Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-27
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mars 1874 27 mars 1874
Description : 1874/03/27 (Numéro 86). 1874/03/27 (Numéro 86).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO VENDREDI 27 MARS 1874
semblée et descend de la tribune". Très
bien, Àlban un bon point.
-c
Moins spirituel et plus tenace a été M.
Duvergier de Hauranne, qui, sous pré-
texte de modifier légèrement le projet
de la commission, revient sur les argu-
ments présentés par M. dePressensé. Le
jeune M. Duvergier de Haùranne répond
a un discours qui n'a pas été fait par le
gouvernement et qu'il suppose fait parce
qu'il a préparé sa réponse et qu'il ra ap-
prise par cœur.
L'orateur, qui a évidemment des pré-
tentions exagérées à l'éloq*uènce, plaide
la cause de la réélection municipale en.
attaquant la majorité avec la dernière
violence, et en provoquant des tumultes
nbmbreux et en risquant quelques per-
sonnalités d'un goût douteux.
Cela est triste de la part d'un jeune
homme, de procéder par la diatribe et
les imprécations. Il est vrai que M. Du-
vergier de Hauranne a répare ce tort en
faisant le panégyrique des hommes du 4
septembre. (M. Gambetta jubile et se
frrrrrotte les mains).
Aux yeux de M. de Hauranne, le ̃vice-
président du Conseil fait de l'arbitraire
et, se transformant en dictateur, il oblige
l'Assemblée à violer les lois à son profit
ou du moins à les plier à son caprice. I
Bref, M.-Duvergier, servi par une mé-
moire qui nous est cruelle, prouve à
l'Assemblée en trois périodes, en sept
périphrases et en trente-neuf syllogis-
mes qu'en entrant dans la voie des sus-
pensions arbitraires de l'exercice du suf-
frage universel, elle mènera tout doucer
ment la France à un coup d'Etat césarien.
Puis M. Duvergier, qui manque de
mesure et ne cesse de couler rhétqrique-
ment comme un fleuve débordé, finit
par avoir tout dit et retourne a son banc
recevoir des mains de ses. amis le pre-
mier prix de récitation parlementaire.
VWVW\AAI
Après l'élève DuVergier de Hauranne,
déjà nommé, M. Depeyre, garde des
sceaux. Ah! la partie est fort belle pour
cet orateur à la voix vibrante, au style
sec, nerveux, vigoureux, au geste qui
frappe et qui accuse. M. Depeyre se
saisit du discours de M. Duvergier de
Hauranne pour combattre la gauche avec
ses propres armes. Le ministre le dit
comme il le pense: il ne s'agit ici.que
d'une question administrative; mais la
gauche en a fait une question politique;
la gauche, exaspérée de voir arriver les
vacances sans avoir pu ressaisir le pou-
voir a essayé d'engager une dernière ba-
taille et a pris le premier prétexte venu.
Elle a accusé le ministère de tyrannie,
elle a crié à l'arbitraire, elle a fait l'éloge
du 4 septembre; elle a dit qu'on violait
la loi.
Et c'est la gauche, ce sont les défen-
séurs et les hommes du 4 septembre qui
tiennent ce langage! Eux qui, -lorsque la
France, faisant trêve aux haines de partis,
se rangeait autour du gouvernement
de la Défense Nationale et lui sacrifiait
son or et ses enfants, ont, d'un trait de
plume supprimé les conseils généraux,
destitué les fonctionnaires, livré les
places à tous les intrigants du monde,
et ne craignent pas aujourd'hui de se
décerner des éloges et d'accuser leurs
adversaires de vouloir faire les mêmes
fautes et le même mal qu'ils ont fait eux-
inênaes.
-̃, roiwp.s de chaleureux applaudis-
•:̃•.̃• i ̃ lent ces vigoureuses pa-
.̃ ic • lu, ^iUjjrité se dessine, serrée et
compacte autour du cabinet.
A peine M. Depeyre a-t-il quitté la tri
Imne, que -M. Marcère s'y precipite et se
ressaisit d'une parole qui lui est chère. Il
ne lui suffit pas de son rapport filandreux
iit écrit dans un français de contrebande;
il lui faut encore un discours où il pourra
étaler sa facilité d'élocution et les beau-
tés de son style d'avocat finassier et dé-
pourvu de talent.
Comme on peut le voir, il est beaucoup
moins question dans tout ce débat de la
question des conseils 'municipaux que
d'accusations contre le ministère. M. Mar-
cère continue à marcher dans ce chemin
frayé, facile et fastidieux. Rapporteur,
M. Marcère est possible parce qu'il n'a a
devant lui qu'un certain nombre de pages
écrites, il faut qu'il se taise quand elles
sont épuisées. Orateur, M. Marcère res-
semble a un nîacaroni kilométrique, a
un peloton de ficelle, quelque chose
d'infiniment long, de solennellement
prétentieux et de tout à fait fatigant..
Est-U besoin de ressasser une fois encore
les éternels arguments qui ont été ex-
ploités par MM. de Pressensé et de Hau-
ranne. M. Marcère en offre une troisième
édition à l'Assemblée. Il parle, -ce pauvre
homme, parce qu'il se croit éloquent et
Feuilleton du FIGARO du 27 Mars
LIS IITSMMLIITIS
Michel, dit Marianne, permettez-
moi, au nom de M. Villehaut-d'Avron,
de vous donner la somme nécessaire à
Votre libération. S'il vivait, il ne vous
aurait pas laissé ce soin, et, moi, sa
femme, je ne peux pas vous le laisser
davantage.
à ce titre-là, j'accepte, madame la
marquise, et je vous remercie au nom
de M. le marquis.
Quand vous serez rentré en posses-
sion de votre liberté, que ferez-vous,
Michel, interrogea Marianne?
-r- Dans ce moment-ci, madame, j'ai
le coeur trop triste pour réfléchir a ce
que je dois faire dans l'avenir. Pour le
moment, je crois que je vais aller passer
quelques mois dans le village où je suis
né, pour y endormir un peu mon cha-
grin, car, l'éteindre jamais entièrement,
je ne compte pas. Je n'avais qu'une
joie, qu'un bonheur vivre auprès de
mon maître et pour mon maître; je ne
me consolerai jamais de l'avoir perdu.
La marquise tendit la .piain a Michel
et fondit? en larmes.
Michel prit la main qui lui était offerte,
et l'ayant baisée
Oh! non, reprit-il, jamais je ne m'en
consolerai. Pour que je revinsse ce que
j'ai été, il faudrait un miracle.
Et Dieu n'en fait plus fit tristement
Marianne.
Je suis croyant, madame, répondit
avec une sorte de vivacité Michel j'ai
confiance en Dieu, j'ai une foi vive. Tout
ce que Dieu a décidé se doit accomplir3
qu'il a dit: « Si j'étais vainqueur aujour-
d'hui, je prendrais demain le portefeuille
de Depeyre et je deviendrais im grand
homme, tandis que maintenant je ne
suis qu'un homme très long. »
Et cependant il est six heures, et l'on
se met a bailler. Les parlementaires at-
tribuent leurs baillements à des contrac-
tions d'estomac j mais nous qui avons le
bonheur de n'être point des parlemen-
taires, nous les mettons sur le compte de
la bouillie oratoire, du javanais déclama-
toire dont M. Marcère inonde nos pau-
vres oreilles.
On vote enfin sur le projet de la com-
mission, ou plutôt sur le rapport de M.
Marcère, qui est repoussé à une majorité
de 75 voix.
Ce premier succès ministériel fait pré-
sager l'issue de' la lutte. Le projet du
gouvernement, c'est-à-dire la prolonga-
tion des Conseils municipaux est adopté
au scrutin secret à une majorité de 334
voix sur 379 votants.
Ce chiffre victorieux demande une
petite explication. -A six heures trente-
cinq minutes on a -mis aux voix le projet
du gouvernement. Un grand nombre de
membres de la gauche ont alors donné
leurs bulletins a des amis chargés de
voter pour eux et sont partis par le train.
C'est alors qu'une demande de scrutin
secret et d'appel nominal a été déposée
et suivie du résultat ci-dessusmentionné.
Nous-mêmes nous, avions quitté la
séance, au moment où le scrutin secret
venait d'être ouvert et. un peu après le
départ des gauchers trop pressés de re-
gagner Paris. En route nous rencontrons
MM. de Castellane, Tréveneuc et do la
Bouillerie qui, ignorant l'appel nominal,
essaient d'attraper le train. Nous les pré-
venons, ils sautent en voiture et retour-
nent à l'Assemblée.
En revanche; nous nous sommes bien
gardés de prévenir une centaine de
membres de la gauche qui sont revenus
par le même train que nous, en se frot-
tant les mains et en se disant « Le mi.
nistère n'aura pas plus de 6.0 voix pour
lui. » Il en a eu 300.
«
Injustices et Abus
CAllTES POSTALES
Tout le monde a reçu des lettres anony-
mes. C'est un froissement à huis-clos on
méprise, mais on enrage, pendant un mo-
ment, puis. on finit par oublier.
La carte postale anonyme est infiniment
plus cruelle, précisément parce que le sup-
plice qu'elle vous inllige n'est plus à huis-
clos.
On l'a jetée, en plein jour, à la boîte,avec
toutes les apparences de l'innocence et de-
l'honnêteté.
Elle passe sous les yeuxde l'employé, du
facteur, du concierge, de vos domestiques,
et même souvent d'une infinité d'autres
personnes, criant l'insulte, vomissant l'in-
famie.
On peut ainsi faire parvenir impunément
dans une famille les choses plus monstrueu-
ses, les plus dissolvantes, et ces choses
peuvent être lues par une jeune fille,par
un enfant, par un visiteur.
Essayez d'envoyer un télégramme incon-
venant l'employé refusera d'abord, et puis
vous serez retenu de le faire, parce qu'il
faudra donner 'votre nom, votre adresse,
peut-être montrer votre figure.
La-carte postale, elle, n'offre, pas do ces
entraves et donne à l'homme lâche et
malintentionné tbute facilité de faire le
mal.
Un monsieur qui aurait l'impudence de
venir vous présenter, de la part d'un ano-
nyme, quelques poignées d'ordures courrait
chance d'être mal accueilli, n'est-ce pas?
Eh! bien, c'est ce métier-là que fait, cha-
que jour nous no saurions dire combien
de fois la Poste, avec les cartes anony-
mes.
Est-ce que cette administration ne se rend
pas ainsi sciemment complice de l'insulte,
de l'injure, de l'outrage, de la calomnie, de
la diffamation dont vous êtes l'objet?
Bien mieux, par le fait de l'anonymat, la
Poste devient autour principal
Et nous soutenons qu'on est en droit de
la poursuivre pour l'un -et l'autre de ces dé-
lits ou pour tous ensemble, suivant ce
qu'en contient la carte anonyme.
Il n'y a qu'un moyen de remédier au
mal c'est que chaque bureau de poste ait
sou censeur pour les cartes postales,- ano-
nymes ou autres, -et qu'on montre dans
cette administration, sous ce rapport, la
même pudeur que dans celle (les télégra-
phes. 0
rien n'étant impossible à sa volonté'ni à
sa charité pour nous.
Marianne fut émue par ces paroles
comme par un reproche mérité. Elle, s'ac-
cusa intérieurement d'avoir manqué de
foi. Mais quelque effort qu'elle pût faire,
l'espoir que M. de Villehaut-d'Avron lui
fût jamais rendu no pénétrait pas dans
son cœur.
Aussi, dit-elle tristement
Moi, je ne puis plus attendre ce mi-
racle en ma faveur. J'entrerai en reli-
gion aussitôt que mon deuil sera fini.
Mais, tant que ié serai dans le monde,
ma maison, est la vôtre, et-vous
me ferez plaisir en ne l'oubliant pas.
Michel, devant cette douleur grande
et simple, se sentait sur le point de lais-
ser échapper son secret. Il se hâta de .se
soustraire à cette influence, prit aussitôt
congé de la marquise et sortit.
Ce qui ne l'empêcha pas de se dire,
une fois dehors
C'est pourtant elle qui a voulu tuer
son second mari comme, elle a tué le
premier! Quelle' épouvantable folie la
dominé !> Et qu'elle'doit souffrir, lorsqu'a-
près ces accès, le crime, commis, elle re-
vient à la raison! Car elle est douce et
bonne, et elle aimait M. de Villehaut-
d'Avron. Son chagrin est réel, et il est
immense! Pauvre femme
M. de Villehaut-d'Avron, caché chez
M- de Mornant, entouré des soins de Mi-
chel et de M. de Bellombre revenait à la
vie, mais avec beaucoup de lenteur. Il se
passa plus de trois mois avant qu'il fut
permis d'appeler son attention sur les
faits qui s'étaient passés et de l'interro-
ger à ce sujet.
Quant M. de Bellombre essaya de lui
demander comment, la p/emièrë nuit de
ses noces il avait reçu le coup de cou-
teau qui l'avait mis à° un cheveu de la
mort, il lui fit signe de se taire, ajoutant
seulement à son geste ces mots
Plus tard. Le temps n'est pas encore
venu de parler de ces choses.
49
TELEGRAMMES & CORRE' OND^OES
• ITPELUER, 25 T 6 ill'CS
soir. j,v de' Cabrières otiv uvel
évôqu is possession de si xu-
jourd/i.'ji. La réception qui a été a a
été fort- belle.
Le préfet, les généraux, 1 Jour d'appel
et les tribunaux, les facultt' le médecine,
des lettres et des sciences li ont fait les
honneurs de sa ville épisco,nie.
On a constaté eu revanche l'éclipsé totale
du conseil municipal.. «
™ Nice. 24 mars. Dimanche,- 22 •
mars, vers 7 heures, sept ou huit malfai-
teurs assaillirent à l'extrémité de. la pro-
menade des Anglais un jeune soldat du
111e elfe ligne, engagé volontaire d'un an.
Après l'avoir roué de coups #1 dévalisé
• complètement;, ces îiïjséï'ftbias \curent. la
cruauté clo lui brûler le visage'. >̃'
Ce malheureux jeune homme put se traî-
ner jusqu'à la caserne où il arriva dans un
état pitoyable.
Quand donc mettra-t-on un terme, par
un exemple sévère, ces actes de sauvagerie
contre nos soldats, qui se renouvellent trop
souvent à Nice?
• Montaudan, 25 mars. • M. de
Brcssollos, général de division, du cadre
de réserve, ancien président du Conseil
général du Tarn-et-Garonne, vient de mou-
rir, a l'âge de 81 ans, dans son domaine de
Bcaugin, près d'Auvillar.
̃ ̃ Avignon, 24 mars. La queue do
l'élection de Vaucluse.
Mercredi dernier, sept individus com-
paraissaient devant le tribunal correction-
nel d'Avignon, sous la prévention d'avoir
voté, 'malgré leur casier judiciaire. Deux
ont été condamnés a trois jours de prison,
Berbézier (Joseph), d'Avignon, et Grimaud
(Antoine), du Thor; les cinq autres, hahi-
tants de la commune d'Avignon, l'ont été
à. jours Ban (Noël), Barbe (Théodore),
Bourret (Joseph), Hommage (Joseph-Félix)
et Vignaud (Jean- Jacques).
Auguste Mtircade.
PARIS AU JOM 1E JOUR
Un membre' de l'extrême droite, M.
d'Aboville, député du Loiret, a publié
une lettre que nous trouvons dans l' Union
et qui ne manque pas de gravité, bien
que, selon toute vraisemblance, elle
n'engage que les opinions personnelles
de M. d'Abovillo.
Donc, l'honorable député est d'avis,.
(sa lettre commence ainsi), que M. le ma-
réchal de Mac-Mahon a manqué une
« belle occasion de garder le silence. »
Il s'agit, comme o'i voit, de la lettre
du président a M. de Broglie qui doit
selon lui diviser la majorité.
A la franche déclaration de M. de Cazc-
nove, le ministre avait répondu que le ma-
réchal n'était pas lié par la confiance ex-
primée par M. de Cazenove, mais il n'avait
rien ajouté d'où l'on pût conclure que, le
cas échéant, M. le maréchal fût disposé à.
tromper cette confiance. Grâce à cette ha-
bile réserve, on accord avec sa déclaration
du 19 novembre, M. do Broglie avait ob-
tenu une do ses plus belles majorités, et M.
Thicrs, attiré à la séance par 1 espoir d'une
revanche, n'en avait rapporté que la dou-
leur d'une nouvelle défaite pour les gau-
ches coalisées.
Par un excès de loyauté peut-être, mon-
sieur le maréchal, prenant trop au sérieux
son titre de président de la République, a
compromis ce succès, et il a justifié, plus S
tât qu'ils ne le craignaient eux-mêmes, les
prévisions des huit. députés royalistes qui, l
malgré leur sympathie pour-son noble ca-
ractère, n'ont pas cru pouvoir voter la pro.
rogation.
M. d'Aboville reste dans cette hypo-
thèse que prochainement il ne sait pas
quand la monarchie viendra relever
le maréchal de la faction qu'il a accep-
tée, oubliant qu'on a été trop heureux
de la lui confier, et que s'il l'eùt refusée,
on se fut trouvé dans un singulier em-
barras. Quoiqu'il en soit, M. d'Aboville
annonce une rupture formelle entre le
ministère et la majorité.
Ce double jeu ne fera pas indéfiniment
des dupes. Ou nous nous trompons fort, ou
la journée du 20 mars aura réparé pour la
gauche l'échec du 18 et le gouvernement
aura lui-même brisé sa majorité en rom-
pant, d'un -coeur léger, avec ses alliés peu
exigeants qui l'avaient fondé- au '24 mai,
maintenu le 19 novembre et imperturba-
blement soutenu depuis, sans demandpr
d'autre récompense que de n'être pas ré-
duits à désespérer du salut de la patrie.
Point d'illusions! D'ici il deux mois,
M. le duc de Broglie va nous proposer
d'organiser la République septennale, et
de reprendre l'œuvre inaugurée le 21 fé-
vrier 1873 par son rapport lu au nom de la
commission des Trente, interrompue au
24 mai. Mais alors pourquoi avoir renversé
M. Thiers? Sous son principal,- notre com-
merce intérieur languissait moins, et la
France n'était pas plus insultée à l'étran-
ger qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Albert Millaud,
Emile Paure.
Michel, que la joie do voir son maître
à peu près hors de danger satisfaisait
complètement, ne le pressait pas de
questions qui l'aurait fatigué. Il attendait
tout du temps, et comme il se trouvait
auprès du marquis, libre, indépendant,
et a même de le protéger, de le secourir,
de le défendre contre tout danger, il
laissait couler les jours qui rendaient la
santé à son maître.
M. de Mornant était comme Michel: il
avait foi en Dieu qui avait arraché le
marquis à' la mort, et ne doutait pas que
sa providence ne veillât sur lui d'une
façon toute spéciale.
La convalescence dura trois autres
mois, et ce ne fut qu'au bout de ce temps
que M. de Villehaut-d'Avron se sentit
capable de se tenir debout et. de mettre
un pied devant l'autre.
Pendant tout ce temps-là, il n'avait pas
dit un mot sur l'accident dont il avait été
la victime, il n'y avait pas même fait al-
lusion.
Ce silence obstiné confirmait Michel
dans son opinion aii sujet de la marquise.
C'est elle; c'est bien elle, se disait-
il, je ne me suis pas trompé; âl- faut évi-
demment que le meurtre soit le fait de
la marquise pourqu'il reste si muet là-
dessus. La femme ^qu'on aime^ con-
tinuait-il, n'a jamais tort, elle n'est;
jamais criminelle, lors même qu'elle
vous tuerait mille fois. Mon colonel
aime sa femme, il la croit folle, comme
je le crois moi-même, et il attend que sa
santé l'ait refait assez fort pour se pré-
senter de nouveau à elle et chasser le
fantôme qui trouble son cerveau. Il le
faut guérir, et, jusque-là, il ne veut en
parler à personne.
Michel attendait le moment; se pro-
mettant bien de ne pas laisser le marquis
seul aux prises avec la folie de sa jeune
femme, et s&.proposant d'assiter caché à
leur première entrevue qui ne pouvait
manquer de déterminer un accès de ma<
nier furieuse.
oyez où l'on vous mène, monsieur le
.'échal Vous venez d'attrister proiondé-
it vos véritables amis, ceux que, il y a
tie-mois à peine, vous faisiez assurer
vos sympathies, avec qui vous deviez
cher toujours,. et qui, se confiant sans
acations à votre patriotisme, créaient
r vous, et pour vous seul, un gouver-
tout si nouveau en France, qu'il a fallu
i: enter un mot pour le désigner.
Que fallait-il faire cependant pour con-
tenter M. d'Aboville? .̃
Le maréchal a été nommé chef dupou-
voir exécutif pour sept ans, sans condi-
tions, et répétons-le encore une fois, en
l'absence du roi empêché. Ildoit à sa di-.
gnité propre comme a celle de la cham-
bre de tenir revote du 20 novembre pour
sérieux et s'il est obligé de le répéter à
plusieurs reprises, c'est qu'on s'obstine à
le traiter avec un sans-gêne vraiment
maladroit. Comment résister aux radi-
caux quand des hommes d'ordre comme
M. d'Aboville sont les premiers à discré-
diter l'œuvre du parti conservateur?
En politique, il y a évidemment des
questions complexes, mais les situations
simples sont indispensables. Réduisons
le débat à deux points.
Ou faire la monarchie, ce- qui à no-
tre grand regret n'est pas plus possi-
ble maintenant qu'en novembre dernier:
ou accepter le Septennat, sans épiloguor
sur ce qu'il signifie. Voyons'ce qu'il em-
pêche au point de vue radical, et conten-
tons-nous de cela."
Nous devons signaler d'autre part un
bruit qui prend quelque créance et au-
quel le Temps a prêté sa publicité hier.
soir.
Plusieurs journaux annoncent que MM.
de Cazonovo de Praclin'e et de Garayon-La-
tour vont partir incessamment pour Frohs-
dorf, afin do tenter auprès du comte de
Ghamborcl un dernier effort en faveur d'une
restauration monarchique, avant l'essai
d'organisation des pouvoirs du maréchal
de Mac-Mahon par les lois constitution-
nelles.
Les mômes -.journaux ajoutent qu'au len-
demain de l'interpellation Ghalîemel-La-
cour, M. de Broglie se proposait de présen-
ter à la Chambre un projet de loi sur la
seconde Chambre, d'ans lequel le gouVer-
nemont du maréchal de Mac-Mahon était
qualifié de république septennale.
Deux des membres du cabinet, MM. De-
peyre et de Larcy, qui ne se trouvent pas
en conformité d'idées- sur ce point avec le
vice-président du conseil, auraient de-
mandé au conseil et obtenu que la présen-
tation de ce projet lut ajournée a la reprise
de la session, après les vacances de, Pâques.
La création de la République 'septennale
ne nous paraît pas heureuse; puisque ce
mot République soulève tant de colores,
tant de défiances, n'en parlons point. Au
fond, elle existe, cela est certain pour-
quoi la proclamer et faire cette conces-
sion à des gens qui n'en seront point
reconnaissants, sans doute ? f ·
,*« Une agréable facétie de Gygès dans
Paris-Journal
A propos du récent anniversaire de la
Commune, on causait l'autre jour dans un
bureau de rédaction. s
Un journaliste qui, depuis quoique temps,
penche du côté radical, disait-:
Il y avait pourtant une idée au fond
de toutes ces orgies
C'est vrai, répondit." sérieusement un
de nos confrères.'Mais elle était impratica-
ble. Comment voulez-vous que l'on puisse
donner du vin à discrétion à tout le monde?
F. M.
J L+
INFORMATIONS
I*a Journée
Mgr le clucd'Aumaleest parti hier matin'
pour. Besancon.
M, Ferdinand Duval a reçu hier à déjeu-
ner, au Petit-Lux cmbourg,°M. le comte de
Paris..
Hier à quatre heures de l'après-midi a eu
lieu à l'église Notre-Dame le pèlerinage des.
Enfants, de Marie, institué par Mgr Guibort
en commémoration duvp_èlerinago de l'an-
née dernière. La foule était immense, et à
quatre heures il était difficile dé pénétrer
dans l'intérieur.
Apres le chant du Miserere, et une tou-
chante allocution, prononcée par le P. Gé-
romct, de l'Ordre des frères prêcheurs,' la.
cérémonie a été terminée par une proces-
sion aux flambeaux a laquelle ont pris part
le clergé de la paroisse et plus de, deux
mille fidèles.
La nef avait été réservée aux femmes, et
elles étaient la on' très grand nombre, ayant
toutes un cierge à la main.
u
Hier soir a ou lieu,'à à -'le
banquet annuel des cultivateurs de la
Seine. v
Quand. M. de Villehaut-d'Avron put un
peu mieux marcher, se sentit un peu
plus fort, et qu'il vit qu'il,ne lui restait
plus qu'à bien manger et à beaucoup
dormir pour se rétablir complètement, il
dit à Michel, un soir qu'il se trouvait
seul arec lui
Mon camarade, je suis bien aise que
tu aies accepté l'argent que ma femme
t'a offert pour ta libération. Cela te por-
tera bonheur, et à moi aussi. Les saintes
comme madame de Villehaut-d'Avron
sont la plus sûre protection pour les êtres
auxquels elles s'intéressent. Pendant
que je vais 'finir, de me guérir, tu parti-
ras pour Paris, tu y chercheras un appar-
tément qué tu louoras sous un nôui ~'em-
tement que tu loueras sous un nom d'em-
prunt, celui que tu voudras, et tu le meu-
bleras pour que nous puissions l'habiter
tous deux. 11 faut que ce logement soit
aussi près que' possible de l'hôtel Char-
vallon. Entre le soldat et le marin il
n'y a que la main tu te déguiseras quel-
que peu et tu te feras passer pour le ma-
telot d'un capitaine au long cours, ayant
fait fortune, et qui désire l'augmenter, à
Paris, dans les affaires industrielles. De
mon côté, je prendrai les allures de ma
qualité, et personne ne pourra reconnaî-
tre M. de Villehaut-d'Avron ni son fidèle
Michel dans ce capitaine et ce matelot
improvisés. Ainsi transformés, il nous
restera une rude besogne à faire, je te le
promets. Si, jusqu'à présent, je suis resté
muet sur l'événement qui a marqué la
nuit de mes noces, c'est, que j'ai trouvé
sage de garder pour nous deux- le secret
de ce qui s'est passé, car il n'y a que toi
et moi, moi\ camarade, qui puissions ti-
rer au claiu cette affaire,. la plus sombre
et la plus tortueuse qu'un esprit humain
puisse imaginer.
Si j'ai 'bien compris, dit Michel qui
ne voulait pas forcer les confidences de
son maître, il me faut aller a "Paris, en
cachette, et y louer sous un nom sup-
posé un modeste appartement qui puisse
servir d'observatoire pour surveiller les
Au dessert, l'un des principaux convives,
M. ExUpére Bouc lia, a lu une petite poésie,
dont on nous saura gré de citer un cou-
plet, que l'auteur a copié de sa main pour
le Figaro:
Dans ce banquet tout -lo monde est ravie,
Car l'union, l'acord fait la beauté
Il représente la culture, le comerce. et l'industrie,
Ce qui fait lioiicur à notre société
Rcndon homago à nos membres honnornircs,
De leurconcours nous sommes secondée
Aux président, trésorier, secrétaire,
Pour les travaux qu'ils se sont imposée
Il y en avait quatre couplets comme cela.
ElJ comme nous nous nous extasiions sur
la beauté de l'œuvre
Dame monsieur, nous a dit M. Exu-
père Boucha avec modestie. il y a huit
mois que je travaille à cela
Une vente au profit de l'œuvre des piv;
blications populaires aura lieu les lundi
30 et mardi 31 mars, de une heure à six,
clans, les salons du ministère des travaux
publics, rue Saint-Dominique.
Le produit de cette vente sera spéciale-
ment consacré a des dons de livres aux bi-
bliothèques de régiments pour les soldats.
Un lugubre canard avait pris hier son
vol sur Paris. Delmonico le dompteur noir
avait, assurait-on, été dévoré par ses lions.
Les détails étaient affreux et précis.
Après avoir, la veille au soir, exécuté
comme d'habitude ses exercices dans la
cage, Delmonico était allé hier matin pré-
slder au repas de ses lions. A peine était-il
là qu'une discussion s'était engagée 'entre
deux des animaux. Le dompteur avait voulu
intervenir et les fauves se "jetant sur lui
l'avaient déchiré à belles dents.
Nous sommes allés aux Folies-Bergère-
Nous avons trouve les lions faisant tran.
quillement la sieste dans leur cage, et Del-
monico fumant son cigare et beaucoup
plus en train d'aller dévorer lui-même un
beefstcack que de servir de nourriture à ses
pensionnaires.. v
'Cotte autre histoire qu'où est venu nous
raconter aussi hier soir, est-elle plus yéri-
clique ? Nous n'oserions l'allirmer.
En creusant dans un. champ près d'Ivry,
nous a-t-on dit, des enfants ont trouve uu
paquet soigneusement emballé et contenant
huit cent mille francs en billets de "Banque.
Inutile de dire que les gamins enchantés
se seraient .immédiatement partagé cette
somme..
Un marinier qui passait, voyant ces lias-
ses de billets entre les mains des enfants,
aurait couru prévenir M. le maire d'Ivry,
qui serait arrive avec des gendarmes et au.
rait repris la plus grande partie de cc
trésor. •
MaJgré l'heure avancée, nous sommes al-
lés aux renseignements.- On nous a bien
confirmé l'histoire dans tous ses détails, en
ajoutant même que les billets étaient uni-
formément de vingt-cinq .francs, et tous as-
son détériorés 'par leur séjour dans la terre.
Mais.nous n'avons pu voir ni les enfants
qui ont fait la trouvaille, ni le maire, qui
aurait pu nous donner des renseignements
précis.
Nous attendrons cloue à demain pour dire
la vérité sur cette affaire.
Nous avons raconté hier la triste cérémo-
nie de la dégradation de l'ex-capitaine Ma-
thuszewicz.
C'est après-demain que le condamné
quitte Paris, en route pour'Nouméa. Son
moral,'qui était redevenu très ferme depuis
sa -commutation, est de nouveau très abattu
depuis sa dégradation. Il pleure et répète
qu'il aurait mieux valu pour lui être fusillé.
Mathuszcwicz fait partie d'un convoi de
quatorze condamnés à la déportation..
Les loups, dit-ont, ne se mangent point
entre eux. Il n'en est pas de même xcles co-
chers
llier, vers une heure de l'après midi, à la
suite d'une violente querelle à la station du
boulevard Malosherbes, entre les edehers-
Bastion et Rocci. ce dernier a frappe son
adversaire de huit coups de. poinçon au cô-
té gauche. r." ̃
Le malheureux Bastion a été porté dans
un état désespéré à l'hôpital Beaujon. Rocci
a été arrête.
Un suicide dont les causes restent inex-
plicables. Hier matin, à neuf heures, une
dame Montubcrt, âgée de soixante et onze
ans, ouvrière en dentelles, s'est jetée parla
fenêtre do son domicile, 8, rue 'de Poissy,'
cm cinquième étage, et est allée se broyer
sur le pavé.
Un instant ayant son suicide Mme Mon" tu-
bei't qui portait fort gaillardement son âge,
et n'était atteinte d'aucune inlirmitéj avait
causé gaiment avec son mari et trace à ses
ouvrières la besogne (le la journée.
Cut événement a causé dans le quartier
une douloureuse sensation.
Un grave accident est. arrivé hier aux
chantiers du parc de Montsouris.
Une voûlc_. en construction, au-dessous
de laquelle travaillaient divers ouvriers,
s'est écroulée sur eux.
L'un d'eux, le nommé Joseph Galahï, âgé
de dix-sept ans, a été enseveli sous les dc-
allées et les venues des gens de l'hôtel
dans lequel s'est retirée Madame la mar-
quise ?
C'est cela même. Pars, et, dès que
les choses seront préparées, reviens
m'en avertir. J'espère que je lie tarde-
rai pas a être assez fort pour entrepren-
dre a nous deux l'exécution du plan que
j'ai conçu pendant les longues heures de
ma convalescence.
Un mois après, M. de Villehaut-d'A-
vron, sous le pseudonyme de Mareuil, et
Michel, sous celui de Martin, étaient ins-
tallés clans un appartement simple, mais
confortable, situé rue de Seine, en face
mème de l'hôtel Charvallon.
Et, comme le marquis' légalement
n'existait plus, qu'il n'aurait pu, paî'.cqn-
séquent, demander des fonds à son no-
taire ou a son banquier, M. de Mornant
avait mis toute sa fortune à sa disposi-
tion.
Il y avait à peine-quelques jours que
le marquis habitait son nouveau domi-
cile, qu'il' savait à quoi s'en tenir sur
tout,ce qui se passait à l'hôtel Charvallon.
La chanoinesso et la marquise vivaient
littéralement là comme deux recluses.
Les portes de l'hôtel avaient été fer-
niées a tous les visiteurs, à l'exception
du chevalier Chérubin d'Auberives qui
̃yshait y pleurer et s'éteindre un peu
chaque jour, en prenant sa part du deuil
et de la désolation de ses deux cousines.
Le monde qui fréquentait autrefois les
salons de madame de Charvallon savait
que Marianne avait résolu d'entrer au
couvent, qu'elle abandonnait a tout ja-
mais les relations du passé, et, qu'en at-
tendant,, elle voulait rester seule, com-
plètement seule dans sa retraite pour y
pleurer l'époux qu'elle venait de perdre;
qu'elle avait fait d'ores et déjà ses adieux
au monde, et que, la période de son
deuil écoulée» après avoir entendu la
messe du bout de l'an qu'elle ferait dire
en grande pompe à l'église de sa pa-
roisse, elle monterait en voiture, au sor-,
comhres et grièvement blessé. Il a «lé
porté à son domicile, 102, rue de la Tombe-
Issoire.
Pour des voleurs qui ne s'embarrassent
pas et qui ne prennent quc.ee dont ils put
besoin, parlez-moi de ceux dont était hier
victime M. Burdy, demeurant 69, avenue
de Wagram.
M.- Burdy, qui est entrepreneur de .bâti-
ments, a, rue Laugier, 16, un vaste chan-
tier où/ sont tous les objets et les instru-
ments nécessaires à son industrie. Il va
sans dire que chaque soir, ce chantier est
fermé avec tous les soins qu'il mérite.
Mais, l'avant-demière nuit, des voleurs
en escaladaient la clôture, choisissaient un
vaste camion, remplissaient de quinze sacs s
à plâtre, de cent-vingt cordages,, de cin-
quante-deux Mlos de plomb, de soixante et
un instruments divers,. brisaient la clôturé
pour faire sortir ce Camion et s'en allaient.
on ne sait malheureusement où.
Or hier, dans la matinée, ces individus,
qui n'ont que faire sans doute du camion,
le ramenaient, sans être remarqués, à quelr
ques pas "du chantier.
M. Burdy n'a peut-être pas été fâché de
revoir son camion, mais M. le commissaire
de police, déjà informé, eût préféré, on le
conçoit, faire la connaissance do ceux qui
le ramenaient.
Il y a des gens qui n'ont pas de chance.
Tenez, croyez-vous, par exemple, que ce
pauvre Saint-Marcel en ait seulement pour
un sou? ̃
Saint-Marcel est uii ancien communard,
qui, pendant la période, insurrectionnelle,
s était mis à arrêter les anciens sergents de
ville comme s'il n'avait fait que cela toute
sa vie.
Malheureusement il a été rencontre hier
devant sa porte, 1, rue Mademoiselle, par
un gardien de la paix qu'il avait failli foire,
fusiller sous le règne de Delescluze pre-
mier. Le gardien a recormu Saint-Marcel,
et lui a fait subir la peine du talion.
Saint-Marcel est depuis hier au dépôt. 11
paraît que son cas est terriblement com-
pliqué, et qu'il y va pour lui de la peine de
mort.
Par cruelles séries de hontes et de misè-
res a du passer le vagabond du nom de
Petiot de Taillac, qu'on arrêtait hier en'
flagrant délit de vol dans la salle d'asile dû
boulevarl Péreire, où il venait demander
des secours
Ce vagabond, qui a soixante et un ans
et qui volait un modeste seau, était; il y a
vingt ans, un de nos chimistes les plus dis-
tingués. Sa mère est la comtesse V. do `
la-P*
Quelle jolie collection d'enseignes dro-
latiques il y aurait à faire dans Paris
Nous en 'avons aperçu hier sur la route.
de Saint-Mandé} une admirable et qui laisse.
bien derrière elle le bon coing et le grand
I vert. ̃'̃̃̃̃,̃'̃.
C'est celle d'un marchand de bois do
construction. Elle représente un paysage»
du Nouveau-Moude. Un énorme serpent
s'enroule autour d'un palmier, fascinant.
de son regard un indigène qui essaie (la
prendre la fuite. Au dessous cette ins-
cription
AU BOIS CONSTRUCTEUR
Gaston Vassy.
•* r
JARDIN D'ACCLIMATATION.
Les concerts auront liou l'es jeudis et dimanches,
à 3 heures, à partir du jour de Pâques, 5 avril.
♦
GAZETTE DES TRIBUNAUX
8e CHAMBRE CORRECTIONNELLE. Affaire
Gabriel Hugelmann.– Condamnation.
1" chambre. Dénouement do l'affaire
Ferrand.
Hier en arrivant à l'audience, Ilugel-
mann était moins fier que la veille. Ses
yeux étaient cernés. Il avait certaine-
ment passé une nuit sans sommeil. Mal-
gré tout, il a continué à ricaner à chaque
question qui lui était posée. Sa tenue
sous ce rapport a été absolument déplo-
rable. M. le président Millet, qui pour-
tant lui a laissé toute liberté pour se dé-
fendre, a été, à deux où .trois reprises,
obligé de le rappeler au respect de la
justice. •
La première partie de l'audience a. été.
consacrée à l'audition des témoins. Leurs
dépositions ont été, en général, fort obs-
cures, et cela s'explique. Les amis
d'Hugelmann ne peuvent guère dire la
vérité tout entière, et ses victimes ont
intérêt à jeter un voile sur les persécu-
tions auxquelles eUes ont, été en butte.
Les deux témoignages qui ont eu le
plus de couleur dans le débat ont été
ceux de Mmede Sarins, la maîtresse d'Hu-
gelmann, et de M'ne Larivièrt* la veuve
'->
tir même de la messe et irait s'ensevelir
dans le chapitre où elle,avait été élevëef
pour demander à Dieu la grâce d'être
réunie le plutôt possible à son bien-aimé
dans une vie meilleure..
Les'anciens familiers de l'hôEel sa-
vaient cela et respectaient ces résolutions
dictées par une douleur dont nul ne pou-
vait suspecter la sincérité;
M. de Villehaut-d'Avron le savait aussi,
et c'était pour lui une satisfaction toute
particulière d'assister ainsi vivant à l'af-
llictjon de celle qui pleurait sa mort
avec des larmes si amères.
En même temps, le désespoir de Ma-
rianne le navrait et à chaque instant il
éprouvait la tentation d'aller se jeter
dans les bras de sa chère affligée pour la
rappeler à la vie et au bonheur, mais
chaque fois il était retenu par cette consi-
dération qu'en la laissant souffrir encore,
il préparait plus sûrement son bonheur,
car il finirait certainement par savoir
quel était l'être, venimeux qui s'était at-
taché à empoisonner ses jours, et, cet
être une fois connu, il saurait bien
l'empêcher de nuire. «
Le marquis et Michel, ou plutôt M.
Mareuil et son matelot -Martin passaient t
la majeure partie de leur temps en obser-
vation, interrogeant du regard et de la
pensée le sombre bâtiment qu'ils avaient
devant eux et suivant d'un œil aussi dé-
fiant que curieux toutes les personnes
qui entraient ou sortaient.
MIE D'AGHONNE.
(La suite à demain.)
semblée et descend de la tribune". Très
bien, Àlban un bon point.
-c
Moins spirituel et plus tenace a été M.
Duvergier de Hauranne, qui, sous pré-
texte de modifier légèrement le projet
de la commission, revient sur les argu-
ments présentés par M. dePressensé. Le
jeune M. Duvergier de Haùranne répond
a un discours qui n'a pas été fait par le
gouvernement et qu'il suppose fait parce
qu'il a préparé sa réponse et qu'il ra ap-
prise par cœur.
L'orateur, qui a évidemment des pré-
tentions exagérées à l'éloq*uènce, plaide
la cause de la réélection municipale en.
attaquant la majorité avec la dernière
violence, et en provoquant des tumultes
nbmbreux et en risquant quelques per-
sonnalités d'un goût douteux.
Cela est triste de la part d'un jeune
homme, de procéder par la diatribe et
les imprécations. Il est vrai que M. Du-
vergier de Hauranne a répare ce tort en
faisant le panégyrique des hommes du 4
septembre. (M. Gambetta jubile et se
frrrrrotte les mains).
Aux yeux de M. de Hauranne, le ̃vice-
président du Conseil fait de l'arbitraire
et, se transformant en dictateur, il oblige
l'Assemblée à violer les lois à son profit
ou du moins à les plier à son caprice. I
Bref, M.-Duvergier, servi par une mé-
moire qui nous est cruelle, prouve à
l'Assemblée en trois périodes, en sept
périphrases et en trente-neuf syllogis-
mes qu'en entrant dans la voie des sus-
pensions arbitraires de l'exercice du suf-
frage universel, elle mènera tout doucer
ment la France à un coup d'Etat césarien.
Puis M. Duvergier, qui manque de
mesure et ne cesse de couler rhétqrique-
ment comme un fleuve débordé, finit
par avoir tout dit et retourne a son banc
recevoir des mains de ses. amis le pre-
mier prix de récitation parlementaire.
VWVW\AAI
Après l'élève DuVergier de Hauranne,
déjà nommé, M. Depeyre, garde des
sceaux. Ah! la partie est fort belle pour
cet orateur à la voix vibrante, au style
sec, nerveux, vigoureux, au geste qui
frappe et qui accuse. M. Depeyre se
saisit du discours de M. Duvergier de
Hauranne pour combattre la gauche avec
ses propres armes. Le ministre le dit
comme il le pense: il ne s'agit ici.que
d'une question administrative; mais la
gauche en a fait une question politique;
la gauche, exaspérée de voir arriver les
vacances sans avoir pu ressaisir le pou-
voir a essayé d'engager une dernière ba-
taille et a pris le premier prétexte venu.
Elle a accusé le ministère de tyrannie,
elle a crié à l'arbitraire, elle a fait l'éloge
du 4 septembre; elle a dit qu'on violait
la loi.
Et c'est la gauche, ce sont les défen-
séurs et les hommes du 4 septembre qui
tiennent ce langage! Eux qui, -lorsque la
France, faisant trêve aux haines de partis,
se rangeait autour du gouvernement
de la Défense Nationale et lui sacrifiait
son or et ses enfants, ont, d'un trait de
plume supprimé les conseils généraux,
destitué les fonctionnaires, livré les
places à tous les intrigants du monde,
et ne craignent pas aujourd'hui de se
décerner des éloges et d'accuser leurs
adversaires de vouloir faire les mêmes
fautes et le même mal qu'ils ont fait eux-
inênaes.
-̃, roiwp.s de chaleureux applaudis-
•:̃•.̃• i ̃ lent ces vigoureuses pa-
.̃ ic • lu, ^iUjjrité se dessine, serrée et
compacte autour du cabinet.
A peine M. Depeyre a-t-il quitté la tri
Imne, que -M. Marcère s'y precipite et se
ressaisit d'une parole qui lui est chère. Il
ne lui suffit pas de son rapport filandreux
iit écrit dans un français de contrebande;
il lui faut encore un discours où il pourra
étaler sa facilité d'élocution et les beau-
tés de son style d'avocat finassier et dé-
pourvu de talent.
Comme on peut le voir, il est beaucoup
moins question dans tout ce débat de la
question des conseils 'municipaux que
d'accusations contre le ministère. M. Mar-
cère continue à marcher dans ce chemin
frayé, facile et fastidieux. Rapporteur,
M. Marcère est possible parce qu'il n'a a
devant lui qu'un certain nombre de pages
écrites, il faut qu'il se taise quand elles
sont épuisées. Orateur, M. Marcère res-
semble a un nîacaroni kilométrique, a
un peloton de ficelle, quelque chose
d'infiniment long, de solennellement
prétentieux et de tout à fait fatigant..
Est-U besoin de ressasser une fois encore
les éternels arguments qui ont été ex-
ploités par MM. de Pressensé et de Hau-
ranne. M. Marcère en offre une troisième
édition à l'Assemblée. Il parle, -ce pauvre
homme, parce qu'il se croit éloquent et
Feuilleton du FIGARO du 27 Mars
LIS IITSMMLIITIS
Michel, dit Marianne, permettez-
moi, au nom de M. Villehaut-d'Avron,
de vous donner la somme nécessaire à
Votre libération. S'il vivait, il ne vous
aurait pas laissé ce soin, et, moi, sa
femme, je ne peux pas vous le laisser
davantage.
à ce titre-là, j'accepte, madame la
marquise, et je vous remercie au nom
de M. le marquis.
Quand vous serez rentré en posses-
sion de votre liberté, que ferez-vous,
Michel, interrogea Marianne?
-r- Dans ce moment-ci, madame, j'ai
le coeur trop triste pour réfléchir a ce
que je dois faire dans l'avenir. Pour le
moment, je crois que je vais aller passer
quelques mois dans le village où je suis
né, pour y endormir un peu mon cha-
grin, car, l'éteindre jamais entièrement,
je ne compte pas. Je n'avais qu'une
joie, qu'un bonheur vivre auprès de
mon maître et pour mon maître; je ne
me consolerai jamais de l'avoir perdu.
La marquise tendit la .piain a Michel
et fondit? en larmes.
Michel prit la main qui lui était offerte,
et l'ayant baisée
Oh! non, reprit-il, jamais je ne m'en
consolerai. Pour que je revinsse ce que
j'ai été, il faudrait un miracle.
Et Dieu n'en fait plus fit tristement
Marianne.
Je suis croyant, madame, répondit
avec une sorte de vivacité Michel j'ai
confiance en Dieu, j'ai une foi vive. Tout
ce que Dieu a décidé se doit accomplir3
qu'il a dit: « Si j'étais vainqueur aujour-
d'hui, je prendrais demain le portefeuille
de Depeyre et je deviendrais im grand
homme, tandis que maintenant je ne
suis qu'un homme très long. »
Et cependant il est six heures, et l'on
se met a bailler. Les parlementaires at-
tribuent leurs baillements à des contrac-
tions d'estomac j mais nous qui avons le
bonheur de n'être point des parlemen-
taires, nous les mettons sur le compte de
la bouillie oratoire, du javanais déclama-
toire dont M. Marcère inonde nos pau-
vres oreilles.
On vote enfin sur le projet de la com-
mission, ou plutôt sur le rapport de M.
Marcère, qui est repoussé à une majorité
de 75 voix.
Ce premier succès ministériel fait pré-
sager l'issue de' la lutte. Le projet du
gouvernement, c'est-à-dire la prolonga-
tion des Conseils municipaux est adopté
au scrutin secret à une majorité de 334
voix sur 379 votants.
Ce chiffre victorieux demande une
petite explication. -A six heures trente-
cinq minutes on a -mis aux voix le projet
du gouvernement. Un grand nombre de
membres de la gauche ont alors donné
leurs bulletins a des amis chargés de
voter pour eux et sont partis par le train.
C'est alors qu'une demande de scrutin
secret et d'appel nominal a été déposée
et suivie du résultat ci-dessusmentionné.
Nous-mêmes nous, avions quitté la
séance, au moment où le scrutin secret
venait d'être ouvert et. un peu après le
départ des gauchers trop pressés de re-
gagner Paris. En route nous rencontrons
MM. de Castellane, Tréveneuc et do la
Bouillerie qui, ignorant l'appel nominal,
essaient d'attraper le train. Nous les pré-
venons, ils sautent en voiture et retour-
nent à l'Assemblée.
En revanche; nous nous sommes bien
gardés de prévenir une centaine de
membres de la gauche qui sont revenus
par le même train que nous, en se frot-
tant les mains et en se disant « Le mi.
nistère n'aura pas plus de 6.0 voix pour
lui. » Il en a eu 300.
«
Injustices et Abus
CAllTES POSTALES
Tout le monde a reçu des lettres anony-
mes. C'est un froissement à huis-clos on
méprise, mais on enrage, pendant un mo-
ment, puis. on finit par oublier.
La carte postale anonyme est infiniment
plus cruelle, précisément parce que le sup-
plice qu'elle vous inllige n'est plus à huis-
clos.
On l'a jetée, en plein jour, à la boîte,avec
toutes les apparences de l'innocence et de-
l'honnêteté.
Elle passe sous les yeuxde l'employé, du
facteur, du concierge, de vos domestiques,
et même souvent d'une infinité d'autres
personnes, criant l'insulte, vomissant l'in-
famie.
On peut ainsi faire parvenir impunément
dans une famille les choses plus monstrueu-
ses, les plus dissolvantes, et ces choses
peuvent être lues par une jeune fille,par
un enfant, par un visiteur.
Essayez d'envoyer un télégramme incon-
venant l'employé refusera d'abord, et puis
vous serez retenu de le faire, parce qu'il
faudra donner 'votre nom, votre adresse,
peut-être montrer votre figure.
La-carte postale, elle, n'offre, pas do ces
entraves et donne à l'homme lâche et
malintentionné tbute facilité de faire le
mal.
Un monsieur qui aurait l'impudence de
venir vous présenter, de la part d'un ano-
nyme, quelques poignées d'ordures courrait
chance d'être mal accueilli, n'est-ce pas?
Eh! bien, c'est ce métier-là que fait, cha-
que jour nous no saurions dire combien
de fois la Poste, avec les cartes anony-
mes.
Est-ce que cette administration ne se rend
pas ainsi sciemment complice de l'insulte,
de l'injure, de l'outrage, de la calomnie, de
la diffamation dont vous êtes l'objet?
Bien mieux, par le fait de l'anonymat, la
Poste devient autour principal
Et nous soutenons qu'on est en droit de
la poursuivre pour l'un -et l'autre de ces dé-
lits ou pour tous ensemble, suivant ce
qu'en contient la carte anonyme.
Il n'y a qu'un moyen de remédier au
mal c'est que chaque bureau de poste ait
sou censeur pour les cartes postales,- ano-
nymes ou autres, -et qu'on montre dans
cette administration, sous ce rapport, la
même pudeur que dans celle (les télégra-
phes. 0
rien n'étant impossible à sa volonté'ni à
sa charité pour nous.
Marianne fut émue par ces paroles
comme par un reproche mérité. Elle, s'ac-
cusa intérieurement d'avoir manqué de
foi. Mais quelque effort qu'elle pût faire,
l'espoir que M. de Villehaut-d'Avron lui
fût jamais rendu no pénétrait pas dans
son cœur.
Aussi, dit-elle tristement
Moi, je ne puis plus attendre ce mi-
racle en ma faveur. J'entrerai en reli-
gion aussitôt que mon deuil sera fini.
Mais, tant que ié serai dans le monde,
ma maison, est la vôtre, et-vous
me ferez plaisir en ne l'oubliant pas.
Michel, devant cette douleur grande
et simple, se sentait sur le point de lais-
ser échapper son secret. Il se hâta de .se
soustraire à cette influence, prit aussitôt
congé de la marquise et sortit.
Ce qui ne l'empêcha pas de se dire,
une fois dehors
C'est pourtant elle qui a voulu tuer
son second mari comme, elle a tué le
premier! Quelle' épouvantable folie la
dominé !> Et qu'elle'doit souffrir, lorsqu'a-
près ces accès, le crime, commis, elle re-
vient à la raison! Car elle est douce et
bonne, et elle aimait M. de Villehaut-
d'Avron. Son chagrin est réel, et il est
immense! Pauvre femme
M. de Villehaut-d'Avron, caché chez
M- de Mornant, entouré des soins de Mi-
chel et de M. de Bellombre revenait à la
vie, mais avec beaucoup de lenteur. Il se
passa plus de trois mois avant qu'il fut
permis d'appeler son attention sur les
faits qui s'étaient passés et de l'interro-
ger à ce sujet.
Quant M. de Bellombre essaya de lui
demander comment, la p/emièrë nuit de
ses noces il avait reçu le coup de cou-
teau qui l'avait mis à° un cheveu de la
mort, il lui fit signe de se taire, ajoutant
seulement à son geste ces mots
Plus tard. Le temps n'est pas encore
venu de parler de ces choses.
49
TELEGRAMMES & CORRE' OND^OES
• ITPELUER, 25 T 6 ill'CS
soir. j,v de' Cabrières otiv uvel
évôqu is possession de si xu-
jourd/i.'ji. La réception qui a été a a
été fort- belle.
Le préfet, les généraux, 1 Jour d'appel
et les tribunaux, les facultt' le médecine,
des lettres et des sciences li ont fait les
honneurs de sa ville épisco,nie.
On a constaté eu revanche l'éclipsé totale
du conseil municipal.. «
™ Nice. 24 mars. Dimanche,- 22 •
mars, vers 7 heures, sept ou huit malfai-
teurs assaillirent à l'extrémité de. la pro-
menade des Anglais un jeune soldat du
111e elfe ligne, engagé volontaire d'un an.
Après l'avoir roué de coups #1 dévalisé
• complètement;, ces îiïjséï'ftbias \curent. la
cruauté clo lui brûler le visage'. >̃'
Ce malheureux jeune homme put se traî-
ner jusqu'à la caserne où il arriva dans un
état pitoyable.
Quand donc mettra-t-on un terme, par
un exemple sévère, ces actes de sauvagerie
contre nos soldats, qui se renouvellent trop
souvent à Nice?
• Montaudan, 25 mars. • M. de
Brcssollos, général de division, du cadre
de réserve, ancien président du Conseil
général du Tarn-et-Garonne, vient de mou-
rir, a l'âge de 81 ans, dans son domaine de
Bcaugin, près d'Auvillar.
̃ ̃ Avignon, 24 mars. La queue do
l'élection de Vaucluse.
Mercredi dernier, sept individus com-
paraissaient devant le tribunal correction-
nel d'Avignon, sous la prévention d'avoir
voté, 'malgré leur casier judiciaire. Deux
ont été condamnés a trois jours de prison,
Berbézier (Joseph), d'Avignon, et Grimaud
(Antoine), du Thor; les cinq autres, hahi-
tants de la commune d'Avignon, l'ont été
à. jours Ban (Noël), Barbe (Théodore),
Bourret (Joseph), Hommage (Joseph-Félix)
et Vignaud (Jean- Jacques).
Auguste Mtircade.
PARIS AU JOM 1E JOUR
Un membre' de l'extrême droite, M.
d'Aboville, député du Loiret, a publié
une lettre que nous trouvons dans l' Union
et qui ne manque pas de gravité, bien
que, selon toute vraisemblance, elle
n'engage que les opinions personnelles
de M. d'Abovillo.
Donc, l'honorable député est d'avis,.
(sa lettre commence ainsi), que M. le ma-
réchal de Mac-Mahon a manqué une
« belle occasion de garder le silence. »
Il s'agit, comme o'i voit, de la lettre
du président a M. de Broglie qui doit
selon lui diviser la majorité.
A la franche déclaration de M. de Cazc-
nove, le ministre avait répondu que le ma-
réchal n'était pas lié par la confiance ex-
primée par M. de Cazenove, mais il n'avait
rien ajouté d'où l'on pût conclure que, le
cas échéant, M. le maréchal fût disposé à.
tromper cette confiance. Grâce à cette ha-
bile réserve, on accord avec sa déclaration
du 19 novembre, M. do Broglie avait ob-
tenu une do ses plus belles majorités, et M.
Thicrs, attiré à la séance par 1 espoir d'une
revanche, n'en avait rapporté que la dou-
leur d'une nouvelle défaite pour les gau-
ches coalisées.
Par un excès de loyauté peut-être, mon-
sieur le maréchal, prenant trop au sérieux
son titre de président de la République, a
compromis ce succès, et il a justifié, plus S
tât qu'ils ne le craignaient eux-mêmes, les
prévisions des huit. députés royalistes qui, l
malgré leur sympathie pour-son noble ca-
ractère, n'ont pas cru pouvoir voter la pro.
rogation.
M. d'Aboville reste dans cette hypo-
thèse que prochainement il ne sait pas
quand la monarchie viendra relever
le maréchal de la faction qu'il a accep-
tée, oubliant qu'on a été trop heureux
de la lui confier, et que s'il l'eùt refusée,
on se fut trouvé dans un singulier em-
barras. Quoiqu'il en soit, M. d'Aboville
annonce une rupture formelle entre le
ministère et la majorité.
Ce double jeu ne fera pas indéfiniment
des dupes. Ou nous nous trompons fort, ou
la journée du 20 mars aura réparé pour la
gauche l'échec du 18 et le gouvernement
aura lui-même brisé sa majorité en rom-
pant, d'un -coeur léger, avec ses alliés peu
exigeants qui l'avaient fondé- au '24 mai,
maintenu le 19 novembre et imperturba-
blement soutenu depuis, sans demandpr
d'autre récompense que de n'être pas ré-
duits à désespérer du salut de la patrie.
Point d'illusions! D'ici il deux mois,
M. le duc de Broglie va nous proposer
d'organiser la République septennale, et
de reprendre l'œuvre inaugurée le 21 fé-
vrier 1873 par son rapport lu au nom de la
commission des Trente, interrompue au
24 mai. Mais alors pourquoi avoir renversé
M. Thiers? Sous son principal,- notre com-
merce intérieur languissait moins, et la
France n'était pas plus insultée à l'étran-
ger qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Albert Millaud,
Emile Paure.
Michel, que la joie do voir son maître
à peu près hors de danger satisfaisait
complètement, ne le pressait pas de
questions qui l'aurait fatigué. Il attendait
tout du temps, et comme il se trouvait
auprès du marquis, libre, indépendant,
et a même de le protéger, de le secourir,
de le défendre contre tout danger, il
laissait couler les jours qui rendaient la
santé à son maître.
M. de Mornant était comme Michel: il
avait foi en Dieu qui avait arraché le
marquis à' la mort, et ne doutait pas que
sa providence ne veillât sur lui d'une
façon toute spéciale.
La convalescence dura trois autres
mois, et ce ne fut qu'au bout de ce temps
que M. de Villehaut-d'Avron se sentit
capable de se tenir debout et. de mettre
un pied devant l'autre.
Pendant tout ce temps-là, il n'avait pas
dit un mot sur l'accident dont il avait été
la victime, il n'y avait pas même fait al-
lusion.
Ce silence obstiné confirmait Michel
dans son opinion aii sujet de la marquise.
C'est elle; c'est bien elle, se disait-
il, je ne me suis pas trompé; âl- faut évi-
demment que le meurtre soit le fait de
la marquise pourqu'il reste si muet là-
dessus. La femme ^qu'on aime^ con-
tinuait-il, n'a jamais tort, elle n'est;
jamais criminelle, lors même qu'elle
vous tuerait mille fois. Mon colonel
aime sa femme, il la croit folle, comme
je le crois moi-même, et il attend que sa
santé l'ait refait assez fort pour se pré-
senter de nouveau à elle et chasser le
fantôme qui trouble son cerveau. Il le
faut guérir, et, jusque-là, il ne veut en
parler à personne.
Michel attendait le moment; se pro-
mettant bien de ne pas laisser le marquis
seul aux prises avec la folie de sa jeune
femme, et s&.proposant d'assiter caché à
leur première entrevue qui ne pouvait
manquer de déterminer un accès de ma<
nier furieuse.
oyez où l'on vous mène, monsieur le
.'échal Vous venez d'attrister proiondé-
it vos véritables amis, ceux que, il y a
tie-mois à peine, vous faisiez assurer
vos sympathies, avec qui vous deviez
cher toujours,. et qui, se confiant sans
acations à votre patriotisme, créaient
r vous, et pour vous seul, un gouver-
tout si nouveau en France, qu'il a fallu
i: enter un mot pour le désigner.
Que fallait-il faire cependant pour con-
tenter M. d'Aboville? .̃
Le maréchal a été nommé chef dupou-
voir exécutif pour sept ans, sans condi-
tions, et répétons-le encore une fois, en
l'absence du roi empêché. Ildoit à sa di-.
gnité propre comme a celle de la cham-
bre de tenir revote du 20 novembre pour
sérieux et s'il est obligé de le répéter à
plusieurs reprises, c'est qu'on s'obstine à
le traiter avec un sans-gêne vraiment
maladroit. Comment résister aux radi-
caux quand des hommes d'ordre comme
M. d'Aboville sont les premiers à discré-
diter l'œuvre du parti conservateur?
En politique, il y a évidemment des
questions complexes, mais les situations
simples sont indispensables. Réduisons
le débat à deux points.
Ou faire la monarchie, ce- qui à no-
tre grand regret n'est pas plus possi-
ble maintenant qu'en novembre dernier:
ou accepter le Septennat, sans épiloguor
sur ce qu'il signifie. Voyons'ce qu'il em-
pêche au point de vue radical, et conten-
tons-nous de cela."
Nous devons signaler d'autre part un
bruit qui prend quelque créance et au-
quel le Temps a prêté sa publicité hier.
soir.
Plusieurs journaux annoncent que MM.
de Cazonovo de Praclin'e et de Garayon-La-
tour vont partir incessamment pour Frohs-
dorf, afin do tenter auprès du comte de
Ghamborcl un dernier effort en faveur d'une
restauration monarchique, avant l'essai
d'organisation des pouvoirs du maréchal
de Mac-Mahon par les lois constitution-
nelles.
Les mômes -.journaux ajoutent qu'au len-
demain de l'interpellation Ghalîemel-La-
cour, M. de Broglie se proposait de présen-
ter à la Chambre un projet de loi sur la
seconde Chambre, d'ans lequel le gouVer-
nemont du maréchal de Mac-Mahon était
qualifié de république septennale.
Deux des membres du cabinet, MM. De-
peyre et de Larcy, qui ne se trouvent pas
en conformité d'idées- sur ce point avec le
vice-président du conseil, auraient de-
mandé au conseil et obtenu que la présen-
tation de ce projet lut ajournée a la reprise
de la session, après les vacances de, Pâques.
La création de la République 'septennale
ne nous paraît pas heureuse; puisque ce
mot République soulève tant de colores,
tant de défiances, n'en parlons point. Au
fond, elle existe, cela est certain pour-
quoi la proclamer et faire cette conces-
sion à des gens qui n'en seront point
reconnaissants, sans doute ? f ·
,*« Une agréable facétie de Gygès dans
Paris-Journal
A propos du récent anniversaire de la
Commune, on causait l'autre jour dans un
bureau de rédaction. s
Un journaliste qui, depuis quoique temps,
penche du côté radical, disait-:
Il y avait pourtant une idée au fond
de toutes ces orgies
C'est vrai, répondit." sérieusement un
de nos confrères.'Mais elle était impratica-
ble. Comment voulez-vous que l'on puisse
donner du vin à discrétion à tout le monde?
F. M.
J L+
INFORMATIONS
I*a Journée
Mgr le clucd'Aumaleest parti hier matin'
pour. Besancon.
M, Ferdinand Duval a reçu hier à déjeu-
ner, au Petit-Lux cmbourg,°M. le comte de
Paris..
Hier à quatre heures de l'après-midi a eu
lieu à l'église Notre-Dame le pèlerinage des.
Enfants, de Marie, institué par Mgr Guibort
en commémoration duvp_èlerinago de l'an-
née dernière. La foule était immense, et à
quatre heures il était difficile dé pénétrer
dans l'intérieur.
Apres le chant du Miserere, et une tou-
chante allocution, prononcée par le P. Gé-
romct, de l'Ordre des frères prêcheurs,' la.
cérémonie a été terminée par une proces-
sion aux flambeaux a laquelle ont pris part
le clergé de la paroisse et plus de, deux
mille fidèles.
La nef avait été réservée aux femmes, et
elles étaient la on' très grand nombre, ayant
toutes un cierge à la main.
u
Hier soir a ou lieu,'à à -'le
banquet annuel des cultivateurs de la
Seine. v
Quand. M. de Villehaut-d'Avron put un
peu mieux marcher, se sentit un peu
plus fort, et qu'il vit qu'il,ne lui restait
plus qu'à bien manger et à beaucoup
dormir pour se rétablir complètement, il
dit à Michel, un soir qu'il se trouvait
seul arec lui
Mon camarade, je suis bien aise que
tu aies accepté l'argent que ma femme
t'a offert pour ta libération. Cela te por-
tera bonheur, et à moi aussi. Les saintes
comme madame de Villehaut-d'Avron
sont la plus sûre protection pour les êtres
auxquels elles s'intéressent. Pendant
que je vais 'finir, de me guérir, tu parti-
ras pour Paris, tu y chercheras un appar-
tément qué tu louoras sous un nôui ~'em-
tement que tu loueras sous un nom d'em-
prunt, celui que tu voudras, et tu le meu-
bleras pour que nous puissions l'habiter
tous deux. 11 faut que ce logement soit
aussi près que' possible de l'hôtel Char-
vallon. Entre le soldat et le marin il
n'y a que la main tu te déguiseras quel-
que peu et tu te feras passer pour le ma-
telot d'un capitaine au long cours, ayant
fait fortune, et qui désire l'augmenter, à
Paris, dans les affaires industrielles. De
mon côté, je prendrai les allures de ma
qualité, et personne ne pourra reconnaî-
tre M. de Villehaut-d'Avron ni son fidèle
Michel dans ce capitaine et ce matelot
improvisés. Ainsi transformés, il nous
restera une rude besogne à faire, je te le
promets. Si, jusqu'à présent, je suis resté
muet sur l'événement qui a marqué la
nuit de mes noces, c'est, que j'ai trouvé
sage de garder pour nous deux- le secret
de ce qui s'est passé, car il n'y a que toi
et moi, moi\ camarade, qui puissions ti-
rer au claiu cette affaire,. la plus sombre
et la plus tortueuse qu'un esprit humain
puisse imaginer.
Si j'ai 'bien compris, dit Michel qui
ne voulait pas forcer les confidences de
son maître, il me faut aller a "Paris, en
cachette, et y louer sous un nom sup-
posé un modeste appartement qui puisse
servir d'observatoire pour surveiller les
Au dessert, l'un des principaux convives,
M. ExUpére Bouc lia, a lu une petite poésie,
dont on nous saura gré de citer un cou-
plet, que l'auteur a copié de sa main pour
le Figaro:
Dans ce banquet tout -lo monde est ravie,
Car l'union, l'acord fait la beauté
Il représente la culture, le comerce. et l'industrie,
Ce qui fait lioiicur à notre société
Rcndon homago à nos membres honnornircs,
De leurconcours nous sommes secondée
Aux président, trésorier, secrétaire,
Pour les travaux qu'ils se sont imposée
Il y en avait quatre couplets comme cela.
ElJ comme nous nous nous extasiions sur
la beauté de l'œuvre
Dame monsieur, nous a dit M. Exu-
père Boucha avec modestie. il y a huit
mois que je travaille à cela
Une vente au profit de l'œuvre des piv;
blications populaires aura lieu les lundi
30 et mardi 31 mars, de une heure à six,
clans, les salons du ministère des travaux
publics, rue Saint-Dominique.
Le produit de cette vente sera spéciale-
ment consacré a des dons de livres aux bi-
bliothèques de régiments pour les soldats.
Un lugubre canard avait pris hier son
vol sur Paris. Delmonico le dompteur noir
avait, assurait-on, été dévoré par ses lions.
Les détails étaient affreux et précis.
Après avoir, la veille au soir, exécuté
comme d'habitude ses exercices dans la
cage, Delmonico était allé hier matin pré-
slder au repas de ses lions. A peine était-il
là qu'une discussion s'était engagée 'entre
deux des animaux. Le dompteur avait voulu
intervenir et les fauves se "jetant sur lui
l'avaient déchiré à belles dents.
Nous sommes allés aux Folies-Bergère-
Nous avons trouve les lions faisant tran.
quillement la sieste dans leur cage, et Del-
monico fumant son cigare et beaucoup
plus en train d'aller dévorer lui-même un
beefstcack que de servir de nourriture à ses
pensionnaires.. v
'Cotte autre histoire qu'où est venu nous
raconter aussi hier soir, est-elle plus yéri-
clique ? Nous n'oserions l'allirmer.
En creusant dans un. champ près d'Ivry,
nous a-t-on dit, des enfants ont trouve uu
paquet soigneusement emballé et contenant
huit cent mille francs en billets de "Banque.
Inutile de dire que les gamins enchantés
se seraient .immédiatement partagé cette
somme..
Un marinier qui passait, voyant ces lias-
ses de billets entre les mains des enfants,
aurait couru prévenir M. le maire d'Ivry,
qui serait arrive avec des gendarmes et au.
rait repris la plus grande partie de cc
trésor. •
MaJgré l'heure avancée, nous sommes al-
lés aux renseignements.- On nous a bien
confirmé l'histoire dans tous ses détails, en
ajoutant même que les billets étaient uni-
formément de vingt-cinq .francs, et tous as-
son détériorés 'par leur séjour dans la terre.
Mais.nous n'avons pu voir ni les enfants
qui ont fait la trouvaille, ni le maire, qui
aurait pu nous donner des renseignements
précis.
Nous attendrons cloue à demain pour dire
la vérité sur cette affaire.
Nous avons raconté hier la triste cérémo-
nie de la dégradation de l'ex-capitaine Ma-
thuszewicz.
C'est après-demain que le condamné
quitte Paris, en route pour'Nouméa. Son
moral,'qui était redevenu très ferme depuis
sa -commutation, est de nouveau très abattu
depuis sa dégradation. Il pleure et répète
qu'il aurait mieux valu pour lui être fusillé.
Mathuszcwicz fait partie d'un convoi de
quatorze condamnés à la déportation..
Les loups, dit-ont, ne se mangent point
entre eux. Il n'en est pas de même xcles co-
chers
llier, vers une heure de l'après midi, à la
suite d'une violente querelle à la station du
boulevard Malosherbes, entre les edehers-
Bastion et Rocci. ce dernier a frappe son
adversaire de huit coups de. poinçon au cô-
té gauche. r." ̃
Le malheureux Bastion a été porté dans
un état désespéré à l'hôpital Beaujon. Rocci
a été arrête.
Un suicide dont les causes restent inex-
plicables. Hier matin, à neuf heures, une
dame Montubcrt, âgée de soixante et onze
ans, ouvrière en dentelles, s'est jetée parla
fenêtre do son domicile, 8, rue 'de Poissy,'
cm cinquième étage, et est allée se broyer
sur le pavé.
Un instant ayant son suicide Mme Mon" tu-
bei't qui portait fort gaillardement son âge,
et n'était atteinte d'aucune inlirmitéj avait
causé gaiment avec son mari et trace à ses
ouvrières la besogne (le la journée.
Cut événement a causé dans le quartier
une douloureuse sensation.
Un grave accident est. arrivé hier aux
chantiers du parc de Montsouris.
Une voûlc_. en construction, au-dessous
de laquelle travaillaient divers ouvriers,
s'est écroulée sur eux.
L'un d'eux, le nommé Joseph Galahï, âgé
de dix-sept ans, a été enseveli sous les dc-
allées et les venues des gens de l'hôtel
dans lequel s'est retirée Madame la mar-
quise ?
C'est cela même. Pars, et, dès que
les choses seront préparées, reviens
m'en avertir. J'espère que je lie tarde-
rai pas a être assez fort pour entrepren-
dre a nous deux l'exécution du plan que
j'ai conçu pendant les longues heures de
ma convalescence.
Un mois après, M. de Villehaut-d'A-
vron, sous le pseudonyme de Mareuil, et
Michel, sous celui de Martin, étaient ins-
tallés clans un appartement simple, mais
confortable, situé rue de Seine, en face
mème de l'hôtel Charvallon.
Et, comme le marquis' légalement
n'existait plus, qu'il n'aurait pu, paî'.cqn-
séquent, demander des fonds à son no-
taire ou a son banquier, M. de Mornant
avait mis toute sa fortune à sa disposi-
tion.
Il y avait à peine-quelques jours que
le marquis habitait son nouveau domi-
cile, qu'il' savait à quoi s'en tenir sur
tout,ce qui se passait à l'hôtel Charvallon.
La chanoinesso et la marquise vivaient
littéralement là comme deux recluses.
Les portes de l'hôtel avaient été fer-
niées a tous les visiteurs, à l'exception
du chevalier Chérubin d'Auberives qui
̃yshait y pleurer et s'éteindre un peu
chaque jour, en prenant sa part du deuil
et de la désolation de ses deux cousines.
Le monde qui fréquentait autrefois les
salons de madame de Charvallon savait
que Marianne avait résolu d'entrer au
couvent, qu'elle abandonnait a tout ja-
mais les relations du passé, et, qu'en at-
tendant,, elle voulait rester seule, com-
plètement seule dans sa retraite pour y
pleurer l'époux qu'elle venait de perdre;
qu'elle avait fait d'ores et déjà ses adieux
au monde, et que, la période de son
deuil écoulée» après avoir entendu la
messe du bout de l'an qu'elle ferait dire
en grande pompe à l'église de sa pa-
roisse, elle monterait en voiture, au sor-,
comhres et grièvement blessé. Il a «lé
porté à son domicile, 102, rue de la Tombe-
Issoire.
Pour des voleurs qui ne s'embarrassent
pas et qui ne prennent quc.ee dont ils put
besoin, parlez-moi de ceux dont était hier
victime M. Burdy, demeurant 69, avenue
de Wagram.
M.- Burdy, qui est entrepreneur de .bâti-
ments, a, rue Laugier, 16, un vaste chan-
tier où/ sont tous les objets et les instru-
ments nécessaires à son industrie. Il va
sans dire que chaque soir, ce chantier est
fermé avec tous les soins qu'il mérite.
Mais, l'avant-demière nuit, des voleurs
en escaladaient la clôture, choisissaient un
vaste camion, remplissaient de quinze sacs s
à plâtre, de cent-vingt cordages,, de cin-
quante-deux Mlos de plomb, de soixante et
un instruments divers,. brisaient la clôturé
pour faire sortir ce Camion et s'en allaient.
on ne sait malheureusement où.
Or hier, dans la matinée, ces individus,
qui n'ont que faire sans doute du camion,
le ramenaient, sans être remarqués, à quelr
ques pas "du chantier.
M. Burdy n'a peut-être pas été fâché de
revoir son camion, mais M. le commissaire
de police, déjà informé, eût préféré, on le
conçoit, faire la connaissance do ceux qui
le ramenaient.
Il y a des gens qui n'ont pas de chance.
Tenez, croyez-vous, par exemple, que ce
pauvre Saint-Marcel en ait seulement pour
un sou? ̃
Saint-Marcel est uii ancien communard,
qui, pendant la période, insurrectionnelle,
s était mis à arrêter les anciens sergents de
ville comme s'il n'avait fait que cela toute
sa vie.
Malheureusement il a été rencontre hier
devant sa porte, 1, rue Mademoiselle, par
un gardien de la paix qu'il avait failli foire,
fusiller sous le règne de Delescluze pre-
mier. Le gardien a recormu Saint-Marcel,
et lui a fait subir la peine du talion.
Saint-Marcel est depuis hier au dépôt. 11
paraît que son cas est terriblement com-
pliqué, et qu'il y va pour lui de la peine de
mort.
Par cruelles séries de hontes et de misè-
res a du passer le vagabond du nom de
Petiot de Taillac, qu'on arrêtait hier en'
flagrant délit de vol dans la salle d'asile dû
boulevarl Péreire, où il venait demander
des secours
Ce vagabond, qui a soixante et un ans
et qui volait un modeste seau, était; il y a
vingt ans, un de nos chimistes les plus dis-
tingués. Sa mère est la comtesse V. do `
la-P*
Quelle jolie collection d'enseignes dro-
latiques il y aurait à faire dans Paris
Nous en 'avons aperçu hier sur la route.
de Saint-Mandé} une admirable et qui laisse.
bien derrière elle le bon coing et le grand
I vert. ̃'̃̃̃̃,̃'̃.
C'est celle d'un marchand de bois do
construction. Elle représente un paysage»
du Nouveau-Moude. Un énorme serpent
s'enroule autour d'un palmier, fascinant.
de son regard un indigène qui essaie (la
prendre la fuite. Au dessous cette ins-
cription
AU BOIS CONSTRUCTEUR
Gaston Vassy.
•* r
JARDIN D'ACCLIMATATION.
Les concerts auront liou l'es jeudis et dimanches,
à 3 heures, à partir du jour de Pâques, 5 avril.
♦
GAZETTE DES TRIBUNAUX
8e CHAMBRE CORRECTIONNELLE. Affaire
Gabriel Hugelmann.– Condamnation.
1" chambre. Dénouement do l'affaire
Ferrand.
Hier en arrivant à l'audience, Ilugel-
mann était moins fier que la veille. Ses
yeux étaient cernés. Il avait certaine-
ment passé une nuit sans sommeil. Mal-
gré tout, il a continué à ricaner à chaque
question qui lui était posée. Sa tenue
sous ce rapport a été absolument déplo-
rable. M. le président Millet, qui pour-
tant lui a laissé toute liberté pour se dé-
fendre, a été, à deux où .trois reprises,
obligé de le rappeler au respect de la
justice. •
La première partie de l'audience a. été.
consacrée à l'audition des témoins. Leurs
dépositions ont été, en général, fort obs-
cures, et cela s'explique. Les amis
d'Hugelmann ne peuvent guère dire la
vérité tout entière, et ses victimes ont
intérêt à jeter un voile sur les persécu-
tions auxquelles eUes ont, été en butte.
Les deux témoignages qui ont eu le
plus de couleur dans le débat ont été
ceux de Mmede Sarins, la maîtresse d'Hu-
gelmann, et de M'ne Larivièrt* la veuve
'->
tir même de la messe et irait s'ensevelir
dans le chapitre où elle,avait été élevëef
pour demander à Dieu la grâce d'être
réunie le plutôt possible à son bien-aimé
dans une vie meilleure..
Les'anciens familiers de l'hôEel sa-
vaient cela et respectaient ces résolutions
dictées par une douleur dont nul ne pou-
vait suspecter la sincérité;
M. de Villehaut-d'Avron le savait aussi,
et c'était pour lui une satisfaction toute
particulière d'assister ainsi vivant à l'af-
llictjon de celle qui pleurait sa mort
avec des larmes si amères.
En même temps, le désespoir de Ma-
rianne le navrait et à chaque instant il
éprouvait la tentation d'aller se jeter
dans les bras de sa chère affligée pour la
rappeler à la vie et au bonheur, mais
chaque fois il était retenu par cette consi-
dération qu'en la laissant souffrir encore,
il préparait plus sûrement son bonheur,
car il finirait certainement par savoir
quel était l'être, venimeux qui s'était at-
taché à empoisonner ses jours, et, cet
être une fois connu, il saurait bien
l'empêcher de nuire. «
Le marquis et Michel, ou plutôt M.
Mareuil et son matelot -Martin passaient t
la majeure partie de leur temps en obser-
vation, interrogeant du regard et de la
pensée le sombre bâtiment qu'ils avaient
devant eux et suivant d'un œil aussi dé-
fiant que curieux toutes les personnes
qui entraient ou sortaient.
MIE D'AGHONNE.
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