Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1929-11-05
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 novembre 1929 05 novembre 1929
Description : 1929/11/05 (Numéro 24913). 1929/11/05 (Numéro 24913).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
3. LE TEMPS. 5 novembre 1929
jLes Salons da i&SQ
LE SALON D'AUTOMNE
LA SCULPTURE
Ce n'est pas par le nombre, mais par la qua-
lité que s'impose au Salon d'automne la sculp-
ture. Elle des traditions à maintenir, un passé
déjà glorieux à soutenir, et ce passé, iMustré
par les exemples hautains d'un Bourdelle,
s'enrichit chaque année de nouveaux titres.
Nous avons eu, l'an passé, la Vénus, d'une si
belle plastique et d'une exécution si sensible,
de Maillol; nous avons cette année le Cerf aux
écoutes de Pompon, que son Ours blanc, au
Salon de i923, avait déjà désigné à notre ad-
miration et classé aussi haut que Barye dans
le même art.
Ce ne sont pas les interprètes de l'animal
qui nous manquent, et bon nombre sont des
exécutants de premier ordre, mais leur mode
â'interpretafion n'a rien de personnel et ne
nous a rien appris. Seul, Bugatti nous avait
apporté une. note neuve une mort prématurée
Fa empêché de donner toute sa mesure. Pom-
pon, au cours d'une carrière déjà longue, a
créé vraiment de l'inédit. En supprimant tout
le pittoresque du détail, poil ou plume, qui
peut être amusant dans le bibelot, mais qui,
dans les morceaux importants, destinés à la
place ou au jardin publics, contrarie l'effet de
masse, il ,a été .d'autant plus inventeur que cette
simplification dans les lignes l'a conduit, dans
Ses aspects d'ensemble, à une accentuation
infiniment sculpturale des volumes. Il en est
résulté dans toutes ses créations, même du for-
mat le plus modeste, une grandeur d'impres-
sion et un style qui constituent la plus étour-
dissante des trouvailles.
̃Voyez, sur le perron d'où s'élance le grand
escalier de gauche, ce magnifique animal
planté dans une attitude rigide, et comme au
garde à vous, sur ses jambes nerveuses;
voyez ces andouillers qui, au lieu de se ren-
verser en arrière, comme il arrive dans les atti-
tudes indifférentes ou normales, se dressent
.verticalement vers le ciel, tandis que le cou
tendu, la tète droite, indiquent visiblement la
méfiance et que les naseaux dilatés semblent
Mimer la présence d'un ennemi. Est-il rien de
plus expressif; 'de plus physionomiquement
vrai et de plus juste ?
Considérez maintenant l'exécution du corps,
avec ces deux plans carrés d'une structure si
caractéristique, véritables plateaux placés dans
3'axe même de chacune des deux paires de
jambes, et qui enferment entre eux la ligne
flexible du dos; et ilites-moi s'il est possible de
lever plus d'exactitude, plus de conscience et
plys de fermeté. Mais que d'études de détail,
quelle somme énorme de recherches, que de
croquis préalables au crayon, avant même de
passer au travail de la première esquisse, com-
porte un morceau de cette nature, et d'un
accent à la fois si volontaire et si large
Avant même de gravir le perron où se dresse
cette' création de toute beauté, vous trouverez
dans la rotonde d'entrée d'autres œuvres qui
ne sont pas non plus méprisables. On a dressé,
pour les présenter au public, tout un décor de
toile grise qui les isole et crée autour d'elles
une atmosphère discrète et recueillie dont elles
ce trouvent d'ailleurs à merveille.
Le plus important de ces morceaux est une
ronde-bosse de Maillol, une figure, j'imagine,
du Printemps, qui est dans la carrière de l'àr-
tiste, consacrée jusqu'ici tout entière aux atti-
tudes paisibles et calmes, une nouveauté dont
les connaisseurs et le public s'étonneront. Cette
figure, dont les bras renversés en arrière tien-
nent derrière le dos une manière d'écharpe,
n'est nuilement immobile. Elle marche, et du
mouvement le plus vif, et cette allure ailée lui
confère une grâce exceptionnelle, non seule-
ment parce que le mouvement est heureux,
mais parce que le renvoi en arrière des deux
bras fait bomber et saillir le torse et met en
valeur avec beaucoup de justesse les détails
charmants de ce jeune corps.
Albert Marque, dans son bas-relief destiné à
.l'ornement d'une fontaine, est revenu à la tra-
dition française la plus- pure. La .composition
du morceau est, dans la disposition de ses per-
sonnages, nymphes des eaux, enfants porteurs
d'un poisson, etc., du plus heureux naturel et
rappelle, avec un goût plus marqué de réa-
Hisme, les trouvailles les plus savoureuses de
Clodion et de ses émules du dix-huitième siè-
cle L'artiste n'a' pas été moins bien inspiré en
ne donnant à ses figures qu'une saillie des plus
faibles et en les maintenant rigoureusement
dins l'aplomb de leur cadre de pierre. L'œuvre
a beaucoup gagné à cette discipline. Ce n'est
pas en accentuant les saillies qu'on donne à
in bas-relief de la vie; c'est en modelant avec
souplesse les formes, en accusant avec minutie
•3t souplesse les passages d'un plan à un autre
et en mettant à leur vraie place les accents.
Tout le travail d'Albert Marque s'est asservi
intelligemment à cette règle salutaire, et
rien ne manque à l'ensemble de tout ce qui
peut contribuer à séduire ou à plaire.
Je ne serai pas moins affirmatif en ce qui
concerne le buste en marbre de jeune femme
envoyé par Gustave Pimienta au Salon. Déjà
le buste d'homme qu'il avait exposé l'an der-
nier s'imposait, non seulement par un souci
curieux de mise en place et par l'observation
attentive des traits physionomiques du modèle.
Ici, l'artiste a été guidé dans son exécution par
FEUILLETON I»U <&*t*n>£
DU 5 NOVEMBRE 1939
k nie la eampape
L,e domaine
i
Les feuiikiges arrachés par le vent d'ouest,
dit, ce soir-là, le maître de Bellefond, décou-
vrent la figure de notre sol, son ossature de
granit, certains linéaments immuables, et, çà
et là, des bornes sur l'immensité des âges. Un
champ, apparemment limité, est infini il
tient secrètement aux astres, aux nuages, aux
.choses de l'air comme aux puissances souter-
raines, que l'on du inviolables. Quand la char-
rue le déchire en cette saison de brumes, il
me semble qu'elle retrouve, chemin faisant,
toutes les traces des anciennes charrues, des
laboureurs et des patients attelages. Rien ne
meurt. Je n'ai jamais pu regarder sans un
saisissement obscur, comme si quelque houle
grondait en moi, le soc et le versoir retournés
devant la forge au feu sonore. Cela éveille
on ne sait quelle idée de navigation une si-
lencieuse voilure vibre dans le sol.
Il me dit beaucoup de paroles de cette sorte,
tout en cheminant à travers champs, d'un pas
balancé, à la paysanne.
Le temps restait bas et brumeux; on ne de-
vinait pas le soleil. Il n'y avait qu'une clarié
grise, égale, comme celle qui pourrait traver-
ser à peine un épais vitrage dépoli. Le vent
d'ouest donnait de la voix dans les halliers,
mugissait dans les chênes de clôture et les
châtaigneraies. Il arrivait en grandes troupes
de bruits et s'éloignait jusqu'au fond de l'ho-
rizon, et revenait et s'éloignait encore. Parfois
on aurait dit qu'il était allé chercher des cor-
beaux trop lourds et qu'il les ramenait tous
ensemble dans des prairies sans éclat, où ils
s'abattaient pesamment, Pjiis ils paraissaient
an Besoin 'de perfection, un goût d'art et une
recherche de justesse absolue qui s'élèvent de
beaucoup au-dessus des préoccupations habi-
tuelles de nos portraitistes sculpteurs, et je di-
rais volontiers que rien n'approche du degré
d'achèvement et de vérité transfigurée auquel il
a conduit son travail.
Mateo Hernandez est suffisamment connu
du public pour qu'il soit inutile d'insister sur
les caractères distinctifs de ce fougueux et ro-
buste talent. Il a procédé dans son buste de
femme, comme dans ses interprétations d'ani-
maux, en attaquant directement la matière en
face du modèle sans recherches préalables et en
se réglant sur son seul instinct pour mettre au
point la ressemblance et corriger en cours de
route les menues imperfections qu'une exé-
cution aussi délicate comporte. Le résultat est
toujours chez lui franc et net et d'une incon-
testable puissance. Il est aussi parfait que pos-
sible dans ce morceau.
La figure de femme, fondue à cire perdue
par Dejean, et qui couronne le palier de l'es-
calier de gauche, ne nous était pas inconnue,
du moins dans ses parties essentielles. Nous
en avions vu le torse, il y 'i a quelque
trois ans, au Salon des Tuileries, et .nous
en avions loué -l'exécution avec un si particu-
lier enthousiasme que nous n'avions pas hé-
sité à mettre en parallèle le morceau avec la
Diane, de Houdon, qui est au Louvre. Le torse
n'a pas encore de tête cette année. Par un scru-
pule de conscience auquel il n'est que juste
de rendre hommage, l'artiste, n'en étant pas
suffisamment satisfait, en a remis le travail
définitif à plus tard, mais le torse repose dé-
sormais sur des jambes de l'exécution la plus
serrée, la plus forte.
A ces pièces de choix s'ajoutent, dans les
salles de peinture, des morceaux dont l'inté-
rêt n'est pas moindre. On rencontrera, salle I,
deux Baigneuses, en plâtre, associées par
Guénot, dans un mouvement très simple et
d'une grâce légère, en un groupe qui forme-
rait, si les figures étaient agrandies, un cou-
ronnement d'édifice très heureux. Je le signale
à tous les architectes qui auraient, au cours de
leurs travaux, l'idée de meubler un fronton. Le
sculpteur grec Apartis expose dans la même
salle deux bons bustes, dont le meilleur est
celui de notre confrère Louis Gillet.
Un nouveau venu et un jeune, Cazaubon,
est l'auteur d'une Porteuse d'eau placée à l'en-
trée de la salle IV, et qui se recommande des
mêmes qualités de simplicité attentive et d»
modelé insinuant et doux, mais parfaitement
juste, que le bas-relief d'Albert Marque. La
figure, exécutée en bois, est de l'agencement de
lignes le plus intelligent. Elle plaira. Dans la
pose de sa figure accroupie, en bronze, de
joune femme, Halou s'est, souvenu de la Nym-
phe à la coquille du Louvre, et ce souvenir
louis-quatorzien, superposé à la tendance réa-
liste-de son œuvre, l'a singulièrement enno-
blie.
La Femme nue assise de -Wlérick (salle
V" bis) décorerait à merveille un vestibule
d'édifice public ou de château. Elle est rigou-
reusement construite et vigoureusement éta-
blie. On peut en dire autant de la menue figu-
rine de Diane, par Arnold, où se respire un par-
fum de grâce antique. Le portrait de femme et
le buste d'enfant, exposés dans la même salle
par René Carrière, ont autant de caractère que
de souplesse et de don de vie. JJ1 Agneau en
plâtre, de Navellier, est de l'observation la
plus amusante et les deux bustes féminins en
bronze, de Gimond, sont. de l'accent de vérité
le plus pénétrant.
On ne verra pas sans plaisir, salle VII, le
masque en marbre de jeune femme, et un por-
trait en buste, également féminin, de Berthoud.
Une femme assise, et aux jambes coupées, de
Parayre, une Baigneuse attachant sa sandale,
de Chauvel, ne sont pas non plus négligeables.
Je ne vois guère à signaler dans les autres
salles que, pour leur étrangeté, les envois de
Zadkine; pour la sensibilité de son modelé,
une tête en pierre de jeune femme, par Mme de
Bayser, et, pour son caractère vraiment- sculp-
tural, une figure en plâtre, l'Eté, de Marius
Cladel.
Telle est, à la suite d'un premier examen,
l'impression que nous a laissée le Salon de
sculpture. Sans doute aurons-nous besoin d'y
rëvénïr si nous trouvons, parmi les autres piè-
ces non encore mises en place au moment de
notre visite, des motifs d'intérêt suffisamment
valables. 11 y a une leçon à tirer de ceite visite,
c'est que les sculpteurs, comme les peintre?,
reviennent à la meilleure veine française. Fé-
licitons-nous-en et félicitons-les.
Thiébault-Sissox.
NOUVEMjEë'f~OUR
NOUVELLES DU JOUR
Les premières délibérations
gouvernementales
Les membres du nouveau gouvernement se
réuniront en conseil de cabinet mercredi pro-
chain et non mardi à 10 heures, au ministère
de l'intérieur, pour discuter les grandes lignes
de la déclaration ministérielle.
Le lendemain .jeudi, à 9 h. 30, M. Gaston Dou-
mergue présidera le premier conseil des niinis-
tres, au cours duquel le texte de la déclaration
sera définitivement arrêté.
M. Georges Bonnefous
et le nouveau cabinet
II convient de faire remarquer, à propos de la
constitution du nouveau cabinet, que M. Georges
choisir un vieil arbre; ils y volaient et s'y per-
chaient, posés dessus en rangs si serrés que
les branches en recevaient un sombre feuil-
lage. Le vent les emportait de nouveau. Au loin
résonnait la hache d'un bûcheron.
On commence à élaguer, dit mon compa-
gnon.. Ces chênes qui bordent mon champ des
Javelles, il y a bien longtemps qu'ils nous
donnent provision de fagots où la flamme
brûle si claire. Pour le paysan, il y a une cha-
leur dans le feu de branches, mais, bien plus
encore, une sorte de joie qui tient compagnie,
éloigne les maléfices du vent d'ouest. Quand le
règne inexorable du charbon sera tout à fait
venu, je gage que beaucoup de vaillance et de
gaieté seront perdues, et ce que j'appellerai
un esprit de feu vivant. Il y a cinq ans que
ces arbres n'ont pas été ébranchés. Ils ne
donneront jamais du bois de travail. Ce sont
des arbres à feu. On les a trop torturés. Les
voilà noueux, crispés jusqu'au cœur. Celui-là,
vous le voyez décapité. En cette saison sans
lumière ce n'est plus qu'une colonne d'an-
goisse. Comme ils sont tristes, ces arbres!
Il faudrait les ébrancher de nouveau. Dès de-
main, le métayer et ses garçons vont y grim-
per. A coups précis d'une hache au long man-
che, ils feront tomber les ramilles.
On ne chôme jamais, chez vous. L'autre
jour, il fallait nettoyer les grains, les trier et
les pelleter sur le carrelage de votre grenier.
Il pleuvait dehors, le grain murmurait avec la
pluie.
11 y a beaucoup à faire, toujours. Il im-
porte d'examiner d'un peu près sa récolte,
après le dernier soleil de l'été qui embellit et
qui exalte toutes choses. On apprend beau-
coup, devant son blé, dans l'ombre d'un gre-
nier sans ornement. On est seul, on fait la
preuve de la multiplication des heures et des
travaux. C'est cela, ou ce n'est pas cela. Quel-
que chose d'immense s'est refermé. Il^fauf
ouvrir d'autres portes. Nous voilà dans la sai-
son des haches et des balances, et du fameux
retour sur soi-même, dont parlent les philo-
sophes. Plus rien entre l'œuvre et nous. C'est
en ce mois que le paysan a toute sa
gravité. Il voit sa peine, il mesure celle
qui viendra. Il ne pense guère au plai-
sir, le goût du pain et du gain le tient
sans cesse. Son travail de l'année a main-
tenant sa forme et son poids, qui ne sauraient
plus changer. Trois pommes n'en peuvent
faire quatre; un sac de blé, ce n'est pas deux
sacs. A l'auberge, à la clarté rouge des cho-
pines, il avait bien multiplié en paroles sa
récolte pour voir opiner en riant ses compa-
gnons qui n'étaient- pas dupes. Mais au gre-
nier, ses 'mains dures enfoncées dans le tas,
il grogne, il trouve que le grain est sec comme
un chiffre.
Bonnefous, ministre du commerce, avait fait sa-
voir dès samedi à M. Tardieu « qu'il accepterait
très volontiers que la représentation de ses amis
politiques dans le nouveau cabinet fût assurée
par d'autres que lui si cela pouvait être de nature
à faciliter le succès de la nouvelle combinaison
ministérielle ».
Une interpellation
M. Georges Bureau, "député de la Seine-Infé-
rieure, républicain de gauche, membre de la com-
mission des finances, a déposé une demande d'in-
terpellation sur la politique que l'e gouvernement
entend suivre en ce qui concerne le régibie de
la Sarre.
Les socialistes et la participation
La fédération d'Alsace du parti socialiste
S. F. I. 0., dans son congrès d'hier, a voté un
ordre du jour favorable à la participation du
parti au gouvernement par 60 voix contre 15 et
7 abstentions.
L'inauguration .̃/̃
du monument Félix Chautemps
Un monument a été inauguré hier, à Albert-
ville, à la mémoire de Félix Chautemps, ancien
député de la Savoie, mort au champ d'honneur
dès le début de la guerre. Félix Chautemps était,
on le sait, le fils de l'ancien président du Conseil
municipal de Paris, et ancien ministre de la ma-
rine, qui représenta jusqu'à sa mort le départe-
ment de la Haute-Savoie au Sénat, et le frère de
M. Camille Chautemps, le nouveau député radi-
cal socialiste de Blois, ancien ministre de l'inté-
rieur du cabinet Herriot. M. Félix Chautemps fut
lui-même député d'Albertville jusqu'au renouvel-
lement de 1914, date à laquelle il fut battu et
remplacé au Palais-Bourbon par son concurrrent
conservateur, M. Sibuet.
Mme veuve Emile Chautemps, mère de Félix
Chautemps,son fils M. Camille Chautemps.son beau-
frère M. Alphonse Chautemps, sénateur d'Indre-
et-Loire, oncle du député de Blois, représentaient
la famille. Parmi les personnalités présentes, ou
remarquait en outre MM. Pressard, procureur gé
néral près la cour d'appel de Paris; Milan et Ma-
chet, sénateurs, Borrel, Falcoz et Carron, députés
de la Savoie; Chanal, sénateur de l'Ain; le préfet
de la Savoie; le sous-préfet d'Albertville; le gé-
néral Santoz-Cottin, etc,.
Une foule considérable assistait à cette céré-
monie, où plusieurs discours ont été prononcés
par MM. Grisard, adjoint au maire, qui a remis le
monument à la ville; Périïlaf, maire d'Albertville;
Antoine Borrel, député, qui fut l'ami personnel de
Félix Chautemps; Pompée, au nom des mutilés et.
anciens combattants; Beha, au nom des Alsa-
ciens, lequel a apporté;" aux mânes du lieute-
nant Chautemps un petit sapin cueilli hier sur la
place même où fut tué l'héroïque soldat » et
enfin par M. Paul Painlevé, qui avait été reçu le
matin à la gare et avait passé en revue le 7° ba-
taillon de chasseurs alpins.
Voici les passages essentiels du discours de
l'ancien ministre de la guerre
Représentant' d'une région frontière entrée volontai-
rement dans la famille française, et qui possède au
plus haut point le sentiment national, il s'était adonné
do toute sa vive intelligence à l'étude des problème^
militaires qui occupaient alors les esprits. Mais comme
il ne s'effrayait pas des idées neuves, hardies, voire
téméraires, comme il était1 plus préoccupé des arme-
ments que des effectifs, comme l'ardeur de son tem-
pérament et de ses convictions le portait toujours
au point vif de la bataille et l'entraînait parfois à des
expressions un peu rudes qui provoquaient l'indigna-
tion de ses contradicteurs, les passions de l'époque et
la malignité politique s'acharnèrent à le travestir, aux
yeux de l'opinion en un antipatriote.
C'est contre une telle campagne que j'étais venu ici
même le défendre il y a seize ans. C'est contre une
telle campagne qu'il a dû faire front aux élections de
1S14 et qu'il succomba sous les coups. notamment
d'un adversaire que la mort devait bientôt unir à lui
sur les champs de bataille.
Mais voici la patrie menacée, déjà envahie, et celui
qu'on avait représenté comme antipatriote ne veut pas
attendre une heure pour accomplir tout son devoir
il,veut, et tous les siens avec lui, donner l'exemple.
L'orateur rappelle la mort de Félix Chautemps,
sa dernière citation
Commandant de compagnie d'une rare intrépidité, a
fait preuve, au cours des combats des 19 et 20 janvier,
des plus belles qualités militaires. Est glorieusement
tombé le 20 janvier à la tête de sa compagnie qu'il
conduisait à l'assaut.
Et il termine ainsi ̃•̃
Sans doute, on ne saurait demander aux hommes,
et moins encore aux partis d'être parfaits. Mais quand
il s'agit des grands problèmes de la paix et de1 la
guerre, serait-il donc impossible de les dégager des
violences, des incompréhensions, des calomnies, triste:
apanage des ordinaires batailles politiques? S'il est un
domaine où l'on doit servir ses idées avec passion,
c'est bien celui-là; mais, avec la. passion de la vérité qui
éclaire, non avec l'aveugle passion qui injurie et nié-
connaît. Tel est le conseil qu'au pied do ce monument
nous donne l'image évoquée du lutteur et du héros
que fut Félix Chautemps.
Après la cérémonie d'inauguration, un banquet
a eu lieu sous la présidence de M. Painlevé. De
nombreux discours ont rappelé les vertus civi-
ques et militaires de Félix Chautemps.
Le XIe congrès national
des anciens prisonniers de guerre
Le 11* congrès national des anciens prisonniers
de guerre, évadés et otages, qui s'est tenu à Nice,
a terminé ses travaux. Dans la séance de clôture,
que présida M. Jean Claude, vice-président de la
Fédération nationale des anciens prisonniers de
guerre, les congressistes adoptèrent divers vœux.
Citons notamment une motion relative à la re-
traite du combattant. Les congressistes se rallient
au projet élaboré par la Confédération nationale
des anciens combattants et victimes de la guerre,
et déposé à la Chambre des députés par MM. Ca-
mille Planche et Henri Haye. Sur la proposition
de M. Fribourg, un vœu a été également adopté
en faveur d'une politique de paix dans la justice
internationale.
» Le grain va mourir dans la terre, poursuit
mon ami. Ou peut dire cela, au long de cette
parcelle labourée, ensemencée, que nous
voyons, et où l'on devine encore le passage de
la herse. Est-il chose plus grande et mysté-
rieuse qu'un labour apparemment nu et triste,
où des myriades de grains vont se défaire sous
la patiente poussée des germes?. Pas un fré-
missement à la surface, qui décèle un pareil
miracle. Pas un mouvement sensible, tandis
que le blé va sortir de sa propre mort tout
s'accomplit dans une profonde solitude. Toute
graine est comme au tombeau, merveilleuse-
ment seule, prête à la vie. Avant de mourir,
elle a par avance le suc et la couleur de celles
qui* vivront dans l'air. »
Au bord de la haie, aux rameaux des chêne.;
de clôture, frémissait un âcre feuillage dur et
doré. Nous allions, suivant les guérets, dans la
longue rumeur du vent. Au loin, des fumées
d'herbes roulaient et rampaient sur quelques
aigrettes de feu. Dans une prairie, un homme
dont on ne voyait pas le visage, apprêtait des
pièges à taupes.
Nous tournons le dos à la plaisante sai-
son, dis-je à mon ami. Le cidre est dans la
barrique; il faudra ôter la bonde, il commence
à pétiller. Nous avons mangé les premières
châtaignes, et fait griller sur la braise la chair
châtaignes, et fait griller sur la brutve la chat.
délicieuse des grands champignons à bagues,
arrosés d'un peu de vinaigre, poudrés de poi-
vre léger. Les pommes cueillies à la main
embaument déjà le fruitier. Dites-moi,
les approches 'de l'hiver ne sont pas bien
tristes.
Oui. Le plus pauvre a toujours un peu
de bois, quelques aubaines. Et il y a du tra-
vail. Le vrai paysan a le respect du bon tra-
vailleur. Sous son toit, un journalier qui n'est
pas ignoblement paresseux est toujours, chez
lui. Misère et malheur n'ont jamais l'épou-
vantable masque, de l'infortune des villes. J'ai
longuement rêvé à ce qu'on appelle le ma-
chinisme. Il me semble que la machine, d'une
apparence si secourable, pourrait prendre, assez
vite, une puissance presque monstrueuse. Il y
a un sourire dans les rouages de l'acier, un
terrible sourire d'énigme. L'homme, qui a créé
la machine, lombera-'t-il sous sa loi? -Sera-t-il
dévoré par elle? Un trop rapide travail va-t-il
rejeter au chômage une foule d'ouvriers qui
ne pourront plus dépenser, tandis que les mar-
chés du monde regorgeront de marchandises
invendables?. Avant longtemps, à la ville 1
comme à la campagne, lorsque les machines
pulluleront, une abondance de biens, contraire-
ment au proverbe, nuira. L'autre jour, quel-
qu'un m'a dit « On manque de main-d'œu-
vre. On pourrait arriver à tout faire avec le
moins d'ouvriers possible; les silos, les trac-
teurs, les arracneuses, et d'autres machines I
Après la séance les congressistes se sont rendus
à la Cité des aveugles de guerre, qu'ils ont visitée.
Un banquet a eu lieu ensuite, sous la présidence
de M. Jean Médecin, maire de Nice; de nombreux
discours ont été prononcés.
Dans le parti radical socialiste
La fédération radicale socialiste de l'Allier
s'est réunie hier à Gannat, sous la présidence de
M. Desbennes, président du comité de Monttu-
çôn, entouré des parlementaires du département,
MM. Albert Peyronnet, Marcel Régnier, Beau-
mont, sénateurs; Lucien Lamoureux, Pradon-Va-
lancy et Roy, députés.
Après avoir adopté le rapport moral exposant
l'activité de la fédération et évoquant les tra-
vaux du congrès de Reims, l'assemblée a entendu
M. Lucien Lamoureux, qui a fait l'historique de
la crise ministérielle aujourd'hui dénouée, et dont
il a retrace et commenté tous les épisodes.
Le député de Lapalisse a déclaré que le parti
radical et radical socialiste était prêt à mener,
à la tribune de la Chambre, comme il l'a déjà fait
devant la Commission des finances, le dur combat
qui doit conduire aux dégrèvements fiscaux, géné-
rateurs de là vie moins chère.
Le bureau de la fédération a été ensuite réélu
et il a été décidé que le prochain congrès dépar-
temental se tiendrait à M-ontluçon. Des motions
de félicitations ont été votées à l'adresse des sé-
nateurs, réélus, de MM. Lucien Lamoureux et Clé-
mentel pour les efforts qu'ils ont tentés en vue de
la cffnstitution d'un gouvernement de gauche.
Enfin, un banquet a réuni plus de six cents
convives, sous la présidence de M. Edouard Her-
riot, président d'honneur du parti.
Au dessert, l'ancien président du conseil a pro-
noncé un discours affirmant tout d'abord que les
partis politiques sont trop nombreux en France.
Il a cité l'exemple do l'Angleterre où l'existence
de trois ou quatre partis, bien organisés, est un
élément de sécurité pour les institutions parle-
mentaires.
Puis il a défini ce que son parti entendait par
laïcité.
Jamais, a-t-il dit, il ne laissera toucher, même par
voie oblique, aux institutions laïques, qui sont le gage
dc la paix intérieure et la protection évidente de la
conscience individuelle.
M. Edouard Herriot a parlé ensuite de l'école
unique et précisé que le parti radical socialiste a
inscrit à sou programme la gratuité do l'ensei-
gnement à tous les degrés. Abordant alors les pro-
blèmes de politique extérieure, l'orateur a ré-
clamé pour son parti la gloire d'avoir inauguré
une politique de réalisations que ses successeurs
ont" été contraints de poursuivre.
Enfin, il a conclu en affirmant que le parti ra-
dical socialiste est prêt, « malgré vents et tempè-
pêtes, a collaborer avec tous les partis de gauche
qui feraient appel à ron concours »,
nîîfflQNIQUE ÉLECTORALE^
'.̃̃ Conseil général
SÈVRES (Deux-). Dans le canton de Thouars,
pour remplacer M. Ménard, décédé, il y a eu, hier,
une élection qui a donné les résultats suivants
M. Chacun, socialiste, maire de Thouars, 1,717
voix; M. Pourian, radical socialiste, 1,083 voix;
M. Lhermitte, républicain socialiste, 1,029 voix.
Ballottage.
LWilMTii AÊÏiiiE K M RIRTlilES
I. Résumé chronologique
L'organisation de nos frontières présentant un
grand intérêt d'actualité, il nous a paru intéres-
sant de préciser cette question. Résumons-la
d'abord ou pointi.de vue chronologique.
Au lendemain de la guerre, nous devons recons-
tituer les cadres de notre armée, préparer à nou-
veau sa mobilisation, asseoir son organisation du
temps de paix, refaire nos frontières. Il est -im-
possible d'aborder de front tous ces problèmes et
surtout de les résoudre simultanément. Nous som-
mes amenés à les sérier.
Le premier, et. de beaucoup le plus important,
est la reconstitution de notre mobilisation. Notre
état-major s'attelle à ce travail. li. André Lefèvre,
pendant son ministère de 1920, se passi'onne pour
cette tâche. Lorsqu'il résigne ses fonctions, notre
mobilisation est remise sur pied. Il faut ensuite
assurer à nos cadres une vie suffisante, recrée?
une armée sur des bases nouvelles. L'opinion pu-
blique, en effet, exige une réduction de la durée
du service. Plusieurs années sont nécessaires
avant de retrouver notre équilibre militaire.
Notre commandement ne perd pas de vue ce..
pendant la mise en état de nos frontières! Avant
même que notre mobilisation soit réorganisée,
il s'en préoccupe. Le 25 février 1919, au lende-
main de l'armistice, le ministre de la guerre, alors
•M. Clemenceau, charge do cette mission le maré-
chal commandant en chef les 'armées françaises
de l'Est'. L'état-major du maréchal Pétain se met
immédiatement au travail. Un premier projet est
soumis, en 1919, au conseil supérieur de la guerre.
Il contient des vues d'ensemble. Avant d'entrer
dans la période de réalisation, i'1 faut pousser le
travail dans les moindres détails. En juin 1919,
un mois après, le ministre de la guerre décide que
ces études partielles seront confiées à certains
membres du conseil supérieur de la guerre. Leurs
projets devront lui) être remis en septembre de
cette même année.
Ces études demandent plus de temps qu'on ne
l'avait prévu. Les exécutants n'ont pas été fixés
sur le genre d'organisation à effectuer. Des dis-
cussions techniques retardent, la marche des tra-
vaux. On discute sur diverses conceptions. Par
suitte de ces tergiversations, ces études de détail
ne sont achevées qu'au début de 1922. Le conseil
supérieur de la guerre se réunit pour les exami'-
ner en mai!. Mais, à ce moment, deux tendances se
manifestent dans son sein « Faut-il, le long de
nos frontières, élever une ligne continue ou n'en-
visager que la création de régions fortifiées, sépa-
rées par des trouées ? » La première s'inspire des
événements de la guerre. La deuxième relève du
iplan du général Seré de Rivières.
Les discussions que soulèvent ces controverses
sont extrêmement vives. Le conseil supérieur de
la guerre ne peut arriver à élaborer un plan d'en-
nous permettront de compter sur nous, et non
sur les autres. Où il fallait dix hommes, un
ou deux suffiront très bien. » Est-il permis de
mesurer les conséquences d'une telle pensée
que l'on appliquerait sans mesure? Il importe
de garder un équilibre dans les bienfaits du
progrès, une vigilance, mais cela n'est pas
commode. Tant de besoins nouveaux, allu-
més, il faut les nourrir. C'est le chiendent. On
n'a jamais tant désiré de violenter le temps et
l'espace, au lieu de compter avec eux et de les
craindre. La crainte n'est plus le commence-
ment de la sagesse. Le pas des bœufs devien-
drait-il ridicule?
Les bœufs ne vont pas bien vite, mais
depuis assez longtemps, ils font une bonne be-
sogne. Avec eux, on sait où l'on va, et c'est
déjà quelque chose. Beaucoup ne veulent pas
savoir où ils vont. Ce serait bien trop mono-
tone. L'inconnu n'a jamais eu tant de char-
mes, semble-t-il. A tout bout de champ ce ne
sont plus des dieux Termes, mais des dieux
Sphinx. Il faudrait aussi démonter le cœur
humain comme une machine, et le remonter
en l'accordant au goût du jour.
C'est bien difficile. Cette machine-là a
quelques ressorts bien compliqués. L'/esprit
d'invention, et le plus ingénieux, doit y renon-
cer. Tant pis, on laissera le cœur humain avec
ses vieilles vertus et ses vices tout aussi vieux..
Il suivra tant bien que mal, si l'on peut dire..
Un homme de quelque génie a écrit
le Lièvre et la tortue. Sa pensée est bien
vieillotte. Que l'on était sédentaire et routi-
nier, en ce temps-là! Aujourd'hui, la tortue
grimperait en tapinois sur le dos du lièvre et
prendrait comme des rênes ses longues
oreilles.
Une révolution qui domine toutes les au-
tres s'accomnlit. On examinera minutieuse-
ment une mécanique; mais son âme?. Que
des domaines aient passé aux mains de ceux
qui savent les travailler, ce n'est pas un mal
De plus en plus la terre accorde ses fruits à
ceux qui ne s'en éloignent pas et la cultivent
eux-mêmes. Ceux qui n'étaient jamais auprès
de leurs pots les ont vus soudain se renverser.
Cela n'est pas étonnant. Mais sans être puri-
tain, on peut dire que la famille perd son pou-
voir de maîtrise, qui règle le monde. Même
chez nous, que de jouvenceaux apprennent à
leurs vieux qu'ils ne sont plus à la page! Si
les parents apprêtent des remontrances, on
leur rit au nez, et dès que l'on peut gagner un
morceau de pain, on va voir ailleurs. On veut
vivre sa chère vie; la moindre contrainte orûle
les jeunes épidermes comme du feu. •
Vous voyez les choses avec des verres
fumés, lui dis-je. Notre époque n'est pas aussi
noire.
Ah! je voudrais vous écouter! Il est vrai
semble.; Pour mettre fin à cette situation et arri-
ver à un résultat positif, le gouvernement, sur la
proposition du maréchal Pétain, charge une com-
mission spéciale d'élaborer un projet d'organisa-
tion générale. Cette commission est placée sous la
présidence du maréchal Joffre d'abord, sous celle
du général Guillaumat ensuite.
Les mômes divergences d'opinion se manifes-
tent à l'intérieur de cette commission. Il est im-
possible à son président de faire adopter un plan
de travaux; il se heurte toujours à des résistances.
A la fin de mai 1923, il rédige une proposition au
nom de la majorité, où il conclut à l'adoption d'un
système discontinu de régions fortifiées. La mi ̃
iiorité remet en même temps une note qui recom-
mande, elle, l'organisation d'un front continu pou-
vant être progressivement renforcé.
Ces deux rapports donnent lieu à de nouvelles
discussions passionnées au conseil supérieur de
1» -guerre. Pendant près do deux ans, partisans et
adversaires des gros ouvrages, puissamment ar-
més et puissamment fortifies, discutent sur les mé-
rites respectifs de la fortification permanente et
de la fortification improvisée. Ceux qui préconi-
sent cette dernière s'appuient sur l'histoire de la
dernière guerre. Des cléments de tranchée, proté-
gés par un solide réseau de fils de fer, bien flan-
qués par des armes automatiques, constituaient
alors la meilleure des défenses. Mais, et c'est ce
qu'on oublie, ils étaient occupés par des troupes
aguerri'es, habituées au bombardement, aux gaz.
Que feraient dans ces organisations improvisées
des troupes qui subiraient le feu pour la pre-
mière fois, attaquées par un ennemi l;rès supé-
rieur en nombre, disposant de moyens formida-
bles ? Or, cette hypothèse ne constitue pas actuel-
lement une impossibilité. Si les Allemands veu
lent tirer un parti immédiat de leur armée de
métier, ils. peuvent, très rapidement après la dé-
claration de guerre, jeter sur un seul point) de
notre frontière leur ftcichswehr et leur Schupo,
en ne conservant sur leur territoire que les ca-
dres suffisants pour leurs unités nouvelles. Ils
pourraient ainsi troubler notre concentration. La
résistance de nos unités de couverture et même
celle des premières divisions que nous pourrons
amener à la frontière et quil comporteront une
grosse masse de réservistes seront toutes -diffé-
rentes suivant qu'elles pourront ou non s'accro-
cher à des ouvrages de fortification permanente.
Si ceux-ci existent, ils leur procureront des abris
à l'épreuve, et leur permettront en toute circons-
tance de faire usage de leurs armes automatiques.
Autour d'eux, et à leur faveur, des éléments
même déjà dissociés pourront s'agréger encore,
reconstituer une masse capable de nouveaux ef-
forts.
Mais, même parmi les partisans de la fortMica-
on permanente, de graves divergences d'opinion
sc produisent. Les uns est-iment que notre dé-
fense doit s'appuyer sur une voie lactée de petits
ouvrages (blockhaus et casemates armés de mi'-
trailleuses ou do canons légers) se flanquant les
uns les autres et créant, par leur tir, une zone
infranchissable à Tinfanteri'e ennemie. Les autres
demandent la construction d'ouvrages concentrés
placés à des distances telles qu'ils puissent se
soutenir mutuellement. Sous leur protection, l'in-
fanterie viendra défendre ses -lignes de résistance.
̃ M. Painlevé, dès son arrivée au ministère, se
préoccupe de ce grave problème. Il demande au
conseil supérieur de la guerre de terminer l'ère
des discussions et de prendre une décision ferme.
Le 15 décembre 1925, à l'unanimité de ses mem-
bres, le conseil émet l'avis que l'organisation dé-
fensive de nos frontières doit être conçue sous la
forme d'un système discontinu de régions forti-
fiées.
La question de principe est ainsi résolue. Il
s'agit maintenant de passer à l'organisation réelle,
d'aller sur place, d'asseoir la fortification à la de-
mande du terrain. Toutes ces études sont à faire.
On en charge une commission spéciale qui est
dotée d'organes de travail en février et en mars
1926 sous la forme d'un secrétariat et de déléga-
tions locales.
En novembre 1926, cette commission expose dans
un rapport les bases essentielles des solutions
qu'elle préconise. Elle délimite les régions à for-
tifier ainsi que l'importance et l'ordre d'urgence
des travaux à exécuter dans chacune d'elles. On ne
peut pas cependant passer immédiatement à l'exé-
cution. Certains points sont à préciser « Quelle
doit être l'organisation intérieure des ouvrages ?̃
Que faire de l'artillerie? Comment soustraire les
organes bétonnés aux effets d'un bombardement
par les,gaz? » Ces questions donnent lieu à des re-
cherches techniques, à des expériences multiples.
Finalement, les membres de la commission se met-
tent d'accord et déterminent en décembre 1926 et
en janvier 1927 le type des ouvrages à adopter.
depuis le fort bétonné étanche, dans lequel sont
rassemblés tous les organes de feu et de comman-
dement, jusqu'à ceux des simples blockhaus pour
une ou deux mitrailleuses.
Sur l'intervention de certains membres du con-
seil supérieur de la guerre, le commandement de-
mande un supplément d'étude sur les moyens i
adopter pour la défense contre les gaz et contre
les bombardements par avions qui constituent les
formes d'attaque nouvelles et dont l'emploi
pourra se généraliser dans une prochaine guerre.
Des expériences sont immédiatement entreprises.
Trois mois plus tard, elles permettent de fixer no-
tre doctrine de guerre. En mai, en juillet et en oc-
tobre 1927, des décisions sont prises sur les formes
techniques à adopter pour les divers types de tra-
vaux.
Les services du génie connaissent désormais les
régions à fortifier et les types d'ouvrages à em-
ployer. Ils s'emploient, par des études sur place,
à la mise au point des divers projets. L'aviation
leur vient en aide et leur fournit des croquis à
très grande échelle des régions qui les intéressent.
Ces travaux demandent encore près d'un an.
Les progrès de l'artillerie et des explosifs con-
traignent le commandement, en décembre 1927, à
ordonner des expériences nouvelles, qui durent
jusqu'en fin 1928. A ce moment, à Bourges, en pré-
sence du ministre de la guerre et de hautes per-
sonnalités militaires, les enseignements les plus in-
téressants sont tirés de l'étude des résultats obte-
nus par le tir des grosses pièces d'artillerie sur des
ouvrages bétonnés de modèles différents.
En janvier "1-929 une décision définitive est
prise. Adoptée par le conseil des ministres, sur la
proposition de M. Paul Painlevé, elle est conforme
à l'avis exprimé par le conseil supérieur de la
guerre. Elle prescrit la constitution, sur toute !a
longueur des fronts à fortifier, d'ouvrages d'infan-
teri'e et d'abris à l'épreuve destinés à assurer la
que beaucoup de familles résistent aux forces
malignes.
Tout en devisant ainsi nous arrivâmes à la
porte d'un petit pavillon de chasse. Le vent
d'ouest s'était posé. Une pluie fine, mêlée
d'ombres, commençait à tomber, donnant une
voix aux feuilles mortes. Le ciel paraissait
s'abaisser encore, toucher au loin la pointe des
arbres. Une vieille femme, dans une châtai-
gneraie voisine, ramassait les dernières châ-
taignes.
Nous entrâmes dans la salle du pavillon.
Mon ami alluma un feu de brindilles dans ia
cheminée. Il resta un moment sans parler de-
vant la flamme joyeuse. Il dit enfin, grave-
ment
A certaines heures, je suis saisi d'une
mélancolie assez âpre. Au domaine, tout n'est
pas plaisir, mais la peine, qui vient du devoir,
donne un sentiment de plénitude. Toutes les
choses valables, il faut les payer avec son
sang.
Il admira le feu de bois, et repril, changeant
de visage
Un coup d'épaule, et le sac est remonté-
La semaine prochaine, nous commencerons
l'arrachage des topinambours. Nous manquons
de pommes de terre. J'en ai semé près de cin-
quante sacs pour deux hectares, mais il faut
compter avec la maladie. Les topinambours
aideront beaucoup à l'engraissement du bétail,
ainsi que les betteraves, les carottes fourra-
gères et les citrouilles. Les maïs mangés en
vert, avant la maturité des topinambours oui
donné de bons résultats. On méprise trop le
topinambour. Savez-vous qu'il accommode fort
bien un poulet rôti?. Bien choisi, il est succu-
lent. Cet hiver, nous engraisserons cinq
bœufs. Déjà, ils ne quittent guère l'étable. On
va les forcer, les « pousser en nourriture ».
Ils sont entourés des plus grands égards.
Votre métayer les pèse de l'œil, il les veut fin
gras, comme il dit. Il veille sans cesse, il les
voit grossir avec autant de plaisir que de
crainte. Il veut les conduire à leur apogée d'em-
bonpoint, mais il sait que trop d'abondance et
de viande tue un animal comme un homme. A
la veille de la foire grasse, il a peur, il est en
transes. Il se lève souvent, en pleine nuit gla-
ciale, lanterne en main, avec l'angoisse de voir
morts d'un coup de sang les bœufs magnifi-
ques.
Et moi aussi, je suis en transes, dit mon
ami, en riant. Mais le métayer s'est assuré le
secours des royautés invisibles. Il a posé entre
les cornes des bœufs une pincée de sel, en
marmonnant certaines paroles. Rien au monde
ne peut défaire une pareille protection. Pour
défendre ses bêtes contre le mauvais œi!, il
trace un cercle devant l'étable, sur.le sol, et les
fait passer au milieu. A la porte il a {resté
continuité des feux d'armes automatiques. Ella
prévoit ensuite la construction de groupements
e'ouvrages aux points importants de la ligne de
résistance relies, par des comm'unications $ «
l'épreuve, avec des abris-casernes destinés à as-<
sui;er, dans les meilleures conditions, l'habïtabi*
lité de ces ensembles et le jeu des réserves.
Lieutenant-Colonel Reboul.
u 1
REVUE DE LA PRESSE
PRESSE PARISIENNE
Quels premiers devoirs, quelles tâches essen-
tielles vont s'imposer au nouveau gouvernement?
ment ?
Certes, ainsi que l'écrit le Matin, le budget sera;
l'occupation presque unique du Parlement d'ici à
la fin de l'année. Il fournira d'ailleurs à M. Tar-
dieu l'occasion de s'expliquer, bien mieux que par,.
voie d'interpellation, sur un grand nombre de,
points.
Mais un débat politique ne s'engagera-t-il pas-
à propos des crédits nécessaires aux douze sous-
secrétariats d'Etat que déjà, assure le Malin, cer-
tains reprochent au gouvernement d'avoir insti-
tués ? Or.
M. Tardieu n'aura pas de peine à. montrer que, par-»
tout il l'étranger, il existe beaucoup plus de secrétaires
d'Etat qu'en France.
On se plaint, avec juste raison, de l'inaction mmis^
térielle. Elle tient précisément à ce que le ministre est
noyé sous une foule de besognes et de signatures
administratives dont il convient de le décharger afin
qu'il puisse se consacrer presque entièrement à la be-i
sogne constructive. Enfin, à. quoi bon se plaindre éga-i
lement que le personnel politique vieillit sans se renom
veler, si on no prépare jamais les jeunes cadres sus*
ceptibles de le remplacer ?
Le Journal écrit '̃
Dans cette Chambre où une majorité solide semble
ne pouvoir s'agréger ni d'un côté ni de l'autre, il
serait vain de se battre exclusivement sur le terrain,
politique quand une tache de réalisations indispensa-
bles et notamment le vote du budget .requiert
sans délai l'activité du Parlement. Le contribuable qui
attend un allégement de la fiscalité, le monde écono-*
mique qui veut une amélioration de notre outillago
national; le paysan qui entend qu'on prenne des me-
sures pour mettre fin à la crise- agraire, en un mot
tous ceux qui payent et produisent ne tiennent guèro
à ce que se prolongent, alors qu'il y a mieux à fairo^
de stériles disputes d'étiquette.
Figaro indique en ces termes les responsabilités
que devra prendre le nouveau ministère tant au
point de vue de l'ordre intérieur qu'au point do
vue des négociations extérieures
Le bon sens, la logique, l'intérêt national sont ici
d'accord. Par la déclaration ministérielle, comme par
ses premiers actes, le cabinet Tardieu doit dire et faira
ce que le cabinet Briand n'a pas dit et n'a pas fait.
En ce qui concerne les desseins criminels des cous-»
pirateurs étrangers, le gouvernement doit montrer tout
de suite sa volonté absolue de délivrer. notre pays de
ces agitateurs et de ces sans-patrie qui veulent la miner.
et la ruiner.
En ce qui concerne les accords de la Haye, M. Briand.
qui après avoir accepté d'être ministre de M. Daladier.
et de M. Clémentel, a Uni par accepter d'être minislra
de M. Tardieu, doit s'expliquer sur les questions vita-
les qu'il a esquivées quand il était président du conseil,
Il faut, en outre, que les actes soient mis d'accord
avec les paroles et que M. Tardieu, comme chef du
gouvernement, veille à ce que les projets insensés rela-*
tifs à l'évacuation de la Rhénanie et de la Sarrc n'aient
pas de suite immédiate et effective. Ainsi le veut la
grande majorité de la nation, soucieuse de ses intérêts
et de sa sécurité.
Ajoutons enfin que M. Tardieu doit régler uno fois
pour toutes, conformément aux arrêts de la Cour in-
ternationale de la Haye, l'irritante question des
emprunts étrangers, qui a soulevé tant de colères 'parmi
les épargnants français, ruinés jusqu'ici sans l'ombru
d'un motif.
Quand le nouveau gouvernement aura statué sur ees
articles essentiels de tout programme, toute la France
saura où il va.
En tout cas, chez les socialistes, on se prépare!
à une « opposition de combat ». M. Léon Blum
nous en avise aujourd'hui dans le Populaire, en
conclusion d'un examen des conditions dans les-
quelles a été résolue la crise
La contradiction intime dont souffrait le précédent
gouvernement, et dont il est mort, semble plus aiguë
que jamais. Et si les deux courants d'opposition so
confondent, comme ce fut le cas le jour de l'opération
Montigny, le cabinet Tardieu peut chanceler dès la'
première rencontre.
La presse réactionnaire a triomphé de l'échec da
Daladier comme s'il établissait sans appel qu'aucune
majorité de gauche n'existait dans cette Chambre. Mais
peut-être qu'aucune majorité de réaction pure n'y exista
non plus. Ou du moins, si elle existe, elle avait sans
doute besoin pour subsister de tous les voiles et do
tous les paravents dont MM. Poincaré et Briand l'avaient
si soigneusement entourée; il n'est pas certain qu'ella
résiste à l'éclairage brutal de M. Tardieu.
La crise ouverte en juillet dernier par la retraite do
M. Poincaré car c'est de ce moment qu'elle date
en réalité ne me parait donc pas encore résolue.
Comme au temps de M. Poincaré, on fait appel en ca
moment à un « coefficient personnel. » On cherche
si l'action propre d'un individu pourra (suppléer à l'ab-
sence de majorité stable, et c'est en cela surtout qu'on
sort de la conception démocratique du gouvernement
des partis. Mais ce n'est pas en dilettanti que nous sui-
vrons l'expérience. Le gouvernement de réaction trou-
vera devant lui, dès la première heure, une oppositioa
de combat.
Ces menaces n'inquiètent nullement l'Echo dû.
Paris, qui juge en ces termes l'attitude probable
du parti radical
Par l'ordre du jour Yvon Dclbos-Mistler, le groupe
radical socialiste déclinant sa participation au minis-
tère en formation de M. André Tardieu, tout en mar-
quant à son chef hommage pour ses efforts de conci-
liation, s'est engagé en propres termes à juger le nou-
veau ministère sur ses actes, sans hostilité préconçue.
En admettant que la séance inaugurale de déclara-
tion et d'interpellation ne sc passe pas sans « remous »;
il est difficile d'admettre qu'après cet engagement mo-
ral, le parti radical ne joue pas, à son tour, le [air play
si cher à son président, M. Edouard Daladier.
'
̃̃̃̃̃ ii^^Fun«»maat^ \mm m" et *f « IWf F-\
des herbes choisies et cueillies à la Saint-Jean
de l'été, avant le lever du soleil. Le mal nci
pourra pas entrer. L'an dernier, sa femme souf-»
frait de grands maux de tête, il a ouvert un.
pigeon, de son couteau aiguisé, d'un seul coup,
et il en a coiffé, comme d'un bonnet, le front
malade, qui dégouttait de sang chaud. Les
jeunes ne se moquaient pas, et savaient que
leur mère serait guérie. Il avait consenti à
faire venir un médecin, mais il haussait les
épaules. Il croit dur comme fer qu'il mourra;
précisément à l'âge où ses parents sont morts.
Quand il mène une truie au mâle, il paye en;
menue monnaie, de façon que la bête ait au-j
tant de petits cochons qu'il a donné de petites
pièces. Je n'ai jamais pu lui ôîer l'épouvante
des mauvais sorts. Pour ruiner d'avance la ré^
coite d'un voisin il sait qu'il faut enterrer dans
son champ un œuf de poule préparé à cet
effet. Si le voisin découvre l'œuf, il retrouve ce;
qui était perdu. Qu'il brûle cet œuf sinistre à
petit feu, le méchant pâtira de cette flamme
qui le brûlera à son tour.
Le mystère environne plus qu'un autre le
paysan qui lutte sans cesse contre des puisa
sances invisibles. Il compte avec les éléments,
à leur merci, malgré les inventions de la;
science. Aucune machine à faire la pluie et le
soleil, à son gré. Dur, noueux, à l'image des
arbres dont l'écorce devient rugueuse à force
d'être battue par les rafales, il reçoit, dans la;
solitude où il travaille, maints présages incon-
nus aux autres hommes. Quand il laboure, il
a le sentiment caché que sa charrue ne sou-,
lève pas seulement des mottes qu'il peut émiet-
ter entre ses doigts, et flairer. Il sait obscure-,
ment que le grain lancé d'un geste précis va:
plus loin qu'une parcelle de terre. On peut
croire qu'il entend des sons et voit des cho-:
ses qui nous sont refusés.
On ne saurait l'arracher à la présence de
ses morts. Pour la plupart, les défunts restent
agissants, mêlés à la vie, au travail de chaque
jour. Ils sont devant lui, comme son ombre.
Une ombre qu'il ne peut pas perdre.
Quand l'heure est venue de partir, il se cous
che pour ne plus se relever, avec une tran-
quillité splendide. La marche cadencée des
paysans portant un des leurs au champ du
repos, quel accord plus calme et parfait à ce
que l'on appelle la mort ? Beaucoup disent à
celui qui s'en va « Tu m'appelleras quand
mon tour sera venu. » comme ils diraient les
paroles les plus simples.
Mon compagnon se leva et m'entraîna au
dehors. La nuit d'automne arrivait. Le vent
d'ouest qui s'était levé de nouveau avait abattu
la pluie, Des graines mouraient dans les pros
fonds labourages.
̃•̃• .Charles Silvesthe.
jLes Salons da i&SQ
LE SALON D'AUTOMNE
LA SCULPTURE
Ce n'est pas par le nombre, mais par la qua-
lité que s'impose au Salon d'automne la sculp-
ture. Elle des traditions à maintenir, un passé
déjà glorieux à soutenir, et ce passé, iMustré
par les exemples hautains d'un Bourdelle,
s'enrichit chaque année de nouveaux titres.
Nous avons eu, l'an passé, la Vénus, d'une si
belle plastique et d'une exécution si sensible,
de Maillol; nous avons cette année le Cerf aux
écoutes de Pompon, que son Ours blanc, au
Salon de i923, avait déjà désigné à notre ad-
miration et classé aussi haut que Barye dans
le même art.
Ce ne sont pas les interprètes de l'animal
qui nous manquent, et bon nombre sont des
exécutants de premier ordre, mais leur mode
â'interpretafion n'a rien de personnel et ne
nous a rien appris. Seul, Bugatti nous avait
apporté une. note neuve une mort prématurée
Fa empêché de donner toute sa mesure. Pom-
pon, au cours d'une carrière déjà longue, a
créé vraiment de l'inédit. En supprimant tout
le pittoresque du détail, poil ou plume, qui
peut être amusant dans le bibelot, mais qui,
dans les morceaux importants, destinés à la
place ou au jardin publics, contrarie l'effet de
masse, il ,a été .d'autant plus inventeur que cette
simplification dans les lignes l'a conduit, dans
Ses aspects d'ensemble, à une accentuation
infiniment sculpturale des volumes. Il en est
résulté dans toutes ses créations, même du for-
mat le plus modeste, une grandeur d'impres-
sion et un style qui constituent la plus étour-
dissante des trouvailles.
̃Voyez, sur le perron d'où s'élance le grand
escalier de gauche, ce magnifique animal
planté dans une attitude rigide, et comme au
garde à vous, sur ses jambes nerveuses;
voyez ces andouillers qui, au lieu de se ren-
verser en arrière, comme il arrive dans les atti-
tudes indifférentes ou normales, se dressent
.verticalement vers le ciel, tandis que le cou
tendu, la tète droite, indiquent visiblement la
méfiance et que les naseaux dilatés semblent
Mimer la présence d'un ennemi. Est-il rien de
plus expressif; 'de plus physionomiquement
vrai et de plus juste ?
Considérez maintenant l'exécution du corps,
avec ces deux plans carrés d'une structure si
caractéristique, véritables plateaux placés dans
3'axe même de chacune des deux paires de
jambes, et qui enferment entre eux la ligne
flexible du dos; et ilites-moi s'il est possible de
lever plus d'exactitude, plus de conscience et
plys de fermeté. Mais que d'études de détail,
quelle somme énorme de recherches, que de
croquis préalables au crayon, avant même de
passer au travail de la première esquisse, com-
porte un morceau de cette nature, et d'un
accent à la fois si volontaire et si large
Avant même de gravir le perron où se dresse
cette' création de toute beauté, vous trouverez
dans la rotonde d'entrée d'autres œuvres qui
ne sont pas non plus méprisables. On a dressé,
pour les présenter au public, tout un décor de
toile grise qui les isole et crée autour d'elles
une atmosphère discrète et recueillie dont elles
ce trouvent d'ailleurs à merveille.
Le plus important de ces morceaux est une
ronde-bosse de Maillol, une figure, j'imagine,
du Printemps, qui est dans la carrière de l'àr-
tiste, consacrée jusqu'ici tout entière aux atti-
tudes paisibles et calmes, une nouveauté dont
les connaisseurs et le public s'étonneront. Cette
figure, dont les bras renversés en arrière tien-
nent derrière le dos une manière d'écharpe,
n'est nuilement immobile. Elle marche, et du
mouvement le plus vif, et cette allure ailée lui
confère une grâce exceptionnelle, non seule-
ment parce que le mouvement est heureux,
mais parce que le renvoi en arrière des deux
bras fait bomber et saillir le torse et met en
valeur avec beaucoup de justesse les détails
charmants de ce jeune corps.
Albert Marque, dans son bas-relief destiné à
.l'ornement d'une fontaine, est revenu à la tra-
dition française la plus- pure. La .composition
du morceau est, dans la disposition de ses per-
sonnages, nymphes des eaux, enfants porteurs
d'un poisson, etc., du plus heureux naturel et
rappelle, avec un goût plus marqué de réa-
Hisme, les trouvailles les plus savoureuses de
Clodion et de ses émules du dix-huitième siè-
cle L'artiste n'a' pas été moins bien inspiré en
ne donnant à ses figures qu'une saillie des plus
faibles et en les maintenant rigoureusement
dins l'aplomb de leur cadre de pierre. L'œuvre
a beaucoup gagné à cette discipline. Ce n'est
pas en accentuant les saillies qu'on donne à
in bas-relief de la vie; c'est en modelant avec
souplesse les formes, en accusant avec minutie
•3t souplesse les passages d'un plan à un autre
et en mettant à leur vraie place les accents.
Tout le travail d'Albert Marque s'est asservi
intelligemment à cette règle salutaire, et
rien ne manque à l'ensemble de tout ce qui
peut contribuer à séduire ou à plaire.
Je ne serai pas moins affirmatif en ce qui
concerne le buste en marbre de jeune femme
envoyé par Gustave Pimienta au Salon. Déjà
le buste d'homme qu'il avait exposé l'an der-
nier s'imposait, non seulement par un souci
curieux de mise en place et par l'observation
attentive des traits physionomiques du modèle.
Ici, l'artiste a été guidé dans son exécution par
FEUILLETON I»U <&*t*n>£
DU 5 NOVEMBRE 1939
k nie la eampape
L,e domaine
i
Les feuiikiges arrachés par le vent d'ouest,
dit, ce soir-là, le maître de Bellefond, décou-
vrent la figure de notre sol, son ossature de
granit, certains linéaments immuables, et, çà
et là, des bornes sur l'immensité des âges. Un
champ, apparemment limité, est infini il
tient secrètement aux astres, aux nuages, aux
.choses de l'air comme aux puissances souter-
raines, que l'on du inviolables. Quand la char-
rue le déchire en cette saison de brumes, il
me semble qu'elle retrouve, chemin faisant,
toutes les traces des anciennes charrues, des
laboureurs et des patients attelages. Rien ne
meurt. Je n'ai jamais pu regarder sans un
saisissement obscur, comme si quelque houle
grondait en moi, le soc et le versoir retournés
devant la forge au feu sonore. Cela éveille
on ne sait quelle idée de navigation une si-
lencieuse voilure vibre dans le sol.
Il me dit beaucoup de paroles de cette sorte,
tout en cheminant à travers champs, d'un pas
balancé, à la paysanne.
Le temps restait bas et brumeux; on ne de-
vinait pas le soleil. Il n'y avait qu'une clarié
grise, égale, comme celle qui pourrait traver-
ser à peine un épais vitrage dépoli. Le vent
d'ouest donnait de la voix dans les halliers,
mugissait dans les chênes de clôture et les
châtaigneraies. Il arrivait en grandes troupes
de bruits et s'éloignait jusqu'au fond de l'ho-
rizon, et revenait et s'éloignait encore. Parfois
on aurait dit qu'il était allé chercher des cor-
beaux trop lourds et qu'il les ramenait tous
ensemble dans des prairies sans éclat, où ils
s'abattaient pesamment, Pjiis ils paraissaient
an Besoin 'de perfection, un goût d'art et une
recherche de justesse absolue qui s'élèvent de
beaucoup au-dessus des préoccupations habi-
tuelles de nos portraitistes sculpteurs, et je di-
rais volontiers que rien n'approche du degré
d'achèvement et de vérité transfigurée auquel il
a conduit son travail.
Mateo Hernandez est suffisamment connu
du public pour qu'il soit inutile d'insister sur
les caractères distinctifs de ce fougueux et ro-
buste talent. Il a procédé dans son buste de
femme, comme dans ses interprétations d'ani-
maux, en attaquant directement la matière en
face du modèle sans recherches préalables et en
se réglant sur son seul instinct pour mettre au
point la ressemblance et corriger en cours de
route les menues imperfections qu'une exé-
cution aussi délicate comporte. Le résultat est
toujours chez lui franc et net et d'une incon-
testable puissance. Il est aussi parfait que pos-
sible dans ce morceau.
La figure de femme, fondue à cire perdue
par Dejean, et qui couronne le palier de l'es-
calier de gauche, ne nous était pas inconnue,
du moins dans ses parties essentielles. Nous
en avions vu le torse, il y 'i a quelque
trois ans, au Salon des Tuileries, et .nous
en avions loué -l'exécution avec un si particu-
lier enthousiasme que nous n'avions pas hé-
sité à mettre en parallèle le morceau avec la
Diane, de Houdon, qui est au Louvre. Le torse
n'a pas encore de tête cette année. Par un scru-
pule de conscience auquel il n'est que juste
de rendre hommage, l'artiste, n'en étant pas
suffisamment satisfait, en a remis le travail
définitif à plus tard, mais le torse repose dé-
sormais sur des jambes de l'exécution la plus
serrée, la plus forte.
A ces pièces de choix s'ajoutent, dans les
salles de peinture, des morceaux dont l'inté-
rêt n'est pas moindre. On rencontrera, salle I,
deux Baigneuses, en plâtre, associées par
Guénot, dans un mouvement très simple et
d'une grâce légère, en un groupe qui forme-
rait, si les figures étaient agrandies, un cou-
ronnement d'édifice très heureux. Je le signale
à tous les architectes qui auraient, au cours de
leurs travaux, l'idée de meubler un fronton. Le
sculpteur grec Apartis expose dans la même
salle deux bons bustes, dont le meilleur est
celui de notre confrère Louis Gillet.
Un nouveau venu et un jeune, Cazaubon,
est l'auteur d'une Porteuse d'eau placée à l'en-
trée de la salle IV, et qui se recommande des
mêmes qualités de simplicité attentive et d»
modelé insinuant et doux, mais parfaitement
juste, que le bas-relief d'Albert Marque. La
figure, exécutée en bois, est de l'agencement de
lignes le plus intelligent. Elle plaira. Dans la
pose de sa figure accroupie, en bronze, de
joune femme, Halou s'est, souvenu de la Nym-
phe à la coquille du Louvre, et ce souvenir
louis-quatorzien, superposé à la tendance réa-
liste-de son œuvre, l'a singulièrement enno-
blie.
La Femme nue assise de -Wlérick (salle
V" bis) décorerait à merveille un vestibule
d'édifice public ou de château. Elle est rigou-
reusement construite et vigoureusement éta-
blie. On peut en dire autant de la menue figu-
rine de Diane, par Arnold, où se respire un par-
fum de grâce antique. Le portrait de femme et
le buste d'enfant, exposés dans la même salle
par René Carrière, ont autant de caractère que
de souplesse et de don de vie. JJ1 Agneau en
plâtre, de Navellier, est de l'observation la
plus amusante et les deux bustes féminins en
bronze, de Gimond, sont. de l'accent de vérité
le plus pénétrant.
On ne verra pas sans plaisir, salle VII, le
masque en marbre de jeune femme, et un por-
trait en buste, également féminin, de Berthoud.
Une femme assise, et aux jambes coupées, de
Parayre, une Baigneuse attachant sa sandale,
de Chauvel, ne sont pas non plus négligeables.
Je ne vois guère à signaler dans les autres
salles que, pour leur étrangeté, les envois de
Zadkine; pour la sensibilité de son modelé,
une tête en pierre de jeune femme, par Mme de
Bayser, et, pour son caractère vraiment- sculp-
tural, une figure en plâtre, l'Eté, de Marius
Cladel.
Telle est, à la suite d'un premier examen,
l'impression que nous a laissée le Salon de
sculpture. Sans doute aurons-nous besoin d'y
rëvénïr si nous trouvons, parmi les autres piè-
ces non encore mises en place au moment de
notre visite, des motifs d'intérêt suffisamment
valables. 11 y a une leçon à tirer de ceite visite,
c'est que les sculpteurs, comme les peintre?,
reviennent à la meilleure veine française. Fé-
licitons-nous-en et félicitons-les.
Thiébault-Sissox.
NOUVEMjEë'f~OUR
NOUVELLES DU JOUR
Les premières délibérations
gouvernementales
Les membres du nouveau gouvernement se
réuniront en conseil de cabinet mercredi pro-
chain et non mardi à 10 heures, au ministère
de l'intérieur, pour discuter les grandes lignes
de la déclaration ministérielle.
Le lendemain .jeudi, à 9 h. 30, M. Gaston Dou-
mergue présidera le premier conseil des niinis-
tres, au cours duquel le texte de la déclaration
sera définitivement arrêté.
M. Georges Bonnefous
et le nouveau cabinet
II convient de faire remarquer, à propos de la
constitution du nouveau cabinet, que M. Georges
choisir un vieil arbre; ils y volaient et s'y per-
chaient, posés dessus en rangs si serrés que
les branches en recevaient un sombre feuil-
lage. Le vent les emportait de nouveau. Au loin
résonnait la hache d'un bûcheron.
On commence à élaguer, dit mon compa-
gnon.. Ces chênes qui bordent mon champ des
Javelles, il y a bien longtemps qu'ils nous
donnent provision de fagots où la flamme
brûle si claire. Pour le paysan, il y a une cha-
leur dans le feu de branches, mais, bien plus
encore, une sorte de joie qui tient compagnie,
éloigne les maléfices du vent d'ouest. Quand le
règne inexorable du charbon sera tout à fait
venu, je gage que beaucoup de vaillance et de
gaieté seront perdues, et ce que j'appellerai
un esprit de feu vivant. Il y a cinq ans que
ces arbres n'ont pas été ébranchés. Ils ne
donneront jamais du bois de travail. Ce sont
des arbres à feu. On les a trop torturés. Les
voilà noueux, crispés jusqu'au cœur. Celui-là,
vous le voyez décapité. En cette saison sans
lumière ce n'est plus qu'une colonne d'an-
goisse. Comme ils sont tristes, ces arbres!
Il faudrait les ébrancher de nouveau. Dès de-
main, le métayer et ses garçons vont y grim-
per. A coups précis d'une hache au long man-
che, ils feront tomber les ramilles.
On ne chôme jamais, chez vous. L'autre
jour, il fallait nettoyer les grains, les trier et
les pelleter sur le carrelage de votre grenier.
Il pleuvait dehors, le grain murmurait avec la
pluie.
11 y a beaucoup à faire, toujours. Il im-
porte d'examiner d'un peu près sa récolte,
après le dernier soleil de l'été qui embellit et
qui exalte toutes choses. On apprend beau-
coup, devant son blé, dans l'ombre d'un gre-
nier sans ornement. On est seul, on fait la
preuve de la multiplication des heures et des
travaux. C'est cela, ou ce n'est pas cela. Quel-
que chose d'immense s'est refermé. Il^fauf
ouvrir d'autres portes. Nous voilà dans la sai-
son des haches et des balances, et du fameux
retour sur soi-même, dont parlent les philo-
sophes. Plus rien entre l'œuvre et nous. C'est
en ce mois que le paysan a toute sa
gravité. Il voit sa peine, il mesure celle
qui viendra. Il ne pense guère au plai-
sir, le goût du pain et du gain le tient
sans cesse. Son travail de l'année a main-
tenant sa forme et son poids, qui ne sauraient
plus changer. Trois pommes n'en peuvent
faire quatre; un sac de blé, ce n'est pas deux
sacs. A l'auberge, à la clarté rouge des cho-
pines, il avait bien multiplié en paroles sa
récolte pour voir opiner en riant ses compa-
gnons qui n'étaient- pas dupes. Mais au gre-
nier, ses 'mains dures enfoncées dans le tas,
il grogne, il trouve que le grain est sec comme
un chiffre.
Bonnefous, ministre du commerce, avait fait sa-
voir dès samedi à M. Tardieu « qu'il accepterait
très volontiers que la représentation de ses amis
politiques dans le nouveau cabinet fût assurée
par d'autres que lui si cela pouvait être de nature
à faciliter le succès de la nouvelle combinaison
ministérielle ».
Une interpellation
M. Georges Bureau, "député de la Seine-Infé-
rieure, républicain de gauche, membre de la com-
mission des finances, a déposé une demande d'in-
terpellation sur la politique que l'e gouvernement
entend suivre en ce qui concerne le régibie de
la Sarre.
Les socialistes et la participation
La fédération d'Alsace du parti socialiste
S. F. I. 0., dans son congrès d'hier, a voté un
ordre du jour favorable à la participation du
parti au gouvernement par 60 voix contre 15 et
7 abstentions.
L'inauguration .̃/̃
du monument Félix Chautemps
Un monument a été inauguré hier, à Albert-
ville, à la mémoire de Félix Chautemps, ancien
député de la Savoie, mort au champ d'honneur
dès le début de la guerre. Félix Chautemps était,
on le sait, le fils de l'ancien président du Conseil
municipal de Paris, et ancien ministre de la ma-
rine, qui représenta jusqu'à sa mort le départe-
ment de la Haute-Savoie au Sénat, et le frère de
M. Camille Chautemps, le nouveau député radi-
cal socialiste de Blois, ancien ministre de l'inté-
rieur du cabinet Herriot. M. Félix Chautemps fut
lui-même député d'Albertville jusqu'au renouvel-
lement de 1914, date à laquelle il fut battu et
remplacé au Palais-Bourbon par son concurrrent
conservateur, M. Sibuet.
Mme veuve Emile Chautemps, mère de Félix
Chautemps,son fils M. Camille Chautemps.son beau-
frère M. Alphonse Chautemps, sénateur d'Indre-
et-Loire, oncle du député de Blois, représentaient
la famille. Parmi les personnalités présentes, ou
remarquait en outre MM. Pressard, procureur gé
néral près la cour d'appel de Paris; Milan et Ma-
chet, sénateurs, Borrel, Falcoz et Carron, députés
de la Savoie; Chanal, sénateur de l'Ain; le préfet
de la Savoie; le sous-préfet d'Albertville; le gé-
néral Santoz-Cottin, etc,.
Une foule considérable assistait à cette céré-
monie, où plusieurs discours ont été prononcés
par MM. Grisard, adjoint au maire, qui a remis le
monument à la ville; Périïlaf, maire d'Albertville;
Antoine Borrel, député, qui fut l'ami personnel de
Félix Chautemps; Pompée, au nom des mutilés et.
anciens combattants; Beha, au nom des Alsa-
ciens, lequel a apporté;" aux mânes du lieute-
nant Chautemps un petit sapin cueilli hier sur la
place même où fut tué l'héroïque soldat » et
enfin par M. Paul Painlevé, qui avait été reçu le
matin à la gare et avait passé en revue le 7° ba-
taillon de chasseurs alpins.
Voici les passages essentiels du discours de
l'ancien ministre de la guerre
Représentant' d'une région frontière entrée volontai-
rement dans la famille française, et qui possède au
plus haut point le sentiment national, il s'était adonné
do toute sa vive intelligence à l'étude des problème^
militaires qui occupaient alors les esprits. Mais comme
il ne s'effrayait pas des idées neuves, hardies, voire
téméraires, comme il était1 plus préoccupé des arme-
ments que des effectifs, comme l'ardeur de son tem-
pérament et de ses convictions le portait toujours
au point vif de la bataille et l'entraînait parfois à des
expressions un peu rudes qui provoquaient l'indigna-
tion de ses contradicteurs, les passions de l'époque et
la malignité politique s'acharnèrent à le travestir, aux
yeux de l'opinion en un antipatriote.
C'est contre une telle campagne que j'étais venu ici
même le défendre il y a seize ans. C'est contre une
telle campagne qu'il a dû faire front aux élections de
1S14 et qu'il succomba sous les coups. notamment
d'un adversaire que la mort devait bientôt unir à lui
sur les champs de bataille.
Mais voici la patrie menacée, déjà envahie, et celui
qu'on avait représenté comme antipatriote ne veut pas
attendre une heure pour accomplir tout son devoir
il,veut, et tous les siens avec lui, donner l'exemple.
L'orateur rappelle la mort de Félix Chautemps,
sa dernière citation
Commandant de compagnie d'une rare intrépidité, a
fait preuve, au cours des combats des 19 et 20 janvier,
des plus belles qualités militaires. Est glorieusement
tombé le 20 janvier à la tête de sa compagnie qu'il
conduisait à l'assaut.
Et il termine ainsi ̃•̃
Sans doute, on ne saurait demander aux hommes,
et moins encore aux partis d'être parfaits. Mais quand
il s'agit des grands problèmes de la paix et de1 la
guerre, serait-il donc impossible de les dégager des
violences, des incompréhensions, des calomnies, triste:
apanage des ordinaires batailles politiques? S'il est un
domaine où l'on doit servir ses idées avec passion,
c'est bien celui-là; mais, avec la. passion de la vérité qui
éclaire, non avec l'aveugle passion qui injurie et nié-
connaît. Tel est le conseil qu'au pied do ce monument
nous donne l'image évoquée du lutteur et du héros
que fut Félix Chautemps.
Après la cérémonie d'inauguration, un banquet
a eu lieu sous la présidence de M. Painlevé. De
nombreux discours ont rappelé les vertus civi-
ques et militaires de Félix Chautemps.
Le XIe congrès national
des anciens prisonniers de guerre
Le 11* congrès national des anciens prisonniers
de guerre, évadés et otages, qui s'est tenu à Nice,
a terminé ses travaux. Dans la séance de clôture,
que présida M. Jean Claude, vice-président de la
Fédération nationale des anciens prisonniers de
guerre, les congressistes adoptèrent divers vœux.
Citons notamment une motion relative à la re-
traite du combattant. Les congressistes se rallient
au projet élaboré par la Confédération nationale
des anciens combattants et victimes de la guerre,
et déposé à la Chambre des députés par MM. Ca-
mille Planche et Henri Haye. Sur la proposition
de M. Fribourg, un vœu a été également adopté
en faveur d'une politique de paix dans la justice
internationale.
» Le grain va mourir dans la terre, poursuit
mon ami. Ou peut dire cela, au long de cette
parcelle labourée, ensemencée, que nous
voyons, et où l'on devine encore le passage de
la herse. Est-il chose plus grande et mysté-
rieuse qu'un labour apparemment nu et triste,
où des myriades de grains vont se défaire sous
la patiente poussée des germes?. Pas un fré-
missement à la surface, qui décèle un pareil
miracle. Pas un mouvement sensible, tandis
que le blé va sortir de sa propre mort tout
s'accomplit dans une profonde solitude. Toute
graine est comme au tombeau, merveilleuse-
ment seule, prête à la vie. Avant de mourir,
elle a par avance le suc et la couleur de celles
qui* vivront dans l'air. »
Au bord de la haie, aux rameaux des chêne.;
de clôture, frémissait un âcre feuillage dur et
doré. Nous allions, suivant les guérets, dans la
longue rumeur du vent. Au loin, des fumées
d'herbes roulaient et rampaient sur quelques
aigrettes de feu. Dans une prairie, un homme
dont on ne voyait pas le visage, apprêtait des
pièges à taupes.
Nous tournons le dos à la plaisante sai-
son, dis-je à mon ami. Le cidre est dans la
barrique; il faudra ôter la bonde, il commence
à pétiller. Nous avons mangé les premières
châtaignes, et fait griller sur la braise la chair
châtaignes, et fait griller sur la brutve la chat.
délicieuse des grands champignons à bagues,
arrosés d'un peu de vinaigre, poudrés de poi-
vre léger. Les pommes cueillies à la main
embaument déjà le fruitier. Dites-moi,
les approches 'de l'hiver ne sont pas bien
tristes.
Oui. Le plus pauvre a toujours un peu
de bois, quelques aubaines. Et il y a du tra-
vail. Le vrai paysan a le respect du bon tra-
vailleur. Sous son toit, un journalier qui n'est
pas ignoblement paresseux est toujours, chez
lui. Misère et malheur n'ont jamais l'épou-
vantable masque, de l'infortune des villes. J'ai
longuement rêvé à ce qu'on appelle le ma-
chinisme. Il me semble que la machine, d'une
apparence si secourable, pourrait prendre, assez
vite, une puissance presque monstrueuse. Il y
a un sourire dans les rouages de l'acier, un
terrible sourire d'énigme. L'homme, qui a créé
la machine, lombera-'t-il sous sa loi? -Sera-t-il
dévoré par elle? Un trop rapide travail va-t-il
rejeter au chômage une foule d'ouvriers qui
ne pourront plus dépenser, tandis que les mar-
chés du monde regorgeront de marchandises
invendables?. Avant longtemps, à la ville 1
comme à la campagne, lorsque les machines
pulluleront, une abondance de biens, contraire-
ment au proverbe, nuira. L'autre jour, quel-
qu'un m'a dit « On manque de main-d'œu-
vre. On pourrait arriver à tout faire avec le
moins d'ouvriers possible; les silos, les trac-
teurs, les arracneuses, et d'autres machines I
Après la séance les congressistes se sont rendus
à la Cité des aveugles de guerre, qu'ils ont visitée.
Un banquet a eu lieu ensuite, sous la présidence
de M. Jean Médecin, maire de Nice; de nombreux
discours ont été prononcés.
Dans le parti radical socialiste
La fédération radicale socialiste de l'Allier
s'est réunie hier à Gannat, sous la présidence de
M. Desbennes, président du comité de Monttu-
çôn, entouré des parlementaires du département,
MM. Albert Peyronnet, Marcel Régnier, Beau-
mont, sénateurs; Lucien Lamoureux, Pradon-Va-
lancy et Roy, députés.
Après avoir adopté le rapport moral exposant
l'activité de la fédération et évoquant les tra-
vaux du congrès de Reims, l'assemblée a entendu
M. Lucien Lamoureux, qui a fait l'historique de
la crise ministérielle aujourd'hui dénouée, et dont
il a retrace et commenté tous les épisodes.
Le député de Lapalisse a déclaré que le parti
radical et radical socialiste était prêt à mener,
à la tribune de la Chambre, comme il l'a déjà fait
devant la Commission des finances, le dur combat
qui doit conduire aux dégrèvements fiscaux, géné-
rateurs de là vie moins chère.
Le bureau de la fédération a été ensuite réélu
et il a été décidé que le prochain congrès dépar-
temental se tiendrait à M-ontluçon. Des motions
de félicitations ont été votées à l'adresse des sé-
nateurs, réélus, de MM. Lucien Lamoureux et Clé-
mentel pour les efforts qu'ils ont tentés en vue de
la cffnstitution d'un gouvernement de gauche.
Enfin, un banquet a réuni plus de six cents
convives, sous la présidence de M. Edouard Her-
riot, président d'honneur du parti.
Au dessert, l'ancien président du conseil a pro-
noncé un discours affirmant tout d'abord que les
partis politiques sont trop nombreux en France.
Il a cité l'exemple do l'Angleterre où l'existence
de trois ou quatre partis, bien organisés, est un
élément de sécurité pour les institutions parle-
mentaires.
Puis il a défini ce que son parti entendait par
laïcité.
Jamais, a-t-il dit, il ne laissera toucher, même par
voie oblique, aux institutions laïques, qui sont le gage
dc la paix intérieure et la protection évidente de la
conscience individuelle.
M. Edouard Herriot a parlé ensuite de l'école
unique et précisé que le parti radical socialiste a
inscrit à sou programme la gratuité do l'ensei-
gnement à tous les degrés. Abordant alors les pro-
blèmes de politique extérieure, l'orateur a ré-
clamé pour son parti la gloire d'avoir inauguré
une politique de réalisations que ses successeurs
ont" été contraints de poursuivre.
Enfin, il a conclu en affirmant que le parti ra-
dical socialiste est prêt, « malgré vents et tempè-
pêtes, a collaborer avec tous les partis de gauche
qui feraient appel à ron concours »,
nîîfflQNIQUE ÉLECTORALE^
'.̃̃ Conseil général
SÈVRES (Deux-). Dans le canton de Thouars,
pour remplacer M. Ménard, décédé, il y a eu, hier,
une élection qui a donné les résultats suivants
M. Chacun, socialiste, maire de Thouars, 1,717
voix; M. Pourian, radical socialiste, 1,083 voix;
M. Lhermitte, républicain socialiste, 1,029 voix.
Ballottage.
LWilMTii AÊÏiiiE K M RIRTlilES
I. Résumé chronologique
L'organisation de nos frontières présentant un
grand intérêt d'actualité, il nous a paru intéres-
sant de préciser cette question. Résumons-la
d'abord ou pointi.de vue chronologique.
Au lendemain de la guerre, nous devons recons-
tituer les cadres de notre armée, préparer à nou-
veau sa mobilisation, asseoir son organisation du
temps de paix, refaire nos frontières. Il est -im-
possible d'aborder de front tous ces problèmes et
surtout de les résoudre simultanément. Nous som-
mes amenés à les sérier.
Le premier, et. de beaucoup le plus important,
est la reconstitution de notre mobilisation. Notre
état-major s'attelle à ce travail. li. André Lefèvre,
pendant son ministère de 1920, se passi'onne pour
cette tâche. Lorsqu'il résigne ses fonctions, notre
mobilisation est remise sur pied. Il faut ensuite
assurer à nos cadres une vie suffisante, recrée?
une armée sur des bases nouvelles. L'opinion pu-
blique, en effet, exige une réduction de la durée
du service. Plusieurs années sont nécessaires
avant de retrouver notre équilibre militaire.
Notre commandement ne perd pas de vue ce..
pendant la mise en état de nos frontières! Avant
même que notre mobilisation soit réorganisée,
il s'en préoccupe. Le 25 février 1919, au lende-
main de l'armistice, le ministre de la guerre, alors
•M. Clemenceau, charge do cette mission le maré-
chal commandant en chef les 'armées françaises
de l'Est'. L'état-major du maréchal Pétain se met
immédiatement au travail. Un premier projet est
soumis, en 1919, au conseil supérieur de la guerre.
Il contient des vues d'ensemble. Avant d'entrer
dans la période de réalisation, i'1 faut pousser le
travail dans les moindres détails. En juin 1919,
un mois après, le ministre de la guerre décide que
ces études partielles seront confiées à certains
membres du conseil supérieur de la guerre. Leurs
projets devront lui) être remis en septembre de
cette même année.
Ces études demandent plus de temps qu'on ne
l'avait prévu. Les exécutants n'ont pas été fixés
sur le genre d'organisation à effectuer. Des dis-
cussions techniques retardent, la marche des tra-
vaux. On discute sur diverses conceptions. Par
suitte de ces tergiversations, ces études de détail
ne sont achevées qu'au début de 1922. Le conseil
supérieur de la guerre se réunit pour les exami'-
ner en mai!. Mais, à ce moment, deux tendances se
manifestent dans son sein « Faut-il, le long de
nos frontières, élever une ligne continue ou n'en-
visager que la création de régions fortifiées, sépa-
rées par des trouées ? » La première s'inspire des
événements de la guerre. La deuxième relève du
iplan du général Seré de Rivières.
Les discussions que soulèvent ces controverses
sont extrêmement vives. Le conseil supérieur de
la guerre ne peut arriver à élaborer un plan d'en-
nous permettront de compter sur nous, et non
sur les autres. Où il fallait dix hommes, un
ou deux suffiront très bien. » Est-il permis de
mesurer les conséquences d'une telle pensée
que l'on appliquerait sans mesure? Il importe
de garder un équilibre dans les bienfaits du
progrès, une vigilance, mais cela n'est pas
commode. Tant de besoins nouveaux, allu-
més, il faut les nourrir. C'est le chiendent. On
n'a jamais tant désiré de violenter le temps et
l'espace, au lieu de compter avec eux et de les
craindre. La crainte n'est plus le commence-
ment de la sagesse. Le pas des bœufs devien-
drait-il ridicule?
Les bœufs ne vont pas bien vite, mais
depuis assez longtemps, ils font une bonne be-
sogne. Avec eux, on sait où l'on va, et c'est
déjà quelque chose. Beaucoup ne veulent pas
savoir où ils vont. Ce serait bien trop mono-
tone. L'inconnu n'a jamais eu tant de char-
mes, semble-t-il. A tout bout de champ ce ne
sont plus des dieux Termes, mais des dieux
Sphinx. Il faudrait aussi démonter le cœur
humain comme une machine, et le remonter
en l'accordant au goût du jour.
C'est bien difficile. Cette machine-là a
quelques ressorts bien compliqués. L'/esprit
d'invention, et le plus ingénieux, doit y renon-
cer. Tant pis, on laissera le cœur humain avec
ses vieilles vertus et ses vices tout aussi vieux..
Il suivra tant bien que mal, si l'on peut dire..
Un homme de quelque génie a écrit
le Lièvre et la tortue. Sa pensée est bien
vieillotte. Que l'on était sédentaire et routi-
nier, en ce temps-là! Aujourd'hui, la tortue
grimperait en tapinois sur le dos du lièvre et
prendrait comme des rênes ses longues
oreilles.
Une révolution qui domine toutes les au-
tres s'accomnlit. On examinera minutieuse-
ment une mécanique; mais son âme?. Que
des domaines aient passé aux mains de ceux
qui savent les travailler, ce n'est pas un mal
De plus en plus la terre accorde ses fruits à
ceux qui ne s'en éloignent pas et la cultivent
eux-mêmes. Ceux qui n'étaient jamais auprès
de leurs pots les ont vus soudain se renverser.
Cela n'est pas étonnant. Mais sans être puri-
tain, on peut dire que la famille perd son pou-
voir de maîtrise, qui règle le monde. Même
chez nous, que de jouvenceaux apprennent à
leurs vieux qu'ils ne sont plus à la page! Si
les parents apprêtent des remontrances, on
leur rit au nez, et dès que l'on peut gagner un
morceau de pain, on va voir ailleurs. On veut
vivre sa chère vie; la moindre contrainte orûle
les jeunes épidermes comme du feu. •
Vous voyez les choses avec des verres
fumés, lui dis-je. Notre époque n'est pas aussi
noire.
Ah! je voudrais vous écouter! Il est vrai
semble.; Pour mettre fin à cette situation et arri-
ver à un résultat positif, le gouvernement, sur la
proposition du maréchal Pétain, charge une com-
mission spéciale d'élaborer un projet d'organisa-
tion générale. Cette commission est placée sous la
présidence du maréchal Joffre d'abord, sous celle
du général Guillaumat ensuite.
Les mômes divergences d'opinion se manifes-
tent à l'intérieur de cette commission. Il est im-
possible à son président de faire adopter un plan
de travaux; il se heurte toujours à des résistances.
A la fin de mai 1923, il rédige une proposition au
nom de la majorité, où il conclut à l'adoption d'un
système discontinu de régions fortifiées. La mi ̃
iiorité remet en même temps une note qui recom-
mande, elle, l'organisation d'un front continu pou-
vant être progressivement renforcé.
Ces deux rapports donnent lieu à de nouvelles
discussions passionnées au conseil supérieur de
1» -guerre. Pendant près do deux ans, partisans et
adversaires des gros ouvrages, puissamment ar-
més et puissamment fortifies, discutent sur les mé-
rites respectifs de la fortification permanente et
de la fortification improvisée. Ceux qui préconi-
sent cette dernière s'appuient sur l'histoire de la
dernière guerre. Des cléments de tranchée, proté-
gés par un solide réseau de fils de fer, bien flan-
qués par des armes automatiques, constituaient
alors la meilleure des défenses. Mais, et c'est ce
qu'on oublie, ils étaient occupés par des troupes
aguerri'es, habituées au bombardement, aux gaz.
Que feraient dans ces organisations improvisées
des troupes qui subiraient le feu pour la pre-
mière fois, attaquées par un ennemi l;rès supé-
rieur en nombre, disposant de moyens formida-
bles ? Or, cette hypothèse ne constitue pas actuel-
lement une impossibilité. Si les Allemands veu
lent tirer un parti immédiat de leur armée de
métier, ils. peuvent, très rapidement après la dé-
claration de guerre, jeter sur un seul point) de
notre frontière leur ftcichswehr et leur Schupo,
en ne conservant sur leur territoire que les ca-
dres suffisants pour leurs unités nouvelles. Ils
pourraient ainsi troubler notre concentration. La
résistance de nos unités de couverture et même
celle des premières divisions que nous pourrons
amener à la frontière et quil comporteront une
grosse masse de réservistes seront toutes -diffé-
rentes suivant qu'elles pourront ou non s'accro-
cher à des ouvrages de fortification permanente.
Si ceux-ci existent, ils leur procureront des abris
à l'épreuve, et leur permettront en toute circons-
tance de faire usage de leurs armes automatiques.
Autour d'eux, et à leur faveur, des éléments
même déjà dissociés pourront s'agréger encore,
reconstituer une masse capable de nouveaux ef-
forts.
Mais, même parmi les partisans de la fortMica-
on permanente, de graves divergences d'opinion
sc produisent. Les uns est-iment que notre dé-
fense doit s'appuyer sur une voie lactée de petits
ouvrages (blockhaus et casemates armés de mi'-
trailleuses ou do canons légers) se flanquant les
uns les autres et créant, par leur tir, une zone
infranchissable à Tinfanteri'e ennemie. Les autres
demandent la construction d'ouvrages concentrés
placés à des distances telles qu'ils puissent se
soutenir mutuellement. Sous leur protection, l'in-
fanterie viendra défendre ses -lignes de résistance.
̃ M. Painlevé, dès son arrivée au ministère, se
préoccupe de ce grave problème. Il demande au
conseil supérieur de la guerre de terminer l'ère
des discussions et de prendre une décision ferme.
Le 15 décembre 1925, à l'unanimité de ses mem-
bres, le conseil émet l'avis que l'organisation dé-
fensive de nos frontières doit être conçue sous la
forme d'un système discontinu de régions forti-
fiées.
La question de principe est ainsi résolue. Il
s'agit maintenant de passer à l'organisation réelle,
d'aller sur place, d'asseoir la fortification à la de-
mande du terrain. Toutes ces études sont à faire.
On en charge une commission spéciale qui est
dotée d'organes de travail en février et en mars
1926 sous la forme d'un secrétariat et de déléga-
tions locales.
En novembre 1926, cette commission expose dans
un rapport les bases essentielles des solutions
qu'elle préconise. Elle délimite les régions à for-
tifier ainsi que l'importance et l'ordre d'urgence
des travaux à exécuter dans chacune d'elles. On ne
peut pas cependant passer immédiatement à l'exé-
cution. Certains points sont à préciser « Quelle
doit être l'organisation intérieure des ouvrages ?̃
Que faire de l'artillerie? Comment soustraire les
organes bétonnés aux effets d'un bombardement
par les,gaz? » Ces questions donnent lieu à des re-
cherches techniques, à des expériences multiples.
Finalement, les membres de la commission se met-
tent d'accord et déterminent en décembre 1926 et
en janvier 1927 le type des ouvrages à adopter.
depuis le fort bétonné étanche, dans lequel sont
rassemblés tous les organes de feu et de comman-
dement, jusqu'à ceux des simples blockhaus pour
une ou deux mitrailleuses.
Sur l'intervention de certains membres du con-
seil supérieur de la guerre, le commandement de-
mande un supplément d'étude sur les moyens i
adopter pour la défense contre les gaz et contre
les bombardements par avions qui constituent les
formes d'attaque nouvelles et dont l'emploi
pourra se généraliser dans une prochaine guerre.
Des expériences sont immédiatement entreprises.
Trois mois plus tard, elles permettent de fixer no-
tre doctrine de guerre. En mai, en juillet et en oc-
tobre 1927, des décisions sont prises sur les formes
techniques à adopter pour les divers types de tra-
vaux.
Les services du génie connaissent désormais les
régions à fortifier et les types d'ouvrages à em-
ployer. Ils s'emploient, par des études sur place,
à la mise au point des divers projets. L'aviation
leur vient en aide et leur fournit des croquis à
très grande échelle des régions qui les intéressent.
Ces travaux demandent encore près d'un an.
Les progrès de l'artillerie et des explosifs con-
traignent le commandement, en décembre 1927, à
ordonner des expériences nouvelles, qui durent
jusqu'en fin 1928. A ce moment, à Bourges, en pré-
sence du ministre de la guerre et de hautes per-
sonnalités militaires, les enseignements les plus in-
téressants sont tirés de l'étude des résultats obte-
nus par le tir des grosses pièces d'artillerie sur des
ouvrages bétonnés de modèles différents.
En janvier "1-929 une décision définitive est
prise. Adoptée par le conseil des ministres, sur la
proposition de M. Paul Painlevé, elle est conforme
à l'avis exprimé par le conseil supérieur de la
guerre. Elle prescrit la constitution, sur toute !a
longueur des fronts à fortifier, d'ouvrages d'infan-
teri'e et d'abris à l'épreuve destinés à assurer la
que beaucoup de familles résistent aux forces
malignes.
Tout en devisant ainsi nous arrivâmes à la
porte d'un petit pavillon de chasse. Le vent
d'ouest s'était posé. Une pluie fine, mêlée
d'ombres, commençait à tomber, donnant une
voix aux feuilles mortes. Le ciel paraissait
s'abaisser encore, toucher au loin la pointe des
arbres. Une vieille femme, dans une châtai-
gneraie voisine, ramassait les dernières châ-
taignes.
Nous entrâmes dans la salle du pavillon.
Mon ami alluma un feu de brindilles dans ia
cheminée. Il resta un moment sans parler de-
vant la flamme joyeuse. Il dit enfin, grave-
ment
A certaines heures, je suis saisi d'une
mélancolie assez âpre. Au domaine, tout n'est
pas plaisir, mais la peine, qui vient du devoir,
donne un sentiment de plénitude. Toutes les
choses valables, il faut les payer avec son
sang.
Il admira le feu de bois, et repril, changeant
de visage
Un coup d'épaule, et le sac est remonté-
La semaine prochaine, nous commencerons
l'arrachage des topinambours. Nous manquons
de pommes de terre. J'en ai semé près de cin-
quante sacs pour deux hectares, mais il faut
compter avec la maladie. Les topinambours
aideront beaucoup à l'engraissement du bétail,
ainsi que les betteraves, les carottes fourra-
gères et les citrouilles. Les maïs mangés en
vert, avant la maturité des topinambours oui
donné de bons résultats. On méprise trop le
topinambour. Savez-vous qu'il accommode fort
bien un poulet rôti?. Bien choisi, il est succu-
lent. Cet hiver, nous engraisserons cinq
bœufs. Déjà, ils ne quittent guère l'étable. On
va les forcer, les « pousser en nourriture ».
Ils sont entourés des plus grands égards.
Votre métayer les pèse de l'œil, il les veut fin
gras, comme il dit. Il veille sans cesse, il les
voit grossir avec autant de plaisir que de
crainte. Il veut les conduire à leur apogée d'em-
bonpoint, mais il sait que trop d'abondance et
de viande tue un animal comme un homme. A
la veille de la foire grasse, il a peur, il est en
transes. Il se lève souvent, en pleine nuit gla-
ciale, lanterne en main, avec l'angoisse de voir
morts d'un coup de sang les bœufs magnifi-
ques.
Et moi aussi, je suis en transes, dit mon
ami, en riant. Mais le métayer s'est assuré le
secours des royautés invisibles. Il a posé entre
les cornes des bœufs une pincée de sel, en
marmonnant certaines paroles. Rien au monde
ne peut défaire une pareille protection. Pour
défendre ses bêtes contre le mauvais œi!, il
trace un cercle devant l'étable, sur.le sol, et les
fait passer au milieu. A la porte il a {resté
continuité des feux d'armes automatiques. Ella
prévoit ensuite la construction de groupements
e'ouvrages aux points importants de la ligne de
résistance relies, par des comm'unications $ «
l'épreuve, avec des abris-casernes destinés à as-<
sui;er, dans les meilleures conditions, l'habïtabi*
lité de ces ensembles et le jeu des réserves.
Lieutenant-Colonel Reboul.
u 1
REVUE DE LA PRESSE
PRESSE PARISIENNE
Quels premiers devoirs, quelles tâches essen-
tielles vont s'imposer au nouveau gouvernement?
ment ?
Certes, ainsi que l'écrit le Matin, le budget sera;
l'occupation presque unique du Parlement d'ici à
la fin de l'année. Il fournira d'ailleurs à M. Tar-
dieu l'occasion de s'expliquer, bien mieux que par,.
voie d'interpellation, sur un grand nombre de,
points.
Mais un débat politique ne s'engagera-t-il pas-
à propos des crédits nécessaires aux douze sous-
secrétariats d'Etat que déjà, assure le Malin, cer-
tains reprochent au gouvernement d'avoir insti-
tués ? Or.
M. Tardieu n'aura pas de peine à. montrer que, par-»
tout il l'étranger, il existe beaucoup plus de secrétaires
d'Etat qu'en France.
On se plaint, avec juste raison, de l'inaction mmis^
térielle. Elle tient précisément à ce que le ministre est
noyé sous une foule de besognes et de signatures
administratives dont il convient de le décharger afin
qu'il puisse se consacrer presque entièrement à la be-i
sogne constructive. Enfin, à. quoi bon se plaindre éga-i
lement que le personnel politique vieillit sans se renom
veler, si on no prépare jamais les jeunes cadres sus*
ceptibles de le remplacer ?
Le Journal écrit '̃
Dans cette Chambre où une majorité solide semble
ne pouvoir s'agréger ni d'un côté ni de l'autre, il
serait vain de se battre exclusivement sur le terrain,
politique quand une tache de réalisations indispensa-
bles et notamment le vote du budget .requiert
sans délai l'activité du Parlement. Le contribuable qui
attend un allégement de la fiscalité, le monde écono-*
mique qui veut une amélioration de notre outillago
national; le paysan qui entend qu'on prenne des me-
sures pour mettre fin à la crise- agraire, en un mot
tous ceux qui payent et produisent ne tiennent guèro
à ce que se prolongent, alors qu'il y a mieux à fairo^
de stériles disputes d'étiquette.
Figaro indique en ces termes les responsabilités
que devra prendre le nouveau ministère tant au
point de vue de l'ordre intérieur qu'au point do
vue des négociations extérieures
Le bon sens, la logique, l'intérêt national sont ici
d'accord. Par la déclaration ministérielle, comme par
ses premiers actes, le cabinet Tardieu doit dire et faira
ce que le cabinet Briand n'a pas dit et n'a pas fait.
En ce qui concerne les desseins criminels des cous-»
pirateurs étrangers, le gouvernement doit montrer tout
de suite sa volonté absolue de délivrer. notre pays de
ces agitateurs et de ces sans-patrie qui veulent la miner.
et la ruiner.
En ce qui concerne les accords de la Haye, M. Briand.
qui après avoir accepté d'être ministre de M. Daladier.
et de M. Clémentel, a Uni par accepter d'être minislra
de M. Tardieu, doit s'expliquer sur les questions vita-
les qu'il a esquivées quand il était président du conseil,
Il faut, en outre, que les actes soient mis d'accord
avec les paroles et que M. Tardieu, comme chef du
gouvernement, veille à ce que les projets insensés rela-*
tifs à l'évacuation de la Rhénanie et de la Sarrc n'aient
pas de suite immédiate et effective. Ainsi le veut la
grande majorité de la nation, soucieuse de ses intérêts
et de sa sécurité.
Ajoutons enfin que M. Tardieu doit régler uno fois
pour toutes, conformément aux arrêts de la Cour in-
ternationale de la Haye, l'irritante question des
emprunts étrangers, qui a soulevé tant de colères 'parmi
les épargnants français, ruinés jusqu'ici sans l'ombru
d'un motif.
Quand le nouveau gouvernement aura statué sur ees
articles essentiels de tout programme, toute la France
saura où il va.
En tout cas, chez les socialistes, on se prépare!
à une « opposition de combat ». M. Léon Blum
nous en avise aujourd'hui dans le Populaire, en
conclusion d'un examen des conditions dans les-
quelles a été résolue la crise
La contradiction intime dont souffrait le précédent
gouvernement, et dont il est mort, semble plus aiguë
que jamais. Et si les deux courants d'opposition so
confondent, comme ce fut le cas le jour de l'opération
Montigny, le cabinet Tardieu peut chanceler dès la'
première rencontre.
La presse réactionnaire a triomphé de l'échec da
Daladier comme s'il établissait sans appel qu'aucune
majorité de gauche n'existait dans cette Chambre. Mais
peut-être qu'aucune majorité de réaction pure n'y exista
non plus. Ou du moins, si elle existe, elle avait sans
doute besoin pour subsister de tous les voiles et do
tous les paravents dont MM. Poincaré et Briand l'avaient
si soigneusement entourée; il n'est pas certain qu'ella
résiste à l'éclairage brutal de M. Tardieu.
La crise ouverte en juillet dernier par la retraite do
M. Poincaré car c'est de ce moment qu'elle date
en réalité ne me parait donc pas encore résolue.
Comme au temps de M. Poincaré, on fait appel en ca
moment à un « coefficient personnel. » On cherche
si l'action propre d'un individu pourra (suppléer à l'ab-
sence de majorité stable, et c'est en cela surtout qu'on
sort de la conception démocratique du gouvernement
des partis. Mais ce n'est pas en dilettanti que nous sui-
vrons l'expérience. Le gouvernement de réaction trou-
vera devant lui, dès la première heure, une oppositioa
de combat.
Ces menaces n'inquiètent nullement l'Echo dû.
Paris, qui juge en ces termes l'attitude probable
du parti radical
Par l'ordre du jour Yvon Dclbos-Mistler, le groupe
radical socialiste déclinant sa participation au minis-
tère en formation de M. André Tardieu, tout en mar-
quant à son chef hommage pour ses efforts de conci-
liation, s'est engagé en propres termes à juger le nou-
veau ministère sur ses actes, sans hostilité préconçue.
En admettant que la séance inaugurale de déclara-
tion et d'interpellation ne sc passe pas sans « remous »;
il est difficile d'admettre qu'après cet engagement mo-
ral, le parti radical ne joue pas, à son tour, le [air play
si cher à son président, M. Edouard Daladier.
'
̃̃̃̃̃ ii^^Fun«»maat^ \mm m" et *f « IWf F-\
des herbes choisies et cueillies à la Saint-Jean
de l'été, avant le lever du soleil. Le mal nci
pourra pas entrer. L'an dernier, sa femme souf-»
frait de grands maux de tête, il a ouvert un.
pigeon, de son couteau aiguisé, d'un seul coup,
et il en a coiffé, comme d'un bonnet, le front
malade, qui dégouttait de sang chaud. Les
jeunes ne se moquaient pas, et savaient que
leur mère serait guérie. Il avait consenti à
faire venir un médecin, mais il haussait les
épaules. Il croit dur comme fer qu'il mourra;
précisément à l'âge où ses parents sont morts.
Quand il mène une truie au mâle, il paye en;
menue monnaie, de façon que la bête ait au-j
tant de petits cochons qu'il a donné de petites
pièces. Je n'ai jamais pu lui ôîer l'épouvante
des mauvais sorts. Pour ruiner d'avance la ré^
coite d'un voisin il sait qu'il faut enterrer dans
son champ un œuf de poule préparé à cet
effet. Si le voisin découvre l'œuf, il retrouve ce;
qui était perdu. Qu'il brûle cet œuf sinistre à
petit feu, le méchant pâtira de cette flamme
qui le brûlera à son tour.
Le mystère environne plus qu'un autre le
paysan qui lutte sans cesse contre des puisa
sances invisibles. Il compte avec les éléments,
à leur merci, malgré les inventions de la;
science. Aucune machine à faire la pluie et le
soleil, à son gré. Dur, noueux, à l'image des
arbres dont l'écorce devient rugueuse à force
d'être battue par les rafales, il reçoit, dans la;
solitude où il travaille, maints présages incon-
nus aux autres hommes. Quand il laboure, il
a le sentiment caché que sa charrue ne sou-,
lève pas seulement des mottes qu'il peut émiet-
ter entre ses doigts, et flairer. Il sait obscure-,
ment que le grain lancé d'un geste précis va:
plus loin qu'une parcelle de terre. On peut
croire qu'il entend des sons et voit des cho-:
ses qui nous sont refusés.
On ne saurait l'arracher à la présence de
ses morts. Pour la plupart, les défunts restent
agissants, mêlés à la vie, au travail de chaque
jour. Ils sont devant lui, comme son ombre.
Une ombre qu'il ne peut pas perdre.
Quand l'heure est venue de partir, il se cous
che pour ne plus se relever, avec une tran-
quillité splendide. La marche cadencée des
paysans portant un des leurs au champ du
repos, quel accord plus calme et parfait à ce
que l'on appelle la mort ? Beaucoup disent à
celui qui s'en va « Tu m'appelleras quand
mon tour sera venu. » comme ils diraient les
paroles les plus simples.
Mon compagnon se leva et m'entraîna au
dehors. La nuit d'automne arrivait. Le vent
d'ouest qui s'était levé de nouveau avait abattu
la pluie, Des graines mouraient dans les pros
fonds labourages.
̃•̃• .Charles Silvesthe.
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