Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-06-02
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 juin 1924 02 juin 1924
Description : 1924/06/02 (Numéro 22942). 1924/06/02 (Numéro 22942).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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.LUNDI 2 JUIN 1925
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̃••• ̃y. c le Journal •' ne répond pas des Tnhnuserits ̃• communiquât
{."
Adresse tèléqbaphiquh temps PABig -r\
^SOMMAIBB
'̃̃̃̃-̃ -:K"v page 2 :r~"V :>
%d Crise politique 'et les partis. ̃ Nouvelles du
Jour, La Vie économique et sociale.
Chronique théâtrale, "AK'DnjÈ Rivoire.;
'-̃ ̃;̃•'̃̃ PAGE 3 '•
Faits-divers. Semaine financière. Tribunaux.
< Aéronautique. Théâtres. Sports. Nou-
velles çomràerciales.
"̃ • PAGE 4 ̃̃'̃" '=.
(Dernières /Nouvelles. M. Poincaré remet a
M. Millerand la démission du cabinet.
%a Nouvelle Chambre la Question présidentielle
et les groupes; la Réunion du cartel des gauches
au Palais-d'Orsayj Discours d'ouverture du pré-
sident d'âge. Les Socialistes et la question
présidentielle.'
Paris, 1er juin
BULLETIN_DU JOUR
LE CHEMIN DE LA PAIX
Le président de la République' allemande a,
l'espoir, maintenant,- de former un cabinet sans
les nationalistes. C'est du moins ce qu'indi-
quent les nouvelles de ce matin. La masse du
parti nationaliste n'a pas voulu, se prêter aux
camoiiflages que certains de ses chefs étaient
prêts à •accepter; Elle a conservé ,1a direction
et l'élan qu'elle avait pris, pendant la canlpa-.
gne électorale; ;dé sorte que la politique natio-
naliste, semblable à un projectile dont la tra-
jectoire est trop tendue., éclate prématurément
sur les obstacles qu'il faudrait dépasser.
Rebuté par les exigences des nationalistes, le
parti Stresemann est redevenu fidèle à son
chef. Il demande « que M. Stresemann soit
maintenu dans ses fonctions, comme ministre
des affaires étrangères, aussi longtemps qu'il
croira devoir rester à ce poste ». Le parti Stre-
semann estime, eii. effet, que « la situation ex-
térieure générale et celle de l'économie alle-
mande exigent impérieusement l'acceptation et
d'exécution ̃ rapide* dès conclusions des ex-
perts », Ce retour 'à ïàsagesse serait plus mé-
ritoire s'il était plus spontané, et si' le parti
Stresemann ne s'accrochait pas maintenant"
̃aux réactionnaires bavarois de M. Emrninger.il
est clair qu'un cabinet oü entrerait M. Emmin-
'ger. risquerait de perdre, pour une bonne part,
le crédit qu'il aurait acquis en se débarrassant
tie M. Jarres. Mais enfin, il s'agit d'arriver à un
'acrangement pacifique, entre l'Allemagne et
l'Entente, de manière que les électeurs alle-
mands puissent ensuite se prononcer sur la po-
litique intérieure sans être obsédés par des pro-
blèmes extérieurs. Si les nationalistes s'intro-
duisaient dans le gouvernement du Reich, ce
qui. les aiderait à s'emparer par surcroît du
gouvernement prussien, l'arrangement pacifi-
que deviendrait probablement impossible. Tous
les amis de, la paix doivent donc, autant qu'il
dépend d'eux, encourager M. Marx et M. Stre-
semann fi reconstituer un ministère, sans là
.participation des nationalistes 'et avec l'indis-
-peîisable appui des sociaiis'tês. •
̃"•îr.'y.-a pûl#Mïï,' xû|ine eh 'France, quelques
personnes' que" cette solution n'a pas l'air de
contenter. Leur raisonnement consiste à dire
que l'Allemagne est irrémédiablement natio-
naliste et que, dans'ces conditions, la France
serait en meilleure posture si les nationalistes
gouvernaient ouvertement à Berlin; car la
France pourrait alors organiser un système de
défense contre rAllemagne.C'est là, on le voit,
un perfectionnement- de la méthode attribuée
au fameux Gribouille. Ce personnage soutenait
qu'il vaut mieux se jeter à la rivière que de re-
cevoir la pluie. Bes continuateurs ajoutent
qu'on est/ plus à l'aise, dans la rivière, pour
s'acheter un imperméable.
Ainsi engagée dans la voie des hypothèses,
la discussion risquerait bientôt de perdre la
gravité qui convient. Mais les personnes qui
regrettent l'échec des nationalistes allemands
sont également celles qui redoutent les effets
de la démocratie en politique' extérieure. A les
croire, la guerre de 1914 n'aurait peut-être pas
eu lieu si l'Angleterre et la France avaient
vécu alors sous dés régimes plus conservateurs.
On pourrait'"se borner à répondre que la Russie
n'était pas précisément républicaine en ce
temps-là, et que la guerre a pourtant commencé
entre elle et les.empires centraux, c'est-à-dire
entre les trois monarchies les moins démocra-
tiques qu'il y eût encore au monde. Ne nous
bornons pourtant pas à cette observation.
Cherchons si l'Allemagne, pendant les dix-huit
mois qui ont précédé la guerre, formait vrai-
ment un; de ces blocs nationalistes qu'aucune
idée démocratique 'ne pouvait pénétrer, qu'au-
cune politique démocratique ne pouvait in-
fluencer dans son évolution. Un l'ivre récent,
publié en Allemagne, va nous aider dans nb-
tre recherche. Il n'a certes pas été écrit pour
nous fournir des arguments: car son auteur,
tout en s'appelant M. Hans Herzfeld, est un
admirateur et même, à l'occasion, un confident
du général Ludendorff
Ce petit livre intitulé la Politique allemande
d'armements avant la guerre mondiale, ra-
conte l'histoire dé la lourde loi militaire que le
Reichstag vota en 1913. Il décrit notamment les
discussions, peu connues du public, qui eurent
lieu pendant la préparation de la loi, entre les
différents pouvoirs publics. Dans l'intention de
l'auteur, ce récit devrait tourner à la gloire du
général Ludendorff qui fut, jusqu'à la fin de
janvier 1913, la" personnalité la plus mar-
quantf de l'état-major général. Mais le lec-
teur impartial tire de l'ouvrage un tout autre
enseignement un de ces enseignements
d'autant plus intéressants qu'ils sont involon-
taires. '̃'̃•'̃.•
« Depuis le mois de juin 1912, écrit M. Hérz-
feld, l'agitation destinée à obtenir une aug-
mentation suffisante de la puissance militaire
ne cessa pas un instant dans le pays. Cha-
que mois, des protestations votées par des
réunions innombrables vinrent enfler les car-
tons du ministère de la guerre. » Le 14 octo-
bre, sous l'impulsion personnelle de Guil-
laume II et malgré l'avis négatif qu'avait donné
le ministre de la guerre, l'état-major général
demandait une augmentation décisive des ef-
fectifs ainsi qu'une réorganisation des forma-
tions de réservé et de landwehr. « Au minis-
tère de la guerre, poursuit M. Herzfeld, on a
dû accueillir: avec 'assez d'aigreur cette vigou-
reuse initiative. Les sections du ministère^ ve-
naient d'être invitées, à entreprendre, -avant le
mois de novembre 1913, les travaux prépara-
toires de la H-Oiurelle loi des effectifs qui devait
être nécessaire en 1916. » Oui, en 1916 seule-
ment. Le ministère de la guerre jouait donc
alors, par rapport à l'état-major général, le
rôle d'un frein par rapport à un moteur.
̃La lutte de ces deux organismes allait se'dé-
rouler eu plusieurs moi,s, compliquée par les
interventions du chancelier et de l'empereur.
M. Herzfeld en décrit maints épisodes. Un jour,
au plus fort du. conflit entre l'état-major géné-
ral et le ministre de la guerre, le ministre ex-
plique qu'on ne peut. pas créer immédiatement
les,, trois-; nouveaux corps d'armées demandés
par l'état-major. Pourquoi? Parce qu'il fau-
drait augmenter considérablement le nombre
des officiers et que le corps des officiers « se-
rait alors, sans parler d'autres dangers, ex-
Dosâ M& démocratisation ». Un 'autre jour. Lu-
dendorfî discute avec le général de Wandel,
directeur des principaux services du minis-
tère de 1& guerre;: et celui-ci « dit en pleifl
̃ visage- au' cÔloriet Lùderidorftr que, s'il conti-
nuait amsi à présenter de nouvelles exigences,
il, amènerait la i révolution danis peu. d'années ».
l\ y eut aussi- de pittoresques passes d'ar-
mes à 'propos du budget, entre les autorités
militaires et l'administration des finances. Il y
eut une décision précipitée de l'empereur qui
donna raison au ministère de la'guerre contre
l'état-major général et qui refusa, par consé-
quent, de réclamer pour l'armée allemande tout
l'accroissement que l'état-major voulait. Il'y
eut la disgrâce de Ludendûrff, qu'on. envoya
commander un régiment en province. Mais
surtout il y eut des débats parlementaires que
M. Herzfeld résume avec une indignation pres-
que comique. Depuis les élections de 1912, les
socialistes étaient 110 au Reichstag. Les ca-
tholiques évoluaient vers la gauche, sous l'in-
fluence grandissante d'Erzberger. Cette oppo-
sition démocratique n'était pourtant pas.assez
forte pour résister à la propagande intense des
associations patriotiques, qui représentaient
l'Allemagne comme un pays menacé d'encer-
clement et d'invasion. La loi militaire fut donc
votée. Mais les partis démocratiques s'arran-
gèrent, à la grande colère des gens qu'admire
M. Herzfeld, pour équilibrer" le coût de la loi
militaire par un véritable impôt sur le capital.
Ce succès des gauches eut des conséquences
importances « Bethmann-Hollweg, écrit, M.
Herzfeld, est resté jusqu'à sa chute sous l'im-
pression déprimante de la situation qui s'était
alors créée. »
L'année suivante, là guerre venait arrêter la
.transformaëon'' politique de l'Allemagne. Bien
'que M. Herzf-éld se garde de le; dire, on devine
que la guerre, était attendue, et probablement
désirée, par certains des Allemands que cette
transformation inquiétait. Mais peut-on pré^
tendre que toute l'Allemagne était un bloc na-
tionaliste et que l'existence d'un tel blqc rendait
la catastrophe inévitable ? Ne doit-on pas se
demander, plutôt, ce qui serait arrivé en Alle-
magne si la paix avait été prolongée de quel-
ques années ?
On répondra peut-être que nos conjectures
sont vaines, parce que rien ne peut plus chan-
ger le passé. Nous convenons, en effet, que rien
ne peut plus rendre la vie aux millions de
morts, ni la joie de vivre à des millions de mu-
tilés. Mais c'est précisément le souvenir de ces
maux irréparables qui doit nous interdire de
̃négliger la moindre possibilité de paix. Or les
possibilités d'une évolution démocratique et pa-
cifique sont certainement plus grandes dans
l'Allemagne qui a vu la fuite de Guillaume II
que dans l'Allemagne qui le croyait invincible.
Ces possibilités n'étaient pas nulles en 1913.
Le livre de M. Herzfeld en témoigne. Comment
seraient-elles nulles aujourd'hui ? Et quel crime
commettrait-on si, d'un cœur léger, on les dé-
daignait ?
DÉPÊCHES TÊLÊGBAPHiQOES
Londres, 1" juin.
Le tribunal de Milfordhaven a condamné sa--
medi les patrons des bateaux de pêche français
Yatagan et Anémone à une amende de deux livres
sterling chacun, pour avoir péché à l'intérieur de
la'limite des^eauX' territoriales- anglaises.- -<• ••
Rome, Ie* juin.
On mande de Milan que l'explosion 'survenue
dans 'une fabrique de sulfate de cuivre, et qui a
causé la mort d'un ouvrier et fait une trentaine
de blessés, aurait été provoquée par une bombe.
Une enquête a été ouverte.
Rome, 1er juin.
On mande de Bologne.que l'express venant de
Florence a déraillé à proximité de Bertania.
Cinq voitures se sont renversées; il y a quinze
blesses.
blessés. Madrid, 1èr juin.
L'aviation espagnole continua le bombardement
de la région d'Alhucemas. Cinquante-quatre avions
prenaient part à l'expédition du 30 mai. Un appareil
à bord duquel avaient pris place trois officiers est
tombé en llammes au pied du mont Anida. Les trois
occupants ont été carbonisés.
Lwow, 1er juin.
Dans une séance solennelle, la Société scienti-
fique de Lwôw a nommé membres actifs les per-
sonnalités étrangères suivantes M. Stefan Bob-
tohew, professeur à l'université de Sofia; M. Kareî
Kodlec, professeur à Prague; M. Zagre Mazuranic,
président de l'académie des sciences de Belgrade;
M. Maurice Prou, directeur de l'Ecole nationale
des chartes, à Paris; M. Winogradow, professeur
à l'université d'Oxford; M. Morgan, professeur à
l'université de New-York.
"CONTRE LA CONSTITUTION.,
A Theure où nous écrivons, nous ignorons
encore quelles décisions sont prises par la
réunion plénière du cartel des gauches qui doit
définir cet après-midi les grandes lignes de sa
politique de gouvernement. Mais nous savons
dans quel sens se sont prononcées les trois
fractions de la majorité, à savoir les groupes
radical socialiste et socialiste indépendant et le,
congrès du parti socialiste. A la quasi-unani-
mité, ces fractions ont pris position contre le
président de la République, dont ils exigent le
départ. ̃••̃̃̃
Ainsi, d'emblée, avant même que les repré-
sentants du pays se soient réunis dans la salle
de leurs délibérations officielles, avant que le
président de la République ait accompli un
seul geste, prononcé une seule parole qui
puisse permettre de douter de la correction de
son attitude à l'égard de la nouvelle Chambre,
les élus du 11 mai, se plaçant sur un terrain
nettement anticonstitutionnel, déclarent au
premier magistrat de la République une guerre
sans merci, et sacrifient délibérément à leurs s
intérêts de parti, à leurs passions du moment,
le jeu légal et régulier des pouvoirs publics.
Il fallait s'y attendre. Depuis la journée élec-
torale qui leur a donné une prédominance de
quelque trente voix, les tenants du cartel des
gauches se sont attachés à présenter leur suc-
cès non pas seulement comme un changement
de majorité (événement très normal en démo-
cratie), mais comme un véritable changement
de régime. Ils n'ont rien négligé pour que les
débuts de la nouvelle Chambre soient entou-
rés d'une sorte d'atmosphère révolutionnaire
et marquent une rupture profonde avec le passé.
Condamnation de l'ancienne majorité repré-
sentée, par trop sommairement en vérité,
comme une::« coalition do l'argent et du men--
songe », réunioifs de groupements et de partis
sans mandat qui ont pu faire penser à une
sorte de résurrection approximative des vieux
« clubs » révolutionnaires, interviews données s
à certains journaux étrangers les moins sus-
pects, hélas! de complaisance exagérée pour
notre pays, tout cela a constitué, en somme,
une mise en scène qui, voulue ou spontané-
ment surgie de l'esprit de représailles politi-
ques, ne devait guère nous laisser de doutes
sur la décision de la nouvelle majorité.
Le pays a-t-il vraiment voulu cela ? A-t-il
vraiment entendu donner à ses mandataires
la consigne de demander, comme entrée de jeu,
la tête du chef d'Etat qui, ne serait-ce que
comme ministre de la guerre de la Marne
et comme sauveur de la Pologne, s'est acquis
tant de titres à l'estime et à la gratitude na-
tionales ? II est certain que non. Nous nous
trouvons en présence d'une manœuvre do po-
litique pure, amorcée par les socialistes révo-
lutionnaires, et à laquelle nous avons le re-
aret de constater aue le radicalisme se prête
complaisamment. C'est, croyons-nous, là pre-
rhïère fois dans notre histoire", p.q.litique^qu'un
parti, constitutionnel et théoriqûetaent; opposé
aux méthodes de subversion préconisées par
l'extrémisme révolutionnaire çt internationa-
liste se prête à' une manœuvre,, aussi manifeste-
ment inconciliable avec les grandes loisïor-
ganiques de l'État. Car nous ne saurions
trop y insister les motions des partis votées
ce matin dans le tumulte d'une rentrée en
scèiie politique savamment machinée,' non- seu-
lement sont extralégales, mais encore cons-
tituent une violation caractérisée .de* la lé-
galité républicaine, base et garantie du Régime
démocratique lui-même.
.La majorité ou tout au moins, pour le
moment, les groupes qui la constituent se
manifeste donc au pays, dès l'abord,'par un
geste de coup d'Etat. Nous souhaiterions pou-i
voir adoucir, cette expression, mais nous n'en
trouvons pas d'autre pour définir une attitude
que le corps électoral n'a ni demandée ni pré-
vue que rien ne saurait légitimer, .puisque le
président de la République, fidèle observateur
de la règle fondamentale du système représen-
tatif, a nettement indiqué son intenition ;de
confier le gouvernement aux chefs de la majo-
rité. Ce régime de pronunciamientos qui se
prépare, ce n'est pas nous qui l'aurons voulu.
Ge n'est pas-nous qui aurons ouvert la période
d'instabilité présidentielle que les"mot-ions' de
ce matin pourraient, hélas faire prévoir, et qui
donnerait à notre République une fâcheuse
ressemblance avec ces Etats où la durée du
pouvoir exécutif se mesure au gré des saisons.
Ge n'est pas nous qui aurons légitime par
avance des représailles inévitables lorsque le
reflux des partis aura déplacé l'axe du pouvoir.
iBt, s'il faut quelque jour -faire -tête, à nous ne
savons.quel-houvel avatar des théories de, l'ap-
pel au peuple, -nous aurons le droit de repro-
cher au radicalisme socialisant la redoutable
initiative qu'il ne craint pas de prendre au-
jourd'hui.
Au surplus nous voulons croire encore que
rien d'irréparable ne s'accomplira. M. Edouard
Herriot, tout en se déclarant solidaire de son
parti, a décliné ce matin tout mandat impéra-
tif et n'a pas caché son intention de se rendre
à l'Elysée s'il est appelé par M. Millerand. Il
est impossible que le chef de la majorité, dont
nous avons le droit de constater les hésitations
manifestes, ne se rende pas compte des ris-
ques que courraient le régime et le pays si la
législature s'ouvrait par une crise présiden-
tielle, juste au moment où cette majorité a si
fort à faire pour se concilier à l'étranger
comme à l'intérieur la confiance sans laquelle
elle ne pourrait gouverner. En tout cas, nous
ne cesserons de lui rappeler; ainsi qu'à ses
amis, que la légalité est la sauvegarde suprême
des libertés publiques, et de nous placer, pour
envisager le développement des événements &
venir, sur le seul terrain qui convienne à un
déi>at de cette nature celui de la Constitu-
tion..
«®*
ÉRASME ET SARDOV
Pour fêter l'inauguration de la statue de Sar-
dou, place de la Madeleine, la Revue des Deux
Mondes publie un opuscule, resté inédit, gu'iî
co'mri'osà'Vera l'âgé 8e vingt-cinq ans." C'est- une,
notice, un peu inattendue, avouons-le, sur Erasme!
Qui aurait cru qu'Erasme pût intéresser Sardou?
Mais ce diable d'homme, comme disait Sareey,
s'intéressait à toutes choses. On sait qu'il eut
toute sa vie le goût de l'érudition, dont les re-
cherches, avec la passion qu'on y peut mettre et
l'incertitude du dénouement, ont un côté drama-
tique. Pour ses grands drames historiques, Patrie,
la Haine, Théodora, Sardou se piquait d'exacti-
tude. Nul peut-être, depuis Victor Hugo, n'avait
davantage aimé ni mieux connu l'histoire du
vieux Paris. L'auteur de Thermidor et de Robes-
pierre pouvait donner la réplique à notre ami
Lehotrê. Peut-être avait-il cherché un,sujet do
pièce dans la vie d'Erasme, ou bien, à vingt-cinq
ans, il cherchait sa voie. Il avait donc traduit les
principaux Colloques d'Erasme. On en donne au-
jourd'hui la préface il faudra en donner aussi la
traduction. Il n'en existe pas encore de bonne,
croyons-nous, et comme bientôt personne ne saura
plus le latin, il est temps d'y pourvoir. Dans ce
volume de 672 pages compactes (édition Elzevir,
Amsterdam, 1662) que nous avons sous les yeux,
il y a des morceaux qui valent la peine d'être
conservés, par exemple les Diversoria, c'est-à-
dire les auberges, où Erasme préfère celles de
France à celles d'Allemagne, et fait de ces der-
nières un tableau étrangement réaliste; ou cette
Virgo misogamos, où un Sardou aurait pu voir
une lointaine aïeule de la Camille d'On ne badine
pas avec l'amour. Dans l'avant-propos publié
aujourd'hui, il dit « J'ai mis en tête de chaque
Colloque une indication très courte du lieu de
scène, tel qu'Erasme a pu le supposer en écrivant,
et tel qu'il l'indique souvent lui-même. On me
pardonnera ce petit artifice qui ne peut qu'aider
ù.la physionomie du dialogue. » Déjà le souci du
décor et de la mise en scène. Sardou fut maitre
en cet art. Déjà l'homme de théâtre apparaissait
en lui et devait lui faire négliger Erasme, avant
que celui-ci eût le bénéfice public do ces travaux
dé jeunesse.
Erasme aurait eu besoin de cette aubaine. On
ne lit plus guère que son Eloge de la folie, traduit
en 1842 par Désiré Nisard, avec une longue étude
biographique et critique. C'était, à l'époque, un
ouvrage terriblement hardi. Par un artifice d'iro-
nie un peu scolaire, Erasme fait la satire de ces
sottises dont son personnage allégorique, la
déesse Folie, prononce l'éloge en -soutenant qu'el-
les sont la condition du succès dans le monde et
d'une vie agréable. Les papes et les cardinaux, les
théologiens et les moines, les rois et les grands
de la terre, en entendent de dures. C'est. déjà du
Voltaire, pour le fond, et, parce que Voltaire est
unique, avec un esprit moins éblouissant, mais
assez caustique et qui porte encore. On a fait de
notre temps des éditions populaires à bon marché
de l'Eloge de la folie. Mais le reste? Les œuvres
complètes d'Erasme forment dix in-folio. Qui va
s'y 'risquer, à l'exception de quelques rats de bi-
bliothèque ? Erasme écrivait en latin. A son épo-
que, c'était un avantage, qui permettait à ce
Hollandais d'être lu dans toute l'Europe. Aujour-
d'hui c'est une disgrâce, et qui deviendra de plus
en plus désastreuse.
En outre, les ouvrages d'Erasme avaient pres-
que, tous un caractère d'actualité ce savant était
déjà une sorte de journaliste. Il a joué un rôle
capital il a été l'un des principaux artisans de"
la Roriaissap.ee, le plus grand vulgarisateur de ce
mouvement en Europe. Mais la Renaissance est
faite, et les leçons d'Erasme sont dépassées, en
philologie comme en philosophie. Quant à ses-
controverses religieuses, elles n'ont pour nous
qu'un intérêt encore plus rétrospectif. On sait
qu'il se montra d'abord fort audacieux contre le
catholicisme, non seulement contre les abus,
mais contre bien des croyances il préconisa la'
religion « en esprit et en vérité ». Luther crut un
instant le gagner à son parti. Mais Erasme se dé-
roba. Il n'était que faiblement catholique il ne
voulut pourtant pas être réformé'. Peut-être,
comme devait le faire Nietzsche, reprochait-il à
\z Réforme de sauver le christianisme à coup
sûr, il redoutait la recrudescence des passions
fanatiques. C'était un pur intellectuel, ayant peu
de goût pour l'action, un modéré et, avant tout,
un humaniste épris du génie antique. La pensée
d'Erasme a été glorieusement représentée chez
nous par Rabelais et par Montaigne, plus grands
écrivains que lui. Mais il garde le mérite de leur
avoir montré le chemin. C'est un grand esprit, aux
trois ciuarls enseveli dans son triomphe. P. S.
LE KÈGIEMENT DE PAIX
%e mise en œuvre du rapport des experts
Comme nous l'avons indiqué hier, les 4 mem-
bres du '-comité d'organisation- de- la .future Com-
des chemins de fer allemands, réunis, à
Paris depuis le jeudi 22 mai, comptent achever
demain lundi leurs travaux préparatoires. De leur
côté, les 4 -membres du comité d'organisation des
obligations- industrielles, MM. Alfred Descamps'et
Bianchini, représentant' la commission des répa-
rations, Trendelenburg et Bûcher, représentant le
gouvernement allemand, tiendront, leur première
séance demain à l'hôtel Astoria.
Futjxre conférence interalliée,
Le correspondant du Secolo Londres, rendant
compte d'une conversation avec M. Mac Donald,
annonce quelle Premier anglais a déclaré ne pou-
voir, pour l'instant, en raison de la situation par-
lementaire, rencontrer M. Mussolini en Suisse. Il
lui semble tout aussi impossible que la prochaine
conférence interalliée puisse se réunir en Italie,
et M. Mac Donald aurait l'intention de proposer
qu'elle se tînt à Londres. Cette demande lui sem-
blerait encore mieux justifiée si la participation
américaine, sous une forme ou sous une autre, était'
assurée.
Quant à la nécessité même, de la conférence, a dit
encore M. Mac Donald. elle est indiscutable. Le retard
qui en a différé la convocation était inévitable, mais la
conférence aura lieu le plus tôt possible.
Sur la question des dettes interalliées, M. Mac,
Donald a .déclaré que bien des choses ont changé
depuis les propositions de Bonar Law en janvier
1923.
Le gouvernement anglais, a-t-il ajouté, estime que
la question peut ôtre résolue dans son ensemble sans
s'arreW aux' détails. Les divergences qui agitent l'Eu-
rope peuvent être éliminées par la- bonne volonté des
alliés. ';Si chacune des grandes puissances européén-
r,t.s prétendait imposer son point de vue, on- n'arriverait
jamais à rien. ''̃
» ̃
EN RHÉNANIE ET DANS LA RUHR
Inspection des troupes anglaises
d'occupation
On mande de Coblence
Le ministre de la guerre britannique, M. Wàl&h,
accompagné de deux membres du conseil supérieur
de la guerre, qui s'est rendu de Londres à Cologne
par la voie des airs, a inspecté samedi les troupes
anglaises d'occupation.
Le ministre s'est entretenu avec le représentant
de la France et a été heureux de constater la
grande cordialité qui existe entre les autorités
françaises et anglaises sur le Rhin.
Fin du conflit minier
On mande de Dusseldorf ̃̃̃
Le ministre du travail du Reich ayant déclaré
obligatoire l'acceptation de la sentence arbitrale
rendue dans' le conflit de la Ruhr, le syndicat so-
cialiste des mineurs, qui avait tout d'abord re-
poussé cette sentence, a décide" d'accepter la, dé-
cision ministérielle et de ne pas déclarer la grève
pour faire suite au lock-out, patronal.
'Les quatre grands syndicats de mineurs ont
décidé en conséquence la reprise du travail dans
toutes lés mines; seuls, les communistes se sont
prononcés pour la continuation de la grève.
.'Les descentes ont été assez nombreuses dès sa-
medi; elle ont atteint jusqu'à 75 0/0 du personnel
à la mine Bismarck, 20 0/0 à Bergmannsgluck et
15 0/0 à Consolidation. La reprise générale du tra-
vail aura lieu lundi.
EN ALLEMAGNE
-lia crise gouvernementale
On télégraphie de Berlin
'Dans les milieux politiques, l'on n'entrevoit
guère d'autre solution à la crise actuelle que le
retour au pouvoir du cabinet Marx. Le sort du
prochain gouvernement, qui ne disposerait, en
somme, que d'une majorité de 2'0 à 25 voix contre
une opposition de 212 à 214 voix, dépendrait du
parti populiste bavarois, lequel a gagné 16 man-
dats au Reichstag.
Le parti du centre et le parti démocratique ont
nettement constaté, au cours de la séance qu'ils
ont tenue samedi, l'impossibilité de la constitution
d'un ministère de coalition avec les nationalistes,
et ont pris des décisions envisageant comme seule
sqlution possible le retour à l'ancienne coalition,
e'è'st-à-dire au dernier ministère Marx. Le parti
populiste, de son côté, aurait exprimé le désir
d'entendre l'avis du parti populiste bavarois, qui
se réunira lundi matin.
Dans ces conditions, la solution de la crise est
de nouveau ajournée et ne pourra certainement
pas être trouvée avant lundi soir au plus tôt.
En ce qui concerne la décision prise vendredi par
les nationalistes, on déclare qu'ils ont été forte-
ment influencés par le comité du parti ultra-
nationaliste, qui leur a déclaré catégoriquement
qu'il refusait sa confiance à un gouvernement Marx,
même s'il comprenait plusieurs ministres nationa-
listes:; ̃'
La prochaine séance du Reichstag a été fixée à
demain lundi, 15 heures. Si, jusqu'à cette date, le
nouveau ministère n'est pas constitué, le Reichstag
g'phçaqrera la séance à la discussion des motions
pgmmimisLes demandant la mise en liberté des
jiisputes. arrêtés.
i.v'. Les populistes
Le président du Reich a repoussé une résolution
du parti populiste qui avait indiqué le nationaliste
Hergt comme devant être chargé de la mission de
former- le gouvernement.
Dans une séance tenue samedi, la fraction popu-
liste a adopté la résolution suivante
"La fraction populiste déclare approuver entièrement
les actes politiques de M. Stresemann et notamment le
fravail accompli par lui comme "ministre des affaires
étrangères. Elle demande que M. Stresemann soit main-
tenu dans ses fonctions comme ministre des affaires
étrangères aussi longtemps qu'il croira devoir rester à
fie poste.
La fraction populiste, en adoptant cette attitude,
S'inspire surtout de cette considération que l'on ne doit
pas par un changement de personne paraître vouloir
modifier l'orientation de la politique étrangère. La
fraction populiste a été placée, par la déclaration faite
hier par les nationalistes, devant une situation nou-
velle. Elle avait eu l'impression que les nationalistes
étaient disposés, comme les populistes, à amener une
concentration de toutes les forces bourgeoises en pour-
suivant dans ses parties essentielles la politique étran-
gère faite jusqu'à présent. Elle était d'autant plus fon-
dée à faire cette supposition que la situation extérieure
générale et celle de l'économie allemande exigent impé-
rieusement l'acceptation et l'exécution rapide des con-
clusions des experts, car, en ce qui concerne les exi-
gences politiques de' l'Allemagne, la fraction populiste
ne deute' pas qu'elle ne soit satisfaite.
La publication de ta. décision des ̃ nationalistes et
l'exigence d'un changement dans la politique étrangère
ont rendu infructueux les efforts de la fraction popu-
liste. Le rôle d'intermédiaire loyal joué par elle a pris
fui en jiiêms temps. ̃̃
La fraction populiste arrètera dans une séance iixée
k lundi son attitude à l'égard de la situation nouvelle.
JLa formation d_u gouvernement ne s'en trouvera pas
sr"ctâr"d£é; puisque le parti populiste bavarois, qui bien
-entendu -doit prendre part aux délibérations, se mettra
-au plus' tard lundi à la disposition de la fraction.
;La Gazette de Vnss affirme que la majorité de
la fraction populiste est favorable à l'entrée .des
populistes dans un cabinet qui comprendrait an
outre le centre et.les démocrates. Il se peut donc
que M. Marx réussisse à exécuter son mandat.
ILcs isKiSonKîîateft et Ses partis de gasichc
iVasaçnEs
Le Service parlementaire socialiste persiste
affirmer,' malgré les démentis àés journaux de
droite, que les nationalistes ont envoyé des émis-
saires à Paris pour sonder les partis de gauche
français au sujet de l'entrée éventuelle du parti
nationaliste dans le gouvernement allemand.
Le ïs»IsiîsSrc GeîssSer ea»Ite à !a résistance
On télégraphie de Berlin
Devant l'assemblée des associations patriotiques
réunis en Allemagne, le président Geissler a dé-
claré que le Reich devra repousser le plan Dawe-,
dont la réalisation précipiterait dans une misera
inouie la nation allemande, condamnée alors à l'es-
̃clavase. Ce refus ne saurait dn toute facon as-
graver la situation dé l'Allemagne, car les pays
étrangers qui ont intérêt à la' pacification de TEù-,
rope sont d'avis également que l'application du
plan des experts entraînerait pour le Reich comme
pour l'Europe et le monde entier les conséquences
les plus désastreuses.
L'ancien cabinet Marx n'a poursuivi la politique
d'exécution 'que p&ét se Maintenir au pouvoir, il
ne s'est pas préoccupé' du sort de l'Allemagne, qui,
dans de telles conditions, menace de devenir una
véritable colonie de l'Entente. Le devoir des'as-
sociations patriotiques sera précisément d'exercer
une pression vigoureuse sur le parti populiste, sur
la droite, sur le centre, ainsi que sur les divers
groupes de loyale tendance, afin d'empêcher que le
'Reich ne souscrive à ce second traité de Versailles.
Après le discours de M. Géissler, l'assemblée- a
voté une résolution invitant l'Allemagne à repous-
ser le plan des experts, qui est basé sur le « men-
songe de la faute » et fournit à la France de nou-
veaux prétextes pour exercer des mesures de con-
trainte contre le Reich. S'il se trouvait un jour un
gouvernement ou une majorité au Reichstag pour
accepter le plan Dawes, les milieux nationalistes
de l'Allemagne ne voudraient jamais, pour leur
part, reconnaître un pareil accord, et ils sauraient
réclamer des comptes aux auteurs responsables de
cet asservissement du Reich. ̃*
Devant la même assemblée, le comte Westarp a
déclaré que les nationaux-allemands ne modifie-
raient jamais leur point de vue dans la question
'du plan des experts.
I/annivcpsaîrc de la bataille
fin Skager-Ralt
• La flotte allemande a fêté l'anniversaire de la
bataille du Skagcr-Rak dans un petit port situé près
de Flensburg. Le contre-amiral Zenke a passé en
revue les navires allemands.
Le procès eontre Tliormann et Grandel
Le procès Thormann et Grandel, accusés d'avoir
voulu assassiner le général von Seeckt, révèle dés
détails intéressants sur les tentatives faites par les
ultranationalistes pour renverser le régime .actuel
en' Allemagne.
Le tribunal a -entendu samedi le général von
Seeçkt, qui a confirmé que le président des asso-
ciations ultranationalistes, le conseiller de justice
Class, lui a fait plusieurs visites pour tâcher de
l'amener à lui promettre son concours et celui de
la Reichswehr dans le cas d'un coup d'Etat de
droite.
Ces messieurs, déclare le général 'de Seeckt, cher-
chaient évidemment un général qui aurait été assez
bon pour tomber dans leur piège. Je ne suis pas un
général de ce genre, et je n'ai laissé aucun doute à
M. Class sur le fait que je sévirais impitoyablement
contre toute tentative de coup d'Etat de droite ou de
gauche.
Le témoin Class, interrogé, est obligé de con-
venir que le général lui a fait ces réponses, mais il
nie d'autres affirmations du général le concernant.
Le président demande alors la lecture des let-
tres trouvées. chez M. Class, qui démontrent le con-
traire et confirment que M. Class travaillait acti-
vement à la préparation d'un coup d'Etat, et qu'il
a donné à Grandel le conseil d'assassiner le géné-
ral von Seeckt, 'puisque celui-ci se montrait ré-
fractaire aux avances des ultranationalistes.
La prochaine séance du procès sera consacrée à
l'audition du comte Reventlow, chef ultranationa-
liste.
DANS LE PROCHE-ORIENT
La remise en état de l'ex- « Gœben »
Notre correspondant particulier à Constantinople nous
écrit
Le .commissaire, de la défense nationale ayant
décidé, il y a quelques semaines, ja raiï/iâe,jèn état
du 'cuirassé Yavouz, VéxiGteben* a reçu de la
part de certaines maisons étrangères des offres
qui ont fait à Angora l'objet d'un examen attentif.
Selon les renseignements que donne la presse de
Constantinople, les chantiers qui accepteraient
d'entreprendre les réparations dans les eaux tur-
ques sont les suivants Philander, de Lubeck,
Vickers Armstrong et Ansaldo. Vickers Armstrong
offre, paraît-il, de faire venir de Malte un dock
flottant. Mais les ingénieurs allemands du chan-
tier Philàndër, qui a construit jadis le Gœben,
proposent également d'en faire yenir un d'Alle-
magne, demandant toutefois un délai avant de
s'engager. Dix jours leur ont été accordés par
le commissaire de la défense nationale. D'après
les ingénieurs allemands, les travaux de la remise
en état du Yavouz dans le port de Constantinople
dureraient un an et demi. Quinze cents ouvriers
turcs seraient engagés. Le syndicat financier alle-
mand, qui soutient le chantier Philander, serait
patronné par la banque Bieiehrœder, de Berlin.
L'explosion de Bucarest
On mande do Londres
Le Sunday Express publie la dépêche suivante
de Bucarest en date du 30 mai
Le dernier dépôt de munitions dans la zone
dangereuse a sauté ce matin à 3 heures. Des ex-
plosions se sont produites sans interruption sur
un espace d'environ deux kilomètres et demi car-
rés couvert d'obus neufs et anciens,de tous cali-
bres. Il s'y trouvait beaucoup d'obus bulgares, au-
trichiens, russes et allemands. Un des soldats de
garde a été littéralement déchiqueté. De nom-
breuses fenêtres du château de Cotroceni ont été
brisées..
Le roi a passé la nuit dernière dans son château
pour rassurer la population. Dans la ville elle-
même, les vitres de plus de 500 maisons ont été
brisées. Plus de 71 maisons se sont effondrées en
totalité ou en partie.
Un petit village situé près du dépôt a été pres-
que anéanti.
D'autre part, notre correspondant particulier de Bu-
carest télégraphie à la date.du 31 mai
Les conséquences de l'incendie du dépôt de mu-
nitions et des ateliers de chargement de Bucarest
sont moins graves que ne le faisaient croire les
premières versions, ducs à une connaissance in-
complète de 'la situation et à l'allolement expli-
cable d"e la population des quartiers voisins. Selon
les relations officielles, les ateliers de chargement
et de fabrication n'ont pas subi de dommages sé-
rieux et reprendront le travail dans quelques
jours. Le dépôt incendié n'est naturellement qu'un
des nombreux dépôts existants. La plupart des
munitions détruites appartenaient aux stocks an-
ciens, mis hors service.
Interpellés à la Chambre, le ministre de la
guerre et le président du conseil ont rassuré le
Parlement et déclaré que l'incendie n'a aucune
influence sur l'armement du pays et la défense
nationale. Le matériel détruit sera remplacé sans
retard.
Armements navals turcs
iDn mande de Londres «.
Une dépêche de Constantinople annonce qu'à
la suite de la publication du programme naval de
la Grèce le conseil des commissaires d'Angora a
décidé de procéder à la construction de six sous-
marins.
o
LA CONFÉRENCE ANGLO-RUSSE
Notre correspondant de Londres' nous- téléphone di-
manche matin
Dans une interview qu'il a accordée au repré-
sentant-diplomatique do ¥Obscrver, M. Ra,ko\vsky,
chef de la délégation russe à la conférence anglo-
soviétique qui se réunit actuellement à Londres, a
exposé ses vues, sur la question des dettes d'avant-
guerre de la Russie envers la Grande-Bretagne et
sur l'emprunt qui doit servir à la reconstruction
économique de la Russie soviétique
La conférence, déclara M. Rakowsky, se concentre
sur le problème des dettes d'avant guerre. En ce qui
touche cette question il existe un différend grave entre
les deux délégations, les représentants" russes s'effor-
çftnt d'amener le problème sur un terrain pratique
tandis que les Britanniques insistent sur le maintien
des discussions sur le terrain juridique.
L'interlocuteur de M. Rakowsky lui ayant de-
mandé de s'expliquer sur le mot « pratique », le
délégué russe répondit
Pour aboutir à une solution il est nécessaire de
trouver une formule- qui donne aux deux parties de
réels avantages. C'est pourquoi la délégation russe
propose que la question de la liquidation des dettes
d'avant-guerre soit liée à celle d'un emprunt. Nous
avons besoin d'un emprunt pour un double motif
d'abord pour nous permettre de payer les annuités
en Angleterre des commandes des marchandises qui
sont .nécessaires à. la rErnustniotion. ér/inomioua de la
Russie. Nous déclarons en même tejnps qu'il est iaw
possible, d'exiger d'un pays appauvri comme la Rus->
sie le payement de ses dettes à leur valeur nominale.
Les rumeurs que l'on entend dans la Cité de Lon-
dres, poursuit' M. Bafeqwsky, font croire que les dé-
tenteurs anglais de bons russes nous tiennent pour en-
tièrement responsables de la liquidation de toute la
dette russe. A en juger par ces rapports, je crains franj
chôment que nous soyons incapables de rien payer.
Si les détenteurs anglais de bons russes persistent' ai
insister aveuglément sur la reconnaissance par la Rus-
sie de la totalité de sa dette, ce sera la preuve qu'ils
ne cherchent pas de l'argent, mais visent un objectif
politique.
Interrogé ensuite sur la question de principe)
que le devoir d'un débiteur est de payer ses dettes,
M. Rakowsky affirma de nouveau que le problème
doit être envisagé d'un point de vue pratique.
Môme en Allemagne, dit-il, les dettes privées- ont
été réduites à 15 0/0 de leur valeur nominale. D'énor-
mes réductions n'ont-elles pas été consenties également
aux Etats balkans et baltiques pour leurs dettes pri-
vées ? Pourquoi voudriez-vous faire une exception dans
le cas de la Russie ? L'opinion publique en Russie in-
terprétera cette intransigeance comme la volonté d'in-
fliger une punition à la Russie parce que son gouver-
nement est socialiste. En aucun cas, nous ne pouvons
admettre d'être traités de la sorte.
L'interlocuteur demanda à M. Rakowsky quelle
formule il préconisait pour le payement des dettes'
do son pays l
Notre formule, répondit le délégué russe, est qu'une
réduction de dette nous soit accordée et que nous ayons
la possibilité dé contracter un emprunt. La délégation'
britannique nous présente une solution unilatérale. Lors-
que nous avons demandé un emprunt à la conférence,'
les Britanniques nous ont renvoyés à la Cité qui, à;
son tour, s'en tenant au manifeste des banquiers, nous
a répondu « Ayez d'abord notre confiance, et pour,
l'obtenir, répudiez, votre socialisme. » Dans ces condi-»
tiens, aucun résultat pratique n'est possible.
Le correspondant de l'Observer ayant ensuite'
fait allusion à la liquidation de la dette britan-
nique envers les Etats-Unis, M. Rakowsky dé-
clara qu'il reconnaissait pleinement les difficultés
de la Grande-Bretagne, mais qu'il demandait qu'on
tint compte de la psychologie du paysan russe qui
pense que les dettes de son pays à l'étranger sont
compensées par la ruine de la Russie et par ies
dégâts dus à l'intervention alliée. Il ne suffit pas
de lui parler de la confiance de la Cité; il fauty
lui donner quelque chose de substantiel.
Le chef de la délégation russe conclut en décla-
rant que la solution des autres problèmes écono-
miques à la conférence dépendait étroitement du
règlement des dettes d'avant-guerre et d'un em-
prunt. ̃.̃̃̃ em·
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
NOUVELLES DE L'ETRANGER
EMPIRE BRITANNIQUE 'i
La question irlandaise. ;̃̃>
̃Aucun" communiqué officiel n'a été publié au
sujet de la conversation que M. Mac Donàld a eue
samedi après-midi avec M. Cosgravé, président do
l'Etat libre d'Irlande, et sir James Craig, premier
ministre de l'Ulster, au sujet de la fixation de la
frontière entre l'Etat libre et l'Irlande du nord.
L'entretien a duré près de trois heures. Le Sun-
day Express dit que les divergences existant entre.
les points de vue des deux chefs de gouvernement
irlandais n'ont pas pu être conciliées, mais d'après
la Weekly Dispatch, quelques progrès auraient été
réalisés.̃>̃.̃:̃,
BELGIQUE E
./• Le centenaire,de > Byron '̃
Notre correspondant particulier à Bruxelles nous
écrit
Une manifestation a eu lieu samedi à midi ai
Bruxelles, à l'occasion du centenaire de Byronj
Des délégations, avec drapeaux, des colonies an-
glaise et grecque et des délégations littéraires se
sont rendues rue Ducale, à la maison où Byron,
selon les termes de la'plaque commémorative qui
y était apposée, « fuyant son ingrate patrie qui
méconnaissait son génie et qu'il ne devait plus
revoir, composa le troisième chant de Childe Ha-
rold sur la bataille de Waterloo ». Un métropolite
grec, un pasteur grec et des personna'iitës belges
assistaient à cette manifestation, au cours de
laquelle quelques allocutions ont été prononcées
et des couronnes de fleurs déposées sur la plaque.
Cet après-midi il y aura, au palais des Académies,
une manifestation des écrivains, en, l'honneur de
Byron. ̃ .•̃̃'̃"̃.̃. '.̃> 1:\
•̃̃•̃̃• ̃̃ •̃•;̃• itauE'1- ;•••̃.̃̃:
L'adresse en réponse au discours
de la couronne
L'adresse en réponse au discours de la couronne,
•rédigée par M. Salandra, déclare d'abord que la
résurrection de la patrie a été achevée par la ré-
demption définitive 4e Fiume.
Nous considérons, dit l'adresse, la paix victorieuse
comme un bien suprême et nous voulons la conserver
digne et sOre. Il faut cependant qu'elle soit la paix des
forts.
Désormais, on a reconnu' l'Italie le droit d'inter-
venir dans les débats internationaux qui ont surgi à la
suite de la guerre, notamment dans ceux relatifs aux
réparations. Nous avons confiance que le gouverne-
ment saura, comme il l'a su jusqu'à présent, fairo va-
loir, et défendre les intérêts de l'Italie en s'inspirant en
même temps des sentiments d'équité généreuse et d'hu-
manité envers les peuples et les Etats qui doivent vivre
ensemble dans l'Europe nouvelle et pacifique. `
Nous tirerons des résultats toujours plus importants,
du traité de Lausanne, des accords avec la Russie, des
conventions politiques ou commerciales avec là Yougo-
slavie et la Tchécoslovaquie et de notre concours à la
restauration financière de l'Autriche et de la Hongrie.
C'est notre droit et notre intérêt de contribuer au ré-
glement de la situation définitive des.Etats qui sont nés
ou qui se sont agrandis à la suite de l'écroulement de
l'empire séculaire qui n'a pas résisté à l'impétuosité
des armes italiennes.
La situation intérieure est ferme et sûre sous un
gouvernement qui dispose du consentement discipliné
de la nation. L'Italie veut regagner le temps perdu
dans de vaines agitations et marcher rapidement et en
pleine concorde vers les perfectionnements sociaux et
la prospérité matérielle. ̃ ̃ ̃̃̃̃
L'adresse1 fait l'éloge de l'oeuvre réalisée par le
gouvernement dans la réforme des administrations
publiques, des tribunaux et des écoles; elle se fé-
licite de l'activité pacifique de la classe ouvrière,
de l'équilibre du budget, de la restauration du
Trésor. ̃ • ̃ ̃ ̃
« Le Parlement, conclut-elle, donnera au gou-
vernement son concours pour achever l'œuvre en-
trepiise. »
Les incidents à la Chambre
Notre correspondant de Rome nous télégraphie
A la suite des incidents de vendredi soir, le gé-
néral Bensivenga a envoyé ses témoins au député
fasciste Giunta, qui les a mis en rapport avec
deux amis. On espère une solution pacifique de
cette altercation. '̃
Lé directoire fasciste publie un manifeste dé-
clarant que, devant la volonté. 'préméditée dé l'op-
position d'empéchér" le retour a une vie national:.1
normale sanctionnée par le'discoura;de la couronna,
dès maintenant le fascisme,' ainsi tlcssé dans
son dévouement passionné à la patrie et aussi con-
trecarré dans ses projets de pacification, d'obéis-
sance et de discipline, ne tolérera plus désormais
des attitudes de provocation falsifiant la ,volonté
manifeste du pays.
1 La Tribuna déplore que les fascistes se soient
laissé exaspérer par le discours volontairement
provocateur du socialiste Matteotti, qui voulait sus-
citer des incidents pour affirmer que la Chambre
n'était pas libre de parler.
Les esprits sont encore agités, mais l'opinion
publique se désintéresse complètement de ces mou-
vements artificiels et l'affaire reste circonscrite
dans les milieux politiques. D'ailleurs, M. Musso-
lini part prochainement pour l'Espagne avec le
roi. La session sera suspendue, et on pense qua
l'apaisement se fera.
Un discours de M. Mussolini
M. Mussolini, a, offert samedi soir un banquet en
l'honneur des délégués à la conférence de l'émi-
gration. Les ministres, le corps diplomatique. les
consuls, tous les délégués à la conférence et plu-
sieurs invités y participaient.
-̃M. Mussolini a nrononcé un discours dans leauel
.LUNDI 2 JUIN 1925
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Directeur politique Emile-Adrien Hébrard
Tontes les lettres destinées à la Rédaction doivent être "adressées auDireoMui
̃••• ̃y. c le Journal •' ne répond pas des Tnhnuserits ̃• communiquât
{."
Adresse tèléqbaphiquh temps PABig -r\
^SOMMAIBB
'̃̃̃̃-̃ -:K"v page 2 :r~"V :>
%d Crise politique 'et les partis. ̃ Nouvelles du
Jour, La Vie économique et sociale.
Chronique théâtrale, "AK'DnjÈ Rivoire.;
'-̃ ̃;̃•'̃̃ PAGE 3 '•
Faits-divers. Semaine financière. Tribunaux.
< Aéronautique. Théâtres. Sports. Nou-
velles çomràerciales.
"̃ • PAGE 4 ̃̃'̃" '=.
(Dernières /Nouvelles. M. Poincaré remet a
M. Millerand la démission du cabinet.
%a Nouvelle Chambre la Question présidentielle
et les groupes; la Réunion du cartel des gauches
au Palais-d'Orsayj Discours d'ouverture du pré-
sident d'âge. Les Socialistes et la question
présidentielle.'
Paris, 1er juin
BULLETIN_DU JOUR
LE CHEMIN DE LA PAIX
Le président de la République' allemande a,
l'espoir, maintenant,- de former un cabinet sans
les nationalistes. C'est du moins ce qu'indi-
quent les nouvelles de ce matin. La masse du
parti nationaliste n'a pas voulu, se prêter aux
camoiiflages que certains de ses chefs étaient
prêts à •accepter; Elle a conservé ,1a direction
et l'élan qu'elle avait pris, pendant la canlpa-.
gne électorale; ;dé sorte que la politique natio-
naliste, semblable à un projectile dont la tra-
jectoire est trop tendue., éclate prématurément
sur les obstacles qu'il faudrait dépasser.
Rebuté par les exigences des nationalistes, le
parti Stresemann est redevenu fidèle à son
chef. Il demande « que M. Stresemann soit
maintenu dans ses fonctions, comme ministre
des affaires étrangères, aussi longtemps qu'il
croira devoir rester à ce poste ». Le parti Stre-
semann estime, eii. effet, que « la situation ex-
térieure générale et celle de l'économie alle-
mande exigent impérieusement l'acceptation et
d'exécution ̃ rapide* dès conclusions des ex-
perts », Ce retour 'à ïàsagesse serait plus mé-
ritoire s'il était plus spontané, et si' le parti
Stresemann ne s'accrochait pas maintenant"
̃aux réactionnaires bavarois de M. Emrninger.il
est clair qu'un cabinet oü entrerait M. Emmin-
'ger. risquerait de perdre, pour une bonne part,
le crédit qu'il aurait acquis en se débarrassant
tie M. Jarres. Mais enfin, il s'agit d'arriver à un
'acrangement pacifique, entre l'Allemagne et
l'Entente, de manière que les électeurs alle-
mands puissent ensuite se prononcer sur la po-
litique intérieure sans être obsédés par des pro-
blèmes extérieurs. Si les nationalistes s'intro-
duisaient dans le gouvernement du Reich, ce
qui. les aiderait à s'emparer par surcroît du
gouvernement prussien, l'arrangement pacifi-
que deviendrait probablement impossible. Tous
les amis de, la paix doivent donc, autant qu'il
dépend d'eux, encourager M. Marx et M. Stre-
semann fi reconstituer un ministère, sans là
.participation des nationalistes 'et avec l'indis-
-peîisable appui des sociaiis'tês. •
̃"•îr.'y.-a pûl#Mïï,' xû|ine eh 'France, quelques
personnes' que" cette solution n'a pas l'air de
contenter. Leur raisonnement consiste à dire
que l'Allemagne est irrémédiablement natio-
naliste et que, dans'ces conditions, la France
serait en meilleure posture si les nationalistes
gouvernaient ouvertement à Berlin; car la
France pourrait alors organiser un système de
défense contre rAllemagne.C'est là, on le voit,
un perfectionnement- de la méthode attribuée
au fameux Gribouille. Ce personnage soutenait
qu'il vaut mieux se jeter à la rivière que de re-
cevoir la pluie. Bes continuateurs ajoutent
qu'on est/ plus à l'aise, dans la rivière, pour
s'acheter un imperméable.
Ainsi engagée dans la voie des hypothèses,
la discussion risquerait bientôt de perdre la
gravité qui convient. Mais les personnes qui
regrettent l'échec des nationalistes allemands
sont également celles qui redoutent les effets
de la démocratie en politique' extérieure. A les
croire, la guerre de 1914 n'aurait peut-être pas
eu lieu si l'Angleterre et la France avaient
vécu alors sous dés régimes plus conservateurs.
On pourrait'"se borner à répondre que la Russie
n'était pas précisément républicaine en ce
temps-là, et que la guerre a pourtant commencé
entre elle et les.empires centraux, c'est-à-dire
entre les trois monarchies les moins démocra-
tiques qu'il y eût encore au monde. Ne nous
bornons pourtant pas à cette observation.
Cherchons si l'Allemagne, pendant les dix-huit
mois qui ont précédé la guerre, formait vrai-
ment un; de ces blocs nationalistes qu'aucune
idée démocratique 'ne pouvait pénétrer, qu'au-
cune politique démocratique ne pouvait in-
fluencer dans son évolution. Un l'ivre récent,
publié en Allemagne, va nous aider dans nb-
tre recherche. Il n'a certes pas été écrit pour
nous fournir des arguments: car son auteur,
tout en s'appelant M. Hans Herzfeld, est un
admirateur et même, à l'occasion, un confident
du général Ludendorff
Ce petit livre intitulé la Politique allemande
d'armements avant la guerre mondiale, ra-
conte l'histoire dé la lourde loi militaire que le
Reichstag vota en 1913. Il décrit notamment les
discussions, peu connues du public, qui eurent
lieu pendant la préparation de la loi, entre les
différents pouvoirs publics. Dans l'intention de
l'auteur, ce récit devrait tourner à la gloire du
général Ludendorff qui fut, jusqu'à la fin de
janvier 1913, la" personnalité la plus mar-
quantf de l'état-major général. Mais le lec-
teur impartial tire de l'ouvrage un tout autre
enseignement un de ces enseignements
d'autant plus intéressants qu'ils sont involon-
taires. '̃'̃•'̃.•
« Depuis le mois de juin 1912, écrit M. Hérz-
feld, l'agitation destinée à obtenir une aug-
mentation suffisante de la puissance militaire
ne cessa pas un instant dans le pays. Cha-
que mois, des protestations votées par des
réunions innombrables vinrent enfler les car-
tons du ministère de la guerre. » Le 14 octo-
bre, sous l'impulsion personnelle de Guil-
laume II et malgré l'avis négatif qu'avait donné
le ministre de la guerre, l'état-major général
demandait une augmentation décisive des ef-
fectifs ainsi qu'une réorganisation des forma-
tions de réservé et de landwehr. « Au minis-
tère de la guerre, poursuit M. Herzfeld, on a
dû accueillir: avec 'assez d'aigreur cette vigou-
reuse initiative. Les sections du ministère^ ve-
naient d'être invitées, à entreprendre, -avant le
mois de novembre 1913, les travaux prépara-
toires de la H-Oiurelle loi des effectifs qui devait
être nécessaire en 1916. » Oui, en 1916 seule-
ment. Le ministère de la guerre jouait donc
alors, par rapport à l'état-major général, le
rôle d'un frein par rapport à un moteur.
̃La lutte de ces deux organismes allait se'dé-
rouler eu plusieurs moi,s, compliquée par les
interventions du chancelier et de l'empereur.
M. Herzfeld en décrit maints épisodes. Un jour,
au plus fort du. conflit entre l'état-major géné-
ral et le ministre de la guerre, le ministre ex-
plique qu'on ne peut. pas créer immédiatement
les,, trois-; nouveaux corps d'armées demandés
par l'état-major. Pourquoi? Parce qu'il fau-
drait augmenter considérablement le nombre
des officiers et que le corps des officiers « se-
rait alors, sans parler d'autres dangers, ex-
Dosâ M& démocratisation ». Un 'autre jour. Lu-
dendorfî discute avec le général de Wandel,
directeur des principaux services du minis-
tère de 1& guerre;: et celui-ci « dit en pleifl
̃ visage- au' cÔloriet Lùderidorftr que, s'il conti-
nuait amsi à présenter de nouvelles exigences,
il, amènerait la i révolution danis peu. d'années ».
l\ y eut aussi- de pittoresques passes d'ar-
mes à 'propos du budget, entre les autorités
militaires et l'administration des finances. Il y
eut une décision précipitée de l'empereur qui
donna raison au ministère de la'guerre contre
l'état-major général et qui refusa, par consé-
quent, de réclamer pour l'armée allemande tout
l'accroissement que l'état-major voulait. Il'y
eut la disgrâce de Ludendûrff, qu'on. envoya
commander un régiment en province. Mais
surtout il y eut des débats parlementaires que
M. Herzfeld résume avec une indignation pres-
que comique. Depuis les élections de 1912, les
socialistes étaient 110 au Reichstag. Les ca-
tholiques évoluaient vers la gauche, sous l'in-
fluence grandissante d'Erzberger. Cette oppo-
sition démocratique n'était pourtant pas.assez
forte pour résister à la propagande intense des
associations patriotiques, qui représentaient
l'Allemagne comme un pays menacé d'encer-
clement et d'invasion. La loi militaire fut donc
votée. Mais les partis démocratiques s'arran-
gèrent, à la grande colère des gens qu'admire
M. Herzfeld, pour équilibrer" le coût de la loi
militaire par un véritable impôt sur le capital.
Ce succès des gauches eut des conséquences
importances « Bethmann-Hollweg, écrit, M.
Herzfeld, est resté jusqu'à sa chute sous l'im-
pression déprimante de la situation qui s'était
alors créée. »
L'année suivante, là guerre venait arrêter la
.transformaëon'' politique de l'Allemagne. Bien
'que M. Herzf-éld se garde de le; dire, on devine
que la guerre, était attendue, et probablement
désirée, par certains des Allemands que cette
transformation inquiétait. Mais peut-on pré^
tendre que toute l'Allemagne était un bloc na-
tionaliste et que l'existence d'un tel blqc rendait
la catastrophe inévitable ? Ne doit-on pas se
demander, plutôt, ce qui serait arrivé en Alle-
magne si la paix avait été prolongée de quel-
ques années ?
On répondra peut-être que nos conjectures
sont vaines, parce que rien ne peut plus chan-
ger le passé. Nous convenons, en effet, que rien
ne peut plus rendre la vie aux millions de
morts, ni la joie de vivre à des millions de mu-
tilés. Mais c'est précisément le souvenir de ces
maux irréparables qui doit nous interdire de
̃négliger la moindre possibilité de paix. Or les
possibilités d'une évolution démocratique et pa-
cifique sont certainement plus grandes dans
l'Allemagne qui a vu la fuite de Guillaume II
que dans l'Allemagne qui le croyait invincible.
Ces possibilités n'étaient pas nulles en 1913.
Le livre de M. Herzfeld en témoigne. Comment
seraient-elles nulles aujourd'hui ? Et quel crime
commettrait-on si, d'un cœur léger, on les dé-
daignait ?
DÉPÊCHES TÊLÊGBAPHiQOES
Londres, 1" juin.
Le tribunal de Milfordhaven a condamné sa--
medi les patrons des bateaux de pêche français
Yatagan et Anémone à une amende de deux livres
sterling chacun, pour avoir péché à l'intérieur de
la'limite des^eauX' territoriales- anglaises.- -<• ••
Rome, Ie* juin.
On mande de Milan que l'explosion 'survenue
dans 'une fabrique de sulfate de cuivre, et qui a
causé la mort d'un ouvrier et fait une trentaine
de blessés, aurait été provoquée par une bombe.
Une enquête a été ouverte.
Rome, 1er juin.
On mande de Bologne.que l'express venant de
Florence a déraillé à proximité de Bertania.
Cinq voitures se sont renversées; il y a quinze
blesses.
blessés. Madrid, 1èr juin.
L'aviation espagnole continua le bombardement
de la région d'Alhucemas. Cinquante-quatre avions
prenaient part à l'expédition du 30 mai. Un appareil
à bord duquel avaient pris place trois officiers est
tombé en llammes au pied du mont Anida. Les trois
occupants ont été carbonisés.
Lwow, 1er juin.
Dans une séance solennelle, la Société scienti-
fique de Lwôw a nommé membres actifs les per-
sonnalités étrangères suivantes M. Stefan Bob-
tohew, professeur à l'université de Sofia; M. Kareî
Kodlec, professeur à Prague; M. Zagre Mazuranic,
président de l'académie des sciences de Belgrade;
M. Maurice Prou, directeur de l'Ecole nationale
des chartes, à Paris; M. Winogradow, professeur
à l'université d'Oxford; M. Morgan, professeur à
l'université de New-York.
"CONTRE LA CONSTITUTION.,
A Theure où nous écrivons, nous ignorons
encore quelles décisions sont prises par la
réunion plénière du cartel des gauches qui doit
définir cet après-midi les grandes lignes de sa
politique de gouvernement. Mais nous savons
dans quel sens se sont prononcées les trois
fractions de la majorité, à savoir les groupes
radical socialiste et socialiste indépendant et le,
congrès du parti socialiste. A la quasi-unani-
mité, ces fractions ont pris position contre le
président de la République, dont ils exigent le
départ. ̃••̃̃̃
Ainsi, d'emblée, avant même que les repré-
sentants du pays se soient réunis dans la salle
de leurs délibérations officielles, avant que le
président de la République ait accompli un
seul geste, prononcé une seule parole qui
puisse permettre de douter de la correction de
son attitude à l'égard de la nouvelle Chambre,
les élus du 11 mai, se plaçant sur un terrain
nettement anticonstitutionnel, déclarent au
premier magistrat de la République une guerre
sans merci, et sacrifient délibérément à leurs s
intérêts de parti, à leurs passions du moment,
le jeu légal et régulier des pouvoirs publics.
Il fallait s'y attendre. Depuis la journée élec-
torale qui leur a donné une prédominance de
quelque trente voix, les tenants du cartel des
gauches se sont attachés à présenter leur suc-
cès non pas seulement comme un changement
de majorité (événement très normal en démo-
cratie), mais comme un véritable changement
de régime. Ils n'ont rien négligé pour que les
débuts de la nouvelle Chambre soient entou-
rés d'une sorte d'atmosphère révolutionnaire
et marquent une rupture profonde avec le passé.
Condamnation de l'ancienne majorité repré-
sentée, par trop sommairement en vérité,
comme une::« coalition do l'argent et du men--
songe », réunioifs de groupements et de partis
sans mandat qui ont pu faire penser à une
sorte de résurrection approximative des vieux
« clubs » révolutionnaires, interviews données s
à certains journaux étrangers les moins sus-
pects, hélas! de complaisance exagérée pour
notre pays, tout cela a constitué, en somme,
une mise en scène qui, voulue ou spontané-
ment surgie de l'esprit de représailles politi-
ques, ne devait guère nous laisser de doutes
sur la décision de la nouvelle majorité.
Le pays a-t-il vraiment voulu cela ? A-t-il
vraiment entendu donner à ses mandataires
la consigne de demander, comme entrée de jeu,
la tête du chef d'Etat qui, ne serait-ce que
comme ministre de la guerre de la Marne
et comme sauveur de la Pologne, s'est acquis
tant de titres à l'estime et à la gratitude na-
tionales ? II est certain que non. Nous nous
trouvons en présence d'une manœuvre do po-
litique pure, amorcée par les socialistes révo-
lutionnaires, et à laquelle nous avons le re-
aret de constater aue le radicalisme se prête
complaisamment. C'est, croyons-nous, là pre-
rhïère fois dans notre histoire", p.q.litique^qu'un
parti, constitutionnel et théoriqûetaent; opposé
aux méthodes de subversion préconisées par
l'extrémisme révolutionnaire çt internationa-
liste se prête à' une manœuvre,, aussi manifeste-
ment inconciliable avec les grandes loisïor-
ganiques de l'État. Car nous ne saurions
trop y insister les motions des partis votées
ce matin dans le tumulte d'une rentrée en
scèiie politique savamment machinée,' non- seu-
lement sont extralégales, mais encore cons-
tituent une violation caractérisée .de* la lé-
galité républicaine, base et garantie du Régime
démocratique lui-même.
.La majorité ou tout au moins, pour le
moment, les groupes qui la constituent se
manifeste donc au pays, dès l'abord,'par un
geste de coup d'Etat. Nous souhaiterions pou-i
voir adoucir, cette expression, mais nous n'en
trouvons pas d'autre pour définir une attitude
que le corps électoral n'a ni demandée ni pré-
vue que rien ne saurait légitimer, .puisque le
président de la République, fidèle observateur
de la règle fondamentale du système représen-
tatif, a nettement indiqué son intenition ;de
confier le gouvernement aux chefs de la majo-
rité. Ce régime de pronunciamientos qui se
prépare, ce n'est pas nous qui l'aurons voulu.
Ge n'est pas-nous qui aurons ouvert la période
d'instabilité présidentielle que les"mot-ions' de
ce matin pourraient, hélas faire prévoir, et qui
donnerait à notre République une fâcheuse
ressemblance avec ces Etats où la durée du
pouvoir exécutif se mesure au gré des saisons.
Ge n'est pas nous qui aurons légitime par
avance des représailles inévitables lorsque le
reflux des partis aura déplacé l'axe du pouvoir.
iBt, s'il faut quelque jour -faire -tête, à nous ne
savons.quel-houvel avatar des théories de, l'ap-
pel au peuple, -nous aurons le droit de repro-
cher au radicalisme socialisant la redoutable
initiative qu'il ne craint pas de prendre au-
jourd'hui.
Au surplus nous voulons croire encore que
rien d'irréparable ne s'accomplira. M. Edouard
Herriot, tout en se déclarant solidaire de son
parti, a décliné ce matin tout mandat impéra-
tif et n'a pas caché son intention de se rendre
à l'Elysée s'il est appelé par M. Millerand. Il
est impossible que le chef de la majorité, dont
nous avons le droit de constater les hésitations
manifestes, ne se rende pas compte des ris-
ques que courraient le régime et le pays si la
législature s'ouvrait par une crise présiden-
tielle, juste au moment où cette majorité a si
fort à faire pour se concilier à l'étranger
comme à l'intérieur la confiance sans laquelle
elle ne pourrait gouverner. En tout cas, nous
ne cesserons de lui rappeler; ainsi qu'à ses
amis, que la légalité est la sauvegarde suprême
des libertés publiques, et de nous placer, pour
envisager le développement des événements &
venir, sur le seul terrain qui convienne à un
déi>at de cette nature celui de la Constitu-
tion..
«®*
ÉRASME ET SARDOV
Pour fêter l'inauguration de la statue de Sar-
dou, place de la Madeleine, la Revue des Deux
Mondes publie un opuscule, resté inédit, gu'iî
co'mri'osà'Vera l'âgé 8e vingt-cinq ans." C'est- une,
notice, un peu inattendue, avouons-le, sur Erasme!
Qui aurait cru qu'Erasme pût intéresser Sardou?
Mais ce diable d'homme, comme disait Sareey,
s'intéressait à toutes choses. On sait qu'il eut
toute sa vie le goût de l'érudition, dont les re-
cherches, avec la passion qu'on y peut mettre et
l'incertitude du dénouement, ont un côté drama-
tique. Pour ses grands drames historiques, Patrie,
la Haine, Théodora, Sardou se piquait d'exacti-
tude. Nul peut-être, depuis Victor Hugo, n'avait
davantage aimé ni mieux connu l'histoire du
vieux Paris. L'auteur de Thermidor et de Robes-
pierre pouvait donner la réplique à notre ami
Lehotrê. Peut-être avait-il cherché un,sujet do
pièce dans la vie d'Erasme, ou bien, à vingt-cinq
ans, il cherchait sa voie. Il avait donc traduit les
principaux Colloques d'Erasme. On en donne au-
jourd'hui la préface il faudra en donner aussi la
traduction. Il n'en existe pas encore de bonne,
croyons-nous, et comme bientôt personne ne saura
plus le latin, il est temps d'y pourvoir. Dans ce
volume de 672 pages compactes (édition Elzevir,
Amsterdam, 1662) que nous avons sous les yeux,
il y a des morceaux qui valent la peine d'être
conservés, par exemple les Diversoria, c'est-à-
dire les auberges, où Erasme préfère celles de
France à celles d'Allemagne, et fait de ces der-
nières un tableau étrangement réaliste; ou cette
Virgo misogamos, où un Sardou aurait pu voir
une lointaine aïeule de la Camille d'On ne badine
pas avec l'amour. Dans l'avant-propos publié
aujourd'hui, il dit « J'ai mis en tête de chaque
Colloque une indication très courte du lieu de
scène, tel qu'Erasme a pu le supposer en écrivant,
et tel qu'il l'indique souvent lui-même. On me
pardonnera ce petit artifice qui ne peut qu'aider
ù.la physionomie du dialogue. » Déjà le souci du
décor et de la mise en scène. Sardou fut maitre
en cet art. Déjà l'homme de théâtre apparaissait
en lui et devait lui faire négliger Erasme, avant
que celui-ci eût le bénéfice public do ces travaux
dé jeunesse.
Erasme aurait eu besoin de cette aubaine. On
ne lit plus guère que son Eloge de la folie, traduit
en 1842 par Désiré Nisard, avec une longue étude
biographique et critique. C'était, à l'époque, un
ouvrage terriblement hardi. Par un artifice d'iro-
nie un peu scolaire, Erasme fait la satire de ces
sottises dont son personnage allégorique, la
déesse Folie, prononce l'éloge en -soutenant qu'el-
les sont la condition du succès dans le monde et
d'une vie agréable. Les papes et les cardinaux, les
théologiens et les moines, les rois et les grands
de la terre, en entendent de dures. C'est. déjà du
Voltaire, pour le fond, et, parce que Voltaire est
unique, avec un esprit moins éblouissant, mais
assez caustique et qui porte encore. On a fait de
notre temps des éditions populaires à bon marché
de l'Eloge de la folie. Mais le reste? Les œuvres
complètes d'Erasme forment dix in-folio. Qui va
s'y 'risquer, à l'exception de quelques rats de bi-
bliothèque ? Erasme écrivait en latin. A son épo-
que, c'était un avantage, qui permettait à ce
Hollandais d'être lu dans toute l'Europe. Aujour-
d'hui c'est une disgrâce, et qui deviendra de plus
en plus désastreuse.
En outre, les ouvrages d'Erasme avaient pres-
que, tous un caractère d'actualité ce savant était
déjà une sorte de journaliste. Il a joué un rôle
capital il a été l'un des principaux artisans de"
la Roriaissap.ee, le plus grand vulgarisateur de ce
mouvement en Europe. Mais la Renaissance est
faite, et les leçons d'Erasme sont dépassées, en
philologie comme en philosophie. Quant à ses-
controverses religieuses, elles n'ont pour nous
qu'un intérêt encore plus rétrospectif. On sait
qu'il se montra d'abord fort audacieux contre le
catholicisme, non seulement contre les abus,
mais contre bien des croyances il préconisa la'
religion « en esprit et en vérité ». Luther crut un
instant le gagner à son parti. Mais Erasme se dé-
roba. Il n'était que faiblement catholique il ne
voulut pourtant pas être réformé'. Peut-être,
comme devait le faire Nietzsche, reprochait-il à
\z Réforme de sauver le christianisme à coup
sûr, il redoutait la recrudescence des passions
fanatiques. C'était un pur intellectuel, ayant peu
de goût pour l'action, un modéré et, avant tout,
un humaniste épris du génie antique. La pensée
d'Erasme a été glorieusement représentée chez
nous par Rabelais et par Montaigne, plus grands
écrivains que lui. Mais il garde le mérite de leur
avoir montré le chemin. C'est un grand esprit, aux
trois ciuarls enseveli dans son triomphe. P. S.
LE KÈGIEMENT DE PAIX
%e mise en œuvre du rapport des experts
Comme nous l'avons indiqué hier, les 4 mem-
bres du '-comité d'organisation- de- la .future Com-
des chemins de fer allemands, réunis, à
Paris depuis le jeudi 22 mai, comptent achever
demain lundi leurs travaux préparatoires. De leur
côté, les 4 -membres du comité d'organisation des
obligations- industrielles, MM. Alfred Descamps'et
Bianchini, représentant' la commission des répa-
rations, Trendelenburg et Bûcher, représentant le
gouvernement allemand, tiendront, leur première
séance demain à l'hôtel Astoria.
Futjxre conférence interalliée,
Le correspondant du Secolo Londres, rendant
compte d'une conversation avec M. Mac Donald,
annonce quelle Premier anglais a déclaré ne pou-
voir, pour l'instant, en raison de la situation par-
lementaire, rencontrer M. Mussolini en Suisse. Il
lui semble tout aussi impossible que la prochaine
conférence interalliée puisse se réunir en Italie,
et M. Mac Donald aurait l'intention de proposer
qu'elle se tînt à Londres. Cette demande lui sem-
blerait encore mieux justifiée si la participation
américaine, sous une forme ou sous une autre, était'
assurée.
Quant à la nécessité même, de la conférence, a dit
encore M. Mac Donald. elle est indiscutable. Le retard
qui en a différé la convocation était inévitable, mais la
conférence aura lieu le plus tôt possible.
Sur la question des dettes interalliées, M. Mac,
Donald a .déclaré que bien des choses ont changé
depuis les propositions de Bonar Law en janvier
1923.
Le gouvernement anglais, a-t-il ajouté, estime que
la question peut ôtre résolue dans son ensemble sans
s'arreW aux' détails. Les divergences qui agitent l'Eu-
rope peuvent être éliminées par la- bonne volonté des
alliés. ';Si chacune des grandes puissances européén-
r,t.s prétendait imposer son point de vue, on- n'arriverait
jamais à rien. ''̃
» ̃
EN RHÉNANIE ET DANS LA RUHR
Inspection des troupes anglaises
d'occupation
On mande de Coblence
Le ministre de la guerre britannique, M. Wàl&h,
accompagné de deux membres du conseil supérieur
de la guerre, qui s'est rendu de Londres à Cologne
par la voie des airs, a inspecté samedi les troupes
anglaises d'occupation.
Le ministre s'est entretenu avec le représentant
de la France et a été heureux de constater la
grande cordialité qui existe entre les autorités
françaises et anglaises sur le Rhin.
Fin du conflit minier
On mande de Dusseldorf ̃̃̃
Le ministre du travail du Reich ayant déclaré
obligatoire l'acceptation de la sentence arbitrale
rendue dans' le conflit de la Ruhr, le syndicat so-
cialiste des mineurs, qui avait tout d'abord re-
poussé cette sentence, a décide" d'accepter la, dé-
cision ministérielle et de ne pas déclarer la grève
pour faire suite au lock-out, patronal.
'Les quatre grands syndicats de mineurs ont
décidé en conséquence la reprise du travail dans
toutes lés mines; seuls, les communistes se sont
prononcés pour la continuation de la grève.
.'Les descentes ont été assez nombreuses dès sa-
medi; elle ont atteint jusqu'à 75 0/0 du personnel
à la mine Bismarck, 20 0/0 à Bergmannsgluck et
15 0/0 à Consolidation. La reprise générale du tra-
vail aura lieu lundi.
EN ALLEMAGNE
-lia crise gouvernementale
On télégraphie de Berlin
'Dans les milieux politiques, l'on n'entrevoit
guère d'autre solution à la crise actuelle que le
retour au pouvoir du cabinet Marx. Le sort du
prochain gouvernement, qui ne disposerait, en
somme, que d'une majorité de 2'0 à 25 voix contre
une opposition de 212 à 214 voix, dépendrait du
parti populiste bavarois, lequel a gagné 16 man-
dats au Reichstag.
Le parti du centre et le parti démocratique ont
nettement constaté, au cours de la séance qu'ils
ont tenue samedi, l'impossibilité de la constitution
d'un ministère de coalition avec les nationalistes,
et ont pris des décisions envisageant comme seule
sqlution possible le retour à l'ancienne coalition,
e'è'st-à-dire au dernier ministère Marx. Le parti
populiste, de son côté, aurait exprimé le désir
d'entendre l'avis du parti populiste bavarois, qui
se réunira lundi matin.
Dans ces conditions, la solution de la crise est
de nouveau ajournée et ne pourra certainement
pas être trouvée avant lundi soir au plus tôt.
En ce qui concerne la décision prise vendredi par
les nationalistes, on déclare qu'ils ont été forte-
ment influencés par le comité du parti ultra-
nationaliste, qui leur a déclaré catégoriquement
qu'il refusait sa confiance à un gouvernement Marx,
même s'il comprenait plusieurs ministres nationa-
listes:; ̃'
La prochaine séance du Reichstag a été fixée à
demain lundi, 15 heures. Si, jusqu'à cette date, le
nouveau ministère n'est pas constitué, le Reichstag
g'phçaqrera la séance à la discussion des motions
pgmmimisLes demandant la mise en liberté des
jiisputes. arrêtés.
i.v'. Les populistes
Le président du Reich a repoussé une résolution
du parti populiste qui avait indiqué le nationaliste
Hergt comme devant être chargé de la mission de
former- le gouvernement.
Dans une séance tenue samedi, la fraction popu-
liste a adopté la résolution suivante
"La fraction populiste déclare approuver entièrement
les actes politiques de M. Stresemann et notamment le
fravail accompli par lui comme "ministre des affaires
étrangères. Elle demande que M. Stresemann soit main-
tenu dans ses fonctions comme ministre des affaires
étrangères aussi longtemps qu'il croira devoir rester à
fie poste.
La fraction populiste, en adoptant cette attitude,
S'inspire surtout de cette considération que l'on ne doit
pas par un changement de personne paraître vouloir
modifier l'orientation de la politique étrangère. La
fraction populiste a été placée, par la déclaration faite
hier par les nationalistes, devant une situation nou-
velle. Elle avait eu l'impression que les nationalistes
étaient disposés, comme les populistes, à amener une
concentration de toutes les forces bourgeoises en pour-
suivant dans ses parties essentielles la politique étran-
gère faite jusqu'à présent. Elle était d'autant plus fon-
dée à faire cette supposition que la situation extérieure
générale et celle de l'économie allemande exigent impé-
rieusement l'acceptation et l'exécution rapide des con-
clusions des experts, car, en ce qui concerne les exi-
gences politiques de' l'Allemagne, la fraction populiste
ne deute' pas qu'elle ne soit satisfaite.
La publication de ta. décision des ̃ nationalistes et
l'exigence d'un changement dans la politique étrangère
ont rendu infructueux les efforts de la fraction popu-
liste. Le rôle d'intermédiaire loyal joué par elle a pris
fui en jiiêms temps. ̃̃
La fraction populiste arrètera dans une séance iixée
k lundi son attitude à l'égard de la situation nouvelle.
JLa formation d_u gouvernement ne s'en trouvera pas
sr"ctâr"d£é; puisque le parti populiste bavarois, qui bien
-entendu -doit prendre part aux délibérations, se mettra
-au plus' tard lundi à la disposition de la fraction.
;La Gazette de Vnss affirme que la majorité de
la fraction populiste est favorable à l'entrée .des
populistes dans un cabinet qui comprendrait an
outre le centre et.les démocrates. Il se peut donc
que M. Marx réussisse à exécuter son mandat.
ILcs isKiSonKîîateft et Ses partis de gasichc
iVasaçnEs
Le Service parlementaire socialiste persiste
affirmer,' malgré les démentis àés journaux de
droite, que les nationalistes ont envoyé des émis-
saires à Paris pour sonder les partis de gauche
français au sujet de l'entrée éventuelle du parti
nationaliste dans le gouvernement allemand.
Le ïs»IsiîsSrc GeîssSer ea»Ite à !a résistance
On télégraphie de Berlin
Devant l'assemblée des associations patriotiques
réunis en Allemagne, le président Geissler a dé-
claré que le Reich devra repousser le plan Dawe-,
dont la réalisation précipiterait dans une misera
inouie la nation allemande, condamnée alors à l'es-
̃clavase. Ce refus ne saurait dn toute facon as-
graver la situation dé l'Allemagne, car les pays
étrangers qui ont intérêt à la' pacification de TEù-,
rope sont d'avis également que l'application du
plan des experts entraînerait pour le Reich comme
pour l'Europe et le monde entier les conséquences
les plus désastreuses.
L'ancien cabinet Marx n'a poursuivi la politique
d'exécution 'que p&ét se Maintenir au pouvoir, il
ne s'est pas préoccupé' du sort de l'Allemagne, qui,
dans de telles conditions, menace de devenir una
véritable colonie de l'Entente. Le devoir des'as-
sociations patriotiques sera précisément d'exercer
une pression vigoureuse sur le parti populiste, sur
la droite, sur le centre, ainsi que sur les divers
groupes de loyale tendance, afin d'empêcher que le
'Reich ne souscrive à ce second traité de Versailles.
Après le discours de M. Géissler, l'assemblée- a
voté une résolution invitant l'Allemagne à repous-
ser le plan des experts, qui est basé sur le « men-
songe de la faute » et fournit à la France de nou-
veaux prétextes pour exercer des mesures de con-
trainte contre le Reich. S'il se trouvait un jour un
gouvernement ou une majorité au Reichstag pour
accepter le plan Dawes, les milieux nationalistes
de l'Allemagne ne voudraient jamais, pour leur
part, reconnaître un pareil accord, et ils sauraient
réclamer des comptes aux auteurs responsables de
cet asservissement du Reich. ̃*
Devant la même assemblée, le comte Westarp a
déclaré que les nationaux-allemands ne modifie-
raient jamais leur point de vue dans la question
'du plan des experts.
I/annivcpsaîrc de la bataille
fin Skager-Ralt
• La flotte allemande a fêté l'anniversaire de la
bataille du Skagcr-Rak dans un petit port situé près
de Flensburg. Le contre-amiral Zenke a passé en
revue les navires allemands.
Le procès eontre Tliormann et Grandel
Le procès Thormann et Grandel, accusés d'avoir
voulu assassiner le général von Seeckt, révèle dés
détails intéressants sur les tentatives faites par les
ultranationalistes pour renverser le régime .actuel
en' Allemagne.
Le tribunal a -entendu samedi le général von
Seeçkt, qui a confirmé que le président des asso-
ciations ultranationalistes, le conseiller de justice
Class, lui a fait plusieurs visites pour tâcher de
l'amener à lui promettre son concours et celui de
la Reichswehr dans le cas d'un coup d'Etat de
droite.
Ces messieurs, déclare le général 'de Seeckt, cher-
chaient évidemment un général qui aurait été assez
bon pour tomber dans leur piège. Je ne suis pas un
général de ce genre, et je n'ai laissé aucun doute à
M. Class sur le fait que je sévirais impitoyablement
contre toute tentative de coup d'Etat de droite ou de
gauche.
Le témoin Class, interrogé, est obligé de con-
venir que le général lui a fait ces réponses, mais il
nie d'autres affirmations du général le concernant.
Le président demande alors la lecture des let-
tres trouvées. chez M. Class, qui démontrent le con-
traire et confirment que M. Class travaillait acti-
vement à la préparation d'un coup d'Etat, et qu'il
a donné à Grandel le conseil d'assassiner le géné-
ral von Seeckt, 'puisque celui-ci se montrait ré-
fractaire aux avances des ultranationalistes.
La prochaine séance du procès sera consacrée à
l'audition du comte Reventlow, chef ultranationa-
liste.
DANS LE PROCHE-ORIENT
La remise en état de l'ex- « Gœben »
Notre correspondant particulier à Constantinople nous
écrit
Le .commissaire, de la défense nationale ayant
décidé, il y a quelques semaines, ja raiï/iâe,jèn état
du 'cuirassé Yavouz, VéxiGteben* a reçu de la
part de certaines maisons étrangères des offres
qui ont fait à Angora l'objet d'un examen attentif.
Selon les renseignements que donne la presse de
Constantinople, les chantiers qui accepteraient
d'entreprendre les réparations dans les eaux tur-
ques sont les suivants Philander, de Lubeck,
Vickers Armstrong et Ansaldo. Vickers Armstrong
offre, paraît-il, de faire venir de Malte un dock
flottant. Mais les ingénieurs allemands du chan-
tier Philàndër, qui a construit jadis le Gœben,
proposent également d'en faire yenir un d'Alle-
magne, demandant toutefois un délai avant de
s'engager. Dix jours leur ont été accordés par
le commissaire de la défense nationale. D'après
les ingénieurs allemands, les travaux de la remise
en état du Yavouz dans le port de Constantinople
dureraient un an et demi. Quinze cents ouvriers
turcs seraient engagés. Le syndicat financier alle-
mand, qui soutient le chantier Philander, serait
patronné par la banque Bieiehrœder, de Berlin.
L'explosion de Bucarest
On mande do Londres
Le Sunday Express publie la dépêche suivante
de Bucarest en date du 30 mai
Le dernier dépôt de munitions dans la zone
dangereuse a sauté ce matin à 3 heures. Des ex-
plosions se sont produites sans interruption sur
un espace d'environ deux kilomètres et demi car-
rés couvert d'obus neufs et anciens,de tous cali-
bres. Il s'y trouvait beaucoup d'obus bulgares, au-
trichiens, russes et allemands. Un des soldats de
garde a été littéralement déchiqueté. De nom-
breuses fenêtres du château de Cotroceni ont été
brisées..
Le roi a passé la nuit dernière dans son château
pour rassurer la population. Dans la ville elle-
même, les vitres de plus de 500 maisons ont été
brisées. Plus de 71 maisons se sont effondrées en
totalité ou en partie.
Un petit village situé près du dépôt a été pres-
que anéanti.
D'autre part, notre correspondant particulier de Bu-
carest télégraphie à la date.du 31 mai
Les conséquences de l'incendie du dépôt de mu-
nitions et des ateliers de chargement de Bucarest
sont moins graves que ne le faisaient croire les
premières versions, ducs à une connaissance in-
complète de 'la situation et à l'allolement expli-
cable d"e la population des quartiers voisins. Selon
les relations officielles, les ateliers de chargement
et de fabrication n'ont pas subi de dommages sé-
rieux et reprendront le travail dans quelques
jours. Le dépôt incendié n'est naturellement qu'un
des nombreux dépôts existants. La plupart des
munitions détruites appartenaient aux stocks an-
ciens, mis hors service.
Interpellés à la Chambre, le ministre de la
guerre et le président du conseil ont rassuré le
Parlement et déclaré que l'incendie n'a aucune
influence sur l'armement du pays et la défense
nationale. Le matériel détruit sera remplacé sans
retard.
Armements navals turcs
iDn mande de Londres «.
Une dépêche de Constantinople annonce qu'à
la suite de la publication du programme naval de
la Grèce le conseil des commissaires d'Angora a
décidé de procéder à la construction de six sous-
marins.
o
LA CONFÉRENCE ANGLO-RUSSE
Notre correspondant de Londres' nous- téléphone di-
manche matin
Dans une interview qu'il a accordée au repré-
sentant-diplomatique do ¥Obscrver, M. Ra,ko\vsky,
chef de la délégation russe à la conférence anglo-
soviétique qui se réunit actuellement à Londres, a
exposé ses vues, sur la question des dettes d'avant-
guerre de la Russie envers la Grande-Bretagne et
sur l'emprunt qui doit servir à la reconstruction
économique de la Russie soviétique
La conférence, déclara M. Rakowsky, se concentre
sur le problème des dettes d'avant guerre. En ce qui
touche cette question il existe un différend grave entre
les deux délégations, les représentants" russes s'effor-
çftnt d'amener le problème sur un terrain pratique
tandis que les Britanniques insistent sur le maintien
des discussions sur le terrain juridique.
L'interlocuteur de M. Rakowsky lui ayant de-
mandé de s'expliquer sur le mot « pratique », le
délégué russe répondit
Pour aboutir à une solution il est nécessaire de
trouver une formule- qui donne aux deux parties de
réels avantages. C'est pourquoi la délégation russe
propose que la question de la liquidation des dettes
d'avant-guerre soit liée à celle d'un emprunt. Nous
avons besoin d'un emprunt pour un double motif
d'abord pour nous permettre de payer les annuités
en Angleterre des commandes des marchandises qui
sont .nécessaires à. la rErnustniotion. ér/inomioua de la
Russie. Nous déclarons en même tejnps qu'il est iaw
possible, d'exiger d'un pays appauvri comme la Rus->
sie le payement de ses dettes à leur valeur nominale.
Les rumeurs que l'on entend dans la Cité de Lon-
dres, poursuit' M. Bafeqwsky, font croire que les dé-
tenteurs anglais de bons russes nous tiennent pour en-
tièrement responsables de la liquidation de toute la
dette russe. A en juger par ces rapports, je crains franj
chôment que nous soyons incapables de rien payer.
Si les détenteurs anglais de bons russes persistent' ai
insister aveuglément sur la reconnaissance par la Rus-
sie de la totalité de sa dette, ce sera la preuve qu'ils
ne cherchent pas de l'argent, mais visent un objectif
politique.
Interrogé ensuite sur la question de principe)
que le devoir d'un débiteur est de payer ses dettes,
M. Rakowsky affirma de nouveau que le problème
doit être envisagé d'un point de vue pratique.
Môme en Allemagne, dit-il, les dettes privées- ont
été réduites à 15 0/0 de leur valeur nominale. D'énor-
mes réductions n'ont-elles pas été consenties également
aux Etats balkans et baltiques pour leurs dettes pri-
vées ? Pourquoi voudriez-vous faire une exception dans
le cas de la Russie ? L'opinion publique en Russie in-
terprétera cette intransigeance comme la volonté d'in-
fliger une punition à la Russie parce que son gouver-
nement est socialiste. En aucun cas, nous ne pouvons
admettre d'être traités de la sorte.
L'interlocuteur demanda à M. Rakowsky quelle
formule il préconisait pour le payement des dettes'
do son pays l
Notre formule, répondit le délégué russe, est qu'une
réduction de dette nous soit accordée et que nous ayons
la possibilité dé contracter un emprunt. La délégation'
britannique nous présente une solution unilatérale. Lors-
que nous avons demandé un emprunt à la conférence,'
les Britanniques nous ont renvoyés à la Cité qui, à;
son tour, s'en tenant au manifeste des banquiers, nous
a répondu « Ayez d'abord notre confiance, et pour,
l'obtenir, répudiez, votre socialisme. » Dans ces condi-»
tiens, aucun résultat pratique n'est possible.
Le correspondant de l'Observer ayant ensuite'
fait allusion à la liquidation de la dette britan-
nique envers les Etats-Unis, M. Rakowsky dé-
clara qu'il reconnaissait pleinement les difficultés
de la Grande-Bretagne, mais qu'il demandait qu'on
tint compte de la psychologie du paysan russe qui
pense que les dettes de son pays à l'étranger sont
compensées par la ruine de la Russie et par ies
dégâts dus à l'intervention alliée. Il ne suffit pas
de lui parler de la confiance de la Cité; il fauty
lui donner quelque chose de substantiel.
Le chef de la délégation russe conclut en décla-
rant que la solution des autres problèmes écono-
miques à la conférence dépendait étroitement du
règlement des dettes d'avant-guerre et d'un em-
prunt. ̃.̃̃̃ em·
NOUVELLES DE L'ÉTRANGER
NOUVELLES DE L'ETRANGER
EMPIRE BRITANNIQUE 'i
La question irlandaise. ;̃̃>
̃Aucun" communiqué officiel n'a été publié au
sujet de la conversation que M. Mac Donàld a eue
samedi après-midi avec M. Cosgravé, président do
l'Etat libre d'Irlande, et sir James Craig, premier
ministre de l'Ulster, au sujet de la fixation de la
frontière entre l'Etat libre et l'Irlande du nord.
L'entretien a duré près de trois heures. Le Sun-
day Express dit que les divergences existant entre.
les points de vue des deux chefs de gouvernement
irlandais n'ont pas pu être conciliées, mais d'après
la Weekly Dispatch, quelques progrès auraient été
réalisés.̃>̃.̃:̃,
BELGIQUE E
./• Le centenaire,de > Byron '̃
Notre correspondant particulier à Bruxelles nous
écrit
Une manifestation a eu lieu samedi à midi ai
Bruxelles, à l'occasion du centenaire de Byronj
Des délégations, avec drapeaux, des colonies an-
glaise et grecque et des délégations littéraires se
sont rendues rue Ducale, à la maison où Byron,
selon les termes de la'plaque commémorative qui
y était apposée, « fuyant son ingrate patrie qui
méconnaissait son génie et qu'il ne devait plus
revoir, composa le troisième chant de Childe Ha-
rold sur la bataille de Waterloo ». Un métropolite
grec, un pasteur grec et des personna'iitës belges
assistaient à cette manifestation, au cours de
laquelle quelques allocutions ont été prononcées
et des couronnes de fleurs déposées sur la plaque.
Cet après-midi il y aura, au palais des Académies,
une manifestation des écrivains, en, l'honneur de
Byron. ̃ .•̃̃'̃"̃.̃. '.̃> 1:\
•̃̃•̃̃• ̃̃ •̃•;̃• itauE'1- ;•••̃.̃̃:
L'adresse en réponse au discours
de la couronne
L'adresse en réponse au discours de la couronne,
•rédigée par M. Salandra, déclare d'abord que la
résurrection de la patrie a été achevée par la ré-
demption définitive 4e Fiume.
Nous considérons, dit l'adresse, la paix victorieuse
comme un bien suprême et nous voulons la conserver
digne et sOre. Il faut cependant qu'elle soit la paix des
forts.
Désormais, on a reconnu' l'Italie le droit d'inter-
venir dans les débats internationaux qui ont surgi à la
suite de la guerre, notamment dans ceux relatifs aux
réparations. Nous avons confiance que le gouverne-
ment saura, comme il l'a su jusqu'à présent, fairo va-
loir, et défendre les intérêts de l'Italie en s'inspirant en
même temps des sentiments d'équité généreuse et d'hu-
manité envers les peuples et les Etats qui doivent vivre
ensemble dans l'Europe nouvelle et pacifique. `
Nous tirerons des résultats toujours plus importants,
du traité de Lausanne, des accords avec la Russie, des
conventions politiques ou commerciales avec là Yougo-
slavie et la Tchécoslovaquie et de notre concours à la
restauration financière de l'Autriche et de la Hongrie.
C'est notre droit et notre intérêt de contribuer au ré-
glement de la situation définitive des.Etats qui sont nés
ou qui se sont agrandis à la suite de l'écroulement de
l'empire séculaire qui n'a pas résisté à l'impétuosité
des armes italiennes.
La situation intérieure est ferme et sûre sous un
gouvernement qui dispose du consentement discipliné
de la nation. L'Italie veut regagner le temps perdu
dans de vaines agitations et marcher rapidement et en
pleine concorde vers les perfectionnements sociaux et
la prospérité matérielle. ̃ ̃ ̃̃̃̃
L'adresse1 fait l'éloge de l'oeuvre réalisée par le
gouvernement dans la réforme des administrations
publiques, des tribunaux et des écoles; elle se fé-
licite de l'activité pacifique de la classe ouvrière,
de l'équilibre du budget, de la restauration du
Trésor. ̃ • ̃ ̃ ̃
« Le Parlement, conclut-elle, donnera au gou-
vernement son concours pour achever l'œuvre en-
trepiise. »
Les incidents à la Chambre
Notre correspondant de Rome nous télégraphie
A la suite des incidents de vendredi soir, le gé-
néral Bensivenga a envoyé ses témoins au député
fasciste Giunta, qui les a mis en rapport avec
deux amis. On espère une solution pacifique de
cette altercation. '̃
Lé directoire fasciste publie un manifeste dé-
clarant que, devant la volonté. 'préméditée dé l'op-
position d'empéchér" le retour a une vie national:.1
normale sanctionnée par le'discoura;de la couronna,
dès maintenant le fascisme,' ainsi tlcssé dans
son dévouement passionné à la patrie et aussi con-
trecarré dans ses projets de pacification, d'obéis-
sance et de discipline, ne tolérera plus désormais
des attitudes de provocation falsifiant la ,volonté
manifeste du pays.
1 La Tribuna déplore que les fascistes se soient
laissé exaspérer par le discours volontairement
provocateur du socialiste Matteotti, qui voulait sus-
citer des incidents pour affirmer que la Chambre
n'était pas libre de parler.
Les esprits sont encore agités, mais l'opinion
publique se désintéresse complètement de ces mou-
vements artificiels et l'affaire reste circonscrite
dans les milieux politiques. D'ailleurs, M. Musso-
lini part prochainement pour l'Espagne avec le
roi. La session sera suspendue, et on pense qua
l'apaisement se fera.
Un discours de M. Mussolini
M. Mussolini, a, offert samedi soir un banquet en
l'honneur des délégués à la conférence de l'émi-
gration. Les ministres, le corps diplomatique. les
consuls, tous les délégués à la conférence et plu-
sieurs invités y participaient.
-̃M. Mussolini a nrononcé un discours dans leauel
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