Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-09-13
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 13 septembre 1940 13 septembre 1940
Description : 1940/09/13 (Numéro 28849). 1940/09/13 (Numéro 28849).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
QUATRE-VINGTIEME ANNEE. - N° 28.849.
VENDREDI 13 SEPTEMBRE 1940.
Fondateur i A-tiorraxa NEFPTZEH (ia«i)
A-TsrciEisra DIKECTSURS I
AniUEN HÉBRARD
SjfcOEIi.B HÉBRARD (tSIB-tese)
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XiOtTIS-MXIilj (1929-19311
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TÉLÉPHONE: 52-62
CHÈQUE POSTAL i Paris, Numéro 60
Clermont, le 12 septembre 1940,
BULLETIN DU JOUR
LE NOUVEAU REGIME
EN ROUMANIE
Lè nouveau /régime s'organise
peu à peu en Roumanie, mais la
tâche du général Antonesco,
« conducteur de l'Etat », n'est pas
aisée, car,, avant de reconstruire,
il faut déblayer le terrain de tous
les décombres accumulés par dix
ans de règne du roi Carol II. Le
souverain déchu s'était, chargé
lui-même, surtout depuis 1938
et sous le couvert de la Constitu-
tion nouvelle qu'il avait imposée
au pays, de disloquer ( les partis
politiques et de ruiner toute
action proprement parlementaire;
mais à l'ordre ancien il avait
substitué un ordre autoritaire,
tous les pouvoirs étant concen-
trés entre ses mains, Les violen-
tes réactions qui ont acculé
* Carol II à l'obligation d'abdiquer
paraissent confirmer qu'il en fit
mauvais usage.
La sentence arbitrale de Vienne
imposant la cession à la Hongrie
d'Une partie de la Transylvanie,
alors que la Roumanie avait déjà
dû céder la Bessarabie et la Buko-
vine septentrionale à la Russie et
qu'elle était résignée à rétrocéder
la Dobroudja méridionale à la
Bulgarie, a précipité la débâcle;
mais depuis quelque temps déjà
l'usure du régime s'accusait dans
des conditions, telles qu'un bou-
leversement intérieur lie pouvait
guère être évité, même indé-
pendamment des cruels mécomp-
tes de la politique extérieure! La
manière forte dont le roi Carol
usa et abusa à l'égard des partis
politiques, principalement à l'é-
gard du parti national-paysan de
M. Maniu, et les démêlés san-
glants du souverain avec la
« garde de fer » avaient laissé
subsister tant de rancunes et de
haines qu'un éclat devait se pro-
duire immanquablement. C'est ce
qui rend si sévère le règlement
des comptes après l'abdication et
le départ pour l'exil de l'ex-roi.
On peut considérer que le général
Antonesco, surtout préoccupe de
raffermir l'unité morale et poli-
tique de la nation, n'y apporte
aucune haine, mais il est obligé
de donner des satisfactions à
ceux qui ont souffert du régime
qui vient de s'effondrer et d'éta-
blir aux yeux de la nation les
responsabilités encourues par les
hommes gui ont contribué per-
sonnellement à pousser le pays à
la catastrophe.
De là les arrestations d'anciens
présidents du conseil, d'anciens
ministres, de généraux de l'entou-
rage immédiat du souverajn dé-
. chu, de hauts fonctionnaires.
A la base de l'oeuvre entreprise
par le « conducteur de l'Etat »
il y a l'épuration de la vie
publique, sans laquelle la nation
ne retrouverait pas la confiance
nécessaire èn son propre effort
de relèvement. Mais le fait que
le général Antonesco procédé
à cette épuration sous sa seule
responsabilité, avant même d'a-
voir appelé au pouvoir le gouver-
nement de caractère national qu'il
s? propose de former, porte à
penser qu'il ne veut pas abandon-
ner cette oeuvre d'assainissement
aux passions déchaînées et qu'il
entend agir d'autorité dans un
esprit de juste mesure- On ne
discerne pas clairement jusqu'ici
de quels éléments sera composé
le gouvernement nouveau, mais il
semble bien que la « garde de
fer > se dispose à y revendiquer
une place prépondérante.
Son chef, M. Horia Sima, a dé-
claré que le régime s'appuiera sur
l'idée, légionnaire, laquelle repré-
sente" une grande révolution spi-
rituelle. Le mouvement légion-
naire se réclame totalement des
deux puissances de 1' « axe » qui
par lui sont désormais présentes
dans le bassin danubien. Le géné-
ral Antonesco marque de/la sym-
pathie à la « garde de fer », mais
cela ne signifie pas qu'il veuille
s'exposer au risque de se laisser
déborder par celle-ci. Il vient
d'adresser un appel à la, nation
qui est interprété comme impli-
quant un 4 avertissement aux lé-
gionnaires. D'autre part, M. Maniu
et le parti national-paysan sont
disposés, sinon à entrer dans le
nouveau cabinet, du moins à don-
ner leur appui au «(conducteur
de l'Etat », et il n'est pas exclu
que les libéraux adoptent la même
attitude. Le général Antonesco
serait ainsi en mesure d'équilibrer
toutes les forces s'affirmant dans
un véritable esprit national et de
fonder le régime nouveau sur des
bases durables grâce aux pleins
pouvoirs qui font de lui le véri-
table chef de l'Etat.
LE CONSEIL D'ETAT
ET L'ÉTAT NOUVEAU
I
Le gouvernement a récemment
soumis au Conseil d'Etat différents
projets de loi sur lesquels la
Haute Assemblée aura à donner
son avis avant qu'ils ne soient
promulgués.
Ainsi le Conseil retrouve-t-il
cette activité législative, qui est
dans les textes constitutifs comme
dans l'esprit de sa création, mais
qui, depuis longtemps déjà, s'était
trouvée ralentie, sinon supprimée.
Dans un temps où apparaît la
nécessité de constituer un Etat
nouveau, non pas de toutes piè-
ces, mais plongeant ses racines
dans les meilleures traditions fran-
çaises, rien n'est plus opportun
que d'utiliser, en le vivifiant, ce
grand corps, spécifiquement fran-
çais, et qui a derrière lui un si
long passé d'honneur, de probité,
d'indépendance et de services ren-
dus à la patrie. #
Ce n'est pas ici le lieu de re-
faire l'histoire du Conseil d'Etat.
Qu'il suffise de rappeler qu'il fut,
sous l'ancienne monarchie, non
seulement l'organe inspirateur de
cette législation et de ces règles
administratives qui ont fait la
France cohérente et forte, mais
encore la pépinière où se recru-
taient ces intendants qui, autant
que les grands généraux et lesj
grands diplomates, furent les
« rassembleurs » de la terre fran-
çaise.
Après le 18 brumaire, une des
premières oeuvres de Bonaparte
fut de restaurer une institution
dans laquelle il voyait à juste titre
l'indispensable collaboratrice d'un
gouvernement à la fois fort et
juste. Dans le Conseil d'Etat de
l'an VIII entrèrent, à côté de lé-
gistes de l'ancien régime, des
révolutionnaires assagis, mais im-
bus de l'esprit nouveau : à leur
collaboration on doit non seule-
ment nos codes, mais cette admi-
nistration que l'Europe nous a
longtemps enviée et qu'elle a co-
piée. Le Conseil d Etat du
Consulat et de. l'Empire n'était
d'ailleurs point un corps fermé,
fonctionnant en vase clos :
Stendhal en fit partie, comme
Benjamin Constant, et ses mem-
bres s'honoraient de remplir au
besoin les hautes fonctions de
r administration active.
Avec les restrictions qu'impo-
sait l'établissement du régime
parlementaire, l'institution sub-
siste sous la Restauration et la
Monarchie ' de juillet. Sous le
second Empire, elle prit une vi-
gueur nouvelle, et les constituants
de 1875 confirmèrent son exis-
tence.
Seulement-, sous la troisième
République, son caractère s'altéra
quelque peu : les ministres ces-
sèrent de plus en plus, dans l'éla-
boration des textes législatifs, de
consulter le Conseil, et celui-ci,
en présence du contentieux nou-
veau né - des attributions toujours
croissantes de l'Etat, tendit à de-
venir surtout un tribunal adminis-
tratif- Dans ce rôle, il établit
d'ailleurs un droit prétorien qu'on
ne peut considérer sans admira-
tion, mais il cessa en même temps
d'avoir les contacts de jadis avec,
l'administration active et surtout
avec la vie générale du pays.
Certes, nombreux encore étaient
les jeunes membres / du Conseil
figurant avec honneur dans les
cabinets ministériels, mais, dans
ses rangs supérieurs, le corps in-
clinait à être surtout une assem-
blée d eminents juristes et un lieu
de digne retraite pour des préfets
chevronnés.
Le gouvernement du maréchal
Pétain, après avoir rappelé le
Conseil d'Etat non loin de son
siège, paraît aujourd'hui, par un
retour à des traditions éprouvées,
l'associer étroitement, en corps et
individuellement, a son action.
Consultation du Conseil sur des
projets de loi, création d'une sec-
tion de législation, délégations
d'auditeurs, de'maîtres des requê-
tes, voire de conseillers dans des
fonctions de secrétaires généraux
de ministères et à la tête de pré-
fectures, autant de signes qui mon-
trent que l'on entend maintenant
utiliser à son plein rendement cet
admirable instrument.
Faut-il s'en tenir là ? Ou con-
vient-il d envisager dans la com-
position, l'organisation et le fonc-
tionnement du Conseil des modi-
fications qui lui permettraient de
mieux jouer le rôle auquel le des-
tinent et son histoire et l'intérêt
national ? Voilà qui ne paraît pas
avoir échappé à l'attention du
gouvernement, et spécialement
du garde des sceaux, président de
droit du Conseil d'Etat. Et voilà
ce que nous examinerons dans un
prochain article.
LA BATAILLE
Notre envoyé spécial à la frontière
italienne nous mande :
Comme les communiqués le rap-
portent chaque jour, quelles que
soient les conditions atmosphériques,
l'aviation allemande poursuit ses
attaques sur l'Angleterre. A bien
examiner la topographie de cette
gr,ande bataille, la zone d'attaque
est presque toujours la même.
,Le martèlement aérien s'acharne
avec une insistance particulière sur
l'angle sud-est de l'Angleterre, cons-
titué par le Hampshire, le Sussex,
le Kent et l'estuaire de la Tamise,
et, depuis quelques jours, sur la ca-
pitale elle-même. ,
Les correspondants de guerre ita-
liens qui suivent les opérations sur
1 Manche et sont renseignés direc-
tement par le grand état major alle-
mand ont déjà fait connaître les
objectifs de cette action, qui sont en
somme de désorganiser et. d'anéantir
l'ensemble des moyens sur lesquels
se baserait la défense britannique
dans le cas d'une opération alle-
mande de grand style à travers la
Manche.
Les avions spécialisés
Un de ces correspondants déclare
qu'il est impossible de donner une
physionomie complète de l'ensemble
des opérations aériennes qui se suc-
cèdent, mais, à son avis, la guerre
contre la Grande-Bretagne approche
de son zénith. La guerre, écrit-il,
pointe vers certains objectifs invisi-
bles qu'un petit groupe d'hommes
suit attentivement en alignant l'un
sous l'autre les chiffres des pertes
britanniques. Quand ces chiffres au-
ront atteint une limite fixée, « quel-
ques-unes des articulations britanni-
ques ne pourront plus fonctionner,
quelques-uns des poumons de l'Angle-
terre seront atteints de tuberculose
galopante, quelques centres moteurs
de l'organisme britannique seront
frappés de paralysie ». Eparpillés
dans les cieux de la Grande-Breta-
gne, les bombardiers de Hitler frap-
pent méthodiquement fabriques, éta-
blissements, ports, arsenaux; aéro-
dromes, casernes, fortifications,
camps retranchés, établissements
métallurgiques et dépôts de pétrole.
Chaque appareil, chaque escadrille
exécute sa tâche quotidienne. Certains
pilotes se sont spécialisés pour un
objectif. L'ensemble de toutes ces ac-
tions distinctes détermine progressi-
vement de grands résultats. L'avia-
tion se trouve en ce moment en une
phase de son développement dans la-
quelle son pouvoir offensif est supé-
rieur à son pouvoir défensif. La
technique allemande a en outre trouvé
une quantité de méthodes tactiques
de combat qui augmentent, renfor-
cent au maximum les possibilités of-
fensives des armes aériennes. Elle
a résolu rationnellement une quanti-
té de problèmes aériens en construi-
sant des aéroplanes spéciaux pour
toute fonction spécifique de la guerre
aérienne. Les aéroplanes spéciaux
ont aussi un personnel spécial par-
ticulièrement entraîné pour la tâ-
che qu'il doit remplir. Le Messer-
schmitt 110. le Dornier 215, l'Arado-
Stukas, l'Arado 196, le Ju 88-1940,
les appareils spéciaux de transport
aérien, les bataillons de parachutistes
constituent une espèce d'armée
aérienne cuirassée, ultra-moderne, à
laquelle les Anglais n'opposent en
pratique, assure le correspondant,
que l'artillerie antiaérienne habituelle,
la chasse et les réflecteurs nocturnes.
Le correspondant croit pouvoir dé-
duire des communiqués allemands sur
la bataille d'Angleterre que les Alle-
mands se proposent les buts suivants.:
1° détruire l'organisation aérienne ter-
restre ,dans laquelle la « chasse «
anglaise a ses refuges et ses bases
de départ; 2° rendre inutilisables les
grandes basés navales de l'Angle-
| terre méridionale; 3" anéantir le sys-
tème défensif du Kent; 4° frapper
les principaux centres industriels,
métallurgiques et mécaniques; 5°
bouleverser l'estuaire de la Tamise;
6" paralyser progressivement le sys-
tème guerrier et industriel de Lon-
dres.
Evidemment ces objectifs sont des-
tinés à déterminer, en Angleterre,
une situation permettant le dévelop-
pement d'un plan d'opérations dont le
tracé est le grand secret de von Brau-
chitsch, de Goering, Milch, Raeder,
c'est-à-dire du petit groupe des
grands chefs militaires qui réalisent
la pensée d'Adolf Hitler. - P. G.
LÀ GUERRE ANGLO-ALLEMANDE
Les bombardements de Londres
Depuis le samedi 7 septembre, Londres a subi des bombardements noc-
turnes qui, dans les trois nuits consécutives de dimanche à lundi, de lundi
à mardi et de mardi à mercredi, ont duré, chaque fois, neuf heures et
davantage, sans interruption. Il semble que la dernière attaque nocturne
ait été.la plus désastreuse. O-n en lira plus loin les détails.
Berlin a subi, dans la nuit de mardi à mercredi, l'attaque la plus
intense que l'aviation britannique ait encore menée contre la capitale dû
Reich. Le raid a duré plus de deux heure.
Une brève dépêche de l'amirauté britannique signale que « des concen-
trations ennemies, destinées à un débarquement en Angleterre, ont été
entièrement disloquées et détruites au cours de la nuit'de mercredi à jeudi,
dans les ports ennemis ». Les ports français et belges : Calais, qui a subi
un bombardement de trois heures, .Boulogne, Dieppe, Ostende ont été vio-
lemment attaqués par l'aviation britannique.
Dans son discours radiodiffusé, M. Churchill avait fait prévoir ces
opérations, en soulignant « les prép aratifs accélérés de débarquement
accomplis du côté allemand entre Hambourg et Brest ».
LES PERTES AERIENNES
Mercredi 11 septembre
Berlin annonce :
Avions anglais abattes 54
Avions allemands perdus... 18
Londres annonce :
Avions allemands abattus.. 89
Avions anglais perdus .. .. 24
COMMUNIQUÉS BRITANNIQUES
Londres, 11 septembre, soir. -
Des alertes ont eu lieu dans la capi-
tale anglaise aujourd'hui mercredi
à midi, à 14 heures et dans la soirée
où des formations aériennes enne-
mies ont attaqué Londres et sa péri-
phérie. Le clair de lune a rendu im-
possible et' inutile l'usage des pro-
jecteurs. Les bombardiers allemands
n'ont lancé que des bombes incen-
diaires.
Quatre alertes ont été données à
Douvres aujourd'hui mercredi. La
quatrième durait encore à 20 h. 30.
Le bombardement exécuté par les
appareils allemands est le plus im-
portant qu'ait jamais subi la ville.
Il y a des morts et des blessés.
Londres, 12 septembre. - Un
communiqué du ministère de l'air,
publié tard dans la nuit, déclare :
Dans la journée de mercredi, 92
appareils ont été abattus. Les assail-
lants ont été tenus en échec par les
barrages de D. C. A. les plus denses
et les plus fournis qui aient été ten-
dus depuis le début de la guerre. Par-
mi les appareils allemands abattus
se trouvent 12 avions de bombarde-
ment. Les Anglais n'ont perdu que
17 chasseurs.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
Berlin, 11 septembre. - Le D. N.
B. communique qu'une formation
d'avions de combat allemands a at-
taqué cet après-midi les citernes des
docks Victoria à Londres, à l'aide
de nombreuses bombes. D'énormes
flammes ont surgi de plusieurs ci-
ternes.
Des installations militaires de la
ville et du port de Londres ont cons-
titué hier l'objectif le plus important,
des attaques de représailles alle-
mandes. De nombreux incendies
nouveaux ont éclaté. En outre, des
objectifs importants, et en particu-
lier des installations portuaires, des
aérodromes et des installations in-
dustrielles ont été bombardés dans
le sud-est de l'Angleterre.
Les dégâts causés
dans les attaques nocturnes
Londres, 11 septembre, minuit. -
Le fninisière de l'air anglais fait
savoir que de graves dégâts ont été
causés dans la région de Londres
par les bombardements ennemis. De
nombreux incendies ont été allumés
qui, grâce à la diligence du corps des
pompiers, ont été, rapidement éteints.
A 21 heures ce soir, un seul incendie
n'avait pas encore été maîtrisé.
La rive sud de la Tamise et l'es-
tuaire de ce fleuve ont été le princi-
pal objectif de l'aviation ennemie.
De nombreux immeubles ont été
détruits.
L'agence Reuter annonce qu'une,
école, où 500 personnes environ,
évacuées de leur domicile après les
bombardements de samedi, avaient
trouvé abri, a été' détruite par des
bombes au cours de la nuit de mardi
à mercredi.
Des équipes de secours fouillent
les décombres dans l'espoir de pou-
voir retrouver quelques victimes en-
core en vie. Les survivants ont été
emmenés dans plusieurs hôpitaux.
Tout le quartier a-souffert du bom-
bardement : des rues entières ne
sont que des décombres. Cependant,*
il semble qu'à l'exception des vic-
times du bombardement de l'école,
il n'y ait pas ode nombreux autres
morts ou blessés à signaler, les ha-
bitants du quartier étant tous dans
les abris au moment du bombarde-
ment.
Une église, dans le centre de la
ville', a été réduite en cendres, et une
église catholique dans le même dis-
trict a été partiellement détruite.
Des bombes sont tombées à proxi-
mité de trois célèbres musées de la
capitale. Quoique des dégâts assez
considérables aient été causés aux
bâtiments eux-mêmes, les oeuvres
exposées n'ont que très peu souffert.
Uàe bombe
sur le palais de Buckingham
Londres, Il septembre. - La radio
anglaise annonce que le palais de
Buckingham, résidence du roi d'An-
gleterre, a été atteint par une bombe
allemande dans la matinée du 10
septembre, en l'absence des souve-
rains.
La bombe a creusé un entonnoir
de 3 mètres de profondeur. Plu-
sieurs colonnes du palais se sont
effondrées. Toutes- les vitres de i'aile
nord ont éclaté. Des débris sont tom-
bés dans la galerie de tableaux .d'où
toutes les oeuvres d'art avaient été
préalablement évacuées.
Les souverains britanniques
surpris dans la rue par une alerte
Londres, 11 septembre. - Mer-
credi matin, une alerte a surpris le
roi et la reine alors qu'ils visitaient
les districts du sud et de l'est de
Londres. Les souverains sont .entrés
dans l'abri d'un poste de police où
les agents leur ont offert du thé et
des biscuits de leur cantine.
Les avions allemands qui provo-
quèrent cette alerte n'étaient que des
avions de reconnaissance qui ve-
naient observer les dégâts commis
pendant -la nuit. Ils ont été pris à
partie par -des avions de chasse an-
glais.
Quatre cents tués
dans la nuit de lundi à mardi
Londres, 11 septembre. - On an-
nonce officiellement que les pertes
subies au cours du raid effectué par
l'aviation ennemie "àu cours de la
nuit de lundi à mardi dernier sur
Londres s'élèvent à 400 tués et 1,400
blessés.
BOMBARDEMENT
DE BERLIN
Londres, 11 septembre. - Commu-
niqué du ministère de l'air :
Les avions de bombardement de la
R. A. F. ont attaqué au cours de la-
nuit dernière (mardi à mercredi) le
coeur de Berlin.
Le centre de la capitale a été bom-
bardé avec desN bombes explosives
et incendiaires. La gare de Potsdam,
dans le centre de la ville, a été tou-
chée. Cette gare est une des princi-
pales de Berlin. D'autres parties de
la ville ont également été bom-
bardées.
L'attaque a duré de minuit à
2 heures du matin, moins quelques
-?minutes. C'est le raid le plus intense
qui ail, jusqu'à ce jour, été effectué
contre Berlin.
* ,
Berlin, 11 septembre. - Le haut
commandement allemand commu-
nique ? :
L'ennemi a lancé, la nuit dernière,
dans le Nord de la France, en Bel-
gique et dans le Nord de l'Allema-
gne, des bombes qui n'ont cependant
provoqué que peu de dégâts.
Quelques avions ennemis ont
réussi à approcher de Berlin et ont
lancé des bombes sur la ville, dans
des quartiers de résidence et de coms-,
merce. De nombreux incendies ont
été provoqués dans la cité; deux hô-
pitaux ont été atteints.
Dans le quartier diplomatique,
quelques rues ont dû être évacuées
provisoirement en raison du danger
d'écroulement. Une bombe est tom-
bée sur le Reichstag, une autre sur
l'académie des arts.
Cinq personnes parmi '.a popula-
tion civile ont été tuées et plusieurs
blessées.
Le D. N. B. annonce que, au cours
de l'attaque aérienne anglaise exé-
cutée la nuit dernière, une bombe
incendiaire de 7 kilos est tombée
dans la Hermann Goering Strasse,
à 300 mètres de la maison du doc-
teur Goebbels.
Le D. N. B. ajoute que le bombar-
dement par les Anglais du palais du
Reichstag, de l'arc de triomphe de
Brandebourg et d'autres monuments
chers au coeur du peuple allemand
a provoqué en Allemagne le même
sentiment de révolte que le jet de
plaques incendiaires automatiques
semées en grandes quantités par les
aviateurs britanniques sur le terri-
toire du Reich afin de mettre le feu
aux récoltes allemandes engrangées,
aux bois, aux fermes, aux pépiniè-
res et aux bruyères. De toutes parts
on exprime le désir de voir tes ac-
tions de représailles dé l'aviation
allemande prendre des proportions
encore plus importantes;
LES ÉVÉNEMENTS DE ROUMANIE
LE GENERAL ANTONESCO
adresse un avertissement a la Garde de 1er
IL LUI DEMANDE DE CESSER SON AGITATION
Bucarest, 11 septembre. - Le gé-1
néral Antonesco a adressé un appel
radiodiffusé à la discipline de la
nation ; déclarant que des désordres
risqueraient de tourner à l'anar-
chie, il a menacé les fauteurs de
troubles des peines les plus sévères.
D'autre part, le chef de l'Etat a
annoncé une démobilisation par-
tielle et des restrictions dans les
réquisitions militaires dès l'achève-
ment de l'évacuation de la Transyl-
vanie.
Bucarest, 11 septembre. - Le gé-
néral Antonesco a lancé ce soir un
second appel radiodiffusé. S'adres-
sant à tous les Roumains, il rappelle
qu'en deux jours il a liquidé l'ancien
régime. Son but, dit-il, n'est pas de
détruire, mais de créer un nouveau
régime dans lequel tout le monde
travaillerait avec discipline pour la
reconstruction de l'Etat.
Le général s'adresse ensuite aux
légionnaires et leur dit :
J'ai compris l'explosion de joie
provoquée par le changement de ré-
gime ; bien que je ne sois pas un des
vôtres, je souffrais profondément
avec vous et je désirais comme vous
une Roumanie forte ; j'ai souffert et
vous avez souffert comme moi, mais
oublions maintenant ; on ne peut
rien construire par la vengeance. Je
demande de cesser l'agitation et de
\ revenir au travail ; moi, entre l'agi-
tation et le travail, j'ai choisi le
travail.
Les Gardes de fer préparant
une manifestation pour demain
à Bucarest
Bucarest, 11 septembre. - Les
appels lancés aujourd'hui par le
général Antonesco, l'un contre
l'anarchie, l'autre à i'a discipline
des légionnaires, ont fait une assez
vive impression en Roumanie, en
ce qu'ils comportent une sorte
d'avertissement public à la Garde
de fer. .
I Le chef gardiste, M. Horia Sima,
a invité ses adhérents à manifester
en force le* 13, anniversaire de la
naissance du ch.f défunt, Codreano.
Ainsi la Garde de fer se prépare à
réunir â Bucarest plusieurs mil-
liers d'hommes, en un moment où
tous les efforts du gouvernement
tendent vers l'apaisement.
Dans les milieux nationaux-
paysans et libéraux, on estime que
les effectifs de la Garde de fer dans
tout le pays sont relativement fai-
bles. Cependant, même si ce calcul
était juste, on ne pourrait nier que
l'apparente inertie des anciens
partis semblerait laisser l'es mains
libres aux légionnaires, dans l'éven-
tualité où les appels du général
Antonesco, d'ailleurs assuré du
concours de l'armée, ne trouve-
raient pas l'audience de tous l'es
cercles politiques. - (Havas.)
Le retour de la reine Hélène
Bucarest, 11 septembre. - La,
reine mère Hélène, venant de Flo-
rence, arrivera dimanche à Buca-
rest, où de grandes solennités sont
prévues pour l'accueillir.
Les troupes hongroises
sont entrées à Kolosvar (Cluj)
Budapest, 11 septembre. - -Les
troupes hongroises ont poursuivi ce
matin leur avance en trois colon-
nes. Les deux premières, continuant
de progresser dans le pays des Si-
cules, opt atteint dans la soirée les
localités de Szekely-Keresztur, Sze-
kelyadvarkely, Csykszerda et le col
de Gvimes. ? ' L
La troisième colonne est entrée à
midi à Kolosvar, ville de cent miHe
habitants, centre culturel et histo-
rique de la Transylvanie. Kolosvar
avait été évacuée par les troupés
roumaines quelques heures aupara-
vant.
Les Hongrois avaient pavoisé les
rues et érigé des arcs de triomphe.'
On ne signale aucun incident au
cours de la -journée. ;
La prise de possession de la -Tran-
sylvanie du Nord sera achevée le
13 septembre.
L'entrée solennelle à Kolosvar,
qui sera en même temps la fête
de la libération de la Tran-
sylvanie du Nord, n'aura lieu que'le
15 septembre, en présence du régent,
du gouvernement et des membres du
Parlement.
L'ex-roi Carol
a traversé la France méridionale
Le train qui emmenait l'ex-roi Ca-
rol II de Roumanie a traversé hier
mercredi le territoire français. Le
convoi était composé des mêmes
wagons qui avaient essuyé le feu
des Gardes de fer au moment de son
départ. Dans les voitures avaient
pris place, aux côtés de l'ex-souve-
rain, les membres de sa suite, no-
tamment , le. grand, chambellan et
l'aide de camp personnel, ainsi que
Mme Lupesco. :
Le train, qui était arrivé en gare
de Modane à 6 heures du matin, a
stationné pendant une heure. L'ex-roi
a été salué par le sous-préfet de
Saint-Jean-de-Maurienne et les auto-
rités locales. Le train spécial a pour-
suivi sa route par Grenoble, Valence,
Avignon, Tarascon, Nîmes, Sète et
est venu stopper h Cerbère. Le pré-
fet des Pyrénées-Orientales était sur
le quai. Le train est reparti ensuite
pour l'Espagne et le Portugal.
Le traitement
des minorités, étrangères en Hongrie
Budapest, 11 septembre. - Le
comte Teleki, président du conseil,
a visité les régions de Transylvanie
récemment rendues à la Hongrie. Au
cours de son voyage, il a déclaré que
le gouvernement hongrois garantis-
sait aux minorités étrangères en
Hongrie une complète égalité de trai-
tement avec les populations hongroi-
ses. Le gouvernement hongrois per-
mettra aux minorités l'emploi de
leur langue .maternelle dans la vie
privée, à l'école et dans les associa-
tions culturelles.
M. CHURCHILL
annonce comme imminente
une tentative d'invasion
M. Winston Churchill a prononcé
mercredi après-midi, à Londres, une
allocution radiodiffusée dans laquelle
il a défini l'attitude du peuple bri-
tannique devant les ' perspectives
d'invasion.
Les bombardements intensifs de
Londres, a dit en substance le pre-
mier ministre britannique, font l par-
tie du plan allemand d'invasion des
îles Britanniques. Des" préparatifs
accélérés de débarquement sont ac-
complis du côté allemand. Entre Ham-
bourg et Brest, sur les côtes de Hol-
lande, de Belgique et de France, de
nombreuses embarcations militaires
attendent les ordres. Des convois de
navires de commerce croisent dans
la Manche. Peut-être l'ennemi tentera-
t-il de jeter dans le combat des uni-
tés actuellement ancrées dans des
ports norvégiens. Derrière ces unités
navales se dressent de nombreux con-
tingents de troupes allemandes.
Personne ne saurait dire quand les
ordres leur seront donnés. Mais' ce
serait être aveugle que de croire qu'Hit-
ler ne prépare pas ses plans avec toute
la précision qui caractérise toutes les
entreprises allemandes. L'offensive
peut être déclenchée à tout instant,
car il ne semble pas possible de
l'ajourner encore, tant à cause des
conditions météorologiques qu'en rai-
son de l'inconvénient que comporte-
rait une immobilisation plus longue
de forces considérables.
Nous attendons l'ennemi. Nous sa-
vons qu'il s'agit aujourd'hui d'une
bataille bien plus importante que celle
qui décida de la défaite de l'Armada
ou de la victoire dp Nelson. Aussi
chaque homme et chaque femme d'An-
gleterre doivent-ils être prêts à faire
leur devoir avec un soin et une fierté
particuliers.
Notre marine de guerre et notre
flottille sont puissantes; notre avia-
tion est plus forte que jamais; nos
côtes sont bien gardées et bien for-
tifiées. Derrière ces barrages, se
dresse une armée bien plus nom-
breuse et mieux équipée qu'il y a
deux mois. A l'intérieur du pays, la
Home Guard fera son devoir : chaque
pied de terrain, chaque village, cha-
que rue seront défendus.
La flotte anglaise attaque
des formations navales
allemandes
s ' ' * \ , - ' ? ; * (i'. .
Londres, 11 septembre, minuit; -
L'amirauté communique:
Nos forces navales légères put
attaqué cette nuit les ports ennemis
et les formations navales ennemies,
leur infligeant de lourdes pertes.
Des concentrations ennemies desti-
nées à un débarquement en Angle-
terre ont été entièrement disloquées
et détruites.
L'amirauté anglaise ne peut don-
ner de plus amples détails.
Bombardement aérien
des ports de la Manche . :
Londres, 11 septembre. - tJn
communiqué du ministère de l'air
britannique annonce :
Au cours de la soirée de mardi et
pendant la journée de mercredi les
appareils de la R. A. F. ont très vio-
lemment bombardé Calais où, pen-
dant plus de trois heures, le port,
les quais et des bâtiments en cours
de chargement ont été pilonnés par
des bombes.
Ostende, Boulogne et Dieppe ont
été également bombardés. Dans ce
dernier port, ajoute le communiqué,
les bassins ont été entièrement dé-
molis.
Les batteries de D. C. A. alleman-
des, ainsi que les installations de
repérage par le son et lès projecteurs
ont été anéantis. Quatre bâtiments
allemands ancrés en rade auraient
été envoyés par le fond.
VENDREDI 13 SEPTEMBRE 1940.
Fondateur i A-tiorraxa NEFPTZEH (ia«i)
A-TsrciEisra DIKECTSURS I
AniUEN HÉBRARD
SjfcOEIi.B HÉBRARD (tSIB-tese)
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DIRECTEUR, I
JACQUES CHASTENET
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TÉLÉPHONE: 52-62
CHÈQUE POSTAL i Paris, Numéro 60
Clermont, le 12 septembre 1940,
BULLETIN DU JOUR
LE NOUVEAU REGIME
EN ROUMANIE
Lè nouveau /régime s'organise
peu à peu en Roumanie, mais la
tâche du général Antonesco,
« conducteur de l'Etat », n'est pas
aisée, car,, avant de reconstruire,
il faut déblayer le terrain de tous
les décombres accumulés par dix
ans de règne du roi Carol II. Le
souverain déchu s'était, chargé
lui-même, surtout depuis 1938
et sous le couvert de la Constitu-
tion nouvelle qu'il avait imposée
au pays, de disloquer ( les partis
politiques et de ruiner toute
action proprement parlementaire;
mais à l'ordre ancien il avait
substitué un ordre autoritaire,
tous les pouvoirs étant concen-
trés entre ses mains, Les violen-
tes réactions qui ont acculé
* Carol II à l'obligation d'abdiquer
paraissent confirmer qu'il en fit
mauvais usage.
La sentence arbitrale de Vienne
imposant la cession à la Hongrie
d'Une partie de la Transylvanie,
alors que la Roumanie avait déjà
dû céder la Bessarabie et la Buko-
vine septentrionale à la Russie et
qu'elle était résignée à rétrocéder
la Dobroudja méridionale à la
Bulgarie, a précipité la débâcle;
mais depuis quelque temps déjà
l'usure du régime s'accusait dans
des conditions, telles qu'un bou-
leversement intérieur lie pouvait
guère être évité, même indé-
pendamment des cruels mécomp-
tes de la politique extérieure! La
manière forte dont le roi Carol
usa et abusa à l'égard des partis
politiques, principalement à l'é-
gard du parti national-paysan de
M. Maniu, et les démêlés san-
glants du souverain avec la
« garde de fer » avaient laissé
subsister tant de rancunes et de
haines qu'un éclat devait se pro-
duire immanquablement. C'est ce
qui rend si sévère le règlement
des comptes après l'abdication et
le départ pour l'exil de l'ex-roi.
On peut considérer que le général
Antonesco, surtout préoccupe de
raffermir l'unité morale et poli-
tique de la nation, n'y apporte
aucune haine, mais il est obligé
de donner des satisfactions à
ceux qui ont souffert du régime
qui vient de s'effondrer et d'éta-
blir aux yeux de la nation les
responsabilités encourues par les
hommes gui ont contribué per-
sonnellement à pousser le pays à
la catastrophe.
De là les arrestations d'anciens
présidents du conseil, d'anciens
ministres, de généraux de l'entou-
rage immédiat du souverajn dé-
. chu, de hauts fonctionnaires.
A la base de l'oeuvre entreprise
par le « conducteur de l'Etat »
il y a l'épuration de la vie
publique, sans laquelle la nation
ne retrouverait pas la confiance
nécessaire èn son propre effort
de relèvement. Mais le fait que
le général Antonesco procédé
à cette épuration sous sa seule
responsabilité, avant même d'a-
voir appelé au pouvoir le gouver-
nement de caractère national qu'il
s? propose de former, porte à
penser qu'il ne veut pas abandon-
ner cette oeuvre d'assainissement
aux passions déchaînées et qu'il
entend agir d'autorité dans un
esprit de juste mesure- On ne
discerne pas clairement jusqu'ici
de quels éléments sera composé
le gouvernement nouveau, mais il
semble bien que la « garde de
fer > se dispose à y revendiquer
une place prépondérante.
Son chef, M. Horia Sima, a dé-
claré que le régime s'appuiera sur
l'idée, légionnaire, laquelle repré-
sente" une grande révolution spi-
rituelle. Le mouvement légion-
naire se réclame totalement des
deux puissances de 1' « axe » qui
par lui sont désormais présentes
dans le bassin danubien. Le géné-
ral Antonesco marque de/la sym-
pathie à la « garde de fer », mais
cela ne signifie pas qu'il veuille
s'exposer au risque de se laisser
déborder par celle-ci. Il vient
d'adresser un appel à la, nation
qui est interprété comme impli-
quant un 4 avertissement aux lé-
gionnaires. D'autre part, M. Maniu
et le parti national-paysan sont
disposés, sinon à entrer dans le
nouveau cabinet, du moins à don-
ner leur appui au «(conducteur
de l'Etat », et il n'est pas exclu
que les libéraux adoptent la même
attitude. Le général Antonesco
serait ainsi en mesure d'équilibrer
toutes les forces s'affirmant dans
un véritable esprit national et de
fonder le régime nouveau sur des
bases durables grâce aux pleins
pouvoirs qui font de lui le véri-
table chef de l'Etat.
LE CONSEIL D'ETAT
ET L'ÉTAT NOUVEAU
I
Le gouvernement a récemment
soumis au Conseil d'Etat différents
projets de loi sur lesquels la
Haute Assemblée aura à donner
son avis avant qu'ils ne soient
promulgués.
Ainsi le Conseil retrouve-t-il
cette activité législative, qui est
dans les textes constitutifs comme
dans l'esprit de sa création, mais
qui, depuis longtemps déjà, s'était
trouvée ralentie, sinon supprimée.
Dans un temps où apparaît la
nécessité de constituer un Etat
nouveau, non pas de toutes piè-
ces, mais plongeant ses racines
dans les meilleures traditions fran-
çaises, rien n'est plus opportun
que d'utiliser, en le vivifiant, ce
grand corps, spécifiquement fran-
çais, et qui a derrière lui un si
long passé d'honneur, de probité,
d'indépendance et de services ren-
dus à la patrie. #
Ce n'est pas ici le lieu de re-
faire l'histoire du Conseil d'Etat.
Qu'il suffise de rappeler qu'il fut,
sous l'ancienne monarchie, non
seulement l'organe inspirateur de
cette législation et de ces règles
administratives qui ont fait la
France cohérente et forte, mais
encore la pépinière où se recru-
taient ces intendants qui, autant
que les grands généraux et lesj
grands diplomates, furent les
« rassembleurs » de la terre fran-
çaise.
Après le 18 brumaire, une des
premières oeuvres de Bonaparte
fut de restaurer une institution
dans laquelle il voyait à juste titre
l'indispensable collaboratrice d'un
gouvernement à la fois fort et
juste. Dans le Conseil d'Etat de
l'an VIII entrèrent, à côté de lé-
gistes de l'ancien régime, des
révolutionnaires assagis, mais im-
bus de l'esprit nouveau : à leur
collaboration on doit non seule-
ment nos codes, mais cette admi-
nistration que l'Europe nous a
longtemps enviée et qu'elle a co-
piée. Le Conseil d Etat du
Consulat et de. l'Empire n'était
d'ailleurs point un corps fermé,
fonctionnant en vase clos :
Stendhal en fit partie, comme
Benjamin Constant, et ses mem-
bres s'honoraient de remplir au
besoin les hautes fonctions de
r administration active.
Avec les restrictions qu'impo-
sait l'établissement du régime
parlementaire, l'institution sub-
siste sous la Restauration et la
Monarchie ' de juillet. Sous le
second Empire, elle prit une vi-
gueur nouvelle, et les constituants
de 1875 confirmèrent son exis-
tence.
Seulement-, sous la troisième
République, son caractère s'altéra
quelque peu : les ministres ces-
sèrent de plus en plus, dans l'éla-
boration des textes législatifs, de
consulter le Conseil, et celui-ci,
en présence du contentieux nou-
veau né - des attributions toujours
croissantes de l'Etat, tendit à de-
venir surtout un tribunal adminis-
tratif- Dans ce rôle, il établit
d'ailleurs un droit prétorien qu'on
ne peut considérer sans admira-
tion, mais il cessa en même temps
d'avoir les contacts de jadis avec,
l'administration active et surtout
avec la vie générale du pays.
Certes, nombreux encore étaient
les jeunes membres / du Conseil
figurant avec honneur dans les
cabinets ministériels, mais, dans
ses rangs supérieurs, le corps in-
clinait à être surtout une assem-
blée d eminents juristes et un lieu
de digne retraite pour des préfets
chevronnés.
Le gouvernement du maréchal
Pétain, après avoir rappelé le
Conseil d'Etat non loin de son
siège, paraît aujourd'hui, par un
retour à des traditions éprouvées,
l'associer étroitement, en corps et
individuellement, a son action.
Consultation du Conseil sur des
projets de loi, création d'une sec-
tion de législation, délégations
d'auditeurs, de'maîtres des requê-
tes, voire de conseillers dans des
fonctions de secrétaires généraux
de ministères et à la tête de pré-
fectures, autant de signes qui mon-
trent que l'on entend maintenant
utiliser à son plein rendement cet
admirable instrument.
Faut-il s'en tenir là ? Ou con-
vient-il d envisager dans la com-
position, l'organisation et le fonc-
tionnement du Conseil des modi-
fications qui lui permettraient de
mieux jouer le rôle auquel le des-
tinent et son histoire et l'intérêt
national ? Voilà qui ne paraît pas
avoir échappé à l'attention du
gouvernement, et spécialement
du garde des sceaux, président de
droit du Conseil d'Etat. Et voilà
ce que nous examinerons dans un
prochain article.
LA BATAILLE
Notre envoyé spécial à la frontière
italienne nous mande :
Comme les communiqués le rap-
portent chaque jour, quelles que
soient les conditions atmosphériques,
l'aviation allemande poursuit ses
attaques sur l'Angleterre. A bien
examiner la topographie de cette
gr,ande bataille, la zone d'attaque
est presque toujours la même.
,Le martèlement aérien s'acharne
avec une insistance particulière sur
l'angle sud-est de l'Angleterre, cons-
titué par le Hampshire, le Sussex,
le Kent et l'estuaire de la Tamise,
et, depuis quelques jours, sur la ca-
pitale elle-même. ,
Les correspondants de guerre ita-
liens qui suivent les opérations sur
1 Manche et sont renseignés direc-
tement par le grand état major alle-
mand ont déjà fait connaître les
objectifs de cette action, qui sont en
somme de désorganiser et. d'anéantir
l'ensemble des moyens sur lesquels
se baserait la défense britannique
dans le cas d'une opération alle-
mande de grand style à travers la
Manche.
Les avions spécialisés
Un de ces correspondants déclare
qu'il est impossible de donner une
physionomie complète de l'ensemble
des opérations aériennes qui se suc-
cèdent, mais, à son avis, la guerre
contre la Grande-Bretagne approche
de son zénith. La guerre, écrit-il,
pointe vers certains objectifs invisi-
bles qu'un petit groupe d'hommes
suit attentivement en alignant l'un
sous l'autre les chiffres des pertes
britanniques. Quand ces chiffres au-
ront atteint une limite fixée, « quel-
ques-unes des articulations britanni-
ques ne pourront plus fonctionner,
quelques-uns des poumons de l'Angle-
terre seront atteints de tuberculose
galopante, quelques centres moteurs
de l'organisme britannique seront
frappés de paralysie ». Eparpillés
dans les cieux de la Grande-Breta-
gne, les bombardiers de Hitler frap-
pent méthodiquement fabriques, éta-
blissements, ports, arsenaux; aéro-
dromes, casernes, fortifications,
camps retranchés, établissements
métallurgiques et dépôts de pétrole.
Chaque appareil, chaque escadrille
exécute sa tâche quotidienne. Certains
pilotes se sont spécialisés pour un
objectif. L'ensemble de toutes ces ac-
tions distinctes détermine progressi-
vement de grands résultats. L'avia-
tion se trouve en ce moment en une
phase de son développement dans la-
quelle son pouvoir offensif est supé-
rieur à son pouvoir défensif. La
technique allemande a en outre trouvé
une quantité de méthodes tactiques
de combat qui augmentent, renfor-
cent au maximum les possibilités of-
fensives des armes aériennes. Elle
a résolu rationnellement une quanti-
té de problèmes aériens en construi-
sant des aéroplanes spéciaux pour
toute fonction spécifique de la guerre
aérienne. Les aéroplanes spéciaux
ont aussi un personnel spécial par-
ticulièrement entraîné pour la tâ-
che qu'il doit remplir. Le Messer-
schmitt 110. le Dornier 215, l'Arado-
Stukas, l'Arado 196, le Ju 88-1940,
les appareils spéciaux de transport
aérien, les bataillons de parachutistes
constituent une espèce d'armée
aérienne cuirassée, ultra-moderne, à
laquelle les Anglais n'opposent en
pratique, assure le correspondant,
que l'artillerie antiaérienne habituelle,
la chasse et les réflecteurs nocturnes.
Le correspondant croit pouvoir dé-
duire des communiqués allemands sur
la bataille d'Angleterre que les Alle-
mands se proposent les buts suivants.:
1° détruire l'organisation aérienne ter-
restre ,dans laquelle la « chasse «
anglaise a ses refuges et ses bases
de départ; 2° rendre inutilisables les
grandes basés navales de l'Angle-
| terre méridionale; 3" anéantir le sys-
tème défensif du Kent; 4° frapper
les principaux centres industriels,
métallurgiques et mécaniques; 5°
bouleverser l'estuaire de la Tamise;
6" paralyser progressivement le sys-
tème guerrier et industriel de Lon-
dres.
Evidemment ces objectifs sont des-
tinés à déterminer, en Angleterre,
une situation permettant le dévelop-
pement d'un plan d'opérations dont le
tracé est le grand secret de von Brau-
chitsch, de Goering, Milch, Raeder,
c'est-à-dire du petit groupe des
grands chefs militaires qui réalisent
la pensée d'Adolf Hitler. - P. G.
LÀ GUERRE ANGLO-ALLEMANDE
Les bombardements de Londres
Depuis le samedi 7 septembre, Londres a subi des bombardements noc-
turnes qui, dans les trois nuits consécutives de dimanche à lundi, de lundi
à mardi et de mardi à mercredi, ont duré, chaque fois, neuf heures et
davantage, sans interruption. Il semble que la dernière attaque nocturne
ait été.la plus désastreuse. O-n en lira plus loin les détails.
Berlin a subi, dans la nuit de mardi à mercredi, l'attaque la plus
intense que l'aviation britannique ait encore menée contre la capitale dû
Reich. Le raid a duré plus de deux heure.
Une brève dépêche de l'amirauté britannique signale que « des concen-
trations ennemies, destinées à un débarquement en Angleterre, ont été
entièrement disloquées et détruites au cours de la nuit'de mercredi à jeudi,
dans les ports ennemis ». Les ports français et belges : Calais, qui a subi
un bombardement de trois heures, .Boulogne, Dieppe, Ostende ont été vio-
lemment attaqués par l'aviation britannique.
Dans son discours radiodiffusé, M. Churchill avait fait prévoir ces
opérations, en soulignant « les prép aratifs accélérés de débarquement
accomplis du côté allemand entre Hambourg et Brest ».
LES PERTES AERIENNES
Mercredi 11 septembre
Berlin annonce :
Avions anglais abattes 54
Avions allemands perdus... 18
Londres annonce :
Avions allemands abattus.. 89
Avions anglais perdus .. .. 24
COMMUNIQUÉS BRITANNIQUES
Londres, 11 septembre, soir. -
Des alertes ont eu lieu dans la capi-
tale anglaise aujourd'hui mercredi
à midi, à 14 heures et dans la soirée
où des formations aériennes enne-
mies ont attaqué Londres et sa péri-
phérie. Le clair de lune a rendu im-
possible et' inutile l'usage des pro-
jecteurs. Les bombardiers allemands
n'ont lancé que des bombes incen-
diaires.
Quatre alertes ont été données à
Douvres aujourd'hui mercredi. La
quatrième durait encore à 20 h. 30.
Le bombardement exécuté par les
appareils allemands est le plus im-
portant qu'ait jamais subi la ville.
Il y a des morts et des blessés.
Londres, 12 septembre. - Un
communiqué du ministère de l'air,
publié tard dans la nuit, déclare :
Dans la journée de mercredi, 92
appareils ont été abattus. Les assail-
lants ont été tenus en échec par les
barrages de D. C. A. les plus denses
et les plus fournis qui aient été ten-
dus depuis le début de la guerre. Par-
mi les appareils allemands abattus
se trouvent 12 avions de bombarde-
ment. Les Anglais n'ont perdu que
17 chasseurs.
COMMUNIQUÉ ALLEMAND
Berlin, 11 septembre. - Le D. N.
B. communique qu'une formation
d'avions de combat allemands a at-
taqué cet après-midi les citernes des
docks Victoria à Londres, à l'aide
de nombreuses bombes. D'énormes
flammes ont surgi de plusieurs ci-
ternes.
Des installations militaires de la
ville et du port de Londres ont cons-
titué hier l'objectif le plus important,
des attaques de représailles alle-
mandes. De nombreux incendies
nouveaux ont éclaté. En outre, des
objectifs importants, et en particu-
lier des installations portuaires, des
aérodromes et des installations in-
dustrielles ont été bombardés dans
le sud-est de l'Angleterre.
Les dégâts causés
dans les attaques nocturnes
Londres, 11 septembre, minuit. -
Le fninisière de l'air anglais fait
savoir que de graves dégâts ont été
causés dans la région de Londres
par les bombardements ennemis. De
nombreux incendies ont été allumés
qui, grâce à la diligence du corps des
pompiers, ont été, rapidement éteints.
A 21 heures ce soir, un seul incendie
n'avait pas encore été maîtrisé.
La rive sud de la Tamise et l'es-
tuaire de ce fleuve ont été le princi-
pal objectif de l'aviation ennemie.
De nombreux immeubles ont été
détruits.
L'agence Reuter annonce qu'une,
école, où 500 personnes environ,
évacuées de leur domicile après les
bombardements de samedi, avaient
trouvé abri, a été' détruite par des
bombes au cours de la nuit de mardi
à mercredi.
Des équipes de secours fouillent
les décombres dans l'espoir de pou-
voir retrouver quelques victimes en-
core en vie. Les survivants ont été
emmenés dans plusieurs hôpitaux.
Tout le quartier a-souffert du bom-
bardement : des rues entières ne
sont que des décombres. Cependant,*
il semble qu'à l'exception des vic-
times du bombardement de l'école,
il n'y ait pas ode nombreux autres
morts ou blessés à signaler, les ha-
bitants du quartier étant tous dans
les abris au moment du bombarde-
ment.
Une église, dans le centre de la
ville', a été réduite en cendres, et une
église catholique dans le même dis-
trict a été partiellement détruite.
Des bombes sont tombées à proxi-
mité de trois célèbres musées de la
capitale. Quoique des dégâts assez
considérables aient été causés aux
bâtiments eux-mêmes, les oeuvres
exposées n'ont que très peu souffert.
Uàe bombe
sur le palais de Buckingham
Londres, Il septembre. - La radio
anglaise annonce que le palais de
Buckingham, résidence du roi d'An-
gleterre, a été atteint par une bombe
allemande dans la matinée du 10
septembre, en l'absence des souve-
rains.
La bombe a creusé un entonnoir
de 3 mètres de profondeur. Plu-
sieurs colonnes du palais se sont
effondrées. Toutes- les vitres de i'aile
nord ont éclaté. Des débris sont tom-
bés dans la galerie de tableaux .d'où
toutes les oeuvres d'art avaient été
préalablement évacuées.
Les souverains britanniques
surpris dans la rue par une alerte
Londres, 11 septembre. - Mer-
credi matin, une alerte a surpris le
roi et la reine alors qu'ils visitaient
les districts du sud et de l'est de
Londres. Les souverains sont .entrés
dans l'abri d'un poste de police où
les agents leur ont offert du thé et
des biscuits de leur cantine.
Les avions allemands qui provo-
quèrent cette alerte n'étaient que des
avions de reconnaissance qui ve-
naient observer les dégâts commis
pendant -la nuit. Ils ont été pris à
partie par -des avions de chasse an-
glais.
Quatre cents tués
dans la nuit de lundi à mardi
Londres, 11 septembre. - On an-
nonce officiellement que les pertes
subies au cours du raid effectué par
l'aviation ennemie "àu cours de la
nuit de lundi à mardi dernier sur
Londres s'élèvent à 400 tués et 1,400
blessés.
BOMBARDEMENT
DE BERLIN
Londres, 11 septembre. - Commu-
niqué du ministère de l'air :
Les avions de bombardement de la
R. A. F. ont attaqué au cours de la-
nuit dernière (mardi à mercredi) le
coeur de Berlin.
Le centre de la capitale a été bom-
bardé avec desN bombes explosives
et incendiaires. La gare de Potsdam,
dans le centre de la ville, a été tou-
chée. Cette gare est une des princi-
pales de Berlin. D'autres parties de
la ville ont également été bom-
bardées.
L'attaque a duré de minuit à
2 heures du matin, moins quelques
-?minutes. C'est le raid le plus intense
qui ail, jusqu'à ce jour, été effectué
contre Berlin.
* ,
Berlin, 11 septembre. - Le haut
commandement allemand commu-
nique ? :
L'ennemi a lancé, la nuit dernière,
dans le Nord de la France, en Bel-
gique et dans le Nord de l'Allema-
gne, des bombes qui n'ont cependant
provoqué que peu de dégâts.
Quelques avions ennemis ont
réussi à approcher de Berlin et ont
lancé des bombes sur la ville, dans
des quartiers de résidence et de coms-,
merce. De nombreux incendies ont
été provoqués dans la cité; deux hô-
pitaux ont été atteints.
Dans le quartier diplomatique,
quelques rues ont dû être évacuées
provisoirement en raison du danger
d'écroulement. Une bombe est tom-
bée sur le Reichstag, une autre sur
l'académie des arts.
Cinq personnes parmi '.a popula-
tion civile ont été tuées et plusieurs
blessées.
Le D. N. B. annonce que, au cours
de l'attaque aérienne anglaise exé-
cutée la nuit dernière, une bombe
incendiaire de 7 kilos est tombée
dans la Hermann Goering Strasse,
à 300 mètres de la maison du doc-
teur Goebbels.
Le D. N. B. ajoute que le bombar-
dement par les Anglais du palais du
Reichstag, de l'arc de triomphe de
Brandebourg et d'autres monuments
chers au coeur du peuple allemand
a provoqué en Allemagne le même
sentiment de révolte que le jet de
plaques incendiaires automatiques
semées en grandes quantités par les
aviateurs britanniques sur le terri-
toire du Reich afin de mettre le feu
aux récoltes allemandes engrangées,
aux bois, aux fermes, aux pépiniè-
res et aux bruyères. De toutes parts
on exprime le désir de voir tes ac-
tions de représailles dé l'aviation
allemande prendre des proportions
encore plus importantes;
LES ÉVÉNEMENTS DE ROUMANIE
LE GENERAL ANTONESCO
adresse un avertissement a la Garde de 1er
IL LUI DEMANDE DE CESSER SON AGITATION
Bucarest, 11 septembre. - Le gé-1
néral Antonesco a adressé un appel
radiodiffusé à la discipline de la
nation ; déclarant que des désordres
risqueraient de tourner à l'anar-
chie, il a menacé les fauteurs de
troubles des peines les plus sévères.
D'autre part, le chef de l'Etat a
annoncé une démobilisation par-
tielle et des restrictions dans les
réquisitions militaires dès l'achève-
ment de l'évacuation de la Transyl-
vanie.
Bucarest, 11 septembre. - Le gé-
néral Antonesco a lancé ce soir un
second appel radiodiffusé. S'adres-
sant à tous les Roumains, il rappelle
qu'en deux jours il a liquidé l'ancien
régime. Son but, dit-il, n'est pas de
détruire, mais de créer un nouveau
régime dans lequel tout le monde
travaillerait avec discipline pour la
reconstruction de l'Etat.
Le général s'adresse ensuite aux
légionnaires et leur dit :
J'ai compris l'explosion de joie
provoquée par le changement de ré-
gime ; bien que je ne sois pas un des
vôtres, je souffrais profondément
avec vous et je désirais comme vous
une Roumanie forte ; j'ai souffert et
vous avez souffert comme moi, mais
oublions maintenant ; on ne peut
rien construire par la vengeance. Je
demande de cesser l'agitation et de
\ revenir au travail ; moi, entre l'agi-
tation et le travail, j'ai choisi le
travail.
Les Gardes de fer préparant
une manifestation pour demain
à Bucarest
Bucarest, 11 septembre. - Les
appels lancés aujourd'hui par le
général Antonesco, l'un contre
l'anarchie, l'autre à i'a discipline
des légionnaires, ont fait une assez
vive impression en Roumanie, en
ce qu'ils comportent une sorte
d'avertissement public à la Garde
de fer. .
I Le chef gardiste, M. Horia Sima,
a invité ses adhérents à manifester
en force le* 13, anniversaire de la
naissance du ch.f défunt, Codreano.
Ainsi la Garde de fer se prépare à
réunir â Bucarest plusieurs mil-
liers d'hommes, en un moment où
tous les efforts du gouvernement
tendent vers l'apaisement.
Dans les milieux nationaux-
paysans et libéraux, on estime que
les effectifs de la Garde de fer dans
tout le pays sont relativement fai-
bles. Cependant, même si ce calcul
était juste, on ne pourrait nier que
l'apparente inertie des anciens
partis semblerait laisser l'es mains
libres aux légionnaires, dans l'éven-
tualité où les appels du général
Antonesco, d'ailleurs assuré du
concours de l'armée, ne trouve-
raient pas l'audience de tous l'es
cercles politiques. - (Havas.)
Le retour de la reine Hélène
Bucarest, 11 septembre. - La,
reine mère Hélène, venant de Flo-
rence, arrivera dimanche à Buca-
rest, où de grandes solennités sont
prévues pour l'accueillir.
Les troupes hongroises
sont entrées à Kolosvar (Cluj)
Budapest, 11 septembre. - -Les
troupes hongroises ont poursuivi ce
matin leur avance en trois colon-
nes. Les deux premières, continuant
de progresser dans le pays des Si-
cules, opt atteint dans la soirée les
localités de Szekely-Keresztur, Sze-
kelyadvarkely, Csykszerda et le col
de Gvimes. ? ' L
La troisième colonne est entrée à
midi à Kolosvar, ville de cent miHe
habitants, centre culturel et histo-
rique de la Transylvanie. Kolosvar
avait été évacuée par les troupés
roumaines quelques heures aupara-
vant.
Les Hongrois avaient pavoisé les
rues et érigé des arcs de triomphe.'
On ne signale aucun incident au
cours de la -journée. ;
La prise de possession de la -Tran-
sylvanie du Nord sera achevée le
13 septembre.
L'entrée solennelle à Kolosvar,
qui sera en même temps la fête
de la libération de la Tran-
sylvanie du Nord, n'aura lieu que'le
15 septembre, en présence du régent,
du gouvernement et des membres du
Parlement.
L'ex-roi Carol
a traversé la France méridionale
Le train qui emmenait l'ex-roi Ca-
rol II de Roumanie a traversé hier
mercredi le territoire français. Le
convoi était composé des mêmes
wagons qui avaient essuyé le feu
des Gardes de fer au moment de son
départ. Dans les voitures avaient
pris place, aux côtés de l'ex-souve-
rain, les membres de sa suite, no-
tamment , le. grand, chambellan et
l'aide de camp personnel, ainsi que
Mme Lupesco. :
Le train, qui était arrivé en gare
de Modane à 6 heures du matin, a
stationné pendant une heure. L'ex-roi
a été salué par le sous-préfet de
Saint-Jean-de-Maurienne et les auto-
rités locales. Le train spécial a pour-
suivi sa route par Grenoble, Valence,
Avignon, Tarascon, Nîmes, Sète et
est venu stopper h Cerbère. Le pré-
fet des Pyrénées-Orientales était sur
le quai. Le train est reparti ensuite
pour l'Espagne et le Portugal.
Le traitement
des minorités, étrangères en Hongrie
Budapest, 11 septembre. - Le
comte Teleki, président du conseil,
a visité les régions de Transylvanie
récemment rendues à la Hongrie. Au
cours de son voyage, il a déclaré que
le gouvernement hongrois garantis-
sait aux minorités étrangères en
Hongrie une complète égalité de trai-
tement avec les populations hongroi-
ses. Le gouvernement hongrois per-
mettra aux minorités l'emploi de
leur langue .maternelle dans la vie
privée, à l'école et dans les associa-
tions culturelles.
M. CHURCHILL
annonce comme imminente
une tentative d'invasion
M. Winston Churchill a prononcé
mercredi après-midi, à Londres, une
allocution radiodiffusée dans laquelle
il a défini l'attitude du peuple bri-
tannique devant les ' perspectives
d'invasion.
Les bombardements intensifs de
Londres, a dit en substance le pre-
mier ministre britannique, font l par-
tie du plan allemand d'invasion des
îles Britanniques. Des" préparatifs
accélérés de débarquement sont ac-
complis du côté allemand. Entre Ham-
bourg et Brest, sur les côtes de Hol-
lande, de Belgique et de France, de
nombreuses embarcations militaires
attendent les ordres. Des convois de
navires de commerce croisent dans
la Manche. Peut-être l'ennemi tentera-
t-il de jeter dans le combat des uni-
tés actuellement ancrées dans des
ports norvégiens. Derrière ces unités
navales se dressent de nombreux con-
tingents de troupes allemandes.
Personne ne saurait dire quand les
ordres leur seront donnés. Mais' ce
serait être aveugle que de croire qu'Hit-
ler ne prépare pas ses plans avec toute
la précision qui caractérise toutes les
entreprises allemandes. L'offensive
peut être déclenchée à tout instant,
car il ne semble pas possible de
l'ajourner encore, tant à cause des
conditions météorologiques qu'en rai-
son de l'inconvénient que comporte-
rait une immobilisation plus longue
de forces considérables.
Nous attendons l'ennemi. Nous sa-
vons qu'il s'agit aujourd'hui d'une
bataille bien plus importante que celle
qui décida de la défaite de l'Armada
ou de la victoire dp Nelson. Aussi
chaque homme et chaque femme d'An-
gleterre doivent-ils être prêts à faire
leur devoir avec un soin et une fierté
particuliers.
Notre marine de guerre et notre
flottille sont puissantes; notre avia-
tion est plus forte que jamais; nos
côtes sont bien gardées et bien for-
tifiées. Derrière ces barrages, se
dresse une armée bien plus nom-
breuse et mieux équipée qu'il y a
deux mois. A l'intérieur du pays, la
Home Guard fera son devoir : chaque
pied de terrain, chaque village, cha-
que rue seront défendus.
La flotte anglaise attaque
des formations navales
allemandes
s ' ' * \ , - ' ? ; * (i'. .
Londres, 11 septembre, minuit; -
L'amirauté communique:
Nos forces navales légères put
attaqué cette nuit les ports ennemis
et les formations navales ennemies,
leur infligeant de lourdes pertes.
Des concentrations ennemies desti-
nées à un débarquement en Angle-
terre ont été entièrement disloquées
et détruites.
L'amirauté anglaise ne peut don-
ner de plus amples détails.
Bombardement aérien
des ports de la Manche . :
Londres, 11 septembre. - tJn
communiqué du ministère de l'air
britannique annonce :
Au cours de la soirée de mardi et
pendant la journée de mercredi les
appareils de la R. A. F. ont très vio-
lemment bombardé Calais où, pen-
dant plus de trois heures, le port,
les quais et des bâtiments en cours
de chargement ont été pilonnés par
des bombes.
Ostende, Boulogne et Dieppe ont
été également bombardés. Dans ce
dernier port, ajoute le communiqué,
les bassins ont été entièrement dé-
molis.
Les batteries de D. C. A. alleman-
des, ainsi que les installations de
repérage par le son et lès projecteurs
ont été anéantis. Quatre bâtiments
allemands ancrés en rade auraient
été envoyés par le fond.
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