Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-01-09
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34431794k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 137484 Nombre total de vues : 137484
Description : 09 janvier 1930 09 janvier 1930
Description : 1930/01/09 (Numéro 24977). 1930/01/09 (Numéro 24977).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : France-Japon Collection numérique : France-Japon
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k247726d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
Ob s'abonne aux Bureaux du Journal, 5, RUE DES ITALIENS, A PARIS (9°), et dans tous les Bureaux de Poste
JEUDI 9 JANVIER 1930
SOIXANTE-DIXIEME. ANNEE. N" 24971
PRIX DE L'ABONNEMENT
PASIS, DÉPABTSHEHTS et COLON*» FRAHQ– Trois moii 3.0 fr. Siimoi» B8fr. Bai» «IDIr.
I >»ys- accordant naa réduction d»
ÉTBiHQER 50 0/0 snrle3 tarifs postera.' S2fr. IO2£r. 2OOfr.
( Autos p»ys. 75fr. I47fr.. 290&S.
M» ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQOE MO|S
Un numéro -(PÂfas et .DÉPARTEMENTS) 4O centimes
ANNONCES, Aux BUREAUX, Du ΍mps,, 5, rue des Italiens,
à VAgenoe HAVAS et. dans ses succursales
et dans toutes les Agences de Publicité
le Journal décline toute responsabilité quant à leur, teneur
CHÈQUE FOST&Ii t Paris, Numéro 6O
r,
8'orraexEVIS Auguste N1!?.rzER. (1SIU)
A~TCTSt?~ Bl~.ECTB'M'~B
«A.driexi £ïÉB,R..A.R,D (i867-i9i4)
Sm.il© KCÉBK-A.K.D (îeis-isae)
jH.
DiRECTStra XjOT?IS-X£XXjZj
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées an Directeur •
te Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
Adrbssb télégraphique veufs pauis
TÉLÉPHONE CISQ U^NES, Gutenberg 03,07 03.08 03.09 03.33 03.33
Sq~MAIRrJ;J
PAGE t à
Lettre d'Aulnche la, Politique étrangère, des
« Heitnwehren », André Leval. Nouvelles de
l'Étranger. AU, Chili Une dictature mili-
taire, Georges Pohtmans. Revue de la Presse.
PAGE 3
Nouvelles du Jour', r-^ Armée et Marine.- A l'Hôtel
̃des Ville. -< Académies. Au Jour le Jour
les 92 ans de Cosima Wagner, Louis Schneider.
Faits-divers. 11
.Les Actualités médicales Un problème de circu-
lation, Docteur Henri Bouquet.
PAGE 4
Tribunaux.' Art et Curiosité. Théâtres.
Sports. Nouvelles commerciales.
'Feuilleton « Gabrielle », par W. B. MAXWELL,
adapté de'l'anglais par M. Lanoirb. (N° 19.)
PAGE 5
Bulletin financier. Bourse des valeurs.
PAGE 6
Dernières Nouvelle». Conférence de la Haye.
Société des nations te Projet d'une trêve
douanière; le Travail dans les mines de char-
bon. Le mariage du prince héritier d'Italie.
Mouvement judiciaire.
Paris, lis 8 janvier
BULLETIN DU JOUR
LES NÉGOCIATIONS DE LA HAYE
La cinquièine jôùrriéejde la conférence de iâ
Haye a présenté un intérêt particulier. Au
cours des réunions tenues hier, on est entré
dans le vif du débat, et, sans que la discussion
ait perdu à aucun moment le. ton courtois et
cordial qui caractérise la controverse avec la
délégation allemande, M. Tardieu, d'ailleurs
appuyé par M» Snowden, M. Jaspar et M. Pi-
relli, a tenu un langage d'une grande fermeté
qui, il faut le souhaiter, sera compris à Berlin.
Il faut que l'on sache que le président du con-
seil a la nation française entière avec lui dans
le bel effort, qu'il accomplit à la Haye pour
résoudre dans un esprit de clarté et de fran-
chise le plus vaste problème qui se pose à cette
heure devant les peuples de J a vieille Europe.
Nous avons indiqué, il y a quelques jours,
que les décisions à prendre au sujet de cer-
taines questions ne manqueraient pas de pro-
voquer de vives résistances de la part des mi-
nistres allemands, parce que l'attitude de ceux-
ci paraît commandée- surtout par des préoc-
cupations de politique intérieure. Les discus-
sions qui eurent lieu à propos de la date à
laquelle le Reich devra effectuer ses verse-
ments mensuels, du payement de l'arriéré de
la dette allemande après Un moratoire éventuel
et., des,, gages dits .négatifs ont obligé les
Allemands à .prendre position. On a pu se
rendre compte ainsi de ce qu'il y avait de trou-
blant dans certaines de leurs réclamations et
des graves inconvénients qu'il y aurait pour
J'avenir à laisser dans Tqmbre des aspects im-
por>teuia^s des problèmes, îechn.iques. qui. restent'
p résoûdrej 'à 8'ên tenir, par'^sôuci d'une trop
facile conciliation, à des formules imprécises.
Un esprit sincère, une réelle volonté d'aboutir
en sauvegardant en toute certitude les droits
et les intérêts de chacun, de la fermeté dans
lés idées et.de la précision dans les mots, tout
cela est indispensable si l'on veut réaliser une
œuvre juste, féconde et durable.
La position prise par la délégation française
est si nette qu'il est' difficile aux 'Allemands
de la combattre sans découvrir ce qu'il peut y
avoir'de suspect et d'inquiétant dans leur
propre jeu. C'est une grande force, dans un
débat international, de cette nature, d'avoir le
courage de toute sa pensée et d'exiger que les
décisions à prendre soient formulées en des
termes si précis que la diplomatie la plus
subtile ne saurait réussir à fausser leur portée
à la faveur de circonstances nouvelles. M. Tar-
dieu apporte dans les négociations de la Haye
cette sincérité de' pensée et ce souci de la pré-
cision. C'est ce qui explique l'impression pro-
fonde produite dès le premier jour par ses
heureuses interventions. Sa politique sobré,
claire, ferme sert l'influence et le prestige de
la France aux yeux du monde entier.
Une étrange campagne s'annonce déjà de
l'autre côté du Rhin pour accréditer l'idée que,
en tout état de cause, le plan Young ne consti-
tuera qu'un règlement provisoire, tout comme
le fut le plan Dawes, et qu'il faut, par consé-
quent, laisser la porte ouverte à des possibi-
lités de révision. M. Tardieu est allé droit au
seul moyen pratique de faire obstacle à une
telle éventualité en faisant incorporer dans
l'article premier 'du protocole final 'la consta-
tation du préambule qu'il s'agit bien d'un
règlement « complet et définitif »; engageant
formellement les parties contractantes. Toute
perspective d'une revision quelconque du plan
̃Young, au bout de quelques années d'expé-
rience, est ainsi écartée. Du fait de l'accord
germano-américain, en vertu duquel l'Alle-
magne payera directement aux Etats-Unis ce
qui revient à ceux-ci dans les réparations, sans,
passer par la Banque des règlements interna-
tionaux, la question pouvait se poser si, dans
des cas déterminés, les règlements envers les
Etats-Unis ne primeraient pas ceux envers les
alliés. M. Tardieu a exigé l'inscription dans
le protocole final du principe de l'égalité abso-
lue des puissances créancières sans aucun pri-:
vilège pour les Etats-Unis. Aux récrimina-
tions des Allemands, qui prétendent que la
définition trop précise des gages dits négatifs
tend à transformer le caractère des mesures
prévues pour l'affectation de certains revenus
,des monopoles, M. Tardieu a répliqué que les
suggestions des experts' ne sauraient être gè-
nantes pour le Reich que dans l'hypothèse où
celui-ci aurait l'intention de ne pas payer. Et
comme M. Moldenhauer, qui paraît être le
porte-parole allemand le plus actif à la Haye,
indiquait que l'engagement solennel de l'Alle-
magne devait suffire à commander la con-
fiance, le président du conseil lui répondit sur
'le ton qui s'imposait que, si l'on a confiance
̃clans les engagements solennels des -ministres
allemands actuels, ceux-ci ne sont pas éternels.
Il y' a dans là réplique de M. Tardieu des
choses qu*il iiîtporte de souligner, parce qu'elles
sont de nature à faire comprendre à l'opinion
universelle les précautions que les alliés sont
obligés de prendre pour l'avenir. Nous avons
insisté à plusieurs reprises à cette place sur la
fait que le règlement complet et définitif des
réparations doit être établi dans des conditions
telles qu'il soit à l'abri de toutes les surprises
mauvaises, quel que soit le gouvernement alie-
mand qui ait à en assurer l'exécution pendant
les années où il sera en vigueur. D'ailleurs,
quelle que soit la confiance que Ton puisse
avoir dans le cabinet Mûller, même avec lui
il n'y a pas de précautions inutiles. M.Tardieu a
raison lorsqu'il insisté sur les constatations
troublantes qu'on peut faire à cette heure.«Vous
nous demandez d'avoir confiance en vous,a-t-li
dit aux ministres allemands, et vous nous don-
nez l'impression que vous n'avez pas confiance
en vous-mêmes. Vous dites que vous acceptez
•le plan Young, et chaque fois qu'on veut en
préciser l'application, vous refusez. Une telle
attitude nous amène à douter de votre capacité
"généralfi de négocier.. ». Cela .devait être. dit
dans l'intérêt même de l'œuvre qu'il s'agit de
réaliser, qui doit être une œuvre de bonne, f.oi.
On savait d'avance qu?après Ta' campagne
Hugenberg et 1â manœuvré personnelle de -M.
Schacht la tâche de la délégation allemande
serait difficile ;à ia Haye. Il s'agir surtout pour
elle de sauver 3a face pour un gouvernement
n'ayant plus guère d'autorité et qu'on n'a laissé
durer au pouvoir que parce que d'autres ne
voulaient pas assumer la responsabilité de
faire aboutir la politique de M. Stresemann.
L'Allemagne ne peut laisser échapper les avan-
tages qu'elle attend du plan Young, mais elle
voudrait,en même temps,se réserver les moyens
de se soustraire à ses obligations si elle juge
possible de le faire sans risques graves. Que
les représentants du Reich défendent opiniâtre-
ment les intérêts de leur pays, rien de plus
naturel; qu'ils essayent d'obtenir des avanta-
ges que le cabinet Mûller pourrait faire valoir
pour consolider sa situation générale, on le
conçoit; mais autre chose est de s'efforcer d'ar-
racher aux alliés des concessions dans l'appli-
cation logique de ce qui a déjà été admis en
principe. La crainte des manœuvres de M.
Schacht et de la campagne nationaliste fai+
que la délégation allemande veut s'opposer à ce
que de nouvelles charges soient imposées au
Reich,mais il est étrange,en véiïté,qu'elle veuille
essayer de se débarrasser, par des dispositions
d'application du plan Young et l'interpréta-
tion tendancieuse de certaines formules, de
charges qui lui incombent réellement aux ter-
mes du plan tel qu'il a été élaboré et signé
par les experts. C'est une tactique dont on ne
saurait'être dupe, et.il importait de tenir aux
Allemands le langage que leur a tenu hier
M. Tardieu et de leur prouver que les alliés
sont unanimes quant à l'attitude à prendre afin
qu'on ne puisse se faire illusion à Berlin- sut*
les chances pouvant exister en faveur de toute
tactique de ce genre.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Qblttt&S
Londres, 8 janvier.
Sir Henri Dickens, le seul fils survivant du
célèbre romancïer, a fêté hier son 81* anniver-
saire de naissance.
Londres, 8 janvier.
Dix cas de variole, d'un caractère bénin, ont
é,té constatés pendant la fin de la semaine der-
nière dans le quartier londonien de Soreditch.
Berlin, 8 janvier.
Le ministre de Roumanie à Berlin, M. Petrescu-
Comnène, quitte son poste de Berlin pour. repré-
senter son pays à Rome. Son successeur n'a pas
encore été désigné.
Berlin, 8 janvier.
Le traité de commerce germano-turc qui expire
le 3 février n'ayant pas été renouvelé par la Tur-
quie, dés négociations commenceront à Ankara
le 4 du mois prochain.
Munich, 8 janvier.
Le capitaine de cavalerie en retraite Kurt Ples-
sing vient d'être nommé consul de Bavière à
Lubeck.
̃•̃'̃, ̃ ̃ Wellington, 8 janvier.
Le'navire du contre-amiral Byrd, City-of -New-
York, qui prend part à l'expédition dans les ré-
gions antarctiques, est parti pour la baie 'des
Baleines.
MANQUE M LOGIQUE
L'Humanité a publié avant-hier un mani-
faste relatif à l'action du parti communiste
contre la guerre. On sait que ce parti a une
manière à lui d'envisager la paix, qui ne res-
semble pas précisément au pacifisme, mais
constitue, au contraire, un « bellicisme » ca-
ractérisé. « Le renversement du capitalisme
par le prolétariat dit le manifeste ne peut
'se faire que par la violence, par l'insurrection
.armée. Cette seule considération montre que le
prolétariat et son parti ne peuvent pas être
contre toutes les guerres. » Voilà qui est net,
et l'on ne saurait dénier aux hommes de Mos-
cou le mérite de la franchise. Au surplus, l'or-
gane communiste ne s'en tient-il pas là de
peur, sans doute, qu'une équivoque puisse
subsister au sujet de la véritable position du
parti dans le tragique débat sur la guerre et
la. paix, qui tient anxieux depuis tant d'an-
nées le monde civilisé, VHumanilè ajoute
« Le pacifisme, quelle. que soit sa forme, est
une idéologie dont le but est de rendre les
masses passives, incapables de réaction effi-
cace contre la guerre et désarmées au mo-
ment de la déclaration de la guerre. »
Ces affirmations, assurément un peu rudes,
et qui ne ressemblent que de fort loin aux mo^
tions sinueuses et balancées des congrès va-
loisiens, ont indigné notre confrère la Répu-
blique. Cette indignation est fort naturelle et
n'a rien que de respectable. Le. parti radical
socialiste, qui ne fait point volontiers (pas as-
sez volontiers peut-être) étalage de son patrio-
tisme, a cependant, dans certains cas extrê-
mes, des réflexes nationaux. La République
vient d'éprouver un de ces réflexes-là, qui est
tout à son honneur. Et nous comprenons qu'elle
ne laisse pas passer sans les flétrir des affir-
mations comme celle-ci, qui figure en bonne
place dans le manifeste communiste « La
transformation de la guerre impérialiste en
guerre civile suppose le défaitisme' conséquent
du prolétariat des puissances impérialistes en
lutte. Travailler, à la défaite de sa propre
« patrie » bourgeoise est le chemin de la trans-
.formation de la guerre impérialiste en guerre
civile. ».
Contre cette doctrine scélérate, nous nous
dressons avec au moins autant de résolution
que notre confrère radical socialiste. Mais ce
dernier nous permettra de nous étonner de sou
émoi. Car, enfin, tout cela n'est pas très nou-
veau. Tout le monde sait, et depuis long-
temps, que le communisme n'est pas autre
chose que le marxisme à l'état pur, et que le
marxisme, parti internationaliste et aussi parti
de lutte de classe, c'est-à-dire de guerre ci-
vile, est fatalement conduit, lorsqu'il est lo-
gique avec lui-même, à sacrifier les patries
toutes les patries aux intérêts de, la révo-
lution, laquelle comporte par définition la vio-
lence. Non seulement le marxisme n'est pas
pacifiste, mais il. ne, peut pas l'être, il; ne peut
réélise r ses fins que par la guerre,; et jnême
par la guerre universelle. Il n'est concevable
qu'en fonction du bellicisme et même du mili-
tarisme rouges les Soviets nous le font bien
arisme roug~)~ les nous lo font bien
voir.
Or, nous ne pensons pas que les valoisiens
viennent seulement de découvrir ces vérités
élémentaires. Ils les connaissaient lorsque,
dans certaines luttes électorales dont on n'a
pas perdu le souvenir, ils ont fait pencher la
balance du côté des candidats communistes
pour faire pièce aux républicains libéraux et
nationaux. Ils les connaissaient lorsqu'ils re-
nouvelaient ou créaient les formules qui sont
devenues celles du cartellisme intégral « pas
d'ennemis à gauche »; « votez rouge ». Force
leur est, maintenant, de reconnaître qu'ils se
sont ainsi compromis en fâcheuse compagnie,
qu'ils ont pactisé avec un parti de trahison.
Mais l'esprit s'il leur vient leur vient ici
bien tard.
Sans doute nous objecteront-ils que le car-
tel ne comporte pas l'alliance directe avec les
communistes, mais seulement avec les socia-
listes. Mais ils retomberont de Charybde en
Scylla. Car le socialisme, c'est encore le
marxisme,, g'^st encore rinternationalisine e| la
lutté de classe, donc la subordmalkm •néces-
saire, de. rid'ée' de ̃patrie aux desseins de guei'rg;
civile. La socialisme, à. cet égard, ne dilïërè'pàs,
du communisme, parce qu'il i\&. peut pas en
différer. J3n yaift C?her,cho-t-il à estompep cet
aspe.ct fâcheux de sa doctrine, à le. couyrir,
clans ses programmes, d'une ombre propice et
opportunément « petite bourgeoise » il ne
saurait échapper aux conséquen.ce.3 des pré-
misses posées par le redoutable logicien alle-
mand qui a su donner une forme rigoureuse-
ment déductive et une apparence constructive
à sa théorie de la destruction universelle.
Si les valoisiens réprouvent Te défaitisme, et
l'antipatriotisme des marxistes, pourquoi s'al-
lient-ils avec eux? S'ils restent vraiment natio-
naux, pourquoi font-ils la politique des inter-
nationalistes ? Si, sur le terrain- de la guerre
et de la paix,- radicaux !.ét socialistes ne se res-
semblent pas," pourquoi s'assemblent-ils? Les
amis de M. Daladier ne sauraient s'étonner de
nous voir leur poser cette question, car il ne
nous est pas interdit de demander de la logique
à nos contradicteurs ordinaires.
«C»
LES ASSURANCES SOCIALES
Veiller
Parmi les assujettis sur qui plane la me-
nace des assurances sociales, .il en est qui,
bien loin de s'endormir dans une sécurité
trompeuse, éprouvent une inquiétude parti-
culière. Ce sont les agriculteurs.
•II. y a quelques jours, .à la chambre d;'agri-
culture du Cher, une délibération intéressante
a eu lieu, sous la présidence de M. de Vogué.
Montrant combien sent fâcheuses «l'ies. incer-
titudes actuelles », cette chambre a émis le
voeu le' Parlement se hâte de voter le
projet de loi rectificatif déposé au Sénat par
le gouvernement le 26 juillet dernier. Les dis-
positions en furent publiées seulement, on
s'en souvient, au début du mois de novembre.
Le projet de loi avait été déposé « en
blanc ».
Là chambre d'agriculture du Cher n'a fait,
d'ailleurs, qu.'affirmer sa fidélité aux conclu-
sions formulées, le 6 novembre 1929, par l'as-
semblée des. présidents des chambres d'agri-
culture, sur le rapport de M. F. Garcin, prési-
dent 'de la chambre d'agriculture de la Loire.
En toute impartialité, citons-en les termes
L'assemblée des présidents des chambres d'agricul-
ture de France,
Remercie MM. les ministres de l'agriculture et du
travail d'avoir fait approuver par leurs collègues e^
déposer par le gouvernement le projet de loi rectificatif
du 25 juillet 1929 (la date exacte est celle du 26 juil-
let), dont les articles 76 à 85 contiennent quelques-unes
des mesures acceptées ou demandées par l'assemblée
des présidents des chambres d'agriculture de France,
dans ses séances des 4 et 21 juin 1929;
Demande instamment au Parlement de voter dex-
trême urgence ce texte, oar il importe de, mettre fln
aux incertitudes actuelles, qui sont extrêmement pré-
judiciables à l'avenir des assurances sociales, la loi dù
5 avril 1928 ne pouvant pas être appliquée dans les
campagnes, et le régime qui lui sera substitué n'étant
pas encore établi:
On s'explique aisément le cri d'alarme pro-
voqué, dans le monde agricole, par la. loi du
5 avril 1.938; et l'on n'a pas de peine à, com-
prendre i'emprèssement avec. leqûel'-furent
accueillies des «dispositions spéciales -aux
professions agricoles », contenues dans lé pro-
jet de loi rectificatif du 26 juillet 1929 (1).
Pour cette partie de la population, toute assu-
rance sociale obligatoire est abolie, sauf l'assu-
rance-vieillesse. Le double versement qui con-
tinue d'être exigé pour celle-ci 'n'est plus que
de. 2 0/0 du montant des salaires, au lieu du
iaux de 10 0/0, maintenu seulement à l'égard
des professions, non agricoles.
Il est vrai que le maximum des salaires envi-
sagés est relevé, de 15,000 à 22,000 francs,
aggravation non négligeable, par suite de l'àf-
filiation d'un plus grand nombre d'assujettis,
ce qui implique un accroissement parallèle des
contributions. Mais cette surcharge est, évi-
demment, peu de chose auprès de l'économie
ménagée d'autre part, grâce à l'abdissement du
taux.
Les assurances relatives à la maladie, à la
maternité, au décès, sont rendues facultatives.
Toutefois, s'il est fait usage de cette faculté,
un, versement est rendu obligatoire par l'em-
ployeur., Mais une modération sensible des
charges créées en ce cas est admise.
D'autres dispositions, conçues dans le même
esprit, ont été imaginées au profit des « pro-
fessions agricoles ». Rien ne serait plus facile
que d'en signaler de moins favorables; mais,
dans l'ensemble, la réduction demeure.
Seulement, comment tolérer l'institution de
deux régimes légaux d'assurances sociales par
lesquels l'Etat couperait en deux la population
de la France? Comment pourrait-on faire litière
de la solidarité des intérêts en cause ?
Le projet de loi rectificatif du 26 juillet 1929;
ne fût-il considéré qu'à ce point de vue, est
inadmissible. De multiples protestations en
font foi. N'en rappelons que quelques-unes.
À peine lé projet dé loi était-il connu, les pré-
sidents des chambres de commerce, réunis en
assemblée plénière le 5 novembre, émettaient
ce voeu
que les pouvoirs publics n'opposent pas, en les
soumettant à un régime différent, les différentes
branches de la production nationale dont les in-
térêts sont solidaires, et qu'ils concèdent aux em-
ployés et ouvriers des villes le même régime
qu'aux travailleurs agricoles.
Tel fut le sentiment immédiatement exprimé
par les représentants autorisés du commerce
de la France entière.
Le 19 novembre, la Confédération générale
de la production française était entendue par
la commission sénatoriale de l'hygiène, de
l'assistance, de l'assurance et de la prévoyance
sociales. Elle demanda « que, dans le cadre
de la mutualité, des aménagements, s'inspi-
ranl de ceux prévus pôur les agriculteurs, ren-
dent moins onéreuse et plus souple, pour l'in-
dustrie et le commerce, l'application de la loi
du 5 avril 1928 ».
Dernièrement, le président de la Confédéra-
tion des groupés commerciaux et industriels de
France, M. de Paloméra, a fait'ressortir « la
différence choquante de régime entre l'agricul-
ture et le commerce »; et. le président de
l'Union mutuelle nationale pour l'assurance en
cas de décès; M. de Pàchtère, s'est exprimé en,
ces termes":
A mon avis; la grave hérésie commise est
dans l'atteinte portée a l'unité nationale. Ne créez
pas. puisque le mot est à la mode, l'autonomisme
de l'agriculture. Ne faites pas deux catégories de
Français. Vous n'avez devant vous, messieurs les
parlementaires, que la France une et indivisible.
On ne voit pas le Sénat, on ne voit pas la
Chambre résistant à ce mouvement d'opinion.
En réclamant le vote, sans modifications, du
troisième projet de loi rectificatif sur les assu-
rances sociales, les représentants du monde
agricole vont inévitablement à un échec.
Les intérêts qu'ils défendent sont infinimènt
dignes de sollicitude, et le gouvernement ne
saurait quatre approuvé d'y avoir songé. Mais
les difficultés, d'ordre économique,^ financier
et social, ne sont pas moindres pour les'àutre^
catégories de travailleurs.
{1 ) Peut-être voudrait-on se reporter aux commen-
tair.es dont le projet de loi du 26 juillet 1929 a été
l'objet, au Temps. CRons les numéros des 7, S, 16, 17,
20, 21, 24, 27, 28 et 30 novembre; 1", 2, 7, g, il, id,
15/. 21, 27. et 29 décembre,
lj#s Tors, ce serait se leurrer que:' de; .se .croire
àj'!àifr'i de ]a.loï,ilu..î)'.av.|>il 1928 parce, qu'on se se
sera; attaclïê au projet de loi du-20 juillet 1929.
̃£a commission sénatoriale de l'hygiène, de
l'assistance, de l'assurance et de la prévoyance
sociales'. s'est occupée de son mieux à le ré-
former. Les commissions sénatoriales des
finances, du commerce, de l'agriculture étu-
dient les propositions nouvelles. En fait, aussi
bien les agriculteurs que tous autres assujettis
éventuels vbieiif planer sur eux le plus redou-
table inconnu.
Nous ne pouvons que le répéter, toutes les
surprises sont, possibles.
Plus que jamais, il faut veiller.
UN DÉIEWt, UN DÉSAVEU
Nous avons reçu la lettre suivante
Monsieur îe directeur,
Le Messager d'Alsace du 4 courant fait allu-
sion à un article paru ces jours derniers dans
votre journal, 'me concernant, et qui, d'ailleurs, a
échappé à mon attention.
Dans votre article, il serait question des « chefs
autonomistes » en général dont l'influence irait
en s'amoindrissant de jour en jour, en Alsace, et
en particulier de M. Mïchel Walter, qui se serait
adressé à un journal anticlérical pour faire ou-
vrir une campagne odieuse contre Mgr Ruch,
évoque de Strasbourg.
Ce n'est pas la première fois que je.suis 1 objet
d'attaques injustifiées dans les colonnes de votre
journal. En général je n'y réponds pas. Mais cette
fois, votre assertion est si grave que je tiens ab-
solument à la réfuter. Eli'è repose sur le plus
•8|)0i»inabIe des -mensonges et- «4 j'en connaissais
l'autour, je le citerais aujourd'hui encore devant
les tribunaux, pouu lui donner l'occasion d'appor-
ter les preuves à l'appui de ses dires.
Jamais je ne me suis adressé et n'en ai
jamais eu l'idée soit directement, soit indirec-
tement, ni à un journal catholique et encore moins
à un journal1 anticlérical, pour faire une campa-
gne contre Mgr' Ruch, que je considère, comme
je le lui'ai d'ailleurs affirmé dans une lettre,
comme un prêtre modèle au point de vue moral.
Je regrette vivement, monsieur le directeur, que
votre journal se fasse le complice de gens aussi
peu scrupuleux, osant attaquer et calomnier sil
bassement un adversaire politique.
Que vous me considériez comme un « chef au-
tonomiste » dans votre ignorance des choses ré-
gionaïistes, passe encore, mais que vous jetiez le
doute sur la sincérité de mes convictions reli-
gieuses et mes sentiments de déférence envers
mon évoque, cela je ne l'admettrai jamais, surtout
de la part d'un journal comme le vôtre, qui se
réclame avant tout de la droiture et de l'honneur.
• J'estime qu'il suffit de faire appel à votre sen-
tiinent de loyauté pour obtenir l'insertion de cette
îettre dans les colonnes de votre journal.
Veuillez, agréer, monsieur le directeur, l'expres-
sion de mes sentiments très distingués.
Michel WALTER,
j député de Hagucnau*
M. Michel. Walter, député catholique de
Hagueii.au, élu par: la grâce des communistes
et.,de ,M.. Hauss M.'Hauss, l'un de ceux qui
mènent la plus furieuse campagne d'injures
contre l'évêque de Strasbourg, dément l'ac-
Gifsatiaiï qui pèse sur lui, que l'on répète un
pjL'ù partout dans nos deux départements d'Al-
fftée, que le Nfitionql d'Alsace a publiée, que
~ hautes personnalités, tiennent pour exacte,
i~^ et de laquelle, au surplus, M. Walter a lui-
rriême jugé utile de se disculper auprès dé
Mgr Ruch, en assurant à l'éminent prélat, qui ui
en a été sans doute infiniment flatté, qu'il le
considérait « comme un prêtre modèle au
point de vue moral ».
1 Enregistrons la négation de M. Michel Wal.
ter, non sans remarquer toutefois. que le dé-
puté de Haguenau, qui professe de tels senti-
ments de « déférence » envers son éyêque, n'a
jamais, à aucun moment, cru devoir s'élever
contre la campagne menée. par les organes de
ses amis, VElsass-Lothringische Zeilung ou la
Nette Welt communiste.
La foi qui n'agit pas, est-ce une foi sincère?
Mais soit. Enregistrons le démenti de M. Mi-
chel Walter en l'interprétant comme un désa-
veu absolu et formel de cette campagne.
Le député de Haguenau nous dit qu'il ne
répond pas d'ordinaire à nos « attaques injus-
tifiées ». Il y a cependant répondu déjà par
des lettres "que l'on n'a pas oubliées. Nous
avons pu constater, depuis, que les déclaration*»
qu'il nous faisait alors étaient- en contradic-
tion absolue avec son attitude politique aussi
bien avant qu'il nous eût écrit qu'ensuite. M.
Walter avait approuvé la Zukunft avant d'ap-
prouver l'interdiction de la Zukunft, et de de-
féndre, dans un deuxième revirement, les
hommes de la Zukunft. Il s'est montré tour à
tour, et quelquefois en même temps, « natio-
îiai » et allié aux autonomistes et aux com-
ïnunistes. Il a contribué à l'élection de M.
$ueb!er, maire communiste de Strasbourg, dont
il est l'adjoint et l'auxiliaire. Ses opinions ont
ainsi varié suivant les diverses couleurs du
ciel électoral. C'est là, nous en rendons volon-
tiers le témoignage, une « conviction » solide
et qui permet en effet à M. Michel Walter de
rester toujours lui-même, dans toutes les cir-
constances.
,53*.
L'HERBORISTE DISCRET
û Voici un fait extraordinaire et proprement
incroyable dans l'histoire de la, littérature, de la
librairie, ou, si vous voulez, des, mœurs contem-
poraines, et il convient de le proposer sans retard
à d'attention ébahie de tous les braves gens.
Aujourd'hui nul n'a coutume d'être d'une dis-
crétion exemplaire dans les innombrables mani-
festations de son activité diverse. Il apparaît que,
dans la vie littéraire particulièrement, l'indiscré-
-tion- est de rigueur. Il y faut un peu d'agitation
et de tumulte. La règle est essentiellement de rie
point passer inaperçu. Et tous les moyens sont
bons pour se faire remarquer. Même l'originalité
des écrits ce n'est pas le moyen le plus employé.
''•'̃ Aussi est-il décent do saluer au passage un
écrivain qui n'est peut-être pas, en son œuvre,
d'une originalité fulgurante, mais qui est dans ses
procédés d'une réserve exquise. Quel écrivain?
Impossible de vous donner son nom Pas de nom,
'demandez à la terre A l'heure actuelle combien
signent» des livres qu'ils n'ont pas écrits eux-
mêmes, et les nègres pullulent ailleurs que dans
^les $0i de restaurants de nuit. Celui-ci, au con-
traire, écrit un livre et ne le signe pas. Il ne'goûte
que, le silence et l'ombre. Il les recherche avec un
merveilleux acharnement. Et il parvient à se dis-
simuler en, eux. Son livre est intitulé l'Herbier
d'un beyliste. C'est tout. Pas de nom d'auteur,
vous dis-je. Pas de nom d'éditeur. Simplement,
sur la couverture Paris; avec, pour remplir tous
les vides qui ne se laissent observer que sur la
couverture, un motif décoratif sympathiquement
Vieillot groupant un album à là mode d'autrefois,
un manuscrit, un encrier,, des fleurs, des fruits et
puis des branches, et puis des ailes qui peuvent
être des ailes d'ange ou des ailes de canard, et
des plumes qui peuvent être des plumes d'oie,
mais qui ne sont certainement pas des plumes de
paon.
La modestie, en effet, s'étale ici imperturbable
Si douce qu'on ne peut pas prétendre
qu'elle y mette de l'ostentation. Et voici à l'inté-
rieur, au verso du, faux titre, l'indication com-
plémentaire qui souligne la modestie exception-
nelle et presque scandaleuse « II n'a été tiré
de cet ouvrage que cent exemplaires numérotés
<|e .1 à 1Q.0. » Soilà décidément un herboriste qui
» la' fureur de la modestie, de l'anonymat et du*
myslèfé;auta£l\i^ë..doi,.Vh;èrboristeri!b.'l s { •
En somme, il "a réuni dans son herbier des
pensées. Des pensées! de penseurs. Toutes sortes
de pensées,, do. tèiites sortes de .penseurs;, Pensées!
sur les .hommes, ce qui-.est banal; sur les femmes,
ce> qui commence ide devenir intéressant; sur
l'amour, et, vous vous y attendiez bien; sur les
peuples et sur les individus, sur la philosophie el
sur la vérité mais où est la' vérité? sur la vie,
la vieillesse, la mort, enfin sur des sujets 'éternels
et franchement gais. Vous ne sauriez croire quelle e
est la foule de penseurs pensants qui ont pensé
sur ces sujets-là. L'herboriste les rassemble, dans
son herbier avec une impartialité ou une sérénité
dignes de la plus-haute admiration. Confucius et
Platon, Montaigne et Pascal, La Rochefoucauld et
La Bruyère, plus de cent autres et des plus an-
ciens et des plus modernes, Valéry, Jean Rostand,
Ch. Rëgismanset, Biaise Cendrars, et même Joseph
Delteil, qui se trouve être un penseur en cette
affaire. Mais le beyliste ou l'herboriste le plus
sage est un homme, il n'est donc pas parfait. Il:
pense aussi. Et il nous est accordé de rencontrer
là des pensées de X. Ces pensées ne sont pas
toujours anonymes lui seul-le reste.Quand1 il
signe, il signe X. Pour penser heureux pensons
cachés
Et qu'importent toutes ces pensées ? Ce qui,
importe dans l'aventure de ce moraliste féru de
réserve et de pudeur, c'est qu'un homme se soit
rencontré de nos jours, capable de se livrer sans
bruit à un aussi aimable divertissement intellec-
tuel. Ce qui importe, c'est la' qualité d'esprit et
d'âme que ce divertissement révèle. Chacun
prend son plaisir où il le trouve. Il est bon que
dans notre civilisation •mouvementée, quelques
philosophes de choix soient encore capables de le
prendre là et ne s'en vantent même pas.
Certes, un. recueil de maximes parfaitement
contradictoires est un joli cadeau à faire à une
grande personne. On n'est pas des barbares et on
n'est pas complètement inapte à méditer sur la
vie et sur l'amour, même sur l'amour, et ça
n'avance pas à grand'chose. Mais qu'il y ait un
homme pour se cacher ainsi jusqu'en se mon-
trant, pour affirmer son culte des lettres au point
de faire soi-même éditer son ouvrage, et sa pas-
sion de retenue jusqu'à tout dissimuler de lui-
même au moment qu'il pourrait ,en tout décou-
vrir, cela est un phénomène assez exceptionnel
par le temps qui court. En littérature on apprécie
mieux les petits avantages de, l'agréable tinta-
marre, et il y a peu de chances que cet herboriste
secret soit suivi demain par un cortège encom-
brant d'imitateurs. J. E.-C.
LE RÈGLEMENT DE LA PAIX
Conférence de la Haye
La discussion du projet de protocole final
(Par téléphone, de notre envoyé spécial)
La Haye, 8 janvier.,
Les puissances intéressées aux réparations alle-
mandes siégeant, hier, de 15 h. 30 à 18 h. 30, les
experts, présents, ont achevé la discussion, en
première lecture, du projet de protocole final de
la conférence. !•̃».̃
En ce qui concerne le problème qui avait
donné lieu, dans la matinée, à un vif débat
du remboursement par l'Allemagne des sommes
dont un moratorium aurait différé le payement,
M. Curtius a demandé et obtenu, au début de la
séance de l'après-midi, un ajournement qui lui,
permettra, espère-t-il, de soumettre jeudi une
proposition nouvelle.
Pour la question de l'harmonie à établir. entre
l'accord germano-américain du 28 décembre, par
lequel le. Reich réglera directement avec Was-
hington les annuités de sa dette envers les Etats-
Unis, ftt le protocole de la conférence, les délégués
du Reich ont accepté de ne se prévaloir de leur
droit de moratorium qu'à l'égard de l'ensemble
des puissances créancières. Ainsi est écartée l'é-
ventualité d'une continuation des versements de
l'Allemagne à l'Amérique pendant que, pour la
dette du Reich envers les autres puissances créan-
cières, jouerait un moratorium.
L'organisation nouvelle des revenus gagés a été
l'occasion d'une discussion serrée.
Le plan Young (annexe III) prévoit l'affectation
de certaines recettes (douanes, impôts de consom-
mation) au service des certificats de la dette alle-
mande mais cette affectation ne doit revêtir qu'un
caractère négatif, c'est-à-dire que le Reich pro-
met seulement de ne pas affecter ces recettes à un
emprunt sans l'assentiment de la Banque des rè-
glements internationaux. Les experts alliés avaient
élaboré un texte précisant les conditions d'affec-
tation de ces recettes. Mais M. Moldenhauer, mi-
nistre des finances du Reich, objecta que ce texte
transgressait le plan Young, en transformant le
gage négatif prévu en gage positif.
M. Snowdon, puis M. Graham, défendirent fer-
mement des dispositions qui sont essentiellement
d'origine britannique. M. Chéron et M. Tardieu se
prononcèrent dans le même sens. M. Moldenhauer
répliqua, exprimant son regret qu'en présence
d'un engagement solennel de l'Allemagne, les
puissances créancières tinssent cependant à mul-
tiplier à ce point les 'précaution^.
Prenant la parole, M. Tardieu fit alors, en subs-
tance, la déclaration suivante
Nous avons, certes, confiance dans les repré-
sentants allemands qui se trouvent en face de
nous, mais nous ne pouvons compter qu'ils de-
meureront éternellement au pouvoir et, d'ailleurs,
eux-mêmes témoignent dans la discussion d'un
état d'esprit qui nous paraît quelque peu trou-
blant. Ils marquent bien peu de confiance en eux-
mêmes et à l'égard aussi de leur pays. Aussi bien
dans le débat sur le caractère « complet et défini-
tif » du règlement des réparations à intervenir
que sur les conditions du moratorium ou sur l'or-
ganisation des gages négatifs, ils multiplient les
objections. Nous ne pouvons cacher qu'une telle
attitude nous remplit d'hésitation. Elle nous fait
douter du caractère général de la négociation. Elle
risque de changer la base de nos travaux.
En réponse, M. Curtius protesta de la bonne vo-
lonté de la délégation allemande, mais il ajouta
que cette bonne volonté avait des limites et que le
Reich ne pourrait accepter une aggravation de ses
charges.
Après cette double intervention, et sur la pro-
position de MM. Snowden et Jaspar, la question
des revenus gagés fut renvoyée à l'examen d'un
comité de juristes..
Au sujet du régime des chemins de fer alle-
mands, la question de la durée des obligations de
la Compagnie des chemins de fer allemands fut
facilement résolue. Au contraire, l'entente ne se
fit pas sur le point de savoir s'il appartiendrait
au gouvernement du Reich ou à la Compagnie des
chemins de fer de veiller aux engagements pris
par les chemins de fer allemands. Après une dis-
cussion à laquelle prirent part M. Moldenhauer et
M. Chéron, M. Moldenhauer ayant demandé à con-
sulter à Berlin son collègue des transports, M.
Stegerwald, M. Jaspar fit décider que le gouver-
nement du Reich serait invité à présenter un nou-
veau texte.
L'ajournement, fut aussi résolu en ce qui con-
cerne les problèmes de « la liquidation du passé »
(l'Allemagne poursuit, en effet, encore des négo-
ciations avec plusieurs Dominions) et des dépôts
du Reich à la Banque des règlements internatio-
naux.
Au terme de ces deux jours du débat en pre-
mière lecture du projet de protocole final de la
conférence, sur onze questions au sujet desquelles
les points de vue des Etats créanciers et ceux de
l'Allemagne se trouvaient en opposition, quatre
auront reçu une solution, »Jes. #utres étant ren-
voyées à l'examen des experts, des juristes ou du
gouvernement du Reicb..
II, V été entendu que leà puissances intéressées
aux réparations allemandes ne tiendraient de nou-
velle réunion que jeudi matin. Parmi les ques-
tions à l'étude desquelles s'attacheront aujour-
d'hui les experts allemands, notamment M.
Kastl, l'ancien' membre du comité Young, arrivé
à la Haye et les experts allilés, figure en --pré-rf.
mière ligne celle de la date des payements .du
Reich à la Banqué des règlements internationaux.
Il s'agit, on le sait, suivant que l'on adopte pour
ces versements la date du, 15 au lieu. de celle de
la fin du mois, d'une différence globale de 80 mil-
lions de marks or pour l'ensemble des 37 années.
du plan.
Parmi les problèmes non encore abordés en pre-
mière lectiure, deux donneront lieu, on peut la
craindre, à des difficultés celui de l'incorporation
dans le plan Young des accords relatifs à la li-
quidation du passé, spécialement de l'accord ger^
mano.-polonais; et aussi celui des dispositions-par
lesquelles serait interprété l'article, 430 du traité"
'de Versailles. '••• ̃̃
Rappelons le texte do cet article 430 « Dans le
cas où, soit pendant l'occupation, soit après l'ex*
piration dés 15 années ci-dessus prévues, la com-'
mission des réparations reconnaîtrait. que l'Alle-
magne refuse d'observer tout ou partie des obli-
gations résultant pour elle du présent traité, rela-
tivement aux réparations, tout ou partie des zones j
spécifiées à l'article 429, serait immédiatement;
occupé de nouveau par' les forces alliées et as-
sociées ».
,Un exposé du point, de, vue français, approuvé,
par l'Angleterre,- sera communiqué aujourd'hui à
la délégation allemande. Au cas, déclare. en subs-
;tancei cet exposé, où une décision arbitrale aurait
proclamé que l'Allemagne a transgressé le plan
Young, l'article 430 retrouverait sa pleine vali-
dité.
Une seule question cependant pourrait, avec le
succès de la conférence, mettre en péril l'entrée
en vigueur du plan Young celle que crée l'attife
tude de M. Schacht. Le président de la Reichsbank,
qui s'est jusqu'ici refusé à venir, à la Haye, s'y
rendra dimanche ou lundi, puisque c'est décidé-
ment le 13 janvier que se réunira le comité d'orga-
nisation de la Banque des règlements internatio-
naux. Mais dans quelles dispositions d'esprit arri-
vera M. Schacht et peut-on croire qu'il ait le
désir sincère de collaborer loyalement à la créa-
tion de la Banque? M. Parker Gilbert, l'agent gé-
néral des payements de réparations, venu à Ams-
terdam conférer avec les autres trustees du plan
Dawes et qui s'est rendu hier à la Haye où il a
notamment rendu visite à M. Tardieu, n'a pas dite-
simulé à cet égard son pessimisme. M. Curtius
et les autres délégués du Reich ont, il est vrai,
assuré qu'ils se faisaient fort de vaincre l'opposi-
tion de M. Schacht, mais il'est permis de redouter
que leur force de décision ne soit pas égale à leufi
bonne volonté.
Les réparations orientales
Pour les réparations orientales, on, sait qu'hier
matin les représentants bulgares ont offert de ver,
ser leurs créanciers, pendant 36 ans, une an-
nuité moyenne de 10 millions d'anciens francs or
sous réserve de possibilité de transfert, mais en
renonçante ;àe' prévaloir des dispositions de PaiN*
ticïe 122 du traité ae Neuilly, artiolè'quii permet?
tait à la Bulgarie de remettre en cause' ses enga-
gements de réparations. Il a été entendu que les
créanciers de la Bulgarie se réuniraient ce soir
pour examiner l'offre estimée encore insuffisante
de ce pays. Demain matin, à 10 h. 30, il est pro-
bable qu'au cours d'une nouvelle séance de la com.
mission des réparations non allemandes, les Bul
gares présents, l'accord final s'effectuera.
Pour l'Autriche, à la sui'te d'une visite du chan-
celier Schober à M. Loucheur, tout indique que
d'ici la fin de la semaine une entente sera réalisée
entre elle et ses créanciers. ̃ ̃'
Pour les problèmes hongrois, les conversations
à trois France, Angleterre, Italie, représentées
respectivement par MM. Loucheur, Suvitch, Broc-
chi'et sir Eric Phi'pps se sont continuées hier et
se poursuivront aujourd'hui'. Si- vendredi ou sa-
medi après ces échanges de vues des trois gran-
des puissances il n'apparaît pas que la Hongri'e
veuille modifier son attitude, des négociations,
déjà amorcées, seront poursuivies avec les puis-
sances de la Petite Entente créancières de la Hon-
grie, afin qu'au,moins l'intransigeance de celle-ci
n'empêche pas la mise en vigueur du plan Young
M. Briand quittera, nous l'avons dit, la Haye
vendredi prochain pour gagner Genève via Paris.
̃M. Curtius a de son côté le viif désir d'assister à
la session du conseil de la Société des nations,
session au cours de laquelle l'éloge funèbre de M.
Stresemann sera prononcé par M. Zaleski, prési-
dent en exercice du conseil Mais.il paraît difficile
que le chef de la délégation allemande puisse, mê-
me durant peu de jours, quitter la Haye et il est
donc vraisemblable que M. von Schubert repré-
sentera l'Allemagne au conseil de Genève. D'aufire
part, MiM. Tardieu et Loucheur ont fait connaître
leur intention de partir lundi soir pour Paris afin
ae prendre part mardi à l'éleçtïon du président de
la Chambre. Le président du conseil et le ministre
du travail seraient de retour à la Haye mer-
credi 15 janvier; mais les événements permet-
tronO-Ws à 'MM. Tardieu et Loucheur de quitter la
Haye pour 24 heures seulement? –André Ganem.
L'Allemagne et les discussions de la Haye
Notre correspondant de Berlin téléphone mercredi
matin
La presse allemande loue M. Moldenhauer, mi-s
nistire des finances, de son énergie à défendre l'in-
térêt allemand dans les questions financières dé-
battues hitor à la conférence. On 'note générale-
ment que la discussion devient plus âpre. 'Mais
seuls les journaux de droite parlent d'une crise
possible" sinon déjà apparente.
La délégation allemande, écrit le démocrate Berlïner
Tageblatt, a dû se défendre pied à pied. Le nouveau
ministre des finances s'est montré excellent dans cette
lutte. La manière dont il entre dans le détail et l'opi-
niâtreté avec laquelle il défend des positions qui ne
sont pas toujours très importantes ont provoqué une
certaine protestation contre ses méthodes de négocia-
tion. Elles ne sont pas sans rappeler celles de M.
Snowden à la première conférence. M. Curtius dut re-
pousser les attaques dirigées contre son collègue. Il
fit remarquer qu'on ne pouvait en vouloir a. la délé-
gation allemande si elle résiste à des exigences qui
vont au delà des recommandations du plan Young.
SI les négociations de la Haye sont devenues un peu
plus agitées, il, ne faut pas en conclure qu'elles se
trouvent dans une crise. L'atmosphère d'optimisme gé-
néral concernant leur conclusion prochaine subsiste aveo
rajson. Les. questions, disoutées ..sont importantes pour
l'Allemagne mais elles ne sont pas assez dangereuses
pour menacer la conférence..
De la Gazette de Voss (démocrate)
La déclaration de M. Gurtius et les répliques de la
contre-partie, qu'il ne faut pas interpréter comme un
incident, étaient nécessaires pour marquer exactement
les positions. On doit approuver tout particulièrement
l'attitude ferme et calme; de M; .Curtius. Cette déclara-
tion était peut-être nécessaire pour maintenir l'atmos-
phère paisible et positive de la conférence et rappeler
que les méthodes de bluff ne sont plus de mise.
De la Germania (centre)
Au total, les débats de mardi furent très animés et
assez critiques. Aujourd'hui la discussion dp la note
française sur les sanctions déchaînera sans doute la
lutte à propos de ce problème. Il parait de plus en plus
évident que M. Tardieu veut en faire une question de
prestige, tandis que, pour l'Allemagne, c'est une ques-
tion vitale. Bien que personne chez nous ne songe à
déchirer le plan Young, Il est très important de sa-
voir s'il doit remplacer définitivement une partie du
traité de Versailles, ou si la France le considère comme
yav gro;visjoir9 durant Jegu^l le tçait-â «le XfirssUles
JEUDI 9 JANVIER 1930
SOIXANTE-DIXIEME. ANNEE. N" 24971
PRIX DE L'ABONNEMENT
PASIS, DÉPABTSHEHTS et COLON*» FRAHQ– Trois moii 3.0 fr. Siimoi» B8fr. Bai» «IDIr.
I >»ys- accordant naa réduction d»
ÉTBiHQER 50 0/0 snrle3 tarifs postera.' S2fr. IO2£r. 2OOfr.
( Autos p»ys. 75fr. I47fr.. 290&S.
M» ABONNEMENTS DATENT DES 1" ET 16 DE CHAQOE MO|S
Un numéro -(PÂfas et .DÉPARTEMENTS) 4O centimes
ANNONCES, Aux BUREAUX, Du ΍mps,, 5, rue des Italiens,
à VAgenoe HAVAS et. dans ses succursales
et dans toutes les Agences de Publicité
le Journal décline toute responsabilité quant à leur, teneur
CHÈQUE FOST&Ii t Paris, Numéro 6O
r,
8'orraexEVIS Auguste N1!?.rzER. (1SIU)
A~TCTSt?~ Bl~.ECTB'M'~B
«A.driexi £ïÉB,R..A.R,D (i867-i9i4)
Sm.il© KCÉBK-A.K.D (îeis-isae)
jH.
DiRECTStra XjOT?IS-X£XXjZj
Toutes les lettres destinées à la Rédaction doivent être adressées an Directeur •
te Journal ne répond pas des manuscrits communiqués
Adrbssb télégraphique veufs pauis
TÉLÉPHONE CISQ U^NES, Gutenberg 03,07 03.08 03.09 03.33 03.33
Sq~MAIRrJ;J
PAGE t à
Lettre d'Aulnche la, Politique étrangère, des
« Heitnwehren », André Leval. Nouvelles de
l'Étranger. AU, Chili Une dictature mili-
taire, Georges Pohtmans. Revue de la Presse.
PAGE 3
Nouvelles du Jour', r-^ Armée et Marine.- A l'Hôtel
̃des Ville. -< Académies. Au Jour le Jour
les 92 ans de Cosima Wagner, Louis Schneider.
Faits-divers. 11
.Les Actualités médicales Un problème de circu-
lation, Docteur Henri Bouquet.
PAGE 4
Tribunaux.' Art et Curiosité. Théâtres.
Sports. Nouvelles commerciales.
'Feuilleton « Gabrielle », par W. B. MAXWELL,
adapté de'l'anglais par M. Lanoirb. (N° 19.)
PAGE 5
Bulletin financier. Bourse des valeurs.
PAGE 6
Dernières Nouvelle». Conférence de la Haye.
Société des nations te Projet d'une trêve
douanière; le Travail dans les mines de char-
bon. Le mariage du prince héritier d'Italie.
Mouvement judiciaire.
Paris, lis 8 janvier
BULLETIN DU JOUR
LES NÉGOCIATIONS DE LA HAYE
La cinquièine jôùrriéejde la conférence de iâ
Haye a présenté un intérêt particulier. Au
cours des réunions tenues hier, on est entré
dans le vif du débat, et, sans que la discussion
ait perdu à aucun moment le. ton courtois et
cordial qui caractérise la controverse avec la
délégation allemande, M. Tardieu, d'ailleurs
appuyé par M» Snowden, M. Jaspar et M. Pi-
relli, a tenu un langage d'une grande fermeté
qui, il faut le souhaiter, sera compris à Berlin.
Il faut que l'on sache que le président du con-
seil a la nation française entière avec lui dans
le bel effort, qu'il accomplit à la Haye pour
résoudre dans un esprit de clarté et de fran-
chise le plus vaste problème qui se pose à cette
heure devant les peuples de J a vieille Europe.
Nous avons indiqué, il y a quelques jours,
que les décisions à prendre au sujet de cer-
taines questions ne manqueraient pas de pro-
voquer de vives résistances de la part des mi-
nistres allemands, parce que l'attitude de ceux-
ci paraît commandée- surtout par des préoc-
cupations de politique intérieure. Les discus-
sions qui eurent lieu à propos de la date à
laquelle le Reich devra effectuer ses verse-
ments mensuels, du payement de l'arriéré de
la dette allemande après Un moratoire éventuel
et., des,, gages dits .négatifs ont obligé les
Allemands à .prendre position. On a pu se
rendre compte ainsi de ce qu'il y avait de trou-
blant dans certaines de leurs réclamations et
des graves inconvénients qu'il y aurait pour
J'avenir à laisser dans Tqmbre des aspects im-
por>teuia^s des problèmes, îechn.iques. qui. restent'
p résoûdrej 'à 8'ên tenir, par'^sôuci d'une trop
facile conciliation, à des formules imprécises.
Un esprit sincère, une réelle volonté d'aboutir
en sauvegardant en toute certitude les droits
et les intérêts de chacun, de la fermeté dans
lés idées et.de la précision dans les mots, tout
cela est indispensable si l'on veut réaliser une
œuvre juste, féconde et durable.
La position prise par la délégation française
est si nette qu'il est' difficile aux 'Allemands
de la combattre sans découvrir ce qu'il peut y
avoir'de suspect et d'inquiétant dans leur
propre jeu. C'est une grande force, dans un
débat international, de cette nature, d'avoir le
courage de toute sa pensée et d'exiger que les
décisions à prendre soient formulées en des
termes si précis que la diplomatie la plus
subtile ne saurait réussir à fausser leur portée
à la faveur de circonstances nouvelles. M. Tar-
dieu apporte dans les négociations de la Haye
cette sincérité de' pensée et ce souci de la pré-
cision. C'est ce qui explique l'impression pro-
fonde produite dès le premier jour par ses
heureuses interventions. Sa politique sobré,
claire, ferme sert l'influence et le prestige de
la France aux yeux du monde entier.
Une étrange campagne s'annonce déjà de
l'autre côté du Rhin pour accréditer l'idée que,
en tout état de cause, le plan Young ne consti-
tuera qu'un règlement provisoire, tout comme
le fut le plan Dawes, et qu'il faut, par consé-
quent, laisser la porte ouverte à des possibi-
lités de révision. M. Tardieu est allé droit au
seul moyen pratique de faire obstacle à une
telle éventualité en faisant incorporer dans
l'article premier 'du protocole final 'la consta-
tation du préambule qu'il s'agit bien d'un
règlement « complet et définitif »; engageant
formellement les parties contractantes. Toute
perspective d'une revision quelconque du plan
̃Young, au bout de quelques années d'expé-
rience, est ainsi écartée. Du fait de l'accord
germano-américain, en vertu duquel l'Alle-
magne payera directement aux Etats-Unis ce
qui revient à ceux-ci dans les réparations, sans,
passer par la Banque des règlements interna-
tionaux, la question pouvait se poser si, dans
des cas déterminés, les règlements envers les
Etats-Unis ne primeraient pas ceux envers les
alliés. M. Tardieu a exigé l'inscription dans
le protocole final du principe de l'égalité abso-
lue des puissances créancières sans aucun pri-:
vilège pour les Etats-Unis. Aux récrimina-
tions des Allemands, qui prétendent que la
définition trop précise des gages dits négatifs
tend à transformer le caractère des mesures
prévues pour l'affectation de certains revenus
,des monopoles, M. Tardieu a répliqué que les
suggestions des experts' ne sauraient être gè-
nantes pour le Reich que dans l'hypothèse où
celui-ci aurait l'intention de ne pas payer. Et
comme M. Moldenhauer, qui paraît être le
porte-parole allemand le plus actif à la Haye,
indiquait que l'engagement solennel de l'Alle-
magne devait suffire à commander la con-
fiance, le président du conseil lui répondit sur
'le ton qui s'imposait que, si l'on a confiance
̃clans les engagements solennels des -ministres
allemands actuels, ceux-ci ne sont pas éternels.
Il y' a dans là réplique de M. Tardieu des
choses qu*il iiîtporte de souligner, parce qu'elles
sont de nature à faire comprendre à l'opinion
universelle les précautions que les alliés sont
obligés de prendre pour l'avenir. Nous avons
insisté à plusieurs reprises à cette place sur la
fait que le règlement complet et définitif des
réparations doit être établi dans des conditions
telles qu'il soit à l'abri de toutes les surprises
mauvaises, quel que soit le gouvernement alie-
mand qui ait à en assurer l'exécution pendant
les années où il sera en vigueur. D'ailleurs,
quelle que soit la confiance que Ton puisse
avoir dans le cabinet Mûller, même avec lui
il n'y a pas de précautions inutiles. M.Tardieu a
raison lorsqu'il insisté sur les constatations
troublantes qu'on peut faire à cette heure.«Vous
nous demandez d'avoir confiance en vous,a-t-li
dit aux ministres allemands, et vous nous don-
nez l'impression que vous n'avez pas confiance
en vous-mêmes. Vous dites que vous acceptez
•le plan Young, et chaque fois qu'on veut en
préciser l'application, vous refusez. Une telle
attitude nous amène à douter de votre capacité
"généralfi de négocier.. ». Cela .devait être. dit
dans l'intérêt même de l'œuvre qu'il s'agit de
réaliser, qui doit être une œuvre de bonne, f.oi.
On savait d'avance qu?après Ta' campagne
Hugenberg et 1â manœuvré personnelle de -M.
Schacht la tâche de la délégation allemande
serait difficile ;à ia Haye. Il s'agir surtout pour
elle de sauver 3a face pour un gouvernement
n'ayant plus guère d'autorité et qu'on n'a laissé
durer au pouvoir que parce que d'autres ne
voulaient pas assumer la responsabilité de
faire aboutir la politique de M. Stresemann.
L'Allemagne ne peut laisser échapper les avan-
tages qu'elle attend du plan Young, mais elle
voudrait,en même temps,se réserver les moyens
de se soustraire à ses obligations si elle juge
possible de le faire sans risques graves. Que
les représentants du Reich défendent opiniâtre-
ment les intérêts de leur pays, rien de plus
naturel; qu'ils essayent d'obtenir des avanta-
ges que le cabinet Mûller pourrait faire valoir
pour consolider sa situation générale, on le
conçoit; mais autre chose est de s'efforcer d'ar-
racher aux alliés des concessions dans l'appli-
cation logique de ce qui a déjà été admis en
principe. La crainte des manœuvres de M.
Schacht et de la campagne nationaliste fai+
que la délégation allemande veut s'opposer à ce
que de nouvelles charges soient imposées au
Reich,mais il est étrange,en véiïté,qu'elle veuille
essayer de se débarrasser, par des dispositions
d'application du plan Young et l'interpréta-
tion tendancieuse de certaines formules, de
charges qui lui incombent réellement aux ter-
mes du plan tel qu'il a été élaboré et signé
par les experts. C'est une tactique dont on ne
saurait'être dupe, et.il importait de tenir aux
Allemands le langage que leur a tenu hier
M. Tardieu et de leur prouver que les alliés
sont unanimes quant à l'attitude à prendre afin
qu'on ne puisse se faire illusion à Berlin- sut*
les chances pouvant exister en faveur de toute
tactique de ce genre.
DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
DES CORRESPONDANTS PARTICULIERS DU Qblttt&S
Londres, 8 janvier.
Sir Henri Dickens, le seul fils survivant du
célèbre romancïer, a fêté hier son 81* anniver-
saire de naissance.
Londres, 8 janvier.
Dix cas de variole, d'un caractère bénin, ont
é,té constatés pendant la fin de la semaine der-
nière dans le quartier londonien de Soreditch.
Berlin, 8 janvier.
Le ministre de Roumanie à Berlin, M. Petrescu-
Comnène, quitte son poste de Berlin pour. repré-
senter son pays à Rome. Son successeur n'a pas
encore été désigné.
Berlin, 8 janvier.
Le traité de commerce germano-turc qui expire
le 3 février n'ayant pas été renouvelé par la Tur-
quie, dés négociations commenceront à Ankara
le 4 du mois prochain.
Munich, 8 janvier.
Le capitaine de cavalerie en retraite Kurt Ples-
sing vient d'être nommé consul de Bavière à
Lubeck.
̃•̃'̃, ̃ ̃ Wellington, 8 janvier.
Le'navire du contre-amiral Byrd, City-of -New-
York, qui prend part à l'expédition dans les ré-
gions antarctiques, est parti pour la baie 'des
Baleines.
MANQUE M LOGIQUE
L'Humanité a publié avant-hier un mani-
faste relatif à l'action du parti communiste
contre la guerre. On sait que ce parti a une
manière à lui d'envisager la paix, qui ne res-
semble pas précisément au pacifisme, mais
constitue, au contraire, un « bellicisme » ca-
ractérisé. « Le renversement du capitalisme
par le prolétariat dit le manifeste ne peut
'se faire que par la violence, par l'insurrection
.armée. Cette seule considération montre que le
prolétariat et son parti ne peuvent pas être
contre toutes les guerres. » Voilà qui est net,
et l'on ne saurait dénier aux hommes de Mos-
cou le mérite de la franchise. Au surplus, l'or-
gane communiste ne s'en tient-il pas là de
peur, sans doute, qu'une équivoque puisse
subsister au sujet de la véritable position du
parti dans le tragique débat sur la guerre et
la. paix, qui tient anxieux depuis tant d'an-
nées le monde civilisé, VHumanilè ajoute
« Le pacifisme, quelle. que soit sa forme, est
une idéologie dont le but est de rendre les
masses passives, incapables de réaction effi-
cace contre la guerre et désarmées au mo-
ment de la déclaration de la guerre. »
Ces affirmations, assurément un peu rudes,
et qui ne ressemblent que de fort loin aux mo^
tions sinueuses et balancées des congrès va-
loisiens, ont indigné notre confrère la Répu-
blique. Cette indignation est fort naturelle et
n'a rien que de respectable. Le. parti radical
socialiste, qui ne fait point volontiers (pas as-
sez volontiers peut-être) étalage de son patrio-
tisme, a cependant, dans certains cas extrê-
mes, des réflexes nationaux. La République
vient d'éprouver un de ces réflexes-là, qui est
tout à son honneur. Et nous comprenons qu'elle
ne laisse pas passer sans les flétrir des affir-
mations comme celle-ci, qui figure en bonne
place dans le manifeste communiste « La
transformation de la guerre impérialiste en
guerre civile suppose le défaitisme' conséquent
du prolétariat des puissances impérialistes en
lutte. Travailler, à la défaite de sa propre
« patrie » bourgeoise est le chemin de la trans-
.formation de la guerre impérialiste en guerre
civile. ».
Contre cette doctrine scélérate, nous nous
dressons avec au moins autant de résolution
que notre confrère radical socialiste. Mais ce
dernier nous permettra de nous étonner de sou
émoi. Car, enfin, tout cela n'est pas très nou-
veau. Tout le monde sait, et depuis long-
temps, que le communisme n'est pas autre
chose que le marxisme à l'état pur, et que le
marxisme, parti internationaliste et aussi parti
de lutte de classe, c'est-à-dire de guerre ci-
vile, est fatalement conduit, lorsqu'il est lo-
gique avec lui-même, à sacrifier les patries
toutes les patries aux intérêts de, la révo-
lution, laquelle comporte par définition la vio-
lence. Non seulement le marxisme n'est pas
pacifiste, mais il. ne, peut pas l'être, il; ne peut
réélise r ses fins que par la guerre,; et jnême
par la guerre universelle. Il n'est concevable
qu'en fonction du bellicisme et même du mili-
tarisme rouges les Soviets nous le font bien
arisme roug~)~ les nous lo font bien
voir.
Or, nous ne pensons pas que les valoisiens
viennent seulement de découvrir ces vérités
élémentaires. Ils les connaissaient lorsque,
dans certaines luttes électorales dont on n'a
pas perdu le souvenir, ils ont fait pencher la
balance du côté des candidats communistes
pour faire pièce aux républicains libéraux et
nationaux. Ils les connaissaient lorsqu'ils re-
nouvelaient ou créaient les formules qui sont
devenues celles du cartellisme intégral « pas
d'ennemis à gauche »; « votez rouge ». Force
leur est, maintenant, de reconnaître qu'ils se
sont ainsi compromis en fâcheuse compagnie,
qu'ils ont pactisé avec un parti de trahison.
Mais l'esprit s'il leur vient leur vient ici
bien tard.
Sans doute nous objecteront-ils que le car-
tel ne comporte pas l'alliance directe avec les
communistes, mais seulement avec les socia-
listes. Mais ils retomberont de Charybde en
Scylla. Car le socialisme, c'est encore le
marxisme,, g'^st encore rinternationalisine e| la
lutté de classe, donc la subordmalkm •néces-
saire, de. rid'ée' de ̃patrie aux desseins de guei'rg;
civile. La socialisme, à. cet égard, ne dilïërè'pàs,
du communisme, parce qu'il i\&. peut pas en
différer. J3n yaift C?her,cho-t-il à estompep cet
aspe.ct fâcheux de sa doctrine, à le. couyrir,
clans ses programmes, d'une ombre propice et
opportunément « petite bourgeoise » il ne
saurait échapper aux conséquen.ce.3 des pré-
misses posées par le redoutable logicien alle-
mand qui a su donner une forme rigoureuse-
ment déductive et une apparence constructive
à sa théorie de la destruction universelle.
Si les valoisiens réprouvent Te défaitisme, et
l'antipatriotisme des marxistes, pourquoi s'al-
lient-ils avec eux? S'ils restent vraiment natio-
naux, pourquoi font-ils la politique des inter-
nationalistes ? Si, sur le terrain- de la guerre
et de la paix,- radicaux !.ét socialistes ne se res-
semblent pas," pourquoi s'assemblent-ils? Les
amis de M. Daladier ne sauraient s'étonner de
nous voir leur poser cette question, car il ne
nous est pas interdit de demander de la logique
à nos contradicteurs ordinaires.
«C»
LES ASSURANCES SOCIALES
Veiller
Parmi les assujettis sur qui plane la me-
nace des assurances sociales, .il en est qui,
bien loin de s'endormir dans une sécurité
trompeuse, éprouvent une inquiétude parti-
culière. Ce sont les agriculteurs.
•II. y a quelques jours, .à la chambre d;'agri-
culture du Cher, une délibération intéressante
a eu lieu, sous la présidence de M. de Vogué.
Montrant combien sent fâcheuses «l'ies. incer-
titudes actuelles », cette chambre a émis le
voeu le' Parlement se hâte de voter le
projet de loi rectificatif déposé au Sénat par
le gouvernement le 26 juillet dernier. Les dis-
positions en furent publiées seulement, on
s'en souvient, au début du mois de novembre.
Le projet de loi avait été déposé « en
blanc ».
Là chambre d'agriculture du Cher n'a fait,
d'ailleurs, qu.'affirmer sa fidélité aux conclu-
sions formulées, le 6 novembre 1929, par l'as-
semblée des. présidents des chambres d'agri-
culture, sur le rapport de M. F. Garcin, prési-
dent 'de la chambre d'agriculture de la Loire.
En toute impartialité, citons-en les termes
L'assemblée des présidents des chambres d'agricul-
ture de France,
Remercie MM. les ministres de l'agriculture et du
travail d'avoir fait approuver par leurs collègues e^
déposer par le gouvernement le projet de loi rectificatif
du 25 juillet 1929 (la date exacte est celle du 26 juil-
let), dont les articles 76 à 85 contiennent quelques-unes
des mesures acceptées ou demandées par l'assemblée
des présidents des chambres d'agriculture de France,
dans ses séances des 4 et 21 juin 1929;
Demande instamment au Parlement de voter dex-
trême urgence ce texte, oar il importe de, mettre fln
aux incertitudes actuelles, qui sont extrêmement pré-
judiciables à l'avenir des assurances sociales, la loi dù
5 avril 1928 ne pouvant pas être appliquée dans les
campagnes, et le régime qui lui sera substitué n'étant
pas encore établi:
On s'explique aisément le cri d'alarme pro-
voqué, dans le monde agricole, par la. loi du
5 avril 1.938; et l'on n'a pas de peine à, com-
prendre i'emprèssement avec. leqûel'-furent
accueillies des «dispositions spéciales -aux
professions agricoles », contenues dans lé pro-
jet de loi rectificatif du 26 juillet 1929 (1).
Pour cette partie de la population, toute assu-
rance sociale obligatoire est abolie, sauf l'assu-
rance-vieillesse. Le double versement qui con-
tinue d'être exigé pour celle-ci 'n'est plus que
de. 2 0/0 du montant des salaires, au lieu du
iaux de 10 0/0, maintenu seulement à l'égard
des professions, non agricoles.
Il est vrai que le maximum des salaires envi-
sagés est relevé, de 15,000 à 22,000 francs,
aggravation non négligeable, par suite de l'àf-
filiation d'un plus grand nombre d'assujettis,
ce qui implique un accroissement parallèle des
contributions. Mais cette surcharge est, évi-
demment, peu de chose auprès de l'économie
ménagée d'autre part, grâce à l'abdissement du
taux.
Les assurances relatives à la maladie, à la
maternité, au décès, sont rendues facultatives.
Toutefois, s'il est fait usage de cette faculté,
un, versement est rendu obligatoire par l'em-
ployeur., Mais une modération sensible des
charges créées en ce cas est admise.
D'autres dispositions, conçues dans le même
esprit, ont été imaginées au profit des « pro-
fessions agricoles ». Rien ne serait plus facile
que d'en signaler de moins favorables; mais,
dans l'ensemble, la réduction demeure.
Seulement, comment tolérer l'institution de
deux régimes légaux d'assurances sociales par
lesquels l'Etat couperait en deux la population
de la France? Comment pourrait-on faire litière
de la solidarité des intérêts en cause ?
Le projet de loi rectificatif du 26 juillet 1929;
ne fût-il considéré qu'à ce point de vue, est
inadmissible. De multiples protestations en
font foi. N'en rappelons que quelques-unes.
À peine lé projet dé loi était-il connu, les pré-
sidents des chambres de commerce, réunis en
assemblée plénière le 5 novembre, émettaient
ce voeu
que les pouvoirs publics n'opposent pas, en les
soumettant à un régime différent, les différentes
branches de la production nationale dont les in-
térêts sont solidaires, et qu'ils concèdent aux em-
ployés et ouvriers des villes le même régime
qu'aux travailleurs agricoles.
Tel fut le sentiment immédiatement exprimé
par les représentants autorisés du commerce
de la France entière.
Le 19 novembre, la Confédération générale
de la production française était entendue par
la commission sénatoriale de l'hygiène, de
l'assistance, de l'assurance et de la prévoyance
sociales. Elle demanda « que, dans le cadre
de la mutualité, des aménagements, s'inspi-
ranl de ceux prévus pôur les agriculteurs, ren-
dent moins onéreuse et plus souple, pour l'in-
dustrie et le commerce, l'application de la loi
du 5 avril 1928 ».
Dernièrement, le président de la Confédéra-
tion des groupés commerciaux et industriels de
France, M. de Paloméra, a fait'ressortir « la
différence choquante de régime entre l'agricul-
ture et le commerce »; et. le président de
l'Union mutuelle nationale pour l'assurance en
cas de décès; M. de Pàchtère, s'est exprimé en,
ces termes":
A mon avis; la grave hérésie commise est
dans l'atteinte portée a l'unité nationale. Ne créez
pas. puisque le mot est à la mode, l'autonomisme
de l'agriculture. Ne faites pas deux catégories de
Français. Vous n'avez devant vous, messieurs les
parlementaires, que la France une et indivisible.
On ne voit pas le Sénat, on ne voit pas la
Chambre résistant à ce mouvement d'opinion.
En réclamant le vote, sans modifications, du
troisième projet de loi rectificatif sur les assu-
rances sociales, les représentants du monde
agricole vont inévitablement à un échec.
Les intérêts qu'ils défendent sont infinimènt
dignes de sollicitude, et le gouvernement ne
saurait quatre approuvé d'y avoir songé. Mais
les difficultés, d'ordre économique,^ financier
et social, ne sont pas moindres pour les'àutre^
catégories de travailleurs.
{1 ) Peut-être voudrait-on se reporter aux commen-
tair.es dont le projet de loi du 26 juillet 1929 a été
l'objet, au Temps. CRons les numéros des 7, S, 16, 17,
20, 21, 24, 27, 28 et 30 novembre; 1", 2, 7, g, il, id,
15/. 21, 27. et 29 décembre,
lj#s Tors, ce serait se leurrer que:' de; .se .croire
àj'!àifr'i de ]a.loï,ilu..î)'.av.|>il 1928 parce, qu'on se se
sera; attaclïê au projet de loi du-20 juillet 1929.
̃£a commission sénatoriale de l'hygiène, de
l'assistance, de l'assurance et de la prévoyance
sociales'. s'est occupée de son mieux à le ré-
former. Les commissions sénatoriales des
finances, du commerce, de l'agriculture étu-
dient les propositions nouvelles. En fait, aussi
bien les agriculteurs que tous autres assujettis
éventuels vbieiif planer sur eux le plus redou-
table inconnu.
Nous ne pouvons que le répéter, toutes les
surprises sont, possibles.
Plus que jamais, il faut veiller.
UN DÉIEWt, UN DÉSAVEU
Nous avons reçu la lettre suivante
Monsieur îe directeur,
Le Messager d'Alsace du 4 courant fait allu-
sion à un article paru ces jours derniers dans
votre journal, 'me concernant, et qui, d'ailleurs, a
échappé à mon attention.
Dans votre article, il serait question des « chefs
autonomistes » en général dont l'influence irait
en s'amoindrissant de jour en jour, en Alsace, et
en particulier de M. Mïchel Walter, qui se serait
adressé à un journal anticlérical pour faire ou-
vrir une campagne odieuse contre Mgr Ruch,
évoque de Strasbourg.
Ce n'est pas la première fois que je.suis 1 objet
d'attaques injustifiées dans les colonnes de votre
journal. En général je n'y réponds pas. Mais cette
fois, votre assertion est si grave que je tiens ab-
solument à la réfuter. Eli'è repose sur le plus
•8|)0i»inabIe des -mensonges et- «4 j'en connaissais
l'autour, je le citerais aujourd'hui encore devant
les tribunaux, pouu lui donner l'occasion d'appor-
ter les preuves à l'appui de ses dires.
Jamais je ne me suis adressé et n'en ai
jamais eu l'idée soit directement, soit indirec-
tement, ni à un journal catholique et encore moins
à un journal1 anticlérical, pour faire une campa-
gne contre Mgr' Ruch, que je considère, comme
je le lui'ai d'ailleurs affirmé dans une lettre,
comme un prêtre modèle au point de vue moral.
Je regrette vivement, monsieur le directeur, que
votre journal se fasse le complice de gens aussi
peu scrupuleux, osant attaquer et calomnier sil
bassement un adversaire politique.
Que vous me considériez comme un « chef au-
tonomiste » dans votre ignorance des choses ré-
gionaïistes, passe encore, mais que vous jetiez le
doute sur la sincérité de mes convictions reli-
gieuses et mes sentiments de déférence envers
mon évoque, cela je ne l'admettrai jamais, surtout
de la part d'un journal comme le vôtre, qui se
réclame avant tout de la droiture et de l'honneur.
• J'estime qu'il suffit de faire appel à votre sen-
tiinent de loyauté pour obtenir l'insertion de cette
îettre dans les colonnes de votre journal.
Veuillez, agréer, monsieur le directeur, l'expres-
sion de mes sentiments très distingués.
Michel WALTER,
j député de Hagucnau*
M. Michel. Walter, député catholique de
Hagueii.au, élu par: la grâce des communistes
et.,de ,M.. Hauss M.'Hauss, l'un de ceux qui
mènent la plus furieuse campagne d'injures
contre l'évêque de Strasbourg, dément l'ac-
Gifsatiaiï qui pèse sur lui, que l'on répète un
pjL'ù partout dans nos deux départements d'Al-
fftée, que le Nfitionql d'Alsace a publiée, que
i~^ et de laquelle, au surplus, M. Walter a lui-
rriême jugé utile de se disculper auprès dé
Mgr Ruch, en assurant à l'éminent prélat, qui ui
en a été sans doute infiniment flatté, qu'il le
considérait « comme un prêtre modèle au
point de vue moral ».
1 Enregistrons la négation de M. Michel Wal.
ter, non sans remarquer toutefois. que le dé-
puté de Haguenau, qui professe de tels senti-
ments de « déférence » envers son éyêque, n'a
jamais, à aucun moment, cru devoir s'élever
contre la campagne menée. par les organes de
ses amis, VElsass-Lothringische Zeilung ou la
Nette Welt communiste.
La foi qui n'agit pas, est-ce une foi sincère?
Mais soit. Enregistrons le démenti de M. Mi-
chel Walter en l'interprétant comme un désa-
veu absolu et formel de cette campagne.
Le député de Haguenau nous dit qu'il ne
répond pas d'ordinaire à nos « attaques injus-
tifiées ». Il y a cependant répondu déjà par
des lettres "que l'on n'a pas oubliées. Nous
avons pu constater, depuis, que les déclaration*»
qu'il nous faisait alors étaient- en contradic-
tion absolue avec son attitude politique aussi
bien avant qu'il nous eût écrit qu'ensuite. M.
Walter avait approuvé la Zukunft avant d'ap-
prouver l'interdiction de la Zukunft, et de de-
féndre, dans un deuxième revirement, les
hommes de la Zukunft. Il s'est montré tour à
tour, et quelquefois en même temps, « natio-
îiai » et allié aux autonomistes et aux com-
ïnunistes. Il a contribué à l'élection de M.
$ueb!er, maire communiste de Strasbourg, dont
il est l'adjoint et l'auxiliaire. Ses opinions ont
ainsi varié suivant les diverses couleurs du
ciel électoral. C'est là, nous en rendons volon-
tiers le témoignage, une « conviction » solide
et qui permet en effet à M. Michel Walter de
rester toujours lui-même, dans toutes les cir-
constances.
,53*.
L'HERBORISTE DISCRET
û Voici un fait extraordinaire et proprement
incroyable dans l'histoire de la, littérature, de la
librairie, ou, si vous voulez, des, mœurs contem-
poraines, et il convient de le proposer sans retard
à d'attention ébahie de tous les braves gens.
Aujourd'hui nul n'a coutume d'être d'une dis-
crétion exemplaire dans les innombrables mani-
festations de son activité diverse. Il apparaît que,
dans la vie littéraire particulièrement, l'indiscré-
-tion- est de rigueur. Il y faut un peu d'agitation
et de tumulte. La règle est essentiellement de rie
point passer inaperçu. Et tous les moyens sont
bons pour se faire remarquer. Même l'originalité
des écrits ce n'est pas le moyen le plus employé.
''•'̃ Aussi est-il décent do saluer au passage un
écrivain qui n'est peut-être pas, en son œuvre,
d'une originalité fulgurante, mais qui est dans ses
procédés d'une réserve exquise. Quel écrivain?
Impossible de vous donner son nom Pas de nom,
'demandez à la terre A l'heure actuelle combien
signent» des livres qu'ils n'ont pas écrits eux-
mêmes, et les nègres pullulent ailleurs que dans
^les $0i de restaurants de nuit. Celui-ci, au con-
traire, écrit un livre et ne le signe pas. Il ne'goûte
que, le silence et l'ombre. Il les recherche avec un
merveilleux acharnement. Et il parvient à se dis-
simuler en, eux. Son livre est intitulé l'Herbier
d'un beyliste. C'est tout. Pas de nom d'auteur,
vous dis-je. Pas de nom d'éditeur. Simplement,
sur la couverture Paris; avec, pour remplir tous
les vides qui ne se laissent observer que sur la
couverture, un motif décoratif sympathiquement
Vieillot groupant un album à là mode d'autrefois,
un manuscrit, un encrier,, des fleurs, des fruits et
puis des branches, et puis des ailes qui peuvent
être des ailes d'ange ou des ailes de canard, et
des plumes qui peuvent être des plumes d'oie,
mais qui ne sont certainement pas des plumes de
paon.
La modestie, en effet, s'étale ici imperturbable
Si douce qu'on ne peut pas prétendre
qu'elle y mette de l'ostentation. Et voici à l'inté-
rieur, au verso du, faux titre, l'indication com-
plémentaire qui souligne la modestie exception-
nelle et presque scandaleuse « II n'a été tiré
de cet ouvrage que cent exemplaires numérotés
<|e .1 à 1Q.0. » Soilà décidément un herboriste qui
» la' fureur de la modestie, de l'anonymat et du*
myslèfé;auta£l\i^ë..doi,.Vh;èrboristeri!b.'l s { •
En somme, il "a réuni dans son herbier des
pensées. Des pensées! de penseurs. Toutes sortes
de pensées,, do. tèiites sortes de .penseurs;, Pensées!
sur les .hommes, ce qui-.est banal; sur les femmes,
ce> qui commence ide devenir intéressant; sur
l'amour, et, vous vous y attendiez bien; sur les
peuples et sur les individus, sur la philosophie el
sur la vérité mais où est la' vérité? sur la vie,
la vieillesse, la mort, enfin sur des sujets 'éternels
et franchement gais. Vous ne sauriez croire quelle e
est la foule de penseurs pensants qui ont pensé
sur ces sujets-là. L'herboriste les rassemble, dans
son herbier avec une impartialité ou une sérénité
dignes de la plus-haute admiration. Confucius et
Platon, Montaigne et Pascal, La Rochefoucauld et
La Bruyère, plus de cent autres et des plus an-
ciens et des plus modernes, Valéry, Jean Rostand,
Ch. Rëgismanset, Biaise Cendrars, et même Joseph
Delteil, qui se trouve être un penseur en cette
affaire. Mais le beyliste ou l'herboriste le plus
sage est un homme, il n'est donc pas parfait. Il:
pense aussi. Et il nous est accordé de rencontrer
là des pensées de X. Ces pensées ne sont pas
toujours anonymes lui seul-le reste.Quand1 il
signe, il signe X. Pour penser heureux pensons
cachés
Et qu'importent toutes ces pensées ? Ce qui,
importe dans l'aventure de ce moraliste féru de
réserve et de pudeur, c'est qu'un homme se soit
rencontré de nos jours, capable de se livrer sans
bruit à un aussi aimable divertissement intellec-
tuel. Ce qui importe, c'est la' qualité d'esprit et
d'âme que ce divertissement révèle. Chacun
prend son plaisir où il le trouve. Il est bon que
dans notre civilisation •mouvementée, quelques
philosophes de choix soient encore capables de le
prendre là et ne s'en vantent même pas.
Certes, un. recueil de maximes parfaitement
contradictoires est un joli cadeau à faire à une
grande personne. On n'est pas des barbares et on
n'est pas complètement inapte à méditer sur la
vie et sur l'amour, même sur l'amour, et ça
n'avance pas à grand'chose. Mais qu'il y ait un
homme pour se cacher ainsi jusqu'en se mon-
trant, pour affirmer son culte des lettres au point
de faire soi-même éditer son ouvrage, et sa pas-
sion de retenue jusqu'à tout dissimuler de lui-
même au moment qu'il pourrait ,en tout décou-
vrir, cela est un phénomène assez exceptionnel
par le temps qui court. En littérature on apprécie
mieux les petits avantages de, l'agréable tinta-
marre, et il y a peu de chances que cet herboriste
secret soit suivi demain par un cortège encom-
brant d'imitateurs. J. E.-C.
LE RÈGLEMENT DE LA PAIX
Conférence de la Haye
La discussion du projet de protocole final
(Par téléphone, de notre envoyé spécial)
La Haye, 8 janvier.,
Les puissances intéressées aux réparations alle-
mandes siégeant, hier, de 15 h. 30 à 18 h. 30, les
experts, présents, ont achevé la discussion, en
première lecture, du projet de protocole final de
la conférence. !•̃».̃
En ce qui concerne le problème qui avait
donné lieu, dans la matinée, à un vif débat
du remboursement par l'Allemagne des sommes
dont un moratorium aurait différé le payement,
M. Curtius a demandé et obtenu, au début de la
séance de l'après-midi, un ajournement qui lui,
permettra, espère-t-il, de soumettre jeudi une
proposition nouvelle.
Pour la question de l'harmonie à établir. entre
l'accord germano-américain du 28 décembre, par
lequel le. Reich réglera directement avec Was-
hington les annuités de sa dette envers les Etats-
Unis, ftt le protocole de la conférence, les délégués
du Reich ont accepté de ne se prévaloir de leur
droit de moratorium qu'à l'égard de l'ensemble
des puissances créancières. Ainsi est écartée l'é-
ventualité d'une continuation des versements de
l'Allemagne à l'Amérique pendant que, pour la
dette du Reich envers les autres puissances créan-
cières, jouerait un moratorium.
L'organisation nouvelle des revenus gagés a été
l'occasion d'une discussion serrée.
Le plan Young (annexe III) prévoit l'affectation
de certaines recettes (douanes, impôts de consom-
mation) au service des certificats de la dette alle-
mande mais cette affectation ne doit revêtir qu'un
caractère négatif, c'est-à-dire que le Reich pro-
met seulement de ne pas affecter ces recettes à un
emprunt sans l'assentiment de la Banque des rè-
glements internationaux. Les experts alliés avaient
élaboré un texte précisant les conditions d'affec-
tation de ces recettes. Mais M. Moldenhauer, mi-
nistre des finances du Reich, objecta que ce texte
transgressait le plan Young, en transformant le
gage négatif prévu en gage positif.
M. Snowdon, puis M. Graham, défendirent fer-
mement des dispositions qui sont essentiellement
d'origine britannique. M. Chéron et M. Tardieu se
prononcèrent dans le même sens. M. Moldenhauer
répliqua, exprimant son regret qu'en présence
d'un engagement solennel de l'Allemagne, les
puissances créancières tinssent cependant à mul-
tiplier à ce point les 'précaution^.
Prenant la parole, M. Tardieu fit alors, en subs-
tance, la déclaration suivante
Nous avons, certes, confiance dans les repré-
sentants allemands qui se trouvent en face de
nous, mais nous ne pouvons compter qu'ils de-
meureront éternellement au pouvoir et, d'ailleurs,
eux-mêmes témoignent dans la discussion d'un
état d'esprit qui nous paraît quelque peu trou-
blant. Ils marquent bien peu de confiance en eux-
mêmes et à l'égard aussi de leur pays. Aussi bien
dans le débat sur le caractère « complet et défini-
tif » du règlement des réparations à intervenir
que sur les conditions du moratorium ou sur l'or-
ganisation des gages négatifs, ils multiplient les
objections. Nous ne pouvons cacher qu'une telle
attitude nous remplit d'hésitation. Elle nous fait
douter du caractère général de la négociation. Elle
risque de changer la base de nos travaux.
En réponse, M. Curtius protesta de la bonne vo-
lonté de la délégation allemande, mais il ajouta
que cette bonne volonté avait des limites et que le
Reich ne pourrait accepter une aggravation de ses
charges.
Après cette double intervention, et sur la pro-
position de MM. Snowden et Jaspar, la question
des revenus gagés fut renvoyée à l'examen d'un
comité de juristes..
Au sujet du régime des chemins de fer alle-
mands, la question de la durée des obligations de
la Compagnie des chemins de fer allemands fut
facilement résolue. Au contraire, l'entente ne se
fit pas sur le point de savoir s'il appartiendrait
au gouvernement du Reich ou à la Compagnie des
chemins de fer de veiller aux engagements pris
par les chemins de fer allemands. Après une dis-
cussion à laquelle prirent part M. Moldenhauer et
M. Chéron, M. Moldenhauer ayant demandé à con-
sulter à Berlin son collègue des transports, M.
Stegerwald, M. Jaspar fit décider que le gouver-
nement du Reich serait invité à présenter un nou-
veau texte.
L'ajournement, fut aussi résolu en ce qui con-
cerne les problèmes de « la liquidation du passé »
(l'Allemagne poursuit, en effet, encore des négo-
ciations avec plusieurs Dominions) et des dépôts
du Reich à la Banque des règlements internatio-
naux.
Au terme de ces deux jours du débat en pre-
mière lecture du projet de protocole final de la
conférence, sur onze questions au sujet desquelles
les points de vue des Etats créanciers et ceux de
l'Allemagne se trouvaient en opposition, quatre
auront reçu une solution, »Jes. #utres étant ren-
voyées à l'examen des experts, des juristes ou du
gouvernement du Reicb..
II, V été entendu que leà puissances intéressées
aux réparations allemandes ne tiendraient de nou-
velle réunion que jeudi matin. Parmi les ques-
tions à l'étude desquelles s'attacheront aujour-
d'hui les experts allemands, notamment M.
Kastl, l'ancien' membre du comité Young, arrivé
à la Haye et les experts allilés, figure en --pré-rf.
mière ligne celle de la date des payements .du
Reich à la Banqué des règlements internationaux.
Il s'agit, on le sait, suivant que l'on adopte pour
ces versements la date du, 15 au lieu. de celle de
la fin du mois, d'une différence globale de 80 mil-
lions de marks or pour l'ensemble des 37 années.
du plan.
Parmi les problèmes non encore abordés en pre-
mière lectiure, deux donneront lieu, on peut la
craindre, à des difficultés celui de l'incorporation
dans le plan Young des accords relatifs à la li-
quidation du passé, spécialement de l'accord ger^
mano.-polonais; et aussi celui des dispositions-par
lesquelles serait interprété l'article, 430 du traité"
'de Versailles. '••• ̃̃
Rappelons le texte do cet article 430 « Dans le
cas où, soit pendant l'occupation, soit après l'ex*
piration dés 15 années ci-dessus prévues, la com-'
mission des réparations reconnaîtrait. que l'Alle-
magne refuse d'observer tout ou partie des obli-
gations résultant pour elle du présent traité, rela-
tivement aux réparations, tout ou partie des zones j
spécifiées à l'article 429, serait immédiatement;
occupé de nouveau par' les forces alliées et as-
sociées ».
,Un exposé du point, de, vue français, approuvé,
par l'Angleterre,- sera communiqué aujourd'hui à
la délégation allemande. Au cas, déclare. en subs-
;tancei cet exposé, où une décision arbitrale aurait
proclamé que l'Allemagne a transgressé le plan
Young, l'article 430 retrouverait sa pleine vali-
dité.
Une seule question cependant pourrait, avec le
succès de la conférence, mettre en péril l'entrée
en vigueur du plan Young celle que crée l'attife
tude de M. Schacht. Le président de la Reichsbank,
qui s'est jusqu'ici refusé à venir, à la Haye, s'y
rendra dimanche ou lundi, puisque c'est décidé-
ment le 13 janvier que se réunira le comité d'orga-
nisation de la Banque des règlements internatio-
naux. Mais dans quelles dispositions d'esprit arri-
vera M. Schacht et peut-on croire qu'il ait le
désir sincère de collaborer loyalement à la créa-
tion de la Banque? M. Parker Gilbert, l'agent gé-
néral des payements de réparations, venu à Ams-
terdam conférer avec les autres trustees du plan
Dawes et qui s'est rendu hier à la Haye où il a
notamment rendu visite à M. Tardieu, n'a pas dite-
simulé à cet égard son pessimisme. M. Curtius
et les autres délégués du Reich ont, il est vrai,
assuré qu'ils se faisaient fort de vaincre l'opposi-
tion de M. Schacht, mais il'est permis de redouter
que leur force de décision ne soit pas égale à leufi
bonne volonté.
Les réparations orientales
Pour les réparations orientales, on, sait qu'hier
matin les représentants bulgares ont offert de ver,
ser leurs créanciers, pendant 36 ans, une an-
nuité moyenne de 10 millions d'anciens francs or
sous réserve de possibilité de transfert, mais en
renonçante ;àe' prévaloir des dispositions de PaiN*
ticïe 122 du traité ae Neuilly, artiolè'quii permet?
tait à la Bulgarie de remettre en cause' ses enga-
gements de réparations. Il a été entendu que les
créanciers de la Bulgarie se réuniraient ce soir
pour examiner l'offre estimée encore insuffisante
de ce pays. Demain matin, à 10 h. 30, il est pro-
bable qu'au cours d'une nouvelle séance de la com.
mission des réparations non allemandes, les Bul
gares présents, l'accord final s'effectuera.
Pour l'Autriche, à la sui'te d'une visite du chan-
celier Schober à M. Loucheur, tout indique que
d'ici la fin de la semaine une entente sera réalisée
entre elle et ses créanciers. ̃ ̃'
Pour les problèmes hongrois, les conversations
à trois France, Angleterre, Italie, représentées
respectivement par MM. Loucheur, Suvitch, Broc-
chi'et sir Eric Phi'pps se sont continuées hier et
se poursuivront aujourd'hui'. Si- vendredi ou sa-
medi après ces échanges de vues des trois gran-
des puissances il n'apparaît pas que la Hongri'e
veuille modifier son attitude, des négociations,
déjà amorcées, seront poursuivies avec les puis-
sances de la Petite Entente créancières de la Hon-
grie, afin qu'au,moins l'intransigeance de celle-ci
n'empêche pas la mise en vigueur du plan Young
M. Briand quittera, nous l'avons dit, la Haye
vendredi prochain pour gagner Genève via Paris.
̃M. Curtius a de son côté le viif désir d'assister à
la session du conseil de la Société des nations,
session au cours de laquelle l'éloge funèbre de M.
Stresemann sera prononcé par M. Zaleski, prési-
dent en exercice du conseil Mais.il paraît difficile
que le chef de la délégation allemande puisse, mê-
me durant peu de jours, quitter la Haye et il est
donc vraisemblable que M. von Schubert repré-
sentera l'Allemagne au conseil de Genève. D'aufire
part, MiM. Tardieu et Loucheur ont fait connaître
leur intention de partir lundi soir pour Paris afin
ae prendre part mardi à l'éleçtïon du président de
la Chambre. Le président du conseil et le ministre
du travail seraient de retour à la Haye mer-
credi 15 janvier; mais les événements permet-
tronO-Ws à 'MM. Tardieu et Loucheur de quitter la
Haye pour 24 heures seulement? –André Ganem.
L'Allemagne et les discussions de la Haye
Notre correspondant de Berlin téléphone mercredi
matin
La presse allemande loue M. Moldenhauer, mi-s
nistire des finances, de son énergie à défendre l'in-
térêt allemand dans les questions financières dé-
battues hitor à la conférence. On 'note générale-
ment que la discussion devient plus âpre. 'Mais
seuls les journaux de droite parlent d'une crise
possible" sinon déjà apparente.
La délégation allemande, écrit le démocrate Berlïner
Tageblatt, a dû se défendre pied à pied. Le nouveau
ministre des finances s'est montré excellent dans cette
lutte. La manière dont il entre dans le détail et l'opi-
niâtreté avec laquelle il défend des positions qui ne
sont pas toujours très importantes ont provoqué une
certaine protestation contre ses méthodes de négocia-
tion. Elles ne sont pas sans rappeler celles de M.
Snowden à la première conférence. M. Curtius dut re-
pousser les attaques dirigées contre son collègue. Il
fit remarquer qu'on ne pouvait en vouloir a. la délé-
gation allemande si elle résiste à des exigences qui
vont au delà des recommandations du plan Young.
SI les négociations de la Haye sont devenues un peu
plus agitées, il, ne faut pas en conclure qu'elles se
trouvent dans une crise. L'atmosphère d'optimisme gé-
néral concernant leur conclusion prochaine subsiste aveo
rajson. Les. questions, disoutées ..sont importantes pour
l'Allemagne mais elles ne sont pas assez dangereuses
pour menacer la conférence..
De la Gazette de Voss (démocrate)
La déclaration de M. Gurtius et les répliques de la
contre-partie, qu'il ne faut pas interpréter comme un
incident, étaient nécessaires pour marquer exactement
les positions. On doit approuver tout particulièrement
l'attitude ferme et calme; de M; .Curtius. Cette déclara-
tion était peut-être nécessaire pour maintenir l'atmos-
phère paisible et positive de la conférence et rappeler
que les méthodes de bluff ne sont plus de mise.
De la Germania (centre)
Au total, les débats de mardi furent très animés et
assez critiques. Aujourd'hui la discussion dp la note
française sur les sanctions déchaînera sans doute la
lutte à propos de ce problème. Il parait de plus en plus
évident que M. Tardieu veut en faire une question de
prestige, tandis que, pour l'Allemagne, c'est une ques-
tion vitale. Bien que personne chez nous ne songe à
déchirer le plan Young, Il est très important de sa-
voir s'il doit remplacer définitivement une partie du
traité de Versailles, ou si la France le considère comme
yav gro;visjoir9 durant Jegu^l le tçait-â «le XfirssUles
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 61.17%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 61.17%.
- Collections numériques similaires Barbier Joseph Victor Barbier Joseph Victor /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Barbier Joseph Victor" or dc.contributor adj "Barbier Joseph Victor")Le Rhin et la France Nord-Est. Carte physique et politique indiquant le relief du sol, les voies ferrées et les canaux, en exploitation ou projetés et les frontières franco-allemandes... / par J. V. Barbier... /ark:/12148/btv1b53062083d.highres J. V. Barbier. Plan de la commune de Nomeny /ark:/12148/btv1b530578849.highres
- Auteurs similaires Barbier Joseph Victor Barbier Joseph Victor /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Barbier Joseph Victor" or dc.contributor adj "Barbier Joseph Victor")Le Rhin et la France Nord-Est. Carte physique et politique indiquant le relief du sol, les voies ferrées et les canaux, en exploitation ou projetés et les frontières franco-allemandes... / par J. V. Barbier... /ark:/12148/btv1b53062083d.highres J. V. Barbier. Plan de la commune de Nomeny /ark:/12148/btv1b530578849.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k247726d/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k247726d/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k247726d/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k247726d/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k247726d
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k247726d
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k247726d/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest