme Dachet;
c'est avec lui qu'elle devait danser le
premier quadrille et bien d'autres!
Est-il pour une jeune fille bonheur
comparable à celui-là ?
Lors de son dernier voyage en France
il y avait deux ans de cela Charles
Desprez avait ramené de Rio un jeune
homme de vingt ans, nommé Paul Mai-
sonneuve. Le pere de Paul Maisonneuve
était mort au Brésil, ingénieur au ser-
vice du gouvernement. Il habitait la
province de Goyaz, la nlus riche de tout
l'empire en gisements "de diamants et au
milieu de laquelle Charles Desprez rési-
dait neuf mois de l'année. Après la mort
de M. Maisonneuve, le représentant de
la maison Regimbai, qui avait toutes
sortes d'obligations à llngénieur, pro-
posa à son fils Paul de revenir en France
avec lui.
Je dois beaucoup à votre père, lui
dit-il même la vie, car sans lui j'au-
rais trouvé la mort sur le Rio Tocantin.
Ici je ne puis acquitter ma dette de re-
connaissance, mais en France, à Paris,
j'ai des amis riches, des relations nom-
breuses, et il est certain que, aidé par
moi appuyé par mes amis, vous arrive-
rez a trouver la position honorable qui
vous fait défaut ici.
Paul Maisonneuve, que l'ennui dévo-
rait au Brésil, accepta avec joie cette
proposition et suivit Charles Desprez.
A côté des Icariens quelques sociétés
communistes ont réussi en Amérique;
citons les Trembleurs de Mount-Lebanon,
les Perfectionnistes ou société du Libre-
Amour dont le fondateur, J.-N. Noyés `
existe encore et voit prospérer son
œuvre, la communauté de Brocton ou
s'est retiré un diplomate anglais de mé-
rite qui est aussi un écrivain distingué,
Laurence Oliphant, etc., etc.
F. M»
INFORMATIONS
Nous avons fait demander hier à l'ambas-
sade de Turquie quel jour arriverait le nou-
vel ambassadeur Khalil-Bey, nous voulons
dire Khalil-Pacha.
Mais Paris a si longtemps connu sous le
nom de Khalil-Bey le diplomate qui nous ar-
rive que c'est toujours comme cela que son
nom se présente sous notre plume, à nous
tous qui 1 avons vu quand il était l'un des plus
Parisiens d'entre les Parisiens. A l'ambas-
sade, on nous a répondu que Khalil-Pacha
serait ici dans une huitaine de jours environ.
Si cela peut vous intéresser, apprenez que
nos deux préfets ont fait honneur a la France
pendant leur voyage en Angleterre, au point
de vue de la façon de se comporter en mer.
Ni l'un ni l'autre n'a souffert de la tra-
versée, ni à l'allée ni au retour.
En revanche, les musiciens de la garde
républicaine ont eu bien des désagréments,
à l'aller!
Mais n'insistons pas. M
Le projet de loi relatif au chemin de fer
d'Alais au Rhône, qui doit traverser trois fois
les lignes du P.-L.-M., mais qui se rattache
à la grande question de la navigation inté-
rieure en reliant directement les charbonna-
ges d'Alais au grand fleuve du Midi, vient
d'être déposé par M. Caillaux sur le bureau
de l'Assemblée, et le concessionnaire, M. Ste-
phen Marc a signé la convention le 29 juillet
dernier.
Les lièvres, faisans, perdreaux, enfin toutes
les bêtes à plume ou à poil, sont dans la déso-
lation.
Sur l'avis de M. le ministre de l'intérieur,
en effet, l'ouverture de la chasse va être fixée
au 22 août pour la région méridionale, et au
29 du même mois pour la région centrale.
C'est plus tôt que l'année dernière, et les
chasseurs n'ont que le temps de fourbir leurs
armes et de demander leur port d'armes.
Vous croyez peut-être, messieurs nos voi-
sins du Figaro, que notre quartier en avait
fini avec ces grandes tranchées qu'on avait
creusées rue Drouot et boulevard Montmar-
tre pour la réparation des conduites de gaz ? T
Eh bien, cela ne fait que commencer. Il pa-
rait, en effet, que tous les tuyaux vont être
réparés do la rue Drouot jusqu'à la Made-
leine.
Cela va être gai pour les voitures pendant
deux ou trois mois, Etant donné ce qu'il en
passe quotidiennement par là, nous parions
pour une moyenne d'au moins quatre ou
cinq accidents par jour. '̃
Nous avons assisté & une scène tragi-
comique, la plus amusante qui; se puisse voir.
Hier matin, avenue de l'Observatoire, un ras.
semblement considérable s'était formé autour,
do quatre personnes, trois hommes et une
jeune fille, qui, tous quatre, s'administraient
une tripotée dans toutes les règles.
Renseignements pris, voici la cause de ce
combat homérique
Le sieur Jean Treillys, ouvrier serrurier,
avait demandé la main d'une jeune personne
nommée Juliette Deschamps, qui tient un
petit commerce de mercerie,boulevard d'ïtalie.
Le père et le frère de Juliette avaient accueilli
la demande aveo enthousiasme: les choses
étaient pour le mieux dans le meilleur des
mondes possible.
Mais la Discorde veillait et voici comment
elle s'y prit pour tout gâter.
L'autre jour Treillys, étant à court d'ar-
gent, ne savait à quel saint se vouer, quand
une idée lui traversa le cerveau, évidemment
envoyée par la déesse en question. Il alla
trouver son futur beau-père et lui tint à peu
près ce langage
Beau-père, au point où nous en som-
mes, je crois pouvoir vous demander un pe-
tit service vous ne pourriez pas me prêter
cent francs pour deux jours ?
Comment donc fit l'autre seulement
je ne les ai pas là venez mercredi.
Treillys se retira plein d'espoir.
Le beau-père se rendit chez sa fille, et, la
prenant à part, lui demanda s'il ne lui serait
pas possible de lui prêter cent francs pour
deux jours.
Certainement, répondit Juliette, seule-
ment, je ne les ai pas là quand te les faut-
il?
Mercredi.
Très bien tu les auras.
Là-dessus, Juliette fit prévenir son frère
qu'elle avait à lui parler et, quand il fut venu,
elle ne lui cacha point qu'elle avait bien be-
soin de cent francs.
C'est que je ne les ai pas là, fit le jeune
Deschamps; en es-tu bien pressée?
Oh pourvu que je les aie mercredi ma-
tin.
Tu les auras dora sur tes deux oreilles
En la quittant, Deschamps fils prit l'omni-
bus et debarqua chez son futur beau-frère.
Au point où nous en sommes, lui dit-il,
Ce ne fut pas sans inquiétuqe que
Mme Desprez vit l'arrivée de Paul Mai-
sonneuve et son séjour dans le sanc-
tuaire de la famille, à titre de commen-
sal. Elise avait quatorze ans, ce n'était
plus une enfant; la vie commune avec
un beau garçon de vingt ans pouvait
avoir des dangers.
Elle communiqua ses craintes à son
mari.
Laisse faire, dit-il, Paul est un brave
cœur et une nature très loyale, s'il pou-
vait aimer Elise et qu'Elise l'aimât, je
serais le plus heureux des hommes, car
elle ne pourrait, sous le rapport des qua-
lités, trouver un meilleur mari. Quant à
la fortune, nous en aurons assez pour
nous et nos enfants. Au surplus, il ne vi-
vra pas longtemps avec nous je vais
m'occuper de le placer; mais il viendra
dans notre maison pendant mon ab-
sence. Etudie-le, surveille-le même si
tu veux n'es-tu pas à la fois sagesse
et prudence 1-et si ces enfants s'aiment
nous les marierons à mon retour, dans
deux ans.
Mme Desprez avait consenti à l'épreuve,
et l'épreuve avait été plus que favorable
à Paul Maisonneuve; il sut conquérir la
sympathie de la mère et l'amour de la
fille.
Charles Desprez parla à Regimbai de
PaulMaisonneuve, mais Mme Regimbai,
qui avait vu Paul, dit qu'il serait infini-
ment mieux placé dans une maison de
banque que dans le commerce des dia«
mants. Il parlait et il écrivait l'espagnol
l'italien, le portugais et pouvait, en y
rendant d'utiles services, arriver à unB
excellente position.
Armand Lapoinxb?
lia suit* à fomtoà
exhumations, je hasarde une anecdote
assurément inédite. Un jour, un Tardieu
de province fouillait sur un tapis de ci-
metière un cadavre de jeune femme
pour y trouver le crime du mari accusé
d'empoisonnement. On emporta les vis-
cères dans un panier. Deux ou trois pai-
res de lunettes les examinèrent pendant
douze heures. On employa tous les réac-
tifs connus. On ne trouva point de poi-
son. Il y eut une ordonnance de non-
lieu. Mais voici que le mari, mis en li.
berté, disparaît précipitamment. Les
soupçons renaissent. On se souvient que
le mari avait tenu à ensevelir seul sa
femme. Nouvelle exhumation. La mal-
heureuse sort une seconde fois du cer-
cueil et est couchée sur la table. Aucune
marque de violence. Mais en cherchant
sous les cheveux blonds, longs et épais
de la morte, demeurés encore comme
vivants, on trouve un obstacle dur au
cervelet. C'était une longue et épaisse
aiguille d'acier enfoncée la pendant que
la femme était chloroformisée. M. Tar-
dieu, lui, n'eût pas oublié de passer la
main dans les cheveux de la femme, et
la tète de l'homme tombait. r
>\i:
Rien n'est beau, à mon sens, comme
cette science qui se fait gendarme. Elle
reconstitue sur une brindille tout l'écha-
faudage du crime. Elle dit que la vic-
time avait mangé trois heures avant la
mort. Et cette affirmation d'une certi-
tude absolue envoie l'assassin à Técha-
faud. En cas d'accusation d'infanticide,
elle met dans une cuvette d'eau la cer-
velle de l'enfant. Si elle surnage, l'en-
fant a vécu. Il a poussé le premier cri
qui accompagne notre venue au monde.
Chose bizarre, ce premier cri On dirait
que déjà l'homme voudrait s'en aller.
Cette science raconte et définit tous les
attentats nommés ou innomés. Par voie
inuctive, elle remonte quasi à la con-
ception du crime. M. Tardieu est le
maître en cette science-là. On peut croire
de lui que si on lui donnait une dent de
femme, il dirait tout ce qu'elle a mordu.
Mais il y a deux côtés dans la mission
de M. Tardieu celui qui regarde le sang
et celui qui regarde la boue. Ici, les vic-
Itimes sont des petits anges. Là, c'est un
.vers de Juvénal, en chair et en os. M. Tar-
'dieu a fait là-dessus une étude médico-
légale fort remarquable, mais il n'a pas
envisagé la grande face philosophique
de ces monstruosités. Qui l'osera? si on
ne peut le faire dans un livre, qu'est-ce
dans un journal et dans un journal si ré-
pandu que l'est celui-ci? Allez donc
déshabiller, à seule fin de faire une étude
morale, un homme ou une femme sur la
place de la Concorde Soyez donc per-
suadé que les choses les plus intéres-
s in tes sont celles qu'on n'écrit pas. Et
cela dans toute espèce. De même, dans la
vie, ce qu'on dit tout bas est le meilleur.
Du moins nous le jugeons ainsi, nous
autres, en nous rappelant les temps quasi
passés des amours.
fF¥(;-Jjf
Le lecteur a sans doute reconnu déjà
ma prédilection pour toutes ces trouvail-
les de l'esprit humain. Il a bien voulu me
suivre dans des études graves Ce me
semble que l'esprit français a gagné à
tant de labeurs et de souffrances un ap-
pétit de choses sérieuses. Homme politi-
que, je retournerai à ma galère mais de
temps en temps disons ces choses qui
rassérènent. Ici même, le spectacle de
-ces crimes rappelle qu'il y a des vertus.
En sortant de visiter un hôpital ou une
prison, on trouve plus belles les honnê-
tetés et les puretés. Sans ombre, notre
existence serait monotone comme une
peinture chinoise. La politique n'est pour
nous que momentanément une question
de vie et de mort. Mais quel âcre et âpre
plaisir de s'occuper des questions éter-
nellement permanentes de la chair et de
l'âme humaines M. Tardieu ne croit
point à ces applications au Code pénal
de la photographie, qui ont fait tant de
bruit. En reproduisant sur la poussière
lumineuse la prunelle de l'assassiné, on
retrouverait son dernier objectif, la
figure de l'assassin. C'était vraiment trop
beau et un peu dangereux. En passant
après minuit sur le boulevard de la Vil-
lette vous trouvez sous un réverbère un
homme baigné dans son sang. Vous vous
penchez sur sa figure pour voir s'il vit.
Son dernier regard vous a rencontré et
il meurt. L'expérience photographique a
lieu, votre figure ressort sur la prunelle
de l'assassiné et, deux mois après, ce
n'est plus Félix qui vous coupe les che-
veux, c'est M. Roch, ce coiffeur de la
dernière heure.
.̃̃̃ •'••• -'• • # # ̃ '"̃'
M. Tardieu n'est pas toujours un aoeu-
iàteuri' Parfois il défend la tête de l'ac-
cusé. Quoique cela ne soit pas absolu.
mentsa spécialité, il connaît la différence
-minime, mais importante pour un ac-
Feuilleton du FIGARO du S Août ISIS
-v-
LA
CHASSE RUURNTOMES
̃ PREMIÈRE PARTIE
L'JiUOUR »E l'OR
• vin
Un tableau sera toujours incomplet,
quel que soit d'ailleurs le talent du pein-
ire, quand, du milieu des ombres3 ne
| surgir a aucun point lumineux. De même
(un roman sera dépourvu d'intérêt si
il'auteur néglige de présenter à côté de
Ipassions mauvaises le pur amour, s'il
(manque à mettre, en opposition de per-
sonnages odieux, des figures sympathi-
ques.
C'estpourquoi, noussoumettantâcette
tradition, nous transporterons le lecteur
au deuxième étage d'une maison située
rue de Vaugirard, non loin de l'hôtel
ou demeure le comte de Prévodal.
Nous sommes au jeudi, jour de fête,
iaur de bal chez RobertDachet; il est dix
heures du soir. Dans un petit salon meu.
blé avec ce goût exquis, ce tact, cette
délicatesse qui dénote la présence d'une
femme intelligente, d'une vraie femme,
d'une mère, se trouvent réunies trois
personnes une jeune fille qui procède à
'sa toilette de balt aidée d'une servante,
et une femme âgée de trente-quatre a
trmte-cinq ans, déjà parée d'une toilette
da soirée et qui sourit doucement à la
joie que manifeste la jeune Elle.
Reproduction, autorisée pour les journaux qui
D&f traité avec la société des Gens do lettres.
cusé, qui existe enlre un homme qui est
fou et un homme qui ne l'est pas. Il sait
où s'arrête la responsabilité humaine.
Pour ma part, je me méfie de la ten-
dance de la science à trouver facilement
des fous. Je sais bien qu'il y en a et je ne
referai point à ce sujet les vieux clichés
plaisantins. Maisla science, en devenant
de plus en plus matérialiste, c'est-à-dire
en voyant l'irresponsabilité partout,
désarme la société, comme ne sauraient
le faire un million de communards. M.
Tardieu a cela de bon qu'il n'est point
matérialiste. Il croit à l'âme et par con-
séquent au libre arbitre. Prenons garde
Cette théorie de l'irresponsabilité est le
billot sur lequel on coupera le cou à la
société civile. A coup sûr la destinée de
l'homme est étrange. S'il est trop savant
il foleille; s'il est trop buveur, etc., il
foleille. En haut, il y a comme un pla-
fond où l'homme se brise le crâne; an
bas, il y a la boue où il s'enfonce. Mais,
n'est-ce pas, ô mon Dieu, qu'il y a entre
le plafond et la boue un clou où on
peut accrocher sa vie comme un. ha-
mac.
'̃ v, ̃.
M. Tardieu n'intervient pas seulement
comme médecin, il intervient souvent
en qualité de prudhomme du crime. On
l'a entendu reproduire la scène d'un as-
sassinat en se basant sur la position du
cadavre, d'une chaise et d'un cordon à
sonnette. C'est dans ces occasions qu'il
soutient contre l'avocat une véritable
lutte d'éloquence. On se souvient des
débats auxquels ont donné lieu, dans l'af-
faire Armand,lesystèmedelier des mains.
Dans l'affaire Noir, M. Tardieu repro-
duisit, comme toujours, la scène par son
système d'induction ou de déduction. Sa
déposition,fort correcte et impartiale, fut
mal interprétée par des élèves de l'Ecole
de médecine. Il y eut quelque tapage à
la suite dùquel.M.'tTardieu, malgré ses
collègues,donnà sa démission de doyen.
M. Tardieu, qui raconte à ravir, prétend
m'a-t-on dit qu'en certain cas on
reconnaît par le milieu décoratif de l'as-
sassinat non seulement les incidents du
crime, mais le criminel lui-même. Cer-
tains assassins laissent, comme à l'a-
battoir, leur chiffre sur leur victime.
Quelque temps après l'exécution de
Philippe, assassin de filles publiques,
plusieurs de ces malheureuses furent
assassinées. Le commissaire de police
qu'on envoyait chercher reconnaissait à
chaque fois le cachet du même assassin.
En entrant dans la chambre,on voyait les
malheureusesétendues dans une position
identique; et le cou coupé au même en-
droit, par le même rasoir emmanché
solidement. Dans la cuvette de la table
de toilette, des mains ensanglantées
s'étaient lavées. L'armoire, souvent une
armoire à glace, était entr'ouverte. On
avait fouillé sous le linge et on avait du
sang à la main. Puis, détail étrange et
toujours le même, à la fenêtre, aux petits
rideaux, à la hauteur d'un homme de
taille moyenne, deux doigts, assurément
l'indicateur et le pouce, avaient laissé
deux empreintes sanglantes. Cela disait
qu'immédiatement après le crime et
avant de s'être lavé les mains, l'assassin
inquiet regardait dans la rue. On n'a
jamais trouvé ce criminel mystérieux.
Les assassinats cessèrent. Peut-être
n'était-ce qu'un fou épouvantable? Peut-
être, son accès passé, a-t-il été guéri de
son mal infernal? Peut-être est-il à
l'heure qu'il est un père de famille qui
se souvient à peine de cela comme d'un
cauchemart
Rien n'est plus curieux que le sang-
froid de M. Tardieu en face de toutes ces
choses effroyables ou immondes. Il
ressemble à un chef d'orchestre qui
assiste à la cent vingtième représen-
tation du même drame. J'ai déjà dit
qu'il n'avait gardé de toutes ces horreurs
aucun aspect terrible. Cependant quand
il passe dans le jardin du Luxembourg,
les bonnes d'enfants, si elles connais-
saient son métier, pourraient faire peur
de lui aux bébés, comme dans le tableau
de Gérôme cette mère qui menace du
Dante qui passe son enfant qui crie. Nul
homme ne connaît plus que M. Tardieu
les deux faces du crime l'assassin et la
victime. Et il me semble que l'examen
le plus terrible qu'il fait de l'homme
n'est pas celui de la victime couchée sur
la dalle de marbre mais bien celui du
criminel debout tout nu devant lui dans
la geôle de Mazas. Nul mieux que M.
Tardieu n'a entendu battre un coeur
d'homme épouvanté et épouvantable et
n'a su lire dans ce livre divin ou diabo-
lique qui commence aux cheveux et
finit à la cheville de la femme. Le lec-
teur me pardonnera ce portrait. Il sait
que je ne suis pas un peintre de pastel.
Ignotus.
Si nous regardons attentivement cette
dernière, il nous sera facile de recon-
naître en elle la jolie brune à peau
blanéheque Prosper a saluée sur son bal-
con, le lendemain de son arrivée à
Pans.
Sa toilette est achevée.
Il est impossible de voir plus char-
mante, plus fraîche, plus adorable fille
et parure de meilleur goût. C'est bien là
la ravissante fleur de jeunesse, l'espoir
de l'avenir que n'ont flétri ni les pas-
sions humaines, ni les soucis de l'exis-
tence c'est ce regard pur et limpide,
cet admirable épanouissement du chef-
d'œuvre de la nature que le jeune
homme ne peut contempler sans être
ému et rêveur; c'est l'ange dans sa pu-
dique et blanche parure, c'est l'inno-
cence parfaite que le vieillard salue avec
respect, devant laquelle il incline ses
cheveux blancs, parce qu'elle est à la
fois le souvenir de sa jeunesse et l'espé-
rance de ses derniers jours celle-là de-
viendra peut-être sa fille, et c'est d'elle
qu'il se verra renaître par ses petits-
fils.
Tout est grâce et perfections, tout est
beauté et charmes chez cette vierge;
pas un défaut ne fait ombre à cette déli-
cieuse apparition. Corps, cœur et intel-
ligence sont à l'unisson et aussi parfaits
de beautés que de qualités exquises.
C'est qu'elle est née d'une union dont
l'intérêt a été banni; c'est qu'en se don-
nant l'un à l'autre, son père et sa mère
n'ont pas seulement uni leurs corps mais
leurs âmes, tout ce qu'ils possédaient
d'affections et de tendresses; c'est qu'ils
étaient tous les deux jeunes et beaux; ·,
c'est qu'elle a été élevée par sa mère, un
grand cœur, tout dévouement, bonté,
indulgence, tendresse et clairvoyance.
Cette jeune fille n'est autre qu'Elise
Desprez.
La personne qui la contemple sou«
CONSEIL MU N ICI PAL DE PARIS
Séance du 4 août.
Nous extrayons du cornpte«rendu de
la séance du conseil municipal, la partie
qui se rapporte à l'incident dont il est
question dans Paris-Gazette: o
M. Pretet, membre fdu conseil d'adminis-
tration du collége Chaptal donne lecture d'une
demande par laquelle M. le préfet est prié de
faire connaître les motifs par lesquels il a, par
une décision d'hier soir, interdit la distribu-
tion des prix du Petit Collège, qui devait avoir
lieu ce matin, et celle du Grand Collége, qui
devait avoir lieu demain.
M. le préfet de la Seine répond qu'il aurait
volontiers donné des explications a M. Pretet
s'il les lui avait demandées comme membre du
conseil municipal, mais il ne saurait répondre
à la mise en demeure écrite qui lui est adressée
et qui tranche la question avant qu'il lui ait
répondu.
M. le président fait observer que le Conseil
est saisi d'un compte financier de l'exercice 75
et qu'il peut à cette occasion demander des
explications sur l'emploi des fonds destinés
aux distributions de prix.
M. le directeur de l'enseignement répond
que l'emploi de ces fonds a été le même que
les années'précédentes. M. Pretet objecte que
les dépenses de préparatifs ont été faites inu-
tilement. Il ajoute que de nombreuses familles
se sont présentées au collége Chaptal sur la
foi des invitations et qu'elles ont manifesté
leur mécontentement.
M. le préfet de la Seine répond qu'il n'a-
vait, en ce qui le concerne, pris aucune dé-
cision fixant la distribution des prix du col-
lége Chaptal. S'il y a eu des dépenses faites,
des familles prévenues, cela a été fait sans
son ordre.
M. Charles Loiseau ne pense pas qu'une
décision du préfet soit nécessaire pour fixer
la date des distributions de prix. Il suffit que
les fonds aient été inscrits au budget spécial
du collége pour que le conseil d'administra-
tion soit autorisé à déterminer cette date.
M. le préfet répond que l'emploi des fonds
et les dispositions du conseil d'administration
qui accompagnaient cet emploi constituent
des mesures d'exécution qu'il appartient à lui
seul de prendre, et dans lesquels la conseil
n'a pas à s'immiscer.
M. Forest dépose un ordre du jour ainsi
conçu
« Le conseil, regrettant la mesure inexpli-
cable prise à l'improviste, et sans égards pour
les familles, au sujet de la distribution des
prix du collége Chaptal, passe à l'ordre du
jour. »
M. le préfet déclare que le conseil peut, s'il
le veut, voter cet ordre du jour; il n'entend
pas s'opposer à ce vote matériel mais il ne
saurait accepter le blâme qui lui est infligé
par le conseil qui n'est pas, il le répète, com-
pétent en matière d'administration. M. le
préfet a le regret de ne pas tenir compte de
ce blâme.
L'ordre du jour de M. Forest est mis aux
voix et adopté.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
-v» Blois, 3 août. Un enfant de notre
pays, le colonel Henry des Méloizes, vient de
mourir en Afrique, après avoir parcouru une
brillante carrière. Engagé volontaire en 1843,
colonel de spahis en 1870, officier de la Lé-
gion d'honneur, il avait fait les campagnes
d'Afrique, de Crimée, d'Italie. Il est mort à
52 ans, après une longue et cruelle maladie.
Le colonel des Méloizes était le petit-fils de
la comtesse de Chéverny, qui, pendant qua-
rante ans avait su grouper, par son charmant
esprit, l'élite de la société de Blois dans son
salon hospitalier. Son père avait laissé dans
le pays les plus honorables souvenirs. Le
corps du colonel est ramené à Blois pour y
être enseveli au milieu des siens.
Sur sa tombe, le général commandant la
subdivision de Bône a raconté en ces termes
une des dernières actions de sa vie de soldat;
Privé de l'honneur de concourir à la défense de
la patrie envahie, le colonel des Méloizes fut assez
heureux pour rendre un service signalé à la colo-
nie algérienne. Il commandait provisoirement la
subdivision de Tlemcen, lorsqu'un aventurier, le
nommé Kadour ben Hamza, passa la frontière
marocaine et s'avança avec des bandes nom-
breuses jusqu'à Meggoura, en appelant à l'insur-
rection les tribus de la province d'Oran, dégarnie
ators de troupes. Le colonel des Méloizes ne dispo-
sait que d'un bataillon de mobiles et de quelques
détachements de zouaves et de chasseurs d'Afrique;
il forma à la hâte une petite colonne et se porta
résolument à la rencontre de Si-Kadour. Pendant
un combat de trois heures, le colonel des Méloizes,
déjà, atteint de la maladie à laquelle il devait suc-
comber, assis dans un fauteuil de campagne, au
milieu du carré formé par nos jeunes recrues,
excitait leur courage et leur ardeur. Les dissi-
dents durent battre en retraite, laissant plus de
200 morts sur le terrain. Ce brillant fait d'armes
préserva la province d'Oran de l'insurrection; il
aurait été mieux apprécié et certainement récom-
pensé, sans les malheurs de la France.
Nîmes, 4 août. On affirme que M. le
chanoine Besson de Besançon, l'une des illus-
trations contemporaines de la chaire catho-
lique, est nommé à l'évêché de Nîmes, en
remplacement de Mgr Plantier.
Mgr Pauliniér, évêque de Grenoble, serait
promu à l'archevêché de Besançon. Mgr Pau-
finier n'est à Grenoble que depuis le 5 mars
1870. Il est âgé de soixante ans.
Saint-Malo, 3 août. Hier, 2 août,
un bateau de plaisance de Créacharmaout,
allant de Paimpol à l'île Bréhat, monté par le
patron et cinq prêtres, a fait naufrage; le pa-
tron et quatre prêtres sont noyés un seul,
M, l'abbé Legoff, s'est sauvé.
riante, qui se réjouit de son bonheur,
qui est heureuse de sa joie, est Mme
Charles Desprez.
Mme Desprez a trente-cinq ans et on
ne lui en donnerait pas trente, tant sa
beauté est restée pure et intacte, tant
ses cheveux ont conservé leurs ondes
épaisses, leur belle nuance d'un blond
cendré! Cependant Mme Desprez a beau-
coup souffert et beaucoup pleuré depuis
seize ans. La douloureuse séparation qui
l'a laissée seule en France avec sa fille,
une année après son mariage lorsque
le mari qu'elle aimait à l'égal de Dieu a
dû la quitter pour assurer l'avenir des
deux êtres qui lui étaient chers, a brisé
sa vie, et son cœur, torturé par l'inquié-
tude, le chagrin et les soucis, a été at-
teint d'une de ces maladies terribles
dont les ravages ne sont pas apparents,
mais qu'une émotion violente peut ren-
dre mortelle. C'est le beau fruit mûr que
ronge intérieurement un ver dévasta-
teur qu'il arrive une tempête, un
simple coup de vent peut-être, et le
fruit se détachera de l'arbre et roulera
dans la poussière! 1
On comprend combien les douleurs de
Mme Desprez se ravivaient lorsque tous
les deux ans après un séjour de trois
mois entre elle et Elise, son mari la
quittait de nouveau pour regagner le
Brésil. Chez certaines natures, les joies
de la présence ne compensent pas les
chagrins du départ, et Mme Desprez
était de celles-là.
Bien des fois elle avait supplié son
mari de l'emmener avec lui; Charles
Desprez s'y était toujours refusé. Le
climat du Brésil avait des rigueurs
qu'une femme délicate et qu'un enfant
ne pouvaient affronter sans péril: il y
régnait à certaines époques de l'année
des épidémies qui décimaient les per-
sonnes non acclimatees; les nécessités
de sa position l'obligeaient à de longs
Dans une partie de pêche, la Dorade, 1
bateau de Saint-Servan, monté par six per-
sonnes, dont trois capitaines au long cours,
dit-on, a-fait naufrage vers Saint-Lunaire.
Cinq victimes. La sixième personne qui a été
sauvée n'en vaut guère mieux, et paraît avoir
perdu la raison.
~> Bordeaux, 3 août. Vous avez an-
noncé avant-hier que la souscription géné-
rale de la Seine-Inférieure pour les inondés
s'élevait à 702,000 francs environ, beau chif-
fre, disiez-voua pour une population de
790,022 habitants.
Le département de la Gironde, moins peu-
plé, puisqu'il n'en compte que 701,855, avait
donné, dimanche, 1" août, 1,013,730 fr. 80 c.
La Gironde a donc, plus que la Seine-Infé-
rieure, le droit de s'enorgueillir.
-« CAEN, 4 août. Dans la nuit de di-
manche à lundi, vers deux heures du matin,
une tentative d'assassinat a été commise sur
le jeune soldat Dussauge, du 5e de ligne, en
faction sur la place du Sépulcre.
Dussauge a essuyé trois coups de feu, dont
deux l'ont atteint au poignet et au jarret.
Malgré ses blessures, le pauvre soldat a eu
l'énergie- de charger son fusil et de tirer, mal-
heureusement sans succès.
L'amputation du poignet a dû être opérée,
mais l'état du malade, quoique grave, s'est
légèrement amélioré depuis hier.
Le mobile de cet acte odieux est inconnu.
Est-il le fait de quelque enragé communard ?
Est-ce une vengeance personnelle ?
Deux arrestations qui pourraient se ratta-
cher à cette triste affaire ont été faites hier.
~™~™ LYON, 4 août. Le conseil munici-
pal radical de Villefranche a été suspendu et
remplacé par une commission municipale.
Cette mesure a été motivée par les faits graves
cités dans l'arrêté préfectoral.
Considérant que le conseil municipal de Ville-
franche a, en plusieurs circonstances, cherché à
entraver la marche de l'administration munici-
pale qu'il a, notamment le 13 avril 1875, et en
haine des établissements dirigés par les religieusss,
refusé de donner, en exécution de la loi, un avis
sur l'acceptation de deux legs faits en faveur des
Petites Sœurs des pauvres de Villefranche;
Considérant que la séance du Conseil munici-
pal de Villefranche du 10 mai 1875, un des mem-
bres du conseil a proféré contre l'autorité munici-
pale une parole outrageante, dont la responsabilité
n'a été repoussée que par un membre, les autres
affirmant n'avoir rien entendu que, malgré la de-
mande de M. le maire, d'inscrire au procès-verbal
et l'outrage et la protestation par laquelle il ré-
pondait, le procès-verbal lu à la séance du 29 mai
ne fait mention ni de l'outragé ni de la protesta-
tion de M. le maire, et se borne à présenter l'inci-
dent sous une forme qui atteste l'intention d'atté-
nuer sans aucun blâme la faute de l'interrupteur.
~v LONDRES, 3 août.– Pendant que l'on
condamnait bien sévèrement à Croydon le co-
lonel Baker, on pendait à Durham une femme
et deux hommes la femme Pearson pour
avoir empoisonné son amant;.les deux hom-
mes, pour avoir assassiné.
Ces exécutions répétées ne paraissent pas
réprimer les passions violentes des gens du
Nord, car aux assises qui viennent de s'ou-
vrir à Liverpool, il y a 7 accusations d'assas-
sinat prémédité; 7 d'homicide 5 de tentative
d'assassinat; 23 cas de vol à main armée 10
de vol avec effraction; 3 de bigamie, sans
compter les crimes de faux, etc., etc.
Auguste Marcade.
PARIS AU J0TIR1E JOUR
Décidément la République française ne
peut pas avaler l'absence de M. Floquet
a Londre.
Ce journal daigne cependant ne point
en vouloir au lord-maire qui « a reçu
» des lettres d'invitation toutes faites. »
Ce que nous n'ignorons pas, c'est que le
conse municipal de Paris ne se sent nulle-
ment atteint, et qu'il est bien au-dessus de
semblables misères. Si l'on a eu l'intention
de le ravaler, on n'y aura pas réussi. Appuyé
sur l'immense majorité du corps électoral de
Paris, il peut facilement dédaigner et les vai-
nes representations officielles et des manques
de procédés que l'opinion publique a déjà sé-
vèrement qualifiés.
Il serait assez curieux, comme le fait
remarquer la Gazette de France, de savoir
où est située l'opinion publique qui se
trouve froissée par l'incident Floquet.
Les républicains modérés, dont les
organes tels que le Journal des Débats ou
le Temps ont blâmé en son temps la nomi-
nation de M. Floquet comme président
du conseil municipal, ne doivent pas
être autrement étonnés de l'avoir vu
rester à Paris.
Quelques lignes à ajouter au dos-
sier du 4 Septembre et de la paix.
Le Moniteur officiel prussien qui se pu-
bliait à Reims sous la direction de M.
Wollheim disait le |2 octobre 1870 avant
la chute de Metz
Je dirai avec la même franchise que, quant
à la Lorraine, les sympathies de coeur de la
nation allemande ne sont pas aussi fortement
prononcées. Le changement continuel de
princes autrichiens, allemands, italiens, polo-
nais et français, qui ont régné sur la Lor-
raine, a partiellement aliéné cet amour na-
tional que nous ressentons toujours pour
l'Alsace, et si le comte de Bismark a de-
mandé la possession de Metz, ce ne peut
avoir été que dans un but essentiellement po-
litique et stratégique, but créé par la politi-
que accaparante et tortueuse qui, dans le
voyages, à des séjours prolongés dans les
provinces des mines, très éloignées de
Rio, et ces voyages, ces absences eussent
laissé sa femme et sa fille dans la soli-
tude. Mieux valait encore pour elles
vivre éloignées de lui en France, où elles
avaient des relations, des amitiés dé-
vouées, qu'au Brésil où elles seraient
dans l'abandon le plus complet.
Et les années s'étaient écoulées ainsi,
lui et elle comptant les jours, les
mois, les années qui devaient faire ces-
ser cette séparation. Bientôt quelques
mois encore et M. et Mme Desprez
allaient enfin être réunis; M. Charles
Desprez devait quitter définitivement le
Brésil au printemps suivant.
Mme Desprez s'était résignée, et, trou-
vant en sa fille le portrait vivant de son
mari, elle avait reporté sur Elise toutes
les ardentes tendresses de son cœur, et
s'était vouée à cette délicate et saintemis-
sion d'en faire une fille accomplie par tous
les dons de l'éducation et le développe-
ment des qualités que l'enfant possédait.
Rien n'eût pu distraire Mme Desprez de
ce qui était à ses yeux un plaisir et un
devoir. Au surplus, depuis le départ de
son mari, elle avait dit adieu aux plai-
sirs, aux joies mondaines, et n'entrete-
nait guère d'autres relations que celles
que la position de son mari dans la mai.
son Regimbai rendaient nécessaires. De-
puis seize ans, Mme Desprez n'avait pas
vécu un jour, une heure, éloignée de sa
fille.
Du reste, elle était bien payée de ses
soins, de son dévouement pour Elise la
jeune fille avait pour sa mère une ten-
dresse excessive c'était un culte, une
adoration.
Ce qui rendait Mlle Elise Desprez si
joyeuse ce n'était pas seulement le plai-
sir qu'elle se proposait de goûter au bal
de Robert Dachet, chez lequel sa mère
et elle avaient été invitées} ce n'était pas
temps, avait gratuitement provoqué la ques- l,
tion luxembourgeoise.
¥\ II y a actuellement en Angleterre
une école philosophique fort intéres-
sante, dont Bagehot.Buckle, Stuârt Mill
et Herbert Spencer sont lés coryphées.
Cette philosophie, qui a la pretention
d'élever la politique à l'état de science
exacte,est analysèe avec beaucoup de sa-
gacité par M. Dupont-White dans une
étude que publie la Revue de France.
Selon lui, cette philosophie politique,
qui aboutiten définitive au materialisme,
repose sur trois arguments 1° le pouvoir
des traditions, de l'atmosphère ambiante
et qui admet les transformations lentes
et graduelles, exclut les révolutions
à la française; 2° l'impuissance des idées
sur l'homme qui obéit surtout à des sen-
timents dès lors, à quoi bon les écoles
primaires? 3° l'action de cette loi que
Darwin appelle la lutte pour l'existence
il en résulte, comme on sait, l'élimina-
tion des faibles dès lors, nos philosophes
repoussent toute intervention de l'Etat,
notamment la gratuité de l'instruction
et la charité publique si florissante en
Angleterre. Pourquoi assister les faibles
et les pauvres? ils feront souche d'autres
faibles et d'autres pauvres qui amèneront
la dégénérescence de l'espèce ceux
qu'on n'aidera point,les forts, survivront
seuls et auront une descendance à leur
image
Ces théories sont cruelles et elles sont
fausses aussi. M. Dupont-White a réfuté
les dernières dans une page éloquente
et concluante
Encore une énormité qui ne supporte pas
la réflexion. A la fin du dix-septième siècle,
vous apercevez face à face sur les champs de
bataille deux hommes tels que Guillaume III
et le maréchal de Luxembourg, l'un chétif et
malingre, l'autre imperceptible et difforme.
Mais j'aime mieux les termes employés par
Macaulay un squelette asthmatique, un
nain bossu. Ces champions illustres, ces hom-
mes de pensée et de combinaison, n'étaient
pas faits pour vivre et n'auraient pas vécu,
n'auraient pas eu leur poids dans les desti-
nées du monde, si les lois naturelles qui sont
de mise dans le règne animal avaient eu leur
cours en ce qui les regarde.
Ils étaient faits pour périr, ils étaient con-
damnés par ces lois, condamnés comme l'an-
tilope de ces grands troupeaux décrits par
Darwin, l'antilope faible et mal conformée
qui, dans les migrations familières à son es-
pèce, restant à la queue du troupeau, n'y y
trouve que la terre nue et les arbres dépouil-
lés. Guillaume le Taciturne et le maréchal de
Luxembourg furent sauvés et portèrent leurs
fruits en vertu de l'échelon où ils étaient ne s.
Mais qui vous dit qu'au plus bas de l'échelle,
dans des corps disgraciés et morbides, n'ha-
bitent pas de grandes âmes, de grands coura-
ges ? Comment osez-vous quereller des insti-
tutions qui offrent la vie d'abord, la culture
ensuite à ces germes d'animal défectueux
mais d'homme supérieur, à ces outils mal em-
manchés mais puissants, dont la pointe se
fera sentir quelque jour au service de la pa-
trie, de l'humanité même ? Rien n'est grand
comme l'éducation, celle du peuple surtout
une culture qui, pénétrant partout, va peut-
être rencontrer le germe du grand homme.
Un mot plaisant dans le Sifflet
A la fête de Levallois, dans la baraque de
la géante andalouse.
Nous demandons à la jeune personne des
nouvelles d'une de ses collègues de la fête de
Neuilly:
Oh je ne l'ai pas connue dit-elle.
Tiens c'est étonnant 1
Non, monsieur, ce n'est pas étonnant.
JE NE SUIS GÉANTE QUE DEPUIS QUINZE JOURS.
»*» Savait-on qu'il existât encore quel-
ques-uns de ceux qui ont suivi ce pauvre
fou de Cabet en Amérique ?
Son Icarie, on s'en souvient, ne fut
pour la plupart d'entre eux que la misère,
la déception et la mort. Cabet finit même
par être expulsé par ses disciples qui
cultivent aujourd'hui 1,936 acres de terre
dans l'Iowa, près d'une station du che-
min de fer du Missouri
Mme Th. Bentzou, qui publie dans la
Revue des Deux Mondes une étude intéres-
sante sur les sociétés communistes en
Amérique nous apprend que l'Icarie est
fort misérable.
Des utopistes obstinés, au nombre de
soixante-cinq, Français pour la plupart, s'y
consolent de tout en disant « Nous sommes
libres, nous ne servons personne, nous fai-
sons ce qui nous plaît, »
Le mariage obligatoire, l'abolition de la
servitude, la partage des biens comme entre
frères, le règne de la majorité forment leur
seule loi la religion n'y a point de part, le
dimanche n'est qu'un jour de repos et d'amu-
sement. Ils nomment chaque année un prési-
dent, mais ce président, qui n'a d'autre rôle
que d'obéir à la Société, ne pourrait vendre
un boisseau de blé sans permission. Les
femmes ont le droit de se mêler au débat mais
non de voter. Les familles sont peu nom-
breuses.
Le résultat de cet ordre de choses est vi-
sible des chemins mal tenus, des cabanes
sordides au milieu desquelles commencent à se
dresser cependant quelques maisons pauvres,
des sabots, des repas mal servis dans la salle
> commune.
non plus l'émoi, toujours très doux pour
une jeune fille, d'un début dans le monde
elle allait au bal pour la première
fois! c'était un autre motif, qu'elle te-
nait mystérieusement caché dans son
cœur, mais que Mme Desprez devinait
facilement la charmante femme se sou-
venait de sa jeunesse!
Elise aimait et était aimée Elle était
presque fiancée, et c'est au bras de son
bel amoureux qu'elle devait faire son
entrée dans les salons de Mme Dachet;
c'est avec lui qu'elle devait danser le
premier quadrille et bien d'autres!
Est-il pour une jeune fille bonheur
comparable à celui-là ?
Lors de son dernier voyage en France
il y avait deux ans de cela Charles
Desprez avait ramené de Rio un jeune
homme de vingt ans, nommé Paul Mai-
sonneuve. Le pere de Paul Maisonneuve
était mort au Brésil, ingénieur au ser-
vice du gouvernement. Il habitait la
province de Goyaz, la nlus riche de tout
l'empire en gisements "de diamants et au
milieu de laquelle Charles Desprez rési-
dait neuf mois de l'année. Après la mort
de M. Maisonneuve, le représentant de
la maison Regimbai, qui avait toutes
sortes d'obligations à llngénieur, pro-
posa à son fils Paul de revenir en France
avec lui.
Je dois beaucoup à votre père, lui
dit-il même la vie, car sans lui j'au-
rais trouvé la mort sur le Rio Tocantin.
Ici je ne puis acquitter ma dette de re-
connaissance, mais en France, à Paris,
j'ai des amis riches, des relations nom-
breuses, et il est certain que, aidé par
moi appuyé par mes amis, vous arrive-
rez a trouver la position honorable qui
vous fait défaut ici.
Paul Maisonneuve, que l'ennui dévo-
rait au Brésil, accepta avec joie cette
proposition et suivit Charles Desprez.
A côté des Icariens quelques sociétés
communistes ont réussi en Amérique;
citons les Trembleurs de Mount-Lebanon,
les Perfectionnistes ou société du Libre-
Amour dont le fondateur, J.-N. Noyés `
existe encore et voit prospérer son
œuvre, la communauté de Brocton ou
s'est retiré un diplomate anglais de mé-
rite qui est aussi un écrivain distingué,
Laurence Oliphant, etc., etc.
F. M»
INFORMATIONS
Nous avons fait demander hier à l'ambas-
sade de Turquie quel jour arriverait le nou-
vel ambassadeur Khalil-Bey, nous voulons
dire Khalil-Pacha.
Mais Paris a si longtemps connu sous le
nom de Khalil-Bey le diplomate qui nous ar-
rive que c'est toujours comme cela que son
nom se présente sous notre plume, à nous
tous qui 1 avons vu quand il était l'un des plus
Parisiens d'entre les Parisiens. A l'ambas-
sade, on nous a répondu que Khalil-Pacha
serait ici dans une huitaine de jours environ.
Si cela peut vous intéresser, apprenez que
nos deux préfets ont fait honneur a la France
pendant leur voyage en Angleterre, au point
de vue de la façon de se comporter en mer.
Ni l'un ni l'autre n'a souffert de la tra-
versée, ni à l'allée ni au retour.
En revanche, les musiciens de la garde
républicaine ont eu bien des désagréments,
à l'aller!
Mais n'insistons pas. M
Le projet de loi relatif au chemin de fer
d'Alais au Rhône, qui doit traverser trois fois
les lignes du P.-L.-M., mais qui se rattache
à la grande question de la navigation inté-
rieure en reliant directement les charbonna-
ges d'Alais au grand fleuve du Midi, vient
d'être déposé par M. Caillaux sur le bureau
de l'Assemblée, et le concessionnaire, M. Ste-
phen Marc a signé la convention le 29 juillet
dernier.
Les lièvres, faisans, perdreaux, enfin toutes
les bêtes à plume ou à poil, sont dans la déso-
lation.
Sur l'avis de M. le ministre de l'intérieur,
en effet, l'ouverture de la chasse va être fixée
au 22 août pour la région méridionale, et au
29 du même mois pour la région centrale.
C'est plus tôt que l'année dernière, et les
chasseurs n'ont que le temps de fourbir leurs
armes et de demander leur port d'armes.
Vous croyez peut-être, messieurs nos voi-
sins du Figaro, que notre quartier en avait
fini avec ces grandes tranchées qu'on avait
creusées rue Drouot et boulevard Montmar-
tre pour la réparation des conduites de gaz ? T
Eh bien, cela ne fait que commencer. Il pa-
rait, en effet, que tous les tuyaux vont être
réparés do la rue Drouot jusqu'à la Made-
leine.
Cela va être gai pour les voitures pendant
deux ou trois mois, Etant donné ce qu'il en
passe quotidiennement par là, nous parions
pour une moyenne d'au moins quatre ou
cinq accidents par jour. '̃
Nous avons assisté & une scène tragi-
comique, la plus amusante qui; se puisse voir.
Hier matin, avenue de l'Observatoire, un ras.
semblement considérable s'était formé autour,
do quatre personnes, trois hommes et une
jeune fille, qui, tous quatre, s'administraient
une tripotée dans toutes les règles.
Renseignements pris, voici la cause de ce
combat homérique
Le sieur Jean Treillys, ouvrier serrurier,
avait demandé la main d'une jeune personne
nommée Juliette Deschamps, qui tient un
petit commerce de mercerie,boulevard d'ïtalie.
Le père et le frère de Juliette avaient accueilli
la demande aveo enthousiasme: les choses
étaient pour le mieux dans le meilleur des
mondes possible.
Mais la Discorde veillait et voici comment
elle s'y prit pour tout gâter.
L'autre jour Treillys, étant à court d'ar-
gent, ne savait à quel saint se vouer, quand
une idée lui traversa le cerveau, évidemment
envoyée par la déesse en question. Il alla
trouver son futur beau-père et lui tint à peu
près ce langage
Beau-père, au point où nous en som-
mes, je crois pouvoir vous demander un pe-
tit service vous ne pourriez pas me prêter
cent francs pour deux jours ?
Comment donc fit l'autre seulement
je ne les ai pas là venez mercredi.
Treillys se retira plein d'espoir.
Le beau-père se rendit chez sa fille, et, la
prenant à part, lui demanda s'il ne lui serait
pas possible de lui prêter cent francs pour
deux jours.
Certainement, répondit Juliette, seule-
ment, je ne les ai pas là quand te les faut-
il?
Mercredi.
Très bien tu les auras.
Là-dessus, Juliette fit prévenir son frère
qu'elle avait à lui parler et, quand il fut venu,
elle ne lui cacha point qu'elle avait bien be-
soin de cent francs.
C'est que je ne les ai pas là, fit le jeune
Deschamps; en es-tu bien pressée?
Oh pourvu que je les aie mercredi ma-
tin.
Tu les auras dora sur tes deux oreilles
En la quittant, Deschamps fils prit l'omni-
bus et debarqua chez son futur beau-frère.
Au point où nous en sommes, lui dit-il,
Ce ne fut pas sans inquiétuqe que
Mme Desprez vit l'arrivée de Paul Mai-
sonneuve et son séjour dans le sanc-
tuaire de la famille, à titre de commen-
sal. Elise avait quatorze ans, ce n'était
plus une enfant; la vie commune avec
un beau garçon de vingt ans pouvait
avoir des dangers.
Elle communiqua ses craintes à son
mari.
Laisse faire, dit-il, Paul est un brave
cœur et une nature très loyale, s'il pou-
vait aimer Elise et qu'Elise l'aimât, je
serais le plus heureux des hommes, car
elle ne pourrait, sous le rapport des qua-
lités, trouver un meilleur mari. Quant à
la fortune, nous en aurons assez pour
nous et nos enfants. Au surplus, il ne vi-
vra pas longtemps avec nous je vais
m'occuper de le placer; mais il viendra
dans notre maison pendant mon ab-
sence. Etudie-le, surveille-le même si
tu veux n'es-tu pas à la fois sagesse
et prudence 1-et si ces enfants s'aiment
nous les marierons à mon retour, dans
deux ans.
Mme Desprez avait consenti à l'épreuve,
et l'épreuve avait été plus que favorable
à Paul Maisonneuve; il sut conquérir la
sympathie de la mère et l'amour de la
fille.
Charles Desprez parla à Regimbai de
PaulMaisonneuve, mais Mme Regimbai,
qui avait vu Paul, dit qu'il serait infini-
ment mieux placé dans une maison de
banque que dans le commerce des dia«
mants. Il parlait et il écrivait l'espagnol
l'italien, le portugais et pouvait, en y
rendant d'utiles services, arriver à unB
excellente position.
Armand Lapoinxb?
lia suit* à fomtoà
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