Titre : Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche
Éditeur : Le Figaro (Paris)
Date d'édition : 1888-02-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343599097
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 février 1888 25 février 1888
Description : 1888/02/25 (Numéro 8). 1888/02/25 (Numéro 8).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k272430w
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Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
30
LE FIGARO SAMEDI 25 FÉVRIER 1888
1 1
ridicule harmonie. Puis, vers minuit et
demi la fermeture approchant, Peacock
entonna
He was a jolly good feltovH (1)
Be was a jolly good fellow 1
( Ce fut un joyeux bon compagnon 1)
Tous s'y attelèrent d'entrain, estimant
le prétérit expressif, comme donnant
mieux l'idée que l'on chantait les méri-
tes spéciaux de Greengage, Ils reprirent
dix fois, vingt fois, incapables d'impa-
tience. Les rares retardataires du quar-
tier s'arrêtaient devant Brown Bear,
murmurant
–Ces funéralistes sont un sacre joyeux
lot
Et, rentrant chez lui, Peacock, les nerfs
surexcités, ne put s'empêcher d'éveiller
sa côte (2) en s'écriant
En grand costume, vieille femme!
la cravate blanche à la mode ancienne.
large. confortablement 1.
Elle, languissante, murmurait
Humbug Humbug (3)
Les escarpins vernis. le gibus sur
ma poitrine. et les gants de cérémonie.
chère fille 1
III
Les obsèques de James-Arthur Green-
gage furent, en 1880, parmi les merveil-
les de Dalston. Quand le grand corbil-
lard, à caisse de verre, ses larges bou-
quets de plumes funéraires aux quatre
coins, ses hauts chevaux de Flandre, de
sombre ébène, à laqueue et à la crinière
démesurément flottantes, le frontal re-
haussé d'autres plumeaux gigantesques,
s'arrêta au numéro 60 d'Albert Road,
toute la population se tenait au bord des
jardinets grillagés ou sur le haut des
perrons de pierre blanche. Plus de vingt
voitures, aux lanternes vêtues de deuil,
aux étalons de deuil (toutefois,quelques-
uns préparés à l'aide d'artifices noirs),se
tenaient à la suite du corbillard. Devant
la grandeur de la cérémonie, Mistress
Peacock elle-même avait cédé, :et Pea-
cock lançait des apophtegmes de béati-
tude. • •
Cependant, avec une lenteur excessive,
le conducteur de. la cérémonie,son;l)â.ton
noir délicatement soulevé, se mettait en
marche, et avec lui le cortège. Partout,
au long du quartier, une foule respec-
tueuse émergeait des portes, jetait un
long regard sur le cercueil éblouissant
aperçu dans la caisse de verre, et Pea-
cock jouissait de tous les menus détails
de l'admiration publique, chuchotait,
tout bas
Quel glorieux jour 1 Quel glorieux
jour 1
Après des temps incalculables on ar-
riva au cimetière. Là, 4e prêtre et les
clerks vinrent prendre la tête du cortège,
et la psalmodie grave s'éleva •
« 1 am the résurrection and thé life,
n saith the Lord he that believeth in
» me, though ne w*êre dead, yet shall he
live. »
« Je suis la résurrection et la vie, dit
»le Seigneur: celui qui croit en moi,
» encore qu'il soit mort, il vivra. »
Puis, dans la petite église nue et claire,
où un passereau voletait au plafond, les
psaumes vibrèrent
_« I said, 1 will takeîlieed tomy ivays
» shat 1 o.ffend not in my iqngue. »
«J'ai dit: Je prendrai garde à mes
a voies, afipque je ne .pèche point par
» ma langue;» »
Et Peacock songeait que, sûrement,
cet office était une puissante chose et qui
expliquait l'affaire par le vrai .côtél l
Quelle chance, après tout, d'être un pur
Breton 1
Mais la basse saisissante du -vicaire
terminait l'exhortation
« Therefore, my bèloved brethren, -be
» ye stedfast unmoveable aVways
» abounding in the work of the Lord.
(1) Se chante sur l'air de Marlborough, d'ordi-
naire au présent de l'indicatif.
(2) Sa côte, sa femme allusion à la côte
d'Adam;
(3) Humbug bourde.
FEUILLETON DU SUPPLÉIEHT UTTtRMRE DU F16&R0
LE QUESTIONNAIRE;
DU .S
FIG-AI~O
Nos prévisions continuent à se réaliser. Les
lecteurs du Supplëtnent montrent, par leur
croissant empressement à nous répondre,
quel intérêt ils prennent aux questions sou-
levées. D'autre part, nos confrères témoi-
gnent que ces questions sont importantes ou
curieuses puisqu'ils veulent bien les prendre
pour sujets d'articles.Nous les en remercions,
et ne pouvant, cette fois, les citer tous, nous
signalerons du moins aux curieux les ré-
flexionsde M. Guillaume Livet parues en tête
de l'Evénement.
Question du 11 février
Du charme que les jeunes filles ont
perdu ou gagné,comme esprit et comme
cœur, à la suite, des transformations de
V enseignement depuis quelques années.
Les lettres nous sont arrivées en énorme
quantité, et nous avons pu croire, à première
vue, que la majorité de nos correspondantes
était hostile aux innovations de l'enseigne-
ment secondaire. Mais une lecture plus at-
tentive nous permet d'affirmer quelles opi-
nions sont au moins partagées et que peut-
être même les suffrages les plus nombreux
sont acquis à la transformation de l'ensei-
gnement, les questions ée croyanceset d'opi-
Bions réservées
Voici d'abord une lettre non signée, qui
résume fort à propos l'opinion d'un maitre
éminent en pédagogie féminine, le récent
académicien M. Gréard, celui qui a écrit ces
lignes toutes de circonstance ici
« Passionnées parfois quand il s'agit d'au-
» trni, les femmes sont d'admirables juges,
» éclairés, discrets et sûrs, lorsqu'elles trai-
tent de-leurs intérêts les plus nobles: Mme
»de Staël ne s'étonnait pas sans raison qu'on
» se passât de leursuffrage dans une question
» où l'on ne peut se passer de leur concours ,1)
Monsieur,
lime parait qu'il s'établit une confu-
sion dans l'esprit de ceux et de celles
qui attaquent violemment les réfor-
mes introduites dans l'enseignement
des filles. D'abord, y a-t-il vraiment ré-
forme ? Y a-t-il tant que. cela innova-
tion ? L'enseignement secondaire n'a-t-il
» C'est pourquoi, mes frères bïen-ai-
» més, soyez fermes, inébranlables, vous
» appliquant toujours avec un nouveau
» zèle à l'oeuvre du Seigneur. »
Avec une lenteur solennelle, en si-
lence, tous marchèrent alors vers la
tombe, et pendant que s'apprêtait l'ense-
velissement, le prêtre et les clerks, dans
une mélopée mystérieuse
» Man that is born of a wom'an hath
» but a short time to live, and is full of
» misery.
» L'homme qui est né de la femme
» n'a qu'un temps bref à vivre, et est
» plein de misère.»
Un petit frisson, un souffle d'épou-
vante, sur la chair de Peacock, mais où
il trouvait encore une volupté discrète,
un subtil élément de béatitude. Il incli-
nait la tête,dans le beau soleil de ce jour,
rêvant à la façon si confortable,pour«ûr,
dont Greengage retournait à sa mère la
cendre, pendant que s'égrenaient les pa-
roles finales du Rituel
» The grace ofour Lord Jésus Christ,
» and the love of God, and the fello-
» wship, of thé Holy Ghost, be with
» us all evermore 1.
» Que la grâce du Seigneur Jésus-
» Christ, et l'amour de Dieu, et la Com-
» munion du saint Esprit soient avec
» nous jamais 1 »
Sur les Cippes, les tables de pierre, les
statuettes éparses, à travers les conifè-.
res rajeunis, une grâce fine courait, un
soleil de consolation et de beauté. En
tous, la vibration de vie, l'oubli du cada-
vre, la sensation d'une excursion char-
mante, tellement que Peacock, à travers
l'allée où les invités s'en revenaient sans
hâte, put déclarer sans apparence de pa-
radoxe à son excellente vieille poule
Hé! n'est-ce pas une excellente
chose qu'un bel enterrement?
Et la vieille poule attendrie se laissait
aller à répondre >
Peut-être,. vieux canard. peut-être!
Et tous burent de joyeuse ale.
SILHOUETTES DE DIPLOMATES I
M. SMIEWICZ
MINISTRE DE FRANCE AU JAPON
Vous vous rappelez le mot de feu Hyacinthe
du Palais-Royal dans je ne sais quel personnage
où il apparaissait sous un aspect funèbre « Je e
suis d'Issoudun mais mes malheurs m'ont rendu
Polonais. »
M. Sienkiewicz n'est pas, comme felâ -Hyacin-
the dans ce rôle, un Polonais d'occasion. Troi-
sième fils de l'illustre historien dont le nom est
vénéré de Cracovie et de Varsovie à Posen, il
n'a pas à renier sa nationalité d'origine, mais il
est aujourd'hui doublement Français, puisqu'il
a choisi sa patrie.
C'est du reste à Paris qu'il est né et qu'il a
fait ses études et son droit. Il a épousé une
Française accomplie, aimable et douée dégoûts
artistiques. Son fiêre est également nôtre com-
patriote et le bras droit de M. de Soubeyran
à la. Banque d'escompte,
Notre ministre au Japon a aujourd'hui cin-
quante ans. Il tient de sa race les cheveux blonds
l'aspect un peu réservé particulier aux gens-du
Nord et aussi la vigueur musculaire. Ses biceps
polonais ont été admirés et palpés dès 1860 par
ses jeunes camarades du quai d'Orsay qui, mus
par un sentiment de basse jalousie, l'appelaient
Arpinski.
Heureusement sa vigueur morale ne le cède
en rien à sa vigueur physique. Partout où il a
passé, dans la carrière des consulats, celle qu'il
embrassa d'abord, il a laissé le souvenir de
son énergie. Rappelons à ce propos une anec-
dote qui est contemporaine de son séjour à Jé-
rusalem.
C'était pendant les tristes heures de la guerre
pas toujours existé en fait? Et le lycée
de filles, dont les cours ne sont pas- obli-
gatoires, ne donne-t-il pas, à peu près, la
même instruction donnée dans 4a famille
ou dans les pensions et couvents où l'élève
restait, on peut le dire sans exagération,
jusqu'à la--veille de son- mariage?
Il est souverainement injuste d'accuser
l'enseignement secondaire du trop grand
nombre des institutrices qui ne réussis-
sent pas à se-placer, qui s'irritent de ne
pouvoir gagner leur vie, et qui, finale-
ment, peuvent devenir les déclassées que
l'on sait. C'est bel et bien, dans ce cas,
l'instruction primaire qui est coupable.
Qu'il soit donc bien acquis que l'ins-
truction de la femme cultivée va rester
la même comme reste et restera la
femme. Les méthodes peuvent chan-
ger, et aussi les programmes, mais le
résultat, quant au genre d'existence de
la femme, sera le même. L'épouse qui
n'était pas chargée hier de pourvoir à sa
subsistance et à celle des siens ne courra
pas davantage le cachet, et se conten-
tera de surveiller avec plus d'autorité
l'éducation de ses enfants. S'il y a une
critique à exprimer, elle doit porter sur
cet éternel thème de disputes: l'exclu-
sion des femmes en ce qui concerne cer-
taines professions. Pourquoi l'augmen-
tation de science n'augmenterait-ello
pas, pour la femme, la facilité de se choi-
sir un métier ? Puisque le « sexe n'est
pas toujours, hélas un privilège, qu'on
égalise un peu les conditions de la lutte
Maintenant, pouren revenir au charme
del'esprit et du cœur, qui ontété visés par
votre question, laissez-moi en référer à
l'autorité de M. Gréard, qui prononçait,
il y a quatre mois, ces éloquentes paro-
les, à l'inauguration du Lycée Racine
« La sagesse antique, parfois un peu
» courte,maistoujourssi saine, necroyait
» pas pouvoir faire un plus bel éloge" de
» la vie d'une femme qu'en rappelant
» qu'elle avait filé la laine et gardé.le
» foyer. Nous avons placé plus haut no-
» tre idéal: nous exigeons aujourd'hui
» de nos élèves beaucoup plus qu'on en
» demandait, de son temps, même à la
» mère des Gracques; mais c'est tou-
» jours aux devoirs et aux vertus du
» foyer que- nous les préparons. » L'ora-
teur continue ainsi, montre le décisif de
l'expérience poursuivie depuis huit ans,
et il indique l'allégement des program-
mes pour les amener à la perfection, en
se gardant bien de toucher aux cadres.
Il ne veut pas d'une trop grande érudi-
tion qui serait un fardeau pour la mé-
moire, il demande qu'on laisse de côté
nombre de détails de l'Histoire et de la
Géographie. Mais il tient fermement pour
les langues étrangères et pour certaines
sciences Il recommanda encore, ici, d'é-
viter le superflu et il termine par cette
bellç.-pérorajsOn Nous pouvons bcau-
et de ta Commune. Enhardis par les succès
militaires de leurs compatriotes, les Allemands
établis en Orient créaient le plus de difficultés
qu'ils pouvaient à nos agents. Jaloux de l'in-
fluence conquise par la France dans ces
régions grâce au protectorat séculaire qu'elle
exerce sur les chrétiens, ils attisaient en sous-
main le fanatisme musulman contre les con-
grégations- religieuses. Or, l'été de 1870 était
exceptionnellement chaud à Jérusalem. L'eau
des citernes, l'unique ressource des habitants,
se trouvait presque tarie. Un médecin allemand
établi à Jérusalem profita de cette circonstance
pour engager le pacha gouverneur de la ville à
s'emparer d'une source merveilleuse, à l'enten-
dre, et qui se trouvait dans une cave située
sous le couvent des Dames àel'Ecce homa-.vlLWe.
doit appartenir à la mosquée d'Omar, ajouta
le médecin, car la cave communique avec elle
par de vastes tunnels. » ̃
Le fameux mot « Cette malle doit être à
moi », n'est pas particulier à Bilboquet. Le pa-
cha se laisse circonvenir par l'Allemand et donne
l'ordre d'enfoncer les portes de la cave. On lui
obéit. ̃•' '̃
Il avait compté sans M. Sienkiewicz. Notre
agent, prévenu à temps, poste des hommes sur
les débris de la porte. On parlemente avec lui,
on le menace, on déclare ne plus pouvoir ré-
pondre de sa sécurité personnelle et là-dessus
le siège du couvent est commencé. M. Sienkie-
wicz proteste. Le pacha fait semblant de se
laisser convaincre et, en bon Oriental, renonçant
à-la force, il a recours à la ruse. D'après ses
ordres, on creuse un chemin souterrain et, un
beau jour, on voit émerger de terre du milieu de
la cave une escouade de fonctionnaires et des
soldats turcs.
m
C'était un beau travail de sape, mais il
avait été accompli en pure perte. Devant
ces soldats et ces fonctionnaires, M. Sien-
kiewicz se présente sans armes et protesté
de nouveau avec calme contre la violation à
main armée d'un établissement français. Son
sang-froid en imposa cette fois" au pacha et à
ses hommes. On ne s'occupa plus de la source
qui n'était d'ailleurs qu'un suintement d'eau
saumâtre,et à la suite de négociations bien me-
nées, le pacha fut rappelé et les Dames de
Sion rentrèrent en possession de leur cave.* Une
partie même des tunnels lear fut abandonnée en
guise de compensation. Le biceps moral de M.
Sienkiewicz' avait soulevé la difficulté.
̃• :̃̃•"• # -̃̃̃:̃̃̃̃̃̃:
Plus tard, toujours avec son biceps, M. Sien-
kiewicz, envoyé de Jérusalem à Hong- Kong,
arrête en pleine rade anglaise des matelots eu-
ropéens de diverses nationalités inculpés d'a-
voir jeté à l'eau le capitaine, d'un brick français
et les livre aux autorités de Saigon. En général,
le gouvernement colonial de Hong-Kong récri-
mine volontiers contre les consuls étrangers qui
se permettent de faire leur devoir. Cette fois, il
resta bouche close devant ce coup d'audace.
De Hong-Kong M. Sienkiewicz passe à Bey-
routh et, en 188 ï il est nommé consul général au
Caire. On l'en rappela quelque temps avant le
bombardement d'Alexandrie et on eut tort. C'é-
tait le moment ou jamais d'avoir à mettre en
face des Anglais, en Egypte, l'agent qui n'a-
vait pas fléchi à Hong-Kong. On aima-mieux
l'envoyer au Chili, quitte à l'en rappeler presque
aussitôt. Un député, feu Pascal Duprat, avait
demandé son poste, et quand un député daigne
remplacer quelqu'un 'de la carrière, c'est tout
juste si l'on n'exige pas de ce dernier, avant de
partir, qu'il balaye lui-même l'hôtel de la Léga-
tion. •
Heureusement pour M. Sienkiewicz, aucun
soùs-Constans et aucun diminutif de Papinaud
n'a encore parlé d'aller lui prendre sa place au
Japon. Ce dont nos intérêts là-bas n'ont qu'à
se féliciter. Dés son arrivée à Tokio, en effet,
notre ministre a fait œuvre utile. Il a pris une
part active à la revision des traites conclus
entre la France et le Japon. En même temps, il
s'occupe avec fruit de Ja propagation des idées
et de la langue françaises. Les amants de la cou-
leur locale s'en plaindront peut-être, mais la di-
3. H." Rosny. `
» coup pour élever nos élèves; nous ne
» pouvons pas tout. Destinée à la vie de
» famille, la jeune fille ne doit être sépa-
» rée de la vie de famille que dans la
» mesure où des intérêts supérieurs en
» imposent la nécessité. Ce n'est pas
» seulement parce qu'elle s'y forme à
» ces soins de ménage que Mme Guizot
» appelait spirituellement les devoirs du
» drapeau; elle y apprend ce que les
» livres ne peuvent jamais ,énse,igner
» qu'imparfaitement à se désïhtéres-
» ser d'elle-même, à faire acte d'abné-
» gation. Le travail et la lutte sont la
» part de l'homme, son intelligence et sa
» volonté n'y sauraient être trop énergi-
» quement exercées. La femme est née
» pour se dévouer c'est ce qui fait sa
» force en même temps que sa grâce
» c'est le secret de son bonheur. »
Il me semble que ces éloquentes paro-
les doni|pnt satisfaction complète aux es-
prits inquiets, et que l'éducation des jeu-
nes filles ainsi comprise, soit dans le
lycée neutre, soit dans le foyer reli-
gieux, au gré des parents, est faite pour
nous rassurer sur l'avenir.
;1F~"
Malgré sa longueur, nous avons tenu à pu-
blier cette réponse, parce que son auteur y
sépare judicieusement l'enseignement secon-
daire et l'enseignement primaire. C'estle pre-
mier que reçoivent au couvent ou chez elles
les filles de nos lectrices; c'est donc le seul
que notre question mettait en cause. Il ne
prépare pas au professorat, etlesjeunes filles
qui le suivent obtiennent simplement, après
quatre et six ans de cours, des certificats
d'études. La troisième République, enfin, ne
l'a pas créé. Elle s'est bornée à luï "Sonner
l'estampille de l'Etat, la protection officielle,
en modifiant les méthodes, les programmes
qu'elle reconnaît, du reste, avoir trop
chargés et qu'il est question d'alléger
et en contrôlant enfin les titres du per-
sonnel enseignant. Au fond, rien n'est donc
changé et les jeunes filles ne sont brevetées
qu'autant que le désirent leurs familles. On
peut penser que, les établissements libres s'é-
tant presque tous haussés au niveau des
établissements officiels, personne n'a perdu à
l'ingérence de l'Etat dans la question de l'ins-
truction féminine secondaire. On ne saurait
par contre en dire autant de l'enseignement
primaire auquel nous devons tant de mal-
heureuses, mais, encore un coup, ce n'est pas
de celui-ci que nous entendions parler.
Pour finir, voici quelques lettres que nos
lectrices ne liront pas sans plaisir
« Ah Figaro, l'éducation des filles l
N'est-il donc plus de mères raisonnables
plomatie française n'a pas à travailler exclusi-
vement pour les amoureux de Madame Chrj/sati'
thème l
<1[
M.PATRIH0SIO
MINISTRE DE TRANCE AU MONTÉNÉGRO
Un homme de cinquante-deux ans, alerte, à
la mine éveillée, un Corse dévoué à ses devoirs,
exécuteur ponctuel des -instructions reçues, en
vrai fils de l'île vaillante qui donne à Paris tant
de sergents de ville -disciplinés.
Lui aussi a débuté par les consulats. On l'a
vu à Livourne, à Bucharest, à Beyrouth. Plus
tard, chargé de négocier avec les Hovas, il
conclut avec eux le traité qui porte son nom et
qui lui fait honneur. On l'en récompensa en l'en-
voyant, comme ministre de France, au Monténé-
gro. Le chemin de traverse des consulats l'avait
ainsi amené sur la grande route de la Carrière.
Reste à savoir s'il ne regrette pas un peu les
petits sentiers d'antan. Cettinge ne rappelle
même pas Beyrouth de loin,comme agrément.Le
souverain du Monténégro, le prince Petrovitch,
est à coup sûr un très galant homme aimant la
France comme tout..ancien élève de Louis-lc-
Grand doit le faire, et charmant, soit dit entre
parenthèse, pour ses anciens labg,dens qui s'a-
vénturent dans" sa capitale. Mais si le prince
passe, à bon droit, pour un monarque civilisé,
ses sujets possèdent encore des notions bien
sommaires de high-life. Leurs progrès dans la
pratique de la haute gomme sont lents. M. de
Bismarck xst injuste pour eux en les appelant
des « voleurs de moutons ». Mais est-on bien
sûr qu'il soit à jamais passé le temps où cer-
tains chefs de la Montagne-Noire invités à un
banquet, servi à l'européenne, en rapportaient,
dans leurs bottes, des petits fours destinés à
leurs valeureuses compagnes ?
C'est là, c'est dans une ville à moitié village
campée fièrement sur la montagne, que M. Pa-
trimonio fait son purgatoire diplomatique. De
temps en temps, au printemps, il descend à ce
paradis relatif de Raguse d'où il peut contem-
pler, avec quelques compagnons d'exil, les flots
bleus de l'Adriatique en tournant le dos aux ci-
mes pelées de Tchernovor et aux grandes
bottes où s'empilent les petits fours destinés aux
valeureuses compagnes des grands chefs.
Comte Mosca.
!f P~~S~ ~5 !f DA~f
LE PRESENT DANS LE PASSE
UNE lÂRCHABDE D'ISFLUEiCES EN 1 826
Plus cela change, plus c'est toujours la
même chose, a dit un homme d'esprit.
On aura beau le répéter à satiété, la na-
ture humaine n'en restera pas moins la
mêmev toujours prête à éluder les lois
générales au profit des intérêts particu-
liers. En l'an de grâce 1826, on vendait
déjà presque publiquement les influen-
ces. Et comme aujourd'hui, comme tou-
jours, les gens qui en faisaient trafic
confiaient leurs agences au sexe faible.
Les annales de nos tribunaux font foi
de ce que j'avance. et le récit suivant en
est la preuve.
Le 12 janvier 1826, une foule compacte
se pressait dans la salle du tribunal cor-
rectionnel de la Seine, pourvoir juger et
condamner,une aimable dame qui, après
avoir été jeune, jolie, galante même, avait
consacré un esprit très avenant à la vente
de marchés avec l'Etat, de places et de
décorations. Naturellement, le monde of-
ficiel d'alors devait être très écorné par
les révélations des avocats et de l'accu-
sée; c'est ce qui explique l'affluence des
curieux accourus pour assister à ce
procès.
On racontait que ne raconte la mal- °
veillance publique lorsqu'elle est surex-
citée par les circonstancesl -que la dame
Madame X.
pour en faire autre chose que des pou-
pées, quand elles sont petites,-des pou-
pées chères– -et des mondaines ou des
savantes quand elles sont grandes2.
Et sans parler des préliminaires de
ces petits cours de vanité et de toilette
comparée où Miss ou Fraülein les
conduisent à toute heure et d'où maman
s'absente parce qu'elle a trop de visites
ou de devoirs du monde, qu'est-ce que
tpus ces perfectionnements un peu ridi-
cules où s'attardent vers les dix-sept ans
ces grandes jeunes filles à qui l'on n'ap-
prend plus rien de la vie modeste et fa-
miliale ? C'est le cours de littérature ou
d'histoire supérieure le cours de chimie! 1
d'anatomie à l'usage des demoiselles! de
physiologie! tout cela en vue d'utilité
exceptionnelle et prétexte à sortie du
matin au soir; comme si, à mesure de
l'âge et des devoirs nouveaux, la femme
ne complétait pas elle-même selon ses
goûts, son entourage ou ses lectures les
éléments de l'éducation scolaire 1
Je me demande comment, plus tard,
dans les moments de solitude forcée
de la femme, quand, malades ou gar-
des-malades, ces jeunes filles devront
rester chez elles comment elles oc-
cuperont les heures de réclusion ? Un
talent d'agrément, je veux bien, mal-
gré la médiocrité presque générale
des résultats mais pas une qui prenne
l'habitude des jolis ouvages de main.
Démodées, la broderie, la tapisserie, la
simple et vaillante couture, cette faci-
lité de parer sans frais ses enfants et soi-
même et de se plaire au chiffonnage
utile des étoffes!
Le dehors, le salon ou la i*ue^ rien
pour l'intérieur, et je parle des heu-
reusesl
Quant aux autres, l'affolement est com-
plet filles pauvres vouées au travail, on
veut pour. elles, maintenant, la profes-
sion libérale; il se prépare plus d'insti-
tutrices qu'il n'y aura jamais d'élèves
les étudiantes en médecine ne sont plus
des exceptions, et, médiocres en tout,
sauf toujours les rares élues, courant
les leçons ou la clientèle, incapables du
moindre soin ménager, quelles familles
élèveront et fonderont ces jeunes dé-
classées ? 'l
Mme ALPHONSE DAUDET.
«Du moment que la femme ne perd pas
conscience des avantages de son sexe,
qu'elle conserve le désir de plaire, si ins-
tinctif à la nature féminine, qu'elle s'ins-
truit dans le But de posséder un nouveau
charme auprès de l'homme, à l'appui de
sa beauté, charme qu'elle conservera
plus longtemps que cette beauté fugitive,
eUe acquiert par l'instruction une chance
de plus à son avoir
IVhomme civilisé souhaite une coppa
avait été l'agente directe de l'amie de
cœur du feu roi Louis XVIII, qu'un mi-
nistre était compromis dans l'affaire et
que toute la Cour du feu roi serait mise
en cause.
Hélas rien n'était plus vrai la com-
tesse ou la baronne de Campestre avait
remué des intérêts et des personnages
considérables, donnant des fêtes dans
lesquelles se pressaient le monde offi-
ciel et le monde à la mode elle avait été
reçue par le Roi en audiences particu-
lières ou publiques, fréquentait aux Tui-
leries, recevait des lettres à cachets mi-
nistériels apportés chez elle avec fracas
par des cavaliers en grosses bottes en
outre elle se faisait accompagner dans
les hautes administrations par ses clients
qu'éblouissait sa facilité à pénétrer par-
tout.
Après avoir toléré, protégé même as-
sez longtemps ses intrigues, la police,
toujours tracassière dès qu'elle, cesse
d'être indifférente, avait été contrainte
par des dénonciations multiples de s'occu-
per de Mme de Campestre. C'était le nom
que se donnait l'accusée. L'instruction,
ne se fiant pas à ses déclarations, avait
cru reconnaître dans la soi-disant ba-
ronne elle se laissait donner ce titre
et même celui de marquise unecertaine
femme Benoît, née M. divorcée à la
suite d'une condamnation pour vol pro-
noncée contre son mari par la cour cri-
minelle de Toulouse et ayant elle-même
été traduite, en 1806, devant la cour d'as-
sises de la même ville pour vol qualifié.
La commère avait, il est vrai, été acquittée.
Mauvais antécédents qui donnaient une
-date certaine et surtout lointaine à sa
beauté dont elle cherchait encore à faire
le meilleur usage; mais on a vu par de
récents débats qu'en amour les person-
nages officiels préfèrent souvent de
beaucoup l'expérience savante à l'inno-
cente fraîcheur! Dans cette affaire très
curieuse les circonstances et les détails
sont surtout précieux à rappeler.
est
Lorsque l'Empire fut renversé pour la
seconde fois, une quantité énorme de
places devinrent vacantes, et le quadru-
ple au moins de candidats se ruèrent à
la curée. Tous les émigrés, dont les biens
étaient t ou n'étaient pas confisqués,
tous ceux qui avaient souffert de la Ré-
publique ou qui prétendaient avoir boudé
l'Empire, sollicitèrent. Le trésor particu-
lier de l'Empereur trouvé dans les caves
des Tuileries avait servi, en 1814, à cal-
mer la première soif de ceux qu'on appe-
lait du nom assez caractéristique de.
« Rentrants à la Bouillote »; mais, en
1816,1e trésor était à sec,il fallait en plus
chercher,de l'argent pour satisfaire nos
bons amis les ennemis; le crédit public
était restreint et le Roi n'avait rien que
des places à donner. Il dut faire flèche de
tout bois, et ses amis durent se conten-
ter de succéder à des croquants. Le plus
puissant Roi de la terre ne peut offrir
que ce qu'il a. On vit alors des marquis
devenir sous-préfets ou juges de paix,
des anciens chefs de Chouans accepter
des postes d'officiers de gendarmerie et
des princes entrer dans lesDroits réunis:
il faut bien vivre! C'était encore heureux
lorsque le nouveau placé n'agissait point
comme ce gentilhomme percepteur re-
fusant de verser à la trésorerie générale
les fonds de sa recette, sous prétexte
qu'on ne pouvait lui reprendre, au nom
du Roi, ce que leRoi lui avaitdonné pour
rémunérer sa fidélité.
«Le Roi, disait-il, m'a octroyé une
perception, je perçois. »
Comme on ne pouvait le faire sortir dé
cette puissante logique, on le destitua.
Mais la masse se montrait plus raison-
nable elle consentait même à partager
les faveurs avec celui qui les faisait ob-
tenir. C'est alors qu'on inventa, ou plutôt
qu'on renouvela les redevances que
certains emplois bien rémunérés payaient
à des favoris du Roi. On coupa des places
en deux, on prit l'escompte sur les fa-
veurs accordées, et bientôt le métier d'en-
tremetteur, de marchand d'influences
gne, et non une femelle! Les hétaïres de
la Grèce connaissaient la musique, les
beaux-arts, tout ce qui est susceptible de
rendre leur conversation intéressante et
attrayante pour les hommes! seulement,
ils ne les épousaient pas. car, dans le
mariage, le mari doit redouter la supé-
riorité de la femme.
Le tort de l'enseignement actuel, qui
vise trop à remplir la tête, pendant qu'il
isole le cœur, sans mettre dans la main
d'instrument pratique pour les luttes de
la vie, est d'être pareil pour toutes les
situations sociales. Le fruit de l'arbre de
la science ( qui a été cause desmalheurs
de notre mère Eve,ne l'oublionspas!)de-
mande à n'être absorbé qu'avec discer-
nement, selon les tempéraments, les po-
sitions, les âges. La tâche naturelle
de la femme est d'être épouse docile et
dévouée, mère capable et tendre, maî-
tresse de maison adroite; ce qui lui est in-
dispensable à savoir, on songe le moins
à lui enseigner! Un homme préférera
une femme intelligente à une savante,
car il pourra toujours inculquer à la pre-
mière la dose d'instruction qu'il voudra.
-Une femme ne doit pas être plus ins-v
truite que l'homme à l'alliance duquel
elle peut aspirer, sans quoi elle serait
la supérieure dans le 'ménage, ce qui les
rendrait tous les deux fort malheureux.
Il se trouverait humilié; les rôles se-
raient intervertis. Quand la femme
n'aura plus besoin de l'homme pour la
protéger, elle ne se mariera. que pour
avoir des enfants légitimes 1
En résumé,la femme riche ne peut que
gagner aux transformations de l'ensei-
gnement tandis que la femme pauvre y
puise les tristesses des déclassées, puis-
qu'il ne peut lui fournir les moyens de
sortir de sa position. L. D'ALQ.
«Pauvres hommes! Il sera amer le par-
fum du bouquet de noces quand les in-
nocentes créatures qui s'abreuvent en-
core de lait auront bu le vin frelaté de
l'éducation nouvelle! l
Miss Positive fera son apparition dans
ce monde parisien qui connaissait la
jeune fille-ange, la jeune femme-fée,
mais qui ne connaissait pas la demoi-
selle-pionne 1
Elle ne sera ni jolie, ni même propre
la science est exigeante. Elle aura les
ongles en deuil de nos collégiens et les
cheveux courts en broussailles. Elle
sera brouillée avec les brosses, les sa-
vons, les frais parfums, les romans et
l'idéal 1
Mais elle nommera toutes choses par
leurs noms i
0 Adam, qu'aurais-tu dit si la blonde
Eve t'avait parlé de ton humérus, de tes
pectoraux. efc.î '1
devint un des plus honorés dé îaCour ett
de la ville.
Recevoir vingt mille écus d'épingles)
sur une recette générale que l'on avait
fait accorder à un tiers était chose ad-
mise. On ne se cachait point non plus;
d'avoir prélevé cent mille francs sur unef
fourniture de fourrages. Mme de Cam-
pestre avait pris 200,000 francs par an sur
une fourniture de chevaux' et les avait;
réclamés par-devant la justice. L'anciert
régime jetait ses derniers feux, l'omnipo-
tence du Roi allait d'ailleurs s'user et
disparaître "dans les luttes parlemen-
taire-s, chacuq. jouissait de son reste.
Parmi les plus grandes marchandes
d'influence, on citait Mme du Cayla,
la belle Mme du Cayla, que les mali-
cieux nommaient familièrement la tabaJ
tière du Roi, et sur laquelle Béranger a
fait sa belle chanson d'Octavie. Mme dix
Cayla, placée au premier rang, n'avait
qu'à demander pour obtenir souvent
même elle obtenait sans demander, et
l'on affirme qu'elle eut à sadispositionplu-
sieurs offices d'agent de change, lorsque
leur nombre fut augmenté. Elle ne pou-
vait i suffire aux solliciteurs; ils encom-
braient ses antichambres, la poursui-
vaient au château, la guettaient à l'é-
glise, la surprenaient même indiscrète-
ment lorsqu' elle voulait être seule. On
imagina alors d'assiéger ses amies, et es
fut un état lucratif d'être l'amie de Mme
du Cayla.
Comment la veuve Benoît parvint-elle
à escalader le rempart qui entouraitla jo-
lie favorite? Sifragile que fût ce rempart,
l'ex-femme d'un repris de justice, elle-
même soupçonnée de vol, ne devait
point le renverser facilement. Mais la.
veuve Benoît savait habilement accom-
moder les restes d'une beauté sur son dé-
clin et même sur son départ. Par des
complaisances calculées, elle avait su se
concilier des hommes bien placés." Avait-
elle droit, ou non de prendre le nom de
Campestre avec la particule? Il faut con-
venir que si la police le lui contesta, elle
prétendit que la police se trompait, et la
police ne lui prouva pas le contraire. Il
est probable qu'elle avait profité du re-
tour hâtif de l'aristocratie pour y re-
prendre le rang qu'elle avait avant son
mariage avec le sieur Benoît. Y avait-it
eu des Campestre aux Croisades? J'ai en
vain cherché ce nom dans plusieurs
dictionnaires de la Noblesse. Il est
probable que la femme Benoît avait
imité ces deux forçats célèbres qui se
glissèrent, l'un dans une simarre de
prélat, l'autre dans un frac de lieute-
nant-colonel. L'émigration, ses hasard?
et ses douleurs avaient facilité une foule
de substitutions et d'usurpations. Lais-
sons-lui donc son de et son nom. Ajou-
tons qu'elle avait voiture, portait bien la;
toilette, recevait jusqu'à cinq cents per-
sonnes dans des soirées fort courues,.et
nous aurons l'état d'une femme d'intri-
gues sous la Restauration 1
Tout cela s'était arrangé sur un édifice
de mensonges. Le premier avait permise
le second et le second. avait autorisé le.
troisième. En matière de crédit pari-
sien, un esprit hardi trouve toujours des
associés et des commanditaires lorsqu'it
s'agit de faire des dupes. Mme de Cam-
pestre semble avoir été de première force
sur l'article, car l'avocat général dans
son réquisitoire lut une lettre dans la-
quelle un de ses correspondants haut pla-
cés lui adressait ce singulier compliment r
« II est bien fâcheux que vous ne soyez pas
un homme; avec les talents dont vous
êtes douée, vous seriez, par le temps qui
court, parvenue au "ministère. »
Quoi de plus naturel que les ministres,
les ambassadeurs fussent à ses piedsl-
Dès lors Mme du Caylat était conquise.
La voyant en si bonne posture en
aussi bonne posture avec les ministres,
qu'elle-même avec le roi, la favorite
L. d'Alq.
Elles ne croiront à rien quâ ce qui est!
Elles feront des expériences, des essais
loyaux jusqu'à ce qu'elles soient satis-
faites Or, sans idéal, quel homme peut
être trouvé ir~c~·üiquable Pour les rê-
veuses, l'amour est une délicieuse illu-
sion pour les dévotes, le mariage un de->
voir souvent agréable.
Plus de rêveuses; plus de dévotes,–
plus rien Des fortes en thèmes, des
chimistes, des apothicaires, des norma."
liennes.
O Seigneur s'écrieront les hommes,
donnez-nous le manteau dè Joseph 1
ETINCELLE.
• ̃ .̃
« Elle est absurde, réduca.tion.moderne!
Absurde, inutile et malfaisante Elle
détraque l'esprit et la santé des jeunes
filles; elle les abrutit; elle les fane 1 Elle
leur apprend une partie des choses
qu'elles devraient ignorer, et les empê-
che d'apprendre celles qu'elles devraient
savoir.
La jeune fille « examens » est, le
plus souvent, ennuyeuse. Elle parle de
science, de littérature, de tout 1. Mais
elle ne « cause » pas, elle récite; elle est
banale et fatigante.'
Si, par hasard, elle a l'esprit et le corps
assez solidement trempés pour suppor-
ter, sans détériorations apparentes, cet
élevage à la gaveuse intellectuelle, si.
elle conserve malgré tout sa. personna-
lité, elle devient ce qu'il est convenu
d'appeler « une femme remarquable »,
et elle découvre la nullité de ce qu l'ei*-
toure. Elle ne « gobe » plus, elle con-
trôle. A quoi bon 7
Les gens sérieux répondent à cela r
« Il faut mettre la mère de famille à
» même de diriger l'éducation de ses
ç. enfants. »
Mais alors, elle n'est plus la mère qui
caresse et qu'on aime ? elle est le pion.
c'est-à-dire ce que l'enfant, même. So
meilleur, fuit, déteste et craint par-
dessus tout. Quelle intelligente faconde
comprendre la maternité I
II faut, je crois, faire faire aux jeunes
filles des études suffisantes, mais limi-
tées leur apprendre à être honnêtes,
bonnes et jolies (cela s'apprend tout
comme le reste), et si les hommes, au liet*
d'être aussi «forts», étaient un pea
plus malins, ils se garderaient de rendre
les femmes savantes.
Ils ont sur elles une supériorité^ ia-
contestable, il est vrai, ils sont plus
ennuyeux S'ils perdent cette super»-
,rité, que leur restera-t-il?.
••• ̃ ̃̃̃ • -/gyp:
Notre prochaine question paraîtra J<œk
Je Supplément du 10 -mars,
LE FIGARO SAMEDI 25 FÉVRIER 1888
1 1
ridicule harmonie. Puis, vers minuit et
demi la fermeture approchant, Peacock
entonna
He was a jolly good feltovH (1)
Be was a jolly good fellow 1
( Ce fut un joyeux bon compagnon 1)
Tous s'y attelèrent d'entrain, estimant
le prétérit expressif, comme donnant
mieux l'idée que l'on chantait les méri-
tes spéciaux de Greengage, Ils reprirent
dix fois, vingt fois, incapables d'impa-
tience. Les rares retardataires du quar-
tier s'arrêtaient devant Brown Bear,
murmurant
–Ces funéralistes sont un sacre joyeux
lot
Et, rentrant chez lui, Peacock, les nerfs
surexcités, ne put s'empêcher d'éveiller
sa côte (2) en s'écriant
En grand costume, vieille femme!
la cravate blanche à la mode ancienne.
large. confortablement 1.
Elle, languissante, murmurait
Humbug Humbug (3)
Les escarpins vernis. le gibus sur
ma poitrine. et les gants de cérémonie.
chère fille 1
III
Les obsèques de James-Arthur Green-
gage furent, en 1880, parmi les merveil-
les de Dalston. Quand le grand corbil-
lard, à caisse de verre, ses larges bou-
quets de plumes funéraires aux quatre
coins, ses hauts chevaux de Flandre, de
sombre ébène, à laqueue et à la crinière
démesurément flottantes, le frontal re-
haussé d'autres plumeaux gigantesques,
s'arrêta au numéro 60 d'Albert Road,
toute la population se tenait au bord des
jardinets grillagés ou sur le haut des
perrons de pierre blanche. Plus de vingt
voitures, aux lanternes vêtues de deuil,
aux étalons de deuil (toutefois,quelques-
uns préparés à l'aide d'artifices noirs),se
tenaient à la suite du corbillard. Devant
la grandeur de la cérémonie, Mistress
Peacock elle-même avait cédé, :et Pea-
cock lançait des apophtegmes de béati-
tude. • •
Cependant, avec une lenteur excessive,
le conducteur de. la cérémonie,son;l)â.ton
noir délicatement soulevé, se mettait en
marche, et avec lui le cortège. Partout,
au long du quartier, une foule respec-
tueuse émergeait des portes, jetait un
long regard sur le cercueil éblouissant
aperçu dans la caisse de verre, et Pea-
cock jouissait de tous les menus détails
de l'admiration publique, chuchotait,
tout bas
Quel glorieux jour 1 Quel glorieux
jour 1
Après des temps incalculables on ar-
riva au cimetière. Là, 4e prêtre et les
clerks vinrent prendre la tête du cortège,
et la psalmodie grave s'éleva •
« 1 am the résurrection and thé life,
n saith the Lord he that believeth in
» me, though ne w*êre dead, yet shall he
live. »
« Je suis la résurrection et la vie, dit
»le Seigneur: celui qui croit en moi,
» encore qu'il soit mort, il vivra. »
Puis, dans la petite église nue et claire,
où un passereau voletait au plafond, les
psaumes vibrèrent
_« I said, 1 will takeîlieed tomy ivays
» shat 1 o.ffend not in my iqngue. »
«J'ai dit: Je prendrai garde à mes
a voies, afipque je ne .pèche point par
» ma langue;» »
Et Peacock songeait que, sûrement,
cet office était une puissante chose et qui
expliquait l'affaire par le vrai .côtél l
Quelle chance, après tout, d'être un pur
Breton 1
Mais la basse saisissante du -vicaire
terminait l'exhortation
« Therefore, my bèloved brethren, -be
» ye stedfast unmoveable aVways
» abounding in the work of the Lord.
(1) Se chante sur l'air de Marlborough, d'ordi-
naire au présent de l'indicatif.
(2) Sa côte, sa femme allusion à la côte
d'Adam;
(3) Humbug bourde.
FEUILLETON DU SUPPLÉIEHT UTTtRMRE DU F16&R0
LE QUESTIONNAIRE;
DU .S
FIG-AI~O
Nos prévisions continuent à se réaliser. Les
lecteurs du Supplëtnent montrent, par leur
croissant empressement à nous répondre,
quel intérêt ils prennent aux questions sou-
levées. D'autre part, nos confrères témoi-
gnent que ces questions sont importantes ou
curieuses puisqu'ils veulent bien les prendre
pour sujets d'articles.Nous les en remercions,
et ne pouvant, cette fois, les citer tous, nous
signalerons du moins aux curieux les ré-
flexionsde M. Guillaume Livet parues en tête
de l'Evénement.
Question du 11 février
Du charme que les jeunes filles ont
perdu ou gagné,comme esprit et comme
cœur, à la suite, des transformations de
V enseignement depuis quelques années.
Les lettres nous sont arrivées en énorme
quantité, et nous avons pu croire, à première
vue, que la majorité de nos correspondantes
était hostile aux innovations de l'enseigne-
ment secondaire. Mais une lecture plus at-
tentive nous permet d'affirmer quelles opi-
nions sont au moins partagées et que peut-
être même les suffrages les plus nombreux
sont acquis à la transformation de l'ensei-
gnement, les questions ée croyanceset d'opi-
Bions réservées
Voici d'abord une lettre non signée, qui
résume fort à propos l'opinion d'un maitre
éminent en pédagogie féminine, le récent
académicien M. Gréard, celui qui a écrit ces
lignes toutes de circonstance ici
« Passionnées parfois quand il s'agit d'au-
» trni, les femmes sont d'admirables juges,
» éclairés, discrets et sûrs, lorsqu'elles trai-
tent de-leurs intérêts les plus nobles: Mme
»de Staël ne s'étonnait pas sans raison qu'on
» se passât de leursuffrage dans une question
» où l'on ne peut se passer de leur concours ,1)
Monsieur,
lime parait qu'il s'établit une confu-
sion dans l'esprit de ceux et de celles
qui attaquent violemment les réfor-
mes introduites dans l'enseignement
des filles. D'abord, y a-t-il vraiment ré-
forme ? Y a-t-il tant que. cela innova-
tion ? L'enseignement secondaire n'a-t-il
» C'est pourquoi, mes frères bïen-ai-
» més, soyez fermes, inébranlables, vous
» appliquant toujours avec un nouveau
» zèle à l'oeuvre du Seigneur. »
Avec une lenteur solennelle, en si-
lence, tous marchèrent alors vers la
tombe, et pendant que s'apprêtait l'ense-
velissement, le prêtre et les clerks, dans
une mélopée mystérieuse
» Man that is born of a wom'an hath
» but a short time to live, and is full of
» misery.
» L'homme qui est né de la femme
» n'a qu'un temps bref à vivre, et est
» plein de misère.»
Un petit frisson, un souffle d'épou-
vante, sur la chair de Peacock, mais où
il trouvait encore une volupté discrète,
un subtil élément de béatitude. Il incli-
nait la tête,dans le beau soleil de ce jour,
rêvant à la façon si confortable,pour«ûr,
dont Greengage retournait à sa mère la
cendre, pendant que s'égrenaient les pa-
roles finales du Rituel
» The grace ofour Lord Jésus Christ,
» and the love of God, and the fello-
» wship, of thé Holy Ghost, be with
» us all evermore 1.
» Que la grâce du Seigneur Jésus-
» Christ, et l'amour de Dieu, et la Com-
» munion du saint Esprit soient avec
» nous jamais 1 »
Sur les Cippes, les tables de pierre, les
statuettes éparses, à travers les conifè-.
res rajeunis, une grâce fine courait, un
soleil de consolation et de beauté. En
tous, la vibration de vie, l'oubli du cada-
vre, la sensation d'une excursion char-
mante, tellement que Peacock, à travers
l'allée où les invités s'en revenaient sans
hâte, put déclarer sans apparence de pa-
radoxe à son excellente vieille poule
Hé! n'est-ce pas une excellente
chose qu'un bel enterrement?
Et la vieille poule attendrie se laissait
aller à répondre >
Peut-être,. vieux canard. peut-être!
Et tous burent de joyeuse ale.
SILHOUETTES DE DIPLOMATES I
M. SMIEWICZ
MINISTRE DE FRANCE AU JAPON
Vous vous rappelez le mot de feu Hyacinthe
du Palais-Royal dans je ne sais quel personnage
où il apparaissait sous un aspect funèbre « Je e
suis d'Issoudun mais mes malheurs m'ont rendu
Polonais. »
M. Sienkiewicz n'est pas, comme felâ -Hyacin-
the dans ce rôle, un Polonais d'occasion. Troi-
sième fils de l'illustre historien dont le nom est
vénéré de Cracovie et de Varsovie à Posen, il
n'a pas à renier sa nationalité d'origine, mais il
est aujourd'hui doublement Français, puisqu'il
a choisi sa patrie.
C'est du reste à Paris qu'il est né et qu'il a
fait ses études et son droit. Il a épousé une
Française accomplie, aimable et douée dégoûts
artistiques. Son fiêre est également nôtre com-
patriote et le bras droit de M. de Soubeyran
à la. Banque d'escompte,
Notre ministre au Japon a aujourd'hui cin-
quante ans. Il tient de sa race les cheveux blonds
l'aspect un peu réservé particulier aux gens-du
Nord et aussi la vigueur musculaire. Ses biceps
polonais ont été admirés et palpés dès 1860 par
ses jeunes camarades du quai d'Orsay qui, mus
par un sentiment de basse jalousie, l'appelaient
Arpinski.
Heureusement sa vigueur morale ne le cède
en rien à sa vigueur physique. Partout où il a
passé, dans la carrière des consulats, celle qu'il
embrassa d'abord, il a laissé le souvenir de
son énergie. Rappelons à ce propos une anec-
dote qui est contemporaine de son séjour à Jé-
rusalem.
C'était pendant les tristes heures de la guerre
pas toujours existé en fait? Et le lycée
de filles, dont les cours ne sont pas- obli-
gatoires, ne donne-t-il pas, à peu près, la
même instruction donnée dans 4a famille
ou dans les pensions et couvents où l'élève
restait, on peut le dire sans exagération,
jusqu'à la--veille de son- mariage?
Il est souverainement injuste d'accuser
l'enseignement secondaire du trop grand
nombre des institutrices qui ne réussis-
sent pas à se-placer, qui s'irritent de ne
pouvoir gagner leur vie, et qui, finale-
ment, peuvent devenir les déclassées que
l'on sait. C'est bel et bien, dans ce cas,
l'instruction primaire qui est coupable.
Qu'il soit donc bien acquis que l'ins-
truction de la femme cultivée va rester
la même comme reste et restera la
femme. Les méthodes peuvent chan-
ger, et aussi les programmes, mais le
résultat, quant au genre d'existence de
la femme, sera le même. L'épouse qui
n'était pas chargée hier de pourvoir à sa
subsistance et à celle des siens ne courra
pas davantage le cachet, et se conten-
tera de surveiller avec plus d'autorité
l'éducation de ses enfants. S'il y a une
critique à exprimer, elle doit porter sur
cet éternel thème de disputes: l'exclu-
sion des femmes en ce qui concerne cer-
taines professions. Pourquoi l'augmen-
tation de science n'augmenterait-ello
pas, pour la femme, la facilité de se choi-
sir un métier ? Puisque le « sexe n'est
pas toujours, hélas un privilège, qu'on
égalise un peu les conditions de la lutte
Maintenant, pouren revenir au charme
del'esprit et du cœur, qui ontété visés par
votre question, laissez-moi en référer à
l'autorité de M. Gréard, qui prononçait,
il y a quatre mois, ces éloquentes paro-
les, à l'inauguration du Lycée Racine
« La sagesse antique, parfois un peu
» courte,maistoujourssi saine, necroyait
» pas pouvoir faire un plus bel éloge" de
» la vie d'une femme qu'en rappelant
» qu'elle avait filé la laine et gardé.le
» foyer. Nous avons placé plus haut no-
» tre idéal: nous exigeons aujourd'hui
» de nos élèves beaucoup plus qu'on en
» demandait, de son temps, même à la
» mère des Gracques; mais c'est tou-
» jours aux devoirs et aux vertus du
» foyer que- nous les préparons. » L'ora-
teur continue ainsi, montre le décisif de
l'expérience poursuivie depuis huit ans,
et il indique l'allégement des program-
mes pour les amener à la perfection, en
se gardant bien de toucher aux cadres.
Il ne veut pas d'une trop grande érudi-
tion qui serait un fardeau pour la mé-
moire, il demande qu'on laisse de côté
nombre de détails de l'Histoire et de la
Géographie. Mais il tient fermement pour
les langues étrangères et pour certaines
sciences Il recommanda encore, ici, d'é-
viter le superflu et il termine par cette
bellç.-pérorajsOn Nous pouvons bcau-
et de ta Commune. Enhardis par les succès
militaires de leurs compatriotes, les Allemands
établis en Orient créaient le plus de difficultés
qu'ils pouvaient à nos agents. Jaloux de l'in-
fluence conquise par la France dans ces
régions grâce au protectorat séculaire qu'elle
exerce sur les chrétiens, ils attisaient en sous-
main le fanatisme musulman contre les con-
grégations- religieuses. Or, l'été de 1870 était
exceptionnellement chaud à Jérusalem. L'eau
des citernes, l'unique ressource des habitants,
se trouvait presque tarie. Un médecin allemand
établi à Jérusalem profita de cette circonstance
pour engager le pacha gouverneur de la ville à
s'emparer d'une source merveilleuse, à l'enten-
dre, et qui se trouvait dans une cave située
sous le couvent des Dames àel'Ecce homa-.vlLWe.
doit appartenir à la mosquée d'Omar, ajouta
le médecin, car la cave communique avec elle
par de vastes tunnels. » ̃
Le fameux mot « Cette malle doit être à
moi », n'est pas particulier à Bilboquet. Le pa-
cha se laisse circonvenir par l'Allemand et donne
l'ordre d'enfoncer les portes de la cave. On lui
obéit. ̃•' '̃
Il avait compté sans M. Sienkiewicz. Notre
agent, prévenu à temps, poste des hommes sur
les débris de la porte. On parlemente avec lui,
on le menace, on déclare ne plus pouvoir ré-
pondre de sa sécurité personnelle et là-dessus
le siège du couvent est commencé. M. Sienkie-
wicz proteste. Le pacha fait semblant de se
laisser convaincre et, en bon Oriental, renonçant
à-la force, il a recours à la ruse. D'après ses
ordres, on creuse un chemin souterrain et, un
beau jour, on voit émerger de terre du milieu de
la cave une escouade de fonctionnaires et des
soldats turcs.
m
C'était un beau travail de sape, mais il
avait été accompli en pure perte. Devant
ces soldats et ces fonctionnaires, M. Sien-
kiewicz se présente sans armes et protesté
de nouveau avec calme contre la violation à
main armée d'un établissement français. Son
sang-froid en imposa cette fois" au pacha et à
ses hommes. On ne s'occupa plus de la source
qui n'était d'ailleurs qu'un suintement d'eau
saumâtre,et à la suite de négociations bien me-
nées, le pacha fut rappelé et les Dames de
Sion rentrèrent en possession de leur cave.* Une
partie même des tunnels lear fut abandonnée en
guise de compensation. Le biceps moral de M.
Sienkiewicz' avait soulevé la difficulté.
̃• :̃̃•"• # -̃̃̃:̃̃̃̃̃̃:
Plus tard, toujours avec son biceps, M. Sien-
kiewicz, envoyé de Jérusalem à Hong- Kong,
arrête en pleine rade anglaise des matelots eu-
ropéens de diverses nationalités inculpés d'a-
voir jeté à l'eau le capitaine, d'un brick français
et les livre aux autorités de Saigon. En général,
le gouvernement colonial de Hong-Kong récri-
mine volontiers contre les consuls étrangers qui
se permettent de faire leur devoir. Cette fois, il
resta bouche close devant ce coup d'audace.
De Hong-Kong M. Sienkiewicz passe à Bey-
routh et, en 188 ï il est nommé consul général au
Caire. On l'en rappela quelque temps avant le
bombardement d'Alexandrie et on eut tort. C'é-
tait le moment ou jamais d'avoir à mettre en
face des Anglais, en Egypte, l'agent qui n'a-
vait pas fléchi à Hong-Kong. On aima-mieux
l'envoyer au Chili, quitte à l'en rappeler presque
aussitôt. Un député, feu Pascal Duprat, avait
demandé son poste, et quand un député daigne
remplacer quelqu'un 'de la carrière, c'est tout
juste si l'on n'exige pas de ce dernier, avant de
partir, qu'il balaye lui-même l'hôtel de la Léga-
tion. •
Heureusement pour M. Sienkiewicz, aucun
soùs-Constans et aucun diminutif de Papinaud
n'a encore parlé d'aller lui prendre sa place au
Japon. Ce dont nos intérêts là-bas n'ont qu'à
se féliciter. Dés son arrivée à Tokio, en effet,
notre ministre a fait œuvre utile. Il a pris une
part active à la revision des traites conclus
entre la France et le Japon. En même temps, il
s'occupe avec fruit de Ja propagation des idées
et de la langue françaises. Les amants de la cou-
leur locale s'en plaindront peut-être, mais la di-
3. H." Rosny. `
» coup pour élever nos élèves; nous ne
» pouvons pas tout. Destinée à la vie de
» famille, la jeune fille ne doit être sépa-
» rée de la vie de famille que dans la
» mesure où des intérêts supérieurs en
» imposent la nécessité. Ce n'est pas
» seulement parce qu'elle s'y forme à
» ces soins de ménage que Mme Guizot
» appelait spirituellement les devoirs du
» drapeau; elle y apprend ce que les
» livres ne peuvent jamais ,énse,igner
» qu'imparfaitement à se désïhtéres-
» ser d'elle-même, à faire acte d'abné-
» gation. Le travail et la lutte sont la
» part de l'homme, son intelligence et sa
» volonté n'y sauraient être trop énergi-
» quement exercées. La femme est née
» pour se dévouer c'est ce qui fait sa
» force en même temps que sa grâce
» c'est le secret de son bonheur. »
Il me semble que ces éloquentes paro-
les doni|pnt satisfaction complète aux es-
prits inquiets, et que l'éducation des jeu-
nes filles ainsi comprise, soit dans le
lycée neutre, soit dans le foyer reli-
gieux, au gré des parents, est faite pour
nous rassurer sur l'avenir.
;1F~"
Malgré sa longueur, nous avons tenu à pu-
blier cette réponse, parce que son auteur y
sépare judicieusement l'enseignement secon-
daire et l'enseignement primaire. C'estle pre-
mier que reçoivent au couvent ou chez elles
les filles de nos lectrices; c'est donc le seul
que notre question mettait en cause. Il ne
prépare pas au professorat, etlesjeunes filles
qui le suivent obtiennent simplement, après
quatre et six ans de cours, des certificats
d'études. La troisième République, enfin, ne
l'a pas créé. Elle s'est bornée à luï "Sonner
l'estampille de l'Etat, la protection officielle,
en modifiant les méthodes, les programmes
qu'elle reconnaît, du reste, avoir trop
chargés et qu'il est question d'alléger
et en contrôlant enfin les titres du per-
sonnel enseignant. Au fond, rien n'est donc
changé et les jeunes filles ne sont brevetées
qu'autant que le désirent leurs familles. On
peut penser que, les établissements libres s'é-
tant presque tous haussés au niveau des
établissements officiels, personne n'a perdu à
l'ingérence de l'Etat dans la question de l'ins-
truction féminine secondaire. On ne saurait
par contre en dire autant de l'enseignement
primaire auquel nous devons tant de mal-
heureuses, mais, encore un coup, ce n'est pas
de celui-ci que nous entendions parler.
Pour finir, voici quelques lettres que nos
lectrices ne liront pas sans plaisir
« Ah Figaro, l'éducation des filles l
N'est-il donc plus de mères raisonnables
plomatie française n'a pas à travailler exclusi-
vement pour les amoureux de Madame Chrj/sati'
thème l
<1[
M.PATRIH0SIO
MINISTRE DE TRANCE AU MONTÉNÉGRO
Un homme de cinquante-deux ans, alerte, à
la mine éveillée, un Corse dévoué à ses devoirs,
exécuteur ponctuel des -instructions reçues, en
vrai fils de l'île vaillante qui donne à Paris tant
de sergents de ville -disciplinés.
Lui aussi a débuté par les consulats. On l'a
vu à Livourne, à Bucharest, à Beyrouth. Plus
tard, chargé de négocier avec les Hovas, il
conclut avec eux le traité qui porte son nom et
qui lui fait honneur. On l'en récompensa en l'en-
voyant, comme ministre de France, au Monténé-
gro. Le chemin de traverse des consulats l'avait
ainsi amené sur la grande route de la Carrière.
Reste à savoir s'il ne regrette pas un peu les
petits sentiers d'antan. Cettinge ne rappelle
même pas Beyrouth de loin,comme agrément.Le
souverain du Monténégro, le prince Petrovitch,
est à coup sûr un très galant homme aimant la
France comme tout..ancien élève de Louis-lc-
Grand doit le faire, et charmant, soit dit entre
parenthèse, pour ses anciens labg,dens qui s'a-
vénturent dans" sa capitale. Mais si le prince
passe, à bon droit, pour un monarque civilisé,
ses sujets possèdent encore des notions bien
sommaires de high-life. Leurs progrès dans la
pratique de la haute gomme sont lents. M. de
Bismarck xst injuste pour eux en les appelant
des « voleurs de moutons ». Mais est-on bien
sûr qu'il soit à jamais passé le temps où cer-
tains chefs de la Montagne-Noire invités à un
banquet, servi à l'européenne, en rapportaient,
dans leurs bottes, des petits fours destinés à
leurs valeureuses compagnes ?
C'est là, c'est dans une ville à moitié village
campée fièrement sur la montagne, que M. Pa-
trimonio fait son purgatoire diplomatique. De
temps en temps, au printemps, il descend à ce
paradis relatif de Raguse d'où il peut contem-
pler, avec quelques compagnons d'exil, les flots
bleus de l'Adriatique en tournant le dos aux ci-
mes pelées de Tchernovor et aux grandes
bottes où s'empilent les petits fours destinés aux
valeureuses compagnes des grands chefs.
Comte Mosca.
!f P~~S~ ~5 !f DA~f
LE PRESENT DANS LE PASSE
UNE lÂRCHABDE D'ISFLUEiCES EN 1 826
Plus cela change, plus c'est toujours la
même chose, a dit un homme d'esprit.
On aura beau le répéter à satiété, la na-
ture humaine n'en restera pas moins la
mêmev toujours prête à éluder les lois
générales au profit des intérêts particu-
liers. En l'an de grâce 1826, on vendait
déjà presque publiquement les influen-
ces. Et comme aujourd'hui, comme tou-
jours, les gens qui en faisaient trafic
confiaient leurs agences au sexe faible.
Les annales de nos tribunaux font foi
de ce que j'avance. et le récit suivant en
est la preuve.
Le 12 janvier 1826, une foule compacte
se pressait dans la salle du tribunal cor-
rectionnel de la Seine, pourvoir juger et
condamner,une aimable dame qui, après
avoir été jeune, jolie, galante même, avait
consacré un esprit très avenant à la vente
de marchés avec l'Etat, de places et de
décorations. Naturellement, le monde of-
ficiel d'alors devait être très écorné par
les révélations des avocats et de l'accu-
sée; c'est ce qui explique l'affluence des
curieux accourus pour assister à ce
procès.
On racontait que ne raconte la mal- °
veillance publique lorsqu'elle est surex-
citée par les circonstancesl -que la dame
Madame X.
pour en faire autre chose que des pou-
pées, quand elles sont petites,-des pou-
pées chères– -et des mondaines ou des
savantes quand elles sont grandes2.
Et sans parler des préliminaires de
ces petits cours de vanité et de toilette
comparée où Miss ou Fraülein les
conduisent à toute heure et d'où maman
s'absente parce qu'elle a trop de visites
ou de devoirs du monde, qu'est-ce que
tpus ces perfectionnements un peu ridi-
cules où s'attardent vers les dix-sept ans
ces grandes jeunes filles à qui l'on n'ap-
prend plus rien de la vie modeste et fa-
miliale ? C'est le cours de littérature ou
d'histoire supérieure le cours de chimie! 1
d'anatomie à l'usage des demoiselles! de
physiologie! tout cela en vue d'utilité
exceptionnelle et prétexte à sortie du
matin au soir; comme si, à mesure de
l'âge et des devoirs nouveaux, la femme
ne complétait pas elle-même selon ses
goûts, son entourage ou ses lectures les
éléments de l'éducation scolaire 1
Je me demande comment, plus tard,
dans les moments de solitude forcée
de la femme, quand, malades ou gar-
des-malades, ces jeunes filles devront
rester chez elles comment elles oc-
cuperont les heures de réclusion ? Un
talent d'agrément, je veux bien, mal-
gré la médiocrité presque générale
des résultats mais pas une qui prenne
l'habitude des jolis ouvages de main.
Démodées, la broderie, la tapisserie, la
simple et vaillante couture, cette faci-
lité de parer sans frais ses enfants et soi-
même et de se plaire au chiffonnage
utile des étoffes!
Le dehors, le salon ou la i*ue^ rien
pour l'intérieur, et je parle des heu-
reusesl
Quant aux autres, l'affolement est com-
plet filles pauvres vouées au travail, on
veut pour. elles, maintenant, la profes-
sion libérale; il se prépare plus d'insti-
tutrices qu'il n'y aura jamais d'élèves
les étudiantes en médecine ne sont plus
des exceptions, et, médiocres en tout,
sauf toujours les rares élues, courant
les leçons ou la clientèle, incapables du
moindre soin ménager, quelles familles
élèveront et fonderont ces jeunes dé-
classées ? 'l
Mme ALPHONSE DAUDET.
«Du moment que la femme ne perd pas
conscience des avantages de son sexe,
qu'elle conserve le désir de plaire, si ins-
tinctif à la nature féminine, qu'elle s'ins-
truit dans le But de posséder un nouveau
charme auprès de l'homme, à l'appui de
sa beauté, charme qu'elle conservera
plus longtemps que cette beauté fugitive,
eUe acquiert par l'instruction une chance
de plus à son avoir
IVhomme civilisé souhaite une coppa
avait été l'agente directe de l'amie de
cœur du feu roi Louis XVIII, qu'un mi-
nistre était compromis dans l'affaire et
que toute la Cour du feu roi serait mise
en cause.
Hélas rien n'était plus vrai la com-
tesse ou la baronne de Campestre avait
remué des intérêts et des personnages
considérables, donnant des fêtes dans
lesquelles se pressaient le monde offi-
ciel et le monde à la mode elle avait été
reçue par le Roi en audiences particu-
lières ou publiques, fréquentait aux Tui-
leries, recevait des lettres à cachets mi-
nistériels apportés chez elle avec fracas
par des cavaliers en grosses bottes en
outre elle se faisait accompagner dans
les hautes administrations par ses clients
qu'éblouissait sa facilité à pénétrer par-
tout.
Après avoir toléré, protégé même as-
sez longtemps ses intrigues, la police,
toujours tracassière dès qu'elle, cesse
d'être indifférente, avait été contrainte
par des dénonciations multiples de s'occu-
per de Mme de Campestre. C'était le nom
que se donnait l'accusée. L'instruction,
ne se fiant pas à ses déclarations, avait
cru reconnaître dans la soi-disant ba-
ronne elle se laissait donner ce titre
et même celui de marquise unecertaine
femme Benoît, née M. divorcée à la
suite d'une condamnation pour vol pro-
noncée contre son mari par la cour cri-
minelle de Toulouse et ayant elle-même
été traduite, en 1806, devant la cour d'as-
sises de la même ville pour vol qualifié.
La commère avait, il est vrai, été acquittée.
Mauvais antécédents qui donnaient une
-date certaine et surtout lointaine à sa
beauté dont elle cherchait encore à faire
le meilleur usage; mais on a vu par de
récents débats qu'en amour les person-
nages officiels préfèrent souvent de
beaucoup l'expérience savante à l'inno-
cente fraîcheur! Dans cette affaire très
curieuse les circonstances et les détails
sont surtout précieux à rappeler.
est
Lorsque l'Empire fut renversé pour la
seconde fois, une quantité énorme de
places devinrent vacantes, et le quadru-
ple au moins de candidats se ruèrent à
la curée. Tous les émigrés, dont les biens
étaient t ou n'étaient pas confisqués,
tous ceux qui avaient souffert de la Ré-
publique ou qui prétendaient avoir boudé
l'Empire, sollicitèrent. Le trésor particu-
lier de l'Empereur trouvé dans les caves
des Tuileries avait servi, en 1814, à cal-
mer la première soif de ceux qu'on appe-
lait du nom assez caractéristique de.
« Rentrants à la Bouillote »; mais, en
1816,1e trésor était à sec,il fallait en plus
chercher,de l'argent pour satisfaire nos
bons amis les ennemis; le crédit public
était restreint et le Roi n'avait rien que
des places à donner. Il dut faire flèche de
tout bois, et ses amis durent se conten-
ter de succéder à des croquants. Le plus
puissant Roi de la terre ne peut offrir
que ce qu'il a. On vit alors des marquis
devenir sous-préfets ou juges de paix,
des anciens chefs de Chouans accepter
des postes d'officiers de gendarmerie et
des princes entrer dans lesDroits réunis:
il faut bien vivre! C'était encore heureux
lorsque le nouveau placé n'agissait point
comme ce gentilhomme percepteur re-
fusant de verser à la trésorerie générale
les fonds de sa recette, sous prétexte
qu'on ne pouvait lui reprendre, au nom
du Roi, ce que leRoi lui avaitdonné pour
rémunérer sa fidélité.
«Le Roi, disait-il, m'a octroyé une
perception, je perçois. »
Comme on ne pouvait le faire sortir dé
cette puissante logique, on le destitua.
Mais la masse se montrait plus raison-
nable elle consentait même à partager
les faveurs avec celui qui les faisait ob-
tenir. C'est alors qu'on inventa, ou plutôt
qu'on renouvela les redevances que
certains emplois bien rémunérés payaient
à des favoris du Roi. On coupa des places
en deux, on prit l'escompte sur les fa-
veurs accordées, et bientôt le métier d'en-
tremetteur, de marchand d'influences
gne, et non une femelle! Les hétaïres de
la Grèce connaissaient la musique, les
beaux-arts, tout ce qui est susceptible de
rendre leur conversation intéressante et
attrayante pour les hommes! seulement,
ils ne les épousaient pas. car, dans le
mariage, le mari doit redouter la supé-
riorité de la femme.
Le tort de l'enseignement actuel, qui
vise trop à remplir la tête, pendant qu'il
isole le cœur, sans mettre dans la main
d'instrument pratique pour les luttes de
la vie, est d'être pareil pour toutes les
situations sociales. Le fruit de l'arbre de
la science ( qui a été cause desmalheurs
de notre mère Eve,ne l'oublionspas!)de-
mande à n'être absorbé qu'avec discer-
nement, selon les tempéraments, les po-
sitions, les âges. La tâche naturelle
de la femme est d'être épouse docile et
dévouée, mère capable et tendre, maî-
tresse de maison adroite; ce qui lui est in-
dispensable à savoir, on songe le moins
à lui enseigner! Un homme préférera
une femme intelligente à une savante,
car il pourra toujours inculquer à la pre-
mière la dose d'instruction qu'il voudra.
-Une femme ne doit pas être plus ins-v
truite que l'homme à l'alliance duquel
elle peut aspirer, sans quoi elle serait
la supérieure dans le 'ménage, ce qui les
rendrait tous les deux fort malheureux.
Il se trouverait humilié; les rôles se-
raient intervertis. Quand la femme
n'aura plus besoin de l'homme pour la
protéger, elle ne se mariera. que pour
avoir des enfants légitimes 1
En résumé,la femme riche ne peut que
gagner aux transformations de l'ensei-
gnement tandis que la femme pauvre y
puise les tristesses des déclassées, puis-
qu'il ne peut lui fournir les moyens de
sortir de sa position. L. D'ALQ.
«Pauvres hommes! Il sera amer le par-
fum du bouquet de noces quand les in-
nocentes créatures qui s'abreuvent en-
core de lait auront bu le vin frelaté de
l'éducation nouvelle! l
Miss Positive fera son apparition dans
ce monde parisien qui connaissait la
jeune fille-ange, la jeune femme-fée,
mais qui ne connaissait pas la demoi-
selle-pionne 1
Elle ne sera ni jolie, ni même propre
la science est exigeante. Elle aura les
ongles en deuil de nos collégiens et les
cheveux courts en broussailles. Elle
sera brouillée avec les brosses, les sa-
vons, les frais parfums, les romans et
l'idéal 1
Mais elle nommera toutes choses par
leurs noms i
0 Adam, qu'aurais-tu dit si la blonde
Eve t'avait parlé de ton humérus, de tes
pectoraux. efc.î '1
devint un des plus honorés dé îaCour ett
de la ville.
Recevoir vingt mille écus d'épingles)
sur une recette générale que l'on avait
fait accorder à un tiers était chose ad-
mise. On ne se cachait point non plus;
d'avoir prélevé cent mille francs sur unef
fourniture de fourrages. Mme de Cam-
pestre avait pris 200,000 francs par an sur
une fourniture de chevaux' et les avait;
réclamés par-devant la justice. L'anciert
régime jetait ses derniers feux, l'omnipo-
tence du Roi allait d'ailleurs s'user et
disparaître "dans les luttes parlemen-
taire-s, chacuq. jouissait de son reste.
Parmi les plus grandes marchandes
d'influence, on citait Mme du Cayla,
la belle Mme du Cayla, que les mali-
cieux nommaient familièrement la tabaJ
tière du Roi, et sur laquelle Béranger a
fait sa belle chanson d'Octavie. Mme dix
Cayla, placée au premier rang, n'avait
qu'à demander pour obtenir souvent
même elle obtenait sans demander, et
l'on affirme qu'elle eut à sadispositionplu-
sieurs offices d'agent de change, lorsque
leur nombre fut augmenté. Elle ne pou-
vait i suffire aux solliciteurs; ils encom-
braient ses antichambres, la poursui-
vaient au château, la guettaient à l'é-
glise, la surprenaient même indiscrète-
ment lorsqu' elle voulait être seule. On
imagina alors d'assiéger ses amies, et es
fut un état lucratif d'être l'amie de Mme
du Cayla.
Comment la veuve Benoît parvint-elle
à escalader le rempart qui entouraitla jo-
lie favorite? Sifragile que fût ce rempart,
l'ex-femme d'un repris de justice, elle-
même soupçonnée de vol, ne devait
point le renverser facilement. Mais la.
veuve Benoît savait habilement accom-
moder les restes d'une beauté sur son dé-
clin et même sur son départ. Par des
complaisances calculées, elle avait su se
concilier des hommes bien placés." Avait-
elle droit, ou non de prendre le nom de
Campestre avec la particule? Il faut con-
venir que si la police le lui contesta, elle
prétendit que la police se trompait, et la
police ne lui prouva pas le contraire. Il
est probable qu'elle avait profité du re-
tour hâtif de l'aristocratie pour y re-
prendre le rang qu'elle avait avant son
mariage avec le sieur Benoît. Y avait-it
eu des Campestre aux Croisades? J'ai en
vain cherché ce nom dans plusieurs
dictionnaires de la Noblesse. Il est
probable que la femme Benoît avait
imité ces deux forçats célèbres qui se
glissèrent, l'un dans une simarre de
prélat, l'autre dans un frac de lieute-
nant-colonel. L'émigration, ses hasard?
et ses douleurs avaient facilité une foule
de substitutions et d'usurpations. Lais-
sons-lui donc son de et son nom. Ajou-
tons qu'elle avait voiture, portait bien la;
toilette, recevait jusqu'à cinq cents per-
sonnes dans des soirées fort courues,.et
nous aurons l'état d'une femme d'intri-
gues sous la Restauration 1
Tout cela s'était arrangé sur un édifice
de mensonges. Le premier avait permise
le second et le second. avait autorisé le.
troisième. En matière de crédit pari-
sien, un esprit hardi trouve toujours des
associés et des commanditaires lorsqu'it
s'agit de faire des dupes. Mme de Cam-
pestre semble avoir été de première force
sur l'article, car l'avocat général dans
son réquisitoire lut une lettre dans la-
quelle un de ses correspondants haut pla-
cés lui adressait ce singulier compliment r
« II est bien fâcheux que vous ne soyez pas
un homme; avec les talents dont vous
êtes douée, vous seriez, par le temps qui
court, parvenue au "ministère. »
Quoi de plus naturel que les ministres,
les ambassadeurs fussent à ses piedsl-
Dès lors Mme du Caylat était conquise.
La voyant en si bonne posture en
aussi bonne posture avec les ministres,
qu'elle-même avec le roi, la favorite
L. d'Alq.
Elles ne croiront à rien quâ ce qui est!
Elles feront des expériences, des essais
loyaux jusqu'à ce qu'elles soient satis-
faites Or, sans idéal, quel homme peut
être trouvé ir~c~·üiquable Pour les rê-
veuses, l'amour est une délicieuse illu-
sion pour les dévotes, le mariage un de->
voir souvent agréable.
Plus de rêveuses; plus de dévotes,–
plus rien Des fortes en thèmes, des
chimistes, des apothicaires, des norma."
liennes.
O Seigneur s'écrieront les hommes,
donnez-nous le manteau dè Joseph 1
ETINCELLE.
• ̃ .̃
« Elle est absurde, réduca.tion.moderne!
Absurde, inutile et malfaisante Elle
détraque l'esprit et la santé des jeunes
filles; elle les abrutit; elle les fane 1 Elle
leur apprend une partie des choses
qu'elles devraient ignorer, et les empê-
che d'apprendre celles qu'elles devraient
savoir.
La jeune fille « examens » est, le
plus souvent, ennuyeuse. Elle parle de
science, de littérature, de tout 1. Mais
elle ne « cause » pas, elle récite; elle est
banale et fatigante.'
Si, par hasard, elle a l'esprit et le corps
assez solidement trempés pour suppor-
ter, sans détériorations apparentes, cet
élevage à la gaveuse intellectuelle, si.
elle conserve malgré tout sa. personna-
lité, elle devient ce qu'il est convenu
d'appeler « une femme remarquable »,
et elle découvre la nullité de ce qu l'ei*-
toure. Elle ne « gobe » plus, elle con-
trôle. A quoi bon 7
Les gens sérieux répondent à cela r
« Il faut mettre la mère de famille à
» même de diriger l'éducation de ses
ç. enfants. »
Mais alors, elle n'est plus la mère qui
caresse et qu'on aime ? elle est le pion.
c'est-à-dire ce que l'enfant, même. So
meilleur, fuit, déteste et craint par-
dessus tout. Quelle intelligente faconde
comprendre la maternité I
II faut, je crois, faire faire aux jeunes
filles des études suffisantes, mais limi-
tées leur apprendre à être honnêtes,
bonnes et jolies (cela s'apprend tout
comme le reste), et si les hommes, au liet*
d'être aussi «forts», étaient un pea
plus malins, ils se garderaient de rendre
les femmes savantes.
Ils ont sur elles une supériorité^ ia-
contestable, il est vrai, ils sont plus
ennuyeux S'ils perdent cette super»-
,rité, que leur restera-t-il?.
••• ̃ ̃̃̃ • -/gyp:
Notre prochaine question paraîtra J<œk
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