Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-05-10
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mai 1927 10 mai 1927
Description : 1927/05/10 (Numéro 24008). 1927/05/10 (Numéro 24008).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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1YOUVELLBS ©O TOUR
La fête de Jeanne d'Arc `
Dans les départements
Toutes les dépêches reçues à. la fin de la soirée
d'hier et,ce matin signalent 'que la fête de Jeanne
d'Arc a été célébrée partout avec autant de ferveur
que de sérénité. Le pavôisemcnt des édifices publics
et des maisons particulières a témoigné de l'em-
pressement générais, ainsi que les défilés des di-
verses associations à. des délégations des écoles.
On ne signale que deux incidents, sans gravité,
du reste. A Bordeaux; une légère et brève bouscu-
lade s'est produite après la cérémonie religieuse
tandis que les scouts catholiques acclamaient le
cardinal Aridrieu, ̃ les ligueurs d'Action française
répondirent par le cri ds « Vive le roi !» la police
rétablit l'ordre aussjtèt. A .Rennes, le cardinal
Cbarost a interdit l'accès de la cathédrale à des
Ijgueurs d'Action française.
M. Paul Paihlevé à Dieppe
La fédération nationale des anciens sous-offi-
oiers de terre et do mer, qui vient de tenir à
Dieppe son congrès annuel, avait convié hier le
ministre de la guerre à son banquet de clôture.
M. Paul Painleve a été reçu par M. Chiroye, maire
de Dieppe, les membres delà municipalité et les
parlementaires de la Seine-Inférieure, entre au-
tres MM. Bignon et Veyssi.ère, sénateurs; Bureau,
Rimbert, et Thoumyre, députés; et par li. Cec-
jcaldi, préfet'.
Après une courte réception à la mairie, le mi-
nistre s'est rendu au banquet dont il avait accepté
la présidence. Au dessert, des allocutions et des
toasts ont été prononcés par, MM. Ceccaldi, Chi-
ïoye, Bignon, Biage,. président de la fédération des
anciens sous-officiers, etc.
A ces divers orateurs, M. Paul Pairilevé a ré-
pondu par un important discours sur le projet de
loi relatif à l'organisation de l'armée en temps de
guerre et sur les autres lois militaires.
C'est le souvenir de certaines heures particulièrement
kngoissantes, a-t-il dit, où la bonne volonté du pays
dépassait ses organisations préparées, qui a inspiré en
grande partie cette loi, qui n'est pas une loi de guerre,
mais une loi de paix, cette loi qui prépare éventuelle-
ment, et. dans le cas où cette chose abominable, la
guerie, nous serait malgré nous imposée, la mobilisa-
tion de toutes les forces nationales pour la défense du
pays; «Jui peut croire que cette loi soit une manifesta-
tion de bellicisme? Quel est le gouvernement qui son-
gerait m instant à mettre en branle cette formidable
machine, si ce n'était pour défendre le sol sacré du
pays?
Insistait, sur la nécessité d'une armée forte, bien
(constituée, \le ministre a démontré que la nou-
velle loi de mobilisation générale n'imposera au
pays que le minimum indispensable de charges
militaires av^ le minimum du temps de séjour
sous les drapeau ce qui d'ailleurs "n'exclut pas
ia nécessité d'ui. minimum de cadres, et il a dit
à ce propos: v
purant les deux à-ïninistêre de la guerre je me suis penché sur ce pro-
blème, je puis le dire' jour et nuit,. afin d'arriver à
adapter sûrement nos ej^otifs et nitre mobilisation à'
un nombre minimum de suas-officiers.
Mais plus une armée' es, à court terme, plus ses
cadres, dont la valeur est toujours un élément essen-
tiel, deviennent un élément dc«it la valeur de l'armée
elle-même dépend. Pour qu'il en. soit çinsi, pour assu-
rer ce minimum de. sous-officiers, j'ose dire que, du-
rant les deux années et plus que je yiets de passer au
ministère de la guerre, mon effort a été le me pencher
sur ce problème, d'établir minutieusement nos effec-
tifs et notre mobilisation éventuelle sur m nombre mi-
nipium de sous-officiers. Ce nombre, il n\ faut pas le
faire descendre au-dessous de 106,000, c'est-à-dire
30,000 de plus qu'aujourd'hui, et il faut mssi donner
à ce corps l'autorité et la considération dpnlil est digne
et sans lesquels il ne peut remplir dignenent son rôle.
Et le ministre a ajouté que jamais il ne met-
tra sa signature au bas d'un projet qui admettrait
la réduction- du temps de service miliàire avant
que cette condition ne soit réalisée.
En ce qui concerne les revendications formu-
lées par le congrès, M. Painlevé a annoicé qu'un
crédit de 40 millions a été accordé pour organiser
des logements pour les sous-officiers et eurs fa-'
rnilles; l'an prochain, le budget pour l'anéliora-
tion du sort de ces militaires de carrière com-
portera une augmentation de 250 milions de
francs pour' élever le taux des hautes paye; et des
pensions. ,̃̃̃"̃'
Le ministre, abordant le côté moral des rwendi-
c^tion3 des sous-officiers, a ajouté que Je (bnseil
supérieur de la gBérre va puochainfimeAl- àudieç
un nouveau « statut » favorisant davantage leur,
accès dans le cadre des officiers. Ce « statut »
amènera forcément la préparation et la péréqua-
tion vers les hauteurs du grade" de sous-officcr et
en môme temps le passais plus large de la seconde,
partie dans la partie suivante du cadre, dais lé
cadre officier proprement dit.
Vous voyez, a dit le ministre, que ce « statut est
conçu dans l'esprit qui anime tous les hommes, tous
les démocrates qui, sans parti pris et avec un s>nti-'
ment profond de l'équHé et des intérûts de l'armée, se
sont penchés sur le grave problème des sous-officiers.
Le ministre a conclu en rendant hommage en
ces termes aux sous-^of liciers:
Vous savez quels ont été les drames financiers, dé-
clare-t-il, que nous avons connus; vous savez qu'avant
tout H fallait songer au salut des finances de l'Etat,
car si les finances de l'Etat avaient sombré, c'aurait été
un malheur, non pas pour quelques-uns, mais pour
tous. Nous avons donc dû aller au plus presse; nous
'avons dû entreprendre une œuvre de salut national au
cours do laquelle certains intérêts ont dû attendre, si
légitimes qu'ils fussent; mais je crois que cette période
est maintenant close et je pense que, lorsque vous con-
naîtrez l'effort du Parlement au moment du vole du
budget prochain, vous serez les premiers dire que
vraiment lin effort généreux 'a été fait pour satisfaire
vos revendications. En agissant ainsi, le Parlement et
le- gouvernement feront ccuvre de justice; c'est l'hom-
mage, trop tardif peut-être, mais efficace, aux services
innombrables que vous avez rendus pendant la guerre
comme avant la guerre, pendant la conquête de notre
domaine colonial comme pendant la défense du sol.
Les déclarations du ministre de la guerre ont'
été accueillies par les, congressistes avec un vif
enthousiasme. ;•
M. Herriot à Reims
Voici le programme des fêtes d'inauguration de
̃la grande nef de la cathédrale de Reims, mercredi,
.11 mai
Arrivée 10 h. 35. Réception à la gare par les au-
torités ?£ lé conseil municipal de Reims.
11 heures visite extérieure et intérieure de la ca-
thédrale cérémonie à l'occasion de l'achèvement des
travaux de la grande nef de la cathédrale; discours du
JFEÏJILLEXOIV DU €<îi»î>S
DU 10 MAI 1927 (11).
nnî'ïïp ~f!nH'i!p ïn<"pnnïp!
QUELLE. SEDllRE IISIOffiE! '1
'-̃,•, XIX– (Suâie)
Les paroles Hie Mmerde Péraudel étaient si'i
fort en désaccord avec l'inhumanité qu'elle me
montrait que j'en fus. outrée. îl me prit une fu-
reur de langue et, sans plus savoir ce que je di-
sais, j.o criai. v
Non, madame, vous n'êtes point comme ma
mère; ma mère ne me contraindrait pas sur un
tel sujet et qui intéresse tout mon avenir.
Qu'avais-je osé dire ? Mme de Péraudel s'é-
lança sûr moi; La colère la rendait méconnais-
sable. Sa maigre figure tourna à Técarlate, de-
vint comme bouffie.
r– Pndarde! dit-elle en me secouant l'épaule
à me la briser. Coquine Ingrate Tu perds le
sens. Tu épouseras le fils de Mehemei Riza Beg,
quoique tu en aies, friponne. Je sais mieux que
toi ce qui te convient.
Ces paroles me jetèrent dans les abîmes du!
désespoir. Les larmes me suffoquaient
;Â quoi bon tes pleurs? s'exclama ma tante;
ils ne m'attendriront pas.
Je parvins à me dégager de ses mains, je me
jetai à ses genoux et, prenant le bas de sa jupe
pour la baiser
Madame, madame, soumise comme je l'ai
toujours été à toutes vos volontés, vous pensez
CoDTTlgM ta Henriette .Celari&.
ministre de l'Instruction publique;? remise 'des récom-
penses.
11 h. 30 vin d'honneur offert à M. Herriot, minis-
tre de l'instruction publique, à la mairie provisoire, rue
des Augustins.
13 heures i: déjeuner intime offert aux hôtes de la
ville de Reims; visite des travaux en cours de recons-
truction.
15 heures inauguration par le ministre de. l'ins-
truction publique et des beaux-arts de l'école régio-
nale des arts industriels, 12,. rue Libergier.
Départ vers 16 heures, en automobile, pour Epernay.
M. Louis Marin à Saint-Emilion
et à Bordeaux
M. Louis Marin, ministre des .pensions, a présidé
hier, à Saint-Emilion, la séance de clôture du con-
grès régional de l'union nationale des combattants.
Au cours du déjeuner qui lui a été offert, le mi-
nistre des pensions a pris la parole pour donner
quelques conseils aux/ anciens combattants dont il
appuie les revendications auprès du gouvernement.
Do retour à Bordeaux dans la soirée, M. Louis
Marin a présidé un concert de gala offert jpar l'As-
sociation fraternelle des anciens des 12e et 18* régi-
ments d'infanterie. Répondant aux souhaits de
bienvenue de M. Giraud, président, de l'association,
le ministre a exprimé sa gratitude pour le chaleu-
reux accueil qui lui avait été réservé. L'abbé Ber-
gey, député de la Gironde, a fait ensuite une con-
lérence sur la guerre. Après avoir retracé la vie et
les souffrances, des soldats dans les tranchées, il a
fait appel à la résurrection de la fraternité fran-
çaise.
Les victimes de la guerre à Carcassonne
Un, congrès de la fédération départementale des
victimes do ~1 guerre s'est tenu hier à Carcas-
sonne.
!M. Maurice Sarraut, remplaçant M. Albert Sar-
raut, empoché, a présidé le 'banquet de clôture qui
réunissait 700 convives.
ai'. Albert Sarraut avait délégué pour le repré-
senter M. Charles Pomaret, son chef de cabinet.
M. Louis Marin, ministre des pensions, était, de
son côté, représenté par M. Thery
Les conseils généraux
Corse. Le conseil général de la Corse,"
après une discussion assez vive à laquelle ont par-
ticipé MM. Piétri, député, ancien sous-secrétaire
d'Etat, et Caïtucoli, député, a adopté, à une
forte majorité, un vœu faisant invitation à ses
représentants de n'adhérer au scrutin d'arrondis-
sement' qu'à la condition que les tribunaux sup-
primés soient rétablis et que les circonscriptions
électorales correspondent aux anciens arrondisse-
ments.
M. Georges Bonnet
et la situation financière
M. Georges Bonnet, député radical socialiste de
la Dordogne, qui fut ministre du Trésor, a fait à
Brive un exposé de la situation financière.
Après avoir parlé des progrès réalisés depuis
trois ans. il a examiné le problème monétaire tel
qu'il se pose aujourd'hui stabilisation ou reva-
lorisation ? v
Dans la lutte monétaire, a-t-il dit, les hommes de
tous partis se' trouvent ̃étrangement confondus ni. Léon
Jouhaux, de la C. G. T., est d'accord avec M. Colson, du,
Conseil d'Etat, pour stabiliser. Mais M. Maurice Viol-
lette s'affirme partisan, comme M. le baron Edouard de
'Rothschild, d'une nouvelle revalorisation. '̃
L'opinion publique reste hésitante parce qu'elle ne
comprend point la portée pratique du problème. Le
jour où la nation aura compris que le retour du franc
au pair, c'est.la diminution des salaires. la réduction des
traitements et du prix des produits, et par-dessus tout
la conversion des rentes avec dix années de crise, d'ins-
tabilité et d'insécurité pour la démocratie, elle aura bien
vite fait son choix.
• Faut-il, dès lors, décréter la stabilisation définitive
du franc à un cours qu'il appartient d'ailleurs au gou-
vernement seul de prévoir et de fixer? Mon opinion sur
ce point n'a jamais varié.
Il serait d'une rare témérité de procéder à une déva-
luation définitive du franc tant que la partie la plus
importante de' la dette flottante'n'aura pasété consô-1
lidée. Une stabilisation définitive suppose écarté tout.r
risque d'inïlation. Elle resie précaire dans un pays où
les échéances de bons atteignent encore 3 milliards par
mois I
Répondant ensuite à l'objection qui pourrait se
baser sur. le remboursement de plusieurs milliards
fait par le gouvernement, à, la Banque de Francët
-l'ancien. mimstr« a ajouté
Les heureux résultats obtenus comportent une contre-
partie nécessaire, mais fâcheuse. L'Etat a vu augmenter
de plusieurs milliards les comptes courants du Trésor,
dont le remboursement peut être exige à vue ou après
un court préavis; dans la mesure même où l'Etat a
remboursé la Banque, il a contracté une autre dette
vis-à-vis des titulaires des comptes courants. Avec
quelle rapidité les provisions actuelles seraient-elles
épuisées si un revirement de tendance se manifestait!
'Et si le ministre des finances a proposé,- sans d'ail-
leurs engager 'la responsabilité du gouvernementi
l'amodiation du monopolo des allumettes, ne doutons
point que ce ne fût essentiellement pour se procurer
d'une manière définitive et non précaire les 80 millions
de dollars
M. Georges Bonnet a conclu en se félicitant de
l'équilibre budgétaire maintenant réalisé et, en
affirmant que trop d'incertitudes pèsent encore
sur notre situation financière pour s'abandonner
à des espérances téméraires.
U n discours de M. Renaudel
A un banquet socialiste! à Hyères, M. Renau-
del, député du Var, a prononcé un discours po-
litique.
Le socialisme, a-t-il dit, n'en est plus à la phase ré-
volutionnaire il a conquis une telle puissance qu'il ne
peut rester sans l'utiliser.
Parlant. de la loi sur la nation armée en temps
de guerre, M. Renaudel a déclaré
C'est la loi d'organisation des pouvoirs publics et d'or-
ganisation industrielle. En 1914, si les usines n'avaient
pas manqué de matériel, la bataille de la Marne aurait
refoulé les Allemands hors du territoire et la paix, au-
rait' été signée quatre ans plus tôt. L'industrie, en
temps de guerre, ne doit pas être une source de béné-
fices. A cOté de son organisation, il faut l'organisation
des pouvoirs publics.
M. Renaudel a défendu ensuite son projet de ser-
vice militaire d'un an.
Au sujet du scrutin d'arrondissement, il a dé-
claré' qu'il faudrait aboutir au petit scrutin de
liste, à condition que le gouvernement fasse Vite
et amène la Chambre à se prononcer.
L'orateur a terminé en disant que le seul moyen
bien que je désire toujours de vous obéir; mais
pour ce que vous avez résolu, je ne le puis.
Tu épouseras le fils de Mehemet Riza Beg,
traîtresse.
Pitié et pardon, madame; je ne l'épouse-
rai pas; je ne veux pas. Mettez-moi dans une
chambre, donnez-moi du pain et de l'eau toute
ma vie, mais ne me contraignez pas à ce ma-
riage..
Tu épouseras celui que je te destine ou
je te laisserai mourir de faim, je te casserai
bras et jambes.
Pitié, madame. Je ne suis qu'une pau-
vre fille que la douleur rend folle. Pitié!
Les injures, les soufflets pleuvaient sur moi.
Mme de Péraudel ne se lassait pas de me bat-
tre. Je ne pou vais plus la supplier. Un cri seu-
lement sortait de ma poitrine « Ha ha ha ̃!
ha ha »
• ,• XX' ̃̃̃•
Après cette scène épouvantable des jours
et des jours coulèrent. Contrairement à ce que
j'avais redouté, Mme'de Péraudel ne me par-
lait plus de Mehemet Riza Beg.
Il semblait que rien ne se fût passé entre
nous. Je pouvais croire avoir fait le plus af-
freux des rêves.
Ma tante retourna-t-elle rue de Tournon ? Je
l'ignore. Plusieurs fois, vers la nuit, il me pa-
rut ouïr des visiteurs dont la voix m'était in-
connue. On les menait à l'appartement de la
baronne de Péraudel avec qui ils demeuraient
en longs conciliabules. Je ne m'en inquiétais
point; je no pensais pas alors que leur venue
eût quelque rapport avec ma petite personne
et, comme volontiers l'on se flatte de voir arri-.
ver ce que l'on souhaite, je m'imaginais que
les projets de ma tante étaient renversés.
Vers la mi-août, les gazettes annoncèrent le
prochain départ de l'ambassadeur du sophy.. Il
devait se rendre au havre de Grâce en descen-
dant la. rivière de Seine jusqu'à Rouen. Sur
l'ordre du roi, trois chalands étaient préparés
pour le transporter ainsi que sa suite, ses bal-
lots et bagages. On contait que pour montrer
la magnificence française, le marquis de Torcy
avait fait aménager spécialement l'un des ba-
Jeaux, II s'y trouvait une antichambre Dour les
d'affaiblir le communisme, 'est dé pratiquée une
politique sociale hardie.
Ce qu'a coûté la guerre mondiale
En réponse à une série de questions posées par
M. Lesaehé, député, sur ce que la guerre a coûté
aux divers alliés, le ministre des affaires étran-
gères fait savoir
i» Les statistiques officielles relatives aux dépenses
des Etats-Unis pour leur participation à la guerre contre
l'Allemagne n'ont pas été publiées jusqu'à présent. D'a-
près une étude qu'a fait paraître la « Bankers Trust n
en 1924, les dépenses militaires se seraient élevées à
è,38i millions de dollars;
2° La trésorerie britannique n'a pas publié une éva-
luation officiel'e des dépenses de l'Angleterre pour s.v
participation à la guerre contre l'Allemagne. L'Ency-,
clopédie britannique, se basant sûr les votes de crédits,
estime que les dépenses militaires du. Royaume-Uni ont
dû' être dê;G à 7' milliards de livres sterling; 1
3" Aucuns estimation officielle n'a été publiée par le
gouvernement belge. D'après certaines évaluations offi-
cieuses, les dépenses ..militaires effectuées par la Bel-
gique pour soutenir la guerre contre l'Allemagne aurait
atteint approximativement 9 milliards de francs or
4°. D'après les évaluations du colonel d'état-major"
Fulvio Zugaro dans son livre le Coilt de la guerre ita-
lienne, les dépenses militaires effectuées par l'itâtie
pour soutenir la guerre contre l'Allemagne et l'Autriche
seraient de Ci,210 millions de lire papier;
Les dommages de guerre
Aux termes d'un décret i'ntermiïitetériel, l'ins-
pection des commissions et des tribunaux de dom-.
mages de guerre sera désormais confiée à un seul
inspecteur (au lieu de trois).
Ce fonctionnaire aura compétence pour l'en-
semble des départements atteints, par les événe-
ments de guerre et par les' dommages accidentels
visés par la loi du 3 mai 1921, y compris les dé-
partements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la
Moselle.'
MÂlFESTâïTO PBLITIPS EN PROVINCE
Msif&oUUUSo ruMU~UJ&b M rKUVMut)
̃̃̃ A Marseille
Le Cercle républicain démocratique de Marseille
célébrait hier,son vingt-cinquième anniversaire. A
cette occasion, l'Alliance républicaine démocrati-
que et là Fédération républicaine avaient organise
en commun une importante manifestation politi-
que qui avait attiré une nombreuse assistance.
M. Le Trocquer, ancien ministre, vice-prési-
dent de l'Alliance, a fait tout d'abord appel à
l'union de tous les citoyens, « à l'exclusion de
ceux qui refusent) d'accepter les institutions et
les lois de la République et de ceux qui, sous quel-
que forme ^ue ce soit, poursuivent soit par leur
programme, soit par leurs actes, la destruction de
la patrie et-la destruction de notre régime so-
cial. »
Parlant des questions d'ordre économique finan-
cier et social, en étroite connexion les unes avec
les autres, il a dit
S'agit-il du redressement financier? Il ne saurait cer-
tes venir, l'esprit de qui,que ce soit de méconnaître
l'action de ces facteurs d'ordre psychologique que l'on,
a définis d'un mot « la confiance >>. Mais, si indispen-
sable qu'elle puisse être, la confiance ne saurait suffire;
il faut, en outre, que les ressources effectives de la na-
tion lui permettent de supporter, sans atteinte à ses
œuvres vives, les charges fiscales nécessaires à l'équi-
libre budgétaire et au service de la dette publique. Or,
le meilleur moyen de faire face à ces charges sans ag-'
graver outre mesure les sacrifices exigés de l'indi-
vidu n'est-il pas de développer la richesse collective?
A la théorie dé la révolution professée par les
socialistes, l'orateur a opposé la doctrine plus fé-
conde de l'évolution sociale pour montrer ensuite,
en évoquant la progression de la richesse fran-
çaise' au cours du dix-neuvième siècle, l'heu-
reuse influence exercée sur la vie économique et
sociale par l'exécution des grands travaux pu-
blics. D'où l'importance du problème de l'outil-
lage national, dont il faut d'autant plus poursui-
vre l'amélioration que les difficultés de la situas
tion financière apparaissent plus sérieuses.
Comment se présente, en effet, la situation économi-
que? On peut le dêarjc ainsi « Régression du
développement agricole, développement anormal de
certaines productions industrielles. C'est dire la né-
ccssité de rétablir au plus tôt l'équilibre. momentané-
ment détruit entre ces deux branches essentielles 'de
la production nationale accroissement de la prospé-
"rihS agricole, augmentation par la. même des débouchés
que la campagne offre à l'Industrie; abaissement du
̃priK de revient dos exploitations iudhistcmfes par une
meilleure organisation de la production, sans toutefois
toucher, aux salaires, l'industriel devant assurer à l'ou-
vrier un standing de vie au moins équivalent à celui
des autres pays.
M. Jean Guiter, secrétaire général de la Fédé-
ration républicaine, a fait ensuite allusion à l'af-
faire des fraudes électorales de Marseille qui, de-
puis deux ans, n'a pas encore reçu do solution
puis, évoquant la situation politique actueUe, il
a conclu:
Le ministère Polnoaré est soutenu, à l'heure actuelle,
par la très grande majorité de la nation. Que le gou-
vernement n'hésite pas à faire appel à l'opinion pu-
blique pour poursuivre, dans tous les domaines, son
œuvre de redressement. Son autorité dans le pays est
assez grande maintenant, après dix mois d'une « ex-
périence » qui n'a connu que; des succès, pour que le
Parlement, et la Chambra du ^cartel elle-même, ait la
sagesse, jusqu'à la fin de la -législature, de lui main-
tenir son: appui." ̃̃•.
Enfin, le bâtonnier Marcel Fourcade a parlé à
son tour de la situation politique, et sa conclu-
sion, que voici, a été fort applaudie:
L'heure qui vient semble devoir être une heure de.
clarté où H n'y aura plus de place pour les compro-
missions et les équivoques dont a vécu jusqu'ici la
politique radicale.
La question est bien posée. Il s'agit de, savoir si la
société actuelle laissera ou ne laissera ,pas briser ses
cadres et « anéantir son principe » il s'agit de sa-
voir si c'est sur les bases traditionnelles de la liberté
individuelle et de, la propriété que cette société pour-
suivra l'œuvre de fraternité sociale à laquelle elle ne
peut songer à se soustraire, ou si elle demandera h.
l'utopie l'amélioration des réalités, au désordre, et au
désordre tyràhnique, le fedressement des injustices.
On attend la réponse du radicalisme et son choix
dans cette, dure mais inéluctable alternative.
A Saint-Georges
Une autre manifestation, non moins impor-
tante, a eu lieu hier après-midi, sous les auspices
de l'Alliance républicaine démocratique, à Saint-
Georges, dans la Vienne, en présence d'une af-
fluence considérable. • •̃
M. Mamelet, secrétaire général de l'Alliance, a
mis en relief les deux politiques actuellement aux
officiers de Mehemet Riza Beg et la décoration 1
du cabinet et de la 'chambre de celui-ci était
faite d'une tapisserie de Bergame et de. tapis.
Le marquis de Torcy, qui n'avait rien né-
gligé, avait été jusqu'à placer sur la toiture des
chambres une forte toile cirée pour abriter de
la pluie. ̃̃̃•̃̃•̃•̃
Souvent, je pensais à ces détails quand j'é-
tais seule à coudre ou à broder et il m'arrivait
de chantonner, sur un air de Lulli, une petite
chanson de mon invention qui, je l'avoue, ne
valait- rien du tout « La, la, la, la. Bon
voyage, monsieur le vieux singe. La, là, la, la.
Regagnez votre « Sublime Porte » et ne re-
venez plus chez nous. »
Un matin, ma tante me fit mander. Quoi-
qu'elle n'eût guère accoutumé de sortir en
ville avant le dîner, hormis pour aller ouïr,
là messe, ce qui lui arrivait rarement en se-
maine, elle était déjà habillée et coiffée.
Son vêtement des plus simples était en laine
sans prétintailles ni rubans. Point de garni-
ture, non plus, à sa coiffure. Le dos tourné à la
porte, elle s'occupait à serfér dans un sac quel-
ques menus objets.
-T-. Lisette, .dit-elle, .j'ai formé le projet de,
visiter une mienne cousine .qui habite Rouen.
C'est un beau voyage et je veux t'en donner'
l'agrément. ̃
Vous êtes trop bonne, madame; je vous'
rends grâces. Dois-je emporter quelques har-
des ?
Emporté toutes celles que tu: as. Hâte-toi;
nous partirons dans une heure. Ah un mot'
encore inutile de parler de ceci à Marie ou à
Fanchon. Tiens ta langue. Je hais les babil-
lardes et sais le leur faire :voir.
Sans être douée de beaucoup de génie, il
n'était point malaisé d'entendre tout ce qu'il
y avait sous les paroles de ma tante. La cou-
sine qu'elle voulait visiter Mensonge. Men-
songe que je lui laisse sur la conscience. Ma
tante ne se rendait à RoUen et ne m'y emme-
nait que dans le dessein de me livrer à Mehe-
met Riza Beg-
Le mystère dont elle entourait ce voyage
m'assurait que je devinais juste. Dans l'affaire
où Mme de Péraudel s'engageait, il fallait agir
sgorètement. car l'aventure, était de celles où }a.
prise?, la* politique d'union républicaine, celle
dont M. Poincaré a défini le programme dans son
discours' do Bar-le-Duc, et la politique révolu-
tionnaire, identique dans ses doctrines et dans ses
fins, des socialistes et des communistes.
Le ministre de l'intérieur, M. Albert Sarraut, vient
d'adresser au parti radical, en sa bonne ville de Car-
cassojane, ses félicitations pour avoir apporté son con-
cours à l'union nationale.
On conviendra sans doute qu'une certaine modestie
ne messiérait pas à ces ouvriers de la onzième heure,
dont la plupart, il y a moins d'un an, se refusaient
à ajouter fol au miracle de la confiance et, en les
accueillant les bras ouverts dans les formations
d'union républicaine et nationale, c'est bien le moins
qu'on leur demande de laisser à la porte les partis
pris, les exclusives, l'esprit de domination ou de mo-
nopole républicain dont on les a toujours vus animés.
Et, d'autre part, nous n'avons pas les mêmes, rai-
sons que M. Albert Sarraut, frère du président du
parti radical, de passer sous silence ce fait anormal
qu'à côté de la fraction du parti radical qui soutient
le gouvernement d'union nationale il y en a une autre
qui le combgt sans trêve, qui persévère dans les er-
reurs cartellistes, qui, dans son action parlementaire
et dans sa presse, continue a. obeir non seulement aux
impulsions du socialisme unifié, mais à celles du com-
munisme mCme, et qui, dans les élections, lie partie
avec ceux ^q.ue M. Albert Sarraut dénonce comme les
ennemis de la '-patrie.
Enfin, M. Paul Reynaud, ancien député, prési-
dent de la commission de propagande de l'Alliance
démocratique, a défini en ces termes la situation
du gouvernement entre les partis:
Si M. Poincaré a gagné la-partie, c'est qu'il a déli-
bérément tourné le dos à la politique des ministres qui
l'assistent. Il a consenti à. de larges concessions sur
les personnes, il n'a pas troublé le cartel dans ses ap-
pétits individuels. ML Varenne vient de s'embarquer
pour l'Indochine. Meus M. Poinearé s'est montré In-
transigeant sur les principes. Tout au plus a-t-il con-
senti, sous la pression de ses coUègues radicaux, à ne
pas poser la question de confiance sur les allumettes,
car chacun sait que les radicaux valoisiens d'aujour-
d'hui sont plus attachés au monopole des allumettes
qu'à la propriété privée. -s»
Choisir, .cruelle nécessité Ultimatum importun 1
Car le radical voudrait bien continuer à tirer profit de
l'équivoque de l'union nationale en jouant sur lés deux
tableaux. Il voudrait bien laisser faire la politique du
Bloc national assez longtemps pour sauver le franc et
pouvoir retourner ensuite vers les socialistes, et même
les communistes, avec qui il ferait un cartel élargi 1
Entre temps, il réclame nos éloges pour les « sacri-
fices » qu'il fait à l'union nationale.
Cette péroraison a -été couverte d'applaudisse-
mçnle.̃•.̃•̃̃:̃̃.̃,̃̃̃ ̃
A Litnonest
Pans une conférence de propagande d'hier
après-midi, à Limone3t (Rhône), MM. Peissel, pré-
sident, et Victor Perret, vice-président de la fé-
dération républicaine du Rhône, ont prononcé des
allocutions très applaudies. <•»
'̃Ji.Vde Monicault, député de l'Ain, a traité en-
suite la question budgétaire et financière.
Il est. nécessaire, a-t-il dit notamment, que tout
Français se pénètre bien des conditions très particu-
lières de vie financière d'un grand pays, en particu-
lier qu'il comprenne qu'un, pays n'a pas de capital
productif d'intérêts, si considérables que soient les
biens nationaux, au point de jouer un rôle appréoiable
pour tes dépenses publiques. 11 ne peut donc vivre que
par prélèvement sur 'les citoyens. Pour que ces prélè-
vements n'aient pas de répercussions économiques ou
sociales fatales, il faut. qu'électeurs et élus aient'des
notions précises sur les divers modes de prélèvement
et sur les possibilités des divers patients.
Puis, ayant examiné les sources de trésorerie
de l'Etat et le problème de l'unité budgétaire, il a
parlé de l'attitude des socialistes « qui s'attachent
éperdument aux mots, quelle que soi!; la panique
qu'ils provoquent », de celle des radicaux partagés
entré leur conservatisme bourgeois et leur désir
de paraître avancés, « mais incapables d'aucune
idée neuve depuis celle de l'impôt personnel », et
enfin de celle des communistes pour lesquels la
critique est aisée puisqu'ils proposent toujours de
détruire, jamais de construire,
CHRONIQUE ÉLECTORALE s
Élections sénatoriales
•̃ Loire "̃
I (2« tour)
j. Inscrits 965. Votants :%5
̃MM. Pierre Roiert, ànc; sous-secrôtatrfl'
• ? *̃' a'EtataësP.T.T;éputè,:raa.soc. 524 ELU
î Taurines, anc. dép., Union nationale 439
Burnichon. 2
îl s'agissait, on le sait, de remplacer M. Jean Morel,
̃Gauche démocratique, décédé.
'Nous avons dit, hier, qu'après Je premier tour le
parti socialiste S. F. I. O. avait retiré son candidat
et invité ses adhérents à reporter leurs suffrages
sur M. Pierre Robert; l'Union socialiste commu-
niste et le parti communiste ayant pris la même
décision, le cartel intégral des gauches s'était ainsi
trouvé reformé au second tour,
Vendée
(2« tour)
Inscrits 874. Votants S74
MM, de Baudry d'Asson, député, Union
catholique 4i4ELU
'̃̃ Docteur Pacaud. ànc. dép,, président
s du conseil général, rad. soc. 366
'<: Gallet, avocat, Union popul. républ. 62
Divers 2
II s'agissait de remplacer M. de Lavrignais, droite,
décédé.
Nord. Le congrès des délégués sénatoriaux
de l'arrondissement d'Avesnes s'est réuni hier à
Aulnoye.
Après l'exposé de leur programme par les can-
didats en présence M. Daniel-Vincent, député du
Nord, ancien ministre, et M. Louis Sculfort, prési-
dent de la section du Nord du Comité républicain
du commerce, de l'industrie et de l'agriculture, un
rôle au bulletin secret a donné les résultats sui-
vants.
̃. ;Votants 313. MM, Daniel-Vincent, 237 'voix;
Sculfort, 60 voix. ̃
A la suite de ce résultat, M. Louis Sculfort s'est
désisté en faveur de M. Daniel-Vincent qui reste
seul candidat dans l'arrondissement d'Avesnes.
Conseils généraux
Manche. M. Lepesant, républicain, est élu
conseiller général du canton de Bréhal par 1,019
voix contre 911 voix à M. Fremin, candidat d'Union
nationale.
justice peut se mêler. Que la police fût avertie
qu'on m'emmenait en Perse contre mon gré et
pour me faire épouser un musulman, il y au-
rait des informations, des poursuites.
Je ne me dis pas cela dans le moment. J'a-
vais l'esprit trop troublé et demeurais fichée
contre un des montants de la porte.
Hé bien, fit Mme de Péraudel, qu'attends-
tu ?
Madame, vous me jetez dans le désespoir.
Pardonnez-moi ce voyage, pour moi, est im-
possible.
Impossible, pendarde
–-Ayez pitié de moi, madame. Mettez-vous
à ma place; que voulez-vous que je fasse ?
Que tu m'obéisses, traîtresse, ou je t'étran-
gle sur l'heure.
Ci disant, elle dirigeait vers moi ses longs
doigts griffus. Je ne dis pas qu'elle aurait été
jusqu'à mettre sa menace à exécution; mais je
.connaissais la violence de son naturel, je m'en-
$ii3' dans ma: chambre. Là, au lieu de préparer
aies tardes, je commençai par verser bien des
ijirmès. Etait-il un malheur égal au mien? Il
me fallait partir Sans esprit de retour, je de-
vais quitter tout ce qui m'entourait, que je
voyais depuis mon enfance ma petite cham-
bre, ses pauvres meubles, la vue qu'on décou-
vrait sur la rivière de Seine.
On me'voulait donner à un être dont l'idée
seule me faisait mourir! Tous- ceux qui avaient
vécu avec moi jusqu'à ce moment subitement
;me devenaient chers Marie et Fanchon; la
marquise de Montargis qui, parfois, m'avait
marqué de l'intérêt et, Dieu me pardonne, jus-
à Branchu cadet, le. gros Chonchon
La voix de Mme de Péraudel retentit au bout
du couloir
r– Lisette, es-tu prête ?
Je sautai sur mes pieds et essuyai mes yeux:
Encore un moment, s'il vous plaît, ma-
dame.
Hâte-toi.
J'ouvris la garde-robe. J'en sortis un vieux
sac de velours. rouge; je pris mes hardes.
La voix de Mme de Péraudel ne cessait de
retentir. •
–Hé bien, lambine! Est-ee pour aujour-
d'hui ou Dour. demain.? Faut-il aue j'aille te.
COU~IE~ MTTËRM~E
Stendhal et « l'hisicire delà famille Cinci»
Le hasard, quelquefois ami des bibliophiles,
nous a fait il y a quelque temps mettre la main
sur une brochure curieuse, peu commune et con-
nue seulement d'un petit nombre d'amateurs, mais
digne au plus haut point d'intéresser les stendha-
liens. C'est une histoire de la famille Cinci, dont
voici le titre, exactement Histoire de la famille
Cinci, ouvrage traduit, sur l'original italien trouvé
dans la bibliothèque du Vatican par M. l'abbé
Angelo Maio, son conservateur. Ce mince volume,
de format in-18, comporte un avertissement de
IX pages et 87 pages do'exte il a paru, à Paris,
chez Vernerel et Tenon, et chez Pigoreau, li-
braires, en 1825, sous une couverture chajnois,
titre imprimé dans un encadrement de fleurons
du type Restauration le plus pur. Un second titre,
italien, suit le français La fùnesta morte di Gia-
como e Beatrice Cenci, fratelli, e di Lucrezia Pc-
troni, loro matregna, seyuita in Roma, ncl Ponii-
ficato di Clemente VIII, il di H settembre 1599.
On connaît cette tragique histoire, fameuse dans
les sanglantes annales de la Renaissance' italienne:
tous les visiteurs de la galerie Barberini, à Rome,
y ont pu voir le touchant portrait de jeune fille,
peint par Guido Reni, qui, d après la légende. figu-
rerait l'héroïne du drame, Béatrice Cenci. Les
malheurs de cette gracieuse parricide ont souvent
inspiré la littérature Shelley en a tiré une tra-
gédie, Adolphe de Custine un drame, Stendhal une
de ses Chroniques italiennes. Et c'est à Stendhal
que nous ramène, tout naturellement, la petite
brochure en question. Celte brochure serait-elle
de lui ?
Nous nous le sommes demandé plus d'une fois.
Mais, nous méfiant de notre niiftiie, qui! est" de
voir Stendhal partout, nous avons été très heu-
reux de nous rencontrer sur ce point avec M. Ga-
briel Hanotaux. possesseur lui aussi d'uni exèm-
plaire de cette Histoire de la famille Cinci, et qui',
sans résoudre définitivement le1 problème, l'a
du moi'ns posé avec une netteté qui ressemble
beaucoup à une conviction. Nous avons eu l'oc-
casion d'en parler avec l'éminent historten, dont
le regretté Georges Vicaire avait déjà publié, dans
son Manuel de l'amateur de livres, une note pré-
ci!se et suggestive. « Cette brochure est-elle de
Stendhal? écrivait M. Hanotaux. Certaines raisons
porteraient à le croire. Voici la plus apparente
la brochure a été imprimée en 1825; or, dans la
préface des Cenci. Stendhal dit J'ai cru pouvoir
donner la traduction sans blesser aucune conve-
nance du moins cette traduction put-elle être
lue tout haut devant des dames en 1823. »
« Ajoutons, dit encore M. Hanotaux, que la dis-
position même du titre de la brochure, l'amphi-
bologie qui' s'y trouve sur l'apparente attributi'on
à Angelo Maio, le deuxième titre en italien, la gra-
vure du portrait d'après le Guide semblent révéler
la manière et le procédé alambiqué de Sten-
dhal. »
L'amphibologie signalée est celle qui, voulue
ou non, consiste à laisser planer un doute sur le
rôle de l'abbé Angelo Maio, dont on ne sait au
juste, d'après le titre, s'il est l'auteur de cette
Histoire de la famille Cinci, ou le traducteur de
l'original italien trouvé dans la bibliothèque du
Vatican, ou plus simplement encore l'inventeur
de cette découverte. L'Avertissement de l'éditeur
est plus formel « Le morceau suivant est la tra-
duction fidèle d'un manuscrit italien trouvé dans
la bibliothèque du Vatican, à Rome, par son cé-
lèbre conservateur, M. Angelo Maio. L'original
italien a été imprimé récemment. son auteur est
inconnu. » M. Hanotaux a repéré l'endroit où
l'original italien avait été « imprimé récem-
ment » en 1823, dans les Mélanges de la Société
des bibliophiles français. Nous n'avons pu nous
procurer ce texte, qui, d'après M. Alfred Lom-
bard {Stendhal et Beatrice Cenci, Revue de Ge-
nève, janvier 1927) n'existe pas dans l'exemplaire
des Mélanges de la Bibliothèque nationale. Mais
M. Hanotaux, l'ayant lu, y signale des points de
ressemblance incontestables aussi bien avec la
brochure de 1825 et avec le récit publié plus tard
par Stendhal, dans la Revue des Deux Mondes
d'abord, puis en volume, à la suite de l'Abbesse
de Castro.
Pour nous, nous n'avons pu confronter que ces .s
deux textes celui de la brochure et celui de Sten-
dhal. L'allure générale du récit y reste la même.
Quelques détails diffèrent, mais on a bien l'im-
pression que le rédacteur des Cenci devait avoir
sous les yeux l'Histoire de la famille Cinci impri-
mée en 1825 en plusieurs épisodes significatifs
sur les circonstances de l'assassinat du père, la
découverte du crime, l'arrestation, le' procès et
l'exédution des coupables, les paragraphes suivent
un ordre et un mouvement à peu près identiques,
et si le souci est visible, chez Stendhal, de cons-
truire ses phrases autrement, les mêmes mots ty-
piques émergent, établissant avec exactitude ce
que les érudits, dans leur parler, appellent la con-
tamination d'un texte par un autre. La comparai-
son des deux versions, mises en regard sur deux
colonnes, serait probante. Quelques faits, en ou-
tre, corroborent la parenté de la brochure et de
la chronique stendhalienne: le rôle de Mgr Guerra,
par exemple, amant ou amoureux de Béatrice, or-
ganisateur du crime avec elle. D'autre part, la
brochure reproduit le portrait du Guide, et lui
consacre même une note spéciale. « Ce n'est qu'à
Raphaël qu'il eût été possible de transmettre à la
postérité les traits enchanteurs et les grâces vir-
ginales de cette incomparable Romaine. De longs
cheveux blonds découvraient! le front le mieux
formé et flottaient en grosses boucles autour du
plus beau cou, et ses yeux étaient de la plus
grande expression. Un courage susceptible des
plus mâles résolutions. Son frère Bernardino était
la copie parfaite de ce beau visage. » Ces tou-
ches, nous a-t-il semblé, pourraient bien être de
Stendhal. On sait le cas qu'il faisait de la Bea-
trice de Guido Reni, vue par lui, à Rome, pour la
première fois en 1823, justement. A la suite de
quelle découverte «j'ai cherché, dit-il, à obtenir
communication des pièces de ce procès célèbre.
J'ai acheté la permission de copier un récit con-
temporain j'ai cru pouvoir en donner la tra-
duction sans blesser aucune convenance du moins
cette traduction put-elle être lue tout haut de-
vant des dames en 1823. »
Que conclure, au juste, de tout cela ? Rien pour
l'instant, mais tous les éléments sont là, d'une
plus décisive* cïKjyièUvqvi'vm stondhîriieii italia-
nisant seul pourrait, croyons-nous, assez facile-
ment mener à bien. Il faudrait savoir, tout d'abord,
quel était le texte italien original dont VHistoire
an- la famille Cinci prétend donner la traduction
fidèle; et quel récit contemporain l'auteur do
l'Al/besse de Castro a obtenu la permission de co-
pier à Rome. Peut-être est-ce le même, qui aura
été traduit une première fois par l'éditeur ano-
nyme de l'Histoire en 1825; une seconde fois (et
fort librement, il ne s'en cache pas) par Stendhal
lui-même d'où ses Cenci. Cette unité de source
expliquerait les ressemblances extraordinaires de
graisser bras et jambes avec de l'huile de co-
tret(i) ?
Voilà, voilà, madame.
Toute tremblante, l'esprit perdu, je jetai
dans le sac ce qui me tombait sous la main. La
voix de Mme de Péraudel continuait de me
harceler.
-T- Holà, coquine Holà Veux-tu donc que
j'aille t'aider, moi ?
Ne vous fâchez pas, madame. Je suis
prête.
De la garde-robe, je tirai une mante à capu-
chon dont je couvris mes épaules. Picard en-
tra dans ma chambre, chargea mon sac sur
son dos. A la suite de Mme de Péraudel, je
descendis le grand degré. Frispoulet portait la
valise d3 la baronne. Marie était chargée d'une
couverture.
M'ayant ordonné de monter en voiture, ma
tante y prit place à son tour. Le cocher toucha
les chevaux. Mais Mme de Péraudel se pen-
cha à la portière
Paix Paix Marie, holà, ho Ecoute
je ne serai absente que durant quelques jours.
Aie bien soin d'éteindre les chandelles et le
feu, le soir, avant d'aller, dormir. Tu coucheras
dans la chambre de Lisette. Il se peut que je
la confie, désormais, à ma cousine qui est
seule et a besoin de compagnie.
-Soyez tranquille, madame. Je veillerai
à tout. Jusqu'au revoir, madame. Jusqu'au re-
voir, Lisette.
Les larmes m'étouffaient. Mme de Péraudel
me marcha sur le pied pour me forcer à ré-
pondre à Marie. La voiture s'ébranla, ma voix
se perdit dans le bruit des roues et des sabots
sur le pavé.
XXI
Notre voyage ne dura pas moins de dix
jours. Le cocher menait ses chevaux bon train,
mais les chemins étaient défoncés. Les pluies
avaient fait comme si un gros hiver était venu.
Constamment nous étions dans des abîmes
d'eau et des bourbiers.
Rencognée dans le fond de la voiture, je ne
cessais de pleurer que pour gémir et soupirer.
(1) Les couds de. bâton,
ces ceux versions, alors indépendantes l'une de
l'autre. Mais il pourrait très bien se faire aussi
que l'indication donnée par Stendhal sur sa tra-
duction lue en 1823 à des dames soit exacte; au-
quel cas, comme l'a supposé M. Hanotaux il n'y
aurait pas d'inconvénient à conclure que la bro-
chure de 1825 et cette traduction de 1823 ne font
qu'un c'est-à-dire que la brochure/est de Sten-
dhal. 11 resterait à expliquer les différences do
ces deux versions, et la chose n'est pas difficile.
Notre auteur, lors de sa première visite à la
Béatrice du Guide, piqué de curiosité pour cette
dramatique histoire, en a voulu connaître les des-
sous et s'est procuré un des nombreux récits quo
les contemporains de Clément VIII nous en ont
laissés. Il aura copié au Vatican cette relation,
l'aura traduite, lue à ses amies, et, quelques mois
plus tard, fait imprimer sans nom d'auteur, en;
ajoutant à sa traduction une reproduction du ta-
bleau de là galerie Barberini. Louvrage anonyme
aura sombré. Plus tard encore, en 1832, ses pro-
menades italiennes le mettront sur la piste d'autres:
récits analogues, ces vieilles chroniques dont il
mentionne l'acquisition dans une de ses lettres à,'
son ami Di Fiore « Plaisirs de pédant. J'ai
découvert des récits d'anecdotes de votre pays et
de celui-ci. Quelques-unes de ces histoires, écri-
tes par des contemporains, ont cent pages. Une
seule de ces historiettes est connue à Paris c'est
la mort de Béatrix Cenci. » Voilà la preuve quo
Stendhal connaissait la publication de l'Histoire
de 1825. L'auteur du Rouge précise ses intentions;
il songe à publier une traduction arrangée de ces
histoires italiennes trois ou quatre volumes
d'anecdotes séparées. « Je tâcherai de faire comme
pour les cerises: je servirai les plus belles dans les
deux premiers volumes, les bonnes dans les deux
seconds, et les communes dans les deux der-
niers. Je déposerai l'original italien. dans un
cabinet littéraire; chacun pourra voir que ce n'est
pas inventé. »
Parlant de ce livre au libraire Levavasseur, il
dira encore « Ce sont ces mœurs qui ont enfanté
les Raphaël et les lMichèl-Ange. » Et, au cours des
années qui vont suivre, Stendhal écrira en effet sa
version de ces « Chroniques italiennes », qui pa-
raîtront, sans nom d'auteur, dans la Revue des
Deux Mondes, et seront recueillies en volume, en
1839, avec l'Abbesse de Castro. Une de ces chroni-
ques sera les Cenci. Dans le cas où Stendhal est
déjà l'auteur de la brochure de 1825, il n'aura qu'à
transcrire cette première relation, et, y ajoutant
plusieurs traits personnels (la préface, la théorie
des deux sortes de Don Juan, l'anecdote du Guide
peignant Béatrice dans sa prison, la veille de sa
mort), il en fera son second récit, l'histoire défini-
tive des Cenci. Telles sont, jusqu'à ce jour, nos
conjectures. Sont-elles vraiment si hasardeuses?
Trop d'éléments de contrôle nous font défaut pour;
conclure plus formellement. Nous nous bornons
donc à livrer ce petit problème d'histoire littéraire
ainsi posé aux chercheurs doués de plus de loisirs
et de compétence. La voie est ouverte.
Un mot encore, à l'intention des personnes sen-
sibles oui, n'ayant lu que les belles et nerveuses
pages.'de Stendhal, seraient tentées de s'apitoyer
outre mesure sur le triste sort de l'infortunée
Béatrice Cenci et la cruelle justice du pape Clé-
ment VIII. Le savant M. Corrado Ricci, dans un
ouvrage documente qui porte le nom de cette hé-
roïne, a remis les choses au point, fort équitable-
ment pour tout le monde. François Cenci, le père,
était assurément un horrible homme, chargé de
crimes affreux, qui rendait la vie impossible à
son entourage, et à Béatrice en particulier, dont
il avait fait sa maîtresse. Mais elle était aussi
celle de l'homme qu'elle chargea de l'assassiner,
pour prévenir sans doute la colère paternelle, car
elle se trouvait enceinte, et elle redoutait les jus-
tes éclats de ce père deux fois jaloux, puisqu'il
était incestueux. D'où le meurtre, où elle sut in-
téresser ses frères et sa belle-mère, en même
temps que son amant. Le procès évoqué devant
lui, 'le pape n'avait qu'à sévir. Mais comme Béa-
trice était belle et n'avait encore que vingt ans,
son exécution produisit un très grand scandale
dans le peuple. C'est ainsi qu'on fait des martyrs.
EMILE HENRIOT.
Le Roman.
La princesse Bibesco va publier un nouveau roman,.
Catherine-Paris, qui inaugurera une nouvelle série des
« Cahiers verts '», où M. Julien Benda publiera, ensuite
la Trahison des Clercs.- On signale, de M. C.-F. Ramuz,
Aline. M. Maurice Renard fait paraître Lui ? On
annonce de M. Eugène Joliolerç, Un chaste; de M. Ra-;
phaël De Mont, les Deux passions de Pedro Pcreda.
M. Pierre Mille va publier Un prêtre qui pécha. On va.
publier une traduction (par M. de Saint-SegonJ) do
l'Amour au bout du fit, de FI. B. Barclay. Mme Hé-!
lène Lémery annonce Bérangère ou ta Symphonie amou-'
reuse. M. Abel eiievallôy va donner une traduct'oiï
de Mary Semblant, de James Stephc.ns.
Histoire littéraire
On annonce une nouvelle édition de Sainte-Beuve et
Mme Victor Hugo, de M. E. Benoit-Lcvy. M. Ph. Mar-
tinon publie Comment on parle français. On si-
gnale, de M. Ch. Beaulieux, une Histoire de l'orthographe
française. '̃ On vient de publier un volume de Lettres
et entretiens, de Charles Péguy. On signale de M.
Paul Cazin, Lubies;, de M. Paul Jarry, Etudiants et gri-
settes romantiques de MM. M. Berger et V. Moussât, un
choix de Textes sportifs de l'antiquité. M..lean Hosr
tand publie des notes sur le Mariage. M. Henri Malo
va consacrer un volume à la Duchesse d'Abranlès au
temps de ses amov.rs. M: Pierre Berger va publier la
traduction des Pruniers Uvres poétiques, de Wil'iam
Blafce. On signale de M. Jules Borély. Mon plaisir
au Maroc; de M. Pierre Lhande, une enquête sur le
Christ dans la banlieue. M. Auguste Erhard va faire
paraître le Prince de Pûckler-Muskan (1785-1834).
M. Pierre Bonardi va publier l'Imbroglio syrien et De
quoi se compose Paris.
CORRESPONDANCE
Paris, le 9 mai 1927.
Nous avons reçu de VAction française la lettre.
suivante
Monsieur le directeur et cher confrère,
En remerciant le Temps du compte rendu impartial.
qu'il a donné de notre manifestation d'hier; je lui serais
reconnaissant de vouloir bien rectifier un détail qui a.
son importance.
Les étudiants, lycéens et collégiens qui ont pris part
au cortège traditionnel organisé par l'Action française-,
n'étaient pas tous d'Action française. Nos amis, certes,
v étaient nombreux, mais ils étaient confondus avec
leurs camarades d'autres opinions, et dans l'oubli com-
plet de ces divisions, dans les cadres de leurs facultés,
écoles, lycées et collèges. Ils avaient à leur tête des
groupements purement corporatifs, tels que les associa-
tions de candidats aux grandes écoles et l'Associatfpn;
générale des étudiants.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, etc.
Maurice Pujo.
Mme de Péraudel ne semblait pas m'ouïr. La
vue de mon chagrin ne la troublait nullement.
Une seule fois, faisant allusion à mes larmes,
elle dit
Tu n'es pas une fille, mais une source.
Il faut se résigner à tout dans la vie.
̃ Quand il s'agissait des maux qu'elle causait
à autrui, ma tante, on le voit, avait l'âme d'uno
femme forte de l'antiquité.
Pour se distraire, elle avait emporté des li-
vres et Usait, non sans se barbouiller de tabac,
ce qui lui faisait le nez aussi sale que si elle
l'avait plongé dans l'ordure. A plus d'une re-
prise, j'eus la pensée d'ouvrir la portière; de
sauter sur la route, de m'enfuir. Folie L'on
m'eût eu vilement rattrapée. Sans argent et
appui d'aucune sorte, il me fallait subir le sort
auquel'on me condamnait.
Comme Mme de Péraudol n'était pas de ces
grands personnages qui, dans leurs déplace-
ments, traînent avec eux leur lit, leurs sièges,
leurs bahuts et leur batterie de, cuisine, nous
marchions jusqu'à la nuit pour n'arrêter qu'en
de méchantes auberges pleines de puces.
Afin de mieux me garder à vue, la baronne
de Péraudel me faisait coucher dans la ruelle
de son lit et poussait la précaution jusqu'à me
ficeler les pieds et les mains avec une grosse
corde.
Prends-t'en à. toi seule d'être ainsi traitée,
disait-elle. Si tu étais raisonnable, je te con-
sidérorais comme ma fille tu mangerais avec
moi.
dernier point me laissait indifférente. Je
n'avais pas faim et durant tout le voyage je
ne pris guère de nourriture. Ce que ma tante
me contraignait d'avaler me restait comme du
plomb sur l'estomac.,
Un soir, nous arrivâmes à Rotien. Je pensais
qu'on allait coucher en quelque hôtellerie, mais
la voiture brûla les rues et gagna la campagne.
Le cocher savait exactement où il devait nous
mener. Quand il arrêta ses chevaux, Mme do
Péraudel ouvrit la portière et me tira sur le
marche-pied, derrière elle.
Henriette Celàrié.
(A suivre^,
1YOUVELLBS ©O TOUR
La fête de Jeanne d'Arc `
Dans les départements
Toutes les dépêches reçues à. la fin de la soirée
d'hier et,ce matin signalent 'que la fête de Jeanne
d'Arc a été célébrée partout avec autant de ferveur
que de sérénité. Le pavôisemcnt des édifices publics
et des maisons particulières a témoigné de l'em-
pressement générais, ainsi que les défilés des di-
verses associations à. des délégations des écoles.
On ne signale que deux incidents, sans gravité,
du reste. A Bordeaux; une légère et brève bouscu-
lade s'est produite après la cérémonie religieuse
tandis que les scouts catholiques acclamaient le
cardinal Aridrieu, ̃ les ligueurs d'Action française
répondirent par le cri ds « Vive le roi !» la police
rétablit l'ordre aussjtèt. A .Rennes, le cardinal
Cbarost a interdit l'accès de la cathédrale à des
Ijgueurs d'Action française.
M. Paul Paihlevé à Dieppe
La fédération nationale des anciens sous-offi-
oiers de terre et do mer, qui vient de tenir à
Dieppe son congrès annuel, avait convié hier le
ministre de la guerre à son banquet de clôture.
M. Paul Painleve a été reçu par M. Chiroye, maire
de Dieppe, les membres delà municipalité et les
parlementaires de la Seine-Inférieure, entre au-
tres MM. Bignon et Veyssi.ère, sénateurs; Bureau,
Rimbert, et Thoumyre, députés; et par li. Cec-
jcaldi, préfet'.
Après une courte réception à la mairie, le mi-
nistre s'est rendu au banquet dont il avait accepté
la présidence. Au dessert, des allocutions et des
toasts ont été prononcés par, MM. Ceccaldi, Chi-
ïoye, Bignon, Biage,. président de la fédération des
anciens sous-officiers, etc.
A ces divers orateurs, M. Paul Pairilevé a ré-
pondu par un important discours sur le projet de
loi relatif à l'organisation de l'armée en temps de
guerre et sur les autres lois militaires.
C'est le souvenir de certaines heures particulièrement
kngoissantes, a-t-il dit, où la bonne volonté du pays
dépassait ses organisations préparées, qui a inspiré en
grande partie cette loi, qui n'est pas une loi de guerre,
mais une loi de paix, cette loi qui prépare éventuelle-
ment, et. dans le cas où cette chose abominable, la
guerie, nous serait malgré nous imposée, la mobilisa-
tion de toutes les forces nationales pour la défense du
pays; «Jui peut croire que cette loi soit une manifesta-
tion de bellicisme? Quel est le gouvernement qui son-
gerait m instant à mettre en branle cette formidable
machine, si ce n'était pour défendre le sol sacré du
pays?
Insistait, sur la nécessité d'une armée forte, bien
(constituée, \le ministre a démontré que la nou-
velle loi de mobilisation générale n'imposera au
pays que le minimum indispensable de charges
militaires av^ le minimum du temps de séjour
sous les drapeau ce qui d'ailleurs "n'exclut pas
ia nécessité d'ui. minimum de cadres, et il a dit
à ce propos: v
purant les deux à-
blème, je puis le dire' jour et nuit,. afin d'arriver à
adapter sûrement nos ej^otifs et nitre mobilisation à'
un nombre minimum de suas-officiers.
Mais plus une armée' es, à court terme, plus ses
cadres, dont la valeur est toujours un élément essen-
tiel, deviennent un élément dc«it la valeur de l'armée
elle-même dépend. Pour qu'il en. soit çinsi, pour assu-
rer ce minimum de. sous-officiers, j'ose dire que, du-
rant les deux années et plus que je yiets de passer au
ministère de la guerre, mon effort a été le me pencher
sur ce problème, d'établir minutieusement nos effec-
tifs et notre mobilisation éventuelle sur m nombre mi-
nipium de sous-officiers. Ce nombre, il n\ faut pas le
faire descendre au-dessous de 106,000, c'est-à-dire
30,000 de plus qu'aujourd'hui, et il faut mssi donner
à ce corps l'autorité et la considération dpnlil est digne
et sans lesquels il ne peut remplir dignenent son rôle.
Et le ministre a ajouté que jamais il ne met-
tra sa signature au bas d'un projet qui admettrait
la réduction- du temps de service miliàire avant
que cette condition ne soit réalisée.
En ce qui concerne les revendications formu-
lées par le congrès, M. Painlevé a annoicé qu'un
crédit de 40 millions a été accordé pour organiser
des logements pour les sous-officiers et eurs fa-'
rnilles; l'an prochain, le budget pour l'anéliora-
tion du sort de ces militaires de carrière com-
portera une augmentation de 250 milions de
francs pour' élever le taux des hautes paye; et des
pensions. ,̃̃̃"̃'
Le ministre, abordant le côté moral des rwendi-
c^tion3 des sous-officiers, a ajouté que Je (bnseil
supérieur de la gBérre va puochainfimeAl- àudieç
un nouveau « statut » favorisant davantage leur,
accès dans le cadre des officiers. Ce « statut »
amènera forcément la préparation et la péréqua-
tion vers les hauteurs du grade" de sous-officcr et
en môme temps le passais plus large de la seconde,
partie dans la partie suivante du cadre, dais lé
cadre officier proprement dit.
Vous voyez, a dit le ministre, que ce « statut est
conçu dans l'esprit qui anime tous les hommes, tous
les démocrates qui, sans parti pris et avec un s>nti-'
ment profond de l'équHé et des intérûts de l'armée, se
sont penchés sur le grave problème des sous-officiers.
Le ministre a conclu en rendant hommage en
ces termes aux sous-^of liciers:
Vous savez quels ont été les drames financiers, dé-
clare-t-il, que nous avons connus; vous savez qu'avant
tout H fallait songer au salut des finances de l'Etat,
car si les finances de l'Etat avaient sombré, c'aurait été
un malheur, non pas pour quelques-uns, mais pour
tous. Nous avons donc dû aller au plus presse; nous
'avons dû entreprendre une œuvre de salut national au
cours do laquelle certains intérêts ont dû attendre, si
légitimes qu'ils fussent; mais je crois que cette période
est maintenant close et je pense que, lorsque vous con-
naîtrez l'effort du Parlement au moment du vole du
budget prochain, vous serez les premiers dire que
vraiment lin effort généreux 'a été fait pour satisfaire
vos revendications. En agissant ainsi, le Parlement et
le- gouvernement feront ccuvre de justice; c'est l'hom-
mage, trop tardif peut-être, mais efficace, aux services
innombrables que vous avez rendus pendant la guerre
comme avant la guerre, pendant la conquête de notre
domaine colonial comme pendant la défense du sol.
Les déclarations du ministre de la guerre ont'
été accueillies par les, congressistes avec un vif
enthousiasme. ;•
M. Herriot à Reims
Voici le programme des fêtes d'inauguration de
̃la grande nef de la cathédrale de Reims, mercredi,
.11 mai
Arrivée 10 h. 35. Réception à la gare par les au-
torités ?£ lé conseil municipal de Reims.
11 heures visite extérieure et intérieure de la ca-
thédrale cérémonie à l'occasion de l'achèvement des
travaux de la grande nef de la cathédrale; discours du
JFEÏJILLEXOIV DU €<îi»î>S
DU 10 MAI 1927 (11).
nnî'ïïp ~f!nH'i!p ïn<"pnnïp!
QUELLE. SEDllRE IISIOffiE! '1
'-̃,•, XIX– (Suâie)
Les paroles Hie Mmerde Péraudel étaient si'i
fort en désaccord avec l'inhumanité qu'elle me
montrait que j'en fus. outrée. îl me prit une fu-
reur de langue et, sans plus savoir ce que je di-
sais, j.o criai. v
Non, madame, vous n'êtes point comme ma
mère; ma mère ne me contraindrait pas sur un
tel sujet et qui intéresse tout mon avenir.
Qu'avais-je osé dire ? Mme de Péraudel s'é-
lança sûr moi; La colère la rendait méconnais-
sable. Sa maigre figure tourna à Técarlate, de-
vint comme bouffie.
r– Pndarde! dit-elle en me secouant l'épaule
à me la briser. Coquine Ingrate Tu perds le
sens. Tu épouseras le fils de Mehemei Riza Beg,
quoique tu en aies, friponne. Je sais mieux que
toi ce qui te convient.
Ces paroles me jetèrent dans les abîmes du!
désespoir. Les larmes me suffoquaient
;Â quoi bon tes pleurs? s'exclama ma tante;
ils ne m'attendriront pas.
Je parvins à me dégager de ses mains, je me
jetai à ses genoux et, prenant le bas de sa jupe
pour la baiser
Madame, madame, soumise comme je l'ai
toujours été à toutes vos volontés, vous pensez
CoDTTlgM ta Henriette .Celari&.
ministre de l'Instruction publique;? remise 'des récom-
penses.
11 h. 30 vin d'honneur offert à M. Herriot, minis-
tre de l'instruction publique, à la mairie provisoire, rue
des Augustins.
13 heures i: déjeuner intime offert aux hôtes de la
ville de Reims; visite des travaux en cours de recons-
truction.
15 heures inauguration par le ministre de. l'ins-
truction publique et des beaux-arts de l'école régio-
nale des arts industriels, 12,. rue Libergier.
Départ vers 16 heures, en automobile, pour Epernay.
M. Louis Marin à Saint-Emilion
et à Bordeaux
M. Louis Marin, ministre des .pensions, a présidé
hier, à Saint-Emilion, la séance de clôture du con-
grès régional de l'union nationale des combattants.
Au cours du déjeuner qui lui a été offert, le mi-
nistre des pensions a pris la parole pour donner
quelques conseils aux/ anciens combattants dont il
appuie les revendications auprès du gouvernement.
Do retour à Bordeaux dans la soirée, M. Louis
Marin a présidé un concert de gala offert jpar l'As-
sociation fraternelle des anciens des 12e et 18* régi-
ments d'infanterie. Répondant aux souhaits de
bienvenue de M. Giraud, président, de l'association,
le ministre a exprimé sa gratitude pour le chaleu-
reux accueil qui lui avait été réservé. L'abbé Ber-
gey, député de la Gironde, a fait ensuite une con-
lérence sur la guerre. Après avoir retracé la vie et
les souffrances, des soldats dans les tranchées, il a
fait appel à la résurrection de la fraternité fran-
çaise.
Les victimes de la guerre à Carcassonne
Un, congrès de la fédération départementale des
victimes do ~1 guerre s'est tenu hier à Carcas-
sonne.
!M. Maurice Sarraut, remplaçant M. Albert Sar-
raut, empoché, a présidé le 'banquet de clôture qui
réunissait 700 convives.
ai'. Albert Sarraut avait délégué pour le repré-
senter M. Charles Pomaret, son chef de cabinet.
M. Louis Marin, ministre des pensions, était, de
son côté, représenté par M. Thery
Les conseils généraux
Corse. Le conseil général de la Corse,"
après une discussion assez vive à laquelle ont par-
ticipé MM. Piétri, député, ancien sous-secrétaire
d'Etat, et Caïtucoli, député, a adopté, à une
forte majorité, un vœu faisant invitation à ses
représentants de n'adhérer au scrutin d'arrondis-
sement' qu'à la condition que les tribunaux sup-
primés soient rétablis et que les circonscriptions
électorales correspondent aux anciens arrondisse-
ments.
M. Georges Bonnet
et la situation financière
M. Georges Bonnet, député radical socialiste de
la Dordogne, qui fut ministre du Trésor, a fait à
Brive un exposé de la situation financière.
Après avoir parlé des progrès réalisés depuis
trois ans. il a examiné le problème monétaire tel
qu'il se pose aujourd'hui stabilisation ou reva-
lorisation ? v
Dans la lutte monétaire, a-t-il dit, les hommes de
tous partis se' trouvent ̃étrangement confondus ni. Léon
Jouhaux, de la C. G. T., est d'accord avec M. Colson, du,
Conseil d'Etat, pour stabiliser. Mais M. Maurice Viol-
lette s'affirme partisan, comme M. le baron Edouard de
'Rothschild, d'une nouvelle revalorisation. '̃
L'opinion publique reste hésitante parce qu'elle ne
comprend point la portée pratique du problème. Le
jour où la nation aura compris que le retour du franc
au pair, c'est.la diminution des salaires. la réduction des
traitements et du prix des produits, et par-dessus tout
la conversion des rentes avec dix années de crise, d'ins-
tabilité et d'insécurité pour la démocratie, elle aura bien
vite fait son choix.
• Faut-il, dès lors, décréter la stabilisation définitive
du franc à un cours qu'il appartient d'ailleurs au gou-
vernement seul de prévoir et de fixer? Mon opinion sur
ce point n'a jamais varié.
Il serait d'une rare témérité de procéder à une déva-
luation définitive du franc tant que la partie la plus
importante de' la dette flottante'n'aura pasété consô-1
lidée. Une stabilisation définitive suppose écarté tout.r
risque d'inïlation. Elle resie précaire dans un pays où
les échéances de bons atteignent encore 3 milliards par
mois I
Répondant ensuite à l'objection qui pourrait se
baser sur. le remboursement de plusieurs milliards
fait par le gouvernement, à, la Banque de Francët
-l'ancien. mimstr« a ajouté
Les heureux résultats obtenus comportent une contre-
partie nécessaire, mais fâcheuse. L'Etat a vu augmenter
de plusieurs milliards les comptes courants du Trésor,
dont le remboursement peut être exige à vue ou après
un court préavis; dans la mesure même où l'Etat a
remboursé la Banque, il a contracté une autre dette
vis-à-vis des titulaires des comptes courants. Avec
quelle rapidité les provisions actuelles seraient-elles
épuisées si un revirement de tendance se manifestait!
'Et si le ministre des finances a proposé,- sans d'ail-
leurs engager 'la responsabilité du gouvernementi
l'amodiation du monopolo des allumettes, ne doutons
point que ce ne fût essentiellement pour se procurer
d'une manière définitive et non précaire les 80 millions
de dollars
M. Georges Bonnet a conclu en se félicitant de
l'équilibre budgétaire maintenant réalisé et, en
affirmant que trop d'incertitudes pèsent encore
sur notre situation financière pour s'abandonner
à des espérances téméraires.
U n discours de M. Renaudel
A un banquet socialiste! à Hyères, M. Renau-
del, député du Var, a prononcé un discours po-
litique.
Le socialisme, a-t-il dit, n'en est plus à la phase ré-
volutionnaire il a conquis une telle puissance qu'il ne
peut rester sans l'utiliser.
Parlant. de la loi sur la nation armée en temps
de guerre, M. Renaudel a déclaré
C'est la loi d'organisation des pouvoirs publics et d'or-
ganisation industrielle. En 1914, si les usines n'avaient
pas manqué de matériel, la bataille de la Marne aurait
refoulé les Allemands hors du territoire et la paix, au-
rait' été signée quatre ans plus tôt. L'industrie, en
temps de guerre, ne doit pas être une source de béné-
fices. A cOté de son organisation, il faut l'organisation
des pouvoirs publics.
M. Renaudel a défendu ensuite son projet de ser-
vice militaire d'un an.
Au sujet du scrutin d'arrondissement, il a dé-
claré' qu'il faudrait aboutir au petit scrutin de
liste, à condition que le gouvernement fasse Vite
et amène la Chambre à se prononcer.
L'orateur a terminé en disant que le seul moyen
bien que je désire toujours de vous obéir; mais
pour ce que vous avez résolu, je ne le puis.
Tu épouseras le fils de Mehemet Riza Beg,
traîtresse.
Pitié et pardon, madame; je ne l'épouse-
rai pas; je ne veux pas. Mettez-moi dans une
chambre, donnez-moi du pain et de l'eau toute
ma vie, mais ne me contraignez pas à ce ma-
riage..
Tu épouseras celui que je te destine ou
je te laisserai mourir de faim, je te casserai
bras et jambes.
Pitié, madame. Je ne suis qu'une pau-
vre fille que la douleur rend folle. Pitié!
Les injures, les soufflets pleuvaient sur moi.
Mme de Péraudel ne se lassait pas de me bat-
tre. Je ne pou vais plus la supplier. Un cri seu-
lement sortait de ma poitrine « Ha ha ha ̃!
ha ha »
• ,• XX' ̃̃̃•
Après cette scène épouvantable des jours
et des jours coulèrent. Contrairement à ce que
j'avais redouté, Mme'de Péraudel ne me par-
lait plus de Mehemet Riza Beg.
Il semblait que rien ne se fût passé entre
nous. Je pouvais croire avoir fait le plus af-
freux des rêves.
Ma tante retourna-t-elle rue de Tournon ? Je
l'ignore. Plusieurs fois, vers la nuit, il me pa-
rut ouïr des visiteurs dont la voix m'était in-
connue. On les menait à l'appartement de la
baronne de Péraudel avec qui ils demeuraient
en longs conciliabules. Je ne m'en inquiétais
point; je no pensais pas alors que leur venue
eût quelque rapport avec ma petite personne
et, comme volontiers l'on se flatte de voir arri-.
ver ce que l'on souhaite, je m'imaginais que
les projets de ma tante étaient renversés.
Vers la mi-août, les gazettes annoncèrent le
prochain départ de l'ambassadeur du sophy.. Il
devait se rendre au havre de Grâce en descen-
dant la. rivière de Seine jusqu'à Rouen. Sur
l'ordre du roi, trois chalands étaient préparés
pour le transporter ainsi que sa suite, ses bal-
lots et bagages. On contait que pour montrer
la magnificence française, le marquis de Torcy
avait fait aménager spécialement l'un des ba-
Jeaux, II s'y trouvait une antichambre Dour les
d'affaiblir le communisme, 'est dé pratiquée une
politique sociale hardie.
Ce qu'a coûté la guerre mondiale
En réponse à une série de questions posées par
M. Lesaehé, député, sur ce que la guerre a coûté
aux divers alliés, le ministre des affaires étran-
gères fait savoir
i» Les statistiques officielles relatives aux dépenses
des Etats-Unis pour leur participation à la guerre contre
l'Allemagne n'ont pas été publiées jusqu'à présent. D'a-
près une étude qu'a fait paraître la « Bankers Trust n
en 1924, les dépenses militaires se seraient élevées à
è,38i millions de dollars;
2° La trésorerie britannique n'a pas publié une éva-
luation officiel'e des dépenses de l'Angleterre pour s.v
participation à la guerre contre l'Allemagne. L'Ency-,
clopédie britannique, se basant sûr les votes de crédits,
estime que les dépenses militaires du. Royaume-Uni ont
dû' être dê;G à 7' milliards de livres sterling; 1
3" Aucuns estimation officielle n'a été publiée par le
gouvernement belge. D'après certaines évaluations offi-
cieuses, les dépenses ..militaires effectuées par la Bel-
gique pour soutenir la guerre contre l'Allemagne aurait
atteint approximativement 9 milliards de francs or
4°. D'après les évaluations du colonel d'état-major"
Fulvio Zugaro dans son livre le Coilt de la guerre ita-
lienne, les dépenses militaires effectuées par l'itâtie
pour soutenir la guerre contre l'Allemagne et l'Autriche
seraient de Ci,210 millions de lire papier;
Les dommages de guerre
Aux termes d'un décret i'ntermiïitetériel, l'ins-
pection des commissions et des tribunaux de dom-.
mages de guerre sera désormais confiée à un seul
inspecteur (au lieu de trois).
Ce fonctionnaire aura compétence pour l'en-
semble des départements atteints, par les événe-
ments de guerre et par les' dommages accidentels
visés par la loi du 3 mai 1921, y compris les dé-
partements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la
Moselle.'
MÂlFESTâïTO PBLITIPS EN PROVINCE
Msif&oUUUSo ruMU~UJ&b M rKUVMut)
̃̃̃ A Marseille
Le Cercle républicain démocratique de Marseille
célébrait hier,son vingt-cinquième anniversaire. A
cette occasion, l'Alliance républicaine démocrati-
que et là Fédération républicaine avaient organise
en commun une importante manifestation politi-
que qui avait attiré une nombreuse assistance.
M. Le Trocquer, ancien ministre, vice-prési-
dent de l'Alliance, a fait tout d'abord appel à
l'union de tous les citoyens, « à l'exclusion de
ceux qui refusent) d'accepter les institutions et
les lois de la République et de ceux qui, sous quel-
que forme ^ue ce soit, poursuivent soit par leur
programme, soit par leurs actes, la destruction de
la patrie et-la destruction de notre régime so-
cial. »
Parlant des questions d'ordre économique finan-
cier et social, en étroite connexion les unes avec
les autres, il a dit
S'agit-il du redressement financier? Il ne saurait cer-
tes venir, l'esprit de qui,que ce soit de méconnaître
l'action de ces facteurs d'ordre psychologique que l'on,
a définis d'un mot « la confiance >>. Mais, si indispen-
sable qu'elle puisse être, la confiance ne saurait suffire;
il faut, en outre, que les ressources effectives de la na-
tion lui permettent de supporter, sans atteinte à ses
œuvres vives, les charges fiscales nécessaires à l'équi-
libre budgétaire et au service de la dette publique. Or,
le meilleur moyen de faire face à ces charges sans ag-'
graver outre mesure les sacrifices exigés de l'indi-
vidu n'est-il pas de développer la richesse collective?
A la théorie dé la révolution professée par les
socialistes, l'orateur a opposé la doctrine plus fé-
conde de l'évolution sociale pour montrer ensuite,
en évoquant la progression de la richesse fran-
çaise' au cours du dix-neuvième siècle, l'heu-
reuse influence exercée sur la vie économique et
sociale par l'exécution des grands travaux pu-
blics. D'où l'importance du problème de l'outil-
lage national, dont il faut d'autant plus poursui-
vre l'amélioration que les difficultés de la situas
tion financière apparaissent plus sérieuses.
Comment se présente, en effet, la situation économi-
que? On peut le dêarjc ainsi « Régression du
développement agricole, développement anormal de
certaines productions industrielles. C'est dire la né-
ccssité de rétablir au plus tôt l'équilibre. momentané-
ment détruit entre ces deux branches essentielles 'de
la production nationale accroissement de la prospé-
"rihS agricole, augmentation par la. même des débouchés
que la campagne offre à l'Industrie; abaissement du
̃priK de revient dos exploitations iudhistcmfes par une
meilleure organisation de la production, sans toutefois
toucher, aux salaires, l'industriel devant assurer à l'ou-
vrier un standing de vie au moins équivalent à celui
des autres pays.
M. Jean Guiter, secrétaire général de la Fédé-
ration républicaine, a fait ensuite allusion à l'af-
faire des fraudes électorales de Marseille qui, de-
puis deux ans, n'a pas encore reçu do solution
puis, évoquant la situation politique actueUe, il
a conclu:
Le ministère Polnoaré est soutenu, à l'heure actuelle,
par la très grande majorité de la nation. Que le gou-
vernement n'hésite pas à faire appel à l'opinion pu-
blique pour poursuivre, dans tous les domaines, son
œuvre de redressement. Son autorité dans le pays est
assez grande maintenant, après dix mois d'une « ex-
périence » qui n'a connu que; des succès, pour que le
Parlement, et la Chambra du ^cartel elle-même, ait la
sagesse, jusqu'à la fin de la -législature, de lui main-
tenir son: appui." ̃̃•.
Enfin, le bâtonnier Marcel Fourcade a parlé à
son tour de la situation politique, et sa conclu-
sion, que voici, a été fort applaudie:
L'heure qui vient semble devoir être une heure de.
clarté où H n'y aura plus de place pour les compro-
missions et les équivoques dont a vécu jusqu'ici la
politique radicale.
La question est bien posée. Il s'agit de, savoir si la
société actuelle laissera ou ne laissera ,pas briser ses
cadres et « anéantir son principe » il s'agit de sa-
voir si c'est sur les bases traditionnelles de la liberté
individuelle et de, la propriété que cette société pour-
suivra l'œuvre de fraternité sociale à laquelle elle ne
peut songer à se soustraire, ou si elle demandera h.
l'utopie l'amélioration des réalités, au désordre, et au
désordre tyràhnique, le fedressement des injustices.
On attend la réponse du radicalisme et son choix
dans cette, dure mais inéluctable alternative.
A Saint-Georges
Une autre manifestation, non moins impor-
tante, a eu lieu hier après-midi, sous les auspices
de l'Alliance républicaine démocratique, à Saint-
Georges, dans la Vienne, en présence d'une af-
fluence considérable. • •̃
M. Mamelet, secrétaire général de l'Alliance, a
mis en relief les deux politiques actuellement aux
officiers de Mehemet Riza Beg et la décoration 1
du cabinet et de la 'chambre de celui-ci était
faite d'une tapisserie de Bergame et de. tapis.
Le marquis de Torcy, qui n'avait rien né-
gligé, avait été jusqu'à placer sur la toiture des
chambres une forte toile cirée pour abriter de
la pluie. ̃̃̃•̃̃•̃•̃
Souvent, je pensais à ces détails quand j'é-
tais seule à coudre ou à broder et il m'arrivait
de chantonner, sur un air de Lulli, une petite
chanson de mon invention qui, je l'avoue, ne
valait- rien du tout « La, la, la, la. Bon
voyage, monsieur le vieux singe. La, là, la, la.
Regagnez votre « Sublime Porte » et ne re-
venez plus chez nous. »
Un matin, ma tante me fit mander. Quoi-
qu'elle n'eût guère accoutumé de sortir en
ville avant le dîner, hormis pour aller ouïr,
là messe, ce qui lui arrivait rarement en se-
maine, elle était déjà habillée et coiffée.
Son vêtement des plus simples était en laine
sans prétintailles ni rubans. Point de garni-
ture, non plus, à sa coiffure. Le dos tourné à la
porte, elle s'occupait à serfér dans un sac quel-
ques menus objets.
-T-. Lisette, .dit-elle, .j'ai formé le projet de,
visiter une mienne cousine .qui habite Rouen.
C'est un beau voyage et je veux t'en donner'
l'agrément. ̃
Vous êtes trop bonne, madame; je vous'
rends grâces. Dois-je emporter quelques har-
des ?
Emporté toutes celles que tu: as. Hâte-toi;
nous partirons dans une heure. Ah un mot'
encore inutile de parler de ceci à Marie ou à
Fanchon. Tiens ta langue. Je hais les babil-
lardes et sais le leur faire :voir.
Sans être douée de beaucoup de génie, il
n'était point malaisé d'entendre tout ce qu'il
y avait sous les paroles de ma tante. La cou-
sine qu'elle voulait visiter Mensonge. Men-
songe que je lui laisse sur la conscience. Ma
tante ne se rendait à RoUen et ne m'y emme-
nait que dans le dessein de me livrer à Mehe-
met Riza Beg-
Le mystère dont elle entourait ce voyage
m'assurait que je devinais juste. Dans l'affaire
où Mme de Péraudel s'engageait, il fallait agir
sgorètement. car l'aventure, était de celles où }a.
prise?, la* politique d'union républicaine, celle
dont M. Poincaré a défini le programme dans son
discours' do Bar-le-Duc, et la politique révolu-
tionnaire, identique dans ses doctrines et dans ses
fins, des socialistes et des communistes.
Le ministre de l'intérieur, M. Albert Sarraut, vient
d'adresser au parti radical, en sa bonne ville de Car-
cassojane, ses félicitations pour avoir apporté son con-
cours à l'union nationale.
On conviendra sans doute qu'une certaine modestie
ne messiérait pas à ces ouvriers de la onzième heure,
dont la plupart, il y a moins d'un an, se refusaient
à ajouter fol au miracle de la confiance et, en les
accueillant les bras ouverts dans les formations
d'union républicaine et nationale, c'est bien le moins
qu'on leur demande de laisser à la porte les partis
pris, les exclusives, l'esprit de domination ou de mo-
nopole républicain dont on les a toujours vus animés.
Et, d'autre part, nous n'avons pas les mêmes, rai-
sons que M. Albert Sarraut, frère du président du
parti radical, de passer sous silence ce fait anormal
qu'à côté de la fraction du parti radical qui soutient
le gouvernement d'union nationale il y en a une autre
qui le combgt sans trêve, qui persévère dans les er-
reurs cartellistes, qui, dans son action parlementaire
et dans sa presse, continue a. obeir non seulement aux
impulsions du socialisme unifié, mais à celles du com-
munisme mCme, et qui, dans les élections, lie partie
avec ceux ^q.ue M. Albert Sarraut dénonce comme les
ennemis de la '-patrie.
Enfin, M. Paul Reynaud, ancien député, prési-
dent de la commission de propagande de l'Alliance
démocratique, a défini en ces termes la situation
du gouvernement entre les partis:
Si M. Poincaré a gagné la-partie, c'est qu'il a déli-
bérément tourné le dos à la politique des ministres qui
l'assistent. Il a consenti à. de larges concessions sur
les personnes, il n'a pas troublé le cartel dans ses ap-
pétits individuels. ML Varenne vient de s'embarquer
pour l'Indochine. Meus M. Poinearé s'est montré In-
transigeant sur les principes. Tout au plus a-t-il con-
senti, sous la pression de ses coUègues radicaux, à ne
pas poser la question de confiance sur les allumettes,
car chacun sait que les radicaux valoisiens d'aujour-
d'hui sont plus attachés au monopole des allumettes
qu'à la propriété privée. -s»
Choisir, .cruelle nécessité Ultimatum importun 1
Car le radical voudrait bien continuer à tirer profit de
l'équivoque de l'union nationale en jouant sur lés deux
tableaux. Il voudrait bien laisser faire la politique du
Bloc national assez longtemps pour sauver le franc et
pouvoir retourner ensuite vers les socialistes, et même
les communistes, avec qui il ferait un cartel élargi 1
Entre temps, il réclame nos éloges pour les « sacri-
fices » qu'il fait à l'union nationale.
Cette péroraison a -été couverte d'applaudisse-
mçnle.̃•.̃•̃̃:̃̃.̃,̃̃̃ ̃
A Litnonest
Pans une conférence de propagande d'hier
après-midi, à Limone3t (Rhône), MM. Peissel, pré-
sident, et Victor Perret, vice-président de la fé-
dération républicaine du Rhône, ont prononcé des
allocutions très applaudies. <•»
'̃Ji.Vde Monicault, député de l'Ain, a traité en-
suite la question budgétaire et financière.
Il est. nécessaire, a-t-il dit notamment, que tout
Français se pénètre bien des conditions très particu-
lières de vie financière d'un grand pays, en particu-
lier qu'il comprenne qu'un, pays n'a pas de capital
productif d'intérêts, si considérables que soient les
biens nationaux, au point de jouer un rôle appréoiable
pour tes dépenses publiques. 11 ne peut donc vivre que
par prélèvement sur 'les citoyens. Pour que ces prélè-
vements n'aient pas de répercussions économiques ou
sociales fatales, il faut. qu'électeurs et élus aient'des
notions précises sur les divers modes de prélèvement
et sur les possibilités des divers patients.
Puis, ayant examiné les sources de trésorerie
de l'Etat et le problème de l'unité budgétaire, il a
parlé de l'attitude des socialistes « qui s'attachent
éperdument aux mots, quelle que soi!; la panique
qu'ils provoquent », de celle des radicaux partagés
entré leur conservatisme bourgeois et leur désir
de paraître avancés, « mais incapables d'aucune
idée neuve depuis celle de l'impôt personnel », et
enfin de celle des communistes pour lesquels la
critique est aisée puisqu'ils proposent toujours de
détruire, jamais de construire,
CHRONIQUE ÉLECTORALE s
Élections sénatoriales
•̃ Loire "̃
I (2« tour)
j. Inscrits 965. Votants :%5
̃MM. Pierre Roiert, ànc; sous-secrôtatrfl'
• ? *̃' a'EtataësP.T.T;éputè,:raa.soc. 524 ELU
î Taurines, anc. dép., Union nationale 439
Burnichon. 2
îl s'agissait, on le sait, de remplacer M. Jean Morel,
̃Gauche démocratique, décédé.
'Nous avons dit, hier, qu'après Je premier tour le
parti socialiste S. F. I. O. avait retiré son candidat
et invité ses adhérents à reporter leurs suffrages
sur M. Pierre Robert; l'Union socialiste commu-
niste et le parti communiste ayant pris la même
décision, le cartel intégral des gauches s'était ainsi
trouvé reformé au second tour,
Vendée
(2« tour)
Inscrits 874. Votants S74
MM, de Baudry d'Asson, député, Union
catholique 4i4ELU
'̃̃ Docteur Pacaud. ànc. dép,, président
s du conseil général, rad. soc. 366
'<: Gallet, avocat, Union popul. républ. 62
Divers 2
II s'agissait de remplacer M. de Lavrignais, droite,
décédé.
Nord. Le congrès des délégués sénatoriaux
de l'arrondissement d'Avesnes s'est réuni hier à
Aulnoye.
Après l'exposé de leur programme par les can-
didats en présence M. Daniel-Vincent, député du
Nord, ancien ministre, et M. Louis Sculfort, prési-
dent de la section du Nord du Comité républicain
du commerce, de l'industrie et de l'agriculture, un
rôle au bulletin secret a donné les résultats sui-
vants.
̃. ;Votants 313. MM, Daniel-Vincent, 237 'voix;
Sculfort, 60 voix. ̃
A la suite de ce résultat, M. Louis Sculfort s'est
désisté en faveur de M. Daniel-Vincent qui reste
seul candidat dans l'arrondissement d'Avesnes.
Conseils généraux
Manche. M. Lepesant, républicain, est élu
conseiller général du canton de Bréhal par 1,019
voix contre 911 voix à M. Fremin, candidat d'Union
nationale.
justice peut se mêler. Que la police fût avertie
qu'on m'emmenait en Perse contre mon gré et
pour me faire épouser un musulman, il y au-
rait des informations, des poursuites.
Je ne me dis pas cela dans le moment. J'a-
vais l'esprit trop troublé et demeurais fichée
contre un des montants de la porte.
Hé bien, fit Mme de Péraudel, qu'attends-
tu ?
Madame, vous me jetez dans le désespoir.
Pardonnez-moi ce voyage, pour moi, est im-
possible.
Impossible, pendarde
–-Ayez pitié de moi, madame. Mettez-vous
à ma place; que voulez-vous que je fasse ?
Que tu m'obéisses, traîtresse, ou je t'étran-
gle sur l'heure.
Ci disant, elle dirigeait vers moi ses longs
doigts griffus. Je ne dis pas qu'elle aurait été
jusqu'à mettre sa menace à exécution; mais je
.connaissais la violence de son naturel, je m'en-
$ii3' dans ma: chambre. Là, au lieu de préparer
aies tardes, je commençai par verser bien des
ijirmès. Etait-il un malheur égal au mien? Il
me fallait partir Sans esprit de retour, je de-
vais quitter tout ce qui m'entourait, que je
voyais depuis mon enfance ma petite cham-
bre, ses pauvres meubles, la vue qu'on décou-
vrait sur la rivière de Seine.
On me'voulait donner à un être dont l'idée
seule me faisait mourir! Tous- ceux qui avaient
vécu avec moi jusqu'à ce moment subitement
;me devenaient chers Marie et Fanchon; la
marquise de Montargis qui, parfois, m'avait
marqué de l'intérêt et, Dieu me pardonne, jus-
à Branchu cadet, le. gros Chonchon
La voix de Mme de Péraudel retentit au bout
du couloir
r– Lisette, es-tu prête ?
Je sautai sur mes pieds et essuyai mes yeux:
Encore un moment, s'il vous plaît, ma-
dame.
Hâte-toi.
J'ouvris la garde-robe. J'en sortis un vieux
sac de velours. rouge; je pris mes hardes.
La voix de Mme de Péraudel ne cessait de
retentir. •
–Hé bien, lambine! Est-ee pour aujour-
d'hui ou Dour. demain.? Faut-il aue j'aille te.
COU~IE~ MTTËRM~E
Stendhal et « l'hisicire delà famille Cinci»
Le hasard, quelquefois ami des bibliophiles,
nous a fait il y a quelque temps mettre la main
sur une brochure curieuse, peu commune et con-
nue seulement d'un petit nombre d'amateurs, mais
digne au plus haut point d'intéresser les stendha-
liens. C'est une histoire de la famille Cinci, dont
voici le titre, exactement Histoire de la famille
Cinci, ouvrage traduit, sur l'original italien trouvé
dans la bibliothèque du Vatican par M. l'abbé
Angelo Maio, son conservateur. Ce mince volume,
de format in-18, comporte un avertissement de
IX pages et 87 pages do'exte il a paru, à Paris,
chez Vernerel et Tenon, et chez Pigoreau, li-
braires, en 1825, sous une couverture chajnois,
titre imprimé dans un encadrement de fleurons
du type Restauration le plus pur. Un second titre,
italien, suit le français La fùnesta morte di Gia-
como e Beatrice Cenci, fratelli, e di Lucrezia Pc-
troni, loro matregna, seyuita in Roma, ncl Ponii-
ficato di Clemente VIII, il di H settembre 1599.
On connaît cette tragique histoire, fameuse dans
les sanglantes annales de la Renaissance' italienne:
tous les visiteurs de la galerie Barberini, à Rome,
y ont pu voir le touchant portrait de jeune fille,
peint par Guido Reni, qui, d après la légende. figu-
rerait l'héroïne du drame, Béatrice Cenci. Les
malheurs de cette gracieuse parricide ont souvent
inspiré la littérature Shelley en a tiré une tra-
gédie, Adolphe de Custine un drame, Stendhal une
de ses Chroniques italiennes. Et c'est à Stendhal
que nous ramène, tout naturellement, la petite
brochure en question. Celte brochure serait-elle
de lui ?
Nous nous le sommes demandé plus d'une fois.
Mais, nous méfiant de notre niiftiie, qui! est" de
voir Stendhal partout, nous avons été très heu-
reux de nous rencontrer sur ce point avec M. Ga-
briel Hanotaux. possesseur lui aussi d'uni exèm-
plaire de cette Histoire de la famille Cinci, et qui',
sans résoudre définitivement le1 problème, l'a
du moi'ns posé avec une netteté qui ressemble
beaucoup à une conviction. Nous avons eu l'oc-
casion d'en parler avec l'éminent historten, dont
le regretté Georges Vicaire avait déjà publié, dans
son Manuel de l'amateur de livres, une note pré-
ci!se et suggestive. « Cette brochure est-elle de
Stendhal? écrivait M. Hanotaux. Certaines raisons
porteraient à le croire. Voici la plus apparente
la brochure a été imprimée en 1825; or, dans la
préface des Cenci. Stendhal dit J'ai cru pouvoir
donner la traduction sans blesser aucune conve-
nance du moins cette traduction put-elle être
lue tout haut devant des dames en 1823. »
« Ajoutons, dit encore M. Hanotaux, que la dis-
position même du titre de la brochure, l'amphi-
bologie qui' s'y trouve sur l'apparente attributi'on
à Angelo Maio, le deuxième titre en italien, la gra-
vure du portrait d'après le Guide semblent révéler
la manière et le procédé alambiqué de Sten-
dhal. »
L'amphibologie signalée est celle qui, voulue
ou non, consiste à laisser planer un doute sur le
rôle de l'abbé Angelo Maio, dont on ne sait au
juste, d'après le titre, s'il est l'auteur de cette
Histoire de la famille Cinci, ou le traducteur de
l'original italien trouvé dans la bibliothèque du
Vatican, ou plus simplement encore l'inventeur
de cette découverte. L'Avertissement de l'éditeur
est plus formel « Le morceau suivant est la tra-
duction fidèle d'un manuscrit italien trouvé dans
la bibliothèque du Vatican, à Rome, par son cé-
lèbre conservateur, M. Angelo Maio. L'original
italien a été imprimé récemment. son auteur est
inconnu. » M. Hanotaux a repéré l'endroit où
l'original italien avait été « imprimé récem-
ment » en 1823, dans les Mélanges de la Société
des bibliophiles français. Nous n'avons pu nous
procurer ce texte, qui, d'après M. Alfred Lom-
bard {Stendhal et Beatrice Cenci, Revue de Ge-
nève, janvier 1927) n'existe pas dans l'exemplaire
des Mélanges de la Bibliothèque nationale. Mais
M. Hanotaux, l'ayant lu, y signale des points de
ressemblance incontestables aussi bien avec la
brochure de 1825 et avec le récit publié plus tard
par Stendhal, dans la Revue des Deux Mondes
d'abord, puis en volume, à la suite de l'Abbesse
de Castro.
Pour nous, nous n'avons pu confronter que ces .s
deux textes celui de la brochure et celui de Sten-
dhal. L'allure générale du récit y reste la même.
Quelques détails diffèrent, mais on a bien l'im-
pression que le rédacteur des Cenci devait avoir
sous les yeux l'Histoire de la famille Cinci impri-
mée en 1825 en plusieurs épisodes significatifs
sur les circonstances de l'assassinat du père, la
découverte du crime, l'arrestation, le' procès et
l'exédution des coupables, les paragraphes suivent
un ordre et un mouvement à peu près identiques,
et si le souci est visible, chez Stendhal, de cons-
truire ses phrases autrement, les mêmes mots ty-
piques émergent, établissant avec exactitude ce
que les érudits, dans leur parler, appellent la con-
tamination d'un texte par un autre. La comparai-
son des deux versions, mises en regard sur deux
colonnes, serait probante. Quelques faits, en ou-
tre, corroborent la parenté de la brochure et de
la chronique stendhalienne: le rôle de Mgr Guerra,
par exemple, amant ou amoureux de Béatrice, or-
ganisateur du crime avec elle. D'autre part, la
brochure reproduit le portrait du Guide, et lui
consacre même une note spéciale. « Ce n'est qu'à
Raphaël qu'il eût été possible de transmettre à la
postérité les traits enchanteurs et les grâces vir-
ginales de cette incomparable Romaine. De longs
cheveux blonds découvraient! le front le mieux
formé et flottaient en grosses boucles autour du
plus beau cou, et ses yeux étaient de la plus
grande expression. Un courage susceptible des
plus mâles résolutions. Son frère Bernardino était
la copie parfaite de ce beau visage. » Ces tou-
ches, nous a-t-il semblé, pourraient bien être de
Stendhal. On sait le cas qu'il faisait de la Bea-
trice de Guido Reni, vue par lui, à Rome, pour la
première fois en 1823, justement. A la suite de
quelle découverte «j'ai cherché, dit-il, à obtenir
communication des pièces de ce procès célèbre.
J'ai acheté la permission de copier un récit con-
temporain j'ai cru pouvoir en donner la tra-
duction sans blesser aucune convenance du moins
cette traduction put-elle être lue tout haut de-
vant des dames en 1823. »
Que conclure, au juste, de tout cela ? Rien pour
l'instant, mais tous les éléments sont là, d'une
plus décisive* cïKjyièUvqvi'vm stondhîriieii italia-
nisant seul pourrait, croyons-nous, assez facile-
ment mener à bien. Il faudrait savoir, tout d'abord,
quel était le texte italien original dont VHistoire
an- la famille Cinci prétend donner la traduction
fidèle; et quel récit contemporain l'auteur do
l'Al/besse de Castro a obtenu la permission de co-
pier à Rome. Peut-être est-ce le même, qui aura
été traduit une première fois par l'éditeur ano-
nyme de l'Histoire en 1825; une seconde fois (et
fort librement, il ne s'en cache pas) par Stendhal
lui-même d'où ses Cenci. Cette unité de source
expliquerait les ressemblances extraordinaires de
graisser bras et jambes avec de l'huile de co-
tret(i) ?
Voilà, voilà, madame.
Toute tremblante, l'esprit perdu, je jetai
dans le sac ce qui me tombait sous la main. La
voix de Mme de Péraudel continuait de me
harceler.
-T- Holà, coquine Holà Veux-tu donc que
j'aille t'aider, moi ?
Ne vous fâchez pas, madame. Je suis
prête.
De la garde-robe, je tirai une mante à capu-
chon dont je couvris mes épaules. Picard en-
tra dans ma chambre, chargea mon sac sur
son dos. A la suite de Mme de Péraudel, je
descendis le grand degré. Frispoulet portait la
valise d3 la baronne. Marie était chargée d'une
couverture.
M'ayant ordonné de monter en voiture, ma
tante y prit place à son tour. Le cocher toucha
les chevaux. Mais Mme de Péraudel se pen-
cha à la portière
Paix Paix Marie, holà, ho Ecoute
je ne serai absente que durant quelques jours.
Aie bien soin d'éteindre les chandelles et le
feu, le soir, avant d'aller, dormir. Tu coucheras
dans la chambre de Lisette. Il se peut que je
la confie, désormais, à ma cousine qui est
seule et a besoin de compagnie.
-Soyez tranquille, madame. Je veillerai
à tout. Jusqu'au revoir, madame. Jusqu'au re-
voir, Lisette.
Les larmes m'étouffaient. Mme de Péraudel
me marcha sur le pied pour me forcer à ré-
pondre à Marie. La voiture s'ébranla, ma voix
se perdit dans le bruit des roues et des sabots
sur le pavé.
XXI
Notre voyage ne dura pas moins de dix
jours. Le cocher menait ses chevaux bon train,
mais les chemins étaient défoncés. Les pluies
avaient fait comme si un gros hiver était venu.
Constamment nous étions dans des abîmes
d'eau et des bourbiers.
Rencognée dans le fond de la voiture, je ne
cessais de pleurer que pour gémir et soupirer.
(1) Les couds de. bâton,
ces ceux versions, alors indépendantes l'une de
l'autre. Mais il pourrait très bien se faire aussi
que l'indication donnée par Stendhal sur sa tra-
duction lue en 1823 à des dames soit exacte; au-
quel cas, comme l'a supposé M. Hanotaux il n'y
aurait pas d'inconvénient à conclure que la bro-
chure de 1825 et cette traduction de 1823 ne font
qu'un c'est-à-dire que la brochure/est de Sten-
dhal. 11 resterait à expliquer les différences do
ces deux versions, et la chose n'est pas difficile.
Notre auteur, lors de sa première visite à la
Béatrice du Guide, piqué de curiosité pour cette
dramatique histoire, en a voulu connaître les des-
sous et s'est procuré un des nombreux récits quo
les contemporains de Clément VIII nous en ont
laissés. Il aura copié au Vatican cette relation,
l'aura traduite, lue à ses amies, et, quelques mois
plus tard, fait imprimer sans nom d'auteur, en;
ajoutant à sa traduction une reproduction du ta-
bleau de là galerie Barberini. Louvrage anonyme
aura sombré. Plus tard encore, en 1832, ses pro-
menades italiennes le mettront sur la piste d'autres:
récits analogues, ces vieilles chroniques dont il
mentionne l'acquisition dans une de ses lettres à,'
son ami Di Fiore « Plaisirs de pédant. J'ai
découvert des récits d'anecdotes de votre pays et
de celui-ci. Quelques-unes de ces histoires, écri-
tes par des contemporains, ont cent pages. Une
seule de ces historiettes est connue à Paris c'est
la mort de Béatrix Cenci. » Voilà la preuve quo
Stendhal connaissait la publication de l'Histoire
de 1825. L'auteur du Rouge précise ses intentions;
il songe à publier une traduction arrangée de ces
histoires italiennes trois ou quatre volumes
d'anecdotes séparées. « Je tâcherai de faire comme
pour les cerises: je servirai les plus belles dans les
deux premiers volumes, les bonnes dans les deux
seconds, et les communes dans les deux der-
niers. Je déposerai l'original italien. dans un
cabinet littéraire; chacun pourra voir que ce n'est
pas inventé. »
Parlant de ce livre au libraire Levavasseur, il
dira encore « Ce sont ces mœurs qui ont enfanté
les Raphaël et les lMichèl-Ange. » Et, au cours des
années qui vont suivre, Stendhal écrira en effet sa
version de ces « Chroniques italiennes », qui pa-
raîtront, sans nom d'auteur, dans la Revue des
Deux Mondes, et seront recueillies en volume, en
1839, avec l'Abbesse de Castro. Une de ces chroni-
ques sera les Cenci. Dans le cas où Stendhal est
déjà l'auteur de la brochure de 1825, il n'aura qu'à
transcrire cette première relation, et, y ajoutant
plusieurs traits personnels (la préface, la théorie
des deux sortes de Don Juan, l'anecdote du Guide
peignant Béatrice dans sa prison, la veille de sa
mort), il en fera son second récit, l'histoire défini-
tive des Cenci. Telles sont, jusqu'à ce jour, nos
conjectures. Sont-elles vraiment si hasardeuses?
Trop d'éléments de contrôle nous font défaut pour;
conclure plus formellement. Nous nous bornons
donc à livrer ce petit problème d'histoire littéraire
ainsi posé aux chercheurs doués de plus de loisirs
et de compétence. La voie est ouverte.
Un mot encore, à l'intention des personnes sen-
sibles oui, n'ayant lu que les belles et nerveuses
pages.'de Stendhal, seraient tentées de s'apitoyer
outre mesure sur le triste sort de l'infortunée
Béatrice Cenci et la cruelle justice du pape Clé-
ment VIII. Le savant M. Corrado Ricci, dans un
ouvrage documente qui porte le nom de cette hé-
roïne, a remis les choses au point, fort équitable-
ment pour tout le monde. François Cenci, le père,
était assurément un horrible homme, chargé de
crimes affreux, qui rendait la vie impossible à
son entourage, et à Béatrice en particulier, dont
il avait fait sa maîtresse. Mais elle était aussi
celle de l'homme qu'elle chargea de l'assassiner,
pour prévenir sans doute la colère paternelle, car
elle se trouvait enceinte, et elle redoutait les jus-
tes éclats de ce père deux fois jaloux, puisqu'il
était incestueux. D'où le meurtre, où elle sut in-
téresser ses frères et sa belle-mère, en même
temps que son amant. Le procès évoqué devant
lui, 'le pape n'avait qu'à sévir. Mais comme Béa-
trice était belle et n'avait encore que vingt ans,
son exécution produisit un très grand scandale
dans le peuple. C'est ainsi qu'on fait des martyrs.
EMILE HENRIOT.
Le Roman.
La princesse Bibesco va publier un nouveau roman,.
Catherine-Paris, qui inaugurera une nouvelle série des
« Cahiers verts '», où M. Julien Benda publiera, ensuite
la Trahison des Clercs.- On signale, de M. C.-F. Ramuz,
Aline. M. Maurice Renard fait paraître Lui ? On
annonce de M. Eugène Joliolerç, Un chaste; de M. Ra-;
phaël De Mont, les Deux passions de Pedro Pcreda.
M. Pierre Mille va publier Un prêtre qui pécha. On va.
publier une traduction (par M. de Saint-SegonJ) do
l'Amour au bout du fit, de FI. B. Barclay. Mme Hé-!
lène Lémery annonce Bérangère ou ta Symphonie amou-'
reuse. M. Abel eiievallôy va donner une traduct'oiï
de Mary Semblant, de James Stephc.ns.
Histoire littéraire
On annonce une nouvelle édition de Sainte-Beuve et
Mme Victor Hugo, de M. E. Benoit-Lcvy. M. Ph. Mar-
tinon publie Comment on parle français. On si-
gnale, de M. Ch. Beaulieux, une Histoire de l'orthographe
française. '̃ On vient de publier un volume de Lettres
et entretiens, de Charles Péguy. On signale de M.
Paul Cazin, Lubies;, de M. Paul Jarry, Etudiants et gri-
settes romantiques de MM. M. Berger et V. Moussât, un
choix de Textes sportifs de l'antiquité. M..lean Hosr
tand publie des notes sur le Mariage. M. Henri Malo
va consacrer un volume à la Duchesse d'Abranlès au
temps de ses amov.rs. M: Pierre Berger va publier la
traduction des Pruniers Uvres poétiques, de Wil'iam
Blafce. On signale de M. Jules Borély. Mon plaisir
au Maroc; de M. Pierre Lhande, une enquête sur le
Christ dans la banlieue. M. Auguste Erhard va faire
paraître le Prince de Pûckler-Muskan (1785-1834).
M. Pierre Bonardi va publier l'Imbroglio syrien et De
quoi se compose Paris.
CORRESPONDANCE
Paris, le 9 mai 1927.
Nous avons reçu de VAction française la lettre.
suivante
Monsieur le directeur et cher confrère,
En remerciant le Temps du compte rendu impartial.
qu'il a donné de notre manifestation d'hier; je lui serais
reconnaissant de vouloir bien rectifier un détail qui a.
son importance.
Les étudiants, lycéens et collégiens qui ont pris part
au cortège traditionnel organisé par l'Action française-,
n'étaient pas tous d'Action française. Nos amis, certes,
v étaient nombreux, mais ils étaient confondus avec
leurs camarades d'autres opinions, et dans l'oubli com-
plet de ces divisions, dans les cadres de leurs facultés,
écoles, lycées et collèges. Ils avaient à leur tête des
groupements purement corporatifs, tels que les associa-
tions de candidats aux grandes écoles et l'Associatfpn;
générale des étudiants.
Veuillez agréer, monsieur le directeur, etc.
Maurice Pujo.
Mme de Péraudel ne semblait pas m'ouïr. La
vue de mon chagrin ne la troublait nullement.
Une seule fois, faisant allusion à mes larmes,
elle dit
Tu n'es pas une fille, mais une source.
Il faut se résigner à tout dans la vie.
̃ Quand il s'agissait des maux qu'elle causait
à autrui, ma tante, on le voit, avait l'âme d'uno
femme forte de l'antiquité.
Pour se distraire, elle avait emporté des li-
vres et Usait, non sans se barbouiller de tabac,
ce qui lui faisait le nez aussi sale que si elle
l'avait plongé dans l'ordure. A plus d'une re-
prise, j'eus la pensée d'ouvrir la portière; de
sauter sur la route, de m'enfuir. Folie L'on
m'eût eu vilement rattrapée. Sans argent et
appui d'aucune sorte, il me fallait subir le sort
auquel'on me condamnait.
Comme Mme de Péraudol n'était pas de ces
grands personnages qui, dans leurs déplace-
ments, traînent avec eux leur lit, leurs sièges,
leurs bahuts et leur batterie de, cuisine, nous
marchions jusqu'à la nuit pour n'arrêter qu'en
de méchantes auberges pleines de puces.
Afin de mieux me garder à vue, la baronne
de Péraudel me faisait coucher dans la ruelle
de son lit et poussait la précaution jusqu'à me
ficeler les pieds et les mains avec une grosse
corde.
Prends-t'en à. toi seule d'être ainsi traitée,
disait-elle. Si tu étais raisonnable, je te con-
sidérorais comme ma fille tu mangerais avec
moi.
dernier point me laissait indifférente. Je
n'avais pas faim et durant tout le voyage je
ne pris guère de nourriture. Ce que ma tante
me contraignait d'avaler me restait comme du
plomb sur l'estomac.,
Un soir, nous arrivâmes à Rotien. Je pensais
qu'on allait coucher en quelque hôtellerie, mais
la voiture brûla les rues et gagna la campagne.
Le cocher savait exactement où il devait nous
mener. Quand il arrêta ses chevaux, Mme do
Péraudel ouvrit la portière et me tira sur le
marche-pied, derrière elle.
Henriette Celàrié.
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