Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-11-01
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Description : 01 novembre 1932 01 novembre 1932
Description : 1932/11/01 (Numéro 25999). 1932/11/01 (Numéro 25999).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
•M– i– $. LE TEMPS. ï" novembre 1932
ite couleur sans éclat, faites de vert, de bleu
et de notes grises; blancs crémeux associés à
des roses légers, à des notes soufrées, h, des
noirs, et le tout d'une distinction sans apprêt,
mais profondément attachante. Au total, un
'des tempéraments d'artiste les plus rares qui
se soient produits pendant les trente premiè-
yes années de ce siècle, et le plus original peut-
!être de. tous.
SALLE IV ter
Sur la salle IV s'ouvrent deux autres salles,
J'une carrée et très vaste, l'autre relativement
étroite et très longue. La première porte le nu-
méro IV bis, la seconde le numéro IV ter. Au
fond de celle-ci, l'art religieux s'est timide-
ment, modestement installé, loin du tumulte
des foules. Commençons, si vous le voulez bien,
par le fond. Sdus l'égide de Desvallières, dont
le talent s'est manifesté cette année par deux
cartons de vitraux dont les arabesques plai-
ront à la foule, la cohorte secrée s'est rangée
en bon ordre. A quel titre l'énorme composi-
tion consacrée par Ambroselli à la Mort d'un
héros, et qui ne manque pas de qualités, bien
qu'elle ne contribue guère à renouveler la
peinture d'histoire, fait-elle partie de cet en-
semble ? Je ne saurais vous le,dire. Le 'recueil-
lement dont la scène est empreinte en est vrai-
semblablement la raison. La douleur, et une
douleur vraie, s'y exprime; on y chercherait
en vain la moindre trace d'un sentiment vrai-
ment religieux.
Ce sentiment, par contre, se manifeste et
avec quelle, intensité d'émotion! dans le
vaste triptyque intitulé par Josette Bournet
Rédemption. Je ne me charge pas d'en expli-
quer le sens mystique et j'adresserai à l'ar-
tiste, à ce propos, le même reproche que je
lui ai adressé, au Salon de 1930, pour une
composition analogue. Un développement de
quelques lignes, au livret, permettrait au spec-
tateur d'entrer dans le cœur du sujet. L'au-
teur s'en est rigoureusement abstenu. Il a eu
je plus grand tort. Des personnages aux for-
mes tourmentées, soulevés par un émoi inté-
rieur très profond, ne s'expliquent pas avec
lassez de netteté par eux-mêmes. Ils exigent un
[commentaire on ne nous l'a pas donné. Nous
regimbons. Renfermons-nous donc, pour ap-
précier ce triptyque, dans le cadre du métier.
Couleur pauvre, dessin volontairement indi-
gent. Ni dans cette ronde de fillettes au-des-
sus de laquelle voltigent des anges, ni dans
ces figures nues dressées sur un haut monti-
icule, ni dans ce vague troupeau de formes hu-
maines où tous les visages s'animent d'ex-
pressions lamentables; rien ne me satisfait; i
mais il y là un grand souffle, et Josette Bour-
net -est quelqu'un.
Le reste de la section est bien pauvre., 1? An-
nonciation, d'Erreip, est d'une imagerie très
banale, encore qu'assez prétentieuse; le Lais-
sez venir à moi les petits enfants, de Julia,
fThéophylactos, cache un manque total d'émo-
tion sous un agrément de couleur un peu trop
Saint-Sulpice, et je ne vois guère d'intérêt que
dans un lumineux portrait de prêtre, œuvre
de Fernande Pion, dans une Nativité de la cou-
leur la plus fraîche et du sentiment le plus
délicat, signée d'Odette Bourgain, et dans un
Chemin de croix dont les scènes ont été re-
tracées avec une énergique simplicité, à l'eau-
jforte, par un artiste belge, Jean Donnay.
Revenons de l'art religieux à la peinture
toute simple et signalons l'excellent portrait
d'homme observé dans un effet de pleine lu-
mière par William Malherbe, dont nous
n'avons rien vu jusqu'à présent de si complet,
de si expressif et de si large; les études de
fleurs, de Léon Lang; le Châle espagnol, de
Belleroche; la Petite rouquine et les Abricots
muscats dont Adelita Gruget a fait le plus
charmant des régals; les effigies de M. Paul
Valéry et de M. Jean Perrin, par la duchesse
de La Rochefoucauld un Paysage en Nor-
mandie, peint dans une matière tres grasse et
;avec un sens, très exact de l'humidité dont le
sol est imprégné, par Sardin; un bouquet de
ïleurs éclatant,: mais dur, par l'Australien Ba-
ker-Glack; un ;bon paysage, de Poj'nerod; .^un-
profil très ressemblant et finement étudié,- de
M Melman, conservateur du Musée des arts
'décoratifs, par René Gard; un sobre et hon-
nête portrait de jeune femme, par Félix De-
̃nayer, auteur d'une, modeste marine iufini-
ment supérieure au portrait; un Paris au bord
'de la Seine, où- Kousnatzoff a, mis autant d'é-
motion que de sincérité; un pénétrant et fi-
dèie portrait d'une vallée auvergnate, par Mar-
celle Rouf fie; un paysage méridional, d'une
jolie lumière blonde, par Serge Fotinsky; une
Êye et une; figure nue, de Chériane; un luxu-
riant; bouquet de Chrysanthèmes jaunes dans
-un vase bleu, par Lucy Rolland; une Cathé-
drale, de Vienne, peinte par le Japonais No-
guchi dans la matière la plus croustillante et
dans l'effet gris le plus juste; un morceau de: nu
traité, par Marie Howet avec autant de discré-
tion que de solidité; une tête scrupuleusement
'étudiée, mais exécutée dans des proportions
hors nature, de -M. Masaryk, président de la
République tchécoslovaque, par le Russe Gri-
goriey un savoureux morce.au de nu, Devant
le miroir, peint avec verve par Laclau; une
Rue k~ Nanterré, de Grünsweigh; deux pitto-
resques et spirituelles scènes d'Orient, par So-
phia Piramovicz; une Assiettè de pommes,
dont Ernest Kohl, à*force de conscience, a fait
un petit chef-d'œuvre; un morceau de nu as-
;soz incomplet, mais qui mérite des encourage-
ments, par Marcelle Papillaud; des Anémones
et des < Pêches, .interprétées avec goût par Adèle
Kleimann; un torse de femme d'une exécu-
tion très serrée, par Monique-Jorgensen; une
FEU1LLËTOM B>U %4W&
DU ler NOVEMBRE 1932 (4)
i SIMPlilNïïllMÈi;
V (Suite)
Les nouveaux époux partagèrent ce repas
sous les lueurs rougeoyantes du soleil cou-
chant. La possibilité d'admirer le paysage avait
été assurée à Baptista, sans souci de la dé-
pense, à son bénéfice exclusif. Cependant, la
contemplation de la nature ne semblait nulle-
ment l'absorber: elle dirigeait ses regards tour
à tour sur le parquetsur les murs, sur la nappe,
et ne semblait rien voir.
Soudain ses yeux devinrent fixes, tels ceux
d'un oiseau fasciné par un serpent. Elle venait
de remarquer un chapeau, accroché à une pa-
tère, contre une porte, juste en face d'elle.
ce chapeau était sans aucun doute
possible celui de Charles Stow elle le re-
connaissait à sa forme et à sa couleur. Baptista
n'eut plus aucun doute quand elle vit un billet
de chemin de fer inséré entre la paille et le
ruban: Charles l'y avait glissé, elle s'en souve-
nait. La malheureuse claquait des dents, des
paroles incohérentes s'échappaient de ses lè-
vres. Son mari sursauta,, se leva en s'écriant
Vous êtes souffrante? Qu'avez-vous? Que
'faut-il vous donner ?
Allez me chercher des sels, dit-elle d'une
voix saccadée, à la pharmacie où nous étions
tout à l'heure.
Sans chercher à en savoir plus long, il prit
son propre chapeau posé sur une table, sans ve-.
marquer l'autre, et sortit précipitamment.
Restée seyie, Baptista regarda la porte avec
une frayeur intense: au bout d'un instant, elle
sonna d'une main tremplante. Une jeune ser-
vante, à l'allure campagnarde, répondit bien-
tôt à son appel.
Ce chapeau. balbutia Baptista, en dési-
gnant la-patère. H ne nous appartient pas.
Tiens! Je vas l'emporter, s'exclama la
̃fille, empressée. C'est à l'aut' monsieur.
Elle décrocha rapidement le chapeau; on
discernait, dans son attitude, un certain em-
barras. La jeune femme ayant, en apparence,
maîtrisé son émotion, demanda
Où se trouve donc cet autre monsieur?
Dans la pièce à côté, m'dame. Il a changé
de chambre pour vous faire plaisir.
Reproduction interdite
Vue de Valence et une Vue 'du Havre, d'une
très jolie lumière, par Pierre Noury; un frais
paysage de rivière, par Maurice Marque; un
portrait de femme très décoratif, par Del-
tombe; une intimité observée par Fernand-
Trochain dans un effet délicat de pénombre;
un Automne dans le Tarn et une Ruelle à Cor-
des, qui ne passeront pas inaperçus dans l'œu-
vre d'André Strauss; deux paysages de Dor-
dogne où Madeleine Vaury atteste des acqui-
sitions toutes nouvelles dans son art, et quatre
petits motifs de banlieue ou de Paris inter-
prétés par Linet avec un sens exceptionnel des
valeurs et des atmosphères.-
Et voilà le dénombrement terminé. Il serait
incomplet, néanmoins, si nous ne disions l'in-
térêt qui s'attache aux débuts dans la céra-
mique du jeune Pierre Lebasque, fils du pein-
tre., Parmi les sculptures émaillées dont se dé-
core sa vitrine figure un morceau déjà magis-
tral, une façon de congre dont le mouvement
est saisi sur le vif et dont la peau grise et hui-
leuse est traduite avec un réel bonheur.
SALLE IV bis
René Piot serait le premier de nos fresquistes
si l'Etat ou la ville de Paris lui avaient fourni
l'occasion de se manifester dans un genre qui
convient à merveille à l'ornementation de vas-
tes salles. On a laissé vieillir sans l'utiliser ce
mâle talent fait pour se développer sur de
larges espaces. Il ne désespère pas, malgré
tout, de réussir à capter enfin une commande,
et le voici, qui nous soumet, en même temps
que le projet d'un ensemble, un panneau à
grandeur d'exécution. Ses Fouleurs de raisins
s nblent détachés d'une muraille de Pompéi.
Ils ont le nerf et la verdeur d'allure d'un des-
sin de vase grec et nous donnent une furieuse
envie de voir se réaliser ce beau rêve. Mais
l'ombre de la crise se projette sur cet espoir
si digne d'être réalisé; j'ai bien peur que Piot
n'en soit pour ses frais, et je trouve cette ca-
rence des -ouvoirs publics lamentable.
Il est fâcheux que Seyssaud n'ait pas envoyé
au Salon d'automne les deux toiles d'une si
noble allure qui figurent à la galerie Charpen-
tier dans l'exposition des « Paysages de
France ». Elles le représenteraient ici d'une fa-
çon beaucoup plus complète que son Paysage
de Vaucluse, qui n'est, tout compte fait, qu'une
superbe pochade et un petit air de flûte héroï-
que. Les salles énormes et la lumière crue d'un
salon éteignent et rendent muettes les toiles de
dimensions trop modestes et qui ne font pas
tableau. Cette considération ne s'applique pas
au Braconnier envoyé par le même artiste, et
qui est un morceau de haut goût.
René Juste compose adroitement, et ses effets
de neige sont d'un impressionnisme agréable.
Jean de Botton, une fois de plus, s'est trompé
son talent n'est pas mûr pour les grandes toi-
les auxquelles il s'obstine. La synthèse n'est
permise qu'à ceux qui ont de l'expérience et
qui savent. Qu'il se confine dans l'analyse jus-
qu'au jour où il aura conquis l'expérience et
le savoir. Libéré des imitations où le mainte-
naient des influences malheureuses, Seevagen
a trouvé sa formule dans les paysages de mer
qu'il expose, et dont les ciels sont étudiés dans
leurs masses nuageuses et dans leurs laiteuses
blancheurs avec autant de fraîcheur que de
sensibilité. Jeanne Billard a fait preuve, dans
son étude de Repriseuse, de bien jolies qualités
de naturel. Chalon est jeune, mais promet. Son
Moulin sur l'Indre est d'un artiste qui sait voir,
et son Innocence est empreinte d un humour
qui se dégagera encore mieux dans l'avenir.
Madeleine Dines a de l'ambition et des dons
naturels qu'elle n'utilise encore que bien im-
parfaitement. Madeleine Bunoust, plus âgée, a
déjà de l'expérience. Elle fait valoir à merveille
ce qu'elle sait dans sa Paysanne endormie sur
des gerbes et dans son paysage à VElang. La
Villéon a la facture la plus précieuse qui soit
il y joint de l'esprit et de la grâce dans sa
Nuit et dans son Automne. Le Breton, dans son
portrait d'homme, est à la fois délicat et ro-
buste. Les, vues de Provence, de Chénard-
Huché, sont d'une sincère, et grave honnêteté.
,O'C,onor" des -colorations Relatantes, mais: que
l'âge apaise peu a-peu. On ne verra pas sans
plaisir son nu féminin, très modèle, et ses
Fruits au rideau bleu. Bertrand Py a des qua-
lités-toutes' contraires. Son Intérieur à figures
vaut surtout par le sentiment et par la percep-
tion de toutes les nuances. Bagarry se cherche
encore, et son Canotage à Meulan, ne. dépasse
guère le niveau de l'imagerie foraine. L'obser-
vation qui s'appliquait plus haut à Jean. de
Botton s'applique à lui non moins exactement.
Il n'est pas mûr pour les effets de synthèse.
Edith Morgan a des fleurs d'une interprétation
très personnelle. Marceau, j'en ai peur, tourne
mal. Avec des dons très remarquables, il
n'aboutit, dans ses natures mortes, qu'à des
virtuosités de faiseur. Le talent de Paul de Cas-
tro, soutenu par une patience tenace, s'épanouit,
dans son Eglise de Cadenet, avec une superbe
largeur. Plus de sécheresses, une enveloppe e
très moelleuse, et-le motif baigne tout entier
dans une douce lumière blonde. Dans ses
fleurs, dans ses paysages, Ladureau a ses qua-
lités habituelles, relevées par une pointe de
style. Le Petit a un paysage du format le plus
modeste, mais • d'une puissance d'expression
saisissante; Gharreton, des impressions de na-
ture où la recherche de la matière joue un. rôl&
excessif; Lépreux, de croustillants souvenirs
marocains, et Andrée Joubert, un Cannes en
été très vivant.
SALLE V
Pierre Clairin n'a' pas encore réussi à trou-
ver dans le paysage une formule aussi défini-
tive que celle qu'il avait inaugurée l'an der-
Baptista s'était suffisamment ressaisie pour
ne pas admettre une invraisemblance aussi
flagrante:
̃. Allons donc! Je l'entendrais s'il occupait
.la pièce voisine.-
t ̃ Mais si, il y est. affirma la servante.
Alors, c'est bien étrange qu'il ne fasse
aucun bruit, reprit Mrs. Heddegan, regardant
sévèrement la jeune fille, afin de lui montrer
qu'elle n'ajoutait pas foi à ce mensonge.
Y n'fait pas d'bruit, mais c'est pas
étrange. •
L'épouvante reprit la nouvelle mariée. Une
main de glace se posait lourdement sur son
cœur, tandis qu'une pensée fulgurante lui tra-
versait l'esprit les affirmations illogiques de
cette fille pouvaient être véridiques, si l'on en
rapprochait ce qu'elle ne savait que trop.
Pourquoi n'est-,ce pas étrange? demanda-
t-elle d'une voix faible.
La chambrière demeura silencieuse, ipuis,
d'un air mystérieux
Si j'vous l'dis, m'dame, vous n'ks racon-
terez pas à là patronne?
Non, je vous le promets.
C'est un mort. l'maître d'école qui s'a
noyé hier.
Oh! gémit Baptista, en se cachant le vi-
sage dans ses mains.
La servante trouva l'agitation de la jeune
dame bien légitime; elle reprit avec indigna-
tion
J'ai dit à la patronne qu'y fallait pas faire
ça, qu'on n'doit point cacher aux clients des
choses comme ça. Mais l'monsieur n'est pas
mort d'une maladie infectieuse, qu'elle a dit.
Une pauvre et honnête aubergiste, qui tra-
vaille pour gagner son pain, qu'elle a dit,
n'peut pas laisser échapper une bonne occa-
sion. Comme on a amené l'nové ici, ça a
écarté les clients. Notre hôtel est vide quand
les aut' sont pleins. Dès l'instant qu'vot' mari
voulait point démordre pour c'te chambre, et
qu'il la payerait bien, la patronne a décidé qVy
l'aurait. S'y vous plaît, m'dame, n'lui dites
rien, elle m'attraperait. Tout l'linge a été
changé; l'enquête n'aura lieu que d'main, après
vot'départ; elle croyait qu'vous n'sauriez rien,
vu qu'vous êtes pas du pays.
A ce moment, les pas 'de Heddegan reten-
tirent dans le couloir. Baptista, incapable de
parler, fit signe à la servante de sortir. L'arma-
teur entra vivement et tendit à la jeune femme
un flacon de sels, en disant
Etes-vous un peu mieux?
Cet hôtel me déplaît, s'écria-t-elle tout
d'une haleine. Je désire le quitter immédiate-
ment.
Qu'est-ce que cela signifie? répliqua-t-il
d'un ton bourru.. (C'était la première fors qu'il
lui parlait ainsi,) Kraij .vfiS capnçes feraient
nier dans le motif d'intérieur et le portrait. Sou
Chemin dé. Saint-Biaise, en Dauphiné, n'en est
pas moins un morceau d'une appréciable fraî-
cheur. Vandières a interprété une rue de Pa-
ris, par temps gris, à la manière de feu Pis-
sarro, mais avec plus-'1' d'élan,' plus de fougue
et dans une plus belle, matière. Les Raisins
d'Eve Franquelin, sont en progrès très marqué
sur ses travaux antérieurs. Il y a la une sensi-
bilité, des souplesses qui font de cette petite
toile une des meilleures natures mortes du
Salon. Je ne vous reparlerai pas de la nature
morte de Deshaycs mentionnée avec éloges
samedi et dont les notes claires illuminent
gaiement toute cette salle, mais je signalerai
avec un plaisir sans mélange les études de
fleurs d'Antoinette Destrem dont le charme est
fait à la fois d'une couleur très riche et du
sentiment le plus fin. Marcel Roche dans ses
Joueurs} d'échecs a .réalisé un-des meilleurs
morceaux de sa carrière. Corneaira uw Champ
de fleurs et une Plage dont l'impression est
très juste. La figure de femme assise par Henri
Julien dans un pré à l'état sauvage s'adapte
on ne peut mieux au motif et son imprécision
est une grâce de plus dans ce coin de nature
abandonné. Carlos Reymond a fait de; son
Vieux pont de Vcrnon et de son Eglise *de
village des études d'atmosphère d'un intérêt
très particulier. La femme arabe en robe rosé
étendue par Mainssieux sur un lit de sable
fauve ne m'inspire, malgré le chat noir qui
l'escorte, et les qualités d'œil que décèle la
toile, qu'une sympathie très relative. Ce mor-
ceau de genre eût gagné à être exécuté dans
des dimensions plus restreintes. Victor Klein
est un interprète très sûr, mais quelque peu
gourmé, de la fleur. Le motif d'intérieur où
Richard Maguet nous montre un écolier appli-
qué, sous la surveillance de sa mère, à écrire
ses devoirs, est un très bon tableau qui en pro-
met encore de meilleurs. Marthe Lebasque a
une Coiffeuse et des Fleurs d'une facture spi-
rituelle et vive. Luc-Rousseau est un peintre-né.
Rien de mieux composé, de plus naturel dans
les attitudes, de plus aisé et de plus souple
dans les nuances les plus imperceptibles du
modelé que son petit nu au divan accompagné
de deux figures de femmes habillées. J'y vois
un des morceaux les plus accomplis, sans sur-
charge aucune de détails, qui aient été peints
par un jeune. Luc-Rousseau a le plus bel ave-
nir. On en peut dire autant d'Henriette Groll,
dont le portrait de jeune fille est vigoureuse-
ment étudié sans dureté et excellemment peint
dans une note très originale de couleur, N'blions ni le Panier de pommes, de DureiïHe;:
ni les paysages marocains d'Hébuterne, et pas-
sons à la sallg suivante. ̃̃
SALLE VI
Même sans parler de Valdo Barbey, qui joint
ici à sa Rade de Brest, un morceau de haut goût
formé d'un costume d'officier de marine posé
négligemment sur une table, et dont l'ensemble
a du style; même sans revenir sur Ekegardh,
qui a recueilli avec Barbey, dans notre, article
de samedi, une appréciable part d'attention,
cette salle fourmille de bonnes pièces. André
Fraye, dont nous attendions depuis longtemps
la pièce définitive qui l'eût classé hors rang,
et dont le talent se galvaudait en pochades,
s'est enfin résolu à nous donner un tableau, et
ce tableau est de la meilleure venue. Son rocher
battu par les vagues n'a pas seulement grande
allure, il est d'un mouvement* et d'une vie qui
font plaisir à voir. Je n'en dirai pas autant du
projet de grand tableau les Filles de la Ro-
chelle envoyé par Marchand, et qui n'est
qu'une détestable vignette. Le bel artiste qu'il
est ne se retrouve que dans ses portraits de
femmes, dont le caractère est remarquable.-
Gimmi a déployé, dans une grande nature
morte, des qualités précieuses d harmoniste, et
sa Femme se coiffant a droit à une estime
toute, spéciale. Elle est vraie d'attitude, non
moins vraie de sentiment et bien peinte.
English a deux nus dont le plus petit est le
meilleur, et des fleurs d'une exceptionnelle ri-
chesse de couleur. Coubine a une nature
morte de fruitsBàssés-Alpes d'une austère et dure vérité^ifl'
a deux vues d'Avignon conçues dans un esprit
tout nouveau, et qui s'écartent nettement dé la
formule trop décorative dans laquelle on les
traite habituellement sans raison. Lotiron, dans
is.a Batteuse, a-t-il voulu nous donner un tableau
u l'esquisse d'une frise ? Je préférerais la se-
conde solution, le motif se prêtant beaucoup
mieux à une destination décorative qu'à toute
autre. Marika Ekstro3m est encore sous l'em-
pire des préoccupations excessives de matières
épaisses qui ont eu cours pendant ces dernières
années, mais son portrait de femme est, en
dépit de* ses noirceurs, d'un très bel effet. La
scene de Polo, d'André Mare, est d'un magni-
fique mouvement et d'une couleur harmonieuse
et forte. La Nature morte au verre, envoyée par
Marthe Simpson, atteste une maturité de goût
et de métier qu'on ne retrouve pas au même
degré dans son portrait de femme.
.̃ SALLE VII w
Warroquier s'y attarde à employer dans le
nu des procédés qui sentent à l'excès le
cubisme. On peut accuser les volumes avec
ioute la netteté désirable sans équarrir lou'r-
dement les formes. Le graveur Perrichon, dans
deux paysages exigus, se révèle comme un
peintre étonnamment sensible et capable des
effets de matière les plus rares. Le paysage de
Provence de Savreux est compris avec une in-
telligence et traité avec une largeur qui l'élè-
yenttrès naturellement jusqu'au style. Une
grandeur d'impression s'en dégage qui conj-
perdrë patience à un saint. Vous m'envoyez au
diable vauvert et à mon retour vous me dites
que l'hôtel ne vous convient pas, quand j'ai
dépensé tant d'argent et usé ma langue pour
vous obtenir une jolie chambre! Convenez qu'il
y aurait de quoi. Je ne veux pas vous en dire
plus long pour l'instant, mais je ne puis céder
a votre fantaisie en changeant d'hôtel, ma
chère. A une heure aussi tardive, nous ne trou-
verions pas une auberge convenable; toutes les
autres sont remplies de gens tapageurs et tur-
bulents, tandis que celle-ci est silencieuse
comme une tombe. je veux dire comme une
maison de campagne. Donc, tâchez de prendre
patience; demain nous partirons d'aussi bonne
heure qu'il vous plaira.
Avec l'âge, l'entêtement l'emportait chez lui
sur la complaisance.. Baptista n'insista pas.
L'aversion subite de la jeune femme pour cet
appartement eût été bien excusable si elle avait
expliqué à son mari qu'un cadavre, qui se trou-
vait dans leur chambre un instant plus tôt, gi-
sait dans la pièce contiguë. Cela ne nécessi-
tait aucune révélation superflue. Mais l'idée de
faire allusion à ce rhort glaçait le sang de la
malheureuse, elle ne s'en sentait pas le cou-
rage. L'épouvante l'anéantissait: elle ne com-
prenait qu'une chose: le destin la condamnait
à une affreuse promiscuité par le rapproche-
ment du mari vivant èt du mort.
Ses terreurs furent justifiées durant cette
macabre nuit de. noces, elle reposa entre
les deux hommes qu'elle avait épousés: d'un
côté David Heddegan, et de l'autre, derrière. la.
cloison contre laquelle se trouvait le lit, Cti.ar-
'les Stow.
VI
Trois jours s'écoulèrent; le Temps miséricor-
dieux éloignait de Baptista cette terrible nuit.
Bien qu'elle n'eût pas été malade, au sens exact t
du mot, elle était restée plongée dans une tor-
peur hypnotique, d'où elle sortait à peine pour
articuler quelques paroles. Si son mari s'in-
quiétait de sa santé, elle répliquait qu'elle se
portait fort bien.
Dans ces conditions, leur voyage ne fut pas
un succès. Ils allèrent jusqu'à Falmouth. Là,
sur les instances de la jeune femme, Heddegan
consentit à revenir chez eux. Il leur fallait
pour cela passer par Pen-Zephyr. Dans le
train, Baptista lut une feuille hebdomadaire où
l'on donnait le compte rendu de l'enquête ou-
verte sur la mort de Stow: le reporter ajoutait
que les funérailles auraient lieu à Redrutin,
ville natale du défunt, le vendredi suivant.
Après cette lecture, Baptista ne témoigna au-
cune répugnance à se retrouver si près du
théâtre de la tragédie dont elle avait été le
principal témoin. Elle demanda simplement à
son mari de ne pas descendre dans le même
traste heureusement avec les interprétations
sans accent qu'en donnent la plupart de nos
peintres. Ai-je besoin de vous redire tout le
charme de la nature morte et du coin de village
de Bonnard ? Il me suffit de vous rappeler
qu'ils sont là. Le nu dans un hamac, d'Asselin,
figure également dans cette salle qui dépasse
en intérêt toutes les autres. Mme Séailles n'a
jamais été si bien inspirée que dans sa Tête
d'enfant, peinte certainement dans la joie, et
d'une expression émouvante. Barat-Levrault
s'est montré supérieur à lui-même dans son Nu
sous les arbres et dans sa Barque parmi les
fleurs. J'ajouterai à ce que j'ai dit déjà du por-
trait de' jeune homme de Sabbagh, qu'il est
enlevé dans une matière d'autant plus belle,
à mon sens, qu'elle n'a point d'épaisseur. Il
y a dans la Vue sur Saint-Paul, de Dethow,
quelque chose d'arbitraire et de voulu qui va
jusqu'à Pâpreté et fait soupçonner que l'effet
n'est pas juste. Les fleurs'de Bonfils ont du
caractère, mais un caractère trop décoratif. Le
buste de jeune femme, de Capon, est construit
fortement, ce qui n'enlève rien à son charme,
et Gérard Cochet, dans ses Léopards, n'a ni la
vigueur ni le cran nécessaires.
Thiébault-Sisson.
REVUE DE LA PRESSE
PRESSE PARISIENNE
A propos du discours de. M. Herriot à Poitiers,
Senatus écrit dans l'Homme libre
On n'ignore pas que les indices de l'alimentation
doivent, au moins sur les principaux chapitres, dimi-
nuer encore pour que la production industrielle re-
trouve ses débouchés habituels. On peut espérer que
les mesures prises par M. Chautemps y aideront. Mais
qu'on n'oublie pas ceci le retour à l'équilibre ne sera
pas atteint sans que la puissance d'achat du cultiva-
teur soit rétablie.
V Ere nouvelle ajoute
Si l'on veut, en effet, que le vote d'un budget équjli-
brésoit réellement le prélude à une action efficace
contre les effets de la crise mondiale en même temps
qu'une assurance sérieuse donnée au pays quant à la
politique financière de l'Etat, il est indispensable qu'il
soit bien entendu qu'une fois le budget voté nous herons
à l'abri de toute initiative de nature à en bouleverser
les dispositions.
Dans les circonstances exceptionnelles où nous nous
trouvons, il faut avoir recours à des mesures exception-
nelles.
M, Emile JBuré cite dans l'Ordre un manifeste
du parti bolchevlste, allemand qui demande « une
armée de libération révolutionnaire dans le combat
contre Versailles ». Il commente ce texte
'On me jugera pessimiste. Je le suis en effet. Mais je
ne saurais l'être assez, .après avoir entendu le chef du
gouvernement de mon pays prononcer à la tribune du
Parlement un discours tolstoïen, préconiser la non-
résistance au mal, en face du monde en armes. Edouard
Herriot pense .qu'il peut y avoir équilibre sans force; ;1
confond force et violence.
ARMÉE
Chez les anciens combattants
Plusieurs réunions d'anciens combattants ont
eu lieu, hier, en province. A Arras, où s'est tenu
le congrès de la Fédération nationale des combat-
tants républicains, une motion a été votée, ad-
jurant le gouvernement de réaliser le désarme-
ment contrôlé, la France donnant l'exemple.
D'autre part, en ce qui concerne la revision des
pensions, 10,000 anciens combattants du Pas-de-
Calais ont chargé une délégation de protester, par
un cahier de revendications déposé à la préfec-
ture.
A Mont-de-Marsan, une motion a été votée au
cours du meeting de la Fédération landaise des
combattants, motion demandant le respect des
droits acquis aux victimes de la guerre.
Même protestation à la section lyonnaise de
l'Union des victimes de la guerre et anciens com-
battants des administrations de l'Etat.
A Guéret, la Fédération départementale des
anciens combattants a déclaré accepter la revi-
sion des pensions des malades non titulaires de
la carte du combattant. i;: <>
Le congrès de l'Association nationale'"1' l
des officiers en retraite
L'Association nationale des officiers retraités
des armées de terre, de mer et de l'air tenu
hier son congrès annuel, rue Las-Cases, sous la
présidence du colonel Buisson. La discussion a
porté sur la péréquation des pensions, c'est-à-
dire le rajustement des retraites d'après les nou-
veaux traitements; le maintien de la retraite du
combattant et des veuves de guerre telles qu'elles
ont été instituées par les lois antérieures.
Entre les deux séances, les congressistes ont
assisté à un banquet présidé par le général Mi-
chel. Au dessert, des discours ont été prononcés
par le président de l'association, le colonel Buis-
son, par les généraux Michel et Niessél, par le
commandant Hébrard et par l'amiral Cambon.
Le tank qui peut traverser un cours d'eau
L'Espagnol Ruiz, inventeur du tank sous-ma-
rin dont nous avons déjà parlé, a repris ses essais
hier, en présence d'experts officiels. Son appa-
reil serait resté immergé de 11 h. 10 jusqu'à
16 h. 30. L'inventeur serait sorti de son engin en
excellent état de santé. g
MARINE MAROHAHDE
Les avaries de 1' « Olympic »
Suivant le Daily Herald, un nouvel examen du
paquebot britannique Olympie aurait révélé que
les avaries de machine seraient, plus graves qu on
ne le croyait tout d'abord. Ce journal ajoute que
les experts décideront aujourd'hui s'il y a lieu
ou non d'envoyer cette unité à Belfast, où elle a
été construite il y a vingt et un ans.
hôtel .que la première fois. Elle semblait main-
tenant une créature toute différente, plus
calme, mieux équilibrée. Ils arrivèrent avant
dix heures du matin; bientôt Baptista déclara
qu'elle allait sortir, puisqu'ils disposaient de
beaucoup de loisirs.
Pour faire des achats, ma chère, comme
d'habitude? demanda Heddegan.
Oui, en partie pour cela, répliqua-t-elle.
Il vaut mieux vous reposer un peu, David,
après toutes nos pérégrinations.
Il consentit à cette proposition, demeura dans
l'hôtel où il venait de retenir une chambre, et
la jeune femme s'éloigna rapidement. Elle se
rendit d'abord dans un magasin de confection,
où elle acheta une robe et un chapeau noirs
ainsi qu'un voile de crêpe. Elle portait déjà
un manteau noir. La vendeuse flt un paquet de
ces différents articles et offrit à sa cliente de
le lui envoyer, mais celle-ci déclara qu'elle
désirait l'emporter tout de suite. En sortant du
magasin, elle se rendit directement à la gare
et prit un billet pour Redrutin.
Baptista estait sortie de la torpeur où elle était
plongée les jours précédents. Sans vouloir dé-
truire le bonheur de son second mari en lui réf
vêlant la tragique histoire du premier, elle
avait résolu pourtant, par une inconséquence
et une délicatesse bien féminines, de rendre au
défunt les derniers devoirs,' sans qu'il en ré-
sultât. aucune'complication fâcheuse.
Ella monta dans un compartiment vide, y
changea de vêtements dès le départ du train,
mit ses autres effets dans le carton d'où elle
venait d'extraire ses habits de deuilC Arrivé^ à
Redrutin, après avoir déposé le paquet à la
consigne, la jeune femme fit le tour du pays,
afin de reconnaître les lieux, puis gravit une
afi:Q dereconnattre les lieux, puis gravi. une
côte dominant le cimetière, Au loin, une hor-
loge sonna deux coups. Baptista vit bientôt un
convoi funèbre monter le chemin escarpé. Elle
prit aussitôt la même direction. Lorsqu'il attei-
gnit les grilles du cimetière, elle se joignit
discrètement au cortège. Les parents du maître
d'école étaient assez nombreux; en outre, des
voisins, des amis, des inconnus, ayant appris
la mort subite de Stow par les journaux,
avaient tenu à l'accompagner à sa dernière de-
meure. Mrs. Heddegan passa inaperçue dans
cette foule. Elle conserva son calme en sui-
vant, derrière le corbillard, le sentier tortueux
qui menait à la chapelle et ensuite celui qui
conduisait à la tombe. Quand tous les assis-
tants se furent éloignés, Baptista s'approcha de
la fosse, jeta sur le cercueil un bouquet de
myosotis qu'elle dissimulait sous sa pèlerine.
Puis elle quitta le champ des morts. Un peu
avant cinq heures elle était de retour à Pen-
Zephyr. Mr. Heddegan l'accueillit par des re-
proches
rr= Je ne suis pas content de XQWsi ffia P.hè£g.
Ce journal ajoute qu'il est possible que les di-
recteurs de la compagnie décident de vendre ce
paquebot qui serait alors démoli.
• • m
A I^'HOTEk BE VILLE
Les ilote insalubres
Par arrêté du préfet de la Seine, est déclarée
d'utilité publique, dans le 4* arrondissement,
l'expropriation, pour cause d'insalubrité, de
trente et un immeubles compris entre les rues
Simon-le-Franc et Saint-Merri1, de quinze immeu-
bles compris entre les rues Saint-Martin, de la
Reynie, Àubry-le-Boucher et Quiiicampoiix, Ces
propriétés sont en même temps déclarées « ces-
sibles immédiatement et en totalité ».
âCÀDÉiiES, UNIVERSITÉS, ECOLES
M. de Monzie
et les associations de parents d'élèves
M. de Monzie, ministre de l'éducation nationale,
vient d'adresser aux recteurs la circulaire suivante
relative aux associations de parents d'élèves
La participation des délégués des associations des
parents d'élèves des lycées et collèges aux travaux des
commissions, que j'ai instituées pour l'entrée en 6°,
a montré combien pouvait être fructueuse la collabo-
ration des familles et des chefs d'établissement.
J'estime dono désirable que les associations soient
en mesure de grouper le plus grand nombre de par-
rents d'élèves, afin que leurs délégués aient qualité
pour porter au sein des conseils où ils pourront être
appelés à siéger, les véritables aspirations des « usa-
gers ».
Il n'entre pas cependant' dans ma pensée, de de-
mander aux directeurs, aux proviseurs ou aux princi-
paux d'exercer sur leurs élèves la moindre pression
en faveur du rebrutement d'un groupement de parants;
la liberté d'association a pour contre-partie légitime le
droit à l'isolement.
Mais, je vous demande d'inviter les chefs d'étiblis-
sement à faire connaître dans le courant du mois d'oc-
tobre, par note adressée à toutes les familles, le siège
social de l'association, le nom et l'adresse de la per-
sonne qualifiée pour recevoir les adhésions.
A cette note pourrait être jointe une très brève no-
tice, indiquant les buts de l'association de parents
d'élèves, les conditions à remplir pour en être membre
actif, le montant de la cotisation. Cette notice impri-
mée serait remise par le président de l'association au
chef de l'établissement.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que cette facilité n'est
pas destinée à imposer aux familles l'obligation d'adhé-
rer à telle ou telle association d'assurances accidents.
L'adhésion à l'assurance ne saurait être la condition
sine qua non de l'adhésion à l'association.
Voué -voudrez bien me signaler les établissements
d'enseignement secondaire du ressort de votre acadé-
mie auprès desquels ne se serait pas constituée une
association de parents d'élèves.
EGHOS ET IftfORIHflTIOnS
La famille Babinski. Le docteur Babinski, qui
vient de mourir et qui aura été, sans conteste,
l'un des plus grands parmi les neurologues fran-
çais, était d'origine polonaise. Son père, après
avoir combattu les Russes en 1830, émigra en
France et s'y fixa. L'on n'a pas oublié à Paris, le
frère du docteur Babinski, l'ingénieur Henri Ba-
binski, que son fameux livre de cuisine a rendu
célèbre sous le nom d'Ali Bab. Deux autres Ba-
binski cousins germains des défunts sont
restés citoyens polonais et, diplomates tous deux,
occupent des hauts postes au ministère des af-
faires étrangères à Varsovie.
A la mémoire de Prosper Mérimée, On sait
que Prosper Mérimée mourut à Cannes le 23 sep-
tembre 18?0, et que la dépouille de l'écrivain re-
pose dans le petit cimetière de cette ville. Cannes
n'a pas oublié celui qui fut un de ses hôtes les
plus illustres. Elle a donné son nom à un square.
Elle va, demain encore, honorer sa mémoire en
plaçant sur la stèle qui orne sa tombe un médail-
lon qu'exécuta en 1868 à Cannes le sculpteur an-
glais Monroe, qui venait depuis 1865 sur les bords
de la Méditerrannée pour sa santé, et qui fit à
Cannes la connaissance de l'auteur de Colomba.
Un code international du fcridge. Depuis plu-
sieurs années, des centaines de milliers de mots
Qnt été échangés, entre la, France, l'Angleterre et
lesEtats-Bnis^au sujet, d'un jeu. Lebut était d'ar-
river" une entente internationale au sujet du
bridge. Ce but est atteint. Les accords ont été si-
gnés ces jours-ci entre la commission française du
bridge, le Portland Club de Londres et le Whist
Club de New-York. Et le code international du
bridge, qui comporte une édition française, une
édition anglaise et une édition américaine, va être
imprimé. Cette législation unifiée permettra aux
bridgeurs de retrouver désormais partout la même
loi et de n'avoir plus à s'adapter à des règles qui
souvent venaient troubler leurs habitudes.
L'accord ne s'est cependant réalisé que sur la
risprudence. Chaque pays garde sa marque pré-
férée, les Français le plafond, les Américains le
contraot; quant aux Anglais ils conservent l'auc-
tion qui a toujours beaucoup de fidèles dans l'Em-
pire britannique et font une addition du plafond
et du contract.
Quoique le plafond soit toujours dans notre pays
le jeu favori, l'édition française comportera à titre
documentaire la marque des deux autres jeux of-
ficiellement reconnus.
Nous avons enfin l'exemple d'une entente uni-
verselle.
Soupers de couleur. La presse viennoise si-
gnale le succès obtenu par une maîtresse de mai-
son qui récemment convia sur papier rose
ses amis à un « Souper rosé » (L'invitation était
en français). Sur une nappe rose, parée de rosés
rosés, éclairées de bougies roses, dans de la vais-
selle rose, no furent servis que des mets rosés
crevettes, saumon froid, tranches de veau, foie
gras, fraises écrasées dans de la crème, glace à la
framboise, petits fours, arrosés de vin. rosé, natu-
rellement. Des hôtesses rivales cherchent actuel-
lement à organiser des soupers noirs (caviar, truf-
fes, venaisons, chocolat), rouges (écrevisses, ho-
mard, rougets, rosbif tomates) ou verts, pour vé-
gétariens. Ces tentatives n'ont qu'un rapport assez
t
A-t-on idée de s'absenter si longtemps! Je
croyais que vous en auriez pour une heure au
plus. ̃
J'ai été retardée. ̃
Allons! ça ne servira à rien de me plain-
dre, je le reconnais. N'en parlons plus. Vous
paraissez si fatiguée, si mal à l'aise, que je
n'ai pas le cœur à vous faire une confidence ce
soir, comme j'en avais l'intention.
Je suis lasse, en effet, David. Nous retour-
nons' demain à Giant, j'espère?
Ah certes, oui s'écria Heddegan avec con-
viction, comme s'il ne tenait pas, lui non plus,
à prolonger leur brève lune de miel. Il faut
que je me remette au travail dès lundi.
Les nouveaux mariés prirent donc le vapeur
le lendemain matin, et purent s'installer chez
eux à Giant dans l'après-midi. Dès qu'elle mit
le pied sur le sol de Sainte-Maria, Baptista
sembla délivrée du poids qui l'oppressait. Son
mari attribua ce changement aux brises de
mer dont elle avait été privée sur le continent.
Quoi qu'il en soit, dans ce cadre familier, tout
près de la maison de ses parents, la jeune
femme retrouva bientôt ses manières habituel-
les, peu démonstratives d'ailleurs. Elle accep-
tait avec calme sa nouvelle situation, souriant
à demi quand les voisines, s'accoutumant à
l'appeler Mrs. Heddegan prétendaient qu'elle
allait se mettre à la tête des élégantes de Giant.
Les affaires de l'armateur étaient beaucoup
plus prospères que celles de Mr. Threwthen.
L'aisance jusqu'ici inconnue d'elle dont dispo-
sait Baptista ne fut pas sans influencer sur
son humeur. Une, deux, trois semaines passè-
rent. Obéissant à sa nature fataliste, elle atten-
dit les événements sans s'efforcer de les préve-
nir, soit par un aveu, soit par un redoublement
de précautions. Elle ne chercha pas à se pré-
munir contre les indiscrétions possibles, ni
même à savoir ce qu'elle devait craindre des
délateurs qui pouvaient sortir de l'ombre, ino-
pinément.
Un soir, vers la fin du premier mois de son
mariage, Baptista se trouvait dans le jardin
attenant à la maison, lorsqu'elle vit passer sur
la route un homme vêtu d'une jaquette noire
graisseuse et coiffé d'un chapeau haut de
formé. Ce vagabond n'eût pas paru trop bizarre
dans les faubourgs d'une grande ville, mais
dans l'île Sainte-Maria les gens de cette es-
pèce ne se rencontraient guère. Il aperçut la
jeune femme, qui sans chapeau ni manteau
était pleinement reconnaissable. Il s'arrêta et
d'un air de joyeuse surprise, s'appuyant sur le
mur peu élevé, demanda:
Vous ne me reconnaissez pas?
Baptista répondit négativement; cependant,
la figu re de l'homme ne lui était pas tout à fait
inconnue.
Mais, voyons. J'ai été témoin à votre ma-
lointain avec l'ordonnance culinaire d'un bon re-
pas, mais elles font au moins oublier là crise' et
ce peut devenir un jeu de société que d'imaginer
des menus de dîners blancs, jaunes, etc.
Une ile perdue. En recherchant un point d'où
pourrait être scientifiquement observée l'éclipsé
de soleil du 28 juin 1937 les professeurs Kopff et
James Robertson ont découvert, dans de vieux
atlas, une certaine île Sarahan que les nouvelles
cartes de l'océan Pacifique ne mentionnent plus.
Elle serait tellement en dehors de toutes les rou-
tes maritimes que les cartographes, incertains de
son existence, l'ont, par prudence, supprimée. Un
appel est adressé aux capitaines de navires mar-
chands qui traversent le Pacifique pour leur de-
mander de chercher l'île. qui a d'ailleurs peut-
être bien réellement disparu.
Le coffret de l'évêque Colenso. Depuis un
quart de siècle, l'église de Sainte-Marie à Maritz-
burg, dans le Natal, veillait jalousement sur un
coffret que lui avait légué le fameux évêque héré-
tique Colenso avec défense de l'ouvrir avant que le.
dernier membre de sa famille fût décédé.
Cette mort venant de se produire, des représen-
tants du gouvernement britannique, et de l'Eglise
d'Angleterre,, accompagné d'hommes de loi et
d'amis de la famille se sont rendus a la sacristie
de l'église Sainte-Marie.
Le coffret, que l'on croyait recéler d'importants
documents ou des reliques, ne contenait qu'une
fourmilière et un vieux morceau de drap rouge.
Mais, avant de taxer l'évêque Colenso de mauvais
plaisant, ce que ses fantaisies dogmatiques pour-
raient faire supposer, il reste à savoir si les four-
mis n'ont pas dévoré, depuis 25 ans, le précieux
contenu du coffret.
♦ v ̃
Mariages
On annonce le mariage de Mlle Daniele de
Grandchamp avec M. André d'Artemare. La béné-
diction nuptiale leur sera donnée, dans l'intimité*
le 19'novembre à Saint-Jean-de-Luz..
Nécrologie
Nous avons annoncé la mort du docteur
J. Babinski, membre de l'Académie de médecine,
commandeur de la Légion d'honneur. Ses obsè-
ques auront lieu le mercredi 2 novembre à
15 heures précises, en l'église de Montmorency
(Seine-et-Oise), où l'on se réunira. Une messe
sera dite à son intention le vendredi 4, à 11 heu-
res, en l'église Saint-Philippe du Roule à Paris.
Ni fleurs ni couronnes. Le présent avis tient lieu
d'invitation.
On annonce le décès de M. Maurice Gail, pré-c
sident honoraire à la cour d'appel de Paris, offi-
cier de la Légion d'honneur. Les obsèques auront.
lieu mercredi 2 novembre à midi, en l'église
Notre-Dame d'Auteuil où l'on se réunira.
Les famiHes Rayer, Croulard et Gueugnier
ont la douleur de faire part de la mort de M.
Gustave Rayer, survenue dans sa Si" année, en
son domicile, 3, rue La Boétie. La cérémonie
religieuse a eu lieu dans la plus stricte intimité.
On nous prie d'annoncer la mort de M. Gus-
tave Bémont, préparateur honoraire à l'Ecole de
physique et de .chimie de la ville de Paris, cheva-
lier de la Légion d'honneur, décédé à Paris le
28 octobre. Ses obsèques ont eu lieu dans la plus
stricte intimité.
Mme Jules Stern, Mlle Alice Stern, le doc-i
tour Marcel Thalheimer, chirurgien des hôpitaux,-
et Mme, M. Jean-Pierre Stern ont la douleur de
faire part du décès de M. Jules Stern. Suivant la
.volonté du défunt, les obsèques ont eu lieu dans
la plus stricte intimité. Saink-Cloud, le. 30 octo-
bre 1932.
Les obsèques du docteur Paul Lefaye, che-t
valier de la Légion d'honneur, décédé le 30 oc-<
tobre 1932 en son domicile, '213, boulevard Saïnt-i
Denis à Courbevoie, auront lieu le mercredi 2 no-r
vembre en l'église Saint-Pierre-Saint-Paul de
Courbevoie h 11 heures. L'inhumation aura lileu
au cimetière do Courbevoie. De la part des fa-
milles Lefaye, Malenfant et Nel, de ses confrères'
et amis. Départ de la maison mortuaire à 10 h. 30;
N'apporter que des fleurs. Le présent avis tient
'lieu d'invitation.
Mme Bernard Gentzberger, née Lucie Wunni
ser, et toute la famille, ont le regret de faire partj
du décès de M. Bernard Gentzberger, 7, rue Pierre-r
Haret., Les. obsèques ont eu lieu dans l'intimité.
Nouvelles diverses
M. Paganon a présidé hier, à Vieille (Isère)',1
une manifestation à l'occasion de ̃ l'inauguration'
d'une école, d'un service nouveau,de l'électricité'
et d'une série de travaux d'édilité de l'ordre de
quinze millions.
̃ Une caisse de chômage, réservée aux journa-'
listes, est constituée et fonctionne à partir du-
2 novembre au Syndicat national des journalistes.
Les journalistes en chômage, qu'ils appartien-
nent ou non au syndicat national, sont invités à
se présenter pour demander leur inscription et re-
cevoir tous renseignements utiles, au siège, du
syndicat, 17, rue du Cygne à 2 h. 30 de l'après-t
midi.
Cours et conférences
Sur « France-Allemagne >L Léon Daudet don-
nera une conférence, grande salle Pleyel, 252, faubourgi
Saint-Honoré, le samedi 5 novembre, à 21 heures. Lo-
cation ouverte.
Les cours de l'Ecole du Louvre reprendront ©ettfi
année le lundi 14 novembre, aussitôt après la session:
d'examen qui s'ouvre le 3 novembre. Ils seront don-i
nés dans l'ancienne salle, 38, quai du Louvre, en atten-
dant l'achèvement des locaux de la cour Visoonli, qui
seront inaugurés vraisemblablement en décembre.
Les inscriptions sont reçues au secrétariat de l'Eooie»
38, quai du Louvre.
Ce- soir et demain
Lundi soir. 20 h. 30, Palais des sports, boxe Thll-
Len Johnson; 21 h., Théâtre des Champs-Elysées Itf
récital Lotte Lehmann.
MARDI; Toussaint. 14 h., Buffalo match Paris-*
Londres; 20 h. 30, salle Pleyel, reprise des concerts
du Cercle musical de Paris.
riage, madame! Vous ne vous rappelez donc
pas l'ouvrier qui réparait un vitrail de l'église,
quand vous y entriez avec votre futur? Le sa--
cristain m'a fait descendre de l'échelle et je
suis venu signer mon nom sur le registre.
Mrs. Heddegan promena sur le jardin un re-i
gard inquiet. Son mari se trouvait trop loin
pour les entendre, Dieu merci! En effet, lé
vitrier n'avait pas été témoin. du mariage de
David, mais de celui de Charles.
J'ai, eu -du malheur depuis, poursuivit lè.
passant, bien du malheur. mais à quoi bon
vous attrister par des détails ? Oui, me voilà;
sans travail, il n'y a pas si longtemps. atten-
dez, un mois bientôt, car vous vous êtes mariée
le premier ou le deux août.
Baptista, soucieuse d'échapper à la curiosité
de son interlocuteur, s'était un peu éloignée.
Un marin du pays, qui s'approchait, la pipe à
la bouche, et venait d'entendre les dernières
paroles du chômeur, crut nécessaire de se mê-i
ler à la conversation:
Vous ne faites pas erreur, car le deux août
je débarquais à Giant et c'est ce jour-là qu'ils
s'y sont mariés.
La jeune femme, de l'autre côté du mur,
perçut le dialogue suivant
Hé! oui, répétait le pauvre hère, j'ai signé
sur le registre comme témoin. Où donc est le
mari?
Quelque part, là-bas. On ne les voit pas
souvent ensemble, ajouta le matelot en bais-
sant la voix. Il est bien plus âgé qu'elle, vous
savez. ̃.
r– Plus â^gé,? Vous croyez? ^e n'aurais pas
cru. En tout cas, il m'a; parti un fort beau
garçon.
Tenez, le voilà, nous allons pouvoir en ju*
ger par nous-mêmes.
Précisément, David Heddegan paraissait au
bout du jardin. Le besogneux, stupéfait, regar-
dait tour,à à tour le mari et la femme. Il vit cette
dernière pâlir. Notre vitrier était trop perspi-
case et trop astucieux- pour faire un éclat. Il
résolut de se tenir tranquille, jusqu'à ce qu'il
eût trouvé le mot de l'énigme, et murmura néz
̃gligemment:.
Le mariage vous change un homme je*
ne l'aurais pas reconnu.
Son regard, avec une étrange insistance, se
posa sur Baptista décontenancée. Puis s'appro-
chant de l'endroit où elle se trouvait, il la con-
jura de lui rendre le bon procédé qu'il avait
eu envers elle. Mrs. Heddegan comprit ce qu'il
voulait: elle lui donna une petite somme d/ar-
gent, et le vitrier, après s'être confondu en re-
merciements, s'éloigna aussitôt.
THOMAS Hardy.
(Traduit de l'anglais par CLAUDE d'Abthiès.)
(&? fin Qu prochain feuilleton.).
ite couleur sans éclat, faites de vert, de bleu
et de notes grises; blancs crémeux associés à
des roses légers, à des notes soufrées, h, des
noirs, et le tout d'une distinction sans apprêt,
mais profondément attachante. Au total, un
'des tempéraments d'artiste les plus rares qui
se soient produits pendant les trente premiè-
yes années de ce siècle, et le plus original peut-
!être de. tous.
SALLE IV ter
Sur la salle IV s'ouvrent deux autres salles,
J'une carrée et très vaste, l'autre relativement
étroite et très longue. La première porte le nu-
méro IV bis, la seconde le numéro IV ter. Au
fond de celle-ci, l'art religieux s'est timide-
ment, modestement installé, loin du tumulte
des foules. Commençons, si vous le voulez bien,
par le fond. Sdus l'égide de Desvallières, dont
le talent s'est manifesté cette année par deux
cartons de vitraux dont les arabesques plai-
ront à la foule, la cohorte secrée s'est rangée
en bon ordre. A quel titre l'énorme composi-
tion consacrée par Ambroselli à la Mort d'un
héros, et qui ne manque pas de qualités, bien
qu'elle ne contribue guère à renouveler la
peinture d'histoire, fait-elle partie de cet en-
semble ? Je ne saurais vous le,dire. Le 'recueil-
lement dont la scène est empreinte en est vrai-
semblablement la raison. La douleur, et une
douleur vraie, s'y exprime; on y chercherait
en vain la moindre trace d'un sentiment vrai-
ment religieux.
Ce sentiment, par contre, se manifeste et
avec quelle, intensité d'émotion! dans le
vaste triptyque intitulé par Josette Bournet
Rédemption. Je ne me charge pas d'en expli-
quer le sens mystique et j'adresserai à l'ar-
tiste, à ce propos, le même reproche que je
lui ai adressé, au Salon de 1930, pour une
composition analogue. Un développement de
quelques lignes, au livret, permettrait au spec-
tateur d'entrer dans le cœur du sujet. L'au-
teur s'en est rigoureusement abstenu. Il a eu
je plus grand tort. Des personnages aux for-
mes tourmentées, soulevés par un émoi inté-
rieur très profond, ne s'expliquent pas avec
lassez de netteté par eux-mêmes. Ils exigent un
[commentaire on ne nous l'a pas donné. Nous
regimbons. Renfermons-nous donc, pour ap-
précier ce triptyque, dans le cadre du métier.
Couleur pauvre, dessin volontairement indi-
gent. Ni dans cette ronde de fillettes au-des-
sus de laquelle voltigent des anges, ni dans
ces figures nues dressées sur un haut monti-
icule, ni dans ce vague troupeau de formes hu-
maines où tous les visages s'animent d'ex-
pressions lamentables; rien ne me satisfait; i
mais il y là un grand souffle, et Josette Bour-
net -est quelqu'un.
Le reste de la section est bien pauvre., 1? An-
nonciation, d'Erreip, est d'une imagerie très
banale, encore qu'assez prétentieuse; le Lais-
sez venir à moi les petits enfants, de Julia,
fThéophylactos, cache un manque total d'émo-
tion sous un agrément de couleur un peu trop
Saint-Sulpice, et je ne vois guère d'intérêt que
dans un lumineux portrait de prêtre, œuvre
de Fernande Pion, dans une Nativité de la cou-
leur la plus fraîche et du sentiment le plus
délicat, signée d'Odette Bourgain, et dans un
Chemin de croix dont les scènes ont été re-
tracées avec une énergique simplicité, à l'eau-
jforte, par un artiste belge, Jean Donnay.
Revenons de l'art religieux à la peinture
toute simple et signalons l'excellent portrait
d'homme observé dans un effet de pleine lu-
mière par William Malherbe, dont nous
n'avons rien vu jusqu'à présent de si complet,
de si expressif et de si large; les études de
fleurs, de Léon Lang; le Châle espagnol, de
Belleroche; la Petite rouquine et les Abricots
muscats dont Adelita Gruget a fait le plus
charmant des régals; les effigies de M. Paul
Valéry et de M. Jean Perrin, par la duchesse
de La Rochefoucauld un Paysage en Nor-
mandie, peint dans une matière tres grasse et
;avec un sens, très exact de l'humidité dont le
sol est imprégné, par Sardin; un bouquet de
ïleurs éclatant,: mais dur, par l'Australien Ba-
ker-Glack; un ;bon paysage, de Poj'nerod; .^un-
profil très ressemblant et finement étudié,- de
M Melman, conservateur du Musée des arts
'décoratifs, par René Gard; un sobre et hon-
nête portrait de jeune femme, par Félix De-
̃nayer, auteur d'une, modeste marine iufini-
ment supérieure au portrait; un Paris au bord
'de la Seine, où- Kousnatzoff a, mis autant d'é-
motion que de sincérité; un pénétrant et fi-
dèie portrait d'une vallée auvergnate, par Mar-
celle Rouf fie; un paysage méridional, d'une
jolie lumière blonde, par Serge Fotinsky; une
Êye et une; figure nue, de Chériane; un luxu-
riant; bouquet de Chrysanthèmes jaunes dans
-un vase bleu, par Lucy Rolland; une Cathé-
drale, de Vienne, peinte par le Japonais No-
guchi dans la matière la plus croustillante et
dans l'effet gris le plus juste; un morceau de: nu
traité, par Marie Howet avec autant de discré-
tion que de solidité; une tête scrupuleusement
'étudiée, mais exécutée dans des proportions
hors nature, de -M. Masaryk, président de la
République tchécoslovaque, par le Russe Gri-
goriey un savoureux morce.au de nu, Devant
le miroir, peint avec verve par Laclau; une
Rue k~ Nanterré, de Grünsweigh; deux pitto-
resques et spirituelles scènes d'Orient, par So-
phia Piramovicz; une Assiettè de pommes,
dont Ernest Kohl, à*force de conscience, a fait
un petit chef-d'œuvre; un morceau de nu as-
;soz incomplet, mais qui mérite des encourage-
ments, par Marcelle Papillaud; des Anémones
et des < Pêches, .interprétées avec goût par Adèle
Kleimann; un torse de femme d'une exécu-
tion très serrée, par Monique-Jorgensen; une
FEU1LLËTOM B>U %4W&
DU ler NOVEMBRE 1932 (4)
i SIMPlilNïïllMÈi;
V (Suite)
Les nouveaux époux partagèrent ce repas
sous les lueurs rougeoyantes du soleil cou-
chant. La possibilité d'admirer le paysage avait
été assurée à Baptista, sans souci de la dé-
pense, à son bénéfice exclusif. Cependant, la
contemplation de la nature ne semblait nulle-
ment l'absorber: elle dirigeait ses regards tour
à tour sur le parquetsur les murs, sur la nappe,
et ne semblait rien voir.
Soudain ses yeux devinrent fixes, tels ceux
d'un oiseau fasciné par un serpent. Elle venait
de remarquer un chapeau, accroché à une pa-
tère, contre une porte, juste en face d'elle.
ce chapeau était sans aucun doute
possible celui de Charles Stow elle le re-
connaissait à sa forme et à sa couleur. Baptista
n'eut plus aucun doute quand elle vit un billet
de chemin de fer inséré entre la paille et le
ruban: Charles l'y avait glissé, elle s'en souve-
nait. La malheureuse claquait des dents, des
paroles incohérentes s'échappaient de ses lè-
vres. Son mari sursauta,, se leva en s'écriant
Vous êtes souffrante? Qu'avez-vous? Que
'faut-il vous donner ?
Allez me chercher des sels, dit-elle d'une
voix saccadée, à la pharmacie où nous étions
tout à l'heure.
Sans chercher à en savoir plus long, il prit
son propre chapeau posé sur une table, sans ve-.
marquer l'autre, et sortit précipitamment.
Restée seyie, Baptista regarda la porte avec
une frayeur intense: au bout d'un instant, elle
sonna d'une main tremplante. Une jeune ser-
vante, à l'allure campagnarde, répondit bien-
tôt à son appel.
Ce chapeau. balbutia Baptista, en dési-
gnant la-patère. H ne nous appartient pas.
Tiens! Je vas l'emporter, s'exclama la
̃fille, empressée. C'est à l'aut' monsieur.
Elle décrocha rapidement le chapeau; on
discernait, dans son attitude, un certain em-
barras. La jeune femme ayant, en apparence,
maîtrisé son émotion, demanda
Où se trouve donc cet autre monsieur?
Dans la pièce à côté, m'dame. Il a changé
de chambre pour vous faire plaisir.
Reproduction interdite
Vue de Valence et une Vue 'du Havre, d'une
très jolie lumière, par Pierre Noury; un frais
paysage de rivière, par Maurice Marque; un
portrait de femme très décoratif, par Del-
tombe; une intimité observée par Fernand-
Trochain dans un effet délicat de pénombre;
un Automne dans le Tarn et une Ruelle à Cor-
des, qui ne passeront pas inaperçus dans l'œu-
vre d'André Strauss; deux paysages de Dor-
dogne où Madeleine Vaury atteste des acqui-
sitions toutes nouvelles dans son art, et quatre
petits motifs de banlieue ou de Paris inter-
prétés par Linet avec un sens exceptionnel des
valeurs et des atmosphères.-
Et voilà le dénombrement terminé. Il serait
incomplet, néanmoins, si nous ne disions l'in-
térêt qui s'attache aux débuts dans la céra-
mique du jeune Pierre Lebasque, fils du pein-
tre., Parmi les sculptures émaillées dont se dé-
core sa vitrine figure un morceau déjà magis-
tral, une façon de congre dont le mouvement
est saisi sur le vif et dont la peau grise et hui-
leuse est traduite avec un réel bonheur.
SALLE IV bis
René Piot serait le premier de nos fresquistes
si l'Etat ou la ville de Paris lui avaient fourni
l'occasion de se manifester dans un genre qui
convient à merveille à l'ornementation de vas-
tes salles. On a laissé vieillir sans l'utiliser ce
mâle talent fait pour se développer sur de
larges espaces. Il ne désespère pas, malgré
tout, de réussir à capter enfin une commande,
et le voici, qui nous soumet, en même temps
que le projet d'un ensemble, un panneau à
grandeur d'exécution. Ses Fouleurs de raisins
s nblent détachés d'une muraille de Pompéi.
Ils ont le nerf et la verdeur d'allure d'un des-
sin de vase grec et nous donnent une furieuse
envie de voir se réaliser ce beau rêve. Mais
l'ombre de la crise se projette sur cet espoir
si digne d'être réalisé; j'ai bien peur que Piot
n'en soit pour ses frais, et je trouve cette ca-
rence des -ouvoirs publics lamentable.
Il est fâcheux que Seyssaud n'ait pas envoyé
au Salon d'automne les deux toiles d'une si
noble allure qui figurent à la galerie Charpen-
tier dans l'exposition des « Paysages de
France ». Elles le représenteraient ici d'une fa-
çon beaucoup plus complète que son Paysage
de Vaucluse, qui n'est, tout compte fait, qu'une
superbe pochade et un petit air de flûte héroï-
que. Les salles énormes et la lumière crue d'un
salon éteignent et rendent muettes les toiles de
dimensions trop modestes et qui ne font pas
tableau. Cette considération ne s'applique pas
au Braconnier envoyé par le même artiste, et
qui est un morceau de haut goût.
René Juste compose adroitement, et ses effets
de neige sont d'un impressionnisme agréable.
Jean de Botton, une fois de plus, s'est trompé
son talent n'est pas mûr pour les grandes toi-
les auxquelles il s'obstine. La synthèse n'est
permise qu'à ceux qui ont de l'expérience et
qui savent. Qu'il se confine dans l'analyse jus-
qu'au jour où il aura conquis l'expérience et
le savoir. Libéré des imitations où le mainte-
naient des influences malheureuses, Seevagen
a trouvé sa formule dans les paysages de mer
qu'il expose, et dont les ciels sont étudiés dans
leurs masses nuageuses et dans leurs laiteuses
blancheurs avec autant de fraîcheur que de
sensibilité. Jeanne Billard a fait preuve, dans
son étude de Repriseuse, de bien jolies qualités
de naturel. Chalon est jeune, mais promet. Son
Moulin sur l'Indre est d'un artiste qui sait voir,
et son Innocence est empreinte d un humour
qui se dégagera encore mieux dans l'avenir.
Madeleine Dines a de l'ambition et des dons
naturels qu'elle n'utilise encore que bien im-
parfaitement. Madeleine Bunoust, plus âgée, a
déjà de l'expérience. Elle fait valoir à merveille
ce qu'elle sait dans sa Paysanne endormie sur
des gerbes et dans son paysage à VElang. La
Villéon a la facture la plus précieuse qui soit
il y joint de l'esprit et de la grâce dans sa
Nuit et dans son Automne. Le Breton, dans son
portrait d'homme, est à la fois délicat et ro-
buste. Les, vues de Provence, de Chénard-
Huché, sont d'une sincère, et grave honnêteté.
,O'C,onor" des -colorations Relatantes, mais: que
l'âge apaise peu a-peu. On ne verra pas sans
plaisir son nu féminin, très modèle, et ses
Fruits au rideau bleu. Bertrand Py a des qua-
lités-toutes' contraires. Son Intérieur à figures
vaut surtout par le sentiment et par la percep-
tion de toutes les nuances. Bagarry se cherche
encore, et son Canotage à Meulan, ne. dépasse
guère le niveau de l'imagerie foraine. L'obser-
vation qui s'appliquait plus haut à Jean. de
Botton s'applique à lui non moins exactement.
Il n'est pas mûr pour les effets de synthèse.
Edith Morgan a des fleurs d'une interprétation
très personnelle. Marceau, j'en ai peur, tourne
mal. Avec des dons très remarquables, il
n'aboutit, dans ses natures mortes, qu'à des
virtuosités de faiseur. Le talent de Paul de Cas-
tro, soutenu par une patience tenace, s'épanouit,
dans son Eglise de Cadenet, avec une superbe
largeur. Plus de sécheresses, une enveloppe e
très moelleuse, et-le motif baigne tout entier
dans une douce lumière blonde. Dans ses
fleurs, dans ses paysages, Ladureau a ses qua-
lités habituelles, relevées par une pointe de
style. Le Petit a un paysage du format le plus
modeste, mais • d'une puissance d'expression
saisissante; Gharreton, des impressions de na-
ture où la recherche de la matière joue un. rôl&
excessif; Lépreux, de croustillants souvenirs
marocains, et Andrée Joubert, un Cannes en
été très vivant.
SALLE V
Pierre Clairin n'a' pas encore réussi à trou-
ver dans le paysage une formule aussi défini-
tive que celle qu'il avait inaugurée l'an der-
Baptista s'était suffisamment ressaisie pour
ne pas admettre une invraisemblance aussi
flagrante:
̃. Allons donc! Je l'entendrais s'il occupait
.la pièce voisine.-
t ̃ Mais si, il y est. affirma la servante.
Alors, c'est bien étrange qu'il ne fasse
aucun bruit, reprit Mrs. Heddegan, regardant
sévèrement la jeune fille, afin de lui montrer
qu'elle n'ajoutait pas foi à ce mensonge.
Y n'fait pas d'bruit, mais c'est pas
étrange. •
L'épouvante reprit la nouvelle mariée. Une
main de glace se posait lourdement sur son
cœur, tandis qu'une pensée fulgurante lui tra-
versait l'esprit les affirmations illogiques de
cette fille pouvaient être véridiques, si l'on en
rapprochait ce qu'elle ne savait que trop.
Pourquoi n'est-,ce pas étrange? demanda-
t-elle d'une voix faible.
La chambrière demeura silencieuse, ipuis,
d'un air mystérieux
Si j'vous l'dis, m'dame, vous n'ks racon-
terez pas à là patronne?
Non, je vous le promets.
C'est un mort. l'maître d'école qui s'a
noyé hier.
Oh! gémit Baptista, en se cachant le vi-
sage dans ses mains.
La servante trouva l'agitation de la jeune
dame bien légitime; elle reprit avec indigna-
tion
J'ai dit à la patronne qu'y fallait pas faire
ça, qu'on n'doit point cacher aux clients des
choses comme ça. Mais l'monsieur n'est pas
mort d'une maladie infectieuse, qu'elle a dit.
Une pauvre et honnête aubergiste, qui tra-
vaille pour gagner son pain, qu'elle a dit,
n'peut pas laisser échapper une bonne occa-
sion. Comme on a amené l'nové ici, ça a
écarté les clients. Notre hôtel est vide quand
les aut' sont pleins. Dès l'instant qu'vot' mari
voulait point démordre pour c'te chambre, et
qu'il la payerait bien, la patronne a décidé qVy
l'aurait. S'y vous plaît, m'dame, n'lui dites
rien, elle m'attraperait. Tout l'linge a été
changé; l'enquête n'aura lieu que d'main, après
vot'départ; elle croyait qu'vous n'sauriez rien,
vu qu'vous êtes pas du pays.
A ce moment, les pas 'de Heddegan reten-
tirent dans le couloir. Baptista, incapable de
parler, fit signe à la servante de sortir. L'arma-
teur entra vivement et tendit à la jeune femme
un flacon de sels, en disant
Etes-vous un peu mieux?
Cet hôtel me déplaît, s'écria-t-elle tout
d'une haleine. Je désire le quitter immédiate-
ment.
Qu'est-ce que cela signifie? répliqua-t-il
d'un ton bourru.. (C'était la première fors qu'il
lui parlait ainsi,) Kraij .vfiS capnçes feraient
nier dans le motif d'intérieur et le portrait. Sou
Chemin dé. Saint-Biaise, en Dauphiné, n'en est
pas moins un morceau d'une appréciable fraî-
cheur. Vandières a interprété une rue de Pa-
ris, par temps gris, à la manière de feu Pis-
sarro, mais avec plus-'1' d'élan,' plus de fougue
et dans une plus belle, matière. Les Raisins
d'Eve Franquelin, sont en progrès très marqué
sur ses travaux antérieurs. Il y a la une sensi-
bilité, des souplesses qui font de cette petite
toile une des meilleures natures mortes du
Salon. Je ne vous reparlerai pas de la nature
morte de Deshaycs mentionnée avec éloges
samedi et dont les notes claires illuminent
gaiement toute cette salle, mais je signalerai
avec un plaisir sans mélange les études de
fleurs d'Antoinette Destrem dont le charme est
fait à la fois d'une couleur très riche et du
sentiment le plus fin. Marcel Roche dans ses
Joueurs} d'échecs a .réalisé un-des meilleurs
morceaux de sa carrière. Corneaira uw Champ
de fleurs et une Plage dont l'impression est
très juste. La figure de femme assise par Henri
Julien dans un pré à l'état sauvage s'adapte
on ne peut mieux au motif et son imprécision
est une grâce de plus dans ce coin de nature
abandonné. Carlos Reymond a fait de; son
Vieux pont de Vcrnon et de son Eglise *de
village des études d'atmosphère d'un intérêt
très particulier. La femme arabe en robe rosé
étendue par Mainssieux sur un lit de sable
fauve ne m'inspire, malgré le chat noir qui
l'escorte, et les qualités d'œil que décèle la
toile, qu'une sympathie très relative. Ce mor-
ceau de genre eût gagné à être exécuté dans
des dimensions plus restreintes. Victor Klein
est un interprète très sûr, mais quelque peu
gourmé, de la fleur. Le motif d'intérieur où
Richard Maguet nous montre un écolier appli-
qué, sous la surveillance de sa mère, à écrire
ses devoirs, est un très bon tableau qui en pro-
met encore de meilleurs. Marthe Lebasque a
une Coiffeuse et des Fleurs d'une facture spi-
rituelle et vive. Luc-Rousseau est un peintre-né.
Rien de mieux composé, de plus naturel dans
les attitudes, de plus aisé et de plus souple
dans les nuances les plus imperceptibles du
modelé que son petit nu au divan accompagné
de deux figures de femmes habillées. J'y vois
un des morceaux les plus accomplis, sans sur-
charge aucune de détails, qui aient été peints
par un jeune. Luc-Rousseau a le plus bel ave-
nir. On en peut dire autant d'Henriette Groll,
dont le portrait de jeune fille est vigoureuse-
ment étudié sans dureté et excellemment peint
dans une note très originale de couleur, N'
ni les paysages marocains d'Hébuterne, et pas-
sons à la sallg suivante. ̃̃
SALLE VI
Même sans parler de Valdo Barbey, qui joint
ici à sa Rade de Brest, un morceau de haut goût
formé d'un costume d'officier de marine posé
négligemment sur une table, et dont l'ensemble
a du style; même sans revenir sur Ekegardh,
qui a recueilli avec Barbey, dans notre, article
de samedi, une appréciable part d'attention,
cette salle fourmille de bonnes pièces. André
Fraye, dont nous attendions depuis longtemps
la pièce définitive qui l'eût classé hors rang,
et dont le talent se galvaudait en pochades,
s'est enfin résolu à nous donner un tableau, et
ce tableau est de la meilleure venue. Son rocher
battu par les vagues n'a pas seulement grande
allure, il est d'un mouvement* et d'une vie qui
font plaisir à voir. Je n'en dirai pas autant du
projet de grand tableau les Filles de la Ro-
chelle envoyé par Marchand, et qui n'est
qu'une détestable vignette. Le bel artiste qu'il
est ne se retrouve que dans ses portraits de
femmes, dont le caractère est remarquable.-
Gimmi a déployé, dans une grande nature
morte, des qualités précieuses d harmoniste, et
sa Femme se coiffant a droit à une estime
toute, spéciale. Elle est vraie d'attitude, non
moins vraie de sentiment et bien peinte.
English a deux nus dont le plus petit est le
meilleur, et des fleurs d'une exceptionnelle ri-
chesse de couleur. Coubine a une nature
morte de fruits
a deux vues d'Avignon conçues dans un esprit
tout nouveau, et qui s'écartent nettement dé la
formule trop décorative dans laquelle on les
traite habituellement sans raison. Lotiron, dans
is.a Batteuse, a-t-il voulu nous donner un tableau
u l'esquisse d'une frise ? Je préférerais la se-
conde solution, le motif se prêtant beaucoup
mieux à une destination décorative qu'à toute
autre. Marika Ekstro3m est encore sous l'em-
pire des préoccupations excessives de matières
épaisses qui ont eu cours pendant ces dernières
années, mais son portrait de femme est, en
dépit de* ses noirceurs, d'un très bel effet. La
scene de Polo, d'André Mare, est d'un magni-
fique mouvement et d'une couleur harmonieuse
et forte. La Nature morte au verre, envoyée par
Marthe Simpson, atteste une maturité de goût
et de métier qu'on ne retrouve pas au même
degré dans son portrait de femme.
.̃ SALLE VII w
Warroquier s'y attarde à employer dans le
nu des procédés qui sentent à l'excès le
cubisme. On peut accuser les volumes avec
ioute la netteté désirable sans équarrir lou'r-
dement les formes. Le graveur Perrichon, dans
deux paysages exigus, se révèle comme un
peintre étonnamment sensible et capable des
effets de matière les plus rares. Le paysage de
Provence de Savreux est compris avec une in-
telligence et traité avec une largeur qui l'élè-
yenttrès naturellement jusqu'au style. Une
grandeur d'impression s'en dégage qui conj-
perdrë patience à un saint. Vous m'envoyez au
diable vauvert et à mon retour vous me dites
que l'hôtel ne vous convient pas, quand j'ai
dépensé tant d'argent et usé ma langue pour
vous obtenir une jolie chambre! Convenez qu'il
y aurait de quoi. Je ne veux pas vous en dire
plus long pour l'instant, mais je ne puis céder
a votre fantaisie en changeant d'hôtel, ma
chère. A une heure aussi tardive, nous ne trou-
verions pas une auberge convenable; toutes les
autres sont remplies de gens tapageurs et tur-
bulents, tandis que celle-ci est silencieuse
comme une tombe. je veux dire comme une
maison de campagne. Donc, tâchez de prendre
patience; demain nous partirons d'aussi bonne
heure qu'il vous plaira.
Avec l'âge, l'entêtement l'emportait chez lui
sur la complaisance.. Baptista n'insista pas.
L'aversion subite de la jeune femme pour cet
appartement eût été bien excusable si elle avait
expliqué à son mari qu'un cadavre, qui se trou-
vait dans leur chambre un instant plus tôt, gi-
sait dans la pièce contiguë. Cela ne nécessi-
tait aucune révélation superflue. Mais l'idée de
faire allusion à ce rhort glaçait le sang de la
malheureuse, elle ne s'en sentait pas le cou-
rage. L'épouvante l'anéantissait: elle ne com-
prenait qu'une chose: le destin la condamnait
à une affreuse promiscuité par le rapproche-
ment du mari vivant èt du mort.
Ses terreurs furent justifiées durant cette
macabre nuit de. noces, elle reposa entre
les deux hommes qu'elle avait épousés: d'un
côté David Heddegan, et de l'autre, derrière. la.
cloison contre laquelle se trouvait le lit, Cti.ar-
'les Stow.
VI
Trois jours s'écoulèrent; le Temps miséricor-
dieux éloignait de Baptista cette terrible nuit.
Bien qu'elle n'eût pas été malade, au sens exact t
du mot, elle était restée plongée dans une tor-
peur hypnotique, d'où elle sortait à peine pour
articuler quelques paroles. Si son mari s'in-
quiétait de sa santé, elle répliquait qu'elle se
portait fort bien.
Dans ces conditions, leur voyage ne fut pas
un succès. Ils allèrent jusqu'à Falmouth. Là,
sur les instances de la jeune femme, Heddegan
consentit à revenir chez eux. Il leur fallait
pour cela passer par Pen-Zephyr. Dans le
train, Baptista lut une feuille hebdomadaire où
l'on donnait le compte rendu de l'enquête ou-
verte sur la mort de Stow: le reporter ajoutait
que les funérailles auraient lieu à Redrutin,
ville natale du défunt, le vendredi suivant.
Après cette lecture, Baptista ne témoigna au-
cune répugnance à se retrouver si près du
théâtre de la tragédie dont elle avait été le
principal témoin. Elle demanda simplement à
son mari de ne pas descendre dans le même
traste heureusement avec les interprétations
sans accent qu'en donnent la plupart de nos
peintres. Ai-je besoin de vous redire tout le
charme de la nature morte et du coin de village
de Bonnard ? Il me suffit de vous rappeler
qu'ils sont là. Le nu dans un hamac, d'Asselin,
figure également dans cette salle qui dépasse
en intérêt toutes les autres. Mme Séailles n'a
jamais été si bien inspirée que dans sa Tête
d'enfant, peinte certainement dans la joie, et
d'une expression émouvante. Barat-Levrault
s'est montré supérieur à lui-même dans son Nu
sous les arbres et dans sa Barque parmi les
fleurs. J'ajouterai à ce que j'ai dit déjà du por-
trait de' jeune homme de Sabbagh, qu'il est
enlevé dans une matière d'autant plus belle,
à mon sens, qu'elle n'a point d'épaisseur. Il
y a dans la Vue sur Saint-Paul, de Dethow,
quelque chose d'arbitraire et de voulu qui va
jusqu'à Pâpreté et fait soupçonner que l'effet
n'est pas juste. Les fleurs'de Bonfils ont du
caractère, mais un caractère trop décoratif. Le
buste de jeune femme, de Capon, est construit
fortement, ce qui n'enlève rien à son charme,
et Gérard Cochet, dans ses Léopards, n'a ni la
vigueur ni le cran nécessaires.
Thiébault-Sisson.
REVUE DE LA PRESSE
PRESSE PARISIENNE
A propos du discours de. M. Herriot à Poitiers,
Senatus écrit dans l'Homme libre
On n'ignore pas que les indices de l'alimentation
doivent, au moins sur les principaux chapitres, dimi-
nuer encore pour que la production industrielle re-
trouve ses débouchés habituels. On peut espérer que
les mesures prises par M. Chautemps y aideront. Mais
qu'on n'oublie pas ceci le retour à l'équilibre ne sera
pas atteint sans que la puissance d'achat du cultiva-
teur soit rétablie.
V Ere nouvelle ajoute
Si l'on veut, en effet, que le vote d'un budget équjli-
brésoit réellement le prélude à une action efficace
contre les effets de la crise mondiale en même temps
qu'une assurance sérieuse donnée au pays quant à la
politique financière de l'Etat, il est indispensable qu'il
soit bien entendu qu'une fois le budget voté nous herons
à l'abri de toute initiative de nature à en bouleverser
les dispositions.
Dans les circonstances exceptionnelles où nous nous
trouvons, il faut avoir recours à des mesures exception-
nelles.
M, Emile JBuré cite dans l'Ordre un manifeste
du parti bolchevlste, allemand qui demande « une
armée de libération révolutionnaire dans le combat
contre Versailles ». Il commente ce texte
'On me jugera pessimiste. Je le suis en effet. Mais je
ne saurais l'être assez, .après avoir entendu le chef du
gouvernement de mon pays prononcer à la tribune du
Parlement un discours tolstoïen, préconiser la non-
résistance au mal, en face du monde en armes. Edouard
Herriot pense .qu'il peut y avoir équilibre sans force; ;1
confond force et violence.
ARMÉE
Chez les anciens combattants
Plusieurs réunions d'anciens combattants ont
eu lieu, hier, en province. A Arras, où s'est tenu
le congrès de la Fédération nationale des combat-
tants républicains, une motion a été votée, ad-
jurant le gouvernement de réaliser le désarme-
ment contrôlé, la France donnant l'exemple.
D'autre part, en ce qui concerne la revision des
pensions, 10,000 anciens combattants du Pas-de-
Calais ont chargé une délégation de protester, par
un cahier de revendications déposé à la préfec-
ture.
A Mont-de-Marsan, une motion a été votée au
cours du meeting de la Fédération landaise des
combattants, motion demandant le respect des
droits acquis aux victimes de la guerre.
Même protestation à la section lyonnaise de
l'Union des victimes de la guerre et anciens com-
battants des administrations de l'Etat.
A Guéret, la Fédération départementale des
anciens combattants a déclaré accepter la revi-
sion des pensions des malades non titulaires de
la carte du combattant. i;: <>
Le congrès de l'Association nationale'"1' l
des officiers en retraite
L'Association nationale des officiers retraités
des armées de terre, de mer et de l'air tenu
hier son congrès annuel, rue Las-Cases, sous la
présidence du colonel Buisson. La discussion a
porté sur la péréquation des pensions, c'est-à-
dire le rajustement des retraites d'après les nou-
veaux traitements; le maintien de la retraite du
combattant et des veuves de guerre telles qu'elles
ont été instituées par les lois antérieures.
Entre les deux séances, les congressistes ont
assisté à un banquet présidé par le général Mi-
chel. Au dessert, des discours ont été prononcés
par le président de l'association, le colonel Buis-
son, par les généraux Michel et Niessél, par le
commandant Hébrard et par l'amiral Cambon.
Le tank qui peut traverser un cours d'eau
L'Espagnol Ruiz, inventeur du tank sous-ma-
rin dont nous avons déjà parlé, a repris ses essais
hier, en présence d'experts officiels. Son appa-
reil serait resté immergé de 11 h. 10 jusqu'à
16 h. 30. L'inventeur serait sorti de son engin en
excellent état de santé. g
MARINE MAROHAHDE
Les avaries de 1' « Olympic »
Suivant le Daily Herald, un nouvel examen du
paquebot britannique Olympie aurait révélé que
les avaries de machine seraient, plus graves qu on
ne le croyait tout d'abord. Ce journal ajoute que
les experts décideront aujourd'hui s'il y a lieu
ou non d'envoyer cette unité à Belfast, où elle a
été construite il y a vingt et un ans.
hôtel .que la première fois. Elle semblait main-
tenant une créature toute différente, plus
calme, mieux équilibrée. Ils arrivèrent avant
dix heures du matin; bientôt Baptista déclara
qu'elle allait sortir, puisqu'ils disposaient de
beaucoup de loisirs.
Pour faire des achats, ma chère, comme
d'habitude? demanda Heddegan.
Oui, en partie pour cela, répliqua-t-elle.
Il vaut mieux vous reposer un peu, David,
après toutes nos pérégrinations.
Il consentit à cette proposition, demeura dans
l'hôtel où il venait de retenir une chambre, et
la jeune femme s'éloigna rapidement. Elle se
rendit d'abord dans un magasin de confection,
où elle acheta une robe et un chapeau noirs
ainsi qu'un voile de crêpe. Elle portait déjà
un manteau noir. La vendeuse flt un paquet de
ces différents articles et offrit à sa cliente de
le lui envoyer, mais celle-ci déclara qu'elle
désirait l'emporter tout de suite. En sortant du
magasin, elle se rendit directement à la gare
et prit un billet pour Redrutin.
Baptista estait sortie de la torpeur où elle était
plongée les jours précédents. Sans vouloir dé-
truire le bonheur de son second mari en lui réf
vêlant la tragique histoire du premier, elle
avait résolu pourtant, par une inconséquence
et une délicatesse bien féminines, de rendre au
défunt les derniers devoirs,' sans qu'il en ré-
sultât. aucune'complication fâcheuse.
Ella monta dans un compartiment vide, y
changea de vêtements dès le départ du train,
mit ses autres effets dans le carton d'où elle
venait d'extraire ses habits de deuilC Arrivé^ à
Redrutin, après avoir déposé le paquet à la
consigne, la jeune femme fit le tour du pays,
afin de reconnaître les lieux, puis gravit une
afi:Q dereconnattre les lieux, puis gravi. une
côte dominant le cimetière, Au loin, une hor-
loge sonna deux coups. Baptista vit bientôt un
convoi funèbre monter le chemin escarpé. Elle
prit aussitôt la même direction. Lorsqu'il attei-
gnit les grilles du cimetière, elle se joignit
discrètement au cortège. Les parents du maître
d'école étaient assez nombreux; en outre, des
voisins, des amis, des inconnus, ayant appris
la mort subite de Stow par les journaux,
avaient tenu à l'accompagner à sa dernière de-
meure. Mrs. Heddegan passa inaperçue dans
cette foule. Elle conserva son calme en sui-
vant, derrière le corbillard, le sentier tortueux
qui menait à la chapelle et ensuite celui qui
conduisait à la tombe. Quand tous les assis-
tants se furent éloignés, Baptista s'approcha de
la fosse, jeta sur le cercueil un bouquet de
myosotis qu'elle dissimulait sous sa pèlerine.
Puis elle quitta le champ des morts. Un peu
avant cinq heures elle était de retour à Pen-
Zephyr. Mr. Heddegan l'accueillit par des re-
proches
rr= Je ne suis pas content de XQWsi ffia P.hè£g.
Ce journal ajoute qu'il est possible que les di-
recteurs de la compagnie décident de vendre ce
paquebot qui serait alors démoli.
• • m
A I^'HOTEk BE VILLE
Les ilote insalubres
Par arrêté du préfet de la Seine, est déclarée
d'utilité publique, dans le 4* arrondissement,
l'expropriation, pour cause d'insalubrité, de
trente et un immeubles compris entre les rues
Simon-le-Franc et Saint-Merri1, de quinze immeu-
bles compris entre les rues Saint-Martin, de la
Reynie, Àubry-le-Boucher et Quiiicampoiix, Ces
propriétés sont en même temps déclarées « ces-
sibles immédiatement et en totalité ».
âCÀDÉiiES, UNIVERSITÉS, ECOLES
M. de Monzie
et les associations de parents d'élèves
M. de Monzie, ministre de l'éducation nationale,
vient d'adresser aux recteurs la circulaire suivante
relative aux associations de parents d'élèves
La participation des délégués des associations des
parents d'élèves des lycées et collèges aux travaux des
commissions, que j'ai instituées pour l'entrée en 6°,
a montré combien pouvait être fructueuse la collabo-
ration des familles et des chefs d'établissement.
J'estime dono désirable que les associations soient
en mesure de grouper le plus grand nombre de par-
rents d'élèves, afin que leurs délégués aient qualité
pour porter au sein des conseils où ils pourront être
appelés à siéger, les véritables aspirations des « usa-
gers ».
Il n'entre pas cependant' dans ma pensée, de de-
mander aux directeurs, aux proviseurs ou aux princi-
paux d'exercer sur leurs élèves la moindre pression
en faveur du rebrutement d'un groupement de parants;
la liberté d'association a pour contre-partie légitime le
droit à l'isolement.
Mais, je vous demande d'inviter les chefs d'étiblis-
sement à faire connaître dans le courant du mois d'oc-
tobre, par note adressée à toutes les familles, le siège
social de l'association, le nom et l'adresse de la per-
sonne qualifiée pour recevoir les adhésions.
A cette note pourrait être jointe une très brève no-
tice, indiquant les buts de l'association de parents
d'élèves, les conditions à remplir pour en être membre
actif, le montant de la cotisation. Cette notice impri-
mée serait remise par le président de l'association au
chef de l'établissement.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que cette facilité n'est
pas destinée à imposer aux familles l'obligation d'adhé-
rer à telle ou telle association d'assurances accidents.
L'adhésion à l'assurance ne saurait être la condition
sine qua non de l'adhésion à l'association.
Voué -voudrez bien me signaler les établissements
d'enseignement secondaire du ressort de votre acadé-
mie auprès desquels ne se serait pas constituée une
association de parents d'élèves.
EGHOS ET IftfORIHflTIOnS
La famille Babinski. Le docteur Babinski, qui
vient de mourir et qui aura été, sans conteste,
l'un des plus grands parmi les neurologues fran-
çais, était d'origine polonaise. Son père, après
avoir combattu les Russes en 1830, émigra en
France et s'y fixa. L'on n'a pas oublié à Paris, le
frère du docteur Babinski, l'ingénieur Henri Ba-
binski, que son fameux livre de cuisine a rendu
célèbre sous le nom d'Ali Bab. Deux autres Ba-
binski cousins germains des défunts sont
restés citoyens polonais et, diplomates tous deux,
occupent des hauts postes au ministère des af-
faires étrangères à Varsovie.
A la mémoire de Prosper Mérimée, On sait
que Prosper Mérimée mourut à Cannes le 23 sep-
tembre 18?0, et que la dépouille de l'écrivain re-
pose dans le petit cimetière de cette ville. Cannes
n'a pas oublié celui qui fut un de ses hôtes les
plus illustres. Elle a donné son nom à un square.
Elle va, demain encore, honorer sa mémoire en
plaçant sur la stèle qui orne sa tombe un médail-
lon qu'exécuta en 1868 à Cannes le sculpteur an-
glais Monroe, qui venait depuis 1865 sur les bords
de la Méditerrannée pour sa santé, et qui fit à
Cannes la connaissance de l'auteur de Colomba.
Un code international du fcridge. Depuis plu-
sieurs années, des centaines de milliers de mots
Qnt été échangés, entre la, France, l'Angleterre et
lesEtats-Bnis^au sujet, d'un jeu. Lebut était d'ar-
river" une entente internationale au sujet du
bridge. Ce but est atteint. Les accords ont été si-
gnés ces jours-ci entre la commission française du
bridge, le Portland Club de Londres et le Whist
Club de New-York. Et le code international du
bridge, qui comporte une édition française, une
édition anglaise et une édition américaine, va être
imprimé. Cette législation unifiée permettra aux
bridgeurs de retrouver désormais partout la même
loi et de n'avoir plus à s'adapter à des règles qui
souvent venaient troubler leurs habitudes.
L'accord ne s'est cependant réalisé que sur la
risprudence. Chaque pays garde sa marque pré-
férée, les Français le plafond, les Américains le
contraot; quant aux Anglais ils conservent l'auc-
tion qui a toujours beaucoup de fidèles dans l'Em-
pire britannique et font une addition du plafond
et du contract.
Quoique le plafond soit toujours dans notre pays
le jeu favori, l'édition française comportera à titre
documentaire la marque des deux autres jeux of-
ficiellement reconnus.
Nous avons enfin l'exemple d'une entente uni-
verselle.
Soupers de couleur. La presse viennoise si-
gnale le succès obtenu par une maîtresse de mai-
son qui récemment convia sur papier rose
ses amis à un « Souper rosé » (L'invitation était
en français). Sur une nappe rose, parée de rosés
rosés, éclairées de bougies roses, dans de la vais-
selle rose, no furent servis que des mets rosés
crevettes, saumon froid, tranches de veau, foie
gras, fraises écrasées dans de la crème, glace à la
framboise, petits fours, arrosés de vin. rosé, natu-
rellement. Des hôtesses rivales cherchent actuel-
lement à organiser des soupers noirs (caviar, truf-
fes, venaisons, chocolat), rouges (écrevisses, ho-
mard, rougets, rosbif tomates) ou verts, pour vé-
gétariens. Ces tentatives n'ont qu'un rapport assez
t
A-t-on idée de s'absenter si longtemps! Je
croyais que vous en auriez pour une heure au
plus. ̃
J'ai été retardée. ̃
Allons! ça ne servira à rien de me plain-
dre, je le reconnais. N'en parlons plus. Vous
paraissez si fatiguée, si mal à l'aise, que je
n'ai pas le cœur à vous faire une confidence ce
soir, comme j'en avais l'intention.
Je suis lasse, en effet, David. Nous retour-
nons' demain à Giant, j'espère?
Ah certes, oui s'écria Heddegan avec con-
viction, comme s'il ne tenait pas, lui non plus,
à prolonger leur brève lune de miel. Il faut
que je me remette au travail dès lundi.
Les nouveaux mariés prirent donc le vapeur
le lendemain matin, et purent s'installer chez
eux à Giant dans l'après-midi. Dès qu'elle mit
le pied sur le sol de Sainte-Maria, Baptista
sembla délivrée du poids qui l'oppressait. Son
mari attribua ce changement aux brises de
mer dont elle avait été privée sur le continent.
Quoi qu'il en soit, dans ce cadre familier, tout
près de la maison de ses parents, la jeune
femme retrouva bientôt ses manières habituel-
les, peu démonstratives d'ailleurs. Elle accep-
tait avec calme sa nouvelle situation, souriant
à demi quand les voisines, s'accoutumant à
l'appeler Mrs. Heddegan prétendaient qu'elle
allait se mettre à la tête des élégantes de Giant.
Les affaires de l'armateur étaient beaucoup
plus prospères que celles de Mr. Threwthen.
L'aisance jusqu'ici inconnue d'elle dont dispo-
sait Baptista ne fut pas sans influencer sur
son humeur. Une, deux, trois semaines passè-
rent. Obéissant à sa nature fataliste, elle atten-
dit les événements sans s'efforcer de les préve-
nir, soit par un aveu, soit par un redoublement
de précautions. Elle ne chercha pas à se pré-
munir contre les indiscrétions possibles, ni
même à savoir ce qu'elle devait craindre des
délateurs qui pouvaient sortir de l'ombre, ino-
pinément.
Un soir, vers la fin du premier mois de son
mariage, Baptista se trouvait dans le jardin
attenant à la maison, lorsqu'elle vit passer sur
la route un homme vêtu d'une jaquette noire
graisseuse et coiffé d'un chapeau haut de
formé. Ce vagabond n'eût pas paru trop bizarre
dans les faubourgs d'une grande ville, mais
dans l'île Sainte-Maria les gens de cette es-
pèce ne se rencontraient guère. Il aperçut la
jeune femme, qui sans chapeau ni manteau
était pleinement reconnaissable. Il s'arrêta et
d'un air de joyeuse surprise, s'appuyant sur le
mur peu élevé, demanda:
Vous ne me reconnaissez pas?
Baptista répondit négativement; cependant,
la figu re de l'homme ne lui était pas tout à fait
inconnue.
Mais, voyons. J'ai été témoin à votre ma-
lointain avec l'ordonnance culinaire d'un bon re-
pas, mais elles font au moins oublier là crise' et
ce peut devenir un jeu de société que d'imaginer
des menus de dîners blancs, jaunes, etc.
Une ile perdue. En recherchant un point d'où
pourrait être scientifiquement observée l'éclipsé
de soleil du 28 juin 1937 les professeurs Kopff et
James Robertson ont découvert, dans de vieux
atlas, une certaine île Sarahan que les nouvelles
cartes de l'océan Pacifique ne mentionnent plus.
Elle serait tellement en dehors de toutes les rou-
tes maritimes que les cartographes, incertains de
son existence, l'ont, par prudence, supprimée. Un
appel est adressé aux capitaines de navires mar-
chands qui traversent le Pacifique pour leur de-
mander de chercher l'île. qui a d'ailleurs peut-
être bien réellement disparu.
Le coffret de l'évêque Colenso. Depuis un
quart de siècle, l'église de Sainte-Marie à Maritz-
burg, dans le Natal, veillait jalousement sur un
coffret que lui avait légué le fameux évêque héré-
tique Colenso avec défense de l'ouvrir avant que le.
dernier membre de sa famille fût décédé.
Cette mort venant de se produire, des représen-
tants du gouvernement britannique, et de l'Eglise
d'Angleterre,, accompagné d'hommes de loi et
d'amis de la famille se sont rendus a la sacristie
de l'église Sainte-Marie.
Le coffret, que l'on croyait recéler d'importants
documents ou des reliques, ne contenait qu'une
fourmilière et un vieux morceau de drap rouge.
Mais, avant de taxer l'évêque Colenso de mauvais
plaisant, ce que ses fantaisies dogmatiques pour-
raient faire supposer, il reste à savoir si les four-
mis n'ont pas dévoré, depuis 25 ans, le précieux
contenu du coffret.
♦ v ̃
Mariages
On annonce le mariage de Mlle Daniele de
Grandchamp avec M. André d'Artemare. La béné-
diction nuptiale leur sera donnée, dans l'intimité*
le 19'novembre à Saint-Jean-de-Luz..
Nécrologie
Nous avons annoncé la mort du docteur
J. Babinski, membre de l'Académie de médecine,
commandeur de la Légion d'honneur. Ses obsè-
ques auront lieu le mercredi 2 novembre à
15 heures précises, en l'église de Montmorency
(Seine-et-Oise), où l'on se réunira. Une messe
sera dite à son intention le vendredi 4, à 11 heu-
res, en l'église Saint-Philippe du Roule à Paris.
Ni fleurs ni couronnes. Le présent avis tient lieu
d'invitation.
On annonce le décès de M. Maurice Gail, pré-c
sident honoraire à la cour d'appel de Paris, offi-
cier de la Légion d'honneur. Les obsèques auront.
lieu mercredi 2 novembre à midi, en l'église
Notre-Dame d'Auteuil où l'on se réunira.
Les famiHes Rayer, Croulard et Gueugnier
ont la douleur de faire part de la mort de M.
Gustave Rayer, survenue dans sa Si" année, en
son domicile, 3, rue La Boétie. La cérémonie
religieuse a eu lieu dans la plus stricte intimité.
On nous prie d'annoncer la mort de M. Gus-
tave Bémont, préparateur honoraire à l'Ecole de
physique et de .chimie de la ville de Paris, cheva-
lier de la Légion d'honneur, décédé à Paris le
28 octobre. Ses obsèques ont eu lieu dans la plus
stricte intimité.
Mme Jules Stern, Mlle Alice Stern, le doc-i
tour Marcel Thalheimer, chirurgien des hôpitaux,-
et Mme, M. Jean-Pierre Stern ont la douleur de
faire part du décès de M. Jules Stern. Suivant la
.volonté du défunt, les obsèques ont eu lieu dans
la plus stricte intimité. Saink-Cloud, le. 30 octo-
bre 1932.
Les obsèques du docteur Paul Lefaye, che-t
valier de la Légion d'honneur, décédé le 30 oc-<
tobre 1932 en son domicile, '213, boulevard Saïnt-i
Denis à Courbevoie, auront lieu le mercredi 2 no-r
vembre en l'église Saint-Pierre-Saint-Paul de
Courbevoie h 11 heures. L'inhumation aura lileu
au cimetière do Courbevoie. De la part des fa-
milles Lefaye, Malenfant et Nel, de ses confrères'
et amis. Départ de la maison mortuaire à 10 h. 30;
N'apporter que des fleurs. Le présent avis tient
'lieu d'invitation.
Mme Bernard Gentzberger, née Lucie Wunni
ser, et toute la famille, ont le regret de faire partj
du décès de M. Bernard Gentzberger, 7, rue Pierre-r
Haret., Les. obsèques ont eu lieu dans l'intimité.
Nouvelles diverses
M. Paganon a présidé hier, à Vieille (Isère)',1
une manifestation à l'occasion de ̃ l'inauguration'
d'une école, d'un service nouveau,de l'électricité'
et d'une série de travaux d'édilité de l'ordre de
quinze millions.
̃ Une caisse de chômage, réservée aux journa-'
listes, est constituée et fonctionne à partir du-
2 novembre au Syndicat national des journalistes.
Les journalistes en chômage, qu'ils appartien-
nent ou non au syndicat national, sont invités à
se présenter pour demander leur inscription et re-
cevoir tous renseignements utiles, au siège, du
syndicat, 17, rue du Cygne à 2 h. 30 de l'après-t
midi.
Cours et conférences
Sur « France-Allemagne >L Léon Daudet don-
nera une conférence, grande salle Pleyel, 252, faubourgi
Saint-Honoré, le samedi 5 novembre, à 21 heures. Lo-
cation ouverte.
Les cours de l'Ecole du Louvre reprendront ©ettfi
année le lundi 14 novembre, aussitôt après la session:
d'examen qui s'ouvre le 3 novembre. Ils seront don-i
nés dans l'ancienne salle, 38, quai du Louvre, en atten-
dant l'achèvement des locaux de la cour Visoonli, qui
seront inaugurés vraisemblablement en décembre.
Les inscriptions sont reçues au secrétariat de l'Eooie»
38, quai du Louvre.
Ce- soir et demain
Lundi soir. 20 h. 30, Palais des sports, boxe Thll-
Len Johnson; 21 h., Théâtre des Champs-Elysées Itf
récital Lotte Lehmann.
MARDI; Toussaint. 14 h., Buffalo match Paris-*
Londres; 20 h. 30, salle Pleyel, reprise des concerts
du Cercle musical de Paris.
riage, madame! Vous ne vous rappelez donc
pas l'ouvrier qui réparait un vitrail de l'église,
quand vous y entriez avec votre futur? Le sa--
cristain m'a fait descendre de l'échelle et je
suis venu signer mon nom sur le registre.
Mrs. Heddegan promena sur le jardin un re-i
gard inquiet. Son mari se trouvait trop loin
pour les entendre, Dieu merci! En effet, lé
vitrier n'avait pas été témoin. du mariage de
David, mais de celui de Charles.
J'ai, eu -du malheur depuis, poursuivit lè.
passant, bien du malheur. mais à quoi bon
vous attrister par des détails ? Oui, me voilà;
sans travail, il n'y a pas si longtemps. atten-
dez, un mois bientôt, car vous vous êtes mariée
le premier ou le deux août.
Baptista, soucieuse d'échapper à la curiosité
de son interlocuteur, s'était un peu éloignée.
Un marin du pays, qui s'approchait, la pipe à
la bouche, et venait d'entendre les dernières
paroles du chômeur, crut nécessaire de se mê-i
ler à la conversation:
Vous ne faites pas erreur, car le deux août
je débarquais à Giant et c'est ce jour-là qu'ils
s'y sont mariés.
La jeune femme, de l'autre côté du mur,
perçut le dialogue suivant
Hé! oui, répétait le pauvre hère, j'ai signé
sur le registre comme témoin. Où donc est le
mari?
Quelque part, là-bas. On ne les voit pas
souvent ensemble, ajouta le matelot en bais-
sant la voix. Il est bien plus âgé qu'elle, vous
savez. ̃.
r– Plus â^gé,? Vous croyez? ^e n'aurais pas
cru. En tout cas, il m'a; parti un fort beau
garçon.
Tenez, le voilà, nous allons pouvoir en ju*
ger par nous-mêmes.
Précisément, David Heddegan paraissait au
bout du jardin. Le besogneux, stupéfait, regar-
dait tour,à à tour le mari et la femme. Il vit cette
dernière pâlir. Notre vitrier était trop perspi-
case et trop astucieux- pour faire un éclat. Il
résolut de se tenir tranquille, jusqu'à ce qu'il
eût trouvé le mot de l'énigme, et murmura néz
̃gligemment:.
Le mariage vous change un homme je*
ne l'aurais pas reconnu.
Son regard, avec une étrange insistance, se
posa sur Baptista décontenancée. Puis s'appro-
chant de l'endroit où elle se trouvait, il la con-
jura de lui rendre le bon procédé qu'il avait
eu envers elle. Mrs. Heddegan comprit ce qu'il
voulait: elle lui donna une petite somme d/ar-
gent, et le vitrier, après s'être confondu en re-
merciements, s'éloigna aussitôt.
THOMAS Hardy.
(Traduit de l'anglais par CLAUDE d'Abthiès.)
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