Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1875-03-27
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mars 1875 27 mars 1875
Description : 1875/03/27 (Numéro 86). 1875/03/27 (Numéro 86).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275537p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
22* Année 3« Série– Numéro 86
Un Numéro fô centimes.
Samedi 27 Mars 1«?3
H. DE VILLEMESSANT
Rédacteur en chef
FRANCIS MAGNARD
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit, rue Drouot, 26 •
les manuscrits ne sont pois rendus c' >.
BUREAUX ̃
S6, Rue Droiiot, 2«
Enface du Dépôt 4e Porcelaines et Faïences anglaises
1!W ) ~w-
̃> v vèYLoué par «eux-ci, blâmé par ceux-là me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
(§i|î p f-j de rire de tout- de Peur d'être oblige d'en pleurer. » (Beaumarchais.) J
̃̃̃ \r y y^/ ̃•̃'̃ • ;V ̃ if ̃ '̃'̃ ̃" *̃̃•• ̃ ̃•̃̃ ''•̃'̃̃̃̃̃•.•̃̃̃
H. DE VILLEMESSANT
cddminîstmteur
A. GUIBERT
ientrUeur général chargé de la surveillance
ABONNEMENTS
Départements 3 mois îsfr.
Paris 3 mois.: xtstt.
Départements et Gares: 20 centimes.
1ES ANNONCES ET RÉCLAMES
SONT REÇUES CHEZ MM. DoLllNGEN MIS ET Cîe
Passage des Princes, et à l'Administration
r SOMMAIRE
Gazette DE Pabis Albert Wol/f.
Échos DE Pabis Le Masque de fer. •"̃'
MADAME àncelot B. Jouvin.
̃̃̃¥«mxwr ̃•̃̃"• ̃' *̃* ̃
Choses Du Jour 'Alfred d'Aunay. Le vendredi
saint à Notre-Dâine.
;T£lkGBAMMES ET CORRESPONDANCES AliÇ. MaTCUdt.
Les princes anglais à Nice. Mort du Syl-
vain de Fontainebleau. ̃"•
• Paiiis AU jouk LE jour F. M.
iKFohiiATiQss.: Gaston Vassy. Le banquet hippo-
phagique. Un homme mangé vivant par les
rats.
GAZETTE des TbibUvaux Fernarut. de Rodai/s-
Cour, d'assises Un détournement de mineure,
Roman d'une jeune Hollandaise.
La Bçcbse.
Premières Repbèsestatioss Auguste Vitu.
Vaudeville La Revue des Deux-Mondes, revue
en -trois actes et un prologue, par MM. Clair..
ville et A. Dreyfus.
•Cobiuiieh des Théatbes -Jules Prével.
Feuilleton Edmond Arnous- Rivière. Une
Méprise du cœur.
GAZETTE DE PARIS
Sur la perspective des Italiens, il n'est
question que de cette troupe russe qui
honore Paris de sa présence. On en parle
depuis Brebantsky jusqu'à Bignonoff, et
même de l'autre côté de la Newa jusque
sur les confins de TOdéon, c'est-à-dire
dans tout Paris. Le -prince Lubomirsky
ne se possède pas de joie. Depuis qu'il
a quitté le service des tzars, où il a
figuré à titre de page, Monseigneur
notre confrère ne- s'est pas vu à pa-
reille fête. Après avoir assisté tant de
fois dans les théâtres parisiens au ma-
riage d'Alfred et d'Aglaé, il lui est donné
de voir un drame du terroir dans lequel
les hommes s'appellent Vovostoff ou
Kroustcheff, tandis que les femmes por-
tent les gracieux noms d'Eudoxie Obrost-
zoff et d'Olga Jabotirouff.
Le prince Lubomirsky a écrit une note
explicative en guise de préface au scéna-
rio français que le directeur russe a en-
voyé aux Parisiens conviés à la soirée
moscovite au théâtre des Italiens. L'at-
tention est délicate, mais les Parisiens
auraient le droit de s'en fâcher. Mgr
Lubomirsky semble supposer que les
beautés de sa langue maternelle pour-
raient échapper au public parisien; il se
trompe le russe est une langue déli-
cieuse, pleine de séductions pour un pu-
blic français. Le jour de la première de
la Fille de Roland, nous avons tous re-
grette que M. de Borriier n'eût pas écrit
sa tragédie en russe. C'est vous dire que
l'arrivée d'une troupe russe se faisait
vivement désirer à Paris. De la Made-
leine à la Bastille on ressentait depuis
pas mal de temps l'impérieux besoin de
voir une pièce russe. M.. Gan tin aurait
même l'intention de ramener le public
rebelle par une nouvelle édition de son
plus grand succès, sous ce titre La Fille
de madenioiselle Âhgotoff. Les personnages
s'appelleraient :Ange Pituusky, Clairet-
tesky et Lange loff l'action serait trans-
portée au siecle de Pierre le Grand et
les. auteurs ajouteraient pour Milher un
rôle de boyard que cet acteur jouerait
avec sa distinction naturelle.
Le prince Lubomirsky a donc tort de
supposer que le public parisien ne s'in-
téresse point aux choses de sa patrie.
Point n'est besoin d'un scénario français
pour nous faire admirer toutes les beau-
tés du Mariage russe. Un public qui com-
prend la langue étrangère dont se sert
Christian pour interpréter le rôle de Golo
dans Getieviève de Brabant, ce public est
"appelé à comprendre, à première audi-
tion, tous les idiomes de la terre; car
Christian parle à la fois toutes les langues
mortes et vivantes, à l'exception du fran-
çais il excelle surtout dans les faubourgs
Saint-Antonois etMouffetardois, les deux
idiomes les plus compliqués du globe. Si
-*e besoin s'en faisait sentir, M. Christian
pourrait enseigner ces deux langues au
Collége de France.
*fJf~
Un homme d'esprit ne manquerait pas
piquant. Une pièce où il y a tant de
boyards, dirait-il, doit forcement faire
•de l'argent. Avec deux ou trois phrases
de cette force-là, on fait un tableau de
revue de fin d'année. Mais il faut laisser
les plaisanteries de ce genre aux vaude-
villistes. Nous autres humbles chroni-
queurs de la vie parisienne, nous ne
pouvons pas espérer de faire concur-
rence aux éminents écrivains qui met-
tent les événements de l'année au
théâtre en les saupoudrant de couplets
et de. rondeaux.
Envisagée au point de vue des revues,
la troupe russe est une bonne fortune
pour cette fraction intéressante de la po-
pulation parisienne qui s'occupe de cette
besogne ingrate. Plusieurs générations
ont vu revenir les mêmes rondeaux, les
mêmes couplets graveleux et les mêmes
compères, sans compter les mêmes imi-
tations d'acteurs qui font le fond de toute
bonne revue. Avec les comédiens russes
le genre va changer. Il est à croire que
nous aurons dans le courant de l'année
une demi-douzaine de revues dont la
plus étincelante aura ce titre séduisant
As-tu vu le boyard, mon gars? revue dans
laquelle deux ou trois hommes d'esprit
-parfois ils s'associent à quatre pour
cette besogne– déshabilleront une jeune
femme, maillot et fourrures, qui vien-
dra chanter des couplets de cette force
Le boyard, le boyard,
Il arrive sur son char, '• •̃
Il a lâché le caviar
Pour venir goûter du homard.
Chez Brébant, sur le tard,
Qui vient? Un noble vieillard
Tout fourré de part en part.
Les femmes lui sourient, car
C'est l'boyard, le boyard, etc.
Si l'auteur a l'ambition d'ailleurs
jouable, de remporter le prix de poésie
t l'Académie française, il peut risquer
__un ,'1 ,y
un deuxième couplet dansTe" genre de
celui-ci v
Le boyard, le boyard,
arrive sur son char, °
II a lâché le caviar
Pour venir goûter du homard.
Il est parfumé do nard
Et vient de la part du tsar
Se faire avec beaucoup d'art
Photographier chez Nadar.
C'est l'boyard, le boyard, etc.
On a vu le plus intelligent public du
monda applaudir des vers de ce calibre
pendant cent cinquante représentations
consécutives..
Il. est donc incontestable, mdn cher
prince Lubomirsky, qu'au point de vue
de la revue, les comédiens de Moscou
sont ce que nous appelons au théâtre
une bonne acquisition. Mais envisagée au
point de vue parisien, il est a craindre
que la troupe russe ne puisse pas lutter
avec les artistes du Théâtre-Français.
Nul plus que moi ne désire le succès de
ces braves comédiens qui viennent de si
loin au nombre de 140 avec 400 costumes,
sans compter le prince Lubomirsky qui
est un appoint .considérable pour le suc-
cès. Certainement le premier soir les
drochki. déposeront aux Italiens l'élite de
la société parisienne; mais ou peut sup-
poser que les étages supérieurs restent
indifférents à ce genre de spectacle. Les
moujiks parisiens préféreront se porter
au Croqwmitaine du Château-d'Eau ou
chez Bidel, le dompteur, qui se faitman.
ger deux fois par semaine, les mercredis
et les jeudis.
Il y a surtout une scène dans le drame
qui ne produira pas à Paris le même ef-
fet qu'a Moscou. 'C'est la scène IV du
premier, acte qui pose l'intrigue. Un
certain Warostoff a été sauvé par un
nommé Wladimir à la chasse à l'ours.
En Russie, où l'on risque de rencontrer
des ours blancs dans sen escalier quand
on rentre du spectacle, un tel récit peut
nVOdllirA Vinfl fmiTirÏA nmntinn Vianmino
salle de spectacle. Mais à Paris, c'est
une autre affaire. Je ne crois pas m'ex-
poser à un procès en diffamation en af-
firmant que les ours sont totalement dé-
considérés à Paris, depuis que les domp-
teurs leur tirent les oreilles et leur ad.
ministrent des gifles en public. Quand
on voit à quel degré de platitude est
descendu l'ours, si fier encore sous
Yvan le Terrible, on comprendrait tout
au plus que Warostoff eût sauvé un ours
attaqué par Wladimir, mais le contraire,
jamais) Les représentations de Bidel
ont à ce point dégradé l'ours dans l'es-
prit des Parisiens que ni vous ni moi
nous n'oserions renvoyer d'un coup de
pied un ours errant dans le silence de
la nuit, de peur d'être dénoncés à la So-
ciété protectrice des animaux qui défend
la faible bète contre la brutalité des
hommes.
Voilà,mon cher prince Lubomirsky, un
écueil qui pourrait devenir fatal, si la
pièce russe n'était pas bondée de détails
curieux. Dans la préface dont Monsei-
gneur a orné, le scénario français, l'an-
cien page du tsar entre dans des détails
curieux sur la vie russe. Il nous affirme
que le boyard, qui, selon le préjugé pari-
sien, fait la majorité de la nation russe,
n'existe plus que dans l'imagination de
quelques soupeuses ambulantes. Le vrai
boyard, tel qu'on nous le montrera dans
le Mariage russe, a disparu des mœurs de-
puis Pierre le Grand. Dans notre igno-
rance parisienne nous appelons «boyard»
ce qu Saint-Pétersbourg on désigne
sous le nom générique de gommeux. Le
boyard, esclave du tsar, despote du peu-
ple, a disparu. C'est le boyard, à la fois
soumis et hautain que la pièce russe
va montrer aux Parisiens. Souhaitons
la bienvenue à ce noble étranger et ré-
pétons avec les vaudevillistes ce joyeux
refrain
Le boyard, le boyard,
.̃̃ Il arrive sur son char,
Il a lâché le caviar
Pour venir goûter du homard.
Albert Wolff.
̃
Échos de Paris
AMÉDÉE ACHARD
Nous avons dit qu'Amédée Achard s'é-
tait battu en 1848 contre les insurges de
juin, et que dans un combat il avait eu
la douleur de perdre son frère, frappé de
deux balles à ses côtés.
Les qualités de bravoure militaire sont
héréditaires dans la famille, car M.
Achard fils a brillamment fait son de-
voir pendant la dernière guerre comme
engagé volontaire aux zouaves. Ses sou-
venirs de régiment ont paru dans la Re-
vue des Deux-Mondes, sous le titre de: Ré-
cit d'un soldat.
Il peut paraître assez singulier de dire
qu'Amédée Achard est mort de la bles-
sure qu'il reçut autrefois dansun'duel
avec Fiorentino; et cependant rien n'est
plus vrai. Sa nature sèche et nerveuse ne
le prédisposait aucunement aux fluxions
de poitrine, mais le coup d'épée qui lui
était entré dans le poumon y avait laissé
un point sensible qui donnait toujours
prise à l'inflammation; et à la suite de
cette lésion, il eut quatre engorgements
assez dangereux. La rigueur particulière
de l'hiver que nous venons de traverser
en a déterminé un dernier, qui a com-
mencé également par le point où il avait
été jadis frappé.
y'?' :r- ̃̃̃#*#̃ .'• '•̃̃•̃
Ce duel avec Fiorentino attira sur lui
en son temps des sympathies d'autant
plus vives que dans cette occasion il ne
combattait pas pour des motifs spéciale-
ment personnels. Le fameux critique na-
politain apportait dans notre journalisme
des manières exotiques que le comité de
la Société des gens de lettres s'était per-
mis de ne point approuver de là colère
de Fiorentino, qui prit le parti de provo-
quer tout le comité en commençant par
ordre alphabétique. CefutAchard qui,en
raison des lettres de son nom, passa le
premier accepta bravement la situa-
tion. Parmi les témoins delà reneoatre,
qui eut lieu près de la mare d'Aaleuil,
figuraient MM. de Bazancouft et de Ro-
vigo, dont le nom est resté attaché à bien
des duels célèbres de cette époque.
̃ ;'̃̃ ̃
On a ealçulé qu'Amédée Achard était,
avec Alexandre Dumas père, l'auteur
dont le nom avait paru dans le plus de
journaux..
Ce n'estpas qu'Achard fût une person-
najité très bruyante, ni aussi populaire
que celle de l'auteur des Mousquetaires;
mais le caractère honnête de ses écrits
les faisait rechercher par toutes les
feuilles des départements, qui reprodui-
saient ses romans à l'envi, ainsi que par
les directeurs de publications destinées
à la jeunesse. Il y a deux ans, le nom-
bre des feuilles, françaises et étrangères,
où sa signature avait paru était de mille
quarante-deux/
:¡:c*
Amédée Achard était protestant. Ses
obsèques auront lieu aujourd'hui, à midi
très précis, dans la chapelle é.vangélique
de la rue de Provenee. Ses amis se réu-
niront à .la maison mortuaire, i5,-rue de
Bruxelles.
Il vient de mourir à New-York une
femme dont le nom, par son intérêt ré-
trospectif se rattache aux échos de Pa-
ris c'est Mlle Lucy de Luzzy-Desportes,
ancienne gouvernante des enfants de M.
le duc et de Mme la duchesse de Praslin.
On sait le rôle que la rumeur publique
lui attribua dans le drame de l'hôtel
Sébastiani.
Elle fut même un instant arrêtée et in-
terrogée par la cour des pairs.
#
"I.~11- 1_ T_ Y" n__
mue ue juuzzy-iaesporxes avait epouse
en Amérique, vers 1851, M. Henry Field,
directeur du journal YEvangéliste et pas-
teur d'une église dans l'Etat de Massa-
chussets. Elle était directrice de l'école
des arts pour les femmes. Pendant ces
vingt dernières années, son salon était
l'un des plus suivis de New-York.
A propos de l'enquête sur le 4 Sep-
tembre
Un sous-préfet gambettiste arrive
dans une petite ville du centre, s'ins-
talle, s'entoure des frères et amis, et
commence par destituer le maire d'un
chef-lieu de canton, homme très hono-
rable, très énergique, mais nullement
républicain.
Le maire reçoit tranquillement sa ré-
vocation et la confie pieusement au pa-
nier.
Furieux, le sous-préfet envoie deux
émissaires pour notifier au maire sa
destitution. -.Celui-ci les reçoit très po-
liment et leur dit « Vous direz de ma
part à celui qui vous envoie qu'il est un
sous-préfet à la colle, mais que je.sais
un maire à l'huile mon devoir est de
rester à la mairie, et j'y reste. »
Le sous-préfet ne parla plus de révo-
cation et la prophétie du maire fut réa-
lisée il est encore en fonctions, mais le
sous-préfet est depuis bien longtemps
rendu à la vie privée.
^_« '̃
Les burgraves de V Union ont appuyé
de leur vieille autorité les imprudences
de l'Univers contre Figaro. La pauvre
vieille feuille, dans l'espoir de vendre
quelques vieux numéros de plus, s'est
lancée à fond de son vieux train dans la
polémique. Un peu blessée de voir que
nous ne nous sommes point assez souciés
de ses vieux efforts, elle nous supplie de
continuer les hostilités.
Quelque respectueuse compassion
qu'elle nous inspire, nous ne lui ferons
pas ce plaisir.
Un joli mot de M. Thiers, ,¡
Après les incidents qui avaient fait
échouer les dernières combinaisons mi-
nistérielles, on parlait devant l'ancien-
président de la nécessité d'une dissolu-
tion.
La dissolution, objecta M. Thiers,
a des dangers.
Le tout dépend, reprit son interlo-
cuteur, de celui qui tiendra la queue de
la poêle au moment des élections gêné-
1 raies.
La queue de la.poêle! s'écria M.
Thiers. On a tant et tant retourné cette
malheureuse poêle depuis que j'ai quitté
le pouvoir qu'elle n'a plus de queue 1
Nous avons vu l'autre jour, rue de la
Roquette, un cabaret portant cette en-
seigne
« Au retour de l'Isthme de Suez. »
Mais nous espérons, pour le chef de cet
établissement, quil a bien quelques
clients, en dehors de. ceux qui ont
rempli les conditions du programme.
Les comédiens et les personnes em-
ployées dans les théâtres se reposent le
soir du vendredi saint. C'est ce jour-là
que les loueurs de lorgnettes dans les
divers théâtres ont choisi pour leur
banquet annuel. Ils sont là tous réunis.
Le restaurateur chez lequel a lieu le
dîner ne manque pas de faire figurer
dans le menu du repas des conserves et
des lentilles.
Hier, ce banquet traditionnel a été,
comme de coutume, très gaiement çé-
lébré. On a beaucoup parlé de ces vieil-
les lorgnettes qui ont déjà passé par les
mains de cinquante générations. Le
loueur attaché à un de nos théâtres de
genre possède dans sa collection une
lorgnette qui a été louée jadis à Ber-
nadotte, à Mlle Mars et à Chaudruc-
Duclos. Elle est munie d'unepetite plaque
qui rappelle ce souvenir. Elle est louée
par soirée dix sous de plus que les au-
tres.
t Un seul des loueurs de lorgnettes
2faancpi§tit au repas. H avait dû1 rester au-
près de sa femme en mal d'enfant. Au
dessert, il est arrivé tout joyeux pour
annoncer à ses honorables collègues que
sa femme, par une aimable attention.
était accouchée d'une paire de jumelles!
LE MASQUE DE FER.
f– f-
MADAME ANCELOT
Madame Ancelot appartenait par son
mariage, par le courant littéraire, artis-
tique et mondain auquel elle fut active-
ment mêlée, par ses grâces de maîtresse
de maison, au Paris de la Restauration.
La célébrité et les opinions monarchiques
de son mari ne pouvaient manquer de
lui ouvrir la porte des salons bien pen-
sants. Il lui suffit d'y paraître pour
y être à sa place et s'y créer des
relations qui, toutes ou presque toutes,
restèrent fidèles à la femme du monde
devenue femme de lettres. A cette
date de sa vie brillante et facile, ma-
dame Ancelot avait le sentiment très
vif et très délicat de l'art et des choses
de l'esprit; mais elle y cherchait un dé-
lassement plujtôt qu'un but: un de ses
petits tableaux, remarqué à l'Exposition
de-1828, donnait les promesses d'un ta-
lent qu'elle a cultivé seulement pour
elle et pour ses amis. Quant à la réputa-
tion, l'auteur de la tragédie de Louis IX
en ayant pour deux, elle se trouvait très
bien partagée en vivant sous le régime
de la communauté; et, d'ailleurs, cau-
sant comme il lui suffirait d'écrire un
jour avec beaucoup de charme et de
finesse la forme et le dialogue des co-
médies qu'elle devait composer plus tard
étaient trouvés.
Ce fut là un moment de bonheur sans
mélange dans l'existence de madame
Ancelot: la trace en est restée profonde
.et lumineuse dans deux livres de souve-
nirs, dont le dernier est le,' testament
d'un conteur aimable et indulgent qui
ne se venge point sur ses contemporains
du chagrin d'avoir vieilli sans eux. Ma-
dame Ancelot dépensait autour d'elle
son esprit, ce qui est infiniment moins
coûteux que d'être dans la nécessité de
le vendre au public; elle traversait une
phase unique de 1820 à 1830 je ne
dirai pas de la Monarchie, mais du siè-
cle c'était le renouveau dela poésie, de
l'histoire, de la science, de la peinture,
de la musique; la France, somme une
grande moissonneuse, n'avait qu'à se
baisser pour ramasser et emporter des
i ,gerbesd'épis. Epoque agitée autantqu'elle
était féconde! Attentive devant ce large
mouvement intellectuel, l'Europe nous
empruntait nos modes en toutes choses,
comme elle avait fait sous le grand Roi.
Nous, pendant ce temps, nous fabri-
quions les planches du cercueil à donner
à la Monarchie légitime avec le berceau
des libertés constitutionnelles qui
étaient son ouvrage. C'est ainsi que
procède la reconnaissance des peuples.
En visite dans la meilleure compa-
gnie,. madame Ancelot la reçut à son
tour chez elle; sa maison devint l'un
des centres attrayants où, dans les trans-
formations successives, se groupa la so-
ciété parisienne. Bien que ramphitryon,
poète de cour fêté à la ville, fût très" en-
gagé d'opinion avec les hommes de son
parti, le salon de l'hôtel La Rochefou-
cauld deviut comme un terrain neutre
et un « autre camp du drap d'or », où
la causerie française avait ses franchises.
et les adversaires politiques pouvaient
s'aborder et se quitter sans engager
ou compromettre rien de plus que
leur esprit.
L'éloquence de M. Cousin avait fait de
Vecclélisme une sorte de divinité Ma-
dame Ancelot lui dressa un autel dans
son salon, qui s'ouvrit aux quatre ré-
.n ~+ "r," ~+ ,.m. l'Al A
giuiHs uuui, tuio s esu piu a reiracer i eie-
gance, modifiée par l'élément révolu-
tionnaire an marche, dans son dernier
livre la Restauration, la Royauté de
juillet, la République, l'Empire de Na-
poléon III. Les gouvernements passent,
Je salon de madame Ancelot reste. Il
n'est pas seulement un port où abor-
dentlesnaufragé'sde l'esprit de sociabilité
chassés par les clameurs de la place
publique le refuge est une ville libre
où chacun à la condition d'être quel-
qu'un ou de représenter quelque chose
est admis, dans un commerce de po-
litesse, à faire l'échange de ses idées.Les
vieux amis de la maîtresse de la maison,
dispersés par les cataclysmes des. pou-
voirs s'écroulant l'un sur l'autre, au
premier tiède rayon qui éclaire un gou-
vernement nouveau, se cherchent, se
retrouvent, -moins nombreux et un peu
plus fatigués, dans ce salon qui n'est plus
entièrement à eux, et où il faut se serrer
les coudes pour laisser passer les repré-
sentants du régime victorieux.
Il y avait dans l'accueil fait par ma-
dame Ancelot au mérite et aux amis de
nouvelle. et d'ancienne date, à la fois de
l'aménité, de l'indulgence et.un graad
respect de la dignité et de la liberté hu-
maines il y eut plus tard, dans une àme
et dans une intelligence qui n'avaient
.pas consenti à vieillir, le besoin de ne
pas se séparer de la jeunesse en la gar-
dant autour de soi.
S'il y eut quelques visages étonnés de
se voir ensemble, dans le salon de l'hô-
tel de La Rochefoucauld et dans le jar-
din de la jolie petite maison de la rue
Joubèrt, des amis, qui étaient des
hommes supérieurs, y représentèrent
constamment le choix de l'esprit et la-
sincérité de l'estime 'et des aifections du-
rables au milieu du flot des notabilités
de passage. Pour ne citer que des noms
que le tour original de l'imagination ou
leur talent austère ont rendus chers au
public, Stendhal (Henri Beyle), Prosper
Mérimée, M. de Tocqueville furent, dans
ses fortunes diverses, les hôtes et les
bons génies de cette maison hospita-
lière. Atteint déjà de la maladie dont il
devait mourir deux années plus tard,
M. de Tocqueville, écrivait de Londres à
madame Ancelot, pour la remercier de
l'envoi de son livre les Foyers éteints,
une lettre dont je veux citer les dernières
lignes; le manque d'espace m'oblige à
briser le diamant en n'en conservant
qu'une parcelle, celle dont l'éclat éclairé
ce petit volume:
«. Vous n'avez jamais fait rien de mieux,
ni même, j'ose le dire, d'aussi bien. Vous
avez jeté dans cet ouvrage infiniment d'es-
prit, et souvent des aperçus profonds sur cer-
tains côtés du cœur humain. Le chapitre sur
Nodier, surtout dans sanremière partie, m'a
paru, entre autres, excellent. ^A. mesure qu'il
aimait et qu'il estimait moins les hommes, il
les louait davantage.
» Quelle vérité triste et profonde dans ce
trait! et à combien d'autres qu'à Nodier pour-
rait-un en faire l'application »
:j¡:*#;
Alexandre Dumas a écrit un de ses
chapitres les plus amusants sous ce ti-
tre Comment ,je devins autewr drama-
tiqw. C'est justement le chapitre qu'il
serait indispensable de faire en abordant
le théâtre de madame Ancelot. L'auteur
des comédies du Mariage raisonnable, de
Marie, du Château de ma nièce en a bien tou-
ché quelque chose dans son dernier livre
(publié en 1866), mais c'est un mot, une
allusion en passant; le comment et le
pourquoi eussent très certainement fourni
une page fine et spirituelle,- souriante et
sérieuse, à la femme du monde échan-
geant ses pinceaux, qui l'amusaient,
contre la plume qui allait l'aider à vivre 1
Après avoir perdu ses places et ses pen-
sions à la chute de la vieille Monarchie,
M. Ancelot, décidé à oublier qu'il était
poète pour se -souvenir seulement qu'il
était mari et père, songea à utiliser les
profits de la gloire en en laissant échap-
per la fumée. On connaît son joli mot
« Après avoir travaillé quinze ansprofama
(la réputation), je vais travailler aujour-
d'hui pro famé (la faim). » De cet incessant
labeur, entrepris joyeusement sous 1 e-
treinte de la nécessité et du devoir, na-
quirent, sur nos diverses scènes de
genre, tout un répertoire de comédies à
talons rouges et poudrées à la Maréchale.
Se faisant l'historiographe élégant et spi-
rituel des vices de nos grands papas et
des faiblesses de nos grands mamans, M.
Ancelot mit en vaudeville et nota sur la
clef du caveau les intrigues de cour et de
boudoir de ce sacripant. et charmant
dix-huitième siècle
Parallèlement à cette veine creusée
sous les romans de Creb.illon.flls et les
historiettes court-vêtues de Grimm, de
Bachaumont et de Mettra, le poète de
Louis IX en avait ouvert une autre plus
chaste donnant sur la comédie de genre.
jParmi celles-ci il faut citer la jolie pièce
de Léontine, dans laquelle M. Sardou
devait trouver plus tard le sujet d'une
comédie écrite par lui avec la collabora-
tion de Diderot. Dans ce genre sensible,
un peu bourgeois et colleté à la mode
du Gymnase, madame Ancetotavpue d'a-
voir étudié la poétique du héâtre en
imaginant de petites scènes de compte
à demi avec son mari. La confiance en
ses forces ne lui venait pas aussi vite que
l'invention et l'arrangement, et M. An-
celot dut signer sur l'affiche d'un théâtre
des productions auxquelles sa facilité et
son expérience n'avaient eu aucune part;
de ce nombre fut la pièce jouée au Vau-
deville sous.ee titre: Reine, cardinal et
page. Janin, croyant malicieusement
prendre en faute un poète tragique can-
didat à l'Académie, fit le procès à la
pièce nouvelle avant le lever du'rideau.
Il critiqua l'amphibologie résultant de
l'absence des articles la et le dans le titre,
et demanda à M. Ancelot si son héros ou
son héroïne était tout à fait « reine, car-
dinal et page ». Un académicien de l'a-
venir qui ne savait pas la grammaire,
quel thème pour ce spirituel enfant ter-
rible de la critique 1
Madame Ancelot (dont la collabora-
tion anonyme était devenue le secie'. da
la r*.nmftf1ifi\ rassnrflfl nnr IflciiMàsantanf i
la ~U111Gü1G~,16JJUtOG ~1i41 1G SüGGGJ Ïl.ll6i[.116 b
que par le parti pris du feuilleton qui
traitait de puissance à puissance avec
elle, laissa un beau jour tomber à ses
pieds le domino sous lequel ï'épigramme
alerte et systématique cherchait le dé-
serteur de l'alexandrin classique.
Trois pièces, écrites toutes les trois à
une année d'intervalle, -dans lesquelles
le talent de mademoiselle Mars dit éner-
giquement à l'âge de la comédienne un
Tu en as menti applaudi par l'illusion de
la foule donnèrent à Madame Ancolot
ses grandes entrées à la Comédie Fran-
çaise. Je parlerai seulement de celle dont
le succès, qui semblait avoir suivi dans
sa retraite le « diamant » de la Comédie,
eut un regain au Gymnase en donnant
à Mademoiselle Mars une sœur cadette,
Rose Chéri, Marie ou les trois époques,
pièce bien faite et attachante, reposait
sur le principe inexorabledel'immolation
du cœur de la femme à ses devoirs; au
premier acte, Mademoiselle de Sévigny
sacrifie son amour à sa piété filiale; au
deuxième acte. Madame Forestier en
fait un auto-dafé à l'honneur du mari;
devenue veuve, elle l'immole au dévoue-
ment, à la tendresse maternelle. Le
succès fut grand; à y regarder de près
pourtant, si la fable dramatique captivait,
la moralité semblait boîter un peu. Pour.
quoi Cécile Forestier, par exemple,
était-elle laissée dans l'ignorance de l'a-
mour de sa mère pour ce M. Charles
d'Arbelles qu'elle aime et qu'elleépouse?
Ne devait-elle pas reprendre pour son
compte le rôle joué par Marie dans
la première époque de la pièce ? c'est-à-
dire sacrifier son bonheur a celui, que sa
mère venait de retrouver et qu'elle con-
sentait à perdre de nouyeau? A la con-
sidérer de ce côté, la Marie de Madame
Ancelot était un rondeau dramatique éter-
nellement recommencant, comme un
serpent qui se mord la'queue. Il impor-
tait assez peu, du reste, que la leçon mo-
rale de l'auteur pût être prise en défaut,
pourvu qu'il n'en fût pas de même des
qualités touchantes et du succès de- la
comédie. Les « trois époques » firent
époque dans le répertoire du Théâtre-
Français, et Marie se vit applaudir dans
plusieurs langues sur les scènes de l'Eu-
rope.
a .En ce temps-là un mot de M. Rolle af-
fligea beaucoup l'auteur de Marie et du
Llultedu de ma, nièce. Le critiqué du Na*
tional avait dit « Il y a tant de moutons
» dans les pièces de madame Ancelot,
» qu'on se prend à y regretter l'absence
̃d? loup. » M. Rolle avait effrontément
piiJe, et dans les mêmes termes, Cham-
iort, qui avait décoché cette épigramme
aux pastorales de Florian.
Ecrivant des comédies, des vaudevil-
les, des romans,des études sur les salons
de Paris, Madame Ancelot passait d'un>
sujet à un autre avec l'abandon et les
grâces d'un style qui empruntait sa
facilité et son charme au ton de la cau-
serie l'aménité de la pensée et de la
phrase n'en excluait, ni. le don rare de
l'observation, ni la finesse. L'écrivain
regardait, jugeait les hommes sans
oublier les femmes, ce qui était beau
"pour une femme auteur à travers la
bonté de son cœur et la bienveillance de
son esprit l'optique pouvait faire que
les loups eussent parfois l'apparence et
la laine des moutons, et à cet égard se
trouvait justifié, jusqu'à un certain
point, le mot d'emprunt dont Rolle avait
aiguisé une plume un peu émoussée. Il
y a plus que de la charité, il y a quel-'
quefois de Inhabileté à voir la nature eh
beau le miroir vivant ainsi promené
sur autrui ne réfléchit en- somme que
notre propre image; l'art de médire du
prochain n'étant qu'un moyen maladroit
de se calomnier soi-même. La causerie
et la plume de madame Ancelot ne sa-
vaient pas calomnier, ayant de bonne
heure désappris à médire.
B. Jouvin.
M. VEUILLOT
Aujourd'hui, c'est aux œuvres de S. E.
Mgr le cardinal Guibert, archevêque de
Paris, que nous demandons l'opinion du
clergé français sur Y Univers.
En 1853, le vénérable archevêque oc-
cupait le siège épiscopal de Viviers (Ar-
dèche}. Etonné des doctrines excessives,
de ce journal, alarmé du trouble qu'il3
apportait dans le sein du clergé, attristé
de le voir ne tenir- aucun compte des
avertissements multipliés de l'épiscopat,
Mgr Guibert crut devoir prémunir son
clergé contre ses étranges théories, et
publia la lettre remarquable que nous
allons faire connaître
Plusieurs fois, dans un temps assez éloigné,
nous vous avons recommandé le journal
V Univers. Nous le lisions nous-même avec
plaisir. Ce qui nous inspirait de la sympathie
pour cette feuille, c'était le dévouement dont
les rédacteurs nous paraissaient pénétrés pour
le Saint-Siége et pour le chef de l'Eglise.
Ils ont pris depuis une attitude bien
différente. Ils ont mérité de la part do plu-
sieurs évoques des reproches publics, dont t
ils n'ont pas su profiter. Les conciles provin-
ciaux de Paris et de Rennes leur .ont adressé,
ainsi qu'aux autres écrivains religieux, de
graves avertissements qui sont restés sans
effet. Plusieurs évêques leur ont donné en
particulier des avis pleins de sagesse qui ont
été également inutiles. Nous-même, nous
nous sommes permis de leur signaler la
fausse direction qu'ils suivent, avec toute la
charité dont nous sommes capable, mais sana
plus de succès.
Ce journal est devenu le centre et l'organe
d'un parti qui a fait déjà par ses exagérations
,et ses excès beaucoup de mal à l'Eglise
Le premier tort de ces hommes est de s'être
sépares de leurs frères; ils se sont appelés le
parti eatholique, expression tout à. fait mal
sonnante, car il ne doit jamais y avoir de
parti dans l'Eglise. On conçoit que, dans un
pays où les catholiques sont en petit nombre,
comme en Angleterre et dans quelques Etats
de l'Allemagne, on donne, cette qualification
à une minorité qui combat pour ses droits;
encore n'est-ce pas elle qui se la donne, elle
la reçoit de ses adversaires. Mais se présenter
devant la France catholique sous le nom de
parti catholique, c'est évidemment s'isoler,
faire une scission, ou du moins une chose dont
on cherche la raison sans pouvoir la trouver.
On trouvera une certaine différence
entre le ton de cette lettre et celui qu'on
a pu remarquer hier dans la brochure
de Mgr l'évëque d'Orléans. Il y a deux
causes à cela. Nous ne sommes qu'en
1853; V Univers n'est pas encore en com-
plète possession de sa dernière manière
celle que nous connaissons et puis,
Mgr Guibert n'a pas été bravé dans son
propre diocèse et outragé, comme Mgr
Dupanloup.
L'évëque de Viviers ne pouvait pas
s'écrier comme l'évêque d'Orléans
Certes, vous vous permettez contre moi d'é-
tranges injures, depuis le jour où, voyant
que mes diocésains m'avaient envoyé à l'As-
semblée nationale, vous avez bien osé avertir
vos lecteurs que vous m'y surveilleriez de
près, jusqu'à cet autre jour où vous m'avez
comparé chrétiennement à Judas et à Pilate.
R'
Toutefois, l'avertissement paternel de
l'évêque de Viviers contient de dures
leçons
Cela ne suffisait pas; ils se sont nommés
encore les catholiques avant tout, ce qui doit
signifier, ce semble, des catholiques meilleurs
que les autres, plus dévoués, plus courageux,
plus parfaits. Ces titres fastueux nous parais- w
sent de bien mauvais goût, et surtout peu
conformes à la modesti#chrétienne, qui aime
à se placer, dans son opinion, non pas avant,
mais après les autres.
Dans une simple note au sujet de l'é-
pithète d'ultramontain dont se décorent
les rédacteurs de V Univers, l'évêque de
Viviers fait observer que les doctrines
gallicanes n'ont plus cours dans le clergé
français n'oublions pas que nous
sommes en 1853 et il ajoute, finale-
ment
En voulant les détruire violemment (les
doctrines gallicanes) on produirait un mal
plus grand que celui auquel on voudrait re-
médier.
Les habitudes résistent plus que les opi-
nions. La vaciiie de l'arbre étant coupée, il
Un Numéro fô centimes.
Samedi 27 Mars 1«?3
H. DE VILLEMESSANT
Rédacteur en chef
FRANCIS MAGNARD
Secrétaire de la Rédaction
RÉDACTION
De midi à minuit, rue Drouot, 26 •
les manuscrits ne sont pois rendus c' >.
BUREAUX ̃
S6, Rue Droiiot, 2«
Enface du Dépôt 4e Porcelaines et Faïences anglaises
1!W ) ~w-
̃> v vèYLoué par «eux-ci, blâmé par ceux-là me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte
(§i|î p f-j de rire de tout- de Peur d'être oblige d'en pleurer. » (Beaumarchais.) J
̃̃̃ \r y y^/ ̃•̃'̃ • ;V ̃ if ̃ '̃'̃ ̃" *̃̃•• ̃ ̃•̃̃ ''•̃'̃̃̃̃̃•.•̃̃̃
H. DE VILLEMESSANT
cddminîstmteur
A. GUIBERT
ientrUeur général chargé de la surveillance
ABONNEMENTS
Départements 3 mois îsfr.
Paris 3 mois.: xtstt.
Départements et Gares: 20 centimes.
1ES ANNONCES ET RÉCLAMES
SONT REÇUES CHEZ MM. DoLllNGEN MIS ET Cîe
Passage des Princes, et à l'Administration
r SOMMAIRE
Gazette DE Pabis Albert Wol/f.
Échos DE Pabis Le Masque de fer. •"̃'
MADAME àncelot B. Jouvin.
̃̃̃¥«mxwr ̃•̃̃"• ̃' *̃* ̃
Choses Du Jour 'Alfred d'Aunay. Le vendredi
saint à Notre-Dâine.
;T£lkGBAMMES ET CORRESPONDANCES AliÇ. MaTCUdt.
Les princes anglais à Nice. Mort du Syl-
vain de Fontainebleau. ̃"•
• Paiiis AU jouk LE jour F. M.
iKFohiiATiQss.: Gaston Vassy. Le banquet hippo-
phagique. Un homme mangé vivant par les
rats.
GAZETTE des TbibUvaux Fernarut. de Rodai/s-
Cour, d'assises Un détournement de mineure,
Roman d'une jeune Hollandaise.
La Bçcbse.
Premières Repbèsestatioss Auguste Vitu.
Vaudeville La Revue des Deux-Mondes, revue
en -trois actes et un prologue, par MM. Clair..
ville et A. Dreyfus.
•Cobiuiieh des Théatbes -Jules Prével.
Feuilleton Edmond Arnous- Rivière. Une
Méprise du cœur.
GAZETTE DE PARIS
Sur la perspective des Italiens, il n'est
question que de cette troupe russe qui
honore Paris de sa présence. On en parle
depuis Brebantsky jusqu'à Bignonoff, et
même de l'autre côté de la Newa jusque
sur les confins de TOdéon, c'est-à-dire
dans tout Paris. Le -prince Lubomirsky
ne se possède pas de joie. Depuis qu'il
a quitté le service des tzars, où il a
figuré à titre de page, Monseigneur
notre confrère ne- s'est pas vu à pa-
reille fête. Après avoir assisté tant de
fois dans les théâtres parisiens au ma-
riage d'Alfred et d'Aglaé, il lui est donné
de voir un drame du terroir dans lequel
les hommes s'appellent Vovostoff ou
Kroustcheff, tandis que les femmes por-
tent les gracieux noms d'Eudoxie Obrost-
zoff et d'Olga Jabotirouff.
Le prince Lubomirsky a écrit une note
explicative en guise de préface au scéna-
rio français que le directeur russe a en-
voyé aux Parisiens conviés à la soirée
moscovite au théâtre des Italiens. L'at-
tention est délicate, mais les Parisiens
auraient le droit de s'en fâcher. Mgr
Lubomirsky semble supposer que les
beautés de sa langue maternelle pour-
raient échapper au public parisien; il se
trompe le russe est une langue déli-
cieuse, pleine de séductions pour un pu-
blic français. Le jour de la première de
la Fille de Roland, nous avons tous re-
grette que M. de Borriier n'eût pas écrit
sa tragédie en russe. C'est vous dire que
l'arrivée d'une troupe russe se faisait
vivement désirer à Paris. De la Made-
leine à la Bastille on ressentait depuis
pas mal de temps l'impérieux besoin de
voir une pièce russe. M.. Gan tin aurait
même l'intention de ramener le public
rebelle par une nouvelle édition de son
plus grand succès, sous ce titre La Fille
de madenioiselle Âhgotoff. Les personnages
s'appelleraient :Ange Pituusky, Clairet-
tesky et Lange loff l'action serait trans-
portée au siecle de Pierre le Grand et
les. auteurs ajouteraient pour Milher un
rôle de boyard que cet acteur jouerait
avec sa distinction naturelle.
Le prince Lubomirsky a donc tort de
supposer que le public parisien ne s'in-
téresse point aux choses de sa patrie.
Point n'est besoin d'un scénario français
pour nous faire admirer toutes les beau-
tés du Mariage russe. Un public qui com-
prend la langue étrangère dont se sert
Christian pour interpréter le rôle de Golo
dans Getieviève de Brabant, ce public est
"appelé à comprendre, à première audi-
tion, tous les idiomes de la terre; car
Christian parle à la fois toutes les langues
mortes et vivantes, à l'exception du fran-
çais il excelle surtout dans les faubourgs
Saint-Antonois etMouffetardois, les deux
idiomes les plus compliqués du globe. Si
-*e besoin s'en faisait sentir, M. Christian
pourrait enseigner ces deux langues au
Collége de France.
*fJf~
Un homme d'esprit ne manquerait pas
boyards, dirait-il, doit forcement faire
•de l'argent. Avec deux ou trois phrases
de cette force-là, on fait un tableau de
revue de fin d'année. Mais il faut laisser
les plaisanteries de ce genre aux vaude-
villistes. Nous autres humbles chroni-
queurs de la vie parisienne, nous ne
pouvons pas espérer de faire concur-
rence aux éminents écrivains qui met-
tent les événements de l'année au
théâtre en les saupoudrant de couplets
et de. rondeaux.
Envisagée au point de vue des revues,
la troupe russe est une bonne fortune
pour cette fraction intéressante de la po-
pulation parisienne qui s'occupe de cette
besogne ingrate. Plusieurs générations
ont vu revenir les mêmes rondeaux, les
mêmes couplets graveleux et les mêmes
compères, sans compter les mêmes imi-
tations d'acteurs qui font le fond de toute
bonne revue. Avec les comédiens russes
le genre va changer. Il est à croire que
nous aurons dans le courant de l'année
une demi-douzaine de revues dont la
plus étincelante aura ce titre séduisant
As-tu vu le boyard, mon gars? revue dans
laquelle deux ou trois hommes d'esprit
-parfois ils s'associent à quatre pour
cette besogne– déshabilleront une jeune
femme, maillot et fourrures, qui vien-
dra chanter des couplets de cette force
Le boyard, le boyard,
Il arrive sur son char, '• •̃
Il a lâché le caviar
Pour venir goûter du homard.
Chez Brébant, sur le tard,
Qui vient? Un noble vieillard
Tout fourré de part en part.
Les femmes lui sourient, car
C'est l'boyard, le boyard, etc.
Si l'auteur a l'ambition d'ailleurs
jouable, de remporter le prix de poésie
t l'Académie française, il peut risquer
__un ,'1 ,y
un deuxième couplet dansTe" genre de
celui-ci v
Le boyard, le boyard,
arrive sur son char, °
II a lâché le caviar
Pour venir goûter du homard.
Il est parfumé do nard
Et vient de la part du tsar
Se faire avec beaucoup d'art
Photographier chez Nadar.
C'est l'boyard, le boyard, etc.
On a vu le plus intelligent public du
monda applaudir des vers de ce calibre
pendant cent cinquante représentations
consécutives..
Il. est donc incontestable, mdn cher
prince Lubomirsky, qu'au point de vue
de la revue, les comédiens de Moscou
sont ce que nous appelons au théâtre
une bonne acquisition. Mais envisagée au
point de vue parisien, il est a craindre
que la troupe russe ne puisse pas lutter
avec les artistes du Théâtre-Français.
Nul plus que moi ne désire le succès de
ces braves comédiens qui viennent de si
loin au nombre de 140 avec 400 costumes,
sans compter le prince Lubomirsky qui
est un appoint .considérable pour le suc-
cès. Certainement le premier soir les
drochki. déposeront aux Italiens l'élite de
la société parisienne; mais ou peut sup-
poser que les étages supérieurs restent
indifférents à ce genre de spectacle. Les
moujiks parisiens préféreront se porter
au Croqwmitaine du Château-d'Eau ou
chez Bidel, le dompteur, qui se faitman.
ger deux fois par semaine, les mercredis
et les jeudis.
Il y a surtout une scène dans le drame
qui ne produira pas à Paris le même ef-
fet qu'a Moscou. 'C'est la scène IV du
premier, acte qui pose l'intrigue. Un
certain Warostoff a été sauvé par un
nommé Wladimir à la chasse à l'ours.
En Russie, où l'on risque de rencontrer
des ours blancs dans sen escalier quand
on rentre du spectacle, un tel récit peut
nVOdllirA Vinfl fmiTirÏA nmntinn Vianmino
salle de spectacle. Mais à Paris, c'est
une autre affaire. Je ne crois pas m'ex-
poser à un procès en diffamation en af-
firmant que les ours sont totalement dé-
considérés à Paris, depuis que les domp-
teurs leur tirent les oreilles et leur ad.
ministrent des gifles en public. Quand
on voit à quel degré de platitude est
descendu l'ours, si fier encore sous
Yvan le Terrible, on comprendrait tout
au plus que Warostoff eût sauvé un ours
attaqué par Wladimir, mais le contraire,
jamais) Les représentations de Bidel
ont à ce point dégradé l'ours dans l'es-
prit des Parisiens que ni vous ni moi
nous n'oserions renvoyer d'un coup de
pied un ours errant dans le silence de
la nuit, de peur d'être dénoncés à la So-
ciété protectrice des animaux qui défend
la faible bète contre la brutalité des
hommes.
Voilà,mon cher prince Lubomirsky, un
écueil qui pourrait devenir fatal, si la
pièce russe n'était pas bondée de détails
curieux. Dans la préface dont Monsei-
gneur a orné, le scénario français, l'an-
cien page du tsar entre dans des détails
curieux sur la vie russe. Il nous affirme
que le boyard, qui, selon le préjugé pari-
sien, fait la majorité de la nation russe,
n'existe plus que dans l'imagination de
quelques soupeuses ambulantes. Le vrai
boyard, tel qu'on nous le montrera dans
le Mariage russe, a disparu des mœurs de-
puis Pierre le Grand. Dans notre igno-
rance parisienne nous appelons «boyard»
ce qu Saint-Pétersbourg on désigne
sous le nom générique de gommeux. Le
boyard, esclave du tsar, despote du peu-
ple, a disparu. C'est le boyard, à la fois
soumis et hautain que la pièce russe
va montrer aux Parisiens. Souhaitons
la bienvenue à ce noble étranger et ré-
pétons avec les vaudevillistes ce joyeux
refrain
Le boyard, le boyard,
.̃̃ Il arrive sur son char,
Il a lâché le caviar
Pour venir goûter du homard.
Albert Wolff.
̃
Échos de Paris
AMÉDÉE ACHARD
Nous avons dit qu'Amédée Achard s'é-
tait battu en 1848 contre les insurges de
juin, et que dans un combat il avait eu
la douleur de perdre son frère, frappé de
deux balles à ses côtés.
Les qualités de bravoure militaire sont
héréditaires dans la famille, car M.
Achard fils a brillamment fait son de-
voir pendant la dernière guerre comme
engagé volontaire aux zouaves. Ses sou-
venirs de régiment ont paru dans la Re-
vue des Deux-Mondes, sous le titre de: Ré-
cit d'un soldat.
Il peut paraître assez singulier de dire
qu'Amédée Achard est mort de la bles-
sure qu'il reçut autrefois dansun'duel
avec Fiorentino; et cependant rien n'est
plus vrai. Sa nature sèche et nerveuse ne
le prédisposait aucunement aux fluxions
de poitrine, mais le coup d'épée qui lui
était entré dans le poumon y avait laissé
un point sensible qui donnait toujours
prise à l'inflammation; et à la suite de
cette lésion, il eut quatre engorgements
assez dangereux. La rigueur particulière
de l'hiver que nous venons de traverser
en a déterminé un dernier, qui a com-
mencé également par le point où il avait
été jadis frappé.
y'?' :r- ̃̃̃#*#̃ .'• '•̃̃•̃
Ce duel avec Fiorentino attira sur lui
en son temps des sympathies d'autant
plus vives que dans cette occasion il ne
combattait pas pour des motifs spéciale-
ment personnels. Le fameux critique na-
politain apportait dans notre journalisme
des manières exotiques que le comité de
la Société des gens de lettres s'était per-
mis de ne point approuver de là colère
de Fiorentino, qui prit le parti de provo-
quer tout le comité en commençant par
ordre alphabétique. CefutAchard qui,en
raison des lettres de son nom, passa le
premier accepta bravement la situa-
tion. Parmi les témoins delà reneoatre,
qui eut lieu près de la mare d'Aaleuil,
figuraient MM. de Bazancouft et de Ro-
vigo, dont le nom est resté attaché à bien
des duels célèbres de cette époque.
̃ ;'̃̃ ̃
On a ealçulé qu'Amédée Achard était,
avec Alexandre Dumas père, l'auteur
dont le nom avait paru dans le plus de
journaux..
Ce n'estpas qu'Achard fût une person-
najité très bruyante, ni aussi populaire
que celle de l'auteur des Mousquetaires;
mais le caractère honnête de ses écrits
les faisait rechercher par toutes les
feuilles des départements, qui reprodui-
saient ses romans à l'envi, ainsi que par
les directeurs de publications destinées
à la jeunesse. Il y a deux ans, le nom-
bre des feuilles, françaises et étrangères,
où sa signature avait paru était de mille
quarante-deux/
:¡:c*
Amédée Achard était protestant. Ses
obsèques auront lieu aujourd'hui, à midi
très précis, dans la chapelle é.vangélique
de la rue de Provenee. Ses amis se réu-
niront à .la maison mortuaire, i5,-rue de
Bruxelles.
Il vient de mourir à New-York une
femme dont le nom, par son intérêt ré-
trospectif se rattache aux échos de Pa-
ris c'est Mlle Lucy de Luzzy-Desportes,
ancienne gouvernante des enfants de M.
le duc et de Mme la duchesse de Praslin.
On sait le rôle que la rumeur publique
lui attribua dans le drame de l'hôtel
Sébastiani.
Elle fut même un instant arrêtée et in-
terrogée par la cour des pairs.
#
"I.~11- 1_ T_ Y" n__
mue ue juuzzy-iaesporxes avait epouse
en Amérique, vers 1851, M. Henry Field,
directeur du journal YEvangéliste et pas-
teur d'une église dans l'Etat de Massa-
chussets. Elle était directrice de l'école
des arts pour les femmes. Pendant ces
vingt dernières années, son salon était
l'un des plus suivis de New-York.
A propos de l'enquête sur le 4 Sep-
tembre
Un sous-préfet gambettiste arrive
dans une petite ville du centre, s'ins-
talle, s'entoure des frères et amis, et
commence par destituer le maire d'un
chef-lieu de canton, homme très hono-
rable, très énergique, mais nullement
républicain.
Le maire reçoit tranquillement sa ré-
vocation et la confie pieusement au pa-
nier.
Furieux, le sous-préfet envoie deux
émissaires pour notifier au maire sa
destitution. -.Celui-ci les reçoit très po-
liment et leur dit « Vous direz de ma
part à celui qui vous envoie qu'il est un
sous-préfet à la colle, mais que je.sais
un maire à l'huile mon devoir est de
rester à la mairie, et j'y reste. »
Le sous-préfet ne parla plus de révo-
cation et la prophétie du maire fut réa-
lisée il est encore en fonctions, mais le
sous-préfet est depuis bien longtemps
rendu à la vie privée.
^_« '̃
Les burgraves de V Union ont appuyé
de leur vieille autorité les imprudences
de l'Univers contre Figaro. La pauvre
vieille feuille, dans l'espoir de vendre
quelques vieux numéros de plus, s'est
lancée à fond de son vieux train dans la
polémique. Un peu blessée de voir que
nous ne nous sommes point assez souciés
de ses vieux efforts, elle nous supplie de
continuer les hostilités.
Quelque respectueuse compassion
qu'elle nous inspire, nous ne lui ferons
pas ce plaisir.
Un joli mot de M. Thiers, ,¡
Après les incidents qui avaient fait
échouer les dernières combinaisons mi-
nistérielles, on parlait devant l'ancien-
président de la nécessité d'une dissolu-
tion.
La dissolution, objecta M. Thiers,
a des dangers.
Le tout dépend, reprit son interlo-
cuteur, de celui qui tiendra la queue de
la poêle au moment des élections gêné-
1 raies.
La queue de la.poêle! s'écria M.
Thiers. On a tant et tant retourné cette
malheureuse poêle depuis que j'ai quitté
le pouvoir qu'elle n'a plus de queue 1
Nous avons vu l'autre jour, rue de la
Roquette, un cabaret portant cette en-
seigne
« Au retour de l'Isthme de Suez. »
Mais nous espérons, pour le chef de cet
établissement, quil a bien quelques
clients, en dehors de. ceux qui ont
rempli les conditions du programme.
Les comédiens et les personnes em-
ployées dans les théâtres se reposent le
soir du vendredi saint. C'est ce jour-là
que les loueurs de lorgnettes dans les
divers théâtres ont choisi pour leur
banquet annuel. Ils sont là tous réunis.
Le restaurateur chez lequel a lieu le
dîner ne manque pas de faire figurer
dans le menu du repas des conserves et
des lentilles.
Hier, ce banquet traditionnel a été,
comme de coutume, très gaiement çé-
lébré. On a beaucoup parlé de ces vieil-
les lorgnettes qui ont déjà passé par les
mains de cinquante générations. Le
loueur attaché à un de nos théâtres de
genre possède dans sa collection une
lorgnette qui a été louée jadis à Ber-
nadotte, à Mlle Mars et à Chaudruc-
Duclos. Elle est munie d'unepetite plaque
qui rappelle ce souvenir. Elle est louée
par soirée dix sous de plus que les au-
tres.
t Un seul des loueurs de lorgnettes
2faancpi§tit au repas. H avait dû1 rester au-
près de sa femme en mal d'enfant. Au
dessert, il est arrivé tout joyeux pour
annoncer à ses honorables collègues que
sa femme, par une aimable attention.
était accouchée d'une paire de jumelles!
LE MASQUE DE FER.
f– f-
MADAME ANCELOT
Madame Ancelot appartenait par son
mariage, par le courant littéraire, artis-
tique et mondain auquel elle fut active-
ment mêlée, par ses grâces de maîtresse
de maison, au Paris de la Restauration.
La célébrité et les opinions monarchiques
de son mari ne pouvaient manquer de
lui ouvrir la porte des salons bien pen-
sants. Il lui suffit d'y paraître pour
y être à sa place et s'y créer des
relations qui, toutes ou presque toutes,
restèrent fidèles à la femme du monde
devenue femme de lettres. A cette
date de sa vie brillante et facile, ma-
dame Ancelot avait le sentiment très
vif et très délicat de l'art et des choses
de l'esprit; mais elle y cherchait un dé-
lassement plujtôt qu'un but: un de ses
petits tableaux, remarqué à l'Exposition
de-1828, donnait les promesses d'un ta-
lent qu'elle a cultivé seulement pour
elle et pour ses amis. Quant à la réputa-
tion, l'auteur de la tragédie de Louis IX
en ayant pour deux, elle se trouvait très
bien partagée en vivant sous le régime
de la communauté; et, d'ailleurs, cau-
sant comme il lui suffirait d'écrire un
jour avec beaucoup de charme et de
finesse la forme et le dialogue des co-
médies qu'elle devait composer plus tard
étaient trouvés.
Ce fut là un moment de bonheur sans
mélange dans l'existence de madame
Ancelot: la trace en est restée profonde
.et lumineuse dans deux livres de souve-
nirs, dont le dernier est le,' testament
d'un conteur aimable et indulgent qui
ne se venge point sur ses contemporains
du chagrin d'avoir vieilli sans eux. Ma-
dame Ancelot dépensait autour d'elle
son esprit, ce qui est infiniment moins
coûteux que d'être dans la nécessité de
le vendre au public; elle traversait une
phase unique de 1820 à 1830 je ne
dirai pas de la Monarchie, mais du siè-
cle c'était le renouveau dela poésie, de
l'histoire, de la science, de la peinture,
de la musique; la France, somme une
grande moissonneuse, n'avait qu'à se
baisser pour ramasser et emporter des
i ,gerbesd'épis. Epoque agitée autantqu'elle
était féconde! Attentive devant ce large
mouvement intellectuel, l'Europe nous
empruntait nos modes en toutes choses,
comme elle avait fait sous le grand Roi.
Nous, pendant ce temps, nous fabri-
quions les planches du cercueil à donner
à la Monarchie légitime avec le berceau
des libertés constitutionnelles qui
étaient son ouvrage. C'est ainsi que
procède la reconnaissance des peuples.
En visite dans la meilleure compa-
gnie,. madame Ancelot la reçut à son
tour chez elle; sa maison devint l'un
des centres attrayants où, dans les trans-
formations successives, se groupa la so-
ciété parisienne. Bien que ramphitryon,
poète de cour fêté à la ville, fût très" en-
gagé d'opinion avec les hommes de son
parti, le salon de l'hôtel La Rochefou-
cauld deviut comme un terrain neutre
et un « autre camp du drap d'or », où
la causerie française avait ses franchises.
et les adversaires politiques pouvaient
s'aborder et se quitter sans engager
ou compromettre rien de plus que
leur esprit.
L'éloquence de M. Cousin avait fait de
Vecclélisme une sorte de divinité Ma-
dame Ancelot lui dressa un autel dans
son salon, qui s'ouvrit aux quatre ré-
.n ~+ "r," ~+ ,.m. l'Al A
giuiHs uuui, tuio s esu piu a reiracer i eie-
gance, modifiée par l'élément révolu-
tionnaire an marche, dans son dernier
livre la Restauration, la Royauté de
juillet, la République, l'Empire de Na-
poléon III. Les gouvernements passent,
Je salon de madame Ancelot reste. Il
n'est pas seulement un port où abor-
dentlesnaufragé'sde l'esprit de sociabilité
chassés par les clameurs de la place
publique le refuge est une ville libre
où chacun à la condition d'être quel-
qu'un ou de représenter quelque chose
est admis, dans un commerce de po-
litesse, à faire l'échange de ses idées.Les
vieux amis de la maîtresse de la maison,
dispersés par les cataclysmes des. pou-
voirs s'écroulant l'un sur l'autre, au
premier tiède rayon qui éclaire un gou-
vernement nouveau, se cherchent, se
retrouvent, -moins nombreux et un peu
plus fatigués, dans ce salon qui n'est plus
entièrement à eux, et où il faut se serrer
les coudes pour laisser passer les repré-
sentants du régime victorieux.
Il y avait dans l'accueil fait par ma-
dame Ancelot au mérite et aux amis de
nouvelle. et d'ancienne date, à la fois de
l'aménité, de l'indulgence et.un graad
respect de la dignité et de la liberté hu-
maines il y eut plus tard, dans une àme
et dans une intelligence qui n'avaient
.pas consenti à vieillir, le besoin de ne
pas se séparer de la jeunesse en la gar-
dant autour de soi.
S'il y eut quelques visages étonnés de
se voir ensemble, dans le salon de l'hô-
tel de La Rochefoucauld et dans le jar-
din de la jolie petite maison de la rue
Joubèrt, des amis, qui étaient des
hommes supérieurs, y représentèrent
constamment le choix de l'esprit et la-
sincérité de l'estime 'et des aifections du-
rables au milieu du flot des notabilités
de passage. Pour ne citer que des noms
que le tour original de l'imagination ou
leur talent austère ont rendus chers au
public, Stendhal (Henri Beyle), Prosper
Mérimée, M. de Tocqueville furent, dans
ses fortunes diverses, les hôtes et les
bons génies de cette maison hospita-
lière. Atteint déjà de la maladie dont il
devait mourir deux années plus tard,
M. de Tocqueville, écrivait de Londres à
madame Ancelot, pour la remercier de
l'envoi de son livre les Foyers éteints,
une lettre dont je veux citer les dernières
lignes; le manque d'espace m'oblige à
briser le diamant en n'en conservant
qu'une parcelle, celle dont l'éclat éclairé
ce petit volume:
«. Vous n'avez jamais fait rien de mieux,
ni même, j'ose le dire, d'aussi bien. Vous
avez jeté dans cet ouvrage infiniment d'es-
prit, et souvent des aperçus profonds sur cer-
tains côtés du cœur humain. Le chapitre sur
Nodier, surtout dans sanremière partie, m'a
paru, entre autres, excellent. ^A. mesure qu'il
aimait et qu'il estimait moins les hommes, il
les louait davantage.
» Quelle vérité triste et profonde dans ce
trait! et à combien d'autres qu'à Nodier pour-
rait-un en faire l'application »
:j¡:*#;
Alexandre Dumas a écrit un de ses
chapitres les plus amusants sous ce ti-
tre Comment ,je devins autewr drama-
tiqw. C'est justement le chapitre qu'il
serait indispensable de faire en abordant
le théâtre de madame Ancelot. L'auteur
des comédies du Mariage raisonnable, de
Marie, du Château de ma nièce en a bien tou-
ché quelque chose dans son dernier livre
(publié en 1866), mais c'est un mot, une
allusion en passant; le comment et le
pourquoi eussent très certainement fourni
une page fine et spirituelle,- souriante et
sérieuse, à la femme du monde échan-
geant ses pinceaux, qui l'amusaient,
contre la plume qui allait l'aider à vivre 1
Après avoir perdu ses places et ses pen-
sions à la chute de la vieille Monarchie,
M. Ancelot, décidé à oublier qu'il était
poète pour se -souvenir seulement qu'il
était mari et père, songea à utiliser les
profits de la gloire en en laissant échap-
per la fumée. On connaît son joli mot
« Après avoir travaillé quinze ansprofama
(la réputation), je vais travailler aujour-
d'hui pro famé (la faim). » De cet incessant
labeur, entrepris joyeusement sous 1 e-
treinte de la nécessité et du devoir, na-
quirent, sur nos diverses scènes de
genre, tout un répertoire de comédies à
talons rouges et poudrées à la Maréchale.
Se faisant l'historiographe élégant et spi-
rituel des vices de nos grands papas et
des faiblesses de nos grands mamans, M.
Ancelot mit en vaudeville et nota sur la
clef du caveau les intrigues de cour et de
boudoir de ce sacripant. et charmant
dix-huitième siècle
Parallèlement à cette veine creusée
sous les romans de Creb.illon.flls et les
historiettes court-vêtues de Grimm, de
Bachaumont et de Mettra, le poète de
Louis IX en avait ouvert une autre plus
chaste donnant sur la comédie de genre.
jParmi celles-ci il faut citer la jolie pièce
de Léontine, dans laquelle M. Sardou
devait trouver plus tard le sujet d'une
comédie écrite par lui avec la collabora-
tion de Diderot. Dans ce genre sensible,
un peu bourgeois et colleté à la mode
du Gymnase, madame Ancetotavpue d'a-
voir étudié la poétique du héâtre en
imaginant de petites scènes de compte
à demi avec son mari. La confiance en
ses forces ne lui venait pas aussi vite que
l'invention et l'arrangement, et M. An-
celot dut signer sur l'affiche d'un théâtre
des productions auxquelles sa facilité et
son expérience n'avaient eu aucune part;
de ce nombre fut la pièce jouée au Vau-
deville sous.ee titre: Reine, cardinal et
page. Janin, croyant malicieusement
prendre en faute un poète tragique can-
didat à l'Académie, fit le procès à la
pièce nouvelle avant le lever du'rideau.
Il critiqua l'amphibologie résultant de
l'absence des articles la et le dans le titre,
et demanda à M. Ancelot si son héros ou
son héroïne était tout à fait « reine, car-
dinal et page ». Un académicien de l'a-
venir qui ne savait pas la grammaire,
quel thème pour ce spirituel enfant ter-
rible de la critique 1
Madame Ancelot (dont la collabora-
tion anonyme était devenue le secie'. da
la r*.nmftf1ifi\ rassnrflfl nnr IflciiMàsantanf i
la ~U111Gü1G~,16JJUtOG ~1i41 1G SüGGGJ Ïl.ll6i[.116 b
que par le parti pris du feuilleton qui
traitait de puissance à puissance avec
elle, laissa un beau jour tomber à ses
pieds le domino sous lequel ï'épigramme
alerte et systématique cherchait le dé-
serteur de l'alexandrin classique.
Trois pièces, écrites toutes les trois à
une année d'intervalle, -dans lesquelles
le talent de mademoiselle Mars dit éner-
giquement à l'âge de la comédienne un
Tu en as menti applaudi par l'illusion de
la foule donnèrent à Madame Ancolot
ses grandes entrées à la Comédie Fran-
çaise. Je parlerai seulement de celle dont
le succès, qui semblait avoir suivi dans
sa retraite le « diamant » de la Comédie,
eut un regain au Gymnase en donnant
à Mademoiselle Mars une sœur cadette,
Rose Chéri, Marie ou les trois époques,
pièce bien faite et attachante, reposait
sur le principe inexorabledel'immolation
du cœur de la femme à ses devoirs; au
premier acte, Mademoiselle de Sévigny
sacrifie son amour à sa piété filiale; au
deuxième acte. Madame Forestier en
fait un auto-dafé à l'honneur du mari;
devenue veuve, elle l'immole au dévoue-
ment, à la tendresse maternelle. Le
succès fut grand; à y regarder de près
pourtant, si la fable dramatique captivait,
la moralité semblait boîter un peu. Pour.
quoi Cécile Forestier, par exemple,
était-elle laissée dans l'ignorance de l'a-
mour de sa mère pour ce M. Charles
d'Arbelles qu'elle aime et qu'elleépouse?
Ne devait-elle pas reprendre pour son
compte le rôle joué par Marie dans
la première époque de la pièce ? c'est-à-
dire sacrifier son bonheur a celui, que sa
mère venait de retrouver et qu'elle con-
sentait à perdre de nouyeau? A la con-
sidérer de ce côté, la Marie de Madame
Ancelot était un rondeau dramatique éter-
nellement recommencant, comme un
serpent qui se mord la'queue. Il impor-
tait assez peu, du reste, que la leçon mo-
rale de l'auteur pût être prise en défaut,
pourvu qu'il n'en fût pas de même des
qualités touchantes et du succès de- la
comédie. Les « trois époques » firent
époque dans le répertoire du Théâtre-
Français, et Marie se vit applaudir dans
plusieurs langues sur les scènes de l'Eu-
rope.
a .En ce temps-là un mot de M. Rolle af-
fligea beaucoup l'auteur de Marie et du
Llultedu de ma, nièce. Le critiqué du Na*
tional avait dit « Il y a tant de moutons
» dans les pièces de madame Ancelot,
» qu'on se prend à y regretter l'absence
̃d? loup. » M. Rolle avait effrontément
piiJe, et dans les mêmes termes, Cham-
iort, qui avait décoché cette épigramme
aux pastorales de Florian.
Ecrivant des comédies, des vaudevil-
les, des romans,des études sur les salons
de Paris, Madame Ancelot passait d'un>
sujet à un autre avec l'abandon et les
grâces d'un style qui empruntait sa
facilité et son charme au ton de la cau-
serie l'aménité de la pensée et de la
phrase n'en excluait, ni. le don rare de
l'observation, ni la finesse. L'écrivain
regardait, jugeait les hommes sans
oublier les femmes, ce qui était beau
"pour une femme auteur à travers la
bonté de son cœur et la bienveillance de
son esprit l'optique pouvait faire que
les loups eussent parfois l'apparence et
la laine des moutons, et à cet égard se
trouvait justifié, jusqu'à un certain
point, le mot d'emprunt dont Rolle avait
aiguisé une plume un peu émoussée. Il
y a plus que de la charité, il y a quel-'
quefois de Inhabileté à voir la nature eh
beau le miroir vivant ainsi promené
sur autrui ne réfléchit en- somme que
notre propre image; l'art de médire du
prochain n'étant qu'un moyen maladroit
de se calomnier soi-même. La causerie
et la plume de madame Ancelot ne sa-
vaient pas calomnier, ayant de bonne
heure désappris à médire.
B. Jouvin.
M. VEUILLOT
Aujourd'hui, c'est aux œuvres de S. E.
Mgr le cardinal Guibert, archevêque de
Paris, que nous demandons l'opinion du
clergé français sur Y Univers.
En 1853, le vénérable archevêque oc-
cupait le siège épiscopal de Viviers (Ar-
dèche}. Etonné des doctrines excessives,
de ce journal, alarmé du trouble qu'il3
apportait dans le sein du clergé, attristé
de le voir ne tenir- aucun compte des
avertissements multipliés de l'épiscopat,
Mgr Guibert crut devoir prémunir son
clergé contre ses étranges théories, et
publia la lettre remarquable que nous
allons faire connaître
Plusieurs fois, dans un temps assez éloigné,
nous vous avons recommandé le journal
V Univers. Nous le lisions nous-même avec
plaisir. Ce qui nous inspirait de la sympathie
pour cette feuille, c'était le dévouement dont
les rédacteurs nous paraissaient pénétrés pour
le Saint-Siége et pour le chef de l'Eglise.
Ils ont pris depuis une attitude bien
différente. Ils ont mérité de la part do plu-
sieurs évoques des reproches publics, dont t
ils n'ont pas su profiter. Les conciles provin-
ciaux de Paris et de Rennes leur .ont adressé,
ainsi qu'aux autres écrivains religieux, de
graves avertissements qui sont restés sans
effet. Plusieurs évêques leur ont donné en
particulier des avis pleins de sagesse qui ont
été également inutiles. Nous-même, nous
nous sommes permis de leur signaler la
fausse direction qu'ils suivent, avec toute la
charité dont nous sommes capable, mais sana
plus de succès.
Ce journal est devenu le centre et l'organe
d'un parti qui a fait déjà par ses exagérations
,et ses excès beaucoup de mal à l'Eglise
Le premier tort de ces hommes est de s'être
sépares de leurs frères; ils se sont appelés le
parti eatholique, expression tout à. fait mal
sonnante, car il ne doit jamais y avoir de
parti dans l'Eglise. On conçoit que, dans un
pays où les catholiques sont en petit nombre,
comme en Angleterre et dans quelques Etats
de l'Allemagne, on donne, cette qualification
à une minorité qui combat pour ses droits;
encore n'est-ce pas elle qui se la donne, elle
la reçoit de ses adversaires. Mais se présenter
devant la France catholique sous le nom de
parti catholique, c'est évidemment s'isoler,
faire une scission, ou du moins une chose dont
on cherche la raison sans pouvoir la trouver.
On trouvera une certaine différence
entre le ton de cette lettre et celui qu'on
a pu remarquer hier dans la brochure
de Mgr l'évëque d'Orléans. Il y a deux
causes à cela. Nous ne sommes qu'en
1853; V Univers n'est pas encore en com-
plète possession de sa dernière manière
celle que nous connaissons et puis,
Mgr Guibert n'a pas été bravé dans son
propre diocèse et outragé, comme Mgr
Dupanloup.
L'évëque de Viviers ne pouvait pas
s'écrier comme l'évêque d'Orléans
Certes, vous vous permettez contre moi d'é-
tranges injures, depuis le jour où, voyant
que mes diocésains m'avaient envoyé à l'As-
semblée nationale, vous avez bien osé avertir
vos lecteurs que vous m'y surveilleriez de
près, jusqu'à cet autre jour où vous m'avez
comparé chrétiennement à Judas et à Pilate.
R'
Toutefois, l'avertissement paternel de
l'évêque de Viviers contient de dures
leçons
Cela ne suffisait pas; ils se sont nommés
encore les catholiques avant tout, ce qui doit
signifier, ce semble, des catholiques meilleurs
que les autres, plus dévoués, plus courageux,
plus parfaits. Ces titres fastueux nous parais- w
sent de bien mauvais goût, et surtout peu
conformes à la modesti#chrétienne, qui aime
à se placer, dans son opinion, non pas avant,
mais après les autres.
Dans une simple note au sujet de l'é-
pithète d'ultramontain dont se décorent
les rédacteurs de V Univers, l'évêque de
Viviers fait observer que les doctrines
gallicanes n'ont plus cours dans le clergé
français n'oublions pas que nous
sommes en 1853 et il ajoute, finale-
ment
En voulant les détruire violemment (les
doctrines gallicanes) on produirait un mal
plus grand que celui auquel on voudrait re-
médier.
Les habitudes résistent plus que les opi-
nions. La vaciiie de l'arbre étant coupée, il
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