Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-04-16
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 avril 1874 16 avril 1874
Description : 1874/04/16 (Numéro 106). 1874/04/16 (Numéro 106).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO JEUDI 16-AVftIL 1874
mode à la rigueur d'une visite faculta-
tive du navire à son arrivée devant un
établissement pénitentiaire mais le bon
sens voudrait surtout que la visite des
navires, à leur sortie de ces établisse-
ments, fût de règle absolue.
Le capitaine ou le patron, dit l'arti-
cle 7, ne doit déposer ou prendre aucun
passager sans 1 assentiment du com-
mandant territorial; mais si; poussé par
un intérêt évident,, il transgresse :cette
défense, sait-on la pénalité qu'il encourt:
son expulsion immédiate, le départ im-
médiat de son nayire.
Il est défendu à tout navire de mo.uil-
ler ou de" passer en dehors des nécessités
de la navigation, à moins de mille mètres
du rivage de la presqu'île Ducos; de sta-
tionner en dedans de deux cents mètres
de la ligne de poteaux établie sur l'isthme
.séparatifde la presqu'île Ducos et de la
.grande terre. Est également interdite
l'entrée par terre dans l'enceinte forti-
fiée.
,Ces interdictions sont illusoires, si l'on
se rappelle que les déportés ont commu-
nique avec l'extérieur.
Ne poursuivons pas plus avant l'exa-
men de ces documents administratifs. Ne
«dirait-on pas qu'ils ont été faits plutôt en
-vue de favoriser l'évasion des déportés
que d'y mettre des obstacles infranchis-
sables.' ̃ •̃; :̃ ̃ ̃ ̃;̃:̃ ̃̃ !•
La conclusion à tirer de tout ceci, c'est
que les déportés peuvent s'évader sans
courir de gros risques, et qu'ils en use-
ront tant qu'ils ne seront pas tenus abso-
lument isolés dé tout contact avec l'ex-
térieur.
Les condamnations dont ils ont été
justement frappés, seront dérisoires, s'ils
ne sont pas 1 objet d'une surveillance
efficace, rigoureuse, égale aussi bien
pour 'les déportés simples que pour les
déportés à l'enceinte fortifiée. Il faut que-
la détention des uns et des autres soit
^effective. Surtout, il ne faut plus, au mé-
"pris de la loi et de la justice, que cesj
grands criminels, au lendemain même
e leur arrivée aux lieux où ils doivent
subir leur peine, soient autorisés, comme*
,cela se fait en ce moment avec l'assen-
timent du gouvernement, à transporter
.librement leurs, domiciles au chef-lieu
même de la colonie, où ils font fortune,
en attendant l'occasion propice de s'éva-
,der pour aller en jouir où bon; leur:
semble.. j
semble. Paul Bernier. 'l'
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
v;i .SESSION. DES CONSEILS GÉNÉRAUX
Beauvais, 13 avril soir. Le duc
d'Aumale est arrivé ce matin pour présider
le Gonseirgénéral.
Dans la séance de ce jour, le Conseil a
invalidé .pour la seconde fois l'élection de
M. André Rousselle dans le canton sud-
ouest de Beauvais, comme ne remplissant
.pas les conditions do l'éligibilité.
Lille, 14 avril. M. Plichon a été
élu président du Conseil général du Nord,
en remplacement de M. Danel décédé.
Nantes, 14-avril. Dans sa pre-
mière séance, assez orageuse du reste, le
Conseil général de la Loire-Inférieure a
très vivement discuté la question de savoir
s'il devait procéder à l'élection de son pré-
sident, le dernier titulaire, M. de Sesmai-
sons, étant décédé. M. Léon Lavedan s'y
est opposé, et le bureau actuel a été main-
tenu par 20 voix contre 19.
M. le baron de Lareinty préside cette
session.
Marseille, 14 avril, 6 h. 40 soir.-
Aujourd'hui, à l'ouverture de la session,
M. Labadié, président du conseil, ayant
exprimé ses regrets au sujet de la" dissolu-
tion de~ la municipalité marseillaise, des
cris do' vive la République! se sont fait
entendre. D'un autre côté on a crié vive
le Roi! M. Labadié, d'accord avec M. de
Tracy, préfet, a fait evacuorla salle.
AJACCIO, 14 avril, 4 h. 55 soir.
Aujourd'hui, 21 conseillers sur 62 sont pré-
sents. Le prince Napoléon propose d en-
voyer une nouvelle circulaire aux absents
quW attendra jusqu'à jeudi, délai extrême.
Il propose aussi, de publier un rapport sur
les motifs qui empêchent le Conseil de dé-
libérer sur les intérêts départementaux
urgents, pour sauvegarder la responsabilité
des membres présents.
Les bonapartistes protestent contre atti-
tude du prince.
Il est probable que la session ne pourra
pas avoir lieu, faute de conseillers.
Les journaux anglais publient les dépê-
ches suivantes
Melbourne, 10 avril.
M. Rochefort et ses compagnons partent demain
pour l'Angleterre par la malle de Californie.
New-York, 10 avril.
̃ Une explosion a eu lieu à bord du steamer Ti-
gress, à Saint-Jean de Terre-Neuve. 21 personnes
ont été tuées. La Tigress fait une expédition au
pôle nord.
Feuilleton du FIGARO du 16 Avril
64
LIS MITS SANGLANTES ~S,
Je dispose, à mon gré, dé ma for-
̃ tune,- et, pour obtenir quoi que ce soit de
moi, vous avez pris, madame, je vous
l'assure, un ̃ bien mauvais chemin, ré-
pondit Mme de Villehaut-d'Avron. Je
suis peu accessible à l'intimidation et les
menaces me laissent Indifférente. Je ne
vous connais pas, je ne vous dois rien.
Je dirai plus, continua Marianne, en
s'animant, moi, dont le cœur n'a jamais
nourri vis-à-vis de personne un mauvais
sentiment, je me sens prise à votre égard
de quelque chose qui ressemble à de la
haine. C'est une antipathie violente,
profonde il me semble qu'il y a chez
'tous un élément impur et que votre
contact me salit. A coup sûr, si je vous
voyais plus longtemps, j'arriverais à
vous détester. Pourquoi? je l'ignore.
Mais la répulsion que vous m'inspirez
-doit reposer sur quelque chose, parce
'que personne ne m'a jamais produit un
pareil effet. Sans le savoir, sans le vou-
loir, ou bien sciemment et volontai-
rement, vous avez dû me faire du mal,
beaucoup de mal. En quoi, et comment?
je ne saurais encore le dire mais cela
est certainement. Tenez, ajouta la
marquise avec une animation croissante,
plus.je vous regarde, plus je sens que ce
que je dis est vrai votre présence m'ir-
rite d'une façon excessive, tout mon être
se révolte à votre vue, comme si je venais,
d'apercevoir à mes pieds un venimeux,
>> Saint-Jean-de-Luz, 14 avril, 2 h. 25
soir. Tempête épouvantable. Naufrage
de Y Aigle sur les rochers de Saint- Jean-de-
Luz. Capitaine et second, sauvés. Quatre
morts.
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS EN OCÉANIE
PAPEETE, 6 février.– Le Calvados a déposé
ici deux individus qui. étant venus à ferré
avec les matelots de l'équipage de ce bâti-
ment, ont été traduits devant les tribunaux
pour tentative de vol chez un habitant. Ces
individus sont des déportés politiques à la
Nouvelle-Calédonie qui s'étaient glissés, on
ne sait comment, à bord du Calvados.
Berlin, 13 avril. Le Parlement
allemand a repris aujourd'hui ses séances
interrompues par les vacances de Pâques,
et a ouvert la discussion sur la loi mili-
taire.
Vous savez que le gouvernement récla-
mait, dans son projet dé loi, un effectif de
401,000 hommes. Il demandait en outré que
cette loi eût un effet permanent, et que le
parlement votât les allocations nécessaires
à l'entretien de cette armée pour un temps
indéfini.-
Le parlement rejeta l'article ler de la loi,
à la première lecture.
Un compromis a été mis en avant. On a
proposé de donner à la loi une durée de
sept ans seulement. M. de Bennigsen, pré-
sident de la diète prussienne, a porté cette
proposition à la tribune, sous la forme de
l'amendement suivant
« L'effectif de paix de l'armée allemande
s'élève, du l" janvier 1875 au 31 décem-
bre 1881, à 401,659 hommes, il' n'est pas
tenu compte dos volontaires d'un an, dans
le chiffre de l'eflectif de paix. » `
Le gouvernement j par l'organe du géné-
ral Kamecko, ministre de la guerre, ne
s'est pas opposé à son adoption.
L'amendement sera vote par les 156 na-
tionaux-libéraux du parlement (les fidèles
de Bismark) et par quelques rares progres-
sistes. -•̃̃
Les progressistes veulent bien accorder
le contingent de 401,000 hommes, mais ils
persistent dans leur résolution de le discu-
ter et de le voter tous les ans.
Tel est l'état de ce grave litige.
•'̃̃̃ ̃. Auguste Marcade.
PARIS AU J011 IE JOÏ»
On sait avec quel ensemble les jour-
naux républicains ont déclamé contre la
mise en état dé siège de la ville d'Alger,
il n'est donc pas inutile de savoir quels
excès de presse visait la décision prise par
le général Chanzy.-Riende plus instructif
que cela..La Solidarité se fait remarquer
au premier rang de ce journalisme au-
près duquel la presse radicale du conti-
nent serait fade et modérée.
Voici, par exemple, ce que disait ce
journal quelques jours avant le vote du
20 novembre
En effet, tandis que le comte de Cham-
bord, qui savait bien avoir rencontré dans
le i loyal » maréchal Mac-Mahon un Saint-
Arnaud tout disposé à prêter son concours
à un guet-apens légitimiste, lui clouait au
dos l'étiquette de « Bayard des temps moder-
nes », les échos deTrianon nous révélaient
la valeur morale de l'homme qui résume
toutes les espérances du gouvernement ré-
publicain.
Et dire que cet étrange amalgame, placé
pour le quart d'heure au faîte de l'Etat, est
le produit le plus présentable des classes
dirigeantes que ce majordome représente
la plus haute intelligence, la plus haute
probité militaire au dire de tous les Man-
gins du gouvernement de combat.
Quand la décomposition, la démoralisa-
tion, la nullité prétentieuse et intéressée,
l'impuissance sont aussi caractérisées au
sommet de l'Etat, il devient réellement pé-
rilleux pour le pays de continuer à restpr
soumisad'aussipernicieusesinfluences.
Après la politique passons à la reli-
gion c'est encore la Solidarité qui va.
parler
Les amateursdel'art plastique pourraient
trouver dans les lieux-saints des nudités
beaucoup plus frappantes que celle de la
Liberté.
Indépendamment des beaux bras dela
Sainte mere Marie, brune ou blonde, sui-
vant les maîtres et de son petit (ici une obs-
cénité que nous n'osons pas reproduire)
outre les impudeurs de nombreux tableaux
où saint Antoine et son camarade repous-
sent les tentations des belles diablesses et
de Satan cornu lui-même, il ne faut.pas ou-
blier que le crucifié, jeune homme de 33
ans, généralement doué par les artistes de
chairs délicates et de formes étudiées, n'a
pas même cette robe de chambre de gen-
darme qu'on nomme vulgairement une che-
mise I
Les auteurs de ces articles et d'autres
analogues, traduits devant le jury,
étaient uniformément acquittés. Il a bien
fallu avoir recours à d'autres moyens
pour réprimer de pareils excès.
,*+ Une curieuse information de la
Patrie
Depuis le 1er de ce mois, l'administration
de la police, par suite d'une décision mi-
nistérielle, ne délivre plus d'autorisation
pour établir des cafés- concerts dans le dé-
partement de la Seine.
reptile; mon sang bouillonne, l'horreur
me saisit, la colère me monte à la gor-
ge. Allez-vous-en, allez-vous-en!
En disant ces mots, Marianne s'était
levée et ses yeux lançaient des éclairs.
C'est la voix du sang, Marianne,
cria Juliette avec fureur. C'est la voix du
sang, vous dis-je! C'est bien ainsi le
cœur débordant de fiel, la rage aux lè-
vres, que devaient se rencontrer les deux;
filles du marquis d'Avranches
L'emportement de Marianne n'avait
duré que quelques secondes aux paro-
les violentes qu'elle venait de prononcer,
succéda le même calme qui avait précède
ce court orage, et ce fut sans dire un
mot, sans faire un geste, mais avec une
tranquillité parfaite, qu'elle se dirigea
de l'autre côté de la cheminée vers un
cordon de sonnette, auquel elle n'avait
pas songé jusque-là, et qui pendait sur
un petit bureau.
Elle le prit dans sa main et sonna com-
me.elle l'aurait fait dans les circonstan-
ces les plus ordinaires.
Jean parut aussitôt.
En voyant Juliette debout au milieu-
de l'appartement, il se jeta entr'elle et
la marquise, et dardant un regard chargé
d'indignation sur la fille de la Mérillac :>
-Que faites-vous ici? lùi'démanda-t-'
il d'une voix stridente.
Puis, subitement ramené par l'habi-
tude au sentiment des formes respec-
tueuses qu'il devait à sa maîtresse, il se
tourna vers la marquise, s'inclina devant
elle et attendit ses ordres.
Mais Juliette releva bien vite la. con-
versation.
-–Ah! vous voilà, Jean, fit-elle ? J'en
suis bien aise. Veuillez donc dire, ja
vous prie, à cette marquise qui je suis; 5
apprenez-lui que je la vaux, parce que
je suis comme elle la fille du marquis
d'AYraacUes.Gela calmera sa fantaisie et-,
t ,.j
Cette décision a été prise à la suite d'un
rapport très remarquable de M. le préfet de
police sur le nombre de ces établissements,
la nature du spectacle que l'on y donne,
et l'influence que doit exercer sur le pu-
blic ^ce genre de distraction, pu l'élément
grivois est invariablement la,.ûote domi-
nante.
Il résulte également de ce rapport, véri-
table traité sur la matière, quel ces établis-
sements sauf deux ou trois situés dans le
centre de Paris, sont exclusivement fré-
quentés par le petit commerce et la classe
ouvrière.
Leur nombre est en ce moment de cent
dix-sept pour tout le département de la
Seine.
v*» Le ton de la presse parisienne sei»;
ble fort -radouci depuis la circulaire
mais YEspérance du Peuple, le journal lé-
gitimiste de Nantes, lance feuetflamme.
Le fond de la polémique est ceci le
Septennat ne doit pas survivre a# maré-
chal si, par malheur, celui-ci succom-
bait avant les sept ans écoulés..
Il faut avoir l'esprit mal fait pour cher-
cher à se quereller là-dessus. Si un acci-
dent naturel limitait la vie du maréchal,
il est évident que ses pouvoirs seraient
limités du même coup. C'est une vérité
que M. de la Palisse seul pourrait con-
tester. Le plus singulier d'ailleurs,. c'est
qu'on ignore absolument ce que veulent
1: 'Espérance' 'et les journaux du même
ordre, puisqu'ils ne demandent pas le
rétablissement immédiat de la monar-
chie. Tout cela est vraiment 'bien fasti-
dieux. Pour juger du ton du journal nan-
tais, écoutez un peu ce petit morceau.
M. le duc de Broglie, M. Dopeyre, sur-
tout, que nous sommes vraiment'fâche de
trouver sur notre chemin, verront-, à la ren-
trée de l'Assemblée nationale, quels seront
les fruits de leur politique que nous appel-
lerions insensée si nous ne voulions pas
garder pour eux tout le respect que mérite
leur haute position.
Que ces Excellences de fraîche date lisent
donc l'histoire de Louis-Philippe'et de Na-
poléon III, et ils verront si nous nous lais-
sions intimider par les ministres d'alors et
leurs procureurs généraux.
Que M. le duc de Broglie et M. Depeyre
le sachent bien, la droite tout entière est
d'accord avec les journaux légitimistes,
pour voir dans l'organisation du septennat
la violation de la loi du 19 novembre.
Et tout entière elle votera contre cotte or-
ganisation, telle que la rêvent MJe duc de
Broglie et le centre droit. ̃̃• •
¥*+ La Petite Presse raconte l'histoire
vraiment fantastique d'un américain que
la petite. vérole a non pas défiguré mais
transfiguré et qu'elle a même grandi de
huit pouces.
Ce brave homme nommé Williis
Peyton, a lui-môme raconté, son. cas au
juge.il ne sait pas comment il est' tombé
malade, majs un beau jour il s'est trouvé
en convalescence, s'est regardé dans une
glace, ne s'est pas reconnu et s'est
aperçu qu'il avait huit pouces de plus.
Willis Peyton sort de l'hôpital et court
aussitôt chez son ami David Weavei1; celui-
ci se refuse à le reconnaître et le chasse
comme un imposteur. ̃
L'étrangeté de son état et le dénuement
dans lequel il se trouvait lui donnent un
instant la pensée du suicide, mais l'amour
de sa femme et de ses enfants et le désir de
les revoir sont plus forts que son désespoir
il se décidé à retourner chez lui, on route,
il tombe encore malade et perd de nouveau
le sentiment de ce qui se passe.
Enfin; il arrive à la porte dé sa demeure
après deux années d'absence sa famille,
sans nouvelles, le croyait mort. Le Willis
Peyton qui était parti deux ans auparavant,
avait des cheveux blonds, presque rouges,
peu de barbe, et un aspect chétif; tandis
que le Willis Peyton qui arrive devant sa
maison est beaucoup plus grand et plus
fort, avec des cheveux bruns bouclés et une
barbe épaisse. Il frappe, on ouvre et on
l'invite à entrer; il s'asseoit devant Mme
Peyton, la regarde longuement et lui dit:
« Je suppose que vous ne me reconnaissez
pas, Adttie? N,on, répond la femme. Qui
etes-vous? »
A ces mots, le pauvre Willis se met à
fondre on larmes et s'écrie Vous ne me
croirez pas, je le sais, si je vous raconte
mon histoire; mais pourquoi ne pas vous
dire, tout de suite que je suis Willis Pey-
ton votre mari?
Mme Peyton, effrayée, croyant avoir af-
faire à un fou, se recule avec terreur en
appelant au secours doux de ses fils accou-
rent et, avec l'aide d'un voisin, on l'emmène
au poste,de police, où on l'enferme. Cepen-
dant, après examen, on est obligé de re-
connaître qu'il jouit de tout son bon sens;
mais alors .on le défère à la justice pour
usurpation de droits et qualités.
Malgré toutes les révélations intimes
que Peyton a faites sur des secrets que
lui seul pouvait posséder, sa femme a
persisté à ne pas le reconnaître. L'affaire
en est là. –F. m.
Nous rappelons à nos lecteurs que le prix
d'abonnement au Figaro est, powr les dé-
partements de 16 fr. 50 pour trois mois
33 fr. poupsix mois, et 66 fr. pour un an.
ramènera son esprit à une plus juste
appréciation des choses. t
Jean eut l'air de ne rien avoir com-
pris et de demander à Mme de Villehaut-
d'Avron ce que cela pouvait bien vouloir
dire.
Juliette reprit
Parlez donc, fidèle serviteur de
cette noble famille! Vous étiez moins
muet lorsque vous veniez me voir à la
pension par les ordres du marquis, mon
père!
Je demande bien pardon à madame,
fit Jean en s'adressant à la marquise,
mais je la prie de vouloir bien croire
que je. ne connais pas du tout cette fem-
me. C'est sans doute quelque folle, quel-
que malheureuse aliénée, qui se sera
echappée de la Salpétrière. A moins
que ce ne soit une voleuse qui, s'étant
introduite ici, je ne sais comment, et ne
trouvant aucun autre moyen d'excuser
sa présence, aura imagine l'étrange et
monstrueuse fable qu'elle débite, dans
l'espoir de donner le change.
Ah! misérable valet! s'écria Ju-
liette, ton âme est bien digne,.de la li-
vrée qui couvre tes épaules ramper et
mentir, voilà ton lot! Créature fausse
et vénale, être perfide et bas, je m'atten-
dais à ta lâcheté et à ta félonie Ah tu
ne mè connais pas! Ah! tu ne m'as ja-
mais vue!'Eh! bien, je t'attends devant
la justice. Là, en présence de ce christ
que tu fais semblant d'adorer, tu lèveras
ta main de Judas et tu te parjureras à
l'aise! Je suis curieuse de savoir quelles
sensations le Dieu -martyr éprouvera
dans ses plaies quand tu le prendras à
témoin que tu ignores absolument qui je
suis, que tu ne m'as jamais tenue pour
la fille du marquis d'Avranches, que tu
ne m'as jamais traitée comme telle, et
que ce n est pas toi qui, tant qu'a vécu
la Mérillac, ma mère, lui as fait, tou«
>. ,C" m '<
^ps^set Abus
SINGULIERS ERREMENTS DU MONT-DE-PIÉTÉ
J'arrive d'une ville quelconque de pro-
vince à Paris; je me trouve à court d'ar-
gent, je vais au Mont-de-Piété porter ma
montre.
Le Moiit-de-Piété commence par prendre
nia montre, puis me demande si j'ai 'les
papiers nécessaires pour l'engagement,
une quittance de loyer, un passeport, un
permis de chasse, une carte d'électeur.
Gomme je loge â l'hôtel, que je ne prends
pas de passeport pour venir de ma ville à
•«Paris, que je ne suis pas chasseur, que je
ne suis pas électeur à Paris et que je n'y
suis pas venu pour montrer nia carte,
il m'est impossible de fournir ce qu'on me
demande.
Tout ce que je puis montrer,; ce* sont de
nombreuses lettres d'affaires qui m'ont été
Adressées à mon hôtel.
Mais cela ne suffit pas.
Il ne me reste plus, me dit l'employé,
qu a aller chercher deux témoins patentés.
Bien 1 lui dis-je, je vais aller les
.chercher: rendez-moi ma montre.
L'employé veut bien me permettre d'aller
chercher les deux patentés, mais il se re-
fuse obstinément à me rendre ma montre.
Et, si je ne trouve pas les deux patentés
ou si je ne veux pas mettre de tiers dans
le secret de ma gêne, ma montre reste au
clou, et je n'ai pour tout bénéfice que le dé-
sagrément de m'en trouver privé, au prix
d'une démarche pénible..
Le fait s'est produit tout récemment, pour
un voyageur de Bordeaux et pour une dame
de Paris. V
Le voyageur à dû laisser sa montre,, et. la
,dame, qui, elle, avait porté une chaîne en
or, n'a pu la ravoir qu'en faisant interve-
nir un .ami de M. Cochut, directeur du
TVTont-de-Piëté.
Nous trouvons qu'il y a là un gros abus.
Ne me prêtez rien, si vous voulez, mais
ne vous emparez pas d'un objet qui ne vous
appartient pas et qui'm'appartient, à moi.
Vous me prenez pour un voleur, a priori,
et je lie vous reconnais pas ce droit.
Notez qu'ayant besoin d'argent, j'aurais
pu vendre mar montre sans inconvénient
et qûeîvôus :iii!eîi|empêehcii#iit^ f toute'
espèce de justice.
Quant aux papiers que vous exigez,iuni
voleur en sera toujours nanti,
C'est l'histoire du passeport: le plus sou-
vent, ce sont les honnêtes gens qui en man-
quent; s '•:
INFORMATIONS
Jj a Journée
.Nous apprenons la mort de, M. le comte
Charles Louis do Vogué, décédé hier, 37,
rue do Bougogne, d'une tumeur à l'esto-
mac.
̃ M. de Vogué avait soixante-cinq ans.
4J?S .lùes du général de Leiretz, dé-
cédé 130 boulevard Haussmann, ont ou
lieu hier à l'église Saint- Augustin.
Un bataillon du 82° de ligne accompa-
gnait le convoi.
M. le général de Ladmirault. gouverneur
de Paris un grand nombre de généraux
d officiers de tous grades et de soldats ont
assisté a la cérémonie.
Après l'absoute, le corps a été déposé
dans un des, caveaux de l'église.
L'inauguration du monument élevé sur
la tombe de M. Dorian, au Père-Lachaise,
a eu lieu hier vers quatre heures et demie
L.e &J? 4U défunt,T\I. Léon Dupré, archi-
tecte, M. Millet, statuaire, et six ou sept au-
tres personnes ont seuls assisté à cette cé-
rémonie..
M. le_ contre-amiral Ribourt, chargé
d une_mission du gouvernement à la Nou-
yelfp-v^ledonie, a quitté hier matin Paris
pour aller s'embarquer à Marseille.
Nous avons indiqué à tort Mgr Perraud-
commp le prédicateur du carême à Saint-
Philippe-du-Roule. Il n'y a prêché que la
retraite dite Pascale et un sermon de cha-
rité.
Le stationnaire de cette année, dans cette
importante paroisse, a été un vicaire do la
Madeleine, M. l'abbe Hurèl; sa parole a at-
tiré tous los dimanches uiie- foule consi-
dérable.
Les débuts oratoires -de M. l'abbé Hurel;
remontent aux plus beaux jours do l'insti-
tution de Sainte-Geneviève où le concours
1 avait porté, et le premier parmi de nom-
breux rivaux, dès sa sortie de Saint-Sul-
pice^
• ;M."l'abbé Hure] est en outre un écrivain
distingue on lui doit plusieurs volumes >
̃entre autres, une étude remarquable sur lés
moteurs sacrés à la cour de Louis XIV
iDécidément les ministères n'ont pas do
chance., s
jours au nom du marquis d'Avranches,
l'aumône. de quelques ecus!
̃ Jean, accompagnez donc cette
femme, dit la marquise toujours calme
en apparence.
Jean ouvrit alors la porte qui donnait
du côté des antichambres et s'effaça pour
laisser passer Juliette en l'invitant à se
retirer.
Mais Juliette n'était pas femme à lâ-
cher ainsi la partie; sans faire attention
à l'invitation du valet de chambre, et se
retournant vers Marianne, elle lui dit
Marianne d'Avranehes, duchesse de
Montravert, marquise de Villehaut-d'A-
vron, tu n'es pas au bout de tes peines.
C'est Dieu qui te frappe, comme il a
frappé toute ta famille, et cela, juste-
ment, parce que votre maison n'est qu'un
foyer d'iniquités. Souviens-toi tu as été
maudite dès le ventre de ta mère, à qui
tu as coûté la vie en venant au monde.
Ton père n'a pu jouir de la paternité lé-
gitime qu'il avait si longtemps ambi-
tionnée il lui a été refusé de te voir
grande et belle, et c'est à des mains pres-
que étrangères qu'il a dû confier, en
mourant, le soin de veiller sur toi. Tu
n'as jamais connu ceux à qui tu dois le
jour, et ta jeunesse, privée des meilleu-
res joies des plus douces tendresses,
s'est passée dans l'austérité d'un cou-
vent. Deux deuils,horribles se sont don-
né rendez-vous dans ton existence de
femme et l'ont marquée comme d'un
sceau de réprobation. Essaye de repren-
dre encore un autre époux, et tu verras
si un nouveau cadavre ne vient pas
égayer la-nuit de tes troisièmes noces!
Jean, faites sortir madame, répon-
dit tout simplement Marianne.
Cette fois-ci, Jean, dont la patience
était à bout, s'approcha de Juliette, la
prit dans ses deux bras nerveux, Ja ser-
Hier nous racontions l'incendie qui, sans
-de prompts secours; aurait ^dévoré le mi-
nistère dès finances. Aujourd'hui nous
avons pareil récit à faire au sujet du minis-
tère du commerce èt des travaux publics,
au une plaque de tôle servant de foyer a
mis le feu au parquet.
Heureusement quo les pompiers veil-
laient.
C'est égal, il est temps que l'été arrive
Emile raure.
L'AFFAIRE DE LA BANQUE TERRITORIALE
D'ESPAGNE
C'est la bouteille à l'encre, cette affaire-là!
Je vous jure que j'ai passé hier quatre
•heures à la débrouiller, et je ne suis,
comme vous allez voir, arrivé qu'à de mé-
"diocros résultats.
Vers quatre heures, le bruit s'est tout-à-
coup répandu sur le boulevard qu'on ve-
nait d'arrêter M. Clément Duvernois, dans
les bureaux.de la Banque territoriale d'Es-
pagne, ,53, rue do la Chaussée-d'Ântin. Dix
minutes après que cette nouvelle était arri-
vée au Figaro, j'étais 53, Ghaussôe-d'Antin,
mais je trouvais portes closes. Devant la
maison se promenaient, d'un air rébarbatif,
trois agents de la sûreté, qui avaient mis-
sion de ne laisser .entrer absolument per-
sonne et qui répondaient à toutes les ques-
tions par un siicnce.de. brochet.
On voit combien, dans de pareilles cir-
constances, il, était difficile de se procurer'
des renseignements. J'en ai eu cependant,
et voici ce que j'ai su
Vers onze heures, et demie du. matin,
M. Clément Duvernois, directeur de la
Banque territoriale d'Espagne, sortait de
ses bureaux et s'en allait déjeuner avec
son frère, lorsqu'un commissaire de police
aux délégations judiciaires lui frappa sur
l'épaule, et lui enjoignit de révenir sur ses
pas et de rentrer dans son cabinet ce
qu'il fit, .aon sans -protester. Un quart
d'heure plus tard, le magistrat envoyait au
Grand-Hôtel chercher J'un des administra-
teurs dé la Banque territoriale d'Espagne,
M. Wolff,et lui faisait dire que: M: Clé-
ment Duvernois le demandait immédiate-
ment. M. Wolff, à peine arrivé, était éga-
lement averti qu'il-ne pouvait plus sortir.
Une souricière fut organisée alors dans
la maison trois administrateurs ou em-
ployés vinrent successivement s'y faire
prendre: co seraient MM. Franckel/Rasetti
et Vachon. > .-•'•̃
MM. Clément Duvernols, et deux au*
tres sont transférés aii dépôt à l'heure où
nous écrivons. Nous ignorons s'il en est
de même des autres
Inutile de dire que perquisition a été
faite dans les bureaux, et que tous les li-
vres et papiers ont été mis sous scellés.. •=
Qu'est-ce qui a motivé cette descente de po-
lice?. C'est là que nous sommes en plein
dans la bouteille à l'encre nous n'en sa-
vons absolument rien. Voici ce qui se dit
II y a quelques jours, M. Illan, délégué
de l'administration de Madrid, avait déposé
une plainte au parquet, contre M. Clément
Duvernois, plainte dont il est difficile de
.savoir les motifs. Le juge d'instruction
manda M. Duvernois son cabinet, mais
celui-ci, qui était à Florence, d'où il n'est
revenu qu'il y a deux jours, ne répondit
pas, naturellement, à la citation.
Est-ce ce qui a motivé les poursuites? Ce
qui semblerait indiquer le contraire, c'est-
que M. Illan a, depuis, retiré sa plainte.
D'autre côté, on dit que le sieur Hugel*
mann serait encore mêle à cette affaire -là,
et aurait, du fond-do sa prison," fait des
révélations compromettantes. 11 est encore
impossible de savoir ce qu'il peut y avoir
de sérieux dans tout cela. Nous préférons
renvoyer nos lecteurs à demainpour les dé-
tails, que nous ferons en sorte d'avoir très
complets. .4. ̃-̃
On se souvient qu'il y a cinq jours, j'ai
raconté la disparition mystérieuse d'un M.
Pôan, lequel était clerc de notaire à Briis.
Or, hier matin, on a retrouvé son cadavre
dans un petit bois M. Péan s'était brûlé
la cervelle d'un coup de revolver.
Dans le pays, on dit que la joie de son
prochain mariage l'a rendu fou, et que
c'est dans un accès d'aliénation* mentale
qu'il s'est tué. C'est possible, mais, tout
bien réfléchi, ce n'est pas vraisemblable;
quand on a supporté tranquillement la
nouvelle d'un grand bonheur qui vous ar-
rive, comment admettre que ce bonheur
vous rende subiteriient fou quinze Mters
après?
Quelle peut donc être la caùso du sui-
cide de M. Péan? ,•
TENTATIVE D'ASSASSINAT v"; r
Tout le quartier de Belleville était en
émoi hier matin. Une jeune fille de dix-
huit ans, Mlle Clara Logay, couturière, Ve-
nait d'être la victime d'une tentative d'as-
sassinat, de la part de son amant, le sieur
Auguste Colardel.
Au moment où elle rentrait chez lui 21
rue Vincent, àfielleville, Mlle Legay avait
été frappée d'un coup de ciseaux de tailleur
qui lui avait fait au coté droit une profon-
de blessure..
Après un premier pansement, la blessée
a éte reconduite à son domicile, 10, rue du
Buisson-Saint-Louis. Colardel a été arrêté.
Encore un suicide en voiture. Cela de-
vient une véritable épidémie.
La nuit dernière, à une heure du: matin,
le cocher Minguet a conduit au poste de
police de la Bibliothèque nationale, rue de
Richelieu, un individu qui avait tenté, de
se suicider dans son fiacre, en se portant
des coups de couteau dans lapoïtrine.
Retire évanoui de la voiture, le blessé à
rant presque jusqu'à l'étouffer, et l'em-
porta dehors.
Il la descendit ainsi par l'escalier de
dégagement et les corridors de service
jusqirà la petite porte du jardin par où
elle était entrée.
Au momentoùJean l'avait ainsisaisie,
Juliette avait poussé quelques cris. mais
le valet de chambre s'était arrange pour
la maintenir et la porter d'un seul bras,
tandis qu'il lui appliquait une main sur
la bouche et étouffait sa voix.
Arrivé à -la porte du jardin, il l'appuya
par les épaules contre le ïnùr, lry main-
tenant d'une" main vigoureuse pressant
sur le devant du cou, puis, d'une voix
basse et brève
Si vous poussez le moindre cri, je
vous étrangle. Ecoutez!
Juliette sentait que Jean était hors de
lui et que ce qu'il disait il le ferait elle
eut peur et se tut.
-Juliette, reprit le valet de chambre,
je ne vous avais pas oubliée, mais seule-
ment perdue de vue. Je songeais à vous,
et je me disais qu'étant vieux sans en-
fants, je ferais un acte agréable à l'âme
de M. le marquis d'Avranches, mon
vénéré maître défunt, si je consacrais
mes économies à vous rendre la vie plus
douce. Telles étaient mes intentions, et
je les aurais réalisées, je vous le jure, si
je vous avais rencontrée dans d'autres
circonstances. Aujourd'hui tout est
changé. Vous avez attenté à ce que j'ai
de plus cher. Vous avez voulu souiller la
mémoire de mon maître et vous vous
êtes efforcée d'ajouter encore à la dou-
leur dont sa fille, sa seule fille, enten-
dez-vous ? est accablée! De ce moment,
je ne vous connais réellement plus
vous n'êtes plus.la fille d'un homme dont
je respecte même les égarements; vous
êtes un être malfaisant que j'écraserai
sans aucune pitié le jour ou je le rencon*
!.t'. n,
été porté à l'Jtiopital de la Charité. Là, on a
constaté qu'il avait six blessures, toutes
dans la région du cœur.
On ignore le nom de ce malheureux. On
n'a trouvé sur lui qu'une lettre signée Ca-
comenopoulos, 28, rue d'Enghien..
C'est un vieux cliché que" celui qui parle
du danger de manier avec imprudence-dés
armes à feu. Il est malheureusement trop
souvent en situation.
Hier, à neuf heures du matin, M. Dubut
père, rentier, demeurant rue Saint- Vinceiat-
de-Paul à Clichy, était venu voir un de ses
amis, M. Dégremont, marchand de vins,
29, rue Lagille. Tout en causant, M. Dubut
examinait un revolver chargé à balle, ap-
partènantà son ami;- dont il faisait 'jouer5»
batterie.
Tout à coup, le chien frappa l'une des
cartouches, une détonation retentit et une
balle vint frapper M. Diibùt à l'œil gauche.
On se figure l'émoi que cet accident causa,
chez M. pégremont. On s'empressa autour
du blessé. On courut chercher un médecin.
Malheureusement, ce dernier, le docteur
Remondy, a déclaré la blessure mortelle;
M. Dubut a été transporté à son domicile
par les-soins de son fils. Son état est désesè
péré.
Ï' rit~.ÿ^,k.
Je viens d'avoir une idée. U-
Ne criez pas que cela vous étonne cota"
me désobligerait! ™'
Donc j'ai une idée que je crois bonne, et2
que je soumets à M. le gouverneur de pà^
ris. •̃̃ •̃̃
Les enlr' actes sont bien longs entre lès
courses à Longchamps et à Auteuil, et la
promenade sur la pelouse n'est pas toujours'
une distraction suffisante pour ceux qui ne
parient pas'. Pourquoi ne pas installer au
centre de l'hippodrome une musique mili^
taire, qui jouerait dans les intervalles desa
courses? '•
Qu'en dit.ïlei§èji|.ralLadmiraùlt?r "l3
-v'i -ai •a/ïiHvoV. ;,À .i, ^asto» Vaasy.; .t(.,i
Un de nos confrères, M. P. Raymond-
;Signouret, vient d'inventer un nouveau
système fort ingénieux; grâce auquel" on:
trouve immédiatement sur les cartes et
plans .auquel il est. adapté, la localité, ,1e,
cheniin, la rivière, le point en un moMopii
on a besoin. Il appelle cela les cartes" ins*
tantanées.
La carte instantanée des provinces bas-
ques et de la. Navarre espagnole, jpoùr sui-
vre les, opérations des. armées carlistes, est:
en vente-chez Ghio* quaV:dïs: Grands-Au«l
gustins. ̃••̃ -(j v '̃̃
| _»<( r s– "♦ -r.r .•
JARDIN D'aCOLIMATATION. "f
(~, '¿
Les concerts ont lieu les jeudis et diioanch83»T
à 3 heures, depuis le jpur de Pâques, 5 avril, 1,
̃ .̃̃̃̃̃•̃ jjt>
GAZETTE Jim TRIBUNilDX
~l, r i
Procès en diitamatiôn contre le" Gâtiïàis. :i- Uff'
économiste diffamé sans le savoir, et un journal1
.diffamateur «ans Je vouloir. ̃ :f
Les procès en diffamation intentés à là'
presse se .suivent; mais ne se ressemblent
pas. Celui que la 10e chambre a jugé hier,
et dans lequel notre confrère du Gauloisi
était inculpé, est a coup sur d'une espèce
toute nouvelle.' Le Gaulois a diffamé
M- Renaud sans le vouloir, et M. Renaud,
a, été diffamé sans le savoir. En un mot,
le Gaulois a été, diffamateur malgré lui.
On voit qu'il y a là une situation foute
neuve et assez comique.
Le 6 mars dernier, le Gaulois publiait
un article intitulé A la hotte! dans lequel
il signalait à l'attention du service du
colportage, une brochure, où le parti bo-
napartiste est injurié avec une violence
peu commune. Notre confrère reproduis
sait le passage1 -suivant dont la lecture ai
fait sourire les juges de \w 10?' chambre
Dissertant avec un BONAPARTISTE, je lui
posais cette question '̃"<̃:
-Que pensez-vous d'un parti qui voudrait i
,donner pour souverain à la France le fils
;dlun Troppmann, d'un Laconaire, d'un Car
touche, d'un Mandrin etc., etc.?
« Je pense, me dit-il, qu'un pareil parti
» ne peut pas exister ce-serait-une mons-
;» truosité inouïe. Si la France avait la honte-
̃»' do descendre-si bas, j'irais me "cacher à
» l'autre bout du monde.
» Ce parti ne pourrait être composé que'
» d'êtres avides,corrempus,pervers, abjects ••
» de voleurs, d'assassins, de bandits, de van-
,t> dales, de- crétins, d'idiots, chez lesquels le'.
.» discernement, le sens moral seraient ab«'
•̃» sents; »"
Eh bien, répliquai-je, vous êtes dans'*
l'erreur ce parti existe, il a été tout-puis.
sant vous venez d'en esquisser le portrait' +
jet vous-même, sans vous en douter en
faites partie. ¡
Le premier Bonaparte et son neveu, de
triste et iionteuse mémoire, ont été en-
grand ce que Troppmann, Lacenàire, etc.,
ont été en très petit: ces derniers sonv*
d'imperceptibles scélérats, comparés aux
Bonaparte cupides égoïstes, sans entrai!,
les, sans cœur, sans honneur, voleurs
faussaires, faux-monnayeurs, incondiaiBes*
assassins, félons, parjures, renégats, tv-!
rang, terroristes, traîtres à la France- fou*
lant aux pieds ses libertés, ses gloires, etc
En un mot, les Bonaparte sont le résumé
de tous les crimes, et, chose extraordinaire
trerai encore une fois sur ma route.
Tenez-vous-le pour dit.
Et, après avoir tiré le guichet qui fer-
màit la petite porte, il 1 ouvrit, prit de
nouveau Juliette à bras le corps, la re«
poussa dans là rue", rentra et referma.
Mais comment Juliette avalf-elle ainsi
pu pénétrer jusque dans la chambre de
M^de Villehaut-d'Avron? Voilà ce que
se demandait maintenant Jean et à quoi
il ne trouvait pas de réponse.
Marianne, elle-même, voulait le sa-
voir. Il fut convenu que le valet de cham-
bre ferait une enquête et tenterait da
percer ce, mystère, mais sans mettre Mme
de Charvallon ni personne autre de la
maison au courant de ce qui venait de se
passer.
Ce fut surtout du côté de Mlle José-
phine et de ses aides que se portèrent les
soupçons du vieux serviteur; il lui pa-
raissait impossible que Juliette n'eût pas
été aperçue par quelqu'une d'elles, leur
service-les appelant constamment les
unes ou les autres dans cette partie des
appartements. Les renseignements qu'il
obtint lui firent remarquer une chose à
laquelle oh n'avait jamais fait attention
c'est que l'heure à laquelle Juliette avait
dû s'introduire dans les appartements de
la marquise, était celle ou précisément
toutes les femmes de son service se trou-
vaient régulièrement, chaque jour, ap-
pelées ailleurs, les unes pour recevoir
les instructions de sœur Momique,> >£s
autres pour le repas à l'office.
Mais qui est-ce qui avait avait pu indi.
quer à Juliette cette heure exceptionnel.
lement propice?
MIE D'AGHONNB^
(La suite à dmain.}
mode à la rigueur d'une visite faculta-
tive du navire à son arrivée devant un
établissement pénitentiaire mais le bon
sens voudrait surtout que la visite des
navires, à leur sortie de ces établisse-
ments, fût de règle absolue.
Le capitaine ou le patron, dit l'arti-
cle 7, ne doit déposer ou prendre aucun
passager sans 1 assentiment du com-
mandant territorial; mais si; poussé par
un intérêt évident,, il transgresse :cette
défense, sait-on la pénalité qu'il encourt:
son expulsion immédiate, le départ im-
médiat de son nayire.
Il est défendu à tout navire de mo.uil-
ler ou de" passer en dehors des nécessités
de la navigation, à moins de mille mètres
du rivage de la presqu'île Ducos; de sta-
tionner en dedans de deux cents mètres
de la ligne de poteaux établie sur l'isthme
.séparatifde la presqu'île Ducos et de la
.grande terre. Est également interdite
l'entrée par terre dans l'enceinte forti-
fiée.
,Ces interdictions sont illusoires, si l'on
se rappelle que les déportés ont commu-
nique avec l'extérieur.
Ne poursuivons pas plus avant l'exa-
men de ces documents administratifs. Ne
«dirait-on pas qu'ils ont été faits plutôt en
-vue de favoriser l'évasion des déportés
que d'y mettre des obstacles infranchis-
sables.' ̃ •̃; :̃ ̃ ̃ ̃;̃:̃ ̃̃ !•
La conclusion à tirer de tout ceci, c'est
que les déportés peuvent s'évader sans
courir de gros risques, et qu'ils en use-
ront tant qu'ils ne seront pas tenus abso-
lument isolés dé tout contact avec l'ex-
térieur.
Les condamnations dont ils ont été
justement frappés, seront dérisoires, s'ils
ne sont pas 1 objet d'une surveillance
efficace, rigoureuse, égale aussi bien
pour 'les déportés simples que pour les
déportés à l'enceinte fortifiée. Il faut que-
la détention des uns et des autres soit
^effective. Surtout, il ne faut plus, au mé-
"pris de la loi et de la justice, que cesj
grands criminels, au lendemain même
e leur arrivée aux lieux où ils doivent
subir leur peine, soient autorisés, comme*
,cela se fait en ce moment avec l'assen-
timent du gouvernement, à transporter
.librement leurs, domiciles au chef-lieu
même de la colonie, où ils font fortune,
en attendant l'occasion propice de s'éva-
,der pour aller en jouir où bon; leur:
semble.. j
semble. Paul Bernier. 'l'
TÉLÉGRAMMES & CORRESPONDANCES
v;i .SESSION. DES CONSEILS GÉNÉRAUX
Beauvais, 13 avril soir. Le duc
d'Aumale est arrivé ce matin pour présider
le Gonseirgénéral.
Dans la séance de ce jour, le Conseil a
invalidé .pour la seconde fois l'élection de
M. André Rousselle dans le canton sud-
ouest de Beauvais, comme ne remplissant
.pas les conditions do l'éligibilité.
Lille, 14 avril. M. Plichon a été
élu président du Conseil général du Nord,
en remplacement de M. Danel décédé.
Nantes, 14-avril. Dans sa pre-
mière séance, assez orageuse du reste, le
Conseil général de la Loire-Inférieure a
très vivement discuté la question de savoir
s'il devait procéder à l'élection de son pré-
sident, le dernier titulaire, M. de Sesmai-
sons, étant décédé. M. Léon Lavedan s'y
est opposé, et le bureau actuel a été main-
tenu par 20 voix contre 19.
M. le baron de Lareinty préside cette
session.
Marseille, 14 avril, 6 h. 40 soir.-
Aujourd'hui, à l'ouverture de la session,
M. Labadié, président du conseil, ayant
exprimé ses regrets au sujet de la" dissolu-
tion de~ la municipalité marseillaise, des
cris do' vive la République! se sont fait
entendre. D'un autre côté on a crié vive
le Roi! M. Labadié, d'accord avec M. de
Tracy, préfet, a fait evacuorla salle.
AJACCIO, 14 avril, 4 h. 55 soir.
Aujourd'hui, 21 conseillers sur 62 sont pré-
sents. Le prince Napoléon propose d en-
voyer une nouvelle circulaire aux absents
quW attendra jusqu'à jeudi, délai extrême.
Il propose aussi, de publier un rapport sur
les motifs qui empêchent le Conseil de dé-
libérer sur les intérêts départementaux
urgents, pour sauvegarder la responsabilité
des membres présents.
Les bonapartistes protestent contre atti-
tude du prince.
Il est probable que la session ne pourra
pas avoir lieu, faute de conseillers.
Les journaux anglais publient les dépê-
ches suivantes
Melbourne, 10 avril.
M. Rochefort et ses compagnons partent demain
pour l'Angleterre par la malle de Californie.
New-York, 10 avril.
̃ Une explosion a eu lieu à bord du steamer Ti-
gress, à Saint-Jean de Terre-Neuve. 21 personnes
ont été tuées. La Tigress fait une expédition au
pôle nord.
Feuilleton du FIGARO du 16 Avril
64
LIS MITS SANGLANTES ~S,
Je dispose, à mon gré, dé ma for-
̃ tune,- et, pour obtenir quoi que ce soit de
moi, vous avez pris, madame, je vous
l'assure, un ̃ bien mauvais chemin, ré-
pondit Mme de Villehaut-d'Avron. Je
suis peu accessible à l'intimidation et les
menaces me laissent Indifférente. Je ne
vous connais pas, je ne vous dois rien.
Je dirai plus, continua Marianne, en
s'animant, moi, dont le cœur n'a jamais
nourri vis-à-vis de personne un mauvais
sentiment, je me sens prise à votre égard
de quelque chose qui ressemble à de la
haine. C'est une antipathie violente,
profonde il me semble qu'il y a chez
'tous un élément impur et que votre
contact me salit. A coup sûr, si je vous
voyais plus longtemps, j'arriverais à
vous détester. Pourquoi? je l'ignore.
Mais la répulsion que vous m'inspirez
-doit reposer sur quelque chose, parce
'que personne ne m'a jamais produit un
pareil effet. Sans le savoir, sans le vou-
loir, ou bien sciemment et volontai-
rement, vous avez dû me faire du mal,
beaucoup de mal. En quoi, et comment?
je ne saurais encore le dire mais cela
est certainement. Tenez, ajouta la
marquise avec une animation croissante,
plus.je vous regarde, plus je sens que ce
que je dis est vrai votre présence m'ir-
rite d'une façon excessive, tout mon être
se révolte à votre vue, comme si je venais,
d'apercevoir à mes pieds un venimeux,
>> Saint-Jean-de-Luz, 14 avril, 2 h. 25
soir. Tempête épouvantable. Naufrage
de Y Aigle sur les rochers de Saint- Jean-de-
Luz. Capitaine et second, sauvés. Quatre
morts.
ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS EN OCÉANIE
PAPEETE, 6 février.– Le Calvados a déposé
ici deux individus qui. étant venus à ferré
avec les matelots de l'équipage de ce bâti-
ment, ont été traduits devant les tribunaux
pour tentative de vol chez un habitant. Ces
individus sont des déportés politiques à la
Nouvelle-Calédonie qui s'étaient glissés, on
ne sait comment, à bord du Calvados.
Berlin, 13 avril. Le Parlement
allemand a repris aujourd'hui ses séances
interrompues par les vacances de Pâques,
et a ouvert la discussion sur la loi mili-
taire.
Vous savez que le gouvernement récla-
mait, dans son projet dé loi, un effectif de
401,000 hommes. Il demandait en outré que
cette loi eût un effet permanent, et que le
parlement votât les allocations nécessaires
à l'entretien de cette armée pour un temps
indéfini.-
Le parlement rejeta l'article ler de la loi,
à la première lecture.
Un compromis a été mis en avant. On a
proposé de donner à la loi une durée de
sept ans seulement. M. de Bennigsen, pré-
sident de la diète prussienne, a porté cette
proposition à la tribune, sous la forme de
l'amendement suivant
« L'effectif de paix de l'armée allemande
s'élève, du l" janvier 1875 au 31 décem-
bre 1881, à 401,659 hommes, il' n'est pas
tenu compte dos volontaires d'un an, dans
le chiffre de l'eflectif de paix. » `
Le gouvernement j par l'organe du géné-
ral Kamecko, ministre de la guerre, ne
s'est pas opposé à son adoption.
L'amendement sera vote par les 156 na-
tionaux-libéraux du parlement (les fidèles
de Bismark) et par quelques rares progres-
sistes. -•̃̃
Les progressistes veulent bien accorder
le contingent de 401,000 hommes, mais ils
persistent dans leur résolution de le discu-
ter et de le voter tous les ans.
Tel est l'état de ce grave litige.
•'̃̃̃ ̃. Auguste Marcade.
PARIS AU J011 IE JOÏ»
On sait avec quel ensemble les jour-
naux républicains ont déclamé contre la
mise en état dé siège de la ville d'Alger,
il n'est donc pas inutile de savoir quels
excès de presse visait la décision prise par
le général Chanzy.-Riende plus instructif
que cela..La Solidarité se fait remarquer
au premier rang de ce journalisme au-
près duquel la presse radicale du conti-
nent serait fade et modérée.
Voici, par exemple, ce que disait ce
journal quelques jours avant le vote du
20 novembre
En effet, tandis que le comte de Cham-
bord, qui savait bien avoir rencontré dans
le i loyal » maréchal Mac-Mahon un Saint-
Arnaud tout disposé à prêter son concours
à un guet-apens légitimiste, lui clouait au
dos l'étiquette de « Bayard des temps moder-
nes », les échos deTrianon nous révélaient
la valeur morale de l'homme qui résume
toutes les espérances du gouvernement ré-
publicain.
Et dire que cet étrange amalgame, placé
pour le quart d'heure au faîte de l'Etat, est
le produit le plus présentable des classes
dirigeantes que ce majordome représente
la plus haute intelligence, la plus haute
probité militaire au dire de tous les Man-
gins du gouvernement de combat.
Quand la décomposition, la démoralisa-
tion, la nullité prétentieuse et intéressée,
l'impuissance sont aussi caractérisées au
sommet de l'Etat, il devient réellement pé-
rilleux pour le pays de continuer à restpr
soumisad'aussipernicieusesinfluences.
Après la politique passons à la reli-
gion c'est encore la Solidarité qui va.
parler
Les amateursdel'art plastique pourraient
trouver dans les lieux-saints des nudités
beaucoup plus frappantes que celle de la
Liberté.
Indépendamment des beaux bras dela
Sainte mere Marie, brune ou blonde, sui-
vant les maîtres et de son petit (ici une obs-
cénité que nous n'osons pas reproduire)
outre les impudeurs de nombreux tableaux
où saint Antoine et son camarade repous-
sent les tentations des belles diablesses et
de Satan cornu lui-même, il ne faut.pas ou-
blier que le crucifié, jeune homme de 33
ans, généralement doué par les artistes de
chairs délicates et de formes étudiées, n'a
pas même cette robe de chambre de gen-
darme qu'on nomme vulgairement une che-
mise I
Les auteurs de ces articles et d'autres
analogues, traduits devant le jury,
étaient uniformément acquittés. Il a bien
fallu avoir recours à d'autres moyens
pour réprimer de pareils excès.
,*+ Une curieuse information de la
Patrie
Depuis le 1er de ce mois, l'administration
de la police, par suite d'une décision mi-
nistérielle, ne délivre plus d'autorisation
pour établir des cafés- concerts dans le dé-
partement de la Seine.
reptile; mon sang bouillonne, l'horreur
me saisit, la colère me monte à la gor-
ge. Allez-vous-en, allez-vous-en!
En disant ces mots, Marianne s'était
levée et ses yeux lançaient des éclairs.
C'est la voix du sang, Marianne,
cria Juliette avec fureur. C'est la voix du
sang, vous dis-je! C'est bien ainsi le
cœur débordant de fiel, la rage aux lè-
vres, que devaient se rencontrer les deux;
filles du marquis d'Avranches
L'emportement de Marianne n'avait
duré que quelques secondes aux paro-
les violentes qu'elle venait de prononcer,
succéda le même calme qui avait précède
ce court orage, et ce fut sans dire un
mot, sans faire un geste, mais avec une
tranquillité parfaite, qu'elle se dirigea
de l'autre côté de la cheminée vers un
cordon de sonnette, auquel elle n'avait
pas songé jusque-là, et qui pendait sur
un petit bureau.
Elle le prit dans sa main et sonna com-
me.elle l'aurait fait dans les circonstan-
ces les plus ordinaires.
Jean parut aussitôt.
En voyant Juliette debout au milieu-
de l'appartement, il se jeta entr'elle et
la marquise, et dardant un regard chargé
d'indignation sur la fille de la Mérillac :>
-Que faites-vous ici? lùi'démanda-t-'
il d'une voix stridente.
Puis, subitement ramené par l'habi-
tude au sentiment des formes respec-
tueuses qu'il devait à sa maîtresse, il se
tourna vers la marquise, s'inclina devant
elle et attendit ses ordres.
Mais Juliette releva bien vite la. con-
versation.
-–Ah! vous voilà, Jean, fit-elle ? J'en
suis bien aise. Veuillez donc dire, ja
vous prie, à cette marquise qui je suis; 5
apprenez-lui que je la vaux, parce que
je suis comme elle la fille du marquis
d'AYraacUes.Gela calmera sa fantaisie et-,
t ,.j
Cette décision a été prise à la suite d'un
rapport très remarquable de M. le préfet de
police sur le nombre de ces établissements,
la nature du spectacle que l'on y donne,
et l'influence que doit exercer sur le pu-
blic ^ce genre de distraction, pu l'élément
grivois est invariablement la,.ûote domi-
nante.
Il résulte également de ce rapport, véri-
table traité sur la matière, quel ces établis-
sements sauf deux ou trois situés dans le
centre de Paris, sont exclusivement fré-
quentés par le petit commerce et la classe
ouvrière.
Leur nombre est en ce moment de cent
dix-sept pour tout le département de la
Seine.
v*» Le ton de la presse parisienne sei»;
ble fort -radouci depuis la circulaire
mais YEspérance du Peuple, le journal lé-
gitimiste de Nantes, lance feuetflamme.
Le fond de la polémique est ceci le
Septennat ne doit pas survivre a# maré-
chal si, par malheur, celui-ci succom-
bait avant les sept ans écoulés..
Il faut avoir l'esprit mal fait pour cher-
cher à se quereller là-dessus. Si un acci-
dent naturel limitait la vie du maréchal,
il est évident que ses pouvoirs seraient
limités du même coup. C'est une vérité
que M. de la Palisse seul pourrait con-
tester. Le plus singulier d'ailleurs,. c'est
qu'on ignore absolument ce que veulent
1: 'Espérance' 'et les journaux du même
ordre, puisqu'ils ne demandent pas le
rétablissement immédiat de la monar-
chie. Tout cela est vraiment 'bien fasti-
dieux. Pour juger du ton du journal nan-
tais, écoutez un peu ce petit morceau.
M. le duc de Broglie, M. Dopeyre, sur-
tout, que nous sommes vraiment'fâche de
trouver sur notre chemin, verront-, à la ren-
trée de l'Assemblée nationale, quels seront
les fruits de leur politique que nous appel-
lerions insensée si nous ne voulions pas
garder pour eux tout le respect que mérite
leur haute position.
Que ces Excellences de fraîche date lisent
donc l'histoire de Louis-Philippe'et de Na-
poléon III, et ils verront si nous nous lais-
sions intimider par les ministres d'alors et
leurs procureurs généraux.
Que M. le duc de Broglie et M. Depeyre
le sachent bien, la droite tout entière est
d'accord avec les journaux légitimistes,
pour voir dans l'organisation du septennat
la violation de la loi du 19 novembre.
Et tout entière elle votera contre cotte or-
ganisation, telle que la rêvent MJe duc de
Broglie et le centre droit. ̃̃• •
¥*+ La Petite Presse raconte l'histoire
vraiment fantastique d'un américain que
la petite. vérole a non pas défiguré mais
transfiguré et qu'elle a même grandi de
huit pouces.
Ce brave homme nommé Williis
Peyton, a lui-môme raconté, son. cas au
juge.il ne sait pas comment il est' tombé
malade, majs un beau jour il s'est trouvé
en convalescence, s'est regardé dans une
glace, ne s'est pas reconnu et s'est
aperçu qu'il avait huit pouces de plus.
Willis Peyton sort de l'hôpital et court
aussitôt chez son ami David Weavei1; celui-
ci se refuse à le reconnaître et le chasse
comme un imposteur. ̃
L'étrangeté de son état et le dénuement
dans lequel il se trouvait lui donnent un
instant la pensée du suicide, mais l'amour
de sa femme et de ses enfants et le désir de
les revoir sont plus forts que son désespoir
il se décidé à retourner chez lui, on route,
il tombe encore malade et perd de nouveau
le sentiment de ce qui se passe.
Enfin; il arrive à la porte dé sa demeure
après deux années d'absence sa famille,
sans nouvelles, le croyait mort. Le Willis
Peyton qui était parti deux ans auparavant,
avait des cheveux blonds, presque rouges,
peu de barbe, et un aspect chétif; tandis
que le Willis Peyton qui arrive devant sa
maison est beaucoup plus grand et plus
fort, avec des cheveux bruns bouclés et une
barbe épaisse. Il frappe, on ouvre et on
l'invite à entrer; il s'asseoit devant Mme
Peyton, la regarde longuement et lui dit:
« Je suppose que vous ne me reconnaissez
pas, Adttie? N,on, répond la femme. Qui
etes-vous? »
A ces mots, le pauvre Willis se met à
fondre on larmes et s'écrie Vous ne me
croirez pas, je le sais, si je vous raconte
mon histoire; mais pourquoi ne pas vous
dire, tout de suite que je suis Willis Pey-
ton votre mari?
Mme Peyton, effrayée, croyant avoir af-
faire à un fou, se recule avec terreur en
appelant au secours doux de ses fils accou-
rent et, avec l'aide d'un voisin, on l'emmène
au poste,de police, où on l'enferme. Cepen-
dant, après examen, on est obligé de re-
connaître qu'il jouit de tout son bon sens;
mais alors .on le défère à la justice pour
usurpation de droits et qualités.
Malgré toutes les révélations intimes
que Peyton a faites sur des secrets que
lui seul pouvait posséder, sa femme a
persisté à ne pas le reconnaître. L'affaire
en est là. –F. m.
Nous rappelons à nos lecteurs que le prix
d'abonnement au Figaro est, powr les dé-
partements de 16 fr. 50 pour trois mois
33 fr. poupsix mois, et 66 fr. pour un an.
ramènera son esprit à une plus juste
appréciation des choses. t
Jean eut l'air de ne rien avoir com-
pris et de demander à Mme de Villehaut-
d'Avron ce que cela pouvait bien vouloir
dire.
Juliette reprit
Parlez donc, fidèle serviteur de
cette noble famille! Vous étiez moins
muet lorsque vous veniez me voir à la
pension par les ordres du marquis, mon
père!
Je demande bien pardon à madame,
fit Jean en s'adressant à la marquise,
mais je la prie de vouloir bien croire
que je. ne connais pas du tout cette fem-
me. C'est sans doute quelque folle, quel-
que malheureuse aliénée, qui se sera
echappée de la Salpétrière. A moins
que ce ne soit une voleuse qui, s'étant
introduite ici, je ne sais comment, et ne
trouvant aucun autre moyen d'excuser
sa présence, aura imagine l'étrange et
monstrueuse fable qu'elle débite, dans
l'espoir de donner le change.
Ah! misérable valet! s'écria Ju-
liette, ton âme est bien digne,.de la li-
vrée qui couvre tes épaules ramper et
mentir, voilà ton lot! Créature fausse
et vénale, être perfide et bas, je m'atten-
dais à ta lâcheté et à ta félonie Ah tu
ne mè connais pas! Ah! tu ne m'as ja-
mais vue!'Eh! bien, je t'attends devant
la justice. Là, en présence de ce christ
que tu fais semblant d'adorer, tu lèveras
ta main de Judas et tu te parjureras à
l'aise! Je suis curieuse de savoir quelles
sensations le Dieu -martyr éprouvera
dans ses plaies quand tu le prendras à
témoin que tu ignores absolument qui je
suis, que tu ne m'as jamais tenue pour
la fille du marquis d'Avranches, que tu
ne m'as jamais traitée comme telle, et
que ce n est pas toi qui, tant qu'a vécu
la Mérillac, ma mère, lui as fait, tou«
>. ,C" m '<
^ps^set Abus
SINGULIERS ERREMENTS DU MONT-DE-PIÉTÉ
J'arrive d'une ville quelconque de pro-
vince à Paris; je me trouve à court d'ar-
gent, je vais au Mont-de-Piété porter ma
montre.
Le Moiit-de-Piété commence par prendre
nia montre, puis me demande si j'ai 'les
papiers nécessaires pour l'engagement,
une quittance de loyer, un passeport, un
permis de chasse, une carte d'électeur.
Gomme je loge â l'hôtel, que je ne prends
pas de passeport pour venir de ma ville à
•«Paris, que je ne suis pas chasseur, que je
ne suis pas électeur à Paris et que je n'y
suis pas venu pour montrer nia carte,
il m'est impossible de fournir ce qu'on me
demande.
Tout ce que je puis montrer,; ce* sont de
nombreuses lettres d'affaires qui m'ont été
Adressées à mon hôtel.
Mais cela ne suffit pas.
Il ne me reste plus, me dit l'employé,
qu a aller chercher deux témoins patentés.
Bien 1 lui dis-je, je vais aller les
.chercher: rendez-moi ma montre.
L'employé veut bien me permettre d'aller
chercher les deux patentés, mais il se re-
fuse obstinément à me rendre ma montre.
Et, si je ne trouve pas les deux patentés
ou si je ne veux pas mettre de tiers dans
le secret de ma gêne, ma montre reste au
clou, et je n'ai pour tout bénéfice que le dé-
sagrément de m'en trouver privé, au prix
d'une démarche pénible..
Le fait s'est produit tout récemment, pour
un voyageur de Bordeaux et pour une dame
de Paris. V
Le voyageur à dû laisser sa montre,, et. la
,dame, qui, elle, avait porté une chaîne en
or, n'a pu la ravoir qu'en faisant interve-
nir un .ami de M. Cochut, directeur du
TVTont-de-Piëté.
Nous trouvons qu'il y a là un gros abus.
Ne me prêtez rien, si vous voulez, mais
ne vous emparez pas d'un objet qui ne vous
appartient pas et qui'm'appartient, à moi.
Vous me prenez pour un voleur, a priori,
et je lie vous reconnais pas ce droit.
Notez qu'ayant besoin d'argent, j'aurais
pu vendre mar montre sans inconvénient
et qûeîvôus :iii!eîi|empêehcii#iit^ f toute'
espèce de justice.
Quant aux papiers que vous exigez,iuni
voleur en sera toujours nanti,
C'est l'histoire du passeport: le plus sou-
vent, ce sont les honnêtes gens qui en man-
quent; s '•:
INFORMATIONS
Jj a Journée
.Nous apprenons la mort de, M. le comte
Charles Louis do Vogué, décédé hier, 37,
rue do Bougogne, d'une tumeur à l'esto-
mac.
̃ M. de Vogué avait soixante-cinq ans.
4J?S .lùes du général de Leiretz, dé-
cédé 130 boulevard Haussmann, ont ou
lieu hier à l'église Saint- Augustin.
Un bataillon du 82° de ligne accompa-
gnait le convoi.
M. le général de Ladmirault. gouverneur
de Paris un grand nombre de généraux
d officiers de tous grades et de soldats ont
assisté a la cérémonie.
Après l'absoute, le corps a été déposé
dans un des, caveaux de l'église.
L'inauguration du monument élevé sur
la tombe de M. Dorian, au Père-Lachaise,
a eu lieu hier vers quatre heures et demie
L.e &J? 4U défunt,T\I. Léon Dupré, archi-
tecte, M. Millet, statuaire, et six ou sept au-
tres personnes ont seuls assisté à cette cé-
rémonie..
M. le_ contre-amiral Ribourt, chargé
d une_mission du gouvernement à la Nou-
yelfp-v^ledonie, a quitté hier matin Paris
pour aller s'embarquer à Marseille.
Nous avons indiqué à tort Mgr Perraud-
commp le prédicateur du carême à Saint-
Philippe-du-Roule. Il n'y a prêché que la
retraite dite Pascale et un sermon de cha-
rité.
Le stationnaire de cette année, dans cette
importante paroisse, a été un vicaire do la
Madeleine, M. l'abbe Hurèl; sa parole a at-
tiré tous los dimanches uiie- foule consi-
dérable.
Les débuts oratoires -de M. l'abbé Hurel;
remontent aux plus beaux jours do l'insti-
tution de Sainte-Geneviève où le concours
1 avait porté, et le premier parmi de nom-
breux rivaux, dès sa sortie de Saint-Sul-
pice^
• ;M."l'abbé Hure] est en outre un écrivain
distingue on lui doit plusieurs volumes >
̃entre autres, une étude remarquable sur lés
moteurs sacrés à la cour de Louis XIV
iDécidément les ministères n'ont pas do
chance., s
jours au nom du marquis d'Avranches,
l'aumône. de quelques ecus!
̃ Jean, accompagnez donc cette
femme, dit la marquise toujours calme
en apparence.
Jean ouvrit alors la porte qui donnait
du côté des antichambres et s'effaça pour
laisser passer Juliette en l'invitant à se
retirer.
Mais Juliette n'était pas femme à lâ-
cher ainsi la partie; sans faire attention
à l'invitation du valet de chambre, et se
retournant vers Marianne, elle lui dit
Marianne d'Avranehes, duchesse de
Montravert, marquise de Villehaut-d'A-
vron, tu n'es pas au bout de tes peines.
C'est Dieu qui te frappe, comme il a
frappé toute ta famille, et cela, juste-
ment, parce que votre maison n'est qu'un
foyer d'iniquités. Souviens-toi tu as été
maudite dès le ventre de ta mère, à qui
tu as coûté la vie en venant au monde.
Ton père n'a pu jouir de la paternité lé-
gitime qu'il avait si longtemps ambi-
tionnée il lui a été refusé de te voir
grande et belle, et c'est à des mains pres-
que étrangères qu'il a dû confier, en
mourant, le soin de veiller sur toi. Tu
n'as jamais connu ceux à qui tu dois le
jour, et ta jeunesse, privée des meilleu-
res joies des plus douces tendresses,
s'est passée dans l'austérité d'un cou-
vent. Deux deuils,horribles se sont don-
né rendez-vous dans ton existence de
femme et l'ont marquée comme d'un
sceau de réprobation. Essaye de repren-
dre encore un autre époux, et tu verras
si un nouveau cadavre ne vient pas
égayer la-nuit de tes troisièmes noces!
Jean, faites sortir madame, répon-
dit tout simplement Marianne.
Cette fois-ci, Jean, dont la patience
était à bout, s'approcha de Juliette, la
prit dans ses deux bras nerveux, Ja ser-
Hier nous racontions l'incendie qui, sans
-de prompts secours; aurait ^dévoré le mi-
nistère dès finances. Aujourd'hui nous
avons pareil récit à faire au sujet du minis-
tère du commerce èt des travaux publics,
au une plaque de tôle servant de foyer a
mis le feu au parquet.
Heureusement quo les pompiers veil-
laient.
C'est égal, il est temps que l'été arrive
Emile raure.
L'AFFAIRE DE LA BANQUE TERRITORIALE
D'ESPAGNE
C'est la bouteille à l'encre, cette affaire-là!
Je vous jure que j'ai passé hier quatre
•heures à la débrouiller, et je ne suis,
comme vous allez voir, arrivé qu'à de mé-
"diocros résultats.
Vers quatre heures, le bruit s'est tout-à-
coup répandu sur le boulevard qu'on ve-
nait d'arrêter M. Clément Duvernois, dans
les bureaux.de la Banque territoriale d'Es-
pagne, ,53, rue do la Chaussée-d'Ântin. Dix
minutes après que cette nouvelle était arri-
vée au Figaro, j'étais 53, Ghaussôe-d'Antin,
mais je trouvais portes closes. Devant la
maison se promenaient, d'un air rébarbatif,
trois agents de la sûreté, qui avaient mis-
sion de ne laisser .entrer absolument per-
sonne et qui répondaient à toutes les ques-
tions par un siicnce.de. brochet.
On voit combien, dans de pareilles cir-
constances, il, était difficile de se procurer'
des renseignements. J'en ai eu cependant,
et voici ce que j'ai su
Vers onze heures, et demie du. matin,
M. Clément Duvernois, directeur de la
Banque territoriale d'Espagne, sortait de
ses bureaux et s'en allait déjeuner avec
son frère, lorsqu'un commissaire de police
aux délégations judiciaires lui frappa sur
l'épaule, et lui enjoignit de révenir sur ses
pas et de rentrer dans son cabinet ce
qu'il fit, .aon sans -protester. Un quart
d'heure plus tard, le magistrat envoyait au
Grand-Hôtel chercher J'un des administra-
teurs dé la Banque territoriale d'Espagne,
M. Wolff,et lui faisait dire que: M: Clé-
ment Duvernois le demandait immédiate-
ment. M. Wolff, à peine arrivé, était éga-
lement averti qu'il-ne pouvait plus sortir.
Une souricière fut organisée alors dans
la maison trois administrateurs ou em-
ployés vinrent successivement s'y faire
prendre: co seraient MM. Franckel/Rasetti
et Vachon. > .-•'•̃
MM. Clément Duvernols, et deux au*
tres sont transférés aii dépôt à l'heure où
nous écrivons. Nous ignorons s'il en est
de même des autres
Inutile de dire que perquisition a été
faite dans les bureaux, et que tous les li-
vres et papiers ont été mis sous scellés.. •=
Qu'est-ce qui a motivé cette descente de po-
lice?. C'est là que nous sommes en plein
dans la bouteille à l'encre nous n'en sa-
vons absolument rien. Voici ce qui se dit
II y a quelques jours, M. Illan, délégué
de l'administration de Madrid, avait déposé
une plainte au parquet, contre M. Clément
Duvernois, plainte dont il est difficile de
.savoir les motifs. Le juge d'instruction
manda M. Duvernois son cabinet, mais
celui-ci, qui était à Florence, d'où il n'est
revenu qu'il y a deux jours, ne répondit
pas, naturellement, à la citation.
Est-ce ce qui a motivé les poursuites? Ce
qui semblerait indiquer le contraire, c'est-
que M. Illan a, depuis, retiré sa plainte.
D'autre côté, on dit que le sieur Hugel*
mann serait encore mêle à cette affaire -là,
et aurait, du fond-do sa prison," fait des
révélations compromettantes. 11 est encore
impossible de savoir ce qu'il peut y avoir
de sérieux dans tout cela. Nous préférons
renvoyer nos lecteurs à demainpour les dé-
tails, que nous ferons en sorte d'avoir très
complets. .4. ̃-̃
On se souvient qu'il y a cinq jours, j'ai
raconté la disparition mystérieuse d'un M.
Pôan, lequel était clerc de notaire à Briis.
Or, hier matin, on a retrouvé son cadavre
dans un petit bois M. Péan s'était brûlé
la cervelle d'un coup de revolver.
Dans le pays, on dit que la joie de son
prochain mariage l'a rendu fou, et que
c'est dans un accès d'aliénation* mentale
qu'il s'est tué. C'est possible, mais, tout
bien réfléchi, ce n'est pas vraisemblable;
quand on a supporté tranquillement la
nouvelle d'un grand bonheur qui vous ar-
rive, comment admettre que ce bonheur
vous rende subiteriient fou quinze Mters
après?
Quelle peut donc être la caùso du sui-
cide de M. Péan? ,•
TENTATIVE D'ASSASSINAT v"; r
Tout le quartier de Belleville était en
émoi hier matin. Une jeune fille de dix-
huit ans, Mlle Clara Logay, couturière, Ve-
nait d'être la victime d'une tentative d'as-
sassinat, de la part de son amant, le sieur
Auguste Colardel.
Au moment où elle rentrait chez lui 21
rue Vincent, àfielleville, Mlle Legay avait
été frappée d'un coup de ciseaux de tailleur
qui lui avait fait au coté droit une profon-
de blessure..
Après un premier pansement, la blessée
a éte reconduite à son domicile, 10, rue du
Buisson-Saint-Louis. Colardel a été arrêté.
Encore un suicide en voiture. Cela de-
vient une véritable épidémie.
La nuit dernière, à une heure du: matin,
le cocher Minguet a conduit au poste de
police de la Bibliothèque nationale, rue de
Richelieu, un individu qui avait tenté, de
se suicider dans son fiacre, en se portant
des coups de couteau dans lapoïtrine.
Retire évanoui de la voiture, le blessé à
rant presque jusqu'à l'étouffer, et l'em-
porta dehors.
Il la descendit ainsi par l'escalier de
dégagement et les corridors de service
jusqirà la petite porte du jardin par où
elle était entrée.
Au momentoùJean l'avait ainsisaisie,
Juliette avait poussé quelques cris. mais
le valet de chambre s'était arrange pour
la maintenir et la porter d'un seul bras,
tandis qu'il lui appliquait une main sur
la bouche et étouffait sa voix.
Arrivé à -la porte du jardin, il l'appuya
par les épaules contre le ïnùr, lry main-
tenant d'une" main vigoureuse pressant
sur le devant du cou, puis, d'une voix
basse et brève
Si vous poussez le moindre cri, je
vous étrangle. Ecoutez!
Juliette sentait que Jean était hors de
lui et que ce qu'il disait il le ferait elle
eut peur et se tut.
-Juliette, reprit le valet de chambre,
je ne vous avais pas oubliée, mais seule-
ment perdue de vue. Je songeais à vous,
et je me disais qu'étant vieux sans en-
fants, je ferais un acte agréable à l'âme
de M. le marquis d'Avranches, mon
vénéré maître défunt, si je consacrais
mes économies à vous rendre la vie plus
douce. Telles étaient mes intentions, et
je les aurais réalisées, je vous le jure, si
je vous avais rencontrée dans d'autres
circonstances. Aujourd'hui tout est
changé. Vous avez attenté à ce que j'ai
de plus cher. Vous avez voulu souiller la
mémoire de mon maître et vous vous
êtes efforcée d'ajouter encore à la dou-
leur dont sa fille, sa seule fille, enten-
dez-vous ? est accablée! De ce moment,
je ne vous connais réellement plus
vous n'êtes plus.la fille d'un homme dont
je respecte même les égarements; vous
êtes un être malfaisant que j'écraserai
sans aucune pitié le jour ou je le rencon*
!.t'. n,
été porté à l'Jtiopital de la Charité. Là, on a
constaté qu'il avait six blessures, toutes
dans la région du cœur.
On ignore le nom de ce malheureux. On
n'a trouvé sur lui qu'une lettre signée Ca-
comenopoulos, 28, rue d'Enghien..
C'est un vieux cliché que" celui qui parle
du danger de manier avec imprudence-dés
armes à feu. Il est malheureusement trop
souvent en situation.
Hier, à neuf heures du matin, M. Dubut
père, rentier, demeurant rue Saint- Vinceiat-
de-Paul à Clichy, était venu voir un de ses
amis, M. Dégremont, marchand de vins,
29, rue Lagille. Tout en causant, M. Dubut
examinait un revolver chargé à balle, ap-
partènantà son ami;- dont il faisait 'jouer5»
batterie.
Tout à coup, le chien frappa l'une des
cartouches, une détonation retentit et une
balle vint frapper M. Diibùt à l'œil gauche.
On se figure l'émoi que cet accident causa,
chez M. pégremont. On s'empressa autour
du blessé. On courut chercher un médecin.
Malheureusement, ce dernier, le docteur
Remondy, a déclaré la blessure mortelle;
M. Dubut a été transporté à son domicile
par les-soins de son fils. Son état est désesè
péré.
Ï' rit~.ÿ^,k.
Je viens d'avoir une idée. U-
Ne criez pas que cela vous étonne cota"
me désobligerait! ™'
Donc j'ai une idée que je crois bonne, et2
que je soumets à M. le gouverneur de pà^
ris. •̃̃ •̃̃
Les enlr' actes sont bien longs entre lès
courses à Longchamps et à Auteuil, et la
promenade sur la pelouse n'est pas toujours'
une distraction suffisante pour ceux qui ne
parient pas'. Pourquoi ne pas installer au
centre de l'hippodrome une musique mili^
taire, qui jouerait dans les intervalles desa
courses? '•
Qu'en dit.ïlei§èji|.ralLadmiraùlt?r "l3
-v'i -ai •a/ïiHvoV. ;,À .i, ^asto» Vaasy.; .t(.,i
Un de nos confrères, M. P. Raymond-
;Signouret, vient d'inventer un nouveau
système fort ingénieux; grâce auquel" on:
trouve immédiatement sur les cartes et
plans .auquel il est. adapté, la localité, ,1e,
cheniin, la rivière, le point en un moMopii
on a besoin. Il appelle cela les cartes" ins*
tantanées.
La carte instantanée des provinces bas-
ques et de la. Navarre espagnole, jpoùr sui-
vre les, opérations des. armées carlistes, est:
en vente-chez Ghio* quaV:dïs: Grands-Au«l
gustins. ̃••̃ -(j v '̃̃
| _»<( r s– "♦ -r.r .•
JARDIN D'aCOLIMATATION. "f
(~, '¿
Les concerts ont lieu les jeudis et diioanch83»T
à 3 heures, depuis le jpur de Pâques, 5 avril, 1,
̃ .̃̃̃̃̃•̃ jjt>
GAZETTE Jim TRIBUNilDX
~l, r i
Procès en diitamatiôn contre le" Gâtiïàis. :i- Uff'
économiste diffamé sans le savoir, et un journal1
.diffamateur «ans Je vouloir. ̃ :f
Les procès en diffamation intentés à là'
presse se .suivent; mais ne se ressemblent
pas. Celui que la 10e chambre a jugé hier,
et dans lequel notre confrère du Gauloisi
était inculpé, est a coup sur d'une espèce
toute nouvelle.' Le Gaulois a diffamé
M- Renaud sans le vouloir, et M. Renaud,
a, été diffamé sans le savoir. En un mot,
le Gaulois a été, diffamateur malgré lui.
On voit qu'il y a là une situation foute
neuve et assez comique.
Le 6 mars dernier, le Gaulois publiait
un article intitulé A la hotte! dans lequel
il signalait à l'attention du service du
colportage, une brochure, où le parti bo-
napartiste est injurié avec une violence
peu commune. Notre confrère reproduis
sait le passage1 -suivant dont la lecture ai
fait sourire les juges de \w 10?' chambre
Dissertant avec un BONAPARTISTE, je lui
posais cette question '̃"<̃:
-Que pensez-vous d'un parti qui voudrait i
,donner pour souverain à la France le fils
;dlun Troppmann, d'un Laconaire, d'un Car
touche, d'un Mandrin etc., etc.?
« Je pense, me dit-il, qu'un pareil parti
» ne peut pas exister ce-serait-une mons-
;» truosité inouïe. Si la France avait la honte-
̃»' do descendre-si bas, j'irais me "cacher à
» l'autre bout du monde.
» Ce parti ne pourrait être composé que'
» d'êtres avides,corrempus,pervers, abjects ••
» de voleurs, d'assassins, de bandits, de van-
,t> dales, de- crétins, d'idiots, chez lesquels le'.
.» discernement, le sens moral seraient ab«'
•̃» sents; »"
Eh bien, répliquai-je, vous êtes dans'*
l'erreur ce parti existe, il a été tout-puis.
sant vous venez d'en esquisser le portrait' +
jet vous-même, sans vous en douter en
faites partie. ¡
Le premier Bonaparte et son neveu, de
triste et iionteuse mémoire, ont été en-
grand ce que Troppmann, Lacenàire, etc.,
ont été en très petit: ces derniers sonv*
d'imperceptibles scélérats, comparés aux
Bonaparte cupides égoïstes, sans entrai!,
les, sans cœur, sans honneur, voleurs
faussaires, faux-monnayeurs, incondiaiBes*
assassins, félons, parjures, renégats, tv-!
rang, terroristes, traîtres à la France- fou*
lant aux pieds ses libertés, ses gloires, etc
En un mot, les Bonaparte sont le résumé
de tous les crimes, et, chose extraordinaire
trerai encore une fois sur ma route.
Tenez-vous-le pour dit.
Et, après avoir tiré le guichet qui fer-
màit la petite porte, il 1 ouvrit, prit de
nouveau Juliette à bras le corps, la re«
poussa dans là rue", rentra et referma.
Mais comment Juliette avalf-elle ainsi
pu pénétrer jusque dans la chambre de
M^de Villehaut-d'Avron? Voilà ce que
se demandait maintenant Jean et à quoi
il ne trouvait pas de réponse.
Marianne, elle-même, voulait le sa-
voir. Il fut convenu que le valet de cham-
bre ferait une enquête et tenterait da
percer ce, mystère, mais sans mettre Mme
de Charvallon ni personne autre de la
maison au courant de ce qui venait de se
passer.
Ce fut surtout du côté de Mlle José-
phine et de ses aides que se portèrent les
soupçons du vieux serviteur; il lui pa-
raissait impossible que Juliette n'eût pas
été aperçue par quelqu'une d'elles, leur
service-les appelant constamment les
unes ou les autres dans cette partie des
appartements. Les renseignements qu'il
obtint lui firent remarquer une chose à
laquelle oh n'avait jamais fait attention
c'est que l'heure à laquelle Juliette avait
dû s'introduire dans les appartements de
la marquise, était celle ou précisément
toutes les femmes de son service se trou-
vaient régulièrement, chaque jour, ap-
pelées ailleurs, les unes pour recevoir
les instructions de sœur Momique,> >£s
autres pour le repas à l'office.
Mais qui est-ce qui avait avait pu indi.
quer à Juliette cette heure exceptionnel.
lement propice?
MIE D'AGHONNB^
(La suite à dmain.}
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