Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-03-08
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 mars 1874 08 mars 1874
Description : 1874/03/08 (Numéro 67). 1874/03/08 (Numéro 67).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO DIMANCHE 8 MARS 1874
ture qui, se trouvant à pareille fête, c'est-
à-dire ayant l'occasion de parler de lui I
et de tâcher de se disculper, eût résisté à
la tentation et eût effacé à ce point sa
personnalité accablée et décriée partout
depuis son passage aux affaires 1
'Premier avertissement.
A propos de l'incident parlementaire
dont le Figaro a été le prétexte, nous
sommes informés de bonne source qu'une
dame qui serait du grand monde, si elle
n'en était pas justement • repoussée, a
cru devoir se mêler de nos affaires et
attiser le feu du bûcher qu'on préparait
pour nous.
Faufilée dans les salons de nos burgra-
ves politiques, elle cherche à y exploiter
la sottise parisienne et ne parvient qu'à
justifier le surnom de Vipérine qui lui a
été jugement donné.
C'est à elle que le comte X. répondait
à un bal où elle frétillait, décolletée ou-
tre mesure, et au moment où elle se reti-
rait en disant
Je vais me déshabiller.
Comment, madame, encore î
Que cette évaporée croque bruyam-
ment les débris de sa fortune dans l'es-
poir de la reconstituer, libre à elle, mais
aious la prévenons charitablement qu'il
ne lui serait que profitable de ne pas trop
attirer l'attention du Figaro.
Sait-on combien il y a actuellement en
France de membres, de tous grades, de
l'ordre équestre de Saint-Marin. Juste
vingt-sept. Nous garantissons ce chiffre,
Aujourd'hui que le moindre voyou
trouve très crâne de se faire jeter au ci.
metière sans prêtres ni sacrements, il
est doux de lire cette belle page de- la
mort d'un homme qui valut quelque
gloire à son pays
Un matin qu'il lisait dans son cabinet, il
'«ut un grand mal de tête il descendit dans
sa chambre et dit à ses enfants « Je crois
que j'ai un peu de fièvre, mais ce ne sera
rien, je vais pour quelque temps me mettre
au lit. Il ne se releva plus. La maladie fut
longue. Cet homme dont le moindre malaise-
irritait les sens délicats supporta cette fois'
avec une douce patience des douleurs aiguës.
Bien qu'il eût eu jusque-là cette peurdè mou-
rir qui tourmente surtout les êtres d'une
imagination vive, il vit la mort sans effroi
quand il la vit de près. C'est là un exemple
de ce que les prêtres nomment la grâce d'état.
Il avait la foi. C'est dans la mort que triom-
phe le christianisme. Comme il ne conduit
tous les actes de la vie qu'en vue du dernier,
il a pour celui-là des ressources souveraines.
··
Quand le fils aîné du mourant lui dit que
les médecins le sauveraient par une opéra-
tion
« Dieu est le maître, répondit-il, mais je
puis vous assurer que s'il me donnait le
choix ou de la vie ou de la mort, je ne sais
pas ce que je choisirais les frais de ma mort
sont feàts. »
L'opération ne réussit pas un prêtre de
Saint-André-des-Arts donna les. derniers
sacrements; les saintes huiles touchèrent
les yeux, la bouche, les mains et les
pieds de celui qui avait aimé et senti
tant de belles et douces choses dans la
"vie, qui avait eu l'orgueil d'un poète et
les faiblesses d'une nature délicate. Il
expira dans son logis de la rue des Ma-
rais, le 21 avril 1699, entre trois et quatre
heures du matin, « à l'heure ou l'homme
meurt, » comme il est dit au livre de Job. Il
était âgé de cinquante-neuf ans et quatre
mois.
Ce chrétien s'appelait Jean Racine. Je
iie sais rien de plus touchant que ces
quelques lignes dues à la plume de M.
Anatole France et extraites de la préface
du Racine de Lemerre.
Tout. compte fait, j'aimerais mieux
mourir comme Racine que comme nos
fédérés libres penseurs.
La -race de Jocrisse n'est pas près de
S'éteindre.
Un de nos confrères non marié, dont la
cave est non pas mal montée, mais pas
montée du tout, traite de temps à autre
sfès amis dans son appartement de gar-
don. Il
Dernièrement, il sonne son valet de
chambre, et lui dit
Gaspard, quand j'aurai du monde à
déjeuner ou à dîner, et que je voudrai
faire boire d'un vin supérieur à mes in-
Feuilleton du FIGARO du 8 Mars
31
LES NUITS SANGLANTES
Rentrée chez elle, elle se laissa aller
sur un siège, mâchant son mouchoir de
batiste, et se disant avec rage
Elle aura donc tout, toujours, celle-
là Sa place est la première, la glorieuse,
la bonne I Depuis la première jusqu'à la
dernière heure de sa vie, pas une honte
aie marquera, son front! Elle restera pa-
reille à ces étoiles qui, du haut du ciel
pur, assistent au spectacle de notre agi-
tation sans en redouter les fanges, et
sans que les épines qui nous ensanglan-
jtent puissent jamaisles atteindre Comme
ces crétures de l'Inde, sorties, disent-
êllês, de la tête du Dieu, tandis que le
:reste, vermine immonde, est hé de la
poussière de ses pieds, elle a eu les doux
regards, les langes de dentelles, les soins
affectueux, les baisers légitimes, la for-
tune et le nom paternel; à d'autres la part
sombre, le coin obscur, la vie souillée
dès la naissance, le champ du vice lar-
gement ouvert, l'aumône blessante d'un
jère qui se cache, le salaire honteux de
la courtisane, le sacrifice de toutes les
fiertés et de toutes les pudeurs 1 C'est
dommage, en vérité, que l'air qui vient
'à nos poitrines ne'puisse pas être trié pour
qu'elle n'en ait que la plus pure et la
meilleure part il n'est pas jusqu'à quel-
ques roses blanches, qu'à cause d'elle, je
ne puis respirer et que je me vois refuser
parunstupide paysan! 1 Arrière je suis
indigne, moi! cette blancheur n'est pas
faite pour mon impureté; à elle d'en re-
paître la chasteté de ses yeux les roses
aussi ne naissent que pour elle Je
t'aurais pardonné peut-être s'il m'eût
été donné de partager avec toi quelque
chose, ne fût-ce qu'un bouquet; mais non,
pas même cela, rien, rien Je suis née
des pieds de l'idole, tandis que toi, tu as
été conçue de son front lumineux. Ah 1
laisse faire, ces fleurs te coûteront cher.
A défaut d'autre don, j'ai l'amour de la
vités, je vous dirai d'aller en chercher à
la cave.
Mais, monsieur, vous n'avez pas de
cave I
C'est poùrquoi tu iras tout bonne-
ment chez le marchand de vins qui de-
meure en face et tu lui en demanderas de
ma part.
Très bien, monsieur.
**#
Le lendemain, notre confrère reçoit
quelques convives.
Gaspardl • ♦̃
Monsieur 1
Descendez à la cave et montez-moi
une bouteille de Château-Laffltte.
J'y vais, monsieur.
Et s'arrêtant sur le pas de la porte, le
Jocrisse demande d'un air niais
Faudra-t-il le payer ou le faire mar-
quer sur votre compte? 1
Un poëticule de l'école Baudelaire ve-
nait d'infliger à notre confrère X. la
lecture de quelques-unes de ses élucu-
brations.
-Vous le voyez, dit-il en terminant;
c'est de la poésie réaliste.
Très réaliste, en effet, s'écrie X.
autant de chevilles que de pieds
Echo de Frascati
Comment,Palmyre, encore un vieil-
lard à ta suite?
Hé, ma chère, plus les hommes ont
de lustres, plus ils éclairentl.
LE MASQUE DE FER;
̃»
.L'HIVER Â. PARIS
Réception hier chez le général Fleury.
C'est une des curiosités du Paris actuel
que ce salon hanté par toutes les aristo-
craties, toutes les élégances et tous les
talents jadis familiers des Tuileries, et
qui viennent aujourd'hui chaque semaine
se réunir dans ce temple dédié à la plus
noble des vertus à la fidélité.
Le cadre est d'abord charmant et d'un
cachet tout à fait spécial. Aux murs, des
tableaux qui ont tous la valeur de souve-
nirs historiques. D'abord, à la place
d'honneur, l'immense portrait équestre
de l'empereur Napoléon III, par Alfred de
Dreux, un exemplaire unique, le seul
autre qui existât ayant été brûlé dans
l'incendie des Tuileries. L'expression de
cette toile est admirable la figure sur-
tout respire cette majesté paisible dont
parle Emile Ollivier dans son fameux
discours mort-né. Cette bonté de l'homme
privé, cette suprême bienveillance à la-
quelle Augier a également rendu hom-
mage, éclatent en plein dans ce visage
peint aux temps des années heureuses
et des heures prospères. En face, le buste
en marbre du général, et un autre Alfred
de Dreux le représentant en colonel des
guides. j 1
Dans le ôabinet de travail du général,
un admirable portrait de madame Fleu-
ry, peintpar Cabanel, frappe d'abordmes
yeux. C'est un chef-d'œuvre de ressem-
blance, de grâce et d'expression. Voici
des bustes et des portraits du Prince im-
périal, un marbre de Napoléon Ier par Ca-
nova, un splendide trophée d'armes où les
sabres damasquinés et les flittas de l'O-
rient se mêlent aux lames gravées et aux
pistolets niellés du Caucase. Une aqua-
relle représente le magnifique stud de
l'Empereur, que le général, un sportsman
passionné, avait mis au rang que l'on
sait. Enfin, je retrouve la Russie dans le
portrait de l'empereur Alexandre, qui do-
mine la photographie de Zichy, représen-
tant la chasse à l'ours, où le czar courut
un si grand danger sans compter une
charge de chasseurs à cheval sur un car-
ré autrichien, souvenir de la guerre d'I-
talie, dont j'ai vu la seconde-édition là-
bas, chez le comte Schouvaloff ou chez le
prince Dolgorouky, je ne me souviens
plus au juste.
Dans ce milieu si intéressant s'agite
un monde charmant, choisi, une assem-
blée d'élite où chacun vaut quelque chose
par le nom, la naissance, l'esprit, le ta-
lent, la beauté ou la vaillance. La jolie
madame de Galiffet, côte à côte avec mes-
dames Magnan, Dubois de l'Etang, Gimet,
vengeance, je sais la préparer et l'atten-
dre. Je guette la mienne, je la saisirai,
je la savourerai. Oh! les sottes femmes
qui, comme des tourterelles, s'en vont
par les bosquets fleuris roucouler la
chanson amoureuse, sans prendre garde
à l'oiseau de proie qui, au-dessus de leur
tête, décrit ses grands cercles! Roucoule,
roTOOule, tourterelle à l'œil bleu, la fau-
conne est là, prête à ressaisir de sa griffe
sanglante la part de bonheur qu'on lui a
dérobée
Quand ce flot de colère se fut écoulé,
Juliette resta encore quelque temps
muette et affaissée sur son fauteuil, non
point à bout de forces et d'énergie, mais
pour donner à ses nerfs encore un peu
le temps de se détendre.
Elle s'en fut ensuite consulter son mi-
roir et se mit en devoir'de réparer quel-
ques légers accidents survenus dans son
teint pendant cette violente surexcita-
tion.
Cependant, Philippe, dont le zèle reli-
gieux ne se démentait jamais, et qui, sur-
tout depuis que Juliette était à Biarritz,
se fût encore moins pardonné de man-
quer la première messe, avait été chargé
par la jolie blonde de la tenir au courant
des modifications que l'on pourrait ap-
porter dans l'aménagement des apparte-
ments du château, en vue du mariage
de Marianne et de l'installation de son
futur époux.
Philippe se montrait d'une complai-
sance et d'une habileté sans pareilles.
Juliette n'avait qu'à lui demander, et.
elle était du jour au lendemain rensei-
gnée de la facon la plus intelligente.
Aussi ne marchandait-elle pas avec lui et
lui payait-elle grassement les services
qu'il lui rendait.
L'aide de cuisine, de son côté, était
enchanté de la générosité de la jeune
femme et se tenait à pe.u près ce langage
Sans être le Beaucousin, il faut
avouer que j'ai à mon arc deux cordes
qui ne sont pas piquées des. hannetons.
La charité de la chanoinesse et de la du-
chesse, incessamment sollicitée par cette
bécasse de Monique, les petits profits que
mon habileté sait faire en dehors, et les
largesse de cette jolie grue^ finissent par
me donner ensemble d'assez beaux ap-
pointements, et je doute que le Beau
cousin, avec toute sa superbe per-.
Vendredi.
Lefèvre, Levert, fait face à mesdemoi-
selles Errazu et Gibiat, une beauté brune
et une beauté blonde que le hasard rap-
proche pour qu'elles se fassent mutuel-
lement valoir. Le fin profil espagnol de
la maréchale Canrobert, la tête de Junon
impérieuse de madame Bartholony m'ap-
paraissent successivement au-dessus d'un
groupe de députés composé du pétulant
Abbattucci, de MM. Boffinton, Levert et
du marquis de Valon. Avec son spirituel
sourire, M. Pinard, l'ancien ministre,
écoute le duc de Grammont, cravaté de
haut, à la poitrine couverte de plaques,
un superbe diplomate d'après David, qui
s'étonne tout haut de l'ostracisme de
l'Académie condamnant l'éloge d'un sou-
verain mort en exil, éloge si court et si
mesuré à la fois.
Plus loin, M. de la Guéronnière, l'an-
cien ambassadeur, entouré des publi-
cistes Paul de Cassagnac, Francis Au-
bert et Léonce Dupont, est fort compli-
menté au sujet de la dépêche de remer-
cîment que l'impératrice lui a adressée
pour sa lettre.
Les princes Joachim et Louis Murat,
appuyés contre une porte, causent avec
le verveux et énergique Fernand Girau-
deau, tandis que la princesse Lise Trou-
betzkoï, qui arrive un peu tard une
coquetterie permise à une aimable et
spirituelle grande dame qui aime à. se
faire désirer, est accueillie par la
comtesse Fleury, aux côtés de laquelle
se tiennent la comtesse Davillier Re-
gnaud de- Saint-Jean-d'Angely, divine-
ment mise, et le duc de Montmorency.
De minute en minute le coup d'œil
change, le défilé continue, étincelant, mê-
lant aux gracieuses figures de femmes et
aux épaules de marbre les têtes d'hom-
mes d'Etat et les impassibles masques
des diplomates. On a peine à s'arracher
à ce spectacle délicieux.. Et pourtant
Imbert de Saint-Amand me demande des
nouvelles de la marquise de Caux, et
mon grand ami Edouard me reproche de
ne pas l'accompagner le 16 à Chislehurst.
L'heure s'avance d'ailleurs et il va me
-falloir quitter cette demeure hospitalière
où j'ai voulu à mon retour en France
porter mes premiers pas, heureux d'y
trouver cet ensemble de dévouement, de
loyauté et cet accueil chevaleresque qui
ont rendu le général si universellement
populaire et qui ont fait de tous ceux qui
l'ont approché, ne fût-ce qu'un instant,
des serviteurs dévoués ou des amis fi-
dèles.
FERVACQUES.
TÉLÉGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
Alger, 3 mars. Les pluies torren-
tielles qui sont tombées depuis cinq jours ont
déterminé la crue subite de l'Oued-Haunza,
de l'Harrouch, de l'Oued-Isser et du Sebaou.
La plaine de la Mitidja, vue des hauteurs
du Sahel, a l'aspect d'un immense lac.
La Kabylie est envahie par les eaux, qui
roulent en bouillonnant des hauteurs du
Djurjura et des crêtes sur lesquelles s'élève
le fort National.
Depuis hier, le service des voitures publi-
ques pour Dellys et pour Aumale est inter-
rompu.
Quelques fermes se sont trouvées isolées
au milieu de cette inondation qui n'a, heu-
reusement, occasionné aucun grave accident.
Ce matin, le vent soûffle du nord dissipant les
nuages et nous ramenant le soleil. Il y a lieu
d'espérer que ce sera le signal du beau temps
si désirable pour la réalisation des espérau-
ces de nos colons.
On pourrait avoir une récolte exception-
nelle, cette année, en Algérie.
~~» BREST, 4 mars. L'Orne, ayant à bord
une compagnie et demie d'infanterie de ma-
rine, vient de partir pour l'île d'Aix, où ce
bâtiment embarquera 250 forçats à destina-
tion de la Nouvelle-Calédonie.
̃ Fort-de-Frakce (Martinique), 9 fé-
vrier. -Le transport la Cérès vient de quitter
la rade pour rallier Toulon, ramenant en
France un nombreux personnel militaire et
civil, que ce bâtiment a pris au Sénégal, à
la Guyane et aux Antilles.
SCEAUX, 6 mars. Une- famille notable
de Vanves, la famille Larmeroux, vient de
faire don à cette commune d'un immeuble
estimé 30,000 francs pour servir de salle d'a-
sile et d'hospice.
~T.ouloijse, 5 mars.-Le général Lapasset
vient d'être de nouveau assigné par le jour-
nal la Réforme, non, cette fois, par la société
anonyme du journal, mais avec désignation
dans l'exploit des membres qui composent le
conseil d'administration de cette feuille.
L'affaire est fixée au 9 mars.
sonne, parvienne à mettre autant que
moi à l'intérêt. Vas donc, sainte Sim-
plicité, récure les casseroles à ces bra-
ves gens, prie leur bon Dieu et fais-lui
brûler des cierges laisse-toi mener com-
me un tou-tou par tous ces domestiques,
qui se croient des gens intelligents parce
qu'ils servent des grands seigneurs, qu'ils
savgnt dresser une table devant des gens
sans appétit et entortiller de falbalas les
femmes qui ne sont pas capables de s'ha-
biller toutes seules! T'es moins bête
qu'eux, mon fiston, et tu entends autre-
ment ton affaire T'asdes rentes, de bon-
nes rentes placées en lieu sûr, et, ce qu'il
y a de plus beau, ce qui t'en fait double-
ment jouir, c'est que personne n'en sait
rien et que tout le monde te regarde
comme un pauvre diable Beaucousin,
mon ami, je suis plus fort que toi
Juliette en était arrivée, par l'intermé-
diaire de Philippe, à connaître dans les
moindres détails, non-seulement l'inté-
rieur du château, mais encore celui de
l'hôtel de M. de Villehaut-d'Avron.
Beaucousin, d'autre part, n'avait pas
perdu son temps à Paris, et n'avait pas
laissé plus de loisirs au Fier-Serrurier.
Quand toutes les clefs furent faites, il
remit un louis à l'ouvrier, et lui dit en
prenant congé de lui
Maintenant, t'es libre de fricotter
tes outils, si cela t'amuse.
T'es un homme de parole, un gar-
çon pas avaricieux, répondit le Fier-ser-
rurier, je suis à ton service tant que tu
voudras, pour la serrurerie s'en-
tend.
Le Beaucousin courut aussitôt à l'hôtel
que Juliette possédait aux Champs-
Elysées et demanda à parler à madame
Verduret. Celle-ci accourut sur-le-champ
au-devant de lui de l'air maternellement
empressé qu'elle avait chaque fois que
le beau garçon la venait visiter.
Les clefs fabriquées par le Fier-Ser-
rurier furent, selon les ordres de Juliette
et après avoir été soigneusement numé-
rotées et étiquetées, placées dans un ti-
roir à secret de l'un des meuble^ de la
chambre à coucher.
Quant aux empreintes qui, en cas d'ac-
cident, auraient pu être révélatrices,
Beaucoùsin en fit fondre la cire et prit,
le soir même, le train pour Biarritz,
Montauban, 3 mars. Le général Ca-
the-lineau a passé ici la journée de lundi., Il a,
'été reçu dans les deux cercles monarchistes
de la ville, où il a prononcé des allocutions.
Quelques agitations dans le clan répu-
blicain, fort irrité contre le préfet M. Des-
près, qui a ordonné la fermeture du Cercle
des arts, de Castelsarrazin, et du Cercle du tra-
vail, de Moissac. ">
Soissoxs 5 mars. M. Edmond de
Maupas, oncle de M. de Maupas, ancien séna-
teur, vient de mourir. C'était un homme de
bien, et sa perte est très vivement ressentie
à Soissons.
SOUSCRIPTION
DESTINÉE A RETIRER LES DRAPS ET LES COU-
VERTURES ENGAGÉS AU MONT-DE-PIÉTÉ
Cinquième liste
M. Eug-éneMiHet. 20 ·
M. CharIesCaron. 10 n
Madame la vicomtesse Ray de Courval 100 JD
M. Edouard Jeantin. ê 20 la
M. Martin,botaniste. 3 B
M. Prunay. 10» x
M. Edouard Goupil. 50 a
M. d'Albert. 20» a
Madame la baronne Achard. 20 la
M. le comte et madame la comtesse
Adrien de Mérinville 100 J)
Un ,inonyme .5 5 D
Madame et mademoiselle B. 50 a
Mademoiselle A. P.L. 20 la
Le petit Maurice. 2 a
M. Auguste Laffitte 10 la
lliadame veuve Lebas. 20 a
Madame Deschamps: 10
M. Piessat, à Bourbon-Lancy,transmis
par le Petit Journat. ï0
M. Levasseur .5 5 a
M. le comte et Mme la Csse de Fresne. 50 &
M.etmadamedeNoas. 50 e
M.R.F. 15 n
Madame Edouard Riché. 20 n
Une cag'notte. 9 H
M. Morel, 153, Faubour~-Poissonmôï'e. 5 e
M. E.Deoan. 15 la
11h A. Chante. 20 D
M.Boissel.notaire. 10
M. A. J. 5
Une inconnue 20 la
M. S. 20 o
Mademoiselle Madeline P. 5 la
M. Edouard Renaud. 20 n
M. Charles Comte. 20 a
M Saint-Albin, receveur particulier des
finances en retraite. 10 la
M. J. Briatte, conseiller maître à. la
cour descomptes. 20 la
Madame AugustineEsnaunt. 20 e
La Gazelle dee Beaux-drts. 200» ))
Mlle Louise T. (pour ses 15 ans). 5 la
M. Bastard aîné. 10 a
M. le baron du Temblay de Saint-Yon. 50 Il
M.kiulsan. 1 e
M. Tourell. 200 D
M.X. 20 la
Mademoiselle Barraud. 20 a
M. Portehaut. 5 B
Madame Barbet. 5 a
Unanonyme. 20 Il
M. Galignani 100» B
Madame de Brauvilliers. 20
M. R. L. Bisehoffsheim. 100 la
Un anonyme .5 5 1J
Mademoiselle Marie Bastard. 5
Ma4emoiselle Marguerite Bastard. 5 B
M. Auguste Bastard. 5 »
M. le maire de Ro.soy-en-Multien. t0
Uneantonyme. 1.()(j0 »
MM. Gustave, Louis, et mademoiselle
CtariseLai'cadti. 10 B
Madame Adèle S. K. 10
M. Arnaud J eanti. 20 a
M. Erhard, graveur géographe 50 D
M. H. de P. 20 Il
M. F. de Jarry. 5 a
M. M. S. M., abonné 5 a
M. G. L, abonné, et sa fille 15 s
M. H. G. 50 a
Total de cette liste. 2.830 »
Listes prëceJentes. 14.441 45
Total.?.2~ 45
♦ ̃
puis au jow le jom
Tous les journaux d'hier discutent
chacun à leur point de vue l'incident
dont le Figaro a été le prétexte et qui,
sous l'influence des manoeuvres parle-
mentaires était devenu une arme de
guerre contre le ministère. Générale-
ment, nos confrères, et au premier rang
la Presse, le Journal de Paris, le Moniteur
tmiversel, nous ont témoigné beaucoup de
sympathie.
Parmi les articles qui ont paru hier
soir, deux nous ont semblé particulière-
Ce que Philippe avait dit du mariage
de Marianne avec M. de Villehaut-d'Avron
était exact.
Après son entrevue avec la chanoi-
nesse, le marquis avait .entouré sa mi-
gnonne amie, cette vierge veuve,de soins
si continus, si délicats, si tendres, si pé-
nétrants, que Marianne, de plus en plus
éprise, ne s'était plus senti la force de
résister à l'entraînement de son amour.
Sons ces influences, son mal avait peu
à peu disparu, et elle pouvait entendre
parler de mariage sans crainte de voir
se dresser dans son imagination l'image
du duc assassiné, si bien qu'un jour elle
avait accepté de devenir l'épouse de
M. de Villehaut-d'Avron.
Depuis cette époque, les jours s'étaient
écoulés, pour les deux futurs époux, en
longues promenades, en douces cause-
ries. Se voir toujours, se séparer le
moins possible était leur unique préoc-
cupation..
Quand on est heureux, le temps fuit
rapidement. Tout le reste de l'été se
passa ainsi, sans que nos deux amou-
reux s'en aperçussent. L'automne vint,
et le marquis, qui avait demandé et ob-
tenu une prolongation de congé, put res-
ter à Biarritz jusqu'au moment de son
mariage..
Juliette et Beaucousin, après un court
séjour, étaient retournés à Paris.
La semaine qui précéda le jour de la
cérémonie, fut complètement consacrée
aux préparatifs de toute sorte qui s'y
rattachaient. On arrangea, à côté de
l'appartement de Marianne, deux pièces,
chambre à coucher et cabinet de toilette,
dont, pour quelques jours, devait se con-
tenter M. de Villehaut-d'Avron.
Sœur Monique et mademoiselle José-
phine étaient sur les dents.
La correspondance qu'elles entrete-
naient avec Paris suffisait à remplir,
matin et soir, la boîte du facteur.
Marianne et M. de Villehaut-d'Avron
ne s'occupaient que de leur amour.
Le jour tant désiré arriva enfin.
La fête fut des plus simples.
La mairie était entièrement jonchée de
fleurs blanches, par les soins du mar-
quis, en souvenir de la première rose
qu'il avait attachée au voile de deuil de
Marianne.
Auguste Maroade.
ment logiques la Patrié, prenant à par-
tie la théorie qui servait à l'interpella-
tion des gauches, à savoir la différence
de sévérité entre le Figaro et le XIXe Siè-
cle, la réduit à néant
II n'y a en effet, aucune analogie à établir
entre desjournaux qui chaque matin, systé-
matiquement, résolument, attaquent la Cham-
bre, se félicitent, se vantent de ces attaques,
et une feuille qui, comme le Figaro, a laissé
entendre une fois, par hasard, d'une façon
hypothétique, que si l'Assemblée ne faisait
pas telle chose, elle pourrait en pâtir, en
faire pâtir le pays.
Mais, pour sortir du particulier et pour en-
visager les choses à un point de vue plus po-
litique et plus général, ne devons-nous pas
être surpris de voir subitement animés d'une
si grande ferveur pour les prérogatives et les
droits de l'Assemblée. qui?. des hommes
qui font société intime avec MM. Gambetta,
Challemel-Lacour, Marcou, lesquels ont pour
doctrine et ont posé comme principal titre à
la confiance des électeurs une négation cons-
tante et souvent injurieuse de l'autorité, de
la légitimité de l'Assemblée? Qui donc a,
dès le début, inventé la qualification de « ru-
raux, » si ce n'est la gauche? Qui donc ré-
pète tous les jours que l'Assemblée est im-
puissante, -qu'elle doit se dissoudre, dispa-.
raître au plus vite, si ce n'est la République
française et le Rappel?
Comment accorder cette susceptibilité par-
lementaire de la gauche avec les ardeurs
dissolutionnistes de l'extrême gauche? C'est
là, en vérité, un problème difficile à résoudre.
Le Français, de son côté, démontre,
avec preuves à l'appui, qu'en matière de
lèse-majesté contre l'Assemblée souve-
raine, la gauche peut être accusée mais
non accusatrice.
Quand des'journaux étaient poursuivis
pour outrages contre l'Assemblée à propos
des actes de la commission des grâces, n'est-
ce pas la gauche qui avait pris leur défense? 1
Sous M. Thiers, n'étaient-ce pas les jour-
naux offlcieux eux-mêmes qui attaquaient
tous les jours la Chambre, parfois même en
s'autorisant de conversations plus ou moins
exactes du président? Et nous recommandons,
une séance de la commission de permanence
du 25 septembre 1872, où M. Victor Lefranc,
interrogé à ce sujet, répondait en tâchant,
avec plus ou moins d'embarras, de dégager
la responsabilité de M. Thiers dans ces atta-
ques qu'il ne pouvait nier.
N'était-ce pas l'Evénement, journal de la
gauche, qui, en novembre 1872, demandait à
M. Thiers de se débarrasser de l'Assemblée
par un coup d'Etat?
Quand M. Ernoul présentait, au début des
vacances dernières, une loi pour faciliter,
pendant les vacances, les poursuites pour
outrage à l'Assemblée, n'est-ce pas la gauche
qui a protesté? 1
L'attaque injurieuse, calomnieuse contre
la représentation nationale, la méconnais-
sance de ses droits, n'ont-elles pas été, de
tout temps, le fond de la politique de la gau-
che? Et, dernièrement encore, n'est-ce pas M.
Thiers qui, dans sa lettre à M. Lepetit, ou-
trageait l'Assemblée en l'accusant d'être la
cause des souffrances du pays, de son affai-
blissement vis-à-vis de l'étranger?
#*# Une autre question qui ne préoc-
cupe pas moins l'attention, c'est la con-
jonction des centres. Dans la Presse,
M. Marius Topin publie un article qu'on
peut admettre comme représentant la
pensée du gouvernement. En deux mots,
la conjonction ne s'opérera point sur le
terrain d'une proclamation définitive de
la République, qui éloignerait la droite
et à laquelle le gouvernement ne consen-
tirait point s'il y a accord,ce sera sur l'or-
ganisation du septennat,forme transitoire
et particulière qui supplée à la difficulté,
à l'impossibilité même d'une fondation
définitive.
Nous repoussons l'union des centres si,
sous le prétexte de l'union des centres, on
veut disloquer la majorité conservatrice, et,
par la proclamation de la République défini-
tive, faire violer le pacte du 19 novembre.
Mais nous acceptons de grand cœur lès mem-
bres du centre gauche qui voudraient s'unir
à nous sur le terrain du septennat, quels
qu'aient été leurs votes antérieurs, quelles
qu'aient été leurs complaisances passées en-
vers la gauche.
Nous concevons, en effet, que des événe-
ments tels que celui de l'élection d'un Ledru-
Rollin fassent tomber les bandeaux les plus
étroitement attachés, et arrachent les illu-
stons les plus enracinées.
Il est souhaitable, il est essentiel qu'un
rapprochement se fasse entre tous les con-
servateurs incontestables du centre gauche
et les groupes modérés de la droite, parce
qu'une majorité forte, unie et compacte doit
être opposée aux actes de défi des impudents
qui osent faire rentrer dans l'arène M. Ledru-
Rollin.
En un mot, il s'agit, comme l'explique
le Français, de savoir si les modérés du
centre gauche sont plus naturellement à
L'église était tendue de blanc, comme
pour le mariage d'une jeune fille.
Tout le clergé de Biarritz et des envi-
rons avait voulu, pour faire honneur à la
chanoinesse, assister à la cérémonie.
Marianne, dans sa toilette gris-cendre,
les veuves ne devant point se marier en
robe blanche, coiffée d'un chapeau de
crêpe blanc, dans les bouillons duquel se
perdait une rose blanche que le marquis
lui avait envoyée le matin, faisait la plua
jolie, la plus gracieuse, la plus modeste
des épousées.
Après l'office, on rentra au château,
où M. Benoist avait élaboré un déjeuner
digne en tout des nobles hôtes que trai-
tait sa maîtresse.
Philippe, ce jour là, était comme un
point d'admiration il ne cessait de s'ex-
tasier sur tout, et, les services qu'il ren-
dit à M. Benoist durent être fort minces;
car, de l'aube à la nuit, on le vit planté
tantôt ici, tantôt là, partout, aussi bien
dans les appartements de ses maîtres
qu'à l'office, dans les embrasures des fe-
nêtres que dans les angles des corridors.
Les valets, qui couraient pour les be-
soins de leur service, le bousculaient et
se le rejetaient comme un volant de ra-
quette en raquette; mais il se laissait
faire de si bonne grâce, il demandait
pardon du dérangement qu'il causait avec
une onction si parfaite, qu'on ne se pou-
vait fâcher et que chacun se contentait
de le pousser à côté.
Les invitations ayant été fort restrein-
tes, on avait décidé qu'il n'y aurait point
de bal.
La soirée qui suivit le grand dîner fut
d'autant plus intime que la plupart des
rares invités étaient repartis presque de
suite après le déjeuner; quelques autres
avaient pris le train du soir, de sorte
que, vers minuit, il n'y avait plus au
château que la famille et les gens de la
maison de madame de Charvallon.
Marianne avait regagné sa chambre où
elle était entourée de ses femmes, qui
faisaient sa toilette de nuit.
Elle venait de quitter la toilette de soie
grise et de dentelles blanches qui avait
remplacé la toilette du matin; elle était
vêtue d'un peignoir de mousseline des
Indes'; ses bras charmants se détachaient,
fermes et rosés, des larges manches dans
lesquelles ils étaient à demi-cachés.
leur place dans lacoalitionoù figure M.
Ledru-Rollin ou dans une alliance conser-
vatrice contre les menaces et les progrès
de la démagogie.'
Il n'est pas moins intéressant de savoir
ce que pensent les légitimistes de ces ten-
tatives de conciation. Bien entendu, il
les jugent chimériques on en jugera'
d'après le raisonnement de V Union
La conjonction des centres a ceci de per-
nicieux, c'esi qu'elle fait reposer la politique
sur des combinaisons de nombre. C'est la
pire des utopies; les maux les plus cruels
en sont toujours sortis et doivent toujours
en sortir.
C'est là pourtant ce qui est conseillé à M.
le maréchal de Mac-Mahon par des politiques
effarés, comme point d'arrêt contre le cou-
rant qui se précipite, lui dit-on, vers la dé-
magogie révolutionnaire.
C'est comme si on lui disait que 1$ courant
allant à l'anarchie, il est sage de le suivre;
car la conjonction des centres détachant la po-
litique du principe de défense sociale qui est
à droite, va invinciblement à gauche, où est
toute action non de gouvernement, mais de*
subversion.
En ce cas, on doit, pour être conséquent,
revenir à la politique abandonnée au 24 mai,
et ramener M. Thiers au gouvernement; car
c'est lui, point un autre, qui est l'expression
de cette conjonction des centres, qui veut être
en dehors de la droite comme de la gauche.
#*# Un charmant spécimen de littéra-
ture communarde découvert par le Gau-
lois
L'autographe suivant du citoyen B. G. 1
bibliothécaire quelque part pendant le règne,
de la Commune, a été placé sous nos yeux; Il'
est adressé à un employé subalterne r
Citoyen, n
»J'ai l'honneur de vous informer qu'en
vertu d'une décision prise par moi-même, voua
êtes révoqué de vos fonctions. »
*## Le faux Roger Tichborne devra à
sa notoriété, si nous en croyons l'Indé-
pendance Belge, quelques adoucissements
dans la prison de Newgate, où il subira
la peine de quatorze ans de travaux for-
cés à laquelle il a 'été condamné.
Le prisonnier est soumis au même régime
et aux mêmes lois que ses co-détenus. Cepen-
dant, on assure que dans quelque temps, il
sera un peu mieux traité. Arthur Orton avait,
une grande habitude de fumer et de boire
des spiritueux. L'on craint qu'une privation*
absolue et subite de ces deux choses ne puisse.
être supportée par lui, et les médecins ont
conseillé de ne l'en priver que par degré.
Lorsqu'il est entré en prison, il ne s'est pas
trouvé dans le magasin d'habillements un
costume de prisonnier de dimensions assez
considérables pour lui, et le costumier de'
Newgate est en train de lui en confection-
ner un. •
Le Petit journal rectifie son infor-
mation relative à M. Daumier dans les
termes que voici
M. Daumier, qui a souffert beaucoup d'une
maladie d'yeux, va très bien aujourd'hui, il
peut travailler, il travaille même beaucoup;
il se livre plus spécialement à la peinture, et
l'on me cite, comme une œuvre supérieure»
un tableau qu'il vient d'achever et qui repré-
sente un intérieur de wagon de troisième
classe. Je suis heureux de pouvoir rassurer'
les amis et les admirateurs de Daumier.
Nous nous étions apitoyés trop vite
sur M. Daumier, mais cela n'ôte rien au
mérite de la belle action de M. Corot.
#*# Un article de la Revue des Deux-
Mondes, sur les élections au Parlement
d'Allemagne, nous fournit des notes in-
téressantes sur l'attitude des partis et de
la presse avant ces élections. Les catho-
liques et les démocrates se sont rencon-
trés pour demander ce que .l'Allemagne
avait gagné à la guerre.
Une affiche démocratique qui a cir-
culé à Francfort, met d'un côté les verse-
ments faits par la France, capital et in-
térêts de l'a-utre, les dépenses militaires
votées par le dernier Parlement, pension
pour les invalides, dotation pour les gé-
néraux, construction de forteresses, de
chemins de fer stratégiques, rétablisse-
ment du matériel de guerre, etc. •
La conclusion, facile à prévoir, c'est
que la somme demeurée disponible est à
peu près nulle, que les impôts ne- sont
pas diminués et qu'on n'a pas augmenté
l'obole accordée aux soldats mutilés. En-
fin la conquête de la ligne des Vosges
semblait permettre une réduction d'ef-
fectif et on va l'augmenter, c'est-à-dire
accroître le budget de la guerre. Des cinq
milliards, il ne reste que le souvenir,
l'abaissement de la valeur de l'argent et
renchérissement des objets nécessaires
à la vie. Aussi l'écrivain démocrate s'é-
crie en manière de conclusion
Mon pauvre Michel c'est le Jacques Bon:
Elle avait hâte que ses femmes la quit-'
tassent pour se trouver seule et pouvoir1
arracher de son visage le masque de
calme et d'indifféreace que les conve-
nances lui imposaient, alors que son=
cœur chantait avec tant d'enthousiasme
l'hymne de l'amour heureux..
Pourtant, mademoiselle Joséphine,
ayant enfin terminé son office, fut auto-
risée à se retirer.
Les femmes qui l'aidaient partirent en
même temps, et Marianne d'Avrànchesy
devenue depuis le matin marquise de Vit-
lehaut-d'Avron, se trouva seule. avec sa
pensée, toute remplie de l'image da
celui qu'elle aimait.
Elle s'approchà., alors, de la glace de
sa toilette, dans laquelle elle mira son
visage légèrement empourpré par le bon-
heur, et elle passa ses mains sur ses bou-
cles blondes, en disant à demi -voix,
comme si elle eût eu besoin de traduire
à son oreille le concert joyeùjc qui chan-
tait en elle ̃•̃
Oh! mes chers cheveux, que je vous
aime, que je vous suis reconnaissante
d'avoir su lui plaire Car il m'a dit plu-
sieurs fois que vous étiez beaux et que
ses yeux avaient plaisir à se reposer sur
vous!
Et, d'un geste enfantin et gracieux, elle
prit le bout d'une de ses boucles, le porta
jusqu'à ses lèvres roses et y mit un bai-
ser joyeux. -.•
Elle regarda, après cela, à sa main
gauche, l'anneau que lui avait donné son
mari.
Son mari 1. quel mot délicieux pour
une jeune femme qui vient d'être unie
par la loi, par la famille, par Dieu, à
l'homme qu'elle adore 1 •
Cette bague était l'alliance de la mar-
quise, mère de M. de Villehaut-d'Avron,
et comme le marquis y attachait une
idée toute particulière de protection et
de bonheur, il avait désiré que ce fût
celle-là que Marianne eût au doigt pour
se présenter devant le prêtre qui allait
bénir leur union. 4.,
Elle déposa aussi sur cet anneau un
baiser, -mais un baiser pieux, comme
sur une relique.
MIE D'AGHONIflS,
fÎM mite à demain.) • r
ture qui, se trouvant à pareille fête, c'est-
à-dire ayant l'occasion de parler de lui I
et de tâcher de se disculper, eût résisté à
la tentation et eût effacé à ce point sa
personnalité accablée et décriée partout
depuis son passage aux affaires 1
'Premier avertissement.
A propos de l'incident parlementaire
dont le Figaro a été le prétexte, nous
sommes informés de bonne source qu'une
dame qui serait du grand monde, si elle
n'en était pas justement • repoussée, a
cru devoir se mêler de nos affaires et
attiser le feu du bûcher qu'on préparait
pour nous.
Faufilée dans les salons de nos burgra-
ves politiques, elle cherche à y exploiter
la sottise parisienne et ne parvient qu'à
justifier le surnom de Vipérine qui lui a
été jugement donné.
C'est à elle que le comte X. répondait
à un bal où elle frétillait, décolletée ou-
tre mesure, et au moment où elle se reti-
rait en disant
Je vais me déshabiller.
Comment, madame, encore î
Que cette évaporée croque bruyam-
ment les débris de sa fortune dans l'es-
poir de la reconstituer, libre à elle, mais
aious la prévenons charitablement qu'il
ne lui serait que profitable de ne pas trop
attirer l'attention du Figaro.
Sait-on combien il y a actuellement en
France de membres, de tous grades, de
l'ordre équestre de Saint-Marin. Juste
vingt-sept. Nous garantissons ce chiffre,
Aujourd'hui que le moindre voyou
trouve très crâne de se faire jeter au ci.
metière sans prêtres ni sacrements, il
est doux de lire cette belle page de- la
mort d'un homme qui valut quelque
gloire à son pays
Un matin qu'il lisait dans son cabinet, il
'«ut un grand mal de tête il descendit dans
sa chambre et dit à ses enfants « Je crois
que j'ai un peu de fièvre, mais ce ne sera
rien, je vais pour quelque temps me mettre
au lit. Il ne se releva plus. La maladie fut
longue. Cet homme dont le moindre malaise-
irritait les sens délicats supporta cette fois'
avec une douce patience des douleurs aiguës.
Bien qu'il eût eu jusque-là cette peurdè mou-
rir qui tourmente surtout les êtres d'une
imagination vive, il vit la mort sans effroi
quand il la vit de près. C'est là un exemple
de ce que les prêtres nomment la grâce d'état.
Il avait la foi. C'est dans la mort que triom-
phe le christianisme. Comme il ne conduit
tous les actes de la vie qu'en vue du dernier,
il a pour celui-là des ressources souveraines.
··
Quand le fils aîné du mourant lui dit que
les médecins le sauveraient par une opéra-
tion
« Dieu est le maître, répondit-il, mais je
puis vous assurer que s'il me donnait le
choix ou de la vie ou de la mort, je ne sais
pas ce que je choisirais les frais de ma mort
sont feàts. »
L'opération ne réussit pas un prêtre de
Saint-André-des-Arts donna les. derniers
sacrements; les saintes huiles touchèrent
les yeux, la bouche, les mains et les
pieds de celui qui avait aimé et senti
tant de belles et douces choses dans la
"vie, qui avait eu l'orgueil d'un poète et
les faiblesses d'une nature délicate. Il
expira dans son logis de la rue des Ma-
rais, le 21 avril 1699, entre trois et quatre
heures du matin, « à l'heure ou l'homme
meurt, » comme il est dit au livre de Job. Il
était âgé de cinquante-neuf ans et quatre
mois.
Ce chrétien s'appelait Jean Racine. Je
iie sais rien de plus touchant que ces
quelques lignes dues à la plume de M.
Anatole France et extraites de la préface
du Racine de Lemerre.
Tout. compte fait, j'aimerais mieux
mourir comme Racine que comme nos
fédérés libres penseurs.
La -race de Jocrisse n'est pas près de
S'éteindre.
Un de nos confrères non marié, dont la
cave est non pas mal montée, mais pas
montée du tout, traite de temps à autre
sfès amis dans son appartement de gar-
don. Il
Dernièrement, il sonne son valet de
chambre, et lui dit
Gaspard, quand j'aurai du monde à
déjeuner ou à dîner, et que je voudrai
faire boire d'un vin supérieur à mes in-
Feuilleton du FIGARO du 8 Mars
31
LES NUITS SANGLANTES
Rentrée chez elle, elle se laissa aller
sur un siège, mâchant son mouchoir de
batiste, et se disant avec rage
Elle aura donc tout, toujours, celle-
là Sa place est la première, la glorieuse,
la bonne I Depuis la première jusqu'à la
dernière heure de sa vie, pas une honte
aie marquera, son front! Elle restera pa-
reille à ces étoiles qui, du haut du ciel
pur, assistent au spectacle de notre agi-
tation sans en redouter les fanges, et
sans que les épines qui nous ensanglan-
jtent puissent jamaisles atteindre Comme
ces crétures de l'Inde, sorties, disent-
êllês, de la tête du Dieu, tandis que le
:reste, vermine immonde, est hé de la
poussière de ses pieds, elle a eu les doux
regards, les langes de dentelles, les soins
affectueux, les baisers légitimes, la for-
tune et le nom paternel; à d'autres la part
sombre, le coin obscur, la vie souillée
dès la naissance, le champ du vice lar-
gement ouvert, l'aumône blessante d'un
jère qui se cache, le salaire honteux de
la courtisane, le sacrifice de toutes les
fiertés et de toutes les pudeurs 1 C'est
dommage, en vérité, que l'air qui vient
'à nos poitrines ne'puisse pas être trié pour
qu'elle n'en ait que la plus pure et la
meilleure part il n'est pas jusqu'à quel-
ques roses blanches, qu'à cause d'elle, je
ne puis respirer et que je me vois refuser
parunstupide paysan! 1 Arrière je suis
indigne, moi! cette blancheur n'est pas
faite pour mon impureté; à elle d'en re-
paître la chasteté de ses yeux les roses
aussi ne naissent que pour elle Je
t'aurais pardonné peut-être s'il m'eût
été donné de partager avec toi quelque
chose, ne fût-ce qu'un bouquet; mais non,
pas même cela, rien, rien Je suis née
des pieds de l'idole, tandis que toi, tu as
été conçue de son front lumineux. Ah 1
laisse faire, ces fleurs te coûteront cher.
A défaut d'autre don, j'ai l'amour de la
vités, je vous dirai d'aller en chercher à
la cave.
Mais, monsieur, vous n'avez pas de
cave I
C'est poùrquoi tu iras tout bonne-
ment chez le marchand de vins qui de-
meure en face et tu lui en demanderas de
ma part.
Très bien, monsieur.
**#
Le lendemain, notre confrère reçoit
quelques convives.
Gaspardl • ♦̃
Monsieur 1
Descendez à la cave et montez-moi
une bouteille de Château-Laffltte.
J'y vais, monsieur.
Et s'arrêtant sur le pas de la porte, le
Jocrisse demande d'un air niais
Faudra-t-il le payer ou le faire mar-
quer sur votre compte? 1
Un poëticule de l'école Baudelaire ve-
nait d'infliger à notre confrère X. la
lecture de quelques-unes de ses élucu-
brations.
-Vous le voyez, dit-il en terminant;
c'est de la poésie réaliste.
Très réaliste, en effet, s'écrie X.
autant de chevilles que de pieds
Echo de Frascati
Comment,Palmyre, encore un vieil-
lard à ta suite?
Hé, ma chère, plus les hommes ont
de lustres, plus ils éclairentl.
LE MASQUE DE FER;
̃»
.L'HIVER Â. PARIS
Réception hier chez le général Fleury.
C'est une des curiosités du Paris actuel
que ce salon hanté par toutes les aristo-
craties, toutes les élégances et tous les
talents jadis familiers des Tuileries, et
qui viennent aujourd'hui chaque semaine
se réunir dans ce temple dédié à la plus
noble des vertus à la fidélité.
Le cadre est d'abord charmant et d'un
cachet tout à fait spécial. Aux murs, des
tableaux qui ont tous la valeur de souve-
nirs historiques. D'abord, à la place
d'honneur, l'immense portrait équestre
de l'empereur Napoléon III, par Alfred de
Dreux, un exemplaire unique, le seul
autre qui existât ayant été brûlé dans
l'incendie des Tuileries. L'expression de
cette toile est admirable la figure sur-
tout respire cette majesté paisible dont
parle Emile Ollivier dans son fameux
discours mort-né. Cette bonté de l'homme
privé, cette suprême bienveillance à la-
quelle Augier a également rendu hom-
mage, éclatent en plein dans ce visage
peint aux temps des années heureuses
et des heures prospères. En face, le buste
en marbre du général, et un autre Alfred
de Dreux le représentant en colonel des
guides. j 1
Dans le ôabinet de travail du général,
un admirable portrait de madame Fleu-
ry, peintpar Cabanel, frappe d'abordmes
yeux. C'est un chef-d'œuvre de ressem-
blance, de grâce et d'expression. Voici
des bustes et des portraits du Prince im-
périal, un marbre de Napoléon Ier par Ca-
nova, un splendide trophée d'armes où les
sabres damasquinés et les flittas de l'O-
rient se mêlent aux lames gravées et aux
pistolets niellés du Caucase. Une aqua-
relle représente le magnifique stud de
l'Empereur, que le général, un sportsman
passionné, avait mis au rang que l'on
sait. Enfin, je retrouve la Russie dans le
portrait de l'empereur Alexandre, qui do-
mine la photographie de Zichy, représen-
tant la chasse à l'ours, où le czar courut
un si grand danger sans compter une
charge de chasseurs à cheval sur un car-
ré autrichien, souvenir de la guerre d'I-
talie, dont j'ai vu la seconde-édition là-
bas, chez le comte Schouvaloff ou chez le
prince Dolgorouky, je ne me souviens
plus au juste.
Dans ce milieu si intéressant s'agite
un monde charmant, choisi, une assem-
blée d'élite où chacun vaut quelque chose
par le nom, la naissance, l'esprit, le ta-
lent, la beauté ou la vaillance. La jolie
madame de Galiffet, côte à côte avec mes-
dames Magnan, Dubois de l'Etang, Gimet,
vengeance, je sais la préparer et l'atten-
dre. Je guette la mienne, je la saisirai,
je la savourerai. Oh! les sottes femmes
qui, comme des tourterelles, s'en vont
par les bosquets fleuris roucouler la
chanson amoureuse, sans prendre garde
à l'oiseau de proie qui, au-dessus de leur
tête, décrit ses grands cercles! Roucoule,
roTOOule, tourterelle à l'œil bleu, la fau-
conne est là, prête à ressaisir de sa griffe
sanglante la part de bonheur qu'on lui a
dérobée
Quand ce flot de colère se fut écoulé,
Juliette resta encore quelque temps
muette et affaissée sur son fauteuil, non
point à bout de forces et d'énergie, mais
pour donner à ses nerfs encore un peu
le temps de se détendre.
Elle s'en fut ensuite consulter son mi-
roir et se mit en devoir'de réparer quel-
ques légers accidents survenus dans son
teint pendant cette violente surexcita-
tion.
Cependant, Philippe, dont le zèle reli-
gieux ne se démentait jamais, et qui, sur-
tout depuis que Juliette était à Biarritz,
se fût encore moins pardonné de man-
quer la première messe, avait été chargé
par la jolie blonde de la tenir au courant
des modifications que l'on pourrait ap-
porter dans l'aménagement des apparte-
ments du château, en vue du mariage
de Marianne et de l'installation de son
futur époux.
Philippe se montrait d'une complai-
sance et d'une habileté sans pareilles.
Juliette n'avait qu'à lui demander, et.
elle était du jour au lendemain rensei-
gnée de la facon la plus intelligente.
Aussi ne marchandait-elle pas avec lui et
lui payait-elle grassement les services
qu'il lui rendait.
L'aide de cuisine, de son côté, était
enchanté de la générosité de la jeune
femme et se tenait à pe.u près ce langage
Sans être le Beaucousin, il faut
avouer que j'ai à mon arc deux cordes
qui ne sont pas piquées des. hannetons.
La charité de la chanoinesse et de la du-
chesse, incessamment sollicitée par cette
bécasse de Monique, les petits profits que
mon habileté sait faire en dehors, et les
largesse de cette jolie grue^ finissent par
me donner ensemble d'assez beaux ap-
pointements, et je doute que le Beau
cousin, avec toute sa superbe per-.
Vendredi.
Lefèvre, Levert, fait face à mesdemoi-
selles Errazu et Gibiat, une beauté brune
et une beauté blonde que le hasard rap-
proche pour qu'elles se fassent mutuel-
lement valoir. Le fin profil espagnol de
la maréchale Canrobert, la tête de Junon
impérieuse de madame Bartholony m'ap-
paraissent successivement au-dessus d'un
groupe de députés composé du pétulant
Abbattucci, de MM. Boffinton, Levert et
du marquis de Valon. Avec son spirituel
sourire, M. Pinard, l'ancien ministre,
écoute le duc de Grammont, cravaté de
haut, à la poitrine couverte de plaques,
un superbe diplomate d'après David, qui
s'étonne tout haut de l'ostracisme de
l'Académie condamnant l'éloge d'un sou-
verain mort en exil, éloge si court et si
mesuré à la fois.
Plus loin, M. de la Guéronnière, l'an-
cien ambassadeur, entouré des publi-
cistes Paul de Cassagnac, Francis Au-
bert et Léonce Dupont, est fort compli-
menté au sujet de la dépêche de remer-
cîment que l'impératrice lui a adressée
pour sa lettre.
Les princes Joachim et Louis Murat,
appuyés contre une porte, causent avec
le verveux et énergique Fernand Girau-
deau, tandis que la princesse Lise Trou-
betzkoï, qui arrive un peu tard une
coquetterie permise à une aimable et
spirituelle grande dame qui aime à. se
faire désirer, est accueillie par la
comtesse Fleury, aux côtés de laquelle
se tiennent la comtesse Davillier Re-
gnaud de- Saint-Jean-d'Angely, divine-
ment mise, et le duc de Montmorency.
De minute en minute le coup d'œil
change, le défilé continue, étincelant, mê-
lant aux gracieuses figures de femmes et
aux épaules de marbre les têtes d'hom-
mes d'Etat et les impassibles masques
des diplomates. On a peine à s'arracher
à ce spectacle délicieux.. Et pourtant
Imbert de Saint-Amand me demande des
nouvelles de la marquise de Caux, et
mon grand ami Edouard me reproche de
ne pas l'accompagner le 16 à Chislehurst.
L'heure s'avance d'ailleurs et il va me
-falloir quitter cette demeure hospitalière
où j'ai voulu à mon retour en France
porter mes premiers pas, heureux d'y
trouver cet ensemble de dévouement, de
loyauté et cet accueil chevaleresque qui
ont rendu le général si universellement
populaire et qui ont fait de tous ceux qui
l'ont approché, ne fût-ce qu'un instant,
des serviteurs dévoués ou des amis fi-
dèles.
FERVACQUES.
TÉLÉGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
Alger, 3 mars. Les pluies torren-
tielles qui sont tombées depuis cinq jours ont
déterminé la crue subite de l'Oued-Haunza,
de l'Harrouch, de l'Oued-Isser et du Sebaou.
La plaine de la Mitidja, vue des hauteurs
du Sahel, a l'aspect d'un immense lac.
La Kabylie est envahie par les eaux, qui
roulent en bouillonnant des hauteurs du
Djurjura et des crêtes sur lesquelles s'élève
le fort National.
Depuis hier, le service des voitures publi-
ques pour Dellys et pour Aumale est inter-
rompu.
Quelques fermes se sont trouvées isolées
au milieu de cette inondation qui n'a, heu-
reusement, occasionné aucun grave accident.
Ce matin, le vent soûffle du nord dissipant les
nuages et nous ramenant le soleil. Il y a lieu
d'espérer que ce sera le signal du beau temps
si désirable pour la réalisation des espérau-
ces de nos colons.
On pourrait avoir une récolte exception-
nelle, cette année, en Algérie.
~~» BREST, 4 mars. L'Orne, ayant à bord
une compagnie et demie d'infanterie de ma-
rine, vient de partir pour l'île d'Aix, où ce
bâtiment embarquera 250 forçats à destina-
tion de la Nouvelle-Calédonie.
̃ Fort-de-Frakce (Martinique), 9 fé-
vrier. -Le transport la Cérès vient de quitter
la rade pour rallier Toulon, ramenant en
France un nombreux personnel militaire et
civil, que ce bâtiment a pris au Sénégal, à
la Guyane et aux Antilles.
SCEAUX, 6 mars. Une- famille notable
de Vanves, la famille Larmeroux, vient de
faire don à cette commune d'un immeuble
estimé 30,000 francs pour servir de salle d'a-
sile et d'hospice.
~T.ouloijse, 5 mars.-Le général Lapasset
vient d'être de nouveau assigné par le jour-
nal la Réforme, non, cette fois, par la société
anonyme du journal, mais avec désignation
dans l'exploit des membres qui composent le
conseil d'administration de cette feuille.
L'affaire est fixée au 9 mars.
sonne, parvienne à mettre autant que
moi à l'intérêt. Vas donc, sainte Sim-
plicité, récure les casseroles à ces bra-
ves gens, prie leur bon Dieu et fais-lui
brûler des cierges laisse-toi mener com-
me un tou-tou par tous ces domestiques,
qui se croient des gens intelligents parce
qu'ils servent des grands seigneurs, qu'ils
savgnt dresser une table devant des gens
sans appétit et entortiller de falbalas les
femmes qui ne sont pas capables de s'ha-
biller toutes seules! T'es moins bête
qu'eux, mon fiston, et tu entends autre-
ment ton affaire T'asdes rentes, de bon-
nes rentes placées en lieu sûr, et, ce qu'il
y a de plus beau, ce qui t'en fait double-
ment jouir, c'est que personne n'en sait
rien et que tout le monde te regarde
comme un pauvre diable Beaucousin,
mon ami, je suis plus fort que toi
Juliette en était arrivée, par l'intermé-
diaire de Philippe, à connaître dans les
moindres détails, non-seulement l'inté-
rieur du château, mais encore celui de
l'hôtel de M. de Villehaut-d'Avron.
Beaucousin, d'autre part, n'avait pas
perdu son temps à Paris, et n'avait pas
laissé plus de loisirs au Fier-Serrurier.
Quand toutes les clefs furent faites, il
remit un louis à l'ouvrier, et lui dit en
prenant congé de lui
Maintenant, t'es libre de fricotter
tes outils, si cela t'amuse.
T'es un homme de parole, un gar-
çon pas avaricieux, répondit le Fier-ser-
rurier, je suis à ton service tant que tu
voudras, pour la serrurerie s'en-
tend.
Le Beaucousin courut aussitôt à l'hôtel
que Juliette possédait aux Champs-
Elysées et demanda à parler à madame
Verduret. Celle-ci accourut sur-le-champ
au-devant de lui de l'air maternellement
empressé qu'elle avait chaque fois que
le beau garçon la venait visiter.
Les clefs fabriquées par le Fier-Ser-
rurier furent, selon les ordres de Juliette
et après avoir été soigneusement numé-
rotées et étiquetées, placées dans un ti-
roir à secret de l'un des meuble^ de la
chambre à coucher.
Quant aux empreintes qui, en cas d'ac-
cident, auraient pu être révélatrices,
Beaucoùsin en fit fondre la cire et prit,
le soir même, le train pour Biarritz,
Montauban, 3 mars. Le général Ca-
the-lineau a passé ici la journée de lundi., Il a,
'été reçu dans les deux cercles monarchistes
de la ville, où il a prononcé des allocutions.
Quelques agitations dans le clan répu-
blicain, fort irrité contre le préfet M. Des-
près, qui a ordonné la fermeture du Cercle
des arts, de Castelsarrazin, et du Cercle du tra-
vail, de Moissac. ">
Soissoxs 5 mars. M. Edmond de
Maupas, oncle de M. de Maupas, ancien séna-
teur, vient de mourir. C'était un homme de
bien, et sa perte est très vivement ressentie
à Soissons.
SOUSCRIPTION
DESTINÉE A RETIRER LES DRAPS ET LES COU-
VERTURES ENGAGÉS AU MONT-DE-PIÉTÉ
Cinquième liste
M. Eug-éneMiHet. 20 ·
M. CharIesCaron. 10 n
Madame la vicomtesse Ray de Courval 100 JD
M. Edouard Jeantin. ê 20 la
M. Martin,botaniste. 3 B
M. Prunay. 10» x
M. Edouard Goupil. 50 a
M. d'Albert. 20» a
Madame la baronne Achard. 20 la
M. le comte et madame la comtesse
Adrien de Mérinville 100 J)
Un ,inonyme .5 5 D
Madame et mademoiselle B. 50 a
Mademoiselle A. P.L. 20 la
Le petit Maurice. 2 a
M. Auguste Laffitte 10 la
lliadame veuve Lebas. 20 a
Madame Deschamps: 10
M. Piessat, à Bourbon-Lancy,transmis
par le Petit Journat. ï0
M. Levasseur .5 5 a
M. le comte et Mme la Csse de Fresne. 50 &
M.etmadamedeNoas. 50 e
M.R.F. 15 n
Madame Edouard Riché. 20 n
Une cag'notte. 9 H
M. Morel, 153, Faubour~-Poissonmôï'e. 5 e
M. E.Deoan. 15 la
11h A. Chante. 20 D
M.Boissel.notaire. 10
M. A. J. 5
Une inconnue 20 la
M. S. 20 o
Mademoiselle Madeline P. 5 la
M. Edouard Renaud. 20 n
M. Charles Comte. 20 a
M Saint-Albin, receveur particulier des
finances en retraite. 10 la
M. J. Briatte, conseiller maître à. la
cour descomptes. 20 la
Madame AugustineEsnaunt. 20 e
La Gazelle dee Beaux-drts. 200» ))
Mlle Louise T. (pour ses 15 ans). 5 la
M. Bastard aîné. 10 a
M. le baron du Temblay de Saint-Yon. 50 Il
M.kiulsan. 1 e
M. Tourell. 200 D
M.X. 20 la
Mademoiselle Barraud. 20 a
M. Portehaut. 5 B
Madame Barbet. 5 a
Unanonyme. 20 Il
M. Galignani 100» B
Madame de Brauvilliers. 20
M. R. L. Bisehoffsheim. 100 la
Un anonyme .5 5 1J
Mademoiselle Marie Bastard. 5
Ma4emoiselle Marguerite Bastard. 5 B
M. Auguste Bastard. 5 »
M. le maire de Ro.soy-en-Multien. t0
Uneantonyme. 1.()(j0 »
MM. Gustave, Louis, et mademoiselle
CtariseLai'cadti. 10 B
Madame Adèle S. K. 10
M. Arnaud J eanti. 20 a
M. Erhard, graveur géographe 50 D
M. H. de P. 20 Il
M. F. de Jarry. 5 a
M. M. S. M., abonné 5 a
M. G. L, abonné, et sa fille 15 s
M. H. G. 50 a
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Listes prëceJentes. 14.441 45
Total.?.2~ 45
♦ ̃
puis au jow le jom
Tous les journaux d'hier discutent
chacun à leur point de vue l'incident
dont le Figaro a été le prétexte et qui,
sous l'influence des manoeuvres parle-
mentaires était devenu une arme de
guerre contre le ministère. Générale-
ment, nos confrères, et au premier rang
la Presse, le Journal de Paris, le Moniteur
tmiversel, nous ont témoigné beaucoup de
sympathie.
Parmi les articles qui ont paru hier
soir, deux nous ont semblé particulière-
Ce que Philippe avait dit du mariage
de Marianne avec M. de Villehaut-d'Avron
était exact.
Après son entrevue avec la chanoi-
nesse, le marquis avait .entouré sa mi-
gnonne amie, cette vierge veuve,de soins
si continus, si délicats, si tendres, si pé-
nétrants, que Marianne, de plus en plus
éprise, ne s'était plus senti la force de
résister à l'entraînement de son amour.
Sons ces influences, son mal avait peu
à peu disparu, et elle pouvait entendre
parler de mariage sans crainte de voir
se dresser dans son imagination l'image
du duc assassiné, si bien qu'un jour elle
avait accepté de devenir l'épouse de
M. de Villehaut-d'Avron.
Depuis cette époque, les jours s'étaient
écoulés, pour les deux futurs époux, en
longues promenades, en douces cause-
ries. Se voir toujours, se séparer le
moins possible était leur unique préoc-
cupation..
Quand on est heureux, le temps fuit
rapidement. Tout le reste de l'été se
passa ainsi, sans que nos deux amou-
reux s'en aperçussent. L'automne vint,
et le marquis, qui avait demandé et ob-
tenu une prolongation de congé, put res-
ter à Biarritz jusqu'au moment de son
mariage..
Juliette et Beaucousin, après un court
séjour, étaient retournés à Paris.
La semaine qui précéda le jour de la
cérémonie, fut complètement consacrée
aux préparatifs de toute sorte qui s'y
rattachaient. On arrangea, à côté de
l'appartement de Marianne, deux pièces,
chambre à coucher et cabinet de toilette,
dont, pour quelques jours, devait se con-
tenter M. de Villehaut-d'Avron.
Sœur Monique et mademoiselle José-
phine étaient sur les dents.
La correspondance qu'elles entrete-
naient avec Paris suffisait à remplir,
matin et soir, la boîte du facteur.
Marianne et M. de Villehaut-d'Avron
ne s'occupaient que de leur amour.
Le jour tant désiré arriva enfin.
La fête fut des plus simples.
La mairie était entièrement jonchée de
fleurs blanches, par les soins du mar-
quis, en souvenir de la première rose
qu'il avait attachée au voile de deuil de
Marianne.
Auguste Maroade.
ment logiques la Patrié, prenant à par-
tie la théorie qui servait à l'interpella-
tion des gauches, à savoir la différence
de sévérité entre le Figaro et le XIXe Siè-
cle, la réduit à néant
II n'y a en effet, aucune analogie à établir
entre desjournaux qui chaque matin, systé-
matiquement, résolument, attaquent la Cham-
bre, se félicitent, se vantent de ces attaques,
et une feuille qui, comme le Figaro, a laissé
entendre une fois, par hasard, d'une façon
hypothétique, que si l'Assemblée ne faisait
pas telle chose, elle pourrait en pâtir, en
faire pâtir le pays.
Mais, pour sortir du particulier et pour en-
visager les choses à un point de vue plus po-
litique et plus général, ne devons-nous pas
être surpris de voir subitement animés d'une
si grande ferveur pour les prérogatives et les
droits de l'Assemblée. qui?. des hommes
qui font société intime avec MM. Gambetta,
Challemel-Lacour, Marcou, lesquels ont pour
doctrine et ont posé comme principal titre à
la confiance des électeurs une négation cons-
tante et souvent injurieuse de l'autorité, de
la légitimité de l'Assemblée? Qui donc a,
dès le début, inventé la qualification de « ru-
raux, » si ce n'est la gauche? Qui donc ré-
pète tous les jours que l'Assemblée est im-
puissante, -qu'elle doit se dissoudre, dispa-.
raître au plus vite, si ce n'est la République
française et le Rappel?
Comment accorder cette susceptibilité par-
lementaire de la gauche avec les ardeurs
dissolutionnistes de l'extrême gauche? C'est
là, en vérité, un problème difficile à résoudre.
Le Français, de son côté, démontre,
avec preuves à l'appui, qu'en matière de
lèse-majesté contre l'Assemblée souve-
raine, la gauche peut être accusée mais
non accusatrice.
Quand des'journaux étaient poursuivis
pour outrages contre l'Assemblée à propos
des actes de la commission des grâces, n'est-
ce pas la gauche qui avait pris leur défense? 1
Sous M. Thiers, n'étaient-ce pas les jour-
naux offlcieux eux-mêmes qui attaquaient
tous les jours la Chambre, parfois même en
s'autorisant de conversations plus ou moins
exactes du président? Et nous recommandons,
une séance de la commission de permanence
du 25 septembre 1872, où M. Victor Lefranc,
interrogé à ce sujet, répondait en tâchant,
avec plus ou moins d'embarras, de dégager
la responsabilité de M. Thiers dans ces atta-
ques qu'il ne pouvait nier.
N'était-ce pas l'Evénement, journal de la
gauche, qui, en novembre 1872, demandait à
M. Thiers de se débarrasser de l'Assemblée
par un coup d'Etat?
Quand M. Ernoul présentait, au début des
vacances dernières, une loi pour faciliter,
pendant les vacances, les poursuites pour
outrage à l'Assemblée, n'est-ce pas la gauche
qui a protesté? 1
L'attaque injurieuse, calomnieuse contre
la représentation nationale, la méconnais-
sance de ses droits, n'ont-elles pas été, de
tout temps, le fond de la politique de la gau-
che? Et, dernièrement encore, n'est-ce pas M.
Thiers qui, dans sa lettre à M. Lepetit, ou-
trageait l'Assemblée en l'accusant d'être la
cause des souffrances du pays, de son affai-
blissement vis-à-vis de l'étranger?
#*# Une autre question qui ne préoc-
cupe pas moins l'attention, c'est la con-
jonction des centres. Dans la Presse,
M. Marius Topin publie un article qu'on
peut admettre comme représentant la
pensée du gouvernement. En deux mots,
la conjonction ne s'opérera point sur le
terrain d'une proclamation définitive de
la République, qui éloignerait la droite
et à laquelle le gouvernement ne consen-
tirait point s'il y a accord,ce sera sur l'or-
ganisation du septennat,forme transitoire
et particulière qui supplée à la difficulté,
à l'impossibilité même d'une fondation
définitive.
Nous repoussons l'union des centres si,
sous le prétexte de l'union des centres, on
veut disloquer la majorité conservatrice, et,
par la proclamation de la République défini-
tive, faire violer le pacte du 19 novembre.
Mais nous acceptons de grand cœur lès mem-
bres du centre gauche qui voudraient s'unir
à nous sur le terrain du septennat, quels
qu'aient été leurs votes antérieurs, quelles
qu'aient été leurs complaisances passées en-
vers la gauche.
Nous concevons, en effet, que des événe-
ments tels que celui de l'élection d'un Ledru-
Rollin fassent tomber les bandeaux les plus
étroitement attachés, et arrachent les illu-
stons les plus enracinées.
Il est souhaitable, il est essentiel qu'un
rapprochement se fasse entre tous les con-
servateurs incontestables du centre gauche
et les groupes modérés de la droite, parce
qu'une majorité forte, unie et compacte doit
être opposée aux actes de défi des impudents
qui osent faire rentrer dans l'arène M. Ledru-
Rollin.
En un mot, il s'agit, comme l'explique
le Français, de savoir si les modérés du
centre gauche sont plus naturellement à
L'église était tendue de blanc, comme
pour le mariage d'une jeune fille.
Tout le clergé de Biarritz et des envi-
rons avait voulu, pour faire honneur à la
chanoinesse, assister à la cérémonie.
Marianne, dans sa toilette gris-cendre,
les veuves ne devant point se marier en
robe blanche, coiffée d'un chapeau de
crêpe blanc, dans les bouillons duquel se
perdait une rose blanche que le marquis
lui avait envoyée le matin, faisait la plua
jolie, la plus gracieuse, la plus modeste
des épousées.
Après l'office, on rentra au château,
où M. Benoist avait élaboré un déjeuner
digne en tout des nobles hôtes que trai-
tait sa maîtresse.
Philippe, ce jour là, était comme un
point d'admiration il ne cessait de s'ex-
tasier sur tout, et, les services qu'il ren-
dit à M. Benoist durent être fort minces;
car, de l'aube à la nuit, on le vit planté
tantôt ici, tantôt là, partout, aussi bien
dans les appartements de ses maîtres
qu'à l'office, dans les embrasures des fe-
nêtres que dans les angles des corridors.
Les valets, qui couraient pour les be-
soins de leur service, le bousculaient et
se le rejetaient comme un volant de ra-
quette en raquette; mais il se laissait
faire de si bonne grâce, il demandait
pardon du dérangement qu'il causait avec
une onction si parfaite, qu'on ne se pou-
vait fâcher et que chacun se contentait
de le pousser à côté.
Les invitations ayant été fort restrein-
tes, on avait décidé qu'il n'y aurait point
de bal.
La soirée qui suivit le grand dîner fut
d'autant plus intime que la plupart des
rares invités étaient repartis presque de
suite après le déjeuner; quelques autres
avaient pris le train du soir, de sorte
que, vers minuit, il n'y avait plus au
château que la famille et les gens de la
maison de madame de Charvallon.
Marianne avait regagné sa chambre où
elle était entourée de ses femmes, qui
faisaient sa toilette de nuit.
Elle venait de quitter la toilette de soie
grise et de dentelles blanches qui avait
remplacé la toilette du matin; elle était
vêtue d'un peignoir de mousseline des
Indes'; ses bras charmants se détachaient,
fermes et rosés, des larges manches dans
lesquelles ils étaient à demi-cachés.
leur place dans lacoalitionoù figure M.
Ledru-Rollin ou dans une alliance conser-
vatrice contre les menaces et les progrès
de la démagogie.'
Il n'est pas moins intéressant de savoir
ce que pensent les légitimistes de ces ten-
tatives de conciation. Bien entendu, il
les jugent chimériques on en jugera'
d'après le raisonnement de V Union
La conjonction des centres a ceci de per-
nicieux, c'esi qu'elle fait reposer la politique
sur des combinaisons de nombre. C'est la
pire des utopies; les maux les plus cruels
en sont toujours sortis et doivent toujours
en sortir.
C'est là pourtant ce qui est conseillé à M.
le maréchal de Mac-Mahon par des politiques
effarés, comme point d'arrêt contre le cou-
rant qui se précipite, lui dit-on, vers la dé-
magogie révolutionnaire.
C'est comme si on lui disait que 1$ courant
allant à l'anarchie, il est sage de le suivre;
car la conjonction des centres détachant la po-
litique du principe de défense sociale qui est
à droite, va invinciblement à gauche, où est
toute action non de gouvernement, mais de*
subversion.
En ce cas, on doit, pour être conséquent,
revenir à la politique abandonnée au 24 mai,
et ramener M. Thiers au gouvernement; car
c'est lui, point un autre, qui est l'expression
de cette conjonction des centres, qui veut être
en dehors de la droite comme de la gauche.
#*# Un charmant spécimen de littéra-
ture communarde découvert par le Gau-
lois
L'autographe suivant du citoyen B. G. 1
bibliothécaire quelque part pendant le règne,
de la Commune, a été placé sous nos yeux; Il'
est adressé à un employé subalterne r
Citoyen, n
»J'ai l'honneur de vous informer qu'en
vertu d'une décision prise par moi-même, voua
êtes révoqué de vos fonctions. »
*## Le faux Roger Tichborne devra à
sa notoriété, si nous en croyons l'Indé-
pendance Belge, quelques adoucissements
dans la prison de Newgate, où il subira
la peine de quatorze ans de travaux for-
cés à laquelle il a 'été condamné.
Le prisonnier est soumis au même régime
et aux mêmes lois que ses co-détenus. Cepen-
dant, on assure que dans quelque temps, il
sera un peu mieux traité. Arthur Orton avait,
une grande habitude de fumer et de boire
des spiritueux. L'on craint qu'une privation*
absolue et subite de ces deux choses ne puisse.
être supportée par lui, et les médecins ont
conseillé de ne l'en priver que par degré.
Lorsqu'il est entré en prison, il ne s'est pas
trouvé dans le magasin d'habillements un
costume de prisonnier de dimensions assez
considérables pour lui, et le costumier de'
Newgate est en train de lui en confection-
ner un. •
Le Petit journal rectifie son infor-
mation relative à M. Daumier dans les
termes que voici
M. Daumier, qui a souffert beaucoup d'une
maladie d'yeux, va très bien aujourd'hui, il
peut travailler, il travaille même beaucoup;
il se livre plus spécialement à la peinture, et
l'on me cite, comme une œuvre supérieure»
un tableau qu'il vient d'achever et qui repré-
sente un intérieur de wagon de troisième
classe. Je suis heureux de pouvoir rassurer'
les amis et les admirateurs de Daumier.
Nous nous étions apitoyés trop vite
sur M. Daumier, mais cela n'ôte rien au
mérite de la belle action de M. Corot.
#*# Un article de la Revue des Deux-
Mondes, sur les élections au Parlement
d'Allemagne, nous fournit des notes in-
téressantes sur l'attitude des partis et de
la presse avant ces élections. Les catho-
liques et les démocrates se sont rencon-
trés pour demander ce que .l'Allemagne
avait gagné à la guerre.
Une affiche démocratique qui a cir-
culé à Francfort, met d'un côté les verse-
ments faits par la France, capital et in-
térêts de l'a-utre, les dépenses militaires
votées par le dernier Parlement, pension
pour les invalides, dotation pour les gé-
néraux, construction de forteresses, de
chemins de fer stratégiques, rétablisse-
ment du matériel de guerre, etc. •
La conclusion, facile à prévoir, c'est
que la somme demeurée disponible est à
peu près nulle, que les impôts ne- sont
pas diminués et qu'on n'a pas augmenté
l'obole accordée aux soldats mutilés. En-
fin la conquête de la ligne des Vosges
semblait permettre une réduction d'ef-
fectif et on va l'augmenter, c'est-à-dire
accroître le budget de la guerre. Des cinq
milliards, il ne reste que le souvenir,
l'abaissement de la valeur de l'argent et
renchérissement des objets nécessaires
à la vie. Aussi l'écrivain démocrate s'é-
crie en manière de conclusion
Mon pauvre Michel c'est le Jacques Bon:
Elle avait hâte que ses femmes la quit-'
tassent pour se trouver seule et pouvoir1
arracher de son visage le masque de
calme et d'indifféreace que les conve-
nances lui imposaient, alors que son=
cœur chantait avec tant d'enthousiasme
l'hymne de l'amour heureux..
Pourtant, mademoiselle Joséphine,
ayant enfin terminé son office, fut auto-
risée à se retirer.
Les femmes qui l'aidaient partirent en
même temps, et Marianne d'Avrànchesy
devenue depuis le matin marquise de Vit-
lehaut-d'Avron, se trouva seule. avec sa
pensée, toute remplie de l'image da
celui qu'elle aimait.
Elle s'approchà., alors, de la glace de
sa toilette, dans laquelle elle mira son
visage légèrement empourpré par le bon-
heur, et elle passa ses mains sur ses bou-
cles blondes, en disant à demi -voix,
comme si elle eût eu besoin de traduire
à son oreille le concert joyeùjc qui chan-
tait en elle ̃•̃
Oh! mes chers cheveux, que je vous
aime, que je vous suis reconnaissante
d'avoir su lui plaire Car il m'a dit plu-
sieurs fois que vous étiez beaux et que
ses yeux avaient plaisir à se reposer sur
vous!
Et, d'un geste enfantin et gracieux, elle
prit le bout d'une de ses boucles, le porta
jusqu'à ses lèvres roses et y mit un bai-
ser joyeux. -.•
Elle regarda, après cela, à sa main
gauche, l'anneau que lui avait donné son
mari.
Son mari 1. quel mot délicieux pour
une jeune femme qui vient d'être unie
par la loi, par la famille, par Dieu, à
l'homme qu'elle adore 1 •
Cette bague était l'alliance de la mar-
quise, mère de M. de Villehaut-d'Avron,
et comme le marquis y attachait une
idée toute particulière de protection et
de bonheur, il avait désiré que ce fût
celle-là que Marianne eût au doigt pour
se présenter devant le prêtre qui allait
bénir leur union. 4.,
Elle déposa aussi sur cet anneau un
baiser, -mais un baiser pieux, comme
sur une relique.
MIE D'AGHONIflS,
fÎM mite à demain.) • r
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