Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-07-31
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 juillet 1875 31 juillet 1875
Description : 1875/07/31 (Numéro 211). 1875/07/31 (Numéro 211).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO SAMEDI 31 -JUILLET 1S75
une Maritorne, rebut promené de bazar
en caravansérail.
Au plus fort des accès de cette folie
Hanche, un peintre italien arrive^ à la
cour du Salomon africain. Comment et
pourquoi? cela ne fait rien à l'histoire.
L'artiste, d'humeur gaie et de réparties
spirituelles, est bientôt admis dans l'in-
timité du souverain. Celui-ci, poursui-
suivant une idée fixe, verse dans le sein
de ce nouvel ami ses peines amoureuses.
Le peintre s'engage à le guérir.
« Je suis en train d'ébaucher, lui
dit-il, le plus merveilleux des portraits i
c'est celui d'une houri qui, mêlée aux
Isultanes du paradis du prophète, en se-
rait par acclamation saluée la reine. Si
la copie vous plaît, il n'est pas absolument
impossible de vous mettre en possession
de l'original. Attendez et. espérez. »
te sultan était fort pressé d'admirer
cette merveille; mais l'artiste ne pou-
vait travailler qu'aux heures de l'inspi-
ration, la plus quinteuse, la plus pa-
resseuse des Muses! Il se refusait, avec
une obstination calculée, à montrer à
son auguste ami une ébauche qui eût
couru le risque de calomnier son divin
modèle. Enfin, il n'y a plus un seul
coup de pinceau à donner au Chef-d'œu-
vre, et le portrait de l'idéale fiancée du
sultan est exposé mais voilé encore
dans l'intérieur du harem.
L'Africain arrache, plutôt qu'il ne tire
le rideau impatientant placé entre son
rêve, qui va devenir une réalité. Le por-
trait est celui de l'ex-sultane favorite,
une négresse aux formes athlétiques,
dont le regard, fait de deux diamants,
et dont les chairs rebondies et charbon-
nées palpitent sous le génie du peintre.
La sultan pousse un cri de surprise,
qui pourrait passer pour un rugissement
d'amour. La femme de son désir est née,
et c'est justement celle que la satiété
avait tuée en lui
Et voilà comment un peintre italien,
courant l'Afrique, y fit un jour la décou-
verte de la beauté africaine.
Quel spectacle varié dans sa majesté
immuable que la mer Comme la des-
tinée de la plupart des hommes, elle
avance sans cesse pour reculer toujours.
Jeune, poète et amoureux, maltraité
sans doute, Sainte-Beuve a rimé un son-
net que les flots de la mer de Boulogne,
sa patrie, ont dû soulever jïans son cœur
découragé.
a Sonnet. C'est un sonnet », c'est-à-
dire deux quatrains suivis de deux ter-
cets, et en vers de dix syllables encore 1
ce qui l'abrège. Cela vous prendra peu
de temps à lire et vous fera peut-être
Denser
Que vient chercher sur le sable creusé
La vague en pleurs que pousse un vent d'orage ?
Par cet effort son courage épuisé
Laisse un éclair d'écume sur la plage.
Une heure encore et le flot apaisé
Ira mourir sur un autre rivage.
De notre cœur cet abîme est l'image
Tout ce qu'on aime, un jour sera crise I
Les longs espoirs et les vastes pensées,
Ce sont, hélas les vagues élancées,
D'un Océan profond et ravagé,
Qui, soulevant jusqu'aux cieux notre rêve,
Le laissera rebondir sur la grève.
La mer balaye un bonheur submergé! t
Les sérénités bleues ont repris pos-
session du ciel de la politique et du ciel
du bon Dieu. Si j'ai nommé celui-ci
après celui-là, c'est que dans les préoc-
cupations de mes concitoyens, honnêtes
gens, mais « gens de peu de foi», comme
l'a dit l'Evangile, le ciel du bon Dieu
tient moins de place que le ciel de la
politique.
Ce qui distingue les vacances parle-
mentaires des vacances scolaires, le
voici. L'expression: des écoliers en va-
cances est synonyme de tapage indes-
criptible. Or, ce n'est point le cas de
graves législateurs qui comptent se re-
poser en laissant le pays se remettre, à
son tour, des émotions fatigantes de
l'agitation parlementaire. C'est, au con-
traire, quand ils étudient en séance les
lois qu'ils sont chargés de faire, qu'on
peut appliquer aux groupes bruyants de
l'Assemblée le terme proverbial d'éco-
liers en vacances. Voilà comment les plus
ox-actes définitions peuvent devenir de
frappantes contre-vérités.
Feuilleton da EIGARO du 31 Juillet 1815
'-̃̃̃• LA -̃̃ •;̃
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
l'AMOUR DE L'OR
̃̃ rv ̃••̃•/••
La maison de banque de Mittermann,
J. Starke et C" occupait tout le rez-de-
chaussée et l'entresol d'une maison de la
rue Basse-du-Rempart.
Une cour intérieure, vitrée, commu-
niquant avec les bureaux, servait de
salle de réception pour -le public. La
comptabilité et les cabinets de Mitter-
mann et de J. Starke étaient situés à
l'entresol. Un escalier partant de la salle
vitrée conduisait à l'étage supérieur. De
plus, l'entresol était desservi par un
grand escalier commun avec les autres
étages, mais seuls Mittermann, J. Starke
et Dachet avaient le droit d'y passer. Le
cabinet de Robert se trouvait au rez-de-
chaussée, à côté de la caisse. Aucun des
associés n'habitait la maison; seulement,
par mesure deprécaution, un des garçons,
Allemand comme ses patrons et venu
avec eux d'outre-Rhin, couchait dans un
petit cabinet avoisinant la salle où le
public était admis.
Été comme hiver, le baron Mittermann
arrivait à sept heures du matin rue
Basse-du-Rempart; il travaillait seul
jusqu'à huit heures. A ce moment, il
descendait au rez-de-chaussée et passait
l'inspection des bureaux. Tout employé
qui n'était pas à son poste avait une
mauvaise note; si pareil fait se renou-
velait deux fois sans excuse très sérieuse,
il était impitoyablement congédié. En
revanche, Mittermann avait la réputa-
tion de rémunérer généreusement ses
employés, et c'était une recommanda-
tion puissante que d'appartenir à sa
maison.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité «voc la société des Gens de lettres.
On a eu raison de le dire l'entr'acte
de trois, mois qui sépare les derniers tra-
vaux de l'Assemblée du dénouement de
la dissolution, est l'oeuvre inconsciente
de M. Gambetta se ruant à la tribune
contre la personne et contre la politique
de M. le vice-président du conseil.
Homme froid, M. Buffet, voyant bondir
contre lui un adversaire emballé, en a
tiré, pour le parti qu'il représente et qu'il
fait prévaloir dans un ministère d'opi-
nions composites, l'avantage que vous
savez.
M. Thiers a dit de M. Gambetta, dont
il a été le leader actif, en restant à des-
sein invisible, dans les manœuvres des
trois gauches, au lendemain du 24 mai
C'est un chien courant, qui a des
jambes et de l'ardeur par quintes, et
point de flair. Vous le menez à la chasse
aux perdrix et il va faire lever un vol de
corbeaux. ̃ »
Ce qu'il est convenu d'appeler la « fi-
nesse génoise » de M. Gambetta est, en
somme, la paresse d'un homme qui s'ef-
force de la dissimuler sous une attitude
contemplative. L'art de diriger une As-
semblée, c'est de la « diplomatie à l'inté-
rieur », et celle-ci n'est pas moins diffi-
cile que l'autre peut être même l'est-
elle davantage. Le véritable diplomate
en ce sens est M. Thiers un incompara-
ble brouillon Le parallèle entre le grand
manœuvrier du centre gauche et l'ora-
teur officiel (remarquez que je ne dis
point le plus habile orateur) de la gau-
che doctrinaire, peut être établi au
moyen d'une comparaison géographique.
Il existe en Bretagne deux" forêts qui
se touchent et communiquent l'une avec
l'autre le Coataney, c'est-à-dire « Bois-
du-jour », et le Coatannos, dont la tra-
duction française est « Bois-de-la-nuit »•
Tacticien parlementaire sans rival, M.
Thiers se retrouve toujours dans les
mille sentiers du Coataney tandis que
M. Gambetta, homme de premier mou-
vement et manquant de clairvoyance,
se cogne le front contre tous les arbres
du Coatannos.
L'IMPÉRATRICE D'AUTRICHE
L'impératrice d'Autriche arrive au-
jourd'hui, avec sa fille, au château de
Sassetot en Normandie. Souhaitons res-
pectueusement la bienvenue à la souve-
raine, dont la beauté est proverbiale, et
qui a dans le caractère tant de séduction
et de poésie.
L'impératrice Elisabeth, née le 24 dé-
cembre 1837, est la fille de Maximilien-
Joseph, duc en Bavière. Elle fut élevée
à Possenhoffen, dans un vieux château
tout patriarcal, où elle reçut une édu-
cation aussi simple quesérieuse. Jusqu'à
son mariage, elle vécut à la fois comme
une princesse et comme une paysanne,
loin du luxe et du tumulte-des villes.
Elle eut de bonne heure cette passion de
la nature et de la campagne qui ne l'a
jamais quittée.
Son mariage a. été, de part et d'autre,
un mariage d'inclination. C'était sa sœur
aînée, depuis princesse de La Tour et
Taxis, que l'on destinait comme femme
à l'Empereur François-Joseph. Mais du
momentoùlejeune souverain il avait
alors vingt-trois ans eut aperçu la
princesse Elisabeth, il se jura à lui-
même qu'il n'aurait pas d'autre com-
pagne. L'Empereur a tenu son serment.
L'Autriche fut enthousiasmée de l'Im-
pératrice de seize ans, qui lui apparut
comme la personnification de la jeunesse
et de la grâce.
La souveraine, qui avait l'instinct de
sa séduction personnelle, se donna pour
tâche de faire la conquête de tout un
peuple, le peuple hongrois. Ce n'était
pas chose facile de rattacher au sceptre
des Habsbourg, cette nation chevale-
resque, mais querelleuse et flère, qui
était encore pleine des souvenirs irri-
tants de la gigantesque guerre dé 1848.
Le comte Andrassy- celui-là même qui
est actuellement premier ministre d'Au-
triche-Hongrie avait été condamné à
mort, et les Magyares frémissaient en-
core de colère. C'est une femme qui
devait les calmer. L'Impératrice-Reine
elle est impératrice dé ce côté de la
Leitha, reine de l'autre -parle la langue
des Magyares aussi bien que celle des
Allemands. Elle adopta comme résidence
Le jour où nous introduisons le lecteur
chez le célèbre banquier, le baron Mit-
termann arriva rue Basse-du-Rempart
dans un état d'humeur exécrable et en
proie à une grande préoccupation. Pour
la première fois depuis la fondation de
sa maison, il ne descendit pas pour faire
sa ronde quotidienne, et dès que huit
heures sonnèrent, il envoya son garçon
de bureau savoir si J. Starke était arrivé.
Le garçon revint avec une réponse af-
firmative.
Priez-le de se rendre ici, dit Mitter-
mann.
J. Starke ne se fit pas attendre.
Il entra chez son associé suivi de quatre
chiens ratiers qui ne le quittaient ja-
mais.
Bonjour, baron. Quelles nouvelles
ce matin ? 9
Voici la correspondance; ily a des
lettres importantes d'Allemagne. On pré-
voit une crise financière en Autriche.
J'estime que le moment est arrivé de
nous défaire de toutes nos valeurs sur
cet Etat.
J'allais vous le proposer car, de
mon côté, j'ai des renseignements que
je crois très sérieux. Dachet se chargera
de l'opération.
A propos de Dachet, reprit le baron,
qui cherchait une transition, vous savez
qu'il y a aujourd'hui une année que nous
l'avons admis dans notre maison à titre
d'associé ?
Parfaitement.
Que par conséquent le délai que
nous lui avions accordé pour compléter
son apport est expiré.
Et que son compte est toujours dé-
biteur de deux millions. Je sais cela,
dit J. Starke du ton le plus indifférent.
N'étes-vous point d'avis de le mettre
en demeure d'opérer ce versement?
Avec des ménagements, oui. Robert
Dachet nous rend de grands services et
son concours nous est fort utile.
Avec des ménagements, je le veux
bien; mais il y a dans cette situation
d'un associé de notre maison débi-
teur de la caisse, un état pénible et con-
traire aux traditions de toute maison sé-
rieuse, et qui serait de nature à faire
naître d'étranges suppositions s'il devait
se perpétuer au delà du terme fixé.
vous croyez?
N'est-ce pas votre opinion?
d'été le château de Godolo (Gueudeleu),
l'une des résidences les plus pittores-
ques de Hongrie. Elle y fit tant de bien,
s'y montra si aimable, y eut de telles
attentions pour le patriotisme des Ma-
gyares que la nation tout entière se pas.
sionna pour elle, comme autrefois pour
la grande Impératrice Marie-Thérèse,
celle dont on disait Moriamw pro rege
nostro Maria-Theresa (Mourons pour notre
roi), car cette reine-là avait le génie
d'un grand roi.
Aujourd'hui la réconciliation entre
l'Autriche et la Hongrie est complète,
et la couronne de Saint-Etienne est
aussi solide sur la tête de François-Jo-
seph que le diadème des Habsboûrg. Ce
résultat est dû non-seulement aux qua-
lités personnelles du souverain, mais
encore au charme de sa gracieuse com-
pagne. Dés que l'Autriche et la Hongrie
se furent sérieusement donné la main,
l'Impératrice-Reine, qui avait accompli
sa tâche, se promit à elle-même de ne
plus faire de politique. Elle se contente
d'être la femme la plus èharitable, la
plus artiste et la plus séduisante de son
empire et de son royaume.
G est un bonheur pour les Viennois
de la voir assister aux séances d'ouver-
tures du Reischrath. Même dans ces oc-
casions solennelles, elle porte une robe
noire ou lilas, sans aucun ornement,
parce qu'elle a fait, depuis la mort de sa
fille aînée, le vœu de ne mettre ni cou-
leurs voyantes, ni bijoux. Sa magnifique
chevelure brune ne vaut-elle pas la plus
belle des couronnes, et y aurait-il des
diamants plus resplendissants que ses
yeux?
Aucune femme n'est plus bienfai-
sante. Il faudrait un volume tout entier
pour retracer tous ses actes de bonté et
de générosité.
L'an dernier, elle se promenait à che-
val dans les environs de Godolo, lorsque
elle rencontra une vieille femme qui se
lamentait en faisant marcher devant elle
une vache. L'Impératrice descendit de
cheval pour s'enquérir de la cause des
sanglots que poussait la vieille. Hélas 1
s'écria la paysanne, je suis obligée de
conduire à la foire et de vendre cette
pauvre bête, ma dernière ressource, et
cela me fait grand'peine de m'en sepa-
rer mais il le faut, mon mari et ma fille
sont malades, et il n'y a plus de pain à la
maison.Alors l'Impératrice lui dit Gar-
dez votre vache et retournez tranquille-
ment chez vous tendez votre tablier, et
l'impératrice, comme une bonne fée, y
fit tomber une pluie d'or.
Pendant la dernière crise économique
à Vienne, la haute société autrichienne,
s'est toujours distinguée par ses sen-
timents chrétiens et charitables, montra
un zèle vraiment évangélique. On orga-
nisa ce qu'on appelle la cuisine du peu-
ple (VolKsiïehe). Les pitances étaient
remises aux malheureux par les plus
grandes dames, heureuses de servir el-
les-mêmes les pauvres, et se rappelant
que le Pape lui-même lave les pieds des
mendiants pendant la Semaine Sainte.
Princesses, duchesses, comtesses, baron-
nes se transformaient en sœurs de saint
Vincent-de-Paule. Un jour, parmi ces
belles aumonières se glissa modeste-
ment une femme qui éclipsait toutes les
autres par sa beauté, malgré son vête-
ment plus que simple, c'était l'Impé-
ratrice.
Comme Marie-Antoinette, l'auguste
compagne de François-Joseph n'aime
ni l'étiquette, ni la pompe elle se pro-
mène seule, à pied, suivie à distance par
un valet de chambre, et tient bourgeoi-
sement à la main un parapluie. Le croi-
rait-on, ce parapluie lit d'abord scandale
à la cour. L'archiduchesse Sophie, mère
de l'Empereur, n'admettait pas qu'une
Impératrice pût échanger, ne fût-ce
qu'une minute, son sceptre contre un
parapluie. Peut-être -pensait-elle, d'ail-
leurs, que la pluie de Schœnbrunn ne
mouillait pas. Elle en fit l'observation
à sa bru qui venait de se marier, et la
jeune impératrice ayant replié le para-
pluie, retourna tristement au château.
Pendant quelques jours elle fut mélan-
colique et ne voulut pas sortir. L'Empe-
reur, inquiet, la croyait malade. Enfin,
tout s'éclaircit, excepté le temps, et
l'Empereur décida que désormais le pa-
rapluie n'aurait plus rien de contraire à
l'étiquette. L'ombre de Louis-Philippe a
dû en tressaillir de joie!
Le père de l'Impératrice lui a enseigné
cette bonhomie familière qui n'exclut
pas la majesté et qui est un si grand
charme dans les anciennes dynasties. Un
B. Jouvia.
En effet, cela crée une situation
équivoque qu'il est bon de faire cesser.
Puisque nous sommes si bien d'ac-
cord, mon cher J. Starke, je vous de-
manderai de prendre la parole devant
Dachet et de lui exprimer notre désir.
Très volontiers, je le ferai ce ma»
tin même et devant vous.
J. Starke alluma un cigare3 s'assit sur
un petit canapé, en ayant soin d'y lais-
ser une place pour ses chiens, et se
plongea dans la lecture de la correspon-
dance sur chaque lettre, il faisait a la
plume un signe qui devait être compris
du chef de la correspondance.
Pendant ce temps, le baron Mitter-
mann, caché derrière la Gazette de Colo-
gne, était absorbé dans une unique pen.
sée sa passion pour Mina Dachet, pas-
sion aussi malheureuse qu'au jour où
elle était entrée dans son cœur.
Il avait cru se rapprocher de Mme
Dachet par les relations que devait faire
naître l'association avec son mari, et
jusque-là ces relations avaient été pure-
ment commerciales Robert Dachet,
huit jours après son mariage, avait aban-
donné Mina à la solitude de son vaste
appartement et passait ses journées rue
Basse-du-Rempart, à son journal, à la
Bourse; sessoirées au cercle et à l'Opéra,
ses nuits on ne savait où.
Mittermann donnait des bals, des fê-
tes dans son hôtel et Mme Dachet n'y
venait pas.
Presque tous les jours, sous les plus
futiles prétextes, le vieux banquier se
présentait chez son associé mais celui-
ci était. absent et Mina ne recevait per-
sonne.
La pauvre jeune femme occupait son
temps par la lecture de romans à dé-
faut d'un amour sincère dans sa vie, elle
le cherchait dans les livres et vivait, par
la pensée, avec des héros imaginaires
créés par l'imagination des romanciers.
La passion de Mittermann s'augmen-
tait de tous ces obstacles qui, sans être
bien sérieux cependant, tenaient à un
ordre de choses que le baronn'osait bra-
ver. N'avait-il pas à ménager l'opinion
publique, son associé et une jeune femme
encore timide? Aussi chaque jour qui
s'écoulait et qui lui apportait une nou-
velle ride, une nouvelle infirmité, fai-
sait-il naître en lui des désespoirs et des
angoisses. Cet homme, que les passions
jour il se rendait de Bavière en Autri-
che, dans un wagon ordinaire, comme
le commun des mortels. Il se mit à cau-
ser avec un bon négociant qui faisait
route avec lui. Les deux pères de fa-
mille quine se connaissaient pas, cau-
sèrent bientôt de leurs petites affaires
comme s'ils eussent été de vieux amis.
Je vais à Vienne, dit le marchand.
Moi aussi, dit le prince. Et qu'allez-
vous y faire ? Voir mon gendre. Et
moi aussi. Que fait votre gendre ? Des
affaires. Le mien aussi. Vont-elles
bien? Pas trop mal, dit le prince.
Quelle est sa profession? Empereur.
Le marchand, ébahi, se confond en pro-
testations respectueuses mais le bon
prince le met tout de suite à l'aise, et
les deux beaux-pères continuent tran-
quillement leur conversation jusqu'à
Vienne.
L'Impératrice est une amazone con-
sommée. Elle manie un coursier fou-
gueux comme une véritable Clorinde.
Elle a pris des leçons de haute école
d'une ecuyère dont elle avait remarqué
l'adresse au cirque Renz. Cette écuyère
était une très honnête fille, et l'Impéra-
trice ne crut pas déroger en la faisant
venir au château, où elle donna plusieurs
jours de suite des leçons d'équitation à
auguste souveraine. L'écuyère avait
admiré à plusieurs reprises, dans les
écuries de son impériale élève, un su-
perbe cheval noir dont les fières allures
étaient vraiment exceptionnelles.
Il vous plaît, lui dit l'Impératrice,
eh bien 1 je vous le donne.
C'était un cadeau de 20,000 francs.
Nous espérons, pour les personnes qui
habitent les environs du château de Sasse-
tot, qu'elles auront la- bonne fortune
d'apercevoir à cheval l'Impératrice. Au
point de vue de l'art, il n'y a pas de plus
beau spectacle que cette amazone cou-
ronnée, dont la grâce et l'audace ont
quelque chose de fascinateur.
UNE CRAVATE BLANCHE.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
-LONDRES, 30 juillet, 2 h, 55, soir. Au
banquet donné par le lord-maire hier soir aux
chefs des municipalités de l'Europe, M. d'Har-
court, ambassadeur de France, et M. Ferdi.
nand Duval, préfet de la Seine, occupaient
les places d'honneur. M. d'Harcourt a pro-
noncé un discours en anglais M. Duval, en
a prononcé un en français. Tous les deux ont
été fort applaudis.
Rome, 29 juillet. –Le pape est com-
plètement guéri de ses douleurs rhumatis-
males dans la jambe gauche, et de l'avis des
mëdecins, les bains sulfureux ont «té discon-
tinués.
.̃̃ LA. Guadeloupe. M. Lacascade a
été élu député au second tour de scrutin, le
dimanche, 4 juin.
^vw- Blois, 30 juillet. Depuis plus d'un
an, M. Ménestrier, lieutenant au 31e de ligne
recherchait en mariage Mlle Lemaire Devi-
neau, fille d'un agent d'assurances demeurant
rue de ÏArr«u, n° 4.
La demande avait été agréée par la mère et
les grands parents de la jeune fille, mais for-
mellement repoussée par le père. Les vraies
causes de ce refus persistant étaient que dans
le ménage Lemaire-Devineau toute la fortune
venait de la femme, et Mme Lemaire n'atten-
dait que le mariage de sa fille pour se séparer
de son mari. Deux actes respectueux lui
avaient été signifiés et n'avaient fait que l'ir-
riter d'avantage. Mme Lemaire et sa fille par-
tirent dimanche matin pour aller passer la
tournée dans: une ferme que possèdent ses
parents aux environs de Blois.
M. Lemaire, ayant des soupçons, les suivit
de loin et les vit prendre avec elles, au fau-
bourg de Vienne, les époux Devineau et le
lieutenant Ménestrier.
Il revint en ville comme un fou, fit atte-
ler une voiture chez un loueur, son voisin,
promit au cocher un bon pourboire et lui fit
lancer son cheval au galop. Il rejoignit sa fa-
mille un peu au-dessous de Clénord, à mi-
chemin de Blois et de Cour-Cheverny, sauta
à bas de sa voiture, arrêta le cheval de M.
Devineau et le fit reculer à coups de canne.
Il apostropha violemment M. Ménestrier et
le frappa. Celui-ci chercha à lui arracher sa
canne.
C'est alors que M. Lemaire tira sur le lieu-
tenant trois coups de revolver dont un seul
le blessa légèrement à la tempe. Le malheu-
reux officier ne put esquiver les deux autres
coups qu'en se dérobant dans un petit bois
qui borde la route.
M. Lemaire-Devineau a été arrêté mardi.
CHERBOURG, 30 juillet, 8 h. 45 soir.
La frégate-école Nichtheroy, venant de
Rio-Janeiro et, en dernier lieu du Havre, a
mouillé sur notre rade hier matin. Après les
de la jeunesse venaient atteindre à
soixante-cinq ans, roulait dans sa tête
mille projets insensés de séduction.
Le dépit n'était pas étranger à la con-
versation qu'il venait d'avoir avec J.
Starke au sujet de Robert Dachet et à
la résolution qui en avait été le résul-
tat. Qu'attendait-il de la rigueur qu'il
voulait exercer? Il n'en savait rien; il
en espérait quelque chose, voilà tout.
On ne sait pas toutes les folies, toutes
les espérances qui peuvent germer dans
le cerveau d'un vieillard amoureux.
A neuf heures, suivant son habitude,
Robert Dachet entra dans le cabinet du
baron Mittermann.
Nous savons qu'il devait y trouver ses
deux associés.
Après les saluts d'usage, Mittermann
se replongea dans la lecture de la Gazette
de Cologne; il paraît que ce jour-là la cé-
lèbre gazette était d'un intérêt palpi-
tant.
J. Starke entra carrément en matière,
mais avec la politesse qui lui était ordi-
naire.
Mon cher Dachet, dit-il, êtes-vous
en mesure de faire votre versement de
deux millions ?
Robert Dachet, pris à l'improviste par
cette question, demeura un instant em-
barrassé.
Oh! je ne vous demande cela, re-
prit J. Starke, que parce que la date de
votre libération est inscrite sur nos li-
vres, et que nous ne pouvons, ni pour
nous ni pour vous, accepter plus long-
temps des écritures qui seraient de na-
ture à faire supposer qu'un des associés
de notre maison laisse protester morale-
ment sa signature. Vous me comprenez
bien, n'est-ce pas, cher ami?
Parfaitement, dit Robert Dachet,
remis de son embarras.
J'ajoute que nous sommes disposés,
le baron et moi, à avoir pour vous tous
les égards que l'on se doit entre asso.
ciés et amis; nous ne désirons qu'une
chose, la régularisation de nos écritures.
Donc, si ce versement doit éprouver un
retard quelconque, nous avons à cher-
cher les moyens de mettre nos livres
en harmonie avec la dignité de la mai-
son. En ce qui me concerne personnel-
lement, je me prêterai avec plaisir aux
combinaisons qui pourront vous 'être
agréables et je ne doute pas que notre
saluts d'usage, le commandant a rendu visite (
aux autorités.
Le monitor Javary construit au Havre par
la Compagnie des forges et chantiers de
l'Océan, pour le compte du gouvernement
brésilien, est attendu à Cherbourg lundi pro-
chain.
Eviurox, 30 juillet. Après quaran-
te-cinq minutes de délibération, le jury de
l'Eure a rendu hier soir un verdict affirmatif
sur toutes les questions, sans admettre de cir-
constances atténuantes.
Jodon a écouté, impassible, l'arrêt qui le
condamne, pour la seconde fois, à la peine de
mort, et la clause qu'il sera remis entre les
mains de l'autorité militaire.
AUMALE (Algérie), 22 juillet. MM.
Gauthier, Talbot, Roche, sous-officiers, de
Valois et Christol, caporaux au 1er régiment
de tirailleurs algériens ont été les acteurs ap-
plaudia d'une soirée charmante donnée pour
les inondés. Elle a produit 230 francs. Le
menu du concert se composait de romances,
de chansonnettes comiques, à 412 kilomè-
tres d'Alger, on fait ce qu'on peut, et d'un
vaudeville On demande des domestiques, fort
bien interprété par MM. Gauthier, Talbot et
de Valois.
METZ, 30 juillet. Les sommes re-
cueillies pour les inondés du Midi, dans le
seul département de la Lorraine, s'élèvent à
84,984 francs.
A Luxembourg, elles dépassent 25,000
francs.
.i. Le monument élevé par les Alsaciens
aux soldats français tués le 6 août 1870 à
Prœschwiller sera inauguré samedi pro-
chain.
LE Blanc, 29 juillet. Dimanche
prochain, 1er août, M. Marthe, un violoniste
distingué, vient donner au théâtre du Blanc,
au profit des inondés du Midi, un concert qui
promet d'être très-brillant il est accompagné
de Mme Farjanel, pianiste, de Mlle Cœllen,
chanteuse de genre, de M. Monteys, chanteur
comique.
Les programmes publiés et distribués, trois
amateurs MM. A. et G- du Blanc, et R.
de Portiero, ont offert de se joindre aux artis-
tes. La recette sera belle la commission d'or-
ganisation a tout fait pour assurer le succès
de cette fête de bienfaisance,
• Autun, 28 juillet. Dimanche der-
nier, le hameau des Chapeys, commune de
Broye, a été le théâtre d'une lutte sanglante
entre deux gendarmes de la brigade de Mes-
vres, nommés Tête et Delorme, et une quin-
zaine d'individus, Italiens d'origine. Les deux
gendarmes faisaient une tournée de police
entre dix et onze heures du soir. A peine
étaient-ils sortis du cabaret des Chapeys, qu'ils
furent assaillis par une grêle de pierres. Ils
s'élancèrent contre les bandits et parvinrent
à s'emparer de deux d'entre eux.
A 1,500 mètres du village, ils sont de nou-
veau attaqués par de nombreux individus
armés de pierres et de bâtons. Tête reçoit à
la jambe gauche un coup de pierre si violent
qu'il est renversé. En tombant, il reçoit dans
le flanc un coup de pied qui brise sa montre
dans son gousset. Delorme est terrassé. Il se
relève avec un pied foulé. Alors tous deux
dégainent. Une lutte très vive s'engage.
Après avoir tiré en l'air deux ou trois coups
de revolver pour effrayer lesassaillants -cette
menace restant sans effet -les gendarmes ti-
rent devant eux et sabrent à droite et à gau-
che. Plusieurs coups ont porté; mais dans la
bagarre, les prisonniers se sont enfuis, et les
deux braves militaires en sont réduits à re-
gagner tout meurtris leur caserne. A ce mo-
ment, arrivent successivement trois jeunes
gens du pays qui regagnent leur domicile.
Sollicités par les gendarmes de leur prêter
main-forte pour tâcher de s'emparer de quel-
ques-uns des agresseurs, l'un d'eux, ancien
soldat, se met résolument à leur disposition
et entraîne les deux autres. Ils retournent
ensemble au village des Chapeys, où ils
trouvent bientôt, en deux maisons différentes
où ils logeaient d'habitude, deux Italiens qui
portaient à la figure ou à la tête des traces ré-
centes de la lutte, et qu'ils mettent en état
d'arrestation. v
Bale, 28 juillet.– Le 19 avril 1874, la
Suisse a adopté une Constitution nouvelle qui
a établi l'obligation du service militaire pour
tous LES CITOYENS SANS EXCEPTION et, en cas d'ab-
sence ou d'exemption, le paiement d'un impôt
ad hoc qui frappe tous les Suisses établis à l'é-
tranger.
En septembre prochain, les Chambres fédé-
rales examineront les propositions de cet im-
pôt militaire, et il est probable qu'elles adop-
teront une échelle de taxes d'après le système
progressif.
Les instituteurs eux-mêmes sont soumis à
la nouvelle loi. Ils suivront un cours spécial
dans lequel la gymnastique préliminaire au
service militaire sera la base de l'instruc-
tion.
Le premier cours spécial pour les institu-
teurs a lieu en ce moment dans notre ville.
Il est suivi par 445 pédagogues, dont 2 inspec-
teurs, 45 instituteurs de séminaires, 373 insti-
tuteurs primaires, quelques professeurs parti-
culiers, et 1 directeur de musique.
Ce bataillon de pédagogues a un programme
d'études très-complet gymnastique, lecture
doyen et ,ami, le baron Mittermann,
n'en fasse autant de son côté.
Nous n'avons rien à refuser à notre
cher associé Robert Dachet, s'empressa
de dire tout à coup le baron.
Il avait entrevu dans un service à ren-
dre à Robert le prêt d'une somme
importante, par exemple le moyen
d'entrer plus profondément dans sa vie,
et, par conséquent, de se rapprocher de
Mina. C'était là la seule préoccupation
de l'amoureux banquier et aucun sacri-
fice d'argent ne devait lui être sensible
pour arriver à ce but.
Mais Robert Dachet, plein de morgue,
de vanité et d'orgueil, ne voulut point
accepter une condition qui devait le
placer dans un état d'infériorité morale
vis-à-vis de ses deux associés.
Il répondit:
Je vous remercie, baron Mittermann,
et vous aussi, J. Starke, de vos bonnes
dispositions pour moi; j'y suis sensible;
elles me prouvent le cas que vous faites
de ma coopération. Cependant vous me
permettrez de ne pas en profiter. Le ver-
sement de la somme dont je' suis débi-
teur à la caisse sera fait d'ici à quinze
jours, je vous en donne l'assurance.
Puisqu'il en est ainsi, dit J. Starke,
laissons les choses comme elles sont, et
attendons.
En prenant ce nouvel engagement,
Robert Dachet comptait beaucoup sur
l'imprévu, cette grande ressource des
audacieux. Il savait sa position inexpu-
gnable dans la maison de banque et se
moquait des susceptibilités et des déli-
catesses exagérées de ses deux associés.
Depuis le jour où!ui-mêmô était devenu
un des personnages de :a haute banque
parisienne, il avait singulièrement mo-
difié son existence, et menait de front
l'amour de l'or et les plaisirs. Seulement,
toujours habile et toujours prudent, il
n'oubliait pas complètement l'avenir, et
jetait les bases des'élapes futures.
Disons cependant que le cercle, le jeu,
le sport, des relations très suivies avec
un premier sujet du ballet. de l'Opéra,
avaient un peu éloigné de si\ pensée ses
préoccupations habituelles; sans doute
ces causes n'étaient point étrangères à
l'impossibilité où il se trouvait de se li-
bérer, à l'époque convenue, du complé-
ment de son apport social.
Dachet le reconnut dans le court exa«
des cartes, organisation militaire, tir, appré-
ciation des distances, etc. Le soir, exercice do
chant.
Les 8 à 10,000 instituteurs de la Suisse de-
vront peu à peu suivre ce même cours, afinde
répandre ensuite dans la jeunesse les connais-
sances militaires qu'ils y auront puisées.
-< Auguste MarcajJs.
PARIS AU JOUR IEJ0M
M. Jules Favre a déposé jeudi à la
Chambre un projet de loi sur la presse,
projet tout platonique, puisqu'il ne sera
peut-être même pas discuté.
Ce projet ne présente rien de bien
nouveau. Calqué sur les législations qui
ont régi la presse pendant la Restaura-
tion et le règnedeLouis-Philippe,il édicte
l'amende et l'emprisonnement contre
les attaques commises par la voie de la
presse et ayant pour objet le renverse-
ment du gouvernement établi et les pro-
vocations à des délits politiques, comme
cris séditieux, distributions d'emblèmes
non autorisés, attaques à la Constitution
de 1875, aux pouvoirs du Président et des
deux Chambres.
La diffamation envers les personnages
publics est punie d'un emprisonnement
de quinze jours à un an et d'une amende
de 500 à 5,000 francs; envers les particu-
liers de 100a 1,000 francs d'amende etde
cinq jours à un an de prison. L'injure
contre les particuliers est taxée à un
minimum de 16 trancs et à un maximum
de 500 francs.
La publication de nouvelles fausses,
faite méchamment (comment établir le
corps du délit 1) sera punie d'une amende
dé 1,000 à 3,000 francs.
La sen le innovation unpeuremarquable
que contienne le projet de M. Favre est
l'article qui dégage l'imprimeur de toute
responsabilité,
Nous remarquerons aussi que, pour
être conséquent avec sa position de cory-
phée libéral, M. Jules Favre aurait de-
mandé la liberté illimitée de la presse,
telle qu'il la réclamait sous l'Empire.
D'où vient cette différence? Unique-
ment de ce que M. J. Favre ne pourrait
souffrir qu'un journaliste touchât à sa
République, maintenant qu'elle a pour
elle la possession d'état.
¥% La Correspondance pai-lenientaire a
parlé d'une lettre que M. Buffet aurait
écrite à M. Decazes pendant son séjour.
à Vichy pour lui expliquer que, lors de
la discussion du rapport Savary, il
avait obéi au besoin de se séparer com-
plètement de l'alliance compromettante
des radicaux, quant aux préférences
qu'on lui attribuait à tort pour les bona-
partistes, elles ne dépassent point l'im-;
partialité que tout gouvernement sérieux
doit au parti qui ne transgresse point les
lois.
Il est assez naturel que M. Buffet ait r
correspondu avec le duc Decazes. Sinousj
ne pouvons affirmer l'authenticité de la'
lettre dont il s'agit, nous trouvons pour-
tant qu'elle n'a rien que de très vrai-
semblable.
Elle ne serait que le commentaire de
la conduite de M. le vice-président du
conseil.
»*« Une réflexion profondément juste
du Moniteur universel
Dans quelques jours, l'Assemblée va sa
séparer, et elle aura trouvé moyen de voter,
nous allions dire d'expédier, en quatre ou
cinq séances, un budget de dépenses s'éle-
vant à plus de deux milliards et demi. Voilà
ce que l'on appelle le contrôle législatif I
Il est vrai, par contre, que le moindre inci-
dent, appelé par un point quelconque à ef-
fleurer l'épiderme d'un personnalité politique,
si minime que celle-ci puisse être, a le triste
privilége de passionner les esprits. Alors lé-
gitimistes, bonapartistes, républicains, sont
tous à leur banc les interpellations se croi-
sent, les discussions se prolongent, les repro-
ches rétrospectifs se multiplient, et l'on n'hé-
site pas à consacrer de longs jours à ces sté-
riles récriminations C'est que la politique
touche aux intérêts des partis, tandis que le
budget ne touche qu'aux intérêts du pays 1
«Pauvre pays, si difficile gouverner»! dit-on.
On ne saurait dire du moins de lui qu'il est
difficile à administrer 1
Deux milliards et demi de dépenses votés
en moins de huit jours, sans qu'il ait été rele-
vé une seule économie intelligente, un seul
dégrèvement utile 1
Décidément, le régime parlementaire et
l'exercice du contrôle législatif sont deux
choses essentiellement distinctes.
men de conscience qu'il fit sur l'heure. Il
vit la faute qu'il avait commise, l'entraî-
nement qu'il avait subi à un moment où
la lutte n'était pas terminée, et il prit
en lui-même l'engagement de réparer
promptement cette excursion dans le
pays de plaisirs qui ne lui étaient pas
encore permis. Il songea, pour la pre-
mière fois depuis longtemps, à Mina, sa
femme, et se demanda s'il n'y avait
point en elle une puissance dont il pou-
vait tirer parti une force, un attrait,
une séduction dont il pouvait profiter.
Toutes ces choses vinrent à la pensée
du banquier pendant qu'il faisait le tra-
jet du cabinet de Mittermann au sien,
lequel, on se le rappelle, était situé au
rez-de-chaussée.
Au moment où il traversait la grande
salle vitrée, il entendit une voix jeune
et bien timbrée demander à un des gar-
çons MM. Mittermann, J. Starke et C.
Il se retourna involontairement.
C'est pour affaire de banque? de-
manda le garçon.
Oui, répondit l'inconnu.
Voici l'un des associés de la mai-
son, reprit le garçon en désignant Ro-
bert Dachet; vous pouvez vous adresser
à lui.
L'inconnu s'avança vers Dachet; le
banquier, par suite ae cette habitude dé-
plorable des hommes d'argent qui se
croient dispensés des^formes de 1 a plus
vulgaire politesse, l'attendit sans bou-
ger.
-Que voulez-vous, monsieur? de«
manda Dachet.
Permettez-moi, monsieur, de vous
dire d'abord mon nom Je suis le comte
Prosper de Prévodal.
Le banquier s'inclina.
Quant au but de ma visite, le voi-
ci Je suis porteur d'une lettre de cré-
dit d'un million sur votre maison.
Voulez-vous me faire l'honneur,
monsieur le comte, dit avec empresse-
ment Robert Dacbet, d'entrer dans mon
cabinet, nous y serons plus à l'aise pour
causer.
Et il s'empressa d'en montrer le cne«
min au comte de Prévodal.
ARMAND Lapoinx^
[la suite à demain x
une Maritorne, rebut promené de bazar
en caravansérail.
Au plus fort des accès de cette folie
Hanche, un peintre italien arrive^ à la
cour du Salomon africain. Comment et
pourquoi? cela ne fait rien à l'histoire.
L'artiste, d'humeur gaie et de réparties
spirituelles, est bientôt admis dans l'in-
timité du souverain. Celui-ci, poursui-
suivant une idée fixe, verse dans le sein
de ce nouvel ami ses peines amoureuses.
Le peintre s'engage à le guérir.
« Je suis en train d'ébaucher, lui
dit-il, le plus merveilleux des portraits i
c'est celui d'une houri qui, mêlée aux
Isultanes du paradis du prophète, en se-
rait par acclamation saluée la reine. Si
la copie vous plaît, il n'est pas absolument
impossible de vous mettre en possession
de l'original. Attendez et. espérez. »
te sultan était fort pressé d'admirer
cette merveille; mais l'artiste ne pou-
vait travailler qu'aux heures de l'inspi-
ration, la plus quinteuse, la plus pa-
resseuse des Muses! Il se refusait, avec
une obstination calculée, à montrer à
son auguste ami une ébauche qui eût
couru le risque de calomnier son divin
modèle. Enfin, il n'y a plus un seul
coup de pinceau à donner au Chef-d'œu-
vre, et le portrait de l'idéale fiancée du
sultan est exposé mais voilé encore
dans l'intérieur du harem.
L'Africain arrache, plutôt qu'il ne tire
le rideau impatientant placé entre son
rêve, qui va devenir une réalité. Le por-
trait est celui de l'ex-sultane favorite,
une négresse aux formes athlétiques,
dont le regard, fait de deux diamants,
et dont les chairs rebondies et charbon-
nées palpitent sous le génie du peintre.
La sultan pousse un cri de surprise,
qui pourrait passer pour un rugissement
d'amour. La femme de son désir est née,
et c'est justement celle que la satiété
avait tuée en lui
Et voilà comment un peintre italien,
courant l'Afrique, y fit un jour la décou-
verte de la beauté africaine.
Quel spectacle varié dans sa majesté
immuable que la mer Comme la des-
tinée de la plupart des hommes, elle
avance sans cesse pour reculer toujours.
Jeune, poète et amoureux, maltraité
sans doute, Sainte-Beuve a rimé un son-
net que les flots de la mer de Boulogne,
sa patrie, ont dû soulever jïans son cœur
découragé.
a Sonnet. C'est un sonnet », c'est-à-
dire deux quatrains suivis de deux ter-
cets, et en vers de dix syllables encore 1
ce qui l'abrège. Cela vous prendra peu
de temps à lire et vous fera peut-être
Denser
Que vient chercher sur le sable creusé
La vague en pleurs que pousse un vent d'orage ?
Par cet effort son courage épuisé
Laisse un éclair d'écume sur la plage.
Une heure encore et le flot apaisé
Ira mourir sur un autre rivage.
De notre cœur cet abîme est l'image
Tout ce qu'on aime, un jour sera crise I
Les longs espoirs et les vastes pensées,
Ce sont, hélas les vagues élancées,
D'un Océan profond et ravagé,
Qui, soulevant jusqu'aux cieux notre rêve,
Le laissera rebondir sur la grève.
La mer balaye un bonheur submergé! t
Les sérénités bleues ont repris pos-
session du ciel de la politique et du ciel
du bon Dieu. Si j'ai nommé celui-ci
après celui-là, c'est que dans les préoc-
cupations de mes concitoyens, honnêtes
gens, mais « gens de peu de foi», comme
l'a dit l'Evangile, le ciel du bon Dieu
tient moins de place que le ciel de la
politique.
Ce qui distingue les vacances parle-
mentaires des vacances scolaires, le
voici. L'expression: des écoliers en va-
cances est synonyme de tapage indes-
criptible. Or, ce n'est point le cas de
graves législateurs qui comptent se re-
poser en laissant le pays se remettre, à
son tour, des émotions fatigantes de
l'agitation parlementaire. C'est, au con-
traire, quand ils étudient en séance les
lois qu'ils sont chargés de faire, qu'on
peut appliquer aux groupes bruyants de
l'Assemblée le terme proverbial d'éco-
liers en vacances. Voilà comment les plus
ox-actes définitions peuvent devenir de
frappantes contre-vérités.
Feuilleton da EIGARO du 31 Juillet 1815
'-̃̃̃• LA -̃̃ •;̃
CHASSE AUX FANTOMES
PREMIÈRE PARTIE
l'AMOUR DE L'OR
̃̃ rv ̃••̃•/••
La maison de banque de Mittermann,
J. Starke et C" occupait tout le rez-de-
chaussée et l'entresol d'une maison de la
rue Basse-du-Rempart.
Une cour intérieure, vitrée, commu-
niquant avec les bureaux, servait de
salle de réception pour -le public. La
comptabilité et les cabinets de Mitter-
mann et de J. Starke étaient situés à
l'entresol. Un escalier partant de la salle
vitrée conduisait à l'étage supérieur. De
plus, l'entresol était desservi par un
grand escalier commun avec les autres
étages, mais seuls Mittermann, J. Starke
et Dachet avaient le droit d'y passer. Le
cabinet de Robert se trouvait au rez-de-
chaussée, à côté de la caisse. Aucun des
associés n'habitait la maison; seulement,
par mesure deprécaution, un des garçons,
Allemand comme ses patrons et venu
avec eux d'outre-Rhin, couchait dans un
petit cabinet avoisinant la salle où le
public était admis.
Été comme hiver, le baron Mittermann
arrivait à sept heures du matin rue
Basse-du-Rempart; il travaillait seul
jusqu'à huit heures. A ce moment, il
descendait au rez-de-chaussée et passait
l'inspection des bureaux. Tout employé
qui n'était pas à son poste avait une
mauvaise note; si pareil fait se renou-
velait deux fois sans excuse très sérieuse,
il était impitoyablement congédié. En
revanche, Mittermann avait la réputa-
tion de rémunérer généreusement ses
employés, et c'était une recommanda-
tion puissante que d'appartenir à sa
maison.
Reproduction autorisée pour les journaux qui
ont traité «voc la société des Gens de lettres.
On a eu raison de le dire l'entr'acte
de trois, mois qui sépare les derniers tra-
vaux de l'Assemblée du dénouement de
la dissolution, est l'oeuvre inconsciente
de M. Gambetta se ruant à la tribune
contre la personne et contre la politique
de M. le vice-président du conseil.
Homme froid, M. Buffet, voyant bondir
contre lui un adversaire emballé, en a
tiré, pour le parti qu'il représente et qu'il
fait prévaloir dans un ministère d'opi-
nions composites, l'avantage que vous
savez.
M. Thiers a dit de M. Gambetta, dont
il a été le leader actif, en restant à des-
sein invisible, dans les manœuvres des
trois gauches, au lendemain du 24 mai
C'est un chien courant, qui a des
jambes et de l'ardeur par quintes, et
point de flair. Vous le menez à la chasse
aux perdrix et il va faire lever un vol de
corbeaux. ̃ »
Ce qu'il est convenu d'appeler la « fi-
nesse génoise » de M. Gambetta est, en
somme, la paresse d'un homme qui s'ef-
force de la dissimuler sous une attitude
contemplative. L'art de diriger une As-
semblée, c'est de la « diplomatie à l'inté-
rieur », et celle-ci n'est pas moins diffi-
cile que l'autre peut être même l'est-
elle davantage. Le véritable diplomate
en ce sens est M. Thiers un incompara-
ble brouillon Le parallèle entre le grand
manœuvrier du centre gauche et l'ora-
teur officiel (remarquez que je ne dis
point le plus habile orateur) de la gau-
che doctrinaire, peut être établi au
moyen d'une comparaison géographique.
Il existe en Bretagne deux" forêts qui
se touchent et communiquent l'une avec
l'autre le Coataney, c'est-à-dire « Bois-
du-jour », et le Coatannos, dont la tra-
duction française est « Bois-de-la-nuit »•
Tacticien parlementaire sans rival, M.
Thiers se retrouve toujours dans les
mille sentiers du Coataney tandis que
M. Gambetta, homme de premier mou-
vement et manquant de clairvoyance,
se cogne le front contre tous les arbres
du Coatannos.
L'IMPÉRATRICE D'AUTRICHE
L'impératrice d'Autriche arrive au-
jourd'hui, avec sa fille, au château de
Sassetot en Normandie. Souhaitons res-
pectueusement la bienvenue à la souve-
raine, dont la beauté est proverbiale, et
qui a dans le caractère tant de séduction
et de poésie.
L'impératrice Elisabeth, née le 24 dé-
cembre 1837, est la fille de Maximilien-
Joseph, duc en Bavière. Elle fut élevée
à Possenhoffen, dans un vieux château
tout patriarcal, où elle reçut une édu-
cation aussi simple quesérieuse. Jusqu'à
son mariage, elle vécut à la fois comme
une princesse et comme une paysanne,
loin du luxe et du tumulte-des villes.
Elle eut de bonne heure cette passion de
la nature et de la campagne qui ne l'a
jamais quittée.
Son mariage a. été, de part et d'autre,
un mariage d'inclination. C'était sa sœur
aînée, depuis princesse de La Tour et
Taxis, que l'on destinait comme femme
à l'Empereur François-Joseph. Mais du
momentoùlejeune souverain il avait
alors vingt-trois ans eut aperçu la
princesse Elisabeth, il se jura à lui-
même qu'il n'aurait pas d'autre com-
pagne. L'Empereur a tenu son serment.
L'Autriche fut enthousiasmée de l'Im-
pératrice de seize ans, qui lui apparut
comme la personnification de la jeunesse
et de la grâce.
La souveraine, qui avait l'instinct de
sa séduction personnelle, se donna pour
tâche de faire la conquête de tout un
peuple, le peuple hongrois. Ce n'était
pas chose facile de rattacher au sceptre
des Habsbourg, cette nation chevale-
resque, mais querelleuse et flère, qui
était encore pleine des souvenirs irri-
tants de la gigantesque guerre dé 1848.
Le comte Andrassy- celui-là même qui
est actuellement premier ministre d'Au-
triche-Hongrie avait été condamné à
mort, et les Magyares frémissaient en-
core de colère. C'est une femme qui
devait les calmer. L'Impératrice-Reine
elle est impératrice dé ce côté de la
Leitha, reine de l'autre -parle la langue
des Magyares aussi bien que celle des
Allemands. Elle adopta comme résidence
Le jour où nous introduisons le lecteur
chez le célèbre banquier, le baron Mit-
termann arriva rue Basse-du-Rempart
dans un état d'humeur exécrable et en
proie à une grande préoccupation. Pour
la première fois depuis la fondation de
sa maison, il ne descendit pas pour faire
sa ronde quotidienne, et dès que huit
heures sonnèrent, il envoya son garçon
de bureau savoir si J. Starke était arrivé.
Le garçon revint avec une réponse af-
firmative.
Priez-le de se rendre ici, dit Mitter-
mann.
J. Starke ne se fit pas attendre.
Il entra chez son associé suivi de quatre
chiens ratiers qui ne le quittaient ja-
mais.
Bonjour, baron. Quelles nouvelles
ce matin ? 9
Voici la correspondance; ily a des
lettres importantes d'Allemagne. On pré-
voit une crise financière en Autriche.
J'estime que le moment est arrivé de
nous défaire de toutes nos valeurs sur
cet Etat.
J'allais vous le proposer car, de
mon côté, j'ai des renseignements que
je crois très sérieux. Dachet se chargera
de l'opération.
A propos de Dachet, reprit le baron,
qui cherchait une transition, vous savez
qu'il y a aujourd'hui une année que nous
l'avons admis dans notre maison à titre
d'associé ?
Parfaitement.
Que par conséquent le délai que
nous lui avions accordé pour compléter
son apport est expiré.
Et que son compte est toujours dé-
biteur de deux millions. Je sais cela,
dit J. Starke du ton le plus indifférent.
N'étes-vous point d'avis de le mettre
en demeure d'opérer ce versement?
Avec des ménagements, oui. Robert
Dachet nous rend de grands services et
son concours nous est fort utile.
Avec des ménagements, je le veux
bien; mais il y a dans cette situation
d'un associé de notre maison débi-
teur de la caisse, un état pénible et con-
traire aux traditions de toute maison sé-
rieuse, et qui serait de nature à faire
naître d'étranges suppositions s'il devait
se perpétuer au delà du terme fixé.
vous croyez?
N'est-ce pas votre opinion?
d'été le château de Godolo (Gueudeleu),
l'une des résidences les plus pittores-
ques de Hongrie. Elle y fit tant de bien,
s'y montra si aimable, y eut de telles
attentions pour le patriotisme des Ma-
gyares que la nation tout entière se pas.
sionna pour elle, comme autrefois pour
la grande Impératrice Marie-Thérèse,
celle dont on disait Moriamw pro rege
nostro Maria-Theresa (Mourons pour notre
roi), car cette reine-là avait le génie
d'un grand roi.
Aujourd'hui la réconciliation entre
l'Autriche et la Hongrie est complète,
et la couronne de Saint-Etienne est
aussi solide sur la tête de François-Jo-
seph que le diadème des Habsboûrg. Ce
résultat est dû non-seulement aux qua-
lités personnelles du souverain, mais
encore au charme de sa gracieuse com-
pagne. Dés que l'Autriche et la Hongrie
se furent sérieusement donné la main,
l'Impératrice-Reine, qui avait accompli
sa tâche, se promit à elle-même de ne
plus faire de politique. Elle se contente
d'être la femme la plus èharitable, la
plus artiste et la plus séduisante de son
empire et de son royaume.
G est un bonheur pour les Viennois
de la voir assister aux séances d'ouver-
tures du Reischrath. Même dans ces oc-
casions solennelles, elle porte une robe
noire ou lilas, sans aucun ornement,
parce qu'elle a fait, depuis la mort de sa
fille aînée, le vœu de ne mettre ni cou-
leurs voyantes, ni bijoux. Sa magnifique
chevelure brune ne vaut-elle pas la plus
belle des couronnes, et y aurait-il des
diamants plus resplendissants que ses
yeux?
Aucune femme n'est plus bienfai-
sante. Il faudrait un volume tout entier
pour retracer tous ses actes de bonté et
de générosité.
L'an dernier, elle se promenait à che-
val dans les environs de Godolo, lorsque
elle rencontra une vieille femme qui se
lamentait en faisant marcher devant elle
une vache. L'Impératrice descendit de
cheval pour s'enquérir de la cause des
sanglots que poussait la vieille. Hélas 1
s'écria la paysanne, je suis obligée de
conduire à la foire et de vendre cette
pauvre bête, ma dernière ressource, et
cela me fait grand'peine de m'en sepa-
rer mais il le faut, mon mari et ma fille
sont malades, et il n'y a plus de pain à la
maison.Alors l'Impératrice lui dit Gar-
dez votre vache et retournez tranquille-
ment chez vous tendez votre tablier, et
l'impératrice, comme une bonne fée, y
fit tomber une pluie d'or.
Pendant la dernière crise économique
à Vienne, la haute société autrichienne,
s'est toujours distinguée par ses sen-
timents chrétiens et charitables, montra
un zèle vraiment évangélique. On orga-
nisa ce qu'on appelle la cuisine du peu-
ple (VolKsiïehe). Les pitances étaient
remises aux malheureux par les plus
grandes dames, heureuses de servir el-
les-mêmes les pauvres, et se rappelant
que le Pape lui-même lave les pieds des
mendiants pendant la Semaine Sainte.
Princesses, duchesses, comtesses, baron-
nes se transformaient en sœurs de saint
Vincent-de-Paule. Un jour, parmi ces
belles aumonières se glissa modeste-
ment une femme qui éclipsait toutes les
autres par sa beauté, malgré son vête-
ment plus que simple, c'était l'Impé-
ratrice.
Comme Marie-Antoinette, l'auguste
compagne de François-Joseph n'aime
ni l'étiquette, ni la pompe elle se pro-
mène seule, à pied, suivie à distance par
un valet de chambre, et tient bourgeoi-
sement à la main un parapluie. Le croi-
rait-on, ce parapluie lit d'abord scandale
à la cour. L'archiduchesse Sophie, mère
de l'Empereur, n'admettait pas qu'une
Impératrice pût échanger, ne fût-ce
qu'une minute, son sceptre contre un
parapluie. Peut-être -pensait-elle, d'ail-
leurs, que la pluie de Schœnbrunn ne
mouillait pas. Elle en fit l'observation
à sa bru qui venait de se marier, et la
jeune impératrice ayant replié le para-
pluie, retourna tristement au château.
Pendant quelques jours elle fut mélan-
colique et ne voulut pas sortir. L'Empe-
reur, inquiet, la croyait malade. Enfin,
tout s'éclaircit, excepté le temps, et
l'Empereur décida que désormais le pa-
rapluie n'aurait plus rien de contraire à
l'étiquette. L'ombre de Louis-Philippe a
dû en tressaillir de joie!
Le père de l'Impératrice lui a enseigné
cette bonhomie familière qui n'exclut
pas la majesté et qui est un si grand
charme dans les anciennes dynasties. Un
B. Jouvia.
En effet, cela crée une situation
équivoque qu'il est bon de faire cesser.
Puisque nous sommes si bien d'ac-
cord, mon cher J. Starke, je vous de-
manderai de prendre la parole devant
Dachet et de lui exprimer notre désir.
Très volontiers, je le ferai ce ma»
tin même et devant vous.
J. Starke alluma un cigare3 s'assit sur
un petit canapé, en ayant soin d'y lais-
ser une place pour ses chiens, et se
plongea dans la lecture de la correspon-
dance sur chaque lettre, il faisait a la
plume un signe qui devait être compris
du chef de la correspondance.
Pendant ce temps, le baron Mitter-
mann, caché derrière la Gazette de Colo-
gne, était absorbé dans une unique pen.
sée sa passion pour Mina Dachet, pas-
sion aussi malheureuse qu'au jour où
elle était entrée dans son cœur.
Il avait cru se rapprocher de Mme
Dachet par les relations que devait faire
naître l'association avec son mari, et
jusque-là ces relations avaient été pure-
ment commerciales Robert Dachet,
huit jours après son mariage, avait aban-
donné Mina à la solitude de son vaste
appartement et passait ses journées rue
Basse-du-Rempart, à son journal, à la
Bourse; sessoirées au cercle et à l'Opéra,
ses nuits on ne savait où.
Mittermann donnait des bals, des fê-
tes dans son hôtel et Mme Dachet n'y
venait pas.
Presque tous les jours, sous les plus
futiles prétextes, le vieux banquier se
présentait chez son associé mais celui-
ci était. absent et Mina ne recevait per-
sonne.
La pauvre jeune femme occupait son
temps par la lecture de romans à dé-
faut d'un amour sincère dans sa vie, elle
le cherchait dans les livres et vivait, par
la pensée, avec des héros imaginaires
créés par l'imagination des romanciers.
La passion de Mittermann s'augmen-
tait de tous ces obstacles qui, sans être
bien sérieux cependant, tenaient à un
ordre de choses que le baronn'osait bra-
ver. N'avait-il pas à ménager l'opinion
publique, son associé et une jeune femme
encore timide? Aussi chaque jour qui
s'écoulait et qui lui apportait une nou-
velle ride, une nouvelle infirmité, fai-
sait-il naître en lui des désespoirs et des
angoisses. Cet homme, que les passions
jour il se rendait de Bavière en Autri-
che, dans un wagon ordinaire, comme
le commun des mortels. Il se mit à cau-
ser avec un bon négociant qui faisait
route avec lui. Les deux pères de fa-
mille quine se connaissaient pas, cau-
sèrent bientôt de leurs petites affaires
comme s'ils eussent été de vieux amis.
Je vais à Vienne, dit le marchand.
Moi aussi, dit le prince. Et qu'allez-
vous y faire ? Voir mon gendre. Et
moi aussi. Que fait votre gendre ? Des
affaires. Le mien aussi. Vont-elles
bien? Pas trop mal, dit le prince.
Quelle est sa profession? Empereur.
Le marchand, ébahi, se confond en pro-
testations respectueuses mais le bon
prince le met tout de suite à l'aise, et
les deux beaux-pères continuent tran-
quillement leur conversation jusqu'à
Vienne.
L'Impératrice est une amazone con-
sommée. Elle manie un coursier fou-
gueux comme une véritable Clorinde.
Elle a pris des leçons de haute école
d'une ecuyère dont elle avait remarqué
l'adresse au cirque Renz. Cette écuyère
était une très honnête fille, et l'Impéra-
trice ne crut pas déroger en la faisant
venir au château, où elle donna plusieurs
jours de suite des leçons d'équitation à
auguste souveraine. L'écuyère avait
admiré à plusieurs reprises, dans les
écuries de son impériale élève, un su-
perbe cheval noir dont les fières allures
étaient vraiment exceptionnelles.
Il vous plaît, lui dit l'Impératrice,
eh bien 1 je vous le donne.
C'était un cadeau de 20,000 francs.
Nous espérons, pour les personnes qui
habitent les environs du château de Sasse-
tot, qu'elles auront la- bonne fortune
d'apercevoir à cheval l'Impératrice. Au
point de vue de l'art, il n'y a pas de plus
beau spectacle que cette amazone cou-
ronnée, dont la grâce et l'audace ont
quelque chose de fascinateur.
UNE CRAVATE BLANCHE.
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
-LONDRES, 30 juillet, 2 h, 55, soir. Au
banquet donné par le lord-maire hier soir aux
chefs des municipalités de l'Europe, M. d'Har-
court, ambassadeur de France, et M. Ferdi.
nand Duval, préfet de la Seine, occupaient
les places d'honneur. M. d'Harcourt a pro-
noncé un discours en anglais M. Duval, en
a prononcé un en français. Tous les deux ont
été fort applaudis.
Rome, 29 juillet. –Le pape est com-
plètement guéri de ses douleurs rhumatis-
males dans la jambe gauche, et de l'avis des
mëdecins, les bains sulfureux ont «té discon-
tinués.
.̃̃ LA. Guadeloupe. M. Lacascade a
été élu député au second tour de scrutin, le
dimanche, 4 juin.
^vw- Blois, 30 juillet. Depuis plus d'un
an, M. Ménestrier, lieutenant au 31e de ligne
recherchait en mariage Mlle Lemaire Devi-
neau, fille d'un agent d'assurances demeurant
rue de ÏArr«u, n° 4.
La demande avait été agréée par la mère et
les grands parents de la jeune fille, mais for-
mellement repoussée par le père. Les vraies
causes de ce refus persistant étaient que dans
le ménage Lemaire-Devineau toute la fortune
venait de la femme, et Mme Lemaire n'atten-
dait que le mariage de sa fille pour se séparer
de son mari. Deux actes respectueux lui
avaient été signifiés et n'avaient fait que l'ir-
riter d'avantage. Mme Lemaire et sa fille par-
tirent dimanche matin pour aller passer la
tournée dans: une ferme que possèdent ses
parents aux environs de Blois.
M. Lemaire, ayant des soupçons, les suivit
de loin et les vit prendre avec elles, au fau-
bourg de Vienne, les époux Devineau et le
lieutenant Ménestrier.
Il revint en ville comme un fou, fit atte-
ler une voiture chez un loueur, son voisin,
promit au cocher un bon pourboire et lui fit
lancer son cheval au galop. Il rejoignit sa fa-
mille un peu au-dessous de Clénord, à mi-
chemin de Blois et de Cour-Cheverny, sauta
à bas de sa voiture, arrêta le cheval de M.
Devineau et le fit reculer à coups de canne.
Il apostropha violemment M. Ménestrier et
le frappa. Celui-ci chercha à lui arracher sa
canne.
C'est alors que M. Lemaire tira sur le lieu-
tenant trois coups de revolver dont un seul
le blessa légèrement à la tempe. Le malheu-
reux officier ne put esquiver les deux autres
coups qu'en se dérobant dans un petit bois
qui borde la route.
M. Lemaire-Devineau a été arrêté mardi.
CHERBOURG, 30 juillet, 8 h. 45 soir.
La frégate-école Nichtheroy, venant de
Rio-Janeiro et, en dernier lieu du Havre, a
mouillé sur notre rade hier matin. Après les
de la jeunesse venaient atteindre à
soixante-cinq ans, roulait dans sa tête
mille projets insensés de séduction.
Le dépit n'était pas étranger à la con-
versation qu'il venait d'avoir avec J.
Starke au sujet de Robert Dachet et à
la résolution qui en avait été le résul-
tat. Qu'attendait-il de la rigueur qu'il
voulait exercer? Il n'en savait rien; il
en espérait quelque chose, voilà tout.
On ne sait pas toutes les folies, toutes
les espérances qui peuvent germer dans
le cerveau d'un vieillard amoureux.
A neuf heures, suivant son habitude,
Robert Dachet entra dans le cabinet du
baron Mittermann.
Nous savons qu'il devait y trouver ses
deux associés.
Après les saluts d'usage, Mittermann
se replongea dans la lecture de la Gazette
de Cologne; il paraît que ce jour-là la cé-
lèbre gazette était d'un intérêt palpi-
tant.
J. Starke entra carrément en matière,
mais avec la politesse qui lui était ordi-
naire.
Mon cher Dachet, dit-il, êtes-vous
en mesure de faire votre versement de
deux millions ?
Robert Dachet, pris à l'improviste par
cette question, demeura un instant em-
barrassé.
Oh! je ne vous demande cela, re-
prit J. Starke, que parce que la date de
votre libération est inscrite sur nos li-
vres, et que nous ne pouvons, ni pour
nous ni pour vous, accepter plus long-
temps des écritures qui seraient de na-
ture à faire supposer qu'un des associés
de notre maison laisse protester morale-
ment sa signature. Vous me comprenez
bien, n'est-ce pas, cher ami?
Parfaitement, dit Robert Dachet,
remis de son embarras.
J'ajoute que nous sommes disposés,
le baron et moi, à avoir pour vous tous
les égards que l'on se doit entre asso.
ciés et amis; nous ne désirons qu'une
chose, la régularisation de nos écritures.
Donc, si ce versement doit éprouver un
retard quelconque, nous avons à cher-
cher les moyens de mettre nos livres
en harmonie avec la dignité de la mai-
son. En ce qui me concerne personnel-
lement, je me prêterai avec plaisir aux
combinaisons qui pourront vous 'être
agréables et je ne doute pas que notre
saluts d'usage, le commandant a rendu visite (
aux autorités.
Le monitor Javary construit au Havre par
la Compagnie des forges et chantiers de
l'Océan, pour le compte du gouvernement
brésilien, est attendu à Cherbourg lundi pro-
chain.
Eviurox, 30 juillet. Après quaran-
te-cinq minutes de délibération, le jury de
l'Eure a rendu hier soir un verdict affirmatif
sur toutes les questions, sans admettre de cir-
constances atténuantes.
Jodon a écouté, impassible, l'arrêt qui le
condamne, pour la seconde fois, à la peine de
mort, et la clause qu'il sera remis entre les
mains de l'autorité militaire.
AUMALE (Algérie), 22 juillet. MM.
Gauthier, Talbot, Roche, sous-officiers, de
Valois et Christol, caporaux au 1er régiment
de tirailleurs algériens ont été les acteurs ap-
plaudia d'une soirée charmante donnée pour
les inondés. Elle a produit 230 francs. Le
menu du concert se composait de romances,
de chansonnettes comiques, à 412 kilomè-
tres d'Alger, on fait ce qu'on peut, et d'un
vaudeville On demande des domestiques, fort
bien interprété par MM. Gauthier, Talbot et
de Valois.
METZ, 30 juillet. Les sommes re-
cueillies pour les inondés du Midi, dans le
seul département de la Lorraine, s'élèvent à
84,984 francs.
A Luxembourg, elles dépassent 25,000
francs.
.i. Le monument élevé par les Alsaciens
aux soldats français tués le 6 août 1870 à
Prœschwiller sera inauguré samedi pro-
chain.
LE Blanc, 29 juillet. Dimanche
prochain, 1er août, M. Marthe, un violoniste
distingué, vient donner au théâtre du Blanc,
au profit des inondés du Midi, un concert qui
promet d'être très-brillant il est accompagné
de Mme Farjanel, pianiste, de Mlle Cœllen,
chanteuse de genre, de M. Monteys, chanteur
comique.
Les programmes publiés et distribués, trois
amateurs MM. A. et G- du Blanc, et R.
de Portiero, ont offert de se joindre aux artis-
tes. La recette sera belle la commission d'or-
ganisation a tout fait pour assurer le succès
de cette fête de bienfaisance,
• Autun, 28 juillet. Dimanche der-
nier, le hameau des Chapeys, commune de
Broye, a été le théâtre d'une lutte sanglante
entre deux gendarmes de la brigade de Mes-
vres, nommés Tête et Delorme, et une quin-
zaine d'individus, Italiens d'origine. Les deux
gendarmes faisaient une tournée de police
entre dix et onze heures du soir. A peine
étaient-ils sortis du cabaret des Chapeys, qu'ils
furent assaillis par une grêle de pierres. Ils
s'élancèrent contre les bandits et parvinrent
à s'emparer de deux d'entre eux.
A 1,500 mètres du village, ils sont de nou-
veau attaqués par de nombreux individus
armés de pierres et de bâtons. Tête reçoit à
la jambe gauche un coup de pierre si violent
qu'il est renversé. En tombant, il reçoit dans
le flanc un coup de pied qui brise sa montre
dans son gousset. Delorme est terrassé. Il se
relève avec un pied foulé. Alors tous deux
dégainent. Une lutte très vive s'engage.
Après avoir tiré en l'air deux ou trois coups
de revolver pour effrayer lesassaillants -cette
menace restant sans effet -les gendarmes ti-
rent devant eux et sabrent à droite et à gau-
che. Plusieurs coups ont porté; mais dans la
bagarre, les prisonniers se sont enfuis, et les
deux braves militaires en sont réduits à re-
gagner tout meurtris leur caserne. A ce mo-
ment, arrivent successivement trois jeunes
gens du pays qui regagnent leur domicile.
Sollicités par les gendarmes de leur prêter
main-forte pour tâcher de s'emparer de quel-
ques-uns des agresseurs, l'un d'eux, ancien
soldat, se met résolument à leur disposition
et entraîne les deux autres. Ils retournent
ensemble au village des Chapeys, où ils
trouvent bientôt, en deux maisons différentes
où ils logeaient d'habitude, deux Italiens qui
portaient à la figure ou à la tête des traces ré-
centes de la lutte, et qu'ils mettent en état
d'arrestation. v
Bale, 28 juillet.– Le 19 avril 1874, la
Suisse a adopté une Constitution nouvelle qui
a établi l'obligation du service militaire pour
tous LES CITOYENS SANS EXCEPTION et, en cas d'ab-
sence ou d'exemption, le paiement d'un impôt
ad hoc qui frappe tous les Suisses établis à l'é-
tranger.
En septembre prochain, les Chambres fédé-
rales examineront les propositions de cet im-
pôt militaire, et il est probable qu'elles adop-
teront une échelle de taxes d'après le système
progressif.
Les instituteurs eux-mêmes sont soumis à
la nouvelle loi. Ils suivront un cours spécial
dans lequel la gymnastique préliminaire au
service militaire sera la base de l'instruc-
tion.
Le premier cours spécial pour les institu-
teurs a lieu en ce moment dans notre ville.
Il est suivi par 445 pédagogues, dont 2 inspec-
teurs, 45 instituteurs de séminaires, 373 insti-
tuteurs primaires, quelques professeurs parti-
culiers, et 1 directeur de musique.
Ce bataillon de pédagogues a un programme
d'études très-complet gymnastique, lecture
doyen et ,ami, le baron Mittermann,
n'en fasse autant de son côté.
Nous n'avons rien à refuser à notre
cher associé Robert Dachet, s'empressa
de dire tout à coup le baron.
Il avait entrevu dans un service à ren-
dre à Robert le prêt d'une somme
importante, par exemple le moyen
d'entrer plus profondément dans sa vie,
et, par conséquent, de se rapprocher de
Mina. C'était là la seule préoccupation
de l'amoureux banquier et aucun sacri-
fice d'argent ne devait lui être sensible
pour arriver à ce but.
Mais Robert Dachet, plein de morgue,
de vanité et d'orgueil, ne voulut point
accepter une condition qui devait le
placer dans un état d'infériorité morale
vis-à-vis de ses deux associés.
Il répondit:
Je vous remercie, baron Mittermann,
et vous aussi, J. Starke, de vos bonnes
dispositions pour moi; j'y suis sensible;
elles me prouvent le cas que vous faites
de ma coopération. Cependant vous me
permettrez de ne pas en profiter. Le ver-
sement de la somme dont je' suis débi-
teur à la caisse sera fait d'ici à quinze
jours, je vous en donne l'assurance.
Puisqu'il en est ainsi, dit J. Starke,
laissons les choses comme elles sont, et
attendons.
En prenant ce nouvel engagement,
Robert Dachet comptait beaucoup sur
l'imprévu, cette grande ressource des
audacieux. Il savait sa position inexpu-
gnable dans la maison de banque et se
moquait des susceptibilités et des déli-
catesses exagérées de ses deux associés.
Depuis le jour où!ui-mêmô était devenu
un des personnages de :a haute banque
parisienne, il avait singulièrement mo-
difié son existence, et menait de front
l'amour de l'or et les plaisirs. Seulement,
toujours habile et toujours prudent, il
n'oubliait pas complètement l'avenir, et
jetait les bases des'élapes futures.
Disons cependant que le cercle, le jeu,
le sport, des relations très suivies avec
un premier sujet du ballet. de l'Opéra,
avaient un peu éloigné de si\ pensée ses
préoccupations habituelles; sans doute
ces causes n'étaient point étrangères à
l'impossibilité où il se trouvait de se li-
bérer, à l'époque convenue, du complé-
ment de son apport social.
Dachet le reconnut dans le court exa«
des cartes, organisation militaire, tir, appré-
ciation des distances, etc. Le soir, exercice do
chant.
Les 8 à 10,000 instituteurs de la Suisse de-
vront peu à peu suivre ce même cours, afinde
répandre ensuite dans la jeunesse les connais-
sances militaires qu'ils y auront puisées.
-< Auguste MarcajJs.
PARIS AU JOUR IEJ0M
M. Jules Favre a déposé jeudi à la
Chambre un projet de loi sur la presse,
projet tout platonique, puisqu'il ne sera
peut-être même pas discuté.
Ce projet ne présente rien de bien
nouveau. Calqué sur les législations qui
ont régi la presse pendant la Restaura-
tion et le règnedeLouis-Philippe,il édicte
l'amende et l'emprisonnement contre
les attaques commises par la voie de la
presse et ayant pour objet le renverse-
ment du gouvernement établi et les pro-
vocations à des délits politiques, comme
cris séditieux, distributions d'emblèmes
non autorisés, attaques à la Constitution
de 1875, aux pouvoirs du Président et des
deux Chambres.
La diffamation envers les personnages
publics est punie d'un emprisonnement
de quinze jours à un an et d'une amende
de 500 à 5,000 francs; envers les particu-
liers de 100a 1,000 francs d'amende etde
cinq jours à un an de prison. L'injure
contre les particuliers est taxée à un
minimum de 16 trancs et à un maximum
de 500 francs.
La publication de nouvelles fausses,
faite méchamment (comment établir le
corps du délit 1) sera punie d'une amende
dé 1,000 à 3,000 francs.
La sen le innovation unpeuremarquable
que contienne le projet de M. Favre est
l'article qui dégage l'imprimeur de toute
responsabilité,
Nous remarquerons aussi que, pour
être conséquent avec sa position de cory-
phée libéral, M. Jules Favre aurait de-
mandé la liberté illimitée de la presse,
telle qu'il la réclamait sous l'Empire.
D'où vient cette différence? Unique-
ment de ce que M. J. Favre ne pourrait
souffrir qu'un journaliste touchât à sa
République, maintenant qu'elle a pour
elle la possession d'état.
¥% La Correspondance pai-lenientaire a
parlé d'une lettre que M. Buffet aurait
écrite à M. Decazes pendant son séjour.
à Vichy pour lui expliquer que, lors de
la discussion du rapport Savary, il
avait obéi au besoin de se séparer com-
plètement de l'alliance compromettante
des radicaux, quant aux préférences
qu'on lui attribuait à tort pour les bona-
partistes, elles ne dépassent point l'im-;
partialité que tout gouvernement sérieux
doit au parti qui ne transgresse point les
lois.
Il est assez naturel que M. Buffet ait r
correspondu avec le duc Decazes. Sinousj
ne pouvons affirmer l'authenticité de la'
lettre dont il s'agit, nous trouvons pour-
tant qu'elle n'a rien que de très vrai-
semblable.
Elle ne serait que le commentaire de
la conduite de M. le vice-président du
conseil.
»*« Une réflexion profondément juste
du Moniteur universel
Dans quelques jours, l'Assemblée va sa
séparer, et elle aura trouvé moyen de voter,
nous allions dire d'expédier, en quatre ou
cinq séances, un budget de dépenses s'éle-
vant à plus de deux milliards et demi. Voilà
ce que l'on appelle le contrôle législatif I
Il est vrai, par contre, que le moindre inci-
dent, appelé par un point quelconque à ef-
fleurer l'épiderme d'un personnalité politique,
si minime que celle-ci puisse être, a le triste
privilége de passionner les esprits. Alors lé-
gitimistes, bonapartistes, républicains, sont
tous à leur banc les interpellations se croi-
sent, les discussions se prolongent, les repro-
ches rétrospectifs se multiplient, et l'on n'hé-
site pas à consacrer de longs jours à ces sté-
riles récriminations C'est que la politique
touche aux intérêts des partis, tandis que le
budget ne touche qu'aux intérêts du pays 1
«Pauvre pays, si difficile gouverner»! dit-on.
On ne saurait dire du moins de lui qu'il est
difficile à administrer 1
Deux milliards et demi de dépenses votés
en moins de huit jours, sans qu'il ait été rele-
vé une seule économie intelligente, un seul
dégrèvement utile 1
Décidément, le régime parlementaire et
l'exercice du contrôle législatif sont deux
choses essentiellement distinctes.
men de conscience qu'il fit sur l'heure. Il
vit la faute qu'il avait commise, l'entraî-
nement qu'il avait subi à un moment où
la lutte n'était pas terminée, et il prit
en lui-même l'engagement de réparer
promptement cette excursion dans le
pays de plaisirs qui ne lui étaient pas
encore permis. Il songea, pour la pre-
mière fois depuis longtemps, à Mina, sa
femme, et se demanda s'il n'y avait
point en elle une puissance dont il pou-
vait tirer parti une force, un attrait,
une séduction dont il pouvait profiter.
Toutes ces choses vinrent à la pensée
du banquier pendant qu'il faisait le tra-
jet du cabinet de Mittermann au sien,
lequel, on se le rappelle, était situé au
rez-de-chaussée.
Au moment où il traversait la grande
salle vitrée, il entendit une voix jeune
et bien timbrée demander à un des gar-
çons MM. Mittermann, J. Starke et C.
Il se retourna involontairement.
C'est pour affaire de banque? de-
manda le garçon.
Oui, répondit l'inconnu.
Voici l'un des associés de la mai-
son, reprit le garçon en désignant Ro-
bert Dachet; vous pouvez vous adresser
à lui.
L'inconnu s'avança vers Dachet; le
banquier, par suite ae cette habitude dé-
plorable des hommes d'argent qui se
croient dispensés des^formes de 1 a plus
vulgaire politesse, l'attendit sans bou-
ger.
-Que voulez-vous, monsieur? de«
manda Dachet.
Permettez-moi, monsieur, de vous
dire d'abord mon nom Je suis le comte
Prosper de Prévodal.
Le banquier s'inclina.
Quant au but de ma visite, le voi-
ci Je suis porteur d'une lettre de cré-
dit d'un million sur votre maison.
Voulez-vous me faire l'honneur,
monsieur le comte, dit avec empresse-
ment Robert Dacbet, d'entrer dans mon
cabinet, nous y serons plus à l'aise pour
causer.
Et il s'empressa d'en montrer le cne«
min au comte de Prévodal.
ARMAND Lapoinx^
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