Titre : Le Temps
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-04-28
Contributeur : Nefftzer, Auguste (1820-1876). Fondateur de la publication. Directeur de publication
Contributeur : Hébrard, Adrien (1833-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 avril 1922 28 avril 1922
Description : 1922/04/28 (Numéro 22181). 1922/04/28 (Numéro 22181).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
3. LE TEMPS. 28 avril 1922.
La Petite Histoire
&e tunnel des Batignolles
"II ne faut pas, fout de même, qu'il disparaisse
sans un mot d'oraison funèbre. Ce boyau som-
bre, encrassé et fumeux, qui s'en va sous les
invectives et les quolibets, fut, en son jeune
temps, l'objet d'un engouement sans précé-
dent. Nos grands-pères concevaient ainsi de
caïfs enthousiasmes pour des attractions que,
plus blasés ou moins sensibles, nous considé-
rons avec une indifférence dédaigneuse feu
ïe puits artésien de Grenelle, le marché Saint-
Germain, la fontaine Saint-Michel et le pont
des Arts suscitèrent, dans leur -primeur, des
admirations qui, depuis lors, se sont considéra-
blement effritées. Tel devait être aussi le des-
tin du tunnel des BatignoUes.
Quand, en juillet 1835, on apprit qu'une loi
autorisait d'entreprenants spéculateurs à éta-
blir un chemin de fer de Paris au Pecq,lequel
partirait de la place de la .Madeleine et irait
passer la Seine aux environs d'Asnières, le pu-
blic en demeura ébahi. Comment les ingénieurs
feraient-ils grimper à leurs machines la côte
de Monceau? Allaient-ils dévaster ce joli ha-
meau et ses riantes maisons de campagne?
Bientôt on sut'qu'elles passeraient dessous; et
alors ce fut un éclat de rire. Creuser la colline
de Monceau et faire voyager des ohrétiens sous
terre pour leur faire voir le paysage. cela res-
semblait fort à une mystification. Aussi les
̃gens de bon sens demeuraient incrédules. L'a-
vis général était que l'on ne trouverait pas de
JerrassieRS assez téméraires pour ouvrir un che-
min souterrain dans cette montagne de sable
qui s'écroulerait indubitablement sur eux un
tel travail était si nouveau qu'il apparaissait
impossible.
Pourtant, lorsqu'on vit des équipes d'ouvriers
s'attaquer à la fois au nivellement de la plaine
de Clichy, aux ponts de bois sur la Seine, à la
construction des gares intermédiaires d'Asniè-
res et de Chatou et même au percement fabu-
leux, on comprit que c'était sérieux. En moins
de deux ans, tout, comme par prodige, fut ter-
miné ou à peu près. Les entrepreneurs, de-
vant les protestations unanimes, avaient pro-
visoirement renoncé à prolonger la nouvelle
voie jusqu'à la Madeleine ils l'arrêtaient à
la place de l'Europe, nouvellement tracée
sur les terrains avoisinant l'ancien Tivoli, et
du haut de laquelle une foule de ba-
dauds regardaient avec ahurissement cette
extraordinaire nouveauté d'un chemin chargé
de grosses barres de fer, parallèlement,
alignées, qui, à quelque cent mètres de là,
s'engouffrait dans la double gueule noire
du formidable souterrain. C'était lui, sur-
tout, qui hantait les imaginations; on en con-
sidérait l'entrée avec une sorte de fascination
et les commentaires auxquels donnait lieu cette
contemplation se terminaient généralement
par cette conclusion « Ce n'est toujours pas
moi qui irai là-dedans! »
Car les pronostics les plus défavorables
avaient cours. De bons esprits expliquaient que,
sous cette voûta basse, la résistance de l'air se-
rait telle qu'un convoi pesamment chargé ne
parviendrait pas à la vaincre, quelque grande
que pût être la puissance de ses remorqueurs.
La fumée, sans échappement, devait, du reste,
hâter la suffocation des voyageurs dont un bien
petit nombre échapperaient à tant de périls
combinés. Un savant illustre, ému du danger
dont étaient menacés ses concitoyens, crut de
son devoir de les mettre en garde contre la cy->
nique ignorance de spéculateurs assassins, et
proclama, au nom de la science, qu' « on ren-
contrerait dans le tunnel une température de
8 degrés Réaumur, en venant d'en subir une
de 40 à 45 degrés » (sic). « J'affirme, sans hé-
siter, déclarait-il, que, dans ce passage subit du
chaud au froid, les personnes sujettes à la
transpiration gagneront des fluxions de poi-
trine, des pleurésies, des catarrhes. » Ah! ceux
qui en reviendront auront de la chance!
A la fin du mois d'août 1837, les voies, le sou-
terrain, les ponts et les gares étaient prêts res-
tait à trouver des voyageurs, Les administra-
leurs du chemin de fer, pour rassurer les trem-
bleurs, obtinrent non sans de nombreuses
démarches, bien probablement que la reine
Marie-Amélie serait du premier voyage. Quant
là Louis-Philippe, le roi régnant, sa vie était
jtrop précieuse pour que ses ministres l'auto-
risassent à la risquer dans une pareille aven-
ture. Le chemin de fer lui fut absolument in-
terdit, et le souverain dut se morfondre, ce jour
de 34 août, en attendant l'issue de l'expérience
à laquelle se prêtaient, avec une abnégation
méritoire, sa chère femme et ses courageuses
filles, car les princesses n'avaient pas voulu
abandonner leur mère en une si périlleuse cir-
constance. Ceci fut jugé héroïque « La reine
est la première femme qui soit montée dans
la voiture aérienne », écrivait le surlende-
main un journaliste, manifestement remué par
tant d'intrépidité. Le rang suprême impose de
redoutables obligations.
Le jour suivant, c'est le tour des ministres,
du grand-chancelier de France et de quelques
hauts personnages. Une foule considérable s'est
amassée pour les voir monter dans les voitu-
res ils font bonne contenance, d'autant que,
pour parer aux défaillances, la musique de la
garde nationale va prendre place dans le train
et soufflera dans ses instruments pendant toute
la durée du trajet. Tout de même, quand le con-
voi se range, il y a un moment d'émotion, en
raison de « l'affreux bruit de chaînes », des
lugubres appels du cor dont sonnent les em-
ployés tout le long de la voie, et surtout à cause
de ce menaçant souterrain qui forme l'unique {
perspective de la gare et dont s'échappe conti- (
rçuellement un sombre nuage de fumée. Cepen- (
FEUILLETON DU &mp$
DU 28 AVRIL 1922
LES LIVRES
IEoémir BOURGES la Nef, 1 vol. in-8", Stock (De-
lamain et Boutelleau). Eschyle les Sup-
pliantes, les Perses, les Sept contre Thèbes, Pro-
méthée enchaîné, texte établi et traduit par Pau]
Mazon, 1 vol. Société d'édition les Belles-Lettre6
(collection Budé).
•M. Elémir Bourges n'est pas pressé. La pre-
mière partie du présent ouvrage avait paru en
J1904 et se terminait par une note ainsi conçue
!« Les scènes qui tenminent la Nef seront pu-
bliées ultérieurement. » Il n'a pas fallu moins
de dix-huit ans à M. Elémir Bourges pour me-
ner à bien cette publication. L'auteur du Cré-
puscule des Dieux, de les Oiseaux s'envolent et
les fleurs tombent et de Sous la hache, a com-
mencé d'écrire en 1877 septuagénaire au-
jourd'hui, ou peu s'en faut, il n'en est encore
qu'à son quatrième ouvrage. A moins qu'il ne
nous réserve des trésors inédits, son maître
Flaubert, par comparaison, fera presque figure
d'improvisateur. Il est vrai que le Crépuscule
et les Oiseaux sont d'admirables romans, dont
Je second atteint parfois au sublime.
La Nef est un grand' livre aussi, mais' d'un
genre bien différent et un peu moins accessi-
ble non plus un récit contemporain, mais un
drame antique et philosophique. M. Elémir
Bourges ressemble encore à Flaubert par cette
variété, et il nous donne avec la Nef quelque
ichose comme sa Tentation de saint Antoine.
C'est un Prométhée bonne leçon pour les
rapins qui trouvent ce sujet pompier, pé-
rimé et hors d'âge. On a eu justement ces
temps-ci une excellente occasion de re-
lire le Prométhée enchaîné d'Eschyle, dans
l'édition critique de M. Paul Mazon, maî-
,tre de conférences à la Sorbonne. C'est jusqu'à
présent un des plus remarquables volumes de
cette précieuse collection Budé, qui nous a
donné déjà du Platon, du Cicéron, Lucrèce,
Perse, Juvénal, et nous restituera tous les clas-
siques grecs et latins dans les meilleures con-
ditions, de façon à soutenir victorieusement la
concurrence allemande. Beaucoup de lecteurs
Apprécieront particulièrement la disposition
isDogpauhiaue du texte et de la traduction sur
dant tout marche à souhait, et comme la reine
et ses filles, deux heures après leur départ, les
ministres reparaissent, tout guillerets, et in-
demnes, au moins en apparence, de toute suf-
focation et de tout catarrhe. Aussi, dès le 26,
quelques audacieux amateurs payants se pré-
sentent-ils, décidés à risquer la même prouesse,
et. le chemin de fer connut bientôt la grande
vogue. Parmi les maîtresses de maison, c'était
à qui obtiendrait la faveur de compter au nom-
bre de ses dîneurs un revenant de Saint-Ger-
main. Mme de Girardin a joliment dépeint,
dans ses chroniques de la Presse, cet engoue-
ment pour le beau joujou des Parisiens. Dès le
potage, le héros du jour est pressé de ques-
tions. On veut connaître ses impressions. Il ne
se fait pas prier, et il conte qu'il est monté
dans une excellente berline; il s'est assis, fort
à l'aise, sur de, très bons coussins; il a entendu
un roulement, et puis bstl il est arrivé à
Saint-Germain. Il croit bien avoir aperçu quel-
ques arbres, le long de la route, mais il n'ose-
rait l'affirmer.
Et le souterrain?
Ah! dame! Le souterrain. il y fait noir.
Pendant une grande demi-minute, on est com-
plètement privé de toute lumière.
Effrayant! C'est effrayant!
Mais non! Délicieux voyage! La seule
ombre au tableau c'est, en arrivant au Pecq,la
tristesse profonde qu'on éprouve à songer qu'il
faut si. peu de temps pour être transporté à
une telle distance de sa famille et de ses amis;
on a hâte de revenir. Sauf cette sensation pé-
nible, rien que de l'agrément.
Et il semble, à voir tous les convives suspen-
dus, comme on dit, à ses lèvres, que l'intrépide
explorateur se laisse aller à « broder un peu,
par exemple lorsqu'il dit « Quel plaisir de se
promener sur. l'impériale de la voiture! S'il
pleut, on n'a pas le temps d'ouvrir son para-
pluie. » Est-ce que les employés laissaient les
voyageurs flâner, durant le parcours, sur le toit
des wagons? Il y a là un mystère qu'il serait
intéressant d'éclaircir.
Ce qui rend, d'ailleurs, très confus ces récits
des premiers voyageurs en chemin de fer, c'est
que le vocabulaire fait défaut ils n'ont pas de
termes pour exprimer ce qu'ils ont vu. Lors-
que, à son tour, Mme de Girardin affronte l'ex-
ploit obligatoire, la relation qu'elle nous en
donne n'est pas des plus limpides, faute d'être
écrite dans cette langue technique dont. nous a
dotés l'accoutumance
« Nous étions rue de Londres à cinq heures,
raconte-t-elle; la foule encombrait la porte de
la gare qu'on n'ouvrait pas. Nous attendons.
Enfin on ouvre; nous entrons dans une espèce
de couloir en toile verte. Il n'y a qu'un bureau.
Tous les voyageurs sont mêlés voyageurs à
2 fr. 50, à i fr. 50 et à i franc. Non sans peine
nous arrivons au bureau. On nous donne trois
petits papiers jaunes et nous pénétrons dans
une salle gothique remplie de peintures. Là les
voyageurs se séparent; les trente sous vont à
droite; les vingt sous vont à gauche. Nous at-
tendons encore; il n'est que six heures dix mi-
nutes et l'on ne doit partir qu'à sept heures. Pa-
tience On entend un roulement c'est l'arrivée
du convoi venant de Saint-Germain. Tout le
monde se précipite aux fenêtres; la cour est
vide, les voitures s'arrêtent; on ouvre les por-
tières et alors, en un clin d'oeil, une fourmilière
de voyageurs s'échappent des voitures, et la cour
est subitement pleine de monde. Ceci est véri-
tablement impossible à décrire, mais c'est très
amusant à regarder. A notre tour, maintenant.
Nous descendons dans la cour. Nous montons
dans une berline. Nous attendons que tous lés
voyageurs soient emballés. Nous étions six
cents, à peu près; quelqu'un disait onze cents;
ce quelqu'un avait peur sans doute. Enfn le cor
se fait entendre. Nous recevons une légère se-
cousse et nous partons. On va avec une vi-
tesse effrayante; cependant on ne sent pas du
tout l'effroi de cette rapidité. » Et l'aimable
chroniqueur cite une phrase du livret-guide qui
lui a été remis au départ « Le Mont-Valérien
se penche pour regarder cette tempête qui
passe! » Une tempête, le train de Saint-Ger-
main
La cour, c'est ce que nous appelons aujour-
d'hui le quai; la berline, c'est le wagon; les
papiers jaunes, ce sont les tickets;, le cor, c'~st t
la trompette du chef de train. Du souterrain,
pas un. mot; peut-être la voyageuse en conser-
vait-elle un souvenir peu favorable; peut-être
aussi-les Parisiens étaient-ils déjà familiarisés
avec cet épouvantail; comme ils n'en avaient
plus peur, ils le dédaignaient déjà. Cette mobi-
lité d'appréciation explique comment, en moins
de cent ans, ce tunnel des Batignolles, célébré
d'abord à l'égal d'un ouvrage « qu'auraient en-
vié les Romains », tomba dans le mépris pu-
blic au point de s'entendre accuser d'être « la
honte de Paris ». Si ces pierres enfumées, que
les wagonnets des démolisseurs portent au-
jourd'hui aux gravois, pouvaient parler, comme
celles de l'arc triomphal élevé à Salzbourg en
l'honneur de Marie-Thérèse, elles nous feraient
un éloquent sermon sur la vanité et la brièveté
de toute gloire.
G. Lenotre.
N'OUTELLEB DU JOUR
A la présidence du conseil
M. Raymond Poincaré a reçu, hier après-midi,
M. Franck, ministre des colonies de Belgique, et le
général Mangin.
La santé de M. Paul Deschanel
La santé de M. Paul Deschanel inspire depuis
deux jours d'assez vives inquiétudes.
Souffrant d'une rechute de grippe, l'ancien pré-
sident de 'la République fut obligé de s'aliter au
début da la semaine dernière; puis son état s'ag-
grava. Le professeur Bezançon, appelé en consulta-
deux pagec .n regard. On a bien su jadis, au
temps de sa jeunesse, le latin et le grec puis,
f&,ute de loisir pour s'entretenir la mémoire, on
les a un peu oubliés, et la lecture du texte seul
deviendrait un travail. La traduction qui seule
ne suffirait pas non plus apporte une aide se-
courable et permet de se retremper avec délices
dans l'original. Celle de M. Paul Mazon est un
modèle d'élégance et d'exactitude. On attend
avec impatience son Orestie.
M. Elémir Bourges a évité de rivaliser directe-
ment avec Eschyle. Il ne nous montre qu'en un
court prologue Prométhée enchaîné; et ce n'est
que dans un jour de répit qui lui est accordé
tous les mille ans; et encore le titan prévoit-il
sa délivrance prochaine, laquelle est réalisée
par Héraklès, venu au Caucase sur la nef Argo.
Jusqu'à la fin, les Argonautes formeront le
chœur. C'est donc un Prométhée délivré que
nous offre M. Elémir Bourges. Et il s'écarte
d'Eschyle ainsi que de Shelley. Sa conception
est très personnelle, sinon très consolante.
Son Prométhée refuse la réconciliation avec
Zeus, qui lui est proposée par Hermès. Shelley
ne craint pas de dire dans sa préface « J'a-
vais de la répulsion pour un dénouement aussi
faible, que celui qui consistait à réconcilier le
champion de l'humanité avec son oppresseur.
L'intérêt moral de .la fable, si puissamment
soutenu par la fermeté et la constance de Pro-
méthée, disparaîtrait si nous pouvions le con-
cevoir rétractant son hardi langage et f aiblissant
devant son heureux et perfide adversaire (i). »
Voilà qui a tout l'air d'un blâme au vieil
Eschyle, qui admettait cette réconciliation dans
la suite malheureusement perdue de sa trilogie.
Mais il la concevait comme l'accomplissement
d'un progrès moral chez Zeus, et non pas com-
me une simple humiliation pour Prométhée.
« La trilogie, explique M. Paul Mazon dans sa
notice, enseignait aux hommes que le dieu de
justice n'était devenu juste qu'au bout de longs
siècles; ses premières violences avaient, en
provoquant d'autres violences, retardé le règne
de la paix; par la clémence seule il avait ob-
tenu la soumission du dernier révolté. » En
d'autres termes, la justice n'est pas une puis-
sance toute faite, existant en dehors des hom-
mes c'est à eux qu'il appartient de la faire
naître et grandir, en eux et autour d'eux. Pro-
méthée a montré que cela était possible; son
œuvre n'a donc pas été vaine, et le vieil Es-
chyle est en somme optimiste lui aussi, à sa
Uù..Traduotjoa Félix Babbe.
tion par le docteur Logre, diagnostiqua- une con-
gestion pulmonaire.
Ce matin, l'état du malade est considéré comme
grave.
La température atteint 39°. Les médecins ne
peuvent encore se prononcer.
A la commission des affaires extérieures
Quatre députés membres de la commission des
affaires extérieures, MM. Lenail, l'abbé Wetterlé,
Engerand et Soulier, ont adressé à M. Georges Ley-
gues, président.do cette commission, une lettre le
priant de réunir dans le plus bref délai la com-
mission dont ils font partie, afin d'examiner la si-
tuation créée par la conférence de Gênes et le traité
germano-russe.
Le maréchal Pétain
à Sainte-Marie-aux-Mines
On annonce de Sainte-Marie-aux-Mines que le
maréchal Pétain. viendra, le 7 mai, remettre la
Croix de guerre à cette ville, très éprouvée par les
opérations qui s'y sont déroulées à partir de 1914
On annonce également que Jes maréchaux Foch
et Pétain, les délégués de l'American Legion et de
la British Legion assisteront au 3* congrès le
J'Union nationale des combattants, qui se tiendra
à Strasbourg du 18 au 22 mai prochain, sous la
présidence de M. Poincaré.
Modifications à la loi des retraites
ouvrières
M. Albert Peyr'onnet, ministre du travail, vient
d'adresser aux préfète une circulaire précisant les
me.sures propres à assurer la mise en application
de ila loi modificative des retraites ouvrières et
paysannes, votée récemment par le Parlement et
qui a pour effet d'élever les chiffres limites de
salaires.
Les nouvelles dispositions vont permettre à un
grand nombre de salariés qui étaient sortis des
cadres de l'assurance en raison de la hausse les
salaires, de pouvoir désormais y rentrer et de bé-
néficier ainsi des avantages de la législation des
retraites ouvrières.
La municipalité de Christiania à Paris
Le programme du séjour à Paris de M. Martin-
sen, président, et de ses oollègues du conseil mu-
nicipal de Christiania, comportait pour toute la
journée d'aujourd hui la visite des plus importants
des services municipaux.
C'est ainsi que le matin, dès la première heure,
ils ont, accompagnés de M. Le Corbeiller et guidés
par M. Maurice Quentin, parcouru les divers pa-
villons des Halles et se sont intéressés au mouve •
ment de notre grand marché parisien, devenu trop
petit pour l'importance des. transactions.
L'ancien président du Conseil municipal à en-
suite conduit les édiles de Christiania à l'école de
la rue Debelleyme, qui offre cette particularité
qu'elle est le centre de .l'enseignement ménager.
MM. Lefebvre, directeur pédagogique, et Martzfloff,
directeur administratif des services de l'enseigne-
ment Rafignon et Moriette, conseillers munici-
paux, leur ont fait les honneurs de l'établisse-
ment et la directrice, Mme Faleit, dans un très
attachant exposé, a développé le programme des
cours de cuisine et présenté les jeunes femmes et
jeunes filles professeurs qui, tous les jeudis ma-
tin, viennent se perfectionner dans l'art culinaire
qu'elles ont mission d'enseigner aux élèves. La dé-
légation a pu apprécier la valeur des leçons que
celles-ci reçoivent en goûtant d'excellentes pâtis-
series exécutées la veille par elles, c( sans aucune
aide », a proclamé la directrice.
La matinée s'est terminée par la visite de l'usine
à gaz de la Villette, où la délégation a été reçue
par MM. Georges Lalou, président, Desvaux,
rapporteur de la 1" commission, et Rouland, régis-
seur, qui a montré les importants progrès que,
malgré la guerre, la ville de Paris a pu apporter
dans le développement de son industrie gazière.
Après le déjeuner, M. Martinsen et ses ooillègues
se sont rendus à l'hôpital de la Pitié, où les atten.
daient avec MM. Henri Rousselle et Calmels, M.
Mourier, directeur de l'Assistance publique, et les
chefs des divers services.
La journée doit se terminer par la visite du
chantier souterrain du Métropolitain de la ligne
n° 7, près de l'Hôtel de Ville, et du groupe d'habi-
tations à bon marché de s'avenue Emile-Zola.
Mouvement judiciaire
M. Dereux, juge au tribunal régional de Stras-
bourg est nommé vice-président à ce tribunal.
M. Georges Lévy, substitut du procureur de la
République près le tribunal régional de Strasbourg,
est nommé juge à ce tribunal ̃
CONSEILS GÉNÉRAUX
En dehors des nombreux départements dont nous
avons fait connaître les adresses de confiance en-
vers le gouvernement, nous avons encore à citer
les départements suivants qui se sont livrés à
des manifestations semblables et ont demandé que
l'on fasse respecter les droits que la France tient
des traités Alger, Alpes-Maritimes, Aude, Fi-
nistère, Loire-Inférieure, Manche, Marne, Moselle,
Nièvre, Nord, -Pyrénées (Hautes-), Rhin (Haut-),
Tarn.
ALLIER. Le conseil général a adopté un vœu
demandant que l'impôt sur le chiffre d'affaires
soit remplace par un impôt proportionnel à l'im-
portance de la maison. P P p
CôTE-D'OR. Par 23 voix contre une, le conseil
général a adopté un vœu déposé par 14 conseillers
demandant que le gouvernement reprenne à son
compte le projet d'amnistie générale du gouverne-
ment précèdent.
Le préfet avait opposé la question préalable qui
a été rejetée.
Lot-et-Garonne. Par 22 voix sur 29 votants,
le préfet s'étant retiré après avoir posé la question
préalable, le conseil général a émis le vœu suivant:
Considérant que le rétablissement de l'ambassade au
Vatican fait naître l'espérance d'une modification aux
lois Intangibles sur les associations et sur la séparation
des Eglises et de l'Etat, le conseil affirme son attache-
ment aux lois laïques et sociales de la République et en
demande l'application Intégrale par la pratique d'une
politique nettement de gauche.
Oîse. Le conseil a décidé la création d'un
laboratoire départemental de bactériologie et d'un
̃laboratoire de chimie agricole. Il a émis un vœu
manière,, très différente de celle de l'intrépide
révolutionnaire Shelley, qui détrône cavalière-
ment Zeus l'olympien et fonde sur le triomphe
de Prométhée une ère nouvelle de liberté, de
paix et de bonheur. Mais enfin, l'un par une
politique prudente et pour ainsi dire juste mi-
lieu ou opportuniste, l'autre par la révolution
violente, ces deux poètes, l'antique athénien et
l'anglais très moderne, croient à la possibilité
d'un avenir meilleur. M. Elémir Bourges 'se
sépare de l'un et de l'autre, et n'y croit pas du
tout. 1
Chez lui, Prométhée, à peine libéré, proclame
que les jours de Zeus sont passés, qu'on ne re-
verra plus les crimes des vieux dieux ni les
tyrannies des anciens jours, qu'il va gouver-
ner la terre et faire régner la loi d'amour. Ce
bienfaiteur des hommes, victime du dieu ja-
loux qui ne lui pardonnait pas de leur avoir
donné le feu et enseigné les arts et les scien-
ces, aime de plus en plus la race des mortels
depuis que la douleur l'a fait semblable à eux.
Ii veut organiser un nouvel univers, et il ne
doute pas d'assurer le bonheur de tous les êtres.
Sa pitié s'étend même au vautour qui naguère
lui dévorait le foie, et il regrette qu'HérakJès
l'ait tué d'une flèche.
Il va bientôt déchanter. Le centaure Chiron
vient lui demander justice contre les Gorgones
qui l'ont assailli. La souffrance et le deuil n'ont
pas encore disparu. Némésis lui apporte l'arme
à laquelle il a droit, la torche d'or, qu'il brandit
contre 'les larves, filles de la nuit, mais qui ne
tarde pas à s'obscurcir. En outre, Némésis lui
défère l'épreuve. Voici le vase d'airain, où est
conservé le coeur douloureux de Pandore, mère
des humains. Prométhée ne sera vainqueur,
d'après l'oracle, que s'il réussit à guérir ce
cœur toujours saignant. Némésis ne l'encou-
rage guère. Elle enseigne un fatalisme impas-
sible « Qui comprend,dit-elle, la majesté des
choses n'a plus ni amour, ni mépris, ni haine,
ni compassion. Tout est nécessaire, donc tout
est bien. » Cependant Proiméthée lave le cœur
avec son propre sang. Il essaye ensuite de le
purifier avec la flamme de sa torche. Tout est
inutile. C'est en vain qu'il a souffert, en vain
qu'il répand les lumières de l'esprit. Le cœur
humain est incurablement faible et blessé. Le
chœur des Argonautes s'inquiète et supplie
Prométhée de ne pas exiger trop de perfection.
L'homme se complaît dans sa bassesse. Sept
étoiles jaillissent du front de Prométhée. Sept
furies les annulent. D'un côté intelligence,
verbe,, amour. fiojj.. désir, sagesse. harmonie.
̃ en vue de l'interdiction du déversement dans les
cours d'eau des eaux nocives provenant des usines.
i Savoie (HAUTE-). Le conseil général ayant été
informé par le préfet que les journaux suisses an-
nonçaient que le président de l'assemblée dépar-
tementale, M. Goy, sénateur, avait manifesté l'in-
tention, à l'ouverture de la session, de combattre
,la convention franco-suisse devant le Parlement,
on déclare que oette information est complètement
inexacte.
En réalité, il n'a jamais été dans les intentions
du président, non plus que dans celles du conseil
général de combattre cette convention; au con-
traire, ie président défendra devant le Parlement
la convention franco-suisse, ainsi que le projet de
loi reportant à la frontière la ligne douanière, à
condition que soit accordée une indemnité de
40 francs par tête, pendant 25 ans, aux habtfants
de la zone.
Pyrénées (Hautes-). Le conseil général a
émis le vœu que les prochaines élections législa-
tives aient lieu au scrutin de liste majoritaire
avec suppression du scrutin de ballottage. Un seul
conseiller s'est déclaré partisan de la proportion-
n'elle. p
M VOYàGE_PRÊSIDENTIEL
(De notre envoyé spécial)'!
EN ALGÉRIE
Bône, 25 avril.
Il ne m'appartient pas de commenter les dé-
clarations de politique extérieure que le prési-
dent de la République a faites aujourd'hui à Ptii-
lippeville. Je veux seulement noter que l'impres-
sion faite par ces paroles sur ceux qui les ont
entendues a été considérable. Le cadre était mer-
veilleux la mer d'un bleu accentué, devant la-
quelle s'ouvre directement le vitrage du grand
hall du palais Rusicade, formait un fond de décor
sur lequel les navires d'une partie de l'escadre
de la Méditerranée profilaient leur silhouette
empanachée de fumée, lorsque M. Millerand, après
avoir prononcé un éloge de M. Gaston Thomson,
dont 1 émotion était visible, commença à exposer
d'une voix haute et claire, les grandes lignes de la
situation internationale actuelle de la République.
Le bruit du ressac retentissant sur la plage ac-
compagna ses paroles d'une basse profonde qui
ajoutait encore à la grandeur de la scène.
Le cortège présidentiel a quitté le palais Rusi-
cade (dont le nom est celui de la ville antique sur
l'emplacement de laquelle s'élève Philippeville) à
2 h. 15 et a franchi sans arrêt le trajet de 115 kilo-
mètres qui sépare cette ville de Bône. La route
traverse une région aux cultures opulentes, carac-
térisées surtout par l'importance du vignoble. Les
centres de colonisation 'y sont nombreux et vi-
vants. Chaque fois que le cortège longeait une ex-
ploitation importante les viticulteurs en costume
dç, travail, aveo tous leurs, instruments agricoles.
formaient une haie aussi décorative dans son genre
que bien des manifestations militaires. On se serait
cru en France, sans les grands eucalyptus qui pro-
tègent la route do leurs ombrages "somptueux et
entourent les bourgades et les hameaux de fron-
daisons exotiques.
Ee président est arrivé à Bône à 5 heures. Il a
été reçu par M. Marchis, maire, et M. Lovichi,
sous-préfet, puis il s'est rendu à l'hôtel de ville à
travers les rues joliment pavoisées de la char-
mante ville dont la population l'a accueilli avec
•enthousiasme. Les navires de guerre ancrés dans
le port prodiguaient de joyeuses canonnades.
Après la remise de décorations et la présenta-
tion des autorités à la mairie, M. Millerand a re-
gagné son train garé sur le port le long du palais
consulaire. Il a eu dans son salon un très long
entretien avec M. Lucien Saint, résident général en
Tunisie, qui est venu au-devant de lui à Bône.
A 7 h. 1/2, le conseil municipal et la chambre de
commerce de Bône ont offert au président, dans
la grande cour du lycée de jeunes filles aménagée
pour la circonstance, un banquet qui réunissait
toutes les notabilités de la région, les ministres et
les parlementaires de la suite de M. Millerand, M.
Steeg, gouverneur général de l'Algérie, et M. Lu-
cien Saint, résident général en Tunisie.
Au dessert, des discours ont été prononcés d'a-
bord par la maire, le président de la chambre da
commerce, un conseiller municipal indigène.
Puis M. Gaston Thomson, député de Constan-
tine, a pris la parole. Rappelant ce mot prononcé,
en arrivant en Algérie, par un personnage de la
suite du président « Mais c'est la France! » il
a dit
Ce simple mot est la. plus douce récompense pour
le colon français. Bismarck disait n Le coq gaulois
.gratte le désert. » Le chancelier de fer rendait lour-
dement hommage à l'effort français qui a yiviflé ce
pays. Ce sont les indigènes qui en ont été les premiers
blénéflelaires. Une œuvre qui s'impose, c'est l'union
économique, l'union douanière, l'union monétaire de
toute l'Afrique française.
M. Steeg, gouverneur général, a exprimé la
reconnaissance de l'Algérie envers le président
de la République qui a apporté le salut affec-
tueux de la mère patrie, le réconfort, utile à
l'heure trouble que nous vivons, de sa foi éclairée
dans les destinées de la France. Il a ajouté
Nous servirons de toutes nos forces la cause sociale
et nationale dont vous êtes le serviteur fMèle. L'Algérie
s'est montrée à vous telle qu'elle est, peut-être avec
ses erreurs, mais vivante, éprise de progrès, soucieuse
de resserrer la solidarité des races qui s'y coudoient
sous l'égide du génie de la France.
Il n'y a pas une question algérienne, une question
indigène; vous nous aiderez, monsieur le président
de îa République, à les résoudre. Selon le mot que
vous aimez, nous procéderons par paliers, pour ne pas
être exposés jamais à un recul. L'éoho persistant des
acclamations qui vous accompagnaient vous rappel-
lera la fldéllté de l'Algérie qui travaillera d'un cœur
confiant avec cette Tunisie, avec ce Maroc que vous
avez contribué par votre voyage à unir à eHe devant
le monde, devant l'Histoire.
Après avoir remercié les orateurs, le président
a dit toute l'admiration qu'il a éprouvée, de
Tlemcen à Bône, pour les beautés naturelles de
l'Algérie et pour le travail du colon algérien qui
s'est imposé à la nature.
C'est, a-t-il continué, l'Impression que j'emporte.
Le colon a transformé cette terre. Il n'est presque
qu'au début de sa tache; on sent par les résultats
obtenus quels résultats il obtiendra encore. Un autre
sentiment se joignait à celui-là, c'était la constatation
deil'assooiation étroite, indissoluble des colons et des ·
Indigènes; l'union entre eux est faite sans doute, il
De l'autre matière, mort, haine, douleur,
borne, ignorance, discorde. Chaque énergie,
chaque vertu, a sa ténèbre qui l'engloutit. Pro-
méthée lance son sang et son épee contre le
ciel. Il semble victorieux. Les dieux sont morts.
Toujours magnanime, il déclare qu'il n'a plus
de haine après la victoire, que d'ailleurs il ne
les haïssait pas, mais seulement le régime fu-
neste qu'ils imposaient au monde. Et voici la
grande déception. Les hommes, affranchis par
lui du despotisme de ces dieux méchants, loin
de lui en savoir gré, regrettent leurs bourreaux
et n'ont de reproche que pour leur sauveur.
« Quel crime' Et maintenant, qui implorer?.
Malheur sur nous 1 » Ici s'arrêtait la première
partie de la Nef, dont M. Elémir Bourges n'a
corrigé que quelques détails, sans en modifier
l'essentiel.
Toutefois, la seconde partie, entièrement
nouvelle, rectifie un peu notre impression.
Nous y voyons qu'il ne s'agit pas seulement
d'ingratitude, mais que les hommes étaient en
effet plus heureux et peut-être meilleurs autre-
fois. Les géants bâtisseurs que Prométhée em-
ploie, comme Fafner employait Fafner et Fa-
solt, déclarent qu'il ne reste plus qu'un dieu
l'or, et que, Zeus n'étant plus. là pour l'appuyer,
la justice n'existe plais. On ne change pas les
êtres, ni le train du monde Le centaure Chi-
ron est partisan d'une restauration du culte.
Prométhée n'a fait qu'aggraver la situation et
provoquer des calamités. Pas de morale ni de
vie possible sans les dieux Devant qui se tien-
dront la paix., la joie, la clémence ? Prométhée
répond qu'elles auront pour sanctuaire le cœur
,de l'homme juste. Il est pour l'adoration en
esprit et en vérité.. Le centaure veut des autels
et des rites les femmes, toute la foule, en ré-
clament il faut une religion pour le peuple!
Prométhée. va-t-il faiblir ? Soit dit-il. Mais.
quant à lui, il est las de ces prestiges et il veut
contempler le vrai Dieu face à face. Surgit
Zeus, non pas l'ancien, celui de l'Olympe, que
le titan a mis en fuite, mais le Zeus véritable,
autrement dit le Dieu du spiritualisme. Une
discussion philosophique s'engage Prométhée
accorde que sans Dieu, son âme est vide « Je
t'aimerais, s'écrie-t-il, si je pouvais croire en
toi. » Mais il soulève les objections connues,
auxquelles Zeus oppose les réponses usuelles,
en empruntant des arguments -et même des ex-
pressions à Leibnitz, à Malebranche, à Lache-
lier, et à l'Imitation de Jésus-Christ. Sa res-
source principale et sa tarte à la crème, c'est
que Ej£ométhée jjèche jgaç orgueil, et (nie la
faut travailler la rendre plus étroite, plus forte.
Mais à la frfi de chaque banquet j'ai entendu la
même pensée dans la bouche des indigènes « Nous
aimons la France de toutes les fibres de notre être,
nous ne lui demandons que de nouvelles raisons de
l'aimer. » Que l'instruction obligatoire pour eux entre
plus étroitement dans cette communion que rien ne
rompr?,. a ce colon laborieux il faut donner sans cesse
des Jïifiyens nouveaux de décupler son effort, et cet
mdlffsue, debout à côté de lui pour partager son labeur
et aa vie, il faut l'élever sans' cesse en mettant à sa
disposition les œuvres d'assistance et d'éducation qui 1
feront de lui un collaborateur, non pas plus fidèle,
mais plus précieux de la France.
M. Millerand s'est associé chaleureusement aux
éloges unanimes qui ont été faits, au cours de son
voyage en Algérie, du gouverneur général
Je laisse, a-t-il dit, l'Algérie en bonnes mains la
grande œuvre algérienne qui est en si bonne voie ne ces-
sera de grandir et de prospérer. En quittant le Maroc je
disais qu'il fallait établir une union, économique plus
étroite avec l'Algérie, et je demandais des réunions pé-
riodiques des résidents et du gouverneur général pour
étudier en commun les problèmes économiques qni
intéressent l'Afrique du Nord. Je suis heureux de
redire cette suggestion en présence du résident gé-
néral de Tunisie qui l'accueillera comme l'ont ac-
cueillie le résident général au Maroc et. le gouverneur
de l'Algérie, et ainsi commencera pour l'Afrique du
nord cette association de labeur et d'étude qui, san~s
toucher à l'originalité et à l'autonomie de chacune (Jes
parties de notre grand domaine, les servira toutes les
trois en servant la patrie française.
Puis le président a traversé la ville illuminée
pour se rendre, au palais consulaire, du balcrn
duquel il a assisté à une fête nautique de nuit
donnée sur la rade. Là s'est terminé son voyage.
en Algérie. A 10 heures et quart il a repris place
dans son train qui, quelques minutes plus tard,
l'emportait vers Tunis.
EN TUNISIE :i
Soulc-eï-Arba, 27 avril.
Le train .pr-ésidealiel, parti hier à dix heures
trente de &dne, est arrivé ce matin à huit heures
quinze à &ouk-e!-Arba, premier arrêt, du territoire
tunisien. Les représentants du gouvernement tuni-
sien ont ébé présentés au président, notamment
MM. de CastiMon, -délégué à ia résidence, Gabriel
Puaux, secrétaire général, àlourgnot, directeur gé-
néral des travaux publics. Le bey avait délégué
pour le représenter le prince Moneef, son fiis aîné
lieutenant-colonel de la garde beylicale. Ont été
yeaiomeat présentes le commandant Jaoquemin,
«tijcier d'ordonnance 'du résident général, et M
Trélat, président du conseil d'administration du
chemin de fer de Bône à Gue-frna.
Le président a quitté Soufc-eJ-Arfca à 8 heures
45. Il arrivera à Tunis à midi, après avoir déjeune
dans son train. A mesure que nous approchions do
la frontière tunisienne, nous avons recueilli, no--
tarom«n-t dans les milieux indigènes, des rensei-
gnements précis et concordants sur la véritable si-
tuation politique dans la régence..Au moment où
le président entre sur le territoire du protectorat,
il n'est pas inutile d'insister sur certains aspects
de cette situation.
Les lecteurs du Temps connaissant bien, pour
avoir été tenus au jour le jour au courant de son
évolution, le parti jeune-tunisien, principal arti-
san de la tension actuelle des esprits. Ils savent
que ce parti, qui se confond avec le parti du « Des-
tour » (c'est-à-dire de la Constitution), réclame
pour la Tunisie un Parlement élu et un gouverne-
ment responsable devant ce Parlement. Ils n'igno-
rent pas que, dans l'état des traités organiques sur
lesquels repose la Constitution du protectorat, l'ap-
plioation de ce régime, qui serait le régime parle-
mentaire pur et simple, ne saurait même être en-
visagée, et que, très sagement, mais très nette-
ment, le résident général actuel, M. Lucien Saint,
a déclaré aux constitutionnels qu'il n'irait pas au
delà d'une réforme de la conférence consultative
et des règlements de la municipalité permettant
aux indigènes d'être associés, dans la mesure où il
est normal qu'ils le soient, à la gestion des affaires
tunisiennes.
_Tunisie, comme ailleurs, par l'ébranlement de la
guerre et par l'inopportune diffusion des idées
wilsoniennes, malgré l'exemple de la Tripolitaine
à laquelle les Italiens ont accordé sans grand dis-
cernement une charte politique visiblement pré-
maturée, le mouvement du « Destour » n'avait, ces
derniers temps, pas empiré et les réformistes sem-
blaient devoir prendre le dessus sur les nationalis-
tes extrémistes. Malheureusement, la liquidation
du protectorat britannique sur l'Egypte est venue
exalter les esprits de la manière la plus fâcheuse.
D autre part, une motion tout à fait inopportune
émanant d'un groupe de députés dont certains ap-
partiennent au parti modéré, motion, d'ailleurs,
aussitôt retirée que déposée, et tendant à l'octroi
d une nouvelle charte politique aux Tunisiens, est
venue donner aux partisans du « Destour » l'illu-
sion bien regrettable que le Parlement français
est avec eux.. Enfin, la propagande bolcheviste, en-
tretenue par les fonds de Moscou, et peut-être par
ceux de Berlin, a su habilement, ces derniers
temps, exploiter le sentiment national et môme le
fanatisme religieux des indigènes contre le ré-
gime français.
Ces facteurs concordants ont fait naître chez le0
meneurs le projet de profiter du voyage présiden-
tiel pour poser avec éclat la question des libertés
tunisiennes. Il leur fallait, pour cela, utiliser l'in-
fluence du bey et se servir de son autorité sur les
indigènes. Ils y sont parvenus en entrant en col-
lusion avec le fils du souverain et les princes de
la famille beylicale qui, poussés soit par des con-
victions nationalistes, soit plutôt par des considé-
rations d'intérêt personnel, ont obtenu du chef de
la dynastie des velléités d'abdication qui sont
toute l'histoire des incidents actuels.
Nous nous trouvons donc en présence d'une coa-
lition du parti de la Constitution, c'est-à-dire d'un
parti libéral, avec une cour absolutiste, ce qui est
proprement une juxtaposition des contraires, ef-
fectuée pour réaliser la suppression de -l'hégémo-
nie française en Tunisie, vaste intrigua favorisée
par les communistes et dont quelques-uns des fils
sont entre les mains de ces derniers. Certains des
ministres du bey, et non des moindres, se sont
attiré le ressentiment des nationalistes et en mê-
me temps de la cour par leur collaboration loyale
avec l'administration du protectorat, le parti du
« Destour », mettant au premier rang des articles
de son programme le droit absolu du souverain à
désigner lui-même ses ministres et à s'en séparer
en toute indépendance. 1
Tel est en gros, le jeu des influences d'origine
diverse mais passagères, associées dans un but né-
gatif commun, qui sapent actuellement l'influence
chétive intelligence humaine ne peut concevoir
Dieu. Bien Mais c'est une pétition de prin-
cipe. Si l'existence de Dieu est inconcevable, elle
est donc pour nous nulle et non avenue. Nous
n'avons pas à y croire. Quod gratis asserUWj
gratis negatur. A trop abaisser la raison, oh
s'interdit de rien prouver.
Pourtant, Prométhée accepterait ce point de
vue, quoique fallacieux en bonne logique; il
va jusqu'à battre sa coulpe, se repentir, se pros-
terner et s'écrier « Père! Pardonne-moi
Prends-moi 3 » II a oublié le vautour; c'est le
vautour qui se rappelle à lui. Sa plaie se rou-
vre, ses souffrances se réveillent. Cette fois,
c'en est trop. Zeus a beau revenir à son an-
tienne « Silence Que sais-tu de ma règle ? »,
et lui signifier que ses voies sont impénétra-
bles. Praméthée accédait à cette explication par
l'impossibilité de rien expliquer, tant qu'il ne
s'agissait que d'ontologie et de cosmogonie. Sur
le problème du mal, il est moins endurant. Il
ne consent sous aucun prétexte qu'un Dieu
parfait ait engendré un mpnde mauvais. Les
tortures et la mort des êtres innocents l'indi-
gnent et le scandalisent. Non, non Il y a trop
de larmes et d'angoisses. Il n'adorera pas le
Dieu qui en est l'auteur.
C'est Renan, je crois, qui a dit que le pro-
blème du mal était la plus grave difficulté et la
pierre d'achoppement des théories théistes, qui
placent la perfection à la base du monde. Il
l'est aussi du panthéisme, qui ne se différencie
pas suffisamment à cet égard de la doctrine
précédente. Le dieu panthéiste, Ouranos, le
grand Tout, qui se présente à Prométhée après
Zeus, est éconduit pour le même motif. Et voici
enfin le serpent atomiste et athée. Pourquoi M.
Elémir Bourges dépeint-il sous les traits d'un
monstre ©ne philosophie qui est en somme
celle d'Epicure et de Lucrèce? Elle a l'a-
vantage de résoudre d'une façon intelligible,
donc satisfaisante pour l'esprit, sinon pour
le cœur, ce fameux problème de l'origine du
mal. Il est vrai qu'elle ne garantit aucune
fixité dans l'univers, livré au hasard et au
mouvement indéfini. Mais on peut l'amender.
Elle n'est peut-être pas forcément incompati-
ble avec le devenir continu et le progrès ver?
le divin, selon Hegel et Renan. Toujours est-il
que Prométhée la repousse comme les autres,
avec plus d'horreur encore, en refusant
bruyamment d' « adorer la matière ». On ne
le lui demandait pas, et c'est assez de la com-
prendre. Maintenant, il s'extasie sur les mer-
veilles ,dj l'ufiivers, qui tout à l'heure ne le con- [
française en Tunisie et donnent lieu à. un mo*t
veinent dont, il ne faut pas se le dissimuler, l'a-
boulhdorncnt serait, si l'on n'y prenait garde, l'in-
dépendance totale de la Tunisie et sa soviétisation
à bref délai.
Fort heureusement ce mouvement ne corres-
pond encore à rien de précis ni de profond dans
la masse des indigènes. Les, constructions idéolo-
giques des intellectuels, les manœuvres des gens
qe la cour, les ambitions subversives des bolche-
vistes n'ont pu encore avoir prise sur les artisans
et les cultivateurs, satisfaits, en somme, de l'ad-
mmistration française. Il est vraisemblable quoi
tout au contraire de ce qu'espéraient les agita-
teurs, le voyage de M. Millsrand en Tunisie don-
nera au chef de l'Etat l'occasion d'affirmer avec
torc/e les droits que la France tient du traité du
Baj*do et son intention formelle de continuer en
Tnnisie l'œuvre do civilisation, d'éducation et de
progrès qu'elle y a" entreprise et à laquelle alla
entend ne mettro fin sous aucun prétexte et à au-
cun prix. Ces déclarations seront évidemment de
nature à ramener les esprits au calme et à la rai-
son.
N'oublions pas que, dans les dix-huit points du
cahier de revendications présenté par le bejr, sous
la pression des nationalistes, figurait la suppres-
sion du drapeau tricolore. Ccrscul détail suffit, à
caractériser la tendance essentiellement antifran-
çaise du mouvement. Nous ne pouvons qu'y op-
poser un non résolu. M. Lucien Samt qui, dès son
arrivée à Bône, s'est entretenu avec quelques re-
présentants de la presse, a insisté sur le calme, au
fond général, qui règne actuellement en Tunisie.
Ce calme est de bon augure. Les fanatiques de
toutes catégories, les partisans de la subversion to-
tale qui se sont servis, ces derniers temps, de la
faiblesse d'un souverain âgé et versatile, pour com-
battre l'influence française,. de complicité avec les
ambitieux d'une cour oisive et intéressée, ne réus-
I siront pas à le troubler. Les réformes sagement li-
j béralcs que la France est toujours prête à réaliser
en Tunisie n'y perdront rien, tu contraire.
".C:o£:OI
EN ESCADRE
(De notre envoyé spécial)
Tunis, 20 avriî.
La floLto internationale réunie eu rade d'Algei
s -est dispersée.
Après les cuirassés anglais, américain, italien,
1 escadre française a nris la mer le 24 au matin
en deux lignes do file "imposantes. En tête les qua-
tre droadnougihts, les deux croiseurs ex-allemands
.ot le Senàs, à bâbord l'escadrille des contre-torpil-
leurs.
Le soleil matinal jiluiiiiiiait enfin la blanche
Alger; le travail, à peine interrompu par les fêtes
et les réceptions, reprit à bord de toutes les unités.
On sait que toute notre escadre de la Méditerra-
née, cuirassés, croiseurs légers, torpilleurs et
sous-marins, est placée sous un commandement
unique, celui de l'amiral Salami, ancien chef'
d état-major général de la marine. C'est un Breton
énergique, un esprit vigoureux: du chef il possède
la qualité essentielle, -la volonté. Sous ses ordres
tout le monde travaille ferme. La croisière prési-
dentielle eut pour notre marine un double avan-
tage elle a pu montrer son pavillon dans des
ports qui depuis de trop longs mois n'avaient été1
visités que par des escadres étrangères et tout
récemment encore par les formidables dread-
noughts de l'iseadre britannique de l'Atlantique,;
le voyage devait en outre servir à l'entraînement
do tous les bâtiments de l'escadre, pour la pre-
mière fois normalement constituée avec son corps
de bataille, de quatre cuirassés, ses éclaireurs, ses
torpilleurs et ses sous-marins. Cette mobilisation
navale aura coûté plusieurs millions. Ils n'ont pas
été gaspillés. Ce n'est pas ici qu'il faut rechercher
les inutiles prodigalités de la marine. Les dépen-
ses de charbon et de mazout pour la navigation et
les manœuvres sont de l'argent bien placé. L'ins-
trument dont dispose notre commandant vn chef,est
assez médiocre les dreadnoughts ne sont plus
neufs, les torpilleurs sont usés' par la guerre, les
avions rares.
La s«ule_ nouveauté matérielle digne d'être no-
tée a consisté dans la mise en scène en escadre
des deux vaisseaux ex-allemands Metz et Stras-
bourg, du conducteur d'escadrille Amiral-Senès, des
sous-marins Léon-Nignot et René-Audry. Leur
présence en rade. d'Alger était comme le symbole
do la victoire maritime de l'Entente. En outre,
malgré les critiques prématuréees qu'on a pu leur
̃adresser, ce sont d'excellents bâtiments. Le Stras-
bourg et le Metz sont comme de magnifiques lé-
vriers effilés, rapides, en même temps robustes,
parfaitement au point actuellement, après l'adap-
tation que lui ont fait subir nos ingénieurs et nos
mécaniciens.
Le Senès avec ses 56,000 chevaux est l'unité la
plus rapide do notre flotte; il est intéressant de
retrouver sur ces trophées de Fcx-marino alle-
mande tous les défauts et les ̃ qualités des cons-
tructions navales de la marine impériale robus-
tesse, complication trop minutieuse, sens prati-
que constituent un terrain de comparaison extrê-
mement fructueux pour nos jeunes officiers. Le
personnel bien plus encore que le matériel exige
tous les efforts du commandement naval. Il se
trouvait à l'armistice dans une situation nresque
inquiétante. La discipline semblait ébranlée par
la lassitude et la trop longue durée d'un effort.
sans détente. Elle est aujourd'hui parfaite. La dé-
mobilisation désorganisa l'escadre. En 1921 la ma-
rine ne perdit pas moins de 17,000 hommes pour
la plupart spécialistes. Les effectifs des bâtiments
aTmés ne se maintenaient qu'au prix de muta-
tions incessantes. Le mécanisme infiniment com-
pliqué de nos cuirassés et de nos sous-marins ris-
quait de tomber en des mains sans expérience. 11
fallut avant tout instruire les équipages. L'esca-
dre entière se transforma en école. C'est à bord
même des unités en service que se sont formés un
très grand nombre de brevetés. Les jeunes "offi-
ciers furent livrés au même entraînement.
Beaucoup, promus pendant la guerre, n'avaient
suivi que des cours théoriques succincts; dispersés
sur .les chalutiers ou dans l'aviation, ils man-
quaient souvent de l'esprit et des notions mili-
taires qui ne s'acquièrent que dans une escadre
bien entraînée.
De. même Je commandement des unités tactiques
fut réorganisé d'après les enseignements de la
guerre et d'après les principes que nous avons
souvent préconisés dans le Temps. La majo-
rité d'escadre fonctionne sur la Bretagne comme
à un grand quartier général militaire; elle est di-
visée en trois bureaux matériel, renseignements,
opérations. Le dernier iélabore des exercices et
thèmes tiques gradués et méthodiques. Chacun
d'eux fait l'objet d'une critique du commande-
ment en chef. La moindre sortie est l'occasion
d'exercices individuels ou combinés. La vie nor-r
tentaient pas et lui paraissaient fortement gâ-
tées par la présence du mal. Il ne croyait pas;
il croit ou s'imagine qu'il croit en Dieu,
et se tire d'affaire par un idéalisme transcen-
dantal qui, si j'ai bien saisi, lui permet de trai-
ter toutes les contre-indications de simples ap-
parences. Mais un mot du serpent matérialiste
s'applique toujours à lui. Cet idéal, cette justice,
à quoi il tient tant, la Bête lui avait dit « C'est
toi qui les crées » Prométhée n'ambitionne
effectivement rien de moins que d'être ou de
créer un Dieu nouveau, qui n'existe pas encore,
mais qui existera peut-être un jour. Bref, il re-
vient à Renan et à Hegel, après un détour et des
colères inutiles.
Il a ensuite son épisode bouddhiste et schopen-
hauerien. Il aspire au renoncement et au néant.
Atlas et Héraklès 'l'en détournent Il faut ré-
commencer à vivre, malgré les dévastations
perpétrées sur la terre par les puissances cé-
lestes qu'il pensait avoir exterminées et qui se
vengent Le centaure Chiron le somme une fois
de plus de signer un concordat. Prométhée pré-
fère se pétrir dans l'argile un fils, de qui il
espère les réalisations qui lui ont échappé.
Nouveau méfait du ciel! L'enfant est tin avor-
ton aveugle, qui maudit la vie et l'amour. Hé-
raklès, sermonnaire un peu prudhommesque,
conseille à Prométhée de s'incliner humble-
ment et de bénir la main qui le frappe. Le
titan se redresse et lance une dernière impré-
cation, mais il se se'rut définitivement vaincu,
et il disparaît au loin. Alors la vie reprend
partout joyeusement, dans les mêmes con-
ditions qu'autrefois. le gêneur étant parti. Et
le bon Héraklès rend hommage à ses nobles in-
tentions, à la générosité de ses exemples, mais
ajoute que l'homme est né pour agir, et non
pour connaître. Ainsi le jeune va-t'en guerre
Fortinbras s'oppose au prince Hamlet.
Le monde est aux simples et «aux ignorants,
quand ce n'est pas aux brutes. Il n'y a pas de
place pour le heros ni pour le penseur. La ré-
volte et la libération de Prométhée ne l'ont con-
duit qu'aux désastres. La vie est horrible. Mais
il faut l'accepter telle quelle, ou s'en aller. Pro-
méthée a raison en droit et tort en fait. On voit
que M. Blémir Bourges aboutit au plus noir pes-.
simisme, et que ses conclusions sont aux anti-
podes d'Eschyle et de Shelley. Mais sa Nef,
quoiqu'un peu escarpée et par endroits un peu
lente, n'est pas indigne de figurer dans la litté-
rature prométhéenne après les chefs-d'œuvrg
de ces deux grands maîtres.
)gAUIi 'SOUDAY. j
La Petite Histoire
&e tunnel des Batignolles
"II ne faut pas, fout de même, qu'il disparaisse
sans un mot d'oraison funèbre. Ce boyau som-
bre, encrassé et fumeux, qui s'en va sous les
invectives et les quolibets, fut, en son jeune
temps, l'objet d'un engouement sans précé-
dent. Nos grands-pères concevaient ainsi de
caïfs enthousiasmes pour des attractions que,
plus blasés ou moins sensibles, nous considé-
rons avec une indifférence dédaigneuse feu
ïe puits artésien de Grenelle, le marché Saint-
Germain, la fontaine Saint-Michel et le pont
des Arts suscitèrent, dans leur -primeur, des
admirations qui, depuis lors, se sont considéra-
blement effritées. Tel devait être aussi le des-
tin du tunnel des BatignoUes.
Quand, en juillet 1835, on apprit qu'une loi
autorisait d'entreprenants spéculateurs à éta-
blir un chemin de fer de Paris au Pecq,lequel
partirait de la place de la .Madeleine et irait
passer la Seine aux environs d'Asnières, le pu-
blic en demeura ébahi. Comment les ingénieurs
feraient-ils grimper à leurs machines la côte
de Monceau? Allaient-ils dévaster ce joli ha-
meau et ses riantes maisons de campagne?
Bientôt on sut'qu'elles passeraient dessous; et
alors ce fut un éclat de rire. Creuser la colline
de Monceau et faire voyager des ohrétiens sous
terre pour leur faire voir le paysage. cela res-
semblait fort à une mystification. Aussi les
̃gens de bon sens demeuraient incrédules. L'a-
vis général était que l'on ne trouverait pas de
JerrassieRS assez téméraires pour ouvrir un che-
min souterrain dans cette montagne de sable
qui s'écroulerait indubitablement sur eux un
tel travail était si nouveau qu'il apparaissait
impossible.
Pourtant, lorsqu'on vit des équipes d'ouvriers
s'attaquer à la fois au nivellement de la plaine
de Clichy, aux ponts de bois sur la Seine, à la
construction des gares intermédiaires d'Asniè-
res et de Chatou et même au percement fabu-
leux, on comprit que c'était sérieux. En moins
de deux ans, tout, comme par prodige, fut ter-
miné ou à peu près. Les entrepreneurs, de-
vant les protestations unanimes, avaient pro-
visoirement renoncé à prolonger la nouvelle
voie jusqu'à la Madeleine ils l'arrêtaient à
la place de l'Europe, nouvellement tracée
sur les terrains avoisinant l'ancien Tivoli, et
du haut de laquelle une foule de ba-
dauds regardaient avec ahurissement cette
extraordinaire nouveauté d'un chemin chargé
de grosses barres de fer, parallèlement,
alignées, qui, à quelque cent mètres de là,
s'engouffrait dans la double gueule noire
du formidable souterrain. C'était lui, sur-
tout, qui hantait les imaginations; on en con-
sidérait l'entrée avec une sorte de fascination
et les commentaires auxquels donnait lieu cette
contemplation se terminaient généralement
par cette conclusion « Ce n'est toujours pas
moi qui irai là-dedans! »
Car les pronostics les plus défavorables
avaient cours. De bons esprits expliquaient que,
sous cette voûta basse, la résistance de l'air se-
rait telle qu'un convoi pesamment chargé ne
parviendrait pas à la vaincre, quelque grande
que pût être la puissance de ses remorqueurs.
La fumée, sans échappement, devait, du reste,
hâter la suffocation des voyageurs dont un bien
petit nombre échapperaient à tant de périls
combinés. Un savant illustre, ému du danger
dont étaient menacés ses concitoyens, crut de
son devoir de les mettre en garde contre la cy->
nique ignorance de spéculateurs assassins, et
proclama, au nom de la science, qu' « on ren-
contrerait dans le tunnel une température de
8 degrés Réaumur, en venant d'en subir une
de 40 à 45 degrés » (sic). « J'affirme, sans hé-
siter, déclarait-il, que, dans ce passage subit du
chaud au froid, les personnes sujettes à la
transpiration gagneront des fluxions de poi-
trine, des pleurésies, des catarrhes. » Ah! ceux
qui en reviendront auront de la chance!
A la fin du mois d'août 1837, les voies, le sou-
terrain, les ponts et les gares étaient prêts res-
tait à trouver des voyageurs, Les administra-
leurs du chemin de fer, pour rassurer les trem-
bleurs, obtinrent non sans de nombreuses
démarches, bien probablement que la reine
Marie-Amélie serait du premier voyage. Quant
là Louis-Philippe, le roi régnant, sa vie était
jtrop précieuse pour que ses ministres l'auto-
risassent à la risquer dans une pareille aven-
ture. Le chemin de fer lui fut absolument in-
terdit, et le souverain dut se morfondre, ce jour
de 34 août, en attendant l'issue de l'expérience
à laquelle se prêtaient, avec une abnégation
méritoire, sa chère femme et ses courageuses
filles, car les princesses n'avaient pas voulu
abandonner leur mère en une si périlleuse cir-
constance. Ceci fut jugé héroïque « La reine
est la première femme qui soit montée dans
la voiture aérienne », écrivait le surlende-
main un journaliste, manifestement remué par
tant d'intrépidité. Le rang suprême impose de
redoutables obligations.
Le jour suivant, c'est le tour des ministres,
du grand-chancelier de France et de quelques
hauts personnages. Une foule considérable s'est
amassée pour les voir monter dans les voitu-
res ils font bonne contenance, d'autant que,
pour parer aux défaillances, la musique de la
garde nationale va prendre place dans le train
et soufflera dans ses instruments pendant toute
la durée du trajet. Tout de même, quand le con-
voi se range, il y a un moment d'émotion, en
raison de « l'affreux bruit de chaînes », des
lugubres appels du cor dont sonnent les em-
ployés tout le long de la voie, et surtout à cause
de ce menaçant souterrain qui forme l'unique {
perspective de la gare et dont s'échappe conti- (
rçuellement un sombre nuage de fumée. Cepen- (
FEUILLETON DU &mp$
DU 28 AVRIL 1922
LES LIVRES
IEoémir BOURGES la Nef, 1 vol. in-8", Stock (De-
lamain et Boutelleau). Eschyle les Sup-
pliantes, les Perses, les Sept contre Thèbes, Pro-
méthée enchaîné, texte établi et traduit par Pau]
Mazon, 1 vol. Société d'édition les Belles-Lettre6
(collection Budé).
•M. Elémir Bourges n'est pas pressé. La pre-
mière partie du présent ouvrage avait paru en
J1904 et se terminait par une note ainsi conçue
!« Les scènes qui tenminent la Nef seront pu-
bliées ultérieurement. » Il n'a pas fallu moins
de dix-huit ans à M. Elémir Bourges pour me-
ner à bien cette publication. L'auteur du Cré-
puscule des Dieux, de les Oiseaux s'envolent et
les fleurs tombent et de Sous la hache, a com-
mencé d'écrire en 1877 septuagénaire au-
jourd'hui, ou peu s'en faut, il n'en est encore
qu'à son quatrième ouvrage. A moins qu'il ne
nous réserve des trésors inédits, son maître
Flaubert, par comparaison, fera presque figure
d'improvisateur. Il est vrai que le Crépuscule
et les Oiseaux sont d'admirables romans, dont
Je second atteint parfois au sublime.
La Nef est un grand' livre aussi, mais' d'un
genre bien différent et un peu moins accessi-
ble non plus un récit contemporain, mais un
drame antique et philosophique. M. Elémir
Bourges ressemble encore à Flaubert par cette
variété, et il nous donne avec la Nef quelque
ichose comme sa Tentation de saint Antoine.
C'est un Prométhée bonne leçon pour les
rapins qui trouvent ce sujet pompier, pé-
rimé et hors d'âge. On a eu justement ces
temps-ci une excellente occasion de re-
lire le Prométhée enchaîné d'Eschyle, dans
l'édition critique de M. Paul Mazon, maî-
,tre de conférences à la Sorbonne. C'est jusqu'à
présent un des plus remarquables volumes de
cette précieuse collection Budé, qui nous a
donné déjà du Platon, du Cicéron, Lucrèce,
Perse, Juvénal, et nous restituera tous les clas-
siques grecs et latins dans les meilleures con-
ditions, de façon à soutenir victorieusement la
concurrence allemande. Beaucoup de lecteurs
Apprécieront particulièrement la disposition
isDogpauhiaue du texte et de la traduction sur
dant tout marche à souhait, et comme la reine
et ses filles, deux heures après leur départ, les
ministres reparaissent, tout guillerets, et in-
demnes, au moins en apparence, de toute suf-
focation et de tout catarrhe. Aussi, dès le 26,
quelques audacieux amateurs payants se pré-
sentent-ils, décidés à risquer la même prouesse,
et. le chemin de fer connut bientôt la grande
vogue. Parmi les maîtresses de maison, c'était
à qui obtiendrait la faveur de compter au nom-
bre de ses dîneurs un revenant de Saint-Ger-
main. Mme de Girardin a joliment dépeint,
dans ses chroniques de la Presse, cet engoue-
ment pour le beau joujou des Parisiens. Dès le
potage, le héros du jour est pressé de ques-
tions. On veut connaître ses impressions. Il ne
se fait pas prier, et il conte qu'il est monté
dans une excellente berline; il s'est assis, fort
à l'aise, sur de, très bons coussins; il a entendu
un roulement, et puis bstl il est arrivé à
Saint-Germain. Il croit bien avoir aperçu quel-
ques arbres, le long de la route, mais il n'ose-
rait l'affirmer.
Et le souterrain?
Ah! dame! Le souterrain. il y fait noir.
Pendant une grande demi-minute, on est com-
plètement privé de toute lumière.
Effrayant! C'est effrayant!
Mais non! Délicieux voyage! La seule
ombre au tableau c'est, en arrivant au Pecq,la
tristesse profonde qu'on éprouve à songer qu'il
faut si. peu de temps pour être transporté à
une telle distance de sa famille et de ses amis;
on a hâte de revenir. Sauf cette sensation pé-
nible, rien que de l'agrément.
Et il semble, à voir tous les convives suspen-
dus, comme on dit, à ses lèvres, que l'intrépide
explorateur se laisse aller à « broder un peu,
par exemple lorsqu'il dit « Quel plaisir de se
promener sur. l'impériale de la voiture! S'il
pleut, on n'a pas le temps d'ouvrir son para-
pluie. » Est-ce que les employés laissaient les
voyageurs flâner, durant le parcours, sur le toit
des wagons? Il y a là un mystère qu'il serait
intéressant d'éclaircir.
Ce qui rend, d'ailleurs, très confus ces récits
des premiers voyageurs en chemin de fer, c'est
que le vocabulaire fait défaut ils n'ont pas de
termes pour exprimer ce qu'ils ont vu. Lors-
que, à son tour, Mme de Girardin affronte l'ex-
ploit obligatoire, la relation qu'elle nous en
donne n'est pas des plus limpides, faute d'être
écrite dans cette langue technique dont. nous a
dotés l'accoutumance
« Nous étions rue de Londres à cinq heures,
raconte-t-elle; la foule encombrait la porte de
la gare qu'on n'ouvrait pas. Nous attendons.
Enfin on ouvre; nous entrons dans une espèce
de couloir en toile verte. Il n'y a qu'un bureau.
Tous les voyageurs sont mêlés voyageurs à
2 fr. 50, à i fr. 50 et à i franc. Non sans peine
nous arrivons au bureau. On nous donne trois
petits papiers jaunes et nous pénétrons dans
une salle gothique remplie de peintures. Là les
voyageurs se séparent; les trente sous vont à
droite; les vingt sous vont à gauche. Nous at-
tendons encore; il n'est que six heures dix mi-
nutes et l'on ne doit partir qu'à sept heures. Pa-
tience On entend un roulement c'est l'arrivée
du convoi venant de Saint-Germain. Tout le
monde se précipite aux fenêtres; la cour est
vide, les voitures s'arrêtent; on ouvre les por-
tières et alors, en un clin d'oeil, une fourmilière
de voyageurs s'échappent des voitures, et la cour
est subitement pleine de monde. Ceci est véri-
tablement impossible à décrire, mais c'est très
amusant à regarder. A notre tour, maintenant.
Nous descendons dans la cour. Nous montons
dans une berline. Nous attendons que tous lés
voyageurs soient emballés. Nous étions six
cents, à peu près; quelqu'un disait onze cents;
ce quelqu'un avait peur sans doute. Enfn le cor
se fait entendre. Nous recevons une légère se-
cousse et nous partons. On va avec une vi-
tesse effrayante; cependant on ne sent pas du
tout l'effroi de cette rapidité. » Et l'aimable
chroniqueur cite une phrase du livret-guide qui
lui a été remis au départ « Le Mont-Valérien
se penche pour regarder cette tempête qui
passe! » Une tempête, le train de Saint-Ger-
main
La cour, c'est ce que nous appelons aujour-
d'hui le quai; la berline, c'est le wagon; les
papiers jaunes, ce sont les tickets;, le cor, c'~st t
la trompette du chef de train. Du souterrain,
pas un. mot; peut-être la voyageuse en conser-
vait-elle un souvenir peu favorable; peut-être
aussi-les Parisiens étaient-ils déjà familiarisés
avec cet épouvantail; comme ils n'en avaient
plus peur, ils le dédaignaient déjà. Cette mobi-
lité d'appréciation explique comment, en moins
de cent ans, ce tunnel des Batignolles, célébré
d'abord à l'égal d'un ouvrage « qu'auraient en-
vié les Romains », tomba dans le mépris pu-
blic au point de s'entendre accuser d'être « la
honte de Paris ». Si ces pierres enfumées, que
les wagonnets des démolisseurs portent au-
jourd'hui aux gravois, pouvaient parler, comme
celles de l'arc triomphal élevé à Salzbourg en
l'honneur de Marie-Thérèse, elles nous feraient
un éloquent sermon sur la vanité et la brièveté
de toute gloire.
G. Lenotre.
N'OUTELLEB DU JOUR
A la présidence du conseil
M. Raymond Poincaré a reçu, hier après-midi,
M. Franck, ministre des colonies de Belgique, et le
général Mangin.
La santé de M. Paul Deschanel
La santé de M. Paul Deschanel inspire depuis
deux jours d'assez vives inquiétudes.
Souffrant d'une rechute de grippe, l'ancien pré-
sident de 'la République fut obligé de s'aliter au
début da la semaine dernière; puis son état s'ag-
grava. Le professeur Bezançon, appelé en consulta-
deux pagec .n regard. On a bien su jadis, au
temps de sa jeunesse, le latin et le grec puis,
f&,ute de loisir pour s'entretenir la mémoire, on
les a un peu oubliés, et la lecture du texte seul
deviendrait un travail. La traduction qui seule
ne suffirait pas non plus apporte une aide se-
courable et permet de se retremper avec délices
dans l'original. Celle de M. Paul Mazon est un
modèle d'élégance et d'exactitude. On attend
avec impatience son Orestie.
M. Elémir Bourges a évité de rivaliser directe-
ment avec Eschyle. Il ne nous montre qu'en un
court prologue Prométhée enchaîné; et ce n'est
que dans un jour de répit qui lui est accordé
tous les mille ans; et encore le titan prévoit-il
sa délivrance prochaine, laquelle est réalisée
par Héraklès, venu au Caucase sur la nef Argo.
Jusqu'à la fin, les Argonautes formeront le
chœur. C'est donc un Prométhée délivré que
nous offre M. Elémir Bourges. Et il s'écarte
d'Eschyle ainsi que de Shelley. Sa conception
est très personnelle, sinon très consolante.
Son Prométhée refuse la réconciliation avec
Zeus, qui lui est proposée par Hermès. Shelley
ne craint pas de dire dans sa préface « J'a-
vais de la répulsion pour un dénouement aussi
faible, que celui qui consistait à réconcilier le
champion de l'humanité avec son oppresseur.
L'intérêt moral de .la fable, si puissamment
soutenu par la fermeté et la constance de Pro-
méthée, disparaîtrait si nous pouvions le con-
cevoir rétractant son hardi langage et f aiblissant
devant son heureux et perfide adversaire (i). »
Voilà qui a tout l'air d'un blâme au vieil
Eschyle, qui admettait cette réconciliation dans
la suite malheureusement perdue de sa trilogie.
Mais il la concevait comme l'accomplissement
d'un progrès moral chez Zeus, et non pas com-
me une simple humiliation pour Prométhée.
« La trilogie, explique M. Paul Mazon dans sa
notice, enseignait aux hommes que le dieu de
justice n'était devenu juste qu'au bout de longs
siècles; ses premières violences avaient, en
provoquant d'autres violences, retardé le règne
de la paix; par la clémence seule il avait ob-
tenu la soumission du dernier révolté. » En
d'autres termes, la justice n'est pas une puis-
sance toute faite, existant en dehors des hom-
mes c'est à eux qu'il appartient de la faire
naître et grandir, en eux et autour d'eux. Pro-
méthée a montré que cela était possible; son
œuvre n'a donc pas été vaine, et le vieil Es-
chyle est en somme optimiste lui aussi, à sa
Uù..Traduotjoa Félix Babbe.
tion par le docteur Logre, diagnostiqua- une con-
gestion pulmonaire.
Ce matin, l'état du malade est considéré comme
grave.
La température atteint 39°. Les médecins ne
peuvent encore se prononcer.
A la commission des affaires extérieures
Quatre députés membres de la commission des
affaires extérieures, MM. Lenail, l'abbé Wetterlé,
Engerand et Soulier, ont adressé à M. Georges Ley-
gues, président.do cette commission, une lettre le
priant de réunir dans le plus bref délai la com-
mission dont ils font partie, afin d'examiner la si-
tuation créée par la conférence de Gênes et le traité
germano-russe.
Le maréchal Pétain
à Sainte-Marie-aux-Mines
On annonce de Sainte-Marie-aux-Mines que le
maréchal Pétain. viendra, le 7 mai, remettre la
Croix de guerre à cette ville, très éprouvée par les
opérations qui s'y sont déroulées à partir de 1914
On annonce également que Jes maréchaux Foch
et Pétain, les délégués de l'American Legion et de
la British Legion assisteront au 3* congrès le
J'Union nationale des combattants, qui se tiendra
à Strasbourg du 18 au 22 mai prochain, sous la
présidence de M. Poincaré.
Modifications à la loi des retraites
ouvrières
M. Albert Peyr'onnet, ministre du travail, vient
d'adresser aux préfète une circulaire précisant les
me.sures propres à assurer la mise en application
de ila loi modificative des retraites ouvrières et
paysannes, votée récemment par le Parlement et
qui a pour effet d'élever les chiffres limites de
salaires.
Les nouvelles dispositions vont permettre à un
grand nombre de salariés qui étaient sortis des
cadres de l'assurance en raison de la hausse les
salaires, de pouvoir désormais y rentrer et de bé-
néficier ainsi des avantages de la législation des
retraites ouvrières.
La municipalité de Christiania à Paris
Le programme du séjour à Paris de M. Martin-
sen, président, et de ses oollègues du conseil mu-
nicipal de Christiania, comportait pour toute la
journée d'aujourd hui la visite des plus importants
des services municipaux.
C'est ainsi que le matin, dès la première heure,
ils ont, accompagnés de M. Le Corbeiller et guidés
par M. Maurice Quentin, parcouru les divers pa-
villons des Halles et se sont intéressés au mouve •
ment de notre grand marché parisien, devenu trop
petit pour l'importance des. transactions.
L'ancien président du Conseil municipal à en-
suite conduit les édiles de Christiania à l'école de
la rue Debelleyme, qui offre cette particularité
qu'elle est le centre de .l'enseignement ménager.
MM. Lefebvre, directeur pédagogique, et Martzfloff,
directeur administratif des services de l'enseigne-
ment Rafignon et Moriette, conseillers munici-
paux, leur ont fait les honneurs de l'établisse-
ment et la directrice, Mme Faleit, dans un très
attachant exposé, a développé le programme des
cours de cuisine et présenté les jeunes femmes et
jeunes filles professeurs qui, tous les jeudis ma-
tin, viennent se perfectionner dans l'art culinaire
qu'elles ont mission d'enseigner aux élèves. La dé-
légation a pu apprécier la valeur des leçons que
celles-ci reçoivent en goûtant d'excellentes pâtis-
series exécutées la veille par elles, c( sans aucune
aide », a proclamé la directrice.
La matinée s'est terminée par la visite de l'usine
à gaz de la Villette, où la délégation a été reçue
par MM. Georges Lalou, président, Desvaux,
rapporteur de la 1" commission, et Rouland, régis-
seur, qui a montré les importants progrès que,
malgré la guerre, la ville de Paris a pu apporter
dans le développement de son industrie gazière.
Après le déjeuner, M. Martinsen et ses ooillègues
se sont rendus à l'hôpital de la Pitié, où les atten.
daient avec MM. Henri Rousselle et Calmels, M.
Mourier, directeur de l'Assistance publique, et les
chefs des divers services.
La journée doit se terminer par la visite du
chantier souterrain du Métropolitain de la ligne
n° 7, près de l'Hôtel de Ville, et du groupe d'habi-
tations à bon marché de s'avenue Emile-Zola.
Mouvement judiciaire
M. Dereux, juge au tribunal régional de Stras-
bourg est nommé vice-président à ce tribunal.
M. Georges Lévy, substitut du procureur de la
République près le tribunal régional de Strasbourg,
est nommé juge à ce tribunal ̃
CONSEILS GÉNÉRAUX
En dehors des nombreux départements dont nous
avons fait connaître les adresses de confiance en-
vers le gouvernement, nous avons encore à citer
les départements suivants qui se sont livrés à
des manifestations semblables et ont demandé que
l'on fasse respecter les droits que la France tient
des traités Alger, Alpes-Maritimes, Aude, Fi-
nistère, Loire-Inférieure, Manche, Marne, Moselle,
Nièvre, Nord, -Pyrénées (Hautes-), Rhin (Haut-),
Tarn.
ALLIER. Le conseil général a adopté un vœu
demandant que l'impôt sur le chiffre d'affaires
soit remplace par un impôt proportionnel à l'im-
portance de la maison. P P p
CôTE-D'OR. Par 23 voix contre une, le conseil
général a adopté un vœu déposé par 14 conseillers
demandant que le gouvernement reprenne à son
compte le projet d'amnistie générale du gouverne-
ment précèdent.
Le préfet avait opposé la question préalable qui
a été rejetée.
Lot-et-Garonne. Par 22 voix sur 29 votants,
le préfet s'étant retiré après avoir posé la question
préalable, le conseil général a émis le vœu suivant:
Considérant que le rétablissement de l'ambassade au
Vatican fait naître l'espérance d'une modification aux
lois Intangibles sur les associations et sur la séparation
des Eglises et de l'Etat, le conseil affirme son attache-
ment aux lois laïques et sociales de la République et en
demande l'application Intégrale par la pratique d'une
politique nettement de gauche.
Oîse. Le conseil a décidé la création d'un
laboratoire départemental de bactériologie et d'un
̃laboratoire de chimie agricole. Il a émis un vœu
manière,, très différente de celle de l'intrépide
révolutionnaire Shelley, qui détrône cavalière-
ment Zeus l'olympien et fonde sur le triomphe
de Prométhée une ère nouvelle de liberté, de
paix et de bonheur. Mais enfin, l'un par une
politique prudente et pour ainsi dire juste mi-
lieu ou opportuniste, l'autre par la révolution
violente, ces deux poètes, l'antique athénien et
l'anglais très moderne, croient à la possibilité
d'un avenir meilleur. M. Elémir Bourges 'se
sépare de l'un et de l'autre, et n'y croit pas du
tout. 1
Chez lui, Prométhée, à peine libéré, proclame
que les jours de Zeus sont passés, qu'on ne re-
verra plus les crimes des vieux dieux ni les
tyrannies des anciens jours, qu'il va gouver-
ner la terre et faire régner la loi d'amour. Ce
bienfaiteur des hommes, victime du dieu ja-
loux qui ne lui pardonnait pas de leur avoir
donné le feu et enseigné les arts et les scien-
ces, aime de plus en plus la race des mortels
depuis que la douleur l'a fait semblable à eux.
Ii veut organiser un nouvel univers, et il ne
doute pas d'assurer le bonheur de tous les êtres.
Sa pitié s'étend même au vautour qui naguère
lui dévorait le foie, et il regrette qu'HérakJès
l'ait tué d'une flèche.
Il va bientôt déchanter. Le centaure Chiron
vient lui demander justice contre les Gorgones
qui l'ont assailli. La souffrance et le deuil n'ont
pas encore disparu. Némésis lui apporte l'arme
à laquelle il a droit, la torche d'or, qu'il brandit
contre 'les larves, filles de la nuit, mais qui ne
tarde pas à s'obscurcir. En outre, Némésis lui
défère l'épreuve. Voici le vase d'airain, où est
conservé le coeur douloureux de Pandore, mère
des humains. Prométhée ne sera vainqueur,
d'après l'oracle, que s'il réussit à guérir ce
cœur toujours saignant. Némésis ne l'encou-
rage guère. Elle enseigne un fatalisme impas-
sible « Qui comprend,dit-elle, la majesté des
choses n'a plus ni amour, ni mépris, ni haine,
ni compassion. Tout est nécessaire, donc tout
est bien. » Cependant Proiméthée lave le cœur
avec son propre sang. Il essaye ensuite de le
purifier avec la flamme de sa torche. Tout est
inutile. C'est en vain qu'il a souffert, en vain
qu'il répand les lumières de l'esprit. Le cœur
humain est incurablement faible et blessé. Le
chœur des Argonautes s'inquiète et supplie
Prométhée de ne pas exiger trop de perfection.
L'homme se complaît dans sa bassesse. Sept
étoiles jaillissent du front de Prométhée. Sept
furies les annulent. D'un côté intelligence,
verbe,, amour. fiojj.. désir, sagesse. harmonie.
̃ en vue de l'interdiction du déversement dans les
cours d'eau des eaux nocives provenant des usines.
i Savoie (HAUTE-). Le conseil général ayant été
informé par le préfet que les journaux suisses an-
nonçaient que le président de l'assemblée dépar-
tementale, M. Goy, sénateur, avait manifesté l'in-
tention, à l'ouverture de la session, de combattre
,la convention franco-suisse devant le Parlement,
on déclare que oette information est complètement
inexacte.
En réalité, il n'a jamais été dans les intentions
du président, non plus que dans celles du conseil
général de combattre cette convention; au con-
traire, ie président défendra devant le Parlement
la convention franco-suisse, ainsi que le projet de
loi reportant à la frontière la ligne douanière, à
condition que soit accordée une indemnité de
40 francs par tête, pendant 25 ans, aux habtfants
de la zone.
Pyrénées (Hautes-). Le conseil général a
émis le vœu que les prochaines élections législa-
tives aient lieu au scrutin de liste majoritaire
avec suppression du scrutin de ballottage. Un seul
conseiller s'est déclaré partisan de la proportion-
n'elle. p
M VOYàGE_PRÊSIDENTIEL
(De notre envoyé spécial)'!
EN ALGÉRIE
Bône, 25 avril.
Il ne m'appartient pas de commenter les dé-
clarations de politique extérieure que le prési-
dent de la République a faites aujourd'hui à Ptii-
lippeville. Je veux seulement noter que l'impres-
sion faite par ces paroles sur ceux qui les ont
entendues a été considérable. Le cadre était mer-
veilleux la mer d'un bleu accentué, devant la-
quelle s'ouvre directement le vitrage du grand
hall du palais Rusicade, formait un fond de décor
sur lequel les navires d'une partie de l'escadre
de la Méditerranée profilaient leur silhouette
empanachée de fumée, lorsque M. Millerand, après
avoir prononcé un éloge de M. Gaston Thomson,
dont 1 émotion était visible, commença à exposer
d'une voix haute et claire, les grandes lignes de la
situation internationale actuelle de la République.
Le bruit du ressac retentissant sur la plage ac-
compagna ses paroles d'une basse profonde qui
ajoutait encore à la grandeur de la scène.
Le cortège présidentiel a quitté le palais Rusi-
cade (dont le nom est celui de la ville antique sur
l'emplacement de laquelle s'élève Philippeville) à
2 h. 15 et a franchi sans arrêt le trajet de 115 kilo-
mètres qui sépare cette ville de Bône. La route
traverse une région aux cultures opulentes, carac-
térisées surtout par l'importance du vignoble. Les
centres de colonisation 'y sont nombreux et vi-
vants. Chaque fois que le cortège longeait une ex-
ploitation importante les viticulteurs en costume
dç, travail, aveo tous leurs, instruments agricoles.
formaient une haie aussi décorative dans son genre
que bien des manifestations militaires. On se serait
cru en France, sans les grands eucalyptus qui pro-
tègent la route do leurs ombrages "somptueux et
entourent les bourgades et les hameaux de fron-
daisons exotiques.
Ee président est arrivé à Bône à 5 heures. Il a
été reçu par M. Marchis, maire, et M. Lovichi,
sous-préfet, puis il s'est rendu à l'hôtel de ville à
travers les rues joliment pavoisées de la char-
mante ville dont la population l'a accueilli avec
•enthousiasme. Les navires de guerre ancrés dans
le port prodiguaient de joyeuses canonnades.
Après la remise de décorations et la présenta-
tion des autorités à la mairie, M. Millerand a re-
gagné son train garé sur le port le long du palais
consulaire. Il a eu dans son salon un très long
entretien avec M. Lucien Saint, résident général en
Tunisie, qui est venu au-devant de lui à Bône.
A 7 h. 1/2, le conseil municipal et la chambre de
commerce de Bône ont offert au président, dans
la grande cour du lycée de jeunes filles aménagée
pour la circonstance, un banquet qui réunissait
toutes les notabilités de la région, les ministres et
les parlementaires de la suite de M. Millerand, M.
Steeg, gouverneur général de l'Algérie, et M. Lu-
cien Saint, résident général en Tunisie.
Au dessert, des discours ont été prononcés d'a-
bord par la maire, le président de la chambre da
commerce, un conseiller municipal indigène.
Puis M. Gaston Thomson, député de Constan-
tine, a pris la parole. Rappelant ce mot prononcé,
en arrivant en Algérie, par un personnage de la
suite du président « Mais c'est la France! » il
a dit
Ce simple mot est la. plus douce récompense pour
le colon français. Bismarck disait n Le coq gaulois
.gratte le désert. » Le chancelier de fer rendait lour-
dement hommage à l'effort français qui a yiviflé ce
pays. Ce sont les indigènes qui en ont été les premiers
blénéflelaires. Une œuvre qui s'impose, c'est l'union
économique, l'union douanière, l'union monétaire de
toute l'Afrique française.
M. Steeg, gouverneur général, a exprimé la
reconnaissance de l'Algérie envers le président
de la République qui a apporté le salut affec-
tueux de la mère patrie, le réconfort, utile à
l'heure trouble que nous vivons, de sa foi éclairée
dans les destinées de la France. Il a ajouté
Nous servirons de toutes nos forces la cause sociale
et nationale dont vous êtes le serviteur fMèle. L'Algérie
s'est montrée à vous telle qu'elle est, peut-être avec
ses erreurs, mais vivante, éprise de progrès, soucieuse
de resserrer la solidarité des races qui s'y coudoient
sous l'égide du génie de la France.
Il n'y a pas une question algérienne, une question
indigène; vous nous aiderez, monsieur le président
de îa République, à les résoudre. Selon le mot que
vous aimez, nous procéderons par paliers, pour ne pas
être exposés jamais à un recul. L'éoho persistant des
acclamations qui vous accompagnaient vous rappel-
lera la fldéllté de l'Algérie qui travaillera d'un cœur
confiant avec cette Tunisie, avec ce Maroc que vous
avez contribué par votre voyage à unir à eHe devant
le monde, devant l'Histoire.
Après avoir remercié les orateurs, le président
a dit toute l'admiration qu'il a éprouvée, de
Tlemcen à Bône, pour les beautés naturelles de
l'Algérie et pour le travail du colon algérien qui
s'est imposé à la nature.
C'est, a-t-il continué, l'Impression que j'emporte.
Le colon a transformé cette terre. Il n'est presque
qu'au début de sa tache; on sent par les résultats
obtenus quels résultats il obtiendra encore. Un autre
sentiment se joignait à celui-là, c'était la constatation
deil'assooiation étroite, indissoluble des colons et des ·
Indigènes; l'union entre eux est faite sans doute, il
De l'autre matière, mort, haine, douleur,
borne, ignorance, discorde. Chaque énergie,
chaque vertu, a sa ténèbre qui l'engloutit. Pro-
méthée lance son sang et son épee contre le
ciel. Il semble victorieux. Les dieux sont morts.
Toujours magnanime, il déclare qu'il n'a plus
de haine après la victoire, que d'ailleurs il ne
les haïssait pas, mais seulement le régime fu-
neste qu'ils imposaient au monde. Et voici la
grande déception. Les hommes, affranchis par
lui du despotisme de ces dieux méchants, loin
de lui en savoir gré, regrettent leurs bourreaux
et n'ont de reproche que pour leur sauveur.
« Quel crime' Et maintenant, qui implorer?.
Malheur sur nous 1 » Ici s'arrêtait la première
partie de la Nef, dont M. Elémir Bourges n'a
corrigé que quelques détails, sans en modifier
l'essentiel.
Toutefois, la seconde partie, entièrement
nouvelle, rectifie un peu notre impression.
Nous y voyons qu'il ne s'agit pas seulement
d'ingratitude, mais que les hommes étaient en
effet plus heureux et peut-être meilleurs autre-
fois. Les géants bâtisseurs que Prométhée em-
ploie, comme Fafner employait Fafner et Fa-
solt, déclarent qu'il ne reste plus qu'un dieu
l'or, et que, Zeus n'étant plus. là pour l'appuyer,
la justice n'existe plais. On ne change pas les
êtres, ni le train du monde Le centaure Chi-
ron est partisan d'une restauration du culte.
Prométhée n'a fait qu'aggraver la situation et
provoquer des calamités. Pas de morale ni de
vie possible sans les dieux Devant qui se tien-
dront la paix., la joie, la clémence ? Prométhée
répond qu'elles auront pour sanctuaire le cœur
,de l'homme juste. Il est pour l'adoration en
esprit et en vérité.. Le centaure veut des autels
et des rites les femmes, toute la foule, en ré-
clament il faut une religion pour le peuple!
Prométhée. va-t-il faiblir ? Soit dit-il. Mais.
quant à lui, il est las de ces prestiges et il veut
contempler le vrai Dieu face à face. Surgit
Zeus, non pas l'ancien, celui de l'Olympe, que
le titan a mis en fuite, mais le Zeus véritable,
autrement dit le Dieu du spiritualisme. Une
discussion philosophique s'engage Prométhée
accorde que sans Dieu, son âme est vide « Je
t'aimerais, s'écrie-t-il, si je pouvais croire en
toi. » Mais il soulève les objections connues,
auxquelles Zeus oppose les réponses usuelles,
en empruntant des arguments -et même des ex-
pressions à Leibnitz, à Malebranche, à Lache-
lier, et à l'Imitation de Jésus-Christ. Sa res-
source principale et sa tarte à la crème, c'est
que Ej£ométhée jjèche jgaç orgueil, et (nie la
faut travailler la rendre plus étroite, plus forte.
Mais à la frfi de chaque banquet j'ai entendu la
même pensée dans la bouche des indigènes « Nous
aimons la France de toutes les fibres de notre être,
nous ne lui demandons que de nouvelles raisons de
l'aimer. » Que l'instruction obligatoire pour eux entre
plus étroitement dans cette communion que rien ne
rompr?,. a ce colon laborieux il faut donner sans cesse
des Jïifiyens nouveaux de décupler son effort, et cet
mdlffsue, debout à côté de lui pour partager son labeur
et aa vie, il faut l'élever sans' cesse en mettant à sa
disposition les œuvres d'assistance et d'éducation qui 1
feront de lui un collaborateur, non pas plus fidèle,
mais plus précieux de la France.
M. Millerand s'est associé chaleureusement aux
éloges unanimes qui ont été faits, au cours de son
voyage en Algérie, du gouverneur général
Je laisse, a-t-il dit, l'Algérie en bonnes mains la
grande œuvre algérienne qui est en si bonne voie ne ces-
sera de grandir et de prospérer. En quittant le Maroc je
disais qu'il fallait établir une union, économique plus
étroite avec l'Algérie, et je demandais des réunions pé-
riodiques des résidents et du gouverneur général pour
étudier en commun les problèmes économiques qni
intéressent l'Afrique du Nord. Je suis heureux de
redire cette suggestion en présence du résident gé-
néral de Tunisie qui l'accueillera comme l'ont ac-
cueillie le résident général au Maroc et. le gouverneur
de l'Algérie, et ainsi commencera pour l'Afrique du
nord cette association de labeur et d'étude qui, san~s
toucher à l'originalité et à l'autonomie de chacune (Jes
parties de notre grand domaine, les servira toutes les
trois en servant la patrie française.
Puis le président a traversé la ville illuminée
pour se rendre, au palais consulaire, du balcrn
duquel il a assisté à une fête nautique de nuit
donnée sur la rade. Là s'est terminé son voyage.
en Algérie. A 10 heures et quart il a repris place
dans son train qui, quelques minutes plus tard,
l'emportait vers Tunis.
EN TUNISIE :i
Soulc-eï-Arba, 27 avril.
Le train .pr-ésidealiel, parti hier à dix heures
trente de &dne, est arrivé ce matin à huit heures
quinze à &ouk-e!-Arba, premier arrêt, du territoire
tunisien. Les représentants du gouvernement tuni-
sien ont ébé présentés au président, notamment
MM. de CastiMon, -délégué à ia résidence, Gabriel
Puaux, secrétaire général, àlourgnot, directeur gé-
néral des travaux publics. Le bey avait délégué
pour le représenter le prince Moneef, son fiis aîné
lieutenant-colonel de la garde beylicale. Ont été
yeaiomeat présentes le commandant Jaoquemin,
«tijcier d'ordonnance 'du résident général, et M
Trélat, président du conseil d'administration du
chemin de fer de Bône à Gue-frna.
Le président a quitté Soufc-eJ-Arfca à 8 heures
45. Il arrivera à Tunis à midi, après avoir déjeune
dans son train. A mesure que nous approchions do
la frontière tunisienne, nous avons recueilli, no--
tarom«n-t dans les milieux indigènes, des rensei-
gnements précis et concordants sur la véritable si-
tuation politique dans la régence..Au moment où
le président entre sur le territoire du protectorat,
il n'est pas inutile d'insister sur certains aspects
de cette situation.
Les lecteurs du Temps connaissant bien, pour
avoir été tenus au jour le jour au courant de son
évolution, le parti jeune-tunisien, principal arti-
san de la tension actuelle des esprits. Ils savent
que ce parti, qui se confond avec le parti du « Des-
tour » (c'est-à-dire de la Constitution), réclame
pour la Tunisie un Parlement élu et un gouverne-
ment responsable devant ce Parlement. Ils n'igno-
rent pas que, dans l'état des traités organiques sur
lesquels repose la Constitution du protectorat, l'ap-
plioation de ce régime, qui serait le régime parle-
mentaire pur et simple, ne saurait même être en-
visagée, et que, très sagement, mais très nette-
ment, le résident général actuel, M. Lucien Saint,
a déclaré aux constitutionnels qu'il n'irait pas au
delà d'une réforme de la conférence consultative
et des règlements de la municipalité permettant
aux indigènes d'être associés, dans la mesure où il
est normal qu'ils le soient, à la gestion des affaires
tunisiennes.
_
guerre et par l'inopportune diffusion des idées
wilsoniennes, malgré l'exemple de la Tripolitaine
à laquelle les Italiens ont accordé sans grand dis-
cernement une charte politique visiblement pré-
maturée, le mouvement du « Destour » n'avait, ces
derniers temps, pas empiré et les réformistes sem-
blaient devoir prendre le dessus sur les nationalis-
tes extrémistes. Malheureusement, la liquidation
du protectorat britannique sur l'Egypte est venue
exalter les esprits de la manière la plus fâcheuse.
D autre part, une motion tout à fait inopportune
émanant d'un groupe de députés dont certains ap-
partiennent au parti modéré, motion, d'ailleurs,
aussitôt retirée que déposée, et tendant à l'octroi
d une nouvelle charte politique aux Tunisiens, est
venue donner aux partisans du « Destour » l'illu-
sion bien regrettable que le Parlement français
est avec eux.. Enfin, la propagande bolcheviste, en-
tretenue par les fonds de Moscou, et peut-être par
ceux de Berlin, a su habilement, ces derniers
temps, exploiter le sentiment national et môme le
fanatisme religieux des indigènes contre le ré-
gime français.
Ces facteurs concordants ont fait naître chez le0
meneurs le projet de profiter du voyage présiden-
tiel pour poser avec éclat la question des libertés
tunisiennes. Il leur fallait, pour cela, utiliser l'in-
fluence du bey et se servir de son autorité sur les
indigènes. Ils y sont parvenus en entrant en col-
lusion avec le fils du souverain et les princes de
la famille beylicale qui, poussés soit par des con-
victions nationalistes, soit plutôt par des considé-
rations d'intérêt personnel, ont obtenu du chef de
la dynastie des velléités d'abdication qui sont
toute l'histoire des incidents actuels.
Nous nous trouvons donc en présence d'une coa-
lition du parti de la Constitution, c'est-à-dire d'un
parti libéral, avec une cour absolutiste, ce qui est
proprement une juxtaposition des contraires, ef-
fectuée pour réaliser la suppression de -l'hégémo-
nie française en Tunisie, vaste intrigua favorisée
par les communistes et dont quelques-uns des fils
sont entre les mains de ces derniers. Certains des
ministres du bey, et non des moindres, se sont
attiré le ressentiment des nationalistes et en mê-
me temps de la cour par leur collaboration loyale
avec l'administration du protectorat, le parti du
« Destour », mettant au premier rang des articles
de son programme le droit absolu du souverain à
désigner lui-même ses ministres et à s'en séparer
en toute indépendance. 1
Tel est en gros, le jeu des influences d'origine
diverse mais passagères, associées dans un but né-
gatif commun, qui sapent actuellement l'influence
chétive intelligence humaine ne peut concevoir
Dieu. Bien Mais c'est une pétition de prin-
cipe. Si l'existence de Dieu est inconcevable, elle
est donc pour nous nulle et non avenue. Nous
n'avons pas à y croire. Quod gratis asserUWj
gratis negatur. A trop abaisser la raison, oh
s'interdit de rien prouver.
Pourtant, Prométhée accepterait ce point de
vue, quoique fallacieux en bonne logique; il
va jusqu'à battre sa coulpe, se repentir, se pros-
terner et s'écrier « Père! Pardonne-moi
Prends-moi 3 » II a oublié le vautour; c'est le
vautour qui se rappelle à lui. Sa plaie se rou-
vre, ses souffrances se réveillent. Cette fois,
c'en est trop. Zeus a beau revenir à son an-
tienne « Silence Que sais-tu de ma règle ? »,
et lui signifier que ses voies sont impénétra-
bles. Praméthée accédait à cette explication par
l'impossibilité de rien expliquer, tant qu'il ne
s'agissait que d'ontologie et de cosmogonie. Sur
le problème du mal, il est moins endurant. Il
ne consent sous aucun prétexte qu'un Dieu
parfait ait engendré un mpnde mauvais. Les
tortures et la mort des êtres innocents l'indi-
gnent et le scandalisent. Non, non Il y a trop
de larmes et d'angoisses. Il n'adorera pas le
Dieu qui en est l'auteur.
C'est Renan, je crois, qui a dit que le pro-
blème du mal était la plus grave difficulté et la
pierre d'achoppement des théories théistes, qui
placent la perfection à la base du monde. Il
l'est aussi du panthéisme, qui ne se différencie
pas suffisamment à cet égard de la doctrine
précédente. Le dieu panthéiste, Ouranos, le
grand Tout, qui se présente à Prométhée après
Zeus, est éconduit pour le même motif. Et voici
enfin le serpent atomiste et athée. Pourquoi M.
Elémir Bourges dépeint-il sous les traits d'un
monstre ©ne philosophie qui est en somme
celle d'Epicure et de Lucrèce? Elle a l'a-
vantage de résoudre d'une façon intelligible,
donc satisfaisante pour l'esprit, sinon pour
le cœur, ce fameux problème de l'origine du
mal. Il est vrai qu'elle ne garantit aucune
fixité dans l'univers, livré au hasard et au
mouvement indéfini. Mais on peut l'amender.
Elle n'est peut-être pas forcément incompati-
ble avec le devenir continu et le progrès ver?
le divin, selon Hegel et Renan. Toujours est-il
que Prométhée la repousse comme les autres,
avec plus d'horreur encore, en refusant
bruyamment d' « adorer la matière ». On ne
le lui demandait pas, et c'est assez de la com-
prendre. Maintenant, il s'extasie sur les mer-
veilles ,dj l'ufiivers, qui tout à l'heure ne le con- [
française en Tunisie et donnent lieu à. un mo*t
veinent dont, il ne faut pas se le dissimuler, l'a-
boulhdorncnt serait, si l'on n'y prenait garde, l'in-
dépendance totale de la Tunisie et sa soviétisation
à bref délai.
Fort heureusement ce mouvement ne corres-
pond encore à rien de précis ni de profond dans
la masse des indigènes. Les, constructions idéolo-
giques des intellectuels, les manœuvres des gens
qe la cour, les ambitions subversives des bolche-
vistes n'ont pu encore avoir prise sur les artisans
et les cultivateurs, satisfaits, en somme, de l'ad-
mmistration française. Il est vraisemblable quoi
tout au contraire de ce qu'espéraient les agita-
teurs, le voyage de M. Millsrand en Tunisie don-
nera au chef de l'Etat l'occasion d'affirmer avec
torc/e les droits que la France tient du traité du
Baj*do et son intention formelle de continuer en
Tnnisie l'œuvre do civilisation, d'éducation et de
progrès qu'elle y a" entreprise et à laquelle alla
entend ne mettro fin sous aucun prétexte et à au-
cun prix. Ces déclarations seront évidemment de
nature à ramener les esprits au calme et à la rai-
son.
N'oublions pas que, dans les dix-huit points du
cahier de revendications présenté par le bejr, sous
la pression des nationalistes, figurait la suppres-
sion du drapeau tricolore. Ccrscul détail suffit, à
caractériser la tendance essentiellement antifran-
çaise du mouvement. Nous ne pouvons qu'y op-
poser un non résolu. M. Lucien Samt qui, dès son
arrivée à Bône, s'est entretenu avec quelques re-
présentants de la presse, a insisté sur le calme, au
fond général, qui règne actuellement en Tunisie.
Ce calme est de bon augure. Les fanatiques de
toutes catégories, les partisans de la subversion to-
tale qui se sont servis, ces derniers temps, de la
faiblesse d'un souverain âgé et versatile, pour com-
battre l'influence française,. de complicité avec les
ambitieux d'une cour oisive et intéressée, ne réus-
I siront pas à le troubler. Les réformes sagement li-
j béralcs que la France est toujours prête à réaliser
en Tunisie n'y perdront rien, tu contraire.
".C:o£:OI
EN ESCADRE
(De notre envoyé spécial)
Tunis, 20 avriî.
La floLto internationale réunie eu rade d'Algei
s -est dispersée.
Après les cuirassés anglais, américain, italien,
1 escadre française a nris la mer le 24 au matin
en deux lignes do file "imposantes. En tête les qua-
tre droadnougihts, les deux croiseurs ex-allemands
.ot le Senàs, à bâbord l'escadrille des contre-torpil-
leurs.
Le soleil matinal jiluiiiiiiait enfin la blanche
Alger; le travail, à peine interrompu par les fêtes
et les réceptions, reprit à bord de toutes les unités.
On sait que toute notre escadre de la Méditerra-
née, cuirassés, croiseurs légers, torpilleurs et
sous-marins, est placée sous un commandement
unique, celui de l'amiral Salami, ancien chef'
d état-major général de la marine. C'est un Breton
énergique, un esprit vigoureux: du chef il possède
la qualité essentielle, -la volonté. Sous ses ordres
tout le monde travaille ferme. La croisière prési-
dentielle eut pour notre marine un double avan-
tage elle a pu montrer son pavillon dans des
ports qui depuis de trop longs mois n'avaient été1
visités que par des escadres étrangères et tout
récemment encore par les formidables dread-
noughts de l'iseadre britannique de l'Atlantique,;
le voyage devait en outre servir à l'entraînement
do tous les bâtiments de l'escadre, pour la pre-
mière fois normalement constituée avec son corps
de bataille, de quatre cuirassés, ses éclaireurs, ses
torpilleurs et ses sous-marins. Cette mobilisation
navale aura coûté plusieurs millions. Ils n'ont pas
été gaspillés. Ce n'est pas ici qu'il faut rechercher
les inutiles prodigalités de la marine. Les dépen-
ses de charbon et de mazout pour la navigation et
les manœuvres sont de l'argent bien placé. L'ins-
trument dont dispose notre commandant vn chef,est
assez médiocre les dreadnoughts ne sont plus
neufs, les torpilleurs sont usés' par la guerre, les
avions rares.
La s«ule_ nouveauté matérielle digne d'être no-
tée a consisté dans la mise en scène en escadre
des deux vaisseaux ex-allemands Metz et Stras-
bourg, du conducteur d'escadrille Amiral-Senès, des
sous-marins Léon-Nignot et René-Audry. Leur
présence en rade. d'Alger était comme le symbole
do la victoire maritime de l'Entente. En outre,
malgré les critiques prématuréees qu'on a pu leur
̃adresser, ce sont d'excellents bâtiments. Le Stras-
bourg et le Metz sont comme de magnifiques lé-
vriers effilés, rapides, en même temps robustes,
parfaitement au point actuellement, après l'adap-
tation que lui ont fait subir nos ingénieurs et nos
mécaniciens.
Le Senès avec ses 56,000 chevaux est l'unité la
plus rapide do notre flotte; il est intéressant de
retrouver sur ces trophées de Fcx-marino alle-
mande tous les défauts et les ̃ qualités des cons-
tructions navales de la marine impériale robus-
tesse, complication trop minutieuse, sens prati-
que constituent un terrain de comparaison extrê-
mement fructueux pour nos jeunes officiers. Le
personnel bien plus encore que le matériel exige
tous les efforts du commandement naval. Il se
trouvait à l'armistice dans une situation nresque
inquiétante. La discipline semblait ébranlée par
la lassitude et la trop longue durée d'un effort.
sans détente. Elle est aujourd'hui parfaite. La dé-
mobilisation désorganisa l'escadre. En 1921 la ma-
rine ne perdit pas moins de 17,000 hommes pour
la plupart spécialistes. Les effectifs des bâtiments
aTmés ne se maintenaient qu'au prix de muta-
tions incessantes. Le mécanisme infiniment com-
pliqué de nos cuirassés et de nos sous-marins ris-
quait de tomber en des mains sans expérience. 11
fallut avant tout instruire les équipages. L'esca-
dre entière se transforma en école. C'est à bord
même des unités en service que se sont formés un
très grand nombre de brevetés. Les jeunes "offi-
ciers furent livrés au même entraînement.
Beaucoup, promus pendant la guerre, n'avaient
suivi que des cours théoriques succincts; dispersés
sur .les chalutiers ou dans l'aviation, ils man-
quaient souvent de l'esprit et des notions mili-
taires qui ne s'acquièrent que dans une escadre
bien entraînée.
De. même Je commandement des unités tactiques
fut réorganisé d'après les enseignements de la
guerre et d'après les principes que nous avons
souvent préconisés dans le Temps. La majo-
rité d'escadre fonctionne sur la Bretagne comme
à un grand quartier général militaire; elle est di-
visée en trois bureaux matériel, renseignements,
opérations. Le dernier iélabore des exercices et
thèmes tiques gradués et méthodiques. Chacun
d'eux fait l'objet d'une critique du commande-
ment en chef. La moindre sortie est l'occasion
d'exercices individuels ou combinés. La vie nor-r
tentaient pas et lui paraissaient fortement gâ-
tées par la présence du mal. Il ne croyait pas;
il croit ou s'imagine qu'il croit en Dieu,
et se tire d'affaire par un idéalisme transcen-
dantal qui, si j'ai bien saisi, lui permet de trai-
ter toutes les contre-indications de simples ap-
parences. Mais un mot du serpent matérialiste
s'applique toujours à lui. Cet idéal, cette justice,
à quoi il tient tant, la Bête lui avait dit « C'est
toi qui les crées » Prométhée n'ambitionne
effectivement rien de moins que d'être ou de
créer un Dieu nouveau, qui n'existe pas encore,
mais qui existera peut-être un jour. Bref, il re-
vient à Renan et à Hegel, après un détour et des
colères inutiles.
Il a ensuite son épisode bouddhiste et schopen-
hauerien. Il aspire au renoncement et au néant.
Atlas et Héraklès 'l'en détournent Il faut ré-
commencer à vivre, malgré les dévastations
perpétrées sur la terre par les puissances cé-
lestes qu'il pensait avoir exterminées et qui se
vengent Le centaure Chiron le somme une fois
de plus de signer un concordat. Prométhée pré-
fère se pétrir dans l'argile un fils, de qui il
espère les réalisations qui lui ont échappé.
Nouveau méfait du ciel! L'enfant est tin avor-
ton aveugle, qui maudit la vie et l'amour. Hé-
raklès, sermonnaire un peu prudhommesque,
conseille à Prométhée de s'incliner humble-
ment et de bénir la main qui le frappe. Le
titan se redresse et lance une dernière impré-
cation, mais il se se'rut définitivement vaincu,
et il disparaît au loin. Alors la vie reprend
partout joyeusement, dans les mêmes con-
ditions qu'autrefois. le gêneur étant parti. Et
le bon Héraklès rend hommage à ses nobles in-
tentions, à la générosité de ses exemples, mais
ajoute que l'homme est né pour agir, et non
pour connaître. Ainsi le jeune va-t'en guerre
Fortinbras s'oppose au prince Hamlet.
Le monde est aux simples et «aux ignorants,
quand ce n'est pas aux brutes. Il n'y a pas de
place pour le heros ni pour le penseur. La ré-
volte et la libération de Prométhée ne l'ont con-
duit qu'aux désastres. La vie est horrible. Mais
il faut l'accepter telle quelle, ou s'en aller. Pro-
méthée a raison en droit et tort en fait. On voit
que M. Blémir Bourges aboutit au plus noir pes-.
simisme, et que ses conclusions sont aux anti-
podes d'Eschyle et de Shelley. Mais sa Nef,
quoiqu'un peu escarpée et par endroits un peu
lente, n'est pas indigne de figurer dans la litté-
rature prométhéenne après les chefs-d'œuvrg
de ces deux grands maîtres.
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