Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1871-11-07
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 novembre 1871 07 novembre 1871
Description : 1871/11/07 (Numéro 239). 1871/11/07 (Numéro 239).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k274310f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
LE^âàfîO7- MAKM 7 NOWEaiBRK 1S71
WÏflsante pour réduire une grande cause aux
proportions d'une petite rancune.
Cet article ténébreux et entortillé comme
lin discours de Robespierre, est sans si-
gnature.
Qui l'a écrit î II y a des passages où l'on
eroit voir percer la triste haine d'une ri-
valité littéraire « C'était, du reste, tout
le portrait de M. Thiers laid, lourd et vul-
gaire. On eyf dit un passage de l'Histoire
du Consulat.»
Et plus haut
« n enseignait à tous les passants comme
M. Thiers a su faire sa fortune. »
Et M. Hugo, donc? Et ses fils, et les frè-
res de ses gendres, et ses alliés, et ses en-
censeurs, comment gagnent-ils 50, 60,000,
80,000 francs par an î
Avec cette horrible feuille qui a été
le journal officieux de la Commune, quoi
çqfetle en dise.
̃ SL Thiers, ce nous semble, n'a jamais
rien écrit de semblable.
liais de qui donc est cet article î
Voici toas les entrefilets du Rappel qui
suivent cette horrible excitation
̃.>̃• Numéro, du 13 mai}
< Çà et là
Hier encore, la foule s'est portée sur la
place Saint-Georges, croyant assister à la dé-
molition de l'hôtel Thiers. Elle n'a assisté
qu'au déménagement.
Un grand nombre de fourgons et de voitu-
res du garde-meuble stationnaient aux abords
dp l'ûôtel dès les premières heures de la ma-
tinée. Des délégués de la Commune les fai-
saient entrer successivement et remplir en-
[spTta avec le mobilier et les objets d'art qui
emplissaient les appartements du chef de
lWcutif.
Il n'a pas fallu moins de vingt grandes voi-
tùres pour opérer ce déménagement qui de-
vait être terminé à midi et qui ne l'était pas
encore à cinq heures du soir, au moment où
aous quittons l'hôtel.
Nous avons assisté à l'enlèvement des meu-
bles, des bronzes, des marbres, des tableaux
et des glaces. Les livres à eux seuls ont fait
le chargement de deux voitures.
Vers quatre heures, on a vu arriver, clai-
rons en tête, un fort détachement de ven-
geurs de la République, qui s'est arrêté sur
la place Saint-Georges, où il a formé les fais-
o.eaux. La circulation a été aussitôt interdite
sur le côté droit de la place. Cette mesure a
'cessé à la nuit. Le détachement s'est retiré
et tout le quartier a repris sa physionomie
ordinaire.
C'est aujourd'hui qu'on doit livrer l'hôtel à
la hache 6t à la pioche. Il aurait été question
nn moment d'y mettre le feu, et les pompiers
auraient même été consultés à ce sujet. Mais
devant les protestations énergiques des gar-
des nationaux qui campent dans l'hôtel, on a
bien vite renoncé à ce mode de destruction.
Numéro du 14 mai
Çà et là
La démolition de l'hôtel Thiers a commencé
hier matin.
.̃Extérieurement la démolition n'était pas
fort sensible. En passant sur la place à sept
heures du soir, nous n'avons vu de change-
ment qu'à la toiture, dont les ardoises et le
zinc étaient enlevés, mais dont la charpente
était intacte.
{ \Mais on nous a dit que le travail se faisait
du côté du jardin, et que là, la ruine allait
GRAND THA1N.
La place était gardée par deux cents gardes
nationaux au moins, dont les fusils étaient en
faisceaux, moitié contre l'hôtel, moitié en
face. Le milieu de la place était laissé aux
piétons et aux voitures que les gardes natio-
naux laissaient passer, mais non stationner.
Numéro du 18 mai.
Çà et là:,
La foule qui stationne Sans cesse devant la
maison de M. Thiers «t'a est pour ses frais de
curiosité; la démolition ne semble pas laire
de progrès; la ûfçada de la place Saint-Geor-
ges reste à pari près Intacte.
L'œuvre oô démolition n'en est pas moins
activement poursuivie seulement la pioche
ne.frapn'J que l'intérieur et le côté de la mai-
son qu'. donne sur le jardin. La façade ne de-
vta tomber qu'en dernier lieu, et* d'un seul
blof.
M. Thiers jette dans le Journal officiel
•ie Versailles, ce cri de douleur et de colère
contre les démolisseurs de sa maison
« Les,hommes de la Commune ont envoyé
» des omvriers pour commencer la démoli-
tion de la maison qu'habitait M. Thiers,
» sur la place Saint-Georges. Cetta mai-
> son, transmise par droit de succession
> ». madame Thiers et à mademoiselle
»DOf» g'>es années la demeure de l'homme d'E-
» 1«at illustre que les dictateurs de Paris
>,poursuivent de leur haine. Il y a composé
» ses immortels ouvrages, préparé les dis-
<» cours qui ont honoré la tribune française,
» reçu tous les personnages politiques, sa-
» vants, lettrés de notre époque/Ces vandales
» d'une espèce que 93 n'avait pas connue
» s'attaquent à la fois à la propriété privée et
à à de précieux souvenirs historiques.
« II faut que ceux qui exécutent, comme
ceux qui ont ordonné, sachent qu'ils s'ex-
> posent à d'inévitables réparations civiles,
> aux peines prononcées par Vi loi récemment
» votée, à l'indignation des gens de bien,
» quand la population de ^arJs sera rendue à
» ses sentiments naturels, et enfin aux plus
cruelles flétrissures do l'histoire. >
Nous avons hautement blâmé l'arrêté qui
ordonne la destruction de la maison do M.
Thiers. Perdre le temps à démolir quand on'
4a si peu de tem/pyj poar construire, nous a tou-
jours para pu<2rd et vain. `
Seulement TM. Thiers doit voir aujourd'hui
que nous n'?mons pas tort non plus de blâ-
mer sa cruf/lle parole aux francs-maçons qu'il
a'a nulle p-Art démentie < Il y aura quelques,
» maisons, trouées, quelques personnes tuées.
» mais foyfce restera à la loi. > -|?
1 ̃"̃ vV?
0 Nwnérodu 19 mai.
'La plaieon de 111.
La Maison de M. Thler*
II y a ou mardi, à l'Assemblée de Ver-
sailles, une séanoe d'épisodes, dont quel-
ques-uns assez, curieux.
D'abord, M. Jaubert, un ancien collègue
'de M. Thiers sous Louis-Philippe, vient pro-
poser à l'Assemblée un décret d'après lequel
maison du chef du pouvoir exécutif sera
relevée aux frais de l'Etat. Un membre de-
mande que ce soit aux frais de la ville de
•Paris mais la réparation serait moins
« nationale. L'urgence est déclarée.
t Nous l'avions bien dit, que le tour qu'on a
i voulu jouer à M. Thiers serait bel et bien
Ipayé à nos frais M. Thiers, lui,: y gagnera.
;On a remarqué que sa maison, qui avait un
[faux air monumental, ressemble fort à son
'talent et à son oeuvre les pierres de taille
«ont absentes, les moellons même sont rares
ce n'est que plâtre et que lattes. Mais l'Etat,
!qui fait bien les choses, va lui rebâtir un
petit palais.
A. de Montauban.
♦ m
Nous commencerons demain, pour
le publier sans interruption, l'épi-
logue du roman de M. Paul Perret
^La Sarrazlne.
TOUT PARIS
LE JOURNALISTE-AUTEUR.
Mon bagage dramatique est encore trop
mince, pour que l'on puisse supposer un
quart de seconde que cet article est une
plaidoirie de ma propre cause.
Il y avait, avec la double profession de
journaliste et d'auteur dramatique, un su-
jet de chronique de nature à intéresser la
clientèle littéraire du Figaro; j'en profite,
comme eût pu le faire d'ailleurs le pre-
mier journaliste venu dont le nom n'au-
rait jamais brillé sur aucune atâche de
théâtre.
#*#
Le véritable métier de journaliste est
tellement une occupation de tous les ins-
tants, quoi qu'en disent ceux qui, pour
quelques lignes publiées tous les cinq ans,
dans un journal qui naît, crève et dispa-
rait au troisième numéro, prennent le titre
de « journaliste qu'il laisse en réalité,
bien peu de temps après le labeur quoti-
dien, pour remuer des idées, imaginer
des pièces, les écrire et surtout les faire
répeter.
Il me serait difficile, j'allais écrire im-
possible, de publier les noms de tous les
Journalistes-auteurs
En voici pourtant une liste assez raison-
nable
Martinville Lepoitevin Saint-Alme,
M. et madame de Girardin, Constant Lau-
rent, de Biéville, Marc-Fournier, Paul
Foucher, Edouard Fournier, Etienne Ara-
go, Félix Pyat, Auguste Vacquerie, Paul
Meurice, Amédée Achard, Edmond About,
Albéric Second, Henri de Pène, Augustine
Brohan, Louis Leroy, Henri Rochëfort,
Wôlff, Jules Prével, Théodore Anne, Er-
nest Dubreuil, Aurélien Scholl, Auguste
et Léon Supersac, Dupeuty, Charles de
Courcy, Eugène Nus, Saint-Yves, Jules
de Prémaray, Edmond Villetard, Oswald,
Ernest Reyer, Ernest Lépine, Xavier
Eyma, Philippe Gille, Couailhac, Eu-
gène Chavette, de Calonne, Jules Cla-
retie, Théodore de Banville.
Il est plus que probable que j'oublie les
noms de beaucoup de mes confrères.
Comme je sais eombien, entre nous, nous
sommes peu susceptibles pour ce genre
d'omission, je les supplie à mains jointes
de ne point m'en vouloir et de ne pas me
vouer, pour si peu, à tous les dieux infer-
naux réunis.
-•' •
La première plèee
Il est rare que ce soit un journaliste qui
ait eu cette idée, le premier.
Un beau jour, un auteur pour lequel il
n'aura eu que des éloges, lui dit en flâ-
nant
Faisons donc une pièce à nous deux.
Une pièce Je ne saurais jamais.
Avec votre esprit, rien n'est plus fa-
cile, plus simple. Le théâtre, mais c'est
l'enfance de l'art! Avec les mots que vous
'semez dans une chronique, je me charge
d'en bourrer cinq actes.
Le journaliste comme le plus simple
des mortels! ne demande pas mieux
que de se croire capable de tout, et s'il
hésitait un peu, le directeur de théâtre,
qu'il rencontre le lendemain, achève de
le convaincre.
Aht vous voilàl. lui dit Pimpres-
sario, un tel me parlait de vous hier. Fai-
tes donc une pièce avec lui. Il a beaucoup
,de talent, vous avez un esprit d'enfer, à
vous deux vous ferez un chef-d'œuvre.
J'engagerai qui vous voudrez Lafon-
taine, Berton, Fargueil, Madeleine Bro-
han, enfin tous ceux^Tfônt vous aurez be-
soin.
̃ ""̃ **# •̃
Le journaliste llnitpar faire la pièce
avec X et elle tombe, hélas! trop sou •
vent à plat.
Le lendemain, on peut entendre ceci
eb birkctbub.– Eh bien, il a eu une jolie
idée X. de faire une pièce avec un jour-
naliste. Pour qu'il lui ;fasse des articles,
sans doute Quel imbécile 1
l'aotbcr x. Comprenez-vous cette
rage de me faire faire une pièce avec un
garçon qui ïfest bon qu'à. faire des
chroniques, et encore 1 Et qui est entêté
avec ça !>I1 ne veut rien entendre, le mi-
sérable f; Quelles brutes que ces direc-
teurs qui jouent lea journalistes dans l'es-
pérance d'être''soutenus par les journaux.
Nous arrivons à
L'opinion dn publie.
Le bon public, qui voit un journaliste
critiquer les oenvres de M. Emile Augier,
de M: Dumas fils.-de M. Théodore Bar-
rière^.ou de M. Labiche, se figure trop
souvent, que le jour où son critique
favori se donnera la peine de faire un
veaudeville1, un drame, un opéra, ou mê-
me une tragédie, Sardou, d'Ennery, Scribe,
Feuillet et Corneille lui-même, seront pul-
vérisés 1
*?*
Le bon public commence d'abord par
trouver toute sorte d'excuses au journa-
liste tombé.
Mais, subissant bientôt l'influence des
ennemis du journaliste et Dieu seul
pourrait savoir au juste de combien d'en-
nemis le journaliste la plus ignoré est ac-
cablé subissant, dis-je, l'infiuence des
ennemis de celui qu'il regardait hier en-
core comme un oracle, Monsieur Public
se met dé là" partie et tape dru comme les
autres.
Voilà bien ces genjs ( qui critiquent les
autres r ™_
Puis, pour montrer qu'eux aussi ont
jeté des regards furtifs dans leur bibliothè-
que, ils manquent rarement de s'écrier
-La critique est aisée et l'art est dif-
ficile! 1
Hâtons-nous d'ajouter que nous n'avons
pris ici que le revers de la médaille.
Plus d'un journaliste n'a pas été aussi
sifflé à ses débuts que notre illustre
maître,. Théophile Gautier, par exemple,
avec la Juive de Constantine.
̃̃•••
Je crois que le grand tort des directeurs
et du public avec les pièces des écrivains
c'est de croire qu'un journaliste est
'sacré pour ses confrères et qu'il suffit
qu'un de nous ait fait une pièce, pour que
tous les autres traitent de chef-d'œuvre
les quelques scènes qu'il a péniblement
réunies.
A ce compte là, messieurs les auteurs
dramatiques n'auraient plus qu'à changer
bien vite de métier, et messieurs les jour-
nalistes, couronnés d'avance par tous les
lauriers imaginables, n'auraient plus,
comme disait en riant ce pauvre Lambert
TMboust « qu'à encombrer le marehé
de leurs nombreux produits! ?
Un bon bourgeois ne se gêne pas pour
vous dira
Comme votre journal a éreinté votre
pièce!
Il a bien fait! s'il la trouve mau-
vaise.
Alors ce n'est pas la' peine d'écrire
dans un journall. ajoute-t-il naïvement.
Puissants efforts de la véritable impuis-
sance il n'y a vraiment que les démocra-
tes, les purs, comme ils s'appellent, pour
se trouver toujours et quant même par-
faits, admirables, sublimes!
N'est-ce pas, monsieur Vacquerie!
N'est-ce pas, monsieur Meurice?
Victor Koning.
P. S. Au moment où je termine cette
chronique, on m'apprend que plusieurs
directeurs de théâtre doivent provoquer
une réunion générale, afin de s'entendre
pour s'interdire à l'avenir toute espèce de
relations avec les feuilles communeuses
le Rappel en tête.
Que de malheurs évités plus tard si, gui-
dées par cette heureuse innovation, toutes
les corporations s'entendaient pour se dé-
barrasser, par tous les moyens possibles,
de ces lâches agitateurs, funestes et terri-
bles promoteurs de la guerre civile.
Le Rappel ne pouvant plus abuser de sa
petite influence dans les théâtres c'est
la véritable liberté pour ces derniers.
Mais que vont devenir alors tous les
prétendus succès de MM. Vacquerie, Meu-
rice, Jane Essler et C? r: g:
'̃̃̃•̃ T. K.
SPORT
STEEPLE-CHASES A LA MARCHH
Encore une jolie réunion à la Marche. À
deux heures précises, starter, juge, chevaux,
jockeys et parieurs, tout le monde était à son
poste. C'est que la nuit vient vite en cette
saison, et ma foi, si l'on ne commençait pas
exactement, on courrait grand risqua' de ga-
loper dans les ténèbres, comme cela s'est vu,
une fois, à Vincennes.
A deux heures donc, le tableau indicateur
était dressé, et trois numéros seulement y
apparaissaient t ceux de Cinna, Fleuriste et
Contrebande. Prétentaine devait partir, mais
M. Hennessy n'était pas là; on le demanda à
tous les échos d'alentour, puis le juge ordon-
na de monter le rouge. Quand M. Hannessy
et sa jument arrivèrent tout essônflés, il était
trop tard!
Le champ était ainsi assez maigre dans le
prix de la Celle Saint Cloud. Contrebande
et Fleuriste jouissaient d'une égale faveur,on
les prenait à six contre quatre; quant à Cinna
il trouvait quelques rares preneurs à quatre
contre un, Contrebande a gagné difficilement
après une lutte assez vive contre Fleuriste.
Dans le prix de Saint-Hubert-Selling race
peu d'incidents. Zéphirine l'a gagné assez fa-
cilement, débarrassée dès le début de la cour-
se de tous ses concurrents à l'exception d'un
seul, République, qui est arrivée seconde.
Dans le lot des retardataires semés deci-
delà pendant le parcours se trouvait Miss-
Fanny cet incident qui parait n'avoir aucune
importance, en avait une cependant, vous al-
lez savoir pourquoi.
Miss-Fanny est une jeune bête de trois ans,
noire de robe, qui appartient, à sir W. Wal-
ter, un personnage qlle je ii*ai pas du tout
l'honneur de connaitre même de vue.
Or, cette pouliche, anglaise de naissance,
se promène depuis quelque temps sur tous
'les hippodromes de steeple-chases, de façon
à appeler l'attention sur elle et à ne laisser
aucun doute sur ses qualités, bien qu'on l'ait
presque toujours vue disparaltre à la fin des
courses.
Quand on remarqua qu'elle s'arrêtait après
avoir parcouru mille mètres dans le selling,
chacun crut que sir Walter n'avait pas lieu
d'être satisfait de son jockey. Mais, sir Wal-
ter pensait autrement, et si j'insiste sur son
nom, c'est qu'il vient d'importer sur notre
turf une méthode de faire courir, jusqu'alors
ignorée.
Sir Walter a découvert le pommier indica-
teur. Voici le truc son cheval une fois parti,
il fait ses paris et, si la cote ne lui convient
pas, il détache un émissaire fidèle qui va sans
perdre une seconde se placer sous un pom-
mier sur le parcours et crie au jockey à son
passage « « Arrête! > (C'est ce qui a eu lieu
dans le selling.) Dans le cas au contraire où
sir Walter est satisfait de la cote, il envoie
Sous le pommier crier à son Jockey: « Ga-
gne! » (C'est ce qui a eu lieu dans le prix du
Potager, que Miss-Fanny a remporté au petit
galop, battant Belle-Duchesse et Grand*
champ.)
Voilà l'histoire du pommier indicateur in-
venté par sir Walter.
Dame, je ne vous cacherai pas que les com-
missaires et le public se sont un peu émus des
procédés de ce turfman et qu'alors il, a été
décidé in petto que l'on condamnerait Miss-
Fanny à 80 kilos à perpétuité dans les handi-
caps, ce qui nécessairement engagera sir
Walter à retourner aux environs de Londres
exploiter la découverte du pommier indica-
teur.
Le handicap libre est échu à Only a Clod
au duc de Hamilton qui a difficilement battu
Flora à M. Borda et Prétentaine II à M Hen-
nessy
r~ Robert Mûton.
COURSES DE MARSEILLE
(Dépèche télégraphique).
Il n'a pas cessé de pleuvoir depuis deux
heures du matin, la piste est très lourde et
malgré cet inconvénient, elle n'est pas abso-
lument mauvaise. Voici le résultat des cour-
ses
Le prix spécial a été gagné de dix longueurs
par Haydée, montée par Carratt, Aurora
seconde.
Le prix de la Société des courses a été ga-
gné, de deux longueurs, par Tasman, monté»
par Carratt; Turquoise second» et Junon
troisième.
Le prix du Yacht Club a été gagné par
Turquoise, montée par Carratt, Postérité,
seeonde, Belvédère troisième.
Le prix de la Société d'encouragement a.
été gagné par Avant-Garde, montée par Paa-
tal, Harmonie, montée par Haight, seconde,
Belvédère et Junon non placés.
Le prix des Phocéens-Handicap a été ga-
gné par Tirailleur, monté par Pantal; Kao-
lin, monté par Corringham, second, Loustic,
troisième non placés Postérité, Charmille,
La Périchole, Sacripant, Caprice et Haydée.
Dans ce dernier prix, le Starter a commis un
lapsus de drapeau, il l'a laissé tomber après
l'avoir relevé. Ce fcignal, mal donné, a été
cause que quatre chevaux sont restés au po-
teau Kaolin était du nombre et a perdu au
moins cent mètres il est probable que sans
cet incident, il y eût eu une belle lutte entre
ce cheval et Tirailleur.
A cela près, la réunion a obtenu un plein
succès MM. Lantelme, Roussy et Maurel ont
rempli les fonctions de commissaires.
a. h.
BOITE AUX LETTRES
Paris, 4 novembre 187JU
Mon cher M. de Villemessmt,
Je vous demande pardon d'entretenir en-
core le public du nommé Rabuel; mais, ma
parole d'honneur, il n'y a pas de ma faute
ë'est lui qui recommence à déposer le long
des colonnes -d'un journal communard ses
mensonges et ses calomnies. Puisqu'iLne vent
pas se taire, je suis-foMé'd'eaijeparler.
je pense n'avoir pas»$ revenir sur les faits
passés, la conclusion est un procès-verbal de
rétractation et d'excuses conçues en termes
tels qu'il faut que ce monsieur ait de bien
singulières idées sur l'honneur pour oser éle-
ver la voix. Mais il est, dans son larmoyant
plaidoyer, un passage que je ne peux laisser
sans réponse.
Cet homme politique dit m'avoir offert à di-
ner le 9 septembre 1870. Sa mémoire le sert
aussi mal aujourd'hui que son courage il y a
quelques jours. J'ai en effet dtné à l'hôtel de
ville, mais c'était en compagnie d'un batail-
lon de francs-tireurs dans lequel je venais de
m'engager et que la ville de Paris nourrissait
parce que nous étions de service. De là à une
invitation personnelle de ce monsieur, il y a
loin. Le terrible Rabuel ne saurait avoir la
prétention de donner à dîner à 1,200 hommes.
En ce temps-là, il n'avait pas encore été sous-
préfet, lieutenant-colonel et délégué à la
Commune sortant de l'intéressante classe des
placiers en fleurs, il n'avait pu mettre de côté
assez d'argent pour se payer un luxe pareil à
cette époque. Plus tard, je ne dis pas non.
Ce bataillon de volontaires partait le 9 pour
aller au devant des Prussiens, rentrait à Pa-
ris sept mois après avec 900 hommes de moins
qui avaient donné leur peau au gouverne-
ment du fougueux Rabuel qui pendant ce
temps, allait prudemment prendre position à
Mostaganem et à Toulouse, où il attendait
l'ennemi avec le calme stoïque qu'il devait
montrer par la suite, lors de la fameuse sor-
tie du mont Valérien, Commune, regnante.
Mon héros se pose ensuite en martyr et
parle de ses parents avec des larmes de cro-
codile dans la voix. Mais à qui la faute, sinon
à lui-méme, si sa famille souffre de compter
parmi les siens une telle individualité ? De
bonne foi on ne saurait accuser des tourments
de ces personnes les hommes qui, comme
moi, ne croient pas plus aux gros yeux de
ces Communards-Fracasse qu'à leur feinte
hypocrisiej
Ceci dit, comme je ne peux pas passer ma
vie à m'occuper de cà, je dépose mes pincet-
tes et vous promets de n'y plus toucher dans
le Figaro. Henri Cliabrillat.
le Figaro. Henri .Chabrillat.
♦ l
Faits divers
La préfecture de la Seine avertit les inté-
ressés que les commissions cantonales qui
ont été instituées pour apprécier les dom-
mages causés aux propriétaires durant les
deux sièges, ne recevront plus de réclama-
tions à partir du 16 de ce moie?
On a donc jusqu'au 15 pour déposer les ré-
clamations en retard à lalmairie de l'arron-
dissement. ̃ ̃
Sur les dix millions réservés d'abord aux
communes suburbaines comme indemnité
pour les désastres de la guerre, une somme
de deux millions va être mise, par décision
du ministère de l'intérieur, à la disposition
des habitants de la ville de Paris, pour être
distribuée immédiatement.
Cette somme est indépendante de celle de
six millions allouée précédemment pour ré-
paration des dégâts résultant des opérations
d'attaque de l'armée, lors de la délivrance de
Paris. .̃"̃
On se rappelle que, lors du procès de Ferré
et de ses complices, un témoin a raconté
qu'une femme avait, la première, déchargé
son revolver sur un des otages, Mgr Surat,
en lui disant «Tu demandes grâce, en voilà
une. »
Cette horrible mégère vient d'être recon-
nue à Saint-Lazare où elle subissait une peine
disciplinaire.
Elle était blanchisseuse avantla Commune.
On va la diriger sur Versailles.
Nous avons annonce l'autre jour l'arresta-
tion à la Varenne-Saint-Maur du docteur
Pillot, membre de la Commune. Il habitait
dans cette localité depuis la chute de- la Com-
mune une chambre de 15 fr. par mois, chez
un jardinier..
Il était tellement pauvre que, dans les der-
niers temps, il fut obligé de travailler à la
confection de dentiers artificiels. Il faisait de
fréquentes promenades dans la campagne et
venait même jusqu'à la gara sons le nez des
gendarmes..
Il continue à-nier son identité.
Les bureaux de la justice militaire, à Ver-
sailles, viennent de s enrichir d'une quantité
d'objets de valeur, provenant de saisies opé-
rées par les soins do la Commune. Toutes ces
pièces ont été trouvées au domicile du nommé
Fontaine, commissaire de police de la Goma
mune. Elles ont été soigneusement cachetées
et munies de fiches indiquant leur origine.
C'est ainsi qu'on à pu réunir une partie des
objets qui ont été pillés dans l'hôtel de M.
Thiers; il y a plusieurs coffrets, des bijoux,
des couverts et des timbalès d'argent, des li-
vres, des statuettes, enfin des objets d'art *de
tout genres à
Lé même commissaire de police avait aussi
opéré des razzias au domicile du baron de
Mackau et dans celai du maréchal Bazaine,
dont on a découvert les, épaulatteg,; ainsi que
des broderies d'or, des gravures et des plans
sur le Mexique, et une 'foule de choses" cu-
rieuses et remarquables; on" retrouvé plu-
sieurs coffrets dont la clef était absente et
qui avaient été facturés. •
Ce trésor est complété par les objets du
culte qui ont été enlevés à Ja chapelle expia-
toire et se composant de ciboires, de vases
sacrés, de tableaux d'autel, d'encensoirs, de
burettes, etc., etc, Il y a jusqu'à une canne
de suisse.
La collection de ces richesses réunie on ex-
position est des plus curieuses»
Mardi prochain, M. Léon Say, préfet de la
Seine, offrira un grand dîner aux membres
du conseil général. Le banquet sera servi
dans la cour couverte dn tribunal de com-
merce.
Mademoiselle Verdure, accompagnée de
M. Elio Daeoudray, le défenseur de son père,
s'est rendue hier dans les bureaux de la jus-
tice militaire à Versailles pour réclamer ce
qui avait été saisi sur Verdure au moment
de son arrestation. Après constatation, la re-
mise en a été faite par les soins du colonel
Gaillard.
Dans la soirée, Verdure a été dirigé avec
Ferrat et 'Régère sur le fort Bayard, en at-
tendant qu'on ait statué sur le choix de leur,
destination définitive.
Urbain, condamné aux travaux forcés, est
parti pour-Toulon. -ç-y
̃ mm^am^ ,>
On vient.de transporter an caveau de la
Madeleine, renfermant les restes dé l'abbé:
Deguerry, tous les objets restés dans sa cel-
lule et dont il s'est servi pendant sa captivité.
Ces pieux souvenirs ont été disposés autour
de son tombeau.
On y remarque le verre et l'encrier dont il
s'est servi au dernier moment.
On sait que l'administration des domaines
met en ce moment en adjudication le droit
de chasse dans les ex-foréts de la Couronne. r
Un de nos amis, allant dernièrement à Ver-
sailles, prendre connaissancer'du cahier des
charges imposées aux adjudicataires, fut tout
surpris d'y trouver cette clause x.
< En cas da changement de gouvernement,
le présent traité sera annulé. »
Sapristi! que M. le directeur des domai-
nes a donc de prévoyance!
Le président de la République a, parait-il,
fait une demande auprès du gouvernement^ °
prussien, dans le but d'obteoir pleine et ea-l
tière amnistie pour les soldrts français qui
sont encore détenus en Allemagne pour dé-
lits commis pendant leur captivité.
Le gouvernement de Berlin serait sur le
point de rendre à la liberté les soldats qui
n'ont été punis que pour de simples délits,
mais serait très décidé à conserver ceux qui
se sont rendus coupables de crimes. Heureuse-
ment, ces derniers sont en très petit nombre.
Le comte de Paris va passer quelques mois
de villégiature dans le Midi, très proBable-
ment à Cannes, où nn mandataire a déjà vi-
sité plusieurs villes.
Qnstave Nadaud fait paraître aujourd'hui,
sous ce titre, Mes notes d'infirmier, un livre
plein de patriotisme, d'émotion et d'humour.
Un joli in-18. Pr. 2 ïr. franco. H. Pion, édi-
teur, rue Garancière, 10, à Paris.
Paul Jouberl.
nw il jeu ie ion
On n'a pas oublié sans doute le lapsus
ce mot de lapms est poli et tel qu'il
convient quand il s'agit d'un ministre
échappé à la dernière improvisation de
M. Jules Simon. Parlant des architectes
des Tuileries, il avait nommé Jean Bul-
laut et le père du Cerceau, au lieu de An-
drouet du Cerceau, erreur de peu d'impor-
tance, après tout, et piquante seulement
en raison de la qualité de l'orateur ofil-
ciel. On avait ri, et c'était tout, mais voilà
que la Cloche s'en mêle et vient prendre la
défense de l'érudition simonesque.
Père du Cerceau, d'après la version de
la Cloche, veut dire du Cerceau père et les
ignares (sic) seulsont pucommettre unaâae-
rie (sic) en attribuant à l'infaillible père Si-
mon une erreur de cette nature. Le détour
est plaisant et ne trompera personne,
d'autant mieux que, pour justiflerson au-
guste client, le rédacteur de la Cloche est
obligé d'avouer que M. Simon a introduit
dans la langue académique une formule
jusqu'ici réservée à la plus familière con-
versation. Il dit le père du Cerceau
comme on dirait le père Lustucru. N'ent-
il pas été plus simple d'avouer une er-
reur à laquelle personne ne songeait
plua«
#*# Le National déclare avec une sorte
de complaisance que M. Alphonse Gent
reçut un accueil enthousiaste dans l'ar-
rondissement d'Orange. Il parait que les
sous-préfectures de Vaucluse ont l'enthou-
siasme facile. Pourquoi recevoir avec
tant de solennité cet honorable muet qui
a nom Alphonse Gent, et quels services si
éminents a-t-il vraiment rendus à la cause ? î
#*« II parait que l'évasion de M. Gustave
Naquet n'a pas été jugée par ses coreli-
gionnaires aussi légèrement qu'il l'a fait
lui-même. Deux ex-rédacteurs des jour-
naux radicaux de Marseille, MM. Sorbier
et Pollio, détenus à Tours, ont adressé
une protestation contre le procédé de
M. Naquet.
Quitter, disent-ils, sans peine et sans'dan-
ger, une maison de santé dans laquelle on n'a a
dû d'être envoyé qu'aux splicitations d'une
pauvre femme éplorée et aux supplications
pressantesld'amis dévoués, c'est, après avoir
ainsi tacitement engagé saparole d'honnête
homme, ne savoir pas la tenir.
Admettons un instant que le dépit de ne
pas avoir été traités aussi favorablement
que M. Naquet ait exaspéré chez MM. Sor-
bier et Pollio ce sentiment du point d'hon-
neur, l'aveu n'en est pas moins précieux
à recueillir.
Il parait d'ailleurs, d'après le Gaulois,
que deux députés des Bouches-du- Rhône,
MM. Clapier et Frayssinet s'étaient-portés
caution de la bonne foi de M. Naquet. Cela
leur apprendra à l'avenir à être prudents.
*•# Un vœu de M. Ordinaire, nommé
conseiller-général du Rhône, après avoir
accepté le mandat impératif, ripus tient au
courant des désirs des messieurs de la rue
Grôlée la rédaction de ce vœu, soulignée
par une^pïïïîne habile, nous paraît de na-
ture à être reproduite en entier.
Considérant que l'industrie parisienne, e{ 1
par' suite celles- de Lyon et de la France en-
tière, ont à souffrir de l'çbsence d un nombre
considérable d'ouvriers détenus sur les pon-
tons ou;transportés dans nos colonies.
Considérant que, redoutant les dénoncia-
tion*, tous beùx qui n'ont pas été arrêtes se
sont retirés sur des territoires étrangers;
Considérant que la'fabrication de l'article
,.de Paris, source de richesse pour notre eom-
-merce, va 'ainsi être transportée en Belgique,
en Suisse, en Allemagne et en Amérique.
Considérant que les détenus ont laissé sans
abri et sans pamdea femmes et des enfants
gui peuvent devenir un danger social la tni-
sêre développant trop souvent les mauvais
instints et poussant même au crime;
Considérant qu'il importe à, tous les ci-
toyens de voir renaître ta prospérité du pays
par le travail,' l'industrie et par l'apaisement
des passions} ̃̃-̃̃
Considérant que l'usage de la forcent 1 ex-
trême rigueur,; aufiieu de produire cet apai-
sement développent^ deéSrs de vengeance
et de représailles
Gonsidéraht que la preuve se trouve pjugm
les membres de le Commune; que ces homme*^
presque tous anciennes victimes de juin ou
du 2 décembre, étaient aigris parades déten-
tions prolongées, dis' souffrances et des per-
sécutions dë'tootësrèapèces;
Considérant.que, de la part des enfants des
déportés actuels, les mêmes colères sont à re-
douter, et qu'ainsi la guerre civile est sans
cesse suspendue snr la France,
Considérant que l'amnistie n'est en rien une
question politique, mais bien une cause de re-
prise du travail, de_ prospérité publique, et
d'ORDRE pour l'avenir, par l'apaisement des
colères et des rancunes ·
Considérant qu'il y a urgence à proclamer
l'amnistie à l'ouverture d'ane saison rigou-
reuse, qui frappera lés détenus et leurs fa-
milles dans la misère ;t
Par ces motifs,
Je vous propose, messieurs, d'adresser im-
médiatement au gouvernement le vœu d'am-
nistié qui est dans tous les cœurs, et qui
commence à se trouver sur toutes les bou-
ches.
Impossible de dire plus nettement que
si l'amnistie n'est pas ^accordée, il faudra
en découdre. L'avis est bon.
c'a
“*# M. Jules Claretie débute au Soir,
comme feuilletonniste des théâtres., et
nous ne pouvons nous empêcher de le fé-
liciter d'avoir quitté l'abominable journal
de M. Portalis. Son premier feuilleton,
entre autres choses, parle beaucoup de
Sainte-Beuve et des étranges replis de
cette nature si complexe, 'dont les évolu-
tions sont bien difficiles à suiveô, même
pour le» plus bienveillants, et où l'on est
bien forcé ^reconnaître qirekfses allures
plus rapprochées du puffisme que de la
conviction.
Il n'était pas de ceux qui eussent volonttera
supporté vl'ottbli ou l'impopularité. BMrëBs-
sant, irascible, les nerfs à fleur de peau, il
<̃ eufeun^momènt la pansée de se brûler la, cer-
velle. Oui, vraiment! Ce fut lorsque, à "l'ou-
verture de son cours de poésie latine au Coj«
lége de France, les sifflets des jeunes gen*
l'accueillirent avec tant de violence. Il en fut
réellement désespéré, il S3 sentit pris d'un
dégoût de la vie bien autrement violent que
lorsqu'il écrivait ses juvéniles élégies de Jo-
seph Delorme, où la mélancolie, l'amertume
n'étaient en somme que de surface.
Un jour, poussé à bout par ses réflexions,'
qui devenaient rageuses, il prit le parti de se
rendre au collége de France avec deux pis-
tolets chargés, un pour tirer sur les siffleurs,
l'autre pour se suicider en pleine chaire. Sa
patience était à bout! Fort heureusement
cette leçon, qui pouvait tourner au tragique,
n'eut pas lieu. Sainte-Beuve ahandonna son
cours, reprit la plume de journaliste, et at-
tendit quinze ans qu'une génération nouvelle
déjeunes gens vint lui faire oublier, par se«
acclamations, les sifflets du temps jadis.
Cette petite anecdote suffit à expliquer
l'écart prodigieux qu'il y a entre les Cau-
series du lundi de 1851 à 1860 et celles
de la dernière période. Sainte-Beuve n'a-
vait pu vivre sans popularité. Autres ren-
seignements curieux, M. Troubat, le der-
nier secrétaire et le légataire de Sainte-
Beuve, prépare un recueil à'œuvres pos-
thumes, où figurera entr'autres une es-
quisse d'articles sur la Fie de César et les
côtés littéraires de Napoléon III. Cet arti-
cle, d'ailleurs, n'a-t-il pas paru dans le
Temps f
Sainte-Beuve, à propos de Napoléon III et
de son œuvre, avait déjà laissé échapper ce-
mot « Son style parle du nez. »
Quelle surprise aussi et quels régals de
lettrés lorsque paraîtront les derniers écrits
de Sainte-Beuve!
Ses reliqula= formeraient, sur ce temps-oi,
les plus étonnants mémoires, et je sais cer-
tain cahier, qu'il appelait le cahier brun. oft
Sainte-Beuve écrivait tout ce qut attlralt ou
retenait eon attention mots à l'emporte-
pièces, silhouettes de visiteurs ou de pas-
sants, observations et souvenirs. Tout cela,
au jour le jour, au courant de rîmpression.
Les personnages de ce temps étalent, dans le
« Cahier Brun », dissimulés par Sainte-Beuve
sous des pseudonymes grecs, Alcippe, Aris-
tide, Euphorbe, etc. Je me souviens qua Vic-
tor Cousin figurait, sous le nom de Théoda-
mas, dans ces notes si précieuses pour l'his-
toire littéraire intime.
**# Le Constitutionnel, par la plume de |
Bachaumont, nous annonce que cet hiver
les faux chignons seront officiellement
proscrits. Il paraît que madame Thiers et
mademoiselle Dosne n'aiment pas les chi-
gnons, et, comme jadis l'impératrice, elles
donneront l'exemple.
Encore un commerce qui va souffrir.
Vous verrez qu'on mettra sur le compte de
la Commune le marasme de la chevelure.
Décidément il faut accorder l'amnistie.
# M. Sarcey nous apprend une nou-
velle attristante. Le jeune premier sa
meurt, le jeune premier est mort. On
trouve encore des ingénues, mais des
amoureux. néant. Il n'y en a plus.
Francis Magnard.
♦–
COURRIER DES THEATRES
Ce soir ̃̃•̃
A l'Opéra, reprise de Don Juan. Rentrée
de MM. Obin et Faure.
Au Théâtre du Châtelet, première repré-
sentation de l'Eventail, comédie en un acte,
dé M.- Pagès de Noyez.
Samedi soir on a expérimenté l'éclairage
extérieur du Nouvel Opéra, une foule nom-
breuse stationnait devant l'édifice.
M. Garnier, après avoir examiné le monu-
ment sous toutes ses faces, a paru satisfait de
l'effet des lumières.
MM, du Locle et Nuitter assistaient à cette
expérience.
On pâïje de l'engagement de Michot à l'O-
péra. £; ",•̃
Les Noces de Figaro, de Mozart, aeront dé-
cidément représentées à l'Opéra-Comique
avant la fin de cette, année.
Dans cette pièce.M. Bouhy débutera à côté
de madame Miolan Carvalho.
Les rôles ont été distribués hier.
Mercredi et vendredi l'Opéra-Comkrue
donnera une audition de Gallïa, de Goufito*.
De même qu'au Conservatoire, les soli.fle-
ront chantés par miss Weldon.~ui tpfflora
aiBi^nne véritable occasion de se produire en
pUbllO. .t iS
Un détail quebieii toïjtèw %|^li^
doute à propos de l'ente Je mademoiselle
Rou«seil au Théâtre-Français.
Emportant du Conservatoire^oèvtte artiste a
déjà été pensionnaire delà Conft
çaise. 'ét' d'
Il est vrai que pas un rôle ne;lui a êtà dis-
tribué durant le court séjour qu'elle y ftt>
M. Getfroy a décliné l'honneur de jouer l£
rôle de Don Salluste dans la reprise de Ruy
Blas, que l'Odéon ne -donnera sans doute que
vers la fin de sa saison théâtrale.- v
M. Berton.fils vienkde signer cethéàtr,®
un engagement de deux ans. Cet engagement
démentirait la nouvelle que l'on a don-
née de l'entrée de MM- Be.rton^ père -etflls
à l'Ambigu pour un arame tu? w* n.».^
Daudet, ̃•••- 'M- .̃' "•Ç^ .̃»
M. Touroude a lu samedi, à l'Ambigu, un
drame en cin4 actes, dont les principaux in-
terprètes sont: M. Lafeitfiêre et mademoi-
selle Jane Essler. f,"
La pièce de M. Daudet, qu'on répète en ce
moment à ce théâtre, est l'histoire d'une
nonne amoureuse.
Il est probable que l'affiche portera pour.
titre, non pas l'Oubliée, mais la Défroquée.
On dit que Victorien Sardou vient de ter-
miner un roman pour l'Ordre.
MM. Philippe Gille et Dnprat ont lu, sa-
medi aux artistes des Polies-Dramatiques,
une opérette en trois actes et quatre ta-
bleaux..
Titra UAnge des Valledtmare.
Une jeune artiste, mademoiselle Marie
Pommier, va débuter incessamment au Gym-
nase dans la Cravate blanche.
La troupe de M. Raphaël Félix eommen-
cera ses représentations à Londres, la 7 cou-
rant, par la Protégée sans le savoir et Un fils
de famille.
Hier soir, à l'Eldorado, mademoiselle
Amiati a chante* d'une façon charmante une
fort jolie chose les EmigranU, de Delormel
et'Siégel, et pour la musique deBenza; hier
aussi première représentation delà Toquade
du Pacha, bouffonnerie très réussie, avec
Gqyon, Perrin, Paora, madame Chretienno
ponr interprètes.
Lettreirouvée dans le passage de l'Opéra
'nous Ia-tenons à la disposition de la per-
sonne-qui Ta perdue.
WÏflsante pour réduire une grande cause aux
proportions d'une petite rancune.
Cet article ténébreux et entortillé comme
lin discours de Robespierre, est sans si-
gnature.
Qui l'a écrit î II y a des passages où l'on
eroit voir percer la triste haine d'une ri-
valité littéraire « C'était, du reste, tout
le portrait de M. Thiers laid, lourd et vul-
gaire. On eyf dit un passage de l'Histoire
du Consulat.»
Et plus haut
« n enseignait à tous les passants comme
M. Thiers a su faire sa fortune. »
Et M. Hugo, donc? Et ses fils, et les frè-
res de ses gendres, et ses alliés, et ses en-
censeurs, comment gagnent-ils 50, 60,000,
80,000 francs par an î
Avec cette horrible feuille qui a été
le journal officieux de la Commune, quoi
çqfetle en dise.
̃ SL Thiers, ce nous semble, n'a jamais
rien écrit de semblable.
liais de qui donc est cet article î
Voici toas les entrefilets du Rappel qui
suivent cette horrible excitation
̃.>̃• Numéro, du 13 mai}
< Çà et là
Hier encore, la foule s'est portée sur la
place Saint-Georges, croyant assister à la dé-
molition de l'hôtel Thiers. Elle n'a assisté
qu'au déménagement.
Un grand nombre de fourgons et de voitu-
res du garde-meuble stationnaient aux abords
dp l'ûôtel dès les premières heures de la ma-
tinée. Des délégués de la Commune les fai-
saient entrer successivement et remplir en-
[spTta avec le mobilier et les objets d'art qui
emplissaient les appartements du chef de
lWcutif.
Il n'a pas fallu moins de vingt grandes voi-
tùres pour opérer ce déménagement qui de-
vait être terminé à midi et qui ne l'était pas
encore à cinq heures du soir, au moment où
aous quittons l'hôtel.
Nous avons assisté à l'enlèvement des meu-
bles, des bronzes, des marbres, des tableaux
et des glaces. Les livres à eux seuls ont fait
le chargement de deux voitures.
Vers quatre heures, on a vu arriver, clai-
rons en tête, un fort détachement de ven-
geurs de la République, qui s'est arrêté sur
la place Saint-Georges, où il a formé les fais-
o.eaux. La circulation a été aussitôt interdite
sur le côté droit de la place. Cette mesure a
'cessé à la nuit. Le détachement s'est retiré
et tout le quartier a repris sa physionomie
ordinaire.
C'est aujourd'hui qu'on doit livrer l'hôtel à
la hache 6t à la pioche. Il aurait été question
nn moment d'y mettre le feu, et les pompiers
auraient même été consultés à ce sujet. Mais
devant les protestations énergiques des gar-
des nationaux qui campent dans l'hôtel, on a
bien vite renoncé à ce mode de destruction.
Numéro du 14 mai
Çà et là
La démolition de l'hôtel Thiers a commencé
hier matin.
.̃Extérieurement la démolition n'était pas
fort sensible. En passant sur la place à sept
heures du soir, nous n'avons vu de change-
ment qu'à la toiture, dont les ardoises et le
zinc étaient enlevés, mais dont la charpente
était intacte.
{ \Mais on nous a dit que le travail se faisait
du côté du jardin, et que là, la ruine allait
GRAND THA1N.
La place était gardée par deux cents gardes
nationaux au moins, dont les fusils étaient en
faisceaux, moitié contre l'hôtel, moitié en
face. Le milieu de la place était laissé aux
piétons et aux voitures que les gardes natio-
naux laissaient passer, mais non stationner.
Numéro du 18 mai.
Çà et là:,
La foule qui stationne Sans cesse devant la
maison de M. Thiers «t'a est pour ses frais de
curiosité; la démolition ne semble pas laire
de progrès; la ûfçada de la place Saint-Geor-
ges reste à pari près Intacte.
L'œuvre oô démolition n'en est pas moins
activement poursuivie seulement la pioche
ne.frapn'J que l'intérieur et le côté de la mai-
son qu'. donne sur le jardin. La façade ne de-
vta tomber qu'en dernier lieu, et* d'un seul
blof.
M. Thiers jette dans le Journal officiel
•ie Versailles, ce cri de douleur et de colère
contre les démolisseurs de sa maison
« Les,hommes de la Commune ont envoyé
» des omvriers pour commencer la démoli-
tion de la maison qu'habitait M. Thiers,
» sur la place Saint-Georges. Cetta mai-
> son, transmise par droit de succession
> ». madame Thiers et à mademoiselle
»DOf
» 1«at illustre que les dictateurs de Paris
>,poursuivent de leur haine. Il y a composé
» ses immortels ouvrages, préparé les dis-
<» cours qui ont honoré la tribune française,
» reçu tous les personnages politiques, sa-
» vants, lettrés de notre époque/Ces vandales
» d'une espèce que 93 n'avait pas connue
» s'attaquent à la fois à la propriété privée et
à à de précieux souvenirs historiques.
« II faut que ceux qui exécutent, comme
ceux qui ont ordonné, sachent qu'ils s'ex-
> posent à d'inévitables réparations civiles,
> aux peines prononcées par Vi loi récemment
» votée, à l'indignation des gens de bien,
» quand la population de ^arJs sera rendue à
» ses sentiments naturels, et enfin aux plus
cruelles flétrissures do l'histoire. >
Nous avons hautement blâmé l'arrêté qui
ordonne la destruction de la maison do M.
Thiers. Perdre le temps à démolir quand on'
4a si peu de tem/pyj poar construire, nous a tou-
jours para pu<2rd et vain. `
Seulement TM. Thiers doit voir aujourd'hui
que nous n'?mons pas tort non plus de blâ-
mer sa cruf/lle parole aux francs-maçons qu'il
a'a nulle p-Art démentie < Il y aura quelques,
» maisons, trouées, quelques personnes tuées.
» mais foyfce restera à la loi. > -|?
1 ̃"̃ vV?
0 Nwnérodu 19 mai.
'La plaieon de 111.
La Maison de M. Thler*
II y a ou mardi, à l'Assemblée de Ver-
sailles, une séanoe d'épisodes, dont quel-
ques-uns assez, curieux.
D'abord, M. Jaubert, un ancien collègue
'de M. Thiers sous Louis-Philippe, vient pro-
poser à l'Assemblée un décret d'après lequel
maison du chef du pouvoir exécutif sera
relevée aux frais de l'Etat. Un membre de-
mande que ce soit aux frais de la ville de
•Paris mais la réparation serait moins
« nationale. L'urgence est déclarée.
t Nous l'avions bien dit, que le tour qu'on a
i voulu jouer à M. Thiers serait bel et bien
Ipayé à nos frais M. Thiers, lui,: y gagnera.
;On a remarqué que sa maison, qui avait un
[faux air monumental, ressemble fort à son
'talent et à son oeuvre les pierres de taille
«ont absentes, les moellons même sont rares
ce n'est que plâtre et que lattes. Mais l'Etat,
!qui fait bien les choses, va lui rebâtir un
petit palais.
A. de Montauban.
♦ m
Nous commencerons demain, pour
le publier sans interruption, l'épi-
logue du roman de M. Paul Perret
^La Sarrazlne.
TOUT PARIS
LE JOURNALISTE-AUTEUR.
Mon bagage dramatique est encore trop
mince, pour que l'on puisse supposer un
quart de seconde que cet article est une
plaidoirie de ma propre cause.
Il y avait, avec la double profession de
journaliste et d'auteur dramatique, un su-
jet de chronique de nature à intéresser la
clientèle littéraire du Figaro; j'en profite,
comme eût pu le faire d'ailleurs le pre-
mier journaliste venu dont le nom n'au-
rait jamais brillé sur aucune atâche de
théâtre.
#*#
Le véritable métier de journaliste est
tellement une occupation de tous les ins-
tants, quoi qu'en disent ceux qui, pour
quelques lignes publiées tous les cinq ans,
dans un journal qui naît, crève et dispa-
rait au troisième numéro, prennent le titre
de « journaliste qu'il laisse en réalité,
bien peu de temps après le labeur quoti-
dien, pour remuer des idées, imaginer
des pièces, les écrire et surtout les faire
répeter.
Il me serait difficile, j'allais écrire im-
possible, de publier les noms de tous les
Journalistes-auteurs
En voici pourtant une liste assez raison-
nable
Martinville Lepoitevin Saint-Alme,
M. et madame de Girardin, Constant Lau-
rent, de Biéville, Marc-Fournier, Paul
Foucher, Edouard Fournier, Etienne Ara-
go, Félix Pyat, Auguste Vacquerie, Paul
Meurice, Amédée Achard, Edmond About,
Albéric Second, Henri de Pène, Augustine
Brohan, Louis Leroy, Henri Rochëfort,
Wôlff, Jules Prével, Théodore Anne, Er-
nest Dubreuil, Aurélien Scholl, Auguste
et Léon Supersac, Dupeuty, Charles de
Courcy, Eugène Nus, Saint-Yves, Jules
de Prémaray, Edmond Villetard, Oswald,
Ernest Reyer, Ernest Lépine, Xavier
Eyma, Philippe Gille, Couailhac, Eu-
gène Chavette, de Calonne, Jules Cla-
retie, Théodore de Banville.
Il est plus que probable que j'oublie les
noms de beaucoup de mes confrères.
Comme je sais eombien, entre nous, nous
sommes peu susceptibles pour ce genre
d'omission, je les supplie à mains jointes
de ne point m'en vouloir et de ne pas me
vouer, pour si peu, à tous les dieux infer-
naux réunis.
-•' •
La première plèee
Il est rare que ce soit un journaliste qui
ait eu cette idée, le premier.
Un beau jour, un auteur pour lequel il
n'aura eu que des éloges, lui dit en flâ-
nant
Faisons donc une pièce à nous deux.
Une pièce Je ne saurais jamais.
Avec votre esprit, rien n'est plus fa-
cile, plus simple. Le théâtre, mais c'est
l'enfance de l'art! Avec les mots que vous
'semez dans une chronique, je me charge
d'en bourrer cinq actes.
Le journaliste comme le plus simple
des mortels! ne demande pas mieux
que de se croire capable de tout, et s'il
hésitait un peu, le directeur de théâtre,
qu'il rencontre le lendemain, achève de
le convaincre.
Aht vous voilàl. lui dit Pimpres-
sario, un tel me parlait de vous hier. Fai-
tes donc une pièce avec lui. Il a beaucoup
,de talent, vous avez un esprit d'enfer, à
vous deux vous ferez un chef-d'œuvre.
J'engagerai qui vous voudrez Lafon-
taine, Berton, Fargueil, Madeleine Bro-
han, enfin tous ceux^Tfônt vous aurez be-
soin.
̃ ""̃ **# •̃
Le journaliste llnitpar faire la pièce
avec X et elle tombe, hélas! trop sou •
vent à plat.
Le lendemain, on peut entendre ceci
eb birkctbub.– Eh bien, il a eu une jolie
idée X. de faire une pièce avec un jour-
naliste. Pour qu'il lui ;fasse des articles,
sans doute Quel imbécile 1
l'aotbcr x. Comprenez-vous cette
rage de me faire faire une pièce avec un
garçon qui ïfest bon qu'à. faire des
chroniques, et encore 1 Et qui est entêté
avec ça !>I1 ne veut rien entendre, le mi-
sérable f; Quelles brutes que ces direc-
teurs qui jouent lea journalistes dans l'es-
pérance d'être''soutenus par les journaux.
Nous arrivons à
L'opinion dn publie.
Le bon public, qui voit un journaliste
critiquer les oenvres de M. Emile Augier,
de M: Dumas fils.-de M. Théodore Bar-
rière^.ou de M. Labiche, se figure trop
souvent, que le jour où son critique
favori se donnera la peine de faire un
veaudeville1, un drame, un opéra, ou mê-
me une tragédie, Sardou, d'Ennery, Scribe,
Feuillet et Corneille lui-même, seront pul-
vérisés 1
*?*
Le bon public commence d'abord par
trouver toute sorte d'excuses au journa-
liste tombé.
Mais, subissant bientôt l'influence des
ennemis du journaliste et Dieu seul
pourrait savoir au juste de combien d'en-
nemis le journaliste la plus ignoré est ac-
cablé subissant, dis-je, l'infiuence des
ennemis de celui qu'il regardait hier en-
core comme un oracle, Monsieur Public
se met dé là" partie et tape dru comme les
autres.
Voilà bien ces genjs ( qui critiquent les
autres r ™_
Puis, pour montrer qu'eux aussi ont
jeté des regards furtifs dans leur bibliothè-
que, ils manquent rarement de s'écrier
-La critique est aisée et l'art est dif-
ficile! 1
Hâtons-nous d'ajouter que nous n'avons
pris ici que le revers de la médaille.
Plus d'un journaliste n'a pas été aussi
sifflé à ses débuts que notre illustre
maître,. Théophile Gautier, par exemple,
avec la Juive de Constantine.
̃̃•••
Je crois que le grand tort des directeurs
et du public avec les pièces des écrivains
c'est de croire qu'un journaliste est
'sacré pour ses confrères et qu'il suffit
qu'un de nous ait fait une pièce, pour que
tous les autres traitent de chef-d'œuvre
les quelques scènes qu'il a péniblement
réunies.
A ce compte là, messieurs les auteurs
dramatiques n'auraient plus qu'à changer
bien vite de métier, et messieurs les jour-
nalistes, couronnés d'avance par tous les
lauriers imaginables, n'auraient plus,
comme disait en riant ce pauvre Lambert
TMboust « qu'à encombrer le marehé
de leurs nombreux produits! ?
Un bon bourgeois ne se gêne pas pour
vous dira
Comme votre journal a éreinté votre
pièce!
Il a bien fait! s'il la trouve mau-
vaise.
Alors ce n'est pas la' peine d'écrire
dans un journall. ajoute-t-il naïvement.
Puissants efforts de la véritable impuis-
sance il n'y a vraiment que les démocra-
tes, les purs, comme ils s'appellent, pour
se trouver toujours et quant même par-
faits, admirables, sublimes!
N'est-ce pas, monsieur Vacquerie!
N'est-ce pas, monsieur Meurice?
Victor Koning.
P. S. Au moment où je termine cette
chronique, on m'apprend que plusieurs
directeurs de théâtre doivent provoquer
une réunion générale, afin de s'entendre
pour s'interdire à l'avenir toute espèce de
relations avec les feuilles communeuses
le Rappel en tête.
Que de malheurs évités plus tard si, gui-
dées par cette heureuse innovation, toutes
les corporations s'entendaient pour se dé-
barrasser, par tous les moyens possibles,
de ces lâches agitateurs, funestes et terri-
bles promoteurs de la guerre civile.
Le Rappel ne pouvant plus abuser de sa
petite influence dans les théâtres c'est
la véritable liberté pour ces derniers.
Mais que vont devenir alors tous les
prétendus succès de MM. Vacquerie, Meu-
rice, Jane Essler et C? r: g:
'̃̃̃•̃ T. K.
SPORT
STEEPLE-CHASES A LA MARCHH
Encore une jolie réunion à la Marche. À
deux heures précises, starter, juge, chevaux,
jockeys et parieurs, tout le monde était à son
poste. C'est que la nuit vient vite en cette
saison, et ma foi, si l'on ne commençait pas
exactement, on courrait grand risqua' de ga-
loper dans les ténèbres, comme cela s'est vu,
une fois, à Vincennes.
A deux heures donc, le tableau indicateur
était dressé, et trois numéros seulement y
apparaissaient t ceux de Cinna, Fleuriste et
Contrebande. Prétentaine devait partir, mais
M. Hennessy n'était pas là; on le demanda à
tous les échos d'alentour, puis le juge ordon-
na de monter le rouge. Quand M. Hannessy
et sa jument arrivèrent tout essônflés, il était
trop tard!
Le champ était ainsi assez maigre dans le
prix de la Celle Saint Cloud. Contrebande
et Fleuriste jouissaient d'une égale faveur,on
les prenait à six contre quatre; quant à Cinna
il trouvait quelques rares preneurs à quatre
contre un, Contrebande a gagné difficilement
après une lutte assez vive contre Fleuriste.
Dans le prix de Saint-Hubert-Selling race
peu d'incidents. Zéphirine l'a gagné assez fa-
cilement, débarrassée dès le début de la cour-
se de tous ses concurrents à l'exception d'un
seul, République, qui est arrivée seconde.
Dans le lot des retardataires semés deci-
delà pendant le parcours se trouvait Miss-
Fanny cet incident qui parait n'avoir aucune
importance, en avait une cependant, vous al-
lez savoir pourquoi.
Miss-Fanny est une jeune bête de trois ans,
noire de robe, qui appartient, à sir W. Wal-
ter, un personnage qlle je ii*ai pas du tout
l'honneur de connaitre même de vue.
Or, cette pouliche, anglaise de naissance,
se promène depuis quelque temps sur tous
'les hippodromes de steeple-chases, de façon
à appeler l'attention sur elle et à ne laisser
aucun doute sur ses qualités, bien qu'on l'ait
presque toujours vue disparaltre à la fin des
courses.
Quand on remarqua qu'elle s'arrêtait après
avoir parcouru mille mètres dans le selling,
chacun crut que sir Walter n'avait pas lieu
d'être satisfait de son jockey. Mais, sir Wal-
ter pensait autrement, et si j'insiste sur son
nom, c'est qu'il vient d'importer sur notre
turf une méthode de faire courir, jusqu'alors
ignorée.
Sir Walter a découvert le pommier indica-
teur. Voici le truc son cheval une fois parti,
il fait ses paris et, si la cote ne lui convient
pas, il détache un émissaire fidèle qui va sans
perdre une seconde se placer sous un pom-
mier sur le parcours et crie au jockey à son
passage « « Arrête! > (C'est ce qui a eu lieu
dans le selling.) Dans le cas au contraire où
sir Walter est satisfait de la cote, il envoie
Sous le pommier crier à son Jockey: « Ga-
gne! » (C'est ce qui a eu lieu dans le prix du
Potager, que Miss-Fanny a remporté au petit
galop, battant Belle-Duchesse et Grand*
champ.)
Voilà l'histoire du pommier indicateur in-
venté par sir Walter.
Dame, je ne vous cacherai pas que les com-
missaires et le public se sont un peu émus des
procédés de ce turfman et qu'alors il, a été
décidé in petto que l'on condamnerait Miss-
Fanny à 80 kilos à perpétuité dans les handi-
caps, ce qui nécessairement engagera sir
Walter à retourner aux environs de Londres
exploiter la découverte du pommier indica-
teur.
Le handicap libre est échu à Only a Clod
au duc de Hamilton qui a difficilement battu
Flora à M. Borda et Prétentaine II à M Hen-
nessy
r~ Robert Mûton.
COURSES DE MARSEILLE
(Dépèche télégraphique).
Il n'a pas cessé de pleuvoir depuis deux
heures du matin, la piste est très lourde et
malgré cet inconvénient, elle n'est pas abso-
lument mauvaise. Voici le résultat des cour-
ses
Le prix spécial a été gagné de dix longueurs
par Haydée, montée par Carratt, Aurora
seconde.
Le prix de la Société des courses a été ga-
gné, de deux longueurs, par Tasman, monté»
par Carratt; Turquoise second» et Junon
troisième.
Le prix du Yacht Club a été gagné par
Turquoise, montée par Carratt, Postérité,
seeonde, Belvédère troisième.
Le prix de la Société d'encouragement a.
été gagné par Avant-Garde, montée par Paa-
tal, Harmonie, montée par Haight, seconde,
Belvédère et Junon non placés.
Le prix des Phocéens-Handicap a été ga-
gné par Tirailleur, monté par Pantal; Kao-
lin, monté par Corringham, second, Loustic,
troisième non placés Postérité, Charmille,
La Périchole, Sacripant, Caprice et Haydée.
Dans ce dernier prix, le Starter a commis un
lapsus de drapeau, il l'a laissé tomber après
l'avoir relevé. Ce fcignal, mal donné, a été
cause que quatre chevaux sont restés au po-
teau Kaolin était du nombre et a perdu au
moins cent mètres il est probable que sans
cet incident, il y eût eu une belle lutte entre
ce cheval et Tirailleur.
A cela près, la réunion a obtenu un plein
succès MM. Lantelme, Roussy et Maurel ont
rempli les fonctions de commissaires.
a. h.
BOITE AUX LETTRES
Paris, 4 novembre 187JU
Mon cher M. de Villemessmt,
Je vous demande pardon d'entretenir en-
core le public du nommé Rabuel; mais, ma
parole d'honneur, il n'y a pas de ma faute
ë'est lui qui recommence à déposer le long
des colonnes -d'un journal communard ses
mensonges et ses calomnies. Puisqu'iLne vent
pas se taire, je suis-foMé'd'eaijeparler.
je pense n'avoir pas»$ revenir sur les faits
passés, la conclusion est un procès-verbal de
rétractation et d'excuses conçues en termes
tels qu'il faut que ce monsieur ait de bien
singulières idées sur l'honneur pour oser éle-
ver la voix. Mais il est, dans son larmoyant
plaidoyer, un passage que je ne peux laisser
sans réponse.
Cet homme politique dit m'avoir offert à di-
ner le 9 septembre 1870. Sa mémoire le sert
aussi mal aujourd'hui que son courage il y a
quelques jours. J'ai en effet dtné à l'hôtel de
ville, mais c'était en compagnie d'un batail-
lon de francs-tireurs dans lequel je venais de
m'engager et que la ville de Paris nourrissait
parce que nous étions de service. De là à une
invitation personnelle de ce monsieur, il y a
loin. Le terrible Rabuel ne saurait avoir la
prétention de donner à dîner à 1,200 hommes.
En ce temps-là, il n'avait pas encore été sous-
préfet, lieutenant-colonel et délégué à la
Commune sortant de l'intéressante classe des
placiers en fleurs, il n'avait pu mettre de côté
assez d'argent pour se payer un luxe pareil à
cette époque. Plus tard, je ne dis pas non.
Ce bataillon de volontaires partait le 9 pour
aller au devant des Prussiens, rentrait à Pa-
ris sept mois après avec 900 hommes de moins
qui avaient donné leur peau au gouverne-
ment du fougueux Rabuel qui pendant ce
temps, allait prudemment prendre position à
Mostaganem et à Toulouse, où il attendait
l'ennemi avec le calme stoïque qu'il devait
montrer par la suite, lors de la fameuse sor-
tie du mont Valérien, Commune, regnante.
Mon héros se pose ensuite en martyr et
parle de ses parents avec des larmes de cro-
codile dans la voix. Mais à qui la faute, sinon
à lui-méme, si sa famille souffre de compter
parmi les siens une telle individualité ? De
bonne foi on ne saurait accuser des tourments
de ces personnes les hommes qui, comme
moi, ne croient pas plus aux gros yeux de
ces Communards-Fracasse qu'à leur feinte
hypocrisiej
Ceci dit, comme je ne peux pas passer ma
vie à m'occuper de cà, je dépose mes pincet-
tes et vous promets de n'y plus toucher dans
le Figaro. Henri Cliabrillat.
le Figaro. Henri .Chabrillat.
♦ l
Faits divers
La préfecture de la Seine avertit les inté-
ressés que les commissions cantonales qui
ont été instituées pour apprécier les dom-
mages causés aux propriétaires durant les
deux sièges, ne recevront plus de réclama-
tions à partir du 16 de ce moie?
On a donc jusqu'au 15 pour déposer les ré-
clamations en retard à lalmairie de l'arron-
dissement. ̃ ̃
Sur les dix millions réservés d'abord aux
communes suburbaines comme indemnité
pour les désastres de la guerre, une somme
de deux millions va être mise, par décision
du ministère de l'intérieur, à la disposition
des habitants de la ville de Paris, pour être
distribuée immédiatement.
Cette somme est indépendante de celle de
six millions allouée précédemment pour ré-
paration des dégâts résultant des opérations
d'attaque de l'armée, lors de la délivrance de
Paris. .̃"̃
On se rappelle que, lors du procès de Ferré
et de ses complices, un témoin a raconté
qu'une femme avait, la première, déchargé
son revolver sur un des otages, Mgr Surat,
en lui disant «Tu demandes grâce, en voilà
une. »
Cette horrible mégère vient d'être recon-
nue à Saint-Lazare où elle subissait une peine
disciplinaire.
Elle était blanchisseuse avantla Commune.
On va la diriger sur Versailles.
Nous avons annonce l'autre jour l'arresta-
tion à la Varenne-Saint-Maur du docteur
Pillot, membre de la Commune. Il habitait
dans cette localité depuis la chute de- la Com-
mune une chambre de 15 fr. par mois, chez
un jardinier..
Il était tellement pauvre que, dans les der-
niers temps, il fut obligé de travailler à la
confection de dentiers artificiels. Il faisait de
fréquentes promenades dans la campagne et
venait même jusqu'à la gara sons le nez des
gendarmes..
Il continue à-nier son identité.
Les bureaux de la justice militaire, à Ver-
sailles, viennent de s enrichir d'une quantité
d'objets de valeur, provenant de saisies opé-
rées par les soins do la Commune. Toutes ces
pièces ont été trouvées au domicile du nommé
Fontaine, commissaire de police de la Goma
mune. Elles ont été soigneusement cachetées
et munies de fiches indiquant leur origine.
C'est ainsi qu'on à pu réunir une partie des
objets qui ont été pillés dans l'hôtel de M.
Thiers; il y a plusieurs coffrets, des bijoux,
des couverts et des timbalès d'argent, des li-
vres, des statuettes, enfin des objets d'art *de
tout genres à
Lé même commissaire de police avait aussi
opéré des razzias au domicile du baron de
Mackau et dans celai du maréchal Bazaine,
dont on a découvert les, épaulatteg,; ainsi que
des broderies d'or, des gravures et des plans
sur le Mexique, et une 'foule de choses" cu-
rieuses et remarquables; on" retrouvé plu-
sieurs coffrets dont la clef était absente et
qui avaient été facturés. •
Ce trésor est complété par les objets du
culte qui ont été enlevés à Ja chapelle expia-
toire et se composant de ciboires, de vases
sacrés, de tableaux d'autel, d'encensoirs, de
burettes, etc., etc, Il y a jusqu'à une canne
de suisse.
La collection de ces richesses réunie on ex-
position est des plus curieuses»
Mardi prochain, M. Léon Say, préfet de la
Seine, offrira un grand dîner aux membres
du conseil général. Le banquet sera servi
dans la cour couverte dn tribunal de com-
merce.
Mademoiselle Verdure, accompagnée de
M. Elio Daeoudray, le défenseur de son père,
s'est rendue hier dans les bureaux de la jus-
tice militaire à Versailles pour réclamer ce
qui avait été saisi sur Verdure au moment
de son arrestation. Après constatation, la re-
mise en a été faite par les soins du colonel
Gaillard.
Dans la soirée, Verdure a été dirigé avec
Ferrat et 'Régère sur le fort Bayard, en at-
tendant qu'on ait statué sur le choix de leur,
destination définitive.
Urbain, condamné aux travaux forcés, est
parti pour-Toulon. -ç-y
̃ mm^am^ ,>
On vient.de transporter an caveau de la
Madeleine, renfermant les restes dé l'abbé:
Deguerry, tous les objets restés dans sa cel-
lule et dont il s'est servi pendant sa captivité.
Ces pieux souvenirs ont été disposés autour
de son tombeau.
On y remarque le verre et l'encrier dont il
s'est servi au dernier moment.
On sait que l'administration des domaines
met en ce moment en adjudication le droit
de chasse dans les ex-foréts de la Couronne. r
Un de nos amis, allant dernièrement à Ver-
sailles, prendre connaissancer'du cahier des
charges imposées aux adjudicataires, fut tout
surpris d'y trouver cette clause x.
< En cas da changement de gouvernement,
le présent traité sera annulé. »
Sapristi! que M. le directeur des domai-
nes a donc de prévoyance!
Le président de la République a, parait-il,
fait une demande auprès du gouvernement^ °
prussien, dans le but d'obteoir pleine et ea-l
tière amnistie pour les soldrts français qui
sont encore détenus en Allemagne pour dé-
lits commis pendant leur captivité.
Le gouvernement de Berlin serait sur le
point de rendre à la liberté les soldats qui
n'ont été punis que pour de simples délits,
mais serait très décidé à conserver ceux qui
se sont rendus coupables de crimes. Heureuse-
ment, ces derniers sont en très petit nombre.
Le comte de Paris va passer quelques mois
de villégiature dans le Midi, très proBable-
ment à Cannes, où nn mandataire a déjà vi-
sité plusieurs villes.
Qnstave Nadaud fait paraître aujourd'hui,
sous ce titre, Mes notes d'infirmier, un livre
plein de patriotisme, d'émotion et d'humour.
Un joli in-18. Pr. 2 ïr. franco. H. Pion, édi-
teur, rue Garancière, 10, à Paris.
Paul Jouberl.
nw il jeu ie ion
On n'a pas oublié sans doute le lapsus
ce mot de lapms est poli et tel qu'il
convient quand il s'agit d'un ministre
échappé à la dernière improvisation de
M. Jules Simon. Parlant des architectes
des Tuileries, il avait nommé Jean Bul-
laut et le père du Cerceau, au lieu de An-
drouet du Cerceau, erreur de peu d'impor-
tance, après tout, et piquante seulement
en raison de la qualité de l'orateur ofil-
ciel. On avait ri, et c'était tout, mais voilà
que la Cloche s'en mêle et vient prendre la
défense de l'érudition simonesque.
Père du Cerceau, d'après la version de
la Cloche, veut dire du Cerceau père et les
ignares (sic) seulsont pucommettre unaâae-
rie (sic) en attribuant à l'infaillible père Si-
mon une erreur de cette nature. Le détour
est plaisant et ne trompera personne,
d'autant mieux que, pour justiflerson au-
guste client, le rédacteur de la Cloche est
obligé d'avouer que M. Simon a introduit
dans la langue académique une formule
jusqu'ici réservée à la plus familière con-
versation. Il dit le père du Cerceau
comme on dirait le père Lustucru. N'ent-
il pas été plus simple d'avouer une er-
reur à laquelle personne ne songeait
plua«
#*# Le National déclare avec une sorte
de complaisance que M. Alphonse Gent
reçut un accueil enthousiaste dans l'ar-
rondissement d'Orange. Il parait que les
sous-préfectures de Vaucluse ont l'enthou-
siasme facile. Pourquoi recevoir avec
tant de solennité cet honorable muet qui
a nom Alphonse Gent, et quels services si
éminents a-t-il vraiment rendus à la cause ? î
#*« II parait que l'évasion de M. Gustave
Naquet n'a pas été jugée par ses coreli-
gionnaires aussi légèrement qu'il l'a fait
lui-même. Deux ex-rédacteurs des jour-
naux radicaux de Marseille, MM. Sorbier
et Pollio, détenus à Tours, ont adressé
une protestation contre le procédé de
M. Naquet.
Quitter, disent-ils, sans peine et sans'dan-
ger, une maison de santé dans laquelle on n'a a
dû d'être envoyé qu'aux splicitations d'une
pauvre femme éplorée et aux supplications
pressantesld'amis dévoués, c'est, après avoir
ainsi tacitement engagé saparole d'honnête
homme, ne savoir pas la tenir.
Admettons un instant que le dépit de ne
pas avoir été traités aussi favorablement
que M. Naquet ait exaspéré chez MM. Sor-
bier et Pollio ce sentiment du point d'hon-
neur, l'aveu n'en est pas moins précieux
à recueillir.
Il parait d'ailleurs, d'après le Gaulois,
que deux députés des Bouches-du- Rhône,
MM. Clapier et Frayssinet s'étaient-portés
caution de la bonne foi de M. Naquet. Cela
leur apprendra à l'avenir à être prudents.
*•# Un vœu de M. Ordinaire, nommé
conseiller-général du Rhône, après avoir
accepté le mandat impératif, ripus tient au
courant des désirs des messieurs de la rue
Grôlée la rédaction de ce vœu, soulignée
par une^pïïïîne habile, nous paraît de na-
ture à être reproduite en entier.
Considérant que l'industrie parisienne, e{ 1
par' suite celles- de Lyon et de la France en-
tière, ont à souffrir de l'çbsence d un nombre
considérable d'ouvriers détenus sur les pon-
tons ou;transportés dans nos colonies.
Considérant que, redoutant les dénoncia-
tion*, tous beùx qui n'ont pas été arrêtes se
sont retirés sur des territoires étrangers;
Considérant que la'fabrication de l'article
,.de Paris, source de richesse pour notre eom-
-merce, va 'ainsi être transportée en Belgique,
en Suisse, en Allemagne et en Amérique.
Considérant que les détenus ont laissé sans
abri et sans pamdea femmes et des enfants
gui peuvent devenir un danger social la tni-
sêre développant trop souvent les mauvais
instints et poussant même au crime;
Considérant qu'il importe à, tous les ci-
toyens de voir renaître ta prospérité du pays
par le travail,' l'industrie et par l'apaisement
des passions} ̃̃-̃̃
Considérant que l'usage de la forcent 1 ex-
trême rigueur,; aufiieu de produire cet apai-
sement développent^ deéSrs de vengeance
et de représailles
Gonsidéraht que la preuve se trouve pjugm
les membres de le Commune; que ces homme*^
presque tous anciennes victimes de juin ou
du 2 décembre, étaient aigris parades déten-
tions prolongées, dis' souffrances et des per-
sécutions dë'tootësrèapèces;
Considérant.que, de la part des enfants des
déportés actuels, les mêmes colères sont à re-
douter, et qu'ainsi la guerre civile est sans
cesse suspendue snr la France,
Considérant que l'amnistie n'est en rien une
question politique, mais bien une cause de re-
prise du travail, de_ prospérité publique, et
d'ORDRE pour l'avenir, par l'apaisement des
colères et des rancunes ·
Considérant qu'il y a urgence à proclamer
l'amnistie à l'ouverture d'ane saison rigou-
reuse, qui frappera lés détenus et leurs fa-
milles dans la misère ;t
Par ces motifs,
Je vous propose, messieurs, d'adresser im-
médiatement au gouvernement le vœu d'am-
nistié qui est dans tous les cœurs, et qui
commence à se trouver sur toutes les bou-
ches.
Impossible de dire plus nettement que
si l'amnistie n'est pas ^accordée, il faudra
en découdre. L'avis est bon.
c'a
“*# M. Jules Claretie débute au Soir,
comme feuilletonniste des théâtres., et
nous ne pouvons nous empêcher de le fé-
liciter d'avoir quitté l'abominable journal
de M. Portalis. Son premier feuilleton,
entre autres choses, parle beaucoup de
Sainte-Beuve et des étranges replis de
cette nature si complexe, 'dont les évolu-
tions sont bien difficiles à suiveô, même
pour le» plus bienveillants, et où l'on est
bien forcé ^reconnaître qirekfses allures
plus rapprochées du puffisme que de la
conviction.
Il n'était pas de ceux qui eussent volonttera
supporté vl'ottbli ou l'impopularité. BMrëBs-
sant, irascible, les nerfs à fleur de peau, il
<̃ eufeun^momènt la pansée de se brûler la, cer-
velle. Oui, vraiment! Ce fut lorsque, à "l'ou-
verture de son cours de poésie latine au Coj«
lége de France, les sifflets des jeunes gen*
l'accueillirent avec tant de violence. Il en fut
réellement désespéré, il S3 sentit pris d'un
dégoût de la vie bien autrement violent que
lorsqu'il écrivait ses juvéniles élégies de Jo-
seph Delorme, où la mélancolie, l'amertume
n'étaient en somme que de surface.
Un jour, poussé à bout par ses réflexions,'
qui devenaient rageuses, il prit le parti de se
rendre au collége de France avec deux pis-
tolets chargés, un pour tirer sur les siffleurs,
l'autre pour se suicider en pleine chaire. Sa
patience était à bout! Fort heureusement
cette leçon, qui pouvait tourner au tragique,
n'eut pas lieu. Sainte-Beuve ahandonna son
cours, reprit la plume de journaliste, et at-
tendit quinze ans qu'une génération nouvelle
déjeunes gens vint lui faire oublier, par se«
acclamations, les sifflets du temps jadis.
Cette petite anecdote suffit à expliquer
l'écart prodigieux qu'il y a entre les Cau-
series du lundi de 1851 à 1860 et celles
de la dernière période. Sainte-Beuve n'a-
vait pu vivre sans popularité. Autres ren-
seignements curieux, M. Troubat, le der-
nier secrétaire et le légataire de Sainte-
Beuve, prépare un recueil à'œuvres pos-
thumes, où figurera entr'autres une es-
quisse d'articles sur la Fie de César et les
côtés littéraires de Napoléon III. Cet arti-
cle, d'ailleurs, n'a-t-il pas paru dans le
Temps f
Sainte-Beuve, à propos de Napoléon III et
de son œuvre, avait déjà laissé échapper ce-
mot « Son style parle du nez. »
Quelle surprise aussi et quels régals de
lettrés lorsque paraîtront les derniers écrits
de Sainte-Beuve!
Ses reliqula= formeraient, sur ce temps-oi,
les plus étonnants mémoires, et je sais cer-
tain cahier, qu'il appelait le cahier brun. oft
Sainte-Beuve écrivait tout ce qut attlralt ou
retenait eon attention mots à l'emporte-
pièces, silhouettes de visiteurs ou de pas-
sants, observations et souvenirs. Tout cela,
au jour le jour, au courant de rîmpression.
Les personnages de ce temps étalent, dans le
« Cahier Brun », dissimulés par Sainte-Beuve
sous des pseudonymes grecs, Alcippe, Aris-
tide, Euphorbe, etc. Je me souviens qua Vic-
tor Cousin figurait, sous le nom de Théoda-
mas, dans ces notes si précieuses pour l'his-
toire littéraire intime.
**# Le Constitutionnel, par la plume de |
Bachaumont, nous annonce que cet hiver
les faux chignons seront officiellement
proscrits. Il paraît que madame Thiers et
mademoiselle Dosne n'aiment pas les chi-
gnons, et, comme jadis l'impératrice, elles
donneront l'exemple.
Encore un commerce qui va souffrir.
Vous verrez qu'on mettra sur le compte de
la Commune le marasme de la chevelure.
Décidément il faut accorder l'amnistie.
# M. Sarcey nous apprend une nou-
velle attristante. Le jeune premier sa
meurt, le jeune premier est mort. On
trouve encore des ingénues, mais des
amoureux. néant. Il n'y en a plus.
Francis Magnard.
♦–
COURRIER DES THEATRES
Ce soir ̃̃•̃
A l'Opéra, reprise de Don Juan. Rentrée
de MM. Obin et Faure.
Au Théâtre du Châtelet, première repré-
sentation de l'Eventail, comédie en un acte,
dé M.- Pagès de Noyez.
Samedi soir on a expérimenté l'éclairage
extérieur du Nouvel Opéra, une foule nom-
breuse stationnait devant l'édifice.
M. Garnier, après avoir examiné le monu-
ment sous toutes ses faces, a paru satisfait de
l'effet des lumières.
MM, du Locle et Nuitter assistaient à cette
expérience.
On pâïje de l'engagement de Michot à l'O-
péra. £; ",•̃
Les Noces de Figaro, de Mozart, aeront dé-
cidément représentées à l'Opéra-Comique
avant la fin de cette, année.
Dans cette pièce.M. Bouhy débutera à côté
de madame Miolan Carvalho.
Les rôles ont été distribués hier.
Mercredi et vendredi l'Opéra-Comkrue
donnera une audition de Gallïa, de Goufito*.
De même qu'au Conservatoire, les soli.fle-
ront chantés par miss Weldon.~ui tpfflora
aiBi^nne véritable occasion de se produire en
pUbllO. .t iS
Un détail quebieii toïjtèw %|^li^
doute à propos de l'ente Je mademoiselle
Rou«seil au Théâtre-Français.
Emportant du Conservatoire^oèvtte artiste a
déjà été pensionnaire delà Conft
çaise. 'ét' d'
Il est vrai que pas un rôle ne;lui a êtà dis-
tribué durant le court séjour qu'elle y ftt>
M. Getfroy a décliné l'honneur de jouer l£
rôle de Don Salluste dans la reprise de Ruy
Blas, que l'Odéon ne -donnera sans doute que
vers la fin de sa saison théâtrale.- v
M. Berton.fils vienkde signer cethéàtr,®
un engagement de deux ans. Cet engagement
démentirait la nouvelle que l'on a don-
née de l'entrée de MM- Be.rton^ père -etflls
à l'Ambigu pour un arame tu? w* n.».^
Daudet, ̃•••- 'M- .̃' "•Ç^ .̃»
M. Touroude a lu samedi, à l'Ambigu, un
drame en cin4 actes, dont les principaux in-
terprètes sont: M. Lafeitfiêre et mademoi-
selle Jane Essler. f,"
La pièce de M. Daudet, qu'on répète en ce
moment à ce théâtre, est l'histoire d'une
nonne amoureuse.
Il est probable que l'affiche portera pour.
titre, non pas l'Oubliée, mais la Défroquée.
On dit que Victorien Sardou vient de ter-
miner un roman pour l'Ordre.
MM. Philippe Gille et Dnprat ont lu, sa-
medi aux artistes des Polies-Dramatiques,
une opérette en trois actes et quatre ta-
bleaux..
Titra UAnge des Valledtmare.
Une jeune artiste, mademoiselle Marie
Pommier, va débuter incessamment au Gym-
nase dans la Cravate blanche.
La troupe de M. Raphaël Félix eommen-
cera ses représentations à Londres, la 7 cou-
rant, par la Protégée sans le savoir et Un fils
de famille.
Hier soir, à l'Eldorado, mademoiselle
Amiati a chante* d'une façon charmante une
fort jolie chose les EmigranU, de Delormel
et'Siégel, et pour la musique deBenza; hier
aussi première représentation delà Toquade
du Pacha, bouffonnerie très réussie, avec
Gqyon, Perrin, Paora, madame Chretienno
ponr interprètes.
Lettreirouvée dans le passage de l'Opéra
'nous Ia-tenons à la disposition de la per-
sonne-qui Ta perdue.
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