Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-04-14
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 avril 1934 14 avril 1934
Description : 1934/04/14 (Numéro 26524). 1934/04/14 (Numéro 26524).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
5. LE TEMPS. U avril 1934
aient an etee sacrifiées pour arriver à ce résultat. Mata
nous n'en.scmmes pas responsables.
D. Vous avez proclamé vos Intentions pacifiques. Or,
d'après lés rapports que nous avons, les manifestants
étaient armés de « lourdes cannes » et vingt-huit gar-
diens eur eoixante-cinq ont été blessés en quelques
minutes. Comment conciliez-vous ce fait avec votre af-
firmation?
R. A ma connaissance, personne n'avait de canne, et
l'ordre ava>t été donne aux Jeunesses patriotes de
n'apporter aucune arme.
M. Campinchk Ancien officier do cavalerie et
ayant eu, ayez-wous dit, l'habitude des tumultes po-
pulaires, vous venez de nous dire que des charges de
cavalerie eussent dispersé ,Ja. foule.
Ignorez-vous dono l'inefficacité des multiples char-
ges de cavalerie qui ont été ordonnées?
R. Elles n ont pas été faites à temps, à mon avisv
Il y a eu maladresse de laisser envahir la place de la
Concorde. S'il y avait eu à; la tête un homme ayant
de l'expérience, certains faits ne se seraient pas pro-
duits.
Mais 1q préfet de police si inexpérimenté n'était en.
fonctions que dfipuls quarante-huit heures.
M. de Ncfdawkc. Si M. le président du ponseil
vous ".avait dit. qu'il avait des motifs graves de rem-
H"placer M. Chiappe.. àùriëz-to'ue manifesté 'de. la. même"
,t plâcer M.Ch¡apP~, a.uriêz:r°1,l6, II1~!estéde.l¡¡' mêm~
façon? '••̃.
R. Je ne l'aurais pas cru sur parole, car je jugeais
que le départ de'M. Ctilâppe, indemne de tout soup-
çon, était un déni de justice. J'aurais demandé à avoir
• une preuve.
D, Aviez-vuus l'intention de porter une pétition à
la la Chambre?'
R. Non.
M. Catalan. Je reviens à- l'affiche des Jeunesses.
patriotes qui porte: « Peuple de Paris, conduit par
tes élus, tu iras crier au Parlement ta manière de
voir. » D'après vous, à qui e'adressait-elle ? '?
R, Aux élus membres des Jeunesses patriotes.
D. 'Toute l'affiche fait appel au peuple de Paris et
noivpas seulement aux adhérente, des Jeunesses patrio-
tes et en effet vingt élus de Paris ne faisant pas partie
des Jeunesses patriotes sont venus au Parlement.
D'autre part, pourquoi avez-vous pris votre échappe?
R. Parce que j'avais l'intention, comme élu de Paris,
de voir comment la police était faite.
D. On îrç'a cité comme conseillers municipaux
ayant été blessés MM. Bernard, Victor Constant, Roeland
et Piet. Quels sont ceux qui étaient avec vous ?
R. MM. Bernard, Victor Constant et Piol. M. Roéland
était avec if anciens combattants.
M. Rametle. Votre intention n'était pas de pren-
dre la tête d'une, manifestation?
R. Non. C'est la manifestation qui nous a suivis.
D. Quel était votre but?
R. J'avais l'Intention d'arriver le plus près possible
du Palais-Bourbon.
D. Vous voue trouviez devant un barrage.
Quand on a vu que les forces de police s'oppo-
eaient à votre passage, n'y a-t-il pas eu un réflexe de
la part des manifestants?
R. Nous avons reçu aussitôt des coups.
D. Les agents se sont-ils avancés sur vous ?
̃ R. J'en ai eu l'impression. i
̃̃ D. Vous aviez le temps de prendre une décision et
de prévenir }a foule. Lorsque. des çmanifës^nts. 6é trou-
vent en p'rés'ence 'd'un barrage inattendu, il y a (tou-
jours un recul instinctif qui laisse la temps d'une dé-
cision si le service d'ordre ne charge pas..
Vous avez dit que vous auriez pu arrêter 4a mani-
festation si le gouvernement avait donné aussitôt sa:
démission. Vous reprochiez au gouvernement le dépla-
cement de M. Chiappe; vous étiez-vous enquis des rai-
sons de ce déplacement?
R. Non, mais j'étais et demeure convaincu de son
innocence et considère que son déplacement constituait
un déni de justice, suivant le mot d'un ministre actuel.
D. Vous connaissiez, quand vous avez quitté l'Hôtel
de Ville, la décision de là commission du règlement de
la Chambre et', aussi, là déclaration de M, Daladier,
publiée dans la presse du soir.
Le buf essentiel que vous poursuiviez, avez-vous dit,
était la démission du gouvernement. Vous étiez donc
• décidés -à"' laisser continuer l'émeute jusqu'à ce ré-
sultat? ̃-̃•'•̃•
R. Je vous répondrai par un fait personnel. J'at
achevé la nuit du 6 au 7 rue Royale et place de ta
Madeleine, J'ai dit alors à la foule: « Allez-vous-en,
» rentrez chez vous, vous ne risquez plus que des
;» coups ce soir! »
D. Le 7, vous êtes intervenu auprès du président de
îa République pour qu'il fasse appel à M. Doumergue.
Qu'auriez-vous fait si te gouvernement n'avait pas dé-
missionné?- l'
R. Nous aurions décidé de l'attitude à prendre.
D. Quand nous manifestons, nous, nous avons un
objectif précis.- Si, un jour, nous agissions pour la prise
du pouvoir, et si j'étais traduit devant un tribunal en-
suite, je revendiquerais et motiverais ma responsabilité.
R. Il y a des cas, je l'ai dit, où l'insurrection est un
droit sacré. Je revendique donc la responsabilité que
j'ai prise. J'estime que nous n'étions plus dans l'ordre
et qu'il était utile da descendre dans la rue.
D. Je demande, en -oonoiusion normale- >à ses- déclç-'
TatioHs.ï-quB-le témoin soit tradait^inculpé p^ur oom-
plot oohtre la sûreté de l'Etat.
M. Piot. Vous, avez dit qu'il n'y avait auoune iliai-
son entre la manifestation des Jeunesses patriotes
et oelle des élus munioipaux? Vers 6 heures du soir,
M. Taittinger ne se trouvait-il pas dans les couloirs de
l'Hôtel de Ville?
R. Je crois que oui.
M. Massard. Quant à moi, je lie l'ai pas vu.
.̃dtfj des Isnards, II se trouvait en tout cas dans
notre cortège.
'M. Camplnchi. Dans la lettre publiée par VEcho
de Paris, M. Soulier dit que M. Taittinger s'était trouvé
devant l'Hôtel de Ville.
M. Piot, Au moment où la place de l'Hôtel-de-Ville
était débiayée, des témoins ont vu MM. Taittinger et
Binet-Valmer dans les ooulofrs de l'Hôtel de Ville.
En partant de l'Hôtel de Ville, M. des Isnards a-t-il
dit: «'Je pars à la tête du peuple »?
R. Ce n'est pas dans ma littérature. Je n'ai pas pro-
noncé cette phrase. y
D. Vous avez le sentiment que si à la hauteur du
pont de Solferino un chef s'était détaché du barrage
aveo un' olairon et était allé au-devant de vous, vous
auriez pu vous opposer à la poussée des 3,500 per-
sonnes- qui vous suivaient et les arrêter'?
R. Je le pense.
M. d'Andigné (h M. Massard). Quand, revenant de
la Chambre* vous avez demandé au commissaire quelle
consigne il avait reçue, il vous a répondu que c'était
de ne pas laisser passer. ']
R. Il était gêné, il m'a dit qu'il n'avait fait qu'exécu-
ter les consignes reçues.
D. Sur les trottoirs, lors de l'arrivée du Cortège au
-• barrage de la rue Solferino n'y avait-il personne ? 2
• R. Si, desolvils en marge débordaient le cortège, qui
m'ont paru suspects et qui m'ont donné l'impression
diagenlis provocateurs.
,M.- )M,Ofinet (à:iM. dfts.ISDards)t-fr- Vous -avez dit; que
l'insurrection était normale dans certains cas, vous
avez rendu hommage au sacrifice des morts.
Si le cabinet n'avait pas été démissionnaire, nous au-
rions délibéré, avez-vous dit.
Mais votre collègue M. Le Provost de Launay que
nous avons entendu a déolaré que, dans ce cas, l'agi-
tation aurait oontinué..
R. Nous n'àvions pas envisagé l'éoheo ou la duréb de
la manifestation.
Mais je crains qu'en cas de maintien du gouverne-
ment la réaction n'eût été dans le sens indiqué- par M.
Le Provost de Launay et que l'émeute n'eût crû.- Des
gens qui ne prennent pas part d'ordinaire aux mani-
festations seraient descendus le soir du 7 dans la rue.
D. Voua jugez que le mouvement du 6 était néces-
saire ? w
R. U a été spontané.
.if. Piot. Comment M. Massard a-t-il pu faire une
distinction entre des gens qui se trouvaient sur la
chaussée et d'autres qui se trouvaient sur le trottoir,
puisqu'il s'agissait, non pas d'une manifestation orga-
nisée, mais d'une foule qui suivait spontanément les
conseillers munioipaux ï ]
M. Massard. Nous sommes partis spontanément
pour une mission de contrôle. Des manifestants, puis la
foulé nous ont suivis. Une. heure de marche m'avait
permis de reconnaître des membres des Jeunesses pa-
triotes et aussi des éléments douteux.
AUDITION DE M. BONNEFOY-SIBOUR
Préfet de Seine-et-Oise
Ancien préfet de police
Le témoin prête serment.
Le président. Nous aurons l'occasion de vous en-
tendre sur l'ensemble des événements auxquels vous
pvçz :été mêlés, depuis votre appe là la préfecture da
.police jusqu'au lendemain du 12 février.
Aujourd'hui, nous voulons vous entendre sur un point
;BEéçiS; .•}? des-, .f apports que vous avezs eus. avec M. GuK
chard. Celui-ci vous a-t-il manifesté le désir d'obtenir
un congé; et que s'est-il passé ensuite? •
^.Bonnefoy-Sibour. Au moment où je prends
.̃ contact aveo la commission pour la première fois, puis-
je formuler upe requête j'ai observé un silence qui
m'a été très douloureux, vous le,pensez bien. pendant
de longues semaines et je voudrais vous donner lecture
de la très courte déclaration suivante
Je suis heureux que la commission parlementaire ait
bien voulu m'entendre à l'issue d'une période durant
laquelle je devais, par correction élémentaire, me con-
traindre au silence.
Critiques, calomnies et menaces, de divers côtés, ne
me furent cependant pas ménagées. Les unes comme
les autres ne sauraient avoir prise sur le fonctionnaire
discipliné que j'ai toujours été, elles ne peuvent
accroître l'affliction de celui qui vécut des heures dou-
loureuses, et apporte aujourd'hui son hommage à tou-
tes les victimes des troubles de février.
Calomnies ? J'en voudrais souligner une au carac-
tère particulièrement abominable certains sont allés
affirmant que j'aurais, le soir du 6 février, ordonné
le feu ou laissé tirer sur la foule, sur les anciens
combattants.
A cette assertion j'oppose, sous la foi du serment,
le démenti le plus catégorique, invoquant, au surplus,
puisque la chose n'est pas inutile, mes longues années
d'administration dans les régions industrielles û\
Pas-de-Calais, de la Haute-Vienrië, de Seine-et-Ôise, où
maints conflits furent réglés par mes soins sans que
jamais une goutte de sang eût été versée. Dois-je aussi
rappeler ma présence constante au front durant touto
la guerre, au contact fraternel et permanent des
combattants- trois citations Croix de guerre et
ma Légion d'honneur, la première accordée au titre
civil?
Solidaire des chefs qui m'ont fait confiance, en con-
sidération d'une carrière d'absolu loyalisme et du
dévouement, j'entends me déclarer solidaire d'e tous
mes suberdonhés pour le temps où m'échut la direc-
tion de la préfecture de police. f
Me gardant des formules excessives qui prêtent à'
des interprétations diverses, en très simple franchise,
j'exposerai devant vous les éléments auxquels j'ai
été mêlé, je répondrai à vos questions avec la sérénité
que" me donne la certitude d'avoir évité le pire mon
pays et à nos institutions.
Sans doute, pourrai-je alors, par un équitable re-
tour, ne plus apparaître parfois sous les aspects éga-
lement regrettables du coupable qu'on condanme, de
l'incapable qu'on critique, ou de l'infortuné qu'on
plaint, mais, avec plus de vérité, comme un fonction-
naire .fidèle à son passé,, soucieux de .l'honneur de son
nom, comme, un chef conscient de ses devoirs et de
ses responsabilités quC'V.'rh'eiîftj du danger, ne s'est
jamais dérobé.
Ceci dit, je précise que le dimanche 4, vers 10 heures
du matin, j'ai réuni mes .chefs de, services actifs pour
m'entretènir des manifestations prévues. A l'issue de
cette conversation, M. Paul Guichard, contre lequel je
n'entends porter aucune accusation, me dit qu'il était,
fatigué et qu'il demandait 15 jours de congé. Je lui
ai répondu quo ce n'était pas le moment de më quitter,
et j'ai fait appel .à son sentiment du devoir. Il n'In-
sista pas.
Le soir, appelé à diriger un service d'ordre, vers
18 heures, sur les boulevards, je ne vis pas M. Gùi-
chdrd. On me dit qu'il était près de là, mais assez
fiévreux. Je le vis quelques minutes, après d'ailleurs
sur la place de l'Opéra; il nie paraissait assurer un
semblant de service.
Le lendemain, lundi, dans la mâtinée, de nouveau
je vis mes chefs de service pour parler des disposi-
tions à prendre, et, notamment, de la nécessité d'aug-
menter les effectifs.
A l'issue de cette conversation, M. Guichard me dit
qu'il sentait qu'il n'avait pas la confiance du gouver-
nement et qu'il vaudrait mieux pour nous deux qu'il
ne fût pas mes côtés le mardi suivant. Je lui réitérai
mes exhortations et il s'en alla sans plus insister. Vera
14 h. 30, le docteur Despias, médecin-chef de la mai-
son des gardiens de la paix, me rendit visite et m'an-
nonça que M. Guiohard devait être opéré de l'appendi-
cite. Je lui répondis que la ooïncidence était fâcheuse.
Je n'ai pas revu M. Guichard"; j'ai appris qu'il était
opéré peu de "temps après. Le mercredi 7, au cours
d'une visite à la maison des Gardiens de la paix,
j'allai lui serrer la main; il me parût en bonne voie
de rétablissement et me montra dans un tube un
appendice auquel s'ajoutait, je crois, un calcul. '̃"
Quelques jours après, avec M. Sarraut, ministre de
l'intérieur, je le revis dans les mêmes conditions; il
mangeait, je crois, de la çôtopote et semblait en ;bon
état.' ••̃'̃•<̃ "̃ ̃̃ ;̃- ̃
JU. lundi l^.février, M. Çutpliard vint .jné; 'voir, -tie
plaignant encore du ventre et déclarant qtf il ne pou-
vait reprendre encore son service. P
Je ne me reconnais pas le 'droit, d'ailleurs, de tirer
une conclusion des faits que je vous at relatés.
M. Vincent Auriol. Dono, M. Suichard demande
quinze jours de congé le dimanche 4 au matin. A-t-il
parlé d'appendicite, ainsi qu'au cours de vos autres
entretiens! ï
R. Non! Mais je dois préciser que quand j'ai de-
mandé le soir du dimanche où il était, on m'a prévenu
de son état fiévreux. Je l'ai d'ailleurs rencontré quel-
ques instants plus tard. Mais jo n'ai entendu parler
d'appendicite que dans raprès7midi du mardi 6 février.
M. Vincent Auriol. Vous l'avez vu le mercredi 7,
ot vous l'avez trouvé assis sur son lit ? 7
R. Parfaitement.
M. Vincent Aurlol. Et votre seconde visite est de
quelle date ? 7 '•'̃
R. Le lendemain du jour où M. Sarraut fut nommé
ministre de l'intérieur. Je l'ai revu le lundi 19. Ce
jour-là il m'a représenté que mon maintien à la pré-
fecture de police serait difficile.: je savais d'ailleurs
à ce moment que je retournerais en Selné-et-Oise.
Le président. M. Guiohard a été opéré a quelle
date ? ?'̃'̃ ̃
R. Le lundi soir, par le docteur Desplas.
Ai. de Framond: A-t-il été vraiment opéré ?
R. Je n'en sais rien. Il ne m'appartient pas de dire
s'il s'agit d'une appendicite cousue de fil blanc.
M. Vincent Aurlol. Votre rencontre a été cor-
diale ?
R. Oui. Je n'avais pas d'ailleurs, de raisons de lui
être désagréable.
M. Ramadier. Si j'ai bien compris, M. Guiohard, a
votre première entrevue, a invoqué des raisons de1
santé pour demander un congé de' 15 jours.
R. Exact, et il n'a invoqué que celles-là, sans autres
̃•prëcisîqhsV Ée âpir; lè'iié ̃saï$"s;il 'aJ;été 'ques-tlcm- de «a-.
santé qùana' je' Tat Tenèoiîttê. ''̃•̃ "̃̃ '.̃
Le lundi matin il n'a pas parlé de son état de santé'
mais m'a simplement dit qu'il h!avalt pas la confiance
du gouvernement et qu'il valait mieux pour l'un et
l'autre qu'il ne soit pas a mes côtés le 6 février.
M. Ramadier. Quand vous l'avez revu à l'hôpital
II ne vous a pas parlé» de son opération ?
R. Non, il m'a parlé des événements du 6 février
et il a marqué quelque tristesse des événements
écoulés.
M. d'Andigné. Au cours de votre première en-:
trevue vous n'avez pas eu l'impression qu'il était souf-
Iraqt ?
R 11 m'a paru dans un état déficient, il semblait ti-te
remué moralement du fait des événements presque
tragiques qu'il avait vécus.
M d'Andigné. Le dimanche, quand vous l'avez
rencontré, vous avez dit qu'il semblait assurer un
« semblant de servloe, ».
R. C'est que le service était assuré par M. Meyer
et M. Guichard avait fait seulement, je crois, une ins-
pection d'ensemble.
On m'a rendu compte qu'il effectuait une rapldo
tournée sur lés boulevards et que son .état fiévreux
l'obligerait & rentrer chez lui. S'il avait rempli son
service complètement il aurait' été â mes oôtés.
M. d'Andigné. Vous avez par\é également d'une
appendicite cousue do fil blanc.
R. Ce n'est pas une insinuation. C'eet simplement
pour répondre à certaines campagnes. Mais je n'en-
tends pas apporter d'aocusation contre Un ancien su-
bordonné. • i, j,
M. Rucart. On ne vous a jamais parle d appen-
dicite ? 2 •̃'
R. Non. Pas avant la visite du docteur Desplas. v
M. de Tastes. Quelle est la personne qui vous a
dit que M. Gulchard se sentait souffrant ?
R. Je ne saurais pas le préciser. C'était sur le terre-
plein de l'Opéra. Ce fut peut-être M. Meyer,. • j
'D. M. Guichard vous a seulement parlé d'une façon
vague dé son état de fatigue et de son état 'de' santé ?
R. Oui et je ne lui ai pas demandé de précisions.;
M. Monnet. Vous estimez que vous auriez dû ren-
contrer M. Guichard sur les boulevards ? Y
R. j'estime qu'au départ même de la préfeoture 11
aurait dû être à mes côtés'
D. Vous n'avez pas été surpris qu'il n'y fût pas ? P
R. Non, j'ai pensé qu'il était parti en avant et cest
d'eiïleurs ce qu'il avait fait.
D. Quand M.' Guichard a insisté pour avoir quinze
jours de congé, n^avez-vdus pas rapproché ce fait de
l'état de santé qu'on vous avait signalé?
R. Tout le monde était- malade dans cette maison.
M. Liard avait une grippe tenace. Seule MM. Marchand
et Meyer m'ont donné le concours le plus dévoué, le
plus absolu.
D. Voue avez pris votre parti de toutes ces maladies?
R. Absolument, et de bien d'autres choses..
M. Edouard Soulier. M. Guichard, en inspectant la
police et en t&tant le pouls de l'opinion, agissait comme
un officier d'état-major. En étant à côté de vous, U
aurait plutôt agi comme un officier d'ordonnance?
R. Je ne critique pas ce qu'a fait ce jour M. Guichard.
M. Lerolle. Vous n'aviez pris pour ce eoir-là aucun
rendez-vous avec M. Guichard? ̃
R. Non, car j'imaginais que, normalement, lé direc-
teur général devait être avec moi,
te président. Vous avez vu M. Guichard aux deux
conférences. le matin, le 4 et le 5? A-t-il prie part à
la discussion?
R. Oui, mais d'une façon assez rapide.
M. Rainette. Vous avez eu l'impression que la plu-
part de vos subordonnés vous fuyaient sous divers pré-
textes?
R. J'ait eu le sentiment de gens qui étaient dans un
gros désarroi morai. Us ne me voyaient certainement
pas arriver avec plaisir. ;:̃̃••
U. £Audiffret-Pasguier, Avez-voûs fait savoir à
M. Guichard l'heure de "votre- départ 'de la préfecture ds
police? r •
R. Là direction en a été avertie.
D. Son devoir n'était-ii pas d'être dans la rue plutôt
que d'attendre le départ du préfet ds police?
R. Je trouve qu'il eûfété normal qu'il eût bien voulu
m'âcçompégner. ̃ • 1'
M. BatàUle. Les mesures d'ordre prises le diman-
che vous onl^elles donné satisfaction?
R. Pleinement. ̃
D. Elles avaient été prises par M. Guichard?.
R. Je le suppose.
D. Qui était chargé de prendre ces dispositions?
R. On m'a donné l'assurance que la direction géné-
raie avait fait le néoîssaire. Je suppose que* c'était
M. Guichard. >• ,l
D. Eet-ce M. Guiehard qui. dans cette circonstance,
est chargé' de prendre lès mesures d'ordre?
R. C'est lui ou ses adjoints, tout est fonction de l'imv
portance de la manifestation prévue. Celle-Jà apparais-
sait devoir être anodine.
M. Jean Longuet. En dehors de l'état d'esprit que
vous avez constaté chez les grands chefs avez-vous pu
vous rendre compte de l'état d'esprit des hommes?
R. Il m'a été difficile de le connaître dès les première
jours, car je Savais pas encore pris contact avec eux.
Ce que je peux dire c'est que la mentalité du com-
missalre;divisionn!airfi m'a parti par fait?
M. Jean Plot. Avez-vous su si dans les manifesta-
tions antérieures c'était l'habitude de M. Guichard d'ac-
compagner M. Chiappe?
R. Je le crois, les photographies en font foi.
"'M. Monnet. C'est dans une conversation particu-
lière que M. Guichard vous a parlé de son état de
santé? '?
R. C'est à l'Issue d'une conversation de service. J'a-
vais l'impression qu'il ne tenait pas à maintenir le
contact aveo moi.
M. Dommange. Croyez-vous que M. Guichard no
se soit pas trouvé avant le préfet sur le lieu des mani-
festations ?
R, Ce détail m'échappe absolument.
Le témoin se retire.
AUDITION DE M. PAUL GUICHARD
directeur général de la police municipale
Sur questions du président le témoin déclare:
Je m'étonne qu'une appendicite puisse avoir un
rapport avec la journée du 6 février.
Je me vois. obligé d'y voir une sorte de suspicion.
Je me demande dans quel but j'aurais pu me faire
o.pérer.' V '̃'• ̃
.Suppose-t-on que j'aurais eij peur de la manifes-
taÛon du 6 février? ••̃•̃- ̃•̃•
Je ne peux que mépriser une accusation aus;?i ridi-
cule. J'avais vu d'autres manifestations beaucoup -plus
gravée l
Est-ce en raison de la profonde affection quê>
j'avais pour M. Chiappe?
Certes, cette affection n'est pas douteuse, mais eMe!
était surtout faite du sentiment du devoir que nous
avions. Ainsi, la veille de son départ, il y avait uno
émotion parmi ses collaborateurs qui considéraient
son départ comme une injustice.
A tous, et à moi-même, il disait « Faites votre
devoir I ».
.Est-ce parce qu'on avait, manjfesiié une certaine
méfiance à mon égard?
Certes, je fus un peu étonné que le ministre de
l'intérieur eût convoqué dans la journée M. Bonne-
foy-Sibour pour le présenter à mon adjoint M. Mur-
chand, alors que je ne fus appelé qu'à 6 h. 30 du ooir.
Cotte méfiance est pour beaucoup dans les événements
qui ont suivi.
Ainsi, il était anormal qu'on eût convoqué au mi-
nistère les colonels de la gardé mobile et de la garde
républicaine pour savoir s'ils étaient sûrs de leurs
hommes.
M.Ramette. Qui vous a dit qu'ils avalent été
convoqués ?
R. Tout le monde le disait.
J'ai servi sous 10 ou 12 préfets, dont 6 ou 7 sont
encore vivants, on peut leur demander à quelle hau-
teur est élevé le sentiment du devoir dans le per-
sonnel de la Préfecture.
N'ayant donc pas de raison de fuir la manifesta-
tion du 6 février, qui ne me paraissait pas tout d'abord
importante, et qui n'est devenue grave qu'après que
l'on eut tiré à 19 h. 30, pourquoi serais- je parti?
Le 5, j'ai téléphoné à M. Bonnefoy-Sibour, lui di-
sant que M. Marchand avait commande le service du
6 et que du G.M.p, on nous demandait si noile you-
lions 20 pelotons de plus. M. Bonnefoy-Siboui* m'a
laissé 'libre de décider. Le tond de ,ma\ peneéa jstail
que Ton m'imputerait toutes "les mesures prises en
cas d'échec. J'ai consulté mes adjoints, et nous avons,
décidé de demander 10 pelotons mobWes,, d'autant
plus que, la Chambre en avait commandé trois directe»
ment, au sujet de quoi M. Bonnefoy-Sibour avait té-
léphoné que l'on allait ainsi oréer un état de mé-
fiance chez les gardiens de la paix.
Je préparais donc le service le 5 et je comptais le
faire. Mais j'étais malade depuis trois jours et je
considère presque comme une injure de me demander
si J'ai <5té opéré de l'appendicite.
Il y à un an j'ai été malade pour la première fois
de ma vie, et ai attribué mon malaise à des. coliques,
néphrétiques. On a parlé de grippe, d'infection intes-
tinale. Un an après j'ai ressenti les mêmes symptô-
mes, j'ai ér ude nouveau à des coliques néphrétiques.
M. Bonnefoy-Sibour m'a dit que l'émotion que m'avait
causée lo départ de M. Chiappe avait pu me boule-
verser.
Le dimanche, malade, j'assurai tout mon service
en voiture.
Lo lundi, le chirurgien me dit qu'il était nécessaire,
que je sois examiné à la Maison de santé des gar-
diens de la paix. J'en prévins M. Bonnefoy-Sibour.
En raison de l'urgence, l'opération fut faite immédia-
tement. On a découvert qu'un noyau avait perforé
l'appendice et que du pus s'était formé. « Si vous
n'aviez pas été opéré, m'a dit alors le chirurgien,
demain soir vous ne seriez plus là. »
Je n'ai donc que mépris pour l'accusation d'avoir
eu peur d'assurer mon service lors de la manifes-
tation du 6 février. `
Le président. Le dimanche avlez-vous demandé
un congé de quinze jours?
R. Jamais. 1.
D. Vous avez rencontré le' préfet, le soir, sùfl la
place de l'Opéra? ̃• ̃
'•'̃RP. J'ai ̃'̃'aemanaê";où"Stait le' préfet pour- aller! W
trouver. J'ai vu deux fois tous les BervioêS'. Sf le
préfet s'était promené je ne l'aurais pas oherché,;
D,1 Vous auriez fait la demande de congé le lundi.
déclarant que n'ayant pas la confiance 'du gouverne-
mont vous seriez critiqué quoi quo vous fassiez. Avez-
vous tenu ces propos?
R. Nous avons eu parler de M méfiance dont
j'avais été l'objet le dimanche au soir, place dé l'ppéra.'1
J'ai dit alors au préfet que l'affection que je portais
à M.. Ohiappe ne m'empûchalt pas do faire mon de-
voir, et que s'il avait eu l'énergie de refuser de cou-
cher à la Préfecture, la veille de son installation, cela
aurait pu éviter de choquer le personnel. Celui-oi m'a.
répondu « Je suis d'accord, mais j'ai trois enfants,
je suis obligé d'obéir. »'
Au cours d'une deuxième conversation je lui ai dit
que j'avais eu un moment l'intention de me retirer
après le 'déplacement de M. Chiappe, A deux reprises
j'aurais pu quitter la Préfeoture dans des conditions
très avantageuses.
La deuxième lois je suis resté sur une demande
affectueuse de M. Chiappe.
Le préfet a pris alors un arrête me donnant la ga-
rantie d'une prolongation de mes fonctions. J'ai donc
expliqué à M. Bonnefoy-Sibour que j'avais songé à
partir après le déplacement de M. Chiappe en raison
,da ce(quo j'estimais une injustice à son égard et de
la méâance qui m'était témoignée.
Il m'a répondu « Vous êtes comme mol, vous
êtes obligé comme moi. »
M d'Andigné. M. Bonnefoy-Sibour a dit qu'il
avait senti une opposition générale à la- préfecture de
policé, que M. Llajd aussi s'était trouvé malade. Ne
serait-il pas bon qu'il fût convoqué ?
M. ôàrdtol. Lors de votre première rechute, 1,1,
y a un an, le diagnostio a été difficile, les consultant"
ont été indécis. A-t-on procédé à une radioscopie ou
à unç radiographie ?..
R. "C'est moi qui al pensé à des coliques népheéti-
ques. Les médecins consultants ne m'ont rien ait et
m'ont ordonné de la glace sur le ventre. •'̃
D. Il doit s'agir d'une appendicite rétro-sécale. Maïs
vous avez parlé de calcul, ajouté qu'il y avait dû1 pus1;1
C'était donc une appendicite à chaud. Votre tempé-
rature était de 38° 2. C'est possible. Mais vous êtes
d'une résistance supérieure, ayant pu, atteint d'une
affection aiguS, avoir le jour même de votre entrée'
à l'hôpital une activité physique.
R. Non. Je suis entré le 5 au soir à l'hôpital.
J'avais demandé d'ailleurs à coucher à mon bureau
quelques jours plus tût. Je crois, puisqu'on m'a parlé
de radiographie, que dans la salle d'opération il y
a un écran de radioscopie, mais j'ai peu de souvenirs
car on m'i descendu dans Tin asoenseur. J'ai été reçu'
par des infirmières qui m'ont mis un masque sur la
figure et je ne me souviens plus de rien.
D'ailleurs. j'ai dans ma famille trois personnes opé-
rées à chaud qui n'ont pas passé par la radioscopie.
Je puis ajouter que j'ai été endormi à l'éther ê't
le lendemain, il parait que c'est extraordinaire, je
n'al eu aucun malaise,
M'. Vincent Aurlol. C'est bien vous qui avez fait
le plan de défense de la Concorde et cependant cer-
tains gardions affirment que voue avez demandé un
congé de quinze jours?
R. Comment voulez-vous qu'un gardien sache ce
qu'a fait le directeur dans son bureau?
̃M. Vincent Aurlol. Vous avez vu M. Bonnefoy-
Sibour le lundi matin, 5 février?
R. Je n'en ai pas le souvenir; j'ai une vie très
agitée qui me prend de 7 heures du matin à 2 ou
3 heures du lendemain et je ne peux vous donner
de précision. Mais je fais confiance à M. Bônnefoyr
Sibour, surtout après toute la sympathie qu'il m'^a
témoignée.
D. Vous avez dit également que vous n'àvei jamais
~vu d'appeis aux masses pour la manifestation du 6?
R. Je ne parle que de fa nuit où M. Bonnefoy-Siboiip
eèt venu coucher à la préfeoture, ̃ À ce moment, -f^
rt'y avait-aucun danger. J'ai dit également que la'
manifestation du 6 février, dans notre idée.'ne devâit:
pas être uu3 grosse manifestation. Nous ne pouvions
pas penser le 5 qu'elle serait plus importante que
celles de janvier. •
Au fond, co qui a déterminé la colère des mani-
festants, ce sont les coups de feu de 19 h. 30,; dont
je né discute pas l'opportunité d'ailleurs, car je notais
pas là. Mais tous les témoignages sont concordants.
Or, à ce moment, ni les anciens combattants, ni les
Croix de feu, ni les Jeunesses patriotes ne -devaient
être là à cette heure et je croyais qu'on aurait pu
rester maîtres des manifestants qui pouvaient donc
ee trouver là par les moyens habituels. Tous mes
adjoints ne croyaient pas, eux non plus, à une grosse
manifestation et c'est M. Marchand qui m'a soumis
le service et j'ai adopté son plan.
M. Monnet. Vous avez repris un emploi plus
rémunérateur: de quoi s'agit-il?
R. Laissez-moi garder cela pour mol: si je vous
en ai parlé, c'est pour expliquer l'arrêté pris en ma
faveur par le préfet pour me maintenir hors la limite
d'âge.
D. Nous avons entendu dire que votre traitement
et vos cumuls à la préfeoture de police faisaient que
vous touchez plus de 200,000 francs par an, sans par-
ler du loarcment et d'avantajres divers. -»̃
R. Je serais bien reconnaissant à quelqu'un do me
dire cbmmen^on établit ce total. Je n'ai jamais demandé
à /un parlementaire combien Il a..touché et je n'ai
jamais cru ceux^qui déclaraient que vous touchiez des
sommes considérables.
M. Monnet. Notre indemnité brute est de 60,000
francs. Vous savez tout ce qu'il faut en soustraire. En
tout cas, vous affirmez que jamais vous n'avez de-
mandé do congé?
R. Non, pour aucun motif. Nous avons parlé de
l'Intention lue j'avais eue de partir. Je lui ai dit éga-
lement qu il aurait mieux valu pour lui ne 'venir que
le lendemain. D'ailleurs; nous avons toujours eu des
conversations extrêmement cordiales aveo M. Bonn>
foy-Sibour, il y a même quelques minutes encore.
Je t'ai vu quatre ou cinq fois, et tout à l'heure en-
core il m'a dit devant quelqu'un d'ailleurs, combien la
•préfecture .de police était une maison sérieuse, rem-
plie de bons fonctionnaires.
M. Ramadier. Jamais donc vous n'avez demandé de
congé?.
R. Non, d'ailleurs on ne de fait pas oralement, on
écrit une demande.
M. Ramadier. Le dimanche matin, M. Bonnefoy-
Sibour n'a-t-il pas réuni un certain nombre de chefs
de service? 1 1
R;cH,4es a réunis certainement, car Chiappe dit que
c'était la première fois qu'un nouveau préfet conyo-
quait son -service sans passer par l'intermédiaire du
son prédécesseur pour faire les présentations. Il n'y a
pas d'exemple, même pour les ministres, d'une telle
passation de services.
Mais j'avoue que je ne me souviens plus si j'ai as-
sisté à cettî séance, car je crois en avoir manqué une
semblable; mais si M. Bonnefoy-Sibour le dit, il faut
le croire.
Par la s ai te, j'ai eu des conversations particulières
avec M. Bonnefoy-Sibour, où il m'a fait de petites con-
fidences, mais je ne sate pas si j'ai eu une telle con-
versation ie dimanche matin précisément. Je m'en rap-
porte à lui.
M. Ramadier Le lundi matin, par contre, vous êtes
sûr de ne pas l'avoir vu? ï
R. Je n'i.iï sais rien je l'ai vu au moins cinq fois
entre son arrivée et mon opération, mais je ne saie
si ce matin-lâ j'ai eu une conversation avec lui direc-
tement ou par téléphone.
M. de Nadaillac. M. Bonnefoy-Sibour a précisé
qu'à deux reprises vous avez insisté pour avoir un
congé en indiquant d'abord votre état de santé, puis
que vous n'eviez pas la confiance du gouvernement.
R. Je suis vraiment navré d'entendre de telles choses
qui n'ont rien de vrai.
M. Lerolls. It a parlé d'un « semblant de service »
que vous effectuiez.
R. J'avais fait l'inspection de tous les postes du
boulevard, mais je ne descendais pas de voiture parce
que j'étais malade. Mais je n'ai chargé personne de
dire au préfet que j'étais fiévreux. Et moi, j'ai cher-
ché M. Bonnefoy-Sibour qui jugeait, lui, que sa place
Était à l'Opéra. S'il m'avait demandé de le prendre
avec moi, je l'aurais pris; je ^poso toujours la ques-
tion à tous les préfets pour savoir s'ils veulent m'ac-
compagner.
La- conversation entre nous à été, je n'ose pas dire
affectueuse, mais presque sentimentale. Il me disait
que je sèmblais « patraque ». Je lui ai dit que je
n'allais pas bien et 'J'ai ajouté, sur une observation do
lui, que ce n'était pas le départ de M. Chiappe qui
pouvait avoir une Influence sur mes reins. Cependant,
i'til ajouté que je trouvais peu chic » ce qu'on avait
fait à M. Chiappe, et il m'a répondu « Qu'est-ce qui
vous dit que je ne pense pas comme vous? »
M. Dommange. M. Guiohard se sbuvient-il qu'il
étirait, au cours de son entretien du lundi 5 au matin,
déclaré « II vaut mieux pour vous et pour moi que
je ne sols pas à vos côtés mardi soir. »
R. Je suis surpris de cette interprétation de mes pa-
roles. J'ai dit a M. Bonnefoy-Sibour, en manière'de plal-
santerie « Je ne sais pas comment seraient prises
les mesures que j'ordonnerais, en présence de la con-
fiance que l'on me témoigne. »
M. de Framond. Avez-vous été opéré ?
R. J'étais endormi, mais je le crois. On m'a montré
mon appendice et un calcul.
D. Où avez-vous été opéré ? P
IV A la maison de santé des gardiens de la paix.
D. Par qui ? R
R. Par le docteur Desplas.
D. Autoriseriez-vous le chirurgien à venir ici dé-
poser ? y
R. Je n'y vols pas d'inconvénient.
CONFRONTATION DE M. BONNEFOY-SIBOUR
ET DE M. GUICHARD
ie président. Je vous prie, monsieur Bonnefoy-
Sibour de répéter votre déclaration.
M. Bonnefoy-Sibour. Le dimanche 4, vers 10 heu-
res, M. Guichard me parla de son état de fatigue et
me demanda un congé de quinze jours. Je lui deman-
dai de bien vouloir me conserver son concours'
Le soir, sur les grands boulevards, je m'étonnai que
M. Guiohard ne fût pas à mes eûtes, on me dit qu'il
sfUait.Allé, fairo.unJpur sur les.boulevards mais qu'il
était dans un état fiévreux tel qu'il allait ôtro obligé
de rentrer chez lut. En effet, quand il vint enfin ,me
retrouver place do l'Opéra, j'eus une conversation ra-
pide aveo lui et je ne le revis plus. Le lendemain
M. Guiohard me déolara « Quoique je fasse, je serai
oritlqué parce que je n'ai pas la confiance du gouver-
nement, Je vous réitère ma demande de congé. »
L'après-midi, vers 14 h. 30, j'al reçu la visite du doc-
teur Desplas qui me dit que M. Guichard était dans un
état fiévreux tel qu'il serait probablement obligé de
Xnpérer de l'appendicite. Je fus navré de cette coïn-
cidence fâcheuse. Je lui répondis « Je n'ai pas à
apprécier votre diagnostic ». Ensuite oomme je l'ai
déclaré, je suis allé voir à trois reprises M. Guiohard
à ia maison de santé des gardiens de la paix. Enfin, le
lundi 19, M. Guichard vint me revoir. Il ne fut pas
question de service.; Il m'indiqua que mon maintien a
la préfecture de police serait bien difficile. Je lui ré-
pondis » Tout s'arrangera n, car je savais déjà que
je rentrerais à la préfecture de Selne-et-Oise.
M. Guichard. Ce qui me stupéfie le plus et mo
fait de la peine c'est de voir la sympathie cordiale que
M. Bonnefoy-Sibour m'a témoignée en toute occasion
depuis son arrivée à la préfecture de police indiquant
qu'il y avait un accord complot entre nous doux et
qu'à ce moment précis Il pouvait avoir dans sa ser-
viette ces notes fantastiques qui doivent m'accabler. Il
y a là quelque chose de tellement surprenant que vous
m'en voyez tout abasourdi.
Sur les faits comment admettre que j'aurais pu
demander un- congé ? Que j'aurais pu me promener
sur les boulevards ? Que le 5 au matin J'aurais renou-
.yelé ma demande de congé ? Vous dites « On m'a
montré un appendice. » J'avais cru que c'était le mien
Et le 19 j'aurais parlé à M. Bonnefoy-Sibour des diffl-
cultes de son maintien à la préfecture i? C'est invrai-
.sèmblable t Là vérité, c'est que nous avons eu les
conversations les plus cordiales avec M. B&nnofoy-Si-
bour. Je ne sais pas les datée, mais j'ai fait allusion
à Ifnôn désir de quitter l'administration après le iemn
.placement de M. Chkppe. M. Chiappe m'a invite à
rester. Je ne pouvais donc m'en aller, J'ai dit ce jour-
là « .Quel dommage qu'on vous ait envoyé dans
ces conditions! Que vous ne soyez venu, que le
lendemain matin 1 C'est une mauvaise farce qu'on vous
a jouée » Et M. Bonnefoy-Sibour m'a répondu « Mon
pauvre Guichardi j'ai trois enfants. » Et j'ai vu vos
larmes. Voilà quel était le ton de nos conversations I
Le 4 au soir, je suis arrivé place de l'Opéra, j'ai ét«
au carrefour Drouot, faubourg Montmartre, à. la Made-
leine, cherchant toujours le préfet.
Enfin on m'a dit « Il est place de l'Opéra I » Je
suis allé le voir aussitôt. Après une conversation cor-
diale, je lui dis « Si voue n'y voyez pas d'inconvé-
nient, je vais rentrer chez moi, car on n'a plus besoin
d»! moi », et d'aileuns, en manière de plaisanterie et
avec ironie, j'ajoutai « Etant donné la confiance
qu'on m'a témoignée, je crois qu'il vaut mieux que je
ne sois pas là pour prendre des mesures qu'on me
reprochera toujours. » Puis la conversation porta sur
le remplacement de M. Chiappe. Je lui dis « Tout
de même, ei M. Frot et M. Daladier n'avaient pas prie
cette mesure, nous ne serions pas là! », et M. Bonno-
foy-Slbour m'a répondu « Qui vous dit que je ne
pense pas comme vous, mon pauvre Guietiard I
J'ai le souvenir précis de n'avoir pas demandé for-
mellement un congé. J'aucais dû formuler ma demande
par éorit, comme l'a fait mon frère à cette époque.
Le 19 au matin, j'ai dit à M. Bonnefoy-Sibour « Je
sens bien que vo,us n'allez pas rester, comme je regrette
fjuè vous emportiez un mauvais souvenir de cette mai-
son pourtant si belle » « Mais, répondit-il, je le sais,
mon cher monsieur Guichard 1 » .et il me nt l'éloge
de ses collaborateurs J'ajoutai <> Espérez-vous avoir
la. Tunisie ?» « Non 1 c'était le rêve de toute ma
vie. mais je sens que je n'irai pas. »
Mais je ne lui ai pas dit « Vous devriez vous en
allée i »a.car nous avions une conversation cordiale.
'If. Bp^ncfoy-Slbotir. Je maintiens tout ce -que j'ai
ditr Je précise que, d'une façon très sérieuse et qui
ni'a impressionné, M. Guichard m'a dit « Quoi que
jo fasse, je serai toujours critiqué », et Il a insisté
pour obtenir le congé de quinze jours qu'il avait sol-
licité la yeille.
Je me suis expliqué sous une forme extrêmement
modérée.
Je n'ai pas dit que M. Guichard était en promeneur
sur les boulevards, j'ai dit qu'il faisait un tour- pour
se rendre compte de l'état des manifestante.
J'ai dit « un appendice » je ne discute pas la chose
J'ai trouvé la coïncidence fâcheuse, et je n'ai pas mis
en doute que cet appendice ne fût le sien.
Le président. Vous avez parlé d'appendicite diplo-
matique, ou « cousue de fil blanc ».
M. Bonnefoy-Sibour. J'ai fait allusion to.ut oe
qu'on a dit au sujet de cette fameuse appendicite.
Le 19, M. Guichard a abordé la question de mon ave-
nir, il a même dit « On parle pour vous d'une tré-
sorerie »..
Je n'ai formulé auoun reproche, aucun grief. J'ai
relaté le fait en toute vérité.
M. Gulchard. Mon absence était sans intérêt pour
la manifestation du 6 février.
je suis ici un peu comme un accusé. Or, quand
M. Bonnefoy-Sibour emploie le mot « appendicite cou-
sue de fil blano » j'estime qu'on ne doit pas employer
ce ton d'ironie avec un homme au! défend son honneur 1
Vous connaissez trop la valeur des mots pour que
vous ne compreniez pas l'impression qu'a dû laisser sur
les membres- de la commission votre allusion à ma
vous entendre employer une autre expression.
Le 19, je n'ai abordé la conversation que par suite
de nos excellentes relations.
L'entretien fut cordial.
M. Iîonnefoy-Slbour sur trois points a reotiflé les
insinuations. J'estime qu'il devait se garder do faire
de l'ironie à l'égard d'un homme en posture d'aocusé.
M. Bonnefoy-Sibour. J'attachais la plus grande
importance à la présence à mes côtés de M. Guichard,
spécialiste de la technique de la police parisienne.
En parlant d'une « appendicite diplomatique ». j'en-
tendais non pas exprimer une opinion personnelle,
mais faire allusion à ce qui avait été dit dans la
presse.
J'indique, d'autre part, qu'en parlant de « pro-
menade » je ne voulais pas dire que M. Guichard
l'avait faite pour son plaisir. Il s'agissait d'une tournée.
Je tiens enfin à confirmer l'éloge que j'ai fait do la
préfecture do police, maison où l'on travaille beau-
coup et utilement.
M. Gulchard. M. Bonnefoy-Sibour pense-t-il que
mon opération n'était pas sérieuse?
M Bonnefoy-Sibour. Je n'ai aucun élément d'ap-
préciation mais j'ai constate une coïncidence regret-
table.
Le président. Est-il exact, monsieur Guichard,
quo le dimanche matin vous avez manifesté votre'
désir d'un congé do quinze jours et que vous l'ayez
renouvelé le lundi matin en ajoutant que vous n'aviez
pas la confiance du gouvernement?
R. Je n'ai pas souvenir sur les dates. J'ai parlé à
M. Bonnefoy-Sibour de mon état d'esprit, à la suite
du départ do M. Chiappe. Mais je ne lui ai pas de-
mandé de congé. Du manque de confiance qui m'avait
été témoigné, je lui ai parlé le dimanche sur le terre-
plein de l'Opéra.
D. A deux reprises avez-vous formulé une demande
de oongé de quinze jours?
R. Non.
M. Bonnefoy-Sibour. A deux reprises il m'a de-
mandé un congé de quinze jours. Quant à l'autre con-
versation, elle a eu lieu dans le cabinet de M. Bris-
sot en sa présence et en celle de M. Dumoulin. Je
dois dire que le ton de M. Guichard m'avait vérita-
blement impressionné et c'est ainsi que j'ai pu établir,
une relation de oauso à effet entre sa demande de
congé et la fameuse appendicite.
Sur question du président, M. Bonnefoy-Sibour dit
que la préfecture lui a paru h son arrivée une maison
émotionnée ayant véou des heures tragiques et où il
n'était pas entouré des concours affectueux et fidèles
qu'il avait connus à la préfecture do Seine-et-Oise. Le
témoin ajoute qu'il regretta que « l'état sanitaire »
de la maison ait été aussi mauvais et il répète que
le secrétaire général, M. Liard, fut à son tour pris
d'une grippe abdominale qui s'est prolongée.
Sur question du président, le témoin répète qu'il
avait demandé le dimanche soir,' plaoe do l'Opéra
« Où, est donc Guichard? »
M.. Guichard.– Le préfet ne va pas toujours aux
services d'ordre, même pas toujours le directeur de
la police municipale. Ce dernier ne s'Inquiète pas de
savoir si lé préfet y va ou non.
Je/redis que je suis surpris de l'attitude de M. Bon-
nefoy-Sibour qui me témoignait encore sa oordialité
avant de pénétrer dans cette salle où j'étais persuadé,
puisque je suis accusé, qu'il allait Être; si besoin, mon
meilleur avocat.
Il est extraordinaire, qu'alors qu'il s'apprêtait à
donner les détails en cause, il ne m'ait marqué par
aucun signe qu'il allait entrer ici oomme accusateur.
M. Bonnefoy-Sibour. Je n'accuse pas, je relate
en toute sincérité.
M. d'Andigné. J'ai déjà relevé ço que je consi-
dère comme les insinuations du témoin.
Je demande que le docteur Desplas soit entendu.
Le témoin avait parlé d'un commencement d'orga-
nisation du service d'ordre du dimanche par M. Gul-
onard? ̃̃'̃̃.̃̃
R. J'ai eu le sentiment que M. Guichard avait passé
très vite sur les boulevards, qu'il s'agissait donc d'un
service très rapide; c'était une simple constatation.
D. Vous avez fait un grief à M. Guichard de ne
vous avoir pas accompagné?
R. Auoun.
D. Vous avez dit que vous présumiez que le service,
avait été bien ordonné. Quelle raison avez-vous de
oette présomption??
R. Aucune.
D. Il s'agit donc d'une insinuation ? (Mouvements
divers.)
M. de Nadaillac. Avant votre installation, M. Prot
avait convoqué pour vous être présenté M. Marchand,
mais pas M. Guichard.
R. Au premier contact, je n'ai vu que M. Marchand au
ministère de l'intérieur.
D.Vous n'avoz pas eu l'impression que l'on vous fai-
sait passer ainsi par-dessus la tête du directeur gé-
néral ? 7 '<
R. Je connaissais mal d'organisation de la préfecture
et j'aurais précisé que M. Guichard ̃était1 retenu par 'les'
devoirs de sa charge. • •
M. Guichard. On avait convoqué M. Marchand et
on lui a même promis la cravate de la Légion d'hon-
neur si tout se passait bien. Il a répondu, 11 me l'a
dit « Ce n'est pas pour cela que je ferai mon de-
voir. »
M. de Nadaillac. On a parlé de la nécessité d'aug-
menter les effectifs en vue de la manifestation du 6.
M. Bonnefoy-Sibour. A la veille de la manifesta-
tion, que je sentais grosse, je désirais avoir le maxi-
mum de gardes mobiles pour renforcer les agents, non
par défaut de confiance en eux, mais parce qu'ils
étaient exténués.
D. C'est vous qui avez signalé cette nécessité ï
R. Oui.
D. Vous êtes en contradiction avec les rapports mtli-
taires, qui déclarent que les renforts, d'abord refusés,
n'ont été acceptés que le lundi.
R. Je me suis préoccupé de l'augmentation des
effectifs.
D. Il ne reste aucune trace de demandes de renforts,
qui ont été acceptés seulement sur l'insistance de l'au-
torité militaire.
M. Gulchard. C'est, en effet, le colonel Trincard
qui m'a téléphoné en me demandant si nous voulions
un peiloton de' plus. Il m'a déclaré, au surplus, que
M. Bonnefoy-Sibour avait l'habitude de demander des
gardes mobiles, mais en général assez tard. J'ai donc
téléphoné au préfet, et celui-ci m'a répondu. « Faites
à votre idée. » J'ai demandr leurs avis à Marchand et
Meyer, qui ne croyaient pas à l'opportunité de ce ren-
fort, et finalement nous en avons demandé six.
M. Monnet. M. Guichard n'a pas contesté de façon
forme-Ile qu'il avait envisagé l'éventualité de ne pas
diriger le service d'ordre.
M.%GUichard. Je n'ai jamais dit cela.
M.' Monnet. En tout cas, finalement vous avez
déclaré que vous n'aviez jamais demandé un congé.
A quel moment avez-vous f9.it venir le docteur ?
R. Je crois bien que c'est quelqu'un de chez moi
qui a téléphoné en tout cas le docteur a été voir
tout. de suite M. Bonnefoy-Sibour et lui a dit que ce
n'était pas lé moment de me faire examiner et que je
n'irais à la maison de-, santé que si l'on me certifiait
que je reviendrais le soir môme. Il a voulu aller voir
lui-même le préfet et voulait même faire venir la voi-
ture d'ambulance car il no voulait pas que je descen-
disse un escalier.
M. Monnet. Et vous n'avez pas pensé à télépho-
ner au préfet ?
R. C'est le médecin qui m'a dit « Je vais aller moi-
même en parler au préfet. »
M. Monnet. Et pour une simple consultation vous
déléguez un médecin au préfet c'est un élément de
plus pour une présomption troublante.
R. Le chirurgien à voulu m'examiner je lui ai dit
que je voulais revenir le soir. Il m'a répondu qu'il
allait expliquer le fait même au préfet je suis donc
persuadé qu'il savait déjà l'urgence d'une opération
et il n'a pas même attendu le .retour de ma femme
pour m'emmener.
M, Bonnefoy-Sibour. Le médecin m'a dit « Gui-
chard était fébrile. appendicite, je l'opérerai ce soir. »
» J'enregistre avec regrets », lui ai-je répondu.
M. Guichard. • Pour ma part j'avais l'impression
que je pouvais partir à pied et je ne croyais pas du
tout à la gravité de mon état.
M. Ramadier. Vous avez parlé, comme témoins
d'une conversation, de MM. Bressot et Dumoulin.
M. Bonnefoy-Sibour. Oui, mais je ne sais pas
s'ils ont entendu notre conversation.'
M. Soulier. Vous croyiez à la gravité des événe-
ments du 6 février une absence de Guichard vous
semblait sérieuse. Avez-vous fait un rapport à ce
sujet au ministre de l'intérieur ?
R. Je ne me, le rappelle pas C'est à peu près cer-
tain, cependant, mais pas par écrit certainement.
La séance est levée à 22 heures 40.
FAITS- DIVERS
Billet de la Loterie nationale volé., Un cam-
brioleur s'était introduit, le 4 avril dernier, chez
Mme Germaine Venzac, débitante, 59, rue Char-
lot. Il avait emporté le contenu du tiroir-caisse
et un billet de la Loterie nationale.' Mme Venzac
porta plainte en indiquant le numéro du billet
volé. Ce billet ayant gagné dix mille francs au
cours du dernier tirage, le voleur s'est présenté,
hier, au pavillon de Flore, où deux inspecteurs
l'arrêtèrent et le conduisirent au cabinet de
M. Badin, commissaire à la police judiciaire.
Après avoir été interrogé, le voleur, César Defenn,
a été envoyé au Dépôt.
Un 'rentier tue sa femme et se suicide. Deux
sexagénaires, M. Germain Porte et sa femme, ont
été trouvés morts, hier, dans leur logement,
10, avenue Sainte-Marie, .à Saint-Mandé. D'après
l'enquête, M. Porte a tué sa femme d'un coup de
revolver et s'est ensuite suicidé. Une lettre,
adressée au commissaire de police, indiquait que
des revers de for.tune avaient provoqué le geste
de M. Porte.
ÈGflOS ET lUFORMflTIOlîS
a Ambassade»
A l'occasion du dixième anniversaire de l'en-
trée en fonctions à Paris de l'ambassadeur de Po-
logne, M. de Chlapowski, je personnel de l'am-
bassade lui a présenté, hier, ses vœux, en lui
remettant une adresse ornée d'une eau-forte
représentant la place de l'Alma et le monument
Mickiewicz, exécutée par le graveur polonais
Brandel.
.Mariages
Lundi 9 avril 1934 a eu lieu le mariage do
M. Bruno du Maroussem, fils de M. Pierre du
Maroussem et de Mme, née de Saint-Genest, avec
Mlle Marie-Paule Labesse, fille de M. Labesse, de
Saint-Chamond, et de Mme, née Prodon.
La bénédiction nuptiale fut donnée par Mgr De-
lay, évêque de Septls, coadjuteur du cardinal
archevêque de Lyon, oncle de la mariée.
Nécrologie
MAX HOSCHILLER
Nous avons annoncé hier la mort de'notre an-
cien collaborateur Max Hoschiller. Bien qu'il fût
souffrant depuis longtemps, rien ne laissait pré-
voir cette fin rapide. Il était âgé que de 50 ans.
Russe d'origine, né à Odessa, il avait fait ses étu-
des en Allemagne et en France. Il avait vécu dans
notre pays depuis sa jeunesse et il était devenu
Français bien avant d'être naturalisé.
Il avait collaboré au Temps à partir de 1912 et
il avait donné à notre journal de, nombreux arti-
cles sur des questions économiques. Revenu quel-
que temps en Russie, à la fin de la guerre, avec
la mission Albert Thomas, il avait, malgré sa
sympathie pour les idées socialistes, pris nette-
ment position contre le bolchevisme. Il en fit une
critique très remarquée dans un ouvrage paru
en 1921, les Mirages du soviétisme. Il a publié
plusieurs autres ouvrages l'Europe devant Cons-
tuntinople, en 1916, les Dangers de La guerre éco-
nomique, en 1917, et une Enquête en Allemagne,
en 1922. Il a collaboré à la Société d'études et
d'informations économiques, où il traitait avec
compélence des questions russes.
Depuis plusieurs années, il avait abandonné
presque complètement le journalisme. Il était
entré au sous-secrétariat de l'économie nationale,
d'abord dans le cabinet' de M. François-Ponoet,
puis de -M. Gignoux et de M. Patenôtre. Secrétaire
du comité économique franco-allemand, il s'oc-
cupait tout particulièrement des relations écono-
miques entre la France et l'Allemagne. Il avait
également pris une part active à la préparation
du traité de commerce avec la Russie.
Nous adressons à sa veuve et à ses enfants
l'expression de notre vive sympathie.
Les obsèques auront lieu dimanche 15 avril, à
onze heures. On se réunira devant l'entrée prin-
cipale du cimetière de Bagneux.
On annonce la mort du général de division
de l'arme du génie Paul Cabaud, du cadre de ré-
serve, grand officier de la Légion d'honneur, croix
de guerre. Le défunt était âgé de soixante-qua-
torze ans.
On annonce la mort. après une longue mala-
die, de M. Adolphe Brill,. conseiller général du
canton de Rohrbach (Moselle).
M. et Mme Albert Cervelli (33, avenue
George-V) ont la douleur de faire part de la perte
cruelle qu'ils viennent d'éprouver en la personne:
de leur fils Bernard, âgé de 18 ans, p
Les obsèques auront lieu le lundi, 16 avril à
douze heures précises en l'église Saint-Pierre de
Chaillot, où l'on se réunira. Le présent avis tient
lieu d'invitation.
Avis de messe
Une messe sera célébrée pour le repos de
l'âme de M. Raymond Thamin, membre de l'Insti-
tut, le. lundi 16 avril, à 10 heures; en la chapelle
des Carmes, 70, rue de Vaugirard. Le présent avis
tient lieu d'invitation.
Une messe anniversaire sera dite pour
M. Maurice Berthelot et Mme née Bataille, le
16 avril à 10 heures à Saint-Pierre de'Chaillot.
Cours et conférence»
Notre collaborateur M. André Duboscq fera
ses conférences annuelles à l'institut des hautes
études chinoises (Sorbonne, galerie Richelieu)
sur des << Questions .^e politique extérieure chi-
noise m, les lundis 16 et 23 avril et jeudis 19 et
26 avril à. 16 h. 30.
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derne et de bon goût vous trouverez les plus bel.-
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rablement diminués, les traditions de la bonne
cuisine y sont strictement conservées. Entrée .5
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BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
DE L'OFFIOB NATIONAL
I. Le temps du 12 au 13 avril, à 7 heures.
Maxima: Strasbourg +22°, Nancy 17°, Royan-la Cou-
bre, Bordeaux, Biarritz, Perpignan, Marseille-Marignane,
Dijon, Belfort 16°, Pau-ville 15°, Paris-O.N.M., Rennes,
Tours, Nantes, Toulouse 14°, Valenciennes, Lyon 13°,
le Havre 12°, Brest, Clermont-Ferrand 11°, Calais-Saint-
Inglevert 10°.
Minima: Antibes +11°, Brest, Blarritz, Strasbourg 8°,
Paris-O.N.M., Perpignan, Marseille-Marignane, Lyon 7°,
Dijon, Nancy, Besançon 6°, Calais-Saint-Inglevert, le Ha-
vre, Angvars 4°, Rennes, Toulouse 3°, Valenciennes, Bor-
deaux, Royan-la Coubre, Clermont-Ferrand 2°, Tours 0°,
Pau-ville +4°.
Pluies des 24 heures le 13 avril, à 7 heures: traces
Saint-Inglevert, Valenciennes, Metz, le Havre, 2 mm.
Nancy, Touliuse, 3 mm. Chftteauroux, 4 mm. Dijon, Per-
pignan, la Coubre, la Courtine,, 5 mm. Strasbourg,
7 mm. Clermont-Ferrand, Lyon, 16 mm. le Puy, 17 mm.
Montélimar, 27 mm. Marignane.
lI. Situation générale le 13 avril, à 7 heures.
La pression est basse sur le nord-ouest de l'Europe,
l'est de l'Atlantiqu-a et le nord-ouest de l'Espagne; on
note un minimum voisin de 990 mb au large ouest de
l'Irlande. Un faibie minimum de 1,014 mb est centré
entre la Sardaigne et le sud de l'Italie. Une zone da
pression élevée s'étend des Pays-Bas au sud de l'Espa-
gne, avec maxima de 1,022 mb sur le nord-est de la
France ainsi que sur l'est de l'Espagne. A Paris 1,021
mb. Les perturbations contournent par le sud et l'est la
zone dépressionnaire de l'est de l'Atlantique.
III. Evolution probable de la situation
jusqu'au 14- avril, à 18 heures.
Le système nuageux Si g'^t avancé vers l'est en s'af-
faibliseant. Il n'intéresse plus, à 7 heures, que l'extrême
nord-est de la France (voir carte). Une baisse B2 a
amené sur l'ouest de l'Europe un Systems nuageux S2
(voir carte). Le système .nuageux, SI achèvera rapide-
ment de-se désagréger et cessera d'intéresser le nord-
est de la France dans ia journée du 13. Le système S2
progressera vers le nord-nord-eet en devenant orageux;
son bord oriental passera sur l'extrême ouest de la
France au cours des trente heures à venir.
• En «conséquence, en,'France, pour la journée du
14 avril:
a) Vent. Dans la moitié ouest: secteur sud modéré
à assez fort; dans la moitié est: faible variable, sud-est
dominant.
b) Etat du ciel. Dans l'extrême ouest: ciel trois
quarts ou entièrement çpuvert avec pluie intermittente
pouvant être accompagnée d'orages; dans le quart nord-
est ciel brumeux, demi-couvert avec telles éclaircies.
Ailleurs: ciel légèrement brumeux, demi ou trois quarte
couvert avec éclaircies.
c) Température. Ejans l'extrême ouest: en faible
baisse. Ailleurs: en hausse.
Région parisienne:
IV. Prévisions pour la soirée du 13 avril
et la nuit du 13 au 14 avril.
Vent du secteur sud faible, ciel demi-couvert avec
belles éclaircies. Température sans grand changement.
V. Prévisions pour la journée du 14 avril.
Vent du secteur sud faible, puis modéré, Oiel légère-
ment brumeux, demi ou trois quarts couvert avec éclair-
ciee. Température en hausse,
aient an etee sacrifiées pour arriver à ce résultat. Mata
nous n'en.scmmes pas responsables.
D. Vous avez proclamé vos Intentions pacifiques. Or,
d'après lés rapports que nous avons, les manifestants
étaient armés de « lourdes cannes » et vingt-huit gar-
diens eur eoixante-cinq ont été blessés en quelques
minutes. Comment conciliez-vous ce fait avec votre af-
firmation?
R. A ma connaissance, personne n'avait de canne, et
l'ordre ava>t été donne aux Jeunesses patriotes de
n'apporter aucune arme.
M. Campinchk Ancien officier do cavalerie et
ayant eu, ayez-wous dit, l'habitude des tumultes po-
pulaires, vous venez de nous dire que des charges de
cavalerie eussent dispersé ,Ja. foule.
Ignorez-vous dono l'inefficacité des multiples char-
ges de cavalerie qui ont été ordonnées?
R. Elles n ont pas été faites à temps, à mon avisv
Il y a eu maladresse de laisser envahir la place de la
Concorde. S'il y avait eu à; la tête un homme ayant
de l'expérience, certains faits ne se seraient pas pro-
duits.
Mais 1q préfet de police si inexpérimenté n'était en.
fonctions que dfipuls quarante-huit heures.
M. de Ncfdawkc. Si M. le président du ponseil
vous ".avait dit. qu'il avait des motifs graves de rem-
H"placer M. Chiappe.. àùriëz-to'ue manifesté 'de. la. même"
,t plâcer M.Ch¡apP~, a.uriêz:r°1,l6, II1~!estéde.l¡¡' mêm~
façon? '••̃.
R. Je ne l'aurais pas cru sur parole, car je jugeais
que le départ de'M. Ctilâppe, indemne de tout soup-
çon, était un déni de justice. J'aurais demandé à avoir
• une preuve.
D, Aviez-vuus l'intention de porter une pétition à
la la Chambre?'
R. Non.
M. Catalan. Je reviens à- l'affiche des Jeunesses.
patriotes qui porte: « Peuple de Paris, conduit par
tes élus, tu iras crier au Parlement ta manière de
voir. » D'après vous, à qui e'adressait-elle ? '?
R, Aux élus membres des Jeunesses patriotes.
D. 'Toute l'affiche fait appel au peuple de Paris et
noivpas seulement aux adhérente, des Jeunesses patrio-
tes et en effet vingt élus de Paris ne faisant pas partie
des Jeunesses patriotes sont venus au Parlement.
D'autre part, pourquoi avez-vous pris votre échappe?
R. Parce que j'avais l'intention, comme élu de Paris,
de voir comment la police était faite.
D. On îrç'a cité comme conseillers municipaux
ayant été blessés MM. Bernard, Victor Constant, Roeland
et Piet. Quels sont ceux qui étaient avec vous ?
R. MM. Bernard, Victor Constant et Piol. M. Roéland
était avec if anciens combattants.
M. Rametle. Votre intention n'était pas de pren-
dre la tête d'une, manifestation?
R. Non. C'est la manifestation qui nous a suivis.
D. Quel était votre but?
R. J'avais l'Intention d'arriver le plus près possible
du Palais-Bourbon.
D. Vous voue trouviez devant un barrage.
Quand on a vu que les forces de police s'oppo-
eaient à votre passage, n'y a-t-il pas eu un réflexe de
la part des manifestants?
R. Nous avons reçu aussitôt des coups.
D. Les agents se sont-ils avancés sur vous ?
̃ R. J'en ai eu l'impression. i
̃̃ D. Vous aviez le temps de prendre une décision et
de prévenir }a foule. Lorsque. des çmanifës^nts. 6é trou-
vent en p'rés'ence 'd'un barrage inattendu, il y a (tou-
jours un recul instinctif qui laisse la temps d'une dé-
cision si le service d'ordre ne charge pas..
Vous avez dit que vous auriez pu arrêter 4a mani-
festation si le gouvernement avait donné aussitôt sa:
démission. Vous reprochiez au gouvernement le dépla-
cement de M. Chiappe; vous étiez-vous enquis des rai-
sons de ce déplacement?
R. Non, mais j'étais et demeure convaincu de son
innocence et considère que son déplacement constituait
un déni de justice, suivant le mot d'un ministre actuel.
D. Vous connaissiez, quand vous avez quitté l'Hôtel
de Ville, la décision de là commission du règlement de
la Chambre et', aussi, là déclaration de M, Daladier,
publiée dans la presse du soir.
Le buf essentiel que vous poursuiviez, avez-vous dit,
était la démission du gouvernement. Vous étiez donc
• décidés -à"' laisser continuer l'émeute jusqu'à ce ré-
sultat? ̃-̃•'•̃•
R. Je vous répondrai par un fait personnel. J'at
achevé la nuit du 6 au 7 rue Royale et place de ta
Madeleine, J'ai dit alors à la foule: « Allez-vous-en,
» rentrez chez vous, vous ne risquez plus que des
;» coups ce soir! »
D. Le 7, vous êtes intervenu auprès du président de
îa République pour qu'il fasse appel à M. Doumergue.
Qu'auriez-vous fait si te gouvernement n'avait pas dé-
missionné?- l'
R. Nous aurions décidé de l'attitude à prendre.
D. Quand nous manifestons, nous, nous avons un
objectif précis.- Si, un jour, nous agissions pour la prise
du pouvoir, et si j'étais traduit devant un tribunal en-
suite, je revendiquerais et motiverais ma responsabilité.
R. Il y a des cas, je l'ai dit, où l'insurrection est un
droit sacré. Je revendique donc la responsabilité que
j'ai prise. J'estime que nous n'étions plus dans l'ordre
et qu'il était utile da descendre dans la rue.
D. Je demande, en -oonoiusion normale- >à ses- déclç-'
TatioHs.ï-quB-le témoin soit tradait^inculpé p^ur oom-
plot oohtre la sûreté de l'Etat.
M. Piot. Vous, avez dit qu'il n'y avait auoune iliai-
son entre la manifestation des Jeunesses patriotes
et oelle des élus munioipaux? Vers 6 heures du soir,
M. Taittinger ne se trouvait-il pas dans les couloirs de
l'Hôtel de Ville?
R. Je crois que oui.
M. Massard. Quant à moi, je lie l'ai pas vu.
.̃dtfj des Isnards, II se trouvait en tout cas dans
notre cortège.
'M. Camplnchi. Dans la lettre publiée par VEcho
de Paris, M. Soulier dit que M. Taittinger s'était trouvé
devant l'Hôtel de Ville.
M. Piot, Au moment où la place de l'Hôtel-de-Ville
était débiayée, des témoins ont vu MM. Taittinger et
Binet-Valmer dans les ooulofrs de l'Hôtel de Ville.
En partant de l'Hôtel de Ville, M. des Isnards a-t-il
dit: «'Je pars à la tête du peuple »?
R. Ce n'est pas dans ma littérature. Je n'ai pas pro-
noncé cette phrase. y
D. Vous avez le sentiment que si à la hauteur du
pont de Solferino un chef s'était détaché du barrage
aveo un' olairon et était allé au-devant de vous, vous
auriez pu vous opposer à la poussée des 3,500 per-
sonnes- qui vous suivaient et les arrêter'?
R. Je le pense.
M. d'Andigné (h M. Massard). Quand, revenant de
la Chambre* vous avez demandé au commissaire quelle
consigne il avait reçue, il vous a répondu que c'était
de ne pas laisser passer. ']
R. Il était gêné, il m'a dit qu'il n'avait fait qu'exécu-
ter les consignes reçues.
D. Sur les trottoirs, lors de l'arrivée du Cortège au
-• barrage de la rue Solferino n'y avait-il personne ? 2
• R. Si, desolvils en marge débordaient le cortège, qui
m'ont paru suspects et qui m'ont donné l'impression
diagenlis provocateurs.
,M.- )M,Ofinet (à:iM. dfts.ISDards)t-fr- Vous -avez dit; que
l'insurrection était normale dans certains cas, vous
avez rendu hommage au sacrifice des morts.
Si le cabinet n'avait pas été démissionnaire, nous au-
rions délibéré, avez-vous dit.
Mais votre collègue M. Le Provost de Launay que
nous avons entendu a déolaré que, dans ce cas, l'agi-
tation aurait oontinué..
R. Nous n'àvions pas envisagé l'éoheo ou la duréb de
la manifestation.
Mais je crains qu'en cas de maintien du gouverne-
ment la réaction n'eût été dans le sens indiqué- par M.
Le Provost de Launay et que l'émeute n'eût crû.- Des
gens qui ne prennent pas part d'ordinaire aux mani-
festations seraient descendus le soir du 7 dans la rue.
D. Voua jugez que le mouvement du 6 était néces-
saire ? w
R. U a été spontané.
.if. Piot. Comment M. Massard a-t-il pu faire une
distinction entre des gens qui se trouvaient sur la
chaussée et d'autres qui se trouvaient sur le trottoir,
puisqu'il s'agissait, non pas d'une manifestation orga-
nisée, mais d'une foule qui suivait spontanément les
conseillers munioipaux ï ]
M. Massard. Nous sommes partis spontanément
pour une mission de contrôle. Des manifestants, puis la
foulé nous ont suivis. Une. heure de marche m'avait
permis de reconnaître des membres des Jeunesses pa-
triotes et aussi des éléments douteux.
AUDITION DE M. BONNEFOY-SIBOUR
Préfet de Seine-et-Oise
Ancien préfet de police
Le témoin prête serment.
Le président. Nous aurons l'occasion de vous en-
tendre sur l'ensemble des événements auxquels vous
pvçz :été mêlés, depuis votre appe là la préfecture da
.police jusqu'au lendemain du 12 février.
Aujourd'hui, nous voulons vous entendre sur un point
;BEéçiS; .•}? des-, .f apports que vous avezs eus. avec M. GuK
chard. Celui-ci vous a-t-il manifesté le désir d'obtenir
un congé; et que s'est-il passé ensuite? •
^.Bonnefoy-Sibour. Au moment où je prends
.̃ contact aveo la commission pour la première fois, puis-
je formuler upe requête j'ai observé un silence qui
m'a été très douloureux, vous le,pensez bien. pendant
de longues semaines et je voudrais vous donner lecture
de la très courte déclaration suivante
Je suis heureux que la commission parlementaire ait
bien voulu m'entendre à l'issue d'une période durant
laquelle je devais, par correction élémentaire, me con-
traindre au silence.
Critiques, calomnies et menaces, de divers côtés, ne
me furent cependant pas ménagées. Les unes comme
les autres ne sauraient avoir prise sur le fonctionnaire
discipliné que j'ai toujours été, elles ne peuvent
accroître l'affliction de celui qui vécut des heures dou-
loureuses, et apporte aujourd'hui son hommage à tou-
tes les victimes des troubles de février.
Calomnies ? J'en voudrais souligner une au carac-
tère particulièrement abominable certains sont allés
affirmant que j'aurais, le soir du 6 février, ordonné
le feu ou laissé tirer sur la foule, sur les anciens
combattants.
A cette assertion j'oppose, sous la foi du serment,
le démenti le plus catégorique, invoquant, au surplus,
puisque la chose n'est pas inutile, mes longues années
d'administration dans les régions industrielles û\
Pas-de-Calais, de la Haute-Vienrië, de Seine-et-Ôise, où
maints conflits furent réglés par mes soins sans que
jamais une goutte de sang eût été versée. Dois-je aussi
rappeler ma présence constante au front durant touto
la guerre, au contact fraternel et permanent des
combattants- trois citations Croix de guerre et
ma Légion d'honneur, la première accordée au titre
civil?
Solidaire des chefs qui m'ont fait confiance, en con-
sidération d'une carrière d'absolu loyalisme et du
dévouement, j'entends me déclarer solidaire d'e tous
mes suberdonhés pour le temps où m'échut la direc-
tion de la préfecture de police. f
Me gardant des formules excessives qui prêtent à'
des interprétations diverses, en très simple franchise,
j'exposerai devant vous les éléments auxquels j'ai
été mêlé, je répondrai à vos questions avec la sérénité
que" me donne la certitude d'avoir évité le pire mon
pays et à nos institutions.
Sans doute, pourrai-je alors, par un équitable re-
tour, ne plus apparaître parfois sous les aspects éga-
lement regrettables du coupable qu'on condanme, de
l'incapable qu'on critique, ou de l'infortuné qu'on
plaint, mais, avec plus de vérité, comme un fonction-
naire .fidèle à son passé,, soucieux de .l'honneur de son
nom, comme, un chef conscient de ses devoirs et de
ses responsabilités quC'V.'rh'eiîftj du danger, ne s'est
jamais dérobé.
Ceci dit, je précise que le dimanche 4, vers 10 heures
du matin, j'ai réuni mes .chefs de, services actifs pour
m'entretènir des manifestations prévues. A l'issue de
cette conversation, M. Paul Guichard, contre lequel je
n'entends porter aucune accusation, me dit qu'il était,
fatigué et qu'il demandait 15 jours de congé. Je lui
ai répondu quo ce n'était pas le moment de më quitter,
et j'ai fait appel .à son sentiment du devoir. Il n'In-
sista pas.
Le soir, appelé à diriger un service d'ordre, vers
18 heures, sur les boulevards, je ne vis pas M. Gùi-
chdrd. On me dit qu'il était près de là, mais assez
fiévreux. Je le vis quelques minutes, après d'ailleurs
sur la place de l'Opéra; il nie paraissait assurer un
semblant de service.
Le lendemain, lundi, dans la mâtinée, de nouveau
je vis mes chefs de service pour parler des disposi-
tions à prendre, et, notamment, de la nécessité d'aug-
menter les effectifs.
A l'issue de cette conversation, M. Guichard me dit
qu'il sentait qu'il n'avait pas la confiance du gouver-
nement et qu'il vaudrait mieux pour nous deux qu'il
ne fût pas mes côtés le mardi suivant. Je lui réitérai
mes exhortations et il s'en alla sans plus insister. Vera
14 h. 30, le docteur Despias, médecin-chef de la mai-
son des gardiens de la paix, me rendit visite et m'an-
nonça que M. Guiohard devait être opéré de l'appendi-
cite. Je lui répondis que la ooïncidence était fâcheuse.
Je n'ai pas revu M. Guichard"; j'ai appris qu'il était
opéré peu de "temps après. Le mercredi 7, au cours
d'une visite à la maison des Gardiens de la paix,
j'allai lui serrer la main; il me parût en bonne voie
de rétablissement et me montra dans un tube un
appendice auquel s'ajoutait, je crois, un calcul. '̃"
Quelques jours après, avec M. Sarraut, ministre de
l'intérieur, je le revis dans les mêmes conditions; il
mangeait, je crois, de la çôtopote et semblait en ;bon
état.' ••̃'̃•<̃ "̃ ̃̃ ;̃- ̃
JU. lundi l^.février, M. Çutpliard vint .jné; 'voir, -tie
plaignant encore du ventre et déclarant qtf il ne pou-
vait reprendre encore son service. P
Je ne me reconnais pas le 'droit, d'ailleurs, de tirer
une conclusion des faits que je vous at relatés.
M. Vincent Auriol. Dono, M. Suichard demande
quinze jours de congé le dimanche 4 au matin. A-t-il
parlé d'appendicite, ainsi qu'au cours de vos autres
entretiens! ï
R. Non! Mais je dois préciser que quand j'ai de-
mandé le soir du dimanche où il était, on m'a prévenu
de son état fiévreux. Je l'ai d'ailleurs rencontré quel-
ques instants plus tard. Mais jo n'ai entendu parler
d'appendicite que dans raprès7midi du mardi 6 février.
M. Vincent Auriol. Vous l'avez vu le mercredi 7,
ot vous l'avez trouvé assis sur son lit ? 7
R. Parfaitement.
M. Vincent Aurlol. Et votre seconde visite est de
quelle date ? 7 '•'̃
R. Le lendemain du jour où M. Sarraut fut nommé
ministre de l'intérieur. Je l'ai revu le lundi 19. Ce
jour-là il m'a représenté que mon maintien à la pré-
fecture de police serait difficile.: je savais d'ailleurs
à ce moment que je retournerais en Selné-et-Oise.
Le président. M. Guiohard a été opéré a quelle
date ? ?'̃'̃ ̃
R. Le lundi soir, par le docteur Desplas.
Ai. de Framond: A-t-il été vraiment opéré ?
R. Je n'en sais rien. Il ne m'appartient pas de dire
s'il s'agit d'une appendicite cousue de fil blanc.
M. Vincent Aurlol. Votre rencontre a été cor-
diale ?
R. Oui. Je n'avais pas d'ailleurs, de raisons de lui
être désagréable.
M. Ramadier. Si j'ai bien compris, M. Guiohard, a
votre première entrevue, a invoqué des raisons de1
santé pour demander un congé de' 15 jours.
R. Exact, et il n'a invoqué que celles-là, sans autres
̃•prëcisîqhsV Ée âpir; lè'iié ̃saï$"s;il 'aJ;été 'ques-tlcm- de «a-.
santé qùana' je' Tat Tenèoiîttê. ''̃•̃ "̃̃ '.̃
Le lundi matin il n'a pas parlé de son état de santé'
mais m'a simplement dit qu'il h!avalt pas la confiance
du gouvernement et qu'il valait mieux pour l'un et
l'autre qu'il ne soit pas a mes côtés le 6 février.
M. Ramadier. Quand vous l'avez revu à l'hôpital
II ne vous a pas parlé» de son opération ?
R. Non, il m'a parlé des événements du 6 février
et il a marqué quelque tristesse des événements
écoulés.
M. d'Andigné. Au cours de votre première en-:
trevue vous n'avez pas eu l'impression qu'il était souf-
Iraqt ?
R 11 m'a paru dans un état déficient, il semblait ti-te
remué moralement du fait des événements presque
tragiques qu'il avait vécus.
M d'Andigné. Le dimanche, quand vous l'avez
rencontré, vous avez dit qu'il semblait assurer un
« semblant de servloe, ».
R. C'est que le service était assuré par M. Meyer
et M. Guichard avait fait seulement, je crois, une ins-
pection d'ensemble.
On m'a rendu compte qu'il effectuait une rapldo
tournée sur lés boulevards et que son .état fiévreux
l'obligerait & rentrer chez lui. S'il avait rempli son
service complètement il aurait' été â mes oôtés.
M. d'Andigné. Vous avez par\é également d'une
appendicite cousue do fil blanc.
R. Ce n'est pas une insinuation. C'eet simplement
pour répondre à certaines campagnes. Mais je n'en-
tends pas apporter d'aocusation contre Un ancien su-
bordonné. • i, j,
M. Rucart. On ne vous a jamais parle d appen-
dicite ? 2 •̃'
R. Non. Pas avant la visite du docteur Desplas. v
M. de Tastes. Quelle est la personne qui vous a
dit que M. Gulchard se sentait souffrant ?
R. Je ne saurais pas le préciser. C'était sur le terre-
plein de l'Opéra. Ce fut peut-être M. Meyer,. • j
'D. M. Guichard vous a seulement parlé d'une façon
vague dé son état de fatigue et de son état 'de' santé ?
R. Oui et je ne lui ai pas demandé de précisions.;
M. Monnet. Vous estimez que vous auriez dû ren-
contrer M. Guichard sur les boulevards ? Y
R. j'estime qu'au départ même de la préfeoture 11
aurait dû être à mes côtés'
D. Vous n'avez pas été surpris qu'il n'y fût pas ? P
R. Non, j'ai pensé qu'il était parti en avant et cest
d'eiïleurs ce qu'il avait fait.
D. Quand M.' Guichard a insisté pour avoir quinze
jours de congé, n^avez-vdus pas rapproché ce fait de
l'état de santé qu'on vous avait signalé?
R. Tout le monde était- malade dans cette maison.
M. Liard avait une grippe tenace. Seule MM. Marchand
et Meyer m'ont donné le concours le plus dévoué, le
plus absolu.
D. Voue avez pris votre parti de toutes ces maladies?
R. Absolument, et de bien d'autres choses..
M. Edouard Soulier. M. Guichard, en inspectant la
police et en t&tant le pouls de l'opinion, agissait comme
un officier d'état-major. En étant à côté de vous, U
aurait plutôt agi comme un officier d'ordonnance?
R. Je ne critique pas ce qu'a fait ce jour M. Guichard.
M. Lerolle. Vous n'aviez pris pour ce eoir-là aucun
rendez-vous avec M. Guichard? ̃
R. Non, car j'imaginais que, normalement, lé direc-
teur général devait être avec moi,
te président. Vous avez vu M. Guichard aux deux
conférences. le matin, le 4 et le 5? A-t-il prie part à
la discussion?
R. Oui, mais d'une façon assez rapide.
M. Rainette. Vous avez eu l'impression que la plu-
part de vos subordonnés vous fuyaient sous divers pré-
textes?
R. J'ait eu le sentiment de gens qui étaient dans un
gros désarroi morai. Us ne me voyaient certainement
pas arriver avec plaisir. ;:̃̃••
U. £Audiffret-Pasguier, Avez-voûs fait savoir à
M. Guichard l'heure de "votre- départ 'de la préfecture ds
police? r •
R. Là direction en a été avertie.
D. Son devoir n'était-ii pas d'être dans la rue plutôt
que d'attendre le départ du préfet ds police?
R. Je trouve qu'il eûfété normal qu'il eût bien voulu
m'âcçompégner. ̃ • 1'
M. BatàUle. Les mesures d'ordre prises le diman-
che vous onl^elles donné satisfaction?
R. Pleinement. ̃
D. Elles avaient été prises par M. Guichard?.
R. Je le suppose.
D. Qui était chargé de prendre ces dispositions?
R. On m'a donné l'assurance que la direction géné-
raie avait fait le néoîssaire. Je suppose que* c'était
M. Guichard. >• ,l
D. Eet-ce M. Guiehard qui. dans cette circonstance,
est chargé' de prendre lès mesures d'ordre?
R. C'est lui ou ses adjoints, tout est fonction de l'imv
portance de la manifestation prévue. Celle-Jà apparais-
sait devoir être anodine.
M. Jean Longuet. En dehors de l'état d'esprit que
vous avez constaté chez les grands chefs avez-vous pu
vous rendre compte de l'état d'esprit des hommes?
R. Il m'a été difficile de le connaître dès les première
jours, car je Savais pas encore pris contact avec eux.
Ce que je peux dire c'est que la mentalité du com-
missalre;divisionn!airfi m'a parti par fait?
M. Jean Plot. Avez-vous su si dans les manifesta-
tions antérieures c'était l'habitude de M. Guichard d'ac-
compagner M. Chiappe?
R. Je le crois, les photographies en font foi.
"'M. Monnet. C'est dans une conversation particu-
lière que M. Guichard vous a parlé de son état de
santé? '?
R. C'est à l'Issue d'une conversation de service. J'a-
vais l'impression qu'il ne tenait pas à maintenir le
contact aveo moi.
M. Dommange. Croyez-vous que M. Guichard no
se soit pas trouvé avant le préfet sur le lieu des mani-
festations ?
R, Ce détail m'échappe absolument.
Le témoin se retire.
AUDITION DE M. PAUL GUICHARD
directeur général de la police municipale
Sur questions du président le témoin déclare:
Je m'étonne qu'une appendicite puisse avoir un
rapport avec la journée du 6 février.
Je me vois. obligé d'y voir une sorte de suspicion.
Je me demande dans quel but j'aurais pu me faire
o.pérer.' V '̃'• ̃
.Suppose-t-on que j'aurais eij peur de la manifes-
taÛon du 6 février? ••̃•̃- ̃•̃•
Je ne peux que mépriser une accusation aus;?i ridi-
cule. J'avais vu d'autres manifestations beaucoup -plus
gravée l
Est-ce en raison de la profonde affection quê>
j'avais pour M. Chiappe?
Certes, cette affection n'est pas douteuse, mais eMe!
était surtout faite du sentiment du devoir que nous
avions. Ainsi, la veille de son départ, il y avait uno
émotion parmi ses collaborateurs qui considéraient
son départ comme une injustice.
A tous, et à moi-même, il disait « Faites votre
devoir I ».
.Est-ce parce qu'on avait, manjfesiié une certaine
méfiance à mon égard?
Certes, je fus un peu étonné que le ministre de
l'intérieur eût convoqué dans la journée M. Bonne-
foy-Sibour pour le présenter à mon adjoint M. Mur-
chand, alors que je ne fus appelé qu'à 6 h. 30 du ooir.
Cotte méfiance est pour beaucoup dans les événements
qui ont suivi.
Ainsi, il était anormal qu'on eût convoqué au mi-
nistère les colonels de la gardé mobile et de la garde
républicaine pour savoir s'ils étaient sûrs de leurs
hommes.
M.Ramette. Qui vous a dit qu'ils avalent été
convoqués ?
R. Tout le monde le disait.
J'ai servi sous 10 ou 12 préfets, dont 6 ou 7 sont
encore vivants, on peut leur demander à quelle hau-
teur est élevé le sentiment du devoir dans le per-
sonnel de la Préfecture.
N'ayant donc pas de raison de fuir la manifesta-
tion du 6 février, qui ne me paraissait pas tout d'abord
importante, et qui n'est devenue grave qu'après que
l'on eut tiré à 19 h. 30, pourquoi serais- je parti?
Le 5, j'ai téléphoné à M. Bonnefoy-Sibour, lui di-
sant que M. Marchand avait commande le service du
6 et que du G.M.p, on nous demandait si noile you-
lions 20 pelotons de plus. M. Bonnefoy-Siboui* m'a
laissé 'libre de décider. Le tond de ,ma\ peneéa jstail
que Ton m'imputerait toutes "les mesures prises en
cas d'échec. J'ai consulté mes adjoints, et nous avons,
décidé de demander 10 pelotons mobWes,, d'autant
plus que, la Chambre en avait commandé trois directe»
ment, au sujet de quoi M. Bonnefoy-Sibour avait té-
léphoné que l'on allait ainsi oréer un état de mé-
fiance chez les gardiens de la paix.
Je préparais donc le service le 5 et je comptais le
faire. Mais j'étais malade depuis trois jours et je
considère presque comme une injure de me demander
si J'ai <5té opéré de l'appendicite.
Il y à un an j'ai été malade pour la première fois
de ma vie, et ai attribué mon malaise à des. coliques,
néphrétiques. On a parlé de grippe, d'infection intes-
tinale. Un an après j'ai ressenti les mêmes symptô-
mes, j'ai ér ude nouveau à des coliques néphrétiques.
M. Bonnefoy-Sibour m'a dit que l'émotion que m'avait
causée lo départ de M. Chiappe avait pu me boule-
verser.
Le dimanche, malade, j'assurai tout mon service
en voiture.
Lo lundi, le chirurgien me dit qu'il était nécessaire,
que je sois examiné à la Maison de santé des gar-
diens de la paix. J'en prévins M. Bonnefoy-Sibour.
En raison de l'urgence, l'opération fut faite immédia-
tement. On a découvert qu'un noyau avait perforé
l'appendice et que du pus s'était formé. « Si vous
n'aviez pas été opéré, m'a dit alors le chirurgien,
demain soir vous ne seriez plus là. »
Je n'ai donc que mépris pour l'accusation d'avoir
eu peur d'assurer mon service lors de la manifes-
tation du 6 février. `
Le président. Le dimanche avlez-vous demandé
un congé de quinze jours?
R. Jamais. 1.
D. Vous avez rencontré le' préfet, le soir, sùfl la
place de l'Opéra? ̃• ̃
'•'̃RP. J'ai ̃'̃'aemanaê";où"Stait le' préfet pour- aller! W
trouver. J'ai vu deux fois tous les BervioêS'. Sf le
préfet s'était promené je ne l'aurais pas oherché,;
D,1 Vous auriez fait la demande de congé le lundi.
déclarant que n'ayant pas la confiance 'du gouverne-
mont vous seriez critiqué quoi quo vous fassiez. Avez-
vous tenu ces propos?
R. Nous avons eu parler de M méfiance dont
j'avais été l'objet le dimanche au soir, place dé l'ppéra.'1
J'ai dit alors au préfet que l'affection que je portais
à M.. Ohiappe ne m'empûchalt pas do faire mon de-
voir, et que s'il avait eu l'énergie de refuser de cou-
cher à la Préfecture, la veille de son installation, cela
aurait pu éviter de choquer le personnel. Celui-oi m'a.
répondu « Je suis d'accord, mais j'ai trois enfants,
je suis obligé d'obéir. »'
Au cours d'une deuxième conversation je lui ai dit
que j'avais eu un moment l'intention de me retirer
après le 'déplacement de M. Chiappe, A deux reprises
j'aurais pu quitter la Préfeoture dans des conditions
très avantageuses.
La deuxième lois je suis resté sur une demande
affectueuse de M. Chiappe.
Le préfet a pris alors un arrête me donnant la ga-
rantie d'une prolongation de mes fonctions. J'ai donc
expliqué à M. Bonnefoy-Sibour que j'avais songé à
partir après le déplacement de M. Chiappe en raison
,da ce(quo j'estimais une injustice à son égard et de
la méâance qui m'était témoignée.
Il m'a répondu « Vous êtes comme mol, vous
êtes obligé comme moi. »
M d'Andigné. M. Bonnefoy-Sibour a dit qu'il
avait senti une opposition générale à la- préfecture de
policé, que M. Llajd aussi s'était trouvé malade. Ne
serait-il pas bon qu'il fût convoqué ?
M. ôàrdtol. Lors de votre première rechute, 1,1,
y a un an, le diagnostio a été difficile, les consultant"
ont été indécis. A-t-on procédé à une radioscopie ou
à unç radiographie ?..
R. "C'est moi qui al pensé à des coliques népheéti-
ques. Les médecins consultants ne m'ont rien ait et
m'ont ordonné de la glace sur le ventre. •'̃
D. Il doit s'agir d'une appendicite rétro-sécale. Maïs
vous avez parlé de calcul, ajouté qu'il y avait dû1 pus1;1
C'était donc une appendicite à chaud. Votre tempé-
rature était de 38° 2. C'est possible. Mais vous êtes
d'une résistance supérieure, ayant pu, atteint d'une
affection aiguS, avoir le jour même de votre entrée'
à l'hôpital une activité physique.
R. Non. Je suis entré le 5 au soir à l'hôpital.
J'avais demandé d'ailleurs à coucher à mon bureau
quelques jours plus tût. Je crois, puisqu'on m'a parlé
de radiographie, que dans la salle d'opération il y
a un écran de radioscopie, mais j'ai peu de souvenirs
car on m'i descendu dans Tin asoenseur. J'ai été reçu'
par des infirmières qui m'ont mis un masque sur la
figure et je ne me souviens plus de rien.
D'ailleurs. j'ai dans ma famille trois personnes opé-
rées à chaud qui n'ont pas passé par la radioscopie.
Je puis ajouter que j'ai été endormi à l'éther ê't
le lendemain, il parait que c'est extraordinaire, je
n'al eu aucun malaise,
M'. Vincent Aurlol. C'est bien vous qui avez fait
le plan de défense de la Concorde et cependant cer-
tains gardions affirment que voue avez demandé un
congé de quinze jours?
R. Comment voulez-vous qu'un gardien sache ce
qu'a fait le directeur dans son bureau?
̃M. Vincent Aurlol. Vous avez vu M. Bonnefoy-
Sibour le lundi matin, 5 février?
R. Je n'en ai pas le souvenir; j'ai une vie très
agitée qui me prend de 7 heures du matin à 2 ou
3 heures du lendemain et je ne peux vous donner
de précision. Mais je fais confiance à M. Bônnefoyr
Sibour, surtout après toute la sympathie qu'il m'^a
témoignée.
D. Vous avez dit également que vous n'àvei jamais
~vu d'appeis aux masses pour la manifestation du 6?
R. Je ne parle que de fa nuit où M. Bonnefoy-Siboiip
eèt venu coucher à la préfeoture, ̃ À ce moment, -f^
rt'y avait-aucun danger. J'ai dit également que la'
manifestation du 6 février, dans notre idée.'ne devâit:
pas être uu3 grosse manifestation. Nous ne pouvions
pas penser le 5 qu'elle serait plus importante que
celles de janvier. •
Au fond, co qui a déterminé la colère des mani-
festants, ce sont les coups de feu de 19 h. 30,; dont
je né discute pas l'opportunité d'ailleurs, car je notais
pas là. Mais tous les témoignages sont concordants.
Or, à ce moment, ni les anciens combattants, ni les
Croix de feu, ni les Jeunesses patriotes ne -devaient
être là à cette heure et je croyais qu'on aurait pu
rester maîtres des manifestants qui pouvaient donc
ee trouver là par les moyens habituels. Tous mes
adjoints ne croyaient pas, eux non plus, à une grosse
manifestation et c'est M. Marchand qui m'a soumis
le service et j'ai adopté son plan.
M. Monnet. Vous avez repris un emploi plus
rémunérateur: de quoi s'agit-il?
R. Laissez-moi garder cela pour mol: si je vous
en ai parlé, c'est pour expliquer l'arrêté pris en ma
faveur par le préfet pour me maintenir hors la limite
d'âge.
D. Nous avons entendu dire que votre traitement
et vos cumuls à la préfeoture de police faisaient que
vous touchez plus de 200,000 francs par an, sans par-
ler du loarcment et d'avantajres divers. -»̃
R. Je serais bien reconnaissant à quelqu'un do me
dire cbmmen^on établit ce total. Je n'ai jamais demandé
à /un parlementaire combien Il a..touché et je n'ai
jamais cru ceux^qui déclaraient que vous touchiez des
sommes considérables.
M. Monnet. Notre indemnité brute est de 60,000
francs. Vous savez tout ce qu'il faut en soustraire. En
tout cas, vous affirmez que jamais vous n'avez de-
mandé do congé?
R. Non, pour aucun motif. Nous avons parlé de
l'Intention lue j'avais eue de partir. Je lui ai dit éga-
lement qu il aurait mieux valu pour lui ne 'venir que
le lendemain. D'ailleurs; nous avons toujours eu des
conversations extrêmement cordiales aveo M. Bonn>
foy-Sibour, il y a même quelques minutes encore.
Je t'ai vu quatre ou cinq fois, et tout à l'heure en-
core il m'a dit devant quelqu'un d'ailleurs, combien la
•préfecture .de police était une maison sérieuse, rem-
plie de bons fonctionnaires.
M. Ramadier. Jamais donc vous n'avez demandé de
congé?.
R. Non, d'ailleurs on ne de fait pas oralement, on
écrit une demande.
M. Ramadier. Le dimanche matin, M. Bonnefoy-
Sibour n'a-t-il pas réuni un certain nombre de chefs
de service? 1 1
R;cH,4es a réunis certainement, car Chiappe dit que
c'était la première fois qu'un nouveau préfet conyo-
quait son -service sans passer par l'intermédiaire du
son prédécesseur pour faire les présentations. Il n'y a
pas d'exemple, même pour les ministres, d'une telle
passation de services.
Mais j'avoue que je ne me souviens plus si j'ai as-
sisté à cettî séance, car je crois en avoir manqué une
semblable; mais si M. Bonnefoy-Sibour le dit, il faut
le croire.
Par la s ai te, j'ai eu des conversations particulières
avec M. Bonnefoy-Sibour, où il m'a fait de petites con-
fidences, mais je ne sate pas si j'ai eu une telle con-
versation ie dimanche matin précisément. Je m'en rap-
porte à lui.
M. Ramadier Le lundi matin, par contre, vous êtes
sûr de ne pas l'avoir vu? ï
R. Je n'i.iï sais rien je l'ai vu au moins cinq fois
entre son arrivée et mon opération, mais je ne saie
si ce matin-lâ j'ai eu une conversation avec lui direc-
tement ou par téléphone.
M. de Nadaillac. M. Bonnefoy-Sibour a précisé
qu'à deux reprises vous avez insisté pour avoir un
congé en indiquant d'abord votre état de santé, puis
que vous n'eviez pas la confiance du gouvernement.
R. Je suis vraiment navré d'entendre de telles choses
qui n'ont rien de vrai.
M. Lerolls. It a parlé d'un « semblant de service »
que vous effectuiez.
R. J'avais fait l'inspection de tous les postes du
boulevard, mais je ne descendais pas de voiture parce
que j'étais malade. Mais je n'ai chargé personne de
dire au préfet que j'étais fiévreux. Et moi, j'ai cher-
ché M. Bonnefoy-Sibour qui jugeait, lui, que sa place
Était à l'Opéra. S'il m'avait demandé de le prendre
avec moi, je l'aurais pris; je ^poso toujours la ques-
tion à tous les préfets pour savoir s'ils veulent m'ac-
compagner.
La- conversation entre nous à été, je n'ose pas dire
affectueuse, mais presque sentimentale. Il me disait
que je sèmblais « patraque ». Je lui ai dit que je
n'allais pas bien et 'J'ai ajouté, sur une observation do
lui, que ce n'était pas le départ de M. Chiappe qui
pouvait avoir une Influence sur mes reins. Cependant,
i'til ajouté que je trouvais peu chic » ce qu'on avait
fait à M. Chiappe, et il m'a répondu « Qu'est-ce qui
vous dit que je ne pense pas comme vous? »
M. Dommange. M. Guiohard se sbuvient-il qu'il
étirait, au cours de son entretien du lundi 5 au matin,
déclaré « II vaut mieux pour vous et pour moi que
je ne sols pas à vos côtés mardi soir. »
R. Je suis surpris de cette interprétation de mes pa-
roles. J'ai dit a M. Bonnefoy-Sibour, en manière'de plal-
santerie « Je ne sais pas comment seraient prises
les mesures que j'ordonnerais, en présence de la con-
fiance que l'on me témoigne. »
M. de Framond. Avez-vous été opéré ?
R. J'étais endormi, mais je le crois. On m'a montré
mon appendice et un calcul.
D. Où avez-vous été opéré ? P
IV A la maison de santé des gardiens de la paix.
D. Par qui ? R
R. Par le docteur Desplas.
D. Autoriseriez-vous le chirurgien à venir ici dé-
poser ? y
R. Je n'y vols pas d'inconvénient.
CONFRONTATION DE M. BONNEFOY-SIBOUR
ET DE M. GUICHARD
ie président. Je vous prie, monsieur Bonnefoy-
Sibour de répéter votre déclaration.
M. Bonnefoy-Sibour. Le dimanche 4, vers 10 heu-
res, M. Guichard me parla de son état de fatigue et
me demanda un congé de quinze jours. Je lui deman-
dai de bien vouloir me conserver son concours'
Le soir, sur les grands boulevards, je m'étonnai que
M. Guiohard ne fût pas à mes eûtes, on me dit qu'il
sfUait.Allé, fairo.unJpur sur les.boulevards mais qu'il
était dans un état fiévreux tel qu'il allait ôtro obligé
de rentrer chez lut. En effet, quand il vint enfin ,me
retrouver place do l'Opéra, j'eus une conversation ra-
pide aveo lui et je ne le revis plus. Le lendemain
M. Guiohard me déolara « Quoique je fasse, je serai
oritlqué parce que je n'ai pas la confiance du gouver-
nement, Je vous réitère ma demande de congé. »
L'après-midi, vers 14 h. 30, j'al reçu la visite du doc-
teur Desplas qui me dit que M. Guichard était dans un
état fiévreux tel qu'il serait probablement obligé de
Xnpérer de l'appendicite. Je fus navré de cette coïn-
cidence fâcheuse. Je lui répondis « Je n'ai pas à
apprécier votre diagnostic ». Ensuite oomme je l'ai
déclaré, je suis allé voir à trois reprises M. Guiohard
à ia maison de santé des gardiens de la paix. Enfin, le
lundi 19, M. Guichard vint me revoir. Il ne fut pas
question de service.; Il m'indiqua que mon maintien a
la préfecture de police serait bien difficile. Je lui ré-
pondis » Tout s'arrangera n, car je savais déjà que
je rentrerais à la préfecture de Selne-et-Oise.
M. Guichard. Ce qui me stupéfie le plus et mo
fait de la peine c'est de voir la sympathie cordiale que
M. Bonnefoy-Sibour m'a témoignée en toute occasion
depuis son arrivée à la préfecture de police indiquant
qu'il y avait un accord complot entre nous doux et
qu'à ce moment précis Il pouvait avoir dans sa ser-
viette ces notes fantastiques qui doivent m'accabler. Il
y a là quelque chose de tellement surprenant que vous
m'en voyez tout abasourdi.
Sur les faits comment admettre que j'aurais pu
demander un- congé ? Que j'aurais pu me promener
sur les boulevards ? Que le 5 au matin J'aurais renou-
.yelé ma demande de congé ? Vous dites « On m'a
montré un appendice. » J'avais cru que c'était le mien
Et le 19 j'aurais parlé à M. Bonnefoy-Sibour des diffl-
cultes de son maintien à la préfecture i? C'est invrai-
.sèmblable t Là vérité, c'est que nous avons eu les
conversations les plus cordiales avec M. B&nnofoy-Si-
bour. Je ne sais pas les datée, mais j'ai fait allusion
à Ifnôn désir de quitter l'administration après le iemn
.placement de M. Chkppe. M. Chiappe m'a invite à
rester. Je ne pouvais donc m'en aller, J'ai dit ce jour-
là « .Quel dommage qu'on vous ait envoyé dans
ces conditions! Que vous ne soyez venu, que le
lendemain matin 1 C'est une mauvaise farce qu'on vous
a jouée » Et M. Bonnefoy-Sibour m'a répondu « Mon
pauvre Guichardi j'ai trois enfants. » Et j'ai vu vos
larmes. Voilà quel était le ton de nos conversations I
Le 4 au soir, je suis arrivé place de l'Opéra, j'ai ét«
au carrefour Drouot, faubourg Montmartre, à. la Made-
leine, cherchant toujours le préfet.
Enfin on m'a dit « Il est place de l'Opéra I » Je
suis allé le voir aussitôt. Après une conversation cor-
diale, je lui dis « Si voue n'y voyez pas d'inconvé-
nient, je vais rentrer chez moi, car on n'a plus besoin
d»! moi », et d'aileuns, en manière de plaisanterie et
avec ironie, j'ajoutai « Etant donné la confiance
qu'on m'a témoignée, je crois qu'il vaut mieux que je
ne sois pas là pour prendre des mesures qu'on me
reprochera toujours. » Puis la conversation porta sur
le remplacement de M. Chiappe. Je lui dis « Tout
de même, ei M. Frot et M. Daladier n'avaient pas prie
cette mesure, nous ne serions pas là! », et M. Bonno-
foy-Slbour m'a répondu « Qui vous dit que je ne
pense pas comme vous, mon pauvre Guietiard I
J'ai le souvenir précis de n'avoir pas demandé for-
mellement un congé. J'aucais dû formuler ma demande
par éorit, comme l'a fait mon frère à cette époque.
Le 19 au matin, j'ai dit à M. Bonnefoy-Sibour « Je
sens bien que vo,us n'allez pas rester, comme je regrette
fjuè vous emportiez un mauvais souvenir de cette mai-
son pourtant si belle » « Mais, répondit-il, je le sais,
mon cher monsieur Guichard 1 » .et il me nt l'éloge
de ses collaborateurs J'ajoutai <> Espérez-vous avoir
la. Tunisie ?» « Non 1 c'était le rêve de toute ma
vie. mais je sens que je n'irai pas. »
Mais je ne lui ai pas dit « Vous devriez vous en
allée i »a.car nous avions une conversation cordiale.
'If. Bp^ncfoy-Slbotir. Je maintiens tout ce -que j'ai
ditr Je précise que, d'une façon très sérieuse et qui
ni'a impressionné, M. Guichard m'a dit « Quoi que
jo fasse, je serai toujours critiqué », et Il a insisté
pour obtenir le congé de quinze jours qu'il avait sol-
licité la yeille.
Je me suis expliqué sous une forme extrêmement
modérée.
Je n'ai pas dit que M. Guichard était en promeneur
sur les boulevards, j'ai dit qu'il faisait un tour- pour
se rendre compte de l'état des manifestante.
J'ai dit « un appendice » je ne discute pas la chose
J'ai trouvé la coïncidence fâcheuse, et je n'ai pas mis
en doute que cet appendice ne fût le sien.
Le président. Vous avez parlé d'appendicite diplo-
matique, ou « cousue de fil blanc ».
M. Bonnefoy-Sibour. J'ai fait allusion to.ut oe
qu'on a dit au sujet de cette fameuse appendicite.
Le 19, M. Guichard a abordé la question de mon ave-
nir, il a même dit « On parle pour vous d'une tré-
sorerie »..
Je n'ai formulé auoun reproche, aucun grief. J'ai
relaté le fait en toute vérité.
M. Gulchard. Mon absence était sans intérêt pour
la manifestation du 6 février.
je suis ici un peu comme un accusé. Or, quand
M. Bonnefoy-Sibour emploie le mot « appendicite cou-
sue de fil blano » j'estime qu'on ne doit pas employer
ce ton d'ironie avec un homme au! défend son honneur 1
Vous connaissez trop la valeur des mots pour que
vous ne compreniez pas l'impression qu'a dû laisser sur
les membres- de la commission votre allusion à ma
Le 19, je n'ai abordé la conversation que par suite
de nos excellentes relations.
L'entretien fut cordial.
M. Iîonnefoy-Slbour sur trois points a reotiflé les
insinuations. J'estime qu'il devait se garder do faire
de l'ironie à l'égard d'un homme en posture d'aocusé.
M. Bonnefoy-Sibour. J'attachais la plus grande
importance à la présence à mes côtés de M. Guichard,
spécialiste de la technique de la police parisienne.
En parlant d'une « appendicite diplomatique ». j'en-
tendais non pas exprimer une opinion personnelle,
mais faire allusion à ce qui avait été dit dans la
presse.
J'indique, d'autre part, qu'en parlant de « pro-
menade » je ne voulais pas dire que M. Guichard
l'avait faite pour son plaisir. Il s'agissait d'une tournée.
Je tiens enfin à confirmer l'éloge que j'ai fait do la
préfecture do police, maison où l'on travaille beau-
coup et utilement.
M. Gulchard. M. Bonnefoy-Sibour pense-t-il que
mon opération n'était pas sérieuse?
M Bonnefoy-Sibour. Je n'ai aucun élément d'ap-
préciation mais j'ai constate une coïncidence regret-
table.
Le président. Est-il exact, monsieur Guichard,
quo le dimanche matin vous avez manifesté votre'
désir d'un congé do quinze jours et que vous l'ayez
renouvelé le lundi matin en ajoutant que vous n'aviez
pas la confiance du gouvernement?
R. Je n'ai pas souvenir sur les dates. J'ai parlé à
M. Bonnefoy-Sibour de mon état d'esprit, à la suite
du départ do M. Chiappe. Mais je ne lui ai pas de-
mandé de congé. Du manque de confiance qui m'avait
été témoigné, je lui ai parlé le dimanche sur le terre-
plein de l'Opéra.
D. A deux reprises avez-vous formulé une demande
de oongé de quinze jours?
R. Non.
M. Bonnefoy-Sibour. A deux reprises il m'a de-
mandé un congé de quinze jours. Quant à l'autre con-
versation, elle a eu lieu dans le cabinet de M. Bris-
sot en sa présence et en celle de M. Dumoulin. Je
dois dire que le ton de M. Guichard m'avait vérita-
blement impressionné et c'est ainsi que j'ai pu établir,
une relation de oauso à effet entre sa demande de
congé et la fameuse appendicite.
Sur question du président, M. Bonnefoy-Sibour dit
que la préfecture lui a paru h son arrivée une maison
émotionnée ayant véou des heures tragiques et où il
n'était pas entouré des concours affectueux et fidèles
qu'il avait connus à la préfecture do Seine-et-Oise. Le
témoin ajoute qu'il regretta que « l'état sanitaire »
de la maison ait été aussi mauvais et il répète que
le secrétaire général, M. Liard, fut à son tour pris
d'une grippe abdominale qui s'est prolongée.
Sur question du président, le témoin répète qu'il
avait demandé le dimanche soir,' plaoe do l'Opéra
« Où, est donc Guichard? »
M.. Guichard.– Le préfet ne va pas toujours aux
services d'ordre, même pas toujours le directeur de
la police municipale. Ce dernier ne s'Inquiète pas de
savoir si lé préfet y va ou non.
Je/redis que je suis surpris de l'attitude de M. Bon-
nefoy-Sibour qui me témoignait encore sa oordialité
avant de pénétrer dans cette salle où j'étais persuadé,
puisque je suis accusé, qu'il allait Être; si besoin, mon
meilleur avocat.
Il est extraordinaire, qu'alors qu'il s'apprêtait à
donner les détails en cause, il ne m'ait marqué par
aucun signe qu'il allait entrer ici oomme accusateur.
M. Bonnefoy-Sibour. Je n'accuse pas, je relate
en toute sincérité.
M. d'Andigné. J'ai déjà relevé ço que je consi-
dère comme les insinuations du témoin.
Je demande que le docteur Desplas soit entendu.
Le témoin avait parlé d'un commencement d'orga-
nisation du service d'ordre du dimanche par M. Gul-
onard? ̃̃'̃̃.̃̃
R. J'ai eu le sentiment que M. Guichard avait passé
très vite sur les boulevards, qu'il s'agissait donc d'un
service très rapide; c'était une simple constatation.
D. Vous avez fait un grief à M. Guichard de ne
vous avoir pas accompagné?
R. Auoun.
D. Vous avez dit que vous présumiez que le service,
avait été bien ordonné. Quelle raison avez-vous de
oette présomption??
R. Aucune.
D. Il s'agit donc d'une insinuation ? (Mouvements
divers.)
M. de Nadaillac. Avant votre installation, M. Prot
avait convoqué pour vous être présenté M. Marchand,
mais pas M. Guichard.
R. Au premier contact, je n'ai vu que M. Marchand au
ministère de l'intérieur.
D.Vous n'avoz pas eu l'impression que l'on vous fai-
sait passer ainsi par-dessus la tête du directeur gé-
néral ? 7 '<
R. Je connaissais mal d'organisation de la préfecture
et j'aurais précisé que M. Guichard ̃était1 retenu par 'les'
devoirs de sa charge. • •
M. Guichard. On avait convoqué M. Marchand et
on lui a même promis la cravate de la Légion d'hon-
neur si tout se passait bien. Il a répondu, 11 me l'a
dit « Ce n'est pas pour cela que je ferai mon de-
voir. »
M. de Nadaillac. On a parlé de la nécessité d'aug-
menter les effectifs en vue de la manifestation du 6.
M. Bonnefoy-Sibour. A la veille de la manifesta-
tion, que je sentais grosse, je désirais avoir le maxi-
mum de gardes mobiles pour renforcer les agents, non
par défaut de confiance en eux, mais parce qu'ils
étaient exténués.
D. C'est vous qui avez signalé cette nécessité ï
R. Oui.
D. Vous êtes en contradiction avec les rapports mtli-
taires, qui déclarent que les renforts, d'abord refusés,
n'ont été acceptés que le lundi.
R. Je me suis préoccupé de l'augmentation des
effectifs.
D. Il ne reste aucune trace de demandes de renforts,
qui ont été acceptés seulement sur l'insistance de l'au-
torité militaire.
M. Gulchard. C'est, en effet, le colonel Trincard
qui m'a téléphoné en me demandant si nous voulions
un peiloton de' plus. Il m'a déclaré, au surplus, que
M. Bonnefoy-Sibour avait l'habitude de demander des
gardes mobiles, mais en général assez tard. J'ai donc
téléphoné au préfet, et celui-ci m'a répondu. « Faites
à votre idée. » J'ai demandr leurs avis à Marchand et
Meyer, qui ne croyaient pas à l'opportunité de ce ren-
fort, et finalement nous en avons demandé six.
M. Monnet. M. Guichard n'a pas contesté de façon
forme-Ile qu'il avait envisagé l'éventualité de ne pas
diriger le service d'ordre.
M.%GUichard. Je n'ai jamais dit cela.
M.' Monnet. En tout cas, finalement vous avez
déclaré que vous n'aviez jamais demandé un congé.
A quel moment avez-vous f9.it venir le docteur ?
R. Je crois bien que c'est quelqu'un de chez moi
qui a téléphoné en tout cas le docteur a été voir
tout. de suite M. Bonnefoy-Sibour et lui a dit que ce
n'était pas lé moment de me faire examiner et que je
n'irais à la maison de-, santé que si l'on me certifiait
que je reviendrais le soir môme. Il a voulu aller voir
lui-même le préfet et voulait même faire venir la voi-
ture d'ambulance car il no voulait pas que je descen-
disse un escalier.
M. Monnet. Et vous n'avez pas pensé à télépho-
ner au préfet ?
R. C'est le médecin qui m'a dit « Je vais aller moi-
même en parler au préfet. »
M. Monnet. Et pour une simple consultation vous
déléguez un médecin au préfet c'est un élément de
plus pour une présomption troublante.
R. Le chirurgien à voulu m'examiner je lui ai dit
que je voulais revenir le soir. Il m'a répondu qu'il
allait expliquer le fait même au préfet je suis donc
persuadé qu'il savait déjà l'urgence d'une opération
et il n'a pas même attendu le .retour de ma femme
pour m'emmener.
M, Bonnefoy-Sibour. Le médecin m'a dit « Gui-
chard était fébrile. appendicite, je l'opérerai ce soir. »
» J'enregistre avec regrets », lui ai-je répondu.
M. Guichard. • Pour ma part j'avais l'impression
que je pouvais partir à pied et je ne croyais pas du
tout à la gravité de mon état.
M. Ramadier. Vous avez parlé, comme témoins
d'une conversation, de MM. Bressot et Dumoulin.
M. Bonnefoy-Sibour. Oui, mais je ne sais pas
s'ils ont entendu notre conversation.'
M. Soulier. Vous croyiez à la gravité des événe-
ments du 6 février une absence de Guichard vous
semblait sérieuse. Avez-vous fait un rapport à ce
sujet au ministre de l'intérieur ?
R. Je ne me, le rappelle pas C'est à peu près cer-
tain, cependant, mais pas par écrit certainement.
La séance est levée à 22 heures 40.
FAITS- DIVERS
Billet de la Loterie nationale volé., Un cam-
brioleur s'était introduit, le 4 avril dernier, chez
Mme Germaine Venzac, débitante, 59, rue Char-
lot. Il avait emporté le contenu du tiroir-caisse
et un billet de la Loterie nationale.' Mme Venzac
porta plainte en indiquant le numéro du billet
volé. Ce billet ayant gagné dix mille francs au
cours du dernier tirage, le voleur s'est présenté,
hier, au pavillon de Flore, où deux inspecteurs
l'arrêtèrent et le conduisirent au cabinet de
M. Badin, commissaire à la police judiciaire.
Après avoir été interrogé, le voleur, César Defenn,
a été envoyé au Dépôt.
Un 'rentier tue sa femme et se suicide. Deux
sexagénaires, M. Germain Porte et sa femme, ont
été trouvés morts, hier, dans leur logement,
10, avenue Sainte-Marie, .à Saint-Mandé. D'après
l'enquête, M. Porte a tué sa femme d'un coup de
revolver et s'est ensuite suicidé. Une lettre,
adressée au commissaire de police, indiquait que
des revers de for.tune avaient provoqué le geste
de M. Porte.
ÈGflOS ET lUFORMflTIOlîS
a Ambassade»
A l'occasion du dixième anniversaire de l'en-
trée en fonctions à Paris de l'ambassadeur de Po-
logne, M. de Chlapowski, je personnel de l'am-
bassade lui a présenté, hier, ses vœux, en lui
remettant une adresse ornée d'une eau-forte
représentant la place de l'Alma et le monument
Mickiewicz, exécutée par le graveur polonais
Brandel.
.Mariages
Lundi 9 avril 1934 a eu lieu le mariage do
M. Bruno du Maroussem, fils de M. Pierre du
Maroussem et de Mme, née de Saint-Genest, avec
Mlle Marie-Paule Labesse, fille de M. Labesse, de
Saint-Chamond, et de Mme, née Prodon.
La bénédiction nuptiale fut donnée par Mgr De-
lay, évêque de Septls, coadjuteur du cardinal
archevêque de Lyon, oncle de la mariée.
Nécrologie
MAX HOSCHILLER
Nous avons annoncé hier la mort de'notre an-
cien collaborateur Max Hoschiller. Bien qu'il fût
souffrant depuis longtemps, rien ne laissait pré-
voir cette fin rapide. Il était âgé que de 50 ans.
Russe d'origine, né à Odessa, il avait fait ses étu-
des en Allemagne et en France. Il avait vécu dans
notre pays depuis sa jeunesse et il était devenu
Français bien avant d'être naturalisé.
Il avait collaboré au Temps à partir de 1912 et
il avait donné à notre journal de, nombreux arti-
cles sur des questions économiques. Revenu quel-
que temps en Russie, à la fin de la guerre, avec
la mission Albert Thomas, il avait, malgré sa
sympathie pour les idées socialistes, pris nette-
ment position contre le bolchevisme. Il en fit une
critique très remarquée dans un ouvrage paru
en 1921, les Mirages du soviétisme. Il a publié
plusieurs autres ouvrages l'Europe devant Cons-
tuntinople, en 1916, les Dangers de La guerre éco-
nomique, en 1917, et une Enquête en Allemagne,
en 1922. Il a collaboré à la Société d'études et
d'informations économiques, où il traitait avec
compélence des questions russes.
Depuis plusieurs années, il avait abandonné
presque complètement le journalisme. Il était
entré au sous-secrétariat de l'économie nationale,
d'abord dans le cabinet' de M. François-Ponoet,
puis de -M. Gignoux et de M. Patenôtre. Secrétaire
du comité économique franco-allemand, il s'oc-
cupait tout particulièrement des relations écono-
miques entre la France et l'Allemagne. Il avait
également pris une part active à la préparation
du traité de commerce avec la Russie.
Nous adressons à sa veuve et à ses enfants
l'expression de notre vive sympathie.
Les obsèques auront lieu dimanche 15 avril, à
onze heures. On se réunira devant l'entrée prin-
cipale du cimetière de Bagneux.
On annonce la mort du général de division
de l'arme du génie Paul Cabaud, du cadre de ré-
serve, grand officier de la Légion d'honneur, croix
de guerre. Le défunt était âgé de soixante-qua-
torze ans.
On annonce la mort. après une longue mala-
die, de M. Adolphe Brill,. conseiller général du
canton de Rohrbach (Moselle).
M. et Mme Albert Cervelli (33, avenue
George-V) ont la douleur de faire part de la perte
cruelle qu'ils viennent d'éprouver en la personne:
de leur fils Bernard, âgé de 18 ans, p
Les obsèques auront lieu le lundi, 16 avril à
douze heures précises en l'église Saint-Pierre de
Chaillot, où l'on se réunira. Le présent avis tient
lieu d'invitation.
Avis de messe
Une messe sera célébrée pour le repos de
l'âme de M. Raymond Thamin, membre de l'Insti-
tut, le. lundi 16 avril, à 10 heures; en la chapelle
des Carmes, 70, rue de Vaugirard. Le présent avis
tient lieu d'invitation.
Une messe anniversaire sera dite pour
M. Maurice Berthelot et Mme née Bataille, le
16 avril à 10 heures à Saint-Pierre de'Chaillot.
Cours et conférence»
Notre collaborateur M. André Duboscq fera
ses conférences annuelles à l'institut des hautes
études chinoises (Sorbonne, galerie Richelieu)
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noise m, les lundis 16 et 23 avril et jeudis 19 et
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BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE
DE L'OFFIOB NATIONAL
I. Le temps du 12 au 13 avril, à 7 heures.
Maxima: Strasbourg +22°, Nancy 17°, Royan-la Cou-
bre, Bordeaux, Biarritz, Perpignan, Marseille-Marignane,
Dijon, Belfort 16°, Pau-ville 15°, Paris-O.N.M., Rennes,
Tours, Nantes, Toulouse 14°, Valenciennes, Lyon 13°,
le Havre 12°, Brest, Clermont-Ferrand 11°, Calais-Saint-
Inglevert 10°.
Minima: Antibes +11°, Brest, Blarritz, Strasbourg 8°,
Paris-O.N.M., Perpignan, Marseille-Marignane, Lyon 7°,
Dijon, Nancy, Besançon 6°, Calais-Saint-Inglevert, le Ha-
vre, Angvars 4°, Rennes, Toulouse 3°, Valenciennes, Bor-
deaux, Royan-la Coubre, Clermont-Ferrand 2°, Tours 0°,
Pau-ville +4°.
Pluies des 24 heures le 13 avril, à 7 heures: traces
Saint-Inglevert, Valenciennes, Metz, le Havre, 2 mm.
Nancy, Touliuse, 3 mm. Chftteauroux, 4 mm. Dijon, Per-
pignan, la Coubre, la Courtine,, 5 mm. Strasbourg,
7 mm. Clermont-Ferrand, Lyon, 16 mm. le Puy, 17 mm.
Montélimar, 27 mm. Marignane.
lI. Situation générale le 13 avril, à 7 heures.
La pression est basse sur le nord-ouest de l'Europe,
l'est de l'Atlantiqu-a et le nord-ouest de l'Espagne; on
note un minimum voisin de 990 mb au large ouest de
l'Irlande. Un faibie minimum de 1,014 mb est centré
entre la Sardaigne et le sud de l'Italie. Une zone da
pression élevée s'étend des Pays-Bas au sud de l'Espa-
gne, avec maxima de 1,022 mb sur le nord-est de la
France ainsi que sur l'est de l'Espagne. A Paris 1,021
mb. Les perturbations contournent par le sud et l'est la
zone dépressionnaire de l'est de l'Atlantique.
III. Evolution probable de la situation
jusqu'au 14- avril, à 18 heures.
Le système nuageux Si g'^t avancé vers l'est en s'af-
faibliseant. Il n'intéresse plus, à 7 heures, que l'extrême
nord-est de la France (voir carte). Une baisse B2 a
amené sur l'ouest de l'Europe un Systems nuageux S2
(voir carte). Le système .nuageux, SI achèvera rapide-
ment de-se désagréger et cessera d'intéresser le nord-
est de la France dans ia journée du 13. Le système S2
progressera vers le nord-nord-eet en devenant orageux;
son bord oriental passera sur l'extrême ouest de la
France au cours des trente heures à venir.
• En «conséquence, en,'France, pour la journée du
14 avril:
a) Vent. Dans la moitié ouest: secteur sud modéré
à assez fort; dans la moitié est: faible variable, sud-est
dominant.
b) Etat du ciel. Dans l'extrême ouest: ciel trois
quarts ou entièrement çpuvert avec pluie intermittente
pouvant être accompagnée d'orages; dans le quart nord-
est ciel brumeux, demi-couvert avec telles éclaircies.
Ailleurs: ciel légèrement brumeux, demi ou trois quarte
couvert avec éclaircies.
c) Température. Ejans l'extrême ouest: en faible
baisse. Ailleurs: en hausse.
Région parisienne:
IV. Prévisions pour la soirée du 13 avril
et la nuit du 13 au 14 avril.
Vent du secteur sud faible, ciel demi-couvert avec
belles éclaircies. Température sans grand changement.
V. Prévisions pour la journée du 14 avril.
Vent du secteur sud faible, puis modéré, Oiel légère-
ment brumeux, demi ou trois quarts couvert avec éclair-
ciee. Température en hausse,
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