Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-01-14
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 janvier 1938 14 janvier 1938
Description : 1938/01/14 (Numéro 27885). 1938/01/14 (Numéro 27885).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
' 3. .- LE TEMPS. r-, 1.4 janvier 1938
%'m LE TEMPS. WÏ£-janvier Ï93S
Chronique
GLORIEUSE AVIATION
L'enthousiasme que soulève l'aviation, lé
prestige qu'elle exerce témoignent, Dieu merci,
que le goût de l'héroïsme n'est pas mort. Car
je crois bien qu'aux yeux des foules le type
? même du héros moderne, c'est l'aviateur. Cer-
tes tout le monde sait bien qu'il est d'autres
métiers qui n'exigent pas moins de courage
que le sien. Mais ils n'en ont pas la beauté, du
moins la beauté extérieure, et c'est un grand
défait, car l'héroïsme doit être décoratif pour
être populaire, et peut-être pour mériter plei-
nement son nom.
- Alors, dira-t-on, vous estimez qu'un sa-
crifice obscur et ignoré est moins héroïque
qu'un exploit d'aviation, parce qu'il est moins
« décoratif. » ? Jé sais une infirmière; et laïque,
qui a sollicité une place dans un hôpital pour
nègres lépreux à Madagascar : ce n'est pas
de l'héroïsme, cela ? !'
- Si ! Mais ne demandez pas aux foules
de s'enflammer pour un tel exemple d'abnéga-
tion de soi-même autant que pour la traversée
de l'Atlantique. Le sacrifice de votre infir-
mière est plus, pur encore que celui de Mermoz
et des antres grands traverseurs des voies pé-
rilleuses de l'air. Mais il ressort plus à la
sainteté qu'à ce, qu'il faut appeler en bon
français l'héroïsme,, car l'idée d'héroïsme
éveille d'abord celle d'action d'éclat, et ce n'est
que par extension, il me semble, que le mot
s'applique à des traits de vertu du genre de
celui que vous citez. Et puis, humainement
parlant, il est d'autres tables de valeurs que
celles du mérite moral. Cette manie de ne vou-
loir apprécier (socialement) que l'effort en soi,
indépendamment de son objet et de son résul-
tat, de considérer que tous les genres d'acti-
vité se valent, et par conséquent que le travail
du gâcheur de mortier mérite le même salaire
que celui de M. Bergson, est d'origine marxiste,
sauf erreur, et elle engendre des idées d'une
fausseté éclatante.
C'est ainsi, qu'on répète souvent de nos
jours, avec un sourire averti, que le soldat
vraiment brave, ce n'est pas celui qui n'éprouve
point la peur ou, pour mieux dire, ne l'éprouve
que peu. mais celui qui, l'éprouvant, la domine.
C'est là ce que M. Hitler appellerait une con-
ception « juive ». Pour ma part, je ne la trouve
pas très plaisante. On la verra développée avec
art . dans le -Bouquet de Glycère de M. Julien
Benda, mais elle est éparse chez beaucoup
d'autres auteurs,-notamment chez' M. Léon
Blum. Et il est parfaitement vrai que, de deux
soldats qui se battent bien, celui qui a du
mérite, c'est celui qui a peur, et que l'autre en a
d'autant moins qu'il craint moins. Mais le plus
brave n'est pas, nécessairement celui qui a le
plus de mérite à l'être': c'est celui qui se bat
e mieux, indépendamment de toute autre con-
sidération. De même, l'homme le plus éloquent
n'est pas celui qui l'est au prix du plus grand
effort, mais celui qui parle et convainc le
mieux, même s'il ne se donne aucun mal. Et
l'homme généreux n'est pas celui qui, né
avare, se contraint à des dons médiocres, mais
celui qui, fût-ce par plaisir, fait de grandes
largesses. Etc. Ne confondons pas les points
de vue. La sainteté, n'est pas nécessaire aux
héros. On se soucie peu, quand il faut choisir
entre deux oeuvres d'art, de savoir quelles
peines elles ont coûté : le mérite moral de
l'artiste n'entre pas en considération, et c'est
fort légitime. La beauté, comme le talent,
comme, le. courage et une foule d'autres qua-
lités, est un don des dieux, et, du point de
vue social, les balances du mérite moral ne
sauraient peser tout.
L'aviation est si belle qu'il faut se féliciter
qu'entre les héros les siens soient les plus
populaires de tous. Mais, si elle suscite des
vocations irrésistibles (j'en connais personnel-
lement un exemple saisissant), croyez-vous
que la célébrité de ses champions, le prestige
dont ils jouissent en soient les seules causes ?
Que non ! Sans doute l'adolescent" rêve d'être
un jour admiré comme il admire. Mais ce qui
l'attire bien plus encore que cet espoir de noto-
riété, c'est la beauté enivrante du métier de
voler. Et qui a connu le bonheur qu'on éprouve
au moment où les roues de l'avion qu'on pilote
cessent de toucher la terre méprisable et où
l'avion se sépare de son ombre, il ne l'oublie
plus jamais. « Gloire à ceux qui, ajoutant aux
ailes d'Icare une" source durable de vitesse,
procurèrent aux hommes une volupté nou-
velle ! Car les ballons mêmes, nefs légères,
flottent : ils ne volent pas. Tout d'abord, lour-
dement. l'avion rampe et roule sur le sol, mais,
à mesure que sa rapidité croît, sa course s'al-
lège, et soudain il plane, et, à cet instant, on
sent littéralement tomber de soi les chaînes de
la pesanteur : le corps sans poids, affranchi de
son antique esclavage, échappe aux liens de la
terre, semblable à un dieu. » J'écrivais celai il
y a vingt ans, pendant la guerre, et cette sen-
sation-là, je n'ai qu'à fermer, les yeux pour la
retrouver intacte et entière.
Il faut, au reste, qu'elle soit délicieuse et que
le métier de voler soit passionnant pour que
ses adeptes lui soient attachés si fort. Pourtant
ce n'est point par des chaînes d'or. Vous seriez
surpris si vous saviez quels sont en France,
nen seulement dans l'armée, mais « dans le
civil », les salaires des pilotes qui risquent
quotidiennement leur vie. A aucun égard leur
métier n'est ce qu'un père de famille appelle-
rait un bon métier.
Cela n'empêche qu'il ne soit passionnément
aimé. On. sait, l'enthousiasme du prince de
Ligne pour la profession des armes : « Si
la gloire ne vous délire pas continuellement,
écrivait-il un jour à des Commençants, ne vous
rangez pas sous ses étendards. Ne dites point
que vous avez du goût pour notre état, em-
brassez-en un autre,-si cette expression froide
vous suffit. Prenez-y garde, vous faites votre
service sans reproche peut-être; vous savez
même quelque chose des principes; vous êtes
des artisans ; vous irez à un certain point, mais
vous n'êtes point des artistes. Aimez ce métier
au-dessus des autres, à la passion; oui, pas-
sion est le mot. Si vous ne rêves pas militaire,
si vous ne dévorez pas les livres et les plans
de la "guerre, si vous ne baisez pas les pas dés
vieux -soldats, si vous ne pleurez pas au récit
de leurs combats, si vous n'êtes pas mort
presque du désir d'eu voir, et de honte de n'en
avoir pas vu, quoique ce ne soit pas de votre
faute, quittez vite un habit que vous déshono-
rez, etc. », car cette déclaration d'amour conti-
nue... C'est ainsi que l'aviation veut être chérie.
Et c'est ainsi qu'elle l'est. Pendant les vacan-
ces dernières, quelqu'un, me rapportait ce mot
d'un jeune pilote militaire, un garçon de vingt-
trois ans, horriblement brûlé dans l'incendie
de son appareil après un atterrissage malheu-
reux : « Ça va encore l'aire du tort à l'avia-
tion murmura-t-il, et ce furent ses premiers
et ses derniers mots. Je n'eu sais pas de plus
touchants. Ce n'était peut-être pas .un saint,
mais refuserez-vous le nom de héros à
l'homme qui parle ainsi ? Je venais de faire
la connaissance de celui qui me citait ces
belles paroles et déjà nous nous sentions amis,
car il était pilote et je l'avais été.
Quelle différence pourtant entre l'aviation de
guerre, telle que je l'avais, connue,, et l'avia-
tion d'aujourd'hui ! Je suis peu au fait des
changements qui ont été apportés depuis vingt
ans dans le monde où l'on vole, et.il n'est pas
très aisé, de les connaître par les livres. Chose
curieuse, l'aviation, celle de guerre et celle de
paix, a peu prêté, à la littérature : en dehors
des traités techniques, les ouvrages qui lui ont
été consacrés sont rares. A ma connaissance
il n'existe guère d'autres livrés où soit peinte
la vie dans les escadrilles du front pendant
la guerre que le roman fameux de J. Kessel,
et le volume que j'ai intitulé En escadrille.
Je m'excuse de le citer ici, mais c'est pour me
donner l'occasion d'une remarque dé détail
qui a son intérêt.
On sait que tout le récit de M. Kessel re-
pose sur ce postulat que l'on encourageait la
formation d'équipages composés d'un pilote
et d'un observateur, afin que, accoutumés à tou-
jours voler ensemble, ceux-ci en vinssent à se
conjuguer mieux. Je dois dire qu'autour de
moi j'ai toujours vu des chefs d'escadrille pra-
tiquer une politique exactement opposée : de
tels équipages leur semblaient peu désirables,
car ils craignaient, lorsqu'un des deux équi-
piers serait en permission,, ou malade, ou
blessé, ou « disparu », ou .tué, que son cama-
rade ne se trouvât fort « dégonflé; » comme on
disait, à tout le moins qu'il ne se sentît peu
en confiance avec un remplaçant : c'est pour-
quoi ils veillaient attentivement à ce que cha-
cun de leurs pilotes changeât d'observateur
pour chaque mission, et réciproquement. Voilà
ce que j'ai'vu autour de moi en 1916-1917;
sans doute n'en était-il pas de même partout...
Quoi qu'il en soit, et pour en revenir à notre
sujet, si la littérature sur l'aviation de guerre
est étonnamment pauvre, elle n'est pas beau-
coup plus riche sur l'aviation de paix : on
compterait sur ses doigts, il me semble, les
romans (je ne parle pas des feuilletons popu-
laires), et les mémoires où des gens du mé-
tier nous la peignent. Et c'est ce qui rendrait
précieux les tableaux de la vie de nos grands
courriers des airs que vient de publier
M. Pierre Viré, et qu'il intitule T. V. B., si
même l'auteur en était dépourvu de talent, ce
qui n'est certes pas le cas.
T. V. B., ce sont les trois lettres qui, trans-
mises par télégraphie sans fil, signifient que
Tout Va Bien à bord. On sait qu'aujourd'hui
chaque équipage d'avion comprend en prin-
cipe un pilote, un mécanicien et un radio
chargé de communiquer avec les postes ter-
restres et autres, qui lui passent constamment
des renseignements utiles et lui indiquent sa
route; c'est lui encore qui, au besoin, établira
par goniométrie la situation de l'appareil. De
memei;qu les, combattants, à#,- la -guerre
n'avaient: qu'à ouvrir. pour y trouver des sujets de contes, M. Pierre
Viré, qui est radio de son métier, n'a eu qu'à
feuilleter ses notes ou à consulter sa mémoire
pour écrire un livre attachant. Et n'est-ce pas
une admirable profession que celle qui com-
porte aujourd'hui encore tant d'aventures ?
Certes la navigation aérienne a bien changé.
La science y a remplacé l'art pour une grande
part. Non seulement la radio, mais les appa-
reils de toute sorte y jouent à présent un rôle
capital. On sait par exemple que, quand l'avion
se trouve dans les nuages ou dans la brume,
le pilote, parce qu'il ne peut apercevoir la
terre, est incapable de se rendre compte par
lui-même s'il vole parallèlement au sol ou au
contraire perpendiculairement au zénith, ou la
tête en bas, ou dans une position moins dé-
cente encore. Aujourd'hui, des instruments tels
que l'indicateur de pentes longitudinale et
transversale, l'indicateur d'orientation et le
contrôleur de vol lui permettent de maintenir
artificiellement son équilibre par les temps les-
plus bouchés.
Pendant la guerre, il n'en allait pas de la
sorte, et combien de fois le plafond trop bas
forçait-il les escadrilles au repos î Néanmoins
il arrivait qu'on, sortît par d'assez vilains ciels
et sans le moindre instrument qui permît de
contrôle^ la position de l'avion, car même sur
les vieux Voisins, sur.les,vieux Farmans, les
vieux Caudrons, le premier soin d'un pilota
digne de ce nom était de faire démonter son
Etévé, appareil d'ailleurs des plus rudimen-
taires. Joignez que ces antiques coucous, sur-
tout les Farmans et les Voisins, très sûrs si
on les pilotait sagement, ne permettaient pas
la moindre descente piquée et se mettaient en
perte de vitesse avec une facilité désagréable.
Malgré cela, il fallait bien traverser d'épais
pans de brume et des couches de nuages d'une
profondeur déplorable avec l'espoir parfois
déçu de trouver le ciel pur au-dessus. Mais
hatons-nous d'ajouter que les périls de la navi-
gation aérienne paraissaient alors si peu de
chose en comparaison de ceux qui provenaient
des canons terrestres, et surtout des mitrail-
leuses célestes. qu'ils ne comptaient même pas.
De nos jours les avions sont devenus sûrs.
Le danger n'apparaît guère que dans les ten-
tatives de records, les raids, les essaie de toute
sorte; il est infiniment faible lorsqu'on se con-
tente de demander à l'appareil ce qu'on sait
d'avance qu'il peut donner, comme il arrive
dans les transports de voyageurs. En somme
on peut déjà entrevoir le jour où il n'y aura
pas besoin de plus d'héroïsme pour piloter un
avion que pour piloter un train rapide, et ce
sera au mieux.
JACQUES BOULENGER.
Journée parlementaire
A LA CHAMBRE
APRÈS L'ÉCHEC DE M. JACQUES DUCLOS
.Les polémiques engagées dès mardi soir entre
les diverses fractions du Rassemblement popu-
laire au sujet de l'élection des vice-présidents, de
la Chambre et-de l'échec du. candidat communiste,
M. Jacques Duclos, se sont poursuivies hier après-
midi, où les commentaires faits, le matin même
dans l'Humanité ont été sévèrement jugés,.
Une déclaration de H. Sérol
C'est ainsi que M. Albert Sérol, président du
groupe socialiste S.F.I.O., a fait dans les couloirs
la communication suivante : . . ?
Il est très regrettable, qu'à l'occasion de l'élection
des vice-présidents de la Chambre, l'Humanité ait cru
dévoir se livrer & une insinuation' à' l'égard des députés
socialistes, sous la forme suivante:
« Que'diront les travailleurs en apprenant que cer-
tains députés socialistes ont laissé voir- leur bulletin
de vote avec le nqn de Jacques Duclos rayé? »
Le groupe socialiste au Parlement, toujours Adèle,
au Front populaire, a respecté, avec discipline, sa déci-
sion unanime - qui d'ailleurs n'avait pas soulevé la
moindre discussion - de voter pour la liste du Front
populaire. Il est au-dessus -de toutes les- allégations
malveillantes, qui pourraient être formulées à. ce sujet.
Le groupe parlementaire socialiste, conscient d'avoir
toujours fait son devoir, tant à l'égard de la classe
ouvrière et paysanne dont il est le mandataire que du
Rassemblement populaire dont il a à tout -instant, sans
éclipse et 'sans défaillance, respecté la discipline, ne>
s'attardera pas plus longtemps à ces-polémiques Injuriés,
inutiles et déplacées. ?
Fidèle au serment du 1-1 juillet, conscient du péril
fasciste. et désireux de ne favoriser aucune entreprise
de division, il est certain que tous ses membres feront
aujourd'hui, comme mardi, le nécessaire, pour déjoua»'
les'manoeuvres de la réaction et assurer l'élection., de
Jacques Duclos, candidat unique du Front populaire.
"5 ' ' ' ' ' ' .: ' ' ' ',1 " : ' '1 * '
Une mise au point de M. René Lebret
De son côté, M. René Lebret, député, maire
d'Elbeuf, président de la commission du commerce,
membre de l'Union socialiste et républicaine, qui,
sans être candidat, a recueilli, mardi, 56 voix, lors
de .l'élection des vice-présidents, a déclaré :
Je notais pas candidat au premier tour de scrutin.
Je lie le serai pas davantage au scrutin de ballottage.
Les sollicitations pressantes dont j'ai été l'objet de
la part de nombreux amis qui appartiennent aux frac-
tions les ,plus diverses de l'Assemblée,, et que je remer-
cié, ont répondu avec éloquence aux insinuations per-
fides imprimées ce matin dans le journal officiel- du
parti communiste qui a, d'ailleurs, l'habitude de ce
genre d'opérations contre les membres de la majorité.
Un démenti de M. Charles Lussy
Enfin M. Charles Lussy, député socialiste de j
Vaucluse, mis aussi personnellement en cause par
un rédacteur anonyme de l'Humanité, a adressé
au directeur de ce journal, M. Marcel Cachin, séna-
teur, un démenti que publie ce matin le Popu-
laire. Voi.ci le passage essentiel : j
L'humanité de ce matin, sous le prudent anonymat,'
d'un écho, affirme que, hier, « le bruit courait avec,
persistance » dans les couloirs parlementaires qu'un
« certain nombre » de députés socialistes auraiènt, pour
l'élection des vice-présidents, trahi la décision dç leur ,
propre groupa' et la discipline du Front populaire i
'« Serait-Il vrai », ajoute-t-on, -quelle formule facile !
pour une diffamation sans preuves, - que parmi ces
indisciplinés se trouvaient « Charles Lussy et Espar-
bès »? -I
Je proteste avec indignation contre une telle pratique
qui n'a même p cLS pour excuse l'ombre de l'apparenoe
d'une raison avouable. Je donne à cette perfide, question
de démenti le plus formel.
A la commission de législation civile
et criminelle
La commission de législation civile et crimi-
nelle ' à continué, 'hier, 1 examen- des propositions
tendant à réglementer le séjour des étrangers en
France. Elle a entendu le rapport de M. Lévy sur
des articles qui avaient été antérieurement ré-
servés.
Elle a décidé, avant d'adopter un texte définitif,
d'entendre les ministres de l'intérieur et du tra-
vail.
M. Mallarmé a ensuite fait un exposé sur les
propositions autorisant la francisation des noms
patronymiques des naturalisés.
Le rapporteur a signalé les difficultés très gra-
ves que pouvait faire naitre ' l'adoption pure et
simple de ces textes.
Par contre, retenant l'idée essentielle et,inté-
ressante des deux propositions, M. Mallarmé a sug-
géré une simplification des formalités actuelle-
ment nécessaires, pour obtenir le changement de
nom;:
La commission s'est rangée à son avis et l'a
chargé de rédige* un texte qui aurait pour but' de
remplacer les dispositions de la loi du 11 germinal
an XI. -y. Y'
. La commission a entendu ensuite M. Lévy dans
son rapport sur la proposition tendant à prévenir
les délits et les crimes par des mesures d hygiène
mentale et de prophylaxie criminelle.
La commission a admis le principe de la pro-
position et a chargé MM. Lévy et Bastide d'établir
le texte qui lui sera définitivement soumis.
Enfin, la commission a rejeté la proposition de
résolution.- relative- à l'application du décret du
2 juillet 1937 pour la répression de la hausse-illé-
gitime» /. . î'
An groupe de l'automobile
Au groupe de l'automobile, M. de Chappedelaine,
président, a rendu compte des efforts faits pour
s'opposer à l'augmentation des droits sur l'essence
et a exprimé le regret que les suggestions du
groupe n'aient pas été entièrement suivies. Une
discussion s'est ensuite instaurée à laquelle" ont
pris part MM. de Chappedelaine, Gérente, Cousin,
Triballet, Candace, Gaou. Gaillemin, du Luart,
Niel, Michard-Pélissier, Peugeot, Larguier, Co-
lomb, Masteau et Moneelle, et le groupe a chargé
une délégation d'étudier le texte d une proposition
tendant, à obtenir du gouvernement qu'il ne pro-
cède plus par décret à une augmentation des
droits, en attendant que soit régie le problème du
carburant national.
Une protestation du syndicalisme chrétien
Le groupe du syndicalisme chrétien, réuni sOus
la présidence de M. Peissel a protesté contre le
fait regrettable que la Confédération française des
travailleurs chrétiens ait été exclue des pourpar
1ers" qui viennent de sengager pour l'élaboration
d'un .statut moderne du travail.
L'ancienneté des syndicats chrétiens, l'impor-
tance de leurs effectifs, l'esprit de collaboration
qui: anime leur activité intense et variée, auraient
amplement justifié leur participation aux , débats
en, cours.
Le groupe a insisté sur cette idée que la vraie
liberté, syndicale implique une pleine égalité de
droits entre les groupements des diverses ten-
dances. .
A la commission des pensions
La commission des pensions a entendu lés dér
légations de l'Association générale des amputés do
guerre.
M. René Besse a donné lecture de son rapport
sur les textes tendant à étendre ? le. statut des
grands mutilés et à modifier le statut des grands
invalides de guerre.
La commission a adopté le rapport de M. René
Besse et décidé d'entendre le ministre des pen-
sions avant de se prononcer définitivement.
L'affichage
de la déclaration des droits de l'homme
La commission de l'enseignement a adopté la
résolution tendant à inviter le gouvernement à
faire afficher dans .toutes les écoles la déclaration
des. droits de l'homme et du citoyen.
ARMEE
Conseil supérieur de la guerre
Sont-nommés membres du conseil supérieur de
la guerre :
maréchaux de Franc "?
MÎT. Pétain et Franchet d'Espèrey. .
'/-Les généraux de division
MM. Gamelin (vice-président). Dufieux (jus-
qu'au 21 mai 1938), Mittelhausser (jusqu'au 7
août 1938), Georges, Billotte, Prételat, Bineau
(jusqu'au 2 mai 1938), Huré (jusqu'au 11 février
1938), Héring, Dosse, Noguès, Colson, Condé et
Besson. ' ' ' Y -
Etat-major général
MUTATION ,
v'; M. le général de brigade Rupied, commandant
la 6e brigade de cavalerie, est nommé directeur de
la cavalerie au ministère de la défense nationale
çt .de la guerre.-
A la manufacture d'armes de Chatelleraul
Le général Gamelin, vice-président du conseil
supérieur de la guerre; les généraux Georges, Dùf-
fieux,. mittelhause, Billotte, Prételat, Hure, Héring
Doss, Colson, Condé et Besson membres du con-
seil supérieur de la guerre, accompagnés chacun
d'un officier d'état-major, et l'ingénieur-général
Happich, directeur des fabrications d'armement au
ministère de la défense nationale, se sont rendus,
"hier, à Chatellerault. A leur arrivée, ils ont été
reçus par le général Missery, commandant par in-
térim, à Tours, la 9° région, et par l'ingénieur
Jéantrel, directeur des manufactures nationales
d'armes.
Les membres du conseil supérieur de la guerre
ont Visité la manufacture nationale d'armes et se
sont occupés de l'examen de diverse^ études tech-
niques.
Le général Gamelin a fait la déclaration sui-
vante : - ... ' :.n, ,
>9i la guerre à. Châtellerault constitue simplement une
?.visite normale de documentation; Nous avons
trouvé une manufacture bien dirigée, qui donne
satisfaction au haut commandement. »
La Légion d'honneur des mutilés 100 0/0
Le Journal officiel publie ce matin une liste de
promotions et de nominations dans l'ordre de la
Légion d'honneur, concernant des mutilés de
guerre, titulaires d'une pension d'invalidité défini-
tive du taux de ,100 0/0 pour infirmités résultant
de blessures de guerre.
Cette liste comprend : 1 grand-officier : M. La-
garde (Pierre), colonel d'artillerie en retraite;
2 commandeurs : M. Larmignat (Georges), chef de
bataillon d'infanterie en retraita; .'M.' Tochon (Ja-
mus), ancien chef de bataillon au 32° régiment
d'infanterie. .
.-La liste comporte également 7 officiers et 221
chevaliers.
MARINE
j Mouvements de bâtiments
Les croiseurs de la 4* division de- croiseurs,
Georges-Leygues, Gloire et Montcalm) ont quitté
Singapour à. destination de Saigon.
Le croiseur école d'application Jcanne-d'Arc,
venant de Saigon, est arrivé à Soerabaya le 1Q jan-
vier. - '
. AIR
I Une mission parlementaire aéronautique à Rabat
---Une mission parlementaire aéronautique, pré-
! sidée par M. Bossoutrot, est arrivée à Rabat à midi.
Après avoir déjeuné à la résidence, la mission s'est
rendue ad' mausolée du maréchal Lyautey, où elle
à déposé tme gerbe de fleurs- Elle a ensuite ins-
pecté l'installation de la base aérienne. 1
NOUVELLES DU JOUR
A l'Elysée
Le président de la République a reçu, hier après-
midi, M.'Pierre Béranger, député; les.préfets de
Seine-et-Oise, de l'Isère, de la Savoie; le prési-
dent et les membres du bureau du Touring-Club
de France; le président et les membres du bu-
reau du syndicat de la presse républicaine dépar-
tementale.
Le président de la République et Mme Albert
Lebrun donneront, le 19 janvier, au palais de
l'Elysée, le grand dîner annuel, suivi de récep-
tion _en l'honneur du corps diplomatique.
A la présidence du conseil
M. Camille Chautemps a reçu le nonce aposto-
lique, qui est1-venu lui remettre, de la part du
pape, les insignes de grand'croix de l'ordre de
Pie IX, qui lui ont été conférés par le Saint-Père.
Le président du conseil a exprimé au nonce ses
remerciements, en se félicitant de la marque d'es-
time que le Saint-Siège a voulu donner au gouver-
nement de l.a,République française.
La situation du marché des changes
Les députés se sont montrés généralement,
préoccupés, hier après-midi, dans les couloirs, de
la tension des reports sur la livre, au marché à
terme, et des conséquences monétaires et. poli-
tiques qui pourraient en résulter.
Ils estimaient, en effet, que le fonds d'égalisa-
tion des changes avait dû se trouver amené à
intervenir depuis plusieurs jours déjà pour main-
tenir la livre à son cours, au comptant, et que
c«t effort risquait pour lui d'étre épuisant, si une
amélioration du « climat » ne pouvait être obte-
nue rapidement dans le domaine social et politique.
Diverses éventualités ont été à ce sujet envi-
sagées, et il apparaissait qu'au cours des pro-
chaines journées, des décisions importantes
devraient être prises.
A la présidence du conseil
>M. Camille chautemps a eu, hier soir, après la
réunion qui s'était tenue à. l'hôtel Matignon, un
long .entretien avec M. Georges Bonnet sur la
situation,financière. A celte conversation est venu
prendre part. M. Edouard Herriot, qui voulait sou-
mettre , à M. Chautemps les lignes générales du
discours qu'il doit prononcer aujourd'hui.
L'entretien entre les trois hommes politiques a
duré près de deux heures. La décision a été prise
de convoquer pour ce matin un conseil de cabinet
exceptionnel. Le. ministre des finances a, une fois
de plus, insisté sur l'absolue nécessité de mettre
fin. dans l'intérêt supérieur de la défense du franc,
à I agitation, s'ociale qui s'est manifestée ces temps
derniers. M, Georges Bonnet n'a pas caché au chef
du gouvernement que la persistance de cette agi-
tation gênait considérablement son action.
A. l'issue de la réunion, M. Chautemps a déclaré
aux journalistes que le gouvernement était' à la
limite de la conciliation, que les nouvelles dispo-
sitions envisagées en vue du « statut moderne du
travail » rendraient sans excuses de nouvelles vio-
lations de la loi et que le gouvernement serait
obligé., d'y mettre un terme.
Un discours de M. Paul Reynaud
Prenant la parole, hier soir, dans une salle du
2e arrondissement de Paris, M. Paul Reynaud a
parlé de la situation politique et de la crise éco-
nomique.
L'ancien ministre des finances a dit notamment:
Nous sommes arrivés au point où il va falloir ré-
soudre à la fois toutes les crises : éoonomiqué, sociale,
financière, monétaire, crise de nos alliances, crise de
notre défense nationale.
Chacune de ces crises aggrave l'autre. Comment en
sommes-nous venus là? Pourquoi le ministère Chau-
temps a-t-il échoué î
Ce n'est pas faute d'intelligence et d'habileté; c'est
faute d'avoir dit la vérité au pays. C'est faute d'avoir
fait naître, en lui, par l'évocation du danger, ce sen-
timent irrésistible qu'est l'instinct de la conservation.
Car, je le dis en pesant mes mots, la situation est
aussi gravé que lorsque la Révolution dressait aux car-
refours des estrades où l'on proclamait: « La patrie
est en danger 1 » C'est, seulement en disant le péril,
c'est en le criant qu'on peut sauver le pays. Comment
détourner les classes en conflit de la contemplation
de leurs intérêts individuels si ou ne. leur montre pas
jun intérêt, supérieur qui les domine tous ? .';fi .
.Au diapason auquel lçs querelles sont .'montées, il
n'est plus possible de gagner du temps avec'des habi-
letés de procédure. ,
Il faut abattre les cartes de la France. Ce ne sont
pas les cartes d'un parti ou d'une classe. Ce sont celles
de notre peuple tout entier: ouvriers, paysans, indus-
triels, commerçante, intellectuels.
Il faut d'urgence accroître notre production de
guerre, comme nos amis en Europe nous en adjurent,
et il faut accroître, aussi, la production des richesses
consommables pour que l'économie du pays puisse
supporter oet effort. Pas plus chez noue que dans les
pays totalitaires, ce but ne pourra être atteint par une
politique qui paraîtrait dirigée contre la classe ou-
vrière dont l'effort est nécessaire pour que le pays
puisse vivre et s'armer. Mais l'ouvrier qui, aujourd'hui,
refuse d'augmenter son effort, en déclarant qu'il ne
veut pas enrichir son patron, le refusera-t-il pour dé-
fendre sa femme et ses enfants î
M. Paul Reynaud a ajouté :
La meilleure manière de restaurer le crédit de la
France, c'est de montrer que la France veut vivre. Que
l'on cesse de nous dire que le rétablissement financier
est fait, en avouant que le rétablissement économique
est à l'aire. Que l'on n'aille pas, demain, pour masquer
l'échec, chércher une fois de plus dans le magasin
des accessoires le fantôme du spéculateur. Il est temps
de regarder les faits en face, comme un peuple viril
doit le faire.
Je demande l'unanimité'française pour éviter l'écrou-
lement économique et la guerre.
Certes, si la guerre éclatait, cette unanimité se ferait
comme en 1914, avec la même rapidité et le même en-
thousiasme. Mais n'allons-nous pas faire l'économie
d'une catastrophe ?
A côté' do pays unanimes, dont la. force ascendante
ne peut être équilibrée que par le faisceau de toutes
les énergies, continuerons-nous à nous laisser conduire
par les événements ? N'arriverons-nous à l'unanimité
que quand il sera trop tard ?
Là encore, jo viens vous dire: « N'attendez pas, ne
faites pas l'opération à chaud. » '
La guerre rôde autour des nations pacifiques. Elle
s'abattra 6ur les nations divisées.
Pour barrer la route à la guerre, aucun sacrifice!
n'est trop lourd. Mais avant d'agir, il faut comprendre^
M. Paul Reynaud a conclu qu'il est temps d'où-;
vrir les yeux au pays.
Au Comité exécutif
du parti radical et radical socialiste
Le bureau du comité exécutif du parti radical et
radical socialiste communique :
Le bureau du comité exécutif du parti républi-
cain radical et radical socialiste, réuni sous ; la
présidence de M. Edouard Daladier, g'wt préoc-
cupé de l'organisation du comité exécutif . du
19 janvier et de son prochain congrès..Il a enre-
gistré avec satisfaction ' l'activité des fédérations
du parti, dont les aspirations sont en plein accord
avec celles du comité exécutif.;. : '
Les délégués du parti au comité national de
Rassemblement populaire ont rendu compte de la
séance extraordinaire cjui s'est tenue le lundi
10 janvier sous la présidence de -RL Victor Basçb.
Ils ont analysé les déclarations faites à cette as-
semblée par les représentants de la- (J. G.'T. efc
donné communication du projet de manifesté ré^
digé par celle-ci à la demande de M. Victor Basch.
Après en avoir délibéré, le bureau du parti ra-
dical a voté à l'unanimité l'ordre du jour sui-
vant : ,
Le parti'radical affirme qu'il reste fidèle à l'idéal qui
a inspiré les réformes sociales, réalisées .par le Parle-
ment et les pouvoirs publics, ainsi qu'à leur loyale
application. Il maintient son adhésion aux idées qui
inspirent le .programme du Rassemblement populaire,
accepté par le parti radical dans ses congrès nationaux.
Il fait confiance au président du conseil, qui a pris
la courageuse initiative d'organiser la paix'sociale dans
notre pays, pour proposer au Parlement, faire Voter
par lui, et appliquer les- textes nécessaires -à la colla-
boration de toutes les forces productrices de la na-
tion.
Une telle collaboration est rendue. indispensable à
la fois par les difficultés d'ordre intérieur ,et par , la
situation internationale dont la gravité menacerait de
s'accroître'par des discordes civiles.
En conséquence, il estime que la ' publication d'un
manifeste lui apparaît inopportune dans les circons-
tances présentes.- ' ' . '
Dans la magistrature
M. Eugène Penancier, avocat à la cour d'appel
de Paris, ancien garde des sceaux, vient d'être
nommé premier président de la cour d'appel do
Chambéry.
Il avait été sénateur de Seine-et-Oise. pendant
de .nombreuses années. Inscrit à la Gauche démo-
cratique de la haute Assemblée, il avait, été mi-
nistre de la justice dans les cabinets Daladier
.constitués-en 1933 et 1934. Battu au dernierre-
nouvellement, il avait de nouveau consacré sont
activité au barreau.
Sont nommés : 1
' Jug au tribunal de première''ïnstânbe de la
Seine, M. Bernard, jugé adjoint'audit tribunal', en
remplacement de M. Morand, qui a été admis , à
faire valoir ses droits à la retraite.
Juge adjoint au tribunal de première instance
de la Seine, M. Bourguignon, juge assesseur de
première classe audit tribunal, en remplacement
de M. Bernard.
Jugé d'instruction adjoint au tribunal de pre-
mière instance ,de, la Seine, M. Crenn, juge d'ins-
truction de première classe, au tribunal de pre-
mière instance de Brest, en remplacement de
M. Plessis, non-acceptant, et dont -la nomination
a été rapportée. . ..
Légion d'honneur
GRANDE CHANCELLERIE -
Sont élevés .i la dignité de,: .
Grand'croix
Le médecin général Polin, membre du conseil de
l'ordre. '
Sont promus ou nommés :
Commandeurs
Le lieutenant-colonel Buttin, secrétaire.' général de la:
sooiété d'entr'aide des membres de la Légion d'honneur.,
Le lieutenant-colonel Vocard, chef de division hono-
raire de la grande chancellerie.
: Officiers 1
MM. Calvière, consul général en retraite; Duhourcau,
administrateur on chef honoraire des colonies; Dupuis,
commis d'ordre et de comptabilité de classe exception-
nelle en retraite; Garnier, chéf du mouvement hono-
raire des chemine de fer de l'Est; Laforgue, préfet!
honoraire; Mallez, ancien capitaine adjudant-major du,
4' régiment de marche; Lapoirie, trésorier-payeur gé-
néral honoraire; Monnet, conseiller honoraire à la cour
d'appel de Paris; Sabatier, médecin commandant en
retraite.- - : . . i > , .
Chevaliers
MM. Bansard, ancien fonctionnaire de commissariat
colonial; Bennet, directeur honoraire d'école primaire
supérieure; Boudier, ingénieur-dessinateur spécial-, de
l'artillerie en retraite; Bernard, ingénieur principal
honoraire des chemins de fer de l'Etat; Bichet, profes-
seur honoraire au collège de Saint-Nazaire; Bockélec,
percepteur hore classe en retraite ; Bonnot, agent tech-
nique principal de la marine en "retraite ; Bouchard,
proviseur, honoraire du lycée, de Bourges; Cabois,
inspecteur honoraire de l'enseignement primaire ; De-
cencière, secrétaire général honoraire de la mairie de
Bagneux; Dutriaux, inspecteur ,honoraire à, la compa-
gnie du,chemin, de fer du Nord;, Falk, président chambre honoraire de la coUr d'appel d'Hanoï;
Mme veuve Fauchère, née Olémens, directrice hono-
raire d'école primaire supérieure.
MM. Fourteau, ingénièur 'honoraire à -la compagnie
du chemin de fer de Paris à Lyon et à la-Méditerranée;
Gauthier, instituteur en retraite; Gignoux, professeur
agrégé honoraire au lycée dé Rouen ; Humbert, ancien
maire de Labroque ; Joannon, avocat honoraire; Lafon,
professeur honoraire ; Ledanois, directeur honoraire
d'école primaire supérieure; Le Dore, receveur dés
P. T. T. en retraite; Mirouse, percepteur hors classe
honoraire; Permention, président de l'association des
retraités civils et militaires des Pyrénées-Oriéntales ;
Perrot, inspecteur des P. T. T. en retraite; Place,
inspecteur principal .honoraire de l'enregistrement;
Poil, professeur en retraite ; l'abbé, Py»s.ancien,-aumônier
volontaire; Revoy, professeur agrégé honoraire àui
lycée Condorcét; Soussan, président d'honneur d'oeu-
vres de bienfaisance; Thollon, inspecteur honoraire des
études à l'institution nationale des sourds-muets de»
, Paris, . ,
. F1UILLETOS DU
DU 14 JANVIER 1938
: - ; ' - .. '. ' i '.
-..Y,:: I- :? J .Y
Les actualités médicales
LES MERYCISTES
Les journaux anglais ont annoncé la mort,
à Wolverhampton, d'Hadji Ali, qui fut sur-
nommé tantôt « l'homme aux deux estomacs »,
tantôt « le volcan humain »t> ou encore
« l'homme-autruche », et qui était un des
mérycistes les plus parfaits que l'on put voir.
Tout comme d'autres dont nous parierons plus
longuement, il avalait billets de banque, pois-
sons vivants, etc.} et les restituait à la demande.
C'est là un phénomène auquel il nous a été
donné d'assister assez fréquemment, et qui, s'il
mérite quelques explications, n'est pas aussi
extraordinaire que beaucoup le pourraient sup-
poser.
Le mérycisme est une anomalie physiolo-
gique grâce à laquelle l'homme, faute sans
doute de pouvoir faire l'auge, fait en quelque
sorte la bête, en ce sens qu'il rumine à la façon
de pas mal d'animaux. Chez le « privilégié »
de ce genre, les aliments remontent facilement
de l'estomac dans la bouche, où ils peuvent être
déglutis line seconde fois. Il est curieux de
constater que cet acte, que nous considérons
volontiers comme répugnant, ou bien ne déter-
mine chez le méryciste aucune sensation par-
ticulière ou bien lui est agréable, au témoi-
gna 'je de quelques-uns, dont le regretté pro-
fesseur Raphaël Blanchard, qui déclarait que
saîy'ou' «i une fois de plus un plat fin est une
jouissance redoublée.
Si l'on a pu étudier à loisir et dans les détails
'comme on le verra) le mécanisme de cette
tnomalie. c'est qu'asseg souvent les mérycis-
tes s'exhibent en public - et en tirent des béné-
fices appréciables - et qu'ils n'hésitent pas à
se'prêter aux recherches de tout ordre qui nous
ont amplement renseignés à leur sujet. Le
mérite de cette bizarrerie (s'il en est un) revient
le plus souvent à la nature, car on naît méry-
ciste, et il est rare qu'on le devienne. L'héré-
dité joue, à n'en pas douter, ue rôle en l'affaire.
On a, en effet, rapporté l'histoire d'un homme
ruminant depuis son jeune âge qui avait trois
frères lui ressemblant à cet égard et qui a pro-
créé six enfants présentant la même particu-
larité. Toutefois on a noté qu'une sorte de con-
tagion morale pouvait entraîner les mêmes
conséquences, ce qui démontre qu'il y a par-
fois des mérycismes non plus innés, mais
acquis. On a raconté d'autre part qu'un phy-
siologiste en était arrivé là bien malgré lui à
la suite de nombreuses expériences qui con-
sistaient à avaler une éponge retenue à un fil
à seule fin de se procurer des échantillons de
son propre suc gastrique. Il eut d'abord des
régurgitations qui devinrent ensuite sponta-
nées, pendant un certain temps tout au moins.
La première observation de mérycisme qui
ait été publiée l'a probablement été par Fabrice
d'Acquapendente, célèbre anatomiste et chi-
rurgien qui; professa à Padoue au seizième siè-
cle. Depuis lors on eh a pu lire de nombreuses.
Elles restèrent des curiosités tenues pour dif-
ficilement explicables jusqu'au jour où l'on
s'attacha à en dissiper le mystère §n mettant à
profit toutes les occasions d'étudier le phéno-
mène et aussi tous les moyens d'investigation
que la science a mis à notre disposition. Des
médecins ont même exposé leur cas personnel
comme Raphaël Blanchard dont on rappelait
tout à l'heure l'opinion originale et dont l'auto-
observation est fort instructive.
Avant d'aborder ce chapitre, n'oublions, pas
qu'il ne faut pas confondre le mérycisme vrai,
qui ne s'accompagne d'aucun effort, avec les
régurgitations des dyspeptiques et de certains
aéropbages où l'on observe un côté patholo-
gique indéniable et où les aliments ont, lors
de leur retour, une saveur franchement dés-
agréable, sinon plus. D'autre part il est des
sujets dont la rumination est naturelle, qui
agissent ainsi involontairement après chaque
repas, poussés par une sensation de plénitude
gastrique ou quelque autre avertissement indé-
finissable, disent-ils, gui les fait demeurer & la
tète penchée en avant, la langue collée au
palais » dans l'attente du bol alimentaire qui
va remonter spontanément. Il sied de ne pas
oublier non plus que le mérycisme se voit assez
souvent sous forme de symptôme transitoire
dans l'enfance chez certains sujets au système
nerveux héréditairement touché, mais dispa-
raît dans le plus grand nombre, des cas à l'âge
adulte. Nous arrivons, après cette discrimina-
tion, aux grands premiers rôles, ceux qui rumi-
nent à volonté et le font soit pour étonner leur
entourage, soit pour en tirer quelque profit, et
qui entretiennent soigneusement en eux cette
particularité. Ce sont ces derniers qui ont été
le;mieux étudiés et dont on s'occupera de façon
exclusive.
Voici, par exemple, , un Russe, Roginsky,
lequel fut l'objet d'un examen minutieux aux
rayons X de la part de M. Chalier. Ce qu'il pou-
vait faire était des plus curieux. Il avalait avec
facilité des quantités énormes, d'eau, jusqu'à
cinq litres, et les restituait sous la forme d'un
jet d'eau plein de grâce à l'extrémité duquel il
se plaisait, à l'instar de ce que l'on voit dans
les tirs forains, à faire danser une coquille
d'oguf. D'autres fois, il ingurgitait de la sorte
un litre de pétrole et le projetait ensuite sur
une flamme qui allumait le jet sans que
l'homme parût le moins du monde gêné. Mais
le spectacle était infiniment plus goûté encore
lorsqu'il se transformait en homme-aquarium,
avalait , une forte quantité d'eau puis des pois-
sons rouges et à volonté rendait au jour un
ou plusieurs de ces petits animaux qui demeu-
raient parfaitement vivants. Il couronnait ses
exercices en absorbant, enveloppés dans de
petits sacs de caoutchouc, des billets de ban-
que de valeur variable et les restituait dans
l'ordre où on les réclamait sans jamais se
tromper ni frustrer ceux qui s'étaient risqués
à les lui confier. Il est -bien certain qu'à pre-
mière vue fout cela paraissait un peu sorcier.
On l'a cependant expliqué très simplement.
Roginsky, eut des successeurs ; il avait eu
des prédécesseurs, ne serait-ce que Norton, que
nous avons pu voir sur les scènes de quelques
music-halls et qui , a été étudié par M. Fàrez
(comme le précédent, d'ailleurs), avec la colla-
boration de M. Desternes comme radiologue.
Norton était un méryciste de naissance qui
était parvenu à développer considérablement
sa faculté de régurgitation grâce à un entrai;
nement ininterrompu et sévère. On a conté que
dès le lycée il-s'amusait à absorber un grand
nombre de verres d'eau et à les rejeter à l'heure
de la récréation dans le dessein de stupéfier
'.ses petits camarades. Ce serait par hasard que,
étant en partie de pêche, il s'était avisé qu'il
pouvait avaler un petit poisson et le restituer
. en pleine vie au bout de quelques instants.
D'homme-jet d'eâu il s'était transformé, lui
aussi, en homme-aquarium, et il vit là une
' façon origiùâle de gagner sa vie le. jour où des
revers de fortune l'eurent privé de sa situation.
Il exploita alors ce qui n'avait été pour lui jus-.;
que-là . qu'un passe-temps ou un talent de
société, comme on voudra.
On jkmrrait multiplier ces exemples, et par-
ler notamment d'un employé de chemin de
fer, étudié à Marseille par MM. Monges,
: Huguet et Silvan, et qui, de même, -développa
par l'entraînement le mérycisme qu'il possé-
dait de naissance. Comme ceux dont on vient
de parler, il faisait le jet d'eau ou l'aquarium
fà volonté, et aux petite poissons ajoutait des
grenouilles sans plus de dommage {jour
celles-ci que poùr les premiers. Lui aussi était
un buveur extraordinaire qui avalait sans
contrainte sept à huit litres de liquide. Il, rêvait,
à-Tépaque où son observation fut î publiée, de
monter comme les autres sur les planches. On
. ayoue ne pas savoir si ce rêve a été réalisé.
b ; passons maintenant à l'explication de cette
bizarrerie. Bon nombre de ces sujets présen-
tèrent, quand on mit en jeu les rayons X, un
estomac particulièrement intéressant. « Esto-
I mao d'une forme normale, disait M. Desternes
interprétant les clichés pris sur Norton, s'adap-
tant parfaitement à son contenu et doué d'une
tonicité et d'une élasticité remarquables ainsi
i que d'une musculature puissante renforcée en-
core en certains points, notamment; dans la
région sus-pylorique, possédant enfin une
i contractilité très marquée... bref, l'estomac
idéal », et cette description nous démontre, s'il
[ en était besoin, qu'il n'y a dans ces faite rien
j de pathologique, on pourrait dire au contraire,
i Or, si nous refléchissons que ramener dans la
! bouche ce qui est dans l'estomac est seulement
j une affaire de contraction musculaire, nous
[ comprendrons qu'un individu aussi bien , doué
! à cet égard puisse accomplir des choses que le
commun des mortels considérerait comme au-
dessus de ses moyens, et cela surtout lorsque
1 l'entraînement intervient,
Mais il n'y a pas que les muscles propres de
l'estomac qui soient susceptibles dè réaliser ce
phénomène physiologique. Chez Roginsky
comme chez le.cheminot marseillais, cet organe
n'y était pour rien. Il était bien extensible au
suprême degré et pouvait affecter dès propor-
tions supérieures à celles d'un estomac moyen,
mais sa contractilité n'avait rien de particuliè-
rement remarquable. C'était chez lui d'autres
muscles qui entraient en jeu et notamment le
diaphragme d'une part et, de l'autre, les mus-
cles de la paroi abdominale. Le dernier nommé
était, d'ailleurs, parfaitement musclé en toutes
les parties de son corps, et l'était tout spéciale-
ment en ce qui concernait les régions. dont
on vient de parler. L'estomac, chez lui, restait
donc passif et c'était du dehors que venait l'in-
tense contraction qui vidait l'organe de son
contenu.
On comprend maintenant pourquoi la plu-
part de ces « artistes » commencent par avaler
des quantités d'eau impressionnantes. Il faut,
notamment dans le dernier cas, que l'estomac
soit plein et tendu pour que la poussée muscu-
laire veque du diaphragme ou de la paroi
abdominale agisse au maximum. Mais on com-
prend aussi qu'il soit nécessaire dé se soumet-
tre à un entraînement continu pour discipliner
ses muscles au point de leur faire restituer
dans le rythme et sous la forme voulus ce que
contient la poche gastrique. D'autre part, quel
que soit le mécanisme qui agisse, ce contenu,
dans une première phase, passe dans l'oeso-
phage, et celui-ci est appelé à prendre sa part
de travail dans l'ensemble. Lui aussi se con-
tractera donc de façon vigoureuse, mais il le
fera moins brutalement et même avec mesure
lorsqu'il s'agit tout au moins de faire une sélec-
tion dans ce que le méryciste veut ramener au
dehors. Et ceci nous amène à considérer la der-
nière partie de ces exercices surprenants, celle
où l'homme restitue à volonté poissons, gre-
nouilles ou billets de banque.
Ici il n'est plus question, semble-t-i], que
d'une discrimination qui se fait tout simple-
ment dans la bouche et non pas d'un instinct
tout particulier, allégué cependant par les inté-
ressés, et qui leur permettrait le choix au dé-
part de la poche gastrique. Encore moins
peut-on parler, comme on l'a fait, de deux
estômacs. Remarquons, en effet, que tous les
objets ont une forme différente. C'est évident
jxmi; lej animaux, et une grenouille ne Jegseajj,
ble guère, au tact, à un poisson'. Quant aux bil-
lets de banque, ils sont enfermés dans da
petits sacs de caoutchouc dont ni le volume ni
le contour ne sont identiques. Il suffit que le
méryciste se rappelle bien ces variétés et ne
s'y trompe pas. Supposons qu'on lui réclame
un objet déterminé parmi ceux qu'il a avalés
et qu'il fasse remonter dans sa bouche le con-
tenu, de son estomac. Il est admissible que' la
langue et les joues, dont la sensibilité est
grande, et peut encore être accrue par un exer-
cise journalier, sachent reconnaître si la chose
désirée est présente. Si elle est là, l'homme la
met de côté et. laisse le reste réintégrer les pro-:
fondeurs.
On a émis l'hypothèse. que l'oesophage lui-
même, longuement et patiemment éduqué, était
capable de reconnaître au passage au moins la
forme et la grosseur des objets et de faire' un'
tri préalable.- Une observation citée pat-
M. Paris ferait penser que chez quelques'mery-
cistes le choix serait déjà fait au niveau âe
l'orifice supérieur de l'estomac. Tout est'pos-
sible, mais il est certain que la plupart du'
temps'c'est dans la bouche que se'passe le
dernier épisode. Il faut reléguer, semble-t-Ûv
au rang des fables ou du truquage les faits où
un- méryciste ferait un choix entre deux liqui-
des de couleur différente absorbés tour à tour
et restitués à volonté et d'autres histoires du
même genre rapportées pour corser encore le
caractère inhabituel de ces exercices et accroît
tre la curiosité qu'ils suscitent.
On a conclu de ces diverses études qui vien-
nent d'être résumées que beaucoup de specta-
teurs de ces exercices, au premier abord'
extraordinaires, seraient parfaitement suscep-
tibles d'en faire autant avec de l'exercice et'de
la volonté. Encore faudrait-il qu'Us fussent,
dotés, dès leur naissance, d'une musculature
abdominale ou spécialement gastrique qui le
leuf permît. Dans ce cas,'la; supposition e|t
admissible. Oh peut, en tout cas, semble-t-il,
às.surer à ces candidats mérycistes que cette,
particularité n'a rien qui puisse être défavo-
rable à qui l'acquerrait. Peut-être même y
aurait-il avantage à le faire pour certaines
gens qui mangent trop vite et qui gagneraient
à manger deux fois les mêmes aliments. Un
humoriste a soutenu cette thèse. Un médecin
pourrait, pensons-nous, la faire sienne. Si te
coeur .vous en dit...
fiojmm ife&i fiâwjugT. ,
%'m LE TEMPS. WÏ£-janvier Ï93S
Chronique
GLORIEUSE AVIATION
L'enthousiasme que soulève l'aviation, lé
prestige qu'elle exerce témoignent, Dieu merci,
que le goût de l'héroïsme n'est pas mort. Car
je crois bien qu'aux yeux des foules le type
? même du héros moderne, c'est l'aviateur. Cer-
tes tout le monde sait bien qu'il est d'autres
métiers qui n'exigent pas moins de courage
que le sien. Mais ils n'en ont pas la beauté, du
moins la beauté extérieure, et c'est un grand
défait, car l'héroïsme doit être décoratif pour
être populaire, et peut-être pour mériter plei-
nement son nom.
- Alors, dira-t-on, vous estimez qu'un sa-
crifice obscur et ignoré est moins héroïque
qu'un exploit d'aviation, parce qu'il est moins
« décoratif. » ? Jé sais une infirmière; et laïque,
qui a sollicité une place dans un hôpital pour
nègres lépreux à Madagascar : ce n'est pas
de l'héroïsme, cela ? !'
- Si ! Mais ne demandez pas aux foules
de s'enflammer pour un tel exemple d'abnéga-
tion de soi-même autant que pour la traversée
de l'Atlantique. Le sacrifice de votre infir-
mière est plus, pur encore que celui de Mermoz
et des antres grands traverseurs des voies pé-
rilleuses de l'air. Mais il ressort plus à la
sainteté qu'à ce, qu'il faut appeler en bon
français l'héroïsme,, car l'idée d'héroïsme
éveille d'abord celle d'action d'éclat, et ce n'est
que par extension, il me semble, que le mot
s'applique à des traits de vertu du genre de
celui que vous citez. Et puis, humainement
parlant, il est d'autres tables de valeurs que
celles du mérite moral. Cette manie de ne vou-
loir apprécier (socialement) que l'effort en soi,
indépendamment de son objet et de son résul-
tat, de considérer que tous les genres d'acti-
vité se valent, et par conséquent que le travail
du gâcheur de mortier mérite le même salaire
que celui de M. Bergson, est d'origine marxiste,
sauf erreur, et elle engendre des idées d'une
fausseté éclatante.
C'est ainsi, qu'on répète souvent de nos
jours, avec un sourire averti, que le soldat
vraiment brave, ce n'est pas celui qui n'éprouve
point la peur ou, pour mieux dire, ne l'éprouve
que peu. mais celui qui, l'éprouvant, la domine.
C'est là ce que M. Hitler appellerait une con-
ception « juive ». Pour ma part, je ne la trouve
pas très plaisante. On la verra développée avec
art . dans le -Bouquet de Glycère de M. Julien
Benda, mais elle est éparse chez beaucoup
d'autres auteurs,-notamment chez' M. Léon
Blum. Et il est parfaitement vrai que, de deux
soldats qui se battent bien, celui qui a du
mérite, c'est celui qui a peur, et que l'autre en a
d'autant moins qu'il craint moins. Mais le plus
brave n'est pas, nécessairement celui qui a le
plus de mérite à l'être': c'est celui qui se bat
e mieux, indépendamment de toute autre con-
sidération. De même, l'homme le plus éloquent
n'est pas celui qui l'est au prix du plus grand
effort, mais celui qui parle et convainc le
mieux, même s'il ne se donne aucun mal. Et
l'homme généreux n'est pas celui qui, né
avare, se contraint à des dons médiocres, mais
celui qui, fût-ce par plaisir, fait de grandes
largesses. Etc. Ne confondons pas les points
de vue. La sainteté, n'est pas nécessaire aux
héros. On se soucie peu, quand il faut choisir
entre deux oeuvres d'art, de savoir quelles
peines elles ont coûté : le mérite moral de
l'artiste n'entre pas en considération, et c'est
fort légitime. La beauté, comme le talent,
comme, le. courage et une foule d'autres qua-
lités, est un don des dieux, et, du point de
vue social, les balances du mérite moral ne
sauraient peser tout.
L'aviation est si belle qu'il faut se féliciter
qu'entre les héros les siens soient les plus
populaires de tous. Mais, si elle suscite des
vocations irrésistibles (j'en connais personnel-
lement un exemple saisissant), croyez-vous
que la célébrité de ses champions, le prestige
dont ils jouissent en soient les seules causes ?
Que non ! Sans doute l'adolescent" rêve d'être
un jour admiré comme il admire. Mais ce qui
l'attire bien plus encore que cet espoir de noto-
riété, c'est la beauté enivrante du métier de
voler. Et qui a connu le bonheur qu'on éprouve
au moment où les roues de l'avion qu'on pilote
cessent de toucher la terre méprisable et où
l'avion se sépare de son ombre, il ne l'oublie
plus jamais. « Gloire à ceux qui, ajoutant aux
ailes d'Icare une" source durable de vitesse,
procurèrent aux hommes une volupté nou-
velle ! Car les ballons mêmes, nefs légères,
flottent : ils ne volent pas. Tout d'abord, lour-
dement. l'avion rampe et roule sur le sol, mais,
à mesure que sa rapidité croît, sa course s'al-
lège, et soudain il plane, et, à cet instant, on
sent littéralement tomber de soi les chaînes de
la pesanteur : le corps sans poids, affranchi de
son antique esclavage, échappe aux liens de la
terre, semblable à un dieu. » J'écrivais celai il
y a vingt ans, pendant la guerre, et cette sen-
sation-là, je n'ai qu'à fermer, les yeux pour la
retrouver intacte et entière.
Il faut, au reste, qu'elle soit délicieuse et que
le métier de voler soit passionnant pour que
ses adeptes lui soient attachés si fort. Pourtant
ce n'est point par des chaînes d'or. Vous seriez
surpris si vous saviez quels sont en France,
nen seulement dans l'armée, mais « dans le
civil », les salaires des pilotes qui risquent
quotidiennement leur vie. A aucun égard leur
métier n'est ce qu'un père de famille appelle-
rait un bon métier.
Cela n'empêche qu'il ne soit passionnément
aimé. On. sait, l'enthousiasme du prince de
Ligne pour la profession des armes : « Si
la gloire ne vous délire pas continuellement,
écrivait-il un jour à des Commençants, ne vous
rangez pas sous ses étendards. Ne dites point
que vous avez du goût pour notre état, em-
brassez-en un autre,-si cette expression froide
vous suffit. Prenez-y garde, vous faites votre
service sans reproche peut-être; vous savez
même quelque chose des principes; vous êtes
des artisans ; vous irez à un certain point, mais
vous n'êtes point des artistes. Aimez ce métier
au-dessus des autres, à la passion; oui, pas-
sion est le mot. Si vous ne rêves pas militaire,
si vous ne dévorez pas les livres et les plans
de la "guerre, si vous ne baisez pas les pas dés
vieux -soldats, si vous ne pleurez pas au récit
de leurs combats, si vous n'êtes pas mort
presque du désir d'eu voir, et de honte de n'en
avoir pas vu, quoique ce ne soit pas de votre
faute, quittez vite un habit que vous déshono-
rez, etc. », car cette déclaration d'amour conti-
nue... C'est ainsi que l'aviation veut être chérie.
Et c'est ainsi qu'elle l'est. Pendant les vacan-
ces dernières, quelqu'un, me rapportait ce mot
d'un jeune pilote militaire, un garçon de vingt-
trois ans, horriblement brûlé dans l'incendie
de son appareil après un atterrissage malheu-
reux : « Ça va encore l'aire du tort à l'avia-
tion murmura-t-il, et ce furent ses premiers
et ses derniers mots. Je n'eu sais pas de plus
touchants. Ce n'était peut-être pas .un saint,
mais refuserez-vous le nom de héros à
l'homme qui parle ainsi ? Je venais de faire
la connaissance de celui qui me citait ces
belles paroles et déjà nous nous sentions amis,
car il était pilote et je l'avais été.
Quelle différence pourtant entre l'aviation de
guerre, telle que je l'avais, connue,, et l'avia-
tion d'aujourd'hui ! Je suis peu au fait des
changements qui ont été apportés depuis vingt
ans dans le monde où l'on vole, et.il n'est pas
très aisé, de les connaître par les livres. Chose
curieuse, l'aviation, celle de guerre et celle de
paix, a peu prêté, à la littérature : en dehors
des traités techniques, les ouvrages qui lui ont
été consacrés sont rares. A ma connaissance
il n'existe guère d'autres livrés où soit peinte
la vie dans les escadrilles du front pendant
la guerre que le roman fameux de J. Kessel,
et le volume que j'ai intitulé En escadrille.
Je m'excuse de le citer ici, mais c'est pour me
donner l'occasion d'une remarque dé détail
qui a son intérêt.
On sait que tout le récit de M. Kessel re-
pose sur ce postulat que l'on encourageait la
formation d'équipages composés d'un pilote
et d'un observateur, afin que, accoutumés à tou-
jours voler ensemble, ceux-ci en vinssent à se
conjuguer mieux. Je dois dire qu'autour de
moi j'ai toujours vu des chefs d'escadrille pra-
tiquer une politique exactement opposée : de
tels équipages leur semblaient peu désirables,
car ils craignaient, lorsqu'un des deux équi-
piers serait en permission,, ou malade, ou
blessé, ou « disparu », ou .tué, que son cama-
rade ne se trouvât fort « dégonflé; » comme on
disait, à tout le moins qu'il ne se sentît peu
en confiance avec un remplaçant : c'est pour-
quoi ils veillaient attentivement à ce que cha-
cun de leurs pilotes changeât d'observateur
pour chaque mission, et réciproquement. Voilà
ce que j'ai'vu autour de moi en 1916-1917;
sans doute n'en était-il pas de même partout...
Quoi qu'il en soit, et pour en revenir à notre
sujet, si la littérature sur l'aviation de guerre
est étonnamment pauvre, elle n'est pas beau-
coup plus riche sur l'aviation de paix : on
compterait sur ses doigts, il me semble, les
romans (je ne parle pas des feuilletons popu-
laires), et les mémoires où des gens du mé-
tier nous la peignent. Et c'est ce qui rendrait
précieux les tableaux de la vie de nos grands
courriers des airs que vient de publier
M. Pierre Viré, et qu'il intitule T. V. B., si
même l'auteur en était dépourvu de talent, ce
qui n'est certes pas le cas.
T. V. B., ce sont les trois lettres qui, trans-
mises par télégraphie sans fil, signifient que
Tout Va Bien à bord. On sait qu'aujourd'hui
chaque équipage d'avion comprend en prin-
cipe un pilote, un mécanicien et un radio
chargé de communiquer avec les postes ter-
restres et autres, qui lui passent constamment
des renseignements utiles et lui indiquent sa
route; c'est lui encore qui, au besoin, établira
par goniométrie la situation de l'appareil. De
memei;qu les, combattants, à#,- la -guerre
n'avaient: qu'à ouvrir.
Viré, qui est radio de son métier, n'a eu qu'à
feuilleter ses notes ou à consulter sa mémoire
pour écrire un livre attachant. Et n'est-ce pas
une admirable profession que celle qui com-
porte aujourd'hui encore tant d'aventures ?
Certes la navigation aérienne a bien changé.
La science y a remplacé l'art pour une grande
part. Non seulement la radio, mais les appa-
reils de toute sorte y jouent à présent un rôle
capital. On sait par exemple que, quand l'avion
se trouve dans les nuages ou dans la brume,
le pilote, parce qu'il ne peut apercevoir la
terre, est incapable de se rendre compte par
lui-même s'il vole parallèlement au sol ou au
contraire perpendiculairement au zénith, ou la
tête en bas, ou dans une position moins dé-
cente encore. Aujourd'hui, des instruments tels
que l'indicateur de pentes longitudinale et
transversale, l'indicateur d'orientation et le
contrôleur de vol lui permettent de maintenir
artificiellement son équilibre par les temps les-
plus bouchés.
Pendant la guerre, il n'en allait pas de la
sorte, et combien de fois le plafond trop bas
forçait-il les escadrilles au repos î Néanmoins
il arrivait qu'on, sortît par d'assez vilains ciels
et sans le moindre instrument qui permît de
contrôle^ la position de l'avion, car même sur
les vieux Voisins, sur.les,vieux Farmans, les
vieux Caudrons, le premier soin d'un pilota
digne de ce nom était de faire démonter son
Etévé, appareil d'ailleurs des plus rudimen-
taires. Joignez que ces antiques coucous, sur-
tout les Farmans et les Voisins, très sûrs si
on les pilotait sagement, ne permettaient pas
la moindre descente piquée et se mettaient en
perte de vitesse avec une facilité désagréable.
Malgré cela, il fallait bien traverser d'épais
pans de brume et des couches de nuages d'une
profondeur déplorable avec l'espoir parfois
déçu de trouver le ciel pur au-dessus. Mais
hatons-nous d'ajouter que les périls de la navi-
gation aérienne paraissaient alors si peu de
chose en comparaison de ceux qui provenaient
des canons terrestres, et surtout des mitrail-
leuses célestes. qu'ils ne comptaient même pas.
De nos jours les avions sont devenus sûrs.
Le danger n'apparaît guère que dans les ten-
tatives de records, les raids, les essaie de toute
sorte; il est infiniment faible lorsqu'on se con-
tente de demander à l'appareil ce qu'on sait
d'avance qu'il peut donner, comme il arrive
dans les transports de voyageurs. En somme
on peut déjà entrevoir le jour où il n'y aura
pas besoin de plus d'héroïsme pour piloter un
avion que pour piloter un train rapide, et ce
sera au mieux.
JACQUES BOULENGER.
Journée parlementaire
A LA CHAMBRE
APRÈS L'ÉCHEC DE M. JACQUES DUCLOS
.Les polémiques engagées dès mardi soir entre
les diverses fractions du Rassemblement popu-
laire au sujet de l'élection des vice-présidents, de
la Chambre et-de l'échec du. candidat communiste,
M. Jacques Duclos, se sont poursuivies hier après-
midi, où les commentaires faits, le matin même
dans l'Humanité ont été sévèrement jugés,.
Une déclaration de H. Sérol
C'est ainsi que M. Albert Sérol, président du
groupe socialiste S.F.I.O., a fait dans les couloirs
la communication suivante : . . ?
Il est très regrettable, qu'à l'occasion de l'élection
des vice-présidents de la Chambre, l'Humanité ait cru
dévoir se livrer & une insinuation' à' l'égard des députés
socialistes, sous la forme suivante:
« Que'diront les travailleurs en apprenant que cer-
tains députés socialistes ont laissé voir- leur bulletin
de vote avec le nqn de Jacques Duclos rayé? »
Le groupe socialiste au Parlement, toujours Adèle,
au Front populaire, a respecté, avec discipline, sa déci-
sion unanime - qui d'ailleurs n'avait pas soulevé la
moindre discussion - de voter pour la liste du Front
populaire. Il est au-dessus -de toutes les- allégations
malveillantes, qui pourraient être formulées à. ce sujet.
Le groupe parlementaire socialiste, conscient d'avoir
toujours fait son devoir, tant à l'égard de la classe
ouvrière et paysanne dont il est le mandataire que du
Rassemblement populaire dont il a à tout -instant, sans
éclipse et 'sans défaillance, respecté la discipline, ne>
s'attardera pas plus longtemps à ces-polémiques Injuriés,
inutiles et déplacées. ?
Fidèle au serment du 1-1 juillet, conscient du péril
fasciste. et désireux de ne favoriser aucune entreprise
de division, il est certain que tous ses membres feront
aujourd'hui, comme mardi, le nécessaire, pour déjoua»'
les'manoeuvres de la réaction et assurer l'élection., de
Jacques Duclos, candidat unique du Front populaire.
"5 ' ' ' ' ' ' .: ' ' ' ',1 " : ' '1 * '
Une mise au point de M. René Lebret
De son côté, M. René Lebret, député, maire
d'Elbeuf, président de la commission du commerce,
membre de l'Union socialiste et républicaine, qui,
sans être candidat, a recueilli, mardi, 56 voix, lors
de .l'élection des vice-présidents, a déclaré :
Je notais pas candidat au premier tour de scrutin.
Je lie le serai pas davantage au scrutin de ballottage.
Les sollicitations pressantes dont j'ai été l'objet de
la part de nombreux amis qui appartiennent aux frac-
tions les ,plus diverses de l'Assemblée,, et que je remer-
cié, ont répondu avec éloquence aux insinuations per-
fides imprimées ce matin dans le journal officiel- du
parti communiste qui a, d'ailleurs, l'habitude de ce
genre d'opérations contre les membres de la majorité.
Un démenti de M. Charles Lussy
Enfin M. Charles Lussy, député socialiste de j
Vaucluse, mis aussi personnellement en cause par
un rédacteur anonyme de l'Humanité, a adressé
au directeur de ce journal, M. Marcel Cachin, séna-
teur, un démenti que publie ce matin le Popu-
laire. Voi.ci le passage essentiel : j
L'humanité de ce matin, sous le prudent anonymat,'
d'un écho, affirme que, hier, « le bruit courait avec,
persistance » dans les couloirs parlementaires qu'un
« certain nombre » de députés socialistes auraiènt, pour
l'élection des vice-présidents, trahi la décision dç leur ,
propre groupa' et la discipline du Front populaire i
'« Serait-Il vrai », ajoute-t-on, -quelle formule facile !
pour une diffamation sans preuves, - que parmi ces
indisciplinés se trouvaient « Charles Lussy et Espar-
bès »? -I
Je proteste avec indignation contre une telle pratique
qui n'a même p cLS pour excuse l'ombre de l'apparenoe
d'une raison avouable. Je donne à cette perfide, question
de démenti le plus formel.
A la commission de législation civile
et criminelle
La commission de législation civile et crimi-
nelle ' à continué, 'hier, 1 examen- des propositions
tendant à réglementer le séjour des étrangers en
France. Elle a entendu le rapport de M. Lévy sur
des articles qui avaient été antérieurement ré-
servés.
Elle a décidé, avant d'adopter un texte définitif,
d'entendre les ministres de l'intérieur et du tra-
vail.
M. Mallarmé a ensuite fait un exposé sur les
propositions autorisant la francisation des noms
patronymiques des naturalisés.
Le rapporteur a signalé les difficultés très gra-
ves que pouvait faire naitre ' l'adoption pure et
simple de ces textes.
Par contre, retenant l'idée essentielle et,inté-
ressante des deux propositions, M. Mallarmé a sug-
géré une simplification des formalités actuelle-
ment nécessaires, pour obtenir le changement de
nom;:
La commission s'est rangée à son avis et l'a
chargé de rédige* un texte qui aurait pour but' de
remplacer les dispositions de la loi du 11 germinal
an XI. -y. Y'
. La commission a entendu ensuite M. Lévy dans
son rapport sur la proposition tendant à prévenir
les délits et les crimes par des mesures d hygiène
mentale et de prophylaxie criminelle.
La commission a admis le principe de la pro-
position et a chargé MM. Lévy et Bastide d'établir
le texte qui lui sera définitivement soumis.
Enfin, la commission a rejeté la proposition de
résolution.- relative- à l'application du décret du
2 juillet 1937 pour la répression de la hausse-illé-
gitime» /. . î'
An groupe de l'automobile
Au groupe de l'automobile, M. de Chappedelaine,
président, a rendu compte des efforts faits pour
s'opposer à l'augmentation des droits sur l'essence
et a exprimé le regret que les suggestions du
groupe n'aient pas été entièrement suivies. Une
discussion s'est ensuite instaurée à laquelle" ont
pris part MM. de Chappedelaine, Gérente, Cousin,
Triballet, Candace, Gaou. Gaillemin, du Luart,
Niel, Michard-Pélissier, Peugeot, Larguier, Co-
lomb, Masteau et Moneelle, et le groupe a chargé
une délégation d'étudier le texte d une proposition
tendant, à obtenir du gouvernement qu'il ne pro-
cède plus par décret à une augmentation des
droits, en attendant que soit régie le problème du
carburant national.
Une protestation du syndicalisme chrétien
Le groupe du syndicalisme chrétien, réuni sOus
la présidence de M. Peissel a protesté contre le
fait regrettable que la Confédération française des
travailleurs chrétiens ait été exclue des pourpar
1ers" qui viennent de sengager pour l'élaboration
d'un .statut moderne du travail.
L'ancienneté des syndicats chrétiens, l'impor-
tance de leurs effectifs, l'esprit de collaboration
qui: anime leur activité intense et variée, auraient
amplement justifié leur participation aux , débats
en, cours.
Le groupe a insisté sur cette idée que la vraie
liberté, syndicale implique une pleine égalité de
droits entre les groupements des diverses ten-
dances. .
A la commission des pensions
La commission des pensions a entendu lés dér
légations de l'Association générale des amputés do
guerre.
M. René Besse a donné lecture de son rapport
sur les textes tendant à étendre ? le. statut des
grands mutilés et à modifier le statut des grands
invalides de guerre.
La commission a adopté le rapport de M. René
Besse et décidé d'entendre le ministre des pen-
sions avant de se prononcer définitivement.
L'affichage
de la déclaration des droits de l'homme
La commission de l'enseignement a adopté la
résolution tendant à inviter le gouvernement à
faire afficher dans .toutes les écoles la déclaration
des. droits de l'homme et du citoyen.
ARMEE
Conseil supérieur de la guerre
Sont-nommés membres du conseil supérieur de
la guerre :
maréchaux de Franc "?
MÎT. Pétain et Franchet d'Espèrey. .
'/-Les généraux de division
MM. Gamelin (vice-président). Dufieux (jus-
qu'au 21 mai 1938), Mittelhausser (jusqu'au 7
août 1938), Georges, Billotte, Prételat, Bineau
(jusqu'au 2 mai 1938), Huré (jusqu'au 11 février
1938), Héring, Dosse, Noguès, Colson, Condé et
Besson. ' ' ' Y -
Etat-major général
MUTATION ,
v'; M. le général de brigade Rupied, commandant
la 6e brigade de cavalerie, est nommé directeur de
la cavalerie au ministère de la défense nationale
çt .de la guerre.-
A la manufacture d'armes de Chatelleraul
Le général Gamelin, vice-président du conseil
supérieur de la guerre; les généraux Georges, Dùf-
fieux,. mittelhause, Billotte, Prételat, Hure, Héring
Doss, Colson, Condé et Besson membres du con-
seil supérieur de la guerre, accompagnés chacun
d'un officier d'état-major, et l'ingénieur-général
Happich, directeur des fabrications d'armement au
ministère de la défense nationale, se sont rendus,
"hier, à Chatellerault. A leur arrivée, ils ont été
reçus par le général Missery, commandant par in-
térim, à Tours, la 9° région, et par l'ingénieur
Jéantrel, directeur des manufactures nationales
d'armes.
Les membres du conseil supérieur de la guerre
ont Visité la manufacture nationale d'armes et se
sont occupés de l'examen de diverse^ études tech-
niques.
Le général Gamelin a fait la déclaration sui-
vante : - ... ' :.n, ,
>9i
?.visite normale de documentation; Nous avons
trouvé une manufacture bien dirigée, qui donne
satisfaction au haut commandement. »
La Légion d'honneur des mutilés 100 0/0
Le Journal officiel publie ce matin une liste de
promotions et de nominations dans l'ordre de la
Légion d'honneur, concernant des mutilés de
guerre, titulaires d'une pension d'invalidité défini-
tive du taux de ,100 0/0 pour infirmités résultant
de blessures de guerre.
Cette liste comprend : 1 grand-officier : M. La-
garde (Pierre), colonel d'artillerie en retraite;
2 commandeurs : M. Larmignat (Georges), chef de
bataillon d'infanterie en retraita; .'M.' Tochon (Ja-
mus), ancien chef de bataillon au 32° régiment
d'infanterie. .
.-La liste comporte également 7 officiers et 221
chevaliers.
MARINE
j Mouvements de bâtiments
Les croiseurs de la 4* division de- croiseurs,
Georges-Leygues, Gloire et Montcalm) ont quitté
Singapour à. destination de Saigon.
Le croiseur école d'application Jcanne-d'Arc,
venant de Saigon, est arrivé à Soerabaya le 1Q jan-
vier. - '
. AIR
I Une mission parlementaire aéronautique à Rabat
---Une mission parlementaire aéronautique, pré-
! sidée par M. Bossoutrot, est arrivée à Rabat à midi.
Après avoir déjeuné à la résidence, la mission s'est
rendue ad' mausolée du maréchal Lyautey, où elle
à déposé tme gerbe de fleurs- Elle a ensuite ins-
pecté l'installation de la base aérienne. 1
NOUVELLES DU JOUR
A l'Elysée
Le président de la République a reçu, hier après-
midi, M.'Pierre Béranger, député; les.préfets de
Seine-et-Oise, de l'Isère, de la Savoie; le prési-
dent et les membres du bureau du Touring-Club
de France; le président et les membres du bu-
reau du syndicat de la presse républicaine dépar-
tementale.
Le président de la République et Mme Albert
Lebrun donneront, le 19 janvier, au palais de
l'Elysée, le grand dîner annuel, suivi de récep-
tion _en l'honneur du corps diplomatique.
A la présidence du conseil
M. Camille Chautemps a reçu le nonce aposto-
lique, qui est1-venu lui remettre, de la part du
pape, les insignes de grand'croix de l'ordre de
Pie IX, qui lui ont été conférés par le Saint-Père.
Le président du conseil a exprimé au nonce ses
remerciements, en se félicitant de la marque d'es-
time que le Saint-Siège a voulu donner au gouver-
nement de l.a,République française.
La situation du marché des changes
Les députés se sont montrés généralement,
préoccupés, hier après-midi, dans les couloirs, de
la tension des reports sur la livre, au marché à
terme, et des conséquences monétaires et. poli-
tiques qui pourraient en résulter.
Ils estimaient, en effet, que le fonds d'égalisa-
tion des changes avait dû se trouver amené à
intervenir depuis plusieurs jours déjà pour main-
tenir la livre à son cours, au comptant, et que
c«t effort risquait pour lui d'étre épuisant, si une
amélioration du « climat » ne pouvait être obte-
nue rapidement dans le domaine social et politique.
Diverses éventualités ont été à ce sujet envi-
sagées, et il apparaissait qu'au cours des pro-
chaines journées, des décisions importantes
devraient être prises.
A la présidence du conseil
>M. Camille chautemps a eu, hier soir, après la
réunion qui s'était tenue à. l'hôtel Matignon, un
long .entretien avec M. Georges Bonnet sur la
situation,financière. A celte conversation est venu
prendre part. M. Edouard Herriot, qui voulait sou-
mettre , à M. Chautemps les lignes générales du
discours qu'il doit prononcer aujourd'hui.
L'entretien entre les trois hommes politiques a
duré près de deux heures. La décision a été prise
de convoquer pour ce matin un conseil de cabinet
exceptionnel. Le. ministre des finances a, une fois
de plus, insisté sur l'absolue nécessité de mettre
fin. dans l'intérêt supérieur de la défense du franc,
à I agitation, s'ociale qui s'est manifestée ces temps
derniers. M, Georges Bonnet n'a pas caché au chef
du gouvernement que la persistance de cette agi-
tation gênait considérablement son action.
A. l'issue de la réunion, M. Chautemps a déclaré
aux journalistes que le gouvernement était' à la
limite de la conciliation, que les nouvelles dispo-
sitions envisagées en vue du « statut moderne du
travail » rendraient sans excuses de nouvelles vio-
lations de la loi et que le gouvernement serait
obligé., d'y mettre un terme.
Un discours de M. Paul Reynaud
Prenant la parole, hier soir, dans une salle du
2e arrondissement de Paris, M. Paul Reynaud a
parlé de la situation politique et de la crise éco-
nomique.
L'ancien ministre des finances a dit notamment:
Nous sommes arrivés au point où il va falloir ré-
soudre à la fois toutes les crises : éoonomiqué, sociale,
financière, monétaire, crise de nos alliances, crise de
notre défense nationale.
Chacune de ces crises aggrave l'autre. Comment en
sommes-nous venus là? Pourquoi le ministère Chau-
temps a-t-il échoué î
Ce n'est pas faute d'intelligence et d'habileté; c'est
faute d'avoir dit la vérité au pays. C'est faute d'avoir
fait naître, en lui, par l'évocation du danger, ce sen-
timent irrésistible qu'est l'instinct de la conservation.
Car, je le dis en pesant mes mots, la situation est
aussi gravé que lorsque la Révolution dressait aux car-
refours des estrades où l'on proclamait: « La patrie
est en danger 1 » C'est, seulement en disant le péril,
c'est en le criant qu'on peut sauver le pays. Comment
détourner les classes en conflit de la contemplation
de leurs intérêts individuels si ou ne. leur montre pas
jun intérêt, supérieur qui les domine tous ? .';fi .
.Au diapason auquel lçs querelles sont .'montées, il
n'est plus possible de gagner du temps avec'des habi-
letés de procédure. ,
Il faut abattre les cartes de la France. Ce ne sont
pas les cartes d'un parti ou d'une classe. Ce sont celles
de notre peuple tout entier: ouvriers, paysans, indus-
triels, commerçante, intellectuels.
Il faut d'urgence accroître notre production de
guerre, comme nos amis en Europe nous en adjurent,
et il faut accroître, aussi, la production des richesses
consommables pour que l'économie du pays puisse
supporter oet effort. Pas plus chez noue que dans les
pays totalitaires, ce but ne pourra être atteint par une
politique qui paraîtrait dirigée contre la classe ou-
vrière dont l'effort est nécessaire pour que le pays
puisse vivre et s'armer. Mais l'ouvrier qui, aujourd'hui,
refuse d'augmenter son effort, en déclarant qu'il ne
veut pas enrichir son patron, le refusera-t-il pour dé-
fendre sa femme et ses enfants î
M. Paul Reynaud a ajouté :
La meilleure manière de restaurer le crédit de la
France, c'est de montrer que la France veut vivre. Que
l'on cesse de nous dire que le rétablissement financier
est fait, en avouant que le rétablissement économique
est à l'aire. Que l'on n'aille pas, demain, pour masquer
l'échec, chércher une fois de plus dans le magasin
des accessoires le fantôme du spéculateur. Il est temps
de regarder les faits en face, comme un peuple viril
doit le faire.
Je demande l'unanimité'française pour éviter l'écrou-
lement économique et la guerre.
Certes, si la guerre éclatait, cette unanimité se ferait
comme en 1914, avec la même rapidité et le même en-
thousiasme. Mais n'allons-nous pas faire l'économie
d'une catastrophe ?
A côté' do pays unanimes, dont la. force ascendante
ne peut être équilibrée que par le faisceau de toutes
les énergies, continuerons-nous à nous laisser conduire
par les événements ? N'arriverons-nous à l'unanimité
que quand il sera trop tard ?
Là encore, jo viens vous dire: « N'attendez pas, ne
faites pas l'opération à chaud. » '
La guerre rôde autour des nations pacifiques. Elle
s'abattra 6ur les nations divisées.
Pour barrer la route à la guerre, aucun sacrifice!
n'est trop lourd. Mais avant d'agir, il faut comprendre^
M. Paul Reynaud a conclu qu'il est temps d'où-;
vrir les yeux au pays.
Au Comité exécutif
du parti radical et radical socialiste
Le bureau du comité exécutif du parti radical et
radical socialiste communique :
Le bureau du comité exécutif du parti républi-
cain radical et radical socialiste, réuni sous ; la
présidence de M. Edouard Daladier, g'wt préoc-
cupé de l'organisation du comité exécutif . du
19 janvier et de son prochain congrès..Il a enre-
gistré avec satisfaction ' l'activité des fédérations
du parti, dont les aspirations sont en plein accord
avec celles du comité exécutif.;. : '
Les délégués du parti au comité national de
Rassemblement populaire ont rendu compte de la
séance extraordinaire cjui s'est tenue le lundi
10 janvier sous la présidence de -RL Victor Basçb.
Ils ont analysé les déclarations faites à cette as-
semblée par les représentants de la- (J. G.'T. efc
donné communication du projet de manifesté ré^
digé par celle-ci à la demande de M. Victor Basch.
Après en avoir délibéré, le bureau du parti ra-
dical a voté à l'unanimité l'ordre du jour sui-
vant : ,
Le parti'radical affirme qu'il reste fidèle à l'idéal qui
a inspiré les réformes sociales, réalisées .par le Parle-
ment et les pouvoirs publics, ainsi qu'à leur loyale
application. Il maintient son adhésion aux idées qui
inspirent le .programme du Rassemblement populaire,
accepté par le parti radical dans ses congrès nationaux.
Il fait confiance au président du conseil, qui a pris
la courageuse initiative d'organiser la paix'sociale dans
notre pays, pour proposer au Parlement, faire Voter
par lui, et appliquer les- textes nécessaires -à la colla-
boration de toutes les forces productrices de la na-
tion.
Une telle collaboration est rendue. indispensable à
la fois par les difficultés d'ordre intérieur ,et par , la
situation internationale dont la gravité menacerait de
s'accroître'par des discordes civiles.
En conséquence, il estime que la ' publication d'un
manifeste lui apparaît inopportune dans les circons-
tances présentes.- ' ' . '
Dans la magistrature
M. Eugène Penancier, avocat à la cour d'appel
de Paris, ancien garde des sceaux, vient d'être
nommé premier président de la cour d'appel do
Chambéry.
Il avait été sénateur de Seine-et-Oise. pendant
de .nombreuses années. Inscrit à la Gauche démo-
cratique de la haute Assemblée, il avait, été mi-
nistre de la justice dans les cabinets Daladier
.constitués-en 1933 et 1934. Battu au dernierre-
nouvellement, il avait de nouveau consacré sont
activité au barreau.
Sont nommés : 1
' Jug au tribunal de première''ïnstânbe de la
Seine, M. Bernard, jugé adjoint'audit tribunal', en
remplacement de M. Morand, qui a été admis , à
faire valoir ses droits à la retraite.
Juge adjoint au tribunal de première instance
de la Seine, M. Bourguignon, juge assesseur de
première classe audit tribunal, en remplacement
de M. Bernard.
Jugé d'instruction adjoint au tribunal de pre-
mière instance ,de, la Seine, M. Crenn, juge d'ins-
truction de première classe, au tribunal de pre-
mière instance de Brest, en remplacement de
M. Plessis, non-acceptant, et dont -la nomination
a été rapportée. . ..
Légion d'honneur
GRANDE CHANCELLERIE -
Sont élevés .i la dignité de,: .
Grand'croix
Le médecin général Polin, membre du conseil de
l'ordre. '
Sont promus ou nommés :
Commandeurs
Le lieutenant-colonel Buttin, secrétaire.' général de la:
sooiété d'entr'aide des membres de la Légion d'honneur.,
Le lieutenant-colonel Vocard, chef de division hono-
raire de la grande chancellerie.
: Officiers 1
MM. Calvière, consul général en retraite; Duhourcau,
administrateur on chef honoraire des colonies; Dupuis,
commis d'ordre et de comptabilité de classe exception-
nelle en retraite; Garnier, chéf du mouvement hono-
raire des chemine de fer de l'Est; Laforgue, préfet!
honoraire; Mallez, ancien capitaine adjudant-major du,
4' régiment de marche; Lapoirie, trésorier-payeur gé-
néral honoraire; Monnet, conseiller honoraire à la cour
d'appel de Paris; Sabatier, médecin commandant en
retraite.- - : . . i > , .
Chevaliers
MM. Bansard, ancien fonctionnaire de commissariat
colonial; Bennet, directeur honoraire d'école primaire
supérieure; Boudier, ingénieur-dessinateur spécial-, de
l'artillerie en retraite; Bernard, ingénieur principal
honoraire des chemins de fer de l'Etat; Bichet, profes-
seur honoraire au collège de Saint-Nazaire; Bockélec,
percepteur hore classe en retraite ; Bonnot, agent tech-
nique principal de la marine en "retraite ; Bouchard,
proviseur, honoraire du lycée, de Bourges; Cabois,
inspecteur honoraire de l'enseignement primaire ; De-
cencière, secrétaire général honoraire de la mairie de
Bagneux; Dutriaux, inspecteur ,honoraire à, la compa-
gnie du,chemin, de fer du Nord;, Falk, président
Mme veuve Fauchère, née Olémens, directrice hono-
raire d'école primaire supérieure.
MM. Fourteau, ingénièur 'honoraire à -la compagnie
du chemin de fer de Paris à Lyon et à la-Méditerranée;
Gauthier, instituteur en retraite; Gignoux, professeur
agrégé honoraire au lycée dé Rouen ; Humbert, ancien
maire de Labroque ; Joannon, avocat honoraire; Lafon,
professeur honoraire ; Ledanois, directeur honoraire
d'école primaire supérieure; Le Dore, receveur dés
P. T. T. en retraite; Mirouse, percepteur hors classe
honoraire; Permention, président de l'association des
retraités civils et militaires des Pyrénées-Oriéntales ;
Perrot, inspecteur des P. T. T. en retraite; Place,
inspecteur principal .honoraire de l'enregistrement;
Poil, professeur en retraite ; l'abbé, Py»s.ancien,-aumônier
volontaire; Revoy, professeur agrégé honoraire àui
lycée Condorcét; Soussan, président d'honneur d'oeu-
vres de bienfaisance; Thollon, inspecteur honoraire des
études à l'institution nationale des sourds-muets de»
, Paris, . ,
. F1UILLETOS DU
DU 14 JANVIER 1938
: - ; ' - .. '. ' i '.
-..Y,:: I- :? J .Y
Les actualités médicales
LES MERYCISTES
Les journaux anglais ont annoncé la mort,
à Wolverhampton, d'Hadji Ali, qui fut sur-
nommé tantôt « l'homme aux deux estomacs »,
tantôt « le volcan humain »t> ou encore
« l'homme-autruche », et qui était un des
mérycistes les plus parfaits que l'on put voir.
Tout comme d'autres dont nous parierons plus
longuement, il avalait billets de banque, pois-
sons vivants, etc.} et les restituait à la demande.
C'est là un phénomène auquel il nous a été
donné d'assister assez fréquemment, et qui, s'il
mérite quelques explications, n'est pas aussi
extraordinaire que beaucoup le pourraient sup-
poser.
Le mérycisme est une anomalie physiolo-
gique grâce à laquelle l'homme, faute sans
doute de pouvoir faire l'auge, fait en quelque
sorte la bête, en ce sens qu'il rumine à la façon
de pas mal d'animaux. Chez le « privilégié »
de ce genre, les aliments remontent facilement
de l'estomac dans la bouche, où ils peuvent être
déglutis line seconde fois. Il est curieux de
constater que cet acte, que nous considérons
volontiers comme répugnant, ou bien ne déter-
mine chez le méryciste aucune sensation par-
ticulière ou bien lui est agréable, au témoi-
gna 'je de quelques-uns, dont le regretté pro-
fesseur Raphaël Blanchard, qui déclarait que
saîy'ou' «i une fois de plus un plat fin est une
jouissance redoublée.
Si l'on a pu étudier à loisir et dans les détails
'comme on le verra) le mécanisme de cette
tnomalie. c'est qu'asseg souvent les mérycis-
tes s'exhibent en public - et en tirent des béné-
fices appréciables - et qu'ils n'hésitent pas à
se'prêter aux recherches de tout ordre qui nous
ont amplement renseignés à leur sujet. Le
mérite de cette bizarrerie (s'il en est un) revient
le plus souvent à la nature, car on naît méry-
ciste, et il est rare qu'on le devienne. L'héré-
dité joue, à n'en pas douter, ue rôle en l'affaire.
On a, en effet, rapporté l'histoire d'un homme
ruminant depuis son jeune âge qui avait trois
frères lui ressemblant à cet égard et qui a pro-
créé six enfants présentant la même particu-
larité. Toutefois on a noté qu'une sorte de con-
tagion morale pouvait entraîner les mêmes
conséquences, ce qui démontre qu'il y a par-
fois des mérycismes non plus innés, mais
acquis. On a raconté d'autre part qu'un phy-
siologiste en était arrivé là bien malgré lui à
la suite de nombreuses expériences qui con-
sistaient à avaler une éponge retenue à un fil
à seule fin de se procurer des échantillons de
son propre suc gastrique. Il eut d'abord des
régurgitations qui devinrent ensuite sponta-
nées, pendant un certain temps tout au moins.
La première observation de mérycisme qui
ait été publiée l'a probablement été par Fabrice
d'Acquapendente, célèbre anatomiste et chi-
rurgien qui; professa à Padoue au seizième siè-
cle. Depuis lors on eh a pu lire de nombreuses.
Elles restèrent des curiosités tenues pour dif-
ficilement explicables jusqu'au jour où l'on
s'attacha à en dissiper le mystère §n mettant à
profit toutes les occasions d'étudier le phéno-
mène et aussi tous les moyens d'investigation
que la science a mis à notre disposition. Des
médecins ont même exposé leur cas personnel
comme Raphaël Blanchard dont on rappelait
tout à l'heure l'opinion originale et dont l'auto-
observation est fort instructive.
Avant d'aborder ce chapitre, n'oublions, pas
qu'il ne faut pas confondre le mérycisme vrai,
qui ne s'accompagne d'aucun effort, avec les
régurgitations des dyspeptiques et de certains
aéropbages où l'on observe un côté patholo-
gique indéniable et où les aliments ont, lors
de leur retour, une saveur franchement dés-
agréable, sinon plus. D'autre part il est des
sujets dont la rumination est naturelle, qui
agissent ainsi involontairement après chaque
repas, poussés par une sensation de plénitude
gastrique ou quelque autre avertissement indé-
finissable, disent-ils, gui les fait demeurer & la
tète penchée en avant, la langue collée au
palais » dans l'attente du bol alimentaire qui
va remonter spontanément. Il sied de ne pas
oublier non plus que le mérycisme se voit assez
souvent sous forme de symptôme transitoire
dans l'enfance chez certains sujets au système
nerveux héréditairement touché, mais dispa-
raît dans le plus grand nombre, des cas à l'âge
adulte. Nous arrivons, après cette discrimina-
tion, aux grands premiers rôles, ceux qui rumi-
nent à volonté et le font soit pour étonner leur
entourage, soit pour en tirer quelque profit, et
qui entretiennent soigneusement en eux cette
particularité. Ce sont ces derniers qui ont été
le;mieux étudiés et dont on s'occupera de façon
exclusive.
Voici, par exemple, , un Russe, Roginsky,
lequel fut l'objet d'un examen minutieux aux
rayons X de la part de M. Chalier. Ce qu'il pou-
vait faire était des plus curieux. Il avalait avec
facilité des quantités énormes, d'eau, jusqu'à
cinq litres, et les restituait sous la forme d'un
jet d'eau plein de grâce à l'extrémité duquel il
se plaisait, à l'instar de ce que l'on voit dans
les tirs forains, à faire danser une coquille
d'oguf. D'autres fois, il ingurgitait de la sorte
un litre de pétrole et le projetait ensuite sur
une flamme qui allumait le jet sans que
l'homme parût le moins du monde gêné. Mais
le spectacle était infiniment plus goûté encore
lorsqu'il se transformait en homme-aquarium,
avalait , une forte quantité d'eau puis des pois-
sons rouges et à volonté rendait au jour un
ou plusieurs de ces petits animaux qui demeu-
raient parfaitement vivants. Il couronnait ses
exercices en absorbant, enveloppés dans de
petits sacs de caoutchouc, des billets de ban-
que de valeur variable et les restituait dans
l'ordre où on les réclamait sans jamais se
tromper ni frustrer ceux qui s'étaient risqués
à les lui confier. Il est -bien certain qu'à pre-
mière vue fout cela paraissait un peu sorcier.
On l'a cependant expliqué très simplement.
Roginsky, eut des successeurs ; il avait eu
des prédécesseurs, ne serait-ce que Norton, que
nous avons pu voir sur les scènes de quelques
music-halls et qui , a été étudié par M. Fàrez
(comme le précédent, d'ailleurs), avec la colla-
boration de M. Desternes comme radiologue.
Norton était un méryciste de naissance qui
était parvenu à développer considérablement
sa faculté de régurgitation grâce à un entrai;
nement ininterrompu et sévère. On a conté que
dès le lycée il-s'amusait à absorber un grand
nombre de verres d'eau et à les rejeter à l'heure
de la récréation dans le dessein de stupéfier
'.ses petits camarades. Ce serait par hasard que,
étant en partie de pêche, il s'était avisé qu'il
pouvait avaler un petit poisson et le restituer
. en pleine vie au bout de quelques instants.
D'homme-jet d'eâu il s'était transformé, lui
aussi, en homme-aquarium, et il vit là une
' façon origiùâle de gagner sa vie le. jour où des
revers de fortune l'eurent privé de sa situation.
Il exploita alors ce qui n'avait été pour lui jus-.;
que-là . qu'un passe-temps ou un talent de
société, comme on voudra.
On jkmrrait multiplier ces exemples, et par-
ler notamment d'un employé de chemin de
fer, étudié à Marseille par MM. Monges,
: Huguet et Silvan, et qui, de même, -développa
par l'entraînement le mérycisme qu'il possé-
dait de naissance. Comme ceux dont on vient
de parler, il faisait le jet d'eau ou l'aquarium
fà volonté, et aux petite poissons ajoutait des
grenouilles sans plus de dommage {jour
celles-ci que poùr les premiers. Lui aussi était
un buveur extraordinaire qui avalait sans
contrainte sept à huit litres de liquide. Il, rêvait,
à-Tépaque où son observation fut î publiée, de
monter comme les autres sur les planches. On
. ayoue ne pas savoir si ce rêve a été réalisé.
b ; passons maintenant à l'explication de cette
bizarrerie. Bon nombre de ces sujets présen-
tèrent, quand on mit en jeu les rayons X, un
estomac particulièrement intéressant. « Esto-
I mao d'une forme normale, disait M. Desternes
interprétant les clichés pris sur Norton, s'adap-
tant parfaitement à son contenu et doué d'une
tonicité et d'une élasticité remarquables ainsi
i que d'une musculature puissante renforcée en-
core en certains points, notamment; dans la
région sus-pylorique, possédant enfin une
i contractilité très marquée... bref, l'estomac
idéal », et cette description nous démontre, s'il
[ en était besoin, qu'il n'y a dans ces faite rien
j de pathologique, on pourrait dire au contraire,
i Or, si nous refléchissons que ramener dans la
! bouche ce qui est dans l'estomac est seulement
j une affaire de contraction musculaire, nous
[ comprendrons qu'un individu aussi bien , doué
! à cet égard puisse accomplir des choses que le
commun des mortels considérerait comme au-
dessus de ses moyens, et cela surtout lorsque
1 l'entraînement intervient,
Mais il n'y a pas que les muscles propres de
l'estomac qui soient susceptibles dè réaliser ce
phénomène physiologique. Chez Roginsky
comme chez le.cheminot marseillais, cet organe
n'y était pour rien. Il était bien extensible au
suprême degré et pouvait affecter dès propor-
tions supérieures à celles d'un estomac moyen,
mais sa contractilité n'avait rien de particuliè-
rement remarquable. C'était chez lui d'autres
muscles qui entraient en jeu et notamment le
diaphragme d'une part et, de l'autre, les mus-
cles de la paroi abdominale. Le dernier nommé
était, d'ailleurs, parfaitement musclé en toutes
les parties de son corps, et l'était tout spéciale-
ment en ce qui concernait les régions. dont
on vient de parler. L'estomac, chez lui, restait
donc passif et c'était du dehors que venait l'in-
tense contraction qui vidait l'organe de son
contenu.
On comprend maintenant pourquoi la plu-
part de ces « artistes » commencent par avaler
des quantités d'eau impressionnantes. Il faut,
notamment dans le dernier cas, que l'estomac
soit plein et tendu pour que la poussée muscu-
laire veque du diaphragme ou de la paroi
abdominale agisse au maximum. Mais on com-
prend aussi qu'il soit nécessaire dé se soumet-
tre à un entraînement continu pour discipliner
ses muscles au point de leur faire restituer
dans le rythme et sous la forme voulus ce que
contient la poche gastrique. D'autre part, quel
que soit le mécanisme qui agisse, ce contenu,
dans une première phase, passe dans l'oeso-
phage, et celui-ci est appelé à prendre sa part
de travail dans l'ensemble. Lui aussi se con-
tractera donc de façon vigoureuse, mais il le
fera moins brutalement et même avec mesure
lorsqu'il s'agit tout au moins de faire une sélec-
tion dans ce que le méryciste veut ramener au
dehors. Et ceci nous amène à considérer la der-
nière partie de ces exercices surprenants, celle
où l'homme restitue à volonté poissons, gre-
nouilles ou billets de banque.
Ici il n'est plus question, semble-t-i], que
d'une discrimination qui se fait tout simple-
ment dans la bouche et non pas d'un instinct
tout particulier, allégué cependant par les inté-
ressés, et qui leur permettrait le choix au dé-
part de la poche gastrique. Encore moins
peut-on parler, comme on l'a fait, de deux
estômacs. Remarquons, en effet, que tous les
objets ont une forme différente. C'est évident
jxmi; lej animaux, et une grenouille ne Jegseajj,
ble guère, au tact, à un poisson'. Quant aux bil-
lets de banque, ils sont enfermés dans da
petits sacs de caoutchouc dont ni le volume ni
le contour ne sont identiques. Il suffit que le
méryciste se rappelle bien ces variétés et ne
s'y trompe pas. Supposons qu'on lui réclame
un objet déterminé parmi ceux qu'il a avalés
et qu'il fasse remonter dans sa bouche le con-
tenu, de son estomac. Il est admissible que' la
langue et les joues, dont la sensibilité est
grande, et peut encore être accrue par un exer-
cise journalier, sachent reconnaître si la chose
désirée est présente. Si elle est là, l'homme la
met de côté et. laisse le reste réintégrer les pro-:
fondeurs.
On a émis l'hypothèse. que l'oesophage lui-
même, longuement et patiemment éduqué, était
capable de reconnaître au passage au moins la
forme et la grosseur des objets et de faire' un'
tri préalable.- Une observation citée pat-
M. Paris ferait penser que chez quelques'mery-
cistes le choix serait déjà fait au niveau âe
l'orifice supérieur de l'estomac. Tout est'pos-
sible, mais il est certain que la plupart du'
temps'c'est dans la bouche que se'passe le
dernier épisode. Il faut reléguer, semble-t-Ûv
au rang des fables ou du truquage les faits où
un- méryciste ferait un choix entre deux liqui-
des de couleur différente absorbés tour à tour
et restitués à volonté et d'autres histoires du
même genre rapportées pour corser encore le
caractère inhabituel de ces exercices et accroît
tre la curiosité qu'ils suscitent.
On a conclu de ces diverses études qui vien-
nent d'être résumées que beaucoup de specta-
teurs de ces exercices, au premier abord'
extraordinaires, seraient parfaitement suscep-
tibles d'en faire autant avec de l'exercice et'de
la volonté. Encore faudrait-il qu'Us fussent,
dotés, dès leur naissance, d'une musculature
abdominale ou spécialement gastrique qui le
leuf permît. Dans ce cas,'la; supposition e|t
admissible. Oh peut, en tout cas, semble-t-il,
às.surer à ces candidats mérycistes que cette,
particularité n'a rien qui puisse être défavo-
rable à qui l'acquerrait. Peut-être même y
aurait-il avantage à le faire pour certaines
gens qui mangent trop vite et qui gagneraient
à manger deux fois les mêmes aliments. Un
humoriste a soutenu cette thèse. Un médecin
pourrait, pensons-nous, la faire sienne. Si te
coeur .vous en dit...
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