Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-01-08
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 08 janvier 1940 08 janvier 1940
Description : 1940/01/08 (Numéro 28604). 1940/01/08 (Numéro 28604).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
QUATRE-VINGTIEME ANNEE, r- N° 28604
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LUNDI 8 JANVIER 1940
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CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
- -PAGE 1 - "H
I
Les Opérations militaires. - Dans les airs. - Sur
mer. - Les Entretiens de Venise - Le Remanie-
ment ministériel en Grande-Bretagne. \
' ' PAGE 2 ' J
Nouvelles de l'Etranger. - Une allocution de
M. Rio. - Académies. - Un article de M. Henri
Bergson : la Force qui s'use et celle qui ne s'use
pas. - Pasteur et le Brésil, GEORGES RAEDERS.
PAGE 3
Nouvelles du jour. - La Vie économique. -
Théâtres. - Cinémas. - T.S.F. - Le Temps
financier.
PAGE 4
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Les Opé-
rations militaires. - Après les entretiens de
Venise. - Le Remaniement ministériel en
Grande-Bretagne. - En Finlande. - Lettre
d'Italie, PAUL GENTIZON.
Paris, le 7 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LE REMANIEMENT MINISTÉRIEL ANGLAIS
Le remaniement partiel de son cabinet au-
quel vient de procéder M. Neville Chamberlain
fait couler beaucoup d'encre. En temps nor-
mal le remplacement de deux ou trois mem-
bres du gouvernement par des personnalités
de même nuance politique ne susciterait qu'un
intérêt assez relatif, mais dans les circonstan-
ces créées par la guerre toutes les curiosités
sont en éveil et tous les nerfs sont à vif. L'es-
prit de polémique se manifeste à tout propos
et souvent contre l'évidence même des faits,
sans compter que la propagande ennemie, qui
ne se soucie point de l'information exacte, est
toujours prompte à exploiter n'importe quel
événement, n'importe quel incident, dans le
sens le plus hostile aux puissances alliées
pour la défense du droit et de la liberté. Les di-
rigeants nationaux-socialistes s'imaginent par
là faire diversion aux propres difficultés du
Reich hitlérien, et faire illusion au peuple al-
lemand sur la situation dans les .pays démo-
cratiques. Ce sera cette fois encore -peine per-
due, car il a été clairement établi dès la pre-
mière heure que le remaniement de son équipé
gouvernementale auquel vient de procéder le
premier ministre britannique ne saurait modi-
fier en rien ni la politique générale de la
Grande-Bretagne ni la conduite de la guerre.
Les Allemands eux-mêmes sont bien obligés
de le constater ce matin, puisque certains de
leurs journaux officieux reconnaissent qu'au-
cune modification ne sera apportée a la poli-
tique de M. Chamberlain et que le successeur
de M. Hore Belisha à la tête du ministère de
la guerre, M. Oliver-Stanley, mènera l'armée.
britànnîque- contre le Reich avec la même
énergie qu'il déployait'à faire la guerre écono-
mique à l'Allemagne.
Cette constatation d'un fait qui ne saurait
donner lieu à aucune interprétation tendan-
cieuse seule importe. Tout le reste est secon-
daire et ne relève que de préoccupations de
politique intérieure, ce qui est uniquement
affaire aux Anglais eux-mêmes. Ce qui a donné
au remaniement partiel du cabinet britannique
un certain éclat, c'est la surprise provoquée par
le départ du War Office de M. Hore Belisha,
départ que rien n'avait fait prévoir. La forte
personnalité du ministre démissionnaire, les
grands services qu'il a rendus à son pays et à
la coopération franco-britannique, le courage
politique avec lequel il a assumé ses respon-
sabilités en organisant la conscription et en
réalisant des réformes profondes qui ont donné
à la nouvelle armée britannique toute sa valeur
actuelle en l'adaptant à ce qu'exigent les cir-
constances, tout cela a valu à M. Hore Belisha
une réelle popularité dans son pays, où il a pris
figure d'homme de premier plan. Il est donc
assez naturel que sa retraite ait surpris l'opi-
nion, peu avertie des difficultés que doit résou-
dre un premier ministre chaque jour au sem
même d'un cabinet d'union ou inévitablement
des influences personnelles s'exercent parfois
èn des sens contraires; il est mon moins naturel
que la presse anglaise traduise cette surprise
dans des commentaires qui, il convient de le'
souligner, ne comportent aucune part de cri-
tique de la politique même du gouvernement
que préside M. Chamberlain.
L'hommage unanime que les journaux d'ou-
tre-Manche rendent à l'oeuvre accomplie par
M. Hore Belisha est absolument mérité, mais
la même unanimité à constater ^ que le pro-
blême du développement de l'armée sera résolu
par une formule d'accord général n'est pas
moins remarquable. La presse souligne que la
continuation de l'oeuvre entreprise par M. Hore
Belisha sera assurée, que l'adoption de la
conscription, l'appel métnodique des conscrits,
les dispositions en vue de l'entraînement et de
l'équipement des troupes sont des gains acquis
dont aucun ministre de la guerre ne privera
plus la nation. Quant aux motifs du change-
ment qui est intervenu, la plupart des journaux
estiment que la retraite de M. Hore Belisha doit
s'expliquer, suivant les termes dont se sert
le Sunday Times, « par certaines difficultés et
incompatibilités personnelles dont le public n'a
pas été informé », mais qui n'entraînent aucun
changement de politique. C'est d'ailleurs là ce
qui se dégage clairement de l'échange de lettres
entre M. Neville Chamberlain et le ministre de
la guerre démissionnaire. Dans sa lettre de de-
mission, M. Hore Belisha, considérant qu il lui
est impossible, pour les raisons qu'il, a exposees
personnellement, d'accepter l'important poste
que le premier ministre lui a offert dans le
gouvernement remanié - celui de président du
Board of Trade, - déclare qu'il, donnera tout
son appui à la conduite la plus ferme de la
guerre jusqu'à la victoire finale, et il souligne
expressément qu'il n'existe entre le chef du
gouvernement et lui aucune divergence de vues
sur la politiquè à suivre. Dans sa. réponse,
. M. Neville Chamberlain confirme nettement le
fait, ce qui enlève à l'incident toute portée pro-
prement politique et lui laisse son caractère
essentiellement personnel. Dans le message
qu'il a adressé à ses électeurs de la circonscrip-
tion de Devonport, où il s'explique sur son acti-
vité dans les différents postes qu'il a occupés
au sein du gouvernement, M. Hore Belisha dé-
clare que pour le moment il n'a pas d'autre
pensée que celle de gagner la guerre.
Par là, on peut en être certain, il demeure
en plein accord avec le gouvernement et avec
l'immense majorité du peuple britannique. Au
. surplus, en temps de guerre, aucune influence
personnelle ne saurait prévaloir sur celle du
gouvernement responsable, qui agit au nom
de la nation entière et avec le plein assenti-
ment de celle-ci. Il peut y avoir des nuances
dans la manière et dans les méthodes, mais sur
la volonté d'aller jusqu'au bout de la lutte et
d'atteindre les buts assignés à l'effort des deux
grandes démocraties qui ont pris les armes
pour sauvegarder les valeurs essentielles de
toute civilisation, il ne saurait y avoir le moin-
dre flottement, la moindre hésitation, quels que
-soient les hommes au pouvoir. Avec la pré-
sence, aujourd'hui, de M. Oliver Stanley au
comme avec celle hier, de M. Hore
Belisha, l Angleterre, dans le cadre de la
; coopération franco-britannique, continuera à
; mettre en oeuvre tous ses moyens. et toutes ses
ressources pour gagner la guerre.
StGIKITE IffHlLE
Les ennemis de la plus grande France, qui
sont ceux de la France tout court, se flattaient
que le grand bouleversement de la guerre, com-
promettant la solidité et l'homogénéité de l'em-
pire, favoriserait les desseins de l'irrédentisme
nationaliste qui s'était manifesté à diverses
reprises au cours de ces dernières années dans
certains milieux indigènes ne constituant d'ail-
leurs qu'une infime minorité. On sait qu'il n'en
a rien été, que tout au contraire les populations
placées, sous notre tutelle, embrassant avec une
enthousiaste, unanimité la cause de la métro-
pole, apportent à la France en armes leur plus
entier concours : magnifique récompense du
libéralisme de la mère patrie, heureux et
substantiel résultat de là politique d'association
préconisée et pratiquée depuis un demi-siècle
par tous les grands coloniaux français.
Mais l'ennemi veille, et ne renoncera pas fa-
cilement à l'entreprise de subversion impériale
qu'il poursuit depuis si longtemps contre la
France, et aussi contre l'Angleterre. De cette"
entreprise scélérate, la Russie des Soviets était
avant la guerre et reste certainement à l'heure
actuelle la grande inspiratrice en même temps
que la principale exécutante. On n'a pas oublié
les efforts de propagande et même d'action di-
recte qu'elle a prodigués dans les différentes
parties de l'empire, prêchant la sécession et la
révolte, appelant à la rescousse le fanatisme
religieux et le particularisme ethnique, entre-
tenant outre-mer des agitateurs, souvent Fran-
çais, hélas ! spécialisés dans la prédication
d'une guerre sainte inséparable de la guerre
sociale qui est à la fois son seul but et son
unique moyen. Il n'y a point de doute qu'elle
continue et que, ses insuccès ne l'ayant pas
découragée, elle cherche de plus belle à remon-
ter le courant d'adhésion fervente qui pousse
les sujets, protégés et citoyens français de l'em-
pire à mener sans réserve avec nous, contre
les agressions, les oppressions et les dictatures,
le bon combat de la liberté.
Contre ce danger persistant, il faut donc
plus que jamais se garder, et tout d'abord
mettre fin à l'équivoque qu'une fois de plus
nous signalions hier, en introduisant la clarté
qu'il faut dans les rapports de la République
avec le gouvernement des Soviets. Sur le ter-
rain de la sécurité impériale, l'équivoque qui
prolonge sans raisons et contre toute raison.
nos relations diplomatiques avec Moscou n'est
ni moins anormale ' ni moins nôcivé que sur
le terrain de la paix intérieure et de la conduite
de la guerre contre l'Allemagne. Plus encore
que les foules ouvrières de la métropole, les
populations indigènes peuvent à bon droit
s'étonner que le communisme, poursuivi et
traqué par les pouvoirs publics, continue à
bénéficier à Paris d'une représentation diplo-
matique nécessairement assortie du privilège
de l'exterritorialité.
A ces multitudes d'allégeance française et
de sentiments français, à leur fidélité, à leur
loyalisme, nous devons de mettre nous-mêmes
de l'ordre dans nos propres idées et dans notre
propre maison. Nous devons et mener contre
les disciples, complices et sympathisants de
Moscou, dans les différents pays d'Empire,
une répression, sans trêve ni merci, et rompre
officiellement toute attache avec le pays et le
régime qui inspirent leur oeuvre de destruction
et de mort. Les deux opérations, également
nécessaires, également urgentes, ne vont pas
l'une sans l'autre; une même logique les com-
mande, une: même volonté doit les mener à
bien.
Le ministre des colonies, M. Georges Man-
del, a au plus haut dègré, on le sait, le sens
impérial et la conscience de ses responsabilités
dans la sauvegarde de l'unité et de la sécurité
de la France totale. Le danger que nous signa-
lons aujourd'hui n'échappe point à sa vigi-
lance: : on. peut se reposer spr lui, ainsi que
sur le gouvernement tout entier, du soin de
faire à cet égard ce qu'il faudra et tout ce qu'il
faudra.
EN ALLEMAGNE
LA POLITIQUE D'INTIMIDATION DU REICH
VIS-A-VIS DES NEUTRES
On télégraphie de la frontière allemande, 6 janvier :
La Berliner Boersen Zeitung reprend 1' « offen-
sive » contre les neutres, tantôt par l'accusation
et la menace, tantôt par la persuasion. Le jour-
nal répète aux pays neutres, inscrits à la Société
des nations, qu'ils ont le « devoir de s'opposer
vigoureusement aux procédés des alliés ». Il les
avertit qu'aucune construction théorique, si in-
génieuse soit-elle, aucune tentative d'isoler la
question de Finlande ne peut libérer les neutres
de leur responsabilité, aussi longtemps qu'ils se
tairont et resteront dans la Société ».
La Berliner Boersen Zeitung s'adresse d'ailleurs
surtout aux pays Scandinaves, qu'elle s'efforce de
mettre en garde contre une aide anglaise « pour
le renforcement de leurs armements ».
Le journal prétend que « les livraisons de ma-
tériel anglais à la Suède ne seraient exécutées
qu'en vue de servir la politique de guerre britan-
nique, et tout en mettant en doute les possibi-
lités pour l'Angleterre de fournir ce matériel de
guerre, i! conclut sur un ton menaçant : « Nous
espérons que les Suédois et les pays nordiques
n'auront aucun doute sur le fait que si l'Angle-
terre réussît par ses livraisons à s'implanter chez
eux, ils seront impliqués dans la sphère d'intérêt
des grandes puissances ».
On télégraphie, d'autre part, de Berne :
Les Basler Nachrichten, commentant la poli-
tique allemande à l'égard des neutres, écrivent :
Tandis que le statu quo germano-scandinave semble
ne pouvoir se maintenir, les attaques de Berlin contre
le groupe neutre belgo-néerlandais sont beaucoup plus
inquiétantes.
Les rai6on6 données à ce sujet sont tirées par les
cheveux. Brusquement, on fait un crime à la Belgique
et à la Hollande de leur attitude au cours du débat qui
s'est déroulé, à la Société des nations, relativement conflit finno-soviétique. Les polémiques de presse de-
mandent clairement qu'elles donnent leur démission de
la Société des nations, comme si une telle mesure et
la rupture des relations internationales, qui en serait
la conséquence, devait être le meilleur moyen de ren-
forcer l'amitié entre les deux pays...
Pour reprendre sans raison une pareille accusation,
après plus d'un mois d'attente, il faut des motifs par-
ticuliers...- ,
La critique d'amour
La N.R.E vient do publier un Tableau "de I&Jf
littérature Corneille à Chénier) d'un
nouveau genre, dont l'idée est de M. André Gide,
qui en a, dans l'Avant-propos, fixé le dessein.
C'est une suite de portraits de nos classiques,
tantôt esquissés; tantôt peints en pied, par quel-
ques écrivains choisis entre « les meilleurs d'au-
jourd'hui », chacun selon son goût, son affinité,
sa préférence. Excellent principe, -que M. André
Gide n'a pas eu beaucoup de peine à. justifier.
On ne traite bien que de ce que l'on aime, et il
is'agissait seulement d'appareiller, au , mieux le
peintre et le modèle, selon la prédilection du
premier. M. André Gide, avec raison, parle sans
mauvais propos des historiens de la littérature
professionnels, « souvent excellents », dit-il,
comme Brunetière, Lansori ou Nisard, dont il dé-
finit exactement l'utilité, historique, didactique,
idéologique, et l'intention objective et imper-
sonnelle.
On aime que justice ainsi soit rendue à de bons
serviteurs dès lettres, et que M. André Gide, sur
ce point, se .sépare du boulevardier Vandérem,
qui avait institué naguère, si 'l'on s'en souvient,
une querelle un peu abusive sur la critique des
professeurs et la critique des créateurs. A l'en
croire, il n'y avait que les romanciers, les poètes,
les dramaturges pour parler convenablement du
théâtre, de la-poésie, du roman;-ce qui est pos-
sible en principe, mais ne l'est pas en fait, nul
n'ayant dit plus de bêtises sur Racine et sur
Stendhal que le créateur .Hugo, si ce n'est, sur
le même Hugo, sur Goethe et sur Diderot, le
créateur Barbey d'Aurevilly, pour ne citer que ces
deux exemples, et il y en a d'autres. L'idée de
M. André Gide est plus sage. Il n'a pas demandé
aux collaborateurs de ^on Tableau de la critique
critiquante, il n'a sollicité d'eux que de la critique
d'amour: - : V
Aussi bien, ce livre est des plus savoureux, et
fournira un excellent et très utile complément aux
ouvrages classiques de Lanson, de Brunetière et
de Faguet. Il y a chez ceux-ci plus de méthode,
d'esprit de suite et de classement. Mais Léon-Paul
Fargue traitant de La Fontaine, Mauriac de Pas-
cal, André Suarès du cardinal de Retz, Drieu
la Rochelle de Diderot, Charles Maurras d'André
Chénier, ou Jean Giraudoux de Racine, ajoutent
à la connaissance du sujet une tendresse, un pa-
thétique ou une fantaisie qui manquent nécessai-
rement aux manuels, plus guindés et moins sub-
jectifs... La table des matières du Tableau de la
littérature française, qui ne porte que sur les
dix-septième et dix-huitième siècles (on souhaite
un second volume qui serait consacré au dix-
neuvième), est convenable, malgré quelques lacu-
nes ou défauts d'échelle: on y a omis l'abbé Pré-
vost, Fontenelle, Saint-Simon, Regnard, et fait fi-
gurer des écrivains du second et même du troi-
sième rayon, comme le charmant et mince Parny
et l'ennuyeux et ignoble Sade. C'est le danger du
critère de la prédilection, qui risque parfois de
surfaire et d'exagérer. Encore y a-t-il la façon.
Furetière n'est pas un grand écrivain, mais notre
ami André Thérive en a si joliment parlé qu'on
lui passera cet engouement. Ce qui prouve que la
critique est un art en soi, c'est que souvent le
peintre y vaut mieux que le modèle; et c'est pré-
cisément le cas.
Entre tous ces divers portraits, il en est un à
mettre hors de pair : le Montesquieu de Paul V^i;
léry, autrefois, écrit;pour servir dê préface à unë^
nouvelle édition des Lettres persanes, èt, vraiment,'
de luxe, celle-là, car l'introduction égalait le texte.
Ces pages datent de 1926, et, vu tout ce qui s'est,
passé dans l'intervalle, elles sont aujourd'hui pour
nous d'une merveilleuse actualité. Ecoutez ceci,)
par exemple : « Une société s'élève de la brutalité
jusqu'à l'ordre. Comme la barbarie est l'ère du
fait, il est donc nécessaire que l'ère de l'ordre
soit l'empire des fictions - car il n'y a point de
puissance capable de fonder l'ordre sur la seule
contrainte des corps par les corps. Il y faut des
forces fictives. L'ordre exige donc l'action de pré-
sence de choses absentes, et résulte de l'équilibre
des instincts par les idéaux. » Hélas ! ces vérités
sont pour notre temps, menacé par la barbarie
de retourner à l'ère du fait, quand les forces fic-
tives se sont montrées inopérantes, ou sont impu-
demment niées par les barbares. Ces forces fic^
tives, c'étaient les traités et les pactes, l'honneur
international respecté par tous, « les écritures,
les paroles obéies, les promesses tenues, les con-
ventions observées ». A quoi nos adversaires d'au-
jourd'hui entendent substituer le droit de la force
et la loi brutale du fait. Mais M. Paul Valéry
n'écrirait plus, peut-être, à cette heure, comme
il y a quatorze ans, « qu'il n'y a point de puissance
capable de fonder l'ordre sur la seule contrainte
des corps par les corps »; il dirait plus justement
que cette contrainte des corps peut rétablir cet-
ordre menacé, quand les forces fictives qui- le
fondaient ont encore une pleine valeur aux yeux
des croyants et des défenseurs de cet ordre. Ces
forces fictives, c'est la morale, dont la puissance
s'exerce par des mots et par des images. Valéry
disait encore, prophétiquement et très bien : « II
est indispensable à l'ordre qu'un homme se sente
sur le point même d'être pendu quand il est sur
le point de mériter de l'être. S'il n'accorde un
grand crédit à cette image, bientôt tout s'écroule. »
Cela parait assez vrai en 1940, et le sera davantage
un jour prochain. Il suffit de trouver l'application
de ce propos, et ce n'est pas très difficile. Y a-t-il
aujourd'hui à chercher longtemps qui mériterait;
d'être pendu î
EMILE HENRIOT.
.
EN ITALIE
Le rôle de l'Italie en Méditerranée orientale
On mande de Home:
M. de Vecchi di Val Cismon, gouverneur de
l'île de Rhodes, a fait des déclarations sur le rôle
et l'importance que le gouvernement italien attri-
bue aux possessions italiennes de la mer Egée par
rapport à l'influence et à la position de l'Italie
en Méditerranée orientale. '
L'Italie, a dit notamment à la revue Action coloniale
M. de Vecchi di Val Cismon, a des intérêts vitaux en
Méditerranée orientale.
Les dernières délibérations du Grand Conseil fas-
ciste, qui parlent des intérêts balkaniques de l'Italie,
embrassent évidemment tous nos intérêts en Méditer-
ranée orientale,' et il est clair que ces derniers 6ont
si importants que M. Mussolini a cru opportun d'aver-
tir que personne ne sera autorisé à y toucher. La mer
Egée est une partie de la Méditerranée orientale, et
c'est au ooeur de la mer Egée que se trouvent les ter-
ritoires qui nous appartiennent, petits sans doute par
leur superficie, mais des plus importants pour la poli-
tique fasciste. "'*? '
Et le gouverneur de Rhodes d'affirmer que le
prestige et l'influence dè l'Italie en Orient sont
intimement liés au développement et au sort de
l'île de Rhodes, « phare allumé dans l'Orient mé-
diterranéen pour guider les navigateurs ».
Rhodes, a-t-il conclu, est appelée-à devenir un phare
de lumière romaine dans la Méditerranée orientale, et
les navigateurs de la politique devront en tenir compte
demain avant de fixer leur route.
Le plébiscite du Haut-Adige
On mande de Rome, le 6 janvier :
Cent quatre-vingtcinq mille habitants du Hâut-
Adige, d'origine allemande ont, comme on le sâit,
récemment opté pour la citoyenneté allemande, cfi
qui entraînera, conformément aux accords itaio-
allemands de l'automne dernier, leur émigration
en Allemagne.
Au regard de ce chiffre, on précise aujourd'hui
que 83,000 autres Haut-Adigeois d'origine alle-
mande conservent la citoyenneté italienne, soit
qu'ils se soient prononcés dans ce sens, soit
qu'ils n'aient fait aucune demande d'option.
LES OPÉRATIONS
MILITAIRES
COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS
DU 6 JANVIER (SOIR)
Au cours de la journée, nos patrouilles ont
rencontré l'ennemi en divers points du front
et ramené quelques prisonniers.
DU 7 JANVIER (MATIN)
Activité des patrouilles en divers points du
front. Action assez vive des deux artilleries
au début de la nuit dans la région à l'est de
la Blies.
DANS LES AIRS
L'activité de la R. A. F.
On mande de Londres, le 6 janvier :
Outre les « patrouilles de sécurité » qu'elle fait
normalement au-dessus des bases allemandes,
d'hydravions situées autour des îles de la Frise,
IFC» R. A. F. a encore effectué avec succès, hier soir,
un vol de reconnaissance au-dessus du Nord-
Ouest de l'Allemagne.
Au quartier général de la R. A. F.
Le ministère britannique de l'information commu-
nique :
Lord Halifax, ministre des affaires étrangères,
accompagné du maréchal de l'air Sir Cyril Newal,
chef de l'état-major de l'air, a visité le quartier
général de l'aviation de combat de la R. A. F. sa-
medi après-midi.
$UH MER
La perte du chalutier « Eta »
On mande de Londres, le 6 janvier :
Le chalutier Eta a coulé à la suite de l'explo-
sion d'une mine prise dans un filet.
Six membres de l'équipage ont été débarqués
dans un port de la côte orientale par le chalutier
Rotha.
L'abordage de la malle d'Ostende
par un patrouilleur français
On mande d'Ostende, 6 janvier :
La malle Prince-Charles, qui avait quitté
Ostende à destination de Folkestone, est entrée,
ce matin, en collision avec un bateau patrouilleur
français, au large de Dunkerque. Le bateau fran-
çais la été sérieusement endommagé., V.
La malle, sous les ordres du commandant Van
Gool, avait à bord trente passagers. Quand le ba-
teau se trouva en vue de la côte française, il ré-
fnaît sur mer une légère brume. Arrivée en rade
e Dunkerque, où un signal indiquait qu'aucun
bateau ne pouvait quitter le port, la malle con-
tinua sa route. Brusquement surgit un chalutier
français, affecté au - service de patrouille et de
dragage des mines, qui sortait du port et qui
heurta la malle. Plusieurs passagers furent pris
ide panique. Le gouvernail, avant du Prince-
Charles fut abîmé et rendu inutilisable. Le cha-
lutier français eut des dégâts beaucoup plus
graves.
Le commandant Van Gool jugea plus prudent
de regagner Ostende où il était de retour au début
de l'après-midi.
L'éventualité d'une attaque navale
contre la Grande-Bretagne (?)
Le rédacteur naval du Sunday Chronicle affirme
que l'amiral Roeder, chef de la flotte allemande
se préparerait à venger l'Admiral-Graf-Spee, en
procédant à une attaque navale de grande enver-
gure contre l'Angleterre.
Hitler aurait ordonné de faire sortir la flotte
allemande de son abri de Kièl et de la diriger
dans la mer du Nord pour lancer l'offensive en
deux directions : 1° en forçant la flotte britanni-
que à accepter l'engagement, dans l'espoir de lui
causer ainsi des dommages suffisants pour porter
atteinte à sa domination des mers; 2° en bom-
bardant des villes et des ports de la côte bri-
tannique, surtout ceux qui ne sont pas défendus,
pour détruire les plus possible de navires de
commerce.
Dans les deux cas, l'offensive navale serait pré-
cédée de plusieurs vagues d'avions de bombar-
dement et de combat, dont un grand nombre
aurait été affeçté dans cette intention à la flotte
nazie.
Le journal souligne que la flotte britannique
ne serait nullement prise au dépourvu. Il indique
comme effectifs de la flotte allemande : deux
croiseurs de bataille, deux cuirassés de poche, six
croiseurs, vingt destroyers, vingt sous-marins. En
revanche, les Anglais disposeraient pour répon-
dre à cette offensive de quatorze croiseurs de
bataille, six porte-avions, cinquante-huit croi-
seurs, cent soixante-huit destroyers et soixante
sous-marins. En outre, un nouveau champ de
mines protège les côtes britanniques depuis le
nord de l'Ecosse jusqu'à Douvres. Enfin, d'autres
navires britanniques que ceux indiqués sont prêts
à intervenir.
Le rédacteur ajoute que l'une des raisons des
raids allemands au-dessus des Orc.ades et des
Shetland a été le désir de l'ennemi de constater
quelle proportion de la flotte britannique est
concentrée dans les eaux anglaises et si un très
grand nombre de navires britanniques sont dis-
persés sur les routes de l'Océan.
L'INDÉPENDANCE DES PAYS-BAS
Une mise au point gouvernementale
, On télégraphie de la Haye :
Le service de presse du gouvernement commu-
nique :
« Depuis quelque temps, des organes de la
presse étrangère publient des informations ten-
dancieuses relatives à la Hollande,-faisant notam-
ment naître le doute sur la résolution de la Hol-
lande de se défendre, par' tous les moyens dont
elle dispose, contre toute agression étrangère.
« A ce sujet, il nous incombe de déclarer une fois
de plus, afin d'écarter toute équivoque, que l'inté-
grité de la Hollande ne peut pas faire l'objet de
négociations et que tout agresseur du territoire
néerlandais trouvera devant lui la résistance
acharnée de nos armes, quel que soit le côté d'où
viendrait l'agresseur. »
La fidélité à la Société des nations
On télégraphie d'Amsterdam :
La Hollande restera membre de la Société des
nations, nonobstant les menaces.
Répondant aux attaques dirigées par le Reich
contre les petits pays neutres qui continuent à
participer à la Société des nations, les milieux
compétents hollandais, selon l'organe Het Volk,
affirment que la Hollande ne se laissera dicter
par personne son attitude dans cette question. La
Hollande estime que sa qualité de membre de la
Société des nations n'entache en rien sa position
de neutralité. >
LES ENTRETIENS DE VENISE
les relations hungro-romaines ont I faire l'objet principal
de l'entretien des ta ministres des affaires taures
Notre correspondant particulier à Rome téléphone
dimanche matin, 7 janvier :
Les entretiens de Venise entre les ministres
des affaires étrangères d'Italie et de Hongrie ont
été au nombre de trois. Le premier s'est déroulé
samedi matin sitôt après l'arrivée du comte Ciano,
entre 11 heures et 12 h. 45. Le second, au cours
de l'après-midi, de 17 heures à 18 h. 30. Un
troisième et dernier entretien a eu lieu ce matin
même. On attend, d'un instant à l'autre, l.a pu-
blication d'un bref communiqué. Aucun instru-
ment diplomatique nouveau n'a été conclu. La
rencontre a conservé le caractère d'un échange
de vues correspondant à la politique de collabo-
ration active et permanente entre les deux Etats.
Les lignes directrices de la politique italienne
touchant l'Europe centrale et balkanique
Pour bien comprendre la portée et. l'impor-
tance des entretiens de Venise, il convient de ne
pas perdre de vue les directives de la politique
italienne à l'égard de l'Europe centrale et balka-
nique.
Ces directives sont nettement indiquées par le
communiqué du Grand Conseil fasciste du 7 dé-
cembre dernier et par le récent discours du comte
Ciano. L'organe suprême du régime fasciste a
.déclaré que tout- oe qui peut arriver dans cette
région de l'Europe ne peut pas ne pas intéresser
directement l'Italie. De son côté, le comte Ciano
a réaffirmé le vif désir de l'Italie de voir main-
tenir et se consolider l'ordre et la paix dans
l'Europe danubienne et balkanique.
Puis, après avoir écarté l'idée de la constitu-
tion d'un bloc balkanique comme ne correspondant
pas aux possibilités de l'heure, il a déclaré que
l'Italie verrait avec la plus grande sympathie
toute manifestation de la volonté des peuples da-
nubiens et balkaniques de résoudre, amicalement,
les questions qui existent entre eux, et il a con-
clu qu'elle était prête à donner, à cet effet, ses
conseils et son appui.
La Hongrie, de son côté, est liée à l'Italie de-
puis la fin de la guerre mondiale. Par la conver-
gence d'une foule d'éléments économiques, his-
toriques, spirituels, un parallélisme d'action po-
litique s'est constitué entre les deux pays. Cette
collaboration est l'élément fondamental des deux
politiques de Budapest et de Rome dans les Bal-
kans. La Hongrie compte pouvoir résoudre grâce
à cette collaboration les problèmes internatio-
naux qui la concernent, et l'Italie l'utiliser pour
développer son action balkanique selon les direc-
tives fixées par le comte Ciano.
Déjà des jalons ont été jetés dans la direction
de la Yougoslavie. Les relations entre Budapest
et Belgrade se sont améliorées dans une large
mesure. On peut même dire qu'elles sont deve-
nues confiantes. Il s'agit maintenant d'attaquer
résolument le problème des rapports hungaro-
roumains, afin d'arriver a une détente et, si pos-
sible, à une entente.
L'Italie demande à la Hongrie
- comme elle le demandera à la Roumanie
de n'être pas intransigeante
Tel a été, d'après toùtes les nouvèlles qui par-
viennent de Venise, le thème principal des en-
tretiens Ciano-Csaki. Le point de vue de 1 Italie
paraît avoir été le suivant : le problème des rap-
ports hungaro-roumains se résume tout entier
dans celui des groupes ethniques magyars rési-
dant. en Roumanie. Sa solution doit dépendre du
sens de réalisme politique des deux parties, de
leur bonne volonté comme de leur esprit récipro-
que de modération.
La pression de la Russie sur la Bessarabie, sa
présence aux cols des Carpathes, la guerre, enfin,
qui sévit aux confins des deux pays, doivent leur
suggérer la création, à tout prix, d'un nouveau
système de rapports hungaro-roumains fondés sur
certains sacrifices.
En d'autres termes, l'Italie demande à chaque
partie de ne pas être intransigeante (on parle
même, à cet égard, d'un prochain voyage à Rome
de M. Gafenco, ministre des affaires étrangères de
Roumanie) et de faire des concessions afin qu'une
atmosphère de collaboration rende stable la paix
dans l Europe sud-orientale.
Cette prise de position est dictée en grande par-
tie, non par une volonté agressive contre la Rus-
sie, mais par l'intention très nette d'arrêter l'ex-
pansion du communisme et de sa menace contre
Tordre, les traditions, la civilisation de l'Europe.
Les autres problèmes envisagés
De toutes les communications téphoniques qui
parviennent de Venise, on peut déduire que les
deux ministres des affaires étrangères d'Italie et
de Hongrie ont abordé une foule de questions.
A côté du problème des rapports hungaro-rou-
mains, ils ont dû passer en revue les conditions
nouvelles créées par la collusion germano-sovié-
tique, examiner le problème de la défense du
Sud-Est de l'Europe côntre les Soviets, envisager
de quelle façon l'Italie pourra secourir la Hongrie
au cas d'une attaque soviétique, décider quelle
serait l'attitude des deux pays au cas où les Russes
pénétreraient en Bessarabie, considérer l'attitude
de la Yougoslavie et de la Bulgarie par rapport
à toutes ces éventualités.
Ce qui paraît ressortir clairement des entre-
tiens de Venise est la volonté manifeste de paix
de l'Italie et de la Hongrie.
La guerre de Finlande a démontré le péril d'un
élargissement du conflit. L'action de Rome paraît
toute tendue à écarter ce danger de l'Europe cen-
trale et orientale. Les colloques de Venise mé-
ritent donc d'être envisagés avec sympathie. Ils
contribueront d'un côté à renforcer l'amitié italo-
magyare, de l'autre à faciliter les rapports entre
les Etats de l'Europe sud-orientale, à consolider
la paix dans le secteur danubien et balkanique.
Déclaration du comte Ciano
On mande de Venise, le 7 janvier :
A l'issue de son premier entretien avec le mi-
nistre des affaires étrangères de Hongrie, le comte
Ciano a déclaré aux journalistes :
Notre entrevue a été franchement cordiale et a servi
à réaffirmer l'intime collaboration existant entre nos
deux pays et la parfaite identité de vues sur les pro-
blèmes touchant la défense de l'ordre et de la paix en
Europe.
A l'issue de l'entretien de l'après-midi, qui,
comme le premier, s'est déroulé dans les salons
d'un palace vénitien, le ministre des affaires
étrangères d'Italie, interrogé par des journalistes,
a déclaré de nouveau que la conversation avait
été empreinte de la plus vive cordialité et qu'elle
avait confirmé la complète identité de vues des
deux gouvernements sur tous les problèmes qui
avaient fait l'objet des entretiens.
Le soir, le comte Csaky a assisté à un dîner
offert en son honneur par le comte Ciano. Après
ouoi les deux ministres des affaires étrangères ont
assisté à une représentation de gala au théâtre
municipal de la ville.
Un article de M, Yirgi o Gayda
porte=parole officieux du palais Chigi
M. Virginio Gayda, dans un article du Giornale
d'Italia intitulé « Collaboration », se félicite des
nouveaux contacts italo-hongrois.
Cette nouvelle rencontre, écrit-il, samedi après-midi,
survient dans un moment particulièrement important
de l'histoire européenne, mais il ne faut pas s'attendre
à des résolutions exceptionnelles ou à des accords
marquant une direction nouvelle. Il s'agit d'éclaircir
l'atmosphère de l'Europe danubienne et balkanique,
tout en confirmant l'intimité confiante des rapports qui
unissent l'Italie à la Hongrie.
La situation de l'Europe sud-orientale, à en
croire le journaliste officieux, serait caractérisée
par les quatre éléments suivants : l'état de guerre
des grandes puissances, avec les inconnues et les
répercussions qu'il comporte; l'attitude des Etats
danubiens et balkaniques face aux problèmes po-
sés par les hostilités, l'état des rapports actuels
entre ces diverses puissances, l'apparition d'une
nouvelle politique russe et communiste à l'égard
de certains de ces Etats. C'est sur ces divers
points que portera en particulier l'examen entre-
pris en commun par les deux ministres des affai-
res étrangères. Les vues italiennes n'ont pas be-
soin d'être précisées de nouveau, l'ordre du jour
du Grand Conseil, le discours du comte Ciano, ont
jeté une pleine et entière lumière sur les con-
ceptions du gouvernement fasciste.
A l'origine, poursuit le directeur du Giornale d'Italia,
la guerre a suscité des inquiétudes dans tous les pays
de l'Europe danubienne et balkanique, inquiétudes
qu'aggravait encore l'attitude adoptée par la Roumanie
et par la Grèce qui avaient reçu une garantie unilaté-
rale de la Grande-Bretagne, par l'accord turco-britan-
nique, politique et militaire, conclu pour quinze ans, et
dont Jes buts comme,les applications possibles sont en-
core difficiles à'préciser. Mais la position ferme et lim-
pide de l'Italie a maintenu la paix dans toute cette
zone de l'Europe et a réussi à limiter jusqu'à présent
!e conflit armé, bien que le gouvernement de Rome
n'entende pas circonscrire tous les problèmes économie
ques de portée européenne qui en dérivent.
La ligne de conduite de l'Italie ne doit pas être
confondue avec la neutralité, bien qu'elle vise au
maintien à l'heure présente de la paix dans cette
partie de l'Europe et de la Méditerranée. L'Italie, qui
est devenue désormais la plus grande puissance bal-
kanique, affirme'ses droits et ses intérêts vitaux per-
manents. Elle entend respecter les possessions terri-
toriales et les droits nationaux des autres Etats de
l'Europe danubienne et vivre en paix aveo eux, Elle
désire que ces diverses nations, dans leur intérêt
même, examinent franchement et résolvent les pro-
blèmes encore pendants entre eux afin d'arriver à
une conciliation générale, base nécessaire d'une col-
laboration amicale.
On a parlé, continue M. Gayda, d'un grand bloc
les neutres balkaniques, dont l'Italie aurait pris la
direction, sous une forme ou sous une autre. Ces
bruits étaient sans fondement. D'autre part, l'Italie
désire garder sa liberté d'action, d'autre part, il reste
encore entre certains pays danubiens et balkaniques
des questions trop essentielles qui ne sont pas encore
résolues pour qu'on puisse concevoir une union intime
et oonfiante entre eux.
Un bloc balkanique, dans les conditions actuelles,
serait absolument prématuré. L'Italie entend, en revan-
che, favoriser un rapprochement entre les différents
Etats danubiens sur la base d'une clarification utile
des différents problèmes ouverts.
En ce qui concerne particulièrement la Hongrie, qui
appartient à la zone la plus chaude des amitiés poli-
tiques de l'Italie, les questions les plus importantes
sont celles des rapports avec la Yougoslavie et aveo
la Roumanie. La Yougoslavie, aveo laquelle le gou-
vernement fasciste et la nation italienne entendent
maintenir et développer ses rapports de cordialité
agissante qui ont été consacrés par les accords de
Pâques 1937,- s'est déjà rapprochée notablement de la
Hongrie. L'Italie le constate avec satisfaction.
Il reste encore à définir le problème des relations
roumano-hongroises, bien que l'intérêt des deux parties
d'arriver à une détente et, si possible, à une entente,
soit évident. La solution du différend roumano-hongrois
doit être confiée au sens du réalisme politique des deux
parties et à leur bonne volonté et leur esprit réciproque
de modération. La guerre qui flambe le long de leurs
frontières leur conseille plus que jamais de résoudre
leurs problèmes et d'établir des rapports confiants.
Les origines de la guerre actuelle démontrent éloquem-
ment combien il est utile d'éclaircir à temps les contes^
talions internationales, même au prix de quelques sacri-
fices. La Roumanie et la Hongrie peuvent aujourd'hui
reconnaître l'équivalence de certaines de leurs positions
et de leurs intérêts. La puissance russe, qui pèse sur
la Bessarabie, se fait sentir également sur les frontières
hongroises.
Cela nous amène, continue le porte-parole-
officieux du palais Chigi, à parler de l'affaire
russe et de l'action économique qui se manifeste
sous une forme nouvelle sur les confins de l'Eu-
rope sud-orientale.
Existe-t-il, dans cette partie du continent, une menace
de la Russie soviétique, comme beaucoup d-e journaux
étrangers voudraient le faire croire?... Les directives de
la politique italienne, tracées par M. Mussolini, observe
M. Gayda, sont bien connues. L'Italie n'est pas poussée
par des desseins agressifs contre la Russie des Soviets.
En cela elle se différencie des autres grandes puis-
sances qui, aujourd'hui, sont engagées contre la Russie
comme, il y a quelque temps, elles paraissaient s'effor-
cer d'accaparer ses faveurs.
L'Italie entend seulement arrêter l'expansion du com-
munisme. Que l'U.RS.S. reste donc chez elle, sur son
territoire vaste et si riche, qui offre tant de possibilités,
et l'Italie n'aura rien à dire. Mais si le communisme
prétendait s'avancer vers des zones d'intérêt vital pour
l'Europe et pour l'Italie, le fascisme saurait y répondre
comme il convient.
Dans les premiers échanges de vues qui ont eu
lieu samedi matin entre le comte Ciano et le
comte Csaky, conclut M. Gayda, l'identité des
intérêts et des sentiments politiques de l'Italie
et de la Hongrie a été confirmée. « Elle ne peut
que favoriser le développement de la collabora-
tion entre les deux nations amies. La Hongrie
est animée d'une volonté de paix et du désir de
clarifier les problèmes encore en suspens par une
négociation pacifique. Une telle attitude justifie
encore plus les directives de la politique italienne
qui a pu préserver jusqu'à présent, cette zone de
1 Europe de tout bouleversement. »
LE REMANIEMENT MINISTÉRIEL
EN GRANDE-BRETAGNE
Le remplacement de M. Hore Belisha
ne signifie aucun changement de politique
On mande de Londres à l'agence Havas :
« Le remplacement de M. Hore Belisha par
M. Oliver Stanley no comporte aucun change-
ment de politique. Le gouvernement reste entiè-
rement déterminé, en étroit et complet accord
avec la France, à employer toutes les ressources
du pays en vue d'une victoire totale sur l'ennemi
commun. » Telle est l'affirmation catégorique
que l'on recueille dans les milieux bien informés
ae la capitale britannique, où l'on ajoute que la
politique d'accord avec la France et de victoire
est celle de M. Oliver Stanley, comme elle était
celle de M. Hore Belisha. Aucun doute ne saurait
donc exister sur la résolution du gouvernement.
Cette réaffirmation est d'ailleurs parfaitement
claire dans les lettres qui ont été échangées hier
entre le premier ministre et M. Hore Belisha.
L'un et l'autre ont su que le parti de la propa-
gande ennemie pourrait tirer de l'incident, et ils
ont tenu à s'inscrire par avance en faux contre
toute insinuation de cet ordre.
Pour important qu'il soit, ce changement de
titulaire du War Office est donc ramené aux
justes proportions d'un événement de politique
intérieure qui paraît avoir plus de rapports avec
la psychologie qu'avec l'art de la guerre. Aussi
ne s'attend-on pas que le chef du gouvernement
donne à d'autres qu'aux membres du Parlement
les raisons qui ont dicté sa décision.
Dans les milieux militaires, on déclare que ce
serait mal connaître les traditions de discipline
de l'armée que d'ajouter foi au bruit que l'action
d'officiers frappés par le rajeunissement des ca-
dres réalisé par M. Hore Belisha, ne serait pas
étrangère à la décision du prémier ministre.
On s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, ! PARIS (9e), èt dans tous les Bureaux de Poste
LUNDI 8 JANVIER 1940
FONDATETJB. I _A.ugu.ste NEFPTZER (iseï)
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Un numéro (PARIS et DÉPARTEMENTS) : Tî» centimes
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Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
- -PAGE 1 - "H
I
Les Opérations militaires. - Dans les airs. - Sur
mer. - Les Entretiens de Venise - Le Remanie-
ment ministériel en Grande-Bretagne. \
' ' PAGE 2 ' J
Nouvelles de l'Etranger. - Une allocution de
M. Rio. - Académies. - Un article de M. Henri
Bergson : la Force qui s'use et celle qui ne s'use
pas. - Pasteur et le Brésil, GEORGES RAEDERS.
PAGE 3
Nouvelles du jour. - La Vie économique. -
Théâtres. - Cinémas. - T.S.F. - Le Temps
financier.
PAGE 4
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. - Les Opé-
rations militaires. - Après les entretiens de
Venise. - Le Remaniement ministériel en
Grande-Bretagne. - En Finlande. - Lettre
d'Italie, PAUL GENTIZON.
Paris, le 7 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LE REMANIEMENT MINISTÉRIEL ANGLAIS
Le remaniement partiel de son cabinet au-
quel vient de procéder M. Neville Chamberlain
fait couler beaucoup d'encre. En temps nor-
mal le remplacement de deux ou trois mem-
bres du gouvernement par des personnalités
de même nuance politique ne susciterait qu'un
intérêt assez relatif, mais dans les circonstan-
ces créées par la guerre toutes les curiosités
sont en éveil et tous les nerfs sont à vif. L'es-
prit de polémique se manifeste à tout propos
et souvent contre l'évidence même des faits,
sans compter que la propagande ennemie, qui
ne se soucie point de l'information exacte, est
toujours prompte à exploiter n'importe quel
événement, n'importe quel incident, dans le
sens le plus hostile aux puissances alliées
pour la défense du droit et de la liberté. Les di-
rigeants nationaux-socialistes s'imaginent par
là faire diversion aux propres difficultés du
Reich hitlérien, et faire illusion au peuple al-
lemand sur la situation dans les .pays démo-
cratiques. Ce sera cette fois encore -peine per-
due, car il a été clairement établi dès la pre-
mière heure que le remaniement de son équipé
gouvernementale auquel vient de procéder le
premier ministre britannique ne saurait modi-
fier en rien ni la politique générale de la
Grande-Bretagne ni la conduite de la guerre.
Les Allemands eux-mêmes sont bien obligés
de le constater ce matin, puisque certains de
leurs journaux officieux reconnaissent qu'au-
cune modification ne sera apportée a la poli-
tique de M. Chamberlain et que le successeur
de M. Hore Belisha à la tête du ministère de
la guerre, M. Oliver-Stanley, mènera l'armée.
britànnîque- contre le Reich avec la même
énergie qu'il déployait'à faire la guerre écono-
mique à l'Allemagne.
Cette constatation d'un fait qui ne saurait
donner lieu à aucune interprétation tendan-
cieuse seule importe. Tout le reste est secon-
daire et ne relève que de préoccupations de
politique intérieure, ce qui est uniquement
affaire aux Anglais eux-mêmes. Ce qui a donné
au remaniement partiel du cabinet britannique
un certain éclat, c'est la surprise provoquée par
le départ du War Office de M. Hore Belisha,
départ que rien n'avait fait prévoir. La forte
personnalité du ministre démissionnaire, les
grands services qu'il a rendus à son pays et à
la coopération franco-britannique, le courage
politique avec lequel il a assumé ses respon-
sabilités en organisant la conscription et en
réalisant des réformes profondes qui ont donné
à la nouvelle armée britannique toute sa valeur
actuelle en l'adaptant à ce qu'exigent les cir-
constances, tout cela a valu à M. Hore Belisha
une réelle popularité dans son pays, où il a pris
figure d'homme de premier plan. Il est donc
assez naturel que sa retraite ait surpris l'opi-
nion, peu avertie des difficultés que doit résou-
dre un premier ministre chaque jour au sem
même d'un cabinet d'union ou inévitablement
des influences personnelles s'exercent parfois
èn des sens contraires; il est mon moins naturel
que la presse anglaise traduise cette surprise
dans des commentaires qui, il convient de le'
souligner, ne comportent aucune part de cri-
tique de la politique même du gouvernement
que préside M. Chamberlain.
L'hommage unanime que les journaux d'ou-
tre-Manche rendent à l'oeuvre accomplie par
M. Hore Belisha est absolument mérité, mais
la même unanimité à constater ^ que le pro-
blême du développement de l'armée sera résolu
par une formule d'accord général n'est pas
moins remarquable. La presse souligne que la
continuation de l'oeuvre entreprise par M. Hore
Belisha sera assurée, que l'adoption de la
conscription, l'appel métnodique des conscrits,
les dispositions en vue de l'entraînement et de
l'équipement des troupes sont des gains acquis
dont aucun ministre de la guerre ne privera
plus la nation. Quant aux motifs du change-
ment qui est intervenu, la plupart des journaux
estiment que la retraite de M. Hore Belisha doit
s'expliquer, suivant les termes dont se sert
le Sunday Times, « par certaines difficultés et
incompatibilités personnelles dont le public n'a
pas été informé », mais qui n'entraînent aucun
changement de politique. C'est d'ailleurs là ce
qui se dégage clairement de l'échange de lettres
entre M. Neville Chamberlain et le ministre de
la guerre démissionnaire. Dans sa lettre de de-
mission, M. Hore Belisha, considérant qu il lui
est impossible, pour les raisons qu'il, a exposees
personnellement, d'accepter l'important poste
que le premier ministre lui a offert dans le
gouvernement remanié - celui de président du
Board of Trade, - déclare qu'il, donnera tout
son appui à la conduite la plus ferme de la
guerre jusqu'à la victoire finale, et il souligne
expressément qu'il n'existe entre le chef du
gouvernement et lui aucune divergence de vues
sur la politiquè à suivre. Dans sa. réponse,
. M. Neville Chamberlain confirme nettement le
fait, ce qui enlève à l'incident toute portée pro-
prement politique et lui laisse son caractère
essentiellement personnel. Dans le message
qu'il a adressé à ses électeurs de la circonscrip-
tion de Devonport, où il s'explique sur son acti-
vité dans les différents postes qu'il a occupés
au sein du gouvernement, M. Hore Belisha dé-
clare que pour le moment il n'a pas d'autre
pensée que celle de gagner la guerre.
Par là, on peut en être certain, il demeure
en plein accord avec le gouvernement et avec
l'immense majorité du peuple britannique. Au
. surplus, en temps de guerre, aucune influence
personnelle ne saurait prévaloir sur celle du
gouvernement responsable, qui agit au nom
de la nation entière et avec le plein assenti-
ment de celle-ci. Il peut y avoir des nuances
dans la manière et dans les méthodes, mais sur
la volonté d'aller jusqu'au bout de la lutte et
d'atteindre les buts assignés à l'effort des deux
grandes démocraties qui ont pris les armes
pour sauvegarder les valeurs essentielles de
toute civilisation, il ne saurait y avoir le moin-
dre flottement, la moindre hésitation, quels que
-soient les hommes au pouvoir. Avec la pré-
sence, aujourd'hui, de M. Oliver Stanley au
comme avec celle hier, de M. Hore
Belisha, l Angleterre, dans le cadre de la
; coopération franco-britannique, continuera à
; mettre en oeuvre tous ses moyens. et toutes ses
ressources pour gagner la guerre.
StGIKITE IffHlLE
Les ennemis de la plus grande France, qui
sont ceux de la France tout court, se flattaient
que le grand bouleversement de la guerre, com-
promettant la solidité et l'homogénéité de l'em-
pire, favoriserait les desseins de l'irrédentisme
nationaliste qui s'était manifesté à diverses
reprises au cours de ces dernières années dans
certains milieux indigènes ne constituant d'ail-
leurs qu'une infime minorité. On sait qu'il n'en
a rien été, que tout au contraire les populations
placées, sous notre tutelle, embrassant avec une
enthousiaste, unanimité la cause de la métro-
pole, apportent à la France en armes leur plus
entier concours : magnifique récompense du
libéralisme de la mère patrie, heureux et
substantiel résultat de là politique d'association
préconisée et pratiquée depuis un demi-siècle
par tous les grands coloniaux français.
Mais l'ennemi veille, et ne renoncera pas fa-
cilement à l'entreprise de subversion impériale
qu'il poursuit depuis si longtemps contre la
France, et aussi contre l'Angleterre. De cette"
entreprise scélérate, la Russie des Soviets était
avant la guerre et reste certainement à l'heure
actuelle la grande inspiratrice en même temps
que la principale exécutante. On n'a pas oublié
les efforts de propagande et même d'action di-
recte qu'elle a prodigués dans les différentes
parties de l'empire, prêchant la sécession et la
révolte, appelant à la rescousse le fanatisme
religieux et le particularisme ethnique, entre-
tenant outre-mer des agitateurs, souvent Fran-
çais, hélas ! spécialisés dans la prédication
d'une guerre sainte inséparable de la guerre
sociale qui est à la fois son seul but et son
unique moyen. Il n'y a point de doute qu'elle
continue et que, ses insuccès ne l'ayant pas
découragée, elle cherche de plus belle à remon-
ter le courant d'adhésion fervente qui pousse
les sujets, protégés et citoyens français de l'em-
pire à mener sans réserve avec nous, contre
les agressions, les oppressions et les dictatures,
le bon combat de la liberté.
Contre ce danger persistant, il faut donc
plus que jamais se garder, et tout d'abord
mettre fin à l'équivoque qu'une fois de plus
nous signalions hier, en introduisant la clarté
qu'il faut dans les rapports de la République
avec le gouvernement des Soviets. Sur le ter-
rain de la sécurité impériale, l'équivoque qui
prolonge sans raisons et contre toute raison.
nos relations diplomatiques avec Moscou n'est
ni moins anormale ' ni moins nôcivé que sur
le terrain de la paix intérieure et de la conduite
de la guerre contre l'Allemagne. Plus encore
que les foules ouvrières de la métropole, les
populations indigènes peuvent à bon droit
s'étonner que le communisme, poursuivi et
traqué par les pouvoirs publics, continue à
bénéficier à Paris d'une représentation diplo-
matique nécessairement assortie du privilège
de l'exterritorialité.
A ces multitudes d'allégeance française et
de sentiments français, à leur fidélité, à leur
loyalisme, nous devons de mettre nous-mêmes
de l'ordre dans nos propres idées et dans notre
propre maison. Nous devons et mener contre
les disciples, complices et sympathisants de
Moscou, dans les différents pays d'Empire,
une répression, sans trêve ni merci, et rompre
officiellement toute attache avec le pays et le
régime qui inspirent leur oeuvre de destruction
et de mort. Les deux opérations, également
nécessaires, également urgentes, ne vont pas
l'une sans l'autre; une même logique les com-
mande, une: même volonté doit les mener à
bien.
Le ministre des colonies, M. Georges Man-
del, a au plus haut dègré, on le sait, le sens
impérial et la conscience de ses responsabilités
dans la sauvegarde de l'unité et de la sécurité
de la France totale. Le danger que nous signa-
lons aujourd'hui n'échappe point à sa vigi-
lance: : on. peut se reposer spr lui, ainsi que
sur le gouvernement tout entier, du soin de
faire à cet égard ce qu'il faudra et tout ce qu'il
faudra.
EN ALLEMAGNE
LA POLITIQUE D'INTIMIDATION DU REICH
VIS-A-VIS DES NEUTRES
On télégraphie de la frontière allemande, 6 janvier :
La Berliner Boersen Zeitung reprend 1' « offen-
sive » contre les neutres, tantôt par l'accusation
et la menace, tantôt par la persuasion. Le jour-
nal répète aux pays neutres, inscrits à la Société
des nations, qu'ils ont le « devoir de s'opposer
vigoureusement aux procédés des alliés ». Il les
avertit qu'aucune construction théorique, si in-
génieuse soit-elle, aucune tentative d'isoler la
question de Finlande ne peut libérer les neutres
de leur responsabilité, aussi longtemps qu'ils se
tairont et resteront dans la Société ».
La Berliner Boersen Zeitung s'adresse d'ailleurs
surtout aux pays Scandinaves, qu'elle s'efforce de
mettre en garde contre une aide anglaise « pour
le renforcement de leurs armements ».
Le journal prétend que « les livraisons de ma-
tériel anglais à la Suède ne seraient exécutées
qu'en vue de servir la politique de guerre britan-
nique, et tout en mettant en doute les possibi-
lités pour l'Angleterre de fournir ce matériel de
guerre, i! conclut sur un ton menaçant : « Nous
espérons que les Suédois et les pays nordiques
n'auront aucun doute sur le fait que si l'Angle-
terre réussît par ses livraisons à s'implanter chez
eux, ils seront impliqués dans la sphère d'intérêt
des grandes puissances ».
On télégraphie, d'autre part, de Berne :
Les Basler Nachrichten, commentant la poli-
tique allemande à l'égard des neutres, écrivent :
Tandis que le statu quo germano-scandinave semble
ne pouvoir se maintenir, les attaques de Berlin contre
le groupe neutre belgo-néerlandais sont beaucoup plus
inquiétantes.
Les rai6on6 données à ce sujet sont tirées par les
cheveux. Brusquement, on fait un crime à la Belgique
et à la Hollande de leur attitude au cours du débat qui
s'est déroulé, à la Société des nations, relativement
mandent clairement qu'elles donnent leur démission de
la Société des nations, comme si une telle mesure et
la rupture des relations internationales, qui en serait
la conséquence, devait être le meilleur moyen de ren-
forcer l'amitié entre les deux pays...
Pour reprendre sans raison une pareille accusation,
après plus d'un mois d'attente, il faut des motifs par-
ticuliers...- ,
La critique d'amour
La N.R.E vient do publier un Tableau "de I&Jf
littérature Corneille à Chénier) d'un
nouveau genre, dont l'idée est de M. André Gide,
qui en a, dans l'Avant-propos, fixé le dessein.
C'est une suite de portraits de nos classiques,
tantôt esquissés; tantôt peints en pied, par quel-
ques écrivains choisis entre « les meilleurs d'au-
jourd'hui », chacun selon son goût, son affinité,
sa préférence. Excellent principe, -que M. André
Gide n'a pas eu beaucoup de peine à. justifier.
On ne traite bien que de ce que l'on aime, et il
is'agissait seulement d'appareiller, au , mieux le
peintre et le modèle, selon la prédilection du
premier. M. André Gide, avec raison, parle sans
mauvais propos des historiens de la littérature
professionnels, « souvent excellents », dit-il,
comme Brunetière, Lansori ou Nisard, dont il dé-
finit exactement l'utilité, historique, didactique,
idéologique, et l'intention objective et imper-
sonnelle.
On aime que justice ainsi soit rendue à de bons
serviteurs dès lettres, et que M. André Gide, sur
ce point, se .sépare du boulevardier Vandérem,
qui avait institué naguère, si 'l'on s'en souvient,
une querelle un peu abusive sur la critique des
professeurs et la critique des créateurs. A l'en
croire, il n'y avait que les romanciers, les poètes,
les dramaturges pour parler convenablement du
théâtre, de la-poésie, du roman;-ce qui est pos-
sible en principe, mais ne l'est pas en fait, nul
n'ayant dit plus de bêtises sur Racine et sur
Stendhal que le créateur .Hugo, si ce n'est, sur
le même Hugo, sur Goethe et sur Diderot, le
créateur Barbey d'Aurevilly, pour ne citer que ces
deux exemples, et il y en a d'autres. L'idée de
M. André Gide est plus sage. Il n'a pas demandé
aux collaborateurs de ^on Tableau de la critique
critiquante, il n'a sollicité d'eux que de la critique
d'amour: - : V
Aussi bien, ce livre est des plus savoureux, et
fournira un excellent et très utile complément aux
ouvrages classiques de Lanson, de Brunetière et
de Faguet. Il y a chez ceux-ci plus de méthode,
d'esprit de suite et de classement. Mais Léon-Paul
Fargue traitant de La Fontaine, Mauriac de Pas-
cal, André Suarès du cardinal de Retz, Drieu
la Rochelle de Diderot, Charles Maurras d'André
Chénier, ou Jean Giraudoux de Racine, ajoutent
à la connaissance du sujet une tendresse, un pa-
thétique ou une fantaisie qui manquent nécessai-
rement aux manuels, plus guindés et moins sub-
jectifs... La table des matières du Tableau de la
littérature française, qui ne porte que sur les
dix-septième et dix-huitième siècles (on souhaite
un second volume qui serait consacré au dix-
neuvième), est convenable, malgré quelques lacu-
nes ou défauts d'échelle: on y a omis l'abbé Pré-
vost, Fontenelle, Saint-Simon, Regnard, et fait fi-
gurer des écrivains du second et même du troi-
sième rayon, comme le charmant et mince Parny
et l'ennuyeux et ignoble Sade. C'est le danger du
critère de la prédilection, qui risque parfois de
surfaire et d'exagérer. Encore y a-t-il la façon.
Furetière n'est pas un grand écrivain, mais notre
ami André Thérive en a si joliment parlé qu'on
lui passera cet engouement. Ce qui prouve que la
critique est un art en soi, c'est que souvent le
peintre y vaut mieux que le modèle; et c'est pré-
cisément le cas.
Entre tous ces divers portraits, il en est un à
mettre hors de pair : le Montesquieu de Paul V^i;
léry, autrefois, écrit;pour servir dê préface à unë^
nouvelle édition des Lettres persanes, èt, vraiment,'
de luxe, celle-là, car l'introduction égalait le texte.
Ces pages datent de 1926, et, vu tout ce qui s'est,
passé dans l'intervalle, elles sont aujourd'hui pour
nous d'une merveilleuse actualité. Ecoutez ceci,)
par exemple : « Une société s'élève de la brutalité
jusqu'à l'ordre. Comme la barbarie est l'ère du
fait, il est donc nécessaire que l'ère de l'ordre
soit l'empire des fictions - car il n'y a point de
puissance capable de fonder l'ordre sur la seule
contrainte des corps par les corps. Il y faut des
forces fictives. L'ordre exige donc l'action de pré-
sence de choses absentes, et résulte de l'équilibre
des instincts par les idéaux. » Hélas ! ces vérités
sont pour notre temps, menacé par la barbarie
de retourner à l'ère du fait, quand les forces fic-
tives se sont montrées inopérantes, ou sont impu-
demment niées par les barbares. Ces forces fic^
tives, c'étaient les traités et les pactes, l'honneur
international respecté par tous, « les écritures,
les paroles obéies, les promesses tenues, les con-
ventions observées ». A quoi nos adversaires d'au-
jourd'hui entendent substituer le droit de la force
et la loi brutale du fait. Mais M. Paul Valéry
n'écrirait plus, peut-être, à cette heure, comme
il y a quatorze ans, « qu'il n'y a point de puissance
capable de fonder l'ordre sur la seule contrainte
des corps par les corps »; il dirait plus justement
que cette contrainte des corps peut rétablir cet-
ordre menacé, quand les forces fictives qui- le
fondaient ont encore une pleine valeur aux yeux
des croyants et des défenseurs de cet ordre. Ces
forces fictives, c'est la morale, dont la puissance
s'exerce par des mots et par des images. Valéry
disait encore, prophétiquement et très bien : « II
est indispensable à l'ordre qu'un homme se sente
sur le point même d'être pendu quand il est sur
le point de mériter de l'être. S'il n'accorde un
grand crédit à cette image, bientôt tout s'écroule. »
Cela parait assez vrai en 1940, et le sera davantage
un jour prochain. Il suffit de trouver l'application
de ce propos, et ce n'est pas très difficile. Y a-t-il
aujourd'hui à chercher longtemps qui mériterait;
d'être pendu î
EMILE HENRIOT.
.
EN ITALIE
Le rôle de l'Italie en Méditerranée orientale
On mande de Home:
M. de Vecchi di Val Cismon, gouverneur de
l'île de Rhodes, a fait des déclarations sur le rôle
et l'importance que le gouvernement italien attri-
bue aux possessions italiennes de la mer Egée par
rapport à l'influence et à la position de l'Italie
en Méditerranée orientale. '
L'Italie, a dit notamment à la revue Action coloniale
M. de Vecchi di Val Cismon, a des intérêts vitaux en
Méditerranée orientale.
Les dernières délibérations du Grand Conseil fas-
ciste, qui parlent des intérêts balkaniques de l'Italie,
embrassent évidemment tous nos intérêts en Méditer-
ranée orientale,' et il est clair que ces derniers 6ont
si importants que M. Mussolini a cru opportun d'aver-
tir que personne ne sera autorisé à y toucher. La mer
Egée est une partie de la Méditerranée orientale, et
c'est au ooeur de la mer Egée que se trouvent les ter-
ritoires qui nous appartiennent, petits sans doute par
leur superficie, mais des plus importants pour la poli-
tique fasciste. "'*? '
Et le gouverneur de Rhodes d'affirmer que le
prestige et l'influence dè l'Italie en Orient sont
intimement liés au développement et au sort de
l'île de Rhodes, « phare allumé dans l'Orient mé-
diterranéen pour guider les navigateurs ».
Rhodes, a-t-il conclu, est appelée-à devenir un phare
de lumière romaine dans la Méditerranée orientale, et
les navigateurs de la politique devront en tenir compte
demain avant de fixer leur route.
Le plébiscite du Haut-Adige
On mande de Rome, le 6 janvier :
Cent quatre-vingtcinq mille habitants du Hâut-
Adige, d'origine allemande ont, comme on le sâit,
récemment opté pour la citoyenneté allemande, cfi
qui entraînera, conformément aux accords itaio-
allemands de l'automne dernier, leur émigration
en Allemagne.
Au regard de ce chiffre, on précise aujourd'hui
que 83,000 autres Haut-Adigeois d'origine alle-
mande conservent la citoyenneté italienne, soit
qu'ils se soient prononcés dans ce sens, soit
qu'ils n'aient fait aucune demande d'option.
LES OPÉRATIONS
MILITAIRES
COMMUNIQUÉS OFFICIELS FRANÇAIS
DU 6 JANVIER (SOIR)
Au cours de la journée, nos patrouilles ont
rencontré l'ennemi en divers points du front
et ramené quelques prisonniers.
DU 7 JANVIER (MATIN)
Activité des patrouilles en divers points du
front. Action assez vive des deux artilleries
au début de la nuit dans la région à l'est de
la Blies.
DANS LES AIRS
L'activité de la R. A. F.
On mande de Londres, le 6 janvier :
Outre les « patrouilles de sécurité » qu'elle fait
normalement au-dessus des bases allemandes,
d'hydravions situées autour des îles de la Frise,
IFC» R. A. F. a encore effectué avec succès, hier soir,
un vol de reconnaissance au-dessus du Nord-
Ouest de l'Allemagne.
Au quartier général de la R. A. F.
Le ministère britannique de l'information commu-
nique :
Lord Halifax, ministre des affaires étrangères,
accompagné du maréchal de l'air Sir Cyril Newal,
chef de l'état-major de l'air, a visité le quartier
général de l'aviation de combat de la R. A. F. sa-
medi après-midi.
$UH MER
La perte du chalutier « Eta »
On mande de Londres, le 6 janvier :
Le chalutier Eta a coulé à la suite de l'explo-
sion d'une mine prise dans un filet.
Six membres de l'équipage ont été débarqués
dans un port de la côte orientale par le chalutier
Rotha.
L'abordage de la malle d'Ostende
par un patrouilleur français
On mande d'Ostende, 6 janvier :
La malle Prince-Charles, qui avait quitté
Ostende à destination de Folkestone, est entrée,
ce matin, en collision avec un bateau patrouilleur
français, au large de Dunkerque. Le bateau fran-
çais la été sérieusement endommagé., V.
La malle, sous les ordres du commandant Van
Gool, avait à bord trente passagers. Quand le ba-
teau se trouva en vue de la côte française, il ré-
fnaît sur mer une légère brume. Arrivée en rade
e Dunkerque, où un signal indiquait qu'aucun
bateau ne pouvait quitter le port, la malle con-
tinua sa route. Brusquement surgit un chalutier
français, affecté au - service de patrouille et de
dragage des mines, qui sortait du port et qui
heurta la malle. Plusieurs passagers furent pris
ide panique. Le gouvernail, avant du Prince-
Charles fut abîmé et rendu inutilisable. Le cha-
lutier français eut des dégâts beaucoup plus
graves.
Le commandant Van Gool jugea plus prudent
de regagner Ostende où il était de retour au début
de l'après-midi.
L'éventualité d'une attaque navale
contre la Grande-Bretagne (?)
Le rédacteur naval du Sunday Chronicle affirme
que l'amiral Roeder, chef de la flotte allemande
se préparerait à venger l'Admiral-Graf-Spee, en
procédant à une attaque navale de grande enver-
gure contre l'Angleterre.
Hitler aurait ordonné de faire sortir la flotte
allemande de son abri de Kièl et de la diriger
dans la mer du Nord pour lancer l'offensive en
deux directions : 1° en forçant la flotte britanni-
que à accepter l'engagement, dans l'espoir de lui
causer ainsi des dommages suffisants pour porter
atteinte à sa domination des mers; 2° en bom-
bardant des villes et des ports de la côte bri-
tannique, surtout ceux qui ne sont pas défendus,
pour détruire les plus possible de navires de
commerce.
Dans les deux cas, l'offensive navale serait pré-
cédée de plusieurs vagues d'avions de bombar-
dement et de combat, dont un grand nombre
aurait été affeçté dans cette intention à la flotte
nazie.
Le journal souligne que la flotte britannique
ne serait nullement prise au dépourvu. Il indique
comme effectifs de la flotte allemande : deux
croiseurs de bataille, deux cuirassés de poche, six
croiseurs, vingt destroyers, vingt sous-marins. En
revanche, les Anglais disposeraient pour répon-
dre à cette offensive de quatorze croiseurs de
bataille, six porte-avions, cinquante-huit croi-
seurs, cent soixante-huit destroyers et soixante
sous-marins. En outre, un nouveau champ de
mines protège les côtes britanniques depuis le
nord de l'Ecosse jusqu'à Douvres. Enfin, d'autres
navires britanniques que ceux indiqués sont prêts
à intervenir.
Le rédacteur ajoute que l'une des raisons des
raids allemands au-dessus des Orc.ades et des
Shetland a été le désir de l'ennemi de constater
quelle proportion de la flotte britannique est
concentrée dans les eaux anglaises et si un très
grand nombre de navires britanniques sont dis-
persés sur les routes de l'Océan.
L'INDÉPENDANCE DES PAYS-BAS
Une mise au point gouvernementale
, On télégraphie de la Haye :
Le service de presse du gouvernement commu-
nique :
« Depuis quelque temps, des organes de la
presse étrangère publient des informations ten-
dancieuses relatives à la Hollande,-faisant notam-
ment naître le doute sur la résolution de la Hol-
lande de se défendre, par' tous les moyens dont
elle dispose, contre toute agression étrangère.
« A ce sujet, il nous incombe de déclarer une fois
de plus, afin d'écarter toute équivoque, que l'inté-
grité de la Hollande ne peut pas faire l'objet de
négociations et que tout agresseur du territoire
néerlandais trouvera devant lui la résistance
acharnée de nos armes, quel que soit le côté d'où
viendrait l'agresseur. »
La fidélité à la Société des nations
On télégraphie d'Amsterdam :
La Hollande restera membre de la Société des
nations, nonobstant les menaces.
Répondant aux attaques dirigées par le Reich
contre les petits pays neutres qui continuent à
participer à la Société des nations, les milieux
compétents hollandais, selon l'organe Het Volk,
affirment que la Hollande ne se laissera dicter
par personne son attitude dans cette question. La
Hollande estime que sa qualité de membre de la
Société des nations n'entache en rien sa position
de neutralité. >
LES ENTRETIENS DE VENISE
les relations hungro-romaines ont I faire l'objet principal
de l'entretien des ta ministres des affaires taures
Notre correspondant particulier à Rome téléphone
dimanche matin, 7 janvier :
Les entretiens de Venise entre les ministres
des affaires étrangères d'Italie et de Hongrie ont
été au nombre de trois. Le premier s'est déroulé
samedi matin sitôt après l'arrivée du comte Ciano,
entre 11 heures et 12 h. 45. Le second, au cours
de l'après-midi, de 17 heures à 18 h. 30. Un
troisième et dernier entretien a eu lieu ce matin
même. On attend, d'un instant à l'autre, l.a pu-
blication d'un bref communiqué. Aucun instru-
ment diplomatique nouveau n'a été conclu. La
rencontre a conservé le caractère d'un échange
de vues correspondant à la politique de collabo-
ration active et permanente entre les deux Etats.
Les lignes directrices de la politique italienne
touchant l'Europe centrale et balkanique
Pour bien comprendre la portée et. l'impor-
tance des entretiens de Venise, il convient de ne
pas perdre de vue les directives de la politique
italienne à l'égard de l'Europe centrale et balka-
nique.
Ces directives sont nettement indiquées par le
communiqué du Grand Conseil fasciste du 7 dé-
cembre dernier et par le récent discours du comte
Ciano. L'organe suprême du régime fasciste a
.déclaré que tout- oe qui peut arriver dans cette
région de l'Europe ne peut pas ne pas intéresser
directement l'Italie. De son côté, le comte Ciano
a réaffirmé le vif désir de l'Italie de voir main-
tenir et se consolider l'ordre et la paix dans
l'Europe danubienne et balkanique.
Puis, après avoir écarté l'idée de la constitu-
tion d'un bloc balkanique comme ne correspondant
pas aux possibilités de l'heure, il a déclaré que
l'Italie verrait avec la plus grande sympathie
toute manifestation de la volonté des peuples da-
nubiens et balkaniques de résoudre, amicalement,
les questions qui existent entre eux, et il a con-
clu qu'elle était prête à donner, à cet effet, ses
conseils et son appui.
La Hongrie, de son côté, est liée à l'Italie de-
puis la fin de la guerre mondiale. Par la conver-
gence d'une foule d'éléments économiques, his-
toriques, spirituels, un parallélisme d'action po-
litique s'est constitué entre les deux pays. Cette
collaboration est l'élément fondamental des deux
politiques de Budapest et de Rome dans les Bal-
kans. La Hongrie compte pouvoir résoudre grâce
à cette collaboration les problèmes internatio-
naux qui la concernent, et l'Italie l'utiliser pour
développer son action balkanique selon les direc-
tives fixées par le comte Ciano.
Déjà des jalons ont été jetés dans la direction
de la Yougoslavie. Les relations entre Budapest
et Belgrade se sont améliorées dans une large
mesure. On peut même dire qu'elles sont deve-
nues confiantes. Il s'agit maintenant d'attaquer
résolument le problème des rapports hungaro-
roumains, afin d'arriver a une détente et, si pos-
sible, à une entente.
L'Italie demande à la Hongrie
- comme elle le demandera à la Roumanie
de n'être pas intransigeante
Tel a été, d'après toùtes les nouvèlles qui par-
viennent de Venise, le thème principal des en-
tretiens Ciano-Csaki. Le point de vue de 1 Italie
paraît avoir été le suivant : le problème des rap-
ports hungaro-roumains se résume tout entier
dans celui des groupes ethniques magyars rési-
dant. en Roumanie. Sa solution doit dépendre du
sens de réalisme politique des deux parties, de
leur bonne volonté comme de leur esprit récipro-
que de modération.
La pression de la Russie sur la Bessarabie, sa
présence aux cols des Carpathes, la guerre, enfin,
qui sévit aux confins des deux pays, doivent leur
suggérer la création, à tout prix, d'un nouveau
système de rapports hungaro-roumains fondés sur
certains sacrifices.
En d'autres termes, l'Italie demande à chaque
partie de ne pas être intransigeante (on parle
même, à cet égard, d'un prochain voyage à Rome
de M. Gafenco, ministre des affaires étrangères de
Roumanie) et de faire des concessions afin qu'une
atmosphère de collaboration rende stable la paix
dans l Europe sud-orientale.
Cette prise de position est dictée en grande par-
tie, non par une volonté agressive contre la Rus-
sie, mais par l'intention très nette d'arrêter l'ex-
pansion du communisme et de sa menace contre
Tordre, les traditions, la civilisation de l'Europe.
Les autres problèmes envisagés
De toutes les communications téphoniques qui
parviennent de Venise, on peut déduire que les
deux ministres des affaires étrangères d'Italie et
de Hongrie ont abordé une foule de questions.
A côté du problème des rapports hungaro-rou-
mains, ils ont dû passer en revue les conditions
nouvelles créées par la collusion germano-sovié-
tique, examiner le problème de la défense du
Sud-Est de l'Europe côntre les Soviets, envisager
de quelle façon l'Italie pourra secourir la Hongrie
au cas d'une attaque soviétique, décider quelle
serait l'attitude des deux pays au cas où les Russes
pénétreraient en Bessarabie, considérer l'attitude
de la Yougoslavie et de la Bulgarie par rapport
à toutes ces éventualités.
Ce qui paraît ressortir clairement des entre-
tiens de Venise est la volonté manifeste de paix
de l'Italie et de la Hongrie.
La guerre de Finlande a démontré le péril d'un
élargissement du conflit. L'action de Rome paraît
toute tendue à écarter ce danger de l'Europe cen-
trale et orientale. Les colloques de Venise mé-
ritent donc d'être envisagés avec sympathie. Ils
contribueront d'un côté à renforcer l'amitié italo-
magyare, de l'autre à faciliter les rapports entre
les Etats de l'Europe sud-orientale, à consolider
la paix dans le secteur danubien et balkanique.
Déclaration du comte Ciano
On mande de Venise, le 7 janvier :
A l'issue de son premier entretien avec le mi-
nistre des affaires étrangères de Hongrie, le comte
Ciano a déclaré aux journalistes :
Notre entrevue a été franchement cordiale et a servi
à réaffirmer l'intime collaboration existant entre nos
deux pays et la parfaite identité de vues sur les pro-
blèmes touchant la défense de l'ordre et de la paix en
Europe.
A l'issue de l'entretien de l'après-midi, qui,
comme le premier, s'est déroulé dans les salons
d'un palace vénitien, le ministre des affaires
étrangères d'Italie, interrogé par des journalistes,
a déclaré de nouveau que la conversation avait
été empreinte de la plus vive cordialité et qu'elle
avait confirmé la complète identité de vues des
deux gouvernements sur tous les problèmes qui
avaient fait l'objet des entretiens.
Le soir, le comte Csaky a assisté à un dîner
offert en son honneur par le comte Ciano. Après
ouoi les deux ministres des affaires étrangères ont
assisté à une représentation de gala au théâtre
municipal de la ville.
Un article de M, Yirgi o Gayda
porte=parole officieux du palais Chigi
M. Virginio Gayda, dans un article du Giornale
d'Italia intitulé « Collaboration », se félicite des
nouveaux contacts italo-hongrois.
Cette nouvelle rencontre, écrit-il, samedi après-midi,
survient dans un moment particulièrement important
de l'histoire européenne, mais il ne faut pas s'attendre
à des résolutions exceptionnelles ou à des accords
marquant une direction nouvelle. Il s'agit d'éclaircir
l'atmosphère de l'Europe danubienne et balkanique,
tout en confirmant l'intimité confiante des rapports qui
unissent l'Italie à la Hongrie.
La situation de l'Europe sud-orientale, à en
croire le journaliste officieux, serait caractérisée
par les quatre éléments suivants : l'état de guerre
des grandes puissances, avec les inconnues et les
répercussions qu'il comporte; l'attitude des Etats
danubiens et balkaniques face aux problèmes po-
sés par les hostilités, l'état des rapports actuels
entre ces diverses puissances, l'apparition d'une
nouvelle politique russe et communiste à l'égard
de certains de ces Etats. C'est sur ces divers
points que portera en particulier l'examen entre-
pris en commun par les deux ministres des affai-
res étrangères. Les vues italiennes n'ont pas be-
soin d'être précisées de nouveau, l'ordre du jour
du Grand Conseil, le discours du comte Ciano, ont
jeté une pleine et entière lumière sur les con-
ceptions du gouvernement fasciste.
A l'origine, poursuit le directeur du Giornale d'Italia,
la guerre a suscité des inquiétudes dans tous les pays
de l'Europe danubienne et balkanique, inquiétudes
qu'aggravait encore l'attitude adoptée par la Roumanie
et par la Grèce qui avaient reçu une garantie unilaté-
rale de la Grande-Bretagne, par l'accord turco-britan-
nique, politique et militaire, conclu pour quinze ans, et
dont Jes buts comme,les applications possibles sont en-
core difficiles à'préciser. Mais la position ferme et lim-
pide de l'Italie a maintenu la paix dans toute cette
zone de l'Europe et a réussi à limiter jusqu'à présent
!e conflit armé, bien que le gouvernement de Rome
n'entende pas circonscrire tous les problèmes économie
ques de portée européenne qui en dérivent.
La ligne de conduite de l'Italie ne doit pas être
confondue avec la neutralité, bien qu'elle vise au
maintien à l'heure présente de la paix dans cette
partie de l'Europe et de la Méditerranée. L'Italie, qui
est devenue désormais la plus grande puissance bal-
kanique, affirme'ses droits et ses intérêts vitaux per-
manents. Elle entend respecter les possessions terri-
toriales et les droits nationaux des autres Etats de
l'Europe danubienne et vivre en paix aveo eux, Elle
désire que ces diverses nations, dans leur intérêt
même, examinent franchement et résolvent les pro-
blèmes encore pendants entre eux afin d'arriver à
une conciliation générale, base nécessaire d'une col-
laboration amicale.
On a parlé, continue M. Gayda, d'un grand bloc
les neutres balkaniques, dont l'Italie aurait pris la
direction, sous une forme ou sous une autre. Ces
bruits étaient sans fondement. D'autre part, l'Italie
désire garder sa liberté d'action, d'autre part, il reste
encore entre certains pays danubiens et balkaniques
des questions trop essentielles qui ne sont pas encore
résolues pour qu'on puisse concevoir une union intime
et oonfiante entre eux.
Un bloc balkanique, dans les conditions actuelles,
serait absolument prématuré. L'Italie entend, en revan-
che, favoriser un rapprochement entre les différents
Etats danubiens sur la base d'une clarification utile
des différents problèmes ouverts.
En ce qui concerne particulièrement la Hongrie, qui
appartient à la zone la plus chaude des amitiés poli-
tiques de l'Italie, les questions les plus importantes
sont celles des rapports avec la Yougoslavie et aveo
la Roumanie. La Yougoslavie, aveo laquelle le gou-
vernement fasciste et la nation italienne entendent
maintenir et développer ses rapports de cordialité
agissante qui ont été consacrés par les accords de
Pâques 1937,- s'est déjà rapprochée notablement de la
Hongrie. L'Italie le constate avec satisfaction.
Il reste encore à définir le problème des relations
roumano-hongroises, bien que l'intérêt des deux parties
d'arriver à une détente et, si possible, à une entente,
soit évident. La solution du différend roumano-hongrois
doit être confiée au sens du réalisme politique des deux
parties et à leur bonne volonté et leur esprit réciproque
de modération. La guerre qui flambe le long de leurs
frontières leur conseille plus que jamais de résoudre
leurs problèmes et d'établir des rapports confiants.
Les origines de la guerre actuelle démontrent éloquem-
ment combien il est utile d'éclaircir à temps les contes^
talions internationales, même au prix de quelques sacri-
fices. La Roumanie et la Hongrie peuvent aujourd'hui
reconnaître l'équivalence de certaines de leurs positions
et de leurs intérêts. La puissance russe, qui pèse sur
la Bessarabie, se fait sentir également sur les frontières
hongroises.
Cela nous amène, continue le porte-parole-
officieux du palais Chigi, à parler de l'affaire
russe et de l'action économique qui se manifeste
sous une forme nouvelle sur les confins de l'Eu-
rope sud-orientale.
Existe-t-il, dans cette partie du continent, une menace
de la Russie soviétique, comme beaucoup d-e journaux
étrangers voudraient le faire croire?... Les directives de
la politique italienne, tracées par M. Mussolini, observe
M. Gayda, sont bien connues. L'Italie n'est pas poussée
par des desseins agressifs contre la Russie des Soviets.
En cela elle se différencie des autres grandes puis-
sances qui, aujourd'hui, sont engagées contre la Russie
comme, il y a quelque temps, elles paraissaient s'effor-
cer d'accaparer ses faveurs.
L'Italie entend seulement arrêter l'expansion du com-
munisme. Que l'U.RS.S. reste donc chez elle, sur son
territoire vaste et si riche, qui offre tant de possibilités,
et l'Italie n'aura rien à dire. Mais si le communisme
prétendait s'avancer vers des zones d'intérêt vital pour
l'Europe et pour l'Italie, le fascisme saurait y répondre
comme il convient.
Dans les premiers échanges de vues qui ont eu
lieu samedi matin entre le comte Ciano et le
comte Csaky, conclut M. Gayda, l'identité des
intérêts et des sentiments politiques de l'Italie
et de la Hongrie a été confirmée. « Elle ne peut
que favoriser le développement de la collabora-
tion entre les deux nations amies. La Hongrie
est animée d'une volonté de paix et du désir de
clarifier les problèmes encore en suspens par une
négociation pacifique. Une telle attitude justifie
encore plus les directives de la politique italienne
qui a pu préserver jusqu'à présent, cette zone de
1 Europe de tout bouleversement. »
LE REMANIEMENT MINISTÉRIEL
EN GRANDE-BRETAGNE
Le remplacement de M. Hore Belisha
ne signifie aucun changement de politique
On mande de Londres à l'agence Havas :
« Le remplacement de M. Hore Belisha par
M. Oliver Stanley no comporte aucun change-
ment de politique. Le gouvernement reste entiè-
rement déterminé, en étroit et complet accord
avec la France, à employer toutes les ressources
du pays en vue d'une victoire totale sur l'ennemi
commun. » Telle est l'affirmation catégorique
que l'on recueille dans les milieux bien informés
ae la capitale britannique, où l'on ajoute que la
politique d'accord avec la France et de victoire
est celle de M. Oliver Stanley, comme elle était
celle de M. Hore Belisha. Aucun doute ne saurait
donc exister sur la résolution du gouvernement.
Cette réaffirmation est d'ailleurs parfaitement
claire dans les lettres qui ont été échangées hier
entre le premier ministre et M. Hore Belisha.
L'un et l'autre ont su que le parti de la propa-
gande ennemie pourrait tirer de l'incident, et ils
ont tenu à s'inscrire par avance en faux contre
toute insinuation de cet ordre.
Pour important qu'il soit, ce changement de
titulaire du War Office est donc ramené aux
justes proportions d'un événement de politique
intérieure qui paraît avoir plus de rapports avec
la psychologie qu'avec l'art de la guerre. Aussi
ne s'attend-on pas que le chef du gouvernement
donne à d'autres qu'aux membres du Parlement
les raisons qui ont dicté sa décision.
Dans les milieux militaires, on déclare que ce
serait mal connaître les traditions de discipline
de l'armée que d'ajouter foi au bruit que l'action
d'officiers frappés par le rajeunissement des ca-
dres réalisé par M. Hore Belisha, ne serait pas
étrangère à la décision du prémier ministre.
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