Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1940-01-04
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 janvier 1940 04 janvier 1940
Description : 1940/01/04 (Numéro 28600). 1940/01/04 (Numéro 28600).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
QUATRE-VINGTIEME ANNEE. « K° 28600
On s'abonde aux Bureaux du Journal, 5, RUE DK8 ITALIENS, À PARIS (9e), et dans tous les Bureaux de Poste
'H,..
JEUDI 4 JANVIER 1940
FONDATEUR « Auguste NEF'STWSHIR, (IB«I)
AARCXSXRS DIRECTEURS I
Adrien KÉBR,.A.:R/D (iaeT-iei*)
Emile HÉBRAilD (îsis-isas)
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DIRECIEURS ;
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LE TEmps
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Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAGE 1
Les Communiqués officiels, - Sur mer. Bans
les airs, 'f- L'Agression soviétique Montré la Tin-
lande. - Les Inondations d'Anatolie.
PAGE 2
Nouvelles de l'étranger. - La France d'outre-mer.
- Racine à Lisbonne, R. WARNIER.
Variétés : Etudiants alsaciens et étudiants alle-
mands en 1867, PIERRE FERVACQUE.
Défense de la langue française, LANCELOT.
PAGE 3
Les Livres, ANDRÉ THÉRIVE.- Nouvelles du jour.-
Echos et informations.- Académies. - La Se-
maine musicale, G. SAMAZEUILH. - Les Specta-
cles : Théâtres; Cinémas. -- La T. S. F.- La
Bourse.
PAGE 4
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. >- Les Opé-
rations militaires. - En Finlande. - Le Finan-
cement de la guerre en Allemagne, RENÉ LAURET.
- Revue de la Presse.
Paris, le 3 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LES CONSÉQUENCES DE L'ÉCHEC RUSSE
L'armée rouge continue à subir en Finlande
des échecs que Moscou ne réussit plus à dissi-
mules* aux yeux du peuple russe et , qui confir-
ment pour l'opinion internationale la. faiblesse
réelle de cet énorme appareil militaire sovié-
tique dont il 'apparaît maintenant clairement
qu'il ne fut qu'un instrument de chantage et
d'intimidation politique. Toutes les attaques
massives russes sont régulièrement brisées et
repoùssées par lès troupes, très inférieures en
nombre, du maréchal Mannerheim. Dans les
principaux secteurs du front, au sud, au centre
et au nord, les assaillants ont été rejétés sur
leurs lignes de départ, et même dans la région
de Petsàmo les Finlandais progressent dans
des conditions telles qu'on se demande si les
rouges pourront se maintenir sur cette position
capitale. Les Finlandais font des prisonniers
par milliers et se sont emparés d'un matériel
considérable; Tout confirme ainsi que l'armée
rouge est sans véritable commandement, sans
cadres subalternes sûrs, sans esprit de disci-
pline^ On se trouve devant des hordes inca-
pables d'assurer l'exécution d'un plan militaire
soigneusement établi.
Le haut commandement soviétique avait-il
seulement un plan ? Il est permis d'en douter.
Tout autorise à penser que l'armée rouge à
été lancée à l'aventure, dans l'espoir d'une
conquête facile, achevée rapidement et sans
grands sacrifices. La vaillance finlandaise en a
décidé autrement, et, dès l'instant;où la puis-
sance soviétique a été obligée de faire vérita-
blement la guerre, ses faiblesses et ses tares-
sont apparues cruellement. Pour,:l'immense
Russie soviétique, la défaite subie en Finlande
constitue une humiliation dont le régime sta-
linien -porte toute la-responsabilité et -dont il .ne-
saurait se relever Même si les-Finnois, de-,
vaient succomber finalement sous le nombre, il
resterait établi, que la force russe n'est qu'une
grossière apparence et que tout péril bolche-
viste peut être, écarté si on est résolu à le
combattre énergiquement. Cette puissance mili-
taire soviétique par laquelle on a voulu effrayer
tous les peuples voisins ; n'existe pas-dans la
réalité -des cho.ses. L'épreuve finlandaise ne
dût-elle avoir d'autre résultat que la démonstra-
tion de l'impuissance russe, qu'elle n'aurait
certainement' pas été inutile pour le bien de
l'Europe entière. Mais, dès. à présent, on peut
dire que l'héroïsme de la nation finnoise a des
conséquences, politiques de première impor-
tance, qu'il donne à la situation internationale
Un aspect nouveau se précisant d'heure en
heure, et dont nn a lieu de s'inquiéter à Berlin
autant qu'à Moscou.
Certaines informations de source anglaise
laissent entendre qu'à la demande de M. Sta-
line le Reich enverrait une mission militaire à
Leningrad pour aider les Russes dans la guerre
contre la Finlande. Le dictateur rouge récla-
merait, d'autre- part, de son associé, nazi, le
concours. d'un grand nombre de techniciens
allemands pour, assurer la réorganisation éco-
nomique de l'Union soviétique. Si ces nou-
velles étaient confirmées, il faudrait en dégager
âue ia puissance russe et l'armée rouge sont
ans un état de décomposition complète, et que
Jes maîtres du Kremlin sont obligés de recon-
naître eux-mêmes la faillite de leur régime.
Ce n'est pas l'aide allemande qui pourrait
encore sauver ce régime de la catastrophe
finale, et il n'est ipas démontré, au surplus, que
le Reich hitlérien, qui a besoin de toutes ses
[forces et de toutes ses ressources pour essayer
de surmonter les difficultés avec lesquelles il
est aux prises, soit'disposé à donner-à la Russie
bolcheviste l'aide que celle-ci réclame. L'Alle-
magne a consenti d'énormes abandons à l'im-
périalisme slave; dans l'espoir d'une assistance
russe «qui se révèle aujourd'hui singulièrement
décevante dans tous les domaines. Il n'est pas
exclu que l'assistance allemande doive être tout
aussi décevante pour'la puissance soviétique.
En fin de compte, les deux complices associés
pour le plus abominable crime contre le droit
et la liberté des peuples se seront grossière-
ment dupés l'un l'autre.
Cet état de choses fait à chacun l'impérieux
devoir de donner à la Finlande l'aide la plus
immédiate et la plus efficace. Mettre les Fin-
landais en mesure de tenir, de prolonger leur
résistance, c'est servir utilement la cause de
l'Europe entière. Il y a toutes raisons de croire
que la décision prise dans ce sens par la So-
ciété des nations sera loyalement exécutée. La
France et l'Angleterre ont fait connaître la po-
sition prise par elles à cet égard, et d'autres na-
tions se montrent entièrement disposées à con-
tribuer en conscience, dans la mesure de leurs
moyens et de leurs .possibilités, à l'effort indis-
pensable pour que la Finlande survive comme
ê symbole même de la volonté de l'Europe
d'abattre là tyrannie bolcheviste et nazie, l'une
et l'autre constituant un même péril. L'heure
n?est plus ou l'on pouvait se payer .de mots et
se. laisser égarer par une fiction de neutralité
que les actes de chaque jour sont venus dé-
mentir. Du fait de la collusion germano-russe,
l'Union soviétique n'est pas plus neutre en ce
qui concerne le conflit européen que l'Alle-
magne n'est neutre, du fait de cette même col-
lusion, en ce qui concerne le conflit--russo-fin-
landais. Les deux guerres ont été déclenchées
sur le même plan moral, à des, mêmes fins de
- conquête et de domination, étroitement concer-
tées quant à leurs causes, leurs moyens et leurs
effets entre Bérlin et Moscou. Gela, on n'a pas
le droit de l'oublier.
La décomposition de la puissance soviétique
telle que la révèlent les échecs répétés de l'ar-
mée rouge en Finlande a créé dans les petits
pays voisins des deux associés de l'axe Berlin-
Mosco un esprit nouveau qu'il faut apprécier
à toute sa valeur. L'exemple de la Finlande et
la certitude de l'aide donnée à celle-ci ren-
forcent l'esprit d'indépendance des neutres
les plus, directement menacés, et encoura-
gent ceux-ci à se défendre contre toute
agression. L& tactique de l'intimidation ne
rend plus pour lès empires de proie, et, de ce
fait même, toutes les manoeuvres hitlériennes:
et staliniennes en faveur d'une paix prématu-
rée sont vouées d'avance à un échec certain. La
'carte russe se tourne contre l'Allemagne, ta-*
quelle a cru habile de la jouer, fût-ce au prix
d'un reniement et d'une trahison. Le départ eh
congé, dans les circonstancs actuelles, des am-
bassadeurs d'Italie et de Grande-Bretagne à j
Moscou souligne assez que la politique du gou- j
vernement des Soviets ne pèse plus du même j
poids qu'autrefois dans la balance européenne
et que l'Allemagne hiltérienne s'est alliée-à la
puissance bolcheviste à l'heure où celle-ci était
vouée à une irrémédiable déchéance.
L'exemple de la démocratie
Dans le discours qu'il prononçait, S la tri-
bune du Sénat le 28 décembre, M. Paul Rey-
naud, ministre des finances, a très justement
montré la nécessité du contrôle parlementaire,
plus forte encore en temps de guérre qu'en
période de paix, contrôle qui « n'est pas une
gêne », mais au contraire « une force pour le
gouvernement ».
Ce contrôle parlementaire s'est exercé nor-
malement et continuera de s'exercer utilement.
Il n'a pas retardé le vote du budget civil et des
dépenses militaires. Le pays reste ainsi fidèle
à son idéal politique, au régime qu'il s'est libre-
ment donné. Qui oserait dire que, la courte ses-
sion, qui s'est terminée à la fin de l'année .n'a,
pas été efficace ? Elle a permis au gouverne-
ment de s'appuyer plus solidement sur la na-
tion, et les débats qui ont eu lieu,' soit dans
les commissions du Sénat et de la Chambre
depuis quatre mois, soit en séance publique
avec la réserve qui convient au temps de
guerre, ont permis, eux aussi, de corriger nom-
bre d'erreurs, et d'éviter parfois des fautes.
On ne comprendrait d'ailleurs pas que la
France, qui combat pour son indépendance
sans doute, mais aussi pour la liberté de tous
les pays, renonçât à la raison même de l'énorme
bataille, qui. est engagée. Elle n'a même pas
besoin de jeter sur la' Constitution'ce fameux
voile - noir du temps de la , Convention. La
France et l'Angleterre donnent au monde lë
spectacle de deux grands peuples qui savent
concilier la discipline de la guerre:-avec leurs
libres institutions. ...
Ni l'une ni l'autre d'ailleurs ne songent à
imposer aux.autres pays,le régime qu'elles éè
sont donné. Mais elles ne-sauraient tolérer qùe
d'autres pays veuillent împosër le leur. C'est
là précisément leur « but de guerre, » : faire
une Europe habitable, où, dans, là liberté réci-
proque des régimes, les droits à l'indépendance
de chacun seront garantis,, ou, cependant les
liens matériels eL spirituels nécessaires à la
vie normale des nations seront enfin sauve-
gardés. : ' ' ; ( ..
: - Quels sont nos ennemis ? Des nations: ? de
pme qui, à-leur propre servitude veulent
'ajouter d'autre? servitudes - et ; qui, pour
vivre, sont contraintes de recourir' sans arrêt
à ' la conquête, à l'asservissement des peuples
voisins. L'autarcie hitlérienne et stalinienne
conduit au même résultat, nous le .savons : à
la ruine intérieure et à la ruine générale. Il n'y
a pas la moindre différence à ce point de vue
entre le nazisme et le communisme, qui ont le
même impérialisme révolutionnaire.
L'un et l'autre ont voUlu rompre les liens
nécessaires entre les peuples, dont nous par-
lons plus haut, les spirituels comme lés maté-
riels. Le monstrueux étatisme bolchevique,
avec sa doctrine de révolution universelle, re-
joint la monstrueuse autarcie nationale-socia-
liste, qui, après s'être dévorée elle-même, doit
fatalement chercher à dévorer les peuplés;
voisins. Les nations ne peuvent vivre isolées,
repliées sur elles-mêmes, parce qu'elles détrui-
sent de la sorte leur propre substance. Après
quoi il ne leur reste plus qu'à conquérir d'au-
tres domaines pour les ruiner- dé la même
manière. L'autarcie exige ainsi uni « espace
vital » toujours plus vaste, et conduit par suite
directement à la-guerre. L'étatisme commu-
niste, son abjecte servitude et son messia-
nisme monstrueux aboutissent au même ré-
sultat. En ce sens, on peut donc dire que le
marxisme rejoint, le national-socialisme. Ils se
sont rejoints d'ailleurs.
Nous avons pu, grâce au bon sens dé notre
peuple, échapper à cette funeste expérience du
marxisme - et M. Paul Reynaud, à la tribune
du Sénat, a fait en deux ou trois phrases jus-
tice des sophismés qui. en quelques années
nous ont causé tant de mal, et qui auraient pu
nous en causer davantage. « Beaucoup d'idées
fausses sont mortes », a dit le ministre; Le
libéralisme que la France s'est efforcée de
rétablir chez elle avant la guerre lui. a permis
de redevenir forte; et lui permettra- de mettre
fin à l'antilibéralisme messianique et conqué-
rant de l'Allemagne hitlérienne et de la
pseudo-République des Soviets; '
C'est ce régime européen de servitude, qui
a commencé par la servitude intérieure, que
les deux grandes démocraties veulent-abattre,
et qu'elles abattront. Mais, pour y.arriver, elles
ne renonceront pas à leurs libres institutions,
auxquelles ne s'oppose nullement la discipline
indispensable de la guerre.
EN ITALIE
Le Livre jaune français va être publié
Notre correspondant particulier à. Rome nous; télé-
phone mercredi matin 3 janvier.: r ?.?
La revue hebdomadaire, de politique-étrangère
Relazion Internazionali, qui;paraît, a Milan- s'ef-
force de publier-tous, les documents diplomatiques
sur les origines de la guerre. Des fascicules'spé-
ciaux ont déjà .reproduit, en Italie, les Livres
blancs anglais et, allemand. La revue annonce
aujourd'hui qu'elle publiera, à la fin de cette se-
maine, le texte intégral du Livre jaune français.
Les commandes peuvent être faites aux kiosques
et chez les libraires.
Le revue Relazioni Internazionali devient' ainsi
un instrument utile d'informations objectives.,Son
succès prouve que l'opinion publique italienne
s'intéresse d'une façon, toute particulière à:ja do-
cumentation diplomatique. L'Italien moyen cher-
che, souvent, avec passion, à se faire une idée qui
lui soit propre sur les événements. Le contrôle de
la presse fasciste n'entrave en aucune façon la
formation de l'esprit critique, .
M. von Papen
ambassadeur du Reich à Rome (?) -t j
On mande de Rome : , ' _
Le bruit court, dans les milieux diplomatiques
et journalistiques, que M. Von Papen serait nommé
prochainement ambassadeur- du Reich en Italie;
INCERTITUDES
'
Les prophetes ont .coutume ..d'être un peu dé%'
cients. Cette année, ils sont presque . complète-
ment défaillants.
Chaque hiver, ils se livrent, pour ce qui con-
cerne le destin , de l'humanité et des . quelques
individus qui se targuent de la conduire, à des
exercices. de pronostics; raisonnes,, comme on on
use pour les courses de chevaux' qui, justement,
reprennent. Et ils annoncent; avec une ambiguïté
catégorique des événements capitaux et vains.
' Si la parole a été donnée à l'homme ordinaire
pour déguiser sa pensée, elle à été donnée au
prophète extraordinaire pour là rendre obscure
et sujette à toutes les interprétations contradic-
toires. Le prophète, même lorsqu'il se résout à
être péremptoire en ? ses déclarations, conserve
donc toujours une sorte de discrétion supérieure,
comme il convient à un être familier du mystère,
et il en résulte naturellement pour lui un grand
prestige. ,
A 'l'heure actuelle, les prophètes dédaignent ce
prestige-là. Ils ne sont plus discrets. Ils sont se-
crets. La plupart en somme ont pratiquement
remis à 1941 de prophétiser ce qui s'accomplirait
en 1940. A peine ont-ils consenti à prévoir que
l'année 1940 serait bissëxtile, et ils n'ont pas voulu
tirer de cette prévision les enseignements qu'elle
implique nécessairement. On, sait pourtant, qu'il
se passe des choses, des choses, en une année
bissextile !
Sans doute ont-ils reculé devant l'obligation
d'appliquer leurs talents à la seule prophétie: qui
vraiment nous intéresse. La Victoire sera-t-élle
pour 1940 ? Nous remporterons certainement la
victoire. La remporterons-nous dans lés douze
mois dont le premier est déjà commencé ? Fai-
sons notre devoir et laissons faire aux dieux,
puisque les prophètes se réfugient dans l'absten-
tion Les liseurs d'avenir renoncent à toute lec-
ture. Ils ont tort, parce qu'une lecture, môme
indécise, est toujours utile.
. Mais peut-être qu'une part d'incertitude est
indispensable pour soutenir les énergies humaines.
C'est oe que je me demandais, sans être spécia-
lement prophète, en retrouvant ces jours-ci un
livre paru en 1909 sous le titre mirifique : les
Riches depuis sept cents ans. Le livre a beau être
âgé dé trente ans - vieillesse, que dis-je ? caducité
pou? un livre ! - la question, on ne le contestera
pas, dèmèure de la plus réfrigérante actualité.
Le livre a pour auteur le vicomte d'Avenel, qui
fut un gentilhomme d'archives et de salons, guê-
tfé, monoclé, sympathiquement rayonnant, se
sachant gré d'être au monde, érudit et disert.-il;
aUrait bien aimé de devenir-académicien: Mais
11 garantît l'imprudence d'écrire pour cela de
nombreux ouvrages, chargés de documents, et,
occasionnellement, d'idées, et qui entravèrent sa
marche à l'étoile. Il était du moins fort galant
homme, et assez éloigné de manquer de mérite.
Ah ! s'il n'eût dépendu que de moi !..
Eh bien ! dans les Riches depuis sept cents ans,
Georges d'Avenel déclare tout net qu'au début de
1909- il y a en.France deux cent cinquante mille
« foyers » jouissant chacun de 2,850 francs de
rente, et il stipule : « Avec ces 2,850 francs de
rente, ces foyers subsistent, s'il leur plaît, sans
rien faire. » Ces foyers de 1909 menaient en effet
la Vie oisive dans une quiétude morne; mais le
bonheur, pour être .négatif,, n'en est pas moins
apprécié des amateurs médiocres^ Et fis vivaient-
dans le présent, parfaitement insoucieux du len-
demain. Si lë viconte d'Avenel avait prophétisé
qu$ trente ans plus tard, ces 2,850 francs seraient,
.selon' une opinion gui ne paraît pas maintenant
susciter' de - violentes controverses, insuffisants
pour;garantir à: un foyer durant un an la sécu-
rité, matérielle et la sérénité morale également
confortables, quel trouble funeste n'eût-il pas jeté,
dans les âmes ! If n'en a rien dit,, peut-être parce
qu'il n'en savait;rien..Et les modestes rentiers de
,cette catégorie, ayant lu d'Avenel, savouraient
-doucement les jours, les longs-jours vides, car,
redoutant vaguement que leur petit argent ne
perdit'de sa valeur, ils gardaient à cet égard une
; favorable incertitude:
Oui- l'incertitude a sa vertu, et nous n'avons pas
lie j courage de reprocher leur réserve à nos pro-
, phetes précautionneux. L'incertitude, c'est l'espé-
rance :. - . ; ; .
; - - ?. . . J. ERNEST-CHARLES.
DANS LES AIRS
Combat aérien
aux environs de la côte allemande
Le ministère britannique de l'air annonce le 2 janvier:
Trois bombardiers britanniques ont combattu'
aujourd'hui douze Messerschmitt de combat d'une
grande autonomie de vol, aux environs de la côte
allemande. ""
Un Messerschmitt a été abattu; les Allemands
en ont vraisemblablement perdu deux autres. . -
Un avion britannique a été abattu et un autre
est manquant. Le troisième est rentré sain et sauf,
, On mande, de Londres à l'agence Havas.les détails
complémentaires suivants ;
Les trois^bombardiers d.e la R.A.F. qui ont livré,
combat, mardi, à douze Messerschmitt étaient
partis en patrouille à la. recherche dè navires de
guerre allemands. C'est à un point situé à environ
80 milles au nord-ouest de Heligoland et à
80 milles au nord de Borkum, que les bombar-
diers, qui volaient alors à plus de 3,000 mètres
d'altitude, ont été . brusquement attaqués par
12 chasseurs ennemis.
Bien que débordés par le nombre.de leurs ad-
versaires, les appareils britanniques' ont livré
combat. L'un d'eux a été abattu, un autre est
manquant. Le troisième a pu regagner sa base
sain et sauf, après avoir subi les assauts répétés
de ! six Messerschmitt. Le canonnier arrière dei
ce dernier bombardier anglais a réussi à abattre
l'un des chasseurs, êt le canonnier avant en a
abattu un autre.; Finalement, pour échapper aux
assaillants, le -pilote britannique a plongé de
3;000 mètres à 20 mètres au-dessus des flots et
s'est maintenu à ce niveau pendant une demi-
heure, réussissant ainsi à dépister l'ennemi.
Le combat des îles Shetland
On déclare, au ministère britannique de l'air,
qu'il est entièrement inexact que, comme le pré-
tend lé communiqué allemand, un avion britan-
nique ait été sérieusement atteint au cours de
l'engagement qui a eu lieu lundi au-dessus des
îles Shelland, et-qu'il n'ait pu rejoindre sa base
Tous les appareils britanniques sont parfaite-
ments rentrés, ? .
L'ACCROISSEMENT OE L'ARMÉE ANGLAISE
ET L'OPINION ITALIENNE
On mande dè Rome, le 2 janvier :
' ? Suivant la presse italienne., le décret royal .bri-
tannique qui met à la disposition des autorités
militaires anglaises les jeunes gens de 19 à 28 ans
confirme la volonté de la Grande-Bretagne : de
porter au maximum sa puissance militaire.
Les observateurs italiens à Londres relèvent
qu'il s'agit -d'un événement d'une .grande portée
puisqu'il permettra à l'Angleterre d'avoir sous
!es drapeaux, à la fin de l'année, près de trois
millions et demi d'hommes prêts à combattre.
Ces observateurs voient également, dans cette
décision une réponse anticipée à d'éventuelles
offensives de paix de la part de l'Allemagne ou des
neutres, offensivés qui, disent-ils, n'auraient
aucune chance de réussir, en raison de l'état; d'es-
prit qui prévaut actuellement des deux côtés de
la Manche. -
LES OPERATIONS
MILITAIRES
DU 2 JANVIER (SOIR)
Activité normale des éléments de contact.
Reprise partielle de l'activité des aviations.
DU 3 JANVIER (MATIN)
Rien à signaler.
sur mer
Un vapeur suédois sombre sur une mine
On mande de Stockholm, 2 janvier : -
Le vapeur suédois Lars-Magnus-Trozelli (1,951
tonnes) a sombré il y a trois jours, près de la côte
orientale anglaise, après avoir heurté une mine.
Quinze hommes de l'équipage du Lars-Magnus- j
Trozelli, .de Norrkoeping, ont été débarqués à
Bergen par un bateau norvégien; ils ont été sauvés j
d'un radeau en pleine mer. On est sans nouvelles I
des manquants.
La perte du Lars-Magnus-Trozelli. porte à onze i
le nombre des navires suédois perdus pendant le
mois de.'décembre,' représentant un tô.nnage' total
de 17,524 tonnes.
Le,« Tacoma » est interné i Montevideo
On mande de Montevideo :
Le délai fixé par le gouvernement ! uruguayen
au Tacoma pour être interné ou pour quitter le
port étant expiré, un représentant de la Hamburg-
Amerika Lime, à laquelle appartient le Tacoma,
et vingt marins armés de la mariné uruguayenne
se sont dirigés à bord d'un sloop vers le bâtiment
allemand pour remettre au capitaine le certificat
d'internement délivré par les autorités du port de
Montevideo.
On mande de la frontière allemande !
L'agence D. N. B. annonce que le ministre alle-
mand à Montevideo a proteste auprès dû gouver-
nement uruguayen contre l'internement du vapeur
Tacoma.
Protestation du gouvernement des Etats-Unis
; contre la saisie du courrier américain
On mande de Washington, 2 janvier :
Les Etats-Unis ont protesté auprès du gouver-
nement britannique, contre la saisie par la Gran-
de-Bretagne du courrier américain destiné à
l'Allemagne. La note publiée aujourd'hui, a été
envoyée à Londres le 22 décembre. Elle dit dans
son passage essentiel :
Les Etats-Unis ng peuvent admettre le droit des auto-
rités britanniques d'intervenir dans le fonctionnement
du courrier américain, transporté sur des, navires amé-
ricains ou sur d'autres navires neutres. Ils ne peuvent
admettre davantage le droit du gouvernement britan-
nique de censurer le courrier à bord ' des navires qui
rentrent involontairement dans les ports britanniques,
? La note cite quatre cas où les autorités britan-
niques saisirent environ 1,250 sacs de courrier
transporté sur des navires américains ou neutres.
! Sur ce sujet on mande ^ Londres, le 2 janvier
Bien qu'aucune réponse n'ait été encore faite à
lia note du gouvernement américain contestant, le
droit de saisir le courrier à destination de l'Alle-
magne transporté à' bord des navires neutres ou
britanniques, on rappelle dans les milieux diplo-
matiques londoniens que lorsqu'on prévoyait la
saisie de la contrebande à destination de l'Alle-
magne on songeait au premier chef à la saisie
des devises qui sont un des plus gros besoins du
IIIe Reich.
En conséquence, le courrier destiné à l'Allema-
gne' ou aux pays neuttres voisins de l'Allemagne
dôit être vérifié par la Grande-Bretagne, et tous
lés envois de devises étrangères qui peuvent être
: faits par cette voie, à destination du Reich sont
immédiatement placés sous séquestre. ..
La note américaine est examinée avec attention
et sympathie, et l'on se propose d'éviter ici tout
délai ou toute complication inutile. Mais, ' en
même temps, on est décidé à appliquer rigoureu-
sement le système de contrôle de contrebande
dans un des cas ou il est le plus important qu'il
soit mis en vigueur, à savoir lorsqu'il doit empê-
cher l'acquisition par l'Allemagne . de toute sorte
de devises étrangères. ,
Les rescapés du « Cabo-San-Antonio » ;
On mande de Dakar, le 2 janvier :
Les rescapés du vapeur italien Cabo-San-
Antonio ont été provisoirement installés sur un
naVire de commerce à Dakar. Us sont unanimes
à rendre hommage à l'équipage et aux "officiers
du navire français qui les a recueillis et qui lais-
sèrent leurs cabines aux femmes et aux enfants.
Le commandant du Cabo-San-Antonio a dé-
claré que le feu, provenant dé la cuisine, se pro-
gagea rapidement. L'abandon du navire par les
passagers et l'équipage se fit sans incident grave,
grâce au dévouement et à la discipline de l'équi-
page.
lés inondations d'Anatolie
On télégraphie d'Ankara :
Suivant les dernières nouvelles parvenues, les
inondations de la région d'Izmir se était étendues à
toute l'Anatolie occidentale, depuis Adapazar,
constituant une véritable calamité publique.
Dans de nombreux villages, notamment à Mus-
tafa-Kemal-pacha, toutes les maisons sont recou-
vertes par les eaux et la population est réfugiée
sur les toits.
1 Dès sauveteurs et bataillons du génie ont ap-
porté des secours par camions, barques et canots
automobiles. On estime à mille, au minimum, le
nombre des noyés. .
Le président de la République, M. Inonu, conti-
nue sa tournée dans les régions ravagées-par le
séisme. Après une journée passée à Tokàt, d'où il
a envoyé un message d'encouragement aux sinis-
trés, il est arrivé à Malattia.
On commente amèrement à Ankara l'abstention
des Soviets pour tout envoi de secours et de mes-
sage de condoléances*
! Nouveaux séismes
: On télégraphie d'Ankara :
F Une forte secousse a été ressentie hier à 14 h. 45
i 'd'ans le Yozgat et dans le voisinage, à l'ouest de
f ia région sinistrée d'Erzidjan. Dans neuf villages,
97 maisons se sont écroulées et:67 ont été endom-
magées, mais on ne signale pas de victimes.
Une autre secousse a été signalée à Tchankere à
16 h. 20.
Remerciements à la Pologne
' ^L'agence Pat communique :
. Répondant au télégramme de condoléances de
M. Wladyslâs Raczkiewicz, président de la Répu-
blique de Pologne, le président de la République
turque lui a adressé le télégramme suivant :
« Je remercie vivement. Votre Excellence de la
part qu'elle, a bien voulu prendre à la profonde
affliction de la nation turque. »
L'aide palestinienne
On télégraphie de Jérusalem :
A la suite d'offres de services faites par de nom-
breux médecins de Palestine, une délégation de la
municipalité de Tel-Aviv et de l'hôpital d'Hadas-
sah a proposé au consul de Turquie l'envoi d'un
corps de médecins sur les lieux du sinistre d'Ana-
tolie. De son côté, la municipalité de Haïfa a offert
cent livres palestiniennes pour secourir les sinis-
trés; ;
L'ÂGRESSION SOVIÉTIQUE CORSE L/i FILMEE
Comment îiit remportée
par les Finlandais
la victoire de Suomussalmi
Le commandement suprême de l'armée finlandaise pu-
blie le communiqué suivant;- relatif aux opérations dans
les journées du 1er et du 2 janvier :
Sur terre. - Pendant les deux premiers jours
de l'année, dans l'isthme de Carélie, à 1 exception
d'escarmouChès ét d'opérations de patrouilles, et
du harcèlement par l'artillerie, le front a été rela-
tivement calme.
? Sur la frontiere orientale, des attaques ont eu
lieu au nord-est. du lac Ladoga, du les troupes
finlandaises ont encore amélioré leurs positions en
plusieurs points.
Dans le secteur de Lavajaervi, une attaque russe
soutenue par des tanks a duré toute la journée
de lundi et a été repoussée, Un tank soviétique a
été détruit.
A Aittojoki, une position ennemie a change de
mains plusieurs fois au cours de cette journée, et
les troupes finlandaises se sont emparées d'un bu-
tin comprenant; entre autres, trois mitrailleuses,
une cuisine roulante et quatre cents manteaux.
Plus au nord, aux environs de Kuhmo (64° pa-
rallèle), dans le secteur de Rasti. une attaque en-
nemie a été repoussée.
Dans la région de Suomussalmi (la partie , la
plus étroite du pays), les troupes finlandaises con-
tinuent,à nettoyer le terrain conquis, et poursui-
vent l'ennémi dans le secteur dé Juntusranta.
Ailleurs, activité de patrouilles et d'artillerie.
Sur mer. -Le cuirassé soviétique Oktiabrskaïa- j
Revoloutsia a tiré sans résultat appréciable sur 1
les batteries de Koivisto.
A l'exception de l'activité assez grande de l'avia-
tion ennemie, la tranquillité a régné sur les côtes.
Dans les airs. - L'aviation soviétique a bom=
bardé un certain nombre de villes, parmi les-
quelles Abo et Oulou (Uleaborg). Un certain nom-
bre de civils ont été tués et blessés et il y a eu
des dommages matériels.
Des bombardements en divers autres lieux ont
été enregistrés, mais, autant que l'on sache, ils
n'ont pas fait de victimes et n ont causé que des
dommages matériels peu importants.
L'aviation finlandaise et la D. C. A. ont abattu
sept avions de bombardement soviétiques, chiffre
contrôlé.
En marge du communiqué, le correspondant de
l'agence Havas apprend de bonne source que_trois
avions soviétiques ont été obligés d'atterrir en
Finlande en raison de la tourmente de neige, et
que leurs équipages ont été faits, prisonniers.
On mande d'Helsinki, le 2 janvier
La victoire que les Finlandais viennent de rem-
porter à Suomussalmi (sur la ligne où l'U. R. S. S.
n'est séparée du golfe de Botnie que de 200 kilo-
mètres), est le résultat d'un plan bien préparé par
les autorités militaires de cette région.
Les Finlandais ont attendu, pour les attaquer,
que les Russes soient engagés dans le cul-de-sac
de Kiantajaervi. Ils avaient désorganisé aupara-
vant les arrières des troupes soviétiques et coupé
les détachements russes entre eux.
Les troupes soviétiques se sont battues trois
jours,-.et le quatrième jour fut celui de la victoire
des Finlandais. Plusieurs milliers de rouges ont
été tués et un grand nombre se sont perdus dans"
les forêts, où ils sont poursuivis par les patrouilles
finlandaises à skis.
400 tanks soviétiques détruits jusqu'ici
Le correspondant de l'agence Reuter à Viipuri
(Viborg) déclare apprendre de bonne source que
quatre cents tanks soviétiques au moins ont été
détruits par les Finlandais depuis le début des
hostilités, c'est-à-dire depuis cinq semaines.
Les deux tiers de la population
ont quitté Helsinki
On mande d'Helsinki, le 2 janvier :
Selon des statistiques publiées aujourd'hui, la
capitale finlandaise comptait au début de la guerre
285,000 habitants.
On estime que les deux tiers de la population
ont quitté Helsinki.
Le champion Erkki Tamila tué au front
On mande d'Amsterdam :
L'agence néerlandaise de presse apprend d'Hel-
sinki que le champion de course a pied lErkki
Tamila a été tué sur le front de Finlande.
Rappel finlandais de la solidarité nordique
On mande d'Helsinki :
Le Journal de Vaasa, évoquant, les bombarde-
ments par les- avions soviétiques des villes fin-
landaises du golfede Botnie, exprime l'espoir;
que leur bruit sëra entendu aussi en Suède, et
qu'il rappellera l'a solidarité de tous les Etats,
nordiques,
Les conséquences pour les puissances alliées
d'une défaite de la Finlande
On mande de Londres, le 2 janvier :
Les puissances alliées sont convaincues que là
défaite de la Finlande causerait un grave préju-
dice à leur propre cause, non seulement dans le
domaine moral, mais encore du point de vue
stratégique, écrit le rédacteur diplomatique du
Manchester Guardian, qui ajoute :
Les batailles livrées actuellement sur le sol fin-
landais sont des batailles de la seconde guerre mon-
diale. La présence des coalisés germano-russes sur
les rivages de l'Atlantique Nord, à Petsamo, sur le
fjord de Varanger et à Narvik, seraient dangereuses;
pour les communications maritimes nord de la Grande-
Bretagne. Elle représenterait, pour ainsi dire, un mou-
vement débordant par lequel la coalition germano-
russe chercherait à mettre fin à l'impasse sur le front
ouest, et à menacer la puissance maritime britanni-
que dans le nord-est. Ce sont des dangers de cette
sorte qui obligent les alliés à soutenir les Finlandais,
Les Soviets cherchent à entraîner l'Estonie
dans la guerre contre la Finlande
On mande d'Helsinki, le 2 janvier :
Les relations entre l'U. R. S. S. et. l'Estonie ne
sont pas bonnes, déclare le journal Svenska
Pressen. Staline ( a bien assuré au général Lai-i
doner que l'U. R. S. S. ne voulait pas entraîner:
l'Estonie dans la guerre, poursuit le journal, mais
le gouvernement estonien est très peu rassuré
pour sa neutralité. On peut constater aujourd'hui
que les Soviets cherchent à provoquer des diffi-
cultés entre la Finlande et lEstonie.
La position de l'Estonie est la suivante lé
traité entre l'U. R. S. S. et l'Estonie ne prévoit
d'assistance que si une des deux parties est atta-
quée par une grande puissance. La guerre contre
la Finlande ne vise pas le cas d'assistance. Les
Soviets cherchent donc à obtenir de l'Estonie, pan
des provocations, ce qu'ils ne peuvent obtenir eni
vertu des. traités.
Que veulent les Soviets ? Us ne sont pas satis-
faits des aérodromes qu'ils possèdent en Estonie
et voudraient utiliser tout le territoire estonien
pour leurs opérations aériennes.
Quant au sort de l'Estonie, il n'est pas rassu-
rant. En effet, les Soviets cherchent à faire]
croire qu'ils n'ont pas en vue la soviétisation de
l'Estonie, mais les Estoniens se rendent compte;
que cette soviétisation est à peu près inévitable.
L'Estonie cherche, d'autre part, à ne pas être
entraînée dans la guerre.
Des émigrés russes flétrissent le crime
du gouvernement stalinien
Un groupe de personnalités éminentes de l'émigra-
tion rus6e publie la déclaration suivante .:
Au moment où le gouvernement de L'U R. S. S.-
sème en Finlande la mort, la destruction et le
mensonge, nous élevons la plus énergique pro-
testation contre cette folie criminelle. Le peuplé
russe n'est pour rien dans les crimes que le gou-
vernement stalinien commet en Finlande. Ce gou-
vernement en avait commis, bien d'autres eu
Russie même.
Nous affirmons que les Russes n'ont jamais eui
et ne peuvent avoir aucune hostilité à l'égard du
peuple finlandais, qui défend héroïquement son)
territoire. Entre la Russie et la Finlande il
n'existe aucune question ne pouvant être résolue'
à l'amiable, par un accord pacifique. Or, 'le gou-
vernement de Staline, qui n'a aucun droit de par-
ler au nom de la Russie, vèrse aujourd'hui, en-
plein accord avec Hitler, le sang russe et le sang,
finlandais. Poursuivant des desseins ténébreux,
voulant obtenir des avantages faux ou insigni-
fiants, il prépare à la Russie des catastrophes; ses
crimes seront peut-être payés par le peuple russe.
Nous affirmons que la Russie, libérée du joug
bolchéviste, saura s'entendre avec la Finlande,
sans nuire à ses propres intérêts, et en respec-
tant entièrement les droits et les intérêts de ce
pays, auquel nous exprimons notre profonde
condoléance.
M. ALDANOV; N. BERDIAIEV; I. BOUNINE;
Z. HIPPIUS; D. MEREJKOVSKY; S,
RAKHMANINOV; A. REMIZOV; V. SIRINE;
N. TEFFI; B. ZAITSEV.
EN GRANDE-BRETAGNE
Inspection du roi d'Angleterre
Le roi a passé la journée de mardi à inspecter
une division de l'armée britannique.
Le transport
du corps expéditionnaire britannique
en France
Sir John Gilmour, ministre de la marine mar-
chande, a révélé, dans le Shipping World, que,
pour transporter en France le corps expédition-
naire britannique, il a fallu employer 174 bâ-
timents de toute sorte, qui ont fait au total 400
voyages. Le ministre a ajouté que cette opéra-
tion s'est effectuée conformément aux plans pré-
parés à l'avance.
Le transport de6 troupes devait commencer 4 jours
après que la décision eut été prise d'envoyer un corps
expéditionnaire à l'étranger. Il a fallu, avec un préavis
très court, réquisitionner et adapter tous les navires
nécessaires.
Il faut rendre hommage aux ouvriers des chantiers,
aux dockers, aux autorités des ports et à la marine
marchande pour la façon dont ils ont travaillé nuit et
jour afin d'assurer le succès de cette opération.
LA GUERRE ÉCONOMIQUE
La base de contrôle britannique d'Aden
fonctionne
On mande de Londres :
La base de contrôle britannique d'Aden, celle
qui a été le plus récemment organisée, fonctionne
normalement. Cette base, dit-on, présente un avan-
tage pour la, marine marchande d'Aden; en ell'et,
les compagnies de navigation communiquent leurs
manifestes au ministère de la, guerre économique
à Londres, rendant ainsi possible l'examen de
leurs cargaisons à une phase moins tardive de
leurs voyages vers l'Europe qu'on ne pouvait le
faire auparavant, et permettant également aux
navires de gagner du temps en arrivant dans les
eaux européennes.
Bien qu'aucune décision n'ait encore été prise,
la création de deux ou trois autres bases sembla-
bles est, croit-on, envisagée.
EN PALESTINE
Arrivée de réfugiés allemands
Le cinquième transport de réfugiés, venant du
Reich, depuis le début de la guerre, est arrivé à
Haïfa, à bord d'un navire italien. Il compte 600 per-
sonnes, pour la plupart en provenance du terri-
toire de Tchéco-Slovaquie.
Parmi elles se trouveraient cent enfants n'ayant
plus leurs parents. Jusqu'à présent, le nombre des
réfugiés arrivés en Palestine dépasse. 3,200.
EN ALLEMAGNE
Le problème des carburants
On télégraphie de Berne :
Le manque de carburants est le problème qui in-<
quiète le plus les chefs du commandement mili-
taire en Allemagne,' dit le correspondant de lai
Neue Zûrcher Zeitung à Berlin.
Les besoins du temps de paix, qui se chiffraient
par 6 millions de tonnes pour les 4 millions de
véhicules à moteur circulant en Allemagne, étaient
couverts, depuis 1936, par environ 3 millions de
tonnes de production intérieure. Celle-ci a été
poussée à l'extrême, en prévision de la guerre. Le
reste, était importé, non pas de Russie ou de Rou-
manie - pays qui ne peuvent, dans les meilleures
conditions, fournir au Reich qu'une minime frac-
tion des importations requises - mais surtout du
Venezuela, du Mexique et des Etats-Unis d'Amé-
rique, qui livraient chacun 500,000 tonnes par aiï<
Or, depuis la guerre, ces pays n'entrent plus en
ligne de compte comme fournisseurs.
On a cherché, dès lors, à réduire les besoins en;
carburant par la transformation des camions et
des autobus en véhicules à gazogène. Mais - con-
clut le correspondant - les résultats atteints ne
représentent qu'une économie minime et ils ne
peuvent- en aucun cas couvrir les importations
manquantes.
Les besoins de guerre actuels du Reich en car-
burant sont évalués de 15 à 17 millions de tonnes
par an.
On télégraphie, d'autre part, de Bruxelles :
Suivant une information de Berlin à l'agence
Belga, le nouveau décret du ministre des trans-
ports du Reich restreignant les transports à
grandes distances par camions-automobiles pour
remédier partiellement à la pénurie de pius en
plus grande des carburants est entré en vigueur
le 1er janvier.
Il prévoit qu'aucun transport de marchandises
à grandes distances ne pourra être effectué par ca-
mion sans autorisation préalable des autorités.
Cette autorisation ne sera, en principe, accordée
que si le chargement est assure, tant pour le re-
tour que pour l'aller.
«
AU DANEMARK
Une déclaration de M. Stauning
sur la neutralité
M. Thormald Stauning, président du conseil
danois, a déclaré dans un discours radiodiffusé sur
la situation internationale que le Danemark, avec
ses cinq mille kilomètres de côtes et sa situation
géographique, était obligé de conserver des rela-
tions d'amitié avec tous les pays.
« Le Danemark ne peut avoir qu'une attitude de
neutralité. Prendre part à la guerre ne signifierait
pas grand'chose, mais équivaudrait à la fin de la
nation danoise. »
M. Stauning déclara qu'il ne saurait imaginer
que le sort de la Finlande reste indifférent auç
Etats de l'Europe,
On s'abonde aux Bureaux du Journal, 5, RUE DK8 ITALIENS, À PARIS (9e), et dans tous les Bureaux de Poste
'H,..
JEUDI 4 JANVIER 1940
FONDATEUR « Auguste NEF'STWSHIR, (IB«I)
AARCXSXRS DIRECTEURS I
Adrien KÉBR,.A.:R/D (iaeT-iei*)
Emile HÉBRAilD (îsis-isas)
Adrien HÉBRARD isas-isse)
XJOXJIS-MIXjIJ (1038-1831)
DIRECIEURS ;
Jacques OHASTENET et Bmile AÀXX&SBAT72C
Le Journal ne répond pas des manuscrits communiqxiét
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE : TEMPS UBII
TÉLÉPHONE : Cinq ligues groupées : TAITBOUT 76.60
LE TEmps
PRIX DE L'ABONNEMENT
PUIS, DÉPAHIEEKTS ET COMMIS FRANÇAISES Trois mois 52fr. Six mois 98fr. lin 185fr.
/ Pays accordant mit rédaction de 50 0/0
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( Antres pays - I30fr. . - 260ir. - 500fr.
LES ABONNEMENTS BATENT DES 1" ET 16 DE CHAQUE MOIS
Un numéro fPARIS et DÉPARTEMENTS) : T«S centimes
ANNONCES : AUX BUREAUX DU £c«tps, 5, rue des Italiens,
et dans toutes les Agences de Publicité
Le Journal décline toute responsabilité quant à leur teneur
CHÈQUE POSTAL : Paris, Numéro 60
SOMMAIRE
PAGE 1
Les Communiqués officiels, - Sur mer. Bans
les airs, 'f- L'Agression soviétique Montré la Tin-
lande. - Les Inondations d'Anatolie.
PAGE 2
Nouvelles de l'étranger. - La France d'outre-mer.
- Racine à Lisbonne, R. WARNIER.
Variétés : Etudiants alsaciens et étudiants alle-
mands en 1867, PIERRE FERVACQUE.
Défense de la langue française, LANCELOT.
PAGE 3
Les Livres, ANDRÉ THÉRIVE.- Nouvelles du jour.-
Echos et informations.- Académies. - La Se-
maine musicale, G. SAMAZEUILH. - Les Specta-
cles : Théâtres; Cinémas. -- La T. S. F.- La
Bourse.
PAGE 4
LA JOURNÉE : DERNIÈRES NOUVELLES. >- Les Opé-
rations militaires. - En Finlande. - Le Finan-
cement de la guerre en Allemagne, RENÉ LAURET.
- Revue de la Presse.
Paris, le 3 janvier 1940
BULLETIN DU JOUR
LES CONSÉQUENCES DE L'ÉCHEC RUSSE
L'armée rouge continue à subir en Finlande
des échecs que Moscou ne réussit plus à dissi-
mules* aux yeux du peuple russe et , qui confir-
ment pour l'opinion internationale la. faiblesse
réelle de cet énorme appareil militaire sovié-
tique dont il 'apparaît maintenant clairement
qu'il ne fut qu'un instrument de chantage et
d'intimidation politique. Toutes les attaques
massives russes sont régulièrement brisées et
repoùssées par lès troupes, très inférieures en
nombre, du maréchal Mannerheim. Dans les
principaux secteurs du front, au sud, au centre
et au nord, les assaillants ont été rejétés sur
leurs lignes de départ, et même dans la région
de Petsàmo les Finlandais progressent dans
des conditions telles qu'on se demande si les
rouges pourront se maintenir sur cette position
capitale. Les Finlandais font des prisonniers
par milliers et se sont emparés d'un matériel
considérable; Tout confirme ainsi que l'armée
rouge est sans véritable commandement, sans
cadres subalternes sûrs, sans esprit de disci-
pline^ On se trouve devant des hordes inca-
pables d'assurer l'exécution d'un plan militaire
soigneusement établi.
Le haut commandement soviétique avait-il
seulement un plan ? Il est permis d'en douter.
Tout autorise à penser que l'armée rouge à
été lancée à l'aventure, dans l'espoir d'une
conquête facile, achevée rapidement et sans
grands sacrifices. La vaillance finlandaise en a
décidé autrement, et, dès l'instant;où la puis-
sance soviétique a été obligée de faire vérita-
blement la guerre, ses faiblesses et ses tares-
sont apparues cruellement. Pour,:l'immense
Russie soviétique, la défaite subie en Finlande
constitue une humiliation dont le régime sta-
linien -porte toute la-responsabilité et -dont il .ne-
saurait se relever Même si les-Finnois, de-,
vaient succomber finalement sous le nombre, il
resterait établi, que la force russe n'est qu'une
grossière apparence et que tout péril bolche-
viste peut être, écarté si on est résolu à le
combattre énergiquement. Cette puissance mili-
taire soviétique par laquelle on a voulu effrayer
tous les peuples voisins ; n'existe pas-dans la
réalité -des cho.ses. L'épreuve finlandaise ne
dût-elle avoir d'autre résultat que la démonstra-
tion de l'impuissance russe, qu'elle n'aurait
certainement' pas été inutile pour le bien de
l'Europe entière. Mais, dès. à présent, on peut
dire que l'héroïsme de la nation finnoise a des
conséquences, politiques de première impor-
tance, qu'il donne à la situation internationale
Un aspect nouveau se précisant d'heure en
heure, et dont nn a lieu de s'inquiéter à Berlin
autant qu'à Moscou.
Certaines informations de source anglaise
laissent entendre qu'à la demande de M. Sta-
line le Reich enverrait une mission militaire à
Leningrad pour aider les Russes dans la guerre
contre la Finlande. Le dictateur rouge récla-
merait, d'autre- part, de son associé, nazi, le
concours. d'un grand nombre de techniciens
allemands pour, assurer la réorganisation éco-
nomique de l'Union soviétique. Si ces nou-
velles étaient confirmées, il faudrait en dégager
âue ia puissance russe et l'armée rouge sont
ans un état de décomposition complète, et que
Jes maîtres du Kremlin sont obligés de recon-
naître eux-mêmes la faillite de leur régime.
Ce n'est pas l'aide allemande qui pourrait
encore sauver ce régime de la catastrophe
finale, et il n'est ipas démontré, au surplus, que
le Reich hitlérien, qui a besoin de toutes ses
[forces et de toutes ses ressources pour essayer
de surmonter les difficultés avec lesquelles il
est aux prises, soit'disposé à donner-à la Russie
bolcheviste l'aide que celle-ci réclame. L'Alle-
magne a consenti d'énormes abandons à l'im-
périalisme slave; dans l'espoir d'une assistance
russe «qui se révèle aujourd'hui singulièrement
décevante dans tous les domaines. Il n'est pas
exclu que l'assistance allemande doive être tout
aussi décevante pour'la puissance soviétique.
En fin de compte, les deux complices associés
pour le plus abominable crime contre le droit
et la liberté des peuples se seront grossière-
ment dupés l'un l'autre.
Cet état de choses fait à chacun l'impérieux
devoir de donner à la Finlande l'aide la plus
immédiate et la plus efficace. Mettre les Fin-
landais en mesure de tenir, de prolonger leur
résistance, c'est servir utilement la cause de
l'Europe entière. Il y a toutes raisons de croire
que la décision prise dans ce sens par la So-
ciété des nations sera loyalement exécutée. La
France et l'Angleterre ont fait connaître la po-
sition prise par elles à cet égard, et d'autres na-
tions se montrent entièrement disposées à con-
tribuer en conscience, dans la mesure de leurs
moyens et de leurs .possibilités, à l'effort indis-
pensable pour que la Finlande survive comme
ê symbole même de la volonté de l'Europe
d'abattre là tyrannie bolcheviste et nazie, l'une
et l'autre constituant un même péril. L'heure
n?est plus ou l'on pouvait se payer .de mots et
se. laisser égarer par une fiction de neutralité
que les actes de chaque jour sont venus dé-
mentir. Du fait de la collusion germano-russe,
l'Union soviétique n'est pas plus neutre en ce
qui concerne le conflit européen que l'Alle-
magne n'est neutre, du fait de cette même col-
lusion, en ce qui concerne le conflit--russo-fin-
landais. Les deux guerres ont été déclenchées
sur le même plan moral, à des, mêmes fins de
- conquête et de domination, étroitement concer-
tées quant à leurs causes, leurs moyens et leurs
effets entre Bérlin et Moscou. Gela, on n'a pas
le droit de l'oublier.
La décomposition de la puissance soviétique
telle que la révèlent les échecs répétés de l'ar-
mée rouge en Finlande a créé dans les petits
pays voisins des deux associés de l'axe Berlin-
Mosco un esprit nouveau qu'il faut apprécier
à toute sa valeur. L'exemple de la Finlande et
la certitude de l'aide donnée à celle-ci ren-
forcent l'esprit d'indépendance des neutres
les plus, directement menacés, et encoura-
gent ceux-ci à se défendre contre toute
agression. L& tactique de l'intimidation ne
rend plus pour lès empires de proie, et, de ce
fait même, toutes les manoeuvres hitlériennes:
et staliniennes en faveur d'une paix prématu-
rée sont vouées d'avance à un échec certain. La
'carte russe se tourne contre l'Allemagne, ta-*
quelle a cru habile de la jouer, fût-ce au prix
d'un reniement et d'une trahison. Le départ eh
congé, dans les circonstancs actuelles, des am-
bassadeurs d'Italie et de Grande-Bretagne à j
Moscou souligne assez que la politique du gou- j
vernement des Soviets ne pèse plus du même j
poids qu'autrefois dans la balance européenne
et que l'Allemagne hiltérienne s'est alliée-à la
puissance bolcheviste à l'heure où celle-ci était
vouée à une irrémédiable déchéance.
L'exemple de la démocratie
Dans le discours qu'il prononçait, S la tri-
bune du Sénat le 28 décembre, M. Paul Rey-
naud, ministre des finances, a très justement
montré la nécessité du contrôle parlementaire,
plus forte encore en temps de guérre qu'en
période de paix, contrôle qui « n'est pas une
gêne », mais au contraire « une force pour le
gouvernement ».
Ce contrôle parlementaire s'est exercé nor-
malement et continuera de s'exercer utilement.
Il n'a pas retardé le vote du budget civil et des
dépenses militaires. Le pays reste ainsi fidèle
à son idéal politique, au régime qu'il s'est libre-
ment donné. Qui oserait dire que, la courte ses-
sion, qui s'est terminée à la fin de l'année .n'a,
pas été efficace ? Elle a permis au gouverne-
ment de s'appuyer plus solidement sur la na-
tion, et les débats qui ont eu lieu,' soit dans
les commissions du Sénat et de la Chambre
depuis quatre mois, soit en séance publique
avec la réserve qui convient au temps de
guerre, ont permis, eux aussi, de corriger nom-
bre d'erreurs, et d'éviter parfois des fautes.
On ne comprendrait d'ailleurs pas que la
France, qui combat pour son indépendance
sans doute, mais aussi pour la liberté de tous
les pays, renonçât à la raison même de l'énorme
bataille, qui. est engagée. Elle n'a même pas
besoin de jeter sur la' Constitution'ce fameux
voile - noir du temps de la , Convention. La
France et l'Angleterre donnent au monde lë
spectacle de deux grands peuples qui savent
concilier la discipline de la guerre:-avec leurs
libres institutions. ...
Ni l'une ni l'autre d'ailleurs ne songent à
imposer aux.autres pays,le régime qu'elles éè
sont donné. Mais elles ne-sauraient tolérer qùe
d'autres pays veuillent împosër le leur. C'est
là précisément leur « but de guerre, » : faire
une Europe habitable, où, dans, là liberté réci-
proque des régimes, les droits à l'indépendance
de chacun seront garantis,, ou, cependant les
liens matériels eL spirituels nécessaires à la
vie normale des nations seront enfin sauve-
gardés. : ' ' ; ( ..
: - Quels sont nos ennemis ? Des nations: ? de
pme qui, à-leur propre servitude veulent
'ajouter d'autre? servitudes - et ; qui, pour
vivre, sont contraintes de recourir' sans arrêt
à ' la conquête, à l'asservissement des peuples
voisins. L'autarcie hitlérienne et stalinienne
conduit au même résultat, nous le .savons : à
la ruine intérieure et à la ruine générale. Il n'y
a pas la moindre différence à ce point de vue
entre le nazisme et le communisme, qui ont le
même impérialisme révolutionnaire.
L'un et l'autre ont voUlu rompre les liens
nécessaires entre les peuples, dont nous par-
lons plus haut, les spirituels comme lés maté-
riels. Le monstrueux étatisme bolchevique,
avec sa doctrine de révolution universelle, re-
joint la monstrueuse autarcie nationale-socia-
liste, qui, après s'être dévorée elle-même, doit
fatalement chercher à dévorer les peuplés;
voisins. Les nations ne peuvent vivre isolées,
repliées sur elles-mêmes, parce qu'elles détrui-
sent de la sorte leur propre substance. Après
quoi il ne leur reste plus qu'à conquérir d'au-
tres domaines pour les ruiner- dé la même
manière. L'autarcie exige ainsi uni « espace
vital » toujours plus vaste, et conduit par suite
directement à la-guerre. L'étatisme commu-
niste, son abjecte servitude et son messia-
nisme monstrueux aboutissent au même ré-
sultat. En ce sens, on peut donc dire que le
marxisme rejoint, le national-socialisme. Ils se
sont rejoints d'ailleurs.
Nous avons pu, grâce au bon sens dé notre
peuple, échapper à cette funeste expérience du
marxisme - et M. Paul Reynaud, à la tribune
du Sénat, a fait en deux ou trois phrases jus-
tice des sophismés qui. en quelques années
nous ont causé tant de mal, et qui auraient pu
nous en causer davantage. « Beaucoup d'idées
fausses sont mortes », a dit le ministre; Le
libéralisme que la France s'est efforcée de
rétablir chez elle avant la guerre lui. a permis
de redevenir forte; et lui permettra- de mettre
fin à l'antilibéralisme messianique et conqué-
rant de l'Allemagne hitlérienne et de la
pseudo-République des Soviets; '
C'est ce régime européen de servitude, qui
a commencé par la servitude intérieure, que
les deux grandes démocraties veulent-abattre,
et qu'elles abattront. Mais, pour y.arriver, elles
ne renonceront pas à leurs libres institutions,
auxquelles ne s'oppose nullement la discipline
indispensable de la guerre.
EN ITALIE
Le Livre jaune français va être publié
Notre correspondant particulier à. Rome nous; télé-
phone mercredi matin 3 janvier.: r ?.?
La revue hebdomadaire, de politique-étrangère
Relazion Internazionali, qui;paraît, a Milan- s'ef-
force de publier-tous, les documents diplomatiques
sur les origines de la guerre. Des fascicules'spé-
ciaux ont déjà .reproduit, en Italie, les Livres
blancs anglais et, allemand. La revue annonce
aujourd'hui qu'elle publiera, à la fin de cette se-
maine, le texte intégral du Livre jaune français.
Les commandes peuvent être faites aux kiosques
et chez les libraires.
Le revue Relazioni Internazionali devient' ainsi
un instrument utile d'informations objectives.,Son
succès prouve que l'opinion publique italienne
s'intéresse d'une façon, toute particulière à:ja do-
cumentation diplomatique. L'Italien moyen cher-
che, souvent, avec passion, à se faire une idée qui
lui soit propre sur les événements. Le contrôle de
la presse fasciste n'entrave en aucune façon la
formation de l'esprit critique, .
M. von Papen
ambassadeur du Reich à Rome (?) -t j
On mande de Rome : , ' _
Le bruit court, dans les milieux diplomatiques
et journalistiques, que M. Von Papen serait nommé
prochainement ambassadeur- du Reich en Italie;
INCERTITUDES
'
Les prophetes ont .coutume ..d'être un peu dé%'
cients. Cette année, ils sont presque . complète-
ment défaillants.
Chaque hiver, ils se livrent, pour ce qui con-
cerne le destin , de l'humanité et des . quelques
individus qui se targuent de la conduire, à des
exercices. de pronostics; raisonnes,, comme on on
use pour les courses de chevaux' qui, justement,
reprennent. Et ils annoncent; avec une ambiguïté
catégorique des événements capitaux et vains.
' Si la parole a été donnée à l'homme ordinaire
pour déguiser sa pensée, elle à été donnée au
prophète extraordinaire pour là rendre obscure
et sujette à toutes les interprétations contradic-
toires. Le prophète, même lorsqu'il se résout à
être péremptoire en ? ses déclarations, conserve
donc toujours une sorte de discrétion supérieure,
comme il convient à un être familier du mystère,
et il en résulte naturellement pour lui un grand
prestige. ,
A 'l'heure actuelle, les prophètes dédaignent ce
prestige-là. Ils ne sont plus discrets. Ils sont se-
crets. La plupart en somme ont pratiquement
remis à 1941 de prophétiser ce qui s'accomplirait
en 1940. A peine ont-ils consenti à prévoir que
l'année 1940 serait bissëxtile, et ils n'ont pas voulu
tirer de cette prévision les enseignements qu'elle
implique nécessairement. On, sait pourtant, qu'il
se passe des choses, des choses, en une année
bissextile !
Sans doute ont-ils reculé devant l'obligation
d'appliquer leurs talents à la seule prophétie: qui
vraiment nous intéresse. La Victoire sera-t-élle
pour 1940 ? Nous remporterons certainement la
victoire. La remporterons-nous dans lés douze
mois dont le premier est déjà commencé ? Fai-
sons notre devoir et laissons faire aux dieux,
puisque les prophètes se réfugient dans l'absten-
tion Les liseurs d'avenir renoncent à toute lec-
ture. Ils ont tort, parce qu'une lecture, môme
indécise, est toujours utile.
. Mais peut-être qu'une part d'incertitude est
indispensable pour soutenir les énergies humaines.
C'est oe que je me demandais, sans être spécia-
lement prophète, en retrouvant ces jours-ci un
livre paru en 1909 sous le titre mirifique : les
Riches depuis sept cents ans. Le livre a beau être
âgé dé trente ans - vieillesse, que dis-je ? caducité
pou? un livre ! - la question, on ne le contestera
pas, dèmèure de la plus réfrigérante actualité.
Le livre a pour auteur le vicomte d'Avenel, qui
fut un gentilhomme d'archives et de salons, guê-
tfé, monoclé, sympathiquement rayonnant, se
sachant gré d'être au monde, érudit et disert.-il;
aUrait bien aimé de devenir-académicien: Mais
11 garantît l'imprudence d'écrire pour cela de
nombreux ouvrages, chargés de documents, et,
occasionnellement, d'idées, et qui entravèrent sa
marche à l'étoile. Il était du moins fort galant
homme, et assez éloigné de manquer de mérite.
Ah ! s'il n'eût dépendu que de moi !..
Eh bien ! dans les Riches depuis sept cents ans,
Georges d'Avenel déclare tout net qu'au début de
1909- il y a en.France deux cent cinquante mille
« foyers » jouissant chacun de 2,850 francs de
rente, et il stipule : « Avec ces 2,850 francs de
rente, ces foyers subsistent, s'il leur plaît, sans
rien faire. » Ces foyers de 1909 menaient en effet
la Vie oisive dans une quiétude morne; mais le
bonheur, pour être .négatif,, n'en est pas moins
apprécié des amateurs médiocres^ Et fis vivaient-
dans le présent, parfaitement insoucieux du len-
demain. Si lë viconte d'Avenel avait prophétisé
qu$ trente ans plus tard, ces 2,850 francs seraient,
.selon' une opinion gui ne paraît pas maintenant
susciter' de - violentes controverses, insuffisants
pour;garantir à: un foyer durant un an la sécu-
rité, matérielle et la sérénité morale également
confortables, quel trouble funeste n'eût-il pas jeté,
dans les âmes ! If n'en a rien dit,, peut-être parce
qu'il n'en savait;rien..Et les modestes rentiers de
,cette catégorie, ayant lu d'Avenel, savouraient
-doucement les jours, les longs-jours vides, car,
redoutant vaguement que leur petit argent ne
perdit'de sa valeur, ils gardaient à cet égard une
; favorable incertitude:
Oui- l'incertitude a sa vertu, et nous n'avons pas
lie j courage de reprocher leur réserve à nos pro-
, phetes précautionneux. L'incertitude, c'est l'espé-
rance :. - . ; ; .
; - - ?. . . J. ERNEST-CHARLES.
DANS LES AIRS
Combat aérien
aux environs de la côte allemande
Le ministère britannique de l'air annonce le 2 janvier:
Trois bombardiers britanniques ont combattu'
aujourd'hui douze Messerschmitt de combat d'une
grande autonomie de vol, aux environs de la côte
allemande. ""
Un Messerschmitt a été abattu; les Allemands
en ont vraisemblablement perdu deux autres. . -
Un avion britannique a été abattu et un autre
est manquant. Le troisième est rentré sain et sauf,
, On mande, de Londres à l'agence Havas.les détails
complémentaires suivants ;
Les trois^bombardiers d.e la R.A.F. qui ont livré,
combat, mardi, à douze Messerschmitt étaient
partis en patrouille à la. recherche dè navires de
guerre allemands. C'est à un point situé à environ
80 milles au nord-ouest de Heligoland et à
80 milles au nord de Borkum, que les bombar-
diers, qui volaient alors à plus de 3,000 mètres
d'altitude, ont été . brusquement attaqués par
12 chasseurs ennemis.
Bien que débordés par le nombre.de leurs ad-
versaires, les appareils britanniques' ont livré
combat. L'un d'eux a été abattu, un autre est
manquant. Le troisième a pu regagner sa base
sain et sauf, après avoir subi les assauts répétés
de ! six Messerschmitt. Le canonnier arrière dei
ce dernier bombardier anglais a réussi à abattre
l'un des chasseurs, êt le canonnier avant en a
abattu un autre.; Finalement, pour échapper aux
assaillants, le -pilote britannique a plongé de
3;000 mètres à 20 mètres au-dessus des flots et
s'est maintenu à ce niveau pendant une demi-
heure, réussissant ainsi à dépister l'ennemi.
Le combat des îles Shetland
On déclare, au ministère britannique de l'air,
qu'il est entièrement inexact que, comme le pré-
tend lé communiqué allemand, un avion britan-
nique ait été sérieusement atteint au cours de
l'engagement qui a eu lieu lundi au-dessus des
îles Shelland, et-qu'il n'ait pu rejoindre sa base
Tous les appareils britanniques sont parfaite-
ments rentrés, ? .
L'ACCROISSEMENT OE L'ARMÉE ANGLAISE
ET L'OPINION ITALIENNE
On mande dè Rome, le 2 janvier :
' ? Suivant la presse italienne., le décret royal .bri-
tannique qui met à la disposition des autorités
militaires anglaises les jeunes gens de 19 à 28 ans
confirme la volonté de la Grande-Bretagne : de
porter au maximum sa puissance militaire.
Les observateurs italiens à Londres relèvent
qu'il s'agit -d'un événement d'une .grande portée
puisqu'il permettra à l'Angleterre d'avoir sous
!es drapeaux, à la fin de l'année, près de trois
millions et demi d'hommes prêts à combattre.
Ces observateurs voient également, dans cette
décision une réponse anticipée à d'éventuelles
offensives de paix de la part de l'Allemagne ou des
neutres, offensivés qui, disent-ils, n'auraient
aucune chance de réussir, en raison de l'état; d'es-
prit qui prévaut actuellement des deux côtés de
la Manche. -
LES OPERATIONS
MILITAIRES
DU 2 JANVIER (SOIR)
Activité normale des éléments de contact.
Reprise partielle de l'activité des aviations.
DU 3 JANVIER (MATIN)
Rien à signaler.
sur mer
Un vapeur suédois sombre sur une mine
On mande de Stockholm, 2 janvier : -
Le vapeur suédois Lars-Magnus-Trozelli (1,951
tonnes) a sombré il y a trois jours, près de la côte
orientale anglaise, après avoir heurté une mine.
Quinze hommes de l'équipage du Lars-Magnus- j
Trozelli, .de Norrkoeping, ont été débarqués à
Bergen par un bateau norvégien; ils ont été sauvés j
d'un radeau en pleine mer. On est sans nouvelles I
des manquants.
La perte du Lars-Magnus-Trozelli. porte à onze i
le nombre des navires suédois perdus pendant le
mois de.'décembre,' représentant un tô.nnage' total
de 17,524 tonnes.
Le,« Tacoma » est interné i Montevideo
On mande de Montevideo :
Le délai fixé par le gouvernement ! uruguayen
au Tacoma pour être interné ou pour quitter le
port étant expiré, un représentant de la Hamburg-
Amerika Lime, à laquelle appartient le Tacoma,
et vingt marins armés de la mariné uruguayenne
se sont dirigés à bord d'un sloop vers le bâtiment
allemand pour remettre au capitaine le certificat
d'internement délivré par les autorités du port de
Montevideo.
On mande de la frontière allemande !
L'agence D. N. B. annonce que le ministre alle-
mand à Montevideo a proteste auprès dû gouver-
nement uruguayen contre l'internement du vapeur
Tacoma.
Protestation du gouvernement des Etats-Unis
; contre la saisie du courrier américain
On mande de Washington, 2 janvier :
Les Etats-Unis ont protesté auprès du gouver-
nement britannique, contre la saisie par la Gran-
de-Bretagne du courrier américain destiné à
l'Allemagne. La note publiée aujourd'hui, a été
envoyée à Londres le 22 décembre. Elle dit dans
son passage essentiel :
Les Etats-Unis ng peuvent admettre le droit des auto-
rités britanniques d'intervenir dans le fonctionnement
du courrier américain, transporté sur des, navires amé-
ricains ou sur d'autres navires neutres. Ils ne peuvent
admettre davantage le droit du gouvernement britan-
nique de censurer le courrier à bord ' des navires qui
rentrent involontairement dans les ports britanniques,
? La note cite quatre cas où les autorités britan-
niques saisirent environ 1,250 sacs de courrier
transporté sur des navires américains ou neutres.
! Sur ce sujet on mande ^ Londres, le 2 janvier
Bien qu'aucune réponse n'ait été encore faite à
lia note du gouvernement américain contestant, le
droit de saisir le courrier à destination de l'Alle-
magne transporté à' bord des navires neutres ou
britanniques, on rappelle dans les milieux diplo-
matiques londoniens que lorsqu'on prévoyait la
saisie de la contrebande à destination de l'Alle-
magne on songeait au premier chef à la saisie
des devises qui sont un des plus gros besoins du
IIIe Reich.
En conséquence, le courrier destiné à l'Allema-
gne' ou aux pays neuttres voisins de l'Allemagne
dôit être vérifié par la Grande-Bretagne, et tous
lés envois de devises étrangères qui peuvent être
: faits par cette voie, à destination du Reich sont
immédiatement placés sous séquestre. ..
La note américaine est examinée avec attention
et sympathie, et l'on se propose d'éviter ici tout
délai ou toute complication inutile. Mais, ' en
même temps, on est décidé à appliquer rigoureu-
sement le système de contrôle de contrebande
dans un des cas ou il est le plus important qu'il
soit mis en vigueur, à savoir lorsqu'il doit empê-
cher l'acquisition par l'Allemagne . de toute sorte
de devises étrangères. ,
Les rescapés du « Cabo-San-Antonio » ;
On mande de Dakar, le 2 janvier :
Les rescapés du vapeur italien Cabo-San-
Antonio ont été provisoirement installés sur un
naVire de commerce à Dakar. Us sont unanimes
à rendre hommage à l'équipage et aux "officiers
du navire français qui les a recueillis et qui lais-
sèrent leurs cabines aux femmes et aux enfants.
Le commandant du Cabo-San-Antonio a dé-
claré que le feu, provenant dé la cuisine, se pro-
gagea rapidement. L'abandon du navire par les
passagers et l'équipage se fit sans incident grave,
grâce au dévouement et à la discipline de l'équi-
page.
lés inondations d'Anatolie
On télégraphie d'Ankara :
Suivant les dernières nouvelles parvenues, les
inondations de la région d'Izmir se était étendues à
toute l'Anatolie occidentale, depuis Adapazar,
constituant une véritable calamité publique.
Dans de nombreux villages, notamment à Mus-
tafa-Kemal-pacha, toutes les maisons sont recou-
vertes par les eaux et la population est réfugiée
sur les toits.
1 Dès sauveteurs et bataillons du génie ont ap-
porté des secours par camions, barques et canots
automobiles. On estime à mille, au minimum, le
nombre des noyés. .
Le président de la République, M. Inonu, conti-
nue sa tournée dans les régions ravagées-par le
séisme. Après une journée passée à Tokàt, d'où il
a envoyé un message d'encouragement aux sinis-
trés, il est arrivé à Malattia.
On commente amèrement à Ankara l'abstention
des Soviets pour tout envoi de secours et de mes-
sage de condoléances*
! Nouveaux séismes
: On télégraphie d'Ankara :
F Une forte secousse a été ressentie hier à 14 h. 45
i 'd'ans le Yozgat et dans le voisinage, à l'ouest de
f ia région sinistrée d'Erzidjan. Dans neuf villages,
97 maisons se sont écroulées et:67 ont été endom-
magées, mais on ne signale pas de victimes.
Une autre secousse a été signalée à Tchankere à
16 h. 20.
Remerciements à la Pologne
' ^L'agence Pat communique :
. Répondant au télégramme de condoléances de
M. Wladyslâs Raczkiewicz, président de la Répu-
blique de Pologne, le président de la République
turque lui a adressé le télégramme suivant :
« Je remercie vivement. Votre Excellence de la
part qu'elle, a bien voulu prendre à la profonde
affliction de la nation turque. »
L'aide palestinienne
On télégraphie de Jérusalem :
A la suite d'offres de services faites par de nom-
breux médecins de Palestine, une délégation de la
municipalité de Tel-Aviv et de l'hôpital d'Hadas-
sah a proposé au consul de Turquie l'envoi d'un
corps de médecins sur les lieux du sinistre d'Ana-
tolie. De son côté, la municipalité de Haïfa a offert
cent livres palestiniennes pour secourir les sinis-
trés; ;
L'ÂGRESSION SOVIÉTIQUE CORSE L/i FILMEE
Comment îiit remportée
par les Finlandais
la victoire de Suomussalmi
Le commandement suprême de l'armée finlandaise pu-
blie le communiqué suivant;- relatif aux opérations dans
les journées du 1er et du 2 janvier :
Sur terre. - Pendant les deux premiers jours
de l'année, dans l'isthme de Carélie, à 1 exception
d'escarmouChès ét d'opérations de patrouilles, et
du harcèlement par l'artillerie, le front a été rela-
tivement calme.
? Sur la frontiere orientale, des attaques ont eu
lieu au nord-est. du lac Ladoga, du les troupes
finlandaises ont encore amélioré leurs positions en
plusieurs points.
Dans le secteur de Lavajaervi, une attaque russe
soutenue par des tanks a duré toute la journée
de lundi et a été repoussée, Un tank soviétique a
été détruit.
A Aittojoki, une position ennemie a change de
mains plusieurs fois au cours de cette journée, et
les troupes finlandaises se sont emparées d'un bu-
tin comprenant; entre autres, trois mitrailleuses,
une cuisine roulante et quatre cents manteaux.
Plus au nord, aux environs de Kuhmo (64° pa-
rallèle), dans le secteur de Rasti. une attaque en-
nemie a été repoussée.
Dans la région de Suomussalmi (la partie , la
plus étroite du pays), les troupes finlandaises con-
tinuent,à nettoyer le terrain conquis, et poursui-
vent l'ennémi dans le secteur dé Juntusranta.
Ailleurs, activité de patrouilles et d'artillerie.
Sur mer. -Le cuirassé soviétique Oktiabrskaïa- j
Revoloutsia a tiré sans résultat appréciable sur 1
les batteries de Koivisto.
A l'exception de l'activité assez grande de l'avia-
tion ennemie, la tranquillité a régné sur les côtes.
Dans les airs. - L'aviation soviétique a bom=
bardé un certain nombre de villes, parmi les-
quelles Abo et Oulou (Uleaborg). Un certain nom-
bre de civils ont été tués et blessés et il y a eu
des dommages matériels.
Des bombardements en divers autres lieux ont
été enregistrés, mais, autant que l'on sache, ils
n'ont pas fait de victimes et n ont causé que des
dommages matériels peu importants.
L'aviation finlandaise et la D. C. A. ont abattu
sept avions de bombardement soviétiques, chiffre
contrôlé.
En marge du communiqué, le correspondant de
l'agence Havas apprend de bonne source que_trois
avions soviétiques ont été obligés d'atterrir en
Finlande en raison de la tourmente de neige, et
que leurs équipages ont été faits, prisonniers.
On mande d'Helsinki, le 2 janvier
La victoire que les Finlandais viennent de rem-
porter à Suomussalmi (sur la ligne où l'U. R. S. S.
n'est séparée du golfe de Botnie que de 200 kilo-
mètres), est le résultat d'un plan bien préparé par
les autorités militaires de cette région.
Les Finlandais ont attendu, pour les attaquer,
que les Russes soient engagés dans le cul-de-sac
de Kiantajaervi. Ils avaient désorganisé aupara-
vant les arrières des troupes soviétiques et coupé
les détachements russes entre eux.
Les troupes soviétiques se sont battues trois
jours,-.et le quatrième jour fut celui de la victoire
des Finlandais. Plusieurs milliers de rouges ont
été tués et un grand nombre se sont perdus dans"
les forêts, où ils sont poursuivis par les patrouilles
finlandaises à skis.
400 tanks soviétiques détruits jusqu'ici
Le correspondant de l'agence Reuter à Viipuri
(Viborg) déclare apprendre de bonne source que
quatre cents tanks soviétiques au moins ont été
détruits par les Finlandais depuis le début des
hostilités, c'est-à-dire depuis cinq semaines.
Les deux tiers de la population
ont quitté Helsinki
On mande d'Helsinki, le 2 janvier :
Selon des statistiques publiées aujourd'hui, la
capitale finlandaise comptait au début de la guerre
285,000 habitants.
On estime que les deux tiers de la population
ont quitté Helsinki.
Le champion Erkki Tamila tué au front
On mande d'Amsterdam :
L'agence néerlandaise de presse apprend d'Hel-
sinki que le champion de course a pied lErkki
Tamila a été tué sur le front de Finlande.
Rappel finlandais de la solidarité nordique
On mande d'Helsinki :
Le Journal de Vaasa, évoquant, les bombarde-
ments par les- avions soviétiques des villes fin-
landaises du golfede Botnie, exprime l'espoir;
que leur bruit sëra entendu aussi en Suède, et
qu'il rappellera l'a solidarité de tous les Etats,
nordiques,
Les conséquences pour les puissances alliées
d'une défaite de la Finlande
On mande de Londres, le 2 janvier :
Les puissances alliées sont convaincues que là
défaite de la Finlande causerait un grave préju-
dice à leur propre cause, non seulement dans le
domaine moral, mais encore du point de vue
stratégique, écrit le rédacteur diplomatique du
Manchester Guardian, qui ajoute :
Les batailles livrées actuellement sur le sol fin-
landais sont des batailles de la seconde guerre mon-
diale. La présence des coalisés germano-russes sur
les rivages de l'Atlantique Nord, à Petsamo, sur le
fjord de Varanger et à Narvik, seraient dangereuses;
pour les communications maritimes nord de la Grande-
Bretagne. Elle représenterait, pour ainsi dire, un mou-
vement débordant par lequel la coalition germano-
russe chercherait à mettre fin à l'impasse sur le front
ouest, et à menacer la puissance maritime britanni-
que dans le nord-est. Ce sont des dangers de cette
sorte qui obligent les alliés à soutenir les Finlandais,
Les Soviets cherchent à entraîner l'Estonie
dans la guerre contre la Finlande
On mande d'Helsinki, le 2 janvier :
Les relations entre l'U. R. S. S. et. l'Estonie ne
sont pas bonnes, déclare le journal Svenska
Pressen. Staline ( a bien assuré au général Lai-i
doner que l'U. R. S. S. ne voulait pas entraîner:
l'Estonie dans la guerre, poursuit le journal, mais
le gouvernement estonien est très peu rassuré
pour sa neutralité. On peut constater aujourd'hui
que les Soviets cherchent à provoquer des diffi-
cultés entre la Finlande et lEstonie.
La position de l'Estonie est la suivante lé
traité entre l'U. R. S. S. et l'Estonie ne prévoit
d'assistance que si une des deux parties est atta-
quée par une grande puissance. La guerre contre
la Finlande ne vise pas le cas d'assistance. Les
Soviets cherchent donc à obtenir de l'Estonie, pan
des provocations, ce qu'ils ne peuvent obtenir eni
vertu des. traités.
Que veulent les Soviets ? Us ne sont pas satis-
faits des aérodromes qu'ils possèdent en Estonie
et voudraient utiliser tout le territoire estonien
pour leurs opérations aériennes.
Quant au sort de l'Estonie, il n'est pas rassu-
rant. En effet, les Soviets cherchent à faire]
croire qu'ils n'ont pas en vue la soviétisation de
l'Estonie, mais les Estoniens se rendent compte;
que cette soviétisation est à peu près inévitable.
L'Estonie cherche, d'autre part, à ne pas être
entraînée dans la guerre.
Des émigrés russes flétrissent le crime
du gouvernement stalinien
Un groupe de personnalités éminentes de l'émigra-
tion rus6e publie la déclaration suivante .:
Au moment où le gouvernement de L'U R. S. S.-
sème en Finlande la mort, la destruction et le
mensonge, nous élevons la plus énergique pro-
testation contre cette folie criminelle. Le peuplé
russe n'est pour rien dans les crimes que le gou-
vernement stalinien commet en Finlande. Ce gou-
vernement en avait commis, bien d'autres eu
Russie même.
Nous affirmons que les Russes n'ont jamais eui
et ne peuvent avoir aucune hostilité à l'égard du
peuple finlandais, qui défend héroïquement son)
territoire. Entre la Russie et la Finlande il
n'existe aucune question ne pouvant être résolue'
à l'amiable, par un accord pacifique. Or, 'le gou-
vernement de Staline, qui n'a aucun droit de par-
ler au nom de la Russie, vèrse aujourd'hui, en-
plein accord avec Hitler, le sang russe et le sang,
finlandais. Poursuivant des desseins ténébreux,
voulant obtenir des avantages faux ou insigni-
fiants, il prépare à la Russie des catastrophes; ses
crimes seront peut-être payés par le peuple russe.
Nous affirmons que la Russie, libérée du joug
bolchéviste, saura s'entendre avec la Finlande,
sans nuire à ses propres intérêts, et en respec-
tant entièrement les droits et les intérêts de ce
pays, auquel nous exprimons notre profonde
condoléance.
M. ALDANOV; N. BERDIAIEV; I. BOUNINE;
Z. HIPPIUS; D. MEREJKOVSKY; S,
RAKHMANINOV; A. REMIZOV; V. SIRINE;
N. TEFFI; B. ZAITSEV.
EN GRANDE-BRETAGNE
Inspection du roi d'Angleterre
Le roi a passé la journée de mardi à inspecter
une division de l'armée britannique.
Le transport
du corps expéditionnaire britannique
en France
Sir John Gilmour, ministre de la marine mar-
chande, a révélé, dans le Shipping World, que,
pour transporter en France le corps expédition-
naire britannique, il a fallu employer 174 bâ-
timents de toute sorte, qui ont fait au total 400
voyages. Le ministre a ajouté que cette opéra-
tion s'est effectuée conformément aux plans pré-
parés à l'avance.
Le transport de6 troupes devait commencer 4 jours
après que la décision eut été prise d'envoyer un corps
expéditionnaire à l'étranger. Il a fallu, avec un préavis
très court, réquisitionner et adapter tous les navires
nécessaires.
Il faut rendre hommage aux ouvriers des chantiers,
aux dockers, aux autorités des ports et à la marine
marchande pour la façon dont ils ont travaillé nuit et
jour afin d'assurer le succès de cette opération.
LA GUERRE ÉCONOMIQUE
La base de contrôle britannique d'Aden
fonctionne
On mande de Londres :
La base de contrôle britannique d'Aden, celle
qui a été le plus récemment organisée, fonctionne
normalement. Cette base, dit-on, présente un avan-
tage pour la, marine marchande d'Aden; en ell'et,
les compagnies de navigation communiquent leurs
manifestes au ministère de la, guerre économique
à Londres, rendant ainsi possible l'examen de
leurs cargaisons à une phase moins tardive de
leurs voyages vers l'Europe qu'on ne pouvait le
faire auparavant, et permettant également aux
navires de gagner du temps en arrivant dans les
eaux européennes.
Bien qu'aucune décision n'ait encore été prise,
la création de deux ou trois autres bases sembla-
bles est, croit-on, envisagée.
EN PALESTINE
Arrivée de réfugiés allemands
Le cinquième transport de réfugiés, venant du
Reich, depuis le début de la guerre, est arrivé à
Haïfa, à bord d'un navire italien. Il compte 600 per-
sonnes, pour la plupart en provenance du terri-
toire de Tchéco-Slovaquie.
Parmi elles se trouveraient cent enfants n'ayant
plus leurs parents. Jusqu'à présent, le nombre des
réfugiés arrivés en Palestine dépasse. 3,200.
EN ALLEMAGNE
Le problème des carburants
On télégraphie de Berne :
Le manque de carburants est le problème qui in-<
quiète le plus les chefs du commandement mili-
taire en Allemagne,' dit le correspondant de lai
Neue Zûrcher Zeitung à Berlin.
Les besoins du temps de paix, qui se chiffraient
par 6 millions de tonnes pour les 4 millions de
véhicules à moteur circulant en Allemagne, étaient
couverts, depuis 1936, par environ 3 millions de
tonnes de production intérieure. Celle-ci a été
poussée à l'extrême, en prévision de la guerre. Le
reste, était importé, non pas de Russie ou de Rou-
manie - pays qui ne peuvent, dans les meilleures
conditions, fournir au Reich qu'une minime frac-
tion des importations requises - mais surtout du
Venezuela, du Mexique et des Etats-Unis d'Amé-
rique, qui livraient chacun 500,000 tonnes par aiï<
Or, depuis la guerre, ces pays n'entrent plus en
ligne de compte comme fournisseurs.
On a cherché, dès lors, à réduire les besoins en;
carburant par la transformation des camions et
des autobus en véhicules à gazogène. Mais - con-
clut le correspondant - les résultats atteints ne
représentent qu'une économie minime et ils ne
peuvent- en aucun cas couvrir les importations
manquantes.
Les besoins de guerre actuels du Reich en car-
burant sont évalués de 15 à 17 millions de tonnes
par an.
On télégraphie, d'autre part, de Bruxelles :
Suivant une information de Berlin à l'agence
Belga, le nouveau décret du ministre des trans-
ports du Reich restreignant les transports à
grandes distances par camions-automobiles pour
remédier partiellement à la pénurie de pius en
plus grande des carburants est entré en vigueur
le 1er janvier.
Il prévoit qu'aucun transport de marchandises
à grandes distances ne pourra être effectué par ca-
mion sans autorisation préalable des autorités.
Cette autorisation ne sera, en principe, accordée
que si le chargement est assure, tant pour le re-
tour que pour l'aller.
«
AU DANEMARK
Une déclaration de M. Stauning
sur la neutralité
M. Thormald Stauning, président du conseil
danois, a déclaré dans un discours radiodiffusé sur
la situation internationale que le Danemark, avec
ses cinq mille kilomètres de côtes et sa situation
géographique, était obligé de conserver des rela-
tions d'amitié avec tous les pays.
« Le Danemark ne peut avoir qu'une attitude de
neutralité. Prendre part à la guerre ne signifierait
pas grand'chose, mais équivaudrait à la fin de la
nation danoise. »
M. Stauning déclara qu'il ne saurait imaginer
que le sort de la Finlande reste indifférent auç
Etats de l'Europe,
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