Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-01-31
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 31 janvier 1936 31 janvier 1936
Description : 1936/01/31 (Numéro 27177). 1936/01/31 (Numéro 27177).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
•– 4, le TEMPS. 31 janvier 1936
REVUE D^JLA PRESSE
PRESSE PARISIENNE
Quelles sont les chances du cabinet Sarraut?
Tous les journaux posent la question ce matin.
La plupart s'attendent d'ailleurs qu'une majo-
rité sera favorable au ministère, mais c'est
sur la composition de cette majorité que des opi-
nions diverses S'expriment.
A droite, les attaques restent violentes. Dans
ta Jour, M. Léon Bailby estime que la bataille à la
Chambre sera rude contre c ce gouvernement
d'extrême gauche qui, cherche à faire les élections
au profit du Front populaire t
Nous croyons que ce ministère composite s'en ira
comme il est venu si les nationaux ne sont pas assez
bêtes pour se diviser.
SI, au contraire, le cabinet demeure en place, alone 'a
seule consolation qui nous reste sera de voir et de
présenter & l'admiration des électeurs MM. Blum. Tho-
rez et compagnie défendant ces décrets-lois qu'ils vo-
missaient, et Plandin se réclamant de la politique de
Laval pour en prendre le contre-pled, le tout sous la
bénédiction méprisante de Herriot qui, seul, abandonné
de tout le genre humain, commence à comprendre
qu'on s'est payé sa figure.
M. de Kérillis (Echo de Paris) reproche au
nouveau gouvernement d'avoir jeté la confusion,
la méfiance et le découragement à droite
Enfin, un fait domine tous les autres le refus de
M. Flandin de voter la motion de sympathie et de
confiance à M. P. Laval. Ainsi, la plate-forme électo-
rale essentielle des nationaux la politique extérieure
de paix a reçu de plein fouet un obus de 420.
Conclusion ce gouvernement ne mérite ni sympa-
thie, ni confiance. Qu'au moins les députés nationaux
tirent l'avantage d'une opposition nette, ardente et
combative. 1
Pour M. Lucien Romier (le Figaro), il est im-
possible de prévoir l'évolution finalè du débat
Aucun modéré, évidemment, ne peut figurer dans
une majorité qui comprendrait les socialistes. On n'ima-
gine pas. non plus. un modéré s'abstenant dans une
bataille politique où tes socialistes domineraient le jeu.
Ce serait créer une confusion qui dégoûterait les élec-
teurs de tous les camps.
D'autre part. 11 faut souhaiter que les modérés par-
viennent & un minimum d'intelligence mutuelle et ne
se portent pas des coups qui empêcheraient, ensuite,
toute conciliation sur le terrain électoral.
Nous ne savons pas ce que fera le gouvernement.
Vu sa composition, on ne peut même dire sûrement
de quel côté Il cherchera du secours en cas de péril.
Sa grande faiblesse est cette composition même et
l'équivoque criante qui en résulte pour les moins pré-
venus. Mais les manifestations passées de M. Albert
Sarraut laissent supposer qu'il ne voudra ni réussir
ni échouer sans avoir marqué nettement les préférences
de sa politique.
M. C.-J. Gignoux (la Journée industrielle)
demande lui aussi une politique nette
loi, où on s'efforce fe l'objectivité quant aux per^
emnes, on souhaite que, en dépit de fort légitimes sus-
eepiiodités, les directives qu'exposera tout à l'heure
M. Sarraut déterminent peules le vote du Parlement.
Pour qu'il en soit ainsi, il faut, encore un coup, que
oes directives soient nettes; dans le cas contraire, tout
vaudrait mieux que prolonger' une confusion dont le
seul résultat serait de reporter, en la compliquant, une
échéance Inéluctable.
Le Petit Journal soutiendra sans enthousiasme
le cabinet qui va poursuivre la même politique
de déflation que le précédent
Pour nous, tout en déplorant aujourd'hui comme hier
l'absence de cette volonté de rénovation économique, qui
devrait s'inspirer à la fois de la logique et du .succès
des expériences étrangères, nous soutiendrons le cabinet
Sarraut comme nous avons soutenu le cabinet Laval
parce que, à défaut d'un bon gouvernement, nous vou-
lons au moins la stabilité gouvernementale. Et nous
sommes maintenant en mesure de répondre aux critiques
venant de droite ce que nous répondions hier aux cri-
tiques de 'cuche « Pourquoi condamner le ministère
Sarraut, puisque rien ne sera changé a la politique
française ? Vous protestiez contre le coup de l'hO'ei
Continental; mais l'Alliance démocratique n'a-t-elle pas
tenté de le renouveler à son profit ï •
De même, à l'extrême gauche où l'on s'est élevé avec
colère contre un ministère responsable des décrets de
misère, ne va-t-on pas soutenir désormais un gouver-
nement où M. Régnier entend les maintenir, et où,
enfin, quelques ministres se déclarent nettement déci-
dés à combattre le Front populaire?
A gauche, M. Emile Roche fait cavalier seul
comme las jours précédents et JJ termine sa
campagne contre le cabinet par une lettre ouverte
au président du conseil:
Je n'ai pas t'intention de faire contre votre oabinst
une guérilla.
J'ai tenu simplement à dire mon étonnement de vous
avoir vu faire le gouvernement qu'aujourd'hui vous
présentes devant les Chambres, ma surprise, ma etu-
peur de vous avoir vu appeler, sans consulter aucun
de ceux qui ont la charge des Intérêts républicains des
grandes réglons, des hommes qui toujours furent nos
adversaires et les vôtres.
Aujourd'hui le mal est fait.
La parole est aux parlementaires qui cet après-midi
entendront vos explications.
L'Œuvre considère que le devoir est simple
Le gouvernement Sarraut aura-t-il la majorité?
On peut l'affirmer, semble-t-il, sans crainte.
Quelle majorité?
Les gauches ont renwreé ie cabinet lUaval. Elles ne
feront pas le Jeu de oelui-ci et de ses amis en refusant
leur soutien au cabinet Sarraut. On a fait, loi et là,
des réserves sur la composition du ministère. On a
regretté qu'un gouvernement de « Front populaire »
ne se soit pas constitué. Ailleurs, on s'en est féllnllô, en
faisant observer qu'avant les élections o'était préma-
turé, et que pareil gouvernement, sans majorité parle-
mentaire assurée, eût été pour la droite une olbl« fa-
cile.
Il ne reste dono plus qu'à voter pour Sarraut.
VEre nouvelle croit que les espoirs nés de la
constitution du cabinet se réaliseront
Beaucoup d'oppositions auasl ont eurgl; le bureau
du parti radical les a examinées et a passé outre.
FEU1L.LETOM »U QLtotyt
PU U JANVIER 1«36 (1)
Variétés historiques
Monsieur de Meyrarpes
Gentilhomme Ae Provence
ha matière d» ee rieit a élè fourme à Vau-
tmir par les actes authentiques du procès
d(î fW5i, dont il a retrouvé une copie parmi tes
manuscrits de la bibliothèque Méjanes, à At»-
en-Provenee. Nous sommes en pleine réalité
historique.
Un matin de septembre 1905, l'ambassadeur
d'Espagne, don Balthazar de Sanigua, se lit
annoncer au Louvre. ke roi ^l'avait lui-même
prié de le venir voir. Henri IV n'était pas
homme à éviter ou à remettre les explications
nécessaires j
L'Espagne, en paix avec ta France depuis ie
traite de Vervins, continuait aux Pays-Bas la
guerre contre les Provinces-Unies. Bien des
gentilshommes français, dont l'épée était sans
emploi et la bourse dégarnie, s'enrôlaient dans
las troupes de l'archiduc espagnol qui comman-
dait dans les Flandres.
Le roi tes voyait sans plaisir quitter le
Kyaume et se mettre au service d'un souverain
qu'il avait longtemps combattu. Il était encore
a meilleur droit courroucé lorsqu'il les retrou-
vait mêlés aux complots qui étaient sans cesse
tramés contre sa personne et contre son Etat.
L'ambassadeur du roi d'Espagne à Paris ne
semblait pas étranger à certains de ces cora-
niots, et le roi tenait à l'avertir que ce jeu
n'était point pour lui plaire plus longtemps.
L'entrevue fut brève. L'ambassadeur, qui
gavait son métier, se plaignit le premier. Le roi
n'assistait-il pas d'hommes et d'argent les
« révoltés des Pays-Bas ?
Monsieur, dit le roi, tranchons net. Votre
maître fait avec moi profession d'amitié. Il
me trouvera toujours prêt à faire honneur à
la foi jurée, Mais qu'il me permette de me
mêler seul de mes affaires. Vous saves que
Traduction et reproduction Interdites.
Par ses vœux, par son ordre du jour, le bureau du
comité exécutif a dénoncé les adversaires d'une poli-
tique d'ordre, de bon sens,, de sagesse républicaine.
Il dépend du ministère Albert Sarraut que par son
esprit de décision, sa fermeté, sa résolution, ses adver-
saires soient ramenés à la raison.
Dans le Populaire, M. Léon Blum ne dit pas
ce que décidera in-extremis le groupe socialiste
de la Chambre. Il déclare seulement qu'il accom-
plira sa tâche « sans aucune espèce de trouble,
sans être dupe de rien ni de personne, sans se
laisser abuser par les illusions ou embarrasser
par les intrigues ».
Il n'aura, commo 'toujours, qu'une seule préoccupa-
tion traduire la volonté des masses populaires dont
U est l'interprète; servir les intérêts de la classe
ouvrière dont il est le défenseur.
A l'Humanité enfin, M. P. Vaillant-Couturier
déclare que le cabinet ne peut être qu'un « gou-
vernement de liquidation »
-Qu'il liquide. À' l'intérieur comme à l'extérieur.
Pour bénéficier de notre appui ou, tout au moins,
de notre neutralité, le gouvernement actuel quel
que soit le préjugé défavorable qui s'attache pour nous
à certains de ses membres représentatifs d'un patronat
impitoyable ou de la politique des décrets-lois doit
satisfaire aux vœux les plus" immédiate de ceux qui
ont chassé le gouvernement Laval, c'est-à-dire à li
grande masse du pays républicain.
Sa devise, le 9 février et le 12 février 1934. le 11 no-
vembre 1934, le 14 juillet et le 11 novembre 1935, fut
et demeure Le fascisme, voilà l'ennemi I »
Dans l'Opinion, M. Charles-Maurice Bellet, an-
cien députe, vice-président de la Fédération répu-
blicaine de France, commente dans les termes les
plus favorables la désignation de M. Flandin « que
M. Doumergue songeait à envoyer au quai d'Orsay
après la mort tragique de Louis Barthou »
Pierre-Etienne Flandin appartient par son milieu,
son atavisme, son éducation, à l'école des Ribot, des
Delcassé et des Poincaré, beaucoup plus qu'à celle des
Briand, des Boncour ou des Herriot. Il a le sens de la
tradition, la connaissance de l'histoire il n'est pas à
craindre qu'il se jette dans des aventures.
Il arrive d'ailleurs au quai d'Orsay à l'heure où
l'Angleterre évolue, où elle commence a comprendre »3 3
danger qu'elle a couru; sa connaissance des milieux
britanniques, ses amitiés à Londres et en particulier
dans la Cité, lui permettront de mener à bonne fin la
politique de conciliation qui fut celle de M. Laval. Cer-
tains disent M. Flandin sanctionniste avant tout. La
chose est certainement inexacte puisque le nouveau
ministre des affaires, étrangères a eu coin de le dire
et devant le comité directeur de l'Alllance républi-
caine, et au cours du premier conseil de cabinet.
Il demeure que h quai d'Oreav est entre les mains
d'un homme particulièrement averti de la politique
iinglaise, dont l'éducation plaît à nos amis d'outre-
Manche, qui a des relations étendues en Europe cen-
trale et en Italie. 11 doit réussir l'œuvre d'apaisement
qu'il veut entreprendre.
NOUVELLES DU JOUR
Le cinquantième anniversaire
de la vie parlementaire
de M. A'exancîre Millerand
Pour fêter le cinquantième anniversaire de
l'entrée de M. Alexandre Millerand au Parlement,
un diner a été offert hier soir, à l'Union inter-
alliée, sous la présidence de M. Léon Bérard, se-
nateur, de l'Académie française.
L'ancien garde des sceaux était entouré de
MM. Jeanneney.président du Sénat; Fernand Bouis-
*on, président de la Chambre des députés; Dou-
morgue, ancien président de la République; Thorp.
bâtonnier de l'ordre des avocats; Dreyfus, premier
président de la cour d'appel et d'un grand nombre
de personnalités de l'Institut, de la politique, de la
magistrature, du barreau, du monde diplomatique
et de l'armée.
M. Léon Bérard, après avoir évoqué des souve.
nirs sur la vie et la carrière de M. Alexandre Mii-
lerand, a conclu
Vous êtes, monsieur le président, de ceux que l'on
ne voit guère différents d'eux-mêmes d'un moment i
l'autre. Cette égalité pourrait bien tenir, chez vous, à
un heureux accord du caractère, de la pensée et du
talent. On sent en vous une profonde et noble convic-
tion, dont un Raymond poincaré était lui aussi fortement
pénétré -o'est qu'il y a peu de contradicteurs ou d'ad-
versaires que l'on ne puisse ramener ou réduire par le
raisonnement. L'art de persuader est pour vous une
partie de l'action. Et votre parole en porte témoignage.
Drue et vive, d'une clarté qui procède de la netteté
même du dessein, elle cherche visiblement à s'accom-
plir en un acte plutôt qu'à s'achever en une pérorai-
son. Vous mettez au surplus un même soin à motiver
vos' propres résolutions et à persuader les autres. Les
mômes traits serviraient a définir les caractères de
votre éloquence et le style de votre vie. Il est peu de
vos discours qui ne décèlent le goût de prendre parti et
comme un besoin de responsabilité.
La vie publique et la libre discussion ainsi entendues
et pratiquées, c'est là, peut-an croire, un beau témo!»
gnage rendu aux institutions que la France a résolu, il
y a plus de cent ans,, d'approprier à sa longue histoire.
En vérité, tous ceux qui tiennpnt Il ces institutions, tous
çoux qui demeurent attachés à l'idée ou la notion
d'une société vraiment libérale doivent nous être unis
ce soir par un sentiment semblable 4 celui qui nous é
rassemblés.
Il convient à tous les partis de maintenir entre eux
un lien, fait du respect qu'ils professent ensemble pour
les vertus de l'esprit et du caractère, faute desquelles la
vie même des partis ne serait guère concevable.
C'est ce que signifie avec éclat notre réunion elle-
même. C'est ce que signifie tout particulièrement la
présence de M. le président Doumergue, de MM. les
présidents du Sénat et de la Chambre, que je remercie
do tout eceur d'avoir bien voulu répondre à notre
appel.
Nous honorons ensemble le. courage, le talent, une
puissante volonté et un libre esprit mis au service de
causes aussi nobles que celles de l'Etat, de la patrie.
de la liberté I
Dans sa réponse, M. Alexandre Millerand, ayant
remercié M. Léon Bérard, M. Gaston Doumergue,
ceux des Pays-Bas ont été de mes amis et m'ont
prêté leurs écus lorsqu'il me fallait conquérir
le royaume le cul sur la selïo et la lance en
:nain. Faudrait-il maintenant que je ne leur
rendisse point leur argent ? Quant aux hommes,
s'il plaît à quelques-uns de mes sujets d'aller
quérir aventure en Frise ou en Hongrie, bon
voyage, cela les regarde. Et j'aimerais assez,
en ce qui me concerne, qu'ils restassent au pays
plutôt que d'aller servir monsieur le Stathou-
der. à moins que ce ne soit, n'est-il pas vrai,
monsieur l'Archiduc?
L'ambassadeur sourit A la pointe, qu'il estima
spirituelle. Le duel était engagé.
Pourtant, Sire, ne dit-on pas que monsieur
de la Baudrière, étant pour votre service auprès
de ce même monsieur l'Archiduc, aurait conté
fleurette aux comtes de Vandenberge ?
Les comtes de Vandenberge, monsieur,
sont d'Allemagne et non d'Espagne. Ils ne
doivent compte de leurs actes qu'à l'empereur.
Mais, puisque vous paraissez porté à poser des
questions, souffr ez qu'à mon tour je vous inter-
roge. Etes-vous bien sûrs, messieurs d'Espagne,
de n'avoir été pour rien dans les affaires qui
ont mené à mal le comte d'Auvergne, le prince
de Gin ville, le duc de Bouillon, et quelques
autres ? Votre gouverneur de Milan, le duc de
Puentes, n'aurait-il été nullement mêlé aux
tristes complots qui ont conduit à la mort, voici
trois ans, mon ami le maréchal de Biron ? 9
Votre prédécesseur en personne n'a-t-il point
poursuivi monsieur du Terrail, attaché à la
compagnie de monsieur le dauphin, jusqu'à ce
qu'il lui ait fait faire le saut ? '1
Le roi soulignait de la voix chacun des noms
qu'il prononçait, II s'était levé.
coutez, monsieur, une franche parole.
Cela n'est point chose commune dans votre
métier, ni dans le mien. Si je vous laissais
faire, votre maître et vous, vous me renverse-
riez mon royaume sur la tête. Mais rappelez-
vous ceci, parole de roi Dieu y pourvoira, et
nous sommes ici quelques-uns bien disposés à
lui prêter notre bras et notre cervelle. Le roi
votre maître éprouvera quelle est là France,
lorsqu'elle n'est point livrée aux factions. Je
n'ai point peur. Hier encore, sur le Pont-Neuf,
n'ai-je point été tiré par le manteau par un
jeune homme de Senlis, nommé Jean des Isles,
m'a-t-on dit, et qui a été trouvé porteur d'un
poignard? Dieu n'a pas permis qu'il me frappât.
Rappelez-vous, monsieur, qu'on ne souhaite ici
que de conserver la paix, mais qu'on n'est pas
en humeur de tendre le col à vos lacets. Et
tenez-vous-le une bonne fois pour dit 1
Le roi s'était planté droit devant l'ambas-
sadeur. L'Espagnol, qui s'était tu tout court
pendant le débordement de la colère royale,
|t&it trop habile homme pour répondre. IJ sen-
tait pourtant que le roi n'avait pas tout dit.
Ayant attendu quelques instants, et voyant le
roi silencieux il se décida à prendre congé.
1 On savait très bien à Madrid, assura-t-il
M. Jeanneney, M. Bouisson et toutes les person-
nalités qui i entouraient, a dit, notamment
Ce que fut ^înon action dans ce demi-siècle si plein
d'événements, ce n'est pas à moi de le juger. Ce que
je puis dire, à l'heure où je suis parvenu et sans
présager l'avenir, c'est que je ne puis que remercier
la destinée de la part qu'elle m'a réservée.
Je ne songe pas seulement à ce dont il m'est interdit
de parler, au bonheur intime et inexprimable que m'a
fait la chère compagne de' ma vie.
Je pense à l'activité qui fut la tramé de ces cin-
quante années. Si l'erreur est le propre de l'homme,
je n'ai pas échappé à la règle commune. Du moins,
soyez-m'en témoins, cette action n'eut jamais pour ob-
jet que l'adoucissement du sort des malheureux. le
développement de la prospérité française, la défense
pationale, la sécurité et la grandeur de la patrie.
S'il m'est donné de célébrer la cinquantième année
de mon existence parlementaire, je le dois au geste
généreux et spontané d'un homme dont je ne saurais,
ce soir, taire le nom, de mon cher et regretté ami,
M. Henry Rouileaux-Dugage je le dois à mes vullants
et fidèles électeurs de l'Orne. Souffrez que je leur en-
vole d'ici le témoignage renouvelé de mon affectueux
attachement.
Du premier jour que j'entrai dans 1& vie publiqtïBSt
je me.promte mol-même que je 'ne dépendrais ja-
mais, matériellement, de la politique. Qui m'eût dit
alors que le barreau ne m'apporterait pas seulement
l'indépendance, mais, avec elle, les plus douces' satis-
factions,de l'esprit et du cœur. Quel repos, au sortir
des luttes âpres des partis, de retrouver, dans l'at-
mosphère paisible d'une chambre civile, des confrèros
dont beaucoup étaient des amis, et de'- 'se' mesurer en
des luttes courtoises avec des adversaires dont on es-
timait le caractère autant que le talent.
Le Palais, dont je salue ici avec émotion tant ae re-
présentants éminents, au premier rang desquels le
grand magistrat qu'est M. le premier président de la
cour de Paris, le Palais ne m'a pas ménagé sss mar-
ques d'estime et de sympathie.
Voici bientôt cinquante-cinq ans que je porte la robe.
L'amour et le respect de ma profession m'accompa-
gneront jusqu'au dernier jour. Indépendance et hon-
neur, c'est sa devise. Puissé-je mériter qu'on juge que,
cette devise, j'y suis demeuré fidèle dans ma vie pu-
blique comme dans ma vie professionnelle.
A la Société des amis de Paul Painlevé
Les membres de la Société des amis de Paul
Fainlevé se sont réunis en un déjeuner, sous la
présidence de M. Yvon Delbos,.garde des sceaux,
De nombreuses personnalités des milieux politi-
que, scientifique et militaire, assistaient à cette
réunion, notamment MM. Steeg, ancien président
du conseil, Georges Bonnet, ministre du commerce,
Stern, ministre des colonies, général Denain, MM.
Berthod, Marchandeau, Emile Borel, Jammy
Schniidt, P. AppeU, anciens ministres, Le Moignic,
sénateur, Brandon, Poittevin, Marius Moutet,- dé-
putés, Perrin, Gaultier, Paul Bigot, professeurs,
Jean-Louis Faure, Ch. Maurih, membres de l'Ins-
titut, Théodore Tissier, vice-président du Conseil
d'Etat, amiral Dumesnil, MM. Bourguignon, cbn-
servateur de la Malmaison, Pécaut, directeur hono-
raire de l'écoîe normale de Saint-Cloud.
Au cours du déjeuner, M. AppeH a informé les
membres de l'association qu'un livre réunissant les
discours et articles les plus caractéristiques de
Paul Painlevé, de 1890 à sa mort, était en prépa-
ration. Ce livre parattra dans deux mois environ
ACADÉMIES, UNIVERSITÉS, ÉCOLES
A la faculté de droit
Le président de l'Association corporative des
étudiants en droit communique la note suivante
Le comité intercorporatif, représentant dix-neuf
associations corporatives, groupant près de 15,000 étu-
diants et les délégués au conseil de discipline de
l'Université, considérant qu'aucune solution n'a été
apportée à la situation créée à la faculté de drJit par
la reprise des cours du professeur Jèze; que, 1ms ces
conditions, rien ne saurait être changé dans l'état d'es-,
prit des étudiants;
Insiste auprès des pouvoirs publics afin que «eux-ci
prennent une décision qu'imposent l'honneur et l'intérêt
des étudiants; décline toute responsabilité au oas où
les autorités responsables voudraient imposer Un cours
manifestement Impossible au moyen de la force publi-
que ou par des brimades Injustifiées;
Invite leurs camarades du droit à conserver dans
leur manifestation le calme et la dignité en prenant
.garde à des provocations qu'il serait dans l'intérêt de
certains de créer. ̃ ••'̃
De son côté, la section de droit de l'Union fédé-<
raie des étudiants communique la note suivante
Le cours de M. Jèze doit reprendre le samedi 1" fé-
vrier, à 8 h. 45. Devant la menace de fermeture défini-
tive de la faculté et de la suppression de la session de
juillet, tous les étudiants doivent s'unir pour mainte-
nir le -calme à la faculté.
La direction de l'université nous a donw* l'assu-
rance que des mesures disciplinaires sérieuses allant
jusqu'au retrait de,la carte d'étudiant seraient appli-
quées,
En outre, seuls pourraient assister au cours dé
M. Jèze. les étudiants qui demanderaient leur carte
d'option au secrétariat de la faculté avant samedi.
Nous demandons aux étudiante résolus à assurer
l'ordre de passer au local de TUnion fédérale A^s étu-
diants, 179, rue Saint-Jacques, jeudi et vendredi, de
9 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures.
Au Centre d'étude»
de la Révolution française
M. Etienne Fournol, anci'en député, vice-présl'
dent de l'Alliance française, fera au Centre d'étu-
des de la Révolution française une conférence sur
« Le caractère international de la Révolution »,
qui aura lieu lundi 3 février, à la Sorbonne
(amphithéâtre Michelet), à 17 heures. (Entrée pa.'
le n° 46 de la rue Saint-Jacques.)
en se levant, quels étaient le courage et la
prud'homie d'Henri le quatrième. Il ne man-
querait pas de transmettre les paroles du roi.
Sans répondre, Henri le raccompagna..Sur
le seuil de la porte, à brûle-pourpoint et d'un
air enjoué
Et si vous voyez monsieur de Meyrargues,
ne manquez pas de lui donner le bonjour pour
moi.
Don Balthazar s'était arrêté, les yeux dans
ceux du roi. Le visage impassible, il répondit
qu'il n'avait point le plaisir de connaître le
gentilhomme dont' le roi prononçait le nom.
Ayant salué derechef, il quitta d'un pas lent
la cabinet du roi.
Monsieur de Meyrargues, gentilhomme de
Provence, n'était point riche.
« M'an douna un galinaro (On m'a donné
un poulailler) gémissait son bisaïeul, qui avait
eu au royaume de Naples un revenu de trente
mille ducats. Les consuls de Meyrargues té-
moignaient plus tard « qu'au temps de la dona-
tion Meyrargues ne valait que deux cents flo-
rins de rente et était place si chétive qu'Arte-
luche fut obligé d'acheter une vigne s'il vou-
lut (sic) avoir du vin pour, son boire ».
Le fief de Meyrargues avait été donné en 1442
par le roi René, avant-dernier comte de Pro-
vence, à son fidèle compagnon des chevauchées
d'Italie, Arteluche d'Alagonia, en dédommage-
ment des domaines de Sicile qu'il avait perdus
pour le servir. Le village est assis au flanc, du
rocher que couronne encore le château. Une
partie du logis est, même aujourd'hui, habita-
ble. De la terrasse ou des tours, se découvre le
dos de la Trévaresse, taché de pins et d'a,rbustes:,
du maquis. Des terrasses d'oliviers gris et des
pentes de guérets mènent,' au nord, vers If-:
Durance, qui divaguait jadis dans sa vallée trop
large. Ses vergers et ses champs n'étaient alors
que « terres gastes » ou « laissans_ », fouillis
d'aunes et de coudriers, que d'anciens droits
de pâture et l'absence de protection contre les
caprices de l'eau gardaient de toute tentative
do défrichement. De nos jours, les terres de
Meyrargues appartiennent encore toutes « au
château », habité parfois par une famille qui
réside à Turin. Les rapports avec l'Italie n'ont
Sas cessé dans cette marche méditerranéenne,
'est au château que les gens du bourg s'adres-
sent lorsqu'ils veulent ouvrir un nouveau che-
m'iq, capter une source, aménager un terrain
de sports.
Ce n'était, au fond, qu'un pauvre pays. Les
labours se glissaient dans les plis des collines,
se hissaient sur des terrasses défendues à
grand'peine des ruissellements d'hiver. Les
gens menaient leurs moutons à la pâture dans
le* tapi de thym et de romarin de la Tréva-
resse ou dans les basses terres de la Durance.
Us dévastaient les bois de pins pour leurs feux
leurs récoltes hâiivôs avant la grand* séehe-
aemee y
Les amis de la Légion étrangère
Les amis de la Légion étrangère ont donné hier,
au Cercle militaire, leur second dîner annuel, sous
la présidence du maréchal Franchet d'Esperey.
Parmi les nombreuses personnalités qui y as-
sistèrent on remarquait le vice-amiral Guépratte,
le colonel Picot, ancien ministre, président des
Gueules cassées; MM. Jourdain, Moussot, Mme
Frank Jay Gould, etc.
Après le banquet se tint l'assemblée générale,
au pours de laquelle, en un rapport moral cha-
leureusement applaudi, le président des amis de
là Légion étrangère, M. Ortiz, mit les convives au
courant de la situation satisfaisante de cette bien-
faisante association.
MARINE'
Mouvements de bâtiments
Les sous-marins le Centaure et Henri-PMncaré,'
^Bhàrit de Brest, sont arrivés, à Port-Etienne.
{'•̃ Le croiseur Lamotte-Picquet, venant de Saigon,
est arrivé 4 Port-Dayot.
i Le croiseur Primauguet, venant de Colombo, est
arrivé à Djibouti le 28 janvier, après avoir fait
escale à Aden, le 27 janvier.
JGrlOS ET UÏFORPTIOflS
IL Y A VN DEMI-SIÈCLE
Lu dans le Temps du dimanche 31 janvier 1886
X Le gouvernement grec n'a pas encore déféré
à la requête collective des puissances lui deman-
dant de désarmer. Il semble que le cabinet retarde
sa réponse en présence des perspectives qu'ouvre
à l'hellénisme l'avènement éventuel de M. Glad-
stone à Londres. Le bruit court que te roi Georges,
effrayé des responsabilités qua pèsent sur lui,
songerait à abandonner ta partie. Le moment
serait mal choisi pour plonger la Grèce dans les
embarras d'une crise dynastique, car les nuages
s'amoncellent à Les flottes combinées des
puissances ont rendez-vous aujourd'hui ou de-
main dans la baie de Suda, en Crète.
L'inoubliable beau-frère. Zoubkov n'est plus;
usé par la vie aventureuse qu'il mena depuis son
adolescence, il vient de trépasser, à l'âge de 35 ans.
L'amour sénile de la malheureuse princesse
Victoria ne lui a pas seulement coûté sa fortune
,et la considération publique, il a effacé son nom
lie la mémoire des hommes, de ceux, du moins,
aojit l'Almanach de ftotha est le livre de chevet.
C'est vainement, en effet, que l'on chercherait dans
l'illustre et vénérable almanach une mention quel-
conque de feu la fille aînée de l'empereur Fré-
déric III. Pour le Il Gotha u, dans ses dernières
éditions, le ci-devant kaiser n'a jamais eu que
deux sœurs, les princesses Sophie (la défunte
èx-reine de Grèce) et Marguerite. Mme Alexandre
Zoubkov est ignorée»
Le transport de la glace carbonique. La
Chronique des transports signale qu'une compa-
gnie de chemins de fer américaine va mettre en
circulation prochainement des wagons spéciaux
destinés au transport rapide de la glace carbo-
nique (neige carbonique comprimée *én blocs). Ces
wagons ont été, paraît-il, pourvus de dispositifs
isolants pour réduire au minimum j'évaporation;
un chemin de roulement à galets qui parcourt les
voilures dans toute leur longueur permet de ré-
partir les blocs de glace dans des cuves aména-
gées à cet effet. Chaque wagon peut contenir 1,100
blocs de glace de 65 livres.
Naissances
M- et Mme Pierre Tertois sont heureux d'an,
ii^peer la naissance de leur fille, Nicole. Bagneux,
le 25 janvier. Nécrologie
'"ji– On nous prie d'annoncer le décès du docteur
Tïllaye, chevalier de la Légion d'honneur, profes-
seur à l'école de médecine de Tours.
Les obsèques auront lieu samedi i" février,
̃ à-10 heures, en l'église Saint-Julien, de Tours.
«%ière de considérer le présent avis comme. une
limitation. ̃• ̃ ̃
̃ On a le regret t d'annoncer la mort de
Jf Albert Hugon, chevalier de la Légion d'hon-
A!&ert HM~OK, chevalier de ta Légion d'hon-
neur, ancien directeur technique de la Société
anonyme des Pétroles Jupiter, survenue le 29 jan-
vter 1936, à Paris.
Les obsèques auront lieu samedi i" février,
en l'église de Rueil, à il heures.
:'̃" Nouvelles diverses
A partir d'aujourd'hui 30 janvier, la circu-
lation des véhicules sera rétablie à double sens
dans la partie de la rue de Varenne comprise
entre les rues du Bao et de Bellechasse.
L'album du Souvenir « Astrid, reine des
Belges », 24 grands portraits inédits, héliogravure
d'art (format 37x28 cm.), a déjà 80,000 exemplai-
res vendus à ce jour. Prix 20 francs, jusqu'à
concurrence de 100,000 exemplaires. Envoi postal
recommandé 3 fr. 50.
La première édition épuisée, le prix sera porté
.à 55 francs. Dépôt l' « Art belge », 79, aveiue
des Champs-Elysées, à Paris. Compte ch. p. 97,738
(R. de Wandre).
Le congrès du parti agraire et paysan fran-
çais se tiendra salle des Ingénieurs civils, 19, rue
Blanche, mardi et mercredi 4 et 5 février 1936.
Il sera précédé lundi 3 février d'une réunion du
conseil national.
resse d'été qui ne laissait plus, dans le pays
devenu rouge ou gris de cendre, que les quel-
'ques taches vertes des prés d'en bas. Chaque
nuit, le « pradier «répartissait par. des rigoles
l'eau avare des sources,
• Peux générations d'Alagonia s'étaient suc-
cédé à Meyrargues. Des mariages avaient uni
la famille aux familles nobles du pays, effa-
çant son origine aragonaise et napolitaine.
Mais le mirage de l'Italie et de l'Orient n'avait
cessé de pousser à l'aventure les cadets. A
vingt ou trente ans de distance, dès que la
barbe leur poussait, on les voyait mener les
mêmes rêveries sur la terrasse du Midi. Ils
chevauchaient de même, sous prétexte de
chasse, par delà la plaine d'Aix, jusqu'aux
monts de l'Etoile d'où se découvre la mer. Ils
posaient aux aînés, chacun à son tour, les
mêmes questions sur les fiefs de Sicile qui
avaient appartenu aux premiers de la lignée.
A maintes reprises, ils avaient suivi le roi au
delà des monts, sans retirer sou ni maille de
leurs loyaux services. Un,Meyrargues était mort
à Ravenne. Louis d'Alagonia, sieur de Meyrar-
gues, oelui dont nous avons entendu le. roi pro-
noncer le nom (quel honneur, pour un si mince
gentilhomme !) était né en 1554. Son enfance
s'était écoulée pendant les luttes religieuses,
4?lus inexpiables en Provence que sur n'importe
quelle autre terre du royaume. Il avait com-
battu dans les troupes de la Ligue, juré mille
fois la mort ou la ruine du roi huguenot. Sur
la fin des guerres, il s'était enorgueilli de ser-
vir le duc d?Epernon, aventurier magnifique
dont le roi avait dû acheter la soumission au
prix le plus haut. Depuis l'édit et la paix de
JVervins, |len était réduit à vivre sur ses terres.
Or, à cinquante ans, quand on a toute sa vie
.forcé les places et les filles, sauté sur les mu-
railles, égorgé du huguenot et ravagé des pro-
vinces, on a beau avoir, le poil gris, si le rein
pt le bras sont encore solides, il est difficile
de jouer au pastoureau.
Olivier de Serres et son Théâtre d'agriculture
ne disaient rien à notre gentilhomme. Tou-
jours par les routes, il avait bien, en quinze
ans et jusqu'à cette paix maudite, couché à
.Meyrargues l'espace de deux à trois mois.
j Demoiselle Berthon Grillon, sa femme, s'en
était, ma foi, accommodée. Les gens disaient
que, par la grâce de quelques voisins, sa jeu-
nesse n'avait pas été laissée en friche autant
que pouvaient l'être les « terres gastes » du
domaine.
De tout cela, Louis de Meyrargues ne se sou-
ciait guère, pas plus que de son économie do-
mestique. On l'aurait embarrassé en lui deman-
dant le nombre de ses enfants, légitimes s'en-
tend. Il savait bien en avoir gardé deux, deux
filîes, l'une mariée à Aix. l'autre cloîtrée à
Toulon. Mais il n'avait cure de ceux, au moins
trois sans doute, qui avaient pu mourir en bas
âge. Quant aux revenus de Meyrargues, ne
devaient-ils pas ailes à une femme ou à son
Cours et conférences
Le cours de M. André Pierre sur la Russie
contemporaine (chute du tsarisme et révolution),
commencera vendredi 31 janvier à l'Ecole des
hautes études sociales (16, rue de la Sorbonne), à
17 h. 30 et se poursuivra tous les vendredis à
la même heure.
Conférence de Charles de Tolnay sur: « Pierre
Breughel l'ancien », vendredi 31 janvier 1936, à
15 h. 45, à l'institut d'art et d'archéologie de l'uni-
versité de Paris, 3, rue Michelet.
Société des Conférences, 184, boulevard
Saint-Germain. Demain vendredi, à 14 h. 30, con-
férence de M. Paul Morand « Retour aux idées
de 1900. »
Le 31 janvier, à 21 heures, aux archives in-
ternationales de la danse, 6, rue Vital (16"), con-
férence du docteur Marcel Baudouin sur « les
Danses anciennes de Vendée, leurs origines, leur
originalité ».
Projection et danses par les membres du groupe
costumé de la Vendée a Paris,
-A l'Union pour-la vérité, .21, rue Viscontf,
Paris (6°), samedi 1" février, à 16 h. 30, M. Jean
Coutrot « Les raisons, de vivre d'un homme
d'aujourd'hui »,
Musée du Louvre (4, quai des Tuileries).
Samedi 1" février, à 14 h. 45, conférence par M.
d'Estournelles de Constant, directeur honoraire
des musées nationaux, sur « Claude Debussy ».
Lundi 3 février, à 18 heures, institut catho-
lique, 21, rue d'Assas, conférence du R. P. Sabatié,
de l'Oratoire « les Enigmes de l'univers; son
existence ».
ju'institut de paléontologie humaine annonce
la reprise de ses conférences qui ont lieu le sa-
medi à 17 heures. Voici le programme de 1936
8 février. Schmerling, précurseur de la
paléontologie humaine, par M. Ch. Fraipont, pro-
fesseur à l'université de Liège.
15 février. L'homme de Néanderthal, par
M. A.-C. Blanc (de l'université de Pise).
22 février. L'emploi de l'os dans les vieilles
Industries paléolithiques, par M. H. Breuil, pro-
fesseur au Collège de France et à l'institut de
paléontologie humaine.
29 février. L'âge des gravures rupestres du
nord de l'Afrique, par M. R. Vaufrey, professeur à
l'institut de paléontologie humaine.
7 mars. Les Atlantes, race préhistorique, par
M. A. Verneau, professeur à l'institut de paléonto-
logie humaine.
Les cartes donnant accès à ces conférences sont
nominatives et doivent être demandées au direc-
teur de l'institut de paléontologie humaine, 1, rue
René-Panhard, Paris (13').
QUESTIONS SOCIfiLES
La grève des mineurs de la Mure
•M. Camille Chautemps a reçu hier une déléga-
tion des mineurs du bassin de la Mure en grève,
composée de MM. Suppo, Mauberret et Verdin,
du syndicat des mineurs de ce bassin, assistés de
MM. Vigne, Bard et Duguet, de la Fédération
du sous-sol; Sandra, secrétaire de l'Union des
syndicats de l'Isère. Cette délégation était accom-
pagnée du docteur Ricard, maire, conseilier gé-
néral de la Mure; MM. Vial, son premier adjoint;
Magnat, conseiller d'arrondissement; Moire, de la
Motte-Saint-Martin. Elle était conduite par M. Ra-
vanat, député de l'Isère.
Le docteur Ricard a longuement exposé les
raisons pour lesquelles la population entière était
solidaire des mineurs en grève, persuadée que
ceux-ci, en défendant leurs salaires, défendaient
l'intérêt général. Il a souligné le calme et la di-
gnité des grévistes.
M. Suppo a développé ensuite la genèse du
conflit et exposé le point de vue des ouvriers
mineurs.
M. Vigne, secrétaire général, est intervenu pour
attirer l'attention du ministre des travaux pu-
blics sur les répercussions que pourrait avoir le
conflit sur la situation générale du pays, en même
temps qu'il a indiqué les raisons pour lesquelles
la Fédération du sous-sol était entièrement soli-
daire des mineurs en grève.
M. Ravanat, après avoir plaidé la cause des mi-
neurs du bassin de la Mure, a remercié le mi-
nistre de l'accueil qu'il avait réservé à la délé-
gation.
M. Camille Chautemps, qui avait écouté avec
intérêt ces exposés, a déclaré qu'il allait immé-
diatement se saisir de la question et qu'il s'em-
ploierait avec la plus grande bienveillance à ce
que celle-ci trouve une prompte solution au re-
gard de l'intérêt général de la population de la
Matheysine. U a félicité les ouvriers mineurs de
l'esprit de pondération et du calme qu'ils appor-
tent dans le conflit. q
L'EXPOSITION DE 1937
De très nombreux correspondants de jour-
naux étrangers 'assistaient, hier, au déjeune."
qu'offraient à nos confrères, entouré des hauts
fonctionnaires du ministère du commerce, M. Fran-
çois Latour, commissaire général adjoint de
l'Exposition de 1937, délégué a la propagande.
Dans une allocution très applaudie, M. François
Latour a rendu hommage aux correspondants de
journaux étrangers, dont le témoignage spontané
en faveur de l'effort accompli par Paris et !a
France a puissamment contribué à multiplier les
participations officielles des gouvernements étran-
gers,
Au nom de tous ses confrères, M. Dastours,
correspondant de journaux canadiens, a évoqué
avec éloquence le Paris d'hier, d'aujourd'hui et
de demain, sans cesse renouvelé et toujours sem-
blable à luii-môme. Aux applaudissements de tous,
il a renouvelé à M. François Latour et au com-
missariat général de l'Exposition l'assurance de
l'entier concours de la presse mondiale.
frère puîné ? Il avait laissé la dame de Mey-
rargues diriger les terres. Entendue aux choses
des champs comme au ménage, elle se plaisait
à dénombrer les droits infinis et minuscules
qui pressuraient le paysan sans enrichir le
seigneur, depuis le droit de « poussiérage »
payé par les troupeaux transhumants, jus-
qu'aux alberges, lauzismes et trézaines, sans
compter le péage du bac de Pertuis, sur la
Durance.
Certain jour d'avril, monsieur de Meyrargues
fit seller son cheval et prit, suivi d'un seul valet,
la route de Marseille. 0
Député auprès du roi par les Etats de Pro-
vence, il avait fait l'an passé le voyage de
Paris. Il avait retrouvé nombre d'anciens com-
pagnons d'armes bien pourvus, de charges et
s'ongraissant au service du roi. Sans vergogne,
il avait tenté, lui aussi, de faire sa cour.
Un jour, à Fontainebleau, étant auprès du
roi, il avait trop brusquement, sa manière,
laissé voir que le commandement d'une place
lui siérait assez. Son beau-frère, monsieur de
Bar, tenait la ville de Grasse. Lui, Meyrargues,
connaissait mieux que quiconque les places de
la côte.
Le roi ne craignait-il pas que les Espagnols
ne fissent un coup de main sur Marseille, dont
le? murs, en plusieurs points, étaient mauvais ?
Il s'engagerait, si le roi lui donnait la place
et J'en faisait viguier, à la remparer, à la bien
pourvoir de garnison, et même à armer des
galères qui donneraient la chasse, jusqu'aux
Baléares et jusqu'à la Sicile, aux barques
d'Espagne. Il ne descendait pas pour rien d'une
lignée d'Aragonais, qui avaient, deux siècles
durant, couru l'aventure en Méditerranée
Le roi avait ri. Il n'avait aucune inquiétude
du côté de Marseille, -où il avait des hommes
sûrs, et il ne tenait pas, étant en paix avec
l'Espagne, à s'attirer des querelles pour quel-
ques misérables prises. Du resta la faconde
provençale, l'air suffisant et étrange du gentil-
homme ne lui plaisaient point. Il aviserait.
Monsieur de Meyrargues était revenu assom-
bri. Il n'avait cessé, depuis lors, de courir le
pays. Il était allé voir à Riez monsieur de
Samt-Guers, qui avait été cornette dans la
compagnie de monsieur de Lesdiguières II
avait eu aussi de longs entretiens avec mon-
sieur de Bar, mari d'une de ses sœurs. Ne
disait-on pas de ce monsieur de Bar, qu'il avait
eu des accointances avec le duc de Fuentes,
gouverneur de Milan, et avec le duc de Savoie ?
Meyrargues n'est qu'à onze lieues de Mar-
La route fut faite en silence. Du haut
des collines de Sepième et de la Viste, la place,
vers les trois heures, se découvrit. Elle se ser-
rait autour du port, escaladait à peine les flancs
rocheux des montagnes nues qui l'entourent
et qui semhlent la pousser vers la mer
Alors le gentilhomme, brochant son cheval,
se mit au galop, de chasse. U te retourna vers
COflGfrfcS ET fiÉUfllOflS
Conseil supérieur de U natalité
Le conseil supérieur de la natalité a tenu sa
28° session, au ministère de la santé publique, sous
la présidence de M, Georges Risler, membre de
l'Insti'tut. M. Serge Gas, directeur général de l'hy-
giène et de l'assistance, représentait le ministre.
Après avoir réélu son bureau et les membres de
sa section permanente, le conseil a adopté les
rapports suivants, présentés par MM. Risler et
Boverat
1° Publication d'un ouvrage de science démo-
graphique; exécution de films de propagande,
maintien du recensement quinquennal; publication
des tableaux trimestriels du mouvement de la po-
pulation
2° Application normale dans les hôpitaux de
l'article 81 du Code civil.
3° Modification des articles 334 et 335 du Code
pénal relatifs à la répression de la traite des fem-
mes majeures;
4* Projet de loi sur la législation antiv<4:n<5-
rienne.
Société nationale de chirurgie
La Société nationale de chirurgie devenue de-
puis peu l'académie de chirurgie, a tenu hier sa
seconde séance annuelle sous la présidence de
M, L. Marin, ancien ministre, auprès de qui avaient
pris place MM. Pierre Frédet, président sortant de
l'ancienne Société nationale de chirurgie; Rouvil-
lois, président de l'académie de chirurgie; L. Bazy,
secrétaire général; P. Moure, les médecins géné-
raux inspecteurs Lévy et Savornin. La maréchale
Foch assistait à la séance.
ENCORE DEUX JOURS.
et l'Exposition annuelle de la Maison de»
100,000-CKEMISES
sera terminée. H&tez-vou* de profiter en-
core des nombreux avantages qui vous sont
offerte. 69, rue Lafayette et succursales.
TRIBUNAUX
Incidents tumultueux au :Palais
Des incidents tumultueux se sont déroulés, hier,
au Palais de justice. Accompagné de queiques
amis, M. Eugène Frot, député au Loiret, ancien
ministre de l'intérieur, se trouvait en robe, dans la
galerie iiarcnaude, quand il lut aperçu par un
avocat d'Action française, M" Calzant, qui s'avança
vers lui pour le frapper au visage. Des groupes
s'étaient déjà formés d'où partaient des cris et
des menaces. Des gardes du Palais intervinrent
aussitôt, et lun d'eux saisit Me Càizaut à bras le
corps tandis que M. Frot était conduit par ses
amis vers le cabinet du bâtonnier, M* William
Thorp. De nombreux manifestants leur faisaient
Escorte qui criaient « A mort, l'aisassinl » Aierlé,
le bâtonnier accourut, intervint avec beaucoup de
sang-froid et sépara les deux groupes. Des poli-
ciers étaient accourus ainsi qu'un détachement
de la garde mobile appelé on ne sait par qui. Alors,
les manifestants entonnèrent la Marseillaise, puis
se séparèrent. Le calme revint peu à peu et,
vingt minutes plus tard, M. Eugène Frot quittait
les locaux du conseil de l'orure, rejoignait sa
voiture qui l'attendait place Dauphine et se faisait
conduire au Palais-Bourbon.
Avant qu'il ne vînt au Paiais de justice, M. Eu-
gène Frot avait été accosté rue Montaigne par un
camelot du roi, un électricien, M. Roger h.œmg, qui,
lui ayant rappelé son rôle au cours des événements
du 6 février, l'avait frappé d'un coup de poing.
M. Kœnig a été consigné à la disposition du com-
missaire de police du quartier du Roule.
A la demande du bâtonnier William Thorp, une
enquête est ouverte afin que soit recherché par
qui l'ordre d'envoyer au Palais un peloton de la
garde mobile avait été donné.
Les procès des trois Oustachis
On télégraphie d'Aix-en-Provence que les trois
Oustachis, actuellement dépourvus de défenseurs
de leur choix, viennent de se mettre en rapport
avec le bâtonnier du barreau de Paris, M" William
Thorp, afin que celui-ci donne, pour les défendre^
une commission d'office à un ancien bâtonnier
qu'ils ont désigné, M' Emile de Saint-Auban.
A L'INSTHUGTION 1
Les incidents de Limoges
Une nouvelle plainte, avec constitution de par-
tie civile, a été déposée devant M. Ullier, juge
d'instruction, par M. Rokossowski, qui fut blessé
d'une balle dans les rangs des manifestants du
front populaire, le 16 novembre dernier.
M' Maurice Paz, du barreau de Paris, assistera
M. Rokossowski dont la plainte vise M. Le Tan-
neur, président de la section limousine des Croix
de feu, et MM, Durand, Dufreisseix et Cousty.
Avec le Gala de DON qui sera donné
samedi 1" février aux Ambassadeurs et
qui aura pour titre « NUIT DE CHINE »j
Avec son orchestre de 60 musiciens et toute
une série de concerts classiques, sous la
maîtrise de L. Fourestier, grand-prix de Rome;
Avec son tnéatro lyrique et de comédie;
Avec ses 3 grolfs et sa saison de courses
blpplques, ses montagnes de mimosas, son
ciel d'azur, sa mer bleue semée de voiles
blanches, et les régates du Roi de Danemark
très prochaines;
Avec son hôtellerie formidable et ses prix
vraiment du moment,
CANNES
voit sa Croisette noire de monde sous le
soleil, et son casino en pleine effervescence.
son compagnon, vieux soldat pour qui il n'avait
point de secret.
Par la sainte mère de Dieu, jura-t-il, cette
place 'sera à moi, car vois-tu je préférerais
me rendre Turc ou mourir, sur-le-champ plu-
161 que de vivre comme je suis 1
Manquant d'eau sur ses rochers, ouverte sur
la haute mer, mais fermée des routes de terre
par les monts, Marseille était la ville malsaine
et magnifique qui résumait en elle l'Espagne,
l'Orient et l'Italie. Magnifique de soleil, de mou-
vement et de crasse, de toiles bigarrées et de
corps bruns d'Andalouses ou de Siciliennes,
mais non de pierres. Les incendies, qui, de
temps à autre, mettaient un sillon de feu parmi
l'entassement des maisons, les guerres, les
pestes et la pauvreté n'avaient guère, depuis
un siècle, laissé aux gens le goût et l'aise de
bien bâtir. Nulle place pour les rues. Les mai-
sons nobles elles-mêmes ouvraient leurs portes
diamantées, au lourd vantail percé d'une grille.
d'espion, sur des ruelles infâmes. Le soleil
ne régnait que sur le quai. Il y dorait à son
aise les pavés, les tas de cordages, de sacs et
d'immondices.
En ce temps-là, au levant du port, des galé-
riens ra.-és, bleuis de coups et d'ulcères, ira,
vaillaient à construire un nouveau bassin.
Monsieur de Meyrargues, à Marseille, se sen«-
tait ohez lui. Il huma la brise du nord-ouest,
donna un regard rapide aux voiliers d'Espagne,
qui balançaient leurs antennes devant la tour
SainWean, et au mouvement du peuple, qui
l'enivrait.
11 jeta une pièce de monnaie à un soldat qui
passait.
Tiens, l'homme, dit-il, et va prévenir le
capitaine Bonnet que monsieur de Meyrargues
est ici,
Il avait, 4 Marseille, le geste large, la parole
nette, la dépense facile. Il connaissait les logis
ç»i\ l'on peut boire la nuit entière, goûter les
caresses des Egyptiennes savantes et des Mau-
resques, conter des faits de guerre, et entre-
tenir autour de soi, pour un soir, une cour de
francs compagnons. Ce fut, cette fois. un dé-
bordement sans exemple. Le capitaine Bonnet,
qui commandait la garde de la tour Saint-
Jean, et dix gentilshommes, vétérans des
guerres, n'avaient jamais vu pareille fête.
Au matin, dans l'angle d'une fenêtre, mon-
sieur de Meyrargues, raide des fatigues de la
nuit, mais dégrisé, confiait un vaste projet à
son ami le capitaine, qui paraissait encor." dor-
mir plus qu'à moitié.
Deux galères, disait-il, pas une dp plus-
Deux cents hommes choisis et autant dp !or-
çuts, Le diable s'en devrait-il mêler, nous lien-
drons le temps qu'il faudra. Maîtres de la 'l'our,
on l'est de la place. A pleines rames, faut-i)
Oï) l'est de la place. A pleines rames, faut-il
plus de dix jours., do Barcelone ou de Valence?
1 A Jean Russier, a::
• (àiMim'l -̃ > ̃» ••• ̃ .̃. :• ;r-
REVUE D^JLA PRESSE
PRESSE PARISIENNE
Quelles sont les chances du cabinet Sarraut?
Tous les journaux posent la question ce matin.
La plupart s'attendent d'ailleurs qu'une majo-
rité sera favorable au ministère, mais c'est
sur la composition de cette majorité que des opi-
nions diverses S'expriment.
A droite, les attaques restent violentes. Dans
ta Jour, M. Léon Bailby estime que la bataille à la
Chambre sera rude contre c ce gouvernement
d'extrême gauche qui, cherche à faire les élections
au profit du Front populaire t
Nous croyons que ce ministère composite s'en ira
comme il est venu si les nationaux ne sont pas assez
bêtes pour se diviser.
SI, au contraire, le cabinet demeure en place, alone 'a
seule consolation qui nous reste sera de voir et de
présenter & l'admiration des électeurs MM. Blum. Tho-
rez et compagnie défendant ces décrets-lois qu'ils vo-
missaient, et Plandin se réclamant de la politique de
Laval pour en prendre le contre-pled, le tout sous la
bénédiction méprisante de Herriot qui, seul, abandonné
de tout le genre humain, commence à comprendre
qu'on s'est payé sa figure.
M. de Kérillis (Echo de Paris) reproche au
nouveau gouvernement d'avoir jeté la confusion,
la méfiance et le découragement à droite
Enfin, un fait domine tous les autres le refus de
M. Flandin de voter la motion de sympathie et de
confiance à M. P. Laval. Ainsi, la plate-forme électo-
rale essentielle des nationaux la politique extérieure
de paix a reçu de plein fouet un obus de 420.
Conclusion ce gouvernement ne mérite ni sympa-
thie, ni confiance. Qu'au moins les députés nationaux
tirent l'avantage d'une opposition nette, ardente et
combative. 1
Pour M. Lucien Romier (le Figaro), il est im-
possible de prévoir l'évolution finalè du débat
Aucun modéré, évidemment, ne peut figurer dans
une majorité qui comprendrait les socialistes. On n'ima-
gine pas. non plus. un modéré s'abstenant dans une
bataille politique où tes socialistes domineraient le jeu.
Ce serait créer une confusion qui dégoûterait les élec-
teurs de tous les camps.
D'autre part. 11 faut souhaiter que les modérés par-
viennent & un minimum d'intelligence mutuelle et ne
se portent pas des coups qui empêcheraient, ensuite,
toute conciliation sur le terrain électoral.
Nous ne savons pas ce que fera le gouvernement.
Vu sa composition, on ne peut même dire sûrement
de quel côté Il cherchera du secours en cas de péril.
Sa grande faiblesse est cette composition même et
l'équivoque criante qui en résulte pour les moins pré-
venus. Mais les manifestations passées de M. Albert
Sarraut laissent supposer qu'il ne voudra ni réussir
ni échouer sans avoir marqué nettement les préférences
de sa politique.
M. C.-J. Gignoux (la Journée industrielle)
demande lui aussi une politique nette
loi, où on s'efforce fe l'objectivité quant aux per^
emnes, on souhaite que, en dépit de fort légitimes sus-
eepiiodités, les directives qu'exposera tout à l'heure
M. Sarraut déterminent peules le vote du Parlement.
Pour qu'il en soit ainsi, il faut, encore un coup, que
oes directives soient nettes; dans le cas contraire, tout
vaudrait mieux que prolonger' une confusion dont le
seul résultat serait de reporter, en la compliquant, une
échéance Inéluctable.
Le Petit Journal soutiendra sans enthousiasme
le cabinet qui va poursuivre la même politique
de déflation que le précédent
Pour nous, tout en déplorant aujourd'hui comme hier
l'absence de cette volonté de rénovation économique, qui
devrait s'inspirer à la fois de la logique et du .succès
des expériences étrangères, nous soutiendrons le cabinet
Sarraut comme nous avons soutenu le cabinet Laval
parce que, à défaut d'un bon gouvernement, nous vou-
lons au moins la stabilité gouvernementale. Et nous
sommes maintenant en mesure de répondre aux critiques
venant de droite ce que nous répondions hier aux cri-
tiques de 'cuche « Pourquoi condamner le ministère
Sarraut, puisque rien ne sera changé a la politique
française ? Vous protestiez contre le coup de l'hO'ei
Continental; mais l'Alliance démocratique n'a-t-elle pas
tenté de le renouveler à son profit ï •
De même, à l'extrême gauche où l'on s'est élevé avec
colère contre un ministère responsable des décrets de
misère, ne va-t-on pas soutenir désormais un gouver-
nement où M. Régnier entend les maintenir, et où,
enfin, quelques ministres se déclarent nettement déci-
dés à combattre le Front populaire?
A gauche, M. Emile Roche fait cavalier seul
comme las jours précédents et JJ termine sa
campagne contre le cabinet par une lettre ouverte
au président du conseil:
Je n'ai pas t'intention de faire contre votre oabinst
une guérilla.
J'ai tenu simplement à dire mon étonnement de vous
avoir vu faire le gouvernement qu'aujourd'hui vous
présentes devant les Chambres, ma surprise, ma etu-
peur de vous avoir vu appeler, sans consulter aucun
de ceux qui ont la charge des Intérêts républicains des
grandes réglons, des hommes qui toujours furent nos
adversaires et les vôtres.
Aujourd'hui le mal est fait.
La parole est aux parlementaires qui cet après-midi
entendront vos explications.
L'Œuvre considère que le devoir est simple
Le gouvernement Sarraut aura-t-il la majorité?
On peut l'affirmer, semble-t-il, sans crainte.
Quelle majorité?
Les gauches ont renwreé ie cabinet lUaval. Elles ne
feront pas le Jeu de oelui-ci et de ses amis en refusant
leur soutien au cabinet Sarraut. On a fait, loi et là,
des réserves sur la composition du ministère. On a
regretté qu'un gouvernement de « Front populaire »
ne se soit pas constitué. Ailleurs, on s'en est féllnllô, en
faisant observer qu'avant les élections o'était préma-
turé, et que pareil gouvernement, sans majorité parle-
mentaire assurée, eût été pour la droite une olbl« fa-
cile.
Il ne reste dono plus qu'à voter pour Sarraut.
VEre nouvelle croit que les espoirs nés de la
constitution du cabinet se réaliseront
Beaucoup d'oppositions auasl ont eurgl; le bureau
du parti radical les a examinées et a passé outre.
FEU1L.LETOM »U QLtotyt
PU U JANVIER 1«36 (1)
Variétés historiques
Monsieur de Meyrarpes
Gentilhomme Ae Provence
ha matière d» ee rieit a élè fourme à Vau-
tmir par les actes authentiques du procès
d(î fW5i, dont il a retrouvé une copie parmi tes
manuscrits de la bibliothèque Méjanes, à At»-
en-Provenee. Nous sommes en pleine réalité
historique.
Un matin de septembre 1905, l'ambassadeur
d'Espagne, don Balthazar de Sanigua, se lit
annoncer au Louvre. ke roi ^l'avait lui-même
prié de le venir voir. Henri IV n'était pas
homme à éviter ou à remettre les explications
nécessaires j
L'Espagne, en paix avec ta France depuis ie
traite de Vervins, continuait aux Pays-Bas la
guerre contre les Provinces-Unies. Bien des
gentilshommes français, dont l'épée était sans
emploi et la bourse dégarnie, s'enrôlaient dans
las troupes de l'archiduc espagnol qui comman-
dait dans les Flandres.
Le roi tes voyait sans plaisir quitter le
Kyaume et se mettre au service d'un souverain
qu'il avait longtemps combattu. Il était encore
a meilleur droit courroucé lorsqu'il les retrou-
vait mêlés aux complots qui étaient sans cesse
tramés contre sa personne et contre son Etat.
L'ambassadeur du roi d'Espagne à Paris ne
semblait pas étranger à certains de ces cora-
niots, et le roi tenait à l'avertir que ce jeu
n'était point pour lui plaire plus longtemps.
L'entrevue fut brève. L'ambassadeur, qui
gavait son métier, se plaignit le premier. Le roi
n'assistait-il pas d'hommes et d'argent les
« révoltés des Pays-Bas ?
Monsieur, dit le roi, tranchons net. Votre
maître fait avec moi profession d'amitié. Il
me trouvera toujours prêt à faire honneur à
la foi jurée, Mais qu'il me permette de me
mêler seul de mes affaires. Vous saves que
Traduction et reproduction Interdites.
Par ses vœux, par son ordre du jour, le bureau du
comité exécutif a dénoncé les adversaires d'une poli-
tique d'ordre, de bon sens,, de sagesse républicaine.
Il dépend du ministère Albert Sarraut que par son
esprit de décision, sa fermeté, sa résolution, ses adver-
saires soient ramenés à la raison.
Dans le Populaire, M. Léon Blum ne dit pas
ce que décidera in-extremis le groupe socialiste
de la Chambre. Il déclare seulement qu'il accom-
plira sa tâche « sans aucune espèce de trouble,
sans être dupe de rien ni de personne, sans se
laisser abuser par les illusions ou embarrasser
par les intrigues ».
Il n'aura, commo 'toujours, qu'une seule préoccupa-
tion traduire la volonté des masses populaires dont
U est l'interprète; servir les intérêts de la classe
ouvrière dont il est le défenseur.
A l'Humanité enfin, M. P. Vaillant-Couturier
déclare que le cabinet ne peut être qu'un « gou-
vernement de liquidation »
-Qu'il liquide. À' l'intérieur comme à l'extérieur.
Pour bénéficier de notre appui ou, tout au moins,
de notre neutralité, le gouvernement actuel quel
que soit le préjugé défavorable qui s'attache pour nous
à certains de ses membres représentatifs d'un patronat
impitoyable ou de la politique des décrets-lois doit
satisfaire aux vœux les plus" immédiate de ceux qui
ont chassé le gouvernement Laval, c'est-à-dire à li
grande masse du pays républicain.
Sa devise, le 9 février et le 12 février 1934. le 11 no-
vembre 1934, le 14 juillet et le 11 novembre 1935, fut
et demeure Le fascisme, voilà l'ennemi I »
Dans l'Opinion, M. Charles-Maurice Bellet, an-
cien députe, vice-président de la Fédération répu-
blicaine de France, commente dans les termes les
plus favorables la désignation de M. Flandin « que
M. Doumergue songeait à envoyer au quai d'Orsay
après la mort tragique de Louis Barthou »
Pierre-Etienne Flandin appartient par son milieu,
son atavisme, son éducation, à l'école des Ribot, des
Delcassé et des Poincaré, beaucoup plus qu'à celle des
Briand, des Boncour ou des Herriot. Il a le sens de la
tradition, la connaissance de l'histoire il n'est pas à
craindre qu'il se jette dans des aventures.
Il arrive d'ailleurs au quai d'Orsay à l'heure où
l'Angleterre évolue, où elle commence a comprendre »3 3
danger qu'elle a couru; sa connaissance des milieux
britanniques, ses amitiés à Londres et en particulier
dans la Cité, lui permettront de mener à bonne fin la
politique de conciliation qui fut celle de M. Laval. Cer-
tains disent M. Flandin sanctionniste avant tout. La
chose est certainement inexacte puisque le nouveau
ministre des affaires, étrangères a eu coin de le dire
et devant le comité directeur de l'Alllance républi-
caine, et au cours du premier conseil de cabinet.
Il demeure que h quai d'Oreav est entre les mains
d'un homme particulièrement averti de la politique
iinglaise, dont l'éducation plaît à nos amis d'outre-
Manche, qui a des relations étendues en Europe cen-
trale et en Italie. 11 doit réussir l'œuvre d'apaisement
qu'il veut entreprendre.
NOUVELLES DU JOUR
Le cinquantième anniversaire
de la vie parlementaire
de M. A'exancîre Millerand
Pour fêter le cinquantième anniversaire de
l'entrée de M. Alexandre Millerand au Parlement,
un diner a été offert hier soir, à l'Union inter-
alliée, sous la présidence de M. Léon Bérard, se-
nateur, de l'Académie française.
L'ancien garde des sceaux était entouré de
MM. Jeanneney.président du Sénat; Fernand Bouis-
*on, président de la Chambre des députés; Dou-
morgue, ancien président de la République; Thorp.
bâtonnier de l'ordre des avocats; Dreyfus, premier
président de la cour d'appel et d'un grand nombre
de personnalités de l'Institut, de la politique, de la
magistrature, du barreau, du monde diplomatique
et de l'armée.
M. Léon Bérard, après avoir évoqué des souve.
nirs sur la vie et la carrière de M. Alexandre Mii-
lerand, a conclu
Vous êtes, monsieur le président, de ceux que l'on
ne voit guère différents d'eux-mêmes d'un moment i
l'autre. Cette égalité pourrait bien tenir, chez vous, à
un heureux accord du caractère, de la pensée et du
talent. On sent en vous une profonde et noble convic-
tion, dont un Raymond poincaré était lui aussi fortement
pénétré -o'est qu'il y a peu de contradicteurs ou d'ad-
versaires que l'on ne puisse ramener ou réduire par le
raisonnement. L'art de persuader est pour vous une
partie de l'action. Et votre parole en porte témoignage.
Drue et vive, d'une clarté qui procède de la netteté
même du dessein, elle cherche visiblement à s'accom-
plir en un acte plutôt qu'à s'achever en une pérorai-
son. Vous mettez au surplus un même soin à motiver
vos' propres résolutions et à persuader les autres. Les
mômes traits serviraient a définir les caractères de
votre éloquence et le style de votre vie. Il est peu de
vos discours qui ne décèlent le goût de prendre parti et
comme un besoin de responsabilité.
La vie publique et la libre discussion ainsi entendues
et pratiquées, c'est là, peut-an croire, un beau témo!»
gnage rendu aux institutions que la France a résolu, il
y a plus de cent ans,, d'approprier à sa longue histoire.
En vérité, tous ceux qui tiennpnt Il ces institutions, tous
çoux qui demeurent attachés à l'idée ou la notion
d'une société vraiment libérale doivent nous être unis
ce soir par un sentiment semblable 4 celui qui nous é
rassemblés.
Il convient à tous les partis de maintenir entre eux
un lien, fait du respect qu'ils professent ensemble pour
les vertus de l'esprit et du caractère, faute desquelles la
vie même des partis ne serait guère concevable.
C'est ce que signifie avec éclat notre réunion elle-
même. C'est ce que signifie tout particulièrement la
présence de M. le président Doumergue, de MM. les
présidents du Sénat et de la Chambre, que je remercie
do tout eceur d'avoir bien voulu répondre à notre
appel.
Nous honorons ensemble le. courage, le talent, une
puissante volonté et un libre esprit mis au service de
causes aussi nobles que celles de l'Etat, de la patrie.
de la liberté I
Dans sa réponse, M. Alexandre Millerand, ayant
remercié M. Léon Bérard, M. Gaston Doumergue,
ceux des Pays-Bas ont été de mes amis et m'ont
prêté leurs écus lorsqu'il me fallait conquérir
le royaume le cul sur la selïo et la lance en
:nain. Faudrait-il maintenant que je ne leur
rendisse point leur argent ? Quant aux hommes,
s'il plaît à quelques-uns de mes sujets d'aller
quérir aventure en Frise ou en Hongrie, bon
voyage, cela les regarde. Et j'aimerais assez,
en ce qui me concerne, qu'ils restassent au pays
plutôt que d'aller servir monsieur le Stathou-
der. à moins que ce ne soit, n'est-il pas vrai,
monsieur l'Archiduc?
L'ambassadeur sourit A la pointe, qu'il estima
spirituelle. Le duel était engagé.
Pourtant, Sire, ne dit-on pas que monsieur
de la Baudrière, étant pour votre service auprès
de ce même monsieur l'Archiduc, aurait conté
fleurette aux comtes de Vandenberge ?
Les comtes de Vandenberge, monsieur,
sont d'Allemagne et non d'Espagne. Ils ne
doivent compte de leurs actes qu'à l'empereur.
Mais, puisque vous paraissez porté à poser des
questions, souffr ez qu'à mon tour je vous inter-
roge. Etes-vous bien sûrs, messieurs d'Espagne,
de n'avoir été pour rien dans les affaires qui
ont mené à mal le comte d'Auvergne, le prince
de Gin ville, le duc de Bouillon, et quelques
autres ? Votre gouverneur de Milan, le duc de
Puentes, n'aurait-il été nullement mêlé aux
tristes complots qui ont conduit à la mort, voici
trois ans, mon ami le maréchal de Biron ? 9
Votre prédécesseur en personne n'a-t-il point
poursuivi monsieur du Terrail, attaché à la
compagnie de monsieur le dauphin, jusqu'à ce
qu'il lui ait fait faire le saut ? '1
Le roi soulignait de la voix chacun des noms
qu'il prononçait, II s'était levé.
coutez, monsieur, une franche parole.
Cela n'est point chose commune dans votre
métier, ni dans le mien. Si je vous laissais
faire, votre maître et vous, vous me renverse-
riez mon royaume sur la tête. Mais rappelez-
vous ceci, parole de roi Dieu y pourvoira, et
nous sommes ici quelques-uns bien disposés à
lui prêter notre bras et notre cervelle. Le roi
votre maître éprouvera quelle est là France,
lorsqu'elle n'est point livrée aux factions. Je
n'ai point peur. Hier encore, sur le Pont-Neuf,
n'ai-je point été tiré par le manteau par un
jeune homme de Senlis, nommé Jean des Isles,
m'a-t-on dit, et qui a été trouvé porteur d'un
poignard? Dieu n'a pas permis qu'il me frappât.
Rappelez-vous, monsieur, qu'on ne souhaite ici
que de conserver la paix, mais qu'on n'est pas
en humeur de tendre le col à vos lacets. Et
tenez-vous-le une bonne fois pour dit 1
Le roi s'était planté droit devant l'ambas-
sadeur. L'Espagnol, qui s'était tu tout court
pendant le débordement de la colère royale,
|t&it trop habile homme pour répondre. IJ sen-
tait pourtant que le roi n'avait pas tout dit.
Ayant attendu quelques instants, et voyant le
roi silencieux il se décida à prendre congé.
1 On savait très bien à Madrid, assura-t-il
M. Jeanneney, M. Bouisson et toutes les person-
nalités qui i entouraient, a dit, notamment
Ce que fut ^înon action dans ce demi-siècle si plein
d'événements, ce n'est pas à moi de le juger. Ce que
je puis dire, à l'heure où je suis parvenu et sans
présager l'avenir, c'est que je ne puis que remercier
la destinée de la part qu'elle m'a réservée.
Je ne songe pas seulement à ce dont il m'est interdit
de parler, au bonheur intime et inexprimable que m'a
fait la chère compagne de' ma vie.
Je pense à l'activité qui fut la tramé de ces cin-
quante années. Si l'erreur est le propre de l'homme,
je n'ai pas échappé à la règle commune. Du moins,
soyez-m'en témoins, cette action n'eut jamais pour ob-
jet que l'adoucissement du sort des malheureux. le
développement de la prospérité française, la défense
pationale, la sécurité et la grandeur de la patrie.
S'il m'est donné de célébrer la cinquantième année
de mon existence parlementaire, je le dois au geste
généreux et spontané d'un homme dont je ne saurais,
ce soir, taire le nom, de mon cher et regretté ami,
M. Henry Rouileaux-Dugage je le dois à mes vullants
et fidèles électeurs de l'Orne. Souffrez que je leur en-
vole d'ici le témoignage renouvelé de mon affectueux
attachement.
Du premier jour que j'entrai dans 1& vie publiqtïBSt
je me.promte mol-même que je 'ne dépendrais ja-
mais, matériellement, de la politique. Qui m'eût dit
alors que le barreau ne m'apporterait pas seulement
l'indépendance, mais, avec elle, les plus douces' satis-
factions,de l'esprit et du cœur. Quel repos, au sortir
des luttes âpres des partis, de retrouver, dans l'at-
mosphère paisible d'une chambre civile, des confrèros
dont beaucoup étaient des amis, et de'- 'se' mesurer en
des luttes courtoises avec des adversaires dont on es-
timait le caractère autant que le talent.
Le Palais, dont je salue ici avec émotion tant ae re-
présentants éminents, au premier rang desquels le
grand magistrat qu'est M. le premier président de la
cour de Paris, le Palais ne m'a pas ménagé sss mar-
ques d'estime et de sympathie.
Voici bientôt cinquante-cinq ans que je porte la robe.
L'amour et le respect de ma profession m'accompa-
gneront jusqu'au dernier jour. Indépendance et hon-
neur, c'est sa devise. Puissé-je mériter qu'on juge que,
cette devise, j'y suis demeuré fidèle dans ma vie pu-
blique comme dans ma vie professionnelle.
A la Société des amis de Paul Painlevé
Les membres de la Société des amis de Paul
Fainlevé se sont réunis en un déjeuner, sous la
présidence de M. Yvon Delbos,.garde des sceaux,
De nombreuses personnalités des milieux politi-
que, scientifique et militaire, assistaient à cette
réunion, notamment MM. Steeg, ancien président
du conseil, Georges Bonnet, ministre du commerce,
Stern, ministre des colonies, général Denain, MM.
Berthod, Marchandeau, Emile Borel, Jammy
Schniidt, P. AppeU, anciens ministres, Le Moignic,
sénateur, Brandon, Poittevin, Marius Moutet,- dé-
putés, Perrin, Gaultier, Paul Bigot, professeurs,
Jean-Louis Faure, Ch. Maurih, membres de l'Ins-
titut, Théodore Tissier, vice-président du Conseil
d'Etat, amiral Dumesnil, MM. Bourguignon, cbn-
servateur de la Malmaison, Pécaut, directeur hono-
raire de l'écoîe normale de Saint-Cloud.
Au cours du déjeuner, M. AppeH a informé les
membres de l'association qu'un livre réunissant les
discours et articles les plus caractéristiques de
Paul Painlevé, de 1890 à sa mort, était en prépa-
ration. Ce livre parattra dans deux mois environ
ACADÉMIES, UNIVERSITÉS, ÉCOLES
A la faculté de droit
Le président de l'Association corporative des
étudiants en droit communique la note suivante
Le comité intercorporatif, représentant dix-neuf
associations corporatives, groupant près de 15,000 étu-
diants et les délégués au conseil de discipline de
l'Université, considérant qu'aucune solution n'a été
apportée à la situation créée à la faculté de drJit par
la reprise des cours du professeur Jèze; que, 1ms ces
conditions, rien ne saurait être changé dans l'état d'es-,
prit des étudiants;
Insiste auprès des pouvoirs publics afin que «eux-ci
prennent une décision qu'imposent l'honneur et l'intérêt
des étudiants; décline toute responsabilité au oas où
les autorités responsables voudraient imposer Un cours
manifestement Impossible au moyen de la force publi-
que ou par des brimades Injustifiées;
Invite leurs camarades du droit à conserver dans
leur manifestation le calme et la dignité en prenant
.garde à des provocations qu'il serait dans l'intérêt de
certains de créer. ̃ ••'̃
De son côté, la section de droit de l'Union fédé-<
raie des étudiants communique la note suivante
Le cours de M. Jèze doit reprendre le samedi 1" fé-
vrier, à 8 h. 45. Devant la menace de fermeture défini-
tive de la faculté et de la suppression de la session de
juillet, tous les étudiants doivent s'unir pour mainte-
nir le -calme à la faculté.
La direction de l'université nous a donw* l'assu-
rance que des mesures disciplinaires sérieuses allant
jusqu'au retrait de,la carte d'étudiant seraient appli-
quées,
En outre, seuls pourraient assister au cours dé
M. Jèze. les étudiants qui demanderaient leur carte
d'option au secrétariat de la faculté avant samedi.
Nous demandons aux étudiante résolus à assurer
l'ordre de passer au local de TUnion fédérale A^s étu-
diants, 179, rue Saint-Jacques, jeudi et vendredi, de
9 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures.
Au Centre d'étude»
de la Révolution française
M. Etienne Fournol, anci'en député, vice-présl'
dent de l'Alliance française, fera au Centre d'étu-
des de la Révolution française une conférence sur
« Le caractère international de la Révolution »,
qui aura lieu lundi 3 février, à la Sorbonne
(amphithéâtre Michelet), à 17 heures. (Entrée pa.'
le n° 46 de la rue Saint-Jacques.)
en se levant, quels étaient le courage et la
prud'homie d'Henri le quatrième. Il ne man-
querait pas de transmettre les paroles du roi.
Sans répondre, Henri le raccompagna..Sur
le seuil de la porte, à brûle-pourpoint et d'un
air enjoué
Et si vous voyez monsieur de Meyrargues,
ne manquez pas de lui donner le bonjour pour
moi.
Don Balthazar s'était arrêté, les yeux dans
ceux du roi. Le visage impassible, il répondit
qu'il n'avait point le plaisir de connaître le
gentilhomme dont' le roi prononçait le nom.
Ayant salué derechef, il quitta d'un pas lent
la cabinet du roi.
Monsieur de Meyrargues, gentilhomme de
Provence, n'était point riche.
« M'an douna un galinaro (On m'a donné
un poulailler) gémissait son bisaïeul, qui avait
eu au royaume de Naples un revenu de trente
mille ducats. Les consuls de Meyrargues té-
moignaient plus tard « qu'au temps de la dona-
tion Meyrargues ne valait que deux cents flo-
rins de rente et était place si chétive qu'Arte-
luche fut obligé d'acheter une vigne s'il vou-
lut (sic) avoir du vin pour, son boire ».
Le fief de Meyrargues avait été donné en 1442
par le roi René, avant-dernier comte de Pro-
vence, à son fidèle compagnon des chevauchées
d'Italie, Arteluche d'Alagonia, en dédommage-
ment des domaines de Sicile qu'il avait perdus
pour le servir. Le village est assis au flanc, du
rocher que couronne encore le château. Une
partie du logis est, même aujourd'hui, habita-
ble. De la terrasse ou des tours, se découvre le
dos de la Trévaresse, taché de pins et d'a,rbustes:,
du maquis. Des terrasses d'oliviers gris et des
pentes de guérets mènent,' au nord, vers If-:
Durance, qui divaguait jadis dans sa vallée trop
large. Ses vergers et ses champs n'étaient alors
que « terres gastes » ou « laissans_ », fouillis
d'aunes et de coudriers, que d'anciens droits
de pâture et l'absence de protection contre les
caprices de l'eau gardaient de toute tentative
do défrichement. De nos jours, les terres de
Meyrargues appartiennent encore toutes « au
château », habité parfois par une famille qui
réside à Turin. Les rapports avec l'Italie n'ont
Sas cessé dans cette marche méditerranéenne,
'est au château que les gens du bourg s'adres-
sent lorsqu'ils veulent ouvrir un nouveau che-
m'iq, capter une source, aménager un terrain
de sports.
Ce n'était, au fond, qu'un pauvre pays. Les
labours se glissaient dans les plis des collines,
se hissaient sur des terrasses défendues à
grand'peine des ruissellements d'hiver. Les
gens menaient leurs moutons à la pâture dans
le* tapi de thym et de romarin de la Tréva-
resse ou dans les basses terres de la Durance.
Us dévastaient les bois de pins pour leurs feux
leurs récoltes hâiivôs avant la grand* séehe-
aemee y
Les amis de la Légion étrangère
Les amis de la Légion étrangère ont donné hier,
au Cercle militaire, leur second dîner annuel, sous
la présidence du maréchal Franchet d'Esperey.
Parmi les nombreuses personnalités qui y as-
sistèrent on remarquait le vice-amiral Guépratte,
le colonel Picot, ancien ministre, président des
Gueules cassées; MM. Jourdain, Moussot, Mme
Frank Jay Gould, etc.
Après le banquet se tint l'assemblée générale,
au pours de laquelle, en un rapport moral cha-
leureusement applaudi, le président des amis de
là Légion étrangère, M. Ortiz, mit les convives au
courant de la situation satisfaisante de cette bien-
faisante association.
MARINE'
Mouvements de bâtiments
Les sous-marins le Centaure et Henri-PMncaré,'
^Bhàrit de Brest, sont arrivés, à Port-Etienne.
{'•̃ Le croiseur Lamotte-Picquet, venant de Saigon,
est arrivé 4 Port-Dayot.
i Le croiseur Primauguet, venant de Colombo, est
arrivé à Djibouti le 28 janvier, après avoir fait
escale à Aden, le 27 janvier.
JGrlOS ET UÏFORPTIOflS
IL Y A VN DEMI-SIÈCLE
Lu dans le Temps du dimanche 31 janvier 1886
X Le gouvernement grec n'a pas encore déféré
à la requête collective des puissances lui deman-
dant de désarmer. Il semble que le cabinet retarde
sa réponse en présence des perspectives qu'ouvre
à l'hellénisme l'avènement éventuel de M. Glad-
stone à Londres. Le bruit court que te roi Georges,
effrayé des responsabilités qua pèsent sur lui,
songerait à abandonner ta partie. Le moment
serait mal choisi pour plonger la Grèce dans les
embarras d'une crise dynastique, car les nuages
s'amoncellent à Les flottes combinées des
puissances ont rendez-vous aujourd'hui ou de-
main dans la baie de Suda, en Crète.
L'inoubliable beau-frère. Zoubkov n'est plus;
usé par la vie aventureuse qu'il mena depuis son
adolescence, il vient de trépasser, à l'âge de 35 ans.
L'amour sénile de la malheureuse princesse
Victoria ne lui a pas seulement coûté sa fortune
,et la considération publique, il a effacé son nom
lie la mémoire des hommes, de ceux, du moins,
aojit l'Almanach de ftotha est le livre de chevet.
C'est vainement, en effet, que l'on chercherait dans
l'illustre et vénérable almanach une mention quel-
conque de feu la fille aînée de l'empereur Fré-
déric III. Pour le Il Gotha u, dans ses dernières
éditions, le ci-devant kaiser n'a jamais eu que
deux sœurs, les princesses Sophie (la défunte
èx-reine de Grèce) et Marguerite. Mme Alexandre
Zoubkov est ignorée»
Le transport de la glace carbonique. La
Chronique des transports signale qu'une compa-
gnie de chemins de fer américaine va mettre en
circulation prochainement des wagons spéciaux
destinés au transport rapide de la glace carbo-
nique (neige carbonique comprimée *én blocs). Ces
wagons ont été, paraît-il, pourvus de dispositifs
isolants pour réduire au minimum j'évaporation;
un chemin de roulement à galets qui parcourt les
voilures dans toute leur longueur permet de ré-
partir les blocs de glace dans des cuves aména-
gées à cet effet. Chaque wagon peut contenir 1,100
blocs de glace de 65 livres.
Naissances
M- et Mme Pierre Tertois sont heureux d'an,
ii^peer la naissance de leur fille, Nicole. Bagneux,
le 25 janvier. Nécrologie
'"ji– On nous prie d'annoncer le décès du docteur
Tïllaye, chevalier de la Légion d'honneur, profes-
seur à l'école de médecine de Tours.
Les obsèques auront lieu samedi i" février,
̃ à-10 heures, en l'église Saint-Julien, de Tours.
«%ière de considérer le présent avis comme. une
limitation. ̃• ̃ ̃
̃ On a le regret t d'annoncer la mort de
Jf Albert Hugon, chevalier de la Légion d'hon-
A!&ert HM~OK, chevalier de ta Légion d'hon-
neur, ancien directeur technique de la Société
anonyme des Pétroles Jupiter, survenue le 29 jan-
vter 1936, à Paris.
Les obsèques auront lieu samedi i" février,
en l'église de Rueil, à il heures.
:'̃" Nouvelles diverses
A partir d'aujourd'hui 30 janvier, la circu-
lation des véhicules sera rétablie à double sens
dans la partie de la rue de Varenne comprise
entre les rues du Bao et de Bellechasse.
L'album du Souvenir « Astrid, reine des
Belges », 24 grands portraits inédits, héliogravure
d'art (format 37x28 cm.), a déjà 80,000 exemplai-
res vendus à ce jour. Prix 20 francs, jusqu'à
concurrence de 100,000 exemplaires. Envoi postal
recommandé 3 fr. 50.
La première édition épuisée, le prix sera porté
.à 55 francs. Dépôt l' « Art belge », 79, aveiue
des Champs-Elysées, à Paris. Compte ch. p. 97,738
(R. de Wandre).
Le congrès du parti agraire et paysan fran-
çais se tiendra salle des Ingénieurs civils, 19, rue
Blanche, mardi et mercredi 4 et 5 février 1936.
Il sera précédé lundi 3 février d'une réunion du
conseil national.
resse d'été qui ne laissait plus, dans le pays
devenu rouge ou gris de cendre, que les quel-
'ques taches vertes des prés d'en bas. Chaque
nuit, le « pradier «répartissait par. des rigoles
l'eau avare des sources,
• Peux générations d'Alagonia s'étaient suc-
cédé à Meyrargues. Des mariages avaient uni
la famille aux familles nobles du pays, effa-
çant son origine aragonaise et napolitaine.
Mais le mirage de l'Italie et de l'Orient n'avait
cessé de pousser à l'aventure les cadets. A
vingt ou trente ans de distance, dès que la
barbe leur poussait, on les voyait mener les
mêmes rêveries sur la terrasse du Midi. Ils
chevauchaient de même, sous prétexte de
chasse, par delà la plaine d'Aix, jusqu'aux
monts de l'Etoile d'où se découvre la mer. Ils
posaient aux aînés, chacun à son tour, les
mêmes questions sur les fiefs de Sicile qui
avaient appartenu aux premiers de la lignée.
A maintes reprises, ils avaient suivi le roi au
delà des monts, sans retirer sou ni maille de
leurs loyaux services. Un,Meyrargues était mort
à Ravenne. Louis d'Alagonia, sieur de Meyrar-
gues, oelui dont nous avons entendu le. roi pro-
noncer le nom (quel honneur, pour un si mince
gentilhomme !) était né en 1554. Son enfance
s'était écoulée pendant les luttes religieuses,
4?lus inexpiables en Provence que sur n'importe
quelle autre terre du royaume. Il avait com-
battu dans les troupes de la Ligue, juré mille
fois la mort ou la ruine du roi huguenot. Sur
la fin des guerres, il s'était enorgueilli de ser-
vir le duc d?Epernon, aventurier magnifique
dont le roi avait dû acheter la soumission au
prix le plus haut. Depuis l'édit et la paix de
JVervins, |len était réduit à vivre sur ses terres.
Or, à cinquante ans, quand on a toute sa vie
.forcé les places et les filles, sauté sur les mu-
railles, égorgé du huguenot et ravagé des pro-
vinces, on a beau avoir, le poil gris, si le rein
pt le bras sont encore solides, il est difficile
de jouer au pastoureau.
Olivier de Serres et son Théâtre d'agriculture
ne disaient rien à notre gentilhomme. Tou-
jours par les routes, il avait bien, en quinze
ans et jusqu'à cette paix maudite, couché à
.Meyrargues l'espace de deux à trois mois.
j Demoiselle Berthon Grillon, sa femme, s'en
était, ma foi, accommodée. Les gens disaient
que, par la grâce de quelques voisins, sa jeu-
nesse n'avait pas été laissée en friche autant
que pouvaient l'être les « terres gastes » du
domaine.
De tout cela, Louis de Meyrargues ne se sou-
ciait guère, pas plus que de son économie do-
mestique. On l'aurait embarrassé en lui deman-
dant le nombre de ses enfants, légitimes s'en-
tend. Il savait bien en avoir gardé deux, deux
filîes, l'une mariée à Aix. l'autre cloîtrée à
Toulon. Mais il n'avait cure de ceux, au moins
trois sans doute, qui avaient pu mourir en bas
âge. Quant aux revenus de Meyrargues, ne
devaient-ils pas ailes à une femme ou à son
Cours et conférences
Le cours de M. André Pierre sur la Russie
contemporaine (chute du tsarisme et révolution),
commencera vendredi 31 janvier à l'Ecole des
hautes études sociales (16, rue de la Sorbonne), à
17 h. 30 et se poursuivra tous les vendredis à
la même heure.
Conférence de Charles de Tolnay sur: « Pierre
Breughel l'ancien », vendredi 31 janvier 1936, à
15 h. 45, à l'institut d'art et d'archéologie de l'uni-
versité de Paris, 3, rue Michelet.
Société des Conférences, 184, boulevard
Saint-Germain. Demain vendredi, à 14 h. 30, con-
férence de M. Paul Morand « Retour aux idées
de 1900. »
Le 31 janvier, à 21 heures, aux archives in-
ternationales de la danse, 6, rue Vital (16"), con-
férence du docteur Marcel Baudouin sur « les
Danses anciennes de Vendée, leurs origines, leur
originalité ».
Projection et danses par les membres du groupe
costumé de la Vendée a Paris,
-A l'Union pour-la vérité, .21, rue Viscontf,
Paris (6°), samedi 1" février, à 16 h. 30, M. Jean
Coutrot « Les raisons, de vivre d'un homme
d'aujourd'hui »,
Musée du Louvre (4, quai des Tuileries).
Samedi 1" février, à 14 h. 45, conférence par M.
d'Estournelles de Constant, directeur honoraire
des musées nationaux, sur « Claude Debussy ».
Lundi 3 février, à 18 heures, institut catho-
lique, 21, rue d'Assas, conférence du R. P. Sabatié,
de l'Oratoire « les Enigmes de l'univers; son
existence ».
ju'institut de paléontologie humaine annonce
la reprise de ses conférences qui ont lieu le sa-
medi à 17 heures. Voici le programme de 1936
8 février. Schmerling, précurseur de la
paléontologie humaine, par M. Ch. Fraipont, pro-
fesseur à l'université de Liège.
15 février. L'homme de Néanderthal, par
M. A.-C. Blanc (de l'université de Pise).
22 février. L'emploi de l'os dans les vieilles
Industries paléolithiques, par M. H. Breuil, pro-
fesseur au Collège de France et à l'institut de
paléontologie humaine.
29 février. L'âge des gravures rupestres du
nord de l'Afrique, par M. R. Vaufrey, professeur à
l'institut de paléontologie humaine.
7 mars. Les Atlantes, race préhistorique, par
M. A. Verneau, professeur à l'institut de paléonto-
logie humaine.
Les cartes donnant accès à ces conférences sont
nominatives et doivent être demandées au direc-
teur de l'institut de paléontologie humaine, 1, rue
René-Panhard, Paris (13').
QUESTIONS SOCIfiLES
La grève des mineurs de la Mure
•M. Camille Chautemps a reçu hier une déléga-
tion des mineurs du bassin de la Mure en grève,
composée de MM. Suppo, Mauberret et Verdin,
du syndicat des mineurs de ce bassin, assistés de
MM. Vigne, Bard et Duguet, de la Fédération
du sous-sol; Sandra, secrétaire de l'Union des
syndicats de l'Isère. Cette délégation était accom-
pagnée du docteur Ricard, maire, conseilier gé-
néral de la Mure; MM. Vial, son premier adjoint;
Magnat, conseiller d'arrondissement; Moire, de la
Motte-Saint-Martin. Elle était conduite par M. Ra-
vanat, député de l'Isère.
Le docteur Ricard a longuement exposé les
raisons pour lesquelles la population entière était
solidaire des mineurs en grève, persuadée que
ceux-ci, en défendant leurs salaires, défendaient
l'intérêt général. Il a souligné le calme et la di-
gnité des grévistes.
M. Suppo a développé ensuite la genèse du
conflit et exposé le point de vue des ouvriers
mineurs.
M. Vigne, secrétaire général, est intervenu pour
attirer l'attention du ministre des travaux pu-
blics sur les répercussions que pourrait avoir le
conflit sur la situation générale du pays, en même
temps qu'il a indiqué les raisons pour lesquelles
la Fédération du sous-sol était entièrement soli-
daire des mineurs en grève.
M. Ravanat, après avoir plaidé la cause des mi-
neurs du bassin de la Mure, a remercié le mi-
nistre de l'accueil qu'il avait réservé à la délé-
gation.
M. Camille Chautemps, qui avait écouté avec
intérêt ces exposés, a déclaré qu'il allait immé-
diatement se saisir de la question et qu'il s'em-
ploierait avec la plus grande bienveillance à ce
que celle-ci trouve une prompte solution au re-
gard de l'intérêt général de la population de la
Matheysine. U a félicité les ouvriers mineurs de
l'esprit de pondération et du calme qu'ils appor-
tent dans le conflit. q
L'EXPOSITION DE 1937
De très nombreux correspondants de jour-
naux étrangers 'assistaient, hier, au déjeune."
qu'offraient à nos confrères, entouré des hauts
fonctionnaires du ministère du commerce, M. Fran-
çois Latour, commissaire général adjoint de
l'Exposition de 1937, délégué a la propagande.
Dans une allocution très applaudie, M. François
Latour a rendu hommage aux correspondants de
journaux étrangers, dont le témoignage spontané
en faveur de l'effort accompli par Paris et !a
France a puissamment contribué à multiplier les
participations officielles des gouvernements étran-
gers,
Au nom de tous ses confrères, M. Dastours,
correspondant de journaux canadiens, a évoqué
avec éloquence le Paris d'hier, d'aujourd'hui et
de demain, sans cesse renouvelé et toujours sem-
blable à luii-môme. Aux applaudissements de tous,
il a renouvelé à M. François Latour et au com-
missariat général de l'Exposition l'assurance de
l'entier concours de la presse mondiale.
frère puîné ? Il avait laissé la dame de Mey-
rargues diriger les terres. Entendue aux choses
des champs comme au ménage, elle se plaisait
à dénombrer les droits infinis et minuscules
qui pressuraient le paysan sans enrichir le
seigneur, depuis le droit de « poussiérage »
payé par les troupeaux transhumants, jus-
qu'aux alberges, lauzismes et trézaines, sans
compter le péage du bac de Pertuis, sur la
Durance.
Certain jour d'avril, monsieur de Meyrargues
fit seller son cheval et prit, suivi d'un seul valet,
la route de Marseille. 0
Député auprès du roi par les Etats de Pro-
vence, il avait fait l'an passé le voyage de
Paris. Il avait retrouvé nombre d'anciens com-
pagnons d'armes bien pourvus, de charges et
s'ongraissant au service du roi. Sans vergogne,
il avait tenté, lui aussi, de faire sa cour.
Un jour, à Fontainebleau, étant auprès du
roi, il avait trop brusquement, sa manière,
laissé voir que le commandement d'une place
lui siérait assez. Son beau-frère, monsieur de
Bar, tenait la ville de Grasse. Lui, Meyrargues,
connaissait mieux que quiconque les places de
la côte.
Le roi ne craignait-il pas que les Espagnols
ne fissent un coup de main sur Marseille, dont
le? murs, en plusieurs points, étaient mauvais ?
Il s'engagerait, si le roi lui donnait la place
et J'en faisait viguier, à la remparer, à la bien
pourvoir de garnison, et même à armer des
galères qui donneraient la chasse, jusqu'aux
Baléares et jusqu'à la Sicile, aux barques
d'Espagne. Il ne descendait pas pour rien d'une
lignée d'Aragonais, qui avaient, deux siècles
durant, couru l'aventure en Méditerranée
Le roi avait ri. Il n'avait aucune inquiétude
du côté de Marseille, -où il avait des hommes
sûrs, et il ne tenait pas, étant en paix avec
l'Espagne, à s'attirer des querelles pour quel-
ques misérables prises. Du resta la faconde
provençale, l'air suffisant et étrange du gentil-
homme ne lui plaisaient point. Il aviserait.
Monsieur de Meyrargues était revenu assom-
bri. Il n'avait cessé, depuis lors, de courir le
pays. Il était allé voir à Riez monsieur de
Samt-Guers, qui avait été cornette dans la
compagnie de monsieur de Lesdiguières II
avait eu aussi de longs entretiens avec mon-
sieur de Bar, mari d'une de ses sœurs. Ne
disait-on pas de ce monsieur de Bar, qu'il avait
eu des accointances avec le duc de Fuentes,
gouverneur de Milan, et avec le duc de Savoie ?
Meyrargues n'est qu'à onze lieues de Mar-
La route fut faite en silence. Du haut
des collines de Sepième et de la Viste, la place,
vers les trois heures, se découvrit. Elle se ser-
rait autour du port, escaladait à peine les flancs
rocheux des montagnes nues qui l'entourent
et qui semhlent la pousser vers la mer
Alors le gentilhomme, brochant son cheval,
se mit au galop, de chasse. U te retourna vers
COflGfrfcS ET fiÉUfllOflS
Conseil supérieur de U natalité
Le conseil supérieur de la natalité a tenu sa
28° session, au ministère de la santé publique, sous
la présidence de M, Georges Risler, membre de
l'Insti'tut. M. Serge Gas, directeur général de l'hy-
giène et de l'assistance, représentait le ministre.
Après avoir réélu son bureau et les membres de
sa section permanente, le conseil a adopté les
rapports suivants, présentés par MM. Risler et
Boverat
1° Publication d'un ouvrage de science démo-
graphique; exécution de films de propagande,
maintien du recensement quinquennal; publication
des tableaux trimestriels du mouvement de la po-
pulation
2° Application normale dans les hôpitaux de
l'article 81 du Code civil.
3° Modification des articles 334 et 335 du Code
pénal relatifs à la répression de la traite des fem-
mes majeures;
4* Projet de loi sur la législation antiv<4:n<5-
rienne.
Société nationale de chirurgie
La Société nationale de chirurgie devenue de-
puis peu l'académie de chirurgie, a tenu hier sa
seconde séance annuelle sous la présidence de
M, L. Marin, ancien ministre, auprès de qui avaient
pris place MM. Pierre Frédet, président sortant de
l'ancienne Société nationale de chirurgie; Rouvil-
lois, président de l'académie de chirurgie; L. Bazy,
secrétaire général; P. Moure, les médecins géné-
raux inspecteurs Lévy et Savornin. La maréchale
Foch assistait à la séance.
ENCORE DEUX JOURS.
et l'Exposition annuelle de la Maison de»
100,000-CKEMISES
sera terminée. H&tez-vou* de profiter en-
core des nombreux avantages qui vous sont
offerte. 69, rue Lafayette et succursales.
TRIBUNAUX
Incidents tumultueux au :Palais
Des incidents tumultueux se sont déroulés, hier,
au Palais de justice. Accompagné de queiques
amis, M. Eugène Frot, député au Loiret, ancien
ministre de l'intérieur, se trouvait en robe, dans la
galerie iiarcnaude, quand il lut aperçu par un
avocat d'Action française, M" Calzant, qui s'avança
vers lui pour le frapper au visage. Des groupes
s'étaient déjà formés d'où partaient des cris et
des menaces. Des gardes du Palais intervinrent
aussitôt, et lun d'eux saisit Me Càizaut à bras le
corps tandis que M. Frot était conduit par ses
amis vers le cabinet du bâtonnier, M* William
Thorp. De nombreux manifestants leur faisaient
Escorte qui criaient « A mort, l'aisassinl » Aierlé,
le bâtonnier accourut, intervint avec beaucoup de
sang-froid et sépara les deux groupes. Des poli-
ciers étaient accourus ainsi qu'un détachement
de la garde mobile appelé on ne sait par qui. Alors,
les manifestants entonnèrent la Marseillaise, puis
se séparèrent. Le calme revint peu à peu et,
vingt minutes plus tard, M. Eugène Frot quittait
les locaux du conseil de l'orure, rejoignait sa
voiture qui l'attendait place Dauphine et se faisait
conduire au Palais-Bourbon.
Avant qu'il ne vînt au Paiais de justice, M. Eu-
gène Frot avait été accosté rue Montaigne par un
camelot du roi, un électricien, M. Roger h.œmg, qui,
lui ayant rappelé son rôle au cours des événements
du 6 février, l'avait frappé d'un coup de poing.
M. Kœnig a été consigné à la disposition du com-
missaire de police du quartier du Roule.
A la demande du bâtonnier William Thorp, une
enquête est ouverte afin que soit recherché par
qui l'ordre d'envoyer au Palais un peloton de la
garde mobile avait été donné.
Les procès des trois Oustachis
On télégraphie d'Aix-en-Provence que les trois
Oustachis, actuellement dépourvus de défenseurs
de leur choix, viennent de se mettre en rapport
avec le bâtonnier du barreau de Paris, M" William
Thorp, afin que celui-ci donne, pour les défendre^
une commission d'office à un ancien bâtonnier
qu'ils ont désigné, M' Emile de Saint-Auban.
A L'INSTHUGTION 1
Les incidents de Limoges
Une nouvelle plainte, avec constitution de par-
tie civile, a été déposée devant M. Ullier, juge
d'instruction, par M. Rokossowski, qui fut blessé
d'une balle dans les rangs des manifestants du
front populaire, le 16 novembre dernier.
M' Maurice Paz, du barreau de Paris, assistera
M. Rokossowski dont la plainte vise M. Le Tan-
neur, président de la section limousine des Croix
de feu, et MM, Durand, Dufreisseix et Cousty.
Avec le Gala de DON qui sera donné
samedi 1" février aux Ambassadeurs et
qui aura pour titre « NUIT DE CHINE »j
Avec son orchestre de 60 musiciens et toute
une série de concerts classiques, sous la
maîtrise de L. Fourestier, grand-prix de Rome;
Avec son tnéatro lyrique et de comédie;
Avec ses 3 grolfs et sa saison de courses
blpplques, ses montagnes de mimosas, son
ciel d'azur, sa mer bleue semée de voiles
blanches, et les régates du Roi de Danemark
très prochaines;
Avec son hôtellerie formidable et ses prix
vraiment du moment,
CANNES
voit sa Croisette noire de monde sous le
soleil, et son casino en pleine effervescence.
son compagnon, vieux soldat pour qui il n'avait
point de secret.
Par la sainte mère de Dieu, jura-t-il, cette
place 'sera à moi, car vois-tu je préférerais
me rendre Turc ou mourir, sur-le-champ plu-
161 que de vivre comme je suis 1
Manquant d'eau sur ses rochers, ouverte sur
la haute mer, mais fermée des routes de terre
par les monts, Marseille était la ville malsaine
et magnifique qui résumait en elle l'Espagne,
l'Orient et l'Italie. Magnifique de soleil, de mou-
vement et de crasse, de toiles bigarrées et de
corps bruns d'Andalouses ou de Siciliennes,
mais non de pierres. Les incendies, qui, de
temps à autre, mettaient un sillon de feu parmi
l'entassement des maisons, les guerres, les
pestes et la pauvreté n'avaient guère, depuis
un siècle, laissé aux gens le goût et l'aise de
bien bâtir. Nulle place pour les rues. Les mai-
sons nobles elles-mêmes ouvraient leurs portes
diamantées, au lourd vantail percé d'une grille.
d'espion, sur des ruelles infâmes. Le soleil
ne régnait que sur le quai. Il y dorait à son
aise les pavés, les tas de cordages, de sacs et
d'immondices.
En ce temps-là, au levant du port, des galé-
riens ra.-és, bleuis de coups et d'ulcères, ira,
vaillaient à construire un nouveau bassin.
Monsieur de Meyrargues, à Marseille, se sen«-
tait ohez lui. Il huma la brise du nord-ouest,
donna un regard rapide aux voiliers d'Espagne,
qui balançaient leurs antennes devant la tour
SainWean, et au mouvement du peuple, qui
l'enivrait.
11 jeta une pièce de monnaie à un soldat qui
passait.
Tiens, l'homme, dit-il, et va prévenir le
capitaine Bonnet que monsieur de Meyrargues
est ici,
Il avait, 4 Marseille, le geste large, la parole
nette, la dépense facile. Il connaissait les logis
ç»i\ l'on peut boire la nuit entière, goûter les
caresses des Egyptiennes savantes et des Mau-
resques, conter des faits de guerre, et entre-
tenir autour de soi, pour un soir, une cour de
francs compagnons. Ce fut, cette fois. un dé-
bordement sans exemple. Le capitaine Bonnet,
qui commandait la garde de la tour Saint-
Jean, et dix gentilshommes, vétérans des
guerres, n'avaient jamais vu pareille fête.
Au matin, dans l'angle d'une fenêtre, mon-
sieur de Meyrargues, raide des fatigues de la
nuit, mais dégrisé, confiait un vaste projet à
son ami le capitaine, qui paraissait encor." dor-
mir plus qu'à moitié.
Deux galères, disait-il, pas une dp plus-
Deux cents hommes choisis et autant dp !or-
çuts, Le diable s'en devrait-il mêler, nous lien-
drons le temps qu'il faudra. Maîtres de la 'l'our,
on l'est de la place. A pleines rames, faut-i)
Oï) l'est de la place. A pleines rames, faut-il
plus de dix jours., do Barcelone ou de Valence?
1 A Jean Russier, a::
• (àiMim'l -̃ > ̃» ••• ̃ .̃. :• ;r-
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