Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mars 1874 14 mars 1874
Description : 1874/03/14 (Numéro 73). 1874/03/14 (Numéro 73).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO SAMEDI 14 MARS 1874
en somme, ne se donne plus la peine de
faire une dernière tentative en faveur
de sa motion. Il abandonne ce soin à M.
Alfred Dupont.
M. Alfred Dupont fait bien ce qu'il
peut; il ressasse tous les vieux arguments
de son chef de file, M. Pouyer-Quertier;
retape à neuf les théories de M. Villain,
et esquisse quelques doctrines de son
crû sur la question- des sucres.
L'Assemblée n'écoute pas, et si elle
laisse continuer l'orateur, c'est pour
"obéir aux suaves traditions parlementai-
res. Chacun devant parler à son tour, il
serait peu politique de se montrer mé-
chant pour un collègue, quand -il peut
nous rendre la pareille le lendemain. On
parle pour ses électeurs, pour les sténo-
graphes, pour sa famille venue de pro-
vince, pour être imprimé dans les jour-
naux, pour être inséré dans la Gazette de
l'Assemblée du Figaro ce qui est le coin-
ble du bonheur.
Si en effet il n'y avait eu que M. Alfred
Pupont pour secourir l'amendement de
,M. Pouyer-Quertier, son sort eût été fa-
cile à prévoir, mai?, ô événement inat-
tendu, retour subit des choses ici-bas, le
farouche ennemi des raffineurs trouve
un auxiliaire dans le duc Decazes, minis-
tre des affaires étrangères.
Auxiliaire malgré lui, auxiliaire in-
conscient, bien entendu; carie duc De-
«azes, sans être hostile à l'exercice, ne
veut pas d'un ultimatum qui puisse l'obli-
ger à négocier dans un délai quelconque;
mais le ministre a été mal inspiré au-
jourd'hui; il a si vaguement expliqué
es motifs pour repousser une date fixe
il a si obscurément donné son opinion
sur les sucres, que* l'Assemblée, qui en
somma n'aime point les raffineurs, apro-
fité du nuage dont s'est enveloppé le mi-
nistre, pour comprendre de travers et
voter à 100 voix de majorité l'amende-
jnent Pouyer-Quertier, c'est à-dire le très
prochain exercice des raffineurs.
M. Deçazes n'était pas c'est
\m peu de sa faute. Quant aux raffineurs,
ils ont définitivement perdu leur procès.
Jtl leur reste quinze mois pour maudire
M. Pouyer-Quertier, leur bourreau, et
M. Dupont, son aide. ,/̃ ,-̃̃>
Albert Millaud.
TÉLÉGRAMMES
ET
C O RR ES P O N D AN CE 5
BORDEAUX, 1 mars. Chronique électorale.
^Tout se borne encore aux réunions prépa-
ratoires des comités chargés de désigner les
délégués de la ligue démocratique.
On suppose jusqu'ici, {car le secret paraît
agsez bien gardé, que l'élu des comités sera
Je pasteur protestant de Libourne, M. Steeg,
qui à déjà eu plusieurs démêlés avec les tri-
bunaux pour ses intempérances de parole.
On parle également de M6 Mie, avocat de Pé-
rigueux. Mais le premier aurait certaine-
ment plus de chances.
Le Journal de Bordeaux annonce officielle-
ment la candidature bonapartiste du général
Bertrand, et il le présente en ces termes
« Le général Bertrand est le fils du vieux
compagnon d'armes de Napoléon I" du gé-
néral légendaire qui partagea la captivité de
son empereur à Sainte-Hélène et reçut son
dernier soupir.
» Ce nom est, on le voit, un symbole de fidé-
lité à la France et aux Napoléon. »
Besançon, 11 mars. Madame la com-
tesse de Montalembert vient de mettre son
château de'Maîche, dans le département du
Doubs, à la disposition de la communauté des
'dames Ursulines de Porrentruy, chassées du
territoire suisse par ordre du grand-conseil
fédéral.
Avignon, 11-mars. L'Assemblée pour-
rait bien casser l'élection de Ledru-Rollin,
attendu que le vote a eu lieu avec les listes
de l'année dernière, non révisées, et que les
îïjunicipàlités radicales ont altéré ces listes,
an rayant les prêtres, les frères des écoles
chrétiennes, les juges de paix, etc., etc.; tous
ceux, en un mot, qui étaient soupçonnés d'o-
pinions anti-radicales.
Si l'élection recommençait le mois pro-
chain, elle aurait lieu avec les nouvelles lis-
tes, et le, candidat conservateur aurait les
plus grandes chances dêtra nommé.
N'oubliez pas qu'il n'y a eu qu'un écart de
3,743 voix entre Ledru-Rollin et M. de Bil-
îiotti, à l'élection du ler marf.
~»^ Clesmont-Ferrano, 12 mars, 4 h. 45
soir. Le Comptoir commercial, dont la rai-
son sociale est: Lespinas, Laval et C., a été.
mis en liquidation hier. Lespinas, acpien no-
taire., est président du tribunal de eom-
merce.
M. Villa, rédacteur en chef de VAmi de l'or-
dre, à Clermont, se rendra à Chislehurst, sur
l'invitation de M. Rouher.
.« Berlin, 10 mars soir. Le prince de
Bismark est, cette fois, plus violemment at-
taqué par la névralgie qu'il ne l'a jamais été.
Eenilleton du EIGARO da 14 Mars
̃ 37
LES NUITS SANGLANKS
Mais, à cette question, M. de MoMra-
vert, froissé dans ce que sa délicatesse
avait de plus intime, blessé dans l'orgueil
de son nouvel amour que l'indiscrétion
de la Fauconne lui semblait profaner, se
leva indigné..
Vous êtes folle,, ma chère, dit-il à
Juliette, en lui tournant le dos pour pas-
ser la porte, aussi je vous quitte. Mon
notaire, qui doit venir vous voir demain
matin, ajouia-t-il, vous ramènera à des
idées plus conformes à votre situation.-
Adieu.
Mais, avant qu'il n'eût gagné la porte,
la )\?une femme s'était précipitée au-de-
vant de lui, et les épaules appuyées à la
portière, qu'il n'avait pas eu le temps de
soulever, les deux mains prêtes à entamer
une lutte corps à corps, s'il le fallait,
l'œil étincelant, la lèvre frémissante,
toute une attitude enfin respirant la co-
lère et la menace, elle dit au duc d'une
voix altérée qui glissait, stridente entre
ses lèvres rouges comme le sifflement
d'un reptile
Ah vous avez assez de moi, comme
cela, tout d'un coup et vous me quittez,
parce qu'ainsi est le bon plaisir de votre
seigneurie Vous me repoussez du pied,
et vous dites Assez! ainsi que vous fe-
riez d'un chien dont les caresses vous fa-
tiguent! Et, vous vous êtes figuré que les
choses pouvaient, sans inconvénient, se
passer de la sorte Naïf! Mais vous ne me
connaissez donc pas! Eh bien! je voua
dis, moi non les choses ne se passeront
pas ainsi, parce que cela ns me plaît pas,
parce que mon caprice en a décidé autre-
ment, parce que je ne veux pas, parce
que c'est moi qui commande et que vous
obéirez! l
Il est pris par les jdeux pieds et est obligé de
garder le lit.
Le prince ne pourra prendre part de long-
longtemps aux affaires de l'Etat, et il se re-
tirera, dès que sasantéle lui permettra, dans
son Tusculum&e Varzin. ̃
La santé de l'empereur Guillaume s'est
améliorée, et il a pu faire aujourd'hui sa pro-
menade en voiture, comme à l'ordinaire. "Il
est encore un peu enrhumé, mais il paraît
hors de danger. ̃̃.̃̃̃>!>•̃' `
L'Agence Havas donne des nouvelles
d'Espagne qui ne manquent pas de gra-
vité. «
Le général Moriones aurait quitté le
service pour raison de santé, et serait
arrivé lundi à Santander, se dirigeant
vers Madrid. Le maréchal Serrano aurait
pris le commandement de l'armée du
Nord.
D'autre part, le gouverneur civil de
Bilbao auraif~fait savoir au maréchal
Serrano qu'il avait des vivres pour tout
le mois de mars et qu'il était très résolu
à une défense énergique.
Des renseignements particuliers nous
parviennent à la dernière heure sur la
situation exacte de Bilbao.
Le maréchal a rassemblé autour de lui
10,000 guardias civiles, quelque chose
comme les gendarmes mobiles et les'gar-
diens de la paix que nous avons vus or-
ganisés à Paris en 1870-71. Avec ces for-
ces nouvelles, unies à l'armée républi-
caine, #n croit que Bilbao sera rapide-
ment débloqué.
Mais il y a un mais on craint que
la concentration sur un'seul point de ces
auxiliaires de la justice en Espagne, n'a-
mène une recrudescence de délits et de
brigandage dans ce malheureux pays.
Auguste Marcade.
BOITJE AUX LETTRES
Beauvais, le 11 mars 1874.
Monsieur le rédacteur en chef, `
Puisque vous avez entrepris, dans le
Figaro, d'établir d'une manière irrécusa-
ble la réalité de l'épisode du vasistas-
Ledru-Rollin, voici un document qui ne
,permettra plus l'ombre d'un doute sur
cette grotesque équipée. C'est le témoi-
gnage. non suspect d'Alexandre Pumas
père qui, en juin 1849, publiait une re-
vue intitulée le Mois, écrite jour par jour,
heure par heure. Après avoir rapporté
l'installation des émeutiers dans le Con-
servatoire des Arts-et-Métiers et la pani-
que qui les prit au bruit de la fusillade,
Alexandre Dumas ajoute
P. 212. La fuite se fit par trois issues dif-
férentes. Les uns, les plus pressés, brisèrent
les carreaux des fenêtres les autres ouvri-
rent des vasistas. M. Ledru-Rollin s'est échap-
pé par le vasistas 'de la cinquième fenêtre.
Cette fenêtre peut, en outre, se reconnaître
en ce qu'elle porte, du côté du jardin, les
chiffres 48 et 150 écrits sur le mur, au char-
bon. On voit encore dans la salle du Dessin
(ou des Tapisseries* c'est la même), au-dessous
de la cinquième fenêtre, une caisse à embal-
lage en bois blanc, qui fut apportée à M. Le-
dru-Rollin pour qu'il pût escalader plus faci-
lement. Sur cette caisse, on lit le mot fra-
gile. C'est également pour servir d'escabeau
que fut traîné, sous la quatrième fenêtre, le
vieux fauteuil de l'Académie qui sommeil-
lait, etc.
Le reste ne concerne plus M. Ledru-
Rollin. Mais, à la page suivante, Alexan-
dre Dumas ajoute
Tel est le compte rendu exact et, complet
de cette journée, qui a fini si misérablement
pour les héros de la démagogie.
Un autre détail non moins curieux de cette
tragi-comédie, c'est qu'une seule nuance du
parti rouge, les politiques, était représentée
au Conservatoire des arts-et-métiers.
Ce- fantôme de Convention, qui a siégé pen-
dant une demi-heure, n'a songé tout d'abord
qu'à se partager les grandes positions du gou-
vernement.
Enfin, à la page 215 de sa revue, Alexan-
dre Dumas fait connaître quels étaient
les projets de ces courageux défenseurs
de la Constitution.
Les montagnards qui siégeaient au Conser-
vatoire des arts-et-métiers avaient déjà pré-
paré une série de décrets, et entre autres les
suivants
La proclamation de la République démocra-
tique et sociale, la mise hors la loi du prési-
dent, la mise hors la loi des ministres, la
mise hors la loi de tous les complices de la
Violation de la Constitution, l'ouverture des
prisons, la confiscation des biens de tous les
proscrits, la condamnation de tousjes, traîtres
connus comme ennemis de la révolution dé-
mocratique et sociale, et, par ces motifs, de
nombreuses listes. de proscription, le prin-
cipe de l'élection appliqué à tous les'officiers
de terre et de mer, la déclaration de guerre
à l'Autriche et à la Russie, la-suppression de
Elle était superbe en pai'lant ainsi sa
poitrine s'agitait avec violence, son œil
noir lançait des éclairs, son geste sac-
cadé était tranchant comme un glaive
c'était la personnification de la fureur.
Le duc, cependant, ne s'émut point il
se borna à prendre une expression un
peu plus dédaigneuse, et dit d'un ton cal-
me à la Fauconne exaspérée
Mais, ma toute belle, vous déplacez
singulièreteent la question pe quoi dia-
ble venez-vous me parler là? Mais je n'ai
nulle prétention à conserverune autorité
dont, au reste, je crois avoir usé en bon
prince tant qu'il vous a plu de me l'ac-
corder, et, en fait de volonté, je n'en ai
pas à faire prévaloir, puisque je viens,
au contraire, vous constituer l'indépen-
dance par la fortune et vous rendre la
plus entière des libertés. 1
-7- Mais je ne veux pas, moi, de cette
indépendance, ni de cette liberté mon
esclavage fait mon bonheur, et je tiens à
le conserver l'état de choses qui existe
entre nous.me convient, et je montrerai
que j'ai bec et ongles pour le défendre.
Mais, ma pauvre enfant, cela est
impossible. •
Très possible, au contraire, et, je
vous le répète. je le prouverai. Tous
me quitter! a^outa-t-elle, avec une as-
surance incroyable, ah! vous n'en êtes
pas près, tant s'en faut, mon beau sei-
gneur 1
Et elle restait toujours, pendant ce
temps-là, adossée à la por-tière, jusqu'au
moment où le duc, craignant de lui faire
violence, revint s'asseoir dans le fauteuil
qu'il occupait quelques minutes aupara-
vant.
Là, il était disposé à attendre patiem-
ment que Juliette se fût calmée et lui
permît enfin de sortir. 1
De son côté, Juliette, le voyant ainsi
résigné, le crut à moitié vaincu, et pensa
qu'elle n'avait plus que peu d'efforts à
faire pour en triompher complètement.
Elle changea à cet effet ses batteries,
et, revenant vers le duc, souple, cares-
sante, le sourire aux lèvres, l'œil chargé
la Banque de France et la création d'une Ban-
que hypothécaire; :̃
Il faut supposer que jamais M. Ledru-
Rôllin n'a eu l'intention de participer à
de semblables décrets il faut surtout es-
pérer qu'on revenant à l'Assemblée na-
tionale en 1874, il n'en a pas d'équiva-
lents dans sa poche.-
? Faites 'de cela ce que" vous voudrez, et
veuillez agréer, monsieur; etc.. '̃•;̃•̃
UN ABONNÉ.
FOURNEAUX ÉCONOMIQUES
Dans sa dernière séance, le comité a cons-
taté qu'il avait été distribué 174,250 bons dans
51 fourneaux, dans la semaine du 1er au
8 mars; il a été décidé que, du 8 au 15, il en
serait délivré gratuitement 242,000 soit
34,600 par jour.
La souscription est toujours ouverte
Chez madame la maréchale de Mac-Mahon,
à Versailles
,Chez M. le vicomte de Melun, 76, rue Saint-
Dominique
Chez M. le marquis de Biencourt, 67; rue
Saint-Dominique;
Chez M. de Benque, trésorier, 2, rue Rad-
ziwill, à la Banque de France,
Et aux'bureaux du Journal Officiel, à Paris,
quai Voltaire, 31.
Les personnes qui désirent distribuer elles-
mêmes des bons, en trouveront, au prix de
10 centimes
Chez M. de Benque; trésorier
Chez M. le marquis de Biencourt
Aux bureaux du Journal officiel et aux
adresses suivantes
IIIe arrondissement, chez les sœurs, rue de
Béarn (ancienne rue des Minimes).
IV", chez M. Gorlin, 54, rue du Temple.
Vv à la mairie.
VI8, chez M. Bourdon, 18, rue Saint-Sulpice.
VII», à la mairie.
VIIIe, chez les sœurs, rue Malesherbes, 20.
Xe, à la mairie et chez les sœurs de la rue
du Terrage et de Ta rue Parmentier.
XIIf, chez les sœurs, rue de Reuilly, 77.
XIVe, chez M. Decaux, 172, boulevard Mont-
parnasse.
XV", à la mairie. '•*̃
XVIIe, chez les sœurs, 15, rue de Villiers,
et 19, rue Salneuve.
». XIXe, à la mairie et rue de Meaux, 34.
XXe, à la mairie, chez M. Leçlércq; secré-
taire du bureau de bienfaisance.
Plusieurs de nos" abonnés continuent
à nous demander des 'numéros du Paris-
Magazine. Nous avions effectivement
mis à la disposition du public un cer-
tain nombre d'exemplaires, que nous
avions fait tirer à l'effet de permettre à
nos lecteurs de remplacer les numéros
manquant à leur collection. Aujour-
d'hui ces numéros sont complétement
épuisés et il nous est impossible de ré-
pondre aux demandes qui nous sont
adressées.
PiSIS MJOUE H JOUI
C'est aujourd'hui sans doute que M. le
ducdeBroglie parlera au nom du gou-
vernement devant la commission des
Trente. Il demandera quelques modifica-
tions, à ce que nous apprend le Français,
qui porteront sans doute- sur la question
du domicile; les garanties proposées par
la commission n'ont pas l'air de paraître
suffisantes au gouvernement, qui eût
préféré, dit le Français,' une réforme
dans le sens de la représentation des in-
térêts.
Quant à la seconde Chambre, voici,
d'après la Presse, quelle serait, pour le
moment, la pensée du gouvernement sur-
le mode de formation-du Sénat.
Les deux tiers à l'élection par les conseils,
généraux renforcés probablement des plus
imposés du département. '•
Le tiers à la nomination du président de là
République.
&*# Le document émané du ministère
de la guerre que nous reproduisions hier
n'est point une circulaire, comme nous
le supposions, c'est une lettre-partieu-
lière adressée à deux officiers supérieurs
en disponibilité, le général Pajol et le
général Joachim Murat, d'autres disent
le général Fleury, qui avaient demandé
l'autorisation de se rendre en Angle-
terre.
Le communiqué qui rétablit les faits dé-
naturés par l'Ordre ajoute
En leuiKiccordant cette autorisation, le mi-
nistre a cru devoir leur rappeler qu'aux ter-
mes des instructions générales données par le
gouvernement, leur présence ne devait pas
coïncider avec la date du 16 mars.
Aucune autre demande de cette nature n'a
été adressée au ministre de la guerre.
d'une expression passionnée, elle lui dit,
en s'agenouillant à ses pieds
Si tu savais comme je t'aime, Henri,
tu n'aurais pas le courage de m'affliger,
ainsi que tu viens de le faire, Pourquoi
donc, aujourd'hui, es-tu ainsi méchant
vis-à-vis de moi? Tu ne l'étais pas la der-
ni ère fois que je t'ai vu. prois-tu avoir
quelque chose à me reprocher ? Dis-le
moi, je te démontrerai que tu as tort, que
tu te trompes on qu'on t'a trompé, car je
suis sûre de n'avoir rien fait qui- puisse
Iq déplaire. Je jt'aime, vois-tu, comme je
ne t'ai jamais aimé, comme je ne me
Croyais pas capable d'aimer, ej; moi qtu
doutais q'avoir un cœur, je m'en suis
trouvé tout à coup un" plein de tendresse
et de passion, débordant d'amour pt de
jalousie, pour te le donner.
Hélas fit le jeune homme décidé à
Faster inflexible, il le faut reprendre ce
cœur, dont heureusement .le placement
n'est pas difficiles cap je ne saurais plus
en faire l'usage qu'il mérite. Je me ma-
rie, je me range, je vais tâcher d'êtvo
heureux en famille, et je me sens les dis-
positions telles pour cette nouvelle exis-
tence que demain, plus que probable-
ment, je serai tout à fait incapable de
reconnaître la porte de votre logis et que
je ne me rappellerai pas plus votre nom
que si je ne vous avais jamais connue.
Juliette se releva.
-r- C'est bien, fit-elle avec un calme
glacial, vous pouvez maintenant vous rer
tirer.Mais, ajouta-t-elle d'une voix où
vibrait une cal ère mal eontgnue, soyez
bien convaincu que, quoi que vous en
disiez, vous vous souviendrez de mon
nom. et même de ma personne.
Ma chère Juliette, dit alors amicale-
ment le duc, devenez raisonnable et ne
vous laissez point aîler a ces polies que
je connais, et qui vous rendent mû'Hà
pour plusieurs jours. Recevez poli-
ment, quand il viendra chez vous, mon
notaire, qui est un digne homme; écoutez
attentivement ce qu'U voîischez de suivre ses Vous vou&.ea
trouverez très bien, et yotre grande co-
lère contre moi tombera aussitôt, parce
Puisque nous tenons VOrdre,ne le quit-
tons pas encore;
Ce journal, qui ne peut pardonner à
M. de Loménie de ne pas s'être laissé dé-
oorer par l'Empire, lui reproche main-
tenant d'avoir sollicité et obtenu du
gouvernement impérial une place de
professeur à l'Ecole polytechnique.
Nous nous permettrons d'apprendre à j
V Ordre que le ministre de- la guerre ne
nomme pas directement les professeurs
de l'Ecole polytechnique ils sont choi-
sis au scrutin secret et présentés au mi-
nistre par deux conseils, le conseikd 'ins-
truction composé des professeurs assem-
blés et le conseil de perfectionnement où
siègent les anciens élèves parvenus à de
grandes situations officielles.
M. de Loménie, répétiteur depuis'
quinze ans à l'Ecole, c'est-à-dire avant
l'empire, fut porté le premier sur cette
liste et nommé par le ministre. Il peut,
toutefois, se faire, comme le suppose
Y Ordre, que quelques-uns de ses amis
aient jugé bon de l'appuyer auprès du
maréchal. Randon. C'est qu'on savait que
son concurrent, porté le second sur la
liste, écrivain fort distingué d'ailleurs,
était fort appuyé dans le monde officiel.
On redoutait quelque passe-droit, mais
c'est faire injure à la mémoire du maré-
chal Randon que de supposer qu'il lui eût
fallu vingt-sept solliciteurs ni un de
"plus ni un de moins pour l'engager à
faire acte de justice.
#*# La mi-carême est la fête des blan-
chisseuses, comme chacun sait; à ce
titre, nous reproduisons* des couplets
assez amusants et tout à fait en situa-
tion, que nous trouvons dans une chro-
nique de la Patrie
A" MADEMOISELLE JUSTINE, BLANCHISSEUSE
Mon adorable blanchisseuse,'
Avec moi voulez-vous laver
D'une escarcelle plantureuse,
Tous les louis dans un souper?
Je vous adore. Dans mon âme
Toujours je vous vois repasse?'.
Si d'autres vous prenaient pour dame,
On verrait mon front se plisse!
Quand j'aperçois par la colère
Votre beau sourcil tout froncé,
Quand, essayant de me déplaire,
Vous prenez votre air empesé,
Alors mon œil de pleurs se trempe,
Et rien ne saurait l'empêcher
Ah soyez de meilleure trempe,
Ou l'ennui me fera sécher.
Pour ce souper, ma blanchisseuse,
J'ordonnerai gâteaux gaufrés,
Crème comme savon 'mousseuse,
Et petits fours tout tuyautés.
Sur le bateau de cette vie,
:-• Je coule des jours trop amers.
Viens blanchir mon âme noircie,
Et je veux mourir dans tes fors.
^*w Ainsi que nous le craignions, la
conversation entre M. Ledru-Rollin et
M. Thiers, racontée avant-hier dans la-
dite Pairie, est apocryphe. Le Bien public
l'affirme du. moins.
#̃*# Nous avons dit .que le général an-
glais sir Garnet Wolseley n'avait cru
pouvoir quitter Comassie, la capitale
des Ashantees,' qu'après l'avoir incen-
diée. Le Times donne quelques détails
pour expliquer que cette barbarie appa-
rente n'a été qu'un acte de justice.
Nous n'exagérons pas en disant que Coo-
massie n'était qu'un abattoir. Partout où nos
troupes ont pénétré, elles ont vu les cada-
vres sans sépulture des victirffes de la cruau-
té la plus barbare. Le théâtre des exécutions
était le monument le plus remarquable de la
rue principale, comme,dans la société de nos
aïeux, l'église ou la croix était le point cen-
tral où se concentrait l'attention de la popu-
lation. Partout, l'air 'était infecté des mias-
mes qu'exhalent les cadavres en putréfac-
tion. Les faubourgs, les fossés, les marais
étaient encombrés de débris humains. L'em-
pire des Achantis a été un règne de terreur,
non pas pour des joursou des mois, mais à
l'état constitutionnel, pendant des années.
Le roi des Achantis est bien le lion de la fa-
ble, qui détruit, afin de s'assurer la-part léo-
nine. Le système politique qui a réduit à l'é-
'tat de forêts et de marais un pays autrefois
fertile et couvert d'une nombreuse popula-
tion, a fait de Coomassie elle-même une ville
misérable.
La richesse, de quelque nature qu'elle fût,
aurait exposé celui qui l'aurait possédée aux
convoitises du prince. Il y avait bien, il est j'
vrai, des demeures qui relativement aux au-
tres, pouvaient passer pour des palais; l'ha-
bitation royale, entre autres, 'contenait de
•nombreux appartements, où se trouvaient
entassés, en foule, des meubles de toutes
sortes, des livres, des habits somptueux, des
métaux précieux, tout cela d'une telle façon
que l'on est amené à croire que le roi, dans
son royaume, s'emparait de tout ce qui était
à sa convenance dépouillant les vivants
aussi bien que les morts,
#*# Nous n'avons pas voulu nous mê-
1er à la querelle qui s'est élevée autour
que vous verrez le peu de raison que
vous avez pour- vous f laisser aller.,
Là-dessus, il se leva de nouveau et ga-
gna la porte que, cette fois, il put fran-
chir sans obstacle.
Juliette, toute entière à ses réflexions,
se disait que la grande question pour elle
était de savoir le nom de la personne que
M. de Montravert devait épouser. Tout
était là, pour le moment. Ce nom connu,
elle s'inspirerait des circonstances et des
événements, persuadée que, dans le
monde collet-monté du faubourg Saint-
Germain,.il n'y avait pas de projet do
mariage qu'une fille comme elle ne pût
faire avorter si bon lui semblait, soit par
les menaces, soit par le scandale, soit par
d'autres petits- moyens, plus criminels
mais encore plus sûrs, qu'elle tenait en
réserve pour arriver à ses fins, quand les
autres voies ne l'y conduisaient pas.
Après être restée un instant absorbée
dans ses pensées, elle se leva à son tour,
courut comme une folle jusqu'à une
chambre voisine de la sienne, et dans
laquelle se trouvait une vieille ôjmmë
qu'elle appelait sa tante, et qui n'était
pas autre chose que. madame Verduret,
son ancienne hôtesse du boulevard Ro-
chephouart,
La Verduret, passée à l'ancienneté des
services au grade de tante, habitait avec
Juliette, dont elle avait suivi la foilune,
après avoir laissé la sienne dans une mé-
chante affaire où la police était venue
malencontreusement mettre le nez.
Vite, vite, en route, lui dit-Juliette
suis le duc, attache-toi à ses pas, suis-la
pendant un, deux, troisjours s'il le faut,
mais né le lâche pas sans pouvoir me
dire, au retour, tous les endroits où il est
allé, ce qu'il y a fait et le nom des per-
sonnes qu'il y a rencqntrées.
L.a vieille ne demanda pas' de plus am-
ples explications; elle jeta un châle sur
ses épaules, descendit rapidement l'es-
calier et arriva dans la rue juste au
moment où le duc montait dans son
phaëton.
Elle fitsigiie au premier cocher de fia-
cre qui passait sur l'avenue, lui mit un
de la mémoire de Michelet. Ainsi, l'on a
parlé d'un de ses fils mort de misère. La
veuve -a répondu que dans un laps de
temps d'une dizaine d'années, Michelet
avait payé plus de vingt mille francs pour
ce jeune homme. Il peut donc se faire
que le -fils de Michelet fût un personnage
peu recommandable et nous n'insisterons
point.
̃ Ce qui est plus original, c'est une affi-
che reproduite par le Gaulois et où Mi-
chelet recommande la candidature de
son gendre, avec lequel bataille aujour-
d'hui la veuve du célèbre historien
À mes amis, connus et inconnus, qui m'offrent
leurs suffrages.
Je les accepte, vos suffrages non pour
moi, voué en ce moment à un devoir sacré
l'histoire de la Patrie- mais pour mon fils
d'adoption, mon gendre, mon unique collabo-
rateur depuis huit ans, POULLAIN-DUMES-
NIL-MICHELET, qui est moi-même.
4 II vaut mieux que vous parce qu'il est
jeune! » me disait l'autre jour notre cher
immortel Béranger. II faut des hommes
jeunes, neufs, et de forces entières. La nou-
velle Assemblée doit représenter par l'âge
le rajeunissement de la France.
Mon gendre, après ses études de droit, s'est
fermé la carrière du barreau. Le serment à la
royauté a été pour lui un obstacle insurmon-
table.
S'il n'est point encore connu parmi nos
plus éminents écrivains, c'est qu'il a unique-
ment travaillé pour moi.
Il s'est donné à moi, je le donne à la France.
Nous tous devons tout entiers et sans réserve
à la patrie. Ma vie déjà' appartenait à son
histoire. Je lui offre bien plus aujourd'hui
Mon avenir, le flls de ma pensée.
Salut fraternel.
#*# M. Chapus poursuit, dans lé Sport,
une campagne intéressante contre l'u-
sage adopté par les maîtres de maison,
d'assigner des places à leurs convives se-
lon le rang.ou l'importance qu'ils leur
attribuent. M. Chapus, qui combat cette
coutume comme inhospitalière, a trouvé
un appui pour sa théorie dans un docui
ment dont il ne donne pas d'ailleurs la
provenance; mais qui semble écrit sous
-l'Empire bu sous la Restauration, par un
partisan des vieilles coutumes.
La politesse, dit le Dictionnaire des éti-
quettcs, était parfaite autrefois, et pareonsé-
quent toujours aimable; elle ne dégénérait
jamais en froid cérémonial et l'on évitait
avec soin dans la société tout ce qui pouvait
rappeler l'idée de quelque inégalité dans les
rangs.
Lorsqu'on allait se mettre à table, le maître
de la maison ne s'élançait point vers la per-
sonne la plus considérable pour l'entramer
du fond do la chambre, la faire passer en
triomphe devant toutes les autres femmes, et
la placer avec pompe à table à côté de lui.
Les autres hommes ne se précipitaient pas
pour donner la main aux dames. Cet usage ne
se pratiquait alors que dans les villes de pro-
vince (et c'est encore la province qui en per-
pétue le culte avec le plus de fanatisme).
Les femmes d'abord sortaient toutes du sa-
lon celles qui étaient le plus près de la porte
passaient les premières; elles se faisaient
'entre elles quelques petits compliments, mais
très courts, et qui no retardaient nullement
la marche. Tout cela se faisait sans embarras,
avec calme, sans empressement et sans len-
teurs les hommes passaient ensuite. Tout le
monde arrivé dans la salle à manger, on se
placait à table à son gré.
Voilà des mœurs sociales et des manières
véritablement polies, parce qu'elles obligent
celles que l'on veut particulièrement honorer
et qu'elles ne blessent personne Nous avons
changé tout cela.
**ft Une fine pensée de M. Bougeart
dans le •Charivari.
C'est la grandeur du but qui .distingue le
caractère de la volonté, la volonté de l'entê-
tement.- p. m.
injustices et Abus
MARIAGES ET ENTERREMENTS
Quiconque est logé près d'une église a
pu voir y arriver, à certaines heures et
en même temps, des convois funèbres et
des voitures de noces.
Les morts, dans ces circonstances, sont
assez indifférents à la rencontre.
Mais il n'en est pas de môme des jeunes
mariés.
Ils s'en trouvent généralement affectés
d'une façon pénible, et quelques-uns vont
jusqu'à y voir de sinistres présages.
On nous écrit même que, tout récem-
ment, dans une de nos églises, la ren-
contre que nous signalons s'étant pro-
duite, la nouvelle épousée s'est presque
évanouie et a été assez gravement indis-
posée -à la suite de cette fâcheuse im-
pression pour que l'on ait été obligé de
renvoyer à un autre jour la célébration
du mariage religieux.
Il est aussi fort à présumer, d'autre
louis dans la main, monta dans sa voi-
ture et lui ordonna de ne pas perdre de
vue l'élégant véhicule qui venait de par-
tir et qu'elle lui désigna.
Elle ne revint qu'à une heure du matin
à l'hôtel des Champs-Elysées.
Juliette n'était pas encore couchée
elle ne s'était pas habillée, elle n'était
pas sortie. Elle avait attendu, toute la
soirée, la rentrée de tante Verduret avec
la plus vive anxiété. Aussi ne lui donna-
t-elle pas même le temps de s'asseoir, et
se précipitant au devant d'elle sitôt
qu'elle fut entrée
Eh bien lui demanda-t-elle, qu'as-
tu découvert ? Parle, parle vite!
En partant d'ici, répondit la vieille,
il est allé à son cercle,' où il est resté un
peu plus d'une heure; il y a, probable-
ment déjeuné, De là, il aillé sur le Bois,
où il a recherché les allées solitaires; il
est rentré chez lui à cinq heures, il s'est
habillé, il estressorti en toilette de soi-
rée, il est monté dans un coupé attelé de
ses deux chevaux noirs, il a fait une vi-
site d'un quart-d'heure, rue Bonaparte,
chez le comte de Vieilleval, puis une
autre chez la marquise d'Autran, «ne
troisième chez la duc^es^e de Malapert,
qÎ, enfin, eomme l'heure du dîner appro-
chait, il s'est fait conduire au Café i ré-
glais, où il a dîné. -En sortant de table,
il s'est rendu aux Italiens, où il a en-
tendu un acte du Trovapre, a quitté le
théâtre et s'en est allé rue de Seine, à
l'hôtel de madame là chanoinesse de
Charyanon. \l y est resté toute la soirée»
C'est là, observa Juliette, qu'il a ^u
rencontrer celie qu'il do» épouser celle
pour qui l'on me chasse comme une do-
mestique dont les services ne plaisent
plus i
LaVenâuret continua l'itinéraire du
duc
Il est sorti de oet hôtel sur le coup
de onze heures, et il est rentré chez lui.
J'ai attendu, l'oreille collée à la porte
cochère, pour savoir, en me guidant sur
lés bruits de l'intérieur, s'il allait encore
sortir ou si sa journée était finie, Alors,
j'ai entendu les valets d'écurie dételer
J. MICHELET.
part, que les parents éplorés qui accom-
pagnent le défunt, ne doivent pas être
non plus heureusement impressionnés
par le spectacle de personnes dont les
sentiments sont si peu en harmonie avec
ceux qu'ils éprouvent,
Il y a là, enfin, dans ce mélange de
pompes funèbres et de pompes,nuptiales,
quelque chose qui, quoique, au fond,
sans doute irès philosophique, est en la
forme choquant pour nos mœurs ac-
tuelles.
Cela sent un peu trop les danses ma-
cabres.
On comprend bien que les deux genres
de services devant être terminés avant
une heure de l'après-midi,il yait quelque
difficulté de remédier à cet inconvé-
nient.
Mais la difficulté est-elle invincible ?
N'y aurait-il pas -moyen dé scinder la
matinée en deux parts la première pour
les morts, la seconde pour les mariages? S
Nous soumettons la question à qui de
droit.
Mais nous avons pensé, surtout après
l'accident qu'on nous a fait connaître,
que la chose valait la peine d'être" si-
gnalée.
Emile Faure.
Nous rappelons à nos lecteurs que le prix
d'abonnement au Figaro est, Pour les dé-
partements, de 16 fr. 50 pour trois mois,
33 fr. pour six mois, et 66 fr. pour un an.
4. ̃
s
La Journée
LA MI-CAKÊME
La reine des blanchisseuses, dont je
vous parlais hier, mademoiselle Louise
Duchemin, n'a pas eu de chance.
Hier matin, comme .elle allait monter
dans la voiture de blanchisseuses qui de-
vait la promener en triomphe sur le bou- <
levard, elle a fait'un faux-pas si malheu-
reusement qu'elle s'est foulé le pied. La
promenade en a été désorganisée du
coup. ̃ .,̃•̃'̃̃
La pauvre Louise Duchemin en a pour
plusieurs jours à garder le lit.
J'ai remonté et redescendu dans la
journée la ligne des boulevards pour voir
si d'autres lavoirs avaient organisé des
voitures de masques. '•̃̃
Je n'en ai rencontré qu'une, d'aspect 't
fort misérable. Une vingtaine de blan-
chisseuses y grelottaient sur une manière
d'estrade. En haut,. un gros bonhomme
costumé en amour et couronné de rosés;
regardant les passants d'un air grognon;
et fumant une courte pipe noire.
Dans la soirée, quelques masques ont
fait leur apparition dans les cafés du
boulevard masques mélancoliques, quï
semblaient porter en terre feue la Mi-
carême. Tout cela attendait le moment
d'entrer a Frascati ou a Valentino.
Vous savez quel terrible verglas il fai.
sait hier matin, et comme les chevaux
s'abattaient. Les rapports officiels cons-
tatent cent cinquante-sept- accidents de
ce genre, entre neuf heures et midi. A
cette heure a commencé le dégel, qui a
continué rapidement.
Parmi les chevaux qui se sont abattus,
citons celui de lord Eresby, de passage à
Paris. Sa Seigneurie n'a pas été blessée,
fort heureusement.
Une vente'de charité au profit des ou-
vriers sans ouvrage et des apprentis dit
quartier du Panthéon, a eu lieu hier, de
une heure à" six, au ministère des tra-
vaux publics, sous le patronage de ma-
dame la duchesse de Belgrano..
La vente se composait d'effets d'habil-
lements et de bibelots en argent où en
bronze. Il est venu à peu près deux cents
personnes. La recette a été assez fruc-
tueuse. :ç
Avant-hier mercredi a eu lieu, à cinq
heures du soir, le mariage do M. Jules Le,^
seps, notre aimable consul tunisien,avec
madame de. Bertrand. Quelques amis in-
times seulement assistaient à la "céré-,
monie, après laquelle M. et madame de
Lesseps devaient partir pour la char-
mante habitation tunisienna que M. de
Lesseps s'est fait construire, à Belleyue.
Nous sommes heureux d'annoncer que
M. Chartier, le prévôt de la salle Pons si
les chevaux, remiser la voiture. Le Suisse
est venu tourner deux fois la lourde clef
dans la serrure du grand portail,' il a
poussé les verroux pour plus de sûreté
puis, d'un pas lent comme celui dtiù
homme à-quiil ne reste plus rien à faire,
il a.gagné le corps de logis qu'il occupe'
Les écuries ont été fermées, les remises
aussi, et tout est rentré dans le silence
Ils dorment tous, à cette heure, et me
voilà.
Etait-ce jour de réception dans l'hô-
tel où il a passé la soirée t
Non c'est le jeudi que madame de
Charvallon reçoit; je me suis même ren-
seignée auprès des marchands de vin des •
environs, des hôtes de l'hôtel CharraHon
et j'ai su que madame de Charrallon, une
ancienne chanoinesse, je ne sais trop ce
que signifie ce titre, habitait seule son»
hôtel avec sa nièce, mademoisells Ma-
rianne d'Avranches qui est sortie du
couvent depuis peu de temps,
Mademoiselle d'Avranches, exesiama
Juliette avec une vive émotion, tu dis
mademoiselle d'Avranches, tu ne te trom>
pes pas, répété, répète, je te prie t
Bon fit la Verdure*, queiio est donc
la mouche qui te pique, maintenant L.
Je t ai dit mademoiselle d'Avranches, et
c'est bien ça, preuve que, de crainte de
me tromper-, j'ai pris tous -ces noms sur
mon. calepin.
Elle tira un petit portefeuille de sa
poche, et, le montrant à Marianne ̃
Tiens, vois plutôt par toi-même,
–Mademoiselle Marianne d'Avranches
lut à haute voix Juliette. C'est bien ça l
Quelle âge a-t-elle, cette noble demoi-
selle ? 1
-De seize à dix-huit ans, m'a-t-on
dit.
Et à quoi ressemble-t-elle ?
Oh pas à toi du tout.
On pourrait cependant se ressembter
de plus loin, murmura Juliette.
MIE D'AGHONNE.
ha suite à demain J
en somme, ne se donne plus la peine de
faire une dernière tentative en faveur
de sa motion. Il abandonne ce soin à M.
Alfred Dupont.
M. Alfred Dupont fait bien ce qu'il
peut; il ressasse tous les vieux arguments
de son chef de file, M. Pouyer-Quertier;
retape à neuf les théories de M. Villain,
et esquisse quelques doctrines de son
crû sur la question- des sucres.
L'Assemblée n'écoute pas, et si elle
laisse continuer l'orateur, c'est pour
"obéir aux suaves traditions parlementai-
res. Chacun devant parler à son tour, il
serait peu politique de se montrer mé-
chant pour un collègue, quand -il peut
nous rendre la pareille le lendemain. On
parle pour ses électeurs, pour les sténo-
graphes, pour sa famille venue de pro-
vince, pour être imprimé dans les jour-
naux, pour être inséré dans la Gazette de
l'Assemblée du Figaro ce qui est le coin-
ble du bonheur.
Si en effet il n'y avait eu que M. Alfred
Pupont pour secourir l'amendement de
,M. Pouyer-Quertier, son sort eût été fa-
cile à prévoir, mai?, ô événement inat-
tendu, retour subit des choses ici-bas, le
farouche ennemi des raffineurs trouve
un auxiliaire dans le duc Decazes, minis-
tre des affaires étrangères.
Auxiliaire malgré lui, auxiliaire in-
conscient, bien entendu; carie duc De-
«azes, sans être hostile à l'exercice, ne
veut pas d'un ultimatum qui puisse l'obli-
ger à négocier dans un délai quelconque;
mais le ministre a été mal inspiré au-
jourd'hui; il a si vaguement expliqué
es motifs pour repousser une date fixe
il a si obscurément donné son opinion
sur les sucres, que* l'Assemblée, qui en
somma n'aime point les raffineurs, apro-
fité du nuage dont s'est enveloppé le mi-
nistre, pour comprendre de travers et
voter à 100 voix de majorité l'amende-
jnent Pouyer-Quertier, c'est à-dire le très
prochain exercice des raffineurs.
M. Deçazes n'était pas c'est
\m peu de sa faute. Quant aux raffineurs,
ils ont définitivement perdu leur procès.
Jtl leur reste quinze mois pour maudire
M. Pouyer-Quertier, leur bourreau, et
M. Dupont, son aide. ,/̃ ,-̃̃>
Albert Millaud.
TÉLÉGRAMMES
ET
C O RR ES P O N D AN CE 5
BORDEAUX, 1 mars. Chronique électorale.
^Tout se borne encore aux réunions prépa-
ratoires des comités chargés de désigner les
délégués de la ligue démocratique.
On suppose jusqu'ici, {car le secret paraît
agsez bien gardé, que l'élu des comités sera
Je pasteur protestant de Libourne, M. Steeg,
qui à déjà eu plusieurs démêlés avec les tri-
bunaux pour ses intempérances de parole.
On parle également de M6 Mie, avocat de Pé-
rigueux. Mais le premier aurait certaine-
ment plus de chances.
Le Journal de Bordeaux annonce officielle-
ment la candidature bonapartiste du général
Bertrand, et il le présente en ces termes
« Le général Bertrand est le fils du vieux
compagnon d'armes de Napoléon I" du gé-
néral légendaire qui partagea la captivité de
son empereur à Sainte-Hélène et reçut son
dernier soupir.
» Ce nom est, on le voit, un symbole de fidé-
lité à la France et aux Napoléon. »
Besançon, 11 mars. Madame la com-
tesse de Montalembert vient de mettre son
château de'Maîche, dans le département du
Doubs, à la disposition de la communauté des
'dames Ursulines de Porrentruy, chassées du
territoire suisse par ordre du grand-conseil
fédéral.
Avignon, 11-mars. L'Assemblée pour-
rait bien casser l'élection de Ledru-Rollin,
attendu que le vote a eu lieu avec les listes
de l'année dernière, non révisées, et que les
îïjunicipàlités radicales ont altéré ces listes,
an rayant les prêtres, les frères des écoles
chrétiennes, les juges de paix, etc., etc.; tous
ceux, en un mot, qui étaient soupçonnés d'o-
pinions anti-radicales.
Si l'élection recommençait le mois pro-
chain, elle aurait lieu avec les nouvelles lis-
tes, et le, candidat conservateur aurait les
plus grandes chances dêtra nommé.
N'oubliez pas qu'il n'y a eu qu'un écart de
3,743 voix entre Ledru-Rollin et M. de Bil-
îiotti, à l'élection du ler marf.
~»^ Clesmont-Ferrano, 12 mars, 4 h. 45
soir. Le Comptoir commercial, dont la rai-
son sociale est: Lespinas, Laval et C., a été.
mis en liquidation hier. Lespinas, acpien no-
taire., est président du tribunal de eom-
merce.
M. Villa, rédacteur en chef de VAmi de l'or-
dre, à Clermont, se rendra à Chislehurst, sur
l'invitation de M. Rouher.
.« Berlin, 10 mars soir. Le prince de
Bismark est, cette fois, plus violemment at-
taqué par la névralgie qu'il ne l'a jamais été.
Eenilleton du EIGARO da 14 Mars
̃ 37
LES NUITS SANGLANKS
Mais, à cette question, M. de MoMra-
vert, froissé dans ce que sa délicatesse
avait de plus intime, blessé dans l'orgueil
de son nouvel amour que l'indiscrétion
de la Fauconne lui semblait profaner, se
leva indigné..
Vous êtes folle,, ma chère, dit-il à
Juliette, en lui tournant le dos pour pas-
ser la porte, aussi je vous quitte. Mon
notaire, qui doit venir vous voir demain
matin, ajouia-t-il, vous ramènera à des
idées plus conformes à votre situation.-
Adieu.
Mais, avant qu'il n'eût gagné la porte,
la )\?une femme s'était précipitée au-de-
vant de lui, et les épaules appuyées à la
portière, qu'il n'avait pas eu le temps de
soulever, les deux mains prêtes à entamer
une lutte corps à corps, s'il le fallait,
l'œil étincelant, la lèvre frémissante,
toute une attitude enfin respirant la co-
lère et la menace, elle dit au duc d'une
voix altérée qui glissait, stridente entre
ses lèvres rouges comme le sifflement
d'un reptile
Ah vous avez assez de moi, comme
cela, tout d'un coup et vous me quittez,
parce qu'ainsi est le bon plaisir de votre
seigneurie Vous me repoussez du pied,
et vous dites Assez! ainsi que vous fe-
riez d'un chien dont les caresses vous fa-
tiguent! Et, vous vous êtes figuré que les
choses pouvaient, sans inconvénient, se
passer de la sorte Naïf! Mais vous ne me
connaissez donc pas! Eh bien! je voua
dis, moi non les choses ne se passeront
pas ainsi, parce que cela ns me plaît pas,
parce que mon caprice en a décidé autre-
ment, parce que je ne veux pas, parce
que c'est moi qui commande et que vous
obéirez! l
Il est pris par les jdeux pieds et est obligé de
garder le lit.
Le prince ne pourra prendre part de long-
longtemps aux affaires de l'Etat, et il se re-
tirera, dès que sasantéle lui permettra, dans
son Tusculum&e Varzin. ̃
La santé de l'empereur Guillaume s'est
améliorée, et il a pu faire aujourd'hui sa pro-
menade en voiture, comme à l'ordinaire. "Il
est encore un peu enrhumé, mais il paraît
hors de danger. ̃̃.̃̃̃>!>•̃' `
L'Agence Havas donne des nouvelles
d'Espagne qui ne manquent pas de gra-
vité. «
Le général Moriones aurait quitté le
service pour raison de santé, et serait
arrivé lundi à Santander, se dirigeant
vers Madrid. Le maréchal Serrano aurait
pris le commandement de l'armée du
Nord.
D'autre part, le gouverneur civil de
Bilbao auraif~fait savoir au maréchal
Serrano qu'il avait des vivres pour tout
le mois de mars et qu'il était très résolu
à une défense énergique.
Des renseignements particuliers nous
parviennent à la dernière heure sur la
situation exacte de Bilbao.
Le maréchal a rassemblé autour de lui
10,000 guardias civiles, quelque chose
comme les gendarmes mobiles et les'gar-
diens de la paix que nous avons vus or-
ganisés à Paris en 1870-71. Avec ces for-
ces nouvelles, unies à l'armée républi-
caine, #n croit que Bilbao sera rapide-
ment débloqué.
Mais il y a un mais on craint que
la concentration sur un'seul point de ces
auxiliaires de la justice en Espagne, n'a-
mène une recrudescence de délits et de
brigandage dans ce malheureux pays.
Auguste Marcade.
BOITJE AUX LETTRES
Beauvais, le 11 mars 1874.
Monsieur le rédacteur en chef, `
Puisque vous avez entrepris, dans le
Figaro, d'établir d'une manière irrécusa-
ble la réalité de l'épisode du vasistas-
Ledru-Rollin, voici un document qui ne
,permettra plus l'ombre d'un doute sur
cette grotesque équipée. C'est le témoi-
gnage. non suspect d'Alexandre Pumas
père qui, en juin 1849, publiait une re-
vue intitulée le Mois, écrite jour par jour,
heure par heure. Après avoir rapporté
l'installation des émeutiers dans le Con-
servatoire des Arts-et-Métiers et la pani-
que qui les prit au bruit de la fusillade,
Alexandre Dumas ajoute
P. 212. La fuite se fit par trois issues dif-
férentes. Les uns, les plus pressés, brisèrent
les carreaux des fenêtres les autres ouvri-
rent des vasistas. M. Ledru-Rollin s'est échap-
pé par le vasistas 'de la cinquième fenêtre.
Cette fenêtre peut, en outre, se reconnaître
en ce qu'elle porte, du côté du jardin, les
chiffres 48 et 150 écrits sur le mur, au char-
bon. On voit encore dans la salle du Dessin
(ou des Tapisseries* c'est la même), au-dessous
de la cinquième fenêtre, une caisse à embal-
lage en bois blanc, qui fut apportée à M. Le-
dru-Rollin pour qu'il pût escalader plus faci-
lement. Sur cette caisse, on lit le mot fra-
gile. C'est également pour servir d'escabeau
que fut traîné, sous la quatrième fenêtre, le
vieux fauteuil de l'Académie qui sommeil-
lait, etc.
Le reste ne concerne plus M. Ledru-
Rollin. Mais, à la page suivante, Alexan-
dre Dumas ajoute
Tel est le compte rendu exact et, complet
de cette journée, qui a fini si misérablement
pour les héros de la démagogie.
Un autre détail non moins curieux de cette
tragi-comédie, c'est qu'une seule nuance du
parti rouge, les politiques, était représentée
au Conservatoire des arts-et-métiers.
Ce- fantôme de Convention, qui a siégé pen-
dant une demi-heure, n'a songé tout d'abord
qu'à se partager les grandes positions du gou-
vernement.
Enfin, à la page 215 de sa revue, Alexan-
dre Dumas fait connaître quels étaient
les projets de ces courageux défenseurs
de la Constitution.
Les montagnards qui siégeaient au Conser-
vatoire des arts-et-métiers avaient déjà pré-
paré une série de décrets, et entre autres les
suivants
La proclamation de la République démocra-
tique et sociale, la mise hors la loi du prési-
dent, la mise hors la loi des ministres, la
mise hors la loi de tous les complices de la
Violation de la Constitution, l'ouverture des
prisons, la confiscation des biens de tous les
proscrits, la condamnation de tousjes, traîtres
connus comme ennemis de la révolution dé-
mocratique et sociale, et, par ces motifs, de
nombreuses listes. de proscription, le prin-
cipe de l'élection appliqué à tous les'officiers
de terre et de mer, la déclaration de guerre
à l'Autriche et à la Russie, la-suppression de
Elle était superbe en pai'lant ainsi sa
poitrine s'agitait avec violence, son œil
noir lançait des éclairs, son geste sac-
cadé était tranchant comme un glaive
c'était la personnification de la fureur.
Le duc, cependant, ne s'émut point il
se borna à prendre une expression un
peu plus dédaigneuse, et dit d'un ton cal-
me à la Fauconne exaspérée
Mais, ma toute belle, vous déplacez
singulièreteent la question pe quoi dia-
ble venez-vous me parler là? Mais je n'ai
nulle prétention à conserverune autorité
dont, au reste, je crois avoir usé en bon
prince tant qu'il vous a plu de me l'ac-
corder, et, en fait de volonté, je n'en ai
pas à faire prévaloir, puisque je viens,
au contraire, vous constituer l'indépen-
dance par la fortune et vous rendre la
plus entière des libertés. 1
-7- Mais je ne veux pas, moi, de cette
indépendance, ni de cette liberté mon
esclavage fait mon bonheur, et je tiens à
le conserver l'état de choses qui existe
entre nous.me convient, et je montrerai
que j'ai bec et ongles pour le défendre.
Mais, ma pauvre enfant, cela est
impossible. •
Très possible, au contraire, et, je
vous le répète. je le prouverai. Tous
me quitter! a^outa-t-elle, avec une as-
surance incroyable, ah! vous n'en êtes
pas près, tant s'en faut, mon beau sei-
gneur 1
Et elle restait toujours, pendant ce
temps-là, adossée à la por-tière, jusqu'au
moment où le duc, craignant de lui faire
violence, revint s'asseoir dans le fauteuil
qu'il occupait quelques minutes aupara-
vant.
Là, il était disposé à attendre patiem-
ment que Juliette se fût calmée et lui
permît enfin de sortir. 1
De son côté, Juliette, le voyant ainsi
résigné, le crut à moitié vaincu, et pensa
qu'elle n'avait plus que peu d'efforts à
faire pour en triompher complètement.
Elle changea à cet effet ses batteries,
et, revenant vers le duc, souple, cares-
sante, le sourire aux lèvres, l'œil chargé
la Banque de France et la création d'une Ban-
que hypothécaire; :̃
Il faut supposer que jamais M. Ledru-
Rôllin n'a eu l'intention de participer à
de semblables décrets il faut surtout es-
pérer qu'on revenant à l'Assemblée na-
tionale en 1874, il n'en a pas d'équiva-
lents dans sa poche.-
? Faites 'de cela ce que" vous voudrez, et
veuillez agréer, monsieur; etc.. '̃•;̃•̃
UN ABONNÉ.
FOURNEAUX ÉCONOMIQUES
Dans sa dernière séance, le comité a cons-
taté qu'il avait été distribué 174,250 bons dans
51 fourneaux, dans la semaine du 1er au
8 mars; il a été décidé que, du 8 au 15, il en
serait délivré gratuitement 242,000 soit
34,600 par jour.
La souscription est toujours ouverte
Chez madame la maréchale de Mac-Mahon,
à Versailles
,Chez M. le vicomte de Melun, 76, rue Saint-
Dominique
Chez M. le marquis de Biencourt, 67; rue
Saint-Dominique;
Chez M. de Benque, trésorier, 2, rue Rad-
ziwill, à la Banque de France,
Et aux'bureaux du Journal Officiel, à Paris,
quai Voltaire, 31.
Les personnes qui désirent distribuer elles-
mêmes des bons, en trouveront, au prix de
10 centimes
Chez M. de Benque; trésorier
Chez M. le marquis de Biencourt
Aux bureaux du Journal officiel et aux
adresses suivantes
IIIe arrondissement, chez les sœurs, rue de
Béarn (ancienne rue des Minimes).
IV", chez M. Gorlin, 54, rue du Temple.
Vv à la mairie.
VI8, chez M. Bourdon, 18, rue Saint-Sulpice.
VII», à la mairie.
VIIIe, chez les sœurs, rue Malesherbes, 20.
Xe, à la mairie et chez les sœurs de la rue
du Terrage et de Ta rue Parmentier.
XIIf, chez les sœurs, rue de Reuilly, 77.
XIVe, chez M. Decaux, 172, boulevard Mont-
parnasse.
XV", à la mairie. '•*̃
XVIIe, chez les sœurs, 15, rue de Villiers,
et 19, rue Salneuve.
». XIXe, à la mairie et rue de Meaux, 34.
XXe, à la mairie, chez M. Leçlércq; secré-
taire du bureau de bienfaisance.
Plusieurs de nos" abonnés continuent
à nous demander des 'numéros du Paris-
Magazine. Nous avions effectivement
mis à la disposition du public un cer-
tain nombre d'exemplaires, que nous
avions fait tirer à l'effet de permettre à
nos lecteurs de remplacer les numéros
manquant à leur collection. Aujour-
d'hui ces numéros sont complétement
épuisés et il nous est impossible de ré-
pondre aux demandes qui nous sont
adressées.
PiSIS MJOUE H JOUI
C'est aujourd'hui sans doute que M. le
ducdeBroglie parlera au nom du gou-
vernement devant la commission des
Trente. Il demandera quelques modifica-
tions, à ce que nous apprend le Français,
qui porteront sans doute- sur la question
du domicile; les garanties proposées par
la commission n'ont pas l'air de paraître
suffisantes au gouvernement, qui eût
préféré, dit le Français,' une réforme
dans le sens de la représentation des in-
térêts.
Quant à la seconde Chambre, voici,
d'après la Presse, quelle serait, pour le
moment, la pensée du gouvernement sur-
le mode de formation-du Sénat.
Les deux tiers à l'élection par les conseils,
généraux renforcés probablement des plus
imposés du département. '•
Le tiers à la nomination du président de là
République.
&*# Le document émané du ministère
de la guerre que nous reproduisions hier
n'est point une circulaire, comme nous
le supposions, c'est une lettre-partieu-
lière adressée à deux officiers supérieurs
en disponibilité, le général Pajol et le
général Joachim Murat, d'autres disent
le général Fleury, qui avaient demandé
l'autorisation de se rendre en Angle-
terre.
Le communiqué qui rétablit les faits dé-
naturés par l'Ordre ajoute
En leuiKiccordant cette autorisation, le mi-
nistre a cru devoir leur rappeler qu'aux ter-
mes des instructions générales données par le
gouvernement, leur présence ne devait pas
coïncider avec la date du 16 mars.
Aucune autre demande de cette nature n'a
été adressée au ministre de la guerre.
d'une expression passionnée, elle lui dit,
en s'agenouillant à ses pieds
Si tu savais comme je t'aime, Henri,
tu n'aurais pas le courage de m'affliger,
ainsi que tu viens de le faire, Pourquoi
donc, aujourd'hui, es-tu ainsi méchant
vis-à-vis de moi? Tu ne l'étais pas la der-
ni ère fois que je t'ai vu. prois-tu avoir
quelque chose à me reprocher ? Dis-le
moi, je te démontrerai que tu as tort, que
tu te trompes on qu'on t'a trompé, car je
suis sûre de n'avoir rien fait qui- puisse
Iq déplaire. Je jt'aime, vois-tu, comme je
ne t'ai jamais aimé, comme je ne me
Croyais pas capable d'aimer, ej; moi qtu
doutais q'avoir un cœur, je m'en suis
trouvé tout à coup un" plein de tendresse
et de passion, débordant d'amour pt de
jalousie, pour te le donner.
Hélas fit le jeune homme décidé à
Faster inflexible, il le faut reprendre ce
cœur, dont heureusement .le placement
n'est pas difficiles cap je ne saurais plus
en faire l'usage qu'il mérite. Je me ma-
rie, je me range, je vais tâcher d'êtvo
heureux en famille, et je me sens les dis-
positions telles pour cette nouvelle exis-
tence que demain, plus que probable-
ment, je serai tout à fait incapable de
reconnaître la porte de votre logis et que
je ne me rappellerai pas plus votre nom
que si je ne vous avais jamais connue.
Juliette se releva.
-r- C'est bien, fit-elle avec un calme
glacial, vous pouvez maintenant vous rer
tirer.Mais, ajouta-t-elle d'une voix où
vibrait une cal ère mal eontgnue, soyez
bien convaincu que, quoi que vous en
disiez, vous vous souviendrez de mon
nom. et même de ma personne.
Ma chère Juliette, dit alors amicale-
ment le duc, devenez raisonnable et ne
vous laissez point aîler a ces polies que
je connais, et qui vous rendent mû'Hà
pour plusieurs jours. Recevez poli-
ment, quand il viendra chez vous, mon
notaire, qui est un digne homme; écoutez
attentivement ce qu'U voîis
trouverez très bien, et yotre grande co-
lère contre moi tombera aussitôt, parce
Puisque nous tenons VOrdre,ne le quit-
tons pas encore;
Ce journal, qui ne peut pardonner à
M. de Loménie de ne pas s'être laissé dé-
oorer par l'Empire, lui reproche main-
tenant d'avoir sollicité et obtenu du
gouvernement impérial une place de
professeur à l'Ecole polytechnique.
Nous nous permettrons d'apprendre à j
V Ordre que le ministre de- la guerre ne
nomme pas directement les professeurs
de l'Ecole polytechnique ils sont choi-
sis au scrutin secret et présentés au mi-
nistre par deux conseils, le conseikd 'ins-
truction composé des professeurs assem-
blés et le conseil de perfectionnement où
siègent les anciens élèves parvenus à de
grandes situations officielles.
M. de Loménie, répétiteur depuis'
quinze ans à l'Ecole, c'est-à-dire avant
l'empire, fut porté le premier sur cette
liste et nommé par le ministre. Il peut,
toutefois, se faire, comme le suppose
Y Ordre, que quelques-uns de ses amis
aient jugé bon de l'appuyer auprès du
maréchal. Randon. C'est qu'on savait que
son concurrent, porté le second sur la
liste, écrivain fort distingué d'ailleurs,
était fort appuyé dans le monde officiel.
On redoutait quelque passe-droit, mais
c'est faire injure à la mémoire du maré-
chal Randon que de supposer qu'il lui eût
fallu vingt-sept solliciteurs ni un de
"plus ni un de moins pour l'engager à
faire acte de justice.
#*# La mi-carême est la fête des blan-
chisseuses, comme chacun sait; à ce
titre, nous reproduisons* des couplets
assez amusants et tout à fait en situa-
tion, que nous trouvons dans une chro-
nique de la Patrie
A" MADEMOISELLE JUSTINE, BLANCHISSEUSE
Mon adorable blanchisseuse,'
Avec moi voulez-vous laver
D'une escarcelle plantureuse,
Tous les louis dans un souper?
Je vous adore. Dans mon âme
Toujours je vous vois repasse?'.
Si d'autres vous prenaient pour dame,
On verrait mon front se plisse!
Quand j'aperçois par la colère
Votre beau sourcil tout froncé,
Quand, essayant de me déplaire,
Vous prenez votre air empesé,
Alors mon œil de pleurs se trempe,
Et rien ne saurait l'empêcher
Ah soyez de meilleure trempe,
Ou l'ennui me fera sécher.
Pour ce souper, ma blanchisseuse,
J'ordonnerai gâteaux gaufrés,
Crème comme savon 'mousseuse,
Et petits fours tout tuyautés.
Sur le bateau de cette vie,
:-• Je coule des jours trop amers.
Viens blanchir mon âme noircie,
Et je veux mourir dans tes fors.
^*w Ainsi que nous le craignions, la
conversation entre M. Ledru-Rollin et
M. Thiers, racontée avant-hier dans la-
dite Pairie, est apocryphe. Le Bien public
l'affirme du. moins.
#̃*# Nous avons dit .que le général an-
glais sir Garnet Wolseley n'avait cru
pouvoir quitter Comassie, la capitale
des Ashantees,' qu'après l'avoir incen-
diée. Le Times donne quelques détails
pour expliquer que cette barbarie appa-
rente n'a été qu'un acte de justice.
Nous n'exagérons pas en disant que Coo-
massie n'était qu'un abattoir. Partout où nos
troupes ont pénétré, elles ont vu les cada-
vres sans sépulture des victirffes de la cruau-
té la plus barbare. Le théâtre des exécutions
était le monument le plus remarquable de la
rue principale, comme,dans la société de nos
aïeux, l'église ou la croix était le point cen-
tral où se concentrait l'attention de la popu-
lation. Partout, l'air 'était infecté des mias-
mes qu'exhalent les cadavres en putréfac-
tion. Les faubourgs, les fossés, les marais
étaient encombrés de débris humains. L'em-
pire des Achantis a été un règne de terreur,
non pas pour des joursou des mois, mais à
l'état constitutionnel, pendant des années.
Le roi des Achantis est bien le lion de la fa-
ble, qui détruit, afin de s'assurer la-part léo-
nine. Le système politique qui a réduit à l'é-
'tat de forêts et de marais un pays autrefois
fertile et couvert d'une nombreuse popula-
tion, a fait de Coomassie elle-même une ville
misérable.
La richesse, de quelque nature qu'elle fût,
aurait exposé celui qui l'aurait possédée aux
convoitises du prince. Il y avait bien, il est j'
vrai, des demeures qui relativement aux au-
tres, pouvaient passer pour des palais; l'ha-
bitation royale, entre autres, 'contenait de
•nombreux appartements, où se trouvaient
entassés, en foule, des meubles de toutes
sortes, des livres, des habits somptueux, des
métaux précieux, tout cela d'une telle façon
que l'on est amené à croire que le roi, dans
son royaume, s'emparait de tout ce qui était
à sa convenance dépouillant les vivants
aussi bien que les morts,
#*# Nous n'avons pas voulu nous mê-
1er à la querelle qui s'est élevée autour
que vous verrez le peu de raison que
vous avez pour- vous f laisser aller.,
Là-dessus, il se leva de nouveau et ga-
gna la porte que, cette fois, il put fran-
chir sans obstacle.
Juliette, toute entière à ses réflexions,
se disait que la grande question pour elle
était de savoir le nom de la personne que
M. de Montravert devait épouser. Tout
était là, pour le moment. Ce nom connu,
elle s'inspirerait des circonstances et des
événements, persuadée que, dans le
monde collet-monté du faubourg Saint-
Germain,.il n'y avait pas de projet do
mariage qu'une fille comme elle ne pût
faire avorter si bon lui semblait, soit par
les menaces, soit par le scandale, soit par
d'autres petits- moyens, plus criminels
mais encore plus sûrs, qu'elle tenait en
réserve pour arriver à ses fins, quand les
autres voies ne l'y conduisaient pas.
Après être restée un instant absorbée
dans ses pensées, elle se leva à son tour,
courut comme une folle jusqu'à une
chambre voisine de la sienne, et dans
laquelle se trouvait une vieille ôjmmë
qu'elle appelait sa tante, et qui n'était
pas autre chose que. madame Verduret,
son ancienne hôtesse du boulevard Ro-
chephouart,
La Verduret, passée à l'ancienneté des
services au grade de tante, habitait avec
Juliette, dont elle avait suivi la foilune,
après avoir laissé la sienne dans une mé-
chante affaire où la police était venue
malencontreusement mettre le nez.
Vite, vite, en route, lui dit-Juliette
suis le duc, attache-toi à ses pas, suis-la
pendant un, deux, troisjours s'il le faut,
mais né le lâche pas sans pouvoir me
dire, au retour, tous les endroits où il est
allé, ce qu'il y a fait et le nom des per-
sonnes qu'il y a rencqntrées.
L.a vieille ne demanda pas' de plus am-
ples explications; elle jeta un châle sur
ses épaules, descendit rapidement l'es-
calier et arriva dans la rue juste au
moment où le duc montait dans son
phaëton.
Elle fitsigiie au premier cocher de fia-
cre qui passait sur l'avenue, lui mit un
de la mémoire de Michelet. Ainsi, l'on a
parlé d'un de ses fils mort de misère. La
veuve -a répondu que dans un laps de
temps d'une dizaine d'années, Michelet
avait payé plus de vingt mille francs pour
ce jeune homme. Il peut donc se faire
que le -fils de Michelet fût un personnage
peu recommandable et nous n'insisterons
point.
̃ Ce qui est plus original, c'est une affi-
che reproduite par le Gaulois et où Mi-
chelet recommande la candidature de
son gendre, avec lequel bataille aujour-
d'hui la veuve du célèbre historien
À mes amis, connus et inconnus, qui m'offrent
leurs suffrages.
Je les accepte, vos suffrages non pour
moi, voué en ce moment à un devoir sacré
l'histoire de la Patrie- mais pour mon fils
d'adoption, mon gendre, mon unique collabo-
rateur depuis huit ans, POULLAIN-DUMES-
NIL-MICHELET, qui est moi-même.
4 II vaut mieux que vous parce qu'il est
jeune! » me disait l'autre jour notre cher
immortel Béranger. II faut des hommes
jeunes, neufs, et de forces entières. La nou-
velle Assemblée doit représenter par l'âge
le rajeunissement de la France.
Mon gendre, après ses études de droit, s'est
fermé la carrière du barreau. Le serment à la
royauté a été pour lui un obstacle insurmon-
table.
S'il n'est point encore connu parmi nos
plus éminents écrivains, c'est qu'il a unique-
ment travaillé pour moi.
Il s'est donné à moi, je le donne à la France.
Nous tous devons tout entiers et sans réserve
à la patrie. Ma vie déjà' appartenait à son
histoire. Je lui offre bien plus aujourd'hui
Mon avenir, le flls de ma pensée.
Salut fraternel.
#*# M. Chapus poursuit, dans lé Sport,
une campagne intéressante contre l'u-
sage adopté par les maîtres de maison,
d'assigner des places à leurs convives se-
lon le rang.ou l'importance qu'ils leur
attribuent. M. Chapus, qui combat cette
coutume comme inhospitalière, a trouvé
un appui pour sa théorie dans un docui
ment dont il ne donne pas d'ailleurs la
provenance; mais qui semble écrit sous
-l'Empire bu sous la Restauration, par un
partisan des vieilles coutumes.
La politesse, dit le Dictionnaire des éti-
quettcs, était parfaite autrefois, et pareonsé-
quent toujours aimable; elle ne dégénérait
jamais en froid cérémonial et l'on évitait
avec soin dans la société tout ce qui pouvait
rappeler l'idée de quelque inégalité dans les
rangs.
Lorsqu'on allait se mettre à table, le maître
de la maison ne s'élançait point vers la per-
sonne la plus considérable pour l'entramer
du fond do la chambre, la faire passer en
triomphe devant toutes les autres femmes, et
la placer avec pompe à table à côté de lui.
Les autres hommes ne se précipitaient pas
pour donner la main aux dames. Cet usage ne
se pratiquait alors que dans les villes de pro-
vince (et c'est encore la province qui en per-
pétue le culte avec le plus de fanatisme).
Les femmes d'abord sortaient toutes du sa-
lon celles qui étaient le plus près de la porte
passaient les premières; elles se faisaient
'entre elles quelques petits compliments, mais
très courts, et qui no retardaient nullement
la marche. Tout cela se faisait sans embarras,
avec calme, sans empressement et sans len-
teurs les hommes passaient ensuite. Tout le
monde arrivé dans la salle à manger, on se
placait à table à son gré.
Voilà des mœurs sociales et des manières
véritablement polies, parce qu'elles obligent
celles que l'on veut particulièrement honorer
et qu'elles ne blessent personne Nous avons
changé tout cela.
**ft Une fine pensée de M. Bougeart
dans le •Charivari.
C'est la grandeur du but qui .distingue le
caractère de la volonté, la volonté de l'entê-
tement.- p. m.
injustices et Abus
MARIAGES ET ENTERREMENTS
Quiconque est logé près d'une église a
pu voir y arriver, à certaines heures et
en même temps, des convois funèbres et
des voitures de noces.
Les morts, dans ces circonstances, sont
assez indifférents à la rencontre.
Mais il n'en est pas de môme des jeunes
mariés.
Ils s'en trouvent généralement affectés
d'une façon pénible, et quelques-uns vont
jusqu'à y voir de sinistres présages.
On nous écrit même que, tout récem-
ment, dans une de nos églises, la ren-
contre que nous signalons s'étant pro-
duite, la nouvelle épousée s'est presque
évanouie et a été assez gravement indis-
posée -à la suite de cette fâcheuse im-
pression pour que l'on ait été obligé de
renvoyer à un autre jour la célébration
du mariage religieux.
Il est aussi fort à présumer, d'autre
louis dans la main, monta dans sa voi-
ture et lui ordonna de ne pas perdre de
vue l'élégant véhicule qui venait de par-
tir et qu'elle lui désigna.
Elle ne revint qu'à une heure du matin
à l'hôtel des Champs-Elysées.
Juliette n'était pas encore couchée
elle ne s'était pas habillée, elle n'était
pas sortie. Elle avait attendu, toute la
soirée, la rentrée de tante Verduret avec
la plus vive anxiété. Aussi ne lui donna-
t-elle pas même le temps de s'asseoir, et
se précipitant au devant d'elle sitôt
qu'elle fut entrée
Eh bien lui demanda-t-elle, qu'as-
tu découvert ? Parle, parle vite!
En partant d'ici, répondit la vieille,
il est allé à son cercle,' où il est resté un
peu plus d'une heure; il y a, probable-
ment déjeuné, De là, il aillé sur le Bois,
où il a recherché les allées solitaires; il
est rentré chez lui à cinq heures, il s'est
habillé, il estressorti en toilette de soi-
rée, il est monté dans un coupé attelé de
ses deux chevaux noirs, il a fait une vi-
site d'un quart-d'heure, rue Bonaparte,
chez le comte de Vieilleval, puis une
autre chez la marquise d'Autran, «ne
troisième chez la duc^es^e de Malapert,
qÎ, enfin, eomme l'heure du dîner appro-
chait, il s'est fait conduire au Café i ré-
glais, où il a dîné. -En sortant de table,
il s'est rendu aux Italiens, où il a en-
tendu un acte du Trovapre, a quitté le
théâtre et s'en est allé rue de Seine, à
l'hôtel de madame là chanoinesse de
Charyanon. \l y est resté toute la soirée»
C'est là, observa Juliette, qu'il a ^u
rencontrer celie qu'il do» épouser celle
pour qui l'on me chasse comme une do-
mestique dont les services ne plaisent
plus i
LaVenâuret continua l'itinéraire du
duc
Il est sorti de oet hôtel sur le coup
de onze heures, et il est rentré chez lui.
J'ai attendu, l'oreille collée à la porte
cochère, pour savoir, en me guidant sur
lés bruits de l'intérieur, s'il allait encore
sortir ou si sa journée était finie, Alors,
j'ai entendu les valets d'écurie dételer
J. MICHELET.
part, que les parents éplorés qui accom-
pagnent le défunt, ne doivent pas être
non plus heureusement impressionnés
par le spectacle de personnes dont les
sentiments sont si peu en harmonie avec
ceux qu'ils éprouvent,
Il y a là, enfin, dans ce mélange de
pompes funèbres et de pompes,nuptiales,
quelque chose qui, quoique, au fond,
sans doute irès philosophique, est en la
forme choquant pour nos mœurs ac-
tuelles.
Cela sent un peu trop les danses ma-
cabres.
On comprend bien que les deux genres
de services devant être terminés avant
une heure de l'après-midi,il yait quelque
difficulté de remédier à cet inconvé-
nient.
Mais la difficulté est-elle invincible ?
N'y aurait-il pas -moyen dé scinder la
matinée en deux parts la première pour
les morts, la seconde pour les mariages? S
Nous soumettons la question à qui de
droit.
Mais nous avons pensé, surtout après
l'accident qu'on nous a fait connaître,
que la chose valait la peine d'être" si-
gnalée.
Emile Faure.
Nous rappelons à nos lecteurs que le prix
d'abonnement au Figaro est, Pour les dé-
partements, de 16 fr. 50 pour trois mois,
33 fr. pour six mois, et 66 fr. pour un an.
4. ̃
s
La Journée
LA MI-CAKÊME
La reine des blanchisseuses, dont je
vous parlais hier, mademoiselle Louise
Duchemin, n'a pas eu de chance.
Hier matin, comme .elle allait monter
dans la voiture de blanchisseuses qui de-
vait la promener en triomphe sur le bou- <
levard, elle a fait'un faux-pas si malheu-
reusement qu'elle s'est foulé le pied. La
promenade en a été désorganisée du
coup. ̃ .,̃•̃'̃̃
La pauvre Louise Duchemin en a pour
plusieurs jours à garder le lit.
J'ai remonté et redescendu dans la
journée la ligne des boulevards pour voir
si d'autres lavoirs avaient organisé des
voitures de masques. '•̃̃
Je n'en ai rencontré qu'une, d'aspect 't
fort misérable. Une vingtaine de blan-
chisseuses y grelottaient sur une manière
d'estrade. En haut,. un gros bonhomme
costumé en amour et couronné de rosés;
regardant les passants d'un air grognon;
et fumant une courte pipe noire.
Dans la soirée, quelques masques ont
fait leur apparition dans les cafés du
boulevard masques mélancoliques, quï
semblaient porter en terre feue la Mi-
carême. Tout cela attendait le moment
d'entrer a Frascati ou a Valentino.
Vous savez quel terrible verglas il fai.
sait hier matin, et comme les chevaux
s'abattaient. Les rapports officiels cons-
tatent cent cinquante-sept- accidents de
ce genre, entre neuf heures et midi. A
cette heure a commencé le dégel, qui a
continué rapidement.
Parmi les chevaux qui se sont abattus,
citons celui de lord Eresby, de passage à
Paris. Sa Seigneurie n'a pas été blessée,
fort heureusement.
Une vente'de charité au profit des ou-
vriers sans ouvrage et des apprentis dit
quartier du Panthéon, a eu lieu hier, de
une heure à" six, au ministère des tra-
vaux publics, sous le patronage de ma-
dame la duchesse de Belgrano..
La vente se composait d'effets d'habil-
lements et de bibelots en argent où en
bronze. Il est venu à peu près deux cents
personnes. La recette a été assez fruc-
tueuse. :ç
Avant-hier mercredi a eu lieu, à cinq
heures du soir, le mariage do M. Jules Le,^
seps, notre aimable consul tunisien,avec
madame de. Bertrand. Quelques amis in-
times seulement assistaient à la "céré-,
monie, après laquelle M. et madame de
Lesseps devaient partir pour la char-
mante habitation tunisienna que M. de
Lesseps s'est fait construire, à Belleyue.
Nous sommes heureux d'annoncer que
M. Chartier, le prévôt de la salle Pons si
les chevaux, remiser la voiture. Le Suisse
est venu tourner deux fois la lourde clef
dans la serrure du grand portail,' il a
poussé les verroux pour plus de sûreté
puis, d'un pas lent comme celui dtiù
homme à-quiil ne reste plus rien à faire,
il a.gagné le corps de logis qu'il occupe'
Les écuries ont été fermées, les remises
aussi, et tout est rentré dans le silence
Ils dorment tous, à cette heure, et me
voilà.
Etait-ce jour de réception dans l'hô-
tel où il a passé la soirée t
Non c'est le jeudi que madame de
Charvallon reçoit; je me suis même ren-
seignée auprès des marchands de vin des •
environs, des hôtes de l'hôtel CharraHon
et j'ai su que madame de Charrallon, une
ancienne chanoinesse, je ne sais trop ce
que signifie ce titre, habitait seule son»
hôtel avec sa nièce, mademoisells Ma-
rianne d'Avranches qui est sortie du
couvent depuis peu de temps,
Mademoiselle d'Avranches, exesiama
Juliette avec une vive émotion, tu dis
mademoiselle d'Avranches, tu ne te trom>
pes pas, répété, répète, je te prie t
Bon fit la Verdure*, queiio est donc
la mouche qui te pique, maintenant L.
Je t ai dit mademoiselle d'Avranches, et
c'est bien ça, preuve que, de crainte de
me tromper-, j'ai pris tous -ces noms sur
mon. calepin.
Elle tira un petit portefeuille de sa
poche, et, le montrant à Marianne ̃
Tiens, vois plutôt par toi-même,
–Mademoiselle Marianne d'Avranches
lut à haute voix Juliette. C'est bien ça l
Quelle âge a-t-elle, cette noble demoi-
selle ? 1
-De seize à dix-huit ans, m'a-t-on
dit.
Et à quoi ressemble-t-elle ?
Oh pas à toi du tout.
On pourrait cependant se ressembter
de plus loin, murmura Juliette.
MIE D'AGHONNE.
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