Titre : L'Humanité : journal socialiste quotidien
Auteur : Parti communiste français. Auteur du texte
Éditeur : L'Humanité (Paris)
Éditeur : L'HumanitéL'Humanité (Saint-Denis)
Date d'édition : 1917-04-06
Contributeur : Jaurès, Jean (1859-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327877302
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 63335 Nombre total de vues : 63335
Description : 06 avril 1917 06 avril 1917
Description : 1917/04/06 (Numéro 4737). 1917/04/06 (Numéro 4737).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k2548777
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
QUATORZIEME ANNEE. N" 4737,
VENDREDI 6 AVRIL 1917.
142, Rue Montmartre PA RIS S «m– (
Télégraphe HUMAMTÉ-PARIS. 1^4 c
Télégraphe :HUMAIIITÉ~PARIS.
Téléphone GUTENBERG 02-69. %&
jozmNA.n soeij&iuisTE
Fondateur: JEAN JAURÈS
ABONNEMENTS (sass Irais dans tous les bureaux de poste),
1 an 6 mois 3 mois
Seine cl Scino H Oise 18 tr. 9 Ir. 4 130
Uépartemcuts et Colonies. 21 » 10 50 B 28 ri
Etranger (Union -ptstithi). 31 » 16 KO 9 »
PAR 82 VOIX CONTRE 6, LE SÉNAT ÂMÉRICAIIf
A VOTÉ LA RESOLUTION DE GUERRE
1~!A~ t~: 'O~)
Commission administrative permanente
COOlgOCO–
La C. A. P., à sa réunion du jeudi 5 avril,
a adopté la motion suivante
La, C. A. P. salve avec une émotion
^profonde les "nobles déclarations du pré-
sident Wilson dans, son Message du
2 avril.
Elle constate qu'au lendemain de la
glorieuse Révolution russe, Ventrée des
Etats-Unis dans la guerre, sous la -pro-
vocation persistante de V Allemagne im-
périale el militariste., achève de mettre
en pleine lumière le sens du grand con-
flit actuel.
Ainsi le monde, comme le Payli socia-
liste l'avait déclaré dès le début des hos-
tilités et plus expressément formulé il
la quasi-unanimitë de ses représentants
dans son Congrès national de décembre
1915, se partage .dorénavant en deux
camps d'un côté toutes les démocraties
combattant pour leur propre sauvegarde
et le développement des libertés et ga-
LES BUTS DE GUERRE DE rÂMÉRlQUE
Le Message lu, le 2 avril, au Congres
̃américain par le président .Wilson, dé-
daigne les habiletés. Qu'en ferait-il ? Il
n'a rien à cacher pas de mauvaise
action. dans le passé à colorer, pas de
méchants desseins dans l'avenir à dis-
simuler. Quel, contraste entre les finas-
̃ -séries des notes allemandes et la tran-
quille sincérité des .réponses américai-
nes !̃'̃'
Là partie> de son discours où M. Wil-
son définit les buts de la guerre pour
l'Amérique est peut-être la plus haute
et la plus belle. Elle ouvre; une ère nou-
velle dans 'l'histoire du monde elle an-
nonce un état des ^relations internatio-
nales qui n'a encore- jamais été vu. Au
.fur et à mesure qu'elle s'étend, cette
gue-fre nous fait assister "à des specta-
cles qui, dans le bien comme dans le
mal, défient l'imagination. D'un côté les.
horreurs d'une guerre sans .précédent,
les morts et les blessés par millions,'les
affreuses dévastations, lias1 souffrances
de tant de victimes innocentes de
̃l'autre, la prodigieuse révolution .nisse,
qui affranchit tant d'opprimés, et l'in-
tervention des Etats-Unis au nom de
l'humanité et du droit Mais la guerre
a toujours été quelque: chose d'horrible
et qui rapproche l'homme de l'anima-
lité' cette guerre-c-i ne diffère des au-
ti'es que par ses proportions énormes, et
par le dévelopement de la science mise
au service de la destruction. Tandis que
la paix, comme le président Wilson la
conçoit et la veut, fondée et gairantie
par le droit pour les peuples de dispo-
ser d'eux-mêmes, et par une société des
nations établie sur les principes de la
justice et de l'humanité, n'était, jusqu'à
présent, que le rêve de quelques rares
esprits, regardés de liaut et tenus à dis-
tance par tes professionnels de la diplo-
matie. De ces rêves, l'Amérique du vina-
tième siècle va faire une réalité.
Notre grand Jaurès est mort trop tôt.
Certes, -il aurait cruellement souffert de
cette guerre, qu'il avait espéré empê-
cher jusqu'à son dernier souffle. Mais
avec quelle joie il aurait salué l'idéal de
paix internationale proclamé sur l'autre
bard de l'Océan Qui 'aurait su, répon-
dre comm-eT-ui, au nom de la dânocra-
ti em-opéenne, aux déclarations do. la
• dérnoer-ati-e amémeain© ? Comme il au-
̃i'ail.. fait -ressortir,- -en. son admirable
ranties internationales, de Vautre, l'au-
tocratie demeurée debout seulement en
Allemagne et en Autriche-Hongrie par
la passivité des sujets de ces enijnrcs.
L'existence indépendante pour chaque
nation, petite ou grande, ne peut donc
être assurée que si les vays de l'Entente
ne succombent pas dans la lutte qu'ils
̃ ̃ont. obligés de subir et contraignent les
cmjiires du Centre à accepter les condi-
tions de la paix durable et juste, telles
que le président Wilson vient de le pro-
clamer magnifiquement cl telles que la
section française de V Internationale ou-
vrière n'a jamais cessé,, avant comme de-
puis la guerre, de les pro]}oser à lotis
les peuples amis ou ennemis en vue de
V organisation d'un société fraternelle
des nations.
Pour la Commission administrative
permanente:
Le Secrétaire Louis Dubreuiui.
>< r
langage, l'identité des sentiments, des
tendances et des idées de l'Amérique et
de la France Toutes deux font la
'"guerre malgré elles, et parce qu'un im-
périalisme agressif les y a contraintes,
'routes deux n'attendent, de leur victoire
que la réparation complète du droit, et
rétablissement d'un ordre no-uve-au, où
llnimanité se développera en paix.
L'entrée de l'Amérique dans le con-
flit, avec des dispositions désintéressées
si conformes aux plus nobles traditions
françaises, -achève de 'donner à la guerre
actuelle son véritable caractère c'est la
guerre des .démocraties liguées contre
l'impérialisme autocratique.
Que les idées exprimées par M. Wil-
son aient la pleine approbation- du peu-
ple américain, il n'est pjus possible- d'en
douter. Si une- opposition un peu sé-
rieuse avait dû se produire, c'est au Sé-
nat qu'elle se serait manifestée. Or, 'le
Sénat, vient de voter la résolution de
guerre à l'écrasante majorité de 82 voix
contre 6. La conscience du monde civi-
lisé proclame, par la voix de l'Améw*
que-, que la cause des Alliés se confond
avec la cause de la justice et de l'hu-
manité.
DEUZELLES.
•-v c«o
LA DÉCISION DU SÉNAT
Washington, 5 avril. Le Sénat, pur
82 voix contre 6,. a volé la résolution de
guerre. ̃̃ ̃
Au cours de îa discussion, M. Lodq-e dit
Nous -no pouvons pas envoyer une grande
armée en Kuro-pe car l'armée nous manque
encore mais je serais beurenx si nous
envoyions 10.008 hommes de l'active afin
que le drapeau des Etats-Unis puisse an
moins être déployé sur la terre de France.
Nous pouvons aussi, aider les Alliés au
moyen de la.Tges crédits et en leur fournis-
sant les approvisionnements qui leur man-
quent. Nos ressources doivent être autant
que possible, jointes aux leurs.
Mj Lodg.e ajoute
Nous entrons dans la guerre afin de nous
joindre à ceux oui luttent pour conserver
la. liberté, l'humanité, la démocratie et la
civilisation. Nous voirions concourir ;i assu-
rer au momie une paix Ms6e sur la -lilim-té
la démocratie, la volonté des peuples oppo-
sée a i'autocr-atie militaire prussienne1 'qui.
dans sou désir de dominer lé mo-ntle, foule
aux pieds1 tous les semi-ments de l'humanité
et viole ions le> traités.,
.Nous attendions c-e ré/'ji.Hat et 'nous pour-
rons dire que-nO'Us avons coiitiùbué à.co'ii-
lérer un grand bienfait à l'humanité -.et que
nous n'avons pas combattu en vain.
Le sénateur La Follette a parlé tard dans
l'a.près-mid pour combattre la résolution
de -guerre*.
Il ne pouvait, pas, à-t-il dit, se déclarer
partisan de la doctrine de soutenir M. Wil-
son, qu'il eût tort ou raison. Les classes
pauvres, selon, l'orateur, seraient op'posées
à la, guerre et manifesteraient bientôt leurs
sentiments d'une manière calme- et or-
donnée, il l'espérait, des que le prix des
subsistances et les impôts augmenteraient.
M. La Follette a parlé pendant trois
heures.
M .Williams, répliquant à M. La Follette,
a déclaré que le discours de, ce dernier
ferait mieux dans la bouche de Bothniann-
Hollwcg- que dans celle d'un sénateur amé-
ricain.
Votre discoure, a dit M. Williams a M.
Lr- l-ollette, est germanophile, vaudnlopbile,
antipresidentre-l, antiparlementaire et anli-
americain.
L opposition au Sénat
Washington, 5 aviil. L'opposition a
fait tous ses efforts à la séance d'hier au
Sénat pour retarder le vote, et a employé
les pires arguments pour soutenir la cau-
se des pacifistes.
Le sénateur Noriis a déclaré que faire
la guerre signifierait planter le signe du
dollar sur le drapeau, américain, cher-
chant ainsi à faire croire que ce sont les
puissances d'argent qui punissent au con-
flit.
P^lsie.UTs ^iiai^ui-, ont npoMé n\eo <-o
1ère à leur collègue p.iciuste La Follette,
-quand dans son di.scuius d'obstruction,
qu'il fit durei trois heures, il combattit
la guerre et accusa lAngleterie M'avoir
violé le traité de Londres. (Radio.)
Une séance de treize heures
Washington, 5 avril. Le vote au Sénat
de la résolution du président Wilson a eu
lieu après onze heures du soir. Les séna-
teurs avaient siégé depuis treize heures
sans interruption aucune et sans prendre
de repas.
Aucune démonstration n'a eu lieu quand
le résultat du vote a été annoncé, chacun
se rendant compte do la solennité du mo-
ment.
Le Sénat s'est ensuite ajourné jusqu'à
vendredi en attendant la décision de la
Chambre.
Il est intéressant de faire remarquer-que,
des douze sénateurs qui se sont prononcés
contre la neutralité armée, trois ont voté
en faveur de la résolution actuelle.
L'intérêt des débats a été, porté à son
comble quand M. Williams,, répondant aux
arguments de M. La Follette, a déclaré
Une fois -en guerre, les' Etais-Unis devront
la poursuivre jusqu'à ce que les maisons
de Hohcnzollem et de Habsbourg soient dé-
tronees et la Turquie refoulée eu Asie.
Même. M. Husting, c-x-partisan de M. La
Follette, a renié son leader, en disant
La question à savoir est Le peuplé
américain soutiwi-dra-t-il l'action du prési-
dent ? Je suis certain que si la question
était poseexainsl, .le président obtiendrait
une majorité écrasante. (Hacas.)
L'impression à Philadelphie
Philadelphie 5 avril. D'enthousias-
tes manifestations ont accueilli ici le vote
par lequel le Sénat a accepté, à l'unani-
mité moins six voix, la résolution décla-
rant l'état de guerre avec l'Allemagne.
LÀ CHAMBRE VA LA VOTER
La Chambre -xles représentants a com-
mencé la discussion jeudi; à 10 heures du
matin (16 heures à Paris).
La, commission des affaires étrangères
de la Chambre a accepté les légères modifi-
cations de style apportées par la commis-
sion des affaires -étrangères- du Sénat au
texte de l'ordre du jour relatif la guerre,
approuvé par le gouvernement, et elle a
conclu à son adoption par la Chambre.
Le vote, qui est acquis d'avance, ^est at-
tendu à la- fin de la journée, donc vers mi-
nuit (ilieui'e lde Paris).
Giù T7t01,SlI'c117; F'3GE
Les oomr.iuni£jués ofîiciefs. Vers la iRépis-
feîicîiie russe-- –flux Etats-Unis Autour du
Congrès, "̃ '̃̃• ,;̃ :̃ ̃̃
Hommage du Parlement
à
la Nation_amérïcaine
A LA CHAMBRE ET AU SÉNAT
Voici en quels termes éloquents M. RU
bol., président du Conseil, et M. Deschanel,
à la séance d'hier, à la Chambre, ainsi que
M. Buhost au Sénat, ont rendu hommage
ait président Wilson et à la nation améri-
caine v
DISCOURS DE M^LÉXANDRE RÎBOÏ
C'est devant. une salle -plus qu'aitentiv.e,
recueillie et frémissante/ que M. le prési-
dent du Conseil, au. début de la séance, lut
la déclaration suivante
M. Alexandre Ribot, président du ron&eil,
ministre des allai 'os 1 1 rangées Avant
que la CbnniJnc s-e m-i ,uo, le fiom ornement
lui demande d'am 1s'-pv un ^-nliit fonliU j,
l.i grande République des Jliats-Unib.
A ces mots, toute la, Chambre eo lèio,
acclamant longuement. Puis les députés •,<}
toument \cr-, la tribune diplomai/que,
adressant ostensiblement nu représentant
de la grande nation li-uis applaudife.se>-
niMiis, aux fiis de \n( ]fl République »
Le pub'i'' '•“[ UtiiUij. >- -mêle *,&̃ ,101 1 litut-.
lions à ci'Hey de« députés
M. Sharp, très ému se lève et s'incline'.
L'ovation redouble. Quand elle est termi-
née, le président du Conseil reprend
Vous a\ez lu l'admirable Message du pré-
sident Wilson.
Nous avons tous le sentiment que quelque
chose de grand et qui dépasse les proportions
d'un événement politique vient de s'accom-
plir. ̃
C'est un fait historique d'une importance
sans égale que l'entrée en guerre, avec nous
et nos alliés, de la démocratie la plus -pacifi-
que qu'il y ait au monde. Après avoir tout
fait pour affirmer son. attachement à la paix
la grande nation américaine déclare solen-
nellement qu'elle ne peut rester neutre dans
cet immense conflit entre le droit et la vio-
lence, entre la civilisation et la barbarie Elle
considère qu'il est de son honneur de relever
les défis portés à toutes les règles du droit
international si laborieusement édifiées par
1 effort commun des nations civilisées.
Elle déclare en même temps qu'elle ne com-
battra pas pour des intérêts, qu'elle ne veut
ni conquête ni compensation, qu'elle entend'
seulement aider à la victoire de la cause du
droit et de la liberté. (Les députes se Ircerit
cl applaudissent.)
Ce qu'il y a de grandeur, de noblesse dans
cette action est encore' rehaussé par la sim-
plicité et la sérénité du langage du cher iilus-'
..ré de cette grande démocratie. (Vifs <(«-
ptumttssemenls.)
Si le,- monde avait pu garder le moindra
doute' sur le sens profond de la guerre où
nous sommes -engagés, le Message du prési-
dent des Etats-Unis dissiperait toute obscu-
rité. Il fait apparaître à tous que la lutte est
véritablement une lutte entre l'esprit dô
liberté des sociétés modernes et l'esprit do
domination des sociétés encore asservies à un
despotisme militaire C'est ce qui fait que ce
Message retentira jusqu'au fond de tous les
cœurs comme un Message de délivrance an-
l.trte au monde. (Applaudissements.)
Le peuple qui a fait au dix-huitième sieclô
la. Déclaration des droits sous l'inspiration
des écrits de nos philosophes, le peuple qui
a iih-s au premier rang de ses héros Washing-
ton et Lincoln, le peuple qui, au. siècle der-
nieiv s'est déchiré lui-même pour abolir l'es-
clavage, était bien digne de donner au monde
un tel exemple. 11 reste ainsi fidèle aux tra-
ditions des fondateurs de son indépendance
et il montre que le prodigieux essor de ses
forces industrielles et de sa puissance écono-
mique et financière n'a pas affaibli en lui ce
besoin d'idéal sans lequel il n'y a pas de
grande nation.
Ce qui nous touche particulièrement, c'est
que les Etats-Unis nous aient gardé l'amitié
qui a été scellée autrefois de notre sang. Nous
constatons avec une joie 'reconnaissante que
la fidélité des sympathies entre les peuples
est une des vertus délicates qu'on peut culti-
ver au sein d'une démocratie.
Le drapeau étoile va flotter à1 côté du dra-
peau tricolore, nos rnains vont se joindre et
nos cœurs battre à l'unisson. Ce sera pour
nous, après tant de souffrances héroïquement
.supportées, tanfiie. deuils et tant ds ruines,
une renouveau des seniimoiïts' qui nous ont
animés et soutenus pendant cette longue
.otu'euvfi. L'aide 'puissante, décisive que nous.
VENDREDI 6 AVRIL 1917.
142, Rue Montmartre PA RIS S «m– (
Télégraphe HUMAMTÉ-PARIS. 1^4 c
Télégraphe :HUMAIIITÉ~PARIS.
Téléphone GUTENBERG 02-69. %&
jozmNA.n soeij&iuisTE
Fondateur: JEAN JAURÈS
ABONNEMENTS (sass Irais dans tous les bureaux de poste),
1 an 6 mois 3 mois
Seine cl Scino H Oise 18 tr. 9 Ir. 4 130
Uépartemcuts et Colonies. 21 » 10 50 B 28 ri
Etranger (Union -ptstithi). 31 » 16 KO 9 »
PAR 82 VOIX CONTRE 6, LE SÉNAT ÂMÉRICAIIf
A VOTÉ LA RESOLUTION DE GUERRE
1~!A~ t~: 'O~)
Commission administrative permanente
COOlgOCO–
La C. A. P., à sa réunion du jeudi 5 avril,
a adopté la motion suivante
La, C. A. P. salve avec une émotion
^profonde les "nobles déclarations du pré-
sident Wilson dans, son Message du
2 avril.
Elle constate qu'au lendemain de la
glorieuse Révolution russe, Ventrée des
Etats-Unis dans la guerre, sous la -pro-
vocation persistante de V Allemagne im-
périale el militariste., achève de mettre
en pleine lumière le sens du grand con-
flit actuel.
Ainsi le monde, comme le Payli socia-
liste l'avait déclaré dès le début des hos-
tilités et plus expressément formulé il
la quasi-unanimitë de ses représentants
dans son Congrès national de décembre
1915, se partage .dorénavant en deux
camps d'un côté toutes les démocraties
combattant pour leur propre sauvegarde
et le développement des libertés et ga-
LES BUTS DE GUERRE DE rÂMÉRlQUE
Le Message lu, le 2 avril, au Congres
̃américain par le président .Wilson, dé-
daigne les habiletés. Qu'en ferait-il ? Il
n'a rien à cacher pas de mauvaise
action. dans le passé à colorer, pas de
méchants desseins dans l'avenir à dis-
simuler. Quel, contraste entre les finas-
̃ -séries des notes allemandes et la tran-
quille sincérité des .réponses américai-
nes !̃'̃'
Là partie> de son discours où M. Wil-
son définit les buts de la guerre pour
l'Amérique est peut-être la plus haute
et la plus belle. Elle ouvre; une ère nou-
velle dans 'l'histoire du monde elle an-
nonce un état des ^relations internatio-
nales qui n'a encore- jamais été vu. Au
.fur et à mesure qu'elle s'étend, cette
gue-fre nous fait assister "à des specta-
cles qui, dans le bien comme dans le
mal, défient l'imagination. D'un côté les.
horreurs d'une guerre sans .précédent,
les morts et les blessés par millions,'les
affreuses dévastations, lias1 souffrances
de tant de victimes innocentes de
̃l'autre, la prodigieuse révolution .nisse,
qui affranchit tant d'opprimés, et l'in-
tervention des Etats-Unis au nom de
l'humanité et du droit Mais la guerre
a toujours été quelque: chose d'horrible
et qui rapproche l'homme de l'anima-
lité' cette guerre-c-i ne diffère des au-
ti'es que par ses proportions énormes, et
par le dévelopement de la science mise
au service de la destruction. Tandis que
la paix, comme le président Wilson la
conçoit et la veut, fondée et gairantie
par le droit pour les peuples de dispo-
ser d'eux-mêmes, et par une société des
nations établie sur les principes de la
justice et de l'humanité, n'était, jusqu'à
présent, que le rêve de quelques rares
esprits, regardés de liaut et tenus à dis-
tance par tes professionnels de la diplo-
matie. De ces rêves, l'Amérique du vina-
tième siècle va faire une réalité.
Notre grand Jaurès est mort trop tôt.
Certes, -il aurait cruellement souffert de
cette guerre, qu'il avait espéré empê-
cher jusqu'à son dernier souffle. Mais
avec quelle joie il aurait salué l'idéal de
paix internationale proclamé sur l'autre
bard de l'Océan Qui 'aurait su, répon-
dre comm-eT-ui, au nom de la dânocra-
ti em-opéenne, aux déclarations do. la
• dérnoer-ati-e amémeain© ? Comme il au-
̃i'ail.. fait -ressortir,- -en. son admirable
ranties internationales, de Vautre, l'au-
tocratie demeurée debout seulement en
Allemagne et en Autriche-Hongrie par
la passivité des sujets de ces enijnrcs.
L'existence indépendante pour chaque
nation, petite ou grande, ne peut donc
être assurée que si les vays de l'Entente
ne succombent pas dans la lutte qu'ils
̃ ̃ont. obligés de subir et contraignent les
cmjiires du Centre à accepter les condi-
tions de la paix durable et juste, telles
que le président Wilson vient de le pro-
clamer magnifiquement cl telles que la
section française de V Internationale ou-
vrière n'a jamais cessé,, avant comme de-
puis la guerre, de les pro]}oser à lotis
les peuples amis ou ennemis en vue de
V organisation d'un société fraternelle
des nations.
Pour la Commission administrative
permanente:
Le Secrétaire Louis Dubreuiui.
>< r
langage, l'identité des sentiments, des
tendances et des idées de l'Amérique et
de la France Toutes deux font la
'"guerre malgré elles, et parce qu'un im-
périalisme agressif les y a contraintes,
'routes deux n'attendent, de leur victoire
que la réparation complète du droit, et
rétablissement d'un ordre no-uve-au, où
llnimanité se développera en paix.
L'entrée de l'Amérique dans le con-
flit, avec des dispositions désintéressées
si conformes aux plus nobles traditions
françaises, -achève de 'donner à la guerre
actuelle son véritable caractère c'est la
guerre des .démocraties liguées contre
l'impérialisme autocratique.
Que les idées exprimées par M. Wil-
son aient la pleine approbation- du peu-
ple américain, il n'est pjus possible- d'en
douter. Si une- opposition un peu sé-
rieuse avait dû se produire, c'est au Sé-
nat qu'elle se serait manifestée. Or, 'le
Sénat, vient de voter la résolution de
guerre à l'écrasante majorité de 82 voix
contre 6. La conscience du monde civi-
lisé proclame, par la voix de l'Améw*
que-, que la cause des Alliés se confond
avec la cause de la justice et de l'hu-
manité.
DEUZELLES.
•-v c«o
LA DÉCISION DU SÉNAT
Washington, 5 avril. Le Sénat, pur
82 voix contre 6,. a volé la résolution de
guerre. ̃̃ ̃
Au cours de îa discussion, M. Lodq-e dit
Nous -no pouvons pas envoyer une grande
armée en Kuro-pe car l'armée nous manque
encore mais je serais beurenx si nous
envoyions 10.008 hommes de l'active afin
que le drapeau des Etats-Unis puisse an
moins être déployé sur la terre de France.
Nous pouvons aussi, aider les Alliés au
moyen de la.Tges crédits et en leur fournis-
sant les approvisionnements qui leur man-
quent. Nos ressources doivent être autant
que possible, jointes aux leurs.
Mj Lodg.e ajoute
Nous entrons dans la guerre afin de nous
joindre à ceux oui luttent pour conserver
la. liberté, l'humanité, la démocratie et la
civilisation. Nous voirions concourir ;i assu-
rer au momie une paix Ms6e sur la -lilim-té
la démocratie, la volonté des peuples oppo-
sée a i'autocr-atie militaire prussienne1 'qui.
dans sou désir de dominer lé mo-ntle, foule
aux pieds1 tous les semi-ments de l'humanité
et viole ions le> traités.,
.Nous attendions c-e ré/'ji.Hat et 'nous pour-
rons dire que-nO'Us avons coiitiùbué à.co'ii-
lérer un grand bienfait à l'humanité -.et que
nous n'avons pas combattu en vain.
Le sénateur La Follette a parlé tard dans
l'a.près-mid pour combattre la résolution
de -guerre*.
Il ne pouvait, pas, à-t-il dit, se déclarer
partisan de la doctrine de soutenir M. Wil-
son, qu'il eût tort ou raison. Les classes
pauvres, selon, l'orateur, seraient op'posées
à la, guerre et manifesteraient bientôt leurs
sentiments d'une manière calme- et or-
donnée, il l'espérait, des que le prix des
subsistances et les impôts augmenteraient.
M. La Follette a parlé pendant trois
heures.
M .Williams, répliquant à M. La Follette,
a déclaré que le discours de, ce dernier
ferait mieux dans la bouche de Bothniann-
Hollwcg- que dans celle d'un sénateur amé-
ricain.
Votre discoure, a dit M. Williams a M.
Lr- l-ollette, est germanophile, vaudnlopbile,
antipresidentre-l, antiparlementaire et anli-
americain.
L opposition au Sénat
Washington, 5 aviil. L'opposition a
fait tous ses efforts à la séance d'hier au
Sénat pour retarder le vote, et a employé
les pires arguments pour soutenir la cau-
se des pacifistes.
Le sénateur Noriis a déclaré que faire
la guerre signifierait planter le signe du
dollar sur le drapeau, américain, cher-
chant ainsi à faire croire que ce sont les
puissances d'argent qui punissent au con-
flit.
P^lsie.UTs ^iiai^ui-, ont npoMé n\eo <-o
1ère à leur collègue p.iciuste La Follette,
-quand dans son di.scuius d'obstruction,
qu'il fit durei trois heures, il combattit
la guerre et accusa lAngleterie M'avoir
violé le traité de Londres. (Radio.)
Une séance de treize heures
Washington, 5 avril. Le vote au Sénat
de la résolution du président Wilson a eu
lieu après onze heures du soir. Les séna-
teurs avaient siégé depuis treize heures
sans interruption aucune et sans prendre
de repas.
Aucune démonstration n'a eu lieu quand
le résultat du vote a été annoncé, chacun
se rendant compte do la solennité du mo-
ment.
Le Sénat s'est ensuite ajourné jusqu'à
vendredi en attendant la décision de la
Chambre.
Il est intéressant de faire remarquer-que,
des douze sénateurs qui se sont prononcés
contre la neutralité armée, trois ont voté
en faveur de la résolution actuelle.
L'intérêt des débats a été, porté à son
comble quand M. Williams,, répondant aux
arguments de M. La Follette, a déclaré
Une fois -en guerre, les' Etais-Unis devront
la poursuivre jusqu'à ce que les maisons
de Hohcnzollem et de Habsbourg soient dé-
tronees et la Turquie refoulée eu Asie.
Même. M. Husting, c-x-partisan de M. La
Follette, a renié son leader, en disant
La question à savoir est Le peuplé
américain soutiwi-dra-t-il l'action du prési-
dent ? Je suis certain que si la question
était poseexainsl, .le président obtiendrait
une majorité écrasante. (Hacas.)
L'impression à Philadelphie
Philadelphie 5 avril. D'enthousias-
tes manifestations ont accueilli ici le vote
par lequel le Sénat a accepté, à l'unani-
mité moins six voix, la résolution décla-
rant l'état de guerre avec l'Allemagne.
LÀ CHAMBRE VA LA VOTER
La Chambre -xles représentants a com-
mencé la discussion jeudi; à 10 heures du
matin (16 heures à Paris).
La, commission des affaires étrangères
de la Chambre a accepté les légères modifi-
cations de style apportées par la commis-
sion des affaires -étrangères- du Sénat au
texte de l'ordre du jour relatif la guerre,
approuvé par le gouvernement, et elle a
conclu à son adoption par la Chambre.
Le vote, qui est acquis d'avance, ^est at-
tendu à la- fin de la journée, donc vers mi-
nuit (ilieui'e lde Paris).
Giù T7t01,SlI'c117; F'3GE
Les oomr.iuni£jués ofîiciefs. Vers la iRépis-
feîicîiie russe-- –flux Etats-Unis Autour du
Congrès, "̃ '̃̃• ,;̃ :̃ ̃̃
Hommage du Parlement
à
la Nation_amérïcaine
A LA CHAMBRE ET AU SÉNAT
Voici en quels termes éloquents M. RU
bol., président du Conseil, et M. Deschanel,
à la séance d'hier, à la Chambre, ainsi que
M. Buhost au Sénat, ont rendu hommage
ait président Wilson et à la nation améri-
caine v
DISCOURS DE M^LÉXANDRE RÎBOÏ
C'est devant. une salle -plus qu'aitentiv.e,
recueillie et frémissante/ que M. le prési-
dent du Conseil, au. début de la séance, lut
la déclaration suivante
M. Alexandre Ribot, président du ron&eil,
ministre des allai 'os 1 1 rangées Avant
que la CbnniJnc s-e m-i ,uo, le fiom ornement
lui demande d'am 1s'-pv un ^-nliit fonliU j,
l.i grande République des Jliats-Unib.
A ces mots, toute la, Chambre eo lèio,
acclamant longuement. Puis les députés •,<}
toument \cr-, la tribune diplomai/que,
adressant ostensiblement nu représentant
de la grande nation li-uis applaudife.se>-
niMiis, aux fiis de \n( ]fl République »
Le pub'i'' '•“[ UtiiUij. >- -mêle *,&̃ ,101 1 litut-.
lions à ci'Hey de« députés
M. Sharp, très ému se lève et s'incline'.
L'ovation redouble. Quand elle est termi-
née, le président du Conseil reprend
Vous a\ez lu l'admirable Message du pré-
sident Wilson.
Nous avons tous le sentiment que quelque
chose de grand et qui dépasse les proportions
d'un événement politique vient de s'accom-
plir. ̃
C'est un fait historique d'une importance
sans égale que l'entrée en guerre, avec nous
et nos alliés, de la démocratie la plus -pacifi-
que qu'il y ait au monde. Après avoir tout
fait pour affirmer son. attachement à la paix
la grande nation américaine déclare solen-
nellement qu'elle ne peut rester neutre dans
cet immense conflit entre le droit et la vio-
lence, entre la civilisation et la barbarie Elle
considère qu'il est de son honneur de relever
les défis portés à toutes les règles du droit
international si laborieusement édifiées par
1 effort commun des nations civilisées.
Elle déclare en même temps qu'elle ne com-
battra pas pour des intérêts, qu'elle ne veut
ni conquête ni compensation, qu'elle entend'
seulement aider à la victoire de la cause du
droit et de la liberté. (Les députes se Ircerit
cl applaudissent.)
Ce qu'il y a de grandeur, de noblesse dans
cette action est encore' rehaussé par la sim-
plicité et la sérénité du langage du cher iilus-'
..ré de cette grande démocratie. (Vifs <(«-
ptumttssemenls.)
Si le,- monde avait pu garder le moindra
doute' sur le sens profond de la guerre où
nous sommes -engagés, le Message du prési-
dent des Etats-Unis dissiperait toute obscu-
rité. Il fait apparaître à tous que la lutte est
véritablement une lutte entre l'esprit dô
liberté des sociétés modernes et l'esprit do
domination des sociétés encore asservies à un
despotisme militaire C'est ce qui fait que ce
Message retentira jusqu'au fond de tous les
cœurs comme un Message de délivrance an-
l.trte au monde. (Applaudissements.)
Le peuple qui a fait au dix-huitième sieclô
la. Déclaration des droits sous l'inspiration
des écrits de nos philosophes, le peuple qui
a iih-s au premier rang de ses héros Washing-
ton et Lincoln, le peuple qui, au. siècle der-
nieiv s'est déchiré lui-même pour abolir l'es-
clavage, était bien digne de donner au monde
un tel exemple. 11 reste ainsi fidèle aux tra-
ditions des fondateurs de son indépendance
et il montre que le prodigieux essor de ses
forces industrielles et de sa puissance écono-
mique et financière n'a pas affaibli en lui ce
besoin d'idéal sans lequel il n'y a pas de
grande nation.
Ce qui nous touche particulièrement, c'est
que les Etats-Unis nous aient gardé l'amitié
qui a été scellée autrefois de notre sang. Nous
constatons avec une joie 'reconnaissante que
la fidélité des sympathies entre les peuples
est une des vertus délicates qu'on peut culti-
ver au sein d'une démocratie.
Le drapeau étoile va flotter à1 côté du dra-
peau tricolore, nos rnains vont se joindre et
nos cœurs battre à l'unisson. Ce sera pour
nous, après tant de souffrances héroïquement
.supportées, tanfiie. deuils et tant ds ruines,
une renouveau des seniimoiïts' qui nous ont
animés et soutenus pendant cette longue
.otu'euvfi. L'aide 'puissante, décisive que nous.
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