Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1874-02-15
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 février 1874 15 février 1874
Description : 1874/02/15 (Numéro 46). 1874/02/15 (Numéro 46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k275147s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE FIGARO DIMANCHE 15 FÉVRIER 1874
la commission du budget est dans le ma-
rasme.
Quand je vous ai dit de regarder la
commission, je me suis trompé. On -ne
peut voir la commission; elle n'est pas
lamelle est sortie, elle délibère sur les
amendements qu'on lui a renvoyés et sur
les questions qu'on l'a prié d'examiner à
nouveau.
M. Buffet attend, en causant avec les
secrétaires, que la commission soit ar-
rivée à son banc. Vers trois heures, on
•signale M. Mathieu Bodet. M. Benoist
d'Azy n'est pas loint Derrière eux mar-
chent, pareils aux grâces et aux muses,
les douze membres qui complètent la
douce commission du budget.
Un cri de joie s'échappe de toutes les
poitrines. La commission n'est dont-pas
morte. Elle a donc résisté aux nom-
breux renfoncements, estafilades^ cro-
quignbles,' assauts, atouts, coups de
poing et crocs en jambe qu'on lui a pro-
digués. Elle s'assied, pareille à la victime
qui devine son sort. Elle" attend.
En effet,
M. Buffet appelle l'article 11, sur le sel,
qui a été renvoyé à la commission hier
en fin de séance.
La commission fait signe qu'elle n'a
pas pu s'occuper de l'article 11. On l'avait
•chargée de préparer un impôt sur le sel.
Maintenant on veut changer le sel en
sucre elle n'y est plus, cette pauvre
commission.
M. Buffet, sarcastique et goguenard,
évoque l'article 12, qui grève d'un nou-
veau droit de 1/2 pour cent les, succes-
sions en ligne directe. Il y à des amen-
déments, ajoute M. Buffet.
La commission baisse la tête elle at-
tend le coup qu'on va lui asséner.
• M. de Belcastel se présente avec un
amendement à la main.
n n'a pas l'air bien méchant, M; de
Bôlcastel, mais il n'aime pas la musique
et. il a imaginé une vengeance terrible
contre la mélodieuse Euterpe.
Il propose à l'Assemblée de frapper
d'une taxe de 10 francs tous les pianos,
absolument comme les chienis. Il est
clair que le .chien et le piano ont
plus d'un point de ressemblance; le chien
aboie, le piano aussi; le chienencombrë
les appartements, le piano également;
«né7 concierge vous demande toujours,
avant de louer: Monsieur n'a pas de
chien ? de chat? ni de piano ? g
Le chien devient enragé, le piano vous
rend enragé. Le chien fait des petits, le
piano fait des pianistes, et quels pia-
̃ nîstes! Au moins, puisque le chien paie
sa contribution au fisc, que le piano se
fasse pardonner d'être au monde en ap-
portant ses dix francs au bon percepteur;
Mais, me direz-vous, où nous conduit ce
système? à: taxer bientôt les violons, flûtes,
contrebasses, hautbois, trombones, gros-
ses caisses et chapeaux chinois, qui sont
également des instruments sur lesquels
̃oh-iape, ou dans lesquels on souffle, ou
le' long desquels on frotte une baguette
avec<Î9S crins. D'abord, je vous répon-
drai que Si on imposait les violons, flû-
tes, contrebasses., etc., etc., je n'y ver-
rais aucun inconvénienti Ensuite, ces
instruments ne sont pas aussi malfai-
sants qûre le piano. Ils sont insuffisants
à faire autant de bruit, individuellement,
que le piano. Il faut, pour-qu'ils devien-
nent nuisibles à la sécurité sociale, qu'ils
s'associent entr'eux, qu'ils s'accordent,
comme on dit, et qu'ils s'agitent ensem-
ile. Fractionnés, ils sont inojensifs.
Tandis que le piano, il est lui seul
tous les instruments; il a la basse et le
dessus; il fait là flûte, le hautbois, le vio-
loncelle; il. fait tout ce qu'on veut. Et
puis, consultez les annales de la justice.
On né s'imaginera jamais le nombre de
cadavres coupés en morceaux qui ont
été trouvés enfouis dans une caisse de
piano. ̃ -̃
On me trouvera bien sévère pour les
pianos. On aura tort. J'adore 1e piano
personnellement. Il me tarde d'avoir fini
mon" article' pour aller entendre la valse
de Faust dans une soirée bourgeoise où
•Ton fait le whisth à vingt-cinq centimes
la fiche. '̃
M. de Belcastel donne en faveur -de son
impôt des motifstirés du nombre crois-
sant des pianos et des pianistes^ de la fai 1
cilité avec laquelle ces derniers paieront
pour jouir des premiers, et de la simpli-
cité du mode de perception. 1
L'Assenihlée se montre frappée du sys-
tèffié dèveloppépâr l'austère pianophobe.
Des idées de vieilles rancunes inassou-
vies, d'anciens grincements de dents dus
à des pianos mal accordés, des souvenirs
̃ de gammes "chroSiàtiqties, des images de
jeunes filles- jouant pendant quatre lieu-
f enilietoo du FIGARO da K S février
_zz_ i– ̃ Jl
1ÊS MBITS -SANGIANTES
La chasse fut-des plus fructueuses, 1
tel point que, malgré leur nombre, les I
chasseurs furent un moment embarras-
sés pour contenir et emmener tout leur
̃ jgibier. ·
Dans la vaste chambre où les agents
avaient, successivement amené tout ce
qu'ils avaient trouvé, hommes, femmes,
'vieillards, enfants, un commissaire était
-îà,-avec d'autres agents, enregistrant au
fur et à mesure toutes lés captures,, et. en
Pressant un-état scrupuleux.
Tous ces vagabonds ou'malfaiteurs
furent solidement liés par couples, et
mis dans l'impossibilité de nuire ou de
s'enfuir. •
Le commissaire avait du reste procédé
avec une méthode aussi prudente que
rigoureuse.
Tous les sujets sur lesquels on avait Il
pu mettre la main étaient réunis en tas,
avec l'ordre de s'asseoir et' de ne point
bouger, sous peine de recevoir dans la
tête une balle** que 'les agents, groupés
autour, le pistolet au poing, étaient prêts
à leur administrer.
Dés qu'on en avait lié six, deux à deux,
on les faisait conduire, sous la garde de
deux agents, à la principale entrée des
1 carrières où des voitures cellulaires les,
attendaient pour les conduire rapide-
ment à la Conciergerie.
•* Mais il arriva que, vers la fin de l'opé-
̃' ration,- un des malfaiteurs, vieux rou-
lier, formant nombre impair, qui s'était
couché comme accablé parle sommeil,
se mit à ramper entre les uns et les au-
ta'-raproctuetion est interdite, Pour obtenu?
l'autorisation, s'adresser à l'auteur, aux bu-
reaux 4* journal.
res ut ré mi fa sol, sol fa mi ré, ut, ut ré mi
fa sol, sot /'a mi ré ut, ou écorchant avec
frénésie la Polka nationale et le Rocher
de Sàint-Malo. Un sentiment de basse
vengeance anime la souveraineté natio-
nale'i Elle vote à une immense majorité
la prise en considération de l'amenda-
mènt Belcastel, et le renvoie à l'examen
de la commission.
Pauvre commission! Pauvre chien-
chien!
Du même coup, l'article 12 se trouve
ajourné, car l'impôt des pianos, s'il est
adopté, remplacera absolument la taxe
sur les successions.
Ensuite on revient aux chèques, lais-
sés un instant dans l'ombre. La commis-
sion a travaillé de nouveau elle a élu-
cidé la question. Maintenant il n'y a plus
d'obscurité, tout est clair, tout est sim-
ple, tout est net.
Du moins la commission l'espère.
Hélas, il n'en est rien. La question ne
tarde pas à s'embrouiller de nouveau.On
se rappelle que la difficulté réside dans
l'assimilation que l'on veut faire entre le
chèque et la lettre de change.
Protestant contre cette assimilation,
M. Adam, aidé de MM. André et deSou-
beyran, demande à l'Assemblée de déci-
der que* le chèque ne pourra jamais être
qu'un instrument de banque, entre les
mains des banquiers.
M. Pouyer-Quertier, qui réprime éga-
lement l'assimilation, refuse aux ban-
quiers d'avoir seuls le droit de se servir
du chèque, et veut étendre ce droit aux
"commerçants.
Voici d'ailleurs un-apercu de la dis-
cussion sur les chèques telle qu'elle
frappe les oreilles et se présente aux in-
telligences parlementaires
« II s'agit de.savoir si les délégations,
mandats à vue seront soumis, au timbre
proportionnel. En France, où le. senti-
ment de l'égalité n'a pas admis qne le
chèque a malheureusement abusé de la
législation, ayant pour objet de faire du
chèque un merveilleux instrument de
progrès, tandis, que' la rédaction de l'ar-
ticle fait croire qu'on; restreindra les
conditions dans lesquelles notre système
n'a pas été calqué, sur le système an-
glais. »
.Ainsi de suite pendant deux heures.
M. Bethmont résume d'ailleurs la si-
tuation pénible où la question des chè-
ques plonge tout le monde,
Quant à moi,s'estécrié ce naïf gent-
leman, je n'y comprends rien du tout 1
Si M. Bethmont croit être le seul.
C'est ainsi que la discussion recom-
ménce, dans les mêmes termes, sur le
même terrain et avec la même obscurité
qu'avant-hier; On peut pour très peu de
chose se procurer un journal de mer-
credi, et l'on se figurera la séance d'au-
jourd'hui.
Il est vrai qu'on n'y trouvera pas le dis-
cours prononcé par M. Wolowski sur les
chèques, et qui n'a pas peu contribué à
jeter un voile profond sur la question at
à faire la nuit complète, là où il y avait
encore une faible lueur de, jour.
A ce point de vue, la séance d'avant-
hier était de beaucoup préférable" à celle
d'aujourd'hui. A un autre point de vue,
la- séance d'aujourd'hui l'emporte sur
celle d'avant-hier.
On a voté sur la question. C'est-à-dire
qu'elle,est résolue, qu'elle est finie, qu'on
n'en, entendra plus parler.
L'amendement de M. Adam a été re-
poussé à une forte- majorité. Tout le
monde a le droit de tirer des chèques. Je
suis rentré chez moi'triomphant. Enfin,
je puis faire des chèques!
Albert Millaud.
La séance du Conseil municipal de
jeudi, dont nous rendions compte hier,
s'est terminée par la lecture d'un très
remarquable rapport de M. Edmond Jou-
bert sur l'apurement définitif des comp-
tes de l'exercice 1872.
Ce travail considérable embrasse dans
leur ensemble et suit dans le détail des
chapitres consacrés à chacun d'eux tous
lés services, si nombreux et si divers,
qui forment le vaste budget de la ville.de
Paris. L'exposé fait par M. Joubert, avec
beaucoup de méthode et une;rare luci-
dité, a captivé pendant plus d'une heure
l'attention et l'intérêt du conseil.
̃Lajpaft une fois faite à quelques ob-
servations d'une critique .courtoise" mais
non dénuée de vigueur, l'honorable rap-
porteur a su mettre en évidence l'amélio-
ration obtenue dans la situation finan-
cière de la ville de Paris, par les modifi-
tres, passa même entre les jambes des
agents sans que ceux-ci s'en aperçussent,
et dispatut..
L'expédition des prisonniers touchait
à sa fin. Il n'en restait plus qu'une ving-
taine.
Le commissaire récapitula leur nombre
et fit le compte tant de ceux qui étaient
partis que de ceux qui restaient, puis
s'écria •-
-t; -II en manque _un
Il y eut" une vive. émotion parmi les
agents.
Pas possible! fit Turi d'eux.
Le. commissaire se remit à compter, et,
au bout d'un instant
je vous dis qu'il en manque un il
faut me le trouver.
On regarda de droite et de gauche, sans
néanmoins trop s'écarter de la surveil-
lance de'la bande, et pendant que, quel-
ques agents furetaient dans tous les
coins, le commissaire, le/chapeau ra-
battu sur les yeux pour dissimuler la di-
rection de ses regards, cherchait à lire
sur la physionomie des prisonniers au-
quel d'entje eux il devait s'adresser de
préférence pour en obtenir une révéla-
tion. ̃̃'̃•̃
Toutes les physionomies étaient.muet-
tes, tous les regards éteints.:
La crainte du châtiment, la honte de
s'êtee laissé surprendre, l'abattement de
la défaite, les lourdeurs d'un sommeil si
brusquement et si désagréablement inter-
rompu se peigriaient«euls sur ces.visages'
ravagés et leur imprimait la marque de
l'abrutissement.
Il y avait trois issues à la galerie dans
laquelle on se trouvait; chacune, dès les
premiers moments de l'invasion; avait
été soigneusement occupée. Il n'était
donc pas possible que le prisonnier se
'/ut échappé par là.
Ce qui paraissait le plus probable, c'est
que l'homme disparu s'était caché sous
le groupe assis, au risque d'y étouffer,
épiant le moment propice pourse glisser
dans quelque trou, dans quelque recoin,
jusqu^au moment où la police, renonçant
.à le découvrir, aurait enfin déguerpi.
cations importantes heureusement in.
troduites dans sa comptabilité et par
l'équilibre réel de son budget.
Après la lecture de son rapport, M. Ed-
mond Joubert a reçu les félicitations em-f
pressées et unanimes de ses collègues;
TELEGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
-> Maçon, 12 février. Le drame de Seno~
zan. M. Bonnebaigt, l'avoué de Pamiers
qui a reçu deux coups de pistolet de M. La-
croix fils', est toujours dans un "triste état.
On a dû lui faire la cruelle opération de
l'extraction de la mâchoire inférieure, qu'une
balle avait ^brisée. Il Ta supportée avec un
grand sang-froid. Sa patience étonne ceux qui
l'approchent.
M. Bonnebaigt s'est montré généreux. Dans
ses premiers interrogatoires, il affirmait
avoir étéblessé dans un duel régulier. Ce n'est t
qu'après avoir eu la- preuve des déclarations
de M. Lacroix fils, qu'il a consenti a tout ra-
conter.
Nice, 11 février. Je vous confirme
ma dépêche d'hier soir, au sujet' du jeune
Bertoni qui s'est Suicidé quelques instants
avant la représentation du Trouvère, en se
tirant un coup de revolver au cœur. Ce sui-
cide a causé une grande sensation dans le pu-
blic de la salle, et surtout parmi les artistes
du théâtre.
< Ce soir, 11 février, grand bal chez M.
le marquis de Villeneuve-Bargemon, préfet
des Alpes-Maritimes. Très belle fête. Xa co-
lonie étrangère et les notabilités de Nice y
assistaient. Beaucoup de jolies femmes et
fort belles toilettes. • ̃̃
~v~ Bayonne, 12 février. Le bombarde-
ment de Bilbao commencera le 14 ou le 15,
dans deux ou trois jours. Les carlistes font le
blocus de cette ville, avec sept bataillons.
Sans parler des huit canons pris à Portuga-
lete, ils possèdent vingt pièces d'artillerie
quatorze de 24 et de 36, et six obusiers. Leurs
munitions sont considérables.
Vingt-six bataillons carlistes forment en
outra un cordon de Logrono à Santander,
pour empêcher Moriones de passer. ̃
Celui ci dispose de 15 à 18,000 hommes. Il
en demande 40,000 ;pour dominer la situa-
tion.
Dans la petite ville frontière dé Fontarabie,
une compagnie de volontaires venue de
Saint- Sébastien, a exigé une forte amendé de
jSaint-Sébastién, a, exigé une forte amendé ¡:le
tous les habitants- soupçonnés de carlisme.
Ceux qui n'ont pu payer en argent se sont vu
enlever leurs meubles, leurs denrées et leurs
bestiaux..
On nous communique la lettre suivante
de Saïgon (Cachinchine) le 4 janvier f
Le 21 décembre, des Chinois au drapeau
noir ont attaqué la citadelle de Hanoë, à dix
heures du matin. M. le lieutenant de vais-
seau Garnierf commandant de la petite gar-
nison, avait réussi à repousser cette attaque
mais ayant eu la mauvaise inspiration de
tenter une sortie, il a -été frappé, à mort,
ainsi que le jeûne enseigne de vaisseau
Balny. Nous avons eu, en outre, quatre ou
cinq soldats tués et six ou sept blessés.
Le gouverneur de la Cochinchine, M. le
contre-amiral Dupré, ayant appris ce malheu-
reux* événement le 25 décembre, a fait partir
immédiatement pour le Tonkin, un renfort
d'une compagnie d'infanterie de marine, sous
les ordres du lieutenant Gondard, attaché à
son état,major. Un second détachement, fort
de deux compagnies et demie d'infanterie de
marine, partira demain 5 janvier pour ren-
forcer la garnison de Hanoë. M. le chef de
bataillon D»jardin est chargé de la direction
des opérations militaires dans le, Tonkin.
Les postes voisins de Han.oc| Hoï-Duong-
Nam-Dinh, Ninh-Bing, n'ont pas été inquié-
tés jusqu'ici. Ils sont, d'ailleurs, occupés par
de petits détachements, et par consé-
quent dans l'impuissance d'agir eux-mêmes
extérieurement. Ordre a été donné aux com-
mandants de ces postes de se tenir sur la dé-
fensive. --̃̃̃
Auguste Marcade.
PARIS iF JOE .11 .JLOVÎ
Le départ de M. Melvil-Bloncourt, au
momentprécis où son cas semblait se
gâter, a produit une certaine émotion
on s'est demandé si l'inviolabilité des
députés devait s'étendre jusque-là. La
France, qui appartient à la politique cen-
tre gauche et qui par conséquent n'est
point suspecte d'un esprit de réaction
exagéré, n'esfcpoint de cet avis.
On n'a pu, dit ce journal, vouloir que
l'immunité de député assurât l'impunité
à un coupable et pût le soustraire aux
conséquences d'une demande en-- autori-
sation,de poursuites.
C'est ce qu'a bien compris le législateur
anglais. Chez nos voisins, en. même temps
quele Parlement est saisi d'une demande en
autorisation de poursuites contre un de ses
membres, celui-ci est place sous la garde
C'est ce que se disait le commissaire,
et s'étant fait la réflexion _>
Allons, debout, et vivement com-
manda-t-il aux prisonniers.
Debout! répétèrent -les agens d'un
ton et d'un air menaçants.
Les prisonniers.se dressèrent cQmme
:un- pelQton de fantassins à l'exercice,
sous l'injonction d'un caporal..
J^e commissaire examina entre eux,
autour d'eux, jusque sous leurs pieds.
Il n'y avait pas l'ombre du fugitif 1
Le commissaire était aussi perplexe
qu'irrité.
Il fouillait, à nouveau, dans son esprit,
pour y trouver quelque inspiration, sans
cesser pour cela de surveiller là physio-
nomie des prisonniers, chez lesquels il
lui paraissait impossible de ne, pas ren-
contrer, un moment ou l'autre, un in-
dice, lorsqu'un'd&'Ses hommes, qui n'a-
vait cessé de rôder et de chercher au,-
tour du cercle formé par les agents, son-
dant les parois et le sol de la galerie, avec
le bout de sa. canne plombée, s,'écr|a. j
-rMais, il y a- un trou, ici! `
Il y avait, en effet, un trou percé dans
un dès angles de la chambre, un trou que
la police ignorai tv et dont les habitués
des carrières eux-mêmes n'avaient -pas
découvert depuis bien longtemps l'ou-
verture.
–Un trou? fit le commissaire sans
beaucoup de surprise et, sans cesser d'in-
terroger les prisonniers du regard, eh
bien! regardez-y
Tous les agents avaient tourné les yeux
du côté où leur camarade avait signalé
sa découverte-
-r- Impossible de rien voir comme cela,
reprit celui-ci, qui s'était penché avec sa
lanterne, pour se rendre compte 4e ce
qu'il avait devant lui.̃
Allez-y donc voir aussi, dit le com-
missaire au chef de l'escouade, qui se
trouvait à ses côtés.
Que ne vont-ils y regarder tous! 1
murmura un des prisonniers à son voi-
sin cela nous tirerait peut-être d'affaire 1
Le, commissaire entendit ces paroles,
mais sans pouvoir connaître celui qui
les avait prononcées, et tl se dit
d'un employé de la Chambre.elle-même, jus-
qu'à ce que la commission nommée pour exa-
miner l'affaire, se soit prononcée..
De cette manitre on a- pu concilier le prin4
cipe de 4'inviolabilité parlementaire. avec le
respect absolu de la loi, et nous croyons que,
pour la dignité de nos Assemblées, il serait
bon qu'il en fut de même en France.
#*# Malgré la sagesse de commande et
la résignation que les malins de la gàu-_
che imposent à leurs subordonnés, quel-
quefois la vraie "pensée des radicaux
perce sous la peau d'agneau dans laquelle
on les enveloppe. Le Progrès de Lyon no-
tamment est intéressant à consulter sur
ce point. Ainsi, il disait l'autre jour':
C'est le centre gauche et les modérés de la
gauche qui, depuis trois ans, ont fait tout lel
mal. Ils ont compromis la République et la
France par le manque de volonté et d'éner-
gie. Sans opinions tixes et précises, ils sont
toujours beaucoup plus occupés de dire" les
opinions qu'ils n'ont pas que d'affirmer celles
qu'ils ont. Ils se séparent tantôt de l'un, tan-
tôt de l'autre, personnifient, entretiennent et
protégent cet esprit d'hésitation et de fai-
blesse qui, depuis soixante ans, fait que la
France en est arrivée à n'être plus en Europe
qu'une puissance de second rang.
Grâce à qui?. Mais voyons ce que les
radicaux sincères voudraient obtenir de
leurs nouveaux amis. °
Ils pouvaient, en organisant l'abstention à
l'Assemblée, amener la dissolution, et par
conséquent l'établissement définitif de la
République. Au lieu'de cela, ils hésitent;
jouent aux hommes d'Etat, baissent tout faire,
cachent même aux yeux du pays la conspi-
ration royaliste qui le menace. Par moment
ils s'effarent. M. Laboulaye, à la sortie de la
commission des Trente, après le vote sur la
proposition électorale de M. Chesnelong,
n'est-il pas venu se jeter aux pieds de Gam-
betta et le prier de pousser le cri d'alarme.
Mais lorsqu'ils le font, il est trop tard.
Ils se décideront peut-être à l'abstention,
un jour, lorsqu'il ne sera plus temps.
C'est à l'opinion publique à se prononcer,
en disant nettement au centre gauche
Pendant que vous vous amusez à politi-
quer à Versailles, nous souffrons la misère.
Vous avez entre les mains un moyen 4'en, fi-
nir. Servez- vous-en, ou c'est vous qui serez
responsables.. ̃
Voilà le-centre gauche prévenu. Il fau-
dra bien qu'il choisisse un jour.
#*# Un honorable, négociant de Paris,
qui n'hésite point à se proclamerconser-
vateur, envoie au Moniteur universel une
lettre qui 1 contient, sur la question des
impôts, quelques idées intéressantes. Il
développe cette idée que le commerce
-est- accablé et que la propriété foncière,
au moins dans une partie de Paris, n'a
pas été atteinte. 'p
Je suis chef d'une maison de commerce
établie depuis quarante' ans dans une pro-
priété dont elle occupe une partie.
Pendant vingt ans, de 1834 à 4854, on a re-
nouvelé plusieurs baux sans aucun change-
ment; mais à cette dernière date, les démo-
litions nombreuses qui ont changé tout le
quartier -Sans nous' atteindre ont permis au
propriétaire de porter notre location dé 5,500
francs à 8,000 fr., soit une légère augmenta-
tion de 2;500 fr. par an. Cette augmentation,
nous la payons depuis vingt ans, ce qui fait,
avec les intérêts, bien plus de 100,000 fr. Par
suite de cette augmentation, le fisc en a fait
autant de son côté, ce que nous pouvons
évaluer>.20,000fr/ :̃ ̃
Aiiïsi," voilà de vieux commerçants qui
payent à leur propriétaire 100,000 francs, au
lise 20,000, et le propriétaire, qui est un oi-
sif, a tout gardé, et on ne lui a rien ou pres-
que rien demandé. Est-ce équitable, et l'abus
n'est-il pas criant? Les ministres des finances
prétendent qu'ils ne peuvent prendre de
l'argent que là où il y en a. Il me semble
qu'il ne serait pas difficile de le prendre là
où il esj: il ne s'agit que de le répartir d'une
manière équitable. ̃.
W Notre carnaval français est mort,
celui de Venise ne se porteras très bien
et celui de Rome dont nous connaissons
tant de descriptions nebat plus que d'une
aile. Vous vous rappelez la course des
Barberi dans \&.Monte-Christo d'Alexan-
dre Dumas? M. Erdan nous apprend dans
le Temps qu'elle a véc'u.
La suppression de la course quotidienne
des chevaux barbej, qui se faisait de la place
du Peuplé à la place de Venise, tout le long
du Corso, a changé le caractère du' carnaval
romain.
C'était « barbare, » a dit l'esprit nouveau
mais c'était bien original. Le canon tonnait.
La foule, non sans peine, arrivait à faire la
haie, pour laisser passer ces 'petits chevaux,
rapides comme l'éclair. Il y avait une sorte
d'émoi, qui, vers cinq heures et demie, clô-
turait la vaste scène des confetti.
Cela a disparu. Le carnaval de Rome res-
semble un peu maintenant à tous les autres.
Il est d'ailleurs encore fort beau. Les mas-
ques sont nombreux. Le Corso, aux balcons
tendus de draperies, est toujours d'un^ orne-
mentation saisissante. ̃
Da,plu8,'7" "oe qu'on ne voyait pas sous l'an-
Evidemment, puisqu'on souhaite que
nous allions tous regarder à ce trou,
c'est qu'il est profond, et que ces mi-
sérables -ne seraient pas fâchés dé
nous y voir tous autour pour tenter
un effort suprême, se ruer à l'impro-
tiste sur nous et nous y précipiter.
Mais alors, continua en lui-même le comL
niissâire, je né vois pas comment l'homme
que je cherche aurait pu s'y réfugier, à
moins qu'il n'y ait une échelle ou un es-
calier. Jlfaut examiner cela ;attei>tjvé-,
ment.
Comme il achevait son raisonnement,
les agents qui étaient chargés de 'con-
duire ..les .prisonniers revinrent et em-
menèrent le reste de la bande, à l'excep-'
tion de deux qui, solidement enchaînés,
restèrent sous la garde particulière d'un
seul agent, le commissaire espérant en;
tirer quelque renseignement.
Il s'approcîia ensuite du trou, et ne fut
pas longtemps à reconuaitre que .c'était1
l'ouverture d'ui] puits de mine qui avait t
dû servir de voie de communication en-
tre la-galerie dans laquelle on se trou-
vait et des galeries inférieures.
Le puits était très-profond et, naturel-
lement, très noir.
Mais,àlafaveuï de la lumière des deux*
lanternes.que le brigadier et l'autre agent
tenaient Suspendues dans l'abîme, ïe
commissaire put bientôt s'apercevoir qu'à
longueur de bras, il y avait à la partie de
la paroi qui'était de son côté un fort piton
de fer auquel étaif; attachée une corde
plongeant à une profondeur que l'obscu-
rité ne lui permettait pas de calculer.
Plus de doute, dit-il à ses agents
notre homme a disparu par là, et ce trou
dût-il conduire aux enfers, nous l'y pour-
suivrons 1
Là-dessu^ il allongea le bras et saisit
la corde qù'il tira à lui.
Elle était à nœuds, en assez bon état,
et n'avait pas plus de deux mètres de
longueur,
Par conséquent, raisonna^ le com-
missaire, le trou n'est pas si profond
qu'il en a l'air, ou bien il reste quelque
chose éclaircir.
cien régime les organisateurs attitrés de
ces fêtes carnavalesques; via société dite de
Pasquin^s distingue -parades compositions
somptueuses. tS
Saturne, le vieux dieu latin, est entré par
la porte: Flaminienne ou du Peuple. Son char
était superbe. Cérès, .qui le- suivait, n'était
pas moins splendide. Us rencontrèrent Pas-
quin' au bas du'Pincio. Lé char de Pasquin
c'était un éléphant trailié par des bœufs.
Tout cela, au bruit des musiques, traversa le
Corso.
On reverra trois ou quatre fois, jusqu'au J
Mardi-Gras, ce grand cortège. Le soir du
Mardi-Gras, Saturne retournera dans l'O-
lympe, et Pasquin, de désespoir, se brûlera,
et ce sera le signal des maccoletti, qui, en
l'absence des chevaux barbes, resteront
comme la spécialité essentielle de ces fêtes,
rappelant ce vieux carnaval qu'ont célébré
Gœthe avec tant de poétique couleur, et
Corinne en son pathos.
### M. Edmond Neukomm, dans une
série que publie Y Art musical, les Causes
célèbres de la musique, cite une anecdote
peu connue, d'apr,ès les .mémoires de Fla-
mand-Grétry. Ce personnage 'qui avait
épousé une nièce de Grétry et qui était ta-
pissier de son état, intenta un procès à
la ville de Liège pour la possession du
coeur de son qncle. En parlant de M. de
Markoff, ambassadeur de Russie à Paris
sous le Consulat, il raconte le fait sui-
vant
On a toujours cru, dit-il, que M. de Markof
était déyoué au premier consul. Je vais citer
un fait qui prouve le contraire'. Parmi les
effets de l'ambassadeur, il se trouvait plu-
sieurs de ces petits écrans qu'on porte à la
main pour.garantir la figure de 1 ardeur du
feu. J'en découvris un qui me parut très ex-
traordinaire. En l'observant de plus près, j'y
remarquai un petit ressort; je le ns partir;
alors j'y vis Bonaparte attaché sur la planche
de la guillotine, que ce ressort faisait baisser
sous la hache, et j'y lus ces mots A rempla-
cer. On imagine bien que ce petit écran fai-
sait le tour et l'amusement de la société. On
se le'passait de main en main, et chacun fai-
sait son commentaire à sa façon. F. m.
♦ 'u _•
JOURNAL OFFICIEL
Promulgation de la loi accordant une in-
demnité.de 212,000 francs à M. Souberbielle,
ex-entrepreneur général des transports de
l'armée française au Mexique.
Décrets nommant des maires et adjoints
dans les départements des, Basses-Alpes,,de
l'Ardèche, deJ'Ariége, de' là 'Dbrdogne, de la
Haute-Garonne, de Saône-et-Loire, de la
Haute-Savoie, de. la Seine, des Bouches-du-
Rhône, du Calvados, de la,. Mayenne, des
Deux-Sèvres. ̃
Injustices et Abus
IIISTOIRES DE LA RUE
Deux individus qui appartiennent le
plus ordinairement aux nouvelles « cou-
ches», se, prennent de querelle dans la
rue."
Ce qu'ils se disent pendant dix minu-
tes, un quart d'heure, et même une demi-
heure, je ne le redirai pas ici.
Tout Parisien le sait aussi bien que
moi. ̃
Précisons, seulement, que tout ce. qui,
peut sortir d'une bouche humaine de
plus ignoble, de plus immonde, de plus
dégoûtant, de plus dissolvant, de plus
gangreneux, de plus contraire aux
convenances, à la décence, à 1-honnêteté,
aux bonnes.mœurs, se distille, au tra-
vers de ces quatrelèvres affolées, et cela
de la façon la plus sonore et la plus réa-
liste. >
Un cercle énorme se forme, en un ins-
tant, autour- de ces deux langues puru-
lentes. ""̃̃
Dans ce cercle, il y a,des enfants, des
jeunes filles, des femmes respectables,
que la curiosité attire fatalement.
Il y a aussi quelques sergents de ville.
Et néanmoins, ces deux leaders impro-
visés du propos salle et infâme, à con-
dition qu'ils ne se prennent pas trop aux
cheveux, qu'ils ne cassent nulle devan-
ture et ne mangent le nez à aucune des
personnes de « l'honorable' société, »
peuvent rentrer tranquillement et impu-
nément chez eux.
Cette scène, entre gens bien ou mal
élevés, se reproduit, plusieurs fpisv par
jour, dans les rues les plus feéquentées
de Paris.
Entre cochers qui se croisent, qu'ils
soient d'omnibus, de la voiture de maî-
tre, de la petite voiture ou du marronage,
la scène se répète un nombre in calcula-
ble de fois.
Et, alors, nous nous demandons "ce"
que la loi eUa police entendent par ces
mots Outrage a la pudeur et à la morale
publiques ?
Puis, cessant dé *se parler à lui-
même
Un homme de bonne volonté, de-
manda-t-il à son entourage, pour voir ce
qui se passe là-dedans.
Tous s'offrirent. Mais celui qui avait
découvert le trou demanda comme un
droit aoquis d'opérer la reconnaissance;
et le commissaire le lui accorda,
Il Q'.était point.prudent de s'aventurer
sur la corde (Jue l'on venait de trouver.
Peut-être n'était-elle qu'un piège,
Le commissaire s'en servit, toutefois,
pour y attacher une lanterne qu'il: pro-
mena dans le trou noir et béant aussi
loin que le permettait la longueur de la
corde,
II se fit une nouvelle révélation. »
A quelques centimètres du, point où
atteignait la lanterne apparut une forte
barre de fer, de l'épaisse*ir du bras, à
peu près, qui s'avançait à environ la moi-
tié du diamètre .du'puits, "et recourbée
dans le sens du bauten forme de crochet.
Le commissaire se demanda longtemps
à quel usage cela pouvait servir.
Puis, n'y comprenant r|en, il interrogea
les deux prisonniers qui. lui restaient
sous la main.. ̃ "̃
Les deux prisonniers répondirent qu'ils
ignoraient jusqu'à l'existence du «trou. »
Pendant ce temp^-là arrivèrent des
cordes, et des crochets, qu'on avait en-
voyé chercher.
On ficha les crochets dans le sol, on y
attacha les cordes, et l'agent qui avait
réclamé l'honneur de l'exploration dispa-
rut dans le gouffre.
Il alla, tout d'abord, jusqu'au fond le
puits, comblé depuis longtemps de dé-
bris de plâtre, n'offrait pas d'issue.
L'explorateur fut remonté lentement,
de façon à, ce qu'il pût examiner, avec la
plus ii1inut¡eu~.e:attention, les parois cir-
plus minutieuse-attention, les parois cir-
culairesautour desquelles on le prome-
nait. w ̃ '̃̃
Arrivé à la barre de fer que nous avons
signalée, il annonça qu'immédiatement
au-dessous, il y avait une excavation
comme la bouche d'un four.
Le commissaire le fi, t. aussitôt f emon-
ter hors du puits, et voulut voir là chose
de ses propres yeux.
INFORMATIONS
La Journée:
Nous recevons une grave nouvelle. Un
ancien préfet de l'Empire, ex-directeur
d'une banque de Paris, s'est brûlé la
cervelle à Londres, laissant derrière lui
un déficit de six millions.
Nous donnerons ultérieurement des dé«
tails.
M. Pasquier, président de la" chambra
des appels de police correctionnelle, est
mort hier matin, â la suite d'une courte
maladie.
Il y a quinze jours, il présidait les dé-
bats de l'affaire des marchés de la gen-
darmerie.
M. Pasquier était le. doyen des conseil-
lers, quand il fut, l'année dernière, ap-
pelé à la présidence d'une chambre.
Il laisse au Palais le meilleur souve-
nir tous ceux, qui l'ont connu ont pu
apprécier son esprit droit et ferme, fin-
dépendance de son caractère et sa grande
expérience. ̃
M. Pasquier était cousin du duc d'Au-
diffret-Pasquièr..
Autre décès, celui de M. Polo, directeur
de Y Eclipse. M. Polo était depuis long-
temps malade, comme on sait.
LE CRIME DE LA RUE MONTHYON,– J)0OTOS
ASSASSINAT SUIVI DE SUICIDE. TROIS CA-
DAVRES EN PUTRÉFACTION. HORRIBLES DÉ-
TAILS.
Je viens d'assister à une scène d'hor-
reur telle que je n'en avais pas vu de
ma vie entière; ni à Rueil, lors de la ca-
tastrophe, ni àrVincennes, le jour de
l'explosion, et pourtant il y avait là une
effrayante rangée de cadavres mutilés.
Mais prenons les faits dans l'ordre où
ils doivent être racontés.
Depuis deux ans habitaient 8, rue Mon»
thyon, dans un .appartement situé au
deuxième étage, au fond de la cour, les
époux, Coionat et leur fille. Le père,
un homme de cinquante-cinq ans, à la
figure sombre et au caractère triste,
était employé comme chauffeur par la
Compagnie des eaux de la Ville; il ga-
gnait cent soixante francs par mois. La
jeune fille; de son côté, Anna Cozonat,
âgée de vingt-un ans, était ouvrière à
quatre francs par jour chez madame
Blanche, couturière, 6, ;passage des' Pa-
noramas. La famille avait donc de quoi
vivre. Aussi payait-elle régulièrement
son terme, et ne devait-elle rien à per-
sonne dans le 'quartier. Elle y jouissait
naturellement d'une bonne réputation.
La jeune fille notamment était très es-
timée. C'est que, bienvqu'elle fût remar-
quablementjolie,– brune*, ayeedes grands
yeux, noirs très doux, une bouche un peu
grande et souriante, –.elle se conduisait
admirablement, et, au'lieu de se laisser
aller à des tentations qui se faisaient'ïia-
turellement très nombreuses sous' ses
pas, elle travaillait le spirj-'suivant dif-
férents cours, pour achever son instruc-
tion
II y a une vingtaine de jours, le con-
cierge'de la maison,-M. Michel, fut assez
surpris de n'avoir vu depuis trois jours
aucun des Gozonat. Il en parla a plusieurs
locataires, qui émirent l'opinion qùë cela
ne regardait personne.
Huit autres jours se passèrent.
Cependant, une odeur fétide et persis-
tante se répandaitHans tout l'étage.
A côté des Cozonat demeurait, une
.bonne femme, madame Millard, qui se
trouvait indisposée.
Comme cela sent mauvais chez vous!
lui dit son médecin, M. le docteur Tlîé-
venet. Mais savez-vous que c'est extrê-
mement malsain S
-Mais ce n'est pas ici, répondit ma-
dame Millard.
N'importé. Veillez donc à cela 1
Madame Millard rapporta cette conver-
sation au concierge, qui monta et sou-
leva le paillasson placé .devant la porte
de Gozonat.1 p ]~te
Alors, nous a dit M. Michel, j'ai
senti comme une odeur dé viande gâtée,
et j'ai pensé qu'ils en avaient laissé un
morceau chez eux en partant.
Plaçons ici ce, détail que» pendant
quelques jours,. on avait e^t^ndu un se-
rin gazouiller dans la chambre. Puis, la
pauvre petite bête avait cessé de chan-
ter. elle était morte de faim.
-Hier matin-, enfin, l'odeur devenant de
1' J 'F
Emile Faure.
C'était un homme résolu, et amoureux
d'aventures,^ autant par goût' que par
devoir' ^j-, -> ,••' -̃
On lui passa, à son tour, la corde sous
les bras, et il alla s'assurer de ce qu'on
venait de lui indiquer.
L'excavation existait, telle .que l'avait
décrite l'agent, mais il était impossible
déjuger par le regard de réndrbit où:
elle pouvait conduire."
C'est égal, dit le commissaire, s'il
n'y. a pas d'autre issue, je tiens mon
homme l
Et, animé par cette espérance, iî re
monta v fit confectionner à la, hâte une
échelle de cordes, qu'on fixa aux cro-
chets, et expliqua ensuite comment il en-'
tendait conduire la nouvelle entreprise-.
D'après ses ordres, on alla. chercher
une forte planche, une scie, un marteau
et. un ciseau. r
Un des agents descendit par l'échelle
de cordes, avec mission de pratiquer, en
face de Touvert-ure découverte, une en-
taille dans laquelle oh pût ficher un- des
côtés de la planche, tandis que r autre
côté serait introduit dans l'excavation.
De cette manière, on obtenait une
sorte de pont sur lequel deux agents pour-
raient attendre et veiller peadant quf le
commissaire et d'autres hommes iraient
par la voie mystérieuse à la recherche
du prisonnier disparu. la
En-même temps, ies abords du puits
dans la galerie seraient soigneusement
gardés pour prévenir toute surprise.
Les choses ayant été exécutées con-
formément à ce plan, le commissaire pé-
nétra, avec les hommes qui devaient
l'accompagner, dans l'excavation.
C'était l'entrée d'un de ©es boyaux
dont nous avons parlé, et qui allait en
s'évasant par un trajet d'une centaine da.
mètres jusqu'à une galerie.de tout point
semblable à celle que l'on- fejaait de
quitter.
Là, le commissaire et ses hommes
furent frap,p.és d'un spectacle fort ihàt-
tend,u, j,1
1 $ MIE D'AGHONîŒi
j {la suite -à demain.) °
la commission du budget est dans le ma-
rasme.
Quand je vous ai dit de regarder la
commission, je me suis trompé. On -ne
peut voir la commission; elle n'est pas
lamelle est sortie, elle délibère sur les
amendements qu'on lui a renvoyés et sur
les questions qu'on l'a prié d'examiner à
nouveau.
M. Buffet attend, en causant avec les
secrétaires, que la commission soit ar-
rivée à son banc. Vers trois heures, on
•signale M. Mathieu Bodet. M. Benoist
d'Azy n'est pas loint Derrière eux mar-
chent, pareils aux grâces et aux muses,
les douze membres qui complètent la
douce commission du budget.
Un cri de joie s'échappe de toutes les
poitrines. La commission n'est dont-pas
morte. Elle a donc résisté aux nom-
breux renfoncements, estafilades^ cro-
quignbles,' assauts, atouts, coups de
poing et crocs en jambe qu'on lui a pro-
digués. Elle s'assied, pareille à la victime
qui devine son sort. Elle" attend.
En effet,
M. Buffet appelle l'article 11, sur le sel,
qui a été renvoyé à la commission hier
en fin de séance.
La commission fait signe qu'elle n'a
pas pu s'occuper de l'article 11. On l'avait
•chargée de préparer un impôt sur le sel.
Maintenant on veut changer le sel en
sucre elle n'y est plus, cette pauvre
commission.
M. Buffet, sarcastique et goguenard,
évoque l'article 12, qui grève d'un nou-
veau droit de 1/2 pour cent les, succes-
sions en ligne directe. Il y à des amen-
déments, ajoute M. Buffet.
La commission baisse la tête elle at-
tend le coup qu'on va lui asséner.
• M. de Belcastel se présente avec un
amendement à la main.
n n'a pas l'air bien méchant, M; de
Bôlcastel, mais il n'aime pas la musique
et. il a imaginé une vengeance terrible
contre la mélodieuse Euterpe.
Il propose à l'Assemblée de frapper
d'une taxe de 10 francs tous les pianos,
absolument comme les chienis. Il est
clair que le .chien et le piano ont
plus d'un point de ressemblance; le chien
aboie, le piano aussi; le chienencombrë
les appartements, le piano également;
«né7 concierge vous demande toujours,
avant de louer: Monsieur n'a pas de
chien ? de chat? ni de piano ? g
Le chien devient enragé, le piano vous
rend enragé. Le chien fait des petits, le
piano fait des pianistes, et quels pia-
̃ nîstes! Au moins, puisque le chien paie
sa contribution au fisc, que le piano se
fasse pardonner d'être au monde en ap-
portant ses dix francs au bon percepteur;
Mais, me direz-vous, où nous conduit ce
système? à: taxer bientôt les violons, flûtes,
contrebasses, hautbois, trombones, gros-
ses caisses et chapeaux chinois, qui sont
également des instruments sur lesquels
̃oh-iape, ou dans lesquels on souffle, ou
le' long desquels on frotte une baguette
avec<Î9S crins. D'abord, je vous répon-
drai que Si on imposait les violons, flû-
tes, contrebasses., etc., etc., je n'y ver-
rais aucun inconvénienti Ensuite, ces
instruments ne sont pas aussi malfai-
sants qûre le piano. Ils sont insuffisants
à faire autant de bruit, individuellement,
que le piano. Il faut, pour-qu'ils devien-
nent nuisibles à la sécurité sociale, qu'ils
s'associent entr'eux, qu'ils s'accordent,
comme on dit, et qu'ils s'agitent ensem-
ile. Fractionnés, ils sont inojensifs.
Tandis que le piano, il est lui seul
tous les instruments; il a la basse et le
dessus; il fait là flûte, le hautbois, le vio-
loncelle; il. fait tout ce qu'on veut. Et
puis, consultez les annales de la justice.
On né s'imaginera jamais le nombre de
cadavres coupés en morceaux qui ont
été trouvés enfouis dans une caisse de
piano. ̃ -̃
On me trouvera bien sévère pour les
pianos. On aura tort. J'adore 1e piano
personnellement. Il me tarde d'avoir fini
mon" article' pour aller entendre la valse
de Faust dans une soirée bourgeoise où
•Ton fait le whisth à vingt-cinq centimes
la fiche. '̃
M. de Belcastel donne en faveur -de son
impôt des motifstirés du nombre crois-
sant des pianos et des pianistes^ de la fai 1
cilité avec laquelle ces derniers paieront
pour jouir des premiers, et de la simpli-
cité du mode de perception. 1
L'Assenihlée se montre frappée du sys-
tèffié dèveloppépâr l'austère pianophobe.
Des idées de vieilles rancunes inassou-
vies, d'anciens grincements de dents dus
à des pianos mal accordés, des souvenirs
̃ de gammes "chroSiàtiqties, des images de
jeunes filles- jouant pendant quatre lieu-
f enilietoo du FIGARO da K S février
_zz_ i– ̃ Jl
1ÊS MBITS -SANGIANTES
La chasse fut-des plus fructueuses, 1
tel point que, malgré leur nombre, les I
chasseurs furent un moment embarras-
sés pour contenir et emmener tout leur
̃ jgibier. ·
Dans la vaste chambre où les agents
avaient, successivement amené tout ce
qu'ils avaient trouvé, hommes, femmes,
'vieillards, enfants, un commissaire était
-îà,-avec d'autres agents, enregistrant au
fur et à mesure toutes lés captures,, et. en
Pressant un-état scrupuleux.
Tous ces vagabonds ou'malfaiteurs
furent solidement liés par couples, et
mis dans l'impossibilité de nuire ou de
s'enfuir. •
Le commissaire avait du reste procédé
avec une méthode aussi prudente que
rigoureuse.
Tous les sujets sur lesquels on avait Il
pu mettre la main étaient réunis en tas,
avec l'ordre de s'asseoir et' de ne point
bouger, sous peine de recevoir dans la
tête une balle** que 'les agents, groupés
autour, le pistolet au poing, étaient prêts
à leur administrer.
Dés qu'on en avait lié six, deux à deux,
on les faisait conduire, sous la garde de
deux agents, à la principale entrée des
1 carrières où des voitures cellulaires les,
attendaient pour les conduire rapide-
ment à la Conciergerie.
•* Mais il arriva que, vers la fin de l'opé-
̃' ration,- un des malfaiteurs, vieux rou-
lier, formant nombre impair, qui s'était
couché comme accablé parle sommeil,
se mit à ramper entre les uns et les au-
ta'-raproctuetion est interdite, Pour obtenu?
l'autorisation, s'adresser à l'auteur, aux bu-
reaux 4* journal.
res ut ré mi fa sol, sol fa mi ré, ut, ut ré mi
fa sol, sot /'a mi ré ut, ou écorchant avec
frénésie la Polka nationale et le Rocher
de Sàint-Malo. Un sentiment de basse
vengeance anime la souveraineté natio-
nale'i Elle vote à une immense majorité
la prise en considération de l'amenda-
mènt Belcastel, et le renvoie à l'examen
de la commission.
Pauvre commission! Pauvre chien-
chien!
Du même coup, l'article 12 se trouve
ajourné, car l'impôt des pianos, s'il est
adopté, remplacera absolument la taxe
sur les successions.
Ensuite on revient aux chèques, lais-
sés un instant dans l'ombre. La commis-
sion a travaillé de nouveau elle a élu-
cidé la question. Maintenant il n'y a plus
d'obscurité, tout est clair, tout est sim-
ple, tout est net.
Du moins la commission l'espère.
Hélas, il n'en est rien. La question ne
tarde pas à s'embrouiller de nouveau.On
se rappelle que la difficulté réside dans
l'assimilation que l'on veut faire entre le
chèque et la lettre de change.
Protestant contre cette assimilation,
M. Adam, aidé de MM. André et deSou-
beyran, demande à l'Assemblée de déci-
der que* le chèque ne pourra jamais être
qu'un instrument de banque, entre les
mains des banquiers.
M. Pouyer-Quertier, qui réprime éga-
lement l'assimilation, refuse aux ban-
quiers d'avoir seuls le droit de se servir
du chèque, et veut étendre ce droit aux
"commerçants.
Voici d'ailleurs un-apercu de la dis-
cussion sur les chèques telle qu'elle
frappe les oreilles et se présente aux in-
telligences parlementaires
« II s'agit de.savoir si les délégations,
mandats à vue seront soumis, au timbre
proportionnel. En France, où le. senti-
ment de l'égalité n'a pas admis qne le
chèque a malheureusement abusé de la
législation, ayant pour objet de faire du
chèque un merveilleux instrument de
progrès, tandis, que' la rédaction de l'ar-
ticle fait croire qu'on; restreindra les
conditions dans lesquelles notre système
n'a pas été calqué, sur le système an-
glais. »
.Ainsi de suite pendant deux heures.
M. Bethmont résume d'ailleurs la si-
tuation pénible où la question des chè-
ques plonge tout le monde,
Quant à moi,s'estécrié ce naïf gent-
leman, je n'y comprends rien du tout 1
Si M. Bethmont croit être le seul.
C'est ainsi que la discussion recom-
ménce, dans les mêmes termes, sur le
même terrain et avec la même obscurité
qu'avant-hier; On peut pour très peu de
chose se procurer un journal de mer-
credi, et l'on se figurera la séance d'au-
jourd'hui.
Il est vrai qu'on n'y trouvera pas le dis-
cours prononcé par M. Wolowski sur les
chèques, et qui n'a pas peu contribué à
jeter un voile profond sur la question at
à faire la nuit complète, là où il y avait
encore une faible lueur de, jour.
A ce point de vue, la séance d'avant-
hier était de beaucoup préférable" à celle
d'aujourd'hui. A un autre point de vue,
la- séance d'aujourd'hui l'emporte sur
celle d'avant-hier.
On a voté sur la question. C'est-à-dire
qu'elle,est résolue, qu'elle est finie, qu'on
n'en, entendra plus parler.
L'amendement de M. Adam a été re-
poussé à une forte- majorité. Tout le
monde a le droit de tirer des chèques. Je
suis rentré chez moi'triomphant. Enfin,
je puis faire des chèques!
Albert Millaud.
La séance du Conseil municipal de
jeudi, dont nous rendions compte hier,
s'est terminée par la lecture d'un très
remarquable rapport de M. Edmond Jou-
bert sur l'apurement définitif des comp-
tes de l'exercice 1872.
Ce travail considérable embrasse dans
leur ensemble et suit dans le détail des
chapitres consacrés à chacun d'eux tous
lés services, si nombreux et si divers,
qui forment le vaste budget de la ville.de
Paris. L'exposé fait par M. Joubert, avec
beaucoup de méthode et une;rare luci-
dité, a captivé pendant plus d'une heure
l'attention et l'intérêt du conseil.
̃Lajpaft une fois faite à quelques ob-
servations d'une critique .courtoise" mais
non dénuée de vigueur, l'honorable rap-
porteur a su mettre en évidence l'amélio-
ration obtenue dans la situation finan-
cière de la ville de Paris, par les modifi-
tres, passa même entre les jambes des
agents sans que ceux-ci s'en aperçussent,
et dispatut..
L'expédition des prisonniers touchait
à sa fin. Il n'en restait plus qu'une ving-
taine.
Le commissaire récapitula leur nombre
et fit le compte tant de ceux qui étaient
partis que de ceux qui restaient, puis
s'écria •-
-t; -II en manque _un
Il y eut" une vive. émotion parmi les
agents.
Pas possible! fit Turi d'eux.
Le. commissaire se remit à compter, et,
au bout d'un instant
je vous dis qu'il en manque un il
faut me le trouver.
On regarda de droite et de gauche, sans
néanmoins trop s'écarter de la surveil-
lance de'la bande, et pendant que, quel-
ques agents furetaient dans tous les
coins, le commissaire, le/chapeau ra-
battu sur les yeux pour dissimuler la di-
rection de ses regards, cherchait à lire
sur la physionomie des prisonniers au-
quel d'entje eux il devait s'adresser de
préférence pour en obtenir une révéla-
tion. ̃̃'̃•̃
Toutes les physionomies étaient.muet-
tes, tous les regards éteints.:
La crainte du châtiment, la honte de
s'êtee laissé surprendre, l'abattement de
la défaite, les lourdeurs d'un sommeil si
brusquement et si désagréablement inter-
rompu se peigriaient«euls sur ces.visages'
ravagés et leur imprimait la marque de
l'abrutissement.
Il y avait trois issues à la galerie dans
laquelle on se trouvait; chacune, dès les
premiers moments de l'invasion; avait
été soigneusement occupée. Il n'était
donc pas possible que le prisonnier se
'/ut échappé par là.
Ce qui paraissait le plus probable, c'est
que l'homme disparu s'était caché sous
le groupe assis, au risque d'y étouffer,
épiant le moment propice pourse glisser
dans quelque trou, dans quelque recoin,
jusqu^au moment où la police, renonçant
.à le découvrir, aurait enfin déguerpi.
cations importantes heureusement in.
troduites dans sa comptabilité et par
l'équilibre réel de son budget.
Après la lecture de son rapport, M. Ed-
mond Joubert a reçu les félicitations em-f
pressées et unanimes de ses collègues;
TELEGRAMMES
ET
CORRESPONDANCES
-> Maçon, 12 février. Le drame de Seno~
zan. M. Bonnebaigt, l'avoué de Pamiers
qui a reçu deux coups de pistolet de M. La-
croix fils', est toujours dans un "triste état.
On a dû lui faire la cruelle opération de
l'extraction de la mâchoire inférieure, qu'une
balle avait ^brisée. Il Ta supportée avec un
grand sang-froid. Sa patience étonne ceux qui
l'approchent.
M. Bonnebaigt s'est montré généreux. Dans
ses premiers interrogatoires, il affirmait
avoir étéblessé dans un duel régulier. Ce n'est t
qu'après avoir eu la- preuve des déclarations
de M. Lacroix fils, qu'il a consenti a tout ra-
conter.
Nice, 11 février. Je vous confirme
ma dépêche d'hier soir, au sujet' du jeune
Bertoni qui s'est Suicidé quelques instants
avant la représentation du Trouvère, en se
tirant un coup de revolver au cœur. Ce sui-
cide a causé une grande sensation dans le pu-
blic de la salle, et surtout parmi les artistes
du théâtre.
< Ce soir, 11 février, grand bal chez M.
le marquis de Villeneuve-Bargemon, préfet
des Alpes-Maritimes. Très belle fête. Xa co-
lonie étrangère et les notabilités de Nice y
assistaient. Beaucoup de jolies femmes et
fort belles toilettes. • ̃̃
~v~ Bayonne, 12 février. Le bombarde-
ment de Bilbao commencera le 14 ou le 15,
dans deux ou trois jours. Les carlistes font le
blocus de cette ville, avec sept bataillons.
Sans parler des huit canons pris à Portuga-
lete, ils possèdent vingt pièces d'artillerie
quatorze de 24 et de 36, et six obusiers. Leurs
munitions sont considérables.
Vingt-six bataillons carlistes forment en
outra un cordon de Logrono à Santander,
pour empêcher Moriones de passer. ̃
Celui ci dispose de 15 à 18,000 hommes. Il
en demande 40,000 ;pour dominer la situa-
tion.
Dans la petite ville frontière dé Fontarabie,
une compagnie de volontaires venue de
Saint- Sébastien, a exigé une forte amendé de
jSaint-Sébastién, a, exigé une forte amendé ¡:le
tous les habitants- soupçonnés de carlisme.
Ceux qui n'ont pu payer en argent se sont vu
enlever leurs meubles, leurs denrées et leurs
bestiaux..
On nous communique la lettre suivante
de Saïgon (Cachinchine) le 4 janvier f
Le 21 décembre, des Chinois au drapeau
noir ont attaqué la citadelle de Hanoë, à dix
heures du matin. M. le lieutenant de vais-
seau Garnierf commandant de la petite gar-
nison, avait réussi à repousser cette attaque
mais ayant eu la mauvaise inspiration de
tenter une sortie, il a -été frappé, à mort,
ainsi que le jeûne enseigne de vaisseau
Balny. Nous avons eu, en outre, quatre ou
cinq soldats tués et six ou sept blessés.
Le gouverneur de la Cochinchine, M. le
contre-amiral Dupré, ayant appris ce malheu-
reux* événement le 25 décembre, a fait partir
immédiatement pour le Tonkin, un renfort
d'une compagnie d'infanterie de marine, sous
les ordres du lieutenant Gondard, attaché à
son état,major. Un second détachement, fort
de deux compagnies et demie d'infanterie de
marine, partira demain 5 janvier pour ren-
forcer la garnison de Hanoë. M. le chef de
bataillon D»jardin est chargé de la direction
des opérations militaires dans le, Tonkin.
Les postes voisins de Han.oc| Hoï-Duong-
Nam-Dinh, Ninh-Bing, n'ont pas été inquié-
tés jusqu'ici. Ils sont, d'ailleurs, occupés par
de petits détachements, et par consé-
quent dans l'impuissance d'agir eux-mêmes
extérieurement. Ordre a été donné aux com-
mandants de ces postes de se tenir sur la dé-
fensive. --̃̃̃
Auguste Marcade.
PARIS iF JOE .11 .JLOVÎ
Le départ de M. Melvil-Bloncourt, au
momentprécis où son cas semblait se
gâter, a produit une certaine émotion
on s'est demandé si l'inviolabilité des
députés devait s'étendre jusque-là. La
France, qui appartient à la politique cen-
tre gauche et qui par conséquent n'est
point suspecte d'un esprit de réaction
exagéré, n'esfcpoint de cet avis.
On n'a pu, dit ce journal, vouloir que
l'immunité de député assurât l'impunité
à un coupable et pût le soustraire aux
conséquences d'une demande en-- autori-
sation,de poursuites.
C'est ce qu'a bien compris le législateur
anglais. Chez nos voisins, en. même temps
quele Parlement est saisi d'une demande en
autorisation de poursuites contre un de ses
membres, celui-ci est place sous la garde
C'est ce que se disait le commissaire,
et s'étant fait la réflexion _>
Allons, debout, et vivement com-
manda-t-il aux prisonniers.
Debout! répétèrent -les agens d'un
ton et d'un air menaçants.
Les prisonniers.se dressèrent cQmme
:un- pelQton de fantassins à l'exercice,
sous l'injonction d'un caporal..
J^e commissaire examina entre eux,
autour d'eux, jusque sous leurs pieds.
Il n'y avait pas l'ombre du fugitif 1
Le commissaire était aussi perplexe
qu'irrité.
Il fouillait, à nouveau, dans son esprit,
pour y trouver quelque inspiration, sans
cesser pour cela de surveiller là physio-
nomie des prisonniers, chez lesquels il
lui paraissait impossible de ne, pas ren-
contrer, un moment ou l'autre, un in-
dice, lorsqu'un'd&'Ses hommes, qui n'a-
vait cessé de rôder et de chercher au,-
tour du cercle formé par les agents, son-
dant les parois et le sol de la galerie, avec
le bout de sa. canne plombée, s,'écr|a. j
-rMais, il y a- un trou, ici! `
Il y avait, en effet, un trou percé dans
un dès angles de la chambre, un trou que
la police ignorai tv et dont les habitués
des carrières eux-mêmes n'avaient -pas
découvert depuis bien longtemps l'ou-
verture.
–Un trou? fit le commissaire sans
beaucoup de surprise et, sans cesser d'in-
terroger les prisonniers du regard, eh
bien! regardez-y
Tous les agents avaient tourné les yeux
du côté où leur camarade avait signalé
sa découverte-
-r- Impossible de rien voir comme cela,
reprit celui-ci, qui s'était penché avec sa
lanterne, pour se rendre compte 4e ce
qu'il avait devant lui.̃
Allez-y donc voir aussi, dit le com-
missaire au chef de l'escouade, qui se
trouvait à ses côtés.
Que ne vont-ils y regarder tous! 1
murmura un des prisonniers à son voi-
sin cela nous tirerait peut-être d'affaire 1
Le, commissaire entendit ces paroles,
mais sans pouvoir connaître celui qui
les avait prononcées, et tl se dit
d'un employé de la Chambre.elle-même, jus-
qu'à ce que la commission nommée pour exa-
miner l'affaire, se soit prononcée..
De cette manitre on a- pu concilier le prin4
cipe de 4'inviolabilité parlementaire. avec le
respect absolu de la loi, et nous croyons que,
pour la dignité de nos Assemblées, il serait
bon qu'il en fut de même en France.
#*# Malgré la sagesse de commande et
la résignation que les malins de la gàu-_
che imposent à leurs subordonnés, quel-
quefois la vraie "pensée des radicaux
perce sous la peau d'agneau dans laquelle
on les enveloppe. Le Progrès de Lyon no-
tamment est intéressant à consulter sur
ce point. Ainsi, il disait l'autre jour':
C'est le centre gauche et les modérés de la
gauche qui, depuis trois ans, ont fait tout lel
mal. Ils ont compromis la République et la
France par le manque de volonté et d'éner-
gie. Sans opinions tixes et précises, ils sont
toujours beaucoup plus occupés de dire" les
opinions qu'ils n'ont pas que d'affirmer celles
qu'ils ont. Ils se séparent tantôt de l'un, tan-
tôt de l'autre, personnifient, entretiennent et
protégent cet esprit d'hésitation et de fai-
blesse qui, depuis soixante ans, fait que la
France en est arrivée à n'être plus en Europe
qu'une puissance de second rang.
Grâce à qui?. Mais voyons ce que les
radicaux sincères voudraient obtenir de
leurs nouveaux amis. °
Ils pouvaient, en organisant l'abstention à
l'Assemblée, amener la dissolution, et par
conséquent l'établissement définitif de la
République. Au lieu'de cela, ils hésitent;
jouent aux hommes d'Etat, baissent tout faire,
cachent même aux yeux du pays la conspi-
ration royaliste qui le menace. Par moment
ils s'effarent. M. Laboulaye, à la sortie de la
commission des Trente, après le vote sur la
proposition électorale de M. Chesnelong,
n'est-il pas venu se jeter aux pieds de Gam-
betta et le prier de pousser le cri d'alarme.
Mais lorsqu'ils le font, il est trop tard.
Ils se décideront peut-être à l'abstention,
un jour, lorsqu'il ne sera plus temps.
C'est à l'opinion publique à se prononcer,
en disant nettement au centre gauche
Pendant que vous vous amusez à politi-
quer à Versailles, nous souffrons la misère.
Vous avez entre les mains un moyen 4'en, fi-
nir. Servez- vous-en, ou c'est vous qui serez
responsables.. ̃
Voilà le-centre gauche prévenu. Il fau-
dra bien qu'il choisisse un jour.
#*# Un honorable, négociant de Paris,
qui n'hésite point à se proclamerconser-
vateur, envoie au Moniteur universel une
lettre qui 1 contient, sur la question des
impôts, quelques idées intéressantes. Il
développe cette idée que le commerce
-est- accablé et que la propriété foncière,
au moins dans une partie de Paris, n'a
pas été atteinte. 'p
Je suis chef d'une maison de commerce
établie depuis quarante' ans dans une pro-
priété dont elle occupe une partie.
Pendant vingt ans, de 1834 à 4854, on a re-
nouvelé plusieurs baux sans aucun change-
ment; mais à cette dernière date, les démo-
litions nombreuses qui ont changé tout le
quartier -Sans nous' atteindre ont permis au
propriétaire de porter notre location dé 5,500
francs à 8,000 fr., soit une légère augmenta-
tion de 2;500 fr. par an. Cette augmentation,
nous la payons depuis vingt ans, ce qui fait,
avec les intérêts, bien plus de 100,000 fr. Par
suite de cette augmentation, le fisc en a fait
autant de son côté, ce que nous pouvons
évaluer>.20,000fr/ :̃ ̃
Aiiïsi," voilà de vieux commerçants qui
payent à leur propriétaire 100,000 francs, au
lise 20,000, et le propriétaire, qui est un oi-
sif, a tout gardé, et on ne lui a rien ou pres-
que rien demandé. Est-ce équitable, et l'abus
n'est-il pas criant? Les ministres des finances
prétendent qu'ils ne peuvent prendre de
l'argent que là où il y en a. Il me semble
qu'il ne serait pas difficile de le prendre là
où il esj: il ne s'agit que de le répartir d'une
manière équitable. ̃.
W Notre carnaval français est mort,
celui de Venise ne se porteras très bien
et celui de Rome dont nous connaissons
tant de descriptions nebat plus que d'une
aile. Vous vous rappelez la course des
Barberi dans \&.Monte-Christo d'Alexan-
dre Dumas? M. Erdan nous apprend dans
le Temps qu'elle a véc'u.
La suppression de la course quotidienne
des chevaux barbej, qui se faisait de la place
du Peuplé à la place de Venise, tout le long
du Corso, a changé le caractère du' carnaval
romain.
C'était « barbare, » a dit l'esprit nouveau
mais c'était bien original. Le canon tonnait.
La foule, non sans peine, arrivait à faire la
haie, pour laisser passer ces 'petits chevaux,
rapides comme l'éclair. Il y avait une sorte
d'émoi, qui, vers cinq heures et demie, clô-
turait la vaste scène des confetti.
Cela a disparu. Le carnaval de Rome res-
semble un peu maintenant à tous les autres.
Il est d'ailleurs encore fort beau. Les mas-
ques sont nombreux. Le Corso, aux balcons
tendus de draperies, est toujours d'un^ orne-
mentation saisissante. ̃
Da,plu8,'7" "oe qu'on ne voyait pas sous l'an-
Evidemment, puisqu'on souhaite que
nous allions tous regarder à ce trou,
c'est qu'il est profond, et que ces mi-
sérables -ne seraient pas fâchés dé
nous y voir tous autour pour tenter
un effort suprême, se ruer à l'impro-
tiste sur nous et nous y précipiter.
Mais alors, continua en lui-même le comL
niissâire, je né vois pas comment l'homme
que je cherche aurait pu s'y réfugier, à
moins qu'il n'y ait une échelle ou un es-
calier. Jlfaut examiner cela ;attei>tjvé-,
ment.
Comme il achevait son raisonnement,
les agents qui étaient chargés de 'con-
duire ..les .prisonniers revinrent et em-
menèrent le reste de la bande, à l'excep-'
tion de deux qui, solidement enchaînés,
restèrent sous la garde particulière d'un
seul agent, le commissaire espérant en;
tirer quelque renseignement.
Il s'approcîia ensuite du trou, et ne fut
pas longtemps à reconuaitre que .c'était1
l'ouverture d'ui] puits de mine qui avait t
dû servir de voie de communication en-
tre la-galerie dans laquelle on se trou-
vait et des galeries inférieures.
Le puits était très-profond et, naturel-
lement, très noir.
Mais,àlafaveuï de la lumière des deux*
lanternes.que le brigadier et l'autre agent
tenaient Suspendues dans l'abîme, ïe
commissaire put bientôt s'apercevoir qu'à
longueur de bras, il y avait à la partie de
la paroi qui'était de son côté un fort piton
de fer auquel étaif; attachée une corde
plongeant à une profondeur que l'obscu-
rité ne lui permettait pas de calculer.
Plus de doute, dit-il à ses agents
notre homme a disparu par là, et ce trou
dût-il conduire aux enfers, nous l'y pour-
suivrons 1
Là-dessu^ il allongea le bras et saisit
la corde qù'il tira à lui.
Elle était à nœuds, en assez bon état,
et n'avait pas plus de deux mètres de
longueur,
Par conséquent, raisonna^ le com-
missaire, le trou n'est pas si profond
qu'il en a l'air, ou bien il reste quelque
chose éclaircir.
cien régime les organisateurs attitrés de
ces fêtes carnavalesques; via société dite de
Pasquin^s distingue -parades compositions
somptueuses. tS
Saturne, le vieux dieu latin, est entré par
la porte: Flaminienne ou du Peuple. Son char
était superbe. Cérès, .qui le- suivait, n'était
pas moins splendide. Us rencontrèrent Pas-
quin' au bas du'Pincio. Lé char de Pasquin
c'était un éléphant trailié par des bœufs.
Tout cela, au bruit des musiques, traversa le
Corso.
On reverra trois ou quatre fois, jusqu'au J
Mardi-Gras, ce grand cortège. Le soir du
Mardi-Gras, Saturne retournera dans l'O-
lympe, et Pasquin, de désespoir, se brûlera,
et ce sera le signal des maccoletti, qui, en
l'absence des chevaux barbes, resteront
comme la spécialité essentielle de ces fêtes,
rappelant ce vieux carnaval qu'ont célébré
Gœthe avec tant de poétique couleur, et
Corinne en son pathos.
### M. Edmond Neukomm, dans une
série que publie Y Art musical, les Causes
célèbres de la musique, cite une anecdote
peu connue, d'apr,ès les .mémoires de Fla-
mand-Grétry. Ce personnage 'qui avait
épousé une nièce de Grétry et qui était ta-
pissier de son état, intenta un procès à
la ville de Liège pour la possession du
coeur de son qncle. En parlant de M. de
Markoff, ambassadeur de Russie à Paris
sous le Consulat, il raconte le fait sui-
vant
On a toujours cru, dit-il, que M. de Markof
était déyoué au premier consul. Je vais citer
un fait qui prouve le contraire'. Parmi les
effets de l'ambassadeur, il se trouvait plu-
sieurs de ces petits écrans qu'on porte à la
main pour.garantir la figure de 1 ardeur du
feu. J'en découvris un qui me parut très ex-
traordinaire. En l'observant de plus près, j'y
remarquai un petit ressort; je le ns partir;
alors j'y vis Bonaparte attaché sur la planche
de la guillotine, que ce ressort faisait baisser
sous la hache, et j'y lus ces mots A rempla-
cer. On imagine bien que ce petit écran fai-
sait le tour et l'amusement de la société. On
se le'passait de main en main, et chacun fai-
sait son commentaire à sa façon. F. m.
♦ 'u _•
JOURNAL OFFICIEL
Promulgation de la loi accordant une in-
demnité.de 212,000 francs à M. Souberbielle,
ex-entrepreneur général des transports de
l'armée française au Mexique.
Décrets nommant des maires et adjoints
dans les départements des, Basses-Alpes,,de
l'Ardèche, deJ'Ariége, de' là 'Dbrdogne, de la
Haute-Garonne, de Saône-et-Loire, de la
Haute-Savoie, de. la Seine, des Bouches-du-
Rhône, du Calvados, de la,. Mayenne, des
Deux-Sèvres. ̃
Injustices et Abus
IIISTOIRES DE LA RUE
Deux individus qui appartiennent le
plus ordinairement aux nouvelles « cou-
ches», se, prennent de querelle dans la
rue."
Ce qu'ils se disent pendant dix minu-
tes, un quart d'heure, et même une demi-
heure, je ne le redirai pas ici.
Tout Parisien le sait aussi bien que
moi. ̃
Précisons, seulement, que tout ce. qui,
peut sortir d'une bouche humaine de
plus ignoble, de plus immonde, de plus
dégoûtant, de plus dissolvant, de plus
gangreneux, de plus contraire aux
convenances, à la décence, à 1-honnêteté,
aux bonnes.mœurs, se distille, au tra-
vers de ces quatrelèvres affolées, et cela
de la façon la plus sonore et la plus réa-
liste. >
Un cercle énorme se forme, en un ins-
tant, autour- de ces deux langues puru-
lentes. ""̃̃
Dans ce cercle, il y a,des enfants, des
jeunes filles, des femmes respectables,
que la curiosité attire fatalement.
Il y a aussi quelques sergents de ville.
Et néanmoins, ces deux leaders impro-
visés du propos salle et infâme, à con-
dition qu'ils ne se prennent pas trop aux
cheveux, qu'ils ne cassent nulle devan-
ture et ne mangent le nez à aucune des
personnes de « l'honorable' société, »
peuvent rentrer tranquillement et impu-
nément chez eux.
Cette scène, entre gens bien ou mal
élevés, se reproduit, plusieurs fpisv par
jour, dans les rues les plus feéquentées
de Paris.
Entre cochers qui se croisent, qu'ils
soient d'omnibus, de la voiture de maî-
tre, de la petite voiture ou du marronage,
la scène se répète un nombre in calcula-
ble de fois.
Et, alors, nous nous demandons "ce"
que la loi eUa police entendent par ces
mots Outrage a la pudeur et à la morale
publiques ?
Puis, cessant dé *se parler à lui-
même
Un homme de bonne volonté, de-
manda-t-il à son entourage, pour voir ce
qui se passe là-dedans.
Tous s'offrirent. Mais celui qui avait
découvert le trou demanda comme un
droit aoquis d'opérer la reconnaissance;
et le commissaire le lui accorda,
Il Q'.était point.prudent de s'aventurer
sur la corde (Jue l'on venait de trouver.
Peut-être n'était-elle qu'un piège,
Le commissaire s'en servit, toutefois,
pour y attacher une lanterne qu'il: pro-
mena dans le trou noir et béant aussi
loin que le permettait la longueur de la
corde,
II se fit une nouvelle révélation. »
A quelques centimètres du, point où
atteignait la lanterne apparut une forte
barre de fer, de l'épaisse*ir du bras, à
peu près, qui s'avançait à environ la moi-
tié du diamètre .du'puits, "et recourbée
dans le sens du bauten forme de crochet.
Le commissaire se demanda longtemps
à quel usage cela pouvait servir.
Puis, n'y comprenant r|en, il interrogea
les deux prisonniers qui. lui restaient
sous la main.. ̃ "̃
Les deux prisonniers répondirent qu'ils
ignoraient jusqu'à l'existence du «trou. »
Pendant ce temp^-là arrivèrent des
cordes, et des crochets, qu'on avait en-
voyé chercher.
On ficha les crochets dans le sol, on y
attacha les cordes, et l'agent qui avait
réclamé l'honneur de l'exploration dispa-
rut dans le gouffre.
Il alla, tout d'abord, jusqu'au fond le
puits, comblé depuis longtemps de dé-
bris de plâtre, n'offrait pas d'issue.
L'explorateur fut remonté lentement,
de façon à, ce qu'il pût examiner, avec la
plus ii1inut¡eu~.e:attention, les parois cir-
plus minutieuse-attention, les parois cir-
culairesautour desquelles on le prome-
nait. w ̃ '̃̃
Arrivé à la barre de fer que nous avons
signalée, il annonça qu'immédiatement
au-dessous, il y avait une excavation
comme la bouche d'un four.
Le commissaire le fi, t. aussitôt f emon-
ter hors du puits, et voulut voir là chose
de ses propres yeux.
INFORMATIONS
La Journée:
Nous recevons une grave nouvelle. Un
ancien préfet de l'Empire, ex-directeur
d'une banque de Paris, s'est brûlé la
cervelle à Londres, laissant derrière lui
un déficit de six millions.
Nous donnerons ultérieurement des dé«
tails.
M. Pasquier, président de la" chambra
des appels de police correctionnelle, est
mort hier matin, â la suite d'une courte
maladie.
Il y a quinze jours, il présidait les dé-
bats de l'affaire des marchés de la gen-
darmerie.
M. Pasquier était le. doyen des conseil-
lers, quand il fut, l'année dernière, ap-
pelé à la présidence d'une chambre.
Il laisse au Palais le meilleur souve-
nir tous ceux, qui l'ont connu ont pu
apprécier son esprit droit et ferme, fin-
dépendance de son caractère et sa grande
expérience. ̃
M. Pasquier était cousin du duc d'Au-
diffret-Pasquièr..
Autre décès, celui de M. Polo, directeur
de Y Eclipse. M. Polo était depuis long-
temps malade, comme on sait.
LE CRIME DE LA RUE MONTHYON,– J)0OTOS
ASSASSINAT SUIVI DE SUICIDE. TROIS CA-
DAVRES EN PUTRÉFACTION. HORRIBLES DÉ-
TAILS.
Je viens d'assister à une scène d'hor-
reur telle que je n'en avais pas vu de
ma vie entière; ni à Rueil, lors de la ca-
tastrophe, ni àrVincennes, le jour de
l'explosion, et pourtant il y avait là une
effrayante rangée de cadavres mutilés.
Mais prenons les faits dans l'ordre où
ils doivent être racontés.
Depuis deux ans habitaient 8, rue Mon»
thyon, dans un .appartement situé au
deuxième étage, au fond de la cour, les
époux, Coionat et leur fille. Le père,
un homme de cinquante-cinq ans, à la
figure sombre et au caractère triste,
était employé comme chauffeur par la
Compagnie des eaux de la Ville; il ga-
gnait cent soixante francs par mois. La
jeune fille; de son côté, Anna Cozonat,
âgée de vingt-un ans, était ouvrière à
quatre francs par jour chez madame
Blanche, couturière, 6, ;passage des' Pa-
noramas. La famille avait donc de quoi
vivre. Aussi payait-elle régulièrement
son terme, et ne devait-elle rien à per-
sonne dans le 'quartier. Elle y jouissait
naturellement d'une bonne réputation.
La jeune fille notamment était très es-
timée. C'est que, bienvqu'elle fût remar-
quablementjolie,– brune*, ayeedes grands
yeux, noirs très doux, une bouche un peu
grande et souriante, –.elle se conduisait
admirablement, et, au'lieu de se laisser
aller à des tentations qui se faisaient'ïia-
turellement très nombreuses sous' ses
pas, elle travaillait le spirj-'suivant dif-
férents cours, pour achever son instruc-
tion
II y a une vingtaine de jours, le con-
cierge'de la maison,-M. Michel, fut assez
surpris de n'avoir vu depuis trois jours
aucun des Gozonat. Il en parla a plusieurs
locataires, qui émirent l'opinion qùë cela
ne regardait personne.
Huit autres jours se passèrent.
Cependant, une odeur fétide et persis-
tante se répandaitHans tout l'étage.
A côté des Cozonat demeurait, une
.bonne femme, madame Millard, qui se
trouvait indisposée.
Comme cela sent mauvais chez vous!
lui dit son médecin, M. le docteur Tlîé-
venet. Mais savez-vous que c'est extrê-
mement malsain S
-Mais ce n'est pas ici, répondit ma-
dame Millard.
N'importé. Veillez donc à cela 1
Madame Millard rapporta cette conver-
sation au concierge, qui monta et sou-
leva le paillasson placé .devant la porte
de Gozonat.1 p ]~te
Alors, nous a dit M. Michel, j'ai
senti comme une odeur dé viande gâtée,
et j'ai pensé qu'ils en avaient laissé un
morceau chez eux en partant.
Plaçons ici ce, détail que» pendant
quelques jours,. on avait e^t^ndu un se-
rin gazouiller dans la chambre. Puis, la
pauvre petite bête avait cessé de chan-
ter. elle était morte de faim.
-Hier matin-, enfin, l'odeur devenant de
1' J 'F
Emile Faure.
C'était un homme résolu, et amoureux
d'aventures,^ autant par goût' que par
devoir' ^j-, -> ,••' -̃
On lui passa, à son tour, la corde sous
les bras, et il alla s'assurer de ce qu'on
venait de lui indiquer.
L'excavation existait, telle .que l'avait
décrite l'agent, mais il était impossible
déjuger par le regard de réndrbit où:
elle pouvait conduire."
C'est égal, dit le commissaire, s'il
n'y. a pas d'autre issue, je tiens mon
homme l
Et, animé par cette espérance, iî re
monta v fit confectionner à la, hâte une
échelle de cordes, qu'on fixa aux cro-
chets, et expliqua ensuite comment il en-'
tendait conduire la nouvelle entreprise-.
D'après ses ordres, on alla. chercher
une forte planche, une scie, un marteau
et. un ciseau. r
Un des agents descendit par l'échelle
de cordes, avec mission de pratiquer, en
face de Touvert-ure découverte, une en-
taille dans laquelle oh pût ficher un- des
côtés de la planche, tandis que r autre
côté serait introduit dans l'excavation.
De cette manière, on obtenait une
sorte de pont sur lequel deux agents pour-
raient attendre et veiller peadant quf le
commissaire et d'autres hommes iraient
par la voie mystérieuse à la recherche
du prisonnier disparu. la
En-même temps, ies abords du puits
dans la galerie seraient soigneusement
gardés pour prévenir toute surprise.
Les choses ayant été exécutées con-
formément à ce plan, le commissaire pé-
nétra, avec les hommes qui devaient
l'accompagner, dans l'excavation.
C'était l'entrée d'un de ©es boyaux
dont nous avons parlé, et qui allait en
s'évasant par un trajet d'une centaine da.
mètres jusqu'à une galerie.de tout point
semblable à celle que l'on- fejaait de
quitter.
Là, le commissaire et ses hommes
furent frap,p.és d'un spectacle fort ihàt-
tend,u, j,1
1 $ MIE D'AGHONîŒi
j {la suite -à demain.) °
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